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vocabulaire
technique
de la
psychomécanique
du
langage
© PressesUniversitaires de Rennes 2
et Laboratoire du CERLICO
Dépôt Légal : 2' trimestre 1990 ISBN : 2-86847-039-4
Composition, mise en page, maquene : PUR 2
Impression,reliure,façonnage :Service de Reprographie
catherine Douay da n iel Roulland
vocabulaire
technique
de la
psychomécanique
du
langage
Le problème de l'article et sa solution dans la languefran- Leçons de linguistique de Gustave Guillaume,1956-57, Sys-
çaise, Paris, Hachette, 1919, rééditépar R.Valin, Paris, Nizet, tèmes li ng uistiques et successivité historique des systèmes 11,
et Presses de l'Université Laval, Québec, 1975, 318p. publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
PA Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
versitaires de Lille, 1982, 311p.
Temps et verbe,Paris, Champion, 1929, réédité avec l'Archi-
tectonique du temps dans les langues classiques, Paris,
Champion, 1970, 134p. Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1945-46, C,
TV
Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire générale
L'archttectonique du temps dans les langues classiques, I, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Copenhague,hfunksgaard, 1945, réédité avec Temps et Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
verbe,Paris, Champion, 1970,66p. versitaires de Lille, 1985, 332p.
AT
Langage et science du langage,(recueil posthume d'articles Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194546, A,
parus entre 1933 et 1958), Paris, Nizet, et Québec, Presses de Esquissed'une grammaire descriptivedela languePançaise
l'Université Laval, 1964, 287p. IV, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
LSL Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
versitaires de Lille, 1987, 360p.
Principes de linguistique théorique de Gustave Guillaume,
recueil de textes inédits préparé en collaboration sous la
direction de R.Valin, Québec, Presses de l'Université Laval, Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1947-48, C,
et Paris, Klincksieck, 1973, 279p. Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire générale
PLT
III, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1948-49, série
versitaires de Lille, 1987, 360p.
A, Structure sémiologique et structure psychique de la lang ue
française I, publiées par R.Valin, Québec, Presses de l'Uni-
versité Laval, et Paris, Klincksieck, 1971, 269p.
LL1 Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1946-47, C,
Grammaire particuliè re dufrançaisetgrammaire générale
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 1948-49, série Il, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
B, Psycho-systématique du langage - Principes, méthodes et Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
applications I, publiées par R.Valin, Québec, Presses de versitaires de Lille, 1989, 294p.
l'Université Laval, et Paris, Klincksieck, 1971, 222p.
LL2
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194344, A,
Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, 194849, série Esquissed'une grammaire descriptive de la languejançaise
C, Grammaire particulière dufrançaisetgrammaire géné- Il, publiées sous la direction de R.Valin, W.Hirtle et A.Joly,
raleIV, publiées par R.Valin, Québec, Presses de l'Université Québec, Presses de l'Université Laval, et Lille, Presses Uni-
Laval, et Paris, Klincksieck, 1973, 256p. versitaires de Lille, à paraître en 1990.
LL3 LL10
PRÉSENTATION mentaire visant à préciser la portée du concept dans l'ensem-
ble de la théorie ou par rapport à d'autres approches. Nous
avonsparfoiségalement amorcé dans cettepartie une réfl ex-
ion critique s'il nous aparu qu'elle permettait de mieux com-
Ce vocabulaire a été conçu de façon à offrir au lecteur un prendreleconcept traité. Mais en aucune façon ce vocabulaire
instrument de travail et de réflexion commode et rapide. Les ne se veutcritique et son souciprincipal estlafiidélité àl'esprit
236 entrées sont définies parordre alphabétique etregroupées et à la lettre de Gustave Guillaume.
à la fin du livre dans un index alphabétique et un index thé- A la fin de chaque définition est fourni un système de réfé-
matique. Les notions complémentaires (par exemple « phy- rencesgrâce auquel on pourra non seulement retrouver rapi-
sisme » et « mentalisme ») ont été regroupées sous une seule dement les pages les plus éclairantes sur laquestion dévelop-
entrée ainsi que les notions secondaires, ce qui limite les pée, mais aussi suivre l'évolution de lapensée de l'auteur. Le
reports et les redites. L'entrée se limite alors d'ordinaire à un but de ce vocabulaire étant de simplifier le travail du lecteur
rappel de sa définition. Nous avons utilisé également des en lui permettant d'accéderrapidement àl'essentiel, ces réfé-
indications d'ordre étymologique qui éclairent souvent rences ont été sélectionnées. Un recensement exhaustif des
d'emblée la signification du terme traité etpermettent de s'en occurrences de termes comme« langue » ou « effet de sens »
souvenir facilement. n'aurait aucune signification et égarerait le lecteur plutôt que
Le format réduit nous a semblé tout particulièrement adapté de lui fournir les éléments de réflexion qu'il recherche.
à ce type d'ouvrage qui seveutun guide,un aide-mémoire,et Les citations uùlisées dans les définitions ontun renvoi direct.
un recueil systématique de références. Ces citations apparaissent en italiques grasses afin d'être
immédiatement repérables.
Nous avons souligné en italiques des exemples ou des for-
1. Les définitions mulations typiquement guillaumiennes.
Certaines définitions sont accompagnées d'un renvoi secon-
Le nom del'entrée esten gras eten capitales,accompagné de daire à d'autres entrées au cas où les explicitations se com-
sa traduction anglaise en italiques, que nous avons fournie plètent et permettent là encore de mieux cerner le concept
pour tous les termes, d'une part parce que Gustave Guillaume traité.
est lu dans les pays anglophones et d'autre part parce que
l'anglais est couramment utilisé dans le monde scienùfique.
Nous avonségalement ainsi voulu répondre à la demande
2. Index
d'étudiants d'anglais, préparant par exemple l'option lingui-
stique de l'agrégation. La traduction fournie utilise les pro- On trouvera d'abord un index alphabétique recensant les 236
positions de John Hewson et Walter Hirtle dansFoundations termes avec leur traduction anglaise. Cet index est repris
for a Science of Language ou s'appuie sur l'usage courant. ensuite dans l'ordre alphabétique de ces traductions. L'index
pour certainstermes, nous avons été amenés à proposer thématiqueregroupe les concepts définispargrands secteurs
nous-mêmes une traduction originale. Nous avons eu quel- théoriques. H fournit ainsi au'lecteur un premier classement
ques difficultés avec des néologismes tels que« puissanciel » qui lui permetd'unepartde situerletermerecherché etd'autre
oumême « puissance »,préférables en français à « potentiel » part de visualiserrapidement le contenu du vocabulaire sur de
ou « potentialité » alors que les seuls mots anglais dispo- grandesquestions.Nous avons hiérarchisé lessecteursthéori-
nibles, d'ailleurs utilisés par J.Hewson et W.Hirtle, sont ques le moins possible, mais il nous a paru naturel de placer
« potential » et « potentiality ». Nous avons préféré traduire la systématique générale et la typologie en premier. Cet index
au plus juste, quitte à perdre parfois la subtilité du terme thématique est donc une première approche de la définition
guillaumien. On trouveraàcôté les indications étymologiques des termes guillaumiens, mais il peut aussi constituerun guide
éventuelles. de travail permettant d'aborder la psychomécanique de
Le corps de la définition se subdivise selon les besoins en manière ordonnée. Il peut également suggérer au lecteur des
deux, voire trois parties, parfois plus : d'abord une définition compléments de lecture utiles en signalantdes regroupements
concise du terme, puis une explicitation de cette première qui sont spécifiques à cette théorie et ne se retrouvent pas
définiùon et enfin, pour les notions plus importantes, un com- nécessairement dans la tradition linguistique.
ACCOMPLI - 17
LSL : 201
PLT : 168-171
en langue, au terme d'opérations glossogénétiques. Ceci sont dans ce rapport d'actualisation, l'avant étant virtuelle-
revient à dire que les opérations productrices du discours sont ment sa propre conséquence, et l'après étant la version
inséparables des opérations productrices de lalangue : langue actuelle (actualisée) de sa condition.
etdiscourssont lesdeux faces du phénomène qu'estl'acte de Le système de l'article, que G. Guillaume utilise sans cesse
langage lui-même. La langue est, dans l'acte de langage, comme référence, estun exemple trèsclairde ce type derap-
l'avant détenteur du savoir-dire puissanciel systématisé et le ports puisqu'il institue entre un et le la forme même du pro-
discoursl'après, lieu du dit résultatif. cessus d'actualisation du substanùf. En règle générale, le
problème d'expression et le système de représentation sont,
PLT : 137-146 et passim à ce niveau, isomorphes.
LL2 : 39,53
ACTIF (active) LIA : 192-193, 201-202
LL5 : 20-21
Lavoix active est une voix analytique, comme lavoixpassive, PLT :70
par opposition à la voix moyenne synthétique. Le sujet d'une
construction verbale active est en position logique de sujet et
porteur uniquement de la fonction dynamique d'agent. A la
AD JECTIF (adj ective)
voix passive, le sujet logique est porteur de la fonction dynà-
mique de patient. La voix moyenne pose le sujet Iogique à la L'adjectif est la partie du discours destinée, dans le plan
fois comme agent et patient. nominal, à l'incidence externe de premier degré. Autrement
cf.voix dit, l'adjectif (de même que le verbe dans le plan verbal) peut
recevoir en discours n'importe quel support. Beau peut en
effet se dire de toute espèce d'être : un beau livre, un beau
paysage, une bellejournée, une belle fille, un bel exposé...
ACT U E L / V I R T U E L (act u al/virtual) Figurativement, dans un groupe nominal tel queun beau livre,
En général cesdeux termes sont employés dans leuracception on peut représentercerapport d'incidence de la m anière sui-
commune, actuel désignant ce qui existe effectivement au vante :
moment présent,virtuel ce qui existe puissanciellement et est un livre(support) ( beau (apport)
donc appelé à être (LLe :1921.En chronologie idéelle, la dis-
tinction virtuel/actuel recouvre la successivité de l'avantet de C'est ce mécanisme d'incidence qui distingue l'adjecùf du
l'après. substantif :
Par exemple, dans l'opéraùon de construction de l'image- Le propre du substanti f estd'avoir une incidence interneà
temps qu'est la chronogénèse française, en langue, le mode l'apport de signification, et le propre de l'adjectif d'avoir
subjonctif est vu précéder le mode indicatif. Il s'ensuit qu'en une incidence externeà l'apport de signification. (LL3 :so)
discours le subjonctif est apte à l'expression du virtuel tandis C'est là la seule différence entre les deux parties du discours
que l'indicatif est en affinité avec l'expression de l'actuel. adjective et substantive, toutes deux appartenant au plan
Plus généralement, cette distinction est en fait celle qui à la nominal. Il suffit derendre l'adjectif incident à lui-mêmepour
fois différencie et associe la langue et le discours dans le lan- qu'il devienne substantif et, de même, rendre le substantif
gage. L'acte de langage est une actualisation de la langue incident à un support externe revient à l'adjectiver. Beau et
virtuelle. Les systèmes sont des représentations instituées de vraisontsubstantivésdans :Le beau estle second visage du
ce rapport fondamental. S'il fallait résumer d'un mot la vrai et le titre substantif Henri IV est adjectivé dans : unfau-
conception guillaumienne du langage, c'est certainement teuil Henri IV.
celui d'actualisation qu'il faudrait retenir. On reconnaîtra Les incidences de l'adjectif et du verbe sont toutes deux
dans ce concept lesdeux valeurs-clé de lapsychomécanique : externes du premier degré. Mais elles ne sont pas identiques.
le dynamisme opératif et la chronologie (soit temporelle, soit Le régime d'incidence du verbe avec l'incorporation d'une
idéelle) entre le précédent et le subséquent. Le rapport lin- incidence à la personne se détermine dès la langue alors que
guistique existe à partir du moment où les termes qu'il associe c'est en discours seulement que l'adjectif obtient une inci-
20 - ADVERBE
AIRE GLOSSOGÉNIQUE - 21
leurs vocables au niveau du discours alors que dans l'aire De même, le mode quasi-nominal, mais dans le sens descen-
tierce, le vocable se définit en langue, prévisionnellement. dant cette fois, répartit ses trois formes (infinitif, participe
Entre les deux aires prime et tierce, l'aire seconde apparait présentet participe passé) en deux secteurs séparés par ce
moyenne et transitionnelle et le vocable s'y définit à la fois point anaclastique. L'infinitif est situé dans un secteur A
dans les deux plans : notionnellement en langue et fonction- exosystématique, ce que dénonce le signe de position ro :
nellement en discours.
Afin de fixerles idées, appartiennent à l'aireprime les langues Secteur B Secteur A
agglutinantes et isolantes, à l'aire seconde les langues à
singing to sing
racines de type sémitique et à l'aire tierce les langues flexion- I<
nelles. sung (anaciase)
couple sur l'opposition langue/discours. L'analyse se révé- morphème(grammatical). Parexemple, leverbe auxiliaire est
lant glossogénique et la synthèse praxéogénique, c'est anisotopepuisqu'il porte des indications morphologiques qui
l'occasion pour lui de se démarquer explicitement des lin- sont au départ propres au verbe lexical. L'article français,
guistiques dites dephrase enposantles smctures syntaxiques marqué engenre et en nombre, estun autre exemple de ce
comme indissociables des déterminations glossogéniques du déplacement de la morphologie vers un vecteur distinct.
vocable.
AT : 49Ç2 I
LL1 : 95,111,140,156,157,163,169
I
I
LL2 :207 Tension l (UN)
LL3 :63,203
>S
LL4 : 63,64,80,81,87-90,135,137 S = singulier
LSL :50,194,195+01~3,205 Ul = universel initial
U2 = universel final
PLT : 169
TV : 65-68,90-95 L'article peut aussi bien généraliser que particulariser. La
raison d'être de deux articles indéfini et défini est que le rap-
port entrel'universel et le singulier estparcouru dans les deux
APPO R T / S U P P O R T (imp o rt/support) sens. L'article un est particularisant, et l'article le est géné-
ralisant. On notera que l'article le présupposel'article un et
Larelation apport/support, couverte par le mécanisme d'inci- a donc une valeur anaphorique (rappel de la singularisation
dence, constitue la relation fondamentale du langage : initiale).
Dans le discours, il est toujours parlé de quelque chose, qul Les effets de sens généralisants et particularisants varient
est ce dont on parle, c'est-à-dire le support obligé, auquel d'un article à l'autre selon la tension adoptée. Par exemple,
l apport, qui estcequ'on endira, aura sonincidence.(LL3 : l'article un, anti-anaphorique, livre des généralisations hété-
rogènes visant toujours le cas particulier : un petu whisky,ga
ál)
fait dubien,dii-ilenreposant sonverre.Aucontraire, l'article
Asppcr - 29
decommencement etdefin (C et F) de l'événement. Le temps en l'absenced'un désigné propre, est déférée au nom par
expliqué est le temps infini porteur de cet événement : simple assignation.
Cette notion d'assignation est importante en ce sens qu'elle
souligne que même là où elle n'est portée par aucun signe
propre, latransition langue-discours existe, bien évidemment,
<— —
—temps explique ———> et demeurefondamentale.
En termes d'évolution, l'aspect qui marquait la distinction Signalons en outre que dans les cas de désignation explicite
de l'extensité du nom en discours, on emploiera par opposi-
entre complétude et incomplétude - à rapprocher de l*oppo-
tion au terme d'assignation le terme de déflexivité.
sition du perfectif et de l'imperfectif - en est venu à marquer
la distinction entre immanence et transcendance. C'est ainsi PLT : 265
qu'on peut comparer, par exemple, le russe — langue qui ne
quittepas laduréeintérieure au verbe - au français qui possède
trois aspects : l'aspect simple (tensif, immanent)de marcher,
l'aspect composé (extensif, transcendant) deavoir marché et ASTÉ M A T I Q U E (n on stematic)
l'aspect surcomposé (bi-extensif, bi-iranscendant ou ultra- [Gr. a(n) : négatif+ stoma csta- : être debout]
transcendant) deavoir eu marché. Un morphème astématique est un morphème qui est inca-
Les catégories de l'aspect et du temps entretiennent des rap- pable, contrairement au morphème stématique, d'exister à
ports systématiques parfois complexes(voir larépartition des l'état de mot indépendant. Les flexions nominales et verbales
compétences de trois formes verbales commej'écrivis, indo-européennes sont typiquement astématiques.
j 'écrivaisj 'aiécrit). De surcroît, l'aspect est denature àjouer
un rôle important lorsque la morphologie temporelle est pau- cf.Stématique
vre,comme c'est le cas en anglais.
La théorie guillaumienne de l'aspect s'inscrit dans une très
longue tradition - le concept même avait été entrevu par les ATH E M A T I Q U E (no nthematic)
grammairiens latins avant d'être redécouvert au dix-septième [Gr. a(n) : négatif + thematikos < thema : œ qui est posé = qui
siècle par des grammairiens tchèques - et elle souligne avec n'appartient pas au radicai]
fermeté l'existence de la catégorie dans une langue comme le
Est dite athématique une forme dépourvue de thème-voyelle
français. Elle a également pu être appliquée à d'autres lan-
et associant directement la flexion au radical du mot. Le sub-
gues, notamment à l'anglais, dont le système des formes
jonctif présent, en français, est athématique ainsi que le futur
verbales avec l'auxiliaire have et le participe passé du verbe
simple. Le subjonctif imparfait (ou passé) ainsi que leprétérit
estassezproche deceluidufrançais,m algréquelques emplois
défini (passé simple) sont thématiques. De manière générale,
notoirement différents.
le thème-voyelle signale une contradiction psychique inhé-
LL1 : 170-173,176-180,185-187 rente à la forme thématisée, la forme athématique étant en
LL3 : 142,172,201-203 regardparfaitement homogène.
LL4 : 91.92
LSL : 46-58,71,122,189,190,251,252 cf.thématique
PLT : 25
TV : 11,15-27,108-111
AT T R I B U T (comp l ement noun or adjective)
[Lat. attribuerec ad : à, vers+ tribuere : aiiouer]
ASSIGNATION (assi gnati on) Le terme d'attribut désigne l'une des trois fonctions
qu'indiscrimine en langue le cas synthétique du français, les
On parled'assignation là où latransition du nom en puissance deux autres fonctions étant celle de sujet logique et d'objet
au nom en effetreste implicite, c'est-à-direlàoù elle n'estpas logique.
explicitement désignée par un signe comme l'article. Le terme d'attribut doit s'entendre dans un sens proche du
Dans les langues sans article on dira que l'extensité du nom, sens traditionnel puisque, dans la définition de l'incidence
32 - AUTOPTIQUE
AVANT/APRÈS - 33
comme rapport entre un apport et un support, l'attribut peut La théorie de l'auxiliaire apporte ainsi une probante affirma-
être : tion de la validité du principe de signifiance.
- incident à la copule (Ce livre est passionnant)
- incident aux verbes menant àl'idée d'être(sefairemoine, cf.avoir/être, subduction
devenir un héros). LL1 : 125,144-146,151,170,238/53
LL2 : 161,191
LL2 : 138 LL3 : 142
LL3 : 225 LL4 : 118,119,123
LSL :57,73-86,189
TV : 18,19,25
AUTOPTIQUE (autoptic)
[sur le modèle deautopsie, Gr. autopsia : action de voir de ses AVAN T / A P R E S (bef o re/after)
propresyeux < autos :sol-m ême+ opsls :vue]
La distinction de l'avant et de l'après est une distinction
Dans la théorie guillaumienne de la démarche scientifique, la méthodologique capitale qui permetde reconstituer l'analyse
syndèse autoptique désigne le rapport initial de compréhen- quelapenséeopèredesespropres démarches.Ellecorrespond
sion soumis auvoir (à l'observation) dont il ne sort pas. Le à une chronologiede raison etnon nécessairement àunechro-
terme traduit en fait la soumission de la compréhension aux nologie temporelle.
donnéesvisibles,c'est-à-dire observables.Le rapportfi nalde Ce que la pensée sépare en elle-même, c'estd'un côté le
compréhension, cryptologique, subordonne la compréhen- résultat qu'au furetà m esure de son développement elle pro-
sionà unerecherche,au delà del'observable,du concevable. duit et, de l'autre, l'opération génétique productrice de ce
On peut associer sommairement autoptique à empirique et résultat. La distinction de l'avant opératif et de l'après résul-
cryptologiqueà théorique. tatif est le fondement de tout système linguistique.
La langue est l'avant du discours, même si, diachronique-
cf.syndèse ment, elle se crée à partir de lui et des essais plus ou moins
réussis qui y sont tentés. De même, le système de l'article se
recompose de deux tensions dont l'une (celle de l'article
indéfini) est l'avant de l'autre (celle de l'article défini). Dans
A UXILIAI R E le système verbal, on peut distinguer autour de l'intériorité de
(auxiliary) l'événement une extériorité d'avant, à partir de laquellel'évé-
[Lat. auxlllum : secours, alde]
nement est vuen perspective, et une extériorité d'après, où il
estconçu rétrospectivement comme révolu.
Estqualifié d'auxiliaire un verbe qui, àla suite d'un processus
desubductionou dématérialisation, est devenu apte àsignifier cf.actueVvirtuel
des rapportsformels.
La subduction correspond à l'atteinte d'un niveau de signifi-
cationsuffisamment généralpour être étendu à la représen-
AVER S I F (thème) (no n versive theme)
tation globale de toutes les situations et non pas seulement à
[Gr. a(n) : négatif + Lat. vertere : tourner, retourner = qul
l'expression de situations particulières. La contrepartie n'lnverse pas]
matérielle est foumie par le verbe lexical associé.
