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Il n’est pas évident d’aborder un sujet sur l’entreprenariat sans s’attarder sur l’entrepreneur en
personne. Avoir un profil d’entrepreneur constitue une motivation pour une personne qui pense
créer un projet.
Les entrepreneurs sont des créateurs dans l’âme. L’entrepreneur est né avec un sixième sens,
une capacité intuitive à entreprendre et à réaliser des actions spectaculaires. Certaines personnes
naissent avec plus d’énergie que d’autres, en effet, de fréquentes biographies d’entrepreneurs
soulignent leur capacité instinctive à identifier des opportunités inaccessibles à la majorité
d’entre-nous. Ils savent aussi prendre, dans toutes les circonstances, les bonnes décisions, celles
qui les conduisent au succès. C’est vrai que ce sens inné n’est pas le seul identifiant ‟un véritable
entrepreneur, il perd sa valeur si il n’était pas complété par d’autres caractéristiques telles que
des connaissances, des compétences, des savoir-faire et des expériences accumulés pendant des
années.
Bref L'approche qualifiée de déterministe, ou "trait approach" (Gartner, 1988), considère
l'entrepreneur comme l'unité d'analyse. Elle rassemble les recherches menées en vue d'identifier
les caractéristiques personnelles des entrepreneurs.
Cette approche décrit les variables démographiques et sociodémographiques (sexe, genre, âge,
culture, religion, ethnie, milieu social), variables de parcours (expériences et formation),
variables motivationnelles (besoin d’indépendance, réussite, sécurité…), variables de contrôle
(locus of control, self-concept), variables affectives et émotionnelles (passion…), traits de
personnalités.
L'entrepreneur est vu comme un acteur primordial dont il s'agit de découvrir les motivations, les
caractéristiques psychologiques et les traits de personnalité, les caractéristiques socio-
démographiques, les habiletés, les réseaux et le rôle d'innovateur dans l'économie (Déry,
Toulouse, 1995; Gartner, 1988; Stevenson, Roberts, Grousbeck, 1993).
L'objectif final est d'établir un profil-type d'entrepreneur répondant à des caractéristiques
spécifiques et empiriquement démontrées.
Des auteurs ayant abordé l’entrepreneur sous l’angle du courant déterministe, on peut citer :
Litzinger (1965) qui a étudie la préférence pour le risque, indépendance, leadership,
reconnaissance, conformité, bénévolat, structure, considération ; Hornaday et Aboud
(1971) ,besoin de réalisation, intelligence, créativité, énergie, prise d'initiative, leadership, soif
d'argent, désir de reconnaissance, puissance, tolérance de l'incertitude ; Braden (1977), a étudié
la motivation de l'entrepreneur ; Brockhaus (1980) propension à la prise de risque ;
Welsch et Young (1982) estime de soi, prise de risque, ouverture à l'innovation ; Gill (1985)
motivations, degré de compétences (distinction entre "archiever", "bloker", "survey", "failure")
D’après les variables étudiées, on remarque que l’intérêt des chercheurs a porté principalement
sur : les caractéristiques personnelles de l’entrepreneur telles que le profil, la motivation, l’estime
de soi, l’innovation, la perception du risque, la prise de décision, l’autonomie, les compétences.
Dans ce type d'approche, l'environnement n'est pas pris en compte. Autrement dit, « les
entrepreneurs sont nés et non pas fabriqués ». De nombreux travaux ont été menés dans cette
direction et chacun a tenté de mettre en évidence une ou plusieurs caractéristiques permettant de
comprendre qui est entrepreneur, pourquoi on devient entrepreneur.
L'approche par les caractéristiques reste à nuancer car sa validité a été mise en doute.
Par exemple, Gartner oppose l'approche par les caractéristiques à l'approche comportementale.
En effet, selon lui, dans l'approche par les traits de caractères, l'entrepreneur est un ensemble de
caractéristiques et de traits de caractère, alors que dans l'approche comportementale,
l'entrepreneur est un ensemble d'activités impliquées dans la création d'une entreprise. Et selon
lui, la seconde approche est la plus riche d'enseignement car elle cherche à définir les activités
exercées, ce que fait l'entrepreneur et non pas ce qu'il est.
L'approche comportementale
Les limites de l'approche par les traits ont conduit à des recherches sur des comportements à
adopter dans le cadre de la création d'entreprise ou du développement d'un projet au sein d'une
organisation.
