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© Lavoisier | Téléchargé le 27/03/2024 sur www.cairn.info via Université Mohammed VI Polytechnique (IP: 196.200.180.27)
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le dialogue. Face à ce constat, nous proposons une définition pour chacune d’entre-elles en
capitalisant nos propres recherches sur l’ouverture structurelle des environnements
éducatifs, tout en intégrant les apports de Garrison et d’Anderson (2003) sur le dialogue à
travers les notions de présences sociale, cognitive et éducative. Puis, nous proposons un
modèle opérationnel permettant d’appréhender la notion de distance transactionnelle. Enfin,
nous mettons ce modèle à l’épreuve d’une première étude empirique afin de tester son
caractère opérationnel, tout en livrant ses principaux résultats.
ABSTRACT. This article paves the way to put the theory of transactional distance into operation
(Moore, 1993 : Moore et Kearsley, 1996). This theory founded the principle according to which
distance in education is mainly transactional and not spatial or temporal. Even though this
theory is more than twenty years old and has a certain notoriety, it has never been validated.
The main reason for this is the absence of an operational definition for the two key variables in
transactional distance, namely its structure and its dialogue. Faced with this problem, we have
come up with a definition for both of these variables while capitalising on our own research
concerning the structural opening of educative environments, and including the contributions of
Garrison and Anderson (2003) on dialogue through the notions of social, cognitive, and
educative presences. We will then suggest an operational model which allows one to grasp the
notion of transactional distance. Finally, we will test this model using an empirical study for the
first time to elucidate how well it operates followed by our main results.
MOTS-CLÉS : distance transactionnelle, structure, ouverture, libertés de choix, dialogue,
présence sociale, cognitive et éducative.
KEYWORDS: transactional distance, structure, opening, freedom of choice, dialogue, social,
cognitive, and educative presence.
DOI:10.3166/DS.5.341-366 © Cned/Lavoisier
Introduction
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qu’enseigner et apprendre à distance » (p. 3). Pour Jung (2001), elle fournit « un
cadre conceptuel utile pour définir et comprendre la distance en formation tout en
ouvrant un nouveau champ de recherches » (p. 527). Toutefois, bien que cette
théorie ait plus de vingt ans d’existence et une certaine notoriété, elle n’a jamais été
validée totalement. Pour nombre de chercheurs du domaine, la principale raison tient
à son manque de précision (Garrison, 2000 ; Power, 2002 ; Gorsky et Caspi, 2005).
Cet article pose un premier jalon pour une opérationnalisation de la théorie de la
distance transactionnelle. Ce jalon s’appuie sur une importante investigation
bibliographique que nous avons menée sur les principaux écrits portant sur cette
théorie. Nous l’avons ensuite étayé en capitalisant nos propres recherches sur
l’ouverture structurelle des environnements éducatifs (Jézégou, 2005, 2006) tout en
intégrant les apports de Garrison et d’Anderson (2003) sur le dialogue à travers les
notions de présences sociale, cognitive et éducative. L’objectif de cet étayage
théorique est de proposer un modèle permettant d’appréhender la notion de distance
transactionnelle. Enfin, nous avons mis ce modèle à l’épreuve d’une première étude
empirique pour en vérifier le caractère opérationnel. Cette étude est décrite dans la
seconde partie de l’article.
et fait l’objet, depuis plus de dix ans, de plusieurs recherches empiriques visant à
vérifier sa validité (Saba et Shearer, 1994 ; Bischoff et Wood, 1996 ; Chen et
Willits, 1998 ; Faust, 1999 ; Bouchard, 2000 ; Garrison, 2000 ; Jung, 2001 ; Chen,
2001 ; Power, 2002 ; Gorsky et Caspi, 2005).
Suite à un important travail d’analyse des publications liées à ces recherches,
nous avons constaté qu’elles ne soutiennent que très partiellement la théorie de
Moore. Par conséquent, elles ne permettent pas de la valider totalement. En effet, les
chercheurs ne disposent pas d’un soubassement fiable dans la mesure où les deux
variables clés de la distance transactionnelle ne sont pas clairement définies par
Moore. Or il les présente comme les mécanismes fondamentaux permettant
d’appréhender et d’évaluer la distance en formation.
