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Guide Mainstream 2011 (Frédéric Martel)
Guide Mainstream 2011 (Frédéric Martel)
C’EST AUSSI
UNE INDUSTRIE PAGE 3
SÉRIES
AMÉRICAINES PAGE 5
DISCUSSIONS PAGE 6
PROLONGEMENTS PAGE 7
L’EUROPE A T-ELLE
PERDU LA BATAILLE
CULTURELLE ? PAGE 8
Mainstream
L’industrie du divertissement est en pleine révolution.
Les révolutions dans la production culturelle ne sont pas une nouveauté : le disque, la radio, le cinéma la télévi-
sion, le magnétoscope, poussèrent les uns à crier au miracle et les autres à annoncer la mort de ce qui avait pré-
cédé. La radio devait tuer le disque, et la télévision dans chaque foyer provoquerait la faillite des cinémas ! Face
aux innovations en cours (Internet, le numérique) il faut raison garder.
“
sement deviennent floues. communautaire et la culture américai-
”
Aux Etats-Unis, plus je traînais ne qui, grâce à ses divisions, progresse
dans les bureaux de MTV [...], inexorablement.
plus j’ai commencé à me dire PAGE 401
que les frontières qui séparent
l’art de l’entertainement [le divertisse-
ment] sont pour une large part le résul-
tat d’appréciations subjectives. L’endroit
où vous placez cette frontière est sou-
vent un indice de l’année où vous êtes né
”
et de votre couleur de peau.
PAGE 142
PRINCIPAUX OUVRAGES
• Philosophie du droit et
philosophie politique Dans l’Europe divisée, la culture amé-
d’Adolphe Thiers, LGDJ, 1995. ricaine progresse.
“
• Le Rose et le Noir : les La culture mainstream euro-
homosexuels en France péenne est aujourd’hui tout
depuis 1968, Le Seuil, 1996 ; entière en train d’évoluer vers
Points-Seuil 2008. le modèle belge.
• De la culture en Amérique, Des batailles de langues, d’identités cul-
Gallimard, 2006. turelles, une méconnaissance grandis-
• Mainstream, Enquête sur sante des cinématographies et des
cette culture qui plaît à tout musiques des autres pays, peu de lec-
le monde, Flammarion, 2010
L ’image du poète composant des (la culture pour tous) ou au sens négatif :
vers immortels dans sa soupente a la « culture de marché », c’est-à-dire la
la vie dure. Naguère, point de culture commerciale, uniformisée, forcé-
théâtres sans mécènes ni de romancier ment médiocre.
sans imprimeur. La diffusion massive de Cette culture de masse, diffusée par les
la culture, depuis le début du 20ème grands médias (radio, cinéma, télévision,
siècle, implique une importante concen- disque), est une culture du divertissement
tration de capitaux afin de financer des (entertainement) qui mobilise des
structures de production et de commer- sommes considérables et qui s’est répan-
cialisation adéquates. Entre les deux due dans le monde entier - mais sous
guerres, les Etats-Unis sont devenus les diverses formes.
maîtres incontestés de cette culture de C’est l’ambigüité de la définition du
masse – dont Hollywood fut et reste le mainstream et la diversité de cette cul-
symbole. ture de masse qui est au cœur du livre de
C’est « une culture qui plaît à tout le mainstream : c’est le courant dominant Frédéric Martel, résultat d’une enquête
monde » : le sous-titre du livre de Frédéric - la culture mainstream étant la culture effectuée auprès de plus de mille per-
Martel exprime bien ce que signifie le mot populaire au sens positif du terme sonnes dans trente pays.
L ’Europe est peu présente dans le mains- On ne saurait voir dans la faiblesse commer-
“Ce que certains
tream mondial. Cela ne signifie pas qu’el- ciale de l’Europe l’illustration d’un hypothé-
le soit inexistante : outre l’édition aux analysent comme tique déclin. Les entreprises européennes sont
Etats-Unis, l’Union européenne (les Français) une américanisation actives et prospères, qu’il s’agisse du Français
occupe une place de choix en Chine dans l’in- Lagardère, du groupe espagnol Prisa, du grou-
du monde
dustrie du jeu vidéo. La chanson française est pe Berlusconi, de l’exemplaire BBC.
toujours très aimée dans l’ancienne Union n’est qu’une Ces cultures nationales florissantes marquent-
soviétique et les littératures européennes se américanisation elles la fin de la culture européenne ? Frédéric
portent plutôt bien malgré bien des déceptions
de l’ouest-européen - Martel le pense. Certes, il ne nie pas la gran-
en Europe de l’Est où l’on pensait que la libé- deur de l’héritage culturel européen (Dante,
ration du communisme allait provoquer un qui n’est pas toute Mozart, Shakespeare,Victor Hugo, Hegel...) mais
magnifique regain. Si les cultures nationales l’Europe.” il écrit que « la seule culture mainstream com-
restent dynamiques, la balance commerciale mune aux peuples européens est devenue la
de l’Union européenne est déficitaire : elle culture américaine ».