L'approche qualifiée de comportementale, ou "behavioral approach" (Gartner, 1988), envisage
l'entrepreneur comme un élément déterminant du processus complexe de la création d'entreprise.
L'entrepreneur est vu comme le centre d'un ensemble d'activités impliquées dans la création
d'une organisation, il constitue une partie du processus complexe de la création d'entreprise
(Gartner, 1988).
L'accent est mis sur "l'agir", c'est-à-dire sur ce que l'entrepreneur fait, comment il se comporte
(Déry, Toulouse, 1995). En d'autres termes, l'entrepreneur se définit comme "quelqu'un qui
perçoit une opportunité et crée une organisation pour en tirer profit" (Bygrave, Hofer, 1991),
"c'est l'initiateur actif d'une nouvelle affaire qui prend la forme d'une nouvelle société : il y joue
un rôle prépondérant pour le démarrage" (Sweeney, 1982). Le processus entrepreneurial, à savoir
toutes les fonctions, activités ou actions associées à la perception d'opportunités et à la création
d'entreprise, présente des caractéristiques particulières (Bygrave, Hofer, 1991).
Parmi celles-ci, la plus importante est sans aucun doute la nécessité de la volonté humaine
comme point de départ du processus : "the essence of entrepreneurship is the entrepreneur"
(Mitton, 1989). L'entrepreneur accomplit une série d'actions qui débouchent sur la création d'une
organisation.
Selon cette approche, l'entrepreneuriat est plus qu'un ensemble de traits individuels et est
différent d'une fonction économique. C'est un ensemble cohérent d'attitudes de gestion
(Stevenson, Roberts, Grousbeck, 1993). De nouveau, trois des six écoles de pensée développées
par Cunningham et Lischeron (1991), abordent cette optique :
- L'école "classique", centrée sur la reconnaissance du rôle moteur de l'innovation dans l'activité
économique, associe la création d'entreprise à la poursuite d'une opportunité, nécessitant de la
créativité et comportant une part de risque.
La sixième école de pensée concerne l'intrapreneurship ou intrapreneuriat. Cette école fait
l'hypothèse que l'innovation peut être réalisée à l'intérieur des organisations existantes en
encourageant les travailleurs à travailler à la manière d'entrepreneurs dans des unités semi-
autonomes (Cunningham, Lischeron, 1991).
- L'école "du management" résume les différentes fonctions exercées par l'entrepreneur au sein
de son organisation : prise de risque, supervision, contrôle, gestion, ... .
- L'école "du leadership" repose sur l'hypothèse que l'entrepreneur a besoin de l'aide de ses
collaborateurs pour réussir son entreprise : cette vision de la situation envisage plutôt le rôle de
motivation que doit exercer le créateur afin de s'assurer cette collaboration.
Dans notre recherche nous nous intéressons aux deux approches pour une meilleure
appréhension du phénomène entrepreneurial chez les femmes. Ces deux dimensions (traits de
personnalité et comportement) sont pour nous indissociables.
D’abord consacrées aux hommes entrepreneurs (BLAIS & TOULOUSE 1990, BROCKHAUS
1982, COOPER & DUNKELBERG 1987) ces recherches ont élargi leur champ d’investigation
pour y inclure le cas particulier des femmes entrepreneurs (NEIDER 1987, LACASSE 1988,
KOPER 1993, HISRICH R & BRUSH 1983, GRISE & LEE-GOSSELIN 1987). Très
abondantes dans les pays anglo-saxons, notamment aux Etats-Unis et au Canada, ces recherches
se multiplient depuis peu en Europe et tout particulièrement en France depuis l’article pionnier
de SAPORTA (1994).
En Afrique, les investigations sur ce thème sont beaucoup plus rares même si elles se
développent depuis quelques années (GASSE 1991, PONSON 1993, HERNANDEZ 1997).
L’intérêt porté à l’entrepreneuriat a évolué en dents de scie. Etroitement liée à la problématique
du développement économique, cette question a été timidement abordée une décennie avant les
indépendances.
Néanmoins, malgré que ce phénomène se manifeste selon une intensité variable suivant les pays,
les chercheurs ont élaboré à peu près les mêmes thèmes sur l'Entrepreneuriat féminin.