Selon Moore (1993), le degré de distance transactionnelle est déterminé par les
deux variables clés que sont la structure et le dialogue.
« La structure renvoie à la rigidité ou à la flexibilité des objectifs éducatifs, des
stratégies d’enseignement et des méthodes d’évaluation » (Moore, 1993, p. 26).
Certains précisent que cette première variable porte sur la présence, ou l’absence,
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d’une structure pédagogique plus (ou moins) contraignante (Bouchard, 2000) ou sur
le niveau d’hétéro-structuration du dispositif pédagogique (Jézégou, 2006). Pour
d’autres, elle interroge la manière dont le dispositif répond aux besoins individuels
des apprenants (Saba et Shearer, 1994) ou encore les règles et les ressources que
propose le dispositif pour la réalisation du projet de formation (Paquelin, 2006).
Bischoff (1996), quant à lui, réfère la structure au degré d’individualisation de la
formation évalué en fonction du nombre d’apprenants.
Le dialogue porte sur « l’interaction ou les séries d’interactions ayant des
qualités positives que d’autres n’ont pas. Il peut y avoir des interactions négatives
ou neutres, mais le dialogue, par définition, améliore la compréhension des savoirs
par l’étudiant » (Moore, 1993, p. 23). Cette seconde variable est associée, pour
certains, à la quantité d’interactions verbales entre le formateur et l’apprenant (Saba
et Shearer, 1994) ou au nombre de communications entre ces derniers (Bischoff,
1993). Pour d’autres, elle correspond au flux d’informations produit de façon
synchrone ou asynchrone entre les apprenants et les matériels didactiques, entre les
apprenants eux-mêmes et entre les apprenants et les formateurs (Power, 2002) ou
encore à la fréquence et à la durée des interactions entre ces deux catégories de
personnes (Bunker et al., 1996).
Ce rapide tour d’horizon, même s’il est loin d’être exhaustif, montre la variété
des définitions opérationnelles attribuées à chacune de ces deux variables de la
distance transactionnelle.
344 Distances et savoirs. Volume 5 – n° 3/2007
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Comme le précise Garrison (2000), Moore a principalement travaillé sur les
ressources médiatisées et non sur l’environnement éducatif global. Or, la flexibilité
des objectifs, des stratégies d’enseignement et des méthodes d’évaluation dépendent
principalement de la structuration de cet environnement et pas des ressources elles-
mêmes. Ensuite, toujours selon Garrison (2000), la variable structure est difficile à
évaluer et plus particulièrement à déterminer quantitativement. Enfin, bien que la
quantité de dialogue entre les formateurs et les apprenants, mais aussi entre les
apprenants eux-mêmes soit relativement facile à mesurer, elle ne donne que des
indications de volume. La qualité de ces interactions est plus difficile à évaluer.
Malgré ces limites, Bouchard (2000), en s’appuyant sur les relations dynamiques
établies par Saba et Shearer (1994), proposait de situer tout environnement éducatif,
et ceci quel que soit le degré d’éloignement géographique qu’il comporte, à la
convergence des deux axes de la structure et du dialogue (figure 1)
Selon l’auteur, un environnement doté d’un faible degré de distance
transactionnelle recourt fréquemment au dialogue tout en présentant une souplesse
structurelle. En revanche, un environnement pédagogique rigide et recourant peu au
dialogue présente un degré élevé de distance transactionnelle. Ainsi, tout
environnement pédagogique présente son indice propre de distance transactionnelle
(Bouchard, 2000).
La distance en formation 345
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Figure 1. Caractérisation des environnements éducatifs d’après Bouchard (2000,
p. 70)
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environnement éducatif (Jézégou, 2005).
