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ENTREPRENARIAT FEMININ

INTRODUCTION
De nos jours, l’entrepreneuriat féminin est devenu un enjeu pour plusieurs pays. Les capacités
des femmes à générer de la croissance économique et des emplois justifient amplement
l’intérêt qu’elles suscitent. Même si leur contribution au développement économique n'a été
que récemment reconnue et valorisée, les femmes ont toujours joué un rôle économique
important dans nos sociétés. L’intérêt pour les femmes entrepreneures ne cesse d’évoluer,
depuis les premiers travaux qui ont vu le jour en 1970 (Brush, 1992 ; Carrier et al., 2006). Ces
études ont évolué surtout au début des années 1990, suite à l’intérêt du Secretary of Labor and
the Glass Ceiling Commission des Etats Unis pour les barrières qui empêchent les femmes et
les minorités d’atteindre des postes à responsabilité élevée. Le début du 21e siècle marque
résolument l’importance accordée à l’entrepreneuriat féminin en Afrique, du moins sur le plan
économique, lors de nombreux sommets continentaux tenus pour discuter du développement
de ce continent. Par exemple, lors du Sommet sur l’emploi et la réduction de la pauvreté en
Afrique en 2004, l’entrepreneuriat féminin a été identifié comme étant essentiel pour la
génération d’emplois et la réduction de la pauvreté. De plus, lors de la 11 ème réunion régionale
de l’Afrique qui s’est tenue à Addis-Abeba le 11 mai 2007, le développement de
l’entrepreneuriat féminin a été désigné comme un secteur prioritaire d’action, reconnaissant
ainsi le rôle primordial et continental que jouent les femmes entrepreneures dans l’économie.
De plus, l’entrepreneuriat féminin en Afrique contribue pour 7 à 9 % du PIB du continent, soit
environ 150 à 200 milliards de dollars (agence ecofin,2021).

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I- GENERALITE SUR L’ENTREPRENARIAT

L'entrepreneuriat fait l'objet d'un engouement médiatique et politique pouvant conduire à des
amalgames. Il est parfois utilisé dans des formes adjectives surprenants : création d'affaires,
activité, ... En effet, l'entrepreneuriat est étudié par des économistes, des sociologues, des
anthropologues, des historiens et des chercheurs d'autres disciplines. D'où l'entrepreneuriat
peut correspondre à une ou plusieurs terminologies selon la discipline du chercheur. Pour
nous, nous le considérons comme activité économique.

1. DEFINITION

Il y a beaucoup de chemins différents où l'entrepreneuriat peut être défini. Une vue possible
de la nature d'un phénomène entrepreneurial est de le considérer comme un phénomène
d'organisation. Dans cette vision, l'analyse de l'entrepreneuriat revient à étudier la naissance
de nouvelles organisations ou les activités permettant à un individu de créer une nouvelle
entité. L’entrepreneuriat est l'action de constituer une nouvelle organisation et en particulier
la création d'entreprise. L'entrepreneuriat peut être une activité qui crée de nombreux emplois.
Pour K.KNIGHT et Peter Drucker, l'entrepreneuriat consiste à prendre des risques.
L'entrepreneur est une personne qui est prête à mettre en jeu sa carrière et sa sécurité
financière pour mettre en œuvre une idée, à mettre son temps et son capital dans une
entreprise risquée. Une autre définition de l'entrepreneuriat décrit le processus de découverte,
d'évaluation et d'exploitation d'occasions. Ainsi un entrepreneur peut être défini comme
« quelqu'un qui agit non en fonction des ressources qu'il contrôle actuellement, mais qui
poursuit inlassablement une occasion » (Jeffry Timmons). Pour Howard Stevenson, de
l'université de Harvard, l'entrepreneuriat est « la poursuite d'une occasion qu'elles que soient
les ressources contrôlées actuellement ». Pinchot introduit le terme d' « entrepreneuriat » où
« corporate entrepreneurship » pour décrire les activités entrepreneuriales au sein même d'une
grande organisation. Selon Gasse, l'entrepreneuriat s'entend comme l' « appropriation et la
gestion des ressources humaines et matérielles, dans le but de créer, de développer et
d'implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des individus ». L'entrepreneur
crée des activités pour lutter contre la pauvreté, pour produire des biens et services, utiles à la
société. Pour BEN CHEIKH, l'entrepreneuriat est sans doute la suite logique de
l'empowerment. L'entrepreneuriat consiste à mettre en relation avec d'autres afin de créer des
échanges, des projets et de la richesse. Gatner cité par Kasereka Kombi s'est beaucoup
intéressé à la question de définition de l'entrepreneuriat. Il a interrogé des experts avec la
méthode Delphi en essayant de répondre à la question suivante « What are we talking about
when we talk about entrepreneuship ? ». Il a déterminé à la suite de cette étude, 8 thèmes
relatifs à l'entrepreneuriat :