Essentiellement basées sur des études comparatives soit entre minorités et non minorités, soit
entre femmes entrepreneures et femmes gestionnaires, soit entre hommes et femmes
entrepreneurs, les recherches ont visé à déceler les différences aussi bien sur le plan des profils
de ces femmes, de leurs entreprises, qu'au niveau des problèmes rencontrés. On peut aborder les
résultats de ces recherches selon 4 thèmes majeurs :
- Les caractéristiques de leurs entreprises et les problèmes qu'elles rencontrent tout au long de
leurs activités entrepreneuriales
C'est l'aspect la plus couramment abordé dans la littérature. Les questions traitées couramment
concernent les données démographiques de la femme entrepreneure à savoir l'âge, la formation,
l'influence familiale, les valeurs personnelles, la carrière antérieure, le style de direction, le type
de l'entreprise crée. Et depuis, le nombre de recherches qui se sont focalisées sur les femmes
entrepreneures a augmenté. Ces études ont été menées partout dans le monde.
Des études menées par l'Agence de la Promotion de Création d'Entreprise APCE (1999) et
l'Organisme de Création et Développement d'entreprises OCDE (1998) ont montré que le profil
de la personne créatrice d'activité entrepreneuriale varie selon les territoires et l'histoire du milieu
(dotation d'infrastructures, niveau de compétences et de qualification de la main d'œuvre, culture
du pays...).
Somme de toute, il est claire que dans la pratique, la personne créatrice d'activité
entrepreneuriale que ce soit femme ou homme doit posséder un potentiel entrepreneurial et des
qualités qui soient liées à la création. Néanmoins, des qualités personnelles, des attitudes, des
comportements, des antécédents personnels incontournables s'imposent, ce sont semble-t-il les
clés d'entrée dans la décision de création
Âge
HISRISH et PETERS ont fait la distinction entre l'âge de l'entreprenance (tel qu'il se reflète dans
son expérience) et l'âge chronologique. L'expérience de l'entreprenance est l'un des facteurs les
plus prédictifs de la réussite, particulièrement lorsque l'entreprise nouvelle et l'expérience
professionnelle relèvent du même domaine d'activité.
Des enquêtes menées aux Etats Unis notamment celle menée par HISRISH et PETERS en 1990
qui indiquent une tendance des femmes à faire leur première tentative significative autour de 35
ans.
Lilles décrit cette situation comme étant « la période du libre choix » où l'on a confiance en soi et
où l'on dispose d'une base financière suffisante tandis que les contraintes familiales sont
moindres.
En Afrique, les femmes sont toujours été considérées comme des minorités et ont tendance à
s'orienter vers la création d'activités entrepreneuriale individuelles dans un âge relativement plus
élevé que celle des hommes.
Sur ce point, HERNANDEZ et RAJEMISON ont aboutit à des conclusions reflétant que les
femmes entrepreneures en Afrique sont plus âgées par rapport à leurs correspondantes des EU et
de l'Europe généralement et ce probablement en raison de la valorisation tardive de
l'Entrepreneuriat et de la réussite des femmes en affaires.
La formation
C’est est un facteur non négligeable, le profil professionnel englobe le parcours académique
(scolaire, universitaire, mastère…), les séminaires et les formations qui constituent un bagage
culturel assez important initiateur au profil professionnel qui est construit du tas des expériences,
le savoir faire et l’expertise dont l’individu a réussi d’amasser au fil des années durant son
parcours professionnel. On trouve beaucoup d’entreprises qui naissent autour d’un savoir faire
ou d’une expertise que possède son créateur.
Le chef d’entreprise assure aussi plusieurs fonctions de l’entreprise il est invité à avoir des
compétences dans plusieurs domaines, il est censé répondre à tout sujet sensible sans être
spécialiste tout en évitant les bévues. Chaque individu a sans doute des lacunes et des trous de
compétences qu’il va falloir combler toute fois. (Comptabilité, juridique, informatique…), c’est
pour ces raisons qu’il est convenu que l’entrepreneur ait en main la connaissance nécessaire,
pour se couvrir face à aux différents enjeux, face à l’incertitude et au risque présent dans les
différents stades de la vie de l’entreprise.
Influence familiale
Une bonne partie de la littérature soutient l'influence de la famille comme vecteur moteur au
développement de l'esprit créatif chez leurs filles. Les aspects scientifiquement étudiés de
l'environnement familial de l'entrepreneur de façon général portent sur son même rang de
naissance, la profession et le statut social de son père ou de sa mère et de se relations avec ses
parents.
Un autre aspect de l'influence familiale est le statut matrimonial. La plupart des hommes
entrepreneurs sont mariés et le mariage joue le rôle de stabilisateur dans leurs métiers. La
situation est beaucoup plus controversée au sein des femmes entrepreneures. Le mari peut
constituer soit un frein, soit un stimulateur pour la création d'entreprise.
