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Le Tournoi de la Quinte évoque la perception du jeu d’échec au cœur du XVIe

siècle.
Certains auteurs ont cru voir dans ce Tournoi la prise de François Ier à la bataille
de Pavie. Il n’y est question que d’une distraction au service des rois et des
princes. Ce Tournoi semble procéder du Songe d’amour. La cour pourrait être
celle d’Henri II, coutumiers de pareils tournois, car Catherine de Médicis était
une adepte de la Quinte, de l’Alchimie ainsi que de l’astrologie. Après ces
tournois, le roi et la reine assistaient à l’exécution d’hérétiques condamnés au
feu. Ces exécutions se déroulaient devant des ordres mendiants, le clergé, les
châsses des saints, la bourgeoisie et le peuple, porteurs de torches enflammées.
Ce terrible spectacle était approuvé par les généraux de la justice. Derrière toute
cette frivolité à base de musiques, de danses et de jeux, il était question de faire
diversion. D’autres ont cru y voir une évocation du concile de Trente, que le
cardinal Madruce donna à Philippe, Prince d’Espagne. Mais cette pratique n’était
pas isolée, la reine Claude organisait un tel bal accompagné d’un tournoi à Paris
en 1517. Tournoi composé de deux bandes, l’une noire, l’autre blanche. Ce qui
est sûr, c’est qu’il s’agit de la première description assez précise du jeu d’échecs
dans la littérature française.

Le chapitre XXIV détaille trois parties d’un tournoi. Le chapitre XXIV précise les
règles d’un jeu incarné par des personnages vivants qui se déplacent et parlent.
Chaque camp présente à sa droite une case noire. Chaque pièce possède une
marche qui lui est propre et un comportement limité caractéristique. Certaines
de ces particularités ne correspondent pas au jeu d’échecs traditionnel, comme
« l’interdiction de ne prendre aucun ennemi en laissant leur Reine à découvert et
en prise ».
De même, la marche du Roi ne peut se faire en diagonale. Ce tournoi de pièces
vivantes induit tout un cérémonial particulièrement baroque de musiques et de
déclarations comme « Dieu te gard » annonçant l’échec. Le terme « Bonjour »
indiquant alternativement le mat au chapitre XXIV, et une attaque double au
chapitre XXV, impliquant un cheval qu’un Fou pare en prenant ce cheval. Les
Reines sont « argentées » et les Tours « aurées ».
Les « aurés » ont pour compagnes des nymphes.
La seconde partie du tournoi est assez brièvement décrite, mais l’on y apprend
que la Dame s’y adonne à des incursions prématurées, Rabelais indiquant qu’il
lui serait plus opportun de sortir accompagnée de son Roi. Les parties sont
accompagnées d’un souper parfait, et se déroulent à la façon d’un bal populaire.
Les nymphes sont chargées d’exciter au combat, et sont les seules à ne jamais
reculer. Les Rois jouissent de la plus grande liberté. La loi commune étant
d’assiéger le Roi et de ne lui laisser aucune issue. Chaque camp est accompagné
par ses musiciens qui font résonner l’état du rapport de force de façon plus ou
moins martiale. Salutations et révérences se démultiplient, nourrissant un
sentiment d’allégresse et de félicité générale. Les musiciens influent sur l’état
psychologique des protagonistes et jouent un rôle déterminant dans l’issue du
combat, ne se contentant pas d’évoquer l’ambiance de l’affrontement.

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