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LA TECHNIQUE DE L’EXPOSE

L’un des exercices et des travaux que les apprenants redoutent le plus est incontestablement
l’exposé, c’est-à-dire le développement explicatif d’un sujet ou d’une question. Il est craint parce qu’il
impose aux apprenants de fournir des efforts personnels pour la recherche des informations. Cette
recherche est rendue difficile dans un contexte où les apprenants sont davantage habitués à consommer
les produits finis qu’à produire, dans un contexte où nos bibliothèques ne satisfassent sur le plan de la
recherche et dans un contexte où assez d’apprenants n’ont pas encore les possibilités d’accéder à
l’usage de l’Internet. L’exposé est aussi redouté parce qu’il exige que les apprenants se donnent
pour traiter, sélectionner, analyser et organiser les idées. De plus le fait de présenter le contenu des
travaux est craint parce qu’il suppose un contact avec un auditoire dont ont redoute les regards et les
jugements. L’oral révèle, plus que l’écrit, les compétences, le niveau et même la personnalité des
exposants. Cependant, les apprenants ne peuvent pas se passer de l’exposé ; il fait partie des
programmes d’apprentissage et est un outil de la formation et d’épanouissement. Comment donc
s’y prendre ? Comment arriver à préparer et à présenter un exposé ?

CE QU’IL FAUT SAVOIR

L’exposé que beaucoup redoutent présente de nombreux avantages. Difficile qu’il soit, il entraîne
cependant à l’oral et à l’expression. Il révèle et développe une capacité d’analyse des informations
pour rechercher et retenir celles qui semblent importantes ; il permet de développer la capacité
d’organiser les idées et de réaliser leur synthèse pour ainsi présenter de manière claire un
développement en réponse aux problèmes précis. L’expose assure, en plus, la mémorisation des
informations présentées. A cause de la forte valeur émotive attachée à cet exercice, le cerveau primitif
ouvre toutes grandes les barrières de l’attention et de la concentration : la personne s’implique totalement.

1. PREPARER UN EXPOSE

a. Rechercher et trouver des informations

Lorsque vous avez affaire à un travail d’exposé, le sujet à développer peut être choisi par vous-
mêmes, tout comme il peut vous être imposé. Dans tous les cas, vous devez y développer un grand
intérêt et disposer d’un fonds d’informations pour le traiter.

Définissez bien le sujet au départ.

Servez-vous de votre dictionnaire pour expliciter chaque terme. Non seulement, cela assure la
compréhension, mais il offre de nouvelles ouvertures et de nouvelles pistes pour la recherche des
idées. Ne perdez pas le temps avant de vous mettre au travail, car il vous faudra ensuite le laisser
décanter au moins une semaine.

Commencez par vous poser des questions sur le thème retenu.

Quel est le message central à passer ? De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce qui… ? Pourquoi… ?
De quelle façon… ? Est-ce que… ? Vous pouvez vous demander ce qui pourrait intéresser
l’auditoire et l’évaluateur. Cela permet d’identifier avec précision le sujet principal de l’exposé.
Recherchez les mots-clés et définissez-les ; trouvez des synonymes, puis, à partir de ces indices,
retrouvez la documentation à partir de ce que vous possédez, ou en vous rendant à la bibliothèque ou
encore en vous servant de l’Internet.

Comment procéder pour travailler ?

Si vous travaillez à plusieurs, vous pouvez procéder de deux manières :


 Soit chaque membre travaille sur l’ensemble de l’exposé. Ceci assure à chacun la maîtrise de
l’ensemble du travail et rend celui-ci plus affiné. Par contre, il rend le travail très long.
 Soit vous vous répartissez les tâches. Cette démarche permet de faciliter le travail, mais cela
exige que le groupe s’établisse, à l’avance un bon plan de travail.

Dans le travail préparatoire de l’exposé, déterminez la question centrale et dégagez les éléments
sous-jacents à cette question centrale.

Repérez les mots-clés de la question et faites ressortir les rapports qui existent entre eux ;
trouvez des mots, des concepts, des relations bien souvent implicites qui les unissent et qui se cachent
derrière la question. Souvent, un mot, une idée fait appel à un autre.

Trouvez des documents possibles.