Expérience professionnelle antérieure
Plusieurs sont les auteurs qui ont mis à l'évidence l'existence des liens étroits entre l'expérience
professionnelle antérieure et le recours au travail indépendant. Le salariat a été d'abord considéré
comme une école. Plusieurs femmes estiment que la réussite passe nécessairement par l'existence
préalable du salariat. Celui-ci permettrait en effet d'acquérir l'expérience technique, la
connaissance des fournisseurs, l'accumulation des connaissances et des réseaux, voire des fonds
nécessaires à la création de leur entreprise.
S'agissant d'un tel point de vue, les résultats de recherches existantes sont contradictoires. La
plupart des auteurs montrent que pour une grande majorité d'entrepreneurs, aussi bien hommes
que femmes, ils ont eu une expérience professionnelle avant leur projet de création de leur
propre entreprise. La différence résiderait plutôt au niveau du type d'expérience.
Par ailleurs, l'analyse de l'emploi par profession montre que les femmes ne sont pas également
présentes dans toutes les professions. Certaines professions sont clairement féminines, d'autres
sont plus féminisées que la moyenne, mais de nombreuses professions restent fortement
masculines et hermétiques aux femmes ;
Dans cette logique d'idées, les chercheurs montrent que les femmes ont une expérience
importante de type administratif, de niveau hiérarchique moyen et souvent axée sur les domaines
liés aux services, par exemple, la formation, le secrétariat ou encore la vente en détails plutôt que
les domaines techniques, industriels et financiers.
Contrairement, les entrepreneurs hommes ont une expérience un peu plus axé sur la gestion,
l'import export, l'industrie, la finance et tout ce qui relève du domaine technique.
De ce fait, selon HISRISH et PETERS (1991), le type d'activité de l'entreprise crée par les
femmes sera en fonction du type d'expérience professionnelle déjà acquis. De ce fait, nous
retrouvons plus d'entreprises crées par les femmes dans les domaines liés aux services tels que le
commerce et détail, les relations publiques, les services éducatifs te le conseil alors que les
hommes sont plutôt portés vers l'industrie, la construction ou la haute technologie.
Caractéristiques des entreprises privilégiées par les femmes en
affaires
Secteur d'activité
Même qu'à partir de cette dernière décennie 1990-2000 que le phénomène entrepreneurial
féminin prend une place importante dans les recherches dans l'entrepreneuriat et le management
des entreprises ; il est toutefois erroné de dire qu'il s'agit d'une nouveauté. L'entrepreneuriat
féminin est traditionnellement enraciné dans nos sociétés.
Les récentes recherches menées sur l’entrepreneuriat féminin se sont intéressées à dresser l'état
d'évolution des secteurs choisis par les femmes.
Dans cette perspective, les chercheurs pensent que la reconnaissance et la capacité d'émergence
de la femme entrepreneure sont liées au secteur d'activité : la femme chef d'entreprise
entrepreneure en confection, tissage, pâtisserie aurait apparemment moins de difficultés
d'intégration dans le milieu des entrepreneures du secteur et concurrents, que la femme chef
d'entreprise des industries mécaniques, du bâtiment ou du transport.
En effet, l'emploi des femmes est très polarisé. Diverses études faites sur les femmes
entrepreneures ont montré que les femmes en affaires sont davantage concentrées dans le secteur
des services que dans tout autre secteur. En ce sens, il est indéniable que le développement d'une
économie de services a permis aux femmes de prendre une place plus grande dans le monde des
entrepreneures. C'est probablement chose plus difficile dans une économie axée sur les industries
manufacturières et le secteur primaire (RATTE, 1999).
De plus, certains chercheurs avancent que face à cette ère d'ouverture et de libéralisation, la
nouvelle économie de savoir sied particulièrement bien aux femmes entrepreneures qui, plus
jeunes et très scolarisées, peuvent y saisir de belles occasions d'affaires.
Le secteur du commerce compte aussi une proportion non négligeable des femmes, par contre,
l'attrait de ce secteur est en régression depuis les années 90.
D'autres chercheurs estiment que le caractère prudent des femmes et leur incitation à la
reproduction sociale limitent leur créativité et favorise la multiplication des entreprises féminines
dans les mêmes secteurs nécessitant peu de technologies, de savoir faire et encore moindre des
mains d'oeuvre. RATTE ajoute que ce phénomène peut être imputé à la faiblesse des moyens
financiers et à la relative jeunesse du mouvement qui se heurte à la concurrence des entreprises
masculines.
Vu que les femmes entrepreneures sont concentrées sur des secteurs tertiaires (commerce,
textile, artisanat...), nécessitant peu de mains d'œuvres, cela favorise leur exploitation dans les
micros entreprises. Ces sont des entreprises avec moins de 10 employés.
De prime abord, le recours des femmes aux micros entreprises ou parfois aux PME a été
expliqué par les auteurs par plusieurs raisons dont on cite deux qui sont les plus indicatives :
Tout d'abord, les femmes ne disposent pas d'un grand revenu lors du démarrage de son projet
entrepreneurial (fond personnel limité, difficulté au recours aux institutions financières...), de
plus, les femmes autonomes consacrent moins du temps à leurs entreprises. Elles se trouvent
dans l'obligation de concilier leurs responsabilités entrepreneuriale avec celles familiales qui leur
incombent traditionnellement telles que les soins prodigués aux enfants et donc profiter
davantage de la flexibilité du travail autonome.
« Qu'est ce qui pousse une femme à prendre des risques et à lancer une entreprise nouvelle, à
vouloir faire carrière dans l'entreprenance en dépit des terribles aléas de la réussite ? ».
Contrairement aux hommes qui sont le plus souvent attirés par des facteurs positifs (gains
matériels, promotion sociale, etc.), les femmes sont incitées à construire leurs propres entreprises
pour plusieurs raisons qui sont d'ordre personnelles ou dues aux circonstances extérieurs,
positives ou négatives (SHANE, KOVEREID et WEWTHEAD).
Selon les termes de Duchéneaut, on peut faire la différence entre des facteurs « push » qui
poussent les femmes vers le travail indépendant sans qu'il y ait réelle volonté mais plutôt
nécessité, et des facteurs «pull » qui le attirent positivement et débouchent sur une véritable
volonté de création.
Ils se caractérisent plus précisément par l'insuffisance du revenu familial soit du conjoint, qui est
dû nécessairement à l'augmentation du niveau des ménages, soit les cas des femmes célibataires,
veuves ou divorcées qui sont plus contraintes d'agir face à leurs situations familiales.
L'insatisfaction dans le travail salarié à cause des conditions du travail inacceptables, horaires
trop rigides, une trop grande différence des salaires entre hommes et femmes, une ségrégation
dans l'attribution des postes, les frustrations d'un avancement bloqué, la désillusion quand aux
relations traditionnelles des employés et des employeurs.
Les femmes sont souvent affectées à des postes subalternes qui n'est pas acceptables par elles vu
l'amélioration de leur niveau d'instruction (HISRISH et BRUSH, 1986 ; BRUSH, 1992).
Dans certains pays, le haut niveau de chômage est un facteur de poussée. Ce cas de figure a été
dénommé par Duchéneaut comme un facteur à part, centré sur une partie accomplissement
personnel/ nécessité contextuelles qui permettrait de moduler les motivations des femmes
entrepreneures.
Les facteurs positifs « pull » qui attire les femmes vers la carrière d'entrepreneures sont
multiples.
Les femmes comme les hommes entreprennent par besoin d'indépendance et d'accomplissement
et par refus de travailler pour une tierce personne. De ce fait, les femmes entrepreneures sont
prêtes à assumer les risques sociaux, psychologiques et financiers afin d'assouvir leur besoin
d'indépendance.
Toutefois, pour ces femmes, le désir d'indépendance domine largement sur les autres motivations
de création d'entreprise. Ceci est expliqué dans la littérature, essentiellement, par le statut social
de la femme (comme déjà énuméré plus haut). En d'autres termes, être dirigeantes de sa propre
entreprise leur permet d'être flexible quand à la gestion de temps, afin de trouver l'équilibre entre
le travail et la famille.
D'autres facteurs ont intéressé les chercheurs et qui reflètent des différences quand aux
motivations des femmes. Ces facteurs sont énumérés par les femmes interrogées comme des
facteurs secondaires qui ont des influences moindres que la première dans leur choix
entrepreneurial ; Toutefois, ces motivations ne peuvent pas être négligeables pour les femmes.