Tout environnement éducatif intègre 13 composantes susceptibles d’ouvrir à
l’apprenant des libertés de choix (Leclerc et al., 1988 ; Prévost, 1994 ; Jézégou,
1998). Nous les répartissons en trois grandes catégories (Jézégou, 2005) :
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30 ≥ score > 20 Peu ouvert
10 ≥ score Fermé
Par conséquent, nous disposons à la fois d’un cadre opérationnel qui précise la
définition formelle donnée par Moore à la variable structure et d’un protocole
permettant d’évaluer son niveau d’ouverture ou de flexibilité. Cette perspective
contribue à apporter une réponse à la préoccupation de Garrison (2000) concernant
la difficulté à évaluer cette variable de la distance transactionnelle et plus
particulièrement à lui donner une expression quantitative.
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cognitive et éducative. Chacune de ces dimensions renvoie à plusieurs catégories
d’indicateurs qualitatifs validés empiriquement dans l’ensemble des travaux.
Garrison, Arderson et Archer (2000) définissent la présence sociale comme « la
capacité des participants d’une communauté d’apprentissage à se projeter eux-mêmes
socialement et émotionnellement, dans toutes les dimensions de leur personnalité, au
travers du média de communication qu’ils utilisent » (p. 94). Afin d’évaluer le niveau
de présence sociale au sein d’un environnement éducatif, les auteurs proposent des
indicateurs qui témoignent de réactions affectives, de l’ouverture à la communication
et de réactions de cohésion dans les interactions entre le formateur et les apprenants
ainsi qu’entre les apprenants (Garrison et Anderson, 2003).
La présence cognitive, quant à elle, renvoie au « degré auquel les participants
sont capables de construire et de confirmer le sens grâce à la réflexion et au dialogue
dans une communauté d’apprentissage » (Garrison et Anderson, 2003, p. 55). Les
auteurs proposent des indicateurs qui font référence à quatre phases : la révélation,
l’exploration, l’intégration et la résolution.
La présence éducative, telle que définie par Garrison et Anderson (2003), a trait
à « la facilitation et la direction des processus cognitifs et sociaux pour atteindre des
résultats d’apprentissage personnellement significatifs et intéressants d’un point de
vue éducatif » (p. 66). Elle renvoie au rôle joué par le formateur dans l’animation de
la communauté d’apprentissage. Elle se réfère à trois catégories d’indicateurs
proposés par Garrison et Anderson (2003) : l’organisation, l’instruction directe et la
facilitation du dialogue.
La distance en formation 349
Il est important de préciser ici que Garrison et Anderson (2003) ne proposent pas
de protocole d’évaluation du niveau de présence lié à ces trois dimensions. Par
conséquent, leur modèle ne permet pas d’évaluer de façon précise le niveau global de
présence ou de dialogue (Moore, 1993) existant au sein d’un environnement éducatif.
Toutefois, la force de leur travail est de livrer un cadre de référence qui permet de
recueillir et d’analyser différents types de données en s’appuyant sur plusieurs
catégories d’indicateurs proposées. Ainsi, dans les environnements éducatifs, soumis à
un éclatement spatio-temporel et intégrant une plate-forme, les interactions entre les
acteurs sont généralement enregistrées automatiquement. Cet enregistrement constitue
une source de données importantes telles que : les noms des interlocuteurs, le volume
des communications opérées et leur historique, la nature et le contenu des messages et
des documents échangés, etc. D’autres types de données peuvent être recueillis avec
des questionnaires et des interviews. Au regard de l’ensemble de ces données, certaines
sont de nature quantitative et peuvent être facilement traitées statistiquement. D’autres
permettent d’obtenir des résultats qualitatifs au travers de l’analyse des données
textuelles ou encore de l’analyse des questionnaires et des entretiens.
Ce cadre méthodologique permet, dans une certaine mesure, d’estimer le niveau
global de présence au sein d’un environnement éducatif. Cette estimation ne peut
être qu’imprécise, à défaut de disposer d’un protocole d’évaluation spécifique.
