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Table des matières

1.1.2 Les conditions climatiques et végétales.................................................................................................6


1.4. Cadre Juridique et Institutionnel..............................................................................................................9
1.4.1. Cadre institutionnel...............................................................................................................................9
Le secteur privé.............................................................................................................................................10
Chapitre II. Approches Méthodologiques...............................................................................................................14
a.2. Les objectifs...........................................................................................................................................14
a. 3 Les résultats attendus..............................................................................................................................14
Il s’agit de préparer les différents documents essentiels nécessaires à l’organisation de l’atelier (la mise
sous PowerPoint des présentations, la documentation à l’attention des participants,…)..............................15
Atelier............................................................................................................................................................15
2.3. Contraintes rencontrées et limite de l’étude ..........................................................................................15
Les feux d’origines agropastorales sont soit accidentelles soit volontaires..................................................19
Ce type gestion de relève selon les études antérieures des feux d’origines ethnoanthropologiques.............20
Le groupe Musey..........................................................................................................................................20
Le groupe Tupuri/Kéras................................................................................................................................22
Le groupe Masa, Mului et Karko..................................................................................................................22
3.4.2.3. Pare feu (Coupe feu)....................................................................................................................................24
3.4.2.4. Feu précoce.................................................................................................................................................24
3.4.2.5. Sensibilisation.............................................................................................................................................24
3.4.2.6. Surveillance.................................................................................................................................................24
Dans le plan de gestion du Parc National de Zakouma (2008), il est affirmé que l’absence des formations
forestières denses limite la présence des primates et seules quatre espèces, le babouin doguéra, le patas et
le singe vert et grivet se rencontrent dans le parc..........................................................................................29
Les feux de « saison sèche » constituent un élément structurant du fonctionnement des écosystèmes
soudano-sahéliens. Ils influencent la structure de la végétation, sa composition et sa dynamique et régulent
les cycles géochimiques de certains éléments minéraux en activant la décomposition de la matière
organique. Leur apparition, leur fréquence et leur intensité sont essentiellement régulées par les facteurs
climatiques et par la quantité de biomasse végétale pouvant être brulées. Dans les aires protégées, les feux
constituent un outil de gestion des milieux naturels. Au PNZ comme dans la plupart des aires protégées
d’Afrique Subsaharienne, une politique des feux précoces a été mise en place. Ces feux, allumés en début
de saison sèche (octobre-novembre) permettant de brûler des herbacées (Graminées) sèches tout en ayant
tout ayant un impact faible (voir nul) sur les ligneux en raison de leur teneur hydrique encore relativement
élevée. Il est donc prioritaire de maintenir dans PNZ une politique de feux précoces et d’en renforcer en la
corrélant avec les données (dates, lieux et surfaces brûlées) (DPNRFC, 2008)...........................................29
Avant propos
Dans les termes de référence, plusieurs termes ont été employé tels que « feux de forêts »,
« feux de brousse » ou encore « ressources naturelles ». S’il faut adopter :

• Le terme « feux de forêts », seule la zone méridionale sera concernée par l’étude aux
termes de l’article 13 alinéa 1 de la Loi N°14/PR/2008 du 10 juin 2008 sur la
terminologie du mot « forêt ». Cet article définit le mot « forêts » comme des
« espèces occupés par des formations végétales d’arbres et d’arbustes, à l’exclusion
de celles résultant d’activités agricoles ». Le Petit Larousse (2003) le définit à son
tour comme « formations végétales composées principalement d’arbres mais, aussi
d’arbustes et arbrisseaux », Larousse Agricole (1981) quant à lui, parle de « grande
étendue de terrain couverte d’arbres».

• Par contre pour le mot « brousse », le Tchad n’a pas une définition propre, car aucune
des lois relatives à l’environnement n’y fait mention. Le Petit Larousse (2003), le
définit comme « brousse égale à broussailles, une végétation caractéristique des
régions tropicales composées d’arbrisseaux, d’arbustes ». Cette définition concernera
la zone sahélienne du Tchad. Le terme « ressources naturelles » qui est assez large ne
saurait être utilisé en raison de sa complexité parce qu’elle inclut le sous-sol.

Pour une conformité et pour couvrir tout le territoire ou la grande partie puisque le sera
baptisé « Rapport National », nous utiliserons le terme « feux de végétation» ou « incendie
de végétation ». Ce terme est défini comme suit « Tout incendie de végétation
indépendamment de la source d’d’allumage, du dégât ou du bénéficie » ou bien « tout
incendie ou feu dont l’origine peut être connue ou inconnue quelque soit l’importance des
dégâts causés sur la végétation ».

En plus de ces termes, il faudrait comprendre par :


• Feux non contrôlé est un « feu de végétation non planifié et non contrôlé qui, quelle
soit sa source d’allumage, peut nécessiter une action d’extinction ou toute autre
action conforme à la politique des organisations de lutte contre les feux » ;
• Feu planifié est défini comme un « feu de végétation, quelle soit sa source
d’allumage, qui brûle conformément à des objectifs de gestion et qui ne nécessite pas
de mesures d’extinction ou qui nécessite mesures d’extinction limitées »

Malgré les écosystèmes endémiques très précieux, le Tchad subit des conséquences très
considérables du fait. Chaque année et surtout en pleine saison sèche, toutes ses formations
végétales sont touchées par les feux de végétation attribués aux facteurs anthropiques. Ces
végétations sont menacées par des feux sauvages et incontrôlés et subissent la dégradation
successive des sols.

Les dégâts occasionnés par les feux de végétation arrivent un stade critique et sont la cause
d’une inquiétude confirmée certaines ONGs qui ont diligenté des études à ce sujet. La
documentation réelle sur les études des feux de végétation au niveau national reste très très
insuffiantes. Seules deux Régions celles du Mayo-Kebbi Est et du Chari ont fait l’objet des
études sur les feux de végétation proprement dites. Et, même dans ces deux régions, une petite
infime des localités sont prises en compte
4
Les feux de végétation détruissent la richesse du pays faute de maîtrise sufissante et des
moyens octroyés aux services en charge de l’environnement tout au niveau régional,
départemental, cantonal et villageois. Un fort pourcentage de végétation est brulé ainsi que le
stock des céréales entassés pour être battus, bannés avant de les déplacer ou mettre dans les
sacs. Il en n’est pas moins vrai qu’il manque de detéction et de lutte contre les feux de
végétation. Donc, parler d’une gestion des feux au niveau national, n’est que théorique. Il est
urgent d’établir et de diffuser au Tchad, un système efficace de lutte contre les feux sauvages
en s’inspirant des expériences d’autres pays (Sénegal, Mali, Madagascar, Niger, Indonésie,
USA, Canada, etc.) afin de les maîtriser dès detection. De cette lutte anticipée dans dans ces
pays permettra au Tchad de bénéficier du savoir-faire pertinent en rassemblant ces
nombreuses techniques et connaissances dèjà développées.

Outre cette fonction d’habitats de la biodiversité, les formations végétales jouent aussi un rôle
primordial dans la protection et la régulation de l’écosystème terrestre, elles procurent
également des valeurs économiques, sociales et culturelles au Tchad. Les ressources
forestières naturelles restent la source de subsistance d’une grande majorité de la population,
la population active occupée dans l’agriculture de rentabilité faible, le souvent de subsistance
représentant 80% de la population totale.

La destruction des écosystèmes forestiers est due aux pressions exercées par les activités
humaines comme la surexploitation des espèces forestières, les feux de végétation, le
développement des infrastructures. Mais la principale source de déforestation reste la pratique
des cultures sur brûlis, qui consiste à défricher espaces forestiers naturels en mettant le feu en
vue de l’extension des surfaces agricoles.

Les feux de brousse constituent une des causes de dégradation de l’environnement. A défaut
des données et des études sérieuses réalisées à partir de l’acquisition des données feux et
nuages, couvrant le territoire national par la voie des satellites, il est cependant difficile de
quantifier les superficies ravagées. Les feux sont essentiellement dus au renouvellement de
pâturage, à des opérations de nettoiement incontrôlées, au mécontentement individuel et/ou
populaire, à de pur vandalisme ou à des raisons liées au vol de bétail et provocation au flambé
de prix..

Ce présent rapport est le résultat du travail basé pour l’essentiel sur la documentation
existante au sujet de «feux de végétation ». Ce qui fait que tous les contours des feux ne
seront pas traités. Mais, il représente à partir des données et informations collectées une
compilation en la matière.

Cette publication a été dressée dans le cadre de la Coopération Technique entre le Ministère
de l’Environnement et des Ressources Halieutiques du Tchad et la FAO dans le domaine
forestier.
Introduction
1.1 Les feux de végétation sont des facteurs de façonnement des paysages de savanes
africaines. De nos jours, les scientifiques admettent que les feux jouent un rôle important
dans la structuration des paysages. Ils maintiennent en état, ou modifient la morphologie et la
composition spécifique du couvert végétal. A long terme, ils ont des effets sur les sols. Ils
déstructurent ceux-ci avec pour conséquences, l'érosion et les pertes de fertilités. Les
structures hydriques des sols sont perturbées entraînant ainsi un ruissellement accru, la faible
infiltration, le colmatage des bas fonds et la forte évaporation (VALEA, 2005).

1.2. Au Tchad comme partout en Afrique des savanes, la pratique des feux est inféodée au
mode de vie des populations. Les feux sont en effet utilisés dans le cadre des aménagements
de l'espace (gestion des pâturages, chasse, feux de nettoyage, etc.) et des pratiques agricoles.

1.3 L’importance accordée aux feux de brousse en Afrique se justifie également par le fait que
les feux sont employés par les gestionnaires des milieux à des fins environnementaux. Feux
de végétation qu’ils soient précoces, tardifs, d’origines agropastorales, accidentelles, ou
criminelles induisent toujours des impacts sur le milieu naturel, sur l’homme, sur la sécurité
alimentaire.

1.4 Au Tchad, le problème majeur des feux de végétation, est lié au peu de souci accordé à ce
phénomène. Ce problème ne se pose pas en termes d’interdiction ou d’autorisation des feux
de végétation mais, l’on note qu’ aucune étude n’est faite sur les dégâts occasionnés par les
feux sur les formations végétales, les biens et la faune alors que le pays compte neuf forêts
classées, des réserves et trois parcs nationaux qui sont annuellement parcourus par les feux.
Malheureusement, aucun inventaire sur ce plan n’est fait.

1.5 La présente étude fait une compilation des connaissances documentaires existantes et
prospecte quelques lignes d’actions à envisager pour ne serait ce que commencer à
s’intéresser au phénomène.
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Chapitre I Généralités sur le Tcahd

1.1 Situation géographique, milieux biophysiques, hydrologique et humains

1.1.1 Situation géographique et relief

Le Tchad avec ses 1.284.000 Km2 et une population de 9,3 millions d’habitants est situé au
centre septentrional du continent entre les 7ème et 24ème parallèle de latitude nord et les 13ème et
24ème méridien de longitude Est. Nouveau producteur du pétrole depuis 2003, le Tchad est
caractérisé par son enclavement intérieur et extérieur, sa diversité linguistique, culturelle et
ethnique. Selon l’Indice de Développement Humain (IDH) du PNUD, le Tchad est classé au
rang 173e sur 177 pays et près des deux tiers des habitants vivent en dessous du seuil de
pauvreté.

Le relief du Tchad est très accidenté : des plaines alternent avec les montagnes plus ou moins
hautes. Dans l’ensemble, il se présente sous forme de dépression bordée des zones
montagneuses.

1.1.2 Les conditions climatiques et végétales


Le climat du Tchad est de type tropical se caractérise par l’alternance de deux saisons. La
saison des pluies et la saison sèche.

1.1.2.1 Les conditions climatiques

Le climat de la zone est de type sahélien. Les conditions climatiques ainsi que leurs actions
sur l'état et la nature de la végétation, constituent des facteurs déterminant pour les feux de
végétation. Les éléments qui déterminent le climat et qui entrent en compte dans la
propagation des feux sont (i) le vent par sa direction et sa force ; (ii) les précipitations pour
leurs effets indirects sur l'état et la nature de la végétation ; (iii) l'humidité relative qui agit sur
l'humectation du combustible et ; (iv) l'influence des températures sur les feux.

• Les vents
L’harmattan et la mousson sont les vents qui soufflent dans la zone.
L’harmattan est un vent de saison sèche. Il est chaud la journée et frais la nuit. Il a un effet
desséchant sur la biomasse végétale et accentue l’effet des températures élevées. Cela favorise
les feux qui sont intenses et violents du fait de l'assèchement et du réchauffement des
végétaux. Il agit également sur la direction des feux et participent à la progression plus ou
moins rapide des feux,
La mousson quant à elle est un vent humide qui s’installe progressivement à partir de mai et
s'épuise vers les mois de septembre et d'octobre. Son arrivée marque le début de la saison
pluvieuse et de facto un accroissement de biomasse favorable à un éventuel feux de brousse.

La zone de rencontre entre ces deux masses d’air d’origines différentes, appelée Front
Intertropical (FIT) ou Equateur Météorologique, détermine les saisons.

En effet, la plus ou moins forte remontée du FIT vers le Nord a une importance capitale sur
le régime climatologique car de ce mouvement, dépendent le début et la fin de la saison des
pluies.
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• Les précipitations

Les précipitations sont variables aussi bien dans le temps que dans l'espace au Tchad. Pendant
la saison pluvieuse, la végétation est à son optimum. Mais la teneur en eau ne permet pas une
mise à feu du potentiel végétatif. La saison sèche par contre, présente une végétation plus ou
moins sèche permettant au feu de passer.

• L'humidité de l'air
Elle traduit la saturation en eau de l'atmosphère. Elle est variable avec l'alternance des saisons.
En saison pluvieuse, l'humidité relative croît (supérieure à 50%) du fait de l'influence de la
mousson. De novembre à Mai, elle est faible (inférieure à 40%) du fait de l'air sec des alizés.
L'action de l'humidité de l'air sur les feux consiste à humecter le combustible et à rendre
difficile le départ et la propagation du feu. L'humidité relative peut favoriser également la
propagation des feux surtout en saison sèche lorsqu'elle est faible.

• Les températures
Les températures présentent également une variation saisonnière même si l’on constate que
toute l’année, l'ensemble du pays jouit de températures élevées. Les plus fortes chaleurs se
situent pendant la saison sèche, entre mars et mai, où la température maximale absolue diurne
peut s’élever au dessus de 40°C. Les températures chutent par contre pendant les mois de
novembre à février.

Ces variations des températures influent également sur l'état du combustible. Elles peuvent
participer au refroidissement ou au réchauffement du combustible. Indirectement, elles
influencent certains paramètres climatiques comme l'humidité de l'air. En général, plus la
température est forte, plus le feu est violent.

1.1.2.2 Les conditions végétales et fauniques

Sur la base de la pluviométrie et du couvert végétal, on distingue 3 grandes zones


bioclimatiques qui sont :
• Zone saharienne au Nord enregistre une pluviométrie variant de 200 à100 mm de pluie
par an .la végétation est du type steppique n’y présente que dans les Ouaddis et dans
les dépressions. La végétation est présente dans les ouadis, les plaines et les zones
d’affleurement de la nappe phréatique tandis que les sols sont pour la plupart des sols
peu évolués. La faune est dominée par la famille des antilopes telles que :
gazelle dammah ;
gazelle dorcas ;
gazelle leptocère ;
addax et oryx ;

• Zone sahélienne au centre enregistre une pluviométrie variant de 200 à 800 mm de


pluie par an avec les sols ferrugineux tropicaux sableux, pauvres en matière organique
tandis que la végétation y est caractérisée par :
o la savane arbustive occupant la partie Sud et où dominent suivant le type de
sols, les Acacias et les Balanites, avec un tapis herbacé composé
d’Andropogonées ;
o la steppe (ou pseudo-steppe), située dans la partie nord et caractérisée par des
formations ligneuses très ouvertes, le tapis graminéen dominé par les
Aristidées c’est la zone de la végétation caractérisée par la savane arbustive,
8
marquée par les formations ligneuses très ouvertes. Les réserves de Faune dont
Biosphère de Lac Fitri et de faune de Barh Salamat (Salamat), de Siniaka
Minia (Guéra), de Ouadi Rimé/Ouadi Achim (Kanem, Batha et BET), Fada
Archei (BET), et d’Aboutelfane (Guéra).

• Zone soudanienne au sud enregistre une pluviométrie variant de 800 à 1200 mm de


pluie par an .la végétation y est constituée de deux formations : La foret claire et la
foret arborée. Cette zone abrite neuf (09) forêts classées et trois Parcs Nationaux. Ces
forêts se trouvent à Helli Bongo Djoli, Haut Brogolo (Moyen Chari), Béti, Ndorokaga
et Siagon Yamodo (Logone Oriental), Déli, Lac Woueye (Logone Occidental), Yamba
Berté (Mayo Kebbi). Les parcs Nationaux sont Parc e Zakouma (Salamat), Parc de
Manda (Moyen Chari) et Sena Oura (Mayo Kebbi Ouest). La Réserve de Mandélia
(Chari Baguirmi) se trouve à cheval entre la zone soudanienne et sahélienne. Par
contre la Réserve de Faune de Binder-Léré dans le Mayo Kebbi Ouest

L’espace tchadien est à 50% en zone sahélienne et 10% en zone soudanienne. La zone
soudanienne concentre 50% de la population.