La distinction des thèmes versif et aversif a trait à la double
L'analyse du mécanisme génétique de l'état d'auxiliarité
représentat
ion du temps, en ascendance etendescendance.Si
permet de montrer que - contrairement à l'affirmation de la formereprésentela pensée accompagnant le sens descen-
nombreux linguistes selon laquelle les auxiliaires seraientdes dant du temps, on parle de thème versif (par exemple le pré-
verbes in-signiTiants - l'auxiliaire a bien un sens, dérivé de sent cursif représentant un procès en cours de réalisation de
celuidu verbeplein dontilémane(avoir etêtre, parexemple). Pierredéjeune en ce moment). Si cette forme représente une
34 - Avonvd
mlALE - 35
qui est -je renvoie mes auditeurs ù mon livre « Temps et indicatif, avec la représentation du présent et ses consé-
verbe »-genèse delapuissance de construire le temps, etla quencesdans le passé etdansle futur.
« chronothèse »,quiestl'exercicede cettepuissance k long Les notions et les termes mêmes dechronogénèse et chrono-
de sonacquisition, exercice correspondant chaque fois à thèsesont spécif iques à la psychomécanique, aucune autre
une coupe caractéristique de cette acquisition de puissance, théorie linguistique ne se préoccupant de la genèsede la
coupe qui en livre un profil, chaque profil ainsi obtenu par représentation mentale du temps. L'intérêt d'une telle ana-
coupe constituantun mode. (PLT: 225) lyse, comparée aux approches traditionnelles de la conjugai-
Mentionnée pour lapremière fois dansTemps etverbe gv :s), son du verbe, outre sagrande simplicité, réside dans le faitque
lathéorie de la chronogénèse est liée àcelledu temps opératif, la prise en compte du temps opératif met clairement en évi-
successivit é d'instants de raison occupés par la pensée pen- dence les relations systématiques interwhronothétiques et,
sante(Sur les circonstances précises de la découverte du partant, inter-modales. Importante pour la description du
temps opératif, voir l' Avant-propos à Temps et verbe et système verbal d'une langue donnée (voir par exemple la
l'Introductionà Langage et science du langage de Roch théorie du subjonctif en français), la chronogénèse l'est
Valin). Le temps ne se laissant pas représenter à partir de encoredavantage pour lacomparaison deslangues naturelles
lui-même, il fait appel à des moyens qui sont empruntés à entre elles.
l'espace, d'où l'expression de spatialisaiion du temps. La
AT : 17-25/6,57
chronogénèse correspond à l ' opération inconsciente à
laquelle se livre le sujet parlant en instance de discours, LL1 : 79,82,88,213
préalablement à l'emploi de toute forme verbale : il parcourt LL2 : 33
l'entier du système verbal en s'arrêtant à la position systé- LL3 : 201
matique qui répond à sa visée, à son intention de discours. LSL t 121•186,253
L'opération est interceptée en trois points de son développe- PLT : 22P25
ment et chaque interception est appeléechronothèse. Le rap- TV :8sq
port qui unit chronogénèse et chronothèse est l'application
d'un principe fondamental selon lequel toute opération de
pensée, defaçon àce quel'espritpuisseprendreconnaissance
des résultats produits, doit être suspendue à tel ou tel moment CHRONOLDG1E (c h ronology)
de son déroulement. Ce principe fonde ce que G. Guillaume
appelle la linguistique de position (voir l'opposition entre la Il existe deux chronologies d'ordre différent :
productioniibre desidéesetlasaisie desidées produites(tsL: - une chronologie réelle, concrète, relative à la succession
228-229)). entre événements (chronologie temporelle)
- une chronologie abstraite, intervenant entre idées (chro-
Dans les langues indo-européennes, aux trois interceptions nologie idéelle ou notionnelle).
(début, étape intermédiaire et fin) correspondent trois modes On dira par exemple que de la condition à la conséquence il
grammaticaux, successivement quasi-nominal (initial), sub- existe une chronologie idéelle, parinstants de raison, selon
jonctif (médian) et indicatif (final). En figure : laquelle la condition est - par définition - antécédente à la
conséquence.
C H R O N O G É N È S E (temps opératif) Cette chronologie abstraite entre idées joue dans les langues
I I >I un rôle très important. C'est par exemple à des faits de chro-
Quasi-nominal Subj o n ctif Indicatif nologie de cet ordre que se rattache toute la théorie psy-
(Chronothèseinitiale) (Chr o nothèse médiale) ( Cht onothèse finale)
chosystématique de l'auxiliaire. Par ailleurs, la chronologie
idéelle étant de langue et la chronologie réelle de discours, il
s'ensuit que la chronologie idéelle devance toujours la chro-
Chaquemode consti tueparrapport aux précédents unprogrès nologie réelle. C'est ainsi que l'aspect, qui ressortit àla chro-
dans la définition de l'image du temps, ce qui explique que le nologie idéelle, est toujours assigné au verbe avant le temps.
contenu en soit de plus en plus complexe. Cette définition est Toujours dans le plan du verbe, dans la chronogénèse &an-
complète en chronothèse troisième, correspondant au mode çaise, le subjonctif occupe idéellement une chronothèse anté-
42 - CHRONOTHÈME
CHRONOTHÈSE - 43
ques, entre le passé et le futur. On notera dans la pensée de riquement aussi, mais différemment, entre lesdits apports.
G.Guillaume une évolution entre 1929, où les chronotypes La Eangue n'estpas consátuéc, et c'est Eà un principe de
sont juxtaposés pv : 53)et 1948 où ils sont superposés(LLt : grammaire générale, avec les apports de l'histoire, qui sont
â283, tâatetstenf LSL: 19âsq). fortuits, mais avec les rapports que de moment en moment
D'un point de vue diachronique, dans ce dernier état de la l'esprit institue entre ces apports. Ce sont ces rapports ins-
théorie, le présent français est passé d'une composition juxta- tituéspar l'esprit entre les apports historiques quifont la
posée (en latin) àune composition superposée (dans la langue Eangue.Par eux-mêmes, et on ne saurait trop en faire la
m oderne) des chronotypes. On peut le représenterainsi: remarque,les apports de l'histoire sont inopérantsà cons-
truire la hsngue. Celle-ci ne se construitque pourautantque
lesapports de l'histoire entrentdans Eecadre -danslecadre
passé systématisé - de certains rapports. Et c'est pourquoi la lan-
PRÉSENT
gue est, selon les termes mêmes de Saussure, un système.
tu Elleestà la vérité,nous le savons, un système complexe,un
Cette superposition des chronotypes, avec la distinction des système de systèmes. (LLt :259-26á)
niveaux qu'elle entraîne (niveau Ot incident et niveau <
Ceci a des conséquences évidentes sur l'organisation interne
décadent) est capitale pour toute l'architecture du système
des systèmes par rapport à leur histoire. La cinèse, en effet,
verbal français. C'est elle qui dédouble le passé en deux
porte l'ordination systématique des éléments et cet ordre ne
temps, le prétérit défini, sur niveau , tout entier incident et
suitpas nécessairement l'ordre historique. Il sepeut très bien,
l'imparfait sur niveau ajoutant à cette incidence, si peu même, que lesdeux ordres soient inversés (phénomène
que ce soit, de la décadence, c'est-à-dire de l'accompli. Ce d'énantiodromie qu'onpeut observer dans le système de
dédoublementseretrouve dans le futur avec le futurcatégo-.
l'article, établissant historiquement l'article indéfini après
rique incident et le futur hypothétique décadent.
l'article défini alors qu'il est avant lui dans le système).
représenteen effetnon des états,mais des mouvements qui, langage de la loi de cohérence (génétique) plutôt que de la
interceptés parlavisée momentanée dediscours, déterminent logique. Alors que la logique présente un tableau toujours
alors des effets de sens particuliers. Bien que le terme lui- achevé, même s'il est incomplètement exploité, des rapports
même ne soit pas antérieur à Temps et verbe, la notion de entre prémisses etconclusions, la nonon de cohérence est liée
cinétisme permet notamment de rendre compte de manière àla conception guillaumienne du langage comme un entier en
satisfaisante du mécanisme de l'article : interceptés à égale perpétuel devenir. Rien n'est fixe et réalisé une fois pour
distance du singulier, les mouvements antagonistes qui sous- toutes : la langage est fait d'adaptations permanentes, de
tendent les deux articles un et le produisent des effets de sens dépassement perpétuel des résultats sans cesse produits. Ces
à peu près semblables par statisme (valeurs universalisantes dépassements s'opèrent plus ou moins rapidement en se ser-
ou singularisantes) mais qui sont cinétiquement opposés. vant des divers accidents morphologiques et sémiologiques
Absente de la grammaire générativecomme du structuralisme qui surviennent à tout moment. La loi de cohérence contrôle
classique, la notion de cinétisme évoque plutôt le couple en permanenceces changements, retenant uniquement ceux
humboldtienergon/energeia.Dans lamesure où un courantde qui ne remettent pas en cause l'équilibre global du système.
pensée inspiré de Humboldt semble s'être maintenu tant à Grâce à cette loi, d'une part, aucune langue ne peut se dé-
l'époque comparatiste qu'après Saussure, il est raisonnable sagréger,etd'autrepart, toutelangueestàmêmed'assurerson
d'admettre que G. Guillaume en est un représentant. Si une propre développement.
théorie de l'énonciation, par ailleurs, consiste à référer Ce principe de cohérence met lapsychomécanique àl'abride
l'énoncéproduit à ses conditions deproduction, il estclair que critiques sur un éventuel caractère progressiste de l'histoire
cette approche dynamique des faits de langage fournit des langues en ce sens que chaque langue n'évolue que par
aujourd'hui les bases théoriques de la problématique rapport à elle-même. Avec des degrés d'évolution différents,
moderne. avec une histoire propre, plus ou moins longue, plus ou moins
mouvementée, aucune langue n'estsupérieure àune autre car
AT : 25-32,43-45
elle est toujours parfaitement cohérente dans ses grandes
LL1 : 98,106,112,168,169
lignesrelativement aux problèmes fondamentaux de repré-
LL2 : 34-35 sentation et d'expression.
LL3 : 126-136,237,238 La notionde modèle idéal,de grammaire pure, de modèle
LL5 : 139,201 même, n'appartient pas pour G. Guillaume à la linguistique.
LSL : 143-166 Un modèle supposeen effet l'existence d'un équilibre institué
TV :79 où les parties ont une nature et une fonction déterminées.
Ainsi, un modèle fonctionne sur la prévisibilité. Or, écrit-il,
Combien nous voilà loin de l'étatdu langage (...J Pour que
le langage relevât de la logique, il faudrait que toutes ses
COHÉRENCE (coherence) interactionsfussentréduüesen des actions simples de même
[Lat. cohaerere : adhérer]
ordre, reruiant lejeu prévisible, et qu'au surplus, cej eu tout
La cohérence est une loi, ou un principe qui préside à la entierfût préservé, comme dans l'idéal,de toute influence
construction d'un état systématique en le faisant dépendre extérieure. (pA :34)
d'exigences internes d'équilibre. La loi de cohérence des
systèmes leur impose l'unité - les systèmes les plus achevés cf.logique
étant ceux où les antinomies les plus absolues sont rapportées
PLT : 32-35
à une construction unique (par exemple l'article en français,
dont le système réalise l'intégration en un rapport unique, de
l'universel et du singulier).
Partout où G. Guillaume le peut, il substitue à la notion de
COM P E N S A T IO N (compensation)
logique celle de cohérence, allant même jusqu'à remplacer la
terminaison -logie (chronologie, glossologie, ontologie...) Ce principe général (d'où le terme deloi) a trait au fait que
par la terminaison -génie (morphogénie, glossogénie, onto- toute langue, quelle que soit sa systématique, quelle que soit
génie...) à ses yeux plus apte à évoquer la dépendance du sa définition typologique, est une réponse parfaite et absolue
48 — COMPRÉHENSION/EXTENSION
CONCEPT - 49
aux problèmes humains d'expression. Donc tout ce qui serait êee levée, par l'ordination systématique. L'acception gui-
éventuellement perdu par un sous-système est ipso facto llaumiennereste ainsiparfaitement traditionnelle mais meten
repris par unautre. C'est ce qui explique que la diachronie est évidence le caractère obligé et foncièrement linguistique des
à la fois un processus destructeur d'équilibres anciens et bi-partitions systématiques de ce type.
constructeur d'équilibres nouveaux.
LL2: 215
cf.loi LL3: 139
LIA : 120-121
LSL: 35
COM P R É H E N S ION/EXT E NSION PLT : 91.92,258,259
(comprehensionlextension)
[Lat. cum : avec+ prehendere : prendre= ce que le mot emporte
aveclni]
ÇONCEPT (co n cept)
Le va-et-vient de la pensée entre l'universel et le singulier sur
[Lat. concipere (cnm : avec+ capere : prendre (conceptum =ce
lequel s'appuie la formation du mot dans les langues indo- qni a été appréhendé, saisi par l'esprit))
européennes seretrouve dans sa signification même sous la
forme d'un équilibre de compréhension (ou intension) parti- Le concept est la représentation en langue d'une notion par-
cularisante et d'extension généralisante : ticulière soumise intérieurement à une tension aussi généra-
Quand on parle,en grammaire, de la compréhension du lisante que possible sans que soient remises en cause l'exis-
mot, on fait allusion implicitement à un éloignement de tence et l'autonomie de cette notion.
l'universeletà un rapprochementdu singulier,etquand on Le concept est caractéristique des langues de l'aire tierce où
parledel'extensionà un rapprochement de l'universeletun la matière et la forme du mot interagissent dès la langue.
éloignement du singulier. gSL :SSI L'idéogénèse fournit l'idée particulière, et la morphogénèse
l'idée générale, à savoir la partie du discours. C'est la com-
Ainsi dira-t-on que pomme est plus compréhensif que fruit
binaison des deux qui crée le concept, les tensions se limitant
parce qu'il est plus proche du singulier que ce dernier. Fruit
est plus extensif par sa relative généralité. Ce rapportinver- réciproquement à un niveau moyen. Ainsi le mot maison a
sement proportionnel de la compréhension à l'extension est pour signifié le conceptmai son parce que son statut formel de
dans tout mot fixe etinvariant. En discours interviendra éven- substantif l'oblige à s'appliquer à tout objet pouvant relever
tuellement une variation d'extensité locale, réglée en ftançais de sa définition. L'apparition du concept au plan matériel
par l'article : s'accompagne delacréation d'actualisateurs spéciaux,par
Pris dans la langue (...) un vocable, une unité de puissance exemple l'article des langues indo-européennes par rapport
aux substantifs.
quelconque est un équilibre stabie, invariant, du mouve-
ment d'intension allantà l'étroit et du mouvement d'exten- Il faut veiller particulièrement à garder au terme de concept
sion allant au large. (PLT : 2$9) sa valeur linguistique de mode de construction du signifié
matériel. Ce terme n'a rien à'voir avec sa définition philo-
La matière du mot n'est pas concevable sans une forme lin-
sophique ou psychologique. En d'autres termes, toutes les
guisfique.Compréhension et extension sont en fait les deux
langues du monde permettent de conceptualiser mais pas
aspects formels qui déterminent pour chaque mot son aspect
nécessairement avec un signifié matériel conceptuel. A titre
matériel. Il est à noter que ces deux formes sont inséparables d'exemple, la racine des langues sémitiques est infiniment
et systématiquement reliées. A la singularisation qui fait
plus générale et donc plus conceptuelle que le radical indo-
l'intensionréplique àproportion, quoiqu'avec uneorientation
européen, tout en étant typologiquement antérieure. Quant au
diamétralement opposée, l'universalisation extensive. C'est
vocable le moins conceptuel qui soit, le caractère des langues
selon G. Guillaume la propriété essentielle des êtres linguis-
isolantes, il a permis l'élaboration de philosophies d'un très
tiquesque d'associer deux mouvements adversatifs complé-
haut degré d'abstraction.
mentaires, leur stabilité associative provenant justement de ce
dernier caractère. Les êtres linguistiques sont tous intérieure- PA : 78,91,240,303,312,313
ment contradictoires, cette contradiction étant intégrée, sans LSL : 89,102,106
50 — CONDITIONNEL
coNJQNcïioN - 51
COND I T I O N N E L (con ditional) nomie expressive, appelés disjonctifs. Les pronoms disjonc-
[Lat. condicionalis : soumis à certaines conditions. Ce terme a été tifs français utilisent l'article défini (lequel, laquelle,
utilisé en grammaire pour traduire le grec hupothetikos]
lesquel(le)s). Les pronoms conjonctifs sontqui,que, dont, où.
La définition traditionnelle du conditionnel comme un mode En anglais, les pronoms conjonctifs et disjonctifs ne sont pas
est parfaitement erronée. Il s'agit d'un temps, un des deux distincts bien quewho et which tendrent à être de préférence
temps futurs de l'indicatif français, le futur hypothétique, disjonctifs face au pronom zéro conjonctif.
l'autre étant le futur catégorique (futur simple) comme le
cf.pronom
prouve la sémiologie. Les deux temps (je chanterai/je chan-
terais) sont en effet tous deux construits à l'aide de l'infinitif
en position de radical et d'une version flexionnelle du verbe
avoir. Le futur simple, incident, est comparable au prétérit CON JON C T I O N (c onj unction)
défini etle condifionnel décadent à l'imparfait dontil possède
d'ailleurs la flexion en-ais. La conjonction est définie comme un translatif, c'est-à-dire
un motd'uneespèceparticulièrepermettantlanominalisation
d'une phrase.
cf.hypothétique (futur)
La conjonction n'est employée que dans les cas de nominali-
sation externe de la phrase. S*il s'agit d'une nominalisation
inteme, impliquant un élément spécifique à l'intérieur de la
CONGRUENCE (congruence) phrase,on aura recours non pas à une conjonction mais à un
pronom conjonctif.
Le principe général de congruence a trait à l'obligation faite G. Guillaume distingue en français trois groupes de conjonc-
à la sémiologie de révéler (signifier) les articulations systé- tions :
matiques (psychiques). Cette obligation n'est pas absolue 1) les conjonctions simples (quand, comme...) toujours
puisqu'elle est limitée par la nature et la qualité des apports suivies de l'indicatif.
phonétiques de l'évolution. 2) les conjonctions complexes ou locutions conjonctives
Les innovations non congruentes ne seront donc pas retenues terminées par que : elles se divisent en conjonctions virtuali-
mais le principe de congruence révèle une certaine flexibilité santes et actualisantes selon que le premier élément s'y pré-
(souvent révélatrice d'ailleurs de la nature des problèmes sente anticipatif ou non anticipatif. Par exempleavant est
posés). Il est simplement demandé à la sémiologie de suffire anticipatif et la conjonction complexe avant que est suivie du
(principe de suffisance expressive). subjonctif. Après étant non anticipatif, la conjonction après
Ce principe est la version guillaumienne du principe d'ana- que gouvemera l'indicatif.
logie cher à la grammaire comparée et renvoie directement à 3) les locufions conjoncfives terminées par où (jusqu'au
la nature systématique de lalangue : celle-ci en effet n'intègre moment où...) toujours suivies du mode indicatif, à cause de
que les innovations qui sont de nature à convenir aux besoins où dontla fonction propre ne sauraits'exercer en dehors du
d'expression (d'où le terme parfois utilisé deloi de conve- temps réalisé.
nance). On remarquera ici une possible hésitation sur le statut de
certaines conjonctions qui, comme quand, répondent aussi à
cf.loi la définition des pronoms supplétifs. Par ailleurs, que est aussi
bien pronom que conjonction. G. Guillaume assimile en fait
explicitement les deux fonctions en faisant de tous ces termes
CON JONCTIF (pronom) des éléments translatifs, agents de nominalisation, soit inteme
soit externe. La différence réside dans la position de la per-
(conj unctive pronoun)
sonne-support, à l'intérieur ou à l'extérieur de la phrase
[Lat. conjuctus < conjugare : unir, relier]
nominalisée.
Ce terme est utilisé comme équivalent depronom relatif, au LL1 : 241
sens traditionnel, afin de distinguer les pronoms relatifs LL3 : 148-150
dépendants de l'antécédent de ceux qui manifestentune auto-
TV : 42-45
52 - CONJUGAISON
C ONSONNE ~ E - 53
CON JUGA I S O N (eo n j ugation) rechercher du côté psycho-systématique et non pas, car la
[Lat. eonjugare : unir, reiier] langue tolère de ce côté une certaine irrégularité, du côté
sémiologique :
La conjugaisonestl'ensemble des formes verbales,variables
(...) sousies irrégularités de ia conjugaison sémiologique,
selon le mode, le temps et la personne qui sont l'expression
partout ettoujours se découvre ie même psychisme un et
des divers moments successifs de l'acte de représentation du
extrêmement systématisé, qui est celui des formes verbales
temps. Etant donné que cette représentation est une spatiali-
françaises.g,u : 74)
sation du temps, la conjugaison est l'ensemble de ces cas de
spatialisation : Le dévidement des cas de spatialisaáon du
LL1 70 74 88 163-165
temps et ia conjugaison ne font qu'un. ILLS :130)
LL3 : 65,66
Ces cas de spatialisaiion sont rendus matériellement, compte
tenu de la loi de suffisance expressive qui autorise certaines LL4: 112
irrégularités, par une sémiologie spécifique : LLS : 130,160,161
Le système de iaconjugaison du verbe se recompose de LSL : 120-123,250-269.
conditions psychiques satisfaites rendues sous des signes
TV :129
jugés propresà en assurer lasaisie, ie portetie transport.
