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GEJ5 C97

Du libre arbitre de l'homme. Du secours de la grâce divine

1. (Raphaël :) « Je te le dis, c'est d'abord de lui-même qu'un homme devient mauvais


et renie l'ordonnance divine ! Il y est certes généralement préparé par une éducation pervertie
à cause de quoi il tombe dans toutes sortes de passions funestes, et de là dans de vrais péchés.
Et c'est avec ces péchés qu'il ouvre la porte à toutes les mauvaises influences extérieures et
qu'il peut alors corrompre foncièrement la vie de son âme, mais cela n'arrivera et ne durera,
encore une fois, que s'il le veut ainsi.
2. S'il veut changer, le Seigneur n'y met aucun obstacle : car celui qui se sent assailli
n'a qu'à en exprimer en lui-même le plus faible désir pour être aussitôt secouru. Mais s'il se
trouve tout à fait bien et heureux dans le mal et ne formule jamais le vœu de s'améliorer, alors,
on ne viendra certes pas tout exprès s'immiscer dans sa volonté.
3. Bien sûr, des suggestions lui seront faites à travers le sensorium[Sensorium : en
latin, siège d'une sensation, d'une faculté (de perception). (N.d.T.)] de son cœur, ce que l'on
appelle "conscience" et il recevra parfois de nous de sérieux avertissements. S'il en tient
compte si peu que ce soit, il ne pourra plus courir à sa perte. Car dès lors, une aide secrète lui
viendra constamment d'en haut, apportant sans cesse à son âme le discernement et la force
nécessaires pour qu'elle se libère peu à peu de sa grande confusion : il ne lui faut plus dès lors
qu'un peu de bonne volonté pour progresser très rapidement, au moins jusqu'au point où
l'homme devenu apte à une révélation supérieure est remis entre les mains de Dieu Lui-même,
dont l'esprit le guidera dans la vraie lumière e la Vie.
4. Mais bien sûr, si l'homme, dans son grossier aveuglement et dans la griserie de ses
sens terrestres, ne tient absolument aucun compte de ces très douces exhortations que nous
envoyons à son cœur, mais continue de se conduire comme s'il était le maître du monde, ah,
en ce cas, qui peut être tenu pour responsable de l'incorrigibilité de son âme, si ce n'est cette
âme elle-même !
5. Crois-moi, et note bien ce que je vais te dire : dans toute la nature et le monde des
esprits, il n'existe rien de tel que les prétendus "diables originels", mais seulement des diables
qui, ayant vécu jadis en ce monde comme des hommes irrémédiablement mauvais et remplis
de vices, étaient alors déjà de vrais diables incarnés, qui non seulement entraînaient les autres
hommes dans toutes sortes de vices et de turpitudes, mais les y contraignaient même par tous
les moyens à leur disposition - se vouant ainsi eux-mêmes à une damnation bien plus grave,
dont il leur sera bien difficile de jamais se libérer pleinement. Tu auras beau considérer la
chose de toutes les manières et tant que tu voudras, tu ne pourras en rendre le Seigneur si peu
que ce soit responsable.
6. Cependant, tu peux bien imaginer que, dans l'au-delà aussi, le Seigneur permet tout
ce qui est concevable selon Son ordonnance pour guérir une âme corrompue : car le Seigneur
n'a créé aucune âme pour sa perte, mais uniquement pour qu'elle parvienne à la plus grande
perfection possible. Mais tu ne dois pas oublier que, dans tout l'espace incommensurable de la
Création, aucune âme ne peut accéder à la perfection de la vie par quelque grâce immédiate et
inconditionnelle, mais uniquement par sa volonté, qui n'appartient qu'à elle ! Le Seigneur met
certes toutes sortes d'expédients entre les mains des hommes : mais encore faut-il que ceux-ci
les reconnaissent comme tels, se les approprient et s'en servent de leur propre chef !
7. Ah, si un homme décide alors fermement de lancer intérieurement cet appel :
"Seigneur, je suis trop faible pour m’aider moi-même par les moyens que Tu m'offres, que
Ton bras vienne à mon secours !", alors, c'est de sa propre volonté que l'homme a demandé le
secours suprême, parce qu'il a reconnu et compris l'insuffisance de ses propres forces ! Alors,
le Seigneur peut agir aussitôt avec toute la puissance nécessaire, et, à l'instant, cette âme faible
sera secourue.
8. Mais pour cela, il faut que ce désir de l'homme, de même que sa connaissance et sa
confiance, s'accompagne constamment de la plus grande détermination. Sans quoi il devra
s'en tenir à la règle selon laquelle toute âme doit s'aider elle-même par les moyens qui se
présentent à elle, parce que toute intervention étrangère qui se mêlerait à l'élément privé qu'est
la volonté propre de l'âme aurait nécessairement pour conséquence évidente la désagrégation
de celle-ci. Car si l'âme, selon les dispositions éternelles de Dieu, doit nécessairement se
former elle-même, il faut bien aussi qu'elle accomplisse cette formation et ce
perfectionnement par les moyens qui s'offrent à elle, de même que tout homme, sur cette terre,
doit chercher lui-même la nourriture de son corps, la reconnaître et l'absorber, s'il veut
prolonger sa vie terrestre.
9. Pour cela, nul Dieu, nul ange ne s'élève au-dessus de la terre pour dire à tous : "Si
vous avez faim, voici ce que vous devez manger !" Mais, lorsque la faim vient, l'homme goûte
les fruits qui croissent partout, et ceux qui lui plaisent, il les cueille et apaise ainsi
agréablement sa faim. S'il a soif, il court à une source fraîche, et s'il a froid, il aura tôt fait de
se fabriquer de toutes sortes de matières délicates qui n'irritent ni ne piquent sa peau une
enveloppe de fortune qui préservera sa peau du froid de l’air. Et s'il veut se protéger de la
pluie et des bêtes sauvages, il aura tôt fait aussi de se bâtir une hutte : car il a pour cela toutes
sortes de moyens à sa disposition. Où qu'il se tourne, il trouve une foule de dons qu'il
reconnaît aisément pour tels, et dont il peut tout aussi aisément faire usage avec les forces qui
lui ont été conférées pour cela. »