1.2 Hydrologie.

L’essentiel du réseau fluvial national est constitué de deux fleuves : le Chari, long de 1200 km
prend sa source en territoire centrafricain et le Logone, 1000 km naît au Cameroun. Les deux
fleuves forment un confluent proche de N’Djaména et cheminent ensemble sur près de 125
km pour se déverser dans le Lac Tchad. En plus de ce principal Lac, il existe les lacs Fitri Iro,
Léré, Tikem, deux lacs Ounianga, tous doux et de moindre importance. D’autre part, le lac
Tchad reçoit certains cours d’eau dont les plus importants sont Batha, Barh El-Gazal, Barh
Aouk, Barh Keita, Mandoul, Pendé. Malgé la présence de ces fleuves et cours d’eau, ces
sources ne parviennent pas freiner l’évaporation du Lac Tchad. Des ressources en eau
renouvelables évaluées à 45 km³/an. Le volume prélevé chaque année est de l’ordre de 1,27
km³, dont 2/3 prélevés dans les eaux de surface, et 1/3 dans les eaux souterraines (en grande
partie dans un aquifère non renouvelable) ;

1.3 Agriculture et ressources animales


Les ressources potentielles du secteur rural peuvent être résumées de la façon suivante :
• 39 millions d’hectare cultivables (soit 30% du territoire), dont 19 millions d’hectares
de terres arables, y compris 13,3 millions d’hectares défrichés propres à l’agriculture.
• 5,6 millions d’hectares irrigables, dont 335.000 ha facilement irrigables ;
• 84 millions d’hectares de pâturages naturels ;
• 23,3 millions d’hectares de formations forestières naturelles ;
• 22,4 millions d’hectares d’aires protégées.
• 7 millions d’hectares de superficies productrices de ressources halieutiques en année
de pluviométrie normale, et plus de 150 espèces de poisson ;
• Environ 10 millions de bovins, 8 millions de petits ruminants, 1,2 million de camelins,
• 400.000 asins, 360.000 équins, 70.000 porcins et plus de 24 millions de volailles.

Il convient de remarquer qu’à cette diversité de milieux et des conditions, est associé une
diversité faunique et floristique remarquable. Les espèces de faune les mieux connues sont
chez les mammifères, les oiseaux, et les poissons : 131 espèces de mammifères (UICN), 532
espèces d’oiseaux dont 354 résidents, 117 migrants paléarctiques et 260 migrants afro
9
tropicaux (Bororo & demey, 2001)1 ; la faune de reptiles et de batraciens n’est que
partiellement documentée.

L’environnement tchadien se caractérise par un milieu naturel fragile, soumis à des aléas
climatiques et conjoncturels et à une pression anthropique non maîtrisée (épuisement des sols,
utilisation non rationnelle des ressources, destruction de la grande faune, transhumance non
régulée dans un contexte de conflits ethniques). Dans ce contexte, l’agriculture de faible
rentabilité et le plus souvent de subsistance utilise des techniques rudimentaires dont les feux
de brousse qui constituent un facteur majeur d’accélération de la diversification. Chaque
année ces ressources naturelles font l’objet des conflits intercommunautaires

1.4. Cadre Juridique et Institutionnel

1.4.1. Cadre institutionnel

L'élaboration et la mise en œuvre de la politique de gestion de l'environnement au Tchad font


intervenir plusieurs institutions. Celles-ci se situent à différents niveaux: le gouvernement (y
compris les services techniques déconcentrés), les collectivités locales, les organisations
paysannes, les ONG et associations, le secteur privé, les organismes de coopération bilatérales
et multilatérales.

• Les services techniques centraux


 -Direction de la Protection des Forêts et de la Lutte Contre la Désertification
(DFLCD)
 Direction de Conservation de la Faune et des Aires Protégées (DCFAP)
 Direction Générale des Pêches et de l’Aquaculture (DPA)
 Direction de l’Education environnementales et du Développement Durable
(DEED)
 Direction des Evaluation Environnementale et lutte contre les Pollutions (DEEP).
 Direction des Affaires administratives, Financières et du Materiel ( DAAFM)

• Les collectivités locales


Aux termes de la Constitution, les Collectivités territoriales décentralisées (Communautés
rurales, Communes, Départements et Régions) sont chargées d'assurer dans les limites de leur
ressort et avec le concours de l'Etat, la protection de l'environnement.
Plusieurs Collectivités territoriales ont pu se doter de plans de développement local intégrant
les problématiques environnementales urbaines.

Les contraintes/faiblesses des collectivités territoriales


- Manque des textes d’application des Collectivités Territoriales.
- Expérience des collectivités territoriales très jeune;
- Risque d’une exploitation outrancière des ressources naturelles dans la formation des
recettes des collectivités territoriales, étant donné le désengagement progressif de l’État
de certains secteurs de ses charges traditionnelles et leur transfert à ces collectivités.

• Les organisations rurales de base


A la base les paysans s'organisent. Les populations rurales (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs,
chasseurs, artisans) ont compris aujourd'hui que même la terre est un bien périssable et qu'il
faille adopter un autre comportement que de se résigner à la fatalité. D'où des initiatives
volontaristes dans la gestion de l'environnement. Les populations, prenant conscience de
l'effet de la dégradation de l'environnement se prêtent à développer depuis un certain nombre
1
Document PANA NADJI
10
d'années, sous l'impulsion des ONG, des actions de protection de l'environnement dans le
cadre du Conseil National de Concertation des Producteurs Ruraux du Tchad (CNCPRT).

• Les ONGs et Associations


Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) sont nationales ou internationales. Elles
mènent des actions d'appui au développement dans de multiples domaines: environnement,
agriculture, élevage, artisanat, santé, éducation. Certaines ONG se sont regroupées en réseaux
ou collectifs. C'est le cas du Comité d'Information et de Liaison des ONG (CILONG) qui
regroupe particulièrement les ONG internationales tandis que les ONG nationales sont
regroupées à la Fédération des ONG Tchadiennes (FONGT), celles impliquées dans la gestion
de l'environnement sont le Secours Catholique pour le Développement (SECADEV), le
Bureau d'Etude et de Liaison des Actions Caritatives et de Développement (BELACD), ,
l'INADES-Formation et celles internationales comme la GTZ allemande, L’ONG ACRA, la
World Vision en font autant. Le gouvernement a mis en place la Direction des ONG (DONG)
pour assurer le suivi des activités de toutes les ONG opérant au Tchad. Malgré toutes les
difficultés qu'elles rencontrent, les ONG Tchadiennes sont aujourd'hui des acteurs reconnus
dans la reconstruction socio-économique. Elles sont des entités incontournables si les
objectifs de désengagement de l'Etat, de promotion de la Société Civile et de
responsabilisation des populations sont traduits dans les faits.

Le secteur privé
L'exploitation, la transformation et la commercialisation des ressources naturelles sont de plus
en plus effectuées par le secteur privé. C'est ainsi que la collecte et l'exploitation de la gomme
arabique (Acacia senegal) fait l'objet d'une vive concurrence entre les entrepreneurs
Tchadiens associés à des hommes d'affaires étrangers. Le secteur privé Tchadien est dominé
par l’informel. Cependant quelques institutions représentatives du secteur formel sont
opérationnelles.

Les exploitants de bois, de produits forestiers et de produits de pêche s'organisent de plus en


plus en coopératives pour optimiser leurs affaires et professionnaliser leurs activités. Depuis
quelques années, se développent par ailleurs des activités de consultance à travers des bureaux
d'études avec pour ambition de promouvoir et de valoriser l'expertise nationale.

• Les organismes de coopération


Ce sont les partenaires techniques et financiers non seulement du gouvernement mais aussi
des collectivités locales, des populations et leurs organisations, la société civile et le secteur
privé. Ces organismes sont des institutions régionales et sous régionales, des institutions de
coopération bilatérale et multilatérale.

En sommes, il existe une volonté manifeste de recherche de la participation et du consensus


dans l’approche gouvernementale de la gestion de l’environnement. En témoignent l’institution
de plusieurs autres cadres de concertations en vue d’orienter, de suivre et d’évaluer la mise en
œuvre des stratégies et les textes juridiques en matière d’environnement, notamment le Haut
Comité National pour l'Environnement (HCNE), le Comité National Technique de suivi et de
contrôle (CTNSC).

1.4.2 Cadre Juridique de gestion de l’Environnement


Le cadre légal et réglementaire comprend une série de codes, lois, décrets et arrêtés qui
régissent la gestion de l'environnement et des ressources naturelles. Il existe aussi dans la
Constitution des articles relatifs à l’environnement. Des conventions régionales et
11
internationales que le Tchad a ratifiées, complètent la gamme des textes existants. Il est à
noter qu’il n’y a pas un code spécifique à la gestion des feux de végétation. La Constitution,
les codes et les lois édictés en fonction des chapitres réservent quelques articles dans le cadre
de la protection de l’environnement dont les feux.

• La Constitution du 31st Mars 1996


Les articles 47 et 48 prennent en compte l'environnement. Selon l'article 47 "Toute personne
a droit à un environnement sain". Selon l'article 48 "l'Etat et les Collectivités territoriales
décentralisées doivent veiller à la protection de l'environnement". Le Tchad peut ainsi se
targuer d'avoir donné à l'environnement une valeur constitutionnelle. Cela est renforcé par la
loi 14/PR/98 du 17/08/98 définissant les principes généraux de la protection de
l'environnement.

• Les textes sur le régime domanial et foncier


L'Etat Tchadien s'est proclamé "propriétaire du territoire national" en édictant un certain
nombre de textes ayant trait au droit de la terre. Ce sont:
- Loi n° 23 du 22 juillet 1967 portant statut des biens domaniaux
- Loi n° 24 du 22 juillet 1967 sur les limitations des droits fonciers
- Décret n°186/PR67 du 01 Août 1967 portant application dans la loi sur le régime de la
propriété foncière et des droits coutumiers
- Décret n° 187/PR/67 du 01 Août 1967 portant application de la loi sur la limitation des
droits fonciers
- Décret n°188/PR/67 du 01 Août 1967 portant application de la loi relative aux statuts
des biens domaniaux
- Arrêté n° 17/MFBM du 22 janvier 1977 limitant les conditions d'application des
procédures d'attribution des terrains.

• Les textes sur le régime de la faune


L'ordonnance n° 14/63 du 28 Mars 1963 réglementant la chasse et la protection de la nature,
modifiée par l'ordonnance PR/EFTC du 21/01/66 reste le texte de référence en la matière.

• Les textes sur le régime des forêts


Il existe une ambivalence dans les dispositions réglementaires de la forêt. Une panoplie des
textes pris concerne les taxes, la commercialisation et le transport de bois. L’application de
certains de ces textes est utilisée comme une rente viagère pour les autorités administratives,
agents des eaux et forêts, militaires et même certains chefs traditionnels.

La Loi 36/PR/94 du 3 décembre 1994 portant organisation de la commercialisation et du


transport de bois dans les grandes agglomérations et la fiscalité qui lui est applicable avec son
décret d'application n°107/MTE/DG/97 du 14 Mars 1997, devra assurer en amont la
préservation de l'environnement et l'exploitation rationnelle des ressources ligneuses sur le
plan économique, financier et social, dans le cadre de la stratégie pour l'énergie domestique
urbaine. Malheureusement, cette ladite Loi souffre d’application sans mesures
d’accompagnement. Un code forestier a été adopté en 1989 par le gouvernement mais n'a pas
été promulgué. Un projet de loi portant régime des forêts, de la faune et de la pêche, élaboré
avec l’appui de la FAO en décembre 1999 est soumis au gouvernement. Celle-ci est
promulguée sous le N°014/PR/2008 portant régime des forêts, de la faune et des ressources
halieutiques du 10 juin 2008.

• Les textes sur le régime de la pêche


12
La loi n°23 du 22 juillet 1967 portant statut des biens domaniaux définit le domaine public
naturel de l'Etat comme essentiellement constitué de cours d'eau permanents ou non, les lacs,
étangs et sources, ces domaines étant par ailleurs inaliénable, incessible et imprescriptible.

• La Loi Cadre sur l’Environnement.


La loi n°14/PR/98 du 17 /08/1998 définit les principes généraux de la protection de
l'environnement au TCHAD et souligne dans son article premier la gestion durable de
l'environnement et d'une protection contre toutes les formes de dégradation.
Cette loi couvre plusieurs aspects de la gestion durable et de la protection de l'environnement:
l'éducation environnementale et la protection des établissements humains, la protection du
patrimoine culturel et historique et le milieu biophysique, les pollutions et les nuisances
(déchets et effluents etc.), l'évaluation environnementale et les plans d'urgence et en fin les
instruments de gestion de l'environnement (normes, standards, mesures financières incitatives
et fonds spécial pour l'environnement) .
Cette loi qui est à la base de tous les autres textes réglementaires subséquents devant préciser
un cadre et les modalités d’exécution est encore en partie, privée de ses décrets d’application.

• Les textes internationaux sur l’environnement


Certaines conventions environnementales, auxquelles adhère le Tchad, relèvent de l'OUA
tandis que d'autres relèvent de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Ce sont :
- La Convention Africaine pour la Conservation de la Nature et des Ressources
Naturelles du 16/09 1968 (Alger)
- La Convention Ramsar du 2/2/1971 relative aux zones humides d’importance
internationale
- La Convention portant création du CILSS du 19/09/1973 (Ouagadougou)
- L'accord sur le règlement commun de la faune et de la flore du 03/12/1977 (Nigeria)
- La Convention sur le Commerce international des espèces de faune et de flore sauvage
menacées d'extinction du 03/03/1979 (CITES, Washington)
- La Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune
sauvage du 23/06/1979 (Bonn)
- La convention de Bamako sur l'interdiction de porter à l'Afrique des déchets
dangereux et sur le contrôle des mouvements transfrontaliers et la gestion des déchets
dangereux produits en Afrique du 30/01/1991
- La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques du 9 Mai
1992 (New York)
- La Convention des nations unies sur la diversité biologique du 5 juin 1992
- La Convention des nations unies sur la lutte contre la Désertification du 17 juin 1994
- Le Protocole de Cartagena sur la biosécurité
- Le Protocole de Montréal sur la Couche d’Ozone
- La Convention sur les Polluants Organiques Persistants

Même s’il n’existe pas à l’heure actuelle un code nationale consacré à la gestion des feux de
végétation, de ces textes énumérés quelques articles y sont consacrés dans le cadre de gestion
des feux. La Constitution du 31 Mars 1996 dans ses articles 47 modifiée et suivants y fait par
l’utilisation du terme « Environnement ». De tous les autres textes mentionnés : sur le régime
domanial et foncier, sur le régime de la faune, sur le régime des forêts et Les textes sur le
régime de la pêche, la Loi Cadre sur l’Environnement (des articles 23 à 30 ainsi que les
articles 37 à 40) dont les premiers traitent de la protection de la faune te flore et les dernier de
la protection de l’air et de l’atmosphère. Aussi les textes internationaux sur l’environnement
n’en demeurent pas moins. La Loi 14/PR/2008 du 10 juin 2008 portant régime des forêts, de
13
la faune et des ressources Halieutiques consacre huit (8) articles à la gestion des feux. De
l’article 56 à l’article 60, il est traité la question de la prohibition, les conditions de mise à
feux de la végétation, de la collaboration de la population riveraine et des techniciens appelés
à gérer les feux. Aussi, la Loi 904/PR/2009 du 6 août 2009, si bien ne traitant pas
spécialement de la gestion des feux de végétation mais en donnant les définitions de certains
mots tels que : environnement, pollution, nuisance, nuisance olfactive et dommage écologique
n’a pas non plus passé sous silence ce sujet.

Ces derniers allant de la Convention Africaine pour la Conservation de la Nature et des


Ressources Naturelles du 16/09 1968 (Alger) à la Convention sur les Polluants Organiques
Persistants n’ont pas non plus perdu de vue la gestion des feux de végétation.