Ces signesconstituent iecôté sémiologique du système. Les
conditionspsychiques que ies signes reeouvrent en consti-
tuent iecôtép sycho-systématique. (LSL :2SJ)
CONSO NN E AX I A L E (axi a ! consonant)
La conjugaison repose sur les trois catégories verbales rap-
pelées ci-dessus que sont le mode, le temps et la personne. Consonne qui, dans le mot, sépare le radical de la partie
Outre l'incidence, le verbe est encore caractérisé par deux morphologique postposée, autrement dit marque physique-
autres catégories, l'aspect et la voix. On notera que les formes ment le seuil mental inscrit dans le mot qui sépare l'idéation
verbales, modales ettem porellessontdesformes conjugantes notionnelle de l'idéation formelle ou trans-notionnelle.
alorsque l'aspectetlavoix demeurentdes formes conjuguées
En français, cette consonne joue unrôle très important, amuie
parlesprécédentes(parexemple, la forme d'aspecttranscen-
&équemment à l'indicatif mais présente au subjonctif
dant avoir chanté se reconjugue exactement aux mêmes (j'entendslque j'enten-d-e), ou marquant la distinction de
temps et modes que le verbe d'aspect immanent chanter, et
nombrej('entendsliis enten-d-ent je finislils fini-ss-ent). Elle
j'ai chanté, loin d'être un temps de chanter n'est en fait que
est régulièrement présente à l'imparfait, et connait des for-
le présent deavoir chanté, un présent d'aspect parfait). tunes diverses au passé simple (savoirlje saisj le sus, vivrej le
Dans la langue française il existe trois modes grammaticaux. visjle vécus). Elle est directeinent intéressée par les vocali-
Dans le premier état de sa réflexion, tel qu'il est formulé dans
sations ou non vocalisations des désinences qui marquent le
Temps ei verbe, G. Guillaume faisait une double distinction
paysagechronogénétique français.Son étude,quoique fort
binaire : distinction du plan verbal et du plan nominal (ce compliquée du fait d'interférences phonétiques d'une part et
dernier devient par la suite le mode quasi-nominal, avec les du caractère relativement lâclie de la fonction sémiologique
formes d'infinitif et de participes) ; puis dans le plan verbal, (loi de suffisance expressive) d'autre part, est cependant d'un
distinction du mode temporel ou actuel (l'indicatif) et du intérêt considérable et malheureusement trop souvent négli-
mode intemporel ou virtuel (le subjonctif). La conjugaison gée. En effet, les variations phonétiques sont encore trop
propre du verbe kançais se divise en deux groupes : la conju- souvent tenues pour des héritages aléatoires et mineurs.
gaison dominante ou faible, caractérisée par un-r d'infinitif
G. Guillaume voit en elles au contraire les traces visibles du
fermantetles conjugaisons non dominantes ou fortes,carac- travail systématique autant que le résultat des mises en forme
térisées par un -r d'infinitif ouvrant.
physiques nécessaires à l'intercompréhension (analogie). Il
L'intérêt de cette analyse réside dans la mise en évidence de appelle ainsi à une véritable grammaire comparée, dont il
la remarquable unité qu'a réalisée dans sa conjugaison du consiruit les bases avec la glossogénie, qui ne serait plus
verbe unelangue commele français(ladémonstration apupar aveuglément et exclusivement toumée vers le phonétisme
la suite être appliquée à d'autres langues comme l'anglais, mais saurait retrouver sous le phonétisme les structures psy-
l'allemand ou l'espagnol), unité qu'il faut naturellement chiques impliquées.
54 — eo14vnw~cn CRYPTOLOGIQUE -55
La consonne axialeestrepérable dans les séries de corres- dématérialisation intérieure qui est créatrice de l'état de
pondances sémiologiques comparatives telles que : copule :
La copule, par définition, est un verbe être dématérialisé,
albanais m birni vous apportez diminué à un haut degré, et qui n'a donc retenu en lui
qu'une infime partte dekr signification faisant l'entier du
g ar " de mettre au monde verbeêtre. (LL3 : 221)
anglais er b ear ur poiter Cet inachèvement de sa matière sémantique oblige le verbe,
réduit à l'état de copule, à faire appel à un complément de
arménien er berem je porte matière qui lui sera fourni soit par un adjectif (Pierre est
avesfique m' barami je porte riche), soit par un syntagme nominal (Pierre est un garçon
gothique ee' courageux), soit par un syntagme prépositionnel (Pierre est
baira je porte à l'école).
grec pherô je porte
irlandais ee' berim je porte LL2 : 191
LL3 : 198,217,221
latin fero je porte
LSL: 78
russe beru je prends
sanskrit er bhàrâmi je porte
marcher
i DECLINAISON (declension)
I
marchant La déclinaison est traditionnellement l'ensemble des modi-
I
I I
incidence fications morphologiques, dans le plan nominal, qui signalent
décadence EMPS) la fonction. Ces indications fonctionnelles secombinent avec
les indications de nombre et de genre et varient selon les dif-
D'une manièregénérale appartiennent au niveau supérieur férentes parties du discours. La déclinaison correspond dans
d'incidenceles formes verbales évoquant un procès tout en leplan nominal à laconjugaison verbale. Le terme s'applique
accomplissement, sans y mêler d'accompli (incidence simple aux langues flexionnelles mais est parfois abusivement
sur décadencenulle).Au niveau inférieur de décadence étendu aux suffixations fonctionnelles des langues poly-
appartiennentles formes verbales évoquant un procès entiè- synthétiques, agglutinantes ou à racines.
rement accompli. Enfin appartiennent à la fois aux deux Les études menéespar G. Gui llaume dans ce domaine consti-
niveaux lesformes verbales évoquant un procès en partie tuent une théorie psychique, l'existence et - corrélativement
accompli et pour le reste en accomplissement (incidence sur - la disparition de ladéclinaison dans une languedonnée étant
décadence engagée). le résultat de processus psychiques.
Au mode indicatif, c'est unesurcharge d'époque qui fait en Un examen du déroulement dans le temps desdeuxopérations
quelquesortepasser le verbe au niveau de décadence. Il consIruceicesdu mot dans les langues indo-européennes
s'effectueen effetdanschacune des époques déterminées par (opérations isochrones de discernement et d'entendement)
le présent séparateur unepesée temporelle. La charge et la révèle dans laphase finale de la genèse un intervalle de temps
surcharges'évaluent en hypothèse dans lecasdu futur,épo- qui séparenécessairement l'achèvement respecfi f des deux
que hypothétique par définition, et en réalité dans le cas du opérations. Le lieu de la déclinaison se situe dans cet inter-
passé, époque là aussi réelle par définition. Selon les besoins valle, consécutivement appeléchamp de déc!inaison.
du discours, le verbe peutou bienoccuper seulement leniveau La maùère de déclinaison est constituée par les cas d'emploi
d'incidenceou bien occuper en plus le niveau de décadence. que l'opération d'entendement se voit contrainte d'adjoindre
D'où l'existence en &ançais de deux temps passés (prétérit au sémantème afinde pouvoir s'achever, cas relatif à la
défini incident et imparfait décadent) et de deux temps futurs fonction, au genre et au nombre du mot.
(futur catégorique - le futur simple - incident et futur hypo- Inversement, la réduction de la déclinaison (universellement
thétique - le conditionnel présent traditionnel - décadent). Les constatée dans les langues indo-européennes) s'explique par
tempsdécadents marquent tous deux un surcroît de la charge un étrécissement proportionnel du champ de déclinaison,
naturelle à l'époque. phénomène auquel s'ajoute par ailleurs celui de l'assiette de
La symétrie des temps dans les époques est marquée assez compensation, créateur des morphèmes dissociés de la
nettement dans les désinences : en particulier, les désinences sémantèse, l'article en particulier mais aussi la préposition.
d'imparfait et de futur hypothétique sont les mêmes exacte- Toute mystérieuse et complexe que demeurent la déclinaison
58 — DÉFLEXIVITÉ
DÉMATÉRIALISATION - 59
homogène etrésolutive de laproblématique première. La dèse titre d'une opération médiatrice, certes indispensable mais
est toujours plérotrope (complète, totale) mais l'hypodèse ne transitoire. Elle permet d'obtenir la reconstitution des sys-
l'est pas en première tension. Elle n'atteint la plénitude que tèmes sur l'axe desétats (ou mieux : axe des rapports), mais
dans la seconde tension, ce qui explique la nature binaire et les systèmes dont se recompose une langue étant par défini-
adversative des rapports linguistiques. tion sujets à variation,ù importe de les observer ensuite d'un
pointde vue diachronique sur l'axe des successi vités (axe des
cf.syndèse apports)afitn d'en suivre l'évolution et d'établir entre eux une
filiation.
Il serait donc plus exact de dire qu'à la distinction saussu-
DEV E R S E ( e a u S a t i On ) (deverse causation) rienne de la diachronie et de la synchronie, se substitue celle
de deux diachronies : une diachronie de type iraditionnel qui
L'apportessentieldeG. Guillaumeest lareconnaissance d'un s'intéresse à la genèse des matériaux, autrement dit à leur
principe de causation en trois moments. La causation initiale apport au système, et une diachronie d'un type spécial se
de tout phénomène estobverse et produit le causé construu. rapportant à l'histoire des entités diachroniques que consti-
La causation finale estdéverse etprend appui sur le causé. En tuent les systèmes, autrement dit une diachronie qui s'inté-
d'autres termes, la causation n'estpas linéaire et déterministe resse à la cinèse organisatrice des rapports entre les apports.
mais se médiatise par la présence de ce causé construit pré- Avec l'instauration de cette diachronie des synchronies, on
visionnel. Appliquée au langage, cette analyse reconnaîtpour aboutit à une réconciliation des points de vue synchronique et
le causé construit (la langue) une antécédence obverse et une diachroniquefondamentalementopposéspar Saussure,cequi
subséquence déverse qui aboutit au discours. Ceci fonde en laisse entrevoir par ailleurs lapossibilité d'une collaboration
droitunelinguistiquecryptologique dontunedes tâches estde fructueuse entre linguistes théoriciens et historiens.
mettre à jour les psychomécanismes à l'œuvre en causation C'est cette histoire des systèmes qui constitue d'après
obverse aussi bien qu'en causation déverse. G. Guillaume G. Guillaume la plus belle partie de la science du langage :
résumait ce point en disant qu'avant de réaliser une lingui- Cettediachronic de synchronics estappelée, sijejuge bien,
stique de laphrase et du discours, il était nécessaire d'établir d être k couronnement de la science linguistique. C'est
les conditions psychomécaniques de la langue elle-même. d'elk que Pon <àrera> leplus de fumière sur la véritable
nature du langage. (t.LI : 42)
cf.cansation
cf.c[nèse/genèse
produit de l'exploitation momentanée des ressources insti- laquelle, lesquel(le)s où l'article déïmi substantive l'adjectif
tuées en langue. interrogatif, provoquant ainsi une disjonction expressive
Le terme guillaumien dediscours est beaucoup moins restri- entre l'antécédent et la proposition relative.
ctifque le terme saussurien de parole.D'une pait,discours
réfèreà tout agentphysique d'expression de la langue (parole LL3 : 153-154
orale, parole écrite, et parole gestuelle). Relève du discours
toutproduit à vocation expressive et communicative. D'autre
part la distinction [angueldiscours est opérative, la langue
s'établissant comme de la parole vtrtuelle ou puissancielle DUEL (dual number)
[Lat. duo : deuxl
relativement à de laparole egective, s'il fallait reprendre le
termesaussurien. Enfin, si lalangueinstituée apparaîtêtre une Le duel -casdelacatégoriedu nombre -représenteledernier
condition permissive à l'égard du discours, elle en est aussi le vestige du pluriel interne (deux conçus sous un vu). Le duel
produitau sens où c'està parhr d'essais de discours etpour indo-européen,conservé en sanskriteten grec ancien, a lar-
répondre à ses besoins que la langue se construit et se modifie gementétéabandonné, leslangues modernes ayantrecours au
diachroniquement. pluriel externe. Cette utilisation accrue du pluriel externepeut
Langue et discours sont inséparables car ils sont tous deux s'expliquer par lecaractère homogène de la deuxième tension
engendrés par des opérations génétiques identiques quoiqu'à du système, orientée àpartir du singulier vers lepluriel obtenu
visée différente - la langue recherchant l'institution et le dis- par multiplication. La première tension est hétérogène puis-
cours l'exploitation momentanée de l'institué : que lamultiplication est intérieureàl'unité etnepeut en sortir.
Historiquement, la visée générale du discours n'estpa sde Toutefois, le duel, ou du moins le pluriel intern, a persisté
restreindretacompétence desformes que la iangue lui livre, longtemps,comme en ancien français avec unes belances,
mais, sans sortir des limites de compétence que la langue unes grandesj oes, unes grans narines, unes grosses levres,
impose, et donc dansic cadre d'une restriction de compé- uns grans denr, le pluriel de un se maintenant avec les noms
tence acceptée, de développer autant que possible Eo com- désignantdes pahes ou des ensembles. H en reste quelques
pétence de kr forme. Autrement dit, on commence en Longue traces sémiologiques dans la langue moderne :yeux en face
par unerestriction de compétence, eton achève en discours deccils-de-btcuf est un pluriel irrégulier qui peut s'expliquer
par une extension de compétence tenue dans leslim ites de par sonrapport avec le duel :on notera dans ce plurielune
la restriction primitivement opérée. (Leçon du 19 Mars vocalisation postérieure àlaconsonne axiale [j] alors quedans
194g,série C) le singulier la vocalisation est antérieure.
Aussi G. Guillaume reconnaît-il comme unité de langue le
LSL : 171-173,284
mot, qui représente le plus haut degré d'institution, et comme
unité de discours la phrase, qui en représente le plus bas.
AT : 14
ECTO PI E (ec t opy)
LL1 : 136 [Gr. ektoposc ek : horsde+ topos : lieu, place]
LL2 : 19/0,94
L'ectopie est le phénomène par lequel une forme se trouve
LL3 : 12,13,20-24,32,36.37,197~
écartéede sa position propre outopique. Par exemple, leverbe
LL4 : 16,61,65,67,69,71 anglais qui est congruent au réel, autrement dit dont la posi-
LSL : 28,36,183,185+08+09,211+75 tion topique est le réel, ne peut pas signifier le futur par lui-
même. C'est une forme auxiliée qui est seule capable de le
futuriser (Ishall write). Dans ce type de construction, le verbe
DISJONCTIF (pronom) principal est rejeté dans l'au-delà de l'auxiliaire, ce qui
explique par ailleurs que le futur germanique soit autant
(disj unctive pronoun)
« modal » que temporel, l'au-delà en question étant à la fois
[Lat. disjungere : disjoindre < dis : préfixe indiquant la sépa-
ration+ jungere : joindre] l'époque future non réalisée et le virtueL Ce mécanisme de
rejet correpond à une ectopie, c'est-à-dire un déplacement
Ce terme désigneles pronoms françaiscomposés lequel, hors de l'actuel et vers le virtuel dit alorsectopique.
66 - EFFECTION
EFFET DEsENs —67
sibilit
é de réunir sous un même chapeau des effets de sens
contradictoires et admettent des synonymies accidentelles.
ENDOPHRASTIQUE (endophrastic)
[Gr. eudou : dedans = à l'intérieur de la phrase]
Une sorte de postulat guillaumien est que la synonymie
n'existe pas pour les formes grammaticales, ou alors que la Est endophrastique une langue ou, dans une langue, une
langue peut simplement tolérer des rencontres sémiologiques construction spécifique, qui détermine la forme terminale du
fortuites quand elles ne rompent pas l'équilibre du système, vocable tardivement, en discours, et non précocement, et
oubienencore, àlalimite, quela synonymie irahitunerelation prévisionnellement, en langue. L'endophrastie est typique de
secrète d'ordre systématique. En tout état de cause, les effets l'aire prime de définition du vocable qui regroupe les langues
de sens sont toujours supposés déterminés par la langue, holophrastiques, agglutinantes et isolantes. On oppose à
même dans ces cas où, dans le discours, ils apparaissent l'endophrastie l'exophrastie où le vocable se détermine hors
chaotiques. L'impossibilité pour une théorie de remonter à de la phrase. L'exophrastie réelle commence en typologie
l'unité équivaut donc à une impossibilité de théoriser la lan- génétiqueavec les langues àracines.
gue. G. Guillaume adresse constamment le reproche à la lin-
cf.glossogénie
guistique historique et la linguistique qu'il appelle tradition-
nelle, en rappelant le caractère systématique et donc néces-
sairement unitaire au niveau le plus profond de leur objet.
ENEX I E (e nexy)
EPOQUE (ti m e sphere) flexions à partir de mots indépendants (cf.le futur latin péri-
phrastique du typecantare habeo qui a donné au IV' siècle le
Le terme époque sert à désigner le temps extra-linguistique futur flexionnel gallo-roman de"cantarayyo > chanterai par
selon ses divisions traditionnelles : passé, présent et futur. soudure entre le radical et l'auxiliaire. La subduction de
Ilestessentielde ne pas confondre l'expérience qu'on a des haberea transformé le verbe en morphème astématique, dont
époques et leurreprésentation linguistique.Lareprésentation le lien sémantique avechabere/avoir est pratiquement tota-
du temps varie selon les langues et rares sont à la vérité celles lement perdu).
qui respectent la division temaire. L'exemple proche des
langues germaniques ou slaves est déjà révélateur et très cf.subduction
majoritairement, c'est une distinction binaire qui prévaut
entre le mémoriel et le non-mémoriel, ou bien des plans com-
parables, compte tenu bien sûr des particularités de chaque
système. La distinction anglaise entre time et tense reflète ESPAC E / T E M P S (sp a ce/
time)
cette différenceentre tempsréelet temps linguistiquede façon
Antinomie ordonnée opérativement qui, dans les langues à
commode.
mots, sous-tend l'opposition dunom etdu verbeet, demanière
Ces opérations de représentation sont une spatialisation du
plus générale, la discrimination des parties du discours.
temps correspondant à l'élaboration d'une image-temps (une
Une présentation satisfaisante decette antinomie dans la lin-
chronogénèse). Au terme de cette spatialisafion, se consti-
tuentalors des époques représentées,chacune divisée en un guistique guillaumienne présente des difficultés, d'abord
ou plusieurs niveaux temporels. C'est ainsi que le présent parceque lesfragments publiésdel'ceuvren'enproposentpas
de description systématique, ensuite parce que tout en étant
français s'interpole entre les deux époques passée et future,
perceptible dès lesopuscules des années 1910, elle n'a été
chacune porteuse de deux temps, l'un incident et l'autre déca-
élaboréethéoriquement que beaucoup plus tard.En fi n,pré-
dent. On distinguera donc lesépoques exira-linguistiques et
sentée par G. Guillaume comme le fondement intuitionnel
les époques intérieures àl'image spatialisée en chronogénèse
des parties du discours, ellerisque évidemment de cautionner
du temps d'univers.
l'hypothèse psychologique, voire métaphysique, qui pèse sur
L'observationdes systèmes de représentation différents
le vocabulaire de l'auteur.
semble montrer que la distinction binaire est plus fondamen-
Ceci dit, à condition toutefois de mettre en perspective la
tale. On notera également la très grande variété dans larepré-
problématique telle que G. Guillaume l'a finalement déga-
sentation et l'expression du futur, temps particulièrement
gée, il est possible d'en définir l'orientation générale :
problématique : futurs thétiques et hypothétiques, subjonc-
tifs, optatifs, futurs auxiliés à partir de l'inï™initif... 1) le rapport espaceltemps est asymétrique.Alors que dans
Temps et verbe,G. Guillaume considère simplement que le
TV : passim temps linguistique est construit comme de l'espace, cette
LSL: 251 sq,255
asymétrie s'affirme dansL'architectoniquedu ternps dansles
langues classiquesoù l'auteur postule d'emblée que l'esprit
humain ne possède que l'expérience du temps, et doit en
demander la représentation à l'espace. Afin d'éviter les
ESOTERI QUE (e s oteric) malentendus, il est utile de replacer cette formulation dans un
lGr. osoterikos : de l'Intérleur c eso : au.dedans] contexte, etnotamment derapprocherlecouple espace/temps
d'autres paires cinétiques, telles que les pluriels interne et
Ladématérialisation(ou subduction) qui affectecertains mots externeou les deux articles fondamentaux du á'ançais. En
généraux et en fait des outils formels (verbes auxiliaires, par d'autres termes, il faut le référer au tenseur binaire. Selon
exemple) peut être exotérique, c'est-à-dire extérieure au mot, G. Guillaume en effet, catégoriser l'espacec'est, nécessai-
quand elle correspond à une hiérarchie notionnelle ou idéelle rement, subsumer une infinitude sous un nombre restreint de
(avoir est dématérialisépar rapport àchanter ou marcher). Si dimensions. Il n'y arien qui soitreprésentable sans cetteres-
elle se poursuit, cette fois en dématérialisant le vocable par triction. La saisie spatiale correspond donc au premier mou-
rapport à lui-même, on dit qu*elle est ésotérique, c'est-à-dire vement, singularisant du tenseur binaire. Et, dans la mesure
intérieure. C'est cette subduction qui produit finalement des où la saisie du continu suppose une catégorisation préalable
74 - ESPACE/ZEMPS dVáwat~tEVr -75
du discontinu, la saisie du continuum temporel succède donc selon lui, l'espace catégorise, la première postulaùon est
opérativement à la représentation linguistique de l'espace. aisément compréhensible. Nul doute que la connotation spa-
2) la dichotomie de l'espace et du temps n'est ni un concept tiale du concept d'aire linguistique impose d'y entendre da-
philosophique ru une donnée psychologique.Certes, vantage qu'une simple métaphore : le développement histo-
G. Guillaume pose que l'espace est dimensionnel et que le rique et systématique du langage a effectivement consisté à
temps ne l'est pas. Et comme cette équivalence implicite des dégager unetopique de lareprésentation distincte del'expres-
notions d'espace et de catégorisation repose sans doute sur le sion. Cependant, comme la théorie des aires se veut préci-
postulat, constamment sous-jacent, d'une fonction schémati- sément la description diachronique de cette topique, eùe
sante du visuel, ù paraît se rapprocher de Cassirer et d'une conduit G. Guillaume à poser parallèlement la similitude du
tradition philosophique. Cependant la thèse fondamentale est langage et du temps. Ici encore, il faut se garder de toute
simplement qu'un substrat mécanique sous-tend les cont- interprétation chosiste. Le rapport qui articule l'aire prime et
rastesles plusgénéraux du langage :l'espace estcedontune l'aire tierce est identique à celui qui relie le futur au passé, et
finitude est soustraite; il conditionne la première tension, le langage dansson entier (langue+ discours) est analogue à
fermante, du tenseur binaire. Le temps est ce à quoi une fini- leursomme. En effet,dans les deux cas,s'opposent du non-
tude s'ajoute; il correspond à la seconde tension. construit, à venir, et du préconstruit. Quant au présent, il est
G. Guillaume définit le nom comme lapartie du discours dont voué au même desnn sténonome que l'aireseconde, en
l'entendement s'achève à l'espace et le verbe celle dont d'autres termes à se réduire à un seuil transitionnel de
l'entendements'achève au temps. Ceci ne veut pas dire que construction. G. Guillaume insère donc entre la langue et le
l'une désignerait de l'espace et l'autre désignerait du temps, discours, comme entre l'espace et le temps, le hic et nunc qui
mais que leur généralisation formelle a pour assiette l'un ou les articule, et qu'il définit parfois comme le petit espace
l'autre mouvement du tenseur binaire. Ainsi uneheure est un occupépar la personne pensante. A l'issue d'une démarche
nom enfrançais,non un verbe,parce qu'ell e estun espace de qui, en dépit des apparences, doit bien peu à la psychologie-
temps soustrait au temps. Par conséquent, si la dichotomie et rien, cela va de soi, à la sémiologie des embrayeurs ou des
peut à larigueur être considérée comme le modèle imaginaire marqueurs de RÖ akobson ou E.Benveniste - il semble que le
qui sous-tend objectivement ladistinction entre nom etverbe, rapport espace/temps débouche néanmoins sur unethéoriedu
il importebien plus desouligner qu'en tantqu'opposition vide sujet.
de matière, elle foumitun mécanisme discriminatoire abstrait
qui se substitue à la catégorisation notionnelle (discerne- AT : 17
ment), et rend possible la catégorisation formelle (entende- LL2 : 199-200214
ment). LL3: 208-209,233-237
3) C'est le présent qui lie les représentations de l'espace et
LL4: 21,37-40,101-104,162-163
du temps. Si le temps emprunte ses conditions de représen-
tabilité à l'espace, la constitution d'une image temporelle LSL : 90,100,118,209
implique la traversée préalable de la tension 1. Par consé- PLT : 22-27,97,190-194,258
quent, selon G. Guillaume, non seulement la catégorisation TV : 124
verbalen'estpossible que là où s'estdéveloppée une repré-
sentation antinomique de l'espace et du temps, mais elle sup-
pose enoutre leur successivité opérative. La chronogénèse
s'achèvecomme l'espaceau seuilsrénonome (recherchant EVENEMENT ( t e m p s d'-) (e vent time)
l'étroitesse) constituépar le présent de l'indicatif. La démar-
che adoptée qui pose l'antériorité systématique (et non pas Le temps d'événement, par opposition au temps d'univers
historique) du nom surle verbe a, il fautle souligner, le mérite intégrant, est le temps intégré intérieur à l'événement. Cette
d'en proposer une véritable articulation. distinction est essentielle dans la théorie de l'aspect : relèvent
Enfin cette successivité de l'espace et du temps jusfifie de l'aspect les différenciations intéressant ce temps d'événe-
certains propos, à p remière vue contradictoires, de ment et du ternps celles qui intéressent le temps d'univers.
