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Dec Mevel 2017 01 0103
Dec Mevel 2017 01 0103
© La Découverte | Téléchargé le 12/10/2023 sur www.cairn.info par oways CHABEN (IP: 196.70.231.188)
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Les chapitres précédents nous ont permis de nous familiariser avec les
différentes dimensions des systèmes de coûts. L’étude a été conduite
en se plaçant le plus généralement du point de vue du concepteur du
système de coûts. Ce positionnement est exceptionnel. Il est rare
d’avoir à construire un système de coûts à partir de zéro. Le travail du
contrôleur de gestion est plus généralement un travail d’adaptation ou
de réaménagement. À cet effet, il est important de disposer d’un outil
et d’une démarche d’analyse permettant de conduire ce travail en ne
laissant aucune dimension dans l’ombre. C’est donc à un exercice de
synthèse que ce dernier chapitre invite le lecteur.
Nous reprenons ici les trois dimensions utilisées tout au long des
chapitres précédents : la gestion des ressources, le dialogue avec
l’environnement et l’orientation des comportements.
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Dans les organisations de services, la gestion des ressources
implique de plus en plus le client qui devient coproducteur. Le
dimensionnement d’une fraction importante des ressources mobi-
lisées par le processus de production dépend de ce fait du comporte-
ment du client, comportement qui échappe à l’influence du contrôle
de gestion.
Ces deux évolutions doivent amener à affiner l’analyse de nos trois
concepts, en fonction du contexte très spécifique de chaque organi-
sation, et non à y plaquer des analyses surannées.
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pas se priver de l’impact des signaux émis par le système de coûts
sur les comportements. Les signaux économiques émis sont en petit
nombre : coût global de fonctionnement d’une unité d’analyse, coût
unitaire des ressources internes et coût unitaire des objets. L’extrême
variété des configurations des systèmes de coûts rend difficile la mise
en évidence de leviers d’action. Nous y reviendrons plus en détail lors
de l’analyse du substrat technique.
On peut néanmoins avancer une règle. Plus le système de coûts
est détaillé, plus il est à même de fournir des indicateurs de pilotage
économique et moins le tableau de bord sera nécessaire. Inversement,
plus le système de coûts est à grosses mailles, plus le tableau de bord
devra le compléter par la mobilisation d’indicateurs physiques.
Le substrat technique
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majeure des relations organisationnelles que constitue l’organi-
gramme des responsabilités.
La philosophie gestionnaire
Elle se traduit par les signaux sélectionnés. Ces derniers sont issus
des unités d’analyse et portés par les ressources internes et par les objets.
C’est donc par l’interrogation de ces signaux que l’on pourra expliciter la
philosophie gestionnaire implicitement portée par le système de coûts.
La confrontation du résultat de cette explicitation et de la stratégie affi-
chée constitue un élément de diagnostic majeur de la pertinence du
système, pertinence que nous allons maintenant tenter de cerner.
Dialoguer avec
l’environnement 4 5 6
Orienter les
comportements 7 8 9
LE DIAGNOSTIC DES SYSTÈMES DE COÛTS 107
Le défi que pose cette matrice, c’est son remplissage. L’idéal serait de
pouvoir lister dans chaque case une série de questions débouchant sur
le diagnostic de la case concernée. La complexité des organisations, de
leur fonctionnement interne et de leurs relations avec l’environnement
rend illusoire une telle prétention. Ce que nous pouvons proposer,
c’est une amorce de questionnement ou un questionnement minimal.
En fonction du système analysé ou du type d’organisation, il y aura
lieu d’approfondir telle ou telle case et de passer plus rapidement sur
telle autre. Autrement dit, cette matrice que nous allons maintenant
remplir est une invitation méthodologique et non une solution clés
en main. On trouvera ci-après une amorce de questionnement pour
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chacune des neuf cases de la matrice.
Case 1
Case 2
Case 3
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gestion attendu des opérationnels. Si ce plan analytique existe, sa
construction et sa structure éclairent également sur les points sur
lesquels l’attention est dirigée. D’éventuels affichages de coûts
unitaires par lignes de consommation au sein des unités d’analyse,
l’utilisation d’un classement en charges variables et charges fixes sont
autant de suggestions d’action sur les ressources.
Case 4
Case 5
Case 6
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une mise en évidence d’attributs ou de bouquets d’attributs de valeur
potentiels, la négociation est préparée sur des bases fondamentale-
ment différentes. Le coût reste important, mais c’est de valeur que
l’on parlera avec ses interlocuteurs.