1.4.3 Efficacité /inefficacité de l’application du cadre juridique et institutionnel

Le Tchad comme beaucoup des pays d’Afrique a élaboré des lois et autres textes pour une
bonne gestion des ressources naturelles. Force est de constater que ces textes bien étoffés
restent de la littérature grise. Les principales observations à faire aux plans législatifs et
réglementaires sont de cinq ordres :
1. L’insuffisance des ressources financières et humaines pour le suivi effectif de
l’application des textes.
2. le déphasage et la grande lenteur dans le processus d’élaboration et d’adoption des
textes d’application de ces lois.
3. la méconnaissance de ces lois et leurs textes d’applications ainsi que d’autres ne sont
accessibles et connus que par une minorité des acteurs, notamment au niveau
déconcentré et décentralisé. Ce qui traduit leur non application effective sur le terrain ;
si des dispositions ont été théoriquement prévus pour assurer le suivi évaluation de
l’application de ces textes, dans la pratique elles ne sont pas encore suffisamment mises
en œuvre. Même parfois une grande méconnaissance des techniciens qui sont sensés
être les premiers à appliquer.
4. Certains ayant comme rôle conseillers vulgarisateurs de ces textes, pratiquent la
répression et créent une méfiance entre eux et les communautés rurales. Ceux-ci en
l’absence de l’agent de répression y mettent les feux de végétation ;
5. Parmi ces lois aucunes d’entre elles ne traitent uniquement de la gestion des feux de
végétation.
14

Chapitre II. Approches Méthodologiques


2.1 Rappels de Termes de référence
Le consultant a pour mandat de:
1. Faire le point sur les connaissances/informations disponibles en matière de
feux de forêt au Tchad
2. Collecter les informations additionnelles sur les aspects techniques, juridiques
et institutionnels de lutte contre les feux de brousse au Tchad
3. Analyser les caractéristiques spatiales et saisonnières (ou temporelles) des
incendies ;
4. Analyser les causes des incendies et les motivations des incendiaires ;
5. Evaluer l’impact sur le milieu naturel et l’incidence sur la sécurité alimentaire,
les moyens d’existence des populations, l’environnement, y compris le
changement climatique
6. Identifier les facteurs de risques (anthropiques, naturels)
7. Identifier les modes locaux (traditionnels) de gestion de feux de brousse
8. Décrire les actions mises en œuvre pour lutter contre les feux de forêts
(prévention, prévision, lutte, réhabilitation)
9. Evaluer les conséquences et l’efficacité de celles-ci ;
10. Préparer un rapport technique soumettre au Représentant de la FAO avant le
20 octobre 2009 ;
11. Préparer et présenter, à l’aide d’un support Power Point, les conclusions et
recommandations de l’étude pendant l’atelier
12. Assurer le Secrétariat et rédiger le rapport de l’atelier
a.2. Les objectifs
Les objectifs de «l’étude sur les feux de forêts au Tchad» visent à :
1. Analyser les caractéristiques spatiales et saisonnières (ou temporelles) des incendies
ainsi que leurs causes et motivations des acteurs (incendiaires) ;
2. Evaluer l’impact sur le milieu naturel et l’incidence sur la sécurité alimentaire, les
moyens d’existence des populations, l’environnement, y compris le changement
climatique
3. Identifier les facteurs de risques (anthropiques, naturels) et les modes locaux
(traditionnels) de gestion de feux de brousse
4. Décrire les actions mises en œuvre pour lutter contre les feux de forêts (prévention,
prévision, lutte, réhabilitation) et évaluer les conséquences et l’efficacité de celles-ci ;
5. Préparer un rapport technique soumettre au Représentant de la FAO servant de
document pour l’atelier
a. 3 Les résultats attendus
1. Les causes profondes de l’usage des feux de brousse au Tchad sont connues et
analysées ;
2. Les règles de gestion, les facteurs de risques, de feux de forêts au Tchad sont
identifiées ;
3. Des pistes d’amélioration des pratiques partagées (outils et méthodes) sont proposées
dans le cadre des actions du projet.
15

Conformément aux tâches du consultant identifiées dans les termes de références, le travail
s’est déroulé comme suit :

2.2 Recherche documentaire

La recherche documentaire a été faite au niveau des trois principaux centres de


documentation de N’Djaména, à savoir le Centre National d’Appui à la Recherche (CNAR) et
le Centre de Formation pour le Développement (CEFOD) et l’ONG ACRA (document de
projet, rapport d’étude), le Ministère de l’Environnement,la FAO et l’internet,. L’objectif était
de compiler et d’analyser toute la documentation disponible au niveau de ces centres, traitant
des questions relatives aux feux de brousse. La compilation était destinée à établir une base
des références bibliographiques tandis que l’analyse documentaire visait la recherche des
informations relatives aux connaissances / informations disponibles en matière de feux de
forêt au Tchad, aux règles traditionnelles et modernes de contrôle des feux, aux aspects
techniques, juridiques et institutionnels qui les régissent autrefois (avantages et
inconvénients), contraintes et esquisses des solutions aux problèmes de feux de brousse au
Tchad.

• Entretien avec les responsables des projets, personnes ressources et ONG

Les entretiens avec les responsables des projets, personnes ressources et ONG ont tourné sur
les points suivants : les informations sur les aspects techniques, juridiques et institutionnels,
les causes des incendies, les facteurs de risques, les modes locaux de gestion de feux de
brousse, les actions mises en œuvre pour lutter contre les feux de brousse (prévention,
prévision, lutte, réhabilitation). Il n’a pas toujours été possible de rencontrer directement les
responsables du projet. Dans ce cas le consultant s’est appuyé sur les responsables de services
ou de cellule suivi – évaluation des institutions ou départements ministériels concernés.

• Préparation de l’atelier
Il s’agit de préparer les différents documents essentiels nécessaires à l’organisation de
l’atelier (la mise sous PowerPoint des présentations, la documentation à l’attention des
participants,…)
Atelier
Il s’agit enfin ici de recueillir les informations pertinentes issues de cet atelier pour la
finalisation du rapport.

Ainsi, le consultant, sur la base des éléments d’information collectées auprès des centres de
documentation, à celles des institutions telles que la FAO, la Direction des Forêts et de la
Lutte contre la Désertification après analyse prospective sur ‘état des lieux sur le sujet, une
stratégie de gestion des feux de végétation au Tchad ainsi que des recommandations sont
faites.

2.3. Contraintes rencontrées et limite de l’étude


Plusieurs contraintes sont à l’origine des feux de végétation et voire au déroulement de
l’étude dont les majeures peuvent être citées :
• Le cadre juridique et institutionnel par le fait que depuis la mise en place du Haut Conseil
National de l’Environnement, cette institution est sombre par son absence. Par contre, les
Lois même promulguées, elles manquent des décrets d’application.
16
• Insuffisance à la limite de l’existence de la documentation sur les feux de végétation au
Tchad
• L’absence de descente sur le terrain pour avoir les avis des acteurs les plus concernés.
Chapitre III. Présentation des Résultats

3.1 Etat des lieux sur les références documentaires


A l’heure actuelle sur la base de la documentation existante sur l’étude des feux de végétation
au Tchad, il y a très peu des documents traitant d’une manière originale. Seuls deux auteurs
BOUSSALA (2009) et KOULARAMBAYE ( et al., 2009) qui ont mené les études sur les
« feux de brousse » pour le compte de l’ONG nationale INADES-Formation Tchad. La
première étude sur la « Vallée du Logone dans les portions Cameroun et Tchad » et la
deuxième dans les « Sous-Préfectures de Koundoul Mandelia, Masaguet et Tourba ». Pour les
autres auteurs, le thème sur les « feux de végétation » est traité mais dilué dans les documents.
C’est d’une manière général au Tchad et en Afrique en forme de paragraphe. Ces auteurs
sont : DJEKOTA (2009), MDR2 (1992), CLAVREUL (et al., 1991), DALIGOTO (1990),
MONNIER (1990), CATINOT (1979), GILLET (sans date), LEGAST (1980), LOUPEPE
(1995), GAULIER (1998), N’GARTEBEYE (1994), GILLET (1969), SIRABE (1994),
KOECHLIN (1957), WALENDOM (1996), MPC3 (1989), FALL (1986), APPE4 (1992),
MEE (1998), YAMANH (1999 et 2000), DAOUSSEM (2000), MADALA (1996),
NOUBADY (et al., 1997), LAOUKEIN (2000) et MAPA (1996).

3.2 Etat de lieux des politiques environnementales sur les feux de végétation
3.1.1 Contraintes majeurs favorisant l’utilisation des feux de végétation
Ces contraintes constituent les motivations profondes des incendiaires. Les principales
identifiées:
• Faible perception et/ou prise de conscience des phénomènes de dégradations des
ressources forestières et fauniques par les populations (manque d’information, de
motivation, de concertation) ;
• La capacité limitée de mise en valeur durable des terres et des eaux ;
• La faible productivité des ressources existantes ;
• Abandon progressif de la jachère et raccourcissement de sa durée ;
• La faible capacité d’adaptation des paysans à d’autres systèmes de production ;
• La faible capacité biologique et la grande vulnérabilité de l’environnement.

3.1.2 Les causes essentielles d’ordre politique, juridique et institutionnel sur les feux de
végétation
• Le non prise en compte de la dimension des feux de végétation dans les lois, décrets et
ordonnances relatives à la gestion de l’environnement ;
• l'absence de sensibilisation suffisante sur les méfaits des feux de végétation;
• la plupart des textes de lois édictés avant l'indépendance sont tombés en désuétude et
par conséquent inadapté à la situation actuelle. Ces lois ne traduisent plus les réalités
d'aujourd'hui ;
• beaucoup des textes de lois et règlements sont pris en dehors de toutes considérations
législatives et socioculturelles, ce qui ne permet pas l'adhésion libre et spontanée des
2
Ministère de Développement Rural
3
Ministère du Plan et du Commerce
4
Association pour la protection de l’Environnement. 1992. Compte rendu de la mission de la délégation de
APPE dans la Préfecture du Mayo Kebbi. 6 P.
18
populations et de tous ceux qui sont concernés par manque de concertation et de
compréhension. Il en découle des abus par ignorance et défis;
• l'insuffisance des moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la mise en
application des textes de lois, cas notamment de poursuite d'infractions.
• absence de coordination intersectorielle avec comme conséquence que les institutions
agissent de façon isolée et cloisonnée. Certes, des collaborations existent mais elles
sont informelles et dépendent de la bonne volonté des acteurs, donc pas structurées et
partant fragiles ;
• manque de sensibilisation des Ministères et d'autres intervenants sur l'impératif de la
protection de la biodiversité.
3.3 Typologie des feux de brousse et les principaux acteurs

3.3.1 Classification selon le période d’apparition


Les feux de saison sèche
Ce sont toujours des plus violents qui détruisent tout le stock de paille sur pied des graminées
annuelles et vivaces. Les racines en souffrent et il y a peu de repousse car le sol est trop sec.

Les feux précoces


Ce terme est défini comme « Des feux provoqués volontairement au début de la saison sèche
pour le renouvellement des pâturages ou pour limiter les dégâts pouvant être causés par
d’éventuels feux tardifs ». Ce sont les feux de fin de saison de pluie (octobre-novembre). Ils
sont moins violents que les précédents parce qu’ils sont allumés pendant la période où les sol
garde encore son humidité et les graminées sont gorgées d’eau. La température au niveau du
sol est peu élevée et les racines des plantes en souffrent moins. Il y a une bonne repousse,
surtout en zone soudanienne.

Les feux tardifs et différés


Les feux tardifs planifiés sont allumés au début de la saison des pluies après une pluie de 30
mm d’eau et les feux différés après 50 mm d’eau. Ils sont moins violents car l’humidité du sol
est déjà suffisante et les tiges et feuilles des graminées sèches viennent d’absorber de l’eau et
sont un peu humide. Ce sont généralement, les feux de nettoyage de vieux chaumes, de refus
et d’autres espèces inappétées. Le développement des repousses sera accru avec l’arrivée des
pluies.

Il est à noter que les feux tardifs peuvent être incontrôlés. Lorsque c’est incontrôlé, ils
surprennent en pleine saison sèche ou à la fin de celle-ci mais, bien avant les premières
pluies. Ils causent d’importants dégâts sur la végétation.

3.3.2 Les causes de feux de végétation selon les acteurs


Chaque année les formations végétales du Tchad comme celles autres pays d’Afrique sont les
proies des flammes. Ces feux de végétation ont différentes origines répondent à des besoins
spécifiques des populations. Les origines de feux de végétation se traduisent par les raisons
évoquées par les populations qui différent d’une région à une autre. Concernant la
responsabilité relative à l’origine d’un feu de végétation, l’attitude est généralement celle du
rejet qui laisse présager une mauvaise conscience inavouée. Chaque catégrie se déclarant
innocente rivale ou opposée comme étant responsable. Les réactions des populations rurales
devant les feux de végétation sont dictées par les comportements et la perception qu’elles ont
des feux des feux de végétation (Djekota, 2009)5. Les principales causes habituelles et
fréquentes des incendies de végétation dues à l’homme sont distinctes les unes des autres.

5
DJEKOTA Christophe NGARMARI. 2009. Etat des lieux en matière d déforestation au Sud du Tchad : cas de
16 villages pilotes sur l’axe Moundou-Doba-Koumra-Sarh. 39 p.
19

3.3.2.1 Origines agropastorales et/ou accidentelle


Les feux d’origines agropastorales sont soit accidentelles soit volontaires
• Ce sont des incendies volontairement allumés par les éleveurs pour la régénération
des pâturages ou pour la lutte contre les parasites épizootiques. Pour les éleveurs, cette
technique leur permet de se procurer des repousses d'herbes fraîches pour leur bétail.
Ainsi, les éleveurs ne sont plus obligés de se déplacer à la recherche de fourrage. La
pratique des feux de brousse va aussi permettre de détruire dans la nature les parasites
(tiques) qui s'y multiplient et s'attaquent au bétail. Néanmoins, trop souvent cette
activité est pratiquée tardivement et provoque des dégâts irréparables à
l'environnement.

• Les agriculteurs brûlent les tas constitués après abattage pour dégager le terrain,
fertiliser les sols et obtenir une meilleure récolte. Cette méthode est ancrée dans
l’esprit des populations et peut difficilement être interdit dans les conditions actuelles
de l’économie tchadienne. Ils en pratiquent comme outil de défrichement.
Malheureusement, les feux de défrichement ne sont pas toujours bien contrôlés, et
bien souvent pour un petit champ défriché ce sont des milliers d'hectares qui partent en
fumée.

3.3.2.2 Origine accidentelle


• Parfois, les enfants et les ménagères qui transportent des braises de hameaux en
hameaux provoquant des incendies
• Les voyageurs à pied, à vélo, en voiture, qui se débarrassent de leurs mégots de
cigarettes de manière désinvolte. Aussi, les personnes en pique nique, qui après avoir
utilisé les feux pour leur préparation refusent ou oublient d’éteindre les braises
• Les chasseurs eux aussi se servent des feux de végétation pour débusquer les gibiers.
Des espaces immenses sont embrasés pour capturer seulement quelques animaux
sauvages. Il y a aussi la chasse au fusil artisanal appelé « Gourloum » dont la bourre
enflammée embrasse l’herbage alors que le chasseur est préoccupé par la recherche de
sa proie. Après la chasse c'est toujours un spectacle de désolation
• Récolte du miel par la méthode traditionnelle du flambeau de Cympobogon gyganteus
allumé pour éloigner les abeilles
• Les feux sont allumés pour produire du charbon de bois dans la forêt naturelle. Ils
peuvent provenir des meules de charbon de bois mal surveillées. Les charbonniers qui
ne surveillent pas leur meule
• Certains agents forestiers se déguisent en pyromanes pour piéger les villageois afin de
les amender (Djekota, 2009)

3.3.2.3 Origines ethnoanthropolgiques


Certaines ethnies au Tchad ont toute une histoire autour des feux. L’étude sur les feux de
végétation réalisée dans la Vallée du Logone, portion tchadienne (BOUSSALA, 2008). La
Vallée du Logone renferme trois Départements :
La vallée du logone concernée par le projet dans la région du Mayo-Kebbi Est est circonscrite
sur le ressort territorial des circonscriptions admionistratives suivantes :
• Département de la Kabbia (Sous-préfecture de Gounou-Gaya): cantons de Domo, Léo,
Djarao, Gaya et Gounou ;
• Département du Mont d’Illi (Sous préfectures de Hollom-Gamé) : les cantons Hollom
et Gamé;
20
• Département du Mayo-Boneye (Sous-préfectures de Kim, Koyom, Bongor, Moulkou
et Rigaza) : les cantons Kim, Ham, Tougoudé, Bongor, Télémé, Koumi, Toura et
Magao;
• Département du Mayo-Lemié (Sous-préfectures de Guélendeng et Nanguigoto) : les
cantons Mogroum et Mitau.

3.3.2.4 Origine criminelle


• Ce sont des feux mis volontairement en vue de nuire. C’est un moyen qu’utilisent les
populations pour leurs règlements de compte ou par vengeance. Certains paysans y
ont recours pour détruire le pâturage et par la même occasion éliminer les risques de
voir leurs champs broutés ou pour éviter de se faire concurrencer par les éleveurs
nomades dans l’exploitation de certains produits comme les plantations. Ces feux
répétés détruisent progressivement les arbres. La première année, le feu de brousse,
même rampant, fait éclater le cambium des jeunes plants issus de la régénération
naturelle. La deuxième année, comme les feux viennent toujours dans le même sens,
ils attaquent les mêmes plants mais cette fois-ci plus en profondeur. Un début de
carbonisation commence là où les plants avaient à peine guérie de leurs blessures.
Même si certains peuvent
• Les bergers qui au cours leurs déplacement allument des feux qu’ils abandonnent
sans souci
• Feux de végétation pour destruction des biens d’autrui par pure jalousie, pour
concurrence quelconque ou pour réparation d’un affront ou pour faire grimper le
prix de paille à toit ou à secko

3.3.2.5 Classification en fonction de matériel incendié

En fonction de matériel incendié, il est distingué trois types de feux de forêts : les feux de sol,
les feux de surface, et les feux de cime.
• Les feux de sol brûlent la couche superficielle d'humus de la forêt mais pas la
végétation haute.
• Les feux de surface brûlent les broussailles et la litière des forêts.
• Les feux de cime se propagent au sommet des arbres ou des buissons par transmission
de chaleur.