GEJ5 C98
De l'autodétermination de l'âme

1. (Raphaël :) « Mais si le Seigneur laisse déjà les hommes pourvoir eux-mêmes aux
nécessités extérieures de leur existence afin qu'ils exercent leur âme à connaître et à agir par
elle-même, combien plus cela est-il nécessaire à l'âme elle-même !
2. Les âmes des bêtes elles-mêmes comportent une pulsion (instinct) en quelque sorte
inhérente qui leur appartient en propre, et selon laquelle elles ont coutume d'agir, chacune à sa
manière. Il serait tout à fait faux de supposer que ces créatures apparemment privées de parole
et de raison agissent comme des machines mues par une force extérieure. S'il en était ainsi,
même le meilleur des animaux domestiques ne pourrait jamais accomplir une quelconque
tâche, fût-elle très simple, et il ne répondrait certes pas à l'appel de l'homme.
3. Et c'est parce que tout animal a en lui une âme propre, possédant une force de vie
séparée grâce à laquelle cette âme peut à sa guise mettre son corps organique en mouvement,
que cet animal peut être dressé de différentes manières. Un être uniquement animé de
l'extérieur n'a ni mémoire, ni aucune forme de jugement. Sa vie est purement mécanique et ses
aspirations sont strictement mesurées et dirigées, en sorte qu'il ne saurait être question pour
lui de s'améliorer par quelque enseignement que ce soit : cela ne peut se faire que d'une
manière mécanique, et de l'extérieur.
4. Tu auras beau répéter pendant mille ans à un arbre qu'il doit se tenir de telle manière
et porter de beaux fruits, tout cela sera vain ! Il te faudra user du couteau et de la scie, couper
les branches du sauvageon, en entailler soigneusement le tronc, placer dans les entailles des
branches fraîches d'arbres plus nobles et bien lier celles-ci avec les troncs sauvages entaillés,
et c'est ainsi que l'arbre, amélioré d'une manière purement mécanique, te donnera à la longue
de beaux fruits !
5. L'animal, lui, peut être dressé simplement par la parole et par certains gestes, et par
la suite, il te servira quand tu en auras besoin et se conformera à ta volonté. Et cela témoigne à
coup sûr de ce que même les animaux ont une forme de libre arbitre sans laquelle ils ne
pourraient pas plus t'obéir et le servir qu'une pierre ou un arbre.
6. Et si même les animaux possèdent visiblement une âme à part entière, douée d'un
certain entendement et d'un certain libre arbitre et qui doit se déterminer elle-même à sa
manière propre, cela ne doit-il pas être d'autant plus le cas, et d'une manière bien plus absolue,
pour l'âme humaine ? Ici, toute influence extérieure est exclue d'emblée, qu'elle soit bonne ou
à plus forte raison mauvaise !
7. L'âme possède déjà tout ce dont elle peut avoir besoin pour prendre son premier
essor dans la vie. Une fois que, par la force de sa propre volonté et par l'amour librement
choisi de Dieu, elle s'est établie dans une vie intérieure plus élevée, elle prend bien vite
conscience de tout ce qui lui manque encore, et, reconnaissant sans peine les moyens et les
voies nécessaires, sa volonté propre les recherche, les fait siens et les enrichit constamment
des trésors d'une vie spirituelle toujours plus élevée et plus parfaite.
8. Ce que l'âme conquiert par ce moyen, qui est juste selon l'ordre divin, lui demeure
pleinement acquis, et ni le temps ni l'éternité ne pourront le lui arracher. Mais les choses que
l'âme n'aura pu acquérir par elle-même pour les avoir connues et voulues. Comme par
exemple son corps extérieur et organique, et de même bien des avantages matériels terrestres,
ne peuvent demeurer siennes et lui seront ôtées comme elles lui avaient été données.
9. Et s'il en est ainsi, comme tout homme l'apprend par l'expérience quotidienne, il ne
saurait en aucun cas être question que de mauvais démons entraînent l'âme et la déterminent
par force car tout dépend de ce que l'âme veut et reconnaît, et en fin de compte de son amour.
Tu deviendras ce que tu auras voulu, reconnu et aimé, et jamais rien d'autre !
10. Si tu désires, reconnais et aimes ce qui est juste selon l'ordonnance divine, tu
obtiendras toujours une réalité : mais si ce que tu désires, reconnais et aimes est contraire à
cette ordonnance qui commande à toute réalité et à toute existence, tu es pareil à un homme
qui voudrait moissonner un champ où nulle céréale ne fut jamais semée, et, pour finir, tu ne
devras t'en prendre qu'à toi-même si ta moisson de vie se réduit à rien. - Dis-moi à présent si
tout cela est clair pour toi. »

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