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UNIVERSITE VIRTUELLE DU SENEGAL

ENTREPRENEURIAT

Dr. Abdoul Alpha Dia

SÉQUENCE 3 : LES DIFFÉRENTES FORMES D’ENTREPRENEURIAT

Quel que soit le domaine abordé, le moindre approfondissement conduit à classifier


pour mieux comprendre et mieux apprendre. Une des façons de classifier consiste à
établir des typologies. L’entrepreneuriat n’échappe pas à cette règle. Beaucoup de
typologies d’entrepreneurs sont aujourd'hui disponibles (cf. tableau suivant),
suivant) et elles
reposent sur une grande variété d’approches méthodologiques et de critères.

S'agissant des critères, parmi ceux les plus couramment utilisés, figurent les
suivants : Concept de soi - Engagement - Racine systémique - Vision - Système
relationnel – Délégation - Finalité - Autonomie - Internalité - Capacité d’adaptation –
Créativité – Innovation - Besoin de réalisation - Besoin de pouvoir - Besoin de
reconnaissance - Besoin de sécurité - Attitude face à la croissance - Attitude dans les
relations interpersonnelles - Attitude face aux profits - Attitude face au risque - Style
de leadership - Style de management - Style de prise de décision - Style stratégique.
stratégique
Tableau 1–Classification
ation de l’entrepreneuriat (liste illustrative recensée dans la littérature)
littérature

1. Classification basée sur les compétences et la créativité

Miner (1997) a entrepris une recherche longitudinale, étalée sur une période de sept
ans, concernant les entrepreneurs
entrepreneurs et a appliqué toute une série de tests à un
échantillon de cent entrepreneurs
entreprene qui connaissent du succès.. Cette étude a donné
don lieu
à la mise sur pied d’une typologie des entrepreneurs en quatre catégories :

1. Le type Véritable gestionnaire : il a de grandes


des compétences en supervision et en
communication, un fort besoin d’avancement et de réalisation de soi, une
attitude positive envers l’autorité, le désir d’exercer une autorité, un esprit de
décision, le désir de remplir les tâches de gestion courantes.
2. Le type Expert en production d’idées : il fait preuve d’innovation, sait résoudre
des problèmes; il est très intelligent, hostile au risque.
3. Le type Super vendeur empathique : il est un empathique de style cognitif; il crée
facilement des alliances stratégiques,
stratégiques, souhaite aider les autres, valorise le
processus social et a un grand besoin d’avoir des relations harmonieuses; il
croit que la force de vente est essentielle à la stratégie d’entreprise.
4. Le type Battant : il est motivé et réussit par lui-même; il se préoccupe de
l’obtention de succès plus que des échecs et ainsi, il ne concentre pas ses
énergies sur l’évitement de l’adversité et préfère de beaucoup les situations où
il peut lui-même influencer et contrôler le résultat; il préfère les situations où
les responsabilités individuelles sont bien définies de sorte qu’en cas de
succès, il peut l’attribuer à ses propres efforts. Ce type possède aussi les
caractéristiques suivantes : désir d’obtenir des commentaires sur ses réussites ;
désir de planifier et de fixer des objectifs pour ses réalisations futures ; grande
initiative personnelle ; solide engagement personnel à l’égard de son
entreprise ; désir d’obtenir de l’information et d’apprendre ; locus de contrôle
interne ; valorisation des carrières où les objectifs personnels, les réalisations
individuelles et les exigences du travail proprement dit dominent ; faible
valorisation des carrières où les groupes affinitaires dominent.

Timmons (1989) pour sa part identifie les quatre catégories suivantes : inventeur,
entrepreneur, promoteur, dirigeant-administrateur. Ces quatre dernières catégories
sont presque identiques, et même interchangeables, à celles de Miner comme
l’illustre la figure suivante :

Figure 1 - Catégories d’entrepreneurs de Miner (1997) et Timmons (1989)


2. Classification basée sur la motivation

Dans cette classification, on distingue les bâtisseurs, les opportunistes, les spécialistes et
les innovateurs.