3.4 Le contrôle de l’usage des feux de brousse par les principaux acteurs

3.4.1 Gestion formelle de feux de végétation


Ce type gestion de relève selon les études antérieures des feux d’origines
ethnoanthropologiques
Le groupe Musey
Depuis la nuit des temps, le peuple Musey mène des activités socioéconomiques et culturelles
au sein des territoires intervillageois dénommés « Lamba ». C’est une propriété renfermant
toute sorte de biens communs. La gestion ou l’utilisation de ces ressources est régie par le ou
les chefs de terre. Ces terroirs juxtaposés spatialement subissent les pratiques de mise en feu
pour diverses raisons : (i) signale de fête de l’année Musey « vuntilna » ; (ii) moments pour
organiser la chasse (« mbêra ») par les hommes, mais tout ceci après que les femmes aient
cueillie des tubercules (ignames sauvages, tapioca) et les fruits d’arbrisseaux (genre tenax)
pour la fabrication des boissons et autres aliments sans alcool).
21
Lors du rite « vuntilna 6», les pratiques de mise à feu sont un consensus qui relevait des chefs
de terre qui autorisent l’exploitant de l’espace cynégétique « Mul-Lamba ». Celui-ci fixe le
jour de la mise à feu en commun accord avec le ou les chefs de terre riverains. L’exploitant
invite les chasseurs (à pieds et à dos de chevaux) par messagers envoyés à travers les villages
ciblés autour ou lointains du terroir concerné.

Pour la protection des biens et des personnes, les feux étaient surveillés et maîtrisés. Au cas
où un feu soudain advenait, tous les habitants des villages situés sous la direction du feu sont
invités par leur chef de terre à délimiter pendant la nuit « des bandes coupe feu » pour
empêcher ou atténuer les impacts négatifs sur les ressources naturelles à proximité des
villages (conservation de la paille pour confection des habitats, foins pour les animaux,
jachères, régénération des espèces floristiques etc. .). Les dégâts sur les biens naturels
(végétation et faune) étaient moindres et l’auteur de cette mise à feu anticipée paie au chef de
terre une amende dont la nature est fonction du terroir concerné.

Les biens familiaux et individuels sont sous la protection des familles. En cas de perte de
biens ou mort d’homme occasionnée par un incendie involontaire, la famille victime n’en
réclame aucun dommage et intérêt. Toutefois, l’auteur de ce feu est à l’occasion du culte du
«vuntilna», sanctionné par le chef de terre.

De nos jours, le milieu Musey est totalement bouleversé vis-à-vis de la pratique cultuelle du
feu. L’école, le christianisme et l’Islam ont créé un contraste d’idées par rapport aux us et
coutumes, faisant perdre aux jeunes « Museys » ces valeurs culturelles précieuses.

Dans le canton Gounou (ouest de la Kabbia), le chef de terre organise chaque année au mois
d’octobre la fête annuelle de « vuntilna » appelée « Kôdoma » à Dogui. Un rituel par une
mise à feu est organisé. « C’est un moment ultime de paix sur l’étendue du terroir de
Gounou où les familles se réconcilient et aucun homme n’agresse un autre homme, ni sa
femme et vis versa ». Les incendies culturels de végétation étaient autorisés de façon
consensuelle entre les chefs de terre. Après le culte de « vuntilna » de Gounou, il s’en suit les
autres mises à feu pour la chasse prolifique dans plusieurs autres terroirs relevant de ces
circonscriptions.

Pendant le rituel du « vuntilna », le moment est opportun pour chaque famille d’implorer la
bénédiction au sein des familles: « les femmes jettent aux carrefours de routes la cendre et la
fibre restant de l’extraction de la sauce longue issue du Grevia mollis pour chasser des
démons faiseurs des maladies, les portes des maisons et greniers demeurent ouvertes pour
que l’esprit de la prospérité y entre, la paix, etc. ». Le Musey estime qu’après que la la
campagne agricole ait tiré à sa fin, il faudra remercier Dieu (Lona). Si les récoltes sont
bonnes, pour qu’ils puissent en jouir sans danger ou l’implorer pour qu’il soit clément la
prochaine fois si les récoltes sont mauvaises.

Le groupe Peulh (Fulbé)


Dans les Sous-préfecture de Gounou Gaya et Hollom-Gamé, les éleveurs transhumants
pratiquent la mise à feu précoce, dans le but de la régénération de la végétation herbacée dans
les zones humides (cantons Domo, Léo, Djarao et Gamé). Cependant, sur les sols

6
Le « vuntilna » est un rituel annuel, c'est-à-dire marquant la fin de l’année lunaire. C’est également le moment
de réjouissances aux seins des familles Musey après les récoltes des vivriers et de toutes sortes de cueillettes
(fruits, tubercules, miel, etc.). Ce moment est mémorable dans l’année chez tout le peuple Musey et correspond à
la fin octobre à novembre. Chaque famille peut inviter un proche, partager ses produits récoltés aux personnes en
situation de détresse (personnes âgées, femmes veuves âgées, distribution gratuite des boissons à base des fruits
et du mil pendant la journée de célébration de la fête vuntilna.
22
généralement latéritiques, c’est les agriculteurs qui incendient souvent la brousse pour
refouler les éleveurs avec leurs troupeaux.

Les communautés peulhs constituées de Kêsso et Oùdah (originaires de l’Extrême Nord du


Cameroun, Moulfoudaye). Dans cette localité, les éleveurs n’utilisent pas le feu de brousse
pour régénérer l’herbe, la nature du sol ne s’y prêtant pas. Ils se battent pour éteindre et lutter
contre les feux qui viennent de loin pour conserver la paille, l’essentiel de la nourriture pour
leur bétail

Le groupe Tupuri/Kéras
L’existence du feu de végétation est très ancienne chez les peuples Kéras et Tupuri. Chez les
peuples Tupuri, le Wang Doré est seul habilité à faire usage le premier du feu de culte, en
limitant l’espace à brûler pour le sacrifice. Sinon, aucune coutume Tupuri n’autorise la
pratique du feu de végétation en tant que telle.

Dans la pratique du feu cultuel, avant le sacrifice du Fèw-Houli, le Wa’ng Doré envoie son
adjoint (premier sacrificateur) auprès du Wang Fekné (résidant à Ourlargo/Cameroun) pour
fixer par un consensus la période d’organiser la cérémonie des de Féw-Houli et du Ménéh.

L’intérêt de protéger la végétation est manifeste chez les peuples Kéras et Tupuri pour la
simple raison qu’il y a dans chaque famille au moins une quinzaine de petits ruminants et une
paire de bœufs. « Brûler l’herbe tue les animaux ». Quand il y a feu de végétation, la
population intervient rapidement pour éteindre ou limiter l’extension du feu.

Les Tupuri et éleveurs transhumants fractionnent ainsi la brousse pour conserver le reste de
biomasse végétale au profit du bétail. Ils brûlent l’herbe watchaï non seulement pour
préserver le pâturage herbacé, mais surtout pour éviter et lutter en même temps contre les
maladies : L’épis de watchaï renferme une aiguille (piquant) qui blesse les animaux aux yeux
causant le larmoiement et perte de vue ; tandis que la cendre de watchaï maintenue au sol par
l’humidité encore forte colle aux sabots et guérit la fente des sabots (?)

Le groupe Masa, Mului et Karko


Au temps jadis, les feux servaient juste pour le nettoyage des alentours des habitations et pour
le renouvellement des pâturages. Il n’était produit qu’au moment de «koulèchqué» par le
«boumnagada» et la diaspora (en février) ou du « til dar’ra », le mois de chasse qui débute
après le «tilda-bongorda» correspond à avril-mai (période où les conditions climatiques ne
sont pas favorables et en moindre incendie, les formations végétales sont complètement
brûlées). Tout commençait d’abord par la pêche dans les mares à l’exemple de Tchally et
Kahaya (près de Dana) sous l’autorité du chef coutumier. L’organisation et l’exécution de la
pêche collective donnaient des captures fructueuses (le chef coutumier recevait de chaque
pêcheur les poissons pris le 1er jour de démarrage. Le chef de terre est généralement choisi
parmi les personnes défavorisées, et c’est par l’offrande qu’on lui donne qu’il subvient aux
besoins de sa famille).
Quand toutes les marres sont pêchées, le terroir Tchokoy subissait le feu pour la chasse de
gibiers. Il y avait beaucoup d’animaux sauvages (buffle, bubale, damalisques, gazelles etc.) et
la chasse était toujours fructueuse.
Les feux de végétation dans le terroir dénommés Guéré (près de Yagoua) par la crainte des
esprits maléfiques que cachait la brousse et qu’on cherchait à éloigner à travers les feux de
végétaion. Ce n’est plus aujourd’hui un mythe car cette brousse est actuellement envahie par
les habitations humaines;
23
Chez le peuple Masa, les dégâts causés par le feu, le tonnerre, l’eau, etc. ne font pas l’objet de
transaction et de poursuite judiciaire (justice coutumière). La personne victime reçoit des
contributions volontaires des populations pour compenser les pertes dues. En cas d’amende, le
feu demeure une source de malédiction pour celui qui en réclame des dommages et intérêts.
Les signes caractéristiques de cette malédiction pourraient être les incendies fréquents des
cases causant mort ou blessure d’hommes chez la famille maudite ».

3.4.2 Gestion informelle des feux de végétation


Ce type de gestion des feux de végétation intervient lorsque les feux d’origines pastorales
utilitaire ou accidentelle, agricole utilitaire ou accidentelle, criminelle, accidentelle, feux de
récolte de miel, de chasse, d’inconscience, de vengeance ou de jalousie. Dès la détection et/ou
après avoir appris la nouvelle de l’incendie plusieurs attitudes se présentent. Certains surpris
et stupéfaits, d’autres traumatisés et enfin un troisième groupés courageux. En fonction des
intérêts une mobilisation s’impose avec divers objectifs. Les uns pour chercher à se rendre
dans leurs champs respectifs parce qu’ils ont soit pas encore récolté soit récolté mais entassé
d’où il fallait chercher à tout prix limiter les dégâts. D’autres par contre d’autres, se
précipitent pour aller chasser le gibier cherchant de refuge. A cet effet, les premiers groupes
utilisent plusieurs outils et moyens disponibles à leur portée.

2.4.2.1 Utilisation des branches d’arbres et d’eau


Lorsqu’un feu de brousse éclate, la population alertée ou pas, les habitants des villages se
mobilisent très rapidement. A l’aide divers outils : machette, coupe coupes, branches d’arbre
très feuillées, bassines et bidons d’eau, les hommes et femmes tentent d’éteindre le feu. L’eau
est apportée par les femmes qui participent aussi à cette lutte.

Parfois, il est attaché une grosse branche d’arbre feuillée ou d’épineux à un chameau qui la
traîne à terre, faisant coucher les herbes et permettant ainsi aux hommes d’éteindre plus
facilement le feu.

Dans certains villages, il existe des règles selon lesquelles, tout le monde doit participer à la
lutte contre les feux de végétation. Celui qui n’a pas volontairement participé à lutte est écarté
par les autres voir soupçonnés.

Figure N°1 : Différents types de méthodes pour éteindre les feux

3.4.2.2 Contre feu


Lorsque le feu est trop violent pour qu'on puisse s'en approcher et le maîtriser par attaque de
front la population a recours au contre-feu. Le feu est allumé tout au long du périmètre de la
parcelle ou du champ à protéger en s'appuyant sur une pare-feu, sur une piste bien dégagée
ou toute limite désherbée.
24
3.4.2.3. Pare feu (Coupe feu)
Pour protéger les champs, les habitations humaines et les parcelles des incendies
accidentelles, les populations aménagent des pare feu. A l’aide des machettes, houes et coupe
coupes, ils nettoient la paille sur une bande d’environ 15 à 20 mètres tout autour de la
parcelle à protéger. L’incendie termine sa course au niveau du par feu si celui-ci est bien
nettoyé et suffisamment large pour que les flammèches ne puissent le traverser.

3.4.2.4. Feu précoce


La mise à feu précoce consiste à un brûlage du tapis herbacé dès la fin de la saison des pluies
alors que l’herbe est encore humide. Son objectif est de réduire l’importance du tapis herbacé
et de diminuer l’ampleur des feux tardifs. Elle permet le renouvellement du pâturage.

3.4.2.5. Sensibilisation
Dans certaines localités où il existe des groupements, les membres font des campagnes de
sensibilisation auprès des populations.

3.4.2.6. Surveillance
Dans certains villages, des parcelles sont mises en défens par des groupements villageois.
Selon un emploi du temps soigneusement établi, les membres font à tour de rôle la
surveillance pour protéger les parcelles d’éventuels feux de végétation.

3.5 impacts des feux de végétation sur la nature et l’homme


L’action du feu sur les végétaux ligneux est par un certain côté du feu analogue à celle que
l’homme inflige aux plantes cultivées en les taillant, effectivement ou écimant, elle est en fait
plus grave puisqu’elle mutile les arbres de façon désordonnée au point d’entraider souvent
leur déperissement et leur mort (Aubreville, 1950). Chevalier (cité par Aubreville, 1950) écrit
que les feux de végétation qui désolent l’Afrique séche depuis des siècles, agissent sur la
végétation spontécée comme véritable facteur climatique. Et qu’il est possible que leurs
effets, ils aient modifiés des caractères morphologiques secondaires des espèces et qu’ils
soient responsables de certaines biologiques.

Figure N°1 : Mobilisation pour la lutte et risque d’incendie du tas de mil

3.5.1 Impacts sur le milieu naturel


De nombreux feux de végétation occasionnés dans les formations végétales pour les
défrichements des nouvelles terres de cultures et le rajeunissement du pâturage herbacée ou
par les agriculteurs pour éloigner des éleveurs transhumants, des pratiques ancestrales de
chasse et de coutume accélèrent la dégradation du couvert herbacé, du couvert ligneux, des
sols, de la destruction de la couche de l’ozone. Qu’ils soient précoces, tardifs, organisés ou
intentionnellement allumés, les feux de végétation ont des impacts jamais calculés ou estimés
mais constatés.
25

3.5 .1.1 Impact sur le Sol


Le sol, couche arable de la terre, est le support de l’agriculture et de l’élevage. Sous l’effet des
feux, les formations végétales se transforment en une couche noire et grise de cendre. Les
vents forts réguliers après les feux de végétation répétitifs provoquent la déflation et
l’aggravation de l’assèchement des pluies. Ces sols par leur instabilité par manque de matière
organique et la présence des limons et sable fins, restent dénudés. Après chaque pluie, il se
forme en surface de croûte de battance ou de sédimentation très perméable qui favorise alors
le ruissellement avec d’importantes pertes de terres. Lorsque la végétation disparaît, les sols
sont soumis à l’action directe de l’ensoleillement et de pluies et entrent dans un processus de
dégradation très difficilement réversible. Ces perturbations s’accentuent et les herbacées
vivaces n’ont plus le temps de s’installer et les jachères sont dominées par les espèces
annuelles qui reviennent dès lors très rapidement.

Dans les nouveaux champs, les arbres coupés sont mis en tas autour des souches puis sont
brûlés, le terrain est débarrassé des herbes et des arbres et les souches mortes ne porteront plus
de rejets pour assurer la pérennité de l’arbre qui a vécu. Ainsi le sol est mis à nu. Il est exposé
à l’insolation et à l’érosion, il se dessèche et la matière organique qui lui aurait donné un
humus bienfaiteur part en fumée.
Au niveau des sols, Masse (et al., 1997) 7 estime après expériences que « Le feu, qu’il soit
précoce ou tardif, modifie les états de surface et sensibilise le sol à la dégradation et à
l’érosion. La biomasse herbacée et le couvert végétal constituent de bons indicateurs pour
expliquer les effets des différentes pratiques du feu » et que « La production de biomasse
herbacée est significativement supérieure dans les parcelles sans feu et non pâturées par
rapport à tous les autres traitements (Dembélé 1996) ».

3.5.1.2 Impact sur les formations végétales


La présence d’une forêt dans un pays a beaucoup d’avantages liés à l’environnement
(purification de l’atmosphère terrestre, la protection des sols, l’adoucissement du microclimat)
difficiles certes à évaluer économiquement mais, très importants pour un pays confronté à la
désertification. L’absence de morcellement du territoire par les feux de brousse précoces
contrôlés s’est traduite par de vastes incendies embrassant les étendues qui n’épargnent pas
les galeries, les champs ou les établissements humains censés bénéficier d’une protection
absolue contre les feux. Le passage fréquent des feux de végétation modifient profondément
le paysage. La strate ligneuse est composée d’espèces drageonnantes ou rejetant de souche.
Les espèces à germination se raréfient. Si l’on passe rapidement de la jachère herbeuse à celle
arbustive, elle demeure souvent à ce stade n’évolue plus, ne faisant qu’enregistrer les degrés
d’intervention de l’homme.

D’une manière générale, la végétation qui s’installe dans les espèces dégradés par les feux de
végétation s’accompagne d’une réduction de la richesse floristique et d’une augmentation
corrélative liée à l’aridité édaphique d’essences sahélienne, d’arbustes épineux et d’espèces à
cycle court. La tendance actuelle va vers une « sahélisation » de la zone soudanienne, de la
destruction du couvert végétal, la diminution du produit bois utile pour les divers usages.
Compte tenu des effets conjugués des sécheresses, surpâturage, feux de végétation, baisse de
la pluviométrie, etc., les formations végétales du Tchad connaissent une sévère dégradation
du couvert végétal et des sols conduisant à la mise en place d’un processus de désertification
dans plusieurs endroits (DJEKOTA, 2009). Les actions en cours pour limiter les méfaits des
feux de végétation ont montré leurs limites.
7
D. Masse, F. Dembélé, E. Lefrloc’h et H. Yossi. 1997 : Impact de la gestion des feux de brousse sur la qualité
des sols des jachères de courte durée dans la zone soudanienne du Mali. In. Soil Fertility Managment in West
African Land Use Systems. G. Renard, A. Neef, K. Beckerand M. von Oppen (Editors); Niamey, Niger, 4-8
March 1997
26

• Zone sahélienne
Ressources ligneuses. La vulnérabilité des ressources ligneuses de la zone sahélienne
accentuée actuellement par l’action des feux de végétation entraînera sans doute une
régression progressive du couvert végétal. Aussi, si la tendance ne se corrigeait pas, la
désertification ne manquerait pas de s’installer à long terme. Ces dernières années, l’on
constate un dépérissement accru des ligneux et la fissuration des sols dans la zone.