- L'entrepreneuriat touche à l'entrepreneur comme un individu ayant des


caractéristiques particulières ;
- L'entrepreneuriat a trait à l'innovation en général ;
- L'entrepreneuriat c'est la création d'une organisation ;
- L'entrepreneuriat c'est la création de valeur ;

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- Certains réservent l'entrepreneuriat au seul secteur privé, d'autres estiment qu'il


peut concerner le secteur public.
- L'entrepreneuriat intéresse les organisations à forte croissance ;
- L'entrepreneuriat implique chose unique ;
- L'entrepreneuriat concerne les dirigeants propriétaires.

2. LES TYPES D’ENTREPRENARIAT

Nous avons déjà évoqué les différents types d'entreprises et d'entrepreneurs dans les deux
premières sections. Nous inspirant de ces types d'entreprises, nous pouvons dire qu'il existe
autant des types d'entrepreneuriat qu'il y a de types d'entreprises et/ou d'entrepreneurs. Ainsi,
nous pouvons avoir l'entrepreneuriat public, l'entrepreneuriat privé, l'entrepreneuriat social,
etc.

Si nous prenons les critères comme la légalité, le nombre d'entrepreneurs, la durée de


l'activité, le sexe, le statut juridique de l'entrepreneur, nous pouvons classifier l'entrepreneuriat
en :

a. Entrepreneuriat formel et informel : l'entrepreneuriat formel comprend les activités


relatives à l'économie formalisée c'est-à-dire les activités autorisées et reconnues par l'Etat
alors que l'entrepreneuriat informel est relatif aux activités qui s'exercent dans le noir, non
enregistrées par l'Etat. On peut avoir aussi l'entrepreneuriat souterrain, par analogie à
l'économie souterraine qui concerne les activités prohibées et illicites.

b. Entrepreneuriat individuel et entrepreneuriat collectif : l'entrepreneuriat individuel,


c'est la volonté d'une personne de se démarquer, d'acquérir plus d'indépendance et de liberté
sans qu'intervienne une autorité, explique Régis LABEAUME. Les individus qui empruntent
cette voie cherchent à se réaliser sur les plans personnel, professionnel et financier.
L'entrepreneuriat individuel correspond en fait au travail indépendant. L'entrepreneuriat
collectif ou communautaire est caractérisé par un groupe d'individus qui décèlent un même
besoin et qui choisissent d'unir leurs efforts afin de répondre à ce besoin. Dans
l'entrepreneuriat collectif, les individus partagent les bénéfices et les risques. Ils ont envie
d'entreprendre ensemble et non d'être en concurrence.

c. Entrepreneuriat occasionnel et entrepreneuriat durable : selon la durée de l'activité,


l'entrepreneuriat occasionnel reprend les activités temporaires, journalières, alors que
l'entrepreneuriat durable correspond aux activités et surtout les sociétés dont l'exploitation
dure longtemps.

d. Entrepreneuriat féminin et entrepreneuriat masculin : certaines activités peuvent être


exclusivement exercées par les femmes alors que d'autres peuvent être spécifiques aux
hommes.

e. Entrepreneuriat privé, entrepreneuriat public et entrepreneuriat social : ici le critère


est le statut juridique de l'entreprise. Le privé concerne les entreprises du secteur privé ; le
public, les entreprises du secteur public et l'entrepreneuriat social concerne les différentes
entreprises du secteur de l'économie sociale.

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3. CARRACTERISTIQUES DE L’ENTREPRENARIAT

Dans la littérature, il y a plusieurs caractéristiques de l'entrepreneuriat. Un article de


wikipédia (cfr. infra) en dénombre sept :

- Il y a un « leader », l'entrepreneur, qui est la force motrice à l'origine des faits économiques ;

- Dans l'esprit de cet entrepreneur il y a une vision de l'avenir qui est préférable à celle de
l'état présent ;

- Tout au long d'un processus partiellement conscientisé d'intuitions et de perspicacité qui


trouvent leurs racines dans l'expérience, l'entrepreneur développe une vision ainsi qu'une
stratégie afin de la mettre en pratique.

