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CHAPITRE I : FONDEMENTS DE L’ENTREPRENEURIAT

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale et jusqu’à la fin des années 1970, les grandes
entreprises ont dominé l’économie. La grande taille était considérée comme souhaitable, voire
inévitable. La PME était perçue comme une simple étape de la vie de l’entreprise. Le climat
économique était plutôt propice à l’étude de la grande entreprise, voire des multinationales. Par
conséquent, l’entrepreneuriat intéressait très peu les chercheurs. Face à la récession économique
qui a vu la baisse du nombre des grandes entreprises de 1970 à 1980, les chercheurs ont alors
pris conscience de l’importance économique des entreprises nouvellement crées.
L’Entrepreneuriat a réellement pris son envol dans les années 1980, bien qu’il ait déjà fait
l’objet de recherches isolées auparavant. Le champ de l’entrepreneuriat s’est toujours
solidement établit au sein du monde académique. Il est au centre des préoccupations et d’une
importante communauté scientifique. Dans ce chapitre nous nous évertuerons à défricher
conceptuellement l’essence de ce vocable devenu « tendance ».

1) L’ENTREPRENEURIAT

En quelques années, l’entrepreneuriat est devenu « tendance ». Les temps ont bien changé.
L’image de l’entrepreneur notamment avec l’essor internet a bouleversé les codes et les
références. On loue maintenant l’esprit d’entreprise, cet esprit entrepreneurial serait bénéfique
pour toute l’économie et l’ensemble de la société. En fait, qu’est-ce que l’entrepreneuriat ?

1.1) Les paradigmes


Fayolle et Verstraete (2005) pensent que l’entrepreneuriat est un domaine trop complexe et trop
hétérogène pour se limiter à une seule définition. Ils proposent donc de classer les différentes
définitions avancées par les auteurs selon quatre courants de pensée ou paradigmes.

 le paradigme de l’opportunité d’affaires


Cette perspective définie l’entrepreneuriat comme la capacité à créer ou à repérer des
opportunités et à les exploiter. Elle y associe parfois d’autres notions, telles que la capacité à
réunir les ressources pour poursuivre l’opportunité. Elle s’intéresse aux sources des
opportunités, au processus de découverte et d’évaluation de celle-ci, ainsi qu’aux individus qui
les découvrent, les évaluent et les exploitent.

 le paradigme de la création d’une organisation

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Ce courant de penser définit l’entrepreneuriat comme la création d’une organisation par une ou
plusieurs personnes. La notion d’organisation ne s’y réduit pas à celle d’entreprise.

 le paradigme de la création de la valeur


Cette approche définit l’entrepreneuriat comme un phénomène ou un processus créant de la
valeur qu’elle soit individuelle, économique ou sociale. Les travaux portant sur le lien entre
l’entrepreneuriat et la croissance économique peuvent être rattaché à ce paradigme.

 le paradigme de l’innovation
Ce courant accorde une importance capitale à l’innovation dans la définition de
l’entrepreneuriat. L’innovation permet également de différencier les entrepreneurs des
propriétaires- dirigeants des PME. L’innovation peut prendre de nombreuses formes différentes
(nouveaux produits ou services, nouvelles sources de matières premières, nouvelles méthodes
de production, de distribution ou de vente, nouveaux marchés, nouvelle organisation…) mais
c’est l’innovation qui constituerait le fondement de l’entrepreneuriat.

Il est important de souligner que les auteurs qui s’inscrivent dans l’un ou l’autre courant de
pensée concilient souvent plusieurs paradigmes en les associant à leur définition. Pour retenir
une définition de l’entrepreneuriat, il est donc utile de s’inscrire dans une vision globale qui
tient donc des différents paradigmes cités plus haut.

En somme, l’entrepreneuriat se définit de façon globale comme la création d’une organisation


ayant pour socle les capacités de l’entrepreneur à créer, à repérer les opportunités, à les
exploiter et surtout à innover, dans le processus de création de la valeur.

1.2) Les concepts centraux


Quatre concepts restent centraux dans la plupart de ces définitions :
 l’entrepreneur

Selon les approches, il pourra être le créateur de nouvelles organisations, les repreneurs
d’organisations existantes, voire un employé développant de nouveaux projets au sein de son
organisation. On parlera dans ce cas « d’intrapreneur » ou « d’intrapreneuriat ».

 les ressources à mobiliser


Celles-ci sont nécessairement limitées et l’entrepreneur doit les contrôler sans obligatoirement
les posséder, pour atteindre ses objectifs.