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La distance transactionnelle d’un environnement éducatif
Niveau de présence -
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renvoient ici l’autonomie aux caractéristiques de l’autodirection (Moore et Kearsley,
1996) sans pour autant lui donner une définition opérationnelle. Tout au moins, ils
supposent qu’il existe une relation entre le degré de distance transactionnelle de
l’environnement éducatif et l’autodirection de l’apprenant.
Pour notre part, nous avons montré que plus l’ouverture de l’environnement est
importante, plus l’apprenant peut exercer un contrôle sur les différentes composantes
de cet environnement et donc, diriger par lui-même sa formation et ses
apprentissages (Jézégou, 2005). Par conséquent, il nous semble qu’il existe un lien
entre une réduction de la distance transactionnelle de l’environnement, notamment
par une élévation de son niveau d’ouverture, et une augmentation des possibilités
d’autodirection offertes à l’apprenant. Ce lien serait notamment consolidé par de
plus grandes possibilités de présence induites par l’élévation de ce niveau
d’ouverture (Saba et Shearer, 1994).
Nous ne sommes ici qu’au stade des hypothèses. Elles demandent à être étayées
par une solide construction théorique de l’articulation entre distance transactionnelle
et autodirection. Ce travail nous permettra notamment de poser un deuxième jalon
pour une opérationnalisation de la théorie de la distance transactionnelle.
Mais avant, nous avons lancé un programme dont la finalité est de mettre le
modèle, tel que développé dans cet article, à l’épreuve de plusieurs études
empiriques. Nous proposons de présenter, dans cet article, le contexte et le
Le dispositif retenu pour tester le modèle proposé s’inscrit dans le cadre d’une
formation continue diplômante à distance. Cette formation prépare des adultes à un
niveau I de qualification équivalent à un master professionnel dans le domaine des
sciences de la matière et de l’ingénierie. Ces personnes se situent géographiquement
sur tout le territoire français et exercent une activité professionnelle en tant que cadre
intermédiaire ou supérieur. La formation comporte cinq dispositifs : autoformation,
accompagnement individuel à distance, travail collaboratif à distance, regroupement
en présentiel.
L’étude empirique, présentée dans cet article, porte uniquement sur le dispositif
d’accompagnement individuel à distance. Cet accompagnement est assuré par
chaque responsable pédagogique d’unité de valeur. Il se réalise de manière
asynchrone via la messagerie d’une plate-forme et par téléphone.
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Nous avons évalué le degré d’ouverture de chacune des 13 composantes de ce
dispositif puis, par déduction, son niveau d’ouverture ou de flexibilité structurelle.
Nous avons appliqué ici le protocole d’évaluation évoqué précédemment. Nous
rappelons que les étapes et les bases de calcul de ce protocole sont détaillées dans
notre dernier ouvrage intitulé Formations Ouvertes : libertés de choix et
autodirection de l’apprenant (Jézégou, 2005). Par conséquent, nous nous
contentons, dans cet article, de présenter succinctement les principales phases de ce
protocole en les appliquant au dispositif de cette étude.
La première étape du protocole a consisté à estimer la répartition horaire entre
l’accompagnement via la messagerie de la plate-forme et l’accompagnement par
téléphone. Le cahier des charges du dispositif précise que chacun des apprenants
peut bénéficier d’un accompagnement individuel à distance pour un volume horaire
global estimé à six heures sur une année universitaire. Quatre heures sont dédiées à
un accompagnement via la messagerie de la plate-forme, soit 67 % du volume
horaire. Les deux autres heures sont consacrées à un accompagnement par téléphone,
soit 33 % de ce volume. Le cahier des charges précise également que cet
accompagnement n’est pas obligatoire. Par ailleurs, les demandes d’aide par
téléphone doivent être formulées à l’avance via la messagerie, afin de négocier des
créneaux horaires convenant à chacun des interlocuteurs.
Lors de la deuxième étape du protocole, nous avons recueilli des données auprès
de chacun des sept responsables pédagogiques, à l’aide d’un questionnaire
352 Distances et savoirs. Volume 5 – n° 3/2007
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Format d’être accompagné seul, à deux ou à plusieurs ?