− Les bâtisseurs ne sont motivés que par une seule chose : le nombre. Pour eux,
il faut créer un maximum d’entreprises possibles pour être considéré comme
un entrepreneur. Ils passent donc d’entreprises à entreprises.
− Les opportunistes, eux, ne sont motivés que par une seule chose : la réussite.
Ceux-là voient l’entrepreneuriat comme un véhicule pouvant les conduire à
une vie de nantis. Ils n’entreprennent que pour leur seul bien-être et, dans une
certaine mesure, pour celui de leurs proches.
− Les spécialistes ne sont motivés que par une seule chose : la valorisation
personnelle. Il s’agit de ces personnes qui sont allées apprendre de
nombreuses choses, la plupart du temps à l’étranger, où ils ont également
développé des compétences, et qui décident un beau jour de revenir chez eux
avec l’idée d’entreprendre. Ils se considèrent déjà comme des experts, pouvant
vous dire avec une quasi-certitude ce qui va marcher ce qui ne va pas
marcher.
− Les innovateurs ne sont motivés que par une seule chose : changer le monde.
Ce sont des entrepreneurs accidentels. Tout ce qu’ils veulent, c’est faire ce
qu’ils aiment. Quand vous leur parlez de business, ils vous répondent que ça
ne les intéresse pas. Ils ne veulent juste que faire ce qu’ils aiment : créer,
innover. L’argent n’est pas leur motivation. Ils sont motivés par leur passion.

3. Entrepreneuriat social

L’entreprise est présentée traditionnellement comme poursuivant la maximisation du


profit comme unique ou principal but. L’entrepreneuriat social s’oppose donc à cette
vision classique, puisque cette maximisation du profit n’est pas son unique but.

3.1 Définition

Chercher à définir l’entrepreneuriat social n’est pas chose aisée tant les définitions
foisonnent. On pourrait cependant considérer que l’entrepreneuriat social englobe les
activités et les processus entrepris pour découvrir, définir et exploiter les
opportunités afin d’augmenter la richesse sociale en créant de nouvelles entreprises
ou en gérant les organisations existantes d’une manière innovante.
L’entrepreneuriat social a pour principale vocation, outre la création d’entreprises à
finalité sociale, d’apporter des réponses à des besoins sociaux et sociétaux, non
encore satisfaits par l’État et/ou par le secteur marchand. Différemment d’une
économie marchande et capitaliste trop orientée vers la réalisation d’objectifs
strictement financiers, l’entrepreneuriat social s’inscrit dans une logique plus
solidaire privilégiant la cohésion sociale.

L’entrepreneuriat social va de pair avec une économie plus sociale et plus solidaire. Il
pourrait privilégier trois types de processus :

1. identification d’un équilibre stable mais injuste qui exclut, marginalise ou


affaiblit un groupe qui n’a pas les moyens de changer les choses ;
2. identification d’une opportunité et développement d’une valeur sociale
nouvelle proposée afin de modifier l’équilibre ;
3. mise en œuvre d’un nouvel équilibre stable afin d’alléger la souffrance du
groupe visé et lui assurer un avenir meilleur ainsi qu’à la société dans son
ensemble.

3.2 Diversité de l’entrepreneuriat social

L’entrepreneuriat social recouvre une variété de significations et de perspectives en


fonction des auteurs et des contextes (comme l’entrepreneuriat tout court, d’ailleurs
!), ce qui ne facilite pas une compréhension rapide et surtout consensuelle du
concept. Le tableau suivant illustre cette diversité et introduit les formes principales
que revêt l’entrepreneuriat social.
Tableau 2 - Diverses formes de l’entrepreneuriat social

3.3 Entrepreneuriat social et solidarité

Un des mots clés de l’entrepreneurial social est la solidarité, mais la solidarité peut
s’envisager à différents niveaux : au sein d’une société tout entière ; entre les
générations ; entre différentes parties prenantes, à l’intérieur d’un groupe.

3.3.1 Au sein d’une société tout entière

Le premier niveau de solidarité, au sein d’une société tout entière, dépend assez
largement des États et de leurs politiques. Mais dans tous les cas, ce sont très souvent
les agents de changement social et les entrepreneurs institutionnels qui vont, par
leurs initiatives et leurs actions, faire bouger les lignes et favoriser la mise en place de
nouveaux équilibres. D’une manière générale, les grandes causes humanitaires et les
organisations qui en sont devenues les porte-drapeaux, participent de cette forme de
solidarité en complément (ou substitution !) des actions gouvernementales.