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 la création de la valeur
Elle suppose la création de toute forme de richesse (argent, indépendance, pouvoir, estime de
soi…) non pas uniquement pour une partie prenante, dans l’organisation, mais également pour
l’entrepreneur lui-même, voire pour la société dans son ensemble. La notion de valeur est donc
fonction de la perception de l’entrepreneur et des motivations qui le poussent à entreprendre

 l’opportunité, notion centrale de l’entrepreneuriat


Celle que l’entrepreneur cherchera à saisir sera fonction de ses motivations et de ses attentes.
Pour schumpeter, l’entrepreneur grâce à une perception différentes de la réalité, est le premier
à prendre conscience des changements dans l’environnement, ainsi qu’à les identifier et les
exploiter comme opportunité.

L’entrepreneuriat étant défini en relation avec la notion de création de valeur, il convient de


préciser le processus par lequel l’individu peut créer cette valeur. Aussi Shane et Venkataraman
(2000) identifient trois étapes dans la démarche entrepreneuriale : l’identification de
l’opportunité, la décision d’exploiter l’opportunité et son mode d’exploitation.

1.2.1) L’identification de l’opportunité

L’identification de l’opportunité présuppose une intention de création d’activité. Au cours de


cette étape d’identification, l’entrepreneur scrute son environnement à la recherche de nouvelles
idées qui lui permettre d’atteindre son objectif. Les avis sont partagés quant à la source des
opportunités. Selon les économistes, les opportunités émergent dans l’environnement
indépendamment de l’individu qui les identifie. Elles apparaissent à un moment précis à la suite
de changements technologiques, politiques, sociaux, ou démographiques. Le rôle de
l’entrepreneur consisterait, pour les économistes à reconnaitre ces opportunités existants déjà
dans l’environnement. D’autres auteurs tel que Timmons (1994) réfutent ce point de vue car
pour eux les opportunités peuvent aussi se construire. Elles n’existeraient pas avant d’être
découvertes par l’individu. L’entrepreneur devrait donc les créer.

1.2.2) La décision d’exploiter l’opportunité

Lorsque l’opportunité est identifiée, l’entrepreneur doit l’évaluer, afin de décider s’il va
l’exploiter. Son rôle consiste alors à établir un jugement sur la valeur de l’opportunité et à faire

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ou non le choix de l’exploiter, ce qui suppose une certaines capacité d’engagement et de prise
de décision. Lorsque l’entrepreneur décide d’exploiter une opportunité il doit faire face à des
contraintes liées à un haut degré d’incertitude et à une grande ambiguïté. Il devra chercher des
solutions à des problèmes non encore parfaitement définis, trouver des applications à des idées
non totalement développées et explorer des débouchées commerciaux pour des concepts encore
très flous. Ses actions seront tournées principalement vers la recherche et la reconfiguration des
ressources cruciales qu’elles soient tangibles (capital humain..) ou non (capital social…)

1.2.3) Le mode d’exploitation

On distingue principalement deux façons d’exploiter une opportunité. La première consiste à


créer une nouvelle organisation ; la seconde consiste à vendre l’opportunité à des organisations
existantes. Il va de soi que des situations intermédiaires existent. Certains employés
d’organisations existantes décident d’exploiter les opportunités qu’ils ont découvertes pour le
compte de leur employeur ou, au contraire, de le quitter et de créer une nouvelle entreprise. A
l’inverse, des acteurs isolés décident de vendre l’opportunité décelée à une entreprise ou de la
poursuivre en créant leur propre firme.

Les sciences de gestion et de l’économie ne sont pas les seules disciplines scientifiques à s’être
intéressées à l’entrepreneuriat.

1.3) L’interdisciplinarité
Les conceptions différentes de l’entrepreneuriat s’expliquent aussi par son interdisciplinarité.
Si les chercheurs dans le domaine dès le XVIIIème furent surtout des économistes, de
nombreuses disciplines s’intéressent désormais à l’entrepreneuriat. Ce sont les sciences de
gestion, évidemment, mais aussi la psychologie (personnalité de l’entrepreneur, motivations,
cognition entrepreneuriale…), les sciences de l’éducation (capacités entrepreneuriales,
programmes d’éducation…), la sociologie (entrepreneuriat dans les minorités ethniques,
réseaux…), les sciences politiques (entrepreneuriat politique , pensée politique et
entrepreneuriat…), l’anthropologie (spécificités culturelles de l’entrepreneuriat…), la
géographie (entrepreneuriat et développement régional…), etc.

La diversité de l’entrepreneuriat génère donc des questionnements qui ne se limitent pas aux
sciences de gestion. Toutefois, la plupart de ces questions ont été abordées dans le contexte de
la discipline d’origine des chercheurs, en n’y intégrant pas les acquis de travaux réalisés dans
d’autres disciplines Cette myopie disciplinaire a, bien entendu, contribué à multiplier les
approches de l’entrepreneuriat et à donner une impression de « mosaïque scientifique ». Ainsi,
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le concept d’entrepreneuriat s’inscrit dans une interdisciplinarité et à multiples facettes qui
permet l’existence et l’identification d’opportunités qui sont à la base de l’activité
entrepreneuriale, de sujets de recherche intéressants et des contributions issues de disciplines
autres que les sciences de gestion ou de l’économie.