Case 7
Case 8
Case 9
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comme primordiale dans la construction de la performance est-elle
présente dans le système de coûts ?
Dialogue avec Quels sont les Quelles sont les unités Quelles relations
l’environne- supports à ce d’analyse concernées ? peut-on faire entre les
ment dialogue, produits supports de valeur
par le système de produits par le système
coûts ? de coûts et les attributs
attendus par les
clients ?
Orientation des Quelle notion de Quelles relations entre Quelles relations avec
comportements performance et au unités d’analyse en les autres systèmes
sein de quel termes de d’évaluation de la
périmètre ? performance ? performance ?
Illustrations
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vité de l’allocation des temps du personnel ainsi que la non-prise en
compte du taux d’utilisation des ressources.
En réponse à ces critiques, les deux auteurs suggèrent une simplifi-
cation drastique de l’architecture du système de coûts en abandon-
nant la notion d’activité et en se référant aux centres de
responsabilité déjà existants. Au sein de ces centres de responsabilité,
une liste de tâches est élaborée. Chacune de ces tâches est caracté-
risée par son temps de réalisation déterminé par chronométrage ou
par déclaration de la part du personnel concerné. Le temps total mis
en œuvre s’écrit alors sous la forme d’une équation où chaque coef-
ficient est le temps standard de la tâche, et la variable, le volume de
cette même tâche. Chaque centre de responsabilité est caractérisé par
un temps total disponible et un coût global. La mise en relation de
ces deux données donne un coût unitaire de l’unité de capacité. Les
temps standard de l’équation caractérisant la production du centre
de responsabilité sont valorisés par ce coût unitaire. Enfin, l’agréga-
tion des temps standard peut être comparée au temps disponible pour
faire apparaître une sur- ou sous-activité, valorisée au même taux.
D’après Kaplan et Anderson [2008], ce système innovant est simple :
pas d’analyse de l’organisation. Les données à manipuler sont égale-
ment peu nombreuses : l’allocation des coûts aux centres de respon-
sabilité et la détermination du temps global disponible (pas de
subjectivité). Les équations sont très simples à maintenir et à
modifier pour coller au plus près de la réalité : il suffit d’ajouter une
tâche et son temps standard, ou de modifier un coefficient, cela
permet d’augmenter la précision locale sans perturbation des autres
tâches. Enfin, la prise en compte de la sous-activité offre un axe
d’amélioration de la gestion des ressources. Voilà pour l’essentiel de
l’argumentation.
Organisation Organisation
=
Fonctions
Centres de
responsabilité
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Centres de
responsabilité
Tâches
Coût de l’unité
de capacité = taux
horaire chargé
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palette entière sera différencié du transfert d’une palette composite
qui devra intégrer les temps de dégroupage et de reconditionne-
ment, etc. Kaplan et Anderson évitent de parler de nomenclatures
pour ne parler que du coût unitaire de l’unité de capacité de chaque
centre. Or les différents coefficients, propres à chaque produit,
service, commande ou client, s’ils sont utiles pour le calcul du coût
unitaire de la capacité, sont d’abord des éléments de la nomenclature
des objets à évaluer. La méthode TDABC (figure 60) incorpore, sans le
dire, dans la procédure de calcul de coûts l’élaboration des nomen-
clatures des objets qu’elle va évaluer. La méthode s’articule autour
d’une ressource unique, le temps. Cette ressource peut avoir un coût
différent selon les centres de responsabilité.
Consomme
Unité d’analyse =
centre
de responsabilité
Consomme
Produit Consomme
Nomenclature =
coefficient Consomme
des équations de temps Ressource interne =
taux horaire chargé
114 L E S SYSTÈMES DE COÛTS DANS LES ORGANISATIONS
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listes des autres unités d’analyse pour reconstituer les objets de coûts.
Ceux-ci seront ipso facto évalués puisque chaque coefficient est assorti
du taux horaire chargé du centre où chacune des opérations a été
réalisée. Outre le mélange des fonctions de production et de
méthode, cette façon de procéder fait du responsable de l’unité
d’analyse à la fois le contrôlé et le contrôleur. En sélectionnant les
opérations à inclure dans l’équation de temps caractérisant l’activité
de son unité, il influence la mesure du temps utilisé. Comme le temps
disponible est figé sur la période, cela veut dire que la manipula-
tion de l’équation de temps permet de jouer sur l’élément phare de la
méthode : la mesure du temps non utilisé.
