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Chapitre I : L’entrepreneuriat:

paradigmes et modèles conceptuels


Genèse et évolution des idées sur
l’entrepreneuriat
Les bases historiques de l’entrepreneuriat appartiennent aux sciences
économiques.
- Les physiocrates sont les premiers, avec François Quesnay [1694-1774],
qui s’intéressent à l’entrepreneur mais il professe que ce dernier fait
partie de la classe stérile, il ne crée pas de richesse, il la fait uniquement
circuler.
- Le concept d’entrepreneuriat apparait dans la littérature économique
dans les écrits de Richard Cantillon [1697-1735]. Ce dernier explique
que l’entrepreneur est indispensable au fonctionnement de l’économie
de marché parce qu’il prend des risques. Pour cet auteur, l’activité de
l’entrepreneur est fondée sur deux principes: l’incertitude et le risque.
Les économistes classiques ne parlent ni de l’entreprise, ni de
l’entrepreneur en tant que tel. Leur analyse est macroéconomique
(générale). Ils cherchent à expliquer le mouvement d’ensemble, de
quelle façon la richesse est produite et comment elle circule.
- Adam Smith [1723-1790] ne s’intéresse guère à l’entrepreneur en tant que
tel mais s’inquiète de l’arrivée de l’actionnaire et de la séparation entre
pouvoir et propriété qui peut nuire à l’initiative individuelle. Le contrôle
du maître (propriétaire) est irremplaçable pour assurer le bon
fonctionnement d’une affaire.
- Jeremy Bentham [1748-1832], lui, glorifie le « faiseur de projets » qui fait
progresser l’économie et la société.
- Jean-Baptiste Say [1767-1823] est, avec Cantillon et Schumpeter, l’un des
trois pères fondateurs de la théorie économique de l’entrepreneur.
L’entrepreneur est à ses yeux l’intermédiaire entre le savant qui produit la
connaissance et l’ouvrier qui l’applique à l’industrie. Etre entrepreneur est
un véritable métier, c’est l’agent principal de la production.
- Jean Baptiste Say détermine avec précision les qualités qui doivent être
celles d’un entrepreneur:
• L’entrepreneur doit être doté d’une « capacité de jugement », i.e. qu’il
doit juger les besoins et surtout les moyens de les satisfaire;
• L’entrepreneur ne doit pas s’en remettre à la routine. Il doit sans cesse
innover. Il doit vaincre le conservatisme et la méfiance des banquiers.
- Léon Walras [1834-1910], fondateur de l’école néoclassique, ne voit dans
l’entrepreneur qu’un agent qui combine les facteurs de production (capital
et travail). L’entrepreneur ne fait pas de profit et n’innove pas. Les
représentants de cette école se contentent de cette représentation
simplifiée de l’entreprise et de l’entrepreneur. Pour Walras, l’entrepreneur
a pour rôle de « prendre à bail la terre du propriétaire foncier, les facultés
personnelles du travailleur et le capital du capitaliste et d’associer les trois
services producteurs ».
- Alfred Marshall [1842-1924] considère qu’il existe une sorte de partage du
travail entre l’entrepreneur qui est à la tête d’une petite entreprise qu’il a
généralement fondé et le manager (sorte d’entrepreneur salarié) qui gère
la grande entreprise. Les qualités que doit avoir un entrepreneur sont:
• voir loin: estimer ses chances de succès et bien peser les risques;
• mobiliser son personnel;
• l’entrepreneur étant rarement un inventeur, aussi il doit se tenir informé
et au courant des recherches menées par les savants pour repérer
l’invention qu’il pourra exploiter à des fins commerciales.
• Surveiller l’évolution de l’industrie et le commerce (la concurrence).
- Karl Marx [1818-1883], comme A. Smith, ne s’est pas intéressé à l’entrepreneur en
tant que tel mais au fonctionnement d’ensemble de l’économie capitaliste. Pour lui,
ce qui est important ce n’est pas l’individu (l’entrepreneur) qui compte dans le
processus d’enrichissement et de l’industrialisation de la société, mais le groupe, la
classe sociale (la bourgeoisie. Dans le cadre de l’économie capitaliste, l’entrepreneur
est contraint de faire des profits . Si ce n’est pas le cas, il fait faillite et disparait en
tant qu’entrepreneur.
- Max Weber [1864-1920] est celui qui fait le lien entre « l’esprit du capitalisme » et
« l’éthique protestante ». Les entrepreneurs sont dotés de l’ « esprit du capitalisme»
qui est celui de la rationalité économique: «un type de conduite économique
particulier caractérisé par la recherche de profits, toujours accrus grâce à l’utilisation
rationnelle , calculée et méthodique des moyens de production ainsi que des
conditions d’échange ».
- Pour Joseph Alois Schumpeter [1883-1950], l’entrepreneur est le moteur du progrès
technique. Il développe une théorie des cycles économiques selon laquelle
l’économie traverse quatre phases: prospérité, récession, dépression puis reprise en
mettant en lumière la diffusion de technologies nouvelles dans l’économie grâce à
l’entrepreneur. L’innovation peut être la fabrication de nouveaux biens, l’introduction
de nouvelles méthodes de production, l’ouverture de nouveaux marchés, la conquête
d’une nouvelle source de matières premières et de produits intermédiaires, la
réalisation d’une nouvelle organisation industrielle.
- Joseph Alois Schumpeter [1883-1950] considère que
l’entrepreneur est le moteur du progrès technique.
L’entrepreneur, selon Schumpeter, est bien distinct, d’une part
du gestionnaire dont l’activité est routinière, d’autre part du
capitaliste, qui apporte par définition les capitaux nécessaires
au démarrage, puis à la croissance de l’entreprise. Mais
l’avènement de la grande entreprise (industrie) et la
concentration du capital entrainent la disparition de
l’entrepreneur qui est remplacé par une organisation
complexe, i.e. la grande entreprise. Ce qui, selon Schumpeter ,
condamne le capitalisme et donne raison à Marx! La
disparition de l’esprit d’entreprise et d’initiative annonce la
disparition du capitalisme.
Les pensées contemporaines
L’incertitude, le risque et l’information
- L’entrepreneur est perçu par nombre d’économistes
comme le moteur de l’activité économique parce qu’il
prend des risques(économiques, techniques et
financiers).
- Pour Friedrich Von Hayek [1899-1992], les agents
économiques prennent des décisions dans un contexte
d’incertitude (et non de transparence-remise en cause
de l’une des hypothèses de la concurrence pure et
parfaite). Pour cet auteur, l’information est le nerf des
affaires: les agents économiques agissent dans
l’ignorance des décisions des autres agents
économiques.

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