2) L’ENTREPRENEUR

Dans certaines cultures, l’entrepreneur est présenté comme un héros des temps modernes. Dans
d’autres, il est assimilé au capitaliste exploitant les masses. Certains distinguent l’entrepreneur,
novateur et motivé par le profit ou la croissance, du propriétaire-dirigeant plutôt animé par des
aspirations personnelles et familiales. Le terme « entrepreneur » est souvent utilisé pour
représenter des réalités bien différentes les unes des autres (le patron d’un bar ou le dirigeant
d’une entreprise de haute technologie, le fondateur d’une action caritative ou l’héritier d’une
veille entreprise familiale). Que signifie-t-il exactement? Les entrepreneurs sont-ils tous motivé
par des objectifs similaires ? Peut-on isoler les caractéristiques psychologiques des
entrepreneurs ? Les qualités des entrepreneurs sont-elles innées ? Voilà quelques une des
questions auxquelles la section II tentera de répondre.

2.1) Définitions, motivations et typologies

2.1.1) Définition

Le terme « entrepreneur » remonte à la fin du XVIIème, époque à laquelle il apparait dans la


langue française pour être repris, bien plus tard dans la langue anglaise. Le terme a fait l’objet
d’une multitude de définitions. En effet, les chercheurs qui se sont intéressés à l’entrepreneur
sont issus de nombreuses disciplines différentes et les définitions données au terme sont
généralement tributaires des prémisses de la discipline dont est issu le chercheur.

Historiquement on peut distinguer deux grandes approches de l’entrepreneur : l’approche


fonctionnelle et l’approche incitative.

 L’approche fonctionnelle définit l’entrepreneur au travers de sa fonction (ce qu’il fait).


Certaines théories ont mis en exergue l’importance de l’entrepreneur pour l’économie en
général, notamment sur la base de son rôle dans le processus de production.

L’approche fonctionnelle, celle des économistes, considérée comme la base historique de


l’entrepreneuriat, veut saisir l’impact de la création d’entreprise et le rôle des entrepreneurs
dans la croissance socio-économique des sociétés. Pour Cantillon (1755) le rôle de

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l’entrepreneur est de prendre des risques et faire face à l’incertitude. L’entrepreneur n’est pas
un innovateur pour lui. Il faudra attendre Say (1816), pour mettre l’entrepreneur au centre du
progrès économique. Pour celui-ci, l’entrepreneur, par son activité économique, associe des
facteurs de production en vue d’un revenu plus élevé. Toutefois, le profit sert de payement du
risque lié à l’investissement, permettant ainsi de récupérer les coûts liés à l’incertitude. C’est
Schumpeter (1934) avec d’autres chercheurs qui vont faire de l’entrepreneur un innovateur.
L’innovation de l’entrepreneur se fera au niveau des produits et services, des techniques et
procédés de fabrication.

Ces trois économistes écrivent l’équation entrepreneuriale de base :

Entrepreneur = incertitude + risque + innovation

 L’approche incitative appréhende l’entrepreneur au travers de ses


caractéristiques (ce qu’il est). L’approche par indicative ou par les traits est une
approche centrée sur l’individu. Elle définit la personnalité de l’entrepreneur en repérant
ses traits de personnalité et ses caractéristiques. L’hypothèse principale que cette école
de pensée soutient est que les entrepreneurs possèdent des traits de personnalité, des
attributs personnels et un système de valeurs. Ces éléments les prédestinent à une
activité entrepreneuriale et les différencient des autres individus (les non-entrepreneurs)
(Gartner, 1990).
Les recherches sur les traits n’ont toutefois pas permis d’établir un profil psychologique absolu
de l’entrepreneur, ni de prévoir des comportements entrepreneuriaux. Cet échec peut
partiellement être imputé au fait que l’approche par les traits néglige l’influence de
l’environnement sur l’entrepreneur et l’émergence de comportement entrepreneuriaux.
Aujourd’hui les qualités entrepreneuriales en sont plus vues comme exclusivement innées ; on
considère qu’elles peuvent également être acquises.

Dans ce cours nous définirons l’entrepreneur comme l’individu ou le groupe d’individus qui
réussit (ou réussissent) à identifier dans son (leur) environnement une opportunité et qui arrive
(ou arrivent) à réunir les ressources nécessaires pour l’exploiter en vue de créer de la valeur.

