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Histoire de l'écrit et de l'image

Dominique Ancelet-Netter
CM 8 Icônes, iconiques et autres iconicités
L1 info-Com
Année universitaire 2022-2023
CM 8_2
Icônes, iconiques et autres iconicités : définitions

I- Qu’est-ce qu’une icône ?


II- Qu’est-ce qu’un signe iconique ?
III- Qu’est-ce qu’être « iconique » ?
Tous « iconiques » ? En écrit et en images ?
I- Qu’est-ce qu’une icône ?

1) Une image étymologiquement


parlant
2) Une image religieuse
3) Une image publicitaire
4) Une image économique ?
5) Une émoticône ?
1) Étymologiquement parlant

Naissance de l’image : Les arrière-grands-parents : Racines


étymologiques du champ lexical en indo-européen (cf. CM 2 )
Radical Weid : eidos (en grec) « idée » « idole »
video (« voir » en latin)
Radical Waik : eikon (en grec) « icône »
Radical Spek : nombreuse descendance : spectacle, spéculer,
spectre, espion, mais aussi speculum (miroir)
Radical Phainem (apparaître) : une descendance magique et
imaginaire (imago = image) de fantômes, de phantasmes et autres
fantoches.
2) Une image religieuse
https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/destins-des-images-14-les-icones

VIème siècle, (tempera sur bois), considérée comme la plus ancienne icône du
Christ Pantocrator jamais découverte dans le monde. Elle daterait de 590. Sainte La Vierge de Vladimir - env. 1400 - 102.2 × 69.5 cm
Catherine du Sinaï. Musée des i ôness. Musée de Vladimir-Suzdal - Russie
De l’icône
À l’icône

à consommer avec modération


3) Une image publicitaire

« Bientôt, c'est la télévision qui dans chaque demeure


apportera sa présence agissante, tendant à suppléer, dans
nos intérieurs modernes, à l'absence de ces autels, de ces
chapelles ou de ces icônes où les hommes de jadis, ceux
de l'Antiquité comme ceux d'hier, se livraient à une
confrontation avec les images, peintes ou sculptées,
incarnant leur âme la plus profonde »
HUYGHE, Dialogue avec visible, 1955, p. 383
http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?
31;s=919171980;r=2;nat=;sol=4;
https://graphiste.com/blog/histoire-logo-lacoste
« L'icône publicitaire est la synthèse incarnée d'une promesse et des attributs d'une marque » Olivier
Aubert
« Avoir une icône publicitaire fait gagner un temps fou » Bernard Brochand
Vers un bestiaire publicitaire, au-delà de l’animal emblématique, une mascotte ?
L’écureuil de la Caisse d’Epargne : une mascotte, un animal totem, un
logo ?

Comment l'Ecureuil
est devenu l'emblème
de la Caisse d’Epargne
« Aussi iconique qu’il soit devenu, l’Ecureuil
n’a pourtant pas toujours été l’emblème

de la Caisse d’Epargne … »


https://www.cbanque.com/actu/59812/
4) Une image
économique ?
La « vraie-fausse » étymologie de Nicole
Oresme pour « économique » :
«  L’autre partie est dicte yconomique,
de ycon en grec, que est image ou signe ;
et de nomos, qu’est regle ; et de ycos
qu’est science. Car par elle soit le
principal de la maison faire signes et
regles ou ordenance de gouverner sa
famille et soy ou resgart de sa famille  ».
ORESME, Nicole, Traité de la première
invention des monnaies, éd. L.Wolowski,
Paris, 1864.
5) Une émôticone ?
Sainte Face, Moscou, Galerie Trétiakov,
vers 1100 Smiley, 1963, Harvey Ball ?
II- Qu’est ce qu’un signe iconique ?

Le mot « iconique » apparaît seulement en 1970, venu de l’anglais avec les


théories linguistiques de Charles Peirce (et emprunté à l’anglais iconic).

Les signes indiciels : sont des traces sensibles d’un phénomène, une
expression directe de la chose manifestée. L’indice est lié (prélevé) sur la
chose elle-même (la fumée pour le feu).

Les signes iconiques : sont des représentations analogiques détachées des


objets ou phénomènes représentés. (l’image en particulier)

Les signes symboliques : rompent toute ressemblance et toute contiguïté


avec la chose exprimée. Ils concernent tous les signes arbitraires (la
langue, le calcul..)
Le « triangle » de Charles Peirce
Iconicité en linguistique