Méthodes la ou les méthodes mises en œuvre lors de l’accompagnement ?
Evaluation les modalités d’évaluation en œuvre dans l’accompagnement ?
Moyens les moyens d’accompagnement ?
Personnes/ressources les personnes/ressources mobilisées dans cet accompagnement ?
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100
lieu
90
temps
80
accès
degré d'ouverture en %
70 rythme
60 cheminement
50 séquence
objectifs
40
contenus
30 format
20 méthode
10 évaluation
moyens
0
personnes-ressources
Les 13 composantes du dispositif
La somme de la moyenne des scores individuels, attribués par chacun des sept
responsables pédagogiques, est de 35,3. Le score maximum possible est de 90,36.
Par conséquent le niveau d’ouverture du dispositif d’accompagnement individuel à
distance est de 39 %. Il entre donc dans la catégorie des dispositifs « peu ouverts + ».
Le graphique, ci-dessous, précise le degré d’ouverture de chacune des trois
catégories de composantes.
100
degré moyen d'ouverture
90 78 spatio-
80
temporelles
70
60
en %
pédagogiques
50
40
27
30
20 communication
10 3 éducative
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0 médiatisée
6. Score maximum possible pour le dispositif = somme des scores maximum possibles de
chacune des 13 composantes.
7. Voir tableau 2 de cet article.
8. Degré de liberté de choix de la composante « accès » : 97 %.
9. Degré de liberté de choix de la composante « lieu » : 79 %.
10. Degré de liberté de choix de la composante « temps » : 57 %.
11. Degré de liberté de choix de la composante « rythme » : 79 %.
La distance en formation 355
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La présence sociale
Les réactions affectives L’expression des émotions
Le sens de l’humour
L’expression d’anecdotes personnelles
L’ouverture Le maintien du fil conducteur de l’objet de la communication
à la communication
Le respect de l’autre
La présence cognitive
La révélation L’expression de sa perplexité au regard d’un problème ou d’une
situation
L’explication ou la présentation de son point de vue au regard d’un
problème ou d’une situation
L’exploration L’expression de son accord ou de son désaccord au regard du
traitement d’un problème ou de l’analyse d’une situation
Le partage des idées et des informations sur ce problème ou cette
situation
La confrontation à l’autre et la négociation
La résolution La proposition d’applications des solutions
La communication et le partage des résultats des tests réalisés
La présence éducative
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L’instruction directe La présentation des objectifs et des contenus d’apprentissage
La proposition d’activités
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Nous rappelons ici que ces estimations ne peuvent être qu’approximatives. D’une
part, il n’existe pas, à ce jour, de protocole d’évaluation spécifique de ces trois
niveaux de présence. D’autre part, nous avons uniquement recueilli des données à
l’aide d’un questionnaire soumis à chacun des sept responsables pédagogiques. Or,
nous aurions également pu envisager de recueillir le contenu des messages déposés
sur la plate-forme ou de mener des entretiens auprès des responsables chargés de
l’accompagnement individuel. Ces deux modalités auraient permis de compléter le
recueil de données réalisé pour cette étude et d’obtenir des résultats certainement
plus précis.
Dans cette perspective, une autre méthode de recueil de données aurait pu
consister à soumettre ce questionnaire aux apprenants. Nous l’avons volontairement
écartée pour deux principales raisons. La première est liée au nombre réduit
d’apprenants de ce dispositif, c’est-à-dire 25 inscrits à la formation mais 19 d’entre
eux réellement engagés. La seconde raison tient au fait que notre seule possibilité
était de leur soumettre ce questionnaire par courrier électronique via la messagerie
de la plate-forme. Par expérience, nous savons que cette modalité de passation ne
garantit pas toujours un taux de retour conséquent. Nous avons donc décidé de
soumettre ce questionnaire aux sept responsables pédagogiques qui, par ailleurs,
s’étaient engagés à participer à cette étude.