La création de la valeur suppose la création de toute forme de richesse (argent, indépendance,


réalisation de soi …) non seulement pour les parties prenantes dans l’organisation (actionnaires,
employés, clients…), dans l’environnement (progrès social et économique) mais également et
principalement, pour l’entrepreneur lui-même. La notion de valeur est donc fonction de la
perception de l’entrepreneur et des aspirations personnelles qui le poussent à entreprendre.

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Ainsi en fonction de ses attentes, l’entrepreneur créera une firme dans le secteur marchand,
s’investira dans une association ou, tout simplement, dans un projet au travers duquel il
cherchera à se réaliser et à s’épanouir. La nature de l’opportunité que l’entrepreneur cherchera
à saisir sera, de ce fait, fonction de ses motivations et de ses attentes. Les motivations et les
objectifs de l’entrepreneur sont donc essentiels pour le comprendre.

2.1.2) Motivations

Dans la théorie économique classique, les forces concurrentielles obligent l’entreprise à opérer
un calcul qui lui permet d’optimiser son profit. L’objectif de toute entreprise serait donc la
maximisation du profit. Dans ce modèle classique, il n’y a donc pas de place pour l’initiative
entrepreneuriale, encore moins pour des objectifs autres que la maximisation du profit.
L’entrepreneur pourrait s’identifier au producteur économiquement rationnel qui cherche
l’optimisation de ses profits. En outre l’entrepreneur poursuit aussi des objectifs autres que la
maximisation du profit.

Devenir le chef d’une entreprise rentable est certes la garantie d’un revenu intéressant, mais,
bien souvent ce n’est pas la motivation première de l’entrepreneur. Les entrepreneurs
poursuivent fréquemment des objectifs non lucratifs, tel que la satisfaction psychologique
d’être son propre patron. L’indépendance professionnelle ou financière, se retrouve souvent
parmi les motivations des entrepreneurs. A côté de l’objectif d’autonomie, il en existe une
multitude d’autres. On peut citer par exemple, la volonté d’assurer un revenu ou un emploi pour
sa famille, le désir de réaliser des produits de qualité, la créativité, le pouvoir, le statut, la
réalisation individuelle, la pérennité de l’entreprise etc.

Les objectifs des entrepreneurs sont souvent multiples. Ceux-ci peuvent par exemple,
rechercher simultanément des revenus pécuniaires jugés satisfaisants, l’indépendance et la
satisfaction associée au travail bien fait. Ces objectifs peuvent aussi varier au fil du temps et du
développement des organisations.

Tout cela ne signifie évidemment pas qu’aucun entrepreneur n’attache d’importance au profit.
Celui-ci peut constituer un étalon de mesure de leur réussite ou, simplement, permettre de leur
assurer un niveau de vie satisfaisant.

Les motivations de l’entrepreneur peuvent être regroupées sous deux catégories génériques :
les motivations de type « pull » qui sont des facteurs intrinsèques que l’entrepreneur contrôle
et les motivations de type « push » qui sont des facteurs extrinsèques sur lesquels le dirigeant

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n’a que peu d’emprise. Une décision de création d’entreprise est prise lorsque les bénéfices nets
monétaires et non monétaires résultant d’un statut d’indépendant excède ceux qui sont obtenus
en gardant un statut de salariés ou de sans emploi. Cette décision peut être déclenchée par des
motivations push ou pull. On peut donc parler de facteur pull motivant la création d’entreprise
quand celle-ci est considérée par l’entrepreneur comme créatrice d’avantages matériels ou non
matériels et de facteur push quand la création découle d’un conflit entre la situation actuelle de
l’entrepreneur et celle qu’il souhaiterait connaitre.

La perception d’une opportunité de marché, la réalisation personnelle ou la recherche du profit


peuvent être considérées comme des motivations « pull » affiliées au concept de
« d’entrepreneur d’opportunité ».

Une situation de chômage, d’insécurité d’emploi, un emploi peu satisfaisant, peu rémunérateur
ou sans perspective de progression sont typiquement des motivations « push » affiliées au
concept « entrepreneur de nécessité ».

Les entrepreneurs par nécessité concerne les entrepreneurs qui décident de créer parce qu’ils ne
trouvent pas d’autres solutions d’emploi. Ils sont nombreux dans les pays en développement,
mais cela touche également les chômeurs et toutes les populations en difficultés qui actionnent
les leviers « push » de la création (chômage, licenciement, menace de perte d’emploi).
L’entrepreneuriat par opportunité aux premières définitions et concerne des personnes qui
actionnent les leviers « pull » tels que l’autonomie, l’indépendance, la liberté, le statut ou la
reconnaissance sociale et l’argent.

Partant du constat de l’inexistence d’une personnalité entrepreneuriale unique, certains auteurs


ont tenté d’établir des typologies entrepreneuriales liées notamment aux motivations. L’intérêt
de typologies est d’offrir un outil utile à l’analyse de cas individuels.