• Zone soudanienne.
Ressources ligneuses. Les ressources ligneuses dans la zone soudanienne sont relativement
abondantes et variées. Elles subiraient moins les impacts des feux de végétation, compte tenu
de leur potentialité, si les populations riveraines n’y exerçaient pas une forte pression dans
leurs activités de production et dans la satisfaction de leurs besoins en énergie. Aussi, avec la
densité accrue de la population dans cette zone, 2 hbts/km² au Moyen Chari à 70,4 hbts/km²
au Logone Occidental, on peut craindre une exploitation intensive des forêts pour leurs bois et
une extension de plus en plus grande des espaces cultivés aux dépens des terres forestières
pouvant conduire à long terme à des poches de déforestation inexorables.

Les arbres, arbustes et les différentes herbes forestiers rares feront face à des problèmes et
conservation particuliers. Ces végétaux sont plus menacés de d’extinction si les feux
deviennent répétitifs. Ces nombreuses espèces rares ont des caractéristiques qui les mettent à
risque, comme l’exiguité des populations, la spécialisation de l’habitat ou aire de répartition
géographique limitée. Avec les feux de végétation, ces espèces rares pourraient aussi devenir
de plus en plus vulnérables aux espèces envahissantes. Ainsi en absence d’interventions
humaines, de nombreuses espèces d’arbres, d’arbustes et d’herbes pourraient disparaître.

Les feux de brousse accentuent la déforestation et la désertification. Ces feux répétés


détruisent progressivement les arbres. Pour la première année le feu de brousse même
rampant fait éclater le cambium des jeunes plants issus de la régénération naturelle. La
deuxième année comme les feux viennent toujours dans le même sens, ils attaquent les mêmes
plants mais cette fois-ci plus en profondeur. Un début de carbonisation commence là où les
plants avaient à peine guéri leur blessure. Même si certains peuvent survivre leur croissance
s'en trouve ralentie. De toute manière, ils ne seront jamais de beaux arbres. Petit à petit une
grande partie de leurs branches va mourir et ils arriveront rarement à l'âge adulte.

Au niveau des arbres, arbustes et herbes, leurs différents genres et espèces se ne fleurissent
pas ni fructifient pas tous au même moment. Les feux précoces sont dommageables pour les
uns et bénéfiques pour les autres, tout comme les feux tardifs et vis-versa.

3.5.1.3 Diversité biologique

Les plantes, éléments vitaux de la diversité biologique, sont essentielles au bien-être humain.
En dehors des plantes cultivées, plusieurs milliers de plantes dans les formations végétales
peu connues revêtent une grande importance culturelle et un fort potentiel économique pour
l’alimentation, les soins, l’énergie, l’habillement et la construction de logements. En Afrique,
les plantes médicinales jouent un rôle traditionnel essentiel pour la santé des populations dont
environ 80% se soignent grâce à ces plantes. Cent douze espèces de 90 genres et 48 familles
sont utilisées pour soigner les enfants de moins de cinq ans du paludisme, des maladies
diarrhéiques et des infections respiratoires. Les principales familles sont les Combrétacées
(utilisées dans 19,6 % des cas) les Cesalpiniacées (11,7%), les Mimosacées (10,1%), les
Rubiacées (5,5%) et les Anacardiacées (3,8%). Les autres familles importantes sont
27
Arecaceae, Capparaceae, Elatinaceae, Pedaliaceae, Rutaceae et les Zygophyllaceae. Dans
certaines familles, plusieurs espèces sont utilisées. Ainsi 13 espèces de Cesalpiniacées sont
utilisées ainsi que 9 Combretacées, 8 Anacardiancées, 7 Rubiacées, 6 Mimosacées, 5
Euphorbiacées et 5 Papilionacées. Les organes des plantes sont récoltés en ville ou dans les
jachères et les formations naturelles voisines. Pour d’autres espèces, les zones de récolte sont
très éloignées entre 30 à 360 km (BASSIROU et al., 2009)8. Et, si ces feux de végétation
passaient avant la récolte, quel serait le sort de ces enfants ? Peu importe la période du
passage de ces feux. Car, certaines espèces de certaines familles fleurissent du début de la
saison sèche jusqu’à la saison des pluies. Pour les Anacardiacées et Annonacées, la floraison
se passe du début de la saison sèche à la fin de celle-ci. Par contre pour les Césalpiniacées,
Mimosacées et Combretacées, les espèces se comportent différemment tantôt en début de la
saison sèche, tantôt en seconde moitié et une autre catégorie en saison des pluies.

Les feux de végétation ont des impacts négatifs sur le maintien de la diversité biologique. Ils
provoquent la disparition des communautés/espèces suite à des perturbations physiques et
polluantes atmosphériques causant des altérations sur des arbres et arbustes, et le changement
dans la morphologie, l’adaptation, dans la présence ou la composition des différents types de
communautés (prolifération des espèces envahissantes). On assiste à la raréfaction de
certaines plantes utiles et à la prolifération des associations végétales inhabituelles à partir de
leur présence dans certains types de couverts.

Figure N°3 : Perte de la diversité biologique

3.5.1.4 Impacts potentiels des feux de végétation au regard du changement climatique


(Atmosphère)

La corrélation entre les changements climatiques et les feux de végétation semble évidente par
la pollution de l’atmosphère par l’émission de gaz carbonique, un des constituants principaux
des gaz à effets de serre. Ainsi les impacts à ce niveau peuvent être. GIEC 9 (2007) a conclu
que le réchauffement est un processus univoque, dû probablement à l’augmentation observée
dans l’atmosphère de gaz à effets de serre d’origine (…). Les forêts influencent à leur tour le
climat, en tant que sources de gaz à effet de serre lorsqu’elles sont détruites et comme puits de
carbone quand elles se développent ou s’étendent10:

8
Bassirou Belem et Pascaline SANOU NANA. 2009 : Plantes médicinales utilisées pour le soin des enfants
dans la ville de Ouagadougou (BF), Afrique de l’Ouest. In FLAMBOYANT. Août 2009. P-9-12
9
Groupe d’Experts Intergouvernement sur l’évolution du climat
10
Pierre Bernier et Dieter Schoene. 2009 : Adapter les forêts et leur gestion aux changements climatiques : un
aperçu. In Unasylva N°231/232 : Adaptation au changement climatique. P-5-11
28
Les feux de brousse contribuent à la réduction de la qualité de l’air à l’échelle locale et
régionale. La toxicité est aiguë et chronique pour les humains, la faune et la végétation. Ils
contribuent également au réchauffement planétaire (au changement climatique), aux pluies
acides et au smog.

L'effet de serre est la conséquence de la présence dans l'atmosphère de gaz dont le dioxyde de
carbone (CO2). Les forêts constituent des réservoirs stables de carbone, alors que les jeunes
plantations et forêts en reconstruction fixent le dioxyde de carbone de l'air sous forme de
carbone organique. D'autre part, les incendies et la combustion du bois correspondent à des
libérations de carbone dans l'atmosphère tandis que les usages qui prolongent l'existence du
bois en retardent la restitution. Le ralentissement de la déforestation, la lutte contre les
incendies et contre l'usage excessif des feux de brousse constitue des voies majeures pour
limiter, voire renverser les tendances actuelles.

Figure N°4 : Des fumées vers l’atmosphère

3.5.1.5 La faune
Il est extrêmement difficile de déterminer les densités absolues des différentes espèces
animales peuplant les trois parcs nationaux, sept réserves de faune et une réserve de
Biosphère. Pour le Parc de Zakouma, un inventaire complet réalisé en mars 2009 11, montre
que la population de différentes espèces animales est en augmentation, ou du moins est restée
stable, à l’exception de la population d’éléphants. Eléphants 617, Buffles 6270, Girafes
(612), Hippotragues (686), Damalisques (1071), Bubales (1807), Cobe défassa (941),
Autruches (290).
Le braconnage a fait diminuer la population d’éléphants par rapport aux inventaires
précédents (dont celui de fin de la saison sèche de 2008) qui comptait 3500 individus. Il est à
reconnaître que ces troupeaux vont des va-viens entre le Tchad, la Centrafrique et le Soudan.

11
Sur 400 pieds (122 mètres) avec une bande d’observation de 300 mètres de large de chaque côté de l’avion
CESSNA 182, et une vitesse d’environ 180km/h.
29
Dans le plan de gestion du Parc National de Zakouma (2008) 12, il est affirmé que l’absence
des formations forestières denses limite la présence des primates et seules quatre espèces, le
babouin doguéra, le patas et le singe vert et grivet se rencontrent dans le parc.
Les feux de « saison sèche » constituent un élément structurant du fonctionnement des
écosystèmes soudano-sahéliens. Ils influencent la structure de la végétation, sa composition et
sa dynamique et régulent les cycles géochimiques de certains éléments minéraux en activant
la décomposition de la matière organique. Leur apparition, leur fréquence et leur intensité sont
essentiellement régulées par les facteurs climatiques et par la quantité de biomasse végétale
pouvant être brulées. Dans les aires protégées, les feux constituent un outil de gestion des
milieux naturels. Au PNZ comme dans la plupart des aires protégées d’Afrique
Subsaharienne, une politique des feux précoces a été mise en place. Ces feux, allumés en
début de saison sèche (octobre-novembre) permettant de brûler des herbacées (Graminées)
sèches tout en ayant tout ayant un impact faible (voir nul) sur les ligneux en raison de leur
teneur hydrique encore relativement élevée. Il est donc prioritaire de maintenir dans PNZ une
politique de feux précoces et d’en renforcer en la corrélant avec les données (dates, lieux et
surfaces brûlées) (DPNRFC, 2008)
Du fait du braconnage qui s’est amplifié et des pressions anthropiques sous forme
d’occupation anarchique d’espace touchant les habitats des animaux, le potentiel faunique du
Tchad a été suffisamment entamé pour compromettre le développement de l’écotourisme. Le
changement dans la disponibilité ou la qualité de l’habitat fragmenté par les feux de
végétation, l’obstruction des itinéraires, la mortalité directe ou le stress énergétique, ce qui
reste du potentiel existant dans la région, est en effet en voie de reconstitution.

Dans les aires protégées (Parcs nationaux, Réserves de Faune et de Biosphère), la mise en
feux pourrait faire des troubles de comportements aux animaux. Aussi, la fuite des animaux
pour se sauver ou se protéger pourrait créer des incidents et accidents. Par exemple, pattes
postérieures et/ou antérieures cassées, brûlés par les feux.

3.5.1.6 Les pâturages


Les feux de brousse semblent se poursuivre avec une grande intensification, suite à
l’accroissement démographique du cheptel qui met en péril les cultures et la végétation. De
même, les activités humaines considérées comme destructrices de l’environnement, ont
tendance à progresser. C’est le cas du surpâturage dans les zones des abords des cours d’eau.

Allumé de façon précoce et intentionnelle sur les berges et dans les plaines inondables du
Logone et autres cours d’eau de la région, le feu de brousse peut rajeunir les pâturages, dont
les jeunes repousses sont fort appréciées du bétail. Mais il n’en demeure pas moins vrai que
chaque année, la région perd ainsi des millions de tonnes de matières organiques
indispensables au cheptel. Entre temps, il y a manque de pâturage et donc amaigrissement du
bétail.

12
Projet CURESS II. 2009. Dry season Serial Count, Zakouma National Park, 4-8 March 2009
30
Pour les pachydermes dont le régime alimentaire est varié (herbes, petites branches, écorces,
racines, fruits) avec 180 à 270 kg de fourrage par jour.
Les feux de végétation ont pour impacts primordiaux au niveau de pâturage, une réduction
importante des ressources fourragères. Cette réduction provoque à son tour deux séries
d’effets : tout d’abord la naissance d’une compétition pour l’accès aux pâturages et ensuite,
une augmentation de la longueur et la durée de la transhumance vers les terres agricoles du
sud, avec des risques accrus de conflits, et finalement l’émigration plus ou moins définitive de
groupes entiers d’éleveurs vers ces nouvelles terres d’accueil. Quant à la faune, une autre
possibilité qui est celle de la migration des animaux vers les zones limitrophes du Tchad où
les conditions seront les meilleures.
Par ces informations, il est de comprendre que les causes de changements des formations
végétales au Tchad évoluent dans un sens négatif. Et, qu’il convenable de déduire que les
écosystèmes connaissent une nette dégradation de leur état. Ainsi, des mesures adéquates
s’imposent afin de redresser la situation.

Figure N°5 : Ces herbivores ont besoin des fourrages

3.5.1.7 Sur la santé et les biens matériels


La pollution par la fumée due aux feux de végétation est une question importante de santé
publique et implique des risques majeurs pour la santé des populations et pour
l’environnement. Cette pollution peut amener une augmentation de la mortalité et
d’hospitalisations pour des maladies cardiovasculaires et respiratoires. Les fumées et brumes
produites par ces feux (planifiés ou non planifiés) peuvent aussi avoir des effets négatifs sur le
trafic.

Figure N°6 : Personnes attaquées par les feux

3.6 Impacts sur la sécurité alimentaire


31
La source de combustion d’un feu de végétation est le bois mort et les autres détritus qui
alimentent la combustion. Or ces éléments constituent aussi, des niches écologiques, des lieux
de reproduction de la microfaune, des sources de nourriture pour les termites, etc. Le feu de
végétation détruit la structure et la texture des sols et inhibe le développement de la
microfaune qui, dans son activité, transforme la structure, la texture et la composition
chimique des sols. La survie de certains microorganismes, certaines espèces herbacées et
certaines plantes pyrophores (c’est-à-dire sensibles au feu) est ainsi compromise. Or, ces
microorganismes constituent la chaîne alimentaire. Certaines espèces ligneuses sont telles que
Parkia biglobosa (Mimosacées)

3.7 Moyens d’existence des populations face aux impacts (adaptation)


Allumés de façon incontrôlée, ces feux de végétation peuvent atteindre et atteignent l’homme
dans ses biens : récoltes, produits de cueillette (karité, néré, tamarin, …) et dans sa personne.
En cas de feux de végétation, les paysans les plus aisés possèdent les moyens de faire face aux
effets pervers et seront moins vulnérables aux impacts à court terme. Les retombées de ces
impacts de ces impacts sur l’économie et le bien-être humain peuvent s’avérer graves pour les
nombreuses communautés pauvres et les femmes qui sont tributaires de la forêt pour les
aliments, le fourrage, le bois de feu, les espèces médicales et autres services des écosystèmes.

Les feux de végétation sont à l’origine de plusieurs perturbations sur le milieu biophysique
notamment tant pour la faune sauvage, domestique que l’homme:
• la diminution de la superficie totale des espaces forestiers
• l’insuffisance de la régénération naturelle ;
• la dégradation des sols ;
• la forte érosion éolienne;
• l’ensablement des différents cours d’eau comme le Chari, le Logone, le Mayo Kebbi
et
• autres;
• la perturbation et la modification des écosystèmes ;
• la prolifération d’espèces végétales inutilisables par le bétail et la population ;
• l’affectation des cultures lors de la floraison ;
• l’augmentation de la demande en eau ;
• la réduction des rendements ou l’échec des récoltes ;
• l’affectation des zones humides ;
• la perte de la diversité biologique ;
• les dommages aux habitats et autres infrastructures ;
• l’érosion hydrique des terres ;

3.8 Risques anthropiques et naturels des feux

Il existe le risque et la confrontation d'un aléa avec des enjeux. Les facteurs qui interviennent
dans le déclenchement et la propagation des feux de végétation sont multiples.

3.8.1. Sources de chaleur


La plupart des feux sont d'origine humaine, dus à des comportements divers : des
imprudences, une cause accidentelle, et du fait d’une malveillance. En fait, les incendies sont
liés aux transformations socio-économiques élucidées ci-dessus.

3.8.2. Conditions climatiques


Le vent, la température, et l’humidité constituent les facteurs météorologiques capitaux pour
l’incendie.
32

3.8.2.1. Le vent
Il joue un rôle important dans la formation et le développement des feux, car son action est
multiple :
• Il active la combustion par apport d'oxygène.
• Il accélère la progression en développant les flammes et en transportant les particules
incandescentes.
• Il dessèche le sol et les végétaux.
• Il est imprévisible, car sa vitesse et sa direction varient en fonction du relief.
• Il masque les contours du foyer en rabattant la fumée.
• Il accélère la vitesse du feu, et sa vitesse est aussi accélérée par le feu.
• Un feu local se déclare souvent pendant l’incendie à cause du changement fréquent de
la direction du vent.

Le vent fort pourrait produire la saute du feu.

3.8.2.2. La sécheresse
La sécheresse favorise les feux de forêts. Elle est due à:
1 La faiblesse de la pluviométrie.
2 La faible capacité de rétention d'eau du sol et du sous-sol (calcaire, siliceux).
3 La chaleur et au vent.

3.8.2.3. L’humidité
L’humidité des combustibles est capitale à considérer pour la maîtrise de l’incendie. En
général, les feux s’allument et se propagent lentement pendant la nuit, parce que les
combustibles absorbent l’humidité atmosphérique. L’air plus sec produit l’incendie plus vite
pendant la journée. Pour cette raison, l’extinction des feux est plus facile pendant la nuit,
tandis que l’on est enclin à lutter contre les feux pendant la journée.