Leur exploitation fait la richesse de votre travail et témoigne de votre esprit de chercheur. Une fois les
documents trouvés, survolez-les pour noter uniquement les idées-clés qui intéressent et pour repérer
des illustrations à vos travaux (citations, exemples…). Lorsque vous notez une information à partir d’un
document, n’oubliez pas de noter aussi les indices qui permettent de les identifiez : l’auteur du
document, le titre du document, la ville et la maison d’édition, la page des informations notées et
éventuellement le nombre total de pages de ce document. Il n’est pas utile de tout recopier mot à mot.
Reportez les éléments intéressants sur des feuilles qui devront être classées en fonction de la question
traitée. Sélectionnez les informations selon leur cohérence et leur utilité pour le sujet. Repérez des
exemples, des illustrations marquantes et n’oubliez pas de relever les références bibliographiques.
Enoncez aussi les points-clés des informations recueillies et organisez-les en séquences. Chaque partie
de l’exposé doit faire apparaître une idée maîtresse. Cette étape est importante, car la première
qualité d’un exposé est d’être clairement structurée.

Vous pouvez aussi vous demander comment vous pouvez arriver à intéresser ceux qui vous
écouteront. Sachez alors utiliser des anecdotes, des photos, des documents…

b. Construire le plan d’un exposé

Lorsque les documents sont exploités et que les informations sont rassemblées et rendues
disponibles, organisez-les en séquences : en parties et en sous-parties. Dégagez les grandes idées
qui constitueront les titres ou l’essentiel des parties et des sous-parties, puis classez sous chaque grande
idée ainsi dégagée celles qui s’y rapportent. Soyez cependant sûrs que votre plan permet de traiter tous
les aspects de la question et de la problématique du sujet. Choisissez toujours le plan le plus logique,
le plus cohérent, le plus équilibré et le moins artificiel ; comme cela, chacun pourra suivre
l’enchaînement de vos développements.

Selon la nature du sujet traité, de l’objectif poursuivi et de la problématique élaborée, votre plan
pourrait être, par exemple :
 Un plan chronologique, organisé autour des dates ou des périodes ;
 Un plan par aspects ou par critères, qui présente un problème sous ses différents angles
(juridiques, économiques, historiques…
 Un plan par points de vue, qui donne l’avis des différentes personnes intéressées par une
question (la grève vue par le personnel, par la direction, par l’Etat…) ;
 Un plan descriptif, qui divise un tout en parties ;
 Un plan de discussion, qui rassemble des arguments pour et contre
 Un plan comparatif
 Un plan dialectique, organisé autour de la trilogie : thèse, antithèse et synthèse ;
 Un plan de l’expérience scientifique ; qui suit la démarche d’investigation propre à chaque
discipline (situation ou problématique, hypothèses, vérification, interprétation) ;
 Un plan de résolution d’un problème, qui décompose la formulation du problème, son analyse, la
recherche de solution et la décision.

c. Rédiger l’exposé.

Si votre enseignant voudrait avoir une copie de votre exposé pour correction,

rédigez lui le travail entièrement et avec soin. Vous devez alors observer les principes de
rédaction d’un travail scientifique. Votre travail doit être saisi ou dactylographié (caractère 12, interligne
1.5).

Prévoyez la page de couverture pour votre travail. Vous y noterez le nom de l’établissement, le
nom de la discipline, le sujet de l’exposé, les noms des exposants, le nom de l’enseignant, l’année
scolaire. Tous ces éléments doivent bien être arrangés et disposés.

Ensuite vient la page réservée à la table des matières ou au plan de votre travail. Il recense les
différentes parties et sous-parties de votre travail avec les pages correspondantes. Si vous avez
utilisé, dans votre travail, des abréviations, des tableaux, des graphiques ou des photos, faites en des
listes.
Les autres pages seront réservées à l’introduction, au développement, à la conclusion et aux
références bibliographiques. Cela, c’est pour l’enseignant.

Pour votre exposé, proprement dit,

mise à part l’introduction, ne rédigez pas ce que vous développerez.

Notez simplement sur votre papier le plan bien en évidence (parties et sous parties du
travail), et à l’intérieur de ce cadre toutes les idées-clés, les mots-clés, les illustrations (citations,
exemples…). Vous pouvez aussi noter le matériel nécessaire aux explications (tableaux de chiffres, un
texte soumis à l’analyse), les éléments difficiles à mémoriser (chiffres, dates, citations, noms). Ne
gardez en fait que sous vos yeux que l’architecture et un résumé constant. Ne construisez pas de
phrases, cela vous éviterait d’être tenté de tout lire mot à mot. Si vous vous sentez vraiment anxieux, vous
pouvez rédiger quelques points délicats, mais laissez ce travail à côté de vous, car il ne doit servir que de
roue de secours en cas de blocage.
Vous pouvez vous entraîner en petit groupe pour présenter la question à partir de vos notes
d’exposé, mais sans l’apprendre par cœur. Chronométrez-vous ; utilisez de la couleur, des traits, des
signes, des annotations, pour mieux distinguer les différentes parties et étapes.
Enfin, prévoyez un temps suffisant pour répondre aux questions ou pour lancer un débat.