2.1.3) Typologies

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Auteurs Types d’entrepreneurs Définition

L’entrepreneur artisan a une éducation relativement limité. il a un style de


management plutôt paternaliste. Il exige fidélité et loyauté des autres. il
L’artisan communique assez mal et à une expérience une approche à court terme. il
recherche l’autonomie. On le retrouve généralement dans des secteurs peu
Smith (1967) innovants.

L’entrepreneur opportuniste est scolarisé. Son objectif est la croissance de son


L’opportuniste entreprise. il a un style de management participatif, qui le pousse à déléguer
aisément. Il planifie à long terme et on le trouve dans des secteurs plus innovants.

L’artisan est motivé par les avantages intrinsèques liés à son rôle de chef
L’artisan d’entreprise, tel que l’autonomie, le statut ou le pouvoir. Il est plus préoccupé par
la survie de son entreprise que par sa croissance.
L’entrepreneur classique est davantage entrainer par l’intérêt financier.
Stanworth et La croissance de son entreprise lui pose un véritable dilemme. Bien qu’elle soit
Curran L’entrepreneur classique nécessaire pour assurer des rendements futur, elle engendre des bouleversements
(1976) dans la structure organisationnelle qu’il craint d’être dépossède de son pouvoir et
de son contrôle sur la société.
L’entrepreneur manager est intéressé au premier chef par la reconnaissance de
ses aptitudes managériales. Dans cette optique ? l’expansion rapide de son
Le manager
entreprise et la rentabilité sont des critères objectifs qui prouvent la qualité de sa
gestion.
Il a des comportements dominants sont et similaires à ceux de l’entrepreneur
artisan. Le développement de son entreprise est soumis aux conditions de
Entrepreneur
pérennisation et d’indépendance. Il cherche à rester indépendant et refuse les
PIC (Pérennité,
apports de capitaux externes à l’entreprise. La croissance de son entreprise sera
Indépendance, croissance)
Julien et réactive, c’est-à-dire qu’il ne l’acceptera que dans la mesure où elle ne menace
Marchesnay pas la pérennité de l’entreprise et son indépendance.
(1996) Il privilégie une logique d’action entrepreneuriale et vise une croissance forte. Il
entrepreneur CAP » est à l’affut des occasions de création et développement d’affaire rentables offert
(Croissance, Autonomie, par les opportunités de l’environnement. Le goût du défi , l’envie de relever des
Pérennité) challenges, le leadership et la réalisation personnelle, plus que la recherche d’un
cadre d’action sécurisant semblent être ses ressorts entrepreneuriaux principaux.
Il a reçu une formation, il a déroulé une carrière brillante dans des grandes
entreprises. Ce type d’entrepreneur est motivé par les besoins de création, de
L’entrepreneur manager
réalisation et de pouvoir. Ses buts s’articulent parfois autour de la croissance et
ou innovateur
de l’innovation.

l’objectif de croissance est également présent pour cet entrepreneur, mais


L’entrepreneur l’autonomie financière représente également un objectif important et la recherche
propriétaire orienté vers la d’équilibre entre croissance et autonomie constitue une préoccupation
croissance permanente. Ses motivations à la création d’entreprise sont proches de celles de
Jacqueline la figure précédente, avec un besoin de pouvoir beaucoup plus marqué.
Laufer cet entrepreneur choisit clairement un objectif d’indépendance et refuse la
croissance qui pourrait l’amener à ne pas atteindre ce but prioritaire. Ses
L’entrepreneur refusant la
motivations sont beaucoup plus centrées sur les besoins de pouvoir et d’autorité.
croissance mais
Très fréquemment, l’orientation technique de l’entrepreneur et de l’entreprise est
recherchant l’efficacité
accentuée.

on trouve dans cette approche une figure d’entrepreneur déjà évoqué. la


motivation centrale est le besoin d’indépendance et l’objectif essentiel est la
L’entrepreneur artisan
survie de l’entreprise. A cet égard l’indépendance est plus importante que la
réussite économique.
Le propriétaire-dirigeant est celui qui crée et gère une entreprise dans le but
Carland et al Propriétaire-dirigeant principal d’accomplir ses objectifs personnels. l’entreprise est sa principale
(1984) traditionnel source de revenu. Elle est conçue comme une prolongation de sa personnalité et
est liée aux besoins et aux aspirations personnelles et familiales

L’entrepreneur est celui qui crée dirige une entreprise avec le profit et la
entrepreneur croissance comme principaux objectifs. Il se distingue par un comportement
novateur et formalise ses objectifs par le biais du management stratégique.

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Le principal intérêt de ces typologies est d’attirer l’attention sur la pluralité des motivations de
ces comportements d’entrepreneuriat. Il faut néanmoins les voir comme des caricatures
présentant l’entrepreneur réel se situant entre ces dernières.