- Cette vision est mise en œuvre rapidement et avec enthousiasme par l'entrepreneur. Le
travail réalisé peut procurer le sentiment de vivre pleinement ou la satisfaction de rendre
service à la société.

- La stratégie est délibérée et la vision d'ensemble est claire en revanche les détails sont
malléables, incomplets et émergents.

- Les stratégies entrepreneuriales s'accompagnent souvent de structures simples et centralisées


qui répondent rapidement aux directions que donne l'entrepreneur.

- Les stratégies entrepreneuriales tendent à se développer dans des marchés de niche qui ne
sont pas pris en compte par les acteurs dominants du marché.

Nous constatons que l'entrepreneur est un visionnaire, un stratège. Etant visionnaire (il doit
savoir où il faut aller, ses vues étant plus vastes que la réussite) ; être capable de susciter
l'engagement d'autrui, avoir une évaluation lucide de soi-même, connaître ses forces et ses
limites.

II- ENTREPENARIAT FEMININ


1. DEFINITION

Le terme entrepreneuriat vient du verbe entreprendre qui, d'après le dictionnaire Universel


signifie « se décider à faire une chose et s'engager dans son exécution » et du substantif
entreprise qui, d'après le même dictionnaire est « une unité économique de production à but
commercial des biens et services »

Dès lors, l'entrepreneuriat englobe toutes les activités économiques, y compris celles de
production, de commercialisation.

Selon Y. GASSE et A. d'AMOURS, l'entrepreneuriat est « l'appropriation des ressources


humaines, matérielles et financières dans le but de créer, de développer, et d'implanter des
solutions permettant de répondre aux besoins des individus. »

Quant à l'adjectif qualificatif féminin, le Dictionnaire Universel renvoie à « ce qui est propre à
la femme ou considéré comme tel ».

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L'entrepreneuriat féminin est donc cet esprit d'initiative des femmes qui se manifeste de
manière prépondérante ; les femmes ont tendance à s'organiser compte tenu des ressources
disponibles pour satisfaire leurs besoins. NDONGO et OUDRAOGO le définissent comme : «
un ensemble d'activités mises sur pieds et gérées par les femmes elles-mêmes
indépendamment de la taille de l'entreprise ». L'entrepreneuriat féminin désigne enfin de
comptes les activités des femmes qui se prennent en charge, qui s'organisent pour créer des
activités économiques rentables dans les secteurs formel et/ou informel. Il s'agit ici, comme le
dit G.TCHOUASSI, « de la dynamique féminine qui se manifeste par un esprit de créativité
admirable. »

L'entrepreneuriat féminin vise par conséquent l'amélioration des conditions de vie


individuelles et collectives, en un mot le développement qui de nos jours connaît une diversité
des définitions.