importe beaucoup de contenus américains et elle exporte peu Ce que certains analysent comme une américanisation du
hors du continent. Mais peut-on juger de la situation selon la monde n’est qu’une américanisation de l’ouest-européen - qui
balance commerciale ? On ne peut comparer, sur le plan éco- n’est pas toute l’Europe.
nomique une union de nations (sans Etat fédéral) et des pays A l’Est, la chute des Etats communistes et les difficultés de la
qui disposent d’un tel Etat démocratique (les Etats-Unis) ou transition vers le néo-libéralisme ont fait disparaître les poli-
dictatorial (la Chine). De plus, il serait pertinent d’intégrer dans tiques culturelles - qui sont inexistantes ou affaiblies à l’Ouest.
la culture européenne l’ensemble des Etats du continent - à Partout, il manque les structures publiques qui permettraient
commencer par la Russie et sans oublier l’Albanie, patrie du de soutenir des cultures populaires nationales qui, comme par
romancier Ismaël Kadaré qui est mondialement admiré. le passé, peuvent avoir une dimension universelle.
A insi, la mondialisation se particularise “ Comment penser cédant à la prééminence des Etats-Unis dans
et la globalisation se localise. La nou- les industries du divertissement.
velle est d’autant moins surprenante un affrontement - Comment penser un affrontement – front
que la mondialisation uniformisante n’a jamais front contre front - contre front – alors que nous vivons dans l’hy-
été autre chose qu’un effet de discours – tout alors que nous bridation ? Sans doute serait-il plus exact
aussi irréel que la « déterritorialisation » évo- d’évoquer une compétition belliqueuse entre
quée au moment où les conflits territoriaux vivons dans des groupes industriels et financiers spéciali-
faisaient rage au Proche Orient. Entre les cul- l’hybridation ? ” sés dans le mainstream. Comme on le voit à
tures, il y a toujours eu des points d’unité et maintes reprises au cours de l’enquête de
de fortes différences ou oppositions avec des Frédéric Martel, il importe peu à un groupe
mélanges d’une grande complexité. Même à japonais de gommer la japonité de ses conte-
l’époque de la « mondialisation heureuse », les nus pour pénétrer le marché thaïlandais et ce
telenovelas devaient être sous-titrées pour être exportées d’un ne sont pas non plus les valeurs américaines qui caractérisent
pays d’Amérique latine à l’autre - de même qu’en France nous Le Roi Lion ou Prince of Persia. Les formatages se font en fonc-
sous-titrons les films du Québec comme le souligne justement tion des contraintes de marché et le souci prioritaire des groupes
Frédéric Martel. est d’éliminer les contenus qui heurtent le politiquement cor-
Cela ne signifie pas qu’il faille sous-estimer l’importance du rect et surtout le sexuellement correct.
mainstream qui doit maintenant s’écrire au pluriel. Mais l’en- La « correction » des contenus (respect de normes implicites
quête – d’un intérêt exceptionnel – sur « cette culture qui plaît qui effacent la « révolution sexuelle » américaine et ses
à tout le monde » est parfois contradictoire dans ses analyses répliques européennes) et le respect des identités nationales
et ses prévisions : tantôt Frédéric Martel vante le mélange des constituent somme toute un mélange commercialement effi-
cultures nationales et les séduisantes productions hybrides qui cace mais qui ne garantit pas la paix entre les groupes linguis-
en résultent, tantôt il annonce la « guerre des cultures » suc- tiques et culturels.
D
’autres cultures (arabe, chinoise, posture : ses industries de contenus cul-
latino-américaine) ne sont pas
moins riches de contenus mais
turels ne fabriquent pas de biens mon-
dialisables (comme ceux de Disney) car ALLER + LOIN
elles manquent encore du dynamisme les références nationales sont très fortes
nécessaire pour renverser les rapports de dans le domaine du cinéma, de la chan- On trouve sur Youtube les vidéos
de chanteurs quasiment inconnus
force dans le domaine des industries du son, de la série télévisée. en Europe de l’Ouest mais qui jouissent
divertissement. Mais c’est surtout A la différence des Etats-Unis, les univer- d’une popularité considérable sur
l’Europe de l’Ouest qui est en mauvaise sités européennes sont indifférentes à la d’autres continents :
culture moderne et les entre- • MANSOUR (Iran, Asie centrale). Benevis
prises multinationales ne sont www.youtube.com/watch?v=H7eaMjbs
pas assez développées. kXk&feature=related
Du coup, beaucoup de créa- • DDT (Groupe rock, Russie). Vieter
teurs européens partent s’ins- www.youtube.com/watch?v=j7z0jtmbO
taller aux Etats-Unis et c’est C8&feature=related
la culture américaine qui est, • NANCY AJRAM (Liban, Pays arabes,
de fait, la culture commune Turquie) : Inta Eih
www.youtube.com/watch?v=
aux Européens. tHnoewqUJp0
L’Europe a perdu la bataille
• DIL KI TANHAYI (Inde)
culturelle – celle de la produc- www.youtube.com/watch?v=
tion commerciale. Cela ne 72OBrjjIyas&feature=related
signifie pas qu’il n’y ait plus de
vie culturelle en Europe.
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