3.8.2.4. Température
La température atmosphérique influence les combustibles, le vent, et la vitalité des l’équipe
d’extinction.
.
3.9. Végétation
Les différentes strates. Le risque de feu est davantage lié à l'état de peuplement de la forêt
(disposition des différentes strates, état d'entretien de la forêt, densité, teneur en eau...), qu'à
l'essence forestière.
La litière. Très inflammable, à l'origine d'un grand nombre de départs de feux qui se
consument lentement et sont difficiles à détecter.
La strate herbacée : D’une grande inflammabilité, le vent peut propager le feu sur de
grandes superficies.
La strate de ligneux bas : L'inflammabilité moyenne, ils transmettent rapidement le feu aux
strates supérieures.
La strate de ligneux hauts : rarement à l'origine des feux, mais quand elle est atteinte, il
s'agit d'un feu de cime qui se propage très vite sous l'effet du vent.
Les combustibles lourds : comme les grumes, les souches, et les branches sont assez
combustibles même s’ils brûlent tardivement.
Les combustibles légers comme les herbes, le feuillage brûlent vite et largement, ce qui
entraîne ensuite le brûlage des combustibles lourds. Les mauvaises herbes des plantations
claires ou les débris de coupe dans les forêts naturelles qui se dessèchent sont souvent très
inflammables. Ces combustibles légers et desséchés communiquent facilement les feux aux
combustibles lourds, une fois qu’ils
33

3.10 Les essences


Certaines sont dites pyrophiles et d'autres pyrorésistantes. Il faudrait des études pour tenter
de reconstituer les forêts à l'aide d'essences pyrorésistantes. Certaines espèces mêmes
pyrophiles, le passage répété des feux dégrade leur capacité de régénération, mettant
actuellement en danger les populations restantes.

3.11 Le relief
Le relief joue un rôle primordial dans le comportement du feu :
Dans les montées, dans le sens du vent, le feu accélère sa progression.
Dans les descentes, il la ralentit, mais il peut se propager sur l'autre versant d’une colline lors
de sautes provoquées par le vent.

3.12 Les feux de sol


Une fois localisés, les feux de sol sont difficiles à éteindre : si la couche d'humus n'est pas très
profonde, un feu de sol pourra être éteint avec de l'eau ou du sable. Mais la plupart seront
maîtrisés par la fabrication de tranchées sur le périmètre de la zone sinistrée. Le feu s'éteindra,
alors, de lui-même.

3.13 Les feux de surface


Ils sont maîtrisés en dégageant la zone environnante de la végétation basse et de la litière, ou
en creusant des sillons pour délimiter la zone.

3.14 Les feux de cime


Ces feux sont difficiles à éteindre. On se sert alors, le plus souvent possible, des obstacles
naturels (fleuves et clairières) pour former un barrage au feu. De même, on peut le
circonscrire par des zones de contre-feu. Une fois l’incendie isolé, on a recours à plusieurs
méthodes pour tenter de l’éteindre. Il arrive que deux ou trois de ces types de feu se
manifestent en même temps. La chaleur peut se propager entre les combustibles par
l’intermédiaire d’étincelles ou de sautes de braises mais aussi par le vent, l’air calme, et les
combustibles eux-mêmes.
Chapitre IV Stratégies de la gestion des feux de végétation

4.1 Conséquences et efficacité des actions mises en œuvres pour la lutte contre les
feux de végétation

Les modes locaux de gestion des feux de végétation identifiés font comprendre montre qu’il
n’existe pas une coordination dans la gestion des feux de végétation à l’heure actuelle. Dans
le cas de la culture jadis, la gestion des feux était une activité primée mais, la civilisation, le
modernisme et la religion ont participé à la disparition de ces pratiques. Ainsi, les actions
ayant été ne connaissent pas le plus souvent des succès. Les feux qu’ils soient précoces,
tartifs, d’origines agropastorales utiles et/ou accidentelles, criminelles ou encore
ethnoanthropologiques ont toujours des impacts négatifs.

La gestion formelle des feux puisqu’étant d’origines ethnoanthropologiques pourraient durer


plusieurs jours puisqu’organiser les participants pourraient tenir le coup.

Par contre, dans la gestion imformelle étant brusque la possibilité de tenir le coup reste
difficile. Si elle dure plus de deux jours, la fatigue, aidant les participants quittent aussitôt
quand leurs champs ou le lieu de l’entassement de leurs récoltes est hors du danger. Cette
lutte n’est jamais efficace.

Au niveau des paysans et éleveurs, les feux qu’ils soient précoce ou tardifs avec une origine
agropastorale et/ou accidentelle ou criminelle, ces feux sont toujours imprévus et lourds de
conséquences. Sauf, les feux dits d’origines ethnoanthropolgiques où il y a concertation au
préalable.

4.2 Aménagement intégré des feux de végétation


La première cause d’échec à la maîtrise des feux de végétation est une approche sporadique
qui ne représente pas toujours la solution à la cause du sinistre. En général, on se consacre
seulement à l’extinction de l’incendie, mais on néglige les autres facteurs. En fait, l’extinction
de l’incendie doit s’appuyer essentiellement, aussi bien, sur des programmes réels de
prévention des feux que sur la gestion des végétaux combustibles. C’est pourquoi, il faudra
mettre en place un système bien intégré et coordonné pour maîtriser les feux de végétation. Le
système doit intégrer les composantes suivantes :
1
• La prévention de l’incendie anthropique à travers l’enseignement et la sensibilisation ;
• La détection efficace de l’incendie par le biais d’un : (Système de détection qui couvre
le réseau d’observatoires stratégiques par des patrouilles efficaces, la mise en valeur
des images satellites et du S.I.G., un système efficace de moyens de communication,
etc.)
• Des mesures précoces pour la maîtrise immédiate des feux.
• Des contrôles de suivi bien organisés.
• L’introduction d’un système de modification des végétaux combustibles aux points
stratégiques.

Chaque composante ci-dessus jouera un rôle important dans le succès d’ensemble du système
d’aménagement face aux incendies de forêts. L’inattention ou une mauvaise référence à l’un
d’entre eux pourrait mettre le système en échec.
35
Le plan d’aménagement contre les feux de végétation doit être établi pour chaque zone du
pays à préserver ou à protéger en tirant clairement les objectifs et les cibles, les zones
vulnérables à l’incendie selon les données disponibles sur les événements passés concernant
l’incendie ou sur l’analyse du danger d’incendie, les ressources disponibles, et les activités
existantes de maîtrise de l’incendie. Le plan doit être élaboré de façon systématique.

La connaissance de la chronologie des feux de forêts et de plantations pourrait appuyer le


renforcement de la planification et de l’exécution de leur protection. Il serait bénéfique
d’enregistrer les événements des feux avec leurs caractéristiques dans chaque zone forestière
ou délégation et inspections forestières. L’enregistrement des feux serait effectué
simultanément lors de l’opération

4.3 Prévention des feux de végétation


4.3.1 Principe
« Les mesures préventives passent avant les traitements immédiats.» Les feux de végétation
pourraient être prévenus grâce à un bon programme de prévention. Cette prévention consiste à
réduire le risque d’incendies. Cela pourrait être atteint grâce à l’enseignement, à une pratique
sylvicole adéquate, à la modification de la végétation combustible, à l’établissement et à
l’exécution des règlements et des directives.

4.3.2. Sensibilisation et éducation


La plupart des cas des feux de végétation sont anthropiques ou provoqués de façon inattentive
ou intentionnelle par les hommes. L’appui et la collaboration des communautés importent
beaucoup pour que les programmes de protection des feux de végétation réussissent. Pour
cette raison, l’enseignement répété est indispensable afin d’éveiller leur intérêt et conscience
aux formations végétales et aux conséquences de leur destruction. Les mesures préventives
contre l’incendie s’appliquent aux acteurs ci-dessous:
• Les hommes qui ne sont pas encore préoccupés ou conscients des risques d’incendie
de végétation et des mesures pour leur prévention, ou bien ceux qui communiquent ou
colportent de fausses informations. Par exemple, un groupe d’éleveurs qui fait un feu
de transhumance près de souches ou de troncs secs.
• Les hommes qui soient inconscients des impacts de leurs comportements sur les feux
de végétation tels que:
o Les fumeurs qui se débarrassent de leurs mégots de cigarettes ou leurs
allumettes enflammées sans faire attention ;
o Les éleveurs, les récolteurs du miel, les bûcherons qui quittent le lieu sans
éteindre le feu contrairement aux mesures préventives contre les feux de
végétation ;
o Les personnes antisociales, aigries ou égoïstes, ainsi que les vandales,
provocateurs qui ne respectent pas la vie et les biens d’autrui.

Pour ces groupes, ils doivent être sensibilisés par des séances diverses par les plaquettes de
sensibilisation en termes des affiches, publications, des séances audiovisuelles ou par
l’exécution de lois en cas de besoin.

Le plan de sensibilisation doit comprendre:


• La participation de représentants communautaires ou de notables organisés pour des
travaux de prévention contre l’incendie ;
• La publication de médias sur place ;
• La production audiovisuelle ;
• Des circulaires ;
36
• La publication et la distribution d’ouvrages simples: des affiches, des petits livres, des
brochures, des prospectus, des autocollants, des Bandes Dessinées (B.D.), et des
contes. Les journaux sont des médias potentiels pour atteindre la population de masse.
Les articles, les éditoriaux, et les autres matériels sur la prévention contre l’incendie
doivent être publiés à travers les médias et sur les lieux pendant la saison sèche. Les
ouvrages doivent présenter les points positifs de la prévention contre l’incendie
notamment du point de vue de l’économie rurale.

Les communautés rurales doivent s’informer suffisamment et objectivement par voie de


presse (journal, radio ou TV) des graves conséquences de l’incendie et ses impacts sur elles
ainsi que des infractions aux lois encourues et des pénalités ou des amendes lorsque les
suspects d’incendie sont arrêtés. Ces informations sont indispensables pour sensibiliser les
communautés efficacement et encourager leur collaboration dans les actions nécessaires.

Le procédé d’approche doit être imaginatif et inventif dans le cadre de la prévention


notamment par le biais du dialogue avec les communautés, des voyages d’études, de
l’enseignement audiovisuel, des concours de discours et de narrations ou par voie d’affiches
ou de BD avec les écoliers, les élèves ou les adultes. Des cours sur la prévention des incendies
devraient être dispensés auprès des écoliers et des écolières, des organisations
communautaires et des autres groupes ciblés par le personnel forestier. Ce serait un moyen
efficace à partir du moment où ils seraient appuyés par des équipements comme un projecteur
de diapositives et des activités de divertissement. On doit concevoir des sujets et des contenus
pour sensibiliser, à l’aide d’ouvrages conformément aux conditions naturelles locales, les
affaires et les intérêts de la clientèle, et les directions politiques sur la prévention et la maîtrise
des feux de végétation dans chaque région dans la langue la plus parlée dans la région.

Les activités de sensibilisation doivent être très bien organisées. Des discours épisodiques ou
la mise en place d’affiches çà et là ne sera pas suffisants. Les activités doivent s’organiser à
travers des programmes bien conçus qui touchent aux aspects de l’enseignement
communautaire, de la communication avec les communautés, et de l’installation de symboles
ou affiches avec des mascottes nationales (porte-bonheur) contre les feux de végétation. Les
programmes de prévention contre les feux de végétation dureraient pendant trois à quatre
années pour ne pas laisser ces communautés ou ces individus privés de sensibilisation. Ils ont
pour but la création d’opinions communautaires sur la prévention des les feux de végétation.

La participation des communautés et des ONGs est très importante pour la prévention et la
maîtrise des feux de forêts. Un programme de gestion concertée avec les communautés est
obligatoire pour la prévention des feux. Il se réalisera par le biais de démonstrations de
l’ensemble des systèmes efficaces de prévention, de détection, de communication, et de
maîtrise de l’incendie auprès des communautés, et ensuite par voie d’organisation d’équipes
des agents d’extinction des feux de végétation issus des communautés villageoises avec une
structure fixée et l’autorité appropriée.

Il serait important d’organiser un comité conjoint de lutte contre les feux notamment au
niveau régional départemental et régional en invitant les services gouvernementaux, les ONGs
ou d’autres organisations concernées pour élaborer des stratégies de sensibilisation, de
formation, et de direction des communautés rurales, du secteur privé ou d’autres secteurs
intéressés. Il serait également indispensable d’élaborer des procédés et des procédures de
prévention et de maîtrise des feux de végétation.

4.3.3. Alerte des feux


Il est recommandé de reproduire sur une carte le risque des feux pour chaque région et
départemental en notant la nature des combustibles (humidité, structure et composition), du
37
vent et de la topographie. Le péril de l’incendie est déterminé par des facteurs climatiques et
topographiques, c’est-à-dire : la pluie, la température, l’humidité de l’air, la structure et la
composition des combustibles, le vent et la topographie. Ces facteurs influencent le
comportement des feux dans une grande mesure pour connaître les facteurs physiques dans
l’évaluation du danger de feux.

Il y a plusieurs méthodes pour estimer l’inflammabilité des combustibles et le danger


d’incendie. Le système d’évaluation du danger au feu (fire danger rating system / FDRS)
pourrait avertir les habitants et les agents extincteurs contre le risque des feux, les informer
avec efficacité des temps convenables du brûlage contrôlé approprié.

Il est important d’établir un plan de prévention et de maîtrise intégrée des feux de végétation
dans les villages ou dans les zones forestières en s’appuyant sur les données et les
informations disponibles.

4.3.4 Pratique sylvicole


Sur le terrain forestier, planté conjointement avec des arbres forestiers et des récoltes
agricoles d’âges différents, les flammes de l’incendie de surface pourraient s’étendre des
broussailles ou des récoltes du sous-étage aux cimes des grands arbres. Les arbres morts qui
s’inclinent vers d’autres arbres pourraient aussi accélérer la propagation des flammes de
l’incendie de surface à l’incendie de cime. C’est ainsi que l’on devrait considérer entre autres
pratiques sylvicoles appropriées, le nettoyage régulier de la surface de la terre et le
dégagement des arbres et des autres formations végétales déjà mortes, flétries ou attaquées par
des pestes végétales pour rompre la chaîne des matériaux combustibles verticaux. La coupe de
bois doit être planifiée soigneusement en vue d’éviter la formation de coupées ou de trouées
dans les forêts que des espèces inflammables envahiraient.

Le dégagement des matériaux combustibles, facilement brûlés, est très important afin de
réduire les risques d’incendie. L’accumulation de litières doit être dégagée ou être réduit afin
de rompre la chaîne des combustibles. Les débris de coupe ainsi que la sciure de bois doivent
être réduits, tandis que leur utilisation par les communautés pourrait être préconisée. Ces
combustibles pourront être mis en valeur pour produire du compost, des copeaux, etc. Pour
cette raison, il faudrait encourager la fabrique des briquettes.

Les termes de « brûlage prescrit » et de « brûlage contrôlé » ou d’autres termes similaires


correspondent au brûlage maîtrisé dans des conditions favorables afin de diminuer le volume
de combustibles dans les forêts. On dit généralement que le brûlage prescrit consiste au
brûlage des débris sur les lieux pour obtenir un nettoyage du terrain et au brûlage contrôlé
appliqué dans les peuplements forestiers. Ces deux composantes assureraient, à l’avenir, la
protection des forêts contre l’incendie et d’autres formes de destructions. Cette méthode sage
de brûlage s’applique sur des lieux déterminés dans des conditions climatiques favorables
pour accomplir cet objectif en toute sécurité. Cette technique de brûlage n’est pas encore mise
en pratique à grande échelle. Pour cette raison, des études doivent être réalisées sur ces
techniques précises dans divers types de forêts et sur divers types de terrains.

En ce moment, le reboisement et le reverdissement attirent l’attention des gens. La sélection


des essences d’arbres et leur protection doit être programmée précisément en faisant attention
à l’importance de la réduction des risques d’incendie de forêts. Les événements liés à
l’incendie de forêts sont déjà communs sur les emplacements de reboisement à cause de la
négligence aux mesures préventives contre l’incendie. On devrait identifier des aires
vulnérables à l’incendie afin de le prévenir par le biais de la modification des combustibles.
On doit connaître à fond les essences végétales très sujettes à l’incendie et les systèmes de
38
sylviculture efficace pour réduire les risques d’incendie lors de leurs plantations. Il vaudrait
mieux profiter des essences résistantes aux feux.

4.3.5 Élevage
Le pâturage donne souvent lieu à des feux de végétation. C’est pourquoi des mesures ci-après
s’avèrent adéquates afin d’éviter ces feux et la destruction successive de la végétation et du
précieux humus :
• Perfectionnement des systèmes d’élevage par l’amélioration des pâtures nourrissantes.
• Fourniture d’essences appropriées afin d’assurer un développement de pâtures variées.
• Réhabilitation des trouées et steppes en graminées.