100
90
degré de présence en %
80
expression des émotions
70
60
sens de l'humour
50
40
expression d'anectoctes
30
personnelles
20
10 le maintien du fil
conducteur de la
0
communication
le respect de l'autre
indicateurs de présence sociale
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Graphique 4. Degré présence sociale par indicateur :
téléphone
80
sens de l'humour
70
60
50 expression d'anectoctes
40 personnelle
30
le maintien du fil
20 conducteur de la
10 communication
0 le respect de l'autre
100
90 exlicitation ou la
80 présentation du point de
degré de présence en %
vue
70 expression d'accords ou
60 de désaccords
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Graphique 6. Degré présence cognitive par indicateur :
téléphone
100 exlicitation ou la
90 présentation du point
de vue
degré de présence en %
80 expression d'accords
70 ou de désaccords
60
le partage des idées et
50
des informations
40
30 la confrontation à
l'autre et la
20
négociation
10 la proposition de
0 solutions
70 proposition d'activités
d'apprentissage
60
50 diagnostic et
40 explicitation des
incompréhensions
30 orientation vers des
20 sources de connaissances
10 réalisation de feedbacks
0
indicateurs de présence éducative création d'un climat
relationnel favorable
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100 présention des objectifs
de l'accompagnement
90
degré de présence en %
80 proposition d'activités
d'apprentissage
70
60 diagnostic et
explicitation des
50
incompréhensions
40 orientation vers des
sources de connaissances
30
20 réalisation de feedbacks
10
0 création d'un climat
relationnel favorable
indicateurs de présence éducative
incitation au dialogue
Niveau de présence
Messagerie téléphone
Sociale 54 % 63 % 58 %
Cognitive 26 % 28 % 27 %
Éducative 59 % 77 % 68 %
46 % 56 % 51 %
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menés. Ils centrent ici leurs efforts sur la création d’un climat relationnel favorable et
sur l’incitation au dialogue, de façon plus prononcée que pour les autres aspects de
la présence éducative. Ils les mettent également en œuvre au téléphone tout en se
consacrant au diagnostic et l’explicitation des incompréhensions, à la proposition
d’activités d’apprentissage et, dans une moindre mesure, à l’orientation des
apprenants vers des sources de connaissances. En revanche, que ce soit par le biais
de la messagerie ou du téléphone, ils ne présentent pas vraiment aux apprenants les
objectifs de l’accompagnement proposé.
Le niveau de présence sociale dans l’accompagnement individuel est également
significatif avec un score de 58 %. Ici, l’usage du téléphone y contribue davantage
que la messagerie de la plate-forme. La principale différence est qu’il véhicule plus
de réactions affectives au travers de l’expression des émotions et d’anecdotes
personnelles. Quel que soit le moyen utilisé, le fil conducteur de la communication
est relativement bien maintenu entre les responsables pédagogiques et les
apprenants, à un degré acceptable de respect de l’autre.
Le niveau de présence cognitive est le plus faible (27 %) que se soit par le biais
de la messagerie de la plate-forme (26 %) ou du téléphone (28 %). Dans les deux
cas, la confrontation à l’autre et la négociation de solutions sont peu présentes. Il en
est de même en ce qui concerne le partage, entre les responsables et les apprenants,
de ces solutions pour résoudre un problème ou une situation. En revanche,
l’explicitation ou la présentation du point de vue de l’un ou de l’autre est un peu plus
362 Distances et savoirs. Volume 5 – n° 3/2007
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un degré moyen de distance transactionnelle. Cette estimation résulte du niveau
d’ouverture du dispositif et du niveau de présence qu’il comporte.
Ce dispositif présente un niveau d’ouverture qui le situe dans la catégorie des
dispositifs « peu ouverts + ». En s’appuyant sur la relation dynamique établie par
Saba et Shearer (1994), il offrirait donc des possibilités relativement réduites de
présence. En effet, son niveau d’ouverture limiterait ainsi les possibilités
d’interactions sociales, cognitives et éducatives entre les responsables pédagogiques
et les apprenants.
Cette proposition n’explique que de façon globale le niveau moyen de présence
que comporte l’accompagnement individuel. La principale raison tient, selon nous,
au fait que les apprenants ne peuvent pas choisir les moyens, ni les personnes-
ressources de cet accompagnement. Ces deux composantes de la communication
éducative médiatisée sont fermées22. En d’autres termes, les apprenants ne peuvent
solliciter que le responsable pédagogique de chacune des sept unités de valeur, soit
en utilisant la messagerie de la plate-forme ou le téléphone. Une telle fermeture
réduit considérablement les possibilités de présence.
Toutefois, ces dernières semblent être compensées par l’engagement et
l’implication des deux catégories d’acteurs dans les interactions sociales et
éducatives existantes, que ce soit par le biais de la messagerie de la plate-forme ou
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mobilisent dans les interactions qui manifestent leur présence au sein du dispositif
d’accompagnement à distance (Garrison et Anderson, 2003 ; Jézégou, 2007).
Toutefois, même si cette condition est remplie, rien ne permet de dire que ces
efforts de réduction de la distance transactionnelle puissent avoir un effet positif sur
l’autodirection des apprenants. En effet, il ne suffit pas de leur ouvrir des libertés de
choix pour qu’ils dirigent par eux-mêmes leurs apprentissages (Jézégou, 2005). Une
autre dimension entre en jeu : celle liée au contrôle psychologique qu’ils exercent
sur leur formation (Long, 1989). Ce contrôle psychologique est soutenu par deux
dynamiques. La première est la motivation des apprenants à l’égard de la formation
tandis que la seconde renvoie aux stratégies d’autorégulation qu’ils mettent en œuvre
(Viau, 1997 ; Zimmerman, 2000 ; Carré, 2002; Jézégou, 2002). Ces deux
dynamiques ont un rôle prédominant dans la réussite des apprentissages autodirigés
(Long, 1989, Carré, 2002).
Conclusion
Niveau de présence +
Niveau de présence -
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Afin de mettre ce modèle à l’épreuve du terrain, nous avons mené une première
étude empirique pour vérifier son caractère opérationnel. L’évaluation du niveau
d’ouverture du dispositif retenu pour cette étude s’est appuyée sur un protocole que
nous avions éprouvé dans une recherche antérieure (Jézégou, 2005) ainsi que dans
plusieurs travaux non publiés à ce jour. Il s’avère que ce protocole est viable et
opérationnel.
Afin de combler le vide entre le modèle théorique proposé par Garrison et
Anderson (2003) et ses applications pratiques, nous avons élaboré, à l’occasion de
cette première étude, une méthode et des bases de calcul qui nous ont permis de
mettre à jour la manière dont se manifestent les trois dimensions de la présence au
sein de ce dispositif. Par conséquent, bien que les estimations des trois niveaux de
présence ne soient qu’approximatives, elles apportent quelques premières indications
qui permettent de décrire cette présence.
La démarche élaborée ici s’avère opérationnelle mais incomplète pour une autre
raison qui tient notamment au choix des indicateurs de présence retenus mais aussi à
la méthode de recueil et d’analyse des données.
Par conséquent, pour consolider, d’un point de vue empirique, le modèle présenté
dans cet article, beaucoup de travail reste à faire dans la construction d’un protocole qui
permet d’évaluer le niveau de présence existant dans un environnement éducatif donné.
Il sera alors possible d’évaluer plus précisément son degré de distance transactionnelle
et de préconiser, si besoin, des solutions d’ingénierie afin d’optimiser la qualité des
transactions entre les différents acteurs de cet environnement.
La distance en formation 365
Tout au moins, le travail présenté dans cet article a le mérite d’ouvrir un nouveau
chantier en posant un premier jalon qui contribue à opérationnaliser la théorie de la
distance transactionnelle. Ainsi, la question posée par de nombreux auteurs concernant
la définition et l’évaluation des deux variables clés de la distance transactionnelle est
partiellement levée, même si beaucoup de chemin reste à faire à l’issue de ce travail
pour étayer ce premier jalon, du moins d’un point de vue empirique.
Bibliographie
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