3. Présenter un exposé
1 Disposez bien vos notes, les ouvrages dont vous avez besoin ainsi qu’une montre pour
surveiller l’heure.

2 Si vous le pouvez, distribuez un polycopié où sont mentionnés le plan et toutes les indications
complémentaires utiles (cartes, définitions, bibliographies…). Avant de présenter votre exposé,
indiquez son plan au tableau ; il doit être clair et lisible par tous. Attendez que chacun soit prêt avant de
commencer.

3 Sachez mettre au point l’entrée en matière, c’est-à-dire l’accrochage. Celle-ci permet de fixer
l’attention et d’orienter la pensée de ceux qui écoutent. Elle permet de faire naître l’intérêt et de mettre en
appétit. Le charme et la séduction résident dans ce subtil dosage entre le visible et le caché. Plusieurs
procédés peuvent être utilisés, à cet effet :
 Faire référence à l’expérience des auditeurs : « Certains d’entre vous se souviendront sans doute
de… » :
 Se référer à l’instant vécu collectivement : « Ce matin en arrivant, avez-vous remarqué… » ;
 Poser une question provocante, mais toujours en relation avec le sujet de l’exposé ;
 Commencer par une anecdote ;
 Simuler une situation ;
 Montrer un objet insolite ou un dessin humoriste ;
 Proposer un paradoxe.

Votre accrochage doit avoir un lien direct avec le thème de votre exposé. Cela vous permet de
présenter ainsi le sujet, d’indiquer son intérêt et d’annoncer ses différentes parties. Vous pouvez lire
quelques phrases déjà rédigées pour vous lancer.

4 Regardez ensuite l’assistance, sans fixer toutefois quelqu’un de particulier. Vous pouvez plutôt
balayer le fond de la salle des yeux ; et d’un côté à l’autre, oubliez le professeur.

5 Votre plan doit vous guider. Vous avez bien noté vos idées et votre pensée se déroule normalement.
Veillez à la communication du message avec intérêt et enthousiasme. Le geste, le corps et la
parole doivent envoyer des signaux porteurs d’enthousiasme, d’intérêt et d’authenticité. Le verbal, (y
compris le silence) et le non verbal sont importants pour impliquer l’auditoire.

Le langage
Ayez recours à un langage clair, précis, vivant et mobilisateur. Adoptez simplement un
rythme de parole plus lent que la normale ; articulez bien et parlez assez fort afin d’être bien compris et
que vos interlocuteurs aient le temps de prendre des notes. Choisissez un style plus proche du style parlé
que celui du parlé, sans toutefois céder à la vulgarité. Votre vocabulaire doit être courant et sans être
trivial (grossier, ordurier). Evitez les silences trop appuyés ; soyez très clairs dans la forme et dans le
fond. Restez constamment dynamique, vivant, convaincant et chaleureux. Faites de courtes
phrases comportant une seule idée.
Si vous faites des digressions (développement étranger au sujet principal de l’exposé) ou des
parenthèses, introduisez-les en disant, par exemple : « En passant, je voudrais signaler que… », sans
oublier de les refermer, en disant : « Revenons, maintenant… ».
Employez un vocabulaire riche, imagé, évocateur en partant des situations concrètes, voire
d’anecdotes. Sachez manier avec humour, car l’humour des uns n’est pas celui des autres. Vous pouvez
ainsi interpeller l’auditoire en les prenant à témoin : « Vous savez tous que… », en les impliquant : «
Nous avons eu l’occasion de… », ou en parlant en leur nom : « Vous pensez peut-être que… ». La
redondance et la répétition ne sont pas interdites à l’oral : elles permettent de signaler les remarques
importantes.
Faites la chasse aux différentes interjections comme « euh » ou aux indices verbaux : «
voyons », « voici », « allons », « disons », « tenez ! », « d’accord »…
La gestuelle
Les gestes de la main peuvent appuyer la parole, soit pour structurer votre exposé (accentuer
une affirmation ou une règle), soit pour solliciter la participation des auditeurs (les mains ouvertes). Ils
peuvent donc accompagner non verbalement un message sous forme de métaphore gestuelle (une
spirale, une opposition, une répétition…). Vos gestes doivent être spontanés, souples et sobres. De ce
point de vue, vous devez éviter des gestes d’auto-contact (se gratter les oreilles ou la tête, se toucher
le nez…) ; ils sont ressentis comme des signes de nervosité et de fragilité ; vous devez aussi éviter les
gestes de substitutions comme se tirer ses manches : ils sont perçus comme de signes de troubles.
Votre visage est le miroir de votre âme. Il peut traduire des émotions et des sentiments qui
pourront être décodés et interprétés par les auditeurs. Votre visage doit transmettre votre désir de
communiquer avec les autres et doit être mobile. Il n’est pas interdit de sourire. Vous pouvez sourire de
temps en temps ; soyez vous-mêmes, naturels et décontractez-vous.
Vos regards doivent établir le contact avec l’auditoire. Evitez les regards « tournés vers
l’intérieur » : l’orateur regarde, mais ne voit pas les auditeurs et ceux-ci ne se sentent pas concernés.
Ayez un regard pour établir le contact et pour capter les réactions des auditeurs ; cela implique un certain
détachement par rapport à son discours. Votre regard doit balayer insensiblement tout l’espace de
l’auditoire pour montrer que l’on s’adresse à l’ensemble des auditeurs.
Vos mobilités et votre mouvement peuvent être un outil de variation de stimulations visuelles
qui peut attirer l’attention et stimuler l’auditoire. Même au début de l’exposé, les mouvements peuvent
être efficaces pour attirer et capter l’attention.
Ayez recours aux silences, de temps en temps. Ce sont des moments de repos pour tous.
L’auditoire se détend et l’orateur fait reposer sa voix. C’est aussi un outil pour (re)capter l’attention des
auditeurs.
Votre voix est liée intimement à votre respiration. Celle-ci doit être ample, profonde et
régulière pour assurer une voix forte. Articulez correctement ; adaptez l’intensité de la voix au volume
de l’espace et à la disposition des auditeurs. La voix se porte où le regard s’arrête ou se pose. Au début
de l’exposé donc, regardez alternativement le premier et le dernier plan de l’auditoire et votre
volume de voix s’accordera automatiquement. Suivez bien le public et adaptez-vous à son rythme.
Variez vos intonations ; utilisez des pauses ou des anecdotes pour briser la monotonie. Vous pouvez
monter ainsi à la suite d’une interrogation ; vous pouvez hausser le ton ou le baisser pour suggérer une
simplicité. Trouvez un bon débit, ni trop lent, ni trop rapide ; prenez aussi le temps de respirer
profondément, cela permet de vous décontracter.