2.2) Les caractéristiques de l’entrepreneur


Les caractéristiques qui prédisposent des individus à une activité entrepreneuriale sont d’ordre
démographiques et d’ordre psychologiques.

2.2.1) les caractéristiques démographiques

Certaines études se sont penchées sur le lien possible entre les caractéristiques démographiques
d’un individu comme l’âge, le sexe, l’ethnicité, ou l’état civil et sa tendance à faire de
l’entrepreneuriat son choix de carrière.

L’âge par exemple, est généralement associé à un comportement plus conservateur, poussant
les individus à privilégier des objectifs de sécurité salariale et professionnelle.

Le sexe peut contribuer à déterminer les opportunités d’emploi et d’accès aux réseaux
professionnels d’un individu. Les femmes qui se lancent par exemple dans une carrière
d’indépendante seraient désavantagée par rapport aux hommes à cause des barrières liées à
l’éducation, à la pression familiale et à l’environnement professionnel. En outre, une femme
dont le comportement s’éloignerait des normes de comportement socialement acceptées en
fonction du sexe d’un individu s’oppose à une désapprobation sociale, tandis qu’un
comportement anti-conformiste ou innovateur est tolère voire encouragé chez les hommes.

Dans le cas de l’appartenance à une minorité ethnique, l’entrepreneuriat peut constituer un


facteur d’intégration sociale.

2.2.2) les caractéristiques psychologiques

Les caractéristiques psychologiques ou « traits », permettant de différencier les entrepreneurs


des autres professionnels peuvent être définis comme des caractéristiques durables de la
personnalité qui se manifestent par un comportement relativement constant face à la variété de
situations. L’étude des traits a principalement pour objectif de déterminer ce qui conduit une
personne à s’engager dans une activité entrepreneuriale et, par conséquent, d’identifier les
caractéristiques psychologiques permettant de prédire ce comportement entrepreneurial. Ces

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études ont porté sur le besoin d’accomplissement, la prise de risque, l’esprit inventif,
l’autonomie, le lieu de contrôle du destin, la confiance en soi.

2.2.2.1) le besoin d’accomplissement


Les recherches sur les traits ont, par exemple pour objectif de démontrer qu’une des
caractéristiques principales du comportement entrepreneurial réside dans le besoin
d’accomplissement, c’est-à-dire le besoin d’exceller et d’atteindre un certain but dans un
objectif d’accomplissement personnel. Ce besoin d’accomplissement est généralement plus
important chez les individus qui préfèrent des taches contenant des défis. Ces individus
prennent des responsabilités personnelles à propos de leur performance, sont avides d’avis sur
leur prestation et à la recherche de moyens nouveaux et meilleurs pour améliorer cette
performance.

2.2.2.2) la prise de risques


Définie en termes de probabilité ou de disposition d’un individu à prendre des risques, elle peut
se révéler dans le cadre de la création d’entreprise, dans le choix de poursuivre une idée d’affaire
dont les probabilités de succès sont faibles. Or cette tolérance au risque est plus importante chez
certains individus que chez d’autres. La création d’entreprise serait réservée à ceux qui auraient
une moindre aversion au risque.

2.2.2.3) l’esprit inventif


Il s’agit de la préférence pour de nouvelles façons d’agir et de faire les choses. Dans le cas de
la création d’entreprise, cette préférence ira à l’introduction de nouveaux produits, nouveaux
services, de nouveaux marchés, de nouveaux modèles d’affaires ou de nouvelles
technologiques.

2.2.2.4) l’autonomie
Le besoin d’autonomie se manifeste chez les individus qui préfèrent mettent en place leurs
propres objectifs, développer des plans d’action et contrôler eux même la réalisation de leurs
objectifs. Ces individus cherchent à éviter les restrictions et les rôles établis dans les
organisations et choisissent ainsi une activité indépendante. Les individus qui présentent un
haut degré d’autonomie seraient ainsi naturellement à l’aise dans une activité entrepreneuriale

2.2.2.5) contrôle de son destin


Une autre caractéristique psychologique mise en avant par la recherche concerne le lieu de
contrôle de son destin. L’entrepreneur aurait une motivation de contrôle du destin. Pour lui, les
conséquence de ses actions dépendraient de son propre comportement et ne seraient pas les

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résultats d’autres causes, comme le hasard ou la décision d’autrui. Si l’entrepreneur ne se
croyait pas capable de contrôler la performance de son entreprise, il n’aurait aucune raison de
chercher activement à changer l’ordre des choses.

2.22.6) la confiance en soi


Il s’agit de la confiance en sa capacité à réaliser efficacement certaines actions. Les individus
qui ont une grande confiance en eux sont plus à même de persévérer lorsque les problèmes
apparaissent et d’agir pour résoudre les problèmes. Ils seraient plus intuitifs, auraient un plus
grand espoir de réussite et s’engageraient dans des perspectives à long terme.

