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L’entrepreneuriat selon Schumpeter et Kirzner

1/SCHUMPETER
Joseph Schumpeter naît en 1883, la même année que Keynes et l’année de mort de Marx.
Comme eux, il aura jusqu’à sa mort en 1950 une réputation d’économiste « hérétique », qui
bouscule la pensée économique établie. Professeur à Harvard à partir des années 1930, il
formera les économistes les plus brillants de l’après guerre.

Ce qui l’intéresse par-dessus tout, c’est l’évolution du système capitaliste : « il constitue, de


par sa nature, un type ou une méthode de transformation économique, et non seulement il
n’est jamais stationnaire mais il ne pourra jamais le devenir » écrit-il en 1942. Le moteur du
système, c’est l’innovation et le progrès technique à travers le phénomène de « destruction
créatrice ».
Joseph Alois Schumpeter avait pour ambition déclarée de révolutionner la théorie
économique. Parmi les nombreux économistes qui se sont distingués en ces termes, il en est
deux que l’ont peut, presque tout naturellement, rattacher à Schumpeter, parce qu’ils ont eu
d’une façon ou d’une autre une forte influence sur son œuvre : Karl Marx et Marie Esprit
Léon Walras (Béraud, Faccarello, 2000dir ; Etner, 2004; Van Daal, Walker, 2007). L’objectif
majeur de Schumpeter était d’élaborer un schéma d’analyse permettant de comprendre le
fonctionnement du capitalisme dans sa globalité et sur sa durée. Mais, quel économiste n'a pas
eu une telle ambition? Il avait une forte admiration pour Walras, mais il regrettait son
incapacité à expliquer tant les phénomènes de croissance que de crise économique.
Schumpeter partage également pour Marx un avis positif, car il considère que le « système
marxiste » fait partie intégrante de l’économie générale, mais aussi parce que Marx a élaboré
une véritable démarche scientifique. Schumpeter le qualifie d’« auteur difficile »
(Schumpeter, 1983, tome 2, p. 28). Il souligne à maintes reprises son érudition et sa force
intellectuelle (Boutillier, 1996, 2005, 2006, 2010), sans doute aussi en partie parce qu’ils sont
issus d’une culture germanique commune (Reisman, 2004), tout en gardant ses distances sur
le plan politique.

https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/1690

C’est grâce à un « entrepreneur innovateur » que la dynamique économique se fait sentir à


travers des progrès aussi bien quantitatifs (avec l’augmentation du niveau de production) que
qualitatifs. L’entrepreneur est donc l’acteur fondamental de la croissance économique. Il aime
le risque et est à la recherche du profit maximal. L’innovation lui permettra d’obtenir un
monopole temporaire sur le marché. Il sera donc le seul pendant un certain temps à pouvoir
produire cet objet qui lui rapportera donc gros.

Aussi, Schumpeter explique que l’économie est gouvernée par un phénomène particulier : la «
destruction créatrice ». C’est « la donnée fondamentale du capitalisme et toute entreprise
doit, bon gré mal gré, s’y adapter ». La croissance est un processus permanent de création, de
destruction et de restructuration des activités économiques. En effet, « le nouveau
ne sort pas de l’ancien, mais à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à
le nuire ». Ce processus de destruction créatrice est à l’origine des fluctuations économiques
sous forme de cycles.

Ainsi, les formats de fichier audio numérique (ex. mp3) sont en passe de remplacer les
supports physiques de lecture (ex. CD), il s’agit d’un phénomène de destruction créatrice. Ce
phénomène s’inscrit dans la montée en puissance de l’économie numérique qui sera à
l’origine d’une nouvelle période de croissance.

Selon Schumpeter, le processus capitaliste est caractérisé par des cycles d'innovation, de
création d'entreprises et de destruction d'entreprises obsolètes. Il a mis en avant le rôle de
l'entrepreneur comme moteur de l'innovation économique, décrivant comment ces
entrepreneurs innovateurs perturbent les marchés existants, créent de nouvelles entreprises, et
finissent par remodeler le paysage économique.

https://www.economie.gouv.fr/facileco/joseph-schumpeter#:~:text=L%27entrepreneur%20est
%20donc%20l,qui%20lui%20rapportera%20donc%20gros.