L’attention à la sous-activité n’est pas nouvelle : dès le début du
XXe siècle, Henry L. Gantt y consacre de nombreux développe-
ments ; la question est également formalisée dans le cadre de la
méthode des sections homogènes sous l’appellation « méthode de
l’imputation rationnelle ». La différence entre ces approches
anciennes et l’approche du TDABC, c’est que, dans le TDABC, la capa-
cité non utilisée est évaluée au coût complet horaire, alors que, dans
les autres approches, on distinguait les charges fixes et les charges
variables. Seules les charges fixes déterminaient le coût de la sous-
activité. Sauf à considérer qu’aujourd’hui toutes les charges sont fixes,
il y a de ce point de vue une approximation grossière qui ne peut être
présentée comme une avancée en matière de gestion.
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mesuré par le nombre d’heures. De ce fait, on peut considérer que la
méthode incorpore une loi de causalité par centre de responsabilité,
mais il s’agit d’une loi peu fiable dans la mesure où le taux horaire
incorpore toutes les ressources, non seulement celles directement
affectées à chaque centre, mais également les ressources des centres
supports qui ont été ventilés sur les centres opérationnels. Cette loi fait
l’hypothèse implicite de l’existence de rapports constants entre les diffé-
rents types de ressources lors de leur mise en œuvre.
Case 2.2 : les relations organisationnelles sont inexistantes. Le
système hiérarchise les centres de responsabilité en centres supports
et centres opérationnels. Seuls ces derniers sont « visibles » et carac-
térisés par leur taux horaire chargé. Chacun est directement lié aux
objets par ce taux. En épousant une structure calée sur l’organi-
gramme, le système conforte le cloisonnement fonctionnel. Les flux
de travaux transversaux, qui sont saisis par des unités d’analyse de
type processus dans d’autres méthodes, sont ici ignorés. Cela veut
dire que la coordination horizontale, considérée comme particuliè-
rement importante pour le pilotage de la performance, devra
s’appuyer sur d’autres outils.
Case 3.3 : cette dernière case comporte un point d’interrogation
car deux situations totalement opposées sont décrites par les auteurs
ou d’autres tenants de la méthode. La philosophie gestionnaire la
plus évidente est celle de la recherche de l’utilisation efficiente de
la ressource humaine en mesurant les temps non utilisés. Quelle
influence sur le comportement ? La réponse est délicate. Si le
personnel est conscient de cet objectif, il n’est pas certain de colla-
borer à la mesure des temps standard qui détermineront le temps
utilisé et, partant, le temps non utilisé. Cela conduit de nombreux
praticiens à abandonner ce volet de la méthode, considérant de facto
que le coût de la ressource humaine est fixe et que la mesure du
temps non utilisé est sans impact sur la performance de l’organisa-
tion. On peut alors penser que la philosophie gestionnaire
116 L E S SYSTÈMES DE COÛTS DANS LES ORGANISATIONS
Gestion des Traçabilité faible sauf Identité des unités Maîtrise de la capa-
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ressources pour les coûts de d’analyse et des péri- cité mesurée par le
main-d’œuvre. mètres de temps humain.
Le temps est la seule responsabilité.
loi de causalité.
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Cette liberté est abandonnée, ici, dans la construction des activités
qui seront regroupées en processus à valeur ajoutée. Les activités sont
bien évidemment définies par leur production, mais leurs frontières
doivent respecter les frontières des unités organisationnelles déjà
existantes (service, département, fonction). L’objectif principal de
cette restriction est d’éviter les conflits d’autorité qui paralysent trop
souvent la gestion des activités transverses.
Les activités sont ensuite regroupées en processus sur la base de
liens de causalité, liens qui traduisent également les flux de travaux
coopératifs nécessaires à la production des biens et services proposés
par l’organisation à son environnement.
Enfin, on vérifie que l’inducteur qui caractérise chaque processus
est à la fois un inducteur de coûts et un inducteur de valeur.
Réapprovi-
Qualifier Contrôler Payer
Ordon- sionner
les les Stocker Les Inducteur
nancer en
fournisseurs réceptions fournisseurs
urgence
Les bonnes
références
au bon moment
au meilleur coût
Bouquet
d’attributs
de valeur
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La cohérence du pouvoir managérial illustré par l’organigramme n’est
pas remise en cause.
Organisation Organisation
Fonctions
Services/
ateliers Activités
Tâches
Processus
Inducteurs
sont consommés par les objets sur la base des inducteurs (souvent
non volumiques).
Ressources
Organisation
externes
Est représentée par
Consomme n activités
Agrège
Consomme
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K processus
K inducteurs
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Substrat Relations Philosophie
technique organisationnelles gestionnaire