2. L’ESPRIT D’ENTREPRENARIAT CHEZ LES FEMMES

Werner Sombart définit l'esprit d'entreprise comme l'ensemble des qualités psychiques
qu'exige l'heureuse réalisation d'une entreprise. La passion de l'argent, l'amour des aventures,
l'esprit d'invention, etc. constituent les traits d'esprit d'entreprise. Comme le dit D.
LARUE pour dissocier l'entrepreneur du non-entrepreneur, il faut ajouter à l'esprit d'entreprise
l'esprit bourgeois lequel se caractérise par la prudence, la circonspection, la raison, le calcul,
l'ordre et l'économie. L'entrepreneur idéal se signale d'abord par son esprit d'entreprise. La
culture entrepreneuriale n'est pas une création ex Nihilo La création ex Nihilo correspond à
des créations par un individu ou un groupe (salarié, chômeur,) d'une entreprise exerçant une
activité nouvelle. Cette logique souligne « l'indépendance de la jeune entreprise, le fait que
l'initiative est celle de l'entrepreneur et qu'il y a bien quelque chose de nouveau et non la
simple continuation d'une activité existante ». Mais peut être une reprise, entreprise
technologique, artisanale, etc. Quant à Albert et Marion ils considèrent que l'esprit
entrepreneurial consiste à « identifier des opportunités et à réunir des ressources suffisantes et
de natures différentes pour les transformer en entreprises ». Les résultats d'une enquête menée
au Burkina ont montré que dans plus de la moitié des cas c'est le besoin d'indépendance (24%)
et le besoin d'entreprendre (27%) qui ont poussé les personnes interrogées à se lancer dans les
affaires. 33 % des MER (Micro Entreprises Rurales) ont cependant dans leur famille une
personne qui exerce le même métier qu'eux, et 16% d'entre eux ont hérité de leur entreprise.
On peut ainsi affirmer avec Marcel LANCELIN, ayant constaté un développement rapide de
l'emploi indépendant et de la création d'entreprise par les femmes au cours des années 80, que
l'esprit d'entreprise chez les femmes est dû à leur « aspiration à l'indépendance économique et
à la conquête vers l'autonomie ». En effet, les femmes sont de plus en plus nombreuses à
assurer l'entretien de plusieurs autres personnes. Comme l'ont confirmé certaines études, la
taille des ménages a plus augmenté pour les ménages dirigés par les femmes. Dans beaucoup
de domaines, ce sont souvent les contributions des femmes qui permettent à la famille de
vivre dans des conditions décentes. Le développement des micro entreprises est
particulièrement important pour les femmes car elles y trouvent les revenus additionnels dont
elles ont cruellement besoin pour assurer la survie de leur famille et de leurs enfants. De plus
cette montée de l'entreprenariat féminin participe à ce vaste mouvement de l'innovation et de
l'initiative qui permet de diversifier les profits des entrepreneurs et d'inscrire ses créations
d'activités dans le cadre de l'ajustement structurel continu des économies locales.

3. SPECIFICITES DE L'ENTREPRENARIAT FEMININ

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Il est généralement admis que les femmes, parce que « mères de famille » sont naturellement
portées à entreprendre pour la survie de toute la famille. C'est cela qui fait entre autres la
spécificité de l'entreprenariat féminin. De plus, l'entreprenariat féminin se caractérise par des
modes de financement particuliers. Les femmes qui réussissent malgré tout à créer leurs
entreprises le font au plus petit niveau. En raison de la variété des obstacles et des différents
niveaux socio-économiques en présence, les femmes entrepreneures ne constituent pas un
groupe homogène car elles ont des motivations, des intérêts et surtout des potentiels très
divers. Au-delà de leurs différences, les micro-entreprises dirigées par les femmes ont
certaines caractéristiques communes :

- Elles exercent généralement dans des domaines des compétences qu'elles ont acquises dans
la sphère familiale ;

- Elles ont un capital très faible ;

- Les activités ne sont généralement pas déclarées et opèrent dans le secteur informel de
l'économie ;

- La production se fait généralement à domicile ;

- Elles se concentrent toutes dans les secteurs les moins rentables ;

- L'activité économique venant se superposer aux travaux ménagers et à l'éducation des


enfants, les femmes ne peuvent pas accorder une attention soutenue à l'activité économique ;

- La production est écoulée localement ;


- Les moyens de transport sont pénibles.

Les femmes dans la ville de Butembo mènent plusieurs activités économiques dans le but
d'améliorer leurs conditions de vie et participer au développement socio-économique de la
région. Ainsi, l'on observe des femmes qui exercent dans le secteur informel (petit commerce)
et celles qui exercent dans des groupes formalisés. Au-delà des différences liées au secteur
d'activités, les activités dirigées par les femmes ont des caractéristiques communes :

- Les femmes exercent généralement dans le domaine des compétences qu'elles ont acquises
dans la sphère domestique ;

- Les activités entrepreneuriales des femmes démarrent avec un capital très faible ;

- La production généralement n'est pas spécifiée et se fait à domicile (écoulement local de la


production).

Par leur travail, leur créativité et leur sens d'initiative, les femmes d'Afrique se sont
aujourd'hui imposées dans leur société comme les actrices incontournables. Mais comment
financent-elles leurs initiatives ?