2.3) Les formes principales d’entrepreneuriat

Nous n’allons pas aller en profondeur dans la présentation des formes principales
d’entrepreneuriat dans la mesure où nous allons consacrer des chapitres à ces situations. Les
principales de formes de l’entrepreneuriat sont : création d‘entreprise, reprise d’entreprise,
entrepreneuriat social et organisationnel. L’objectif est de montrer qu’une forme particulière
entraîne des exigences et des conséquences importantes au niveau du profil et des prérequis.

2.3.1) La création d’entreprise

La création d’entreprises est un phénomène d’une grande hétérogénéité :

Projet de création ex nihilo : créer une entreprise quand rien n’existe n’est certainement pas
la situation la plus facile. Il faudra du temps pour arriver à implanter son produit dans un
marché, pour convaincre les utilisateurs et les acheteurs et ce, d’autant plus, que le degré
d’innovation sera élevé. Par voie de conséquence, il faudra soigneusement dimensionner les
besoins financiers et obtenir les ressources suffisantes. La création ex nihilo exige beaucoup de
travail, de rigueur et de ténacité. Par ailleurs, les risques doivent être particulièrement bien
évalués.

Projet de création par essaimage : créer une entreprise quand on est salarié et avec l’aide de
son entreprise est certainement une démarche plus facile. Les grandes entreprises proposent des
mesures et des dispositifs destinés à inciter et à accompagner leurs salariés dans des créations
d’entreprise. Les projets peuvent être variés et concerner la création d’un commerce ou d’une
entreprise industrielle, mais l’accompagnement (matériel, intellectuel, commercial et financier)
d’une entreprise peut être de nature à réduire le niveau de risque de l’entrepreneur.

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Projet de création en franchise : elle met en relation un franchiseur, entreprise qui souhaite
se développer en utilisant cette modalité, et un franchisé, individu qui veut créer une entreprise
en appliquant une formule, autour d’un concept, qui a déjà été utilisé ailleurs. Ce type de
création consiste, d’une certaine façon, à imiter un fonctionnement qui existe dans un contexte
géographique donnée. La création en franchise bénéficie également d’un accompagnement
important, mais payant de la part du franchiseur. Elle peut permettre à celui qui n’a pas d’idées
propres ou qui n’a pas une capacité à innover de réaliser son objectif de création d’entreprise.

Projet de création de filiale : l’entrepreneur agit dans ce cas pour le compte d’une entreprise
existante qui lui confie un projet de nature entrepreneuriale. Les risques personnels sont très
limités et les conditions matérielles proposées sont celles d’un cadre ou d’un dirigeant. Cette
situation peut convenir à condition de pouvoir y accéder à celui qui veut entreprendre mais qui
ne le fait pas par peur de risques et pour ne pas remettre en cause sa situation personnelle et
familiale.

La création d’activité nouvelle : Ce cas est assez proche du précédent. Tout se passe dans une
organisation existante avec les avantages et les inconvénients liés à ce positionnement. Très
fréquemment, ce type de situation fait davantage appel à des qualités et à des compétences utiles
pour innover.

2.3.2) La reprise d’entreprise

La reprise d’entreprise ou d’activité présente une différence de taille avec la création


d’entreprise. L’organisation existe, elle n’a pas été créée. Si elle existe, il est alors possible de
s’appuyer sur des données qui la décrivent dans son présent, son histoire, sa structure et son
fonctionnement. Dans ces conditions, l’incertitude est généralement moindre et les niveaux de
risque beaucoup plus faibles. Comme pour la création d’entreprise, la reprise peut être réalisée
par un individu pour son propre compte ou par une entreprise existante. Au moins trois cas
peuvent être examinés ici :

La reprise d’entreprise ou d’activité en bonne santé : la principale difficulté est d’avoir


suffisamment tôt l’information qu’une entreprise de ce type est en vente. Ensuite, il faut pouvoir
disposer de ressources financières importantes car le prix de marché de ces entreprises peut être
élevé. Il est indispensable d’avoir, par ailleurs, de bonnes compétences générales et une
expérience de management réussie. Il convient, en effet, de ne pas perdre de temps dans
l’apprentissage du métier du chef d’entreprise.

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La reprise d’entreprise ou d’activité en difficulté : si les difficultés sont déclarées
(entreprises en redressement judiciaire), il est indispensable de connaître le cadre légal de
reprise d’entreprises en difficulté. Avoir des relations avec des acteurs clés dans ce milieu,
apparaît également comme une condition importante. Si le prix d’acquisition de ces entreprises
est sans commune mesure avec celui des entreprises en bonne santé, il ne faut jamais perdre de
vue que ces structures nécessitent généralement une très forte recapitalisation financière.
Reprendre une entreprise en difficulté nécessite également une bonne connaissance et
probablement une expérience des situations de crise. Il convient en effet, de restaurer
rapidement la confiance à tous les niveaux : personnel, clients, fournisseurs, partenaires, autres
partie prenantes.