G. Guillaume. Il affirme en effet simultanément que le lan-
gage est conquête d'espace et qu'il est temporel. Puisque, cf.aspect
76 -EXOPHRASTIQUE EXPRESSION - 77
cf.glossogénie
EXP R E S S I V I T É (exp r essi vily)
L'expression et l'expressivité sont les deux composants
EX O T E R I Q U E (ex o teric)
[Gr. exo : au dehors] constitutifs de l'entier du discours selon la formule :
EXPRESSION + EXPRESSIVITÉ = l
Ladématérialisation(ou subduction) qui affectecertains mots L'expression
recouvre ceque,dansAr,G uillaume appelaitle
généraux et en fait des outils formels (verbes auxiliaires, par sens littéral, l'expressivité correspondant au sens d'inten-
exemple) est d'abord exotérique, c'est-à-dire extérieure au tion : On sait combien complexe est lej eu desforces qui
mot. Elle correspond à une hiérarchisation notionnelle ou interviennentdans ce qu'on nomme une « signification ».
idéelle qui partage les notions ordinaires de notions puissan- Toute action de langage, considérée du seulpointde vue de
cielles, senties sous-jacentes,antérieures dans la conception la pensée exprimée, met en contact deux différentes catégo-
guillaumienne. H en est ainsi du verbe auxiliaire qui est dès le riesdêtres :d'une part, despenséesfaites etincluses dans
départ un de ces verbes conditionnels (il faut être, pouvoir, des formes finies, des « sens littéraux »; d'autre part, des
vouloir... avant de chanter et de courir...). N'importe quel pensées,et surtout des buts de pensée, des « sens d'inten-
verbe ne peut pas devenir auxiliaire et, parmi les verbes qui tion »,qui se renouvellent sans cesse et n 'ontà leur service
semblent ordinaires, ceux qui de près ou de loin avoisinent le que leriche ou modeste héritage du passé. Une langue a
puissanciel ont souventdes comportements particuliers. Cela beau être très développée, elle est toujours insuffisante;
tient à leur caractère subductif. Pour qu'un verbe passeàl'état toujourselle résiste par quelque côté à la pensée qui la
de mot-outil, il faut que cette subduction exotérique se com- manie « : un elangue riche offre des ressources abondantes
plète par une subduction ésotérique (intérieure) qui le déma- en ce qui concerne la matière, mais il peuty être di~icile de
térialisera par rapport à lui-même. donnerà cettematière toutes lesformes qu'ilfaudraitpour
que tous buts de pensée fussent atteints et que l'intention du
cf.subduction discoursdominât partout. » (PA :3$-36).
Cette distinction qu'établit Guillaume e ntre ce que d i t
l'énoncé au niveau de l'expression (son contenu proposi-
EXPLIQUÉ (t emPS) (explicated time) tionnel) et l'intention qui le sous-entend au niveau de l'ex-
[Lat. ex : au dehors+ plicare : pller] pressivité (sa valeur pragmatique) découle de sa conception
Le temps expliqué est le temps qui n'est pas intérieur au foncièrementpragmatique du discours :Le discours répond
procès représenté par le verbe (impliqué). Le temps expliqué à une viséed'effet : engager une opération dediscours, c'est
est aussi appelé temps d'univers, par opposition au temps de touteévidence vouloir agir,produire un effetsur quel-
d'événement. qu'un. (Pt T : 157).L'expressivité, autrement dit la visée d'effet
ou viséede discoursdu sujetparlant, peutêtrerévéléede façon
cf.aspect plus ou moins directe, ce qui amène Guillaume à distinguer
78 - EXTENSION
EXTENS1TE - 79
l'expressivité explicite, véhiculée par des supports lexico- d'extensité afin de décrire le mécanisme d'actualisation
syntaxiques spécifiques (Ex.:-C'est lui qui s'est trompé,
nominalepropre à l'article. La différence entre extension et
- Nous, nous avons compris) et l'expressivité implicite, qui
extensité est celle qui sépare la langue et le discours. Le
n'est révélée qu'indirectement par une certaine manière de
nom-substantif sedétermine enintension eten extension dans
parler, de s'adresserà mapersonne (Lu : tâs). Les modalités la langue, et le rapport entre les deux aspects de la détermi-
posodiques (intonanon, accentuation, pauses etc.) et/ou nation est constant. C'est lui qui fait le mot de langue, l'unité
mimo-gestuelles apparaissent comme des vecteurs privilé-
depuissance. Lorsque ce substantif est utilisé dans unephrase,
giés de l'expressivité implicite(Ex. vraiment ?). Qu'elle soit dans le discours, son extension puissancielle ne change pas
explicite ou implicite, l'expressivité doit être systématique-
mais son extensité, elle, change. L'extensité est une propriété
mentpriseen considérationparl'analysesyntaxiqueetconsti-
assignéetardivement au nom <pLT :26âh en discours.
tue l'objet de ce que Guillaume appelle, par contraste avec la
Il est à noter que cette différence terminologique est récente
syntaxe d'expression, la syntaxe d'expressivité. L'impor-
(Prolégomè nes inédits de 1954 en particulier tpLTr2$âsq)
tance de l'expressivité croît souvent aux dépens de l'expres- ).
G. Guillaume parle)1illeurs de l'article comme un régulateur
sion, l'interjection (Ex.: Silence!) étant le cas limite où d'extension nomirdle. La nonon d'extensité est utile en ce
l'expressivité est au maximum de la formule. Le sens d'inten-
sens qu'elle permet aussi de distinguer l *article des autres
tion éclipse alors totalement (dévore, abolit dit Guillaume
discriminants ou déterminants d'extension.
pLT :tso) le sens littéraL Guillaume remarque que, du nom et
du verbe, c'est le nom qui est capable de porter le plus net- cf.compréhension/extension
tement l'expressivité, au point que des phrases deviennent
expressi vesen se nominalisant à l'aide de la conjonction que LL1 : 74
(Ex.: Il fait beau I Qu'il... ouJ'ai eu plaisir à vous lire I Que LL2 : 22,23,139
j'ai eu...). Le concept de modalisation expressive auquel on LL3 : 54,62,79,123,127,139,140,239
assimile souvent celui d'expressivité apparaît donc tout à fait LSL : 155,156
réducteurparrapport à la problématique posée qui estcelle de
la signiïïcation pragmatique des énoncés et de ses modalités
d'émergence.
EXT E N S I T É (ext e nsivity)
AT : 3436
LL3 : 66-68,73,81,82,86,87,94,95,101,102,157,167,185,196,205-207 L'extensité désigne le champ d'application (l'étendue)
211-213 momentanément recouvert par la notion en discours et donc
LL4 : 46,47 l'ensemble des objets auxquels momentanément le discours
LSL: 84 réîere.
PLT : 146-252
Alors que le nom se définit dans leplan de la langue en com-
préhension (intension) et en extension, les emplois auxquels
TV :46
il se prête en discours relèvent de la variation d'extensité.
L'extension dénote virtuellement tous le êtres dontle substan-
tif peut se dire. L'extensité opère de manière indépendante,
EXT E N S I O N ( extension) dans les limites tracées par cette dernière. Elle est en effet liée
à la situation discursive au sein de laquelle ne sematérialise
Le terme est utilisé dans son sens habituel, c'est-à-dire qu'il qu'un des cas possibles d'extension. La variation de discours
désigne l'ensemble des êtres auquel s'applique un concept. est ainsi caractérisée par la momentanéité et par son rôle
L'extension croît à mesure que la compréhension ou (inten- d'actualisation. Elle ajuste la notion au contexte particulier
sion), c'est-à-dire l*ensembledes caractères communs à une d'un acte de langage.
classe diminue et inversement. Soit le nom homme qui n'implique comme tel aucune situa-
G. Guillaume considère comme la tradition qu'un substantif tion donnée. LaphraseL'hommeest un loup pour l'homme lui
se définit en intension et en extension. Le nombre, les pos- conïere un caractère de généralité, tandis que celle-ci : Voici
sessifs, les démonstratifs, les articles, sont des discriminants lhomme dontj e l'ai parlé est marquée par une interprétation
de cette extension nominale. Il ajoute le concept linguistique singularisante du nom. Les deux emplois rentrent dans les cas
80-FmT
FtGURATION - 81
cf.matière/forme
AT : 17sq,22,26
LSL : 51,230,285,
PA :42
F ORME VE C T R I C E (vectorial form)
PLT :40-42,93,107-108,113,201,210
TV :124 La forme est le moule linguistique dans lequel est déposée la
matièreou signification matérielled'un mot. Dansleslangues
indo-européennes, la forme du mot est obtenue à l'issue de
l'opération généralisante d'entendement, qui succède en sys-
FLEXION (inflection) tème à celle particularisante de discernement productrice de
matière. La forme constitue ainsi la pàrtie du discours. Il
La flexion est un suffixe spécial, propre aux langues dites importe de noter que cette forme conclusive est intégrante à
fiexionnelles (langues à mots, à radicaux), qui s'applique au l'égard de la matière du mot, mais aussi à l'égard de toutes les
*
nom, à l adjectif, au pronom ou au verbe et porte diverses formes intégrées qui participent à l'opération d'entendement.
indications morphologiques. La flexion regroupe dans le Ces formesintégrées sont appeléesform es vectrices car ce
même suffixe compact des indications aussi variées que le sont elles qui mènent à la partie du discours terminale.
genie, le nombre, la fonction, et la partie du discours, ce qui En fait il existe donc deux types de forme dans ces langues :
84- mrua
GÉNÉRALISATION -85
LL1 : 72-74
LL2 : 152
GENRE (ge n der)
LL3 : 100,157,158,180
Le genre en français est une catégorisation grammaticale qui
entreau nombre des formes vecirices du nom. Psychique-
ment, il existe trois genres(genres mentaux) : le masculin, le
féminin et le neutre. Mais cette distinction n'est pas toujours Gr,PSSPGÉNIE (gl o ssogeny)
marquée sémiologiquement. Ainsi le substantif anglais est-il [Gr. giossa : iangue+ genos : origine, naissance]
dépourvu de marque.Quant au français,il ne distingue La glossogénie est le procès de construction de la langue par
sémiologiquement que deux genres : le masculin et le fémi- rapport à la praxéogénie qui est le procès de construction du
nin. Cette distinction sémiologique ne doit cependant pas
discours. Laglossogénieestcontinueet historique, livrantdes
m asquer l'existence du neutre,représenté par le genrefictif
résultats quisontdesétatsdc langue quel'onregroupeen trois
qui n'autorise pas l'alternance entre masculin et féminin (par
aires : l'aire prime, l 'aire seconde et l'aire tierce.
exemple : le fauteuil, la chaise) par opposinon au genrevrai
G. Guillaurhd la définit comme la construction du langage
des couples tels quele bergerlla bergère (LLS :234).
dans le temps, ce qui montre l'importance du concept en
Le système du genretrouve sa source dans la distinction entre psychomécanique. C'estun terme si général qu'il estemployé
l'animé et l'inanimé : finalement assez peu, l'auteur lui préférant de plus en plus
Quej smereprésenteunêtre endehorsdetoute construction nettement le terme d'ontogénie (glossogénie n'apparaît pas
de phraseje levois pourvu ou non pourvu de la p uissance dansLLsqui regroupe pourtant des leçons de1956-57 et traite
d'agir à partir de lui-même et c'est en cela que consiste d'ontogénie).
respectivement la distinction de l'animé et de l'inanimé. Les trois aires glossogéniques correspondent à trois modes de
(LI3 : 181) définition de l'unité de puissance, ou vocable. Dans l'aire
La basedu genre -quiressortità l'extension -estcette dis- tierce, le vocable oumot est caractérisé par une double déter-
tinction du vivant animé et du non-vivant <inanimé), et mination dès la langue.' la détermination matérielle ou
cette même distinction està la basede la varialion dynami- notionnellc (idéogénèse) qui livre le concept et la détermina-
que dunom, vu que Pinanimé refuse « a priori » iafonclion tion formelle ou grammaticale (morphogénèse) qui livre la
dynamique desujeletn'accepteque lafonction dynamique, paitie du discours. La notion ne peut apparaître comme mot
ou plus exactement « adynamique », d'obj et. De iù vientque que sousla forme d'un substantif,d'un verbe,d'un adjectif...
la déclinaison latine du neutre - et plus généralement la Cemode de définition estcelui des langues indo-européennes
déclinaisonindo-européenne -nefasse pas la séparation du mais il s'agit d'un équilibre entre idéations matérielle et for-
nominatif(cassuj et)etde l'accusatif(cas objet).Le seulcas melle qui n'est pas toujours réalisé de façon exacte, en parti-
dynamique existant « a priori » dans le cas où il s'agit du culier dans les langues classiques oà les flexions développées
neutre,c'està -dire de l'inanimé, c'estceluid'objet. Le cas trahissent une conclusion relativement tardive du mot à
dynamique sujet est inexistant. De là l'absence dans la proximité de la phrase : ces flexions restreignent la compé-
88 - GLOSSOGÉNIE
GLOSSOGÉNIE - 89
tence générale du mot en lui assignant une fonction spécifi- de ce type sont visibles dans les langues indo-européennes
que. Pour autant, cette conclusion tardive reste tributaire de classiques qui incorporent au verbe des désinences d'origine
la partie du discours terminale. pronominale affixées (Lat. venit = il vient), lui conservant,
Dans l'aireseconde à laquelle apparfiennent les langues très partiellement il est vrai, un statut de phrase-mot.
sémitiques, le vocable est défini pour partie en langue et pour 2) La seconde consiste à établir de mieux en mieux les
partie en discours, dans la phrase.En langue, on obtient la unités lexicales sans les désassembler, c'est-à-dire en conser-
racine consonantique porteuse du signifié matériel très géné- vant des groupements minimaux de deux ou trois syllabes.
ralisé (digluent) et en discours, on obtient le vocable achevé, C'estle passage d'un stade où l'assemblage estencorephras-
caractérisé à la fois matériellement et formellement par tique etprécaire (endophrastique) à un stade où l'assemblage
l'insertion de voyelles de traitement morphologique. Ce stade
est définitif (exophrastique) qui crée les languesà mots. Afin
est immédiatement antérieur à l'aire tierce où la racine s'est de s'établir, ces langues doivent franchir une étape transitoire
trouvée stabilisée sous la forme du radical. L'indo-européen qui est celle de la racine, où le mot en devenir monte en exo-
ancien était une langue à racines de ce type. phrastie pour ce qui est de samatière (laracine) mais demeure
L'aire prime est l'aire où le vocable se détermine en tant que endophrastique dans sa forme (insertion des voyelles de
tel au niveau même delaphrase. Les unités isolablessont àdes traitement).Dans l'histoire attestée du langage humain, la
degrés divers des éléments formateurs et non des mots. La glossogénie a consisté à définir le vocable (non bien sûr les
distinction entre nom et verbe y est extrêmement précaire, éléments formateurs eux-mêmes) de plus en plus tôt dans le
voire inexistante. C'est le cas par exemple des langues dites dynamisme del'acte de langage, l'aire seconde représentant
agglutinantes où les possibilités de dérivation et de compo- l'étape transitionnelle entre letout discours et le tout langue.
sition sont considérables. Deux types radicaux se distinguent On notera cependant que l'intrication des phénomènes tou-
nettement : d'une part le type holophrastique (polysynthéti- chant au langage nepermetjamais d'obtenir un typepur et que
que) del'esquimau etde nombreuses langues amérindiennes ces modes de définition du vocable sont en fait des tendances
où il n'existe pas par principe de frontière entre le vocable et plus ou moins nettement affirmées et stabilisées. Chaque
la phrase, et d'autre part le type isolant du chinois mandarin langue est faite, relativement à son histoire, de traits
où le vocable est un earactère syllabique (parfois composé) archaïsants ou novateurs.
de format unique et qui n'incorpore aucune indication mor- L'élaboration d'une typologie génétique a été chez
phologique.Chaque caractèreestaccompagné d'un ton.Ces G. Guillaume une préoccupation constante et elle a suivi des
langues isolantes sont des langues trèsévoluées mais qui ont
~m ins divers jusqu'à la distinction des saisies radicale,
développé lesressources de l'aire prime seule.
phrastique et lexicale. Il est logique que cette théorie repré-
C'est la nécessité de positionner le représenté et l'exprimé en
sente le point central de la pensée guillaumienne toute entière
relation systématique qui provoque le développement de tournéevers le problème de lagenèse du langage etde sa
l'ontogénie du langage ou glossogénie. Le langage en se motivation, à travers son architecture. Laméthodeelle-même
construisant, et désertant ainsi la primitivité au profit de la appelle l'investigation de la glossogénie étant donné qu'en
lucidité humaine, occupe de plus en plus un lieu de définition demier recours, c'est l'état typologique et historique d'une
du vocable opposable à la phrase. A partir du type holophra- langue (du système qu'est une langue) qui explique les faits
stique (esquimau) que G. Guùlaume considère comme le plus de discoursobservables. On peut certes fixer des niveaux
archaïsant, deux voies sont possibles quivont déterminer les d'analyse mais la glossogénie demeure au total le niveau le
trois aires glossogéniques : plus intéressant dans la mesure où elle rejoint la problémati-
1) La première consiste à réduire quantitativement la que générale du langage.
phrase à ses éléments formateurs désassemblés (langues iso- En aucuncas cette glossogénie ne doitêtre comprise comme
lantes). Cette première voie ne sort pas de l'aire prime, même une histoire du développement des capacités linguistiques de
si la distance théorique qui sépare des langues comme le l'être humain puisque les langues attestées ont déjà derrière
chinois mandarin et l'esquimau est très grande. On trouve elles une histoire qu'on ne saurait mesurer et que toutes pré-
aussi dans l'aire prime un mode d'évolution qui consiste à sentent les mêmes compétences au regard de la pensée (à
rejeter de la phrase-mot tout le particulier lexical sous forme l'invention de quelques mots près dans certains cas). Chaque
d'unités séparées, les fonctions étant maintenues dans les
langue quel que soit son type est une solution aux problèmes
affixes pronominaux du verbe (basque). Des traits archaïsants universels dereprésentation etd'expression. L'affirmation de
90- GitAMmma HYPODÈSE - 91
supériorité et d'infériorité ne saurait être linguistiquement gues amérindiennes où le mot se détermine au voisinage
fondée. immédiatdelaphrase, « en conánuité avec elle »,etdèslors
LLS : 242sq (csl> inapteà s'en distinguer catégoriquement. (LSL: 112)
LSL : 33,275
L'holophrase estun mot capable d'incorporer des indications
PLT: 114
grammaticales d'ordre prédicatif et peut équivaloir à une
phrase complète. On peut aussi bien dire que c'est unephrase
qui incorpore tous les éléments lexicaux qu'elle relie en un
seul ensemble. L'exemple suivant est un des innombrables
GRAM V D QR E (gra n unar) mots (ou une des innombrables phrases) que l'on peut pro-
La représentation de langue conditionnant partout l'expres- duire dans le dialecte Kangiryuarmiut à l'aide de la base
sion,lagrammaire apour fonctiond'étudier des problèmes de umingmak- signifiant brcuf musqué :
représentation. Autrement dit, toute théorie d'expression sera umingmakhiuriaqtuqatigilqilimaiqtara ( = je ne retournerai
subordonnéeà une théorie de représentation : plus chasser le b(eufmusqué avec lui) (Lowe, R., 1985, Basic
On continuera d'errer aussilongtemps que l'on s'efforcera Kangiryuarmiut Eskimo Grammar, The Committee for Ori-
Çet quels efforts dignes d'un meilleur sort ontété employés ginal Peoples Entitlement, p.16).