Iconicité : degré de ressemblance avec le réel


Une image iconique : une image ressemblante
Barthes propose de distinguer dans une publicité
les signes iconiques : dimension de l’image, plus ou
moins ressemblante, plus ou moins codée ou
conventionnelle
les signes plastiques : dimension esthétique
« technique »
les signes linguistiques : dimension de l’écriture
III- Qu’est-ce qu’alors être « iconique » ?
ICONIQUE, adj.
I. [Correspond à icône1] Propre, relatif à l'image. Le Beau (...) Est-il dans le Vrai? (...) Mais dans quel Vrai?
(...) Dans l'imitation du beau des êtres, des choses, des corps? Mais dans quelle imitation? (...) l'imitation
sans particularité, sous l'image iconique de la personnalité (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 437). Le
portrait-médaillon, petit bas-relief iconique, a fait concurrence au buste (RÉAU, Art romant., 1930, p. 184).
ANTIQ. GR. Statue iconique. Statue exacte et fidèle, de grandeur naturelle, représentant le vainqueur
aux jeux sacrés. L'athlète couronné une fois a droit à une statue, et s'il est couronné trois fois, à une statue
iconique, c'est-à-dire à une effigie qui soit son portrait (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 72). Non, ce qu'on
nomme le profil grec n'a pas empêché les statuaires antiques de distinguer à merveille les statues de leurs
dieux, et de s'attacher à la vérité individuelle dans les figures iconiques des athlètes couronnés (Ch.
BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 375).
II. [Correspond à icône2] LING. Relatif aux signes dits « icônes ». Selon Ch. Morris, un signe est iconique
dès qu'il possède « quelques propriétés de l'objet représenté » (THINÈS-LEMP. 1975).
REM. Anti-iconique, adj., hapax. [Correspond à I] Qui est opposé aux images. J'ai acheté chez Durand-Ruel
quelques photos selon Degas qui m'ont fait violer mes principes anti-iconiques (VALÉRY, Corresp. [avec
Gide], 1898, p. 312).
Prononc. : []. Sur le passage de [o] à [] dans la dér., cf. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 80. Étymol. et Hist. I.
1562 « relatif à l'image » (DU PINET, Pline, II, 597, ds Z. rom. Philol. t. 28, p. 275), attest. isolée; à nouv.
1765 (Encyclop. t. 8). II. 1975 « relatif aux signes dits icônes » (THINÈS-LEMP.). I empr. au lat. iconicus, gr. «
qui reproduit, représente », dér. de , v. icône1. II dér. de icône2*; suff. -ique*

http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?11;s=2824303245;r=1;nat=;sol=0;
«Icône de mode » entre 50 000 et 70 000 résultats selon les moteurs de recherche.
« Icônes de « Jackie Kennedy : le style iconique d'une First Lady » «Ce mercredi 1er février sort
mode », en salles le film Jackie, de Pablo Larrain, avec Natalie Portman. L’évident héritage
mode de la First Lady continue d’alimenter le mythe.
« idoles » et Jacqueline Kennedy, née Bouvier, est une icône de mode avérée. Ses choix toujours
judicieux en termes de coupe, de couleur, de créateurs et de matières ont fait
autres date … « Elle noue son carré Hermès autour de sa tête, elle foule le macadam en
« égéries » de mocassins Gucci et, comble du luxe, la griffe italienne lui dédie un de ses sacs, le
Jackie. Si ça, ce n'est pas un truc d’icône mode absolue..!» Raphaëlle Orsini,
« la marque » coauteure de Iconic, la mode incarnée, avec Sandrine Lajus, Éditions de La
Martinière (2015).
http://madame.lefigaro.fr/style/jackie-kennedy-onnassis-natalie-portman-style-
tailleur-film-photos-video-010217-129469
L’art contemporain de l’icône : art de reproduire le sacré ou la divinité ?
https://artcapv.com/2012/08/04/marilyn-diptych-andy-warhol-1962-la-star-et-la-mort/

Réalisé juste après la mort de Marilyn


Le « Marilyn Diptych » (en français « Diptyque
Marilyn ») est une sérigraphie sur toile peinte
par Andy Warhol, en 1962.
Tate Gallery Londres
Cette oeuvre a été réalisée pendant les
semaines qui ont suivi la disparition de l’actrice
Marilyn Monroe, survenue le 5 Août 1962. Elle
représente 50 images de l’actrice, qui
proviennent toutes d’une seule photographie
effectuée pour la publicité du film Niagara
(1953).
Les 25 images sur la partie gauche du diptyque
brillent de couleurs vives, tandis que les 25
images situées à droite sont en noir et blanc. Il
a longtemps été suggéré que cette différence
entre les parties gauche et droite de la toile
évoque la relation que pouvait avoir la célèbre
actrice avec la vie et la mort.
Warhol trouvait en Monroe une fusion de 2 de
ses propres thèmes constants : la mort et le
culte de la célébrité. En répétant l’image, il
rappelle l’omniprésence de Marilyn dans les
media. Le contraste entre les couleurs vives et
le noir et blanc, et l’effet d’effacement sur la
droite du panneau, évoquent le fait que la star
reste un être mortel.
Gold Marilyn Monroe 1962 par
Andy Warhol. © Aat Bender

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