La transmission/succession : cette modalité se développe de plus en plus en raison de


l’approche de l’âge de la retraite ou d’une succession. Il s’agit d’un changement de propriétaire
familial d’une entreprise. Le patrimoine peut être totalement ou partiellement transmis, à titre
gratuit ou onéreux.

2.3.3. L’entrepreneuriat organisationnel

Il consiste à entreprendre dans une organisation existante. Nous avons présenté, précédemment,
quelques situations relevant de la création d’entreprise. D’autres existent en ce qui concerne la
reprise d’entreprise. Des projets stratégiques et des projets d’innovation peuvent être
développés, dans des grandes entreprises, sans qu’il y ait nécessairement une création
d’entreprise ou la création d’une nouvelle organisation. Certaines entreprises peuvent présenter
culturellement et collectivement des comportements entrepreneuriaux. Les situations
d’entrepreneuriat organisationnel sont nombreuses et également très variées. Ce qui ressort,
comme dénominateur commun, c’est qu’il est possible d’entreprendre, pour un individu sans
qu’il y ait prise de prise excessive de risques personnels et sans perte ou modification profonde
d’un statut social. Ces situations peuvent permettre un apprentissage, en douceur, du métier
d’entrepreneur.

2.4) L’écosystème entrepreneurial


La dynamique entrepreneuriale d’un pays est conditionnée par les caractéristiques
institutionnelles nationales et par les écosystèmes locaux qui ont pu se mettre en place.

Le concept d’écosystème désigne une communauté économique soutenue par l’interaction


d’individus et d’organisations. Les acteurs sont donc interdépendants au sein d’une même aire
géographique. L’écosystème est composé de six domaines en interaction, chacun incluant des
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sous-éléments qui au sein d’une région géographique, ont une influence sur la formation et la
trajectoire des entrepreneurs et des entreprises. Ces six composantes sont : les politiques, le
financement, la culture entrepreneuriale, l’accompagnement, le capital humain, la marché.

Au niveau national, chaque pays dispose de caractéristiques institutionnelles distinctes. Ces


caractéristiques reflètent les aspects de l’environnement national tels que les normes sociales,
culturelles, réglementaires et institutionnelles. Il existe des frontières qui expliquent la culture
entrepreneuriale nationale au travers de trois dimensions :

- La dimension régulatrice (lois, règles, politiques publiques…)

- La dimension cognitive (connaissances partagées dans la société…)

- La dimension normative (degré d’admiration et de valorisation des entrepreneurs, c’est-


à-dire la manière dont l’entrepreneur est perçu au cœur de la société).

La dynamique entrepreneuriale d’un pays dépend des dynamiques sectorielles (la croissance
économique, la démographie, le chômage) et des politiques publiques relatives à
l’entrepreneuriat (la privatisation, les aides et le financement). De plus certains secteurs
environnementaux influencent le comportement entrepreneurial : la formation dans les lycées
et universités, les organismes d’aide à la création d’entreprise. L’acceptation de l’échec,
l’admiration des entrepreneurs par la société, les relations dans le monde des affaires sont
également des facteurs essentiels d’encouragement à l’entrepreneuriat.

3. ENTREPRENEURIAT ET ECONOMIE

L’entrepreneuriat est une voie de professionnalisation intéressante notamment en période de


difficultés économiques, dans la mesure où entreprendre permet de développer son propre
emploi. Pourtant, l’entrepreneur et l’entrepreneuriat sont loin d’occuper une place constante
dans l’histoire de la pensée économique. En effet, dans les théories classiques et néoclassiques,
les entreprises sont virtuellement dépourvues d’entrepreneurs. Le rôle joué par l’entrepreneur
dans la dynamique de l’économie de marché est donc totalement négligé.

L’entrepreneur est apparu dès le début du XVIIIème siècle dans la littérature économique, en
l’occurrence dans l’œuvre de Richard Cantillon, qui lui attribue un rôle spécifique dans le
processus économique. Il faudra attendre le début du XXème siècle et les travaux de Joseph
Schumpeter pour que lui soit associe un rôle important dans l’économie. Les travaux de
Schumpeter permettent d’inscrire l’entrepreneuriat dans le contexte du développement

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économique. Ces développements ont largement conditionné la façon dont l’entrepreneuriat est
envisagé aujourd’hui. Aussi, pour mener à bien sa mission l’entrepreneur se doit de se connaitre
lui-même, principale préoccupation du chapitre suivant.

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