Plan de l’exposé
Rappelez régulièrement où vous en êtes dans le plan. Indiquez chaque changement de partie
à l’aide des transitions. « Après avoir vu… nous allons maintenant… ». Faites recours aux adverbes
pour hiérarchiser les idées (surtout, notamment, en particulier, essentiellement…), aux organisateurs
temporels ( à présent…) et aux différents temps du verbe.
Résumez ce que vous venez d’évoquer avant d’aborder ce qui va suivre. Récapitulez les
arguments principaux, aussi bien pour résumer une partie que pour conclure : « Voyons maintenant
les points traités jusqu’ici » ; «en résumé… » ; « Que faut-il donc retenir de toute ceci ? » ; « Il apparaît
maintenant que… » ; « Nous sommes maintenant en mesure de dire… ». L’auditoire a besoin de noter, de
mémoriser ce qui va être dit : n’hésitez pas alors à faire des résumés, des synthèses partielles et des
pauses pour distinguer les changements d’idées. N’hésitez pas donc à vous répéter en variant les termes.
Une idée importante doit être reprise au moins une fois : une première fois en indiquant que vous
allez l’évoquer, une deuxième fois en la développant et une troisième fois en la résumant.
Utilisez le tableau pour y noter des noms propres, les termes techniques, les chiffres-clés, les
noms des personnages.

6 Votre conclusion sera brève et dynamique : elle ramasse l’ensemble des développements en
quelques phrases et votre dernière phrase pourra être une question susceptible de lancer un débat.

Si vous avez le tract ? Le tract est lié à la prise de parole en public et à la peur du jugement des
autres. J.P. Sartre disait justement : « l’enfer, c’est les autres ». Si vous avez donc le tract, déchargez-
vous des tensions accumulées par des déplacements ainsi que par le fait de se diriger vers les personnes
qui entrent dans la salle pour les accueillir ; apprenez par cœur les premières phrases de l’exposé ;
respirez profondément avant le début de l’exposé ; vous pouvez aussi boire un verre d’eau avant de
prendre la parole.

Evitez de vous ennuyer et dites-vous que les gens attendent trois choses : apprendre,
s’émouvoir, et se distraire.

N’OUBLIEZ PAS CE QUI SUIT

« Ne craignez pas l’exposé ; vous en serez le principal bénéficiaire. D’une part, le sujet que vous aurez
choisi et traité restera définitivement gravé dans votre mémoire ; d’autre part, vous découvrirez peut-être
vos talents d’expression et de communication : parler en public deviendra alors votre véritable plaisir ».

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