4.3.6. Réglementation, exécution des lois et conventions


La législation est très importante pour la prévention des feux illicites. Elle doit être mise en
application notamment contre l’utilisation des feux sauvages et illicites. Les communautés
doivent s’informer et se renseigner sur la législation en vigueur. Il arrive que de petits groupes
d’habitants violent la législation par la mise à feu de terrains pour leurs besoins personnels
malgré une interdiction. Ces genres de comportements illicites fréquents sont susceptibles de
faire échouer les programmes de prévention contre les feux de végétation. Dans ce cas, seule
l’exécution des lois serait efficace contre ces personnes grégaires par l’application des
sanctions réglementaires est nécessaire et devrait servir d’outil éducatif. Son application et sa
publication contre les contrevenants pourraient avoir un impact considérable sur la réduction
des incendies. Il serait exigé l’application conjointe des systèmes d’amendes et de
récompenses. Les communautés qui réussiraient à protéger les domaines forestiers contre les
risques d’incendie pendant une certaine période pourraient être récompensées. Des panneaux
simples pourraient être mis en place afin d’informer les communautés ciblées sur les
règlements officiels.

La réglementation du brûlage doit être obligatoire sur les terrains communautaires afin de
prévenir les feux sauvages. Cependant, la modalité de sa réglementation n’est pas facilement
déterminée sans trouver des techniques de remplacement pour mettre une terre en culture sans
brûlage.

Une autre possibilité est d’interdire aux agriculteurs et éleveurs l’allumage des feux de
végétation sans exception. Si cette interdiction n’est pas concertée, son application serait
d’une contestation de taille. Il serait judicieux de vulgariser des techniques d’allumage des
feux de végétation précoces afin de limiter les feux incontrôlés. Et, ceci en fonction des
conditions locales.

4.4 Détection de l’incendie de forêt


4.4.1. Général
La maîtrise efficace de l’incendie de forêts est conditionnée par la détection et un rapport
satisfaisant. La détection consiste à indiquer les localités où a lieu l’incendie et faire savoir au
personnel compétent comment le maîtriser. Si la détection n’est pas efficace, la destruction
des forêts s’étendra avec l’incendie en raison du retard de son extinction. La maîtrise de
l’incendie ne peut commencer qu’après sa reconnaissance ou sa détection. L’intervalle entre
l’apparition de l’incendie et l’arrivée des équipes de agents extincteurs sur les lieux de
l’incendie égalerait le temps d’activités diverses de précaution, c’est-à-dire, la détection, le
rapport, les préparatifs, et la mobilisation. Donc, la détection de l’incendie mérite vraiment
d’être noté afin de faire débuter rapidement et facilement son extinction ainsi que de
minimiser les dégâts dus aux feux.
39
Toutefois, il n’est pas possible de surveiller en permanence toutes les zones des
formations végétales, encore moins, pendant la saison sèche. Quelques paramètres
permettraient l’identification de zones prioritaires de surveillance continuelle en fonction de la
valeur des forêts à protéger, de la fréquence de l’incendie, du comportement de l’incendie, de
l’efficacité de la régénération de l’écosystème, de la facilité de transport et de communication,
des sources de financement, de la capacité des agents extincteurs, et des équipements
disponibles. Les moyens de détection applicables seraient :
• Détection et rapport volontaire des communautés.
• Patrouilles sur le terrain.
• Surveillance à l’aide de tours de guet.
• Patrouille aérienne à haute altitude.

4.4.2. Rapport volontaire


Il est souhaitable que les habitants rapportent à tout moment au personnel compétent
l’incendie de forêts qu’ils ont découvert. Ce rapport volontaire pourrait s’inclure dans la
planification des systèmes de détection. Mais ce système ne peut fonctionner, sans faute, que
lorsque les communautés sont vraiment concertées et motivées. C’est ainsi que les
communautés doivent s’informer suffisamment du danger d’incendie et des techniques de
prévention.

4.4.3. Patrouilles de surveillance sur terrain


Un des aspects les plus importants de la prévention des feux de forêts est un système
permettant de localiser les incendies avant qu'ils ne s'étendent. Pour cela, on doit avoir le
recours aux patrouilles sur le terrain et à l'observation en postes de vigie. La patrouille sur le
terrain semble l’activité la plus simple et la plus facile. En effet, l’étendue de la patrouille est
restreinte, d’autant que le champ visuel du patrouilleur est limité. Pour cette raison, il vaudrait
mieux effectuer la patrouille à pied ou en véhicule (voiture, moto ou bicyclette) dans et autour
des zones forestières précieuses mais assez sujettes à l’incendie. Les patrouilleurs pourraient
utiliser des terrains en hauteur comme des crêtes ou des collines ou de hauts points comme la
cime des arbres pour une meilleure observation. Ils devraient connaître les caractéristiques de
leurs zones de patrouille y compris sa topographie et le comportement de ses habitants. Ils
devraient être capables de s’occuper à la fois de la prévention, de l’exécution des lois et de la
lutte contre l’incendie.

Les patrouilles sur le terrain sont déficientes parce que la zone de surveillance permanente est
limitée et donc que la détection des zones à risques est retardée. Il faut considérer aussi les
coûts élevés des patrouilles à long terme par rapport à la construction de stations ou de tours
de guet sauf dans le cas de patrouilles volontaires de la part des villageois.

Il sera plus économe de faire travailler les patrouilleurs uniquement pendant la saison sèche,
propice à l’incendie, dans des groupes spécialement entraînés, et les employer à d’autres
travaux après la saison des feux, lorsqu’on peut déterminer la saison des feux. Par ailleurs, le
personnel d’autres secteurs serait en mesure de découvrir et de rapporter les événements
concernant les feux au personnel forestier dans le cadre de leur travail quotidien. Il faudrait la
concertation préalable entre les organismes concernés afin d’établir un système conjoint de
détection précoce des feux et l’établissement de rapports efficaces.

Par conséquent, les tours de guet sont recommandées pour remplacer les patrouilles plus
coûteuses. Cependant, les patrouilles pourraient être intensifiées sur des points hors de portée
visuelle des tours de guet.
40
4.4.4. Tours de guet
Les tours de guet représentent généralement le moyen le plus satisfaisant pour la détection des
feux et elles sont à même de remplacer progressivement les patrouilles de terrain. En outre,
l’existence de tours de guet pourrait faciliter la protection des forêts, car on aurait
l’impression d’être toujours surveillé. Les tours de guet sont en mesure de fonctionner comme
des stations, pendant les activités d’extinction de feux, pour y déposer des équipements et
permettre aux agents extincteurs de se reposer un moment.

Le procédé de détection commence par la mise en place d’une main d’œuvre aux
emplacements stratégiques identifiés par un poste d’observation pour la surveillance pendant
la saison des feux. Ainsi, les tours de guet pourraient être construites sur des lieux
stratégiques. Toutefois, on doit déterminer précisément les lieux de leur édification. Il serait
essentiel d’équiper les tours de guet d’appareils de mesure essentiels pour un fonctionnement
efficace, notamment : un altimètre, un GPS, une binoculaire robuste, des cartes, une boussole,
un instrument de mesure de direction et de vitesse du vent, et un détecteur de feux.

On aura besoin de calculer la hauteur de ces tours de guet avec précision. Il est impératif de
choisir la localisation appropriée pour ces tours de guet, et ensuite de déterminer leur hauteur
après identification des types des formations végétales ligneuses dans la région ciblée (comme
la circonscription forestière).

4.4.5. Données du Satellite NOAA


L’acquisition des images satellites NOAA (National Oceanic and Atmospheric
Administration) pourraient permettre la détection d’incendies. Ce satellite offre des données
sur les points chauds (hot spot) pendant chaque intervalle de temps. La gestion des données
sur l’incendie de végétation pourrait être réalisée avec le SIG au moyen de l’intégration des
données de NOAA avec d’autres sources d’informations. Les images satellites de NOAA
seraient plus appropriées à l’appréciation et à l’évaluation des zones affectées par l’incendie
pour la future détection plutôt que pour la détection précoce des petits foyers de feux.

4.4.6. Communications
Les bénéfices divers de la détection de l’incendie ne pourraient pas être mis en place sans le
développement d’un système de communications efficace. On doit transmettre au personnel
compétent les informations concernant les foyers d’incendies détectés en vue de les maîtriser,
dès que possible, pendant qu’ils sont encore petits. Une communication efficace doit être
opérationnelle au moment de l’opération d’extinction des feux.

Les moyens simples de communications pour de courtes distances comprennent le signal par
une sirène, une cloche, un tambour, un sifflement, etc. La communication pourrait s’appliquer
pour des distances moyennes sous forme de messages qui seraient transmis aux responsables
soit à pied, soit à bicyclette, en moto ou en véhicule à moteur. Certains appareils tels que la
téléphonie sont d’une importance capitale. L’appareil radioélectrique (émetteurs-récepteurs)
est le meilleur appareil de communication mobile, utilisé par le patrouilleur ainsi que par
l’observateur depuis sa tour de guet.

Il est primordial d’établir de bons réseaux de communications pour chaque unité d’opération
par le téléphone, la télécopie, l’Internet, d’autres techniques informatiques, l’appareil
radioélectrique, la correspondance et la circulation d’annonces ou par d’autres moyens. Il est
nécessaire de déterminer une méthode convenable et réalisable de communication (et
d’estimer le temps de communication effective après la détection de l’incendie jusqu’à
l’intervention) pour chaque région en prenant en considération les ressources disponibles du
moment. On accorderait la préférence à la prévention et à la maîtrise précoce des feux au
41
niveau des villages dans les zones où il serait difficile d’établir des réseaux de
communications rapides.

4.5. Lutte contre l’incendie


4.5.1. Principe de maîtrise de l’incendie
La technique de base pour maîtriser les feux de végétation consiste à les détecter le plus tôt
possible et à les éteindre pendant qu’ils sont encore petits. En général, l’incendie est combattu
par le groupe qui découvre le feu. Il faut des aides extérieures pour maîtriser un grand
incendie.

Les points suivants rappellent les grandes lignes de principe dans la lutte contre l’incendie de
forêts :
• La lutte efficace contre le feu consiste essentiellement à s’attaquer aux lieux où les
feux risquent de se développer. Il s’agit de rompre certains côtés du triangle du feu.
o Refroidir la chaleur par l’arrosage d’eau ou de boue sur les feux.
o Étouffer l’oxygène par le pelletage et le jet de terre sur les feux.
o Éliminer le combustible par l’ouverture d’une allée (coupe-feu) ou d’un sentier
entre le feu et le combustible.
• Premièrement, arriver sur les lieux de l’incendie de végétation dès que possible et en
toute sécurité.
o Attaquer les flammes activement afin qu’elles diminuent.
o Rester sur les lieux de l’incendie pour confirmer que le feu est vraiment éteint.
o Ensuite, construire un coupe-feu, qui est une ligne de protection contre le feu
plus rapidement que la propagation du feu.

Il faut savoir classifier les combustibles pour estimer la vitesse de propagation et


d’élargissement du feu ainsi que sa continuité pour une maîtrise efficace. Après cela, il est
impératif de planifier l’opération de lutte contre l’incendie de forêts en prévoyant les plus
mauvaises conditions.

Étant donné que les conditions dues au déroulement de l’incendie de forêts changent sans
cesse, la planification de la lutte contre l’incendie implique un processus constant qui doit
faire attention aux changements de conditions afin que les résultats de la lutte contre
l’incendie s’améliorent.

4.5.2. Maîtrise des feux


4.5.2.1. Attaque directe des feux
Les feux peuvent être éteints directement ou indirectement. Toutes les mesures de combat
s’emploient directement contre les langues de feux dans la technique de l’attaque directe de
feux. Cette méthode se compose de deux options:
• Attaquer le front des flammes par le recouvrement de matériaux comme de la terre, de
la boue, du sable, etc. sur ces langues de flammes ; ou
• Commencer à éteindre le feu par-derrière et se déplacer vers l’avant ou par ses deux
côtés et puis maîtriser son front.

La première option est adoptée quand l’incendie est encore petit. On opte pour la seconde
méthode dans le cas où l’incendie serait assez grand et trop chaud pour l’approcher. Cette
mesure a pour but l’atténuation de la chaleur et l’enraiement de la propagation du feu vers ses
flancs.
42
Lorsque le petit feu se propage dans des broussailles sur une colline et qu’il est trop chaud
pour être attaqué de front, on a besoin de commencer à maîtriser les flammes par-derrière et à
se déplacer vers l’avant par ses flancs et ensuite s’avancer vers son front à l’instant même où
l’incendie atteint le sommet de la colline. On pourra attaquer le feu directement par-devant
quand son front l’atteindra. L’incendie doit être maîtrisé avant que le feu redescende ou saute
sur l’autre flanc de la colline ou vers une autre colline.

4.5.2.2. Extinction indirecte


Dans la technique de l’extinction indirecte, le coupe-feu est mis en place. Cela dépend de la
topographie et du pare-feu naturel ou artificiel existant (comme une piste). La zone libre est
formée entre le coupe-feu et le flanc de flammes allumé intentionnellement (contre-feu),
quand les conditions sont favorables.

L’extinction indirecte représente une méthode de remplacement, si l’incendie se propage trop


vite en traversant des combustibles lourds pour appliquer l’attaque directe du feu.

4.5.2.3. Coupe-feu ou pare-feu (fire line)


Le coupe-feu est souvent construit contre les feux avec l’aide de pelles, de râteaux, de coupe-
coupe, et d’autres coupes végétations. Il serait préférable que des matières non-inflammables
ou moins vite inflammables soient déplacées au bord du coupe-feu pour éviter les risques
d’embrasement. Il faudrait mettre les matières inflammables dans des zones qui seront
certainement brûlées. Les broussailles sont dégagées avec un coupe-coupe ou d’autres outils.
Par la suite, l’humus est nettoyé sur le coupe-feu avec l’aide d’un râteau ou d’une houe
jusqu'à ce que la couche de matières minérales apparaisse. Il importe que l’on brûle la
formation végétale entre le coupe-feu et le flanc des flammes La largeur du coupe-feu doit au
moins égaler la hauteur de la formation végétale. Un fossé est construit le long du coupe-feu
sur la colline pour saisir ou intercepter les matières roulantes enflammées. La profondeur et la
largeur du fossé relèvent de la dimension et de la déclivité de la pente ainsi que des matières
naturelles existantes sur la colline.

4.5.2.4. Coupure de combustible (fuel break)


La construction et l’entretien du coupe-feu ou du pare-feu coûtent parfois très cher. La mise
en place d’un pare-feu naturel ou d’une coupure de combustibles (fuel break) est moins
coûteuse et plus durable à long terme.

4.5.2.5. Utilisation de l’eau


L’eau est l’élément le plus efficace, lorsqu’elle est disponible pour lutter contre le feu.
Cependant, elle est rarement utilisée pour l’extinction complète du feu, mais elle est utilisée
pour refroidir les lieux déjà brûlés et pour éviter la propagation du feu. L’eau peut être
acheminée par un camion-citerne, une pompe à dos, un bac à eau, ou d’autres équipements.
Au moment où l’incendie se produit sur les mauvaises herbes, les broussailles ou les litières,
le camion-citerne pourrait se déplacer lentement en bordure du feu. Dans les régions où le
camion-citerne ne peut pas être mis en place, la pompe à dos pourrait être utilisée de la même
manière. L’extinction du feu avec de l’eau serait efficace quand elle est mise en œuvre le long
du flanc des flammes. L’eau doit être utilisée attentivement et proprement pour ne jamais la
gaspiller.

4.5.2.6. Utilisation de terre


La terre, la boue ou le sable est assez efficace pour maîtriser les feux sur des arbres morts et
des souches restantes ou des tiges de broussailles. L’extinction avec ces matériels facilite
suffisamment la maîtrise et le refroidissement du feu. Ils sont lancés en oscillation vers le
fond de la langue de flammes le long de son flanc. Son apport doit être rapide et continuel. On
ne doit jamais croire que des matières combustibles chaudes déjà couvertes par de la terre ne
43
sont plus dangereuses, vu que des feux pourraient apparaître et causer de nouveau l’incendie.
Les feux sous la terre doivent être éteints aussitôt après que la propagation de l’incendie est
contrôlée.

4.5.2.7. Utilisation de rameaux


L’incendie de surface sur des litières ou des arbustes pourrait être maîtrisé avec des rameaux
humides. Cette méthode pourrait s’appliquer pour refroidir le flanc des flammes pendant la
construction du coupe-feu. Des rameaux agités et touchant le feu directement peuvent étouffer
les braises et supprimer les étincelles dans les zones brûlées.

4.5.2.8. Contre-feu (back fire)


La technique du contre-feu représente une pratique dangereuse et peu productive. C’est
pourquoi, cette méthode serait à utiliser en dernière intention. Elle sera recommandée dans le
cas où le feu se propagerait trop vite pour appliquer une attaque directe ou bien que les
conditions naturelles ne permettent guère la mobilisation d’une main d’œuvre nombreuse
ainsi qu’en cas de pénurie de main d’œuvre. Le coupe-feu doit déjà être placé dans des
endroits stratégiques avant l’allumage du contre-feu. Les pistes existantes, les ponts ou
d’autres formes de pare-feu pourraient être mis en valeur. Il vaudrait mieux construire le
coupe-feu en ligne droite dans la zone favorable en tenant compte de la direction du vent, de
la déclivité de la pente, et du type de formations végétales combustibles en vue de faire
rencontrer le feu principal au contre-feu dans les emplacements brûlés pour sa maîtrise. Le
contre-feu s’allume au coupe-feu qui se trouve de 30 m à quelques kilomètres avant le feu. Le
contre-feu commence à être allumé sur le plus haut point du coupe-feu pour le brûler et
rejoindre la zone brûlée. Le contre-feu est travaillé lentement en vue de maîtriser les
emplacements brûlés. Il faudra prendre toutes les précautions pour éviter le saut de matières
incandescentes par la réalisation d’un fossé sur la pente raide dont la déclivité est supérieure à
20 %.

4.5.2.9. Nettoyage du terrain incendié (mop-up)


Tous les feux risquent de se propager s’ils ne sont pas réellement éteints. L’élimination de
matières affectées par le feu doit être effectuée après que l’incendie sera contrôlé. Le travail
de nettoyage du terrain incendié se divise en l’extinction des braises ou des tisons et par
l’éloignement des matières brûlantes du coupe-feu. Les directives à suivre pour l’élimination
des braises sont les suivantes: (i). Il faut éteindre toutes les braises et tous les tisons qui
couvent le long du côté du feu après qu’ils sont maîtrisés. (ii). Il faut prendre ou déplacer vers
des endroits sécurisés toutes les matières inflammables qui pourraient rouler, en vue de
prévenir leur sortie hors du coupe-feu. (iii). Les matières inflammables spéciales comme les
arbres morts, les grumes pourries, les souches et les branches au ras du sol, situées dans et
hors du coupe-feu, doivent être rejetées plus loin. d. Toute la partie du feu doit être éteinte
dans le nettoyage du petit feu. (iv). Dans le cas d’un grand feu, il suffit d’éteindre les matières
brûlées pour qu’aucune flamme ne lèche d’autres objets, ne saute ou ne roule hors du coupe-
feu. (v). Les branches d’arbres au ras du sol doivent être dégagées. (vi). Si de l’eau est
disponible, elle doit être utilisée, au mieux, pour générer des boues en vue de couvrir les
braises et pour d’autres travaux essentiels.

La patrouille et la surveillance sont requises dans tous les cas d’incendie afin qu’on ne voie
aucune étincelle ou saute de feu. On doit prendre toutes les précautions sur les zones brûlées
ainsi que sur les zones environnantes libres de feu pour détecter la saute de flammes. La
patrouille et la surveillance ne seront requises que pendant quelques jours sur les
combustibles légers qui sont vite brûlés. Mais ils seront requis pendant quelques semaines sur
les formations de combustibles lourds. Il est impératif de trouver et d’éteindre les
combustibles restants qui brûlent encore ou les braises dans les zones de l’incendie afin de
prévenir un second feu ou sa propagation hors du coupe-feu. La patrouille et la surveillance
44
devraient s’effectuer pendant quelques heures, un jour ou bien quelques semaines après la
naissance de l’incendie.

L’utilisation de la terre ou de la boue est efficace pour l’élimination des braises. L’incendie de
surface pourrait être maîtrisé avec des rameaux aqueux ou mouillés. Ils pourraient refroidir les
flancs de flammes lors de la construction du coupe-feu. On peut battre les flancs directement
par le balancement des rameaux pour maîtriser les braises et les étincelles dans les zones
brûlées.

4.5.2.10. Compte-rendu des événements des feux et de leur activité


Il est également important de rendre compte des feux et de leur activité aux organismes
compétents dès que la surveillance de l’incendie est terminée. Ce rapport sur les feux sera très
utile aux personnes concernées pour prendre en considération des mesures et des futures
tactiques contre les feux sauvages. Les informations dans ce rapport deviendront des données
précieuses pour l’avenir. Les formulaires de rapport seraient établis pour chaque région selon
ses conditions naturelles.

4.6 Problématique spécifique et sa résolution


Il faudrait prêter attention notamment à quelques incendies spécifiques.

4.6.1. Incendie sur le tronc


Au cas où un tronc brûlerait, la première mesure à prendre est de refroidir sa partie la plus
chaude en versant de la terre ou de la boue à l’aide de pelles. Il importe de creuser les sols
autour du tronc afin d’éviter la propagation du feu à des litières environnantes. Un coupe-feu
est mis en place, assez loin du tronc, en vue d’assurer la facilité et le confort de ces travaux.

Au moment où l’incendie a lieu sur une pente raide, on creuse un fossé sur la partie la plus
basse afin de saisir les petites matières qui tombent vers le bas. Peut-être voudrait-on déplacer
le tronc brûlé vers le bas en vue de prévenir la propagation ou la saute du feu ou isoler le tronc
avec des pierres ou bien le faire rouler dans la direction du fossé déjà creusé. Si le tronc est
trop lourd, on ferait mieux de creuser un trou sous lui.

Alors que le feu commence à s’éteindre et à se refroidir, on coupe ou on scie la partie non-
enflammée du tronc. On doit faire ces travaux attentivement pour ne jamais produire
d’étincelles ou de sautes de feu qui causeraient un incendie autre part. Si assez d’eau est
disponible, on peut arroser les parties calcinées qui brûlent encore. En cas de pénurie d’eau, la
terre et la boue seraient utilisées pour toutes ces actions pour l’extinction du feu. Si on trouve
quelques arbres enflammés en même temps, il est recommandé de nettoyer les zones affectées
en dégageant les rameaux divers et d’autres matières combustibles. Dans les travaux
d’élimination de braises, on doit observer toutes les zones brûlées ainsi que tous les troncs
enflammés avec précaution en observant les fumées qui se soulèvent et ensuite secouer les
braises à la main avec de petits outils appropriés. On a besoin de cette activité pour confirmer
l’extinction réelle des feux avant de quitter l’emplacement.

4.6.2. Incendie des arbres morts


Les arbres morts en train de pourrir risquent d’être incendiés. L’allumage d’un arbre mort
menace d’autres arbres par la dispersion de ses étincelles au loin. Il est recommandé,
premièrement, de couper l’arbre mort. Toutefois, il est préconisé de nettoyer autour les
broussailles, si l’arbre mort ne peut pas être abattu. On doit porter son attention sur la chute de
l’arbre, et traiter par la coupe des parties qui se cassent et s’abattent. Chaque morceau de
matière enflammée doit être éteint. Il faut rechercher minutieusement de nouveaux foyers
provenant d’étincelles de l’arbre mort brûlé.
45
Il suffit d’éteindre le feu avec de l’eau ou de la terre sans abattage, quand le feu se produit au
ras du sol. Au moment de l’abattage de l’arbre mort, il vaut mieux dégager tous les petits
arbres ainsi que les branches des grands arbres afin de prévenir l’apparition de l’incendie de
cime.

4.6.3. Incendie de souches


Au cas où une grande souche brûlerait et d’où les flammes s’en échapperaient, le coupe-feu
doit s’établir afin de prévenir sa propagation éventuelle. Le refroidissement des souches doit
s’effectuer tout de suite par le biais du recouvrement de terre avec des pelles. Dès lors, tous
les feux sont à éteindre.

4.6.4. Incendie de mauvaises herbes ou de combustibles mêlés


Les mauvaises herbes sont des matières combustibles légères dont l’inflammabilité change
facilement selon les conditions climatiques. Elles sèchent vite et présentent un bon indice de
brûlage. Les mauvaises herbes desséchées et mortes s’enflamment et brûlent rapidement,
notamment, lorsqu’elles sont très denses. L’incendie des mauvaises herbes brûle des surfaces
étendues, et nous n’aurons pas assez de temps pour l’éteindre, s’il n’est pas maîtrisé au plus
vite. Le vent et la pente accélèrent la propagation de ces feux. Par ailleurs, l’incendie des
mauvaises herbes n’est pas trop chaud, et il se refroidit en peu de temps. Ce type d’incendie
peut être maîtrisé par le recouvrement de terre ou de sable avec des pelles. Il serait possible de
faire un coupe-feu immédiatement en bordure des flancs de flammes. La végétation
combustible intacte entre le coupe-feu et les mauvaises herbes enflammées doit être
consumée.

Les arbustes plus hauts couvrent la surface étendue du terrain brûlé ou sarclé. L’incendie dans
cette formation végétale est pareil à celle des mauvaises herbes basses, bien que les langues
de flammes soient plus grandes. Beaucoup de fumée apparaît dans ce cas. L’extinction est
pratiquée directement contre les flancs de flammes en se servant de la terre, du sable, de l’eau
ou bien encore du feu (contre-feu).

Si l’incendie d’arbustes se propage vers le sommet de la colline, étant donné que les arbustes
représentent la formation végétale combustible qui est facilement inflammable et dans
laquelle l’incendie se propagerait largement et rapidement, il importe de pratiquer
l’élimination des braises et le traitement spécial d’autres matières combustibles lourdes telles
que les arbres pourris, les souches, les troncs, etc. Dans tous les cas il est impératif d’évaluer
la situation de l’incendie afin de déterminer les lieux dangereux qu’il est prioritaire d’attaquer.
Chaque lieu dangereux doit être maîtrisé pour retarder ou arrêter la menace de la propagation
des feux.

Les stratégies de gestion adéquate des feux de végétation décrites ici ne peuvent se réaliser
que sous-un programme ou projet de gestion des feux. Ceci permettra d’être bien équipé et
organisé pour la maîtrise des feux de brousse.
RECOMMANDATIONS ET CONCLUSION

Les feux de végétation constituent une grande menace pour la flore, la faune et l’homme au
Tchad comme dans les autres pays surtout lorsqu’ils ne sont pas maîtrisés. Or, la flore et la
faune sont un réservoir naturel pour l’agriculture et l’alimentation. Au delà de son utilité,
d’intérêt économique, social, scientifique, récréatif et esthétique, cette diversité biologique
mérite d’être durablement protégée.

Allumés précoces, organisés et contrôlés, tardifs, accidentels ou criminels, ils peuvent être un
outil de gestion certes, mais, produisent quand même des effets immédiats d’extinction d’un
grand nombre d’espèces et des effets sur le climat. Ils compromettent dans le développement
de ces êtres et la qualité des produits qu’on aurait pu en tirer (bois, jeunes pousses, guis,
fleurs, etc., par exemple). Les feux intensifs cuisent les couches arables du sol, accélèrent la
latérisation, diminuent l’activité biologique des sols. Par un encerclement et un cloisonnement
de l’espace, les surfaces brûlées précocement s’opposent à la naissance des grands incendies.

La gestion inappropriée des feux, avec une fréquence ou une intensité non souhaitable
conduira à une perte d’espèces végétales, à un changement ou à une réduction des structures
de végétation et, dans certains cas, une perte induite d’espèces animales. Au regard de ces
menaces, l’interdiction des feux de végétation ne serait-il une utopie ? Amener les populations
à mieux gérer la mise en feux ne serait-il pas une meilleure alternative possible?

La population tchadienne reste confrontée aux feux de végétation due au manque d’une
organisation et des infrastructures pour garantir la protection nécessaire contre les incendies.
Faut-il rester voir ces espèces disparaître et la population en insécurité ? Faut-il y rester de
voir les espèces disparaître et la population en insécurité ? Continuer à interdire et se montrer
plus sévères envers les paysans, les éleveurs, les chasseurs (…) qui ignorent les lois, décrets,
directives (…), interdisant les feux de végétation ? Attendre que l’augmentation de la
population et le manque de nouvelles terres à défricher fassent disparaître les feux de
végétation ?

Pour réussir, la lutte contre les feux de brousse doit être totale et basée sur une conscience
réelle des populations rurales des méfaits des feux. L'accent doit être placé sur la gestion des
risques et l’application des réglementations en vigueur (ou en cours d’adoption) en tenant
compte du transfert des compétences et des ressources forestières aux Collectivités
Territoriales Décentralisées (CTD). Ce transfert multipliera les responsabilités, les acteurs et
les moyens (financiers, matériels) pour la protection des forêts contre les feux de brousse et
leur gestion durable

Proposition d’une démarche pour une gestion efficace de feux de végétation

La gestion efficace des feux suppose préalablement une bonne connaissance de ceux-ci. Ainsi
pour ce faire, il faut identifier les différents acteurs, fixer les règles de gestion et élaborer un
plan de gestion. Pour ce faire une gestion efficace des feux de végétation, nous proposons la
démarche suivante en 6 étapes :
• Connaissance de gestion des feux de végétation
Pour avoir une connaissance parfaite des feux de végétation, il y a lieu de mener des
séries d’études sur les feux de végétation dans chaque circonscription du Tchad. Celles-ci
permettront d’appréhender les connaissances locales empiriques, les méfaits sur les
utilisations des feux, les aspects ethnoanthropologiques. Ces différentes études spécifiques
47
doivent être conduites par des spécialistes (forestiers, sociologues et anthropologues et
forestiers cartographes) qui pourront donner un profil de l’usage des méfaits des feux de
végétation pour donner des bonnes pratiques. Par la suite la mise en place d’un Centre de
Suivi Ecologique pour la Gestion des Ressources Naturelles (CSE) en terme de
Programme de Surveillance des Ecosystèmes Forestiers, Pastoraux et Halieutiques». Ce
projet, aura pour mission d’expérimenter et développer des méthodologies adaptées
d’identification de la dégradation des terres (sur plusieurs angles dont les feux de
végétation) et de suivi des ressources naturelles. Il doit être une structure permanente.

• Identification des différents acteurs : Pour une bonne planification sur l’usage des
feux de végétation, il est important de bien identifier les différents acteurs. Ces acteurs
peuvent être les usagers qui pratiquent les feux de végétation. Pendant cette phase, on
peut compléter les informations recueillies pendant la première étape. Ainsi, un
affinage les différents usages en identifiant d’une façon exhaustive les usages.

• Elaboration d’un cadre ou d’une structure de concertation : après avoir identifié


les différents usagers, il faut mettre en place un cadre de concertation pour permettre
aux différents acteurs de se prononcer sur la gestion des feux de végétation. Ce cadre
peut être local ou national mais impliquer tous les acteurs. La structure sera chargée
d’identifier les besoins en formation des différents acteurs, de leur mise en œuvre et
suivi des différentes activités.

• Elaboration des règles de gestion : Lorsque le cadre de concertation est créé, il


faudrait élaborer des règles de gestion pour permettre une utilisation durable. Ces
règles doivent préciser les conditions d’utilisation des feux de végétation, les
sanctions qui peuvent découler de la violation des règles établies. L’élaboration de ces
règles peut être réalisée par un spécialiste mais valider par tous les acteurs. Au niveau
local, ce cadre peut être une convention ou une charte intercommunautaire.

• Elaboration d’un plan de gestion ou d’actions : Après avoir identifier les différentes
causes de l’usage des feux de végétation, il est important d’établir un plan d’action. Ce
plan d’action doit définir les actions prioritaires pour sauver les pratiques de l’usage
des feux de végétation et les actions à long terme pour une gestion durable. Le plan
d’action doit prendre en compte l’aspect sensibilisation et formation, car l’un des
problèmes de gestion des feux de brousse est la méconnaissance des conséquences de
la mauvaise gestion des les feux de végétation sur l’environnement.

• Stratégies nationale pour résoudre aux problèmes identifiés : Les problèmes


environnementaux identifiés sont en grande partie du aux activités humaines. Il s’agit
des méfaits des feux de végétation qui dégradent le sol, provoque l’érosion etc.
Plusieurs textes élaborés par le Gouvernement pour la protection de l’environnement,
les conventions internationales ratifiées par le Gouvernement et plusieurs projets
exécutés ou s’exécutent maintenant, n’ont pas donné des résultats escomptés. La
stratégie à adopter est la gestion concertée des feux de végétation qui est basée sur la
responsabilisation des communautés rurales et chaque communauté devient
gestionnaire de son terroir. Compte tenu de niveau de compréhension du monde
rural sur l’environnement, l’Etat doit accompagner le monde rural par la
sensibilisation, par la formation en proposant des mesures d’accompagnement qui
pourront inciter les utilisateurs de mieux gérer les feux de végétation et les ressources
naturelles.
Cette stratégie a un sens car, lorsque des feux multiples commenceront simultanément ou au
cas où les feux se déclarent à cheval sur plusieurs juridictions. Et, pendant ces feux multiples,
48
les moyens de lutte peuvent être insuffisants, il se posera le problème des priorités des
menaces

Recommandations

Etant donné que les feux de végétation ne constituent pas spécifiquement une nuisance, ils
peuvent être un outil bénéfique pour les habitats bénéfiques, les ressources bénéfiques, pour
réduire les menaces ou pour maintenir les valeurs culturelles. Les feux font partie des
pratiques agricoles forestières et utilisés jusqu’à ce jour. Nous recommandons pour une
gestion efficace des feux de végétation:

• Un programme de gestion des feux de végétation. Ce programme ne doit pas


seulement focaliser l’attention sur les dégâts causés par les feux mais aussi les causes
écologiques et sociales sous-jacentes.
• Une interdiction pour l’usage des feux de végétation serait une utopie car ceux-ci sont
utilisés selon les coutumes et pratiques traditionnelles, la supprimer par décret ou la
contourner ne serait pas envisageable. Revoir les instruments existants en matière de la
gestion des feux de végétation, du suivi afin de déterminer la possibilité d’élimination
des pratiques illégales et des contraintes dans la mise en œuvre effective de la gestion
des feux de végétation au Tchad. Donc, la conciliation des normes traditionnelles et
des régulations juridiques par l’élaboration des textes de portée locale.
• Une source du financement adéquate est nécessaire. De même une bonne partie du
travail de gestion des feux de végétation doit se faire avant qu’un incendie ne se
déclare. Se baser sur un financement d’urgence pendant les crises ne développera pas
une organisation équipée et formée de manière appropriée pour répondre à cette
urgence de manière efficace et sure. Financer un programme efficace de gestion des
feux sera moins coûteux que les dépenses entraînées pour réagir aux situations
d’urgences et que les pertes économiques d’habitations, de structures, des ressources
et des moyens d’existence.

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49

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Décret N°904/PR/PM/MERH/2009 portant réglementation des pollutions et nuisances à l’


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