à cettetâche vaine) d'expliquer Ea langue (qui estreprésen- G. Guillaumepensait que l'holophrase est lepremier stade du
tation) par Ea seule observation du discours (qui estexpres- langage humain et qu'aucune langue ne la présente plus à
sion àpartirde la représentation de la langue). (LL4: 1SO) l'étatpur. Des traces deconstruction holophrasfiques s'obser-
La grammairecomporte donc une double étude : vent dans des langues très évoluées et fort disparates comme
le basque et les langues agglutinantes en général, ou les lan-
1) une étude des actes de représentation aboutissant aux
représentati ons de langue 2)uneétude des actesd'expression gues indo-européennes : le verbe latin conserve ainsi des
flexions verbales à caractère pronominal qui permettent au
obtenus à partir des représentations de langue.
C'est seulement à partir du moment où les grammairiens verbe dese suffire dans une large mesure à lui même sans
référence à un sujetextériorisé (Ex. Petrus veni t = Pierre vient
feront cette distinction du représenté conditionnant et de
)'exprimé conditionné que la grammaire, quittant la pure ou pouvant s'interpréter comme Pierre,il vient. (Lu : 98-)OO)
description, deviendra explicative :
LL2 : 36,37,71-73,79-83,87,96,104,107,108,112,198
Une erreur certaine de la linguistique traditionnelle histo-
LSL : 112
rique ou descripáve,estd'avoir voulu rendre raison des
emplois par ies emplois. Les emplois ne sont pas explicables
à partird'eux-mêmes, mais par référence à ce qu'est la
forme en système, dans la Eangue, avant emploi. (LL1 :104) HYPODÈSE (h y podesi s)
[Gr. upo : au-dessous+ dein : lier, attacher = arrangement, liai-
LL1 : 110,232,242,258 son sous-jacente)
LL2 : 95,113,142,143,147,149
Dans la syndèse qui est l'archétype des rapports linguistiques
LL3 : 11,35,48,61,89,97,107,108,113,115,138,170, 218,233-237,240
(syndèse veut dire rapport) l'hypodèse est le point d'arrivée
LL4 : 13,31,434153,5448-60,61,69,72-77,106,118,164
de chaque cinétisme ou tension, le point de départ étant la
LSL : 166
dèse. Ainsi, dans le système de l'article irancais, la dèse deun
PLT : 39,54,72,110
est l'universel et l'hypodèse le singulier. Avec le, la syndèse
TV : 56,123 s'inverse et la dèse est le singulier.
Cette seconde tension, inversive mais non-récurrente, est
homogèneetrésolutive de laproblématiquepremière. Ladèse
HOL O P H R A S E (hol o phrase) est toujours plérotrope (complète, totale) mais l'hypodèse ne
[Gr. holos : tout, entier) l'est pas en première tension. Elle n'atteint la plénitude que
Le termeholophrastique est utilisé comme un équivalent des dans la seconde tension, ce qui explique la nature binaire et
termes incorporant ou polysynthétique pour qualifier en adversative des rapports linguistiques.
typologie des langues comme l'esquimau ou certaines lan- cf.syndèse
92- ttvpoméngtiP. 113CE ttzGA1113A14TpittpGA1113m - 93
cf.décadence, entier
IMP A R F A I T (i m perfect tense)
AT : 61-62
Un des deux temps du passé du mode indicatif français où LL1 : 77,95,102,114,127-133,139
l'image verbale est déclarée engagée, si peu que ce soit, en
LL2 : 207
décadence:
LL3 : 203
L'ouverture devant paccompli d'une perspective d'inac-
compli (plus ou moins subtîlement perçue) est, universel- LL4 : 63,64,73-75,80,82,85,86,88,90
lement, du point de vue psychique, la caractéristique de LSL : 50,68,69301305,214384
l'imparfait. (AT : át) TV :93
Cette définition permet de comprendre le lien entre des
emplois que l'on tient encore souvent pour anormaux, voire
contradictoires. Par exemple :
1) ll dînait tous les soirsà 8 heures(imparfait d'habitude). IMPERATI F (m Ode) (imperative mood)
2) Qu'est-ce qu'il faisait quand tu l'as vu ? (imparfait [Lat.
Imperare :ordonner,commander]
descriptif).
L'impératif n'est pas, comme le déclare l'ensemble de la
3) Le 18 Juin 1940, de Gaulle lançait son appel historique
grammaire traditionnelle, un mode de pensée, mais simple-
(imparfait emphatique).
ment unmode deparole, c'est-à-dire une manièreparticulière
4) Un fauxmouvement, et tout s'écroulait (= tout se serait de s'adresser à autrui : il permet de solliciter l'allocutaire de
écroulé) (imparfait d'hypothèse).
façon particulièrement expressive et directe. L'impératif est
5) Oh,ilavait faim, lepetit bébé(imparfaithypocoristique). un mode d'expression ou mode allocutif.
6) Je venais direà Monsieur que lerepasétait servi (impar-
De n)ftme, le vocatif, sorted'impératif nominal, ne constitue
fait de politesse).
pas un cas de pensée mais un cas de parole.
7) Jesavais que vous veniez demain(imparfait de subordi-
Signalons que G. Guillaume emploie également le terme
nation). d'impératifs nominaux à propos des interjections comme
Tous ces exemples, dans leur diversité montrent une attache Silence!, La paix ! où le mouvement expressif est porté au
de l'événement à une parcelle de passé à l'intérieur du passé
maximum au détriment de l'expression.
(décadence) et manifestent tous une suspension de l'accom-
Pour ce qui est de sa sémiologie, l'impératif verbal français
plissementqui,en conséquence, demeure perspectif.C'est
l'emprunte généralement à l'indicatif (agis!, courons !) et
pour cetteraison quebeaucoup d'imparfaits sont suggestifs,
exceptionnellement au subjonctif pour les verbes ditspuis-
étant donné qu'ils laissent supposer l'achèvement du procès
sanciels (Sois !, Sache !). Précisons que cette disconvenance
au lieu de le poser. Alors que certains deces imparfaits ins-
de certains verbes à l'impéraiif normal est un fait relevant de
tallent le procès dans laréalité sans aucune ambiguïté (exem-
la chronologie notionnelle, les verbes de puissance étant, par
98 - nvipLIQUE
INCIDENCE SYNTAXIQUE -99
INCIDENCE SYNTAXIQUE
INCI D E N C E (i n c idence) (syntaclical incidence)
[Lat. In : sur+ cadere : tomber)
Le mécanisme d*incidence est le mécanisme par lequel tout
Les notions d'incidence etde décadencereprésentent les deux vocable prend appui sur un support : cLe mouvement d'inci-
modes adversatifs et complémentaires de l'échéance d'un dence> atraitau mouvement, absolument général dans le
procès au temps. Cette échéance est incidente au cas où le Eangage,selon lequel,parroul olloujours, ily a apportde
procès est versé globalement au temps sans qu'il soitpossible significationetréférencede l apportà un support. (LL2 : 137)
de distinguer des moments spécifiques dans le processus. Elle La notion d'incidence est fondamentale car c'est elle qui éta-
est décadente au cas où, non dissociée de la prédication elle- blit le rapport de subordination syntaxique, c'est-à-dire qui
même, elle distingue les moments qui lui sont antérieur et assembleentreeux les élém entsde la phrasem aisce m éca-
postérieur.La version décadente de l'échéance au temps nisme qui règle la façon dont les mots prennent support dans
apparaît donc initiale et hétérogène puisqu'elle associe dans laréalité du discours étantdéterminée dès la langue,la même
l'événement l'accompli rétrospectif et l'inaccompli perspec-
notion d'incidence permet dedéfinir les différentes parties du
tif (l'imparfait français, par exemple), alors que sa version discours :
incidente apparaît finale et homogène (le passé simple). On Pour n'avoirpas éré ap erçu par lesgrammairiens du passé,
remarquera que cette ordination systématique est l'inverse de le régime d'incidence n'en estpas moins le déterminanl
l'ordination temporelle apparente, faisant transiter l'événe-
prinjegal de Eapartie du discours dont Eu théorie ne fait plus
mentdesaphaseincidente (ou arrivante) à saphasedécadente
difficulté dès l'instant qu'il en est tenu un juste compte.
(plus ou moins déjà arrivée au temps). Cette inversion pro- (LSL :2$11
blématique prend sa source dans la double visualisation du
C'est ainsi que le substantif et l'infinitif se définissentpar une
temps général,ascendante du passé vers le futur (de la per-
incidence interne selon laquellele support se trouve compris
sonneversleprocès) ou descendante du futurverslepassé(du
dans la signification apportée, tandis que l'adjectif et le verbe
procès vers lapersonne). Notreperceptionrelativedesprocès,
conjugué se caractérisent par une incidence externe, selon
100 - INDICATIF
INDICATIF- 101
prime). Enfin toutes les langues connues possèdentles mêmes Pour se référer à la construction du vocable, G. Guillaume
caractéristiques générales en tant que réalisation de la faculté emploie aussi parfois le termed'ontogenèse.
humaine de langage : il n'y a jamais de type pur, et toutes ces
langues ont derrière elles la très longue histoire de l'humanité LL2: 133
en regard de laquelle les évolutions connues sonttrès brèves,
PLT : 224
de sorte que, si on peutrepérer des variations progressistes de
principe, ces variations intéressent des langues qui se situent
toutes àun degré deperfection très élevé.On pourraitrésumer
ceci dans une formule un peu lapidaire qui serait la suivante : LINGUISTIQUE (linguistics)
il n'y a d'histoire déterminée qu'individuelle, le reste n'étant
Une scienced'observation se constitue en sciencethéorique
que variahons aléatoires.
à parlir du momenloù elEe consentà voir dansla réalltéplus
Il faut noter aussi que cette histoire linguistique conceme les et autrechose que ce qu'en montrent Eesapparences sen-
moyens de représentation et non, bien entendu, les choses sibles.Autrement dit,une science ne devient vraiment une
représentées et exprimées. La traduction est toujours parfai- science que par pacceptation d'une opéralion intellective,
tement possible linguistiquement. Les problèmes en la dont Ee propre estde substüuerà l'ob jet de réalüé sensible,
matière ne peuvent être que culturels. Il faut se garder d'iden- n'exigeantde l'espritque la peine de k constater, un objet
tifier la langue à lapensée ou vice versa. Lalangue est l'image d'une réalité supérieure issue d'une opéralion constructive
des moyensdont la pensée dispose pour saisirsapropre acti- de l'esprit. (LL2 :to)
vité : La lingu!stique est nécessairement théorique et mentaliste si
La langue est absolument indépendante de la pensée elk- elle veut être scientifique. G. Guillaume reproche à la lin-
même, mais elletendà s'identifier avec la puissance qu'ala guistique historique d'avoir accumulé des études de détail
sans s'être attachée à la reconstruction des systèmes causa-
pensée de saisir en elle-même sa propre activité, quelle que
teurs. A la grammaire générale -à laquelEe il arrive qu'on
soit celle-ci La pensée est libre, entièrement libre,infinie en
revienne malenconlreusement depuisqu'a été remise en
son devenir, activement libre, mais les moyens qu'elle a honneur, par l'. de Saussure, la grammaire descriptive
d'opérersa propre saisie sont des moyens systématisés, (PLT: 53) -il reproche de voir dans Pétat de structure
organisés,en nombre restreint, dont la langue en sa slru- d'idiomes trèsévolués l'effet de distinctions obligées inhé-
cture offre une image fidèk. (L~ : 14) renlesà la pensée humaine. (PLT :$3)
La grammaire générale peut en effet considérer que la dis-
AT : 14,58
tinction du nom et du verbe est universelle alors qu'elle ne se
LL1 : 69,70,110,257,258-262 trouve que dans une fraction réduite des quelques 3500 lan-
LL2 : 9,10,18,19,77,94,103,118,208 gues répertoriées dans le monde. G. Guillaume fait bien
LL3 : 12,13,20,22,23,28,29,32,35,36,38,39,43,89,90,91,230,235,236~0 entendu appel à des catégories générales et à des lois réputées
de portée universelle (par exemple le coupleuniversel/singu-
LL4 : 14-16,21,22,68,70
lier, la loi de non-récurrence, le principe de la chronologie
LSL : 28,33,45,113,119,145,153-155,1S3,185,208,209,211,220-240,250, notionnelle...) mais à un niveau de causation tellement pro-
268,275-277 fond qu'ellesne se retrouventà l'état pur dans aucune langue
PA : 305 particulière. Entre l'inventaire minutieux des données obser-
PLT : 18,23.25,32,40,48,92.95.146,476,211,224330.244,246.253~8, vables et laconcepfion de systèmes purement logiques, il y a
261,267,268 place pour une science humaine fondamentale —l'avant-
TV :42 science de toutes les sciences - celle qui met à jour les méca-
nismes de la pensée (psycho-mécanismes) générateurs des
systèmes linguistiques institués et de l e ur exploitation
momentanée endiscours.
LEXIGÉNÈSE (le xi genesis)
cf.schème sublinguistique
Terme suggérépour désigner l'opération de pensée format-
rice du vocable. Ce terme est d'ailleurs formé sur le modèle AT : 13-16
du nom donné à l'opération de pensée formatrice de l'image- LSL : 25-45,126,143,145,158,159,183306~0,247368,272-286
temps : la chronogénèse.
TV : 121,124,132-134
110 - LOGIQUE
I.ot- 111
retenu par la langue aucun accident phonétique qui ne serait Cette association étroite de la matière et de la forme que l'on
pas profitable ou mieux adapté à la réalité du système. retrouve à tous les niveaux du langage entraîne par ailleurs
(LSL :11á, Ll.l : á9). une remise en question de la dichotomie saussurienne
matière/forme selon laquelle lalangue serait uneforme et non
Loi de non-récurrence : loi fondamentale de la construction une substance (voir F. de Saussure, Cours de Linguistique
du langage selon laquelle la langue, constituée de tensions Générale, p.157).
dynamiques, ne tolèreaucunmouvementretourqui annulerait
le bénéfice du mouvement initial institué. Un rapport - et la LL2 : 12,56,108,109,111,204
langue n'est faite que de rapports - doitpour exister satisfaire LL3: 89
à la condition primordiale d'intégrité. Cette intégrité, inté- LL4 : 23,129
rieurementanalysée, impose à ses deux sous-rapports com- PLT : 188-190,197,198
posants d'être successifs et non superposés. Ce principe estle
principe du dynamisme même. Ainsi, mettre en rapport le
pluriel et le singulier dans le système du nombre impose
d'avoir deux cinèses, l'une singularisante et l'autre plurali- MÉCANIQUE INTUITIONNELLE
sante, mais en aucun cas ces mouvements ne s'annulent (intuitional mechanics)
mutuellement : ils ne sont pas contradictoires mais complé-
mentaires et successifs, chacun se développant à l'inverse de G. Guillaume a donné le nom de mécanique intuitionnelle à
l'autre touten étant tributaire de lui. Cette loi impérieuse régit l'ensemble des opérations auxquelles la pensée a recours (à
les analyses d'entiers par lesquels seuls le langage humain notre insu) pour se construire, ces opérations de pensée res-
peut exister. (LsL : 30-3(), PLT : 99).On notera aussi le principe sortissant au mécanisme même de l'esprit humain.
d'intégrité mécanique, promu au rang de loi à partir des Le terme sesubstitueparfois àcelui depsychomécaniquepour
années1940, selon lequel lacondition d'entier intérieurement désigner la branche spéciale de la linguistique qui étudie
non-récurrent est une condition absolue d'institution du sys- méthodiquement ces mouvements, opérateurs universels de
tème. la construction formelle tîtiZangage se ramenant tous à une
variance fine de la relation uruversel/singulier. (PLT :273)
LL2 : 200
M ATIÈRE/FO R M E (matterlform) LSL : 282~
PLT : 44,45,209,256-258,269,273
La matière d'un mot c'est l'idée particulière qu'il exprime.
Elle est obtenue au terme de l'opération de discernement au
cours de laquelle la pensée abstrait de l'univers, sous formes
d'idées particulières, tout le particulier qu'il contient. Autre-
MENTALISME/PHYSISME
ment dit, la matière - par opposition à la forme constituée par (the rnentallthe physical)
un retour du particulier à l'universel dont l'esprit s'était On emploie le terme dementalisme pour référer à la langue en
d'abord éloigné - est engendrée par un mouvement (premier
tant qu'ouvrage construit en pensée. Quant au terme phy-
dans l'ontogénèse du mot) de la pensée en direction du sin- sisme, il désigne l'ouvrage construit en signes qui vient se
gulier. superposer au dit ouvrage construit en penséeauquel il sert
Il existe ainsi entre la matière et la forme un rapport étroit qui d'agent d'extériorisation.
est unrapport d'ordre, de consécution (pLT: 188).D e là une La relation du mentalisme au physisme est capitale pour
remise en question de la distinction rigoureuse établie par la l'existence même du langage humain, le physisme étant in-
grammaire traditionnelle entre la sémantique (défilé peu signifiant (dépourvu de toute signification) s'il nerenvoie pas
ordonné, non systématisé, des substances)et la morphologie à du mentalisme (principe de signifiance).
(défilé ordonné, systématisé desformes). En fait, il s'agit Par ailleurs la démarche guillaumienne repose sur unpostulat
d'une interaction de la matièrepassant pourêtre saisie et de d'indépendance entre le menralisme de signifiance d'une
la formeinventée pour la saisir. (tSL :274) forme de langue et lephysisme de représentation qui en per-
114- mvrALtsmn)tysîsm
MÉROTROPIE - 115
Les morphèmes constituent l'une des quatre unités dont se Opération productrice de la catégorisation générale qui
recompose tout idiome. A l'inverse des sémantèmes et des constitue la forme du mot. La morphogénèse réplique à
asémantèmes créés par le mouvement de particularisation qui l'idéogénèse productrice de matière particulière.
anime enpermanence l'esprithumain, les morphèmes sont
cf.mot
produits au cours du mouvement de la pensée en direction de
l'universel.
Au terme du mouvement de généralisation, les morphèmes
MORPHOGÉ NIE (m o rphogeny)
sont intégrés dans des systèmes et c'est de leur position en
système que dépend leur valeur essentielle. C'est donc dans Ce terme est employé à la place de morphologie pour situer
le système dont ils font partie intégrante que les morphèmes l'étudedela formedans leplan génétiqueetnon dans celui des
sont étudiés par la psychomécanique alors que, tradition- résultats produits et classables.
nellement, ils sont étudiés en eux-mêmes, hors système. Selon les idiomes, la morphologie est présente ou absente,
La psychomécanique introduit dans l'étude des morphèmes flexionnelle ou agglutinante, importante ou non. L'orienta-
une distinction très importante entre deux catégories : les tion de l'analyse linguistique vers la genèse de ces caracté-
morphèmes àsimple effetet ceux à double effet.Les mor- ristiques morphologiques permet de l'introduire au plus
phèmes à simple effet sont, en général, des morphèmes sté- général et de mettre à jour les ressorts cachés des systèmes
matiques, c'est-à-dire capables d'exister à l'état de mots formels. Cette conception débouche sur une typologie géné-
indépendants, et ils servent à exprimer une certaine fonction tiquedes langues au lieu d'unconstatdeladiversitédesmodes
du mot dans la phrase. Parmi cette catégorie de morphèmes, de construction des vocables et d'une classification empiri-
on trouve par exemple la préposition. Les morphèmes à dou- que.
ble effet sont toujours - tout au moins dans les langues indo-
européennes - des morphèmes astématiques,incapables cf.ontogénie
d'exister à l'état de mot. Leur rôle est double : non seulement LLS : 1L25,74,75,92
ils indiquent la fonction du mot en phrase, mais en outre ils
jouentlerôlededéterminants delapartie du discours. Comme
exemples de morphèmes à doubleeffet,on peut citer les
morphèmes flexionnels des cas de déclinaison et de conju- MORPHOGÉ N I QUE (mo rphogeni c)
gaison et les suffixes.