3.3.2 Entre générations


Le deuxième niveau de solidarité, entre générations, trouve dans le développement
durable et la gestion des ressources rares un gisement d’opportunités de création et
développement d’entreprises à finalité sociale. Que les générations actuelles se
soucient de la quantité et de la qualité des ressources qu’elles laisseront aux
générations futures semble a priori une évidence, mais il faut bien admettre que cela
ne va pas de soi. Les comportements des individus et des entreprises sont égocentrés
et s’inscrivent de plus en plus dans le court-terme. Là encore, le rôle des agents de
changement social est essentiel, mais nous devons aussi nous convaincre que
potentiellement chacun d’entre nous peut être un agent de changement social. Tout
un chacun peut en effet sensibiliser autrui sur la beauté et la fragilité de notre
planète. La solidarité entre les générations concerne également, dans des sociétés
vieillissantes, le problème des retraites et du partage des richesses produites. Ici, c’est
davantage l’État qui a pour rôle d’élaborer le cadre d’un nouveau pacte social, mais
qui peut nier l’importance des mentalités et des cultures sur un sujet comme celui-ci.

3.3.3 Entre différentes parties prenantes

Le troisième niveau de solidarité, entre groupes ou parties prenantes d’un même


objet, peut être illustré, sur un plan général, par les avancées sociales résultant des
négociations entre syndicats professionnels et organisations patronales. Dans le
domaine de l’entrepreneuriat, on peut dégager deux groupes d’acteurs : ceux qui
font (les entrepreneurs) et ceux qui aident à faire (les conseillers, formateurs,
accompagnateurs, etc.).

On sait que l’entrepreneuriat et la création d’entreprises ne sont pas des phénomènes


homogènes et qu’en première approche, il faut distinguer les entrepreneurs
d’opportunité et les entrepreneurs par nécessité. Les premiers agissent en fonction
d’opportunités qu’ils ont identifiées et avec des motivations profondes, alors que les
seconds créent leur propre emploi pour survivre et se réinsérer dans la société.
Généralement, ils le font après des périodes de chômage longues et de nombreuses
tentatives infructueuses pour retrouver un emploi salarié. Ces individus qui
entreprennent par nécessité sont des entrepreneurs sociaux (ils créent, au moins, leur
emploi et ne sont pas à la charge de la société). Ils peuvent bénéficier de mesures et
systèmes d’aide ou d’autres plus adaptés à leur situation de demandeurs d’emploi.
Alors qu’ils entrent dans la phase post-création, ils découvrent l’autre face de
l’accompagnement et l’envers des discours politiques. Rien ou pas grand-chose n’est
fait pour les aider au moment où ils en ont généralement le plus besoin, dans la
période où il leur faut gagner des clients et générer des revenus. Et alors que la
solidarité entre les parties prenantes de la création d’entreprise pourrait constituer un
palliatif à l’insuffisante prise en compte de cette problématique de post-création dans
les politiques publiques, force est de constater qu’elle n’est pas au rendez-vous. La
plupart des entrepreneurs par nécessité créent des emplois à partir de leurs
expériences, de leurs compétences ou de ce qu’il leur est possible de faire pour vivre
(ouvrir un commerce, une officine de conseils, un restaurant, etc.). Autant dire que
tout le monde pourrait acheter le service qu’ils proposent. Le problème est que nous
le faisons pas ou peu, pas plus que ne le font ceux qui les ont aidés et accompagnés
en phase de pré-création.

Ce niveau de solidarité ne fonctionnant pas vraiment, les entrepreneurs sociaux vont


naturellement se replier vers le dernier niveau de solidarité, à l’intérieur d’un
groupe. Dans la difficulté, voire dans la misère, on n’est bien aidé que par soi-même
et les membres de son groupe ou de sa communauté. Certains entrepreneurs sociaux
rejoignent donc ou créent, si elles n’existent pas localement, des associations dont le
but est de défendre leurs intérêts propres, s’inscrivant de fait dans une logique
d’entrepreneuriat communautaire. Une association qui conjugue solidarité entre
femmes et solidarité entre entrepreneurs naissants, en donne une bonne illustration.
Parce que les femmes sont encore trop peu nombreuses à créer leur structure, une
telle association viendrait soutenir celles qui ont franchi l’étape de la création et qui,
après avoir été en général accompagnées se retrouvent seules face à une multitude de
défis à relever.

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