2/KIRZNER
Israël Kirzner est l’économiste le plus prestigieux de l’école autrichienne d’économie qui soit
encore vivant. Né en 1930, il est le continuateur direct d’une lignée d’économistes
appartenant à l’école fondée par Carl Menger en 1871.

Sa vie a été marquée par sa passion qu’il a démontrée à chercher à comprendre le


fonctionnement des marchés. Fils de rabbin, et lui-même ordonné rabbin, il est né à Londres.
Il a fait ses études en Afrique du Sud avant d’émigrer vers les États-Unis, où il a mené la
majeure partie de sa carrière. Il a étudié l’économie sous la direction de l’un des principaux
penseurs autrichiens, Ludwig Von Mises qui a supervisé sa thèse de doctorat. Kirzner a eu
l’originalité et le courage d’enrichir son analyse des apports des autres sciences sociales face à
la mathématisation croissante de la discipline économique.

Israël Kirzner a ainsi introduit un acteur central au cœur de l’analyse économique


étonnamment négligé par le reste de la discipline : l’entrepreneur. Si Joseph Schumpeter avait
attiré l’attention sur son rôle en tant qu’innovateur, Kirzner en fait l’acteur clef d’ajustement
des marchés. L’entrepreneur est un individu vigilant qui reste toujours à l’affut des occasions
de faire du profit et qui trouve de nouvelles manières d’offrir des biens et des services à partir
de ressources inexploitées. Ce n’est pas un robot rationnel et il ne dispose pas toujours de
toutes les informations nécessaires. Bien souvent, l’entrepreneur prend des risques et doit
anticiper des besoins futurs. D’ailleurs, le livre de Kirzner livre Concurrence et esprit
d’entreprise, paru en 1973, est une référence universitaire incontournable pour comprendre le
rôle de l’entrepreneur dans une économie de marché.

En fait, le marché est un processus constant d’essais et d’erreurs au sein duquel les
producteurs tentaient de découvrir d’un côté les diverses préférences des consommateurs et,
de l’autre, le meilleur moyen de combiner des ressources pour offrir un bien y répondant à
moindre coût. Cela permet de faire circuler des informations sur les préférences de chacun et
la rareté des ressources.

L’économie de marché permet ainsi de distinguer les actions qui bénéficient au plus grand
nombre et celles qui n’y bénéficient pas. Il a une fonction de sélection. Si, en tant que
producteur, je propose un produit dont personne ne veut, je fais faillite. À l’inverse, si
j’introduis un nouveau bien dont chacun bénéficie au quotidien, il y a de fortes chances pour
que je m’enrichisse. Le marché constitue le meilleur système pour accroître le bien-être de
tous grâce à sa structure d’incitations qui oriente les acteurs du marché vers des
comportements productifs.

Les analyses du marché et du rôle d’entrepreneur d’Israël Kirzner ont conduit à justifier la
moralité de l’économie de marché et de ses deux composantes essentielles : le profit et
l’entrepreneur. Le profit a un rôle social en stimulant les entrepreneurs afin qu’ils produisent
ce que les gens désirent. Ils ont moralement le droit de récolter les fruits de leur travail en
raison du bienfait de leur rôle pour l’ensemble de la société. Notre institut a justement
publié un cahier de recherche sur le rôle de l’entrepreneur selon la perspective autrichienne.

La contribution intellectuelle d’Israël Kirzner ne se limite pas à ses propres recherches. Il a


aussi fait connaître à des générations d’étudiants la tradition de l’école autrichienne. Il l’a fait
par différents canaux : ses séminaires (dont certains peuvent être vus en ligne), sa biographie
de Ludwig Von Mises et ses articles expliquant l’originalité de cette école. Ses idées sont plus
que jamais pertinentes aujourd’hui, notamment pour rendre compte du développement de la
multitude de nouvelles technologies de l’information qui ne sont pas le fait de bureaucrates,
mais d’entrepreneurs ayant pris des risques pour trouver de nouveaux moyens de répondre à
nos besoins de communiquer.

https://www.iedm.org/fr/76876-israel-kirzner-le-doyen-de-lecole-autrichienne/

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