Le terme morphogénique caractérise les langues dont les
Précisonsqu'un morphème à simple effetpeutfortbien être vocables font état d'une morphologie. Les vocables des lan-
astématique mais que, néanmoins, on observe une facilité de gues amorphogéniques en sont dépourvus (cf.chinois
ce genrede morphème à devenir stématique (par exemple la mandarin).
particulepréfixée re-duf iançais,ouencoreanti-,quipeuvent
se rencontrer isolées, faisant mot, au contraire des suffixes et cf.amorphogénique
flexions).
européennesoù le mot est défini en langue avant son emploi l'unité de puissance de toute langue, à savoir le vocable.
effectif en discours (langues exophrastiques). Par contre dans
La genèsedu mot dans leslangues indo-européennes est
les langues dites endophrastiques, la distinction entre mor-
analysée en la référant au temps opératif qui la porte. On y
phologie et syntaxe n'est pas opérative, le mot n'étant pas
reconnaîtdeux moments successifs :
caractérisé formellement en dehors de la phrase. Le cas
extrême est celui des langues isolantes appelées par l'idéogénèse, une opération singularisante de discernement,
producaice de l'idée singulière qui constitue la matière du
G. Guillaume languesamorphogéniques où lecaractère est
dépouillé de toute indication morphologique. C'est donc le mot
rapport entre morphologie et syntaxe qui constitue la base du la morphogénèse, une opération généralisante d'entende-
classement typologique des langues. ment, qui consiste à universaliser sous la forme de lapartie du
Les notions de morphologie isotope et anisotope permettent discours la matière produite par l'idéogénèse.
d'affiner la classification : la morphologie est isotope quand Ces deux opérations sont successives et toutmot possèdedonc
le mot se définiten langue avant toutemploi enphrase, carelle un signifié matériel (sa signification) et un signifié formel (sa
occupe le même lieu que le sémantème. Autrement, elle est catégorisation) selon la formule :
anisotope en se signifiant par des mots distincts. Par exemple,
parmi les langues indo-européennes, l'anglais privilégie lar- Matière + Forme = 1 (entier)
gement la morphologie anisotope (verbes auxiliaires, postpo-
sitions, pauvreté des flexions, interpénétration des plans Avec des variations qui peuvent être très grandes entre lan-
nominal et verbal). gues, forme et matière sont indissociables. Ainsi, en &ançais,
Entre les deux grands types de morphologie existe typologi- il nous est tout à fait impossible d'évoquer un mot qui ne
quement un stadeintermédiaire où la morphologie n'est pas seraitque mot',qui ne seraitpas en même temps etde sur-
horizontale (radical + formes vectrices ou combinaison syn- croît,substantif, verbe.... L'être général nous est aussi
taxique des sémantèmes et morphèmes) mais verticale, indispensable que l'être particulier. gSL : ?7)
lorsqu'elle assure la transition entre le mot et la phrase : c'est Au sens strict du terme, le mot est une création tardive dans
le cas des langues à racines. l'histoire des langues et il n'est pas universel. Le vocable qui
Ilfautnoterque les langues peuvent faire usage d'une mor- possède trois grands modes de définition (au niveau de la
phologie qui n'est pas une absence de morphologie mais bien phrase dans l'aire prime de la glossogénie, pour partie hors-
une morphologie négative dont la fonction est denc pas dire phrase et pour partie en phrase dans l'aire seconde, et hors de
ce qu'une morphologie positive dirait. Par exemple, l'article laphraseseulementdans l'aire tierce) n'estunmot quelorsque
zéro français est essentiellement un refus desarticles repré- sa définition est assurée totalement dans la langue, en dehors
sentés un et le. du discours, donc. Le mot n'existe à proprement parler que
dans les langues flexionnelles.
AT :12
Rappelons la place privilégiée que G. Guillaume accorde au
LL1: 68 mot dans sa théorie du langage. C'est la structure du mot qui
LL2 : 14,24,32,62,63,129,130,214 conditionne celle de la phrase :
LL3 : 24,25,139 Un mot, par constitution, apporte avec lui ses possibilités
LL4 : 101-103 associativesen phrase.Desorte que lastructure dela phrase
LSL : 14,76,81,112,113,274,275 apparaît conditionnée, etjouée, par la structure du mot.
PLT : 132,133,142 (LLz : 30)
G. Guillaume est un des rares linguistes à s'être penché aussi
sérieusement sur la nature du mot, sa définition et sa genèse.
Le mot est ou bien admis sans discussion, ou bien tout sim-
MOT (wo r d ) plement ignoré, voire récusé comme unité. Il est vrai que.
l'extraordinaire diversité des formes que peut prendre le
Au sens propre, mot s'applique exclusivement à l'unité de
vocable dans les différentes langues doit inciter à une grande
puissance des langues à radicaux (aire tierce). Mais il arrive,
prudence alors que d'un autre côté, le sujet parlant a une
de temps à autre, que ce terme soit employé pour désigner
conscience aiguë de sa réalité. En situant le mot dans une
124- MovsNNP.
NOM- 125
suivie d'une tension allant du singulier au pluriel (genèse de signer ce papier ?Jamais !) ou encore la conjonction trans-
la pluralité). lative que (Quctout ceci est admirable !)
Le pluriel livré par la première tension est un pluriel contenu
ou pluriel interne intégré au singulier dont il ne sort pas. Le LL3 : 146,149,150,152,169,188418
pluriel obtenu en seconde tension, en revanche, estobtenu à LSL : 108
partir du singulier qu'il intègre puisqu'il le multiplie (pluriel
externe).
OBJET (o b j ect)
N OMINALISATI O N (nomi nalizati on)
Il convient d'établir une distinction rigoureuse entre deux
La nominalisation ou translation désigne le processus par senstrèsdifférents de ce mot :
lequelune phraseestportée de son planpropre,leplan verbal, L'objet entendu dans un sens grammatical, c'est-à-dire ayant
dans le plan nominal. trait uniquement à la fonction syntaxique du substantif (objet
Cetteréduction de laphrase en groupe nominal ou mieuxnom logique)
de discourspar opposition ànomdelangue peutêtrelerésultat L'objet entendu relativement à l'activité, au dynamisme pro-
soit d'un traitement externe (avec la conjonction) soit d'un pre de l'être considéré dans la réalité extralinguistique(obj et
traitement interne (avec le pronom conjonctif, traditionnelle- dynamique).
ment appelé relatif). L'objet logique et l'objet dynamique s'opposent respective-
Il apparait ainsi que les propositions ditessubordonnéessont ment au sujetlogiqueetau sujetdynamique. Ladistinction qui
des phrases nominalisées àl'aide de la conjonction ou à l'aide est à l'origine des notions adversatives de sujet et d'objet est
d'un pronom conjonctif. On trouve une explication analogue celle de l'animé et de l'inanimé .
chez L. Tesnière pour qui les propositions subordonnées sont A l'animé revientla puissanced'activité propre,à l'inanimé
un exemple de ce qu'il appelle unetranslation dé verbale. le refus de cette puissance (...). A la nodon de sujet se Be
La nominalisation est un procédé grammatical très iréquent. lidée d'une puissance dynamique, positive etpropre. A celle
Elle a trait bien entendu aux enchâssements récursifs de pro- d'objet l'idée'd'une puissance adynamique, négaáve,'
positions mais elle fonctionne également au niveau de c'est-à Mire d'une puissance ne sortant pas de la passivité.
l'expressivité dont elle est en &ançais un vecteur très produ- ÇLl3 : 119).
ctif avec l'infinitif (Et g renouilles de se plaindreou bien Moi, L'ambiguïté des termes sujet et objet vient du fait que ces
128-oavEasE omooámz - 129
notionsse trouvent modifiées parle m écanisme de phrase, ce gories et classifications existantes en pensée et donc déjà
qui, dans la réalité extralinguistique, est objet (patient) pou- exprimées linguistiquement. Situant l'analyse linguistique au
vant se présenter dans la phrase en position de sujet (sujet
niveau des conditions d'existence de ces catégories,
logique). Ainsi dans laphrase passivePierreest battu, Pierre
G . Guillaumepose le problèmede leurgenèseaussibien dans
est en position de sujet tout en étant dynamiquement objet.
l'esprit synchronique que dans leur élaboration diachronique
La définition de l'objet logique est tributaire de l'existence avec sa théorie des aires.Ontogénie signifie doncexistence en
linguistique de la transitivité qui requiert pour la situation de
devenir ou en genèse,nécessairement antérieure,sipeu que
patient un support différent de celui du sujet logique.
ce soit, à l'existence constatée.
Les fonction adversatives de sujet et d'objet sont, en français
Le caractère impropre en linguistique des mots en-logie tient
moderne, indiscriminées dans un cas synthétique unique.
au fait qu'ils développent philosophiquement une vision
panchronique et universelle de la pensée humaine. Or la lin-
LL2 : 194,195,203
guistique, qui cherche les racines de l'expression et de la
LL3 : 118,119 représentation de la pensée, est amenée à mettre en perspec-
tive cette panchronie afin d'étudier les étapes de sa construc-
tion. Si, du point de vue de la constitution de la pensée, toutes
les langues du monde satisfont à la condition d'entier, il
OBVERSE (causation) s'avire que la distribution intérieure des opérations linguis-
(obverse causati on) tiques génétiques est fort variable et connait trois étapes
caractéristiques hiérarchisées, selon laproportion allouée aux
La causation en linguistique n'est pas un simple rapport de constructions de langue et à celles de discours (cf. glos-
cause àeffet, mais se médiatise par la constitution d'uncausé sogénie). H fautremarquer que cette hiérarchisation concerne
construit qu'alternativement on vise ou bien on rappelle. La lesmoyens utilisésdanschaque langue pour produirelapen-
causation obverse est la phase initiale et immanente de la
sée saisissable en panchronie, et non les résultats effective-
causation et la causation déverse la phase finale transcen-
ment réalisés. H faut remarquer aussi que l'évolution de ces
dante.
moyens n'est pas nécessairement linéaire et peut, tout en
tenant compte des acquis, emprunter des voies originales (par
cf.causation
exemple le chinois mandarin qui a radicalisé à l'extrême sa
proprearchitecture sans changer son appartenance à l'aire
prime).
ONTOGÉNÈSE (o n togenesis) L'homme philosophique peut, par une exponentation qui
le sépare de l'homme linguistique - exponentation dont la
Le termed'ontogénèse estl'équivalent de lexigénèse etdési- validitéest contestable - être considéré comme une cons-
gne leprocessus mental de formation du vocable. tanteetjustifier,en ce cas,desvuesde panchronie en -logie.
L'homme linguistique ne peut pas être considéré comme
cf.lexigénèse une constante,pour la raison que son devenir s'identifieà
celui dulangage, identification qu'on peut, en philosophie,
considérersuperficielle, non profonde, ou, au contraire,
profonde,tout le reste étant superficieL La question est
ONTOGÉNIE (on togeny) ouverte en philosophie. En linguistique - et mon malheur
(momentanément>, mon malheuriciestde ne vouloirêtre
La terminaison-génierem placeen psychomécanique later- que linguiste - en linguisáque, il y a des hommes linguisti-
minaison -logie, si bienqu'ontogénie conespond àontologie. ques différents (...)(LL5: tsr).
Pour autant, cette substitution marque une différence radicale
entre les deuxtermes etontologie estquasi-totalement inusité LL5 : 127-128
chez G. Guillaume.-Logie renvoie explicitement à des caté- PLT : 32-35,153.227.229,230
130- PARoLE
PARTICIPE - 131
rapproche le participe en -ing du participe passé et l'autorise langues manifestentvis-à-vis delapartie du discours uneplus
à serenouveler de même par l'auxiliaire. grande liberté, et d'autres l'ignorent complètement.
Si G. Guillaume, pour des raisons de clarté évidente, emploie Cette universalisation finale intégrante qui ferme le mot est
lui-même les termes departicipe passé et participe présent, produite à l'issue de l'opération généralisatrice d'entende-
il prend bien soin de souligner que c'est à tort qu'on attribue ment répliquant, au cours de l'ontogénèse du mot, à l'opé-
à un participe une qualiTication d'ordre temporel car comme ration particularisatrice de discemement qui fournitlanotion.
nous l'avons rappelé plus haut, les temps quasi-nominaux ne L'obtention de la partie du discours estainsi un fait de langue
marquent pas de distinction d'époques. Sur ce problème de et G. Guillaume note qu'il serait plus judicieux de direpartie
l'indifférence au temps du participe, se reporter notamment de langue g,z4: 221.
à z,sL: 192et en ce qui concerne tout particulièrement le par-
A la base de la détermination des parties du discours (ou
ticipe passé àLL4: 19ooù G.Guillaume montre l'amorce en
parties delangue) se trouve la distinction entre le plan nominal
latin de cette indifférence du participe passé au temps. et le plan verbal, distinction qui recouvre en fait la distinction
entre l'univers-espace et l'univers-temps. La psychomécani-
LL1 : 170-175
que fonde ensuite sa classification sur deux critères qui sont,
LL4 : 190
dans l'ordre, laprédicativiié et l'incidence (voir ces termes).
LSL : 57,136,187-188,190,266,267 On distinguera donc les parties de langue prédicatives (sub-
TV : 17 stantif, adjectif, verbe et adverbe) et les parties de langue
non-prédicatives (toutes les autres). Quant au régime d'inci-
dence, il permet de distinguer par exemple le substantif (inci-
dence interne) de l'adjectif (incidence externe du premier
PARTICULARISATION degré) et de l'adverbe (incidence externe du second degré).
(particularizafion)
LL2 : 46,77,121,126,128,129,133,134,142,147,150,157,214
Particularisation (tension singularisante) et généralisation LL3: 64
(tension universalisante) sont les deux opérations fondamen-
LL4 : 21,22,201+02
tales de la pensée linguistiquement formée. Elles correspon-
LSL : 112,114,118,251
dent aux deux modes d'appréhension de l'objet linguistique,
l'approche immanente initialeetl'exploitation (éloignement) PA :57
transcendante finale. On ne peut saisir un objet que pour PLT : 73,187,190,193,195-199
autant qu'on peut leréfracterdansces deux modes. Ce couple
opératif, celui du tenseurbinaireradical, est labase obligée de
tout rapport formel.
PART I T I F (par t i tive)
cf.universel/singulier
Les articles partitifs sont issus d'une combinaison, en fran-
çais, de l'article le et de la préposition de qui joue ici le rôle
d'inverseur d'extension, le propre des articles partitifs étant
PARTIE DU DISCOURS d'opposer à l'extension indiquée par l'arrkle « le » une
(part of speech) inversion lui faisantéchec, qui, en la compensant, l'immo-
bilise avant qu'elle n'ait atteint sa plénitude. ItsL :Jzs).
La partie du discours se définit dans les langues indo-euro- Les partitifs servant à restreindre une extension, leur nom est
péennescomme la forme généraleconclusive du mot. C'est parfaitement fondé (voir la remarque de G.Guillaume
une forme intégrante àl'égardde la matière du motd'unepart, LSL:174). Il convient de souligner que, contrairement à une
mais aussi à l'égard des formes vectrices de la morphologie. conception assez courante, des n'est pas le pluriel deunlune
Particulièrement en français, il est impossible pratiquement mais une combmaison de l'article les et de la préposition-
de penser un mot qui ne soit catégorisé comme substantif, inverseur de. Cet article pluriel rentre donc dans la catégorie
adjectif, adverbe ou verbe. C'est parce que la partie du dis- des articles partitifs au même titre que du et de la.
cours est inscrite dans sa morphologie conclusive. D'autres Lanécessité deces articles composés vientdecequelatension
134 - PASSÉ
PASSIF - 135
1 du système, celle deun, est singularisante et incapable, de qui amuissent leur consonne axiale au présent aux autres
ce fait, de quantifier. De même, la tension 2, celle de le, est personnes quenous et vous (je dors, nous dor-m-ons, vous
universalisante ets'appuie sur le singulier obtenu au terme de dor-m-ez, encore que dans ce cas la consonne axialesoitpré-
la tension 1. La langue française aurait pu, comme cela se sente avecilslelles également).
pratique dans nombre d'autres langues, utiliser un article zéro Les temps du passé connaissent une définition différente
aïin de présenter conjointement au concept une quantité non selon le type de présent obtenu en chronogénèse. Ainsi entre
déterminée de référents. Cependant, le substantif français est le français etl'anglais existe-t-il uneoppositionradicale entre
établi à un tel degré d'universalisation qu'il est incapable de un présent étroit(sténonome), séparateur du passé et dufutur,
désigner directement un référent. Force est donc de se servir et un présent large, essentiellement ultérieur au passé(ceci
de la morphologie existante, avec traitement spécifique, pour provoque d'ailleurs un futur de caractère modal ou proposi-
l'amener à signifier ensemble l'actualité du substantif et tionnel, et non temporel au sens propre du terme). Donc, le
l'indétermination quantitative de cette actualité. Il est ainsi
passéanglaisne recouvre pas exactement le passé français :
demandé àle d'actualiser et à de de limiter cette actualisation il est simple, alors que le passé français, en vertu de la consti-
à un niveau indéterminé. tution interne du présent, est double, et par ailleurs il est apte
LL4 : 56-57 à signifier le non-présent jusqu'au non-valide ou à l'irréel
LL6 : 100-140,145-147,165-167 (temps passé traditionnellement appeléprétérit modal dans
LSL : 172-180 par exempleIw ish he came more ofien).
PA : 16,60-61,78-81,104-105 LLI : 82,83,152.173.183-187
LL4 : 64
LSL : 50,97,125,202
PASSÉ (p a st)
TV : 50-60
L'époque passée est faite de temps mémoriel, contrairement
à l'époque future faite de temps a-mémoriel et imaginaire.
Cependant, tout comme le futur, le passé s'obtient grâce à une PASSIF (passive)
analysedu temps d'univers.
Le temps d'univers, tenu pour un entier, doit être analysé La voix passive est une voixanalytique comme la voix active
intérieurement en deux plans adversatifs. Le passé est l'un de par opposition au moyensynthétique. Contrairement àlavoix
ces deux plans, l'autre étant réservé au présent et par traite- active, la voix passive assigne au sujet logique la fonction
ment spécialau futur.La psychomécanique reconnaitdonc dynamique de patient.
dans le passé tout plan antérieur à un autre et utilise le concept
aussi bien pour définir l'antériorité temporelle que l'antério- cf.voix
rité notionnelle(subduction) ouencorel'antériorité systéma-
tique. Par exemple, le subjonctif français peut être tenu pour
un passé relativement àl'indicatif (passé chronogénétique ou PERSONNE (p e rson)
modal), ou bien les formes de parfait avec avoir + participe [Lat. persona, terme d'origine étrnsque (phorsn) signitiant
« masque de thââtre »)
passé, localisant le procès dans l'antériorité du sujet, combi-
nent le passé événementiel avec le présent de la prédication. D'une manière générale, la personne grammaticale se définit
En français, cette notion estégalement utilisée pour expliquer comme support de
prédication. Le systèmedela personne est
lecomportement spécifique des personnes nous etvous.E tant lesystème des supports auxquels lapensée attache en discours
non pas simplement des personnes plurielles mais surtout des les apports de signification déterminés en langue :
personnes allocutives doubles, elles requièrent en plus du La personne,c'est au fond,partout ettoujours, iesupport
présent l'assiette du passé, d'un passé opératif soustrait au auquel est référée la signification apportée parle mot. (PLT :
présent de l i nierlocution. gst. : tzsh Non seulement elles sont 2oîl
traitées de façon spéciale du point de vue de la désinence mais Le mécanismedominant du système de la personne estcelui
encoreparfois du pointde vue duradical commepour leverbe
très général de l'incidence de l'apport au support et un mot
aller (je v-ais, nous all-ons, vous all-ez), ou pour ces verbes
comme l'article appartient donc — en tant que régulateur de
136- PEttSONNE
PHONÈME - 137
nologique de ces langues en termes de phonèmes ou de traits mérite de souligner les limites du concept même de phono-
pertinents. C'est que G. Guillaume n'accorde aucune auto- logie.
nomie au plan du signe. S'il n'est pas question d'assimiler
unités de seconde etdepremière articulation, ce sontpourtant LL2: 13
ces dernières qui conditionnent ladéfinition de l'unité pho- LL3 : 31,32,37-41,42,44,125,159,184-187
nologique. Disons que l'unité de seconde articulation peut LL4 : 69,70
être caractérisée par la dimension minimale apriori de l'unité LLS : 27,33,35,36
de première articulation à l'intérieur d'une aire linguistique LLá : 11,12
donnée. Dans l'aire prime, cette dimension minimale n'est
LL7 : 159
pas inférieure à la syllabe, obtenue par simple fragmentation
PLT : 70,72
de la chaîne syntagmatique. C'est seulement àpartir de l'aire
seconde qu'à la décomposition analytique en syllabes suc-
cède leur dissolution dyalifique, et qu'on obtient le phonème.
Laphonologie adonc ici un statut particulier, voireparadoxal. PHRASE (se n tence)
Quoiquesciencedes formes,nondes substances d'expression
(au sens de L. Hjelmslev), elle occupe par rapport à la psy- La phrase est l'unité du discours, autrement dit l'unité d'effet
chosémiologie une position périphérique, dans la mesure où du langage. Laphrase seconstruit àpartir des unités de langue
son objet se limite en principe au seul signe phonique, (unités de puissance du langage) qui sont les vocables, mots
c'est-à-dire aucôté le plus extérieur au langage. Et cependant dans nos idiomes. La structure de la phrase apparaît donc
ellene consistepas nonplus en unesimpleréduction eidétique conditionnée par celle du mot et, par conséquent :
de la matière phonique. Parce qu'elle construit son objet En bonne méthode, en saine linguistique, toute étude du
d'abord, parce qu'elle intègre le signifié ensuite, et nullement mécanisme constructi f de phrase se subordonnera d une
de la manière fonctionnaliste qui ne convoque le sens qu'à considération préalable de la structure de mot.gL2 : sà)
seule fin de discriminer le signe. Par ailleurs le crzactère éphémère et singulier de la phrase,
Les références de G. Guillaume àTroubetzkoy ne doiventpas construite en vue de répondre à un besoin momentané
faireillusion : lesenjeuxdivergent. N'oublionspasàcetégard d'expression, s'oppose au caractèrepermanentetuniverseldu
queles théories pragoises reposentsur lepostulat, explicite ou mot construit en vue de tout besoin d'expression, quel qu'il
solt. (IL2 : 44)
non, d'une universalité des composants phonologiques - d'où
la tentative, absentechez G. Guillaume, de dépasser le niveau L'analyse du mécanisme constructifde laphraserévèledeux
du phonème. Lapertinence d'une telle attitude, qui repose sur moyens deconstruction différents :
l'extrapolation du modèle alphabétique issu des langues à Constructionau moyend'unverbe(laphrase sedéveloppe par
morphologie,dépend du degré d'indépendance accordé au relation directe des mots entre eux tant que fonctionne le
signifiant : tant q u'on admet l'autonomie des niveaux mécanisme d'incidenceverbale;en cas de démission de
d'organisation, elle n'estpas en son principecritiquable. Mais celui-ci, c'est grâce à l'intervention de la préposition que la
iln'en va pasde même sil'on récuse cette hypothèse,ce que phrase peut se continuer par relation des mots entre eux).
fait, implicitement, G. Guillaume. Productiond'un mouvement expressif suppléantle verbe, la
Deux conclusions s'imposent par conséquent : phrase étant ainsi transférée du plan verbal dans le plan
Bien qu'on ne puisse en touterigueurparler d'unephonologie nominal (nominalisation).