4. MODES DE FINANCEMENT DE L'ENTREPRENARIAT FEMININ

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Selon le professeur NSIMBA LUZOLO, le financement correct d'un projet est une des
conditions de réussite de ce projet. Il distingue 3 sources des capitaux dont les capitaux
propres, les capitaux empruntés et les aides. Les capitaux propres comprennent le capital
social et l'autofinancement (on le trouve dans les comptes réserves, reports à nouveau,
provisions, amortissement). Les capitaux empruntés sont constitués des dettes à long et
moyen terme. Ces fonds peuvent provenir des institutions financières bancaires et non
bancaires (banques commerciales et de caisses d'épargne et de crédit) ; mais aussi des
obligations. Les aides, sont généralement distribuées par l'Etat ou la collectivité locale. Elles
sont de nature financière (subventions, avances remboursables, garanties d'emprunt), fiscale
(exonération d'impôt, réductions et abattement fiscaux) ou encore sociale (exonération des
charges sociales). Charles HOANGestime que pour démarrer son entreprise, le créateur doit
faire un choix optimal de ses ressources financières. Il distingue ainsi deux ressources
principales : les fonds propres et les dettes.

- Les fonds propres représentent les apports effectués par les associés et les subventions
obtenues par les organismes gouvernementaux. Pour lui, les subventions deviennent aussi
directement des fonds propres.

- Les dettes, l'endettement représentent les montants qu'il faudra emprunter (à court terme,
moyen et long terme) pour compenser l'insuffisance de fonds propres. Nous avons essayé
d'évoquer dans ce point les principaux moyens de financement d'une entreprise. Il existe aussi
d'autres qui sont spécifiques à l'entrepreneuriat féminin. D'après des études récentes, environs
5 % seulement de la population africaine bénéficie d'un emploi rémunéré dans le secteur
formel de l'économie (De Hertz et Marysse,). La majorité est ainsi condamnée à vivre dans
l`informel, en exerçant des petites activités de survie telles que le petit commerce,
l`agriculture périurbaine (particulièrement le maraîchage), l'élevage, la vente des produits
agricoles, les alimentations, etc. Les personnes exerçant ce genre d`activités, en majorité les
femmes, sont confrontées aux problèmes de financement. Du fait qu'elles ne disposent pas de
fonds propres et ne peuvent pas fournir aux banques les garanties usuelles, elles n'ont
pratiquement pas accès au système de crédit formel (Bock et Wilcke, ). Cependant il existe
d'autres sources de financement telles que l'épargne personnelle et familiale, les tontines et le
crédit accordé aux micro entreprises par les IMF.

a. L'épargne personnelle et familiale

Depuis une trentaine d'années, le financement des micro entreprises, tenues par les femmes ou
non, n'a pas changé. Plus de 90% de ces entreprises sont financées par l'épargne personnelle et
familiale, la plupart des chefs d'entreprises ayant des problèmes pour trouver les fonds
initiaux. Aide-toi et le ciel t'aidera ! Telle est la maxime du micro entrepreneur qui doit dans
les deux tiers des cas trouver seul le financement de son entreprise avant d'espérer compléter
sa mise par un apport familial, éventuellement tontinier ou des IMF.

b. Les tontines

D'après M. LELART, il est difficile de définir les tontines africaines car il existe plusieurs
variantes. La plus connue en République Démocratique du Congo est le « likelemba ».
Originairement, il s'agissait d'une pratique très ancienne qui consistait autrefois à confier le
trésor du clan entre les mains du « lemba » en lui imposant d'effectuer les dépenses
indispensables. C'est devenu surtout dans les villes une association dans laquelle les membres
mettent en commun tout ou partie de leur « salaire », leur avoir et le confient à l'un d'eux, à
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tour de rôle. Cette pratique, surtout observée chez les femmes, présente un certain nombre de
caractéristiques. Avant tout, ce phénomène tontinier a un caractère informel. Les tontines
africaines reposent sur la personnalisation des relations qui unissent les membres. Cette
personnalisation des membres permet de mieux situer la finance informelle par rapport à la
finance institutionnelle. La finance informelle présente ainsi les caractéristiques suivantes :

- absence des conditions : pas d'autorisation à solliciter, pas des démarches à effectuer, pas
des garanties à apporter, pas des formalités à remplir, pas de délais à respecter ;

- absence de frais de gestion : l'administration est réduite au minimum, un cahier où sont


inscrits les noms et les sommes versées et rendues suffit ;

- absence de cadre fixé : les tontines peuvent regrouper quelques membres ou quelques
centaines et durer quelques semaines ou plusieurs années ;

- absence de contrôle par la Banque centrale.

Le phénomène tontinier a aussi un caractère financier. Bien que les tontines mutuelles ne
soient assorties d'aucun intérêt, le membre qui verse sa part dispose en contrepartie d'une
créance équivalente qui va augmenter à chaque tour. Les créances et les dettes qui se
compensent parfaitement pendant tout le cycle s'annulent au dernier tour. Dans les tontines
commerciales au contraire, le client qui met son argent en sûreté entre les mains du tontinier
voit sa créance augmenter chaque fois. Le tontinier voit sa dette progresser d'autant. Ces
tontines commerciales s'accompagnent donc d'un intérêt. La dette du tontinier et la créance de
ses clients progressent parallèlement jusqu'au remboursement.

c. Les micro crédits accordés par les IMF

Les conditions d'octroi de micro crédit exigées par les différentes Institutions de Micro
Finance (IMF) peuvent être classées en ordre d'importance décroissant de la manière
suivante : être membre de la coopérative, avoir une caution (épargne dans l'IMF), être
propriétaire d'un terrain, faire partie d'un groupe solidaire, être bon producteur et avoir une
ancienneté d`au moins six mois dans une activité génératrice de recettes.

Comme on peut le constater, ces conditions excluent déjà un certain nombre des micro
entrepreneurs qui ne peuvent pas remplir telle ou telle autre condition. Comme souvent
l`objectif interne des institutions de micro finance est d'avoir un bon taux de remboursement,
elles souhaiteraient plutôt s'assurer que le prêteur est potentiellement solvable. Ce faisant elles
laissent de côté toute une catégorie des demandeurs qui pourraient peut-être se révéler
performant dans la gestion du prêt. C'est pourquoi les femmes en particulier recourent aux
tontines.

d. Autres sources de financement 

Les autres sources de financement de la micro et petite entreprise peuvent être classées selon
la typologie suivante : famille élargie, épargne associative, épargne sociétaire, prêteurs et
usuriers.

5. LES PRINCIPAUX OBSTACLES A L'ENTREPRENEURIAT FEMININ

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L'entrepreneuriabilité est l'autre moyen de réduire le chômage au niveau macroéconomique.


Les contraintes relatives à la formation des sociétés et à la création d'entreprises de manière
formelle sont des freins à la promotion de l'esprit d'entreprise et d'initiative. La création
d'activités tout comme la création d'entreprises ne sont pas évidentes, car l'esprit d'entreprise
repose toujours sur la conjonction d'un environnement institutionnel favorable, de
programmes publics bien conçus et de facteurs culturels propices. Les contraintes peuvent être
de plusieurs ordres dont les principales s'expriment tel qu'il suit : les contraintes
administratives, les contraintes financières, les contraintes fiscales, les contraintes
culturelles38(*) Les femmes se trouvent confrontées à des nombreux obstacles relatifs au
lancement de leurs activités économiques. Il s'agit principalement des obstacles d'ordre
psychologique, socioculturel, professionnel, infrastructurel, juridique et même des obstacles
liés au niveau d'instruction des femmes.

a. Les obstacles d'ordre psychologique

En effet, il arrive que les femmes manquent de confiance en elles ou même qu'elles aient une
image négative d'elles. Ce facteur psychologique n'est pas à négliger en ce qui concerne la
femme. En plus, les femmes éprouvent des difficultés à concilier leurs rôles familiaux et les
contraintes de temps qu'implique l'exercice de l'activité économique.

b. Les obstacles socioculturels

Au plan socioculturel, des préjugés défavorables à l'égard des femmes obstruent leurs
activités. Cet ascendant culturel expliquerait aussi la restriction concernant le choix du secteur
d'activité des femmes. A cela, l'on peut ajouter le niveau d'instruction des femmes qui
généralement est bas. L'éducation de la jeune fille est empreinte de préjugés. Cet état de
choses réduit considérablement les chances des filles et des femmes de suivre une formation
professionnelle.

c. Les obstacles d'ordre infrastructurel

S'agissant des obstacles infrastructurels, l'accès au crédit, à la technologie, aux services


d'appui et à l'information est difficile pour les femmes. Les structures d'encadrement
existantes semblent très insuffisantes pour l'encadrement de la masse féminine. Il faut aussi
signaler ici que le système des transports et des communications est très limité.

e. L'absence d'un environnement incitatif

Les interventions destinées à promouvoir l'entrepreneuriat féminin n'obtiennent pas de


résultats satisfaisants car l'environnement économique n'est pas propice. Il s'agit
particulièrement des politiques générales de développement, des politiques fiscales et
monétaires et de la législation.

 Les politiques

Les politiques générales de développement, les politiques fiscales et monétaires sont


importantes lorsqu'il s'agit de développer l'entrepreneuriat féminin. Les microentreprises
croupissent sous le poids de la fiscalité, ce qui décourage généralement les femmes.

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 La législation

Les règlements et procédures administratifs qui conduisent à l'enregistrement au registre du


commerce représentent un goulot d'étranglement pour les jeunes entreprises.

 Les institutions

Les représentations des organisations fournissant des services financiers sont très faibles dans
la ville. Cet état de choses réduit considérablement les capacités des femmes du fait de la
rareté des capitaux.

6. L'ENTREPRENEURIAT FEMININ ET LE SECTEUR INFORMEL

Le contexte de crise économique des années 1980 explique l'abondante littérature actuelle au
sujet du secteur informel. G. NIHAN, cité par A. SAMBA définit ce secteur comme étant : «
un ensemble d'activités de petite échelle où le salarial est très limité, où le capital avancé est
faible, mais où il y a une circulation monétaire, vente des biens et services ». On comprend à
travers cette définition que les activités génératrices de revenus relèvent du secteur informel et
participent au développement socio-économique. En effet, jusqu'à une époque très récente,
l'économie des pays en développement était perçue en termes dualistes : d'un côté le secteur
traditionnel ou primaire dominé par l'agriculture et l'élevage ; de l'autre côté, l'on avait le
secteur moderne dominé par les activités industrielles et le capital étranger. A cette époque,
les problèmes d'emploi et de chômage se posaient moins. Face à la montée de la crise, ces
deux secteurs ont montré leurs limites en matière d'emplois et de bien-être. D'où la nécessité
de nouvelles opportunités. Les femmes sont alors appelées à prendre des initiatives pour créer
des richesses. Ces activités, bien que relevant du secteur informel, se présentent de plus en
plus comme une stratégie de développement. ZOUTTEN ET COMPAGNIE ont ainsi mis un
accent particulier sur cet aspect de développement surtout en faveur des minorités telles que
les femmes. « Le processus de développement de nos pays ne peut être envisagé
indépendamment des activités informelles ». On comprend alors que l'équilibre social de nos
pays est en grande partie assuré par le secteur informel. Les petits métiers et les AGR qui
constituent le secteur informel favorisent l'amélioration des conditions de vie des populations.
AU CAMEROUN, la dynamique entrepreneuriale de femmes reste très marquée et est de plus
en plus croissante même si les activités qu'elles créent et dirigent ne sont que génératrices de
revenus. Cette dynamique s'explique aussi par la présence des femmes dans presque tous les
secteurs économiques. E. ZANGA cité par TCHOUASSI41(*) et FILDER énonce que les ONG
entrepreneuriales disposent de deux principaux moyens d'action auprès des populations
marginalisées. En outre, faisant allusion à l'entrepreneuriat féminin, il estime qu'il faut : «
Repenser le développement économique en Afrique par la formation des femmes à
l'entrepreneuriat ».

7. LES FEMMES ET LE DEVELOPPEMENT DE LA MICRO-


ENTREPRISE

L'accès des femmes au marché du travail est systématiquement difficile du fait de leur
manque de qualification. Dans ce contexte, l'exercice d'une activité indépendante ou la
création d'une microentreprise sont les moyens auxquels les femmes ont recours pour générer
un revenu assurant leur subsistance et celle de leurs enfants. Ainsi, le secteur privé prend une
importance accrue. La raison en est que, les femmes représentent la majorité des
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entrepreneurs dans le secteur informel. Toutefois, l'entrepreneuriat féminin représente un


véritable moteur de la croissance économique. Par conséquent, par souci d'efficacité
économique, il convient de s'assurer que le potentiel représenté par les femmes n'est pas
ignoré. Le taux de croissance sans précédent du commerce international et l'accélération du
progrès technologique communément désigné par le terme mondialisation offrent de
nouvelles opportunités pour les femmes. Bien qu'il n'existe aucune définition universelle des
micros et petites entreprises, on s'accorde cependant sur leurs caractéristiques générales que
sont :

- L'accès limité au crédit ;

- Le manque de capacité de gestion ;

- La technologie rudimentaire.

Les microentreprises dirigées par les femmes ne s'en éloignent pas.

CONCLUSION

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