On cite à titre non exhaustif, l'épanouissement personnel, le goût d'entreprendre, le statut social,
pouvoir, revenu, besoin de flexibilité et désir de gérer son propre temps. En ce qui a trait aux
déclencheurs de l'entrepreneuriat, plus de 80% des femmes d'affaires créent leurs entreprises
lorsqu'une occasion favorable se présente ; Pour elles, l'intérêt pour un secteur d'activité serait
plus fréquent que chez leurs homologues masculins.
Certaines femmes auraient profité des répits consécutifs du travail à la naissance des enfants
pour penser à la création d'une affaire autonome.
QUESTIONS DE RECHERCHE
Notre travail de recherche vise à répondre à la problématique suivante : comment se caractérise
l’entrepreneuriat féminin à Djibouti et quels sont les facteurs de motivations?
Comment est née cette volonté d’accomplir une pratique entrepreneuriale (les motivations bien
sur) ?
A partir de ces questions, nous proposerons une recherche descriptive et exploratoire. Nous
tenterons de comprendre les raisons ayant poussé les femmes à emprunter la voie
entrepreneuriale, puis nous tenterons de décrire et de comprendre les différents facteurs ayant
influencé dans le processus de l’entrepreneuriat à travers un modèle fondé sur une démarche
qualitative qui reposera sur plusieurs modèles.
Combinaison du sujet de la recherche, de l’objet de l’étude et des modes opératoires à
effectuer
Sujet de recherche :
-Consultations
↑
d’experts et
documentation
-Questionnaires auto-
↑
Objet de recherche : administrés
Femme entrepreneure
résidente à Djibouti
ville
Facteurs de motivations :
Ce que l’on cherche à observer →
-Variables
psychologiques
-Variables sociologiques
-Variables économiques
-Variables de situation
L’objectif de la recherche :
Suite à la problématique envisagée, nous entamerons une étude dont l'objectif principal est de
décrire le phénomène de l’entrepreneuriat chez les femmes à Djibouti et les facteurs qui poussent
les femmes djiboutiennes à opter pour la voie entrepreneuriale.
.
La recherche vise :
A cette fin, nous nous appuierons sur le modèle explicatif de l’événement entrepreneurial conçu
à partir de la théorie de Shapero (19175). Globalement le modèle de Shapero suggère que
l’évènement entrepreneurial repose sur quatre variables principales, qui agissent sur l’individu et
le poussent à l’acte. Dans la phase empirique de cette recherche, nous allons évaluer ce modèle
théorique dans le contexte djiboutien par le recours à un questionnaire.
Les données seront recueillies auprès des entrepreneures résidantes à Djibouti ayant acquis leur
activité soit par la voie de création, soit par une succession ou un achat.
Apres défini l’objectif de notre travail de recherche, il convient de présenter les modèles
théoriques et le cadre conceptuel de référence et enfin les questionnaires.
Le modèle de Cooper
Cooper a élaboré son modèle à partir de nombreuses études sur un certain nombre d'entreprises.
Ces études portaient sur des aspects très divers de l'entrepreneurship mais dans l'ensemble, ces
aspects aident à mieux comprendre les influences qui s'exercent sur l'entrepreneurship.
Les facteurs d'influences s'exerçant sur cette décision sont regroupés en trois catégories:
l'entrepreneur et ses nombreux aspects de formation, ses motivations, sa façon de voir, ses
compétences et ses connaissances; l'organisation établie au sein de laquelle l'entrepreneur a
travaillé dans le passé et que Cooper appelle «l'organisme incubateur» et dont les caractéristiques
auront un impact sur la nature et le choix de l'emplacement des nouvelles entreprises; les facteurs
environnementaux dont beaucoup d'entre eux sont régionaux et créent un climat plus ou moins
favorable à l'entrepreneurship. Le tableau suivant illustre les diverses influences qui sont
regroupées dans ces trois catégories.
Le modèle de Cooper est très utile pour comprendre les facteurs qui influencent un entrepreneur,
cependant il n’illustre pas les différentes influences qui s’exercent sur l’individu et qui le
poussent à passer à l’acte. Il ne traite pas par exemple la disponibilité des ressources matérielles
telles que les matières premières et technologie.
Un modèle plus complet est nécessaire pour bien mener la présente recherche d’ou le modèle
systémique du processus individuel d'émergence des entrepreneurs de Y. GASSE et de J.-P.
SABOURIN.
Sur la base d'un modèle de développement d’entrepreneurs élaboré en synthèse des principales
conclusions de quelques études, à partir d'une étude de huit programmes professionnels de
formation, J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, p. 21) constatent qu'il existe une relation
positive entre les intentions de démarrage et le potentiel entrepreneurial. Les variables qui
agissent sur ce dernier se répartissent en trois groupes :
- les "antécédents" représentent l'ensemble des facteurs personnels et environnementaux qui
favorisent l'apparition de prédispositions chez un individu. L'environnement dans lequel il évolue
facilite ou inhibe son cheminement vers une carrière entrepreneuriale.
Ils remarquent par exemple que les élèves ayant des parents travaillant à leur compte ont un plus
fort potentiel entrepreneurial comparativement aux autres ;
- les "prédispositions" sont l'ensemble des caractéristiques psychologiques décelées chez un
entrepreneur. Ce sont "les motivations, les attitudes, les aptitudes et l'intérêt" qui dans un
contexte favorable, interagiront pour se manifester en comportement ;
-la concrétisation du potentiel entrepreneurial par un projet qui aboutit à un lancement se produit
souvent sous l'effet de "déclencheurs" qui sont des facteurs de "discontinuité" et des facteurs
"positifs". La présence de déclencheurs plus intenses incitera un plus grand nombre d'individus à
démarrer une entreprise, et en principe, les individus à fort potentiel entrepreneurial auront
besoin d'un déclencheur plus faible.
Le cadre conceptuel de référence
Ainsi, nous pensons à l’instar de certains chercheurs que les motivations entrepreneuriales
revêtent des considérations d’ordre psychologique, social, économique et contextuel.
Nous allons présenter le modèle de Shapero et en même temps formuler les hypothèses à partir
des quatre variables considérés.
C’est un modèle très connu qui date de 1975 et a souvent été repris et commenté par d’autres
auteurs (Lacasse, Lacasse et Lambert, Neunreuther, Sweeney). Il a enfin été également complété
et enrichi (Belley 1989 et 1990). Ce modèle, qui a connu de nombreuses évolutions entre 1975 et
1983, vise à décrire des éléments pouvant entrainer le choix d’une activité entrepreneuriale par
un individu. Quatre variables principales, en interaction les une avec les autres, expliquent selon
l’auteur la création d’une entreprise.
Hypothèse 4 : les facteurs contextuels, tels que la perte d’emploi, l’insatisfaction au travail, le
divorce, le veuvage contribuent favorablement à l’évènement entrepreneurial des femmes
3-Variable sociologique : Selon Shapero, pour qu’un entrepreneur réussi à créer sa nouvelle
structure, il faut qu’il puisse s’imaginer dans le rôle, c'est-à-dire que l’acte doit être crédible. On
parle de variable sociologique qui intervient à différents niveaux :
-La famille : les études ont démontré la surreprésentation des entrepreneurs ayant un parent
entrepreneur, comparativement à la population, ce fait s’avère discriminant de l’entrepreneuriat
dans une population étudiée.
Hypothèse 5 : l’existence de modèles d’entrepreneures favorise positivement l’évènement
entrepreneurial.
Hypothèse 7 : Plus la femme est engagée dans une association, plus est grande son évènement
entrepreneurial.
4- Variable économique
Les 6 M des américains résument la plupart des besoins d’une entreprise : « Money, Men,
Machines, Materials, Market, Management ». Devant tout nouveau projet, on parle tout de suite
de faisabilité, et le premier déterminant de la faisabilité c’est le capital de départ et les ressources
financières (Money) que l’entrepreneur dispose. Belley (1990) indique : « Nous n’avons identifié
aucune recherche qui ne confirme l’importance de la disponibilité du capital et qui ne mentionne
pas la carence de capital de démarrage comme étant inhibitive de la création nouvelles
entreprises ». Plusieurs problèmes et difficultés surgissent très tôt à cause du manque de
financement. Le capital-risque intervient souvent dans la phase de développement de
l’entreprise. Trouver une main d’œuvre compétente est une variable délicate, tout en sachant que
les individus les plus brillants sur le plan scolaire et universitaire choisissent plus souvent les
grandes sociétés multinationales déjà établies, car les startups ne peuvent pas offrir à ses cadres
les mêmes avantages matériels qu’une grande société. Donc, trouver les employés talentueux
peut s’avérer très difficiles même en période de chômage. Enfin l’accessibilité au marché n’est
pas souvent si facile que ça, certains marchés sont quasiment fermés et tellement réglementé que
l’arrivée d’un nouveau partenaire est impossible, d’autres connaissent des situations
oligopolistique où deux ou trois grandes entreprises se partage le marché et s’entendent pour
éliminer impitoyablement un nouvel arrivant, d’autres sont largement ouverts mais vraiment
saturés, à un tel point qu’un nouvel arrivant ne peut s’imposer qu’en pratiquant des prix très
inferieurs à ceux de la concurrence ce qui bien sûr se fait au détriment de la rentabilité et de la
pérennité.
Par la suite, j’ai établi des questionnaires tirés en fonction des hypothèses ci-dessus en
cohérence avec le modèle théorique expliqué ci-dessus également.
Questionnaires
Dans le cadre de notre recherche doctorale, nous allons faire circuler ce questionnaire composé
de 41 questions. Cela prendra que 15 minutes pour y répondre et nous permettra d’avancer plus
surement dans notre recherche. Dans ce questionnaire, seules, les propriétaires des entreprises
sont tenues de répondre. Les informations fournies, ainsi que toutes les réponses seront gardées
strictement confidentielles.
1. Nom de l'entreprise
2. Localisation
3. Nombre d'employés
4. L’âge de l’entreprise
5. Secteur d'activité :
Coiffure
Commerce
Restauration
Couture
Professions libérales
(Avocats, notaires, médecins...)
Autres (précisez)
SECTION II : L'ENTREPRENEURE
5. Veuve
1. Chômeur
2. Ouvrier
3. Entrepreneur
4. Employé de la fonction publique
5. Employé dans une institution privée
6. Cadre supérieur
7. Autres
12. Avez-vous des personnes qui habitent avec vous, si oui, de qui il s’agit ?
1. Père
2. Mère
3. Frères, sœurs
4. Oncles, tantes
5. Grands parents
6. Aucun
7. Mes enfants
8. Mes coépouses et ses enfants
9. Cousins, cousines
10. Beaux parents
11. Belles filles
12. Mes petits enfants
13. Mes coépouses
14. Autres
4. Secondaire 5.Universitaire
Oui Non
2. Au destin ou à la chance
3. Au support et à l’encouragement
4. A votre entourage
5. Problème de financement
Oui Non
24. Laquelle des raisons suivantes vous a poussée à vous lancer dans les affaires ?
1. Perte d'emploi
3. Réalisation de soi
4. Difficulté de faire carrière
10. Financièrement
1. Oui 2.Non
1. Parents
2. Conjoint
3. Frères et sœurs
4. Autres (précisez)
1. Moral
2. Financier
3. Matériel
28. Avez vous consulté des services d'assistance à l’entrepreneuriat comme
3. Le secteur privé
1. Oui 2.Non
1. Moral
2. Financier
3. Informationnel
32. Vous a t-il été facile d'obtenir pour votre projet des informations sur :
1. Le marché ciblé
5. La technologie appropriée
1. Clients
2. Fournisseurs
3. Banquiers
4. Autorités
5. Employés
34. Avez-vous rencontré des difficultés au niveau des formalités de création de votre
entreprise ?
Oui Non
1. Acquisition de la licence
2. Acquisition de l'agrément
3. Enregistrements et autres
4. Autres (précisez)
35. À certaines étapes de votre démarche, l'accord d'un tiers vous était-il exigé (indiquez
la personne)
Oui Non
2. L’accès au crédit
4. Autres (précisez)
Section V : Variables économiques
36. Indiquez l’origine de votre capital de démarrage par ordre d’importance de 1 à 4 (1 pour la
plus grande source de financement et 4 pour la plus petite source)
1. Epargne personnelle
2. Aide du mari
3. Prêt familial
4. Amis
5. Banques
7. Tontines
8. Autres (précisez)
Oui Non
1. Difficultés de financement
2. Acquisition des équipements
3. Autres (lesquelles)
38. Quel pourcentage de votre salaire est consacré à chacun des items suivants ?
4. Autres (spécifiez)
39. Votre charge domestique est-elle une difficulté à votre vie entrepreneuriale ?
1. Très importante
2. Assez importante
3. Peu importante
4. Pas du tout importante
40. Trouvez-vous que vos affaires soient une contrainte à votre vie familiale :
3. Entretien de la maison
41. Y a-t-il des facteurs qui ont déclenchés votre potentiel entrepreneurial ?
1. Formation entrepreneuriale
2. Subvention de l’Etat
3. Sensibilisation
4. Veuvage
5. Divorce
6. Exode rurale
7. Polygamie
8. Autres