L'opposition du mot et de la phrase, fortement marquée dans
guillaumi enne,du moins le fondateur de lapsychomécanique
en jette-t-il quelques bases, suffisantes pourjouerun rôledans les langues indo-européennes, n'est pas un fait de grammaire
la théorie des aires. générale (voir par exemple les langues holophrastiques où le
motestmaintenu auniveau de laphrase aupointdes'identifier
En cette matière, G. Guillaume doitbeaucoupplus au concept
à elle).
saussuriende languequ'à laphonologiepragoise.Etcelapour
une raison fondamentale : le fonctionnalisme pragois est une LL2 : 29-31,44,79,114,115,204
analyse du signe (du signifiant saussurien), alors que LL3 : 13-15+0,22,187,191,205
G. Guillaume part toujours, quel que soit le champ d'inves-
LSL :275
tigation, d'une théorie du signifié. Ce parti pris a surtout le
PLT : 144,145,153-156
142- PttvstsivtP.
POLATION - 143
authentique explication des phénomènes linguistiques et toutes les autres (articles, pronoms, prépositions, conjonc-
épistémiques, la psycho-mécanique guillaumienne se situe tions...) - la formule doit être corrigée de la manière suivante :
comme lelangage lui-même aux sources de l'expression.
mot = forme (en position de matière) + forme
Il suffit de penser, par exemple, à la partie de languearticle
LLS : 4-17,60-61,120-121
pour voir immédiatement que son signifié matériel, qui
PLT : 153+27 s'évoque bien plus difficilement que celui de n'importe quel
substantif, est de la nature de la forme. L'article le est le signe
d'un mouvement de pensée qui conduit du singulier à l'uni-
PRECURSIF (precursi ve) versel. C'est sans doute ce qui explique que certains gram-
m airiens, n'ayant pas aperçu cette différence entre types de
Les tempsprécursifs,par opposition aux temps cursifs (ce signifiés, notent que les mots grammaticaux n'ont pas de
peut être une valeur particulière du même temps) sont des signification. Ajoutons que la frontière entre les deux ensem-
temps quireprésentent un événement en incidence seule.La bles de mots n'est pas parfaitement étanche. H existe des
décadenceétantnulle,l'événement estperçu comme en réa- adverbes non-prédicatifs et les auxiliaires - au moins les auxi-
lisation imminente. Les temps cursifs représentent l'événe- liaires grammaticaux — peuvent être considérés comme des
ment en cours de réalisation. Ainsi dansBon, maintenant, tu verbes non-prédicatifs.
te tais ! le verbe a une valeur précursive proche du futur
immédiat (= tu vas te taire ). LL2 : 99,195-198
LL3 : 66,69-71,101
cf.cursif, présent, thème PLT: 55
Les pronomscomposés comme en françatslequelsont utilisés chomécanique (étude des mécanismes psychiques qui les
dans des cas de disjonction expressive de la relative et de engendrent)etmécaniqueintuitionneiie (étude des conditions
l'antécédent. Ils servent à introduire une relative de type non
mêmes des représentations de langue).
limitatif parfois aussi appelée relative appositive (par oppo-
sition aux relatives restrictives, de type limitatif). Ces pro-
cf.schème, sublinguistique
noms sont donc disjonctifs. (LL3 :153).
LL1 : 200
LSL: 106
LL2 : 199
LL2 : 147
LL3 : 134
LL3 : 16,46-47,5456,62,66,70-73,93,96-97,108,1 t t,t 14,120-122,143-
LSL : 166,16S,183,203
145,152,153,169,1SS
LL5: 130-132 PLT : 95433,256
TV : 132-134
athématiques.
C'est finalement la même science qui est nommée, selon les
Autrementdit, le signen'estjamais totalement arbitraire, sans
nois aspects de son objetpsychosystématique (étude des sys-
être totalement motivé. La loi qui régne en psychosémiologie
tèmes de langue, de l'ouvrage consiruit en pensée), psy- n'estpas de cohérence absolue mais de simple suffisance
154- PSYCHOSYSTÉMATIQUE
PUISSANCE/EFFET - 155
fournir les conditions éventuelles. Cette détermination est Historiquement, d'autre part, il considère que le passage du
bilatérale et la puissance ne s'établit dans le même et unique quantitatif au qualitatif est un fait glossogénique majeur.
phénomène qu'est l'acte de langagequerelativement àl'effet C'est ainsi que la différence intuitionnelle univers/homme se
et pour en assurer le développement. Aussipuissanciel en transpose linguistiquement en rapport qualitatif universel/
arrive à marquer toute position qui, dans le temps opératif singulier.
d'un système, est antérieure àune autre. Onpourra ainsi parler
Même si elle est sémiologiquement absente comme dans
des verbes puissanciels avoir,être, pouvoir, savoir, vouloir...
l'holophrase (où le mot puissanciel et la phrase effectlve ne
qui apparaissent sémantiquement antérieurs aux autres
font souvent qu'un), l'existence d'une différence qualitative
verbes. La reconstruction des systèmes de langue utilise
entre puissanciel et effectif n'en est pas moins une condition
méthodiquement ce rapport de la puissance à l'effet. Si une
fondamentale pour qu'il y ait langage. Ce principe oblige à
position est puissancielle par rapport à une autre effective, on
introduire ici la notion d'opérativité. Le temps opératif, très
se trouvedans un système. C'est ce rapport de puissance à
court mais réel, dit G. Guillaume, est un concept-limite entre
effet qui a permis à G. Guillaume de décrire la conjugaison
quantité et qualité. Il permet de conceptualiser le passage de
comme une c/tronogénèse systématique lorsqu'il a posé le
l'un à l'autre. G. Guillaume en effet n'appréhende jamais le
subjonctif comme une position puissancielle par rapport à
l'indicatif. Inversement,il y a quelque chance pour que nous quantitatif comme quotité mais toujours comme continuum :
n'ayons pas de système ou bien pour que nous ayons une le rapport qualitatif/quantitatif est en fait celui, opératif, du
continu au discret. De sorte que la glossogénie et la praxéo-
structure complexe quand ce rapport n'est pas établi.
génie se révèlent être deux procès continus qui aboutissent
l'une aux positions de langue, l'autre aux oppositions de dis-
AT : 37-38
cours.
LL1 : 180
La langue a chez G. Guillaume un statut qualitatif. G. Guil-
LL3 : 13 laume ne s'éloigne guère de la règle du structuralisme qui est
LSL : 45,150,153-155+05-207,268 de considérer que toute différence est qualitative. Son ori-
ginalité est plutôtd'avoir réintroduit dans ce cadre les notions
PA : 89.91335383,287393,306
de quantité et de continuum. Nul doute que, chez le lecteur de
PLT : 19,144,145,158 Leibniz, lerôle joué tant en mathématiques qu'en philosophie
TV : 132-134 par la théorie des seuils ne futpas étranger àcette innovation.
LL1 : 136,173,180
LL4 : 85
QUALITATIF/QUANTITATIF LLS :62,68-69,123,143,149-150,161,178-185
(quali tati ve/lquantitative)
LSL : 43-45,46,49-50,60~9
Est qualitatif, autrement dit structural, le fait de langue. Est PLT : 269
susceptible d'une variation quantitative entre des limites TV : 33
l'emploi d'une formeen discours. La distinction entre quali-
tatif et quantitatif joue un rôle dans l'opposition langue/dis-
cours et dans la glossogénie. Enfin, elle n'est pas absente de
la notion d'opérativité. QUASI-NOMINAL (mode)
Synchroniquement, G. Guillaume s'est attaché à définir les (quasi-nominal mood)
faits structuraux qualitatifs qui conditionnent en langue les
variations quantitatives des effets de discours. Par exemple, Le mode quasi-nominal (ou simplement mode nominal) estle
c'est un fait structural que l'imparfait contienne de l'accom-
premiermode de lachronogénèse. A ce stade trèsprécoce,le
pli; mais la quantité plus ou moins grande de cet accompli verbe est encore proche du plan du nom dont il peut assumer
(lorsqu'elle tend vers zéro, l'imparfait alteme avec le passé d'ailleurs les fonctions (substantif et adjectif), d'où cette
simple) ne dépend que du discours. appellation.
158 - QUASI-NOMINAL
IIACna - 159
voyellesserontsombresavecahàz, lamaison : ahàz-am-ban nement tout autant qu'il le conduit. Cette valeur moyenne
s'interpréte de façon variable selon les poids respectifs de
= dans ma maison, mais claires avec a kert, le jardin : a
kert-em-ben =dans mon jardin). Ces règles d'euphonie dont l'actif et du passif impliqués.
la fonction est associative préfigurent le stade de la racine ou ef.voix
à tout le moins traduisent une assez nette proximité typologi-
que. Inversement, on sort ou on s'éloigne typologiquementde
la racine lorsque les voyelles se fixent, auquel cas on obtient
RELA T I F (P r O n O m) (rel ative pronoun)
un radical. L'indo-européen commun était, selon la gram-
mairecomparée, une langue à racines. G. Guillaume remplace volontiers ce terme traditionnel par
LL2 : 36,4649,51,53~,90,106-109,121,125,205
celui de conjonctif plus général et opposable à celui dedis-
jonctif qui qualifie les pronomslequel, laquelle, lesquel(le)s.
LSL : 36,92-94,115,117
Les pronoms relatifs sont des pronoms de translation dont le
PLT : 73319
rôle est de nominaliser les phrases dont ils font partie.
cf.pronom
RAD I C A L (rad i cal)
B ase du mot des langues de l'aire tierce produit par la fixation R EP R É S E N T A T I O N / E X P R E S S I O N
des voyellesentredesconsonnes de laracine consonantique. (representation/expression)
A l'inverse de la racine, le radical n'est pas intégrant mais
simplement intégré au mot et son signifié matériel est tota- La ktngue, en soi, n'exprime rien : elle représente, elle est
lement individué. représentation.L'expression appartient au seul discours,
Les languesàradicaux sontdeslangues oùaussibienlagenèse qui exprimeà partir du représenté,etavec lcs moyens que
de matièreque la genèse de forme s'effectuent en langue. k représenté offre. (PLT:lás)
Autrement dit, le mot est déterminé dès la langue. Le radical C'est à la séparation dans l'étude du langage desactes de
offre ainsi une ontogénie plus homogène mais à l'inverse représentation qui c o nstruisent la l a ngue et d es actes
accroît lachargede la m orphologie parrapport au système à d'expressionqui construisent le discoursque la psychomé-
racine, ce qui peut expliquer la complexité du système fle canique doit sa grande originalité.
xionnel des langues indo-européennes classiques et l'évolu- La notion dereprésentationpermet àG. Guillaume de définir
tion générale du système vers la simplification. très précisément ce qui fait laspécificité du langagehumain :
On noteque certaines langues àradicaux comme les langues l'homme, contrairement à l'animal, ne s'exprime pas direc-
germaniques (d'autres aussi), manifestent des attaches inté- tementàpartir del'expérience qu'il a des choses, mais àpartir
ressantesaux constructions dediscours dites endophrasti ques d'une re-présentation mentale de l'univers (visibilité men-
alors que leur système de fonctionnement général est exo- tale), agissant en quelque sorte comme un filtre de la réalité
phrastique avec la détermination du mot en langue (par extralinguistique. L'existence du langage humain dépend
exemple en allemand lapropension àlaisser le verbe en fin de d'une mutation duvécu expérimentaI en représentation :
phrase ou bien les très grandes capacités de dérivation). (...) kr langue naît d'une conversion de l'expérience dont
l'esprit humain s'évade en une représentation danslaquelle
LL2 : 398L108,121
il s'installe. tPt.r : 23)
LSL : 36,117
AT: 17
LL1 : 79,105
RÉFLÉCHIE (VOiX) (r e flexive voice) LL2 : 104
LL3 : 12,22,24
La voixréfl
échie,enfrançais,quiestunevoixqui associepour
LL4 : 17,18,30.32,55.61,68,91.150,155
le même procès les deux situations active et passive de la
LSL : 185,206,21 6-218
personne, est une voix de synthèse. Elle peut s'interpréter
PLT : 22,23,153,160,163-168,182,231,24L254,255
comme une voix moyenne où le sujet est conduit par l'évé-
162- SAISIR SCHÈME FIGURATIF - 163
tialités cachées, non pas même les faits de langue qui sont des O n noteraenfin que le terme de schème renvoie au souci de
généralités stabilisées, mais les mécanismes constructeurs de G. Guillaume de penseren figures, du fait que la langue elle-
la langue. La linguistique serait une grande science théorique même, comme représentation, est enracinée à une visibilité
si elle consentait à rechercher ce qui estsous la langue elle- des choses qui précède la dicibilité. Penser en figures, pour la
même: science du langage, c'est redécouvrir les figurations du lan-
Une restitution suffisamment étendue de ces schèmes, en gage lui-même.
nous révélantle mécanisine de la langue telqu'ilexiste à
l'état latent dans Ea pensée du sujet parlant, aurait pour LSL : 109337
conséquence derenouveler profondément la physionomie TV : 121-128
de lascience du tangage dans le sens d'une plus grande
cohésion : sous la double histoire de la matérialité des
formes et de leur emploi se dessinerait phistoire de la SEMA N T E M E (sem anteme/lexeme)
constructiondu système qu'ellesexpriment etc'estdans Ees
cadresde celle-ci que viendraient se ranger et,en quelque Les sémantèmes constituent l'une des quatre unités dont se
sorte,setasser Eesfaits de celle-là.pv :ttt) recompose tout idiome, les trois autres unités étant les asé-
Cette position était défendue dès 1929 avec Temps et verbe mantèmes, les morphèmes, et les systèmes. Soit figurative-
mais on laretrouve constamment, même si le terme n'est plus ment :
utilisé dans des versions plus tardives de la théorie (les index
deLls, ELáet u,t n'en fontpas mention). On notera que c'est systèmes
lamême idée qui estreprésentée en 1958 (les deux articles sur UNIVERSEL
Observation et explication dans la science du langagedans champ
Langage etscience du langage :t. sL:tsws et2a -2sá)par de définition
l'analyse de l'ensemble du phénomène en une causation des sémantèmes champ
déversequi produit le discours à partir de la langue, un causé de définiùon
construit quiest la langueetunecausation obversequi produit des morphèmes
lalangue elle-même. Lacausation obverseressortit aurapport
SINGULIER
fondateurunivers/homme alors que la causation déverse res-
sortit, elle, au rapport social homme/homme. C'est cerapport asémantèmes
univers/homme qu'il faut interroger, et non l'autrepour com-
prendre ce qu'est l'architecture du langage gsL: ss). C'est Comme le montre le schéma, les sémantèmes sont issus du
cette causation qui était plus tôt appelée schème sublingui- mouvement de la pensée orienté en direction du singulier.
stique. Plus précisément, ils représentent un arrêt précoce de la pen-
On comprendra toute l'importance de la typologie génétique sée dans le mouvement qui la porte du côté du singulier, pro-
pour G. Guillaume. Si la linguistique cherche à comprendre duits d'une particularisation non achevée qui, selon les
non pas seulement une langue, mais les langues, elle est obli- idiomes, se poursuit indéfiniment ou au contraire laisse place
gatoirementmenée à les comparer et à se poser, en termes à une universalisation.
prudents certes, la question du langage lui-même. C'est un Autrement dit la notion particulière recouverte par le séman-
choix épistémologique grave que de s'arrêter au constat de tème et appelée à devenir la signification du vocable est sou-
leur grande diversité et par ailleurs, le relevé timide et empi- mise, soit à une tension singularisatrice illimitée (qui produit
rique des universaux qu'on a vu parfois ne conduit pas très le caractère des langues amorphogéniques) soit au contraire
loin. Avec les risques de se tromper que cela comporte -et il soumise à un traitement universalisateur (qui produit le mot).
faut absolument déterminer quels sont ces risques et quels L'universalisation est d'abord intégrée et fournit le conçept,
sont les enjeux, chose que G. Guillaume envisageait diffici- puis intégrante et fournit la partie du discours.
lement, il faut lereconnaître - ù appartient àla linguistique de H importe d'insister sur le fait que, dans les langues indo-
faire ce travail. G. Guillaume est un des rares pionniers d'une européennes, l'idée particulière qui constitue la signification
science du langage complète et qui se fixe des objectifs plutôt matérielle du mot est automatiquement verséedans une forme
que des barrières. générale : la partie du discours. Il n'y est pas possible d'évo-
166 - SIGNE/SIGNIFIANT/SIGNIFIÉ SIGNIFIANCE - 167
quer la notion saisie en elle-même. Chaque fois qu'on évoque La reconnaissance de cette dualité du signifiant fonde la psy-
une idée, on évoque conjointement la manière de concevoir chosystématique d'unepartetlapsychosémiologiedel'autre.
cette idée : La terminologie saussurienne laisse croire que la sémiologie
Tout sémantème d'une langue é voluée est (...) une notion est signifiante (signe= signifiant/signifié), ce qui masque la
qui par une opération de discernement, s'abstrait de puni- dimensiondes opérations fondatrices du sens, à savoir les
versel, etparune opération d'entendement - qui ne revient opérations dereprésentation etd'expression. Cette correction
pas (...
)sur ce que k discernement a accompli - retourne à à la terminologie saussurienne qu'apporte G. Guillaume per-
puniverseL [pLT: 193). met de mieux saisir les rapports entre le percevable et le
Pour se référer à ce qui a trait, dans une langue donnée, à la concevable dans le langage et d'expliquer du même coup le
statut véritable de certaines irrégularités.
signiifiication matérielle, on emploiera le terme de sémantèse.
Par exemple, on diraqu'en français la sémantèse s'estrépartie
entre le plan nominal et le plan verbal, alors qu'en basque elle LL1 : 68,87,257-283
est rejetée en très grande partie dans le seul plan nominal. LL2 : 12,13
LL3 : 18,35,43
AT : 9-10
LIA : 25,26,34,35,37,41,42,133
LLI : 235
LSL: 116,150,155,242PA6,247,283
LL2 : 86-87,105,215
PLT : 74,76,126,127,129
LSL : 99-101,108
PLT : 57,193,201
SIGNIFIANCE (meaning)
et du signe; en conséquence de quoi la retation mécanique fonde le langage et non, bien que les deux plans soient reliés,
(signifiéde puissance->signe-> signifiéd'effet) prend dans le rapport social homme/homme.
la réalüé linguistique - que c'est te rôle du linguiste de faire
connaître - la forme : cf.nombre, universeVsingulier
signifi
é de puissance > signe
(symphyse)
STÉMATI QUE (st ematic)
signifiant > signifié d'effet
Se ditd'un morphème capabled'exister dans lalangue àl'état
Le principe acquis (est) quete signif iant totalise en lui, à de mot indépendant, par opposition aux morphèmes astéma-
Pétat de symphyse, un signifié de puissance et un signe, tiques, comme les suffixes et flexions, nécessairement asso-
lequel autrement serait e in »-signifiant. (LsL : 2es-247) ciés à un sémantème ou un auire morphème, et incapables
Le refus de la référence-étiquette est exactement la même d'avoir existence de mot.
chez G. Guillaume et chez F. de Saussure, et est caractéristi-
que du structuralisme. La grande originalité de G. Guillaume cf.morphème
est de montrer que la structure de la langue est un système-
relaisorganisateurdel'expérienced'unepartetconditionnant
à l'égardde l'expression d'autre part.Ce caractère de relais
résulte de la conception guillaumienne du système comme S TEN O N O M I E (stenonomy)
autantproduit que producteur,causé que causateur. Sans la [Gr. stenos : étroit+ nomos : ioi]
signifiance, causatrice du système, on ne pourrait iien signi-
fier. Le linguiste doit toujours reverser en procès constructif Qualité du présent français selon laquelle, dans son interpo-
les données pratiques et théoriques qu'il a à sa disposition. lation sur l'inïinitude du temps d'univers, il est en constante
Cette idée existe déjà en 1919 dansLe problème de l'article recherchede plus grande étroitesse :
(tA ieeas) oùl'auteur associe au« désordre » qui consiste en Le présent est un être sténonome qui obéità une loi, « sa »
toutessortes de manières de voir toutes sortes de choses, loi, selon laquelle tout en demeurant une quantité positive
l'« ordre » d'un plan qui existe pour « guider » l'esprit- de temps, il lui faut se rapprocher de plus en plus de la
auquel cas l'existence du langage paraît dépendre de la quantité négative, et autant qu'il se peut, sans pour cela
construction de ce plan qui structure le pensable en vue de le cesserd'exister effectivement, avoisiner Zéro. (AT: 34).
rendre signifiant et transmissible. Le présent français, comme le présent latin, est composé de
deux parcelles(chronotypes) empruntées aux deux grandes
LSL : 246-247 époques qu'il sépare : le passé et le futur. Le présent latin
PLT : 121-133 juxtaposait ces parcelles horizontalement, si l'on peutdire, ce
qui entraînait une architecture a double plan avec d'un côté le
systèmeamabam, amo, amabo et de l'autre le système ama-
veram, arnavi, amavero. ÇEv :ssa9). Le présent français, sté-
SINGU L I E R (si n g ular) nonome donc,nejuxtapose plus les parceHes mais les super-
pose,afi n de former lenoyau ou le nnud de l'indicatif.On est
Le singulier, qui est une abstraction chargée de représenter doncpassé d'un présent latin horizontal à un présent français
l'objet, est le terme fondateur des systèmes linguistiques. Le verticalpar recherche d'étroitesse avec des répercussions
rapport universel/singulier est invoqué par G. Guillaume en directes sur les autres modes (dont un seul infinitif par rapport
de multiples endroits et à divers degrés de généralité depuis auxdeux latins (amare/amavisse)). C'est àcette superposition
le système des articles français. Entendu sans un sens très aussi qu'on doit l'architecture nouvelle de l'indicatif avec un
abstrait, le rapport universel/singulier représenterait le rap- présent qui détermine une double séparation, horizontale
port linguistique univers/homme, ce rapport étant médiatisé entre le futur et le passé et verticale entre l'incidence et la
par la langue. C'est le rapport humain univers/homme qui décadence.
170 - sUBDUcïïoN
SUBDUCTION - 171
langues des tendances variées, certaines utilisant plus volon- mentaux dans son énoncé. G. Guillaume réussit ainsi à sub-
tiers une morphologie stématique (ou anisotope, située dans stituer à une collection disparate de règles contextuelles une
un lieu autre que le mot), d'autres une morphologie astéma- théorie unitaire.
tique (ou isotope, située dans le même lieu, dans le même
mot). cf.thématique
En thèse générale, le type morphologique d'une langue est
LLI : 169,218,247~9
l'expression de sa fidélité antérieure plus ou moins grande
LL3 ; 201
à Pun ou Pauhe des deux modes de subduction. gsL :81).
LIA : 115,135-137,141,143,151
Chaque langue peut bien entendu s'orienter de façon préfé-
LSL : 194,195,263-266
rentielle vers l'un ou l'autre de ces modes, comme l'anglais
TV :31
par exemple, qui a largement exploité dans son histoire les
possibilités offertes par la subduction immanente.
LLI : 145-148,151,237,238253
S UBO R D I N A T I O N (subordination)
LSL : 73-86
La subordination se définit comme le rapport de dépendance
qui s'établit en discours entre une idée regardante et une idée
regardée.(.,)Là où Pidée regardante n'a pas d'expression
SUBJONCTIF (mode) propre, il n'y a pas de subordination. Le fait syntaxique de
(subj unctive mood) subordination a pour origine la représentation distincte de
l'idée regardante sortie de l'implicite. En proposition indé-
Dans le système verbo-temporel français, le mode subjonctif pendante, l'idée regardante ne sort pas de l'implicùe et
représente l'image-temps à un stade intermédiaire de sa généralements'en tientà une considération ressortissantà
construction entre le mode quasi-nominal (ou mode nominal) une simple prévision ouà la simple vision.Quandjedis sans
et le mode indicatif. plus : « il viendra ~~,Pidée regardante non rendue par des
Stade postérieur au mode nominal, le subjonctif est un mode mots est « je prévois oujesais qu'il viendra ». (LLI :267).
personnel. Antérieur au mode indicatif, il ne fait pas encore C'est en discours, dans le présent de parole, que s'établit le
état d'une distinction d'époques. Aussi les deux temps du rapport de subordination, même si les moyens de l'assurer
subjonctif correspondent à la distinction primaire opérée par (subordonnants et modes) appartiennent à la langue. La
la personne entre une visualisation ascendante du temps (pré- subordination est un fait de syntaxe. Chaque fois que le verbe
sent athématique) et une visualisation descendante (passé sur lequel porte la subordination est rattaché à un passé, on
thématique). assiste à un glissement de la subordination en dessous de sa
La théorie d'expression du subjonctif découle de cette posi- position propre (le présent de parole).
tion d'antériorité par rapport à l'indicatif. Chaque fois que, C'est cettedécadence syntaxique de la subordinaÙon
dans uneproposition subordonnée, la pensée retientl'événe- qu'exprime la terminaison -ait en français (compétente pour
m ent dans la zone du possible en l'empêchant d'accéder à la touteespèce de décadence) dans,parexemple :
probabilité, le subjonctif estderègle. Dans l'exemplequi suit, Je savais qu'il était malade
l'option choisie par le locuteur du maintien dans la zone du Je savais qu'il viendrait.
possible explique le recours au subjonctif :
J'agi rai de telle sorte qu'il soit satisfait PV : 144). LLI : 92,116,118.119,137,138,168,207,250
On comparera avec la prévision catégorique de réalité LIA: 99
qu'exprime l'indicatif dans :
J'agirai de telle sorte qu'il sera satisfaà
Comparativement aux explications classiques des emplois du SUBSTANTIF (substanti ve)
subjonctif, cette théorie de représentation permet de com-
prendre comment la spanalisation du temps fournit au locu- Les noms substantifs sont pourvus d'une incidence interne,
teur les moyens puissanciels d'exprimer ses choix fonda- c'est-à-dire qu'ils ont une incidence à ce qu'ils signifient par
174 - SUFFISANCE EXPRESSIVE SUIET-175
eux-mêmes, par opposition aux noms adjectifs pourvus d'une SU JET (su bj ect)
incidence externe :
Le substanáf est un mot qui, dèsla langue, en langue, an- Le sujet est, en phrase, le support de prédication.
nonce ianature du support qu'il acceptera. (LL2 :149) Etymologiquement, le sujetestjeté dessous (sub-jectum). Il
Seule la mafière du support substantival est annoncée dans la est donc à la fois support et origine. De ce fait, le terme apour
langue. Quant à sa forme, plus ou moins extensive, elle ne se Guillaume trois sens :
détermine qu'en discours, par intervention de l'article : — par rapport au prédicat
Dans Ec substanáf, le mécanisme d'incidence se partage - par rapport à l'objet
entreiangue etdiscours.Iiressortità ialangue pour ce qui -parrapportàlaproduction delaphrase.Suj et signifie alors
est matière,
au discours pour ce qui estforme. (LL3 :62-63) suj et pariant.
Le régime d'incidence interne entre ainsi au nombre des L'analyse de la fonction de sujet intéresse particulièrement la
formes vectri ces menant à la partie du discours dénommée théorie des voix. On distingue sujet logique ou grammatical
substantif, au même titre que le genre,le nombre et le cas. et sujet dynamique ou actif. Le sujet logique est le support du
Le substantif français incorpore un cas unique, cas synthéti- prédicat verbal. Le sujet dynamique est ce qu'on appelle tra-
sant les fonctions sujetetobjet, quelle que soit lanature ducas ditionnellementl'agent.Lesujetlogiquereprésentelesupport
d'origine. En général, le nom-substantif a conservé la formel de l'énoncé, celui auquel échoit in fine l'incidence du
sémiologie du cas régime du vieux français (beaucoup plus prédicat. Ce support correspond très exactement à lapersonne
rarement du cas sujet). La discordance historique entre cas ordinale contenue dans le substanuf. La fonction sujet est
psychique synthétique et cas sémiologique apparaît comme ainsi l'une des trois fonctions en lesquelles peut se résoudre
une condition nécessaire de l'état du substantif en français : le cas synthétique du substannf français, les deux autres étant
Un mot appartenant par entendement au pian nominal, s'il les fonctions objetetattribut. Dans une languecomme lelatin,
ne recouvre pas en langue lecassynthétique, cessedu même la fonction sujet peut demeurer immanente au verbe(venit =
coup, dans leplan nominal même, d être un substantif (LL3 : ii vient, pluit = il pleut). Par contre, en français, où le verbe est
uniquement prédicat, c'est-à-dire apport, le sujet estextérieur
112)
auverbe. Le sujetdynamique encore appelésujet actifdésigne
àproprementparler celui qui està l'origine de l'action oubien
LL2 : 120,137,138,142,149,151,152,157,160
est concerné par l'état. La distinction des deux types de sujet
LL3 : 53,54,57,60-63,107-112,117,118,143 est à la base de la théorie des voix. La voix est active si sujet
LL4 : 39,59,201 logique et sujet dynamique coincident. Elle est passive si le
LSL : 145,250
sujet logique est porteur de la situation de patient. La notion
de sujet parlant distingue radicalement G. Guillaume des
PLT : 20303-208315-217
structuralistes quirécusent globalement histoire ou intentions
énonciatives. Le langage est en effet inséparable de son sup-
portabsolu, àsavoirl'être humainpensantetparlant, confron-
té àson expérience etaux exigèncesde la communication.La
S UFFISANCE E X P R E S S I V E distinction, par ailleurs, du sujet logique et du sujet dynami-
(expressi ve sugiciency) que a le mérite d'éviter une confusion perpétrée par la gram-
maire traditionnelle lorsqu'elle définit le sujet comme celui
La loi de suffisance expressive s'applique à la sémiologie, à qui fait l'action. Par ailleurs, dans la mesure où chaque verbe,
laquelle il estdemandé de représenter sous signe physique les ou plutôt prédicat, ne comporte qu'un seul sujet logique, la
articulations du système. Cette loi prévoit que la sémiologie distinction entre sujet réel et sujet apparent devient superflue.
n'estpas impérativement soumise à la structure mentale mais
qu'elle doit simplement la représenter au mieux. Ce principe LL2 : 99-101,175,185,186,193-194,197,201-203
permet d'expliquer que, pour une systématique nécessaire- LL3 : 58-59,70-73,118-120,181-182
ment une, on puisse avoir des signes irréguliers. LL4 : 45-46
LLS : 95,218,226+34
cf.loi LSL : 132
176- SUPPORT
svxo&E- 177
SUPPORT (s u ppori) la langue ne s'institue dans l'esprit que pour mieux répondre
Dans le langage, il y a constamment apport de signification et aux besoins d'expression. Tout leproblème du langage est là,
référencede cetapportà un support.Ce mécanisme d'apport et même si la psychomécanique ne répond pas toujours aux
de signification est le rapport d'incidence. C'est le régime questions immédiates que la pratique du langage peut sou-
d'incidence qui, dans les langues à mots, détermine la partie lever, on peut considérerque G. Guillaume aréussi àposer ce
du discours. problème au niveau humain. On peut dès lors réfléchir avec
Le support est en définitive, et très généralement,ce dont on profit à la question de la synchronie : pourquoi cette synchro-
parle et l'apport ce qu'on en dira <t,u : ssb ce qui permet de nie universelle (cet état de la langue, quelle qu'elle soit) exi-
sterait-elle si ce n'étaitpour répondre à une question humaine
poser lerapportd'incidence comme un rapportdeprédication.
fondamentale ? En matière linguistique, quelle estcette ques-
Le support fondamental auquel est déféré tout apport' de
signification est lapersonne. On peut noter à ce sujet que la tion, sinon celle de la conception, de la pensée, et de la com-
munication, en un mot de l'expression ? Qu'on le veuille ou
personne, support formel, n'est pas toujours où on l'attend
traditionnellement et si le substantif français, par exemple, non, il faut demander à la linguistique comment elle définit la
synchronie. G. Guillaume refuse aussi bien la thèse de l'état
possède en langue une incidence à lui-même (incidence
fortuitement produit par l'histoire que celle de l'être existe-
interne), il apporte sa matière à l'article dans le groupe
nominal. C'est l'article qui représente la personne-support et ntialiste. Il la voit comme indissolublement liée à la diachr-
c'est pour cette raison que G. Guillaume le considère fina- onie qui est à la fois sa cause et sa fin.
lement comme un pronom. cf.diachronie
cf.apport
SYNDÈS E (sy n desis)
[Gr. sun : avec+ dein : attacher]
S YNCHROM E (synchrony)
Ce terme est utilisé dans le dernier article de G. Guillaume
G. Guillaume ne remet pas en cause la distinction saussu- (1958) adressé à un public de philosophes afin de décrire
rienne de la diachronie (histoire) et de la synchronie (état). Il l'architecture des systèmes linguistiques intégrés dans la lan-
modifie cependant ladéfinition de ces deux plans de manière gue et du système intégrant qu'elle est. Le système apparaît
radicale en prenant en compte leur interrelation. En particu- en effet être une diathèse, c'est-à-dire une combinaison
lier, la synchronie n'est pas un statisme, pour lui, mais un lieu arrangéecomposée de deux syndèses, c'est-à-dire deux rap-
dynamique d'élaboration du discours et, puisque cette ports. Le rapport syndétique s'établit entre une dèse initiale et
construction est appuyée sur la systématique de la langue, un une hypodèse finale.
lieu d'élaboration de la langue en même temps. De même la Par exemple, l'article un en français recouvre une relation
diachronie porte le devenir de la langue qui utilise les acci- dont la dèse est l'universel et l'hypodèse le singulier. On
dents historiques à des fins d'auto-construction. notera que la dèse, point de départ de la tension, est toujours
Les systèmesne sontpasdéfinisenpsychomécaniquecomme plérolrope, c'est-à-dire maxünale, et dominante. L'hypo-
des réseaux d'oppositions et d'interrelations négatives mais dèse, elle, est d'abord mérotrope, c'est-à-dire minimale et
au contraire comme des rapports psychiques qui définissent partielle, ce qui crée la première syndèse qui est en résumé un
despositions. Donc, loin de se modifier au hasard des chan- rapport orienté entre un terme dominant et un terme dominé.
gementsde termes, provoqués par les accidentssémiologi- L'article un montre en effet toujours des valeurs où le singu-
ques, ils ont le pouvoir d'intégrer ou de rejeter l'accident, ce lier, quel que soit son poids, est toujours subordonné à un
qui, loin de faire de l'histoire une vaste téléologie, souligne universel intégrant. Autrement dit, le singulier est toujours
simplement que c'est au système qu'appartient en définitive visé, approché de manière asymptotique, etjamais atteint. Au
le choix ou la possibilité du changement. Sans l'accident moment où l'hypodèse devient plérotrope elle-même (maxi-
sémiologique,l'accident deparcours, il n'y apas d'évolution, male), par poursuite de la première tension, la dèse s'annule
parcequ'iln'y apas de choix à faire. en tant que telle, et le système, sous peine de s'évanouir par
La téléologie existe bien, cependant, en synchronie au sens où récurrence (cf.loi de non-récurrence) doit alors se poursuivre
dans la deuxième syndèse où le rapport s'inverse. Cette
deuxième syndèse transcende la problématique initiale de la précoce de celle-ci entraînant une diminution de la morpho-
premièretensionen rendant lerapporthomogène. logie, etinversement. Une languecomme lechinois mandarin
Ce mécanisme bien connu dans le système de l'article, du où la saisie lexicale se confond pratiquement avec la saisie
nombre, de l'ontogénèse du vocable, consiste à transporter la radicale est une langue sans morphologie mais pourvued*une
problématique initiale hétérogène du plan intérieur de la syntaxe développée à proportion. On peut dire qu'en psy-
matièreau plan extérieur de la forme, auquel cas la seconde chomécanique les faits de discours étant conditionnés par les
syndèse apparaît comme la formalisation même du rapport. potentialités de la langue, lasyntaxe seradéterminéeparl'état
On passe, si l'on veut, d'un plan relatif hétérogène à un plan typologique du vocable de puissance, autrement dit que les
absolu homogène. C'est la valeur même de l'article le en langues ont la syntaxe de leur morphologie. C'est une affir-
français qui eansforme en absolu aussi bien le singulier que mation qu'il faututiliser avecprudence, cependant, àcause de
l'universel. cette profonde continuité des phénomènes. Dire cela revien-
Dans le dernier article de 1958 (Observation et explication drait à poser le discours comme totalement déterminé par
dans lasciencedu langage (t sL :272-206))ce m écanisme syn- l'étatdelangue. Il fautse souvenir constammentquelalangue
désique, qui estau coeur de toute opération depenséeinsntuée est l'objet d'une construction à laquelle les problèmes
(linguistique), est appliqué à la recherche scientifique même. d'expression, et par suite les problèmes syntaxiques, ne sont
G. Guillaume y démontre comment la science, si elle veut pas étrangers. Par exemple, l'obligation, pour les éléments de
atteindre une compréhension maximale (plérotrope) de son laphrase, desesuivre danslachaîneparlée nepeutpasnepas
objet, doit théoriser afin de mieux voir. Il reproche en parti- avoir de conséquences en langue. On pourrait tout aussi bien
culier à la linguistique traditionnelle d'être restée au niveau inverser les termes et dire que les langues ont la morphologie
d'un voir de constatation (la syndèse autoptique première : de leur syntaxe. G. Guillaume soulignait cependant cons-
celle de l'observation directe, où les choses se voient tamment qu'une fois la langue établie le discours utilise
d'elles-mêmes) et de ne pas s'être engagée comme ù tente de directement ses potentialités, et qu'en système institué, la
lefaireavec la psychomécanique, à larecherche d *un voir de langue (et partant la morphologie) est première. L'intérêt
cornpréhension (la syndèse cryptologique seconde : celle de portéen psychomécanique àlalangue,au vocablequiestson
l'observation indirecte et théorique des choses cachées). unité, à la typologie génétique, à la morphologie du mot, aux
G. Guillaume utilise ailleurs (La langue est-elle ou n'est-elle systèmesplusqu'aux énoncés, afaitque la syntaxe nereçoit
pas unsystème ?,1952 [ISL: 220-240))lesterm esde systéma- pas un véritable traitement comparable à celui quepropose la
tique immanenteet de systématique transcendante au lieu de linguistique structurale en général.
syndèse autoptique et syndèse cryptologiqùe. G. Guillaume établit d'autre part une distinction entre une
LSL : 272-286 syntaxe verticale qui se développerait sur l'axe génétique de
productiondes phrases et une syntaxe horizontale qui en
expose dans la phrase le produit, sur un axe résultatif de
fixation, soit l'axe du développement linéaire de la chaîne
SYNT AX E (sy n tax) parlée. Il soutient que l'ordre dans lequel on trouve la phrase
[Gr.sun :avec+ taxis :ordre,arrangement] finie est l'inverse de l'ordre dans lequel elle a été génétique-
Par opposition à la morphologie, déterminée en langue, la ment produite : Il y a beaucoup à tirer d'une étude bien
syntaxe ressortit à tout ce qui appartient aux opérations de conduitede Ia syntaxe par rapportà cesdeux axes :
discours : — celui RÉSULTATIF de fixation, qui est celui du déve-
En termes toutà fait généraux on pourraiténoncer que la loppement horizontal de Ia chaîne parlée.
morphologie a pour objet la construction des unités de — celui GÉIVÉTIQUE de production porteur d'opéra-
puissance et la syntaxe la construction des unités d'effet. Le tionsdepensée déjà closesquand lachaîne parlée lesinscrit
domaine de la morphologie, c'est le plan de la puissance, le résultativementen elle etqui,parce qu'ellesseprésentent
domaine de la syntaxe, le plan d'effet. (Ils : 25) déjà closesdans le discours énoncé, ne peuvent pas y être
Les phénomènes morphologiques et les phénomènes synta- observéesutilement.
xiques sont en connnuité. L'importance proportionnelle de la L'observation qui se limite au discours énoncé est une
syntaxe et de la morphologie dans un idiome donné varie en observaáonquisurvienttrop tardpour surprendre dansson
fonction de la position de la saisie lexicale, une intervention jeu réel le mécanisme producteur de l'arrangement des
180- sv14TEsE
sv14TIIETlguE- 181
mots. Pour atteindre à ce mécanisme ilfaut faire appel, d'objet, la voix synthétique les fonctions logiques d'agent et
commepartoutengrammairesupérieure,à uneobservation de patient.
plus pénétrante que Pobservation directe desfaits de dis- G.Guillaume appelle synthétiques ces deux phénomènes
cours,c'est-àMire à une observation analytique attacM à grammaticaux liés au passage du latin au français, mais entiè-
découvrir ce qui a eu lieu entre lefait de langue et lefaüde rement distincts :
discours,etpar conséquent avantfixation résultative de ce - la disparition de la flexion casuelle au profit du cas de
dernier. iua : 2ts) langue unique du français : le cas synthétique, qui condense
Enfin notons une autre distinction entre deux syntaxes com- psychiquement les fonctions de sujet et d'objet (+ attribut).
plémentaires : la syntaxed'expression, relative aux possibi- -L'existence en &ançais d'une voix moyenne opposée aux
lités de la langue considérée et la syntaxed'expressivité qui voix analytiques active et passive. En effet, en dépit de la
peut en bouleverser plus ou moins l'arrangement. tendance analytique qui a progressivement ruiné l'ancienne
LL1 : %,116,117,137,250
voix synthétique indo-européenne, le &ançais a gardé des
traces du déponentlatin, en l'occurrence, les verbes qui chan-
LL2 : 24,30,116,120
gentdevoix en changeant d'aspect dutypej e sorsj le suissorti
LL3 : 24&,216-218
avecêtre au lieu d'avoir.Le &ançais a de plus élaboré une
LIA : 52,99,101-103 nouvelle voix synthétique sous la forme de la voix réfléchie
PLT : 149,152 avecparexemplej e m'ennuielje mesuisennuyé,iciaussiavec
être. La personne, dans ce type de construction, cumule les
rôles d'agent et de patient.
SYNTHÈSE (s y nthesis) Le processus deréduction des formes vectrices est, on le sait,
extrêmement ancien. G. Guillaume a réutilisé l'opposition
Les notions d'analyse et de synthèse ont un sens tout à fait héritée de Schlegel entre langues synthétiques et langues
traditionnel en psychomécanique à ceci près qu'elles sontdes analytiques, et il adopte la thèse généralement reçue qui voit
discriminants tenus pour essentiels dans la constitution des dans la tendance analytique un phénomène historique majeur
systèmes, à tel point que G. Guillaume les utilise pour caiac- des languesindo-européennes. Cependant les phénomènes
tériser le rapport de la langue au discours. mentionnés ci-dessus révèlent, semble-t-il, un mouvement
On nepeut qu'être frappé,en effet,parle constant recours de inverse, ce qui le conduit à adopter uneposition nuancée. Il se
notrepensée àdescouples adversatifs etcomplémentaires tels garde d'interpréter abusivement l'ultime résultat de la dé-
que celui-ci. La raison en est que le langage lui-même (à vrai flexité analytique qu'est le cas synthétique. En revanche, le
dire, il est difficile de déterminer qui, de la pensée ou du lan- développement de la voix réfléchie (encore en cours actuel-
gage, impose sa forme à l'autre) utilise des rapports de ce type lement) lui paraît un indice probant du maintien, voire du
pour sa construction. Parmi eux (universel/singulier, virtuel/ rétablissement de la tendance synthétique. Deux explications
actuel, puissance/effet, condition/conséquence...) le couple sont en effet plausibles : ou bien il s'agit d'une restauration
analyse/synthèse est à la fois le plus mécanique et le plus tardive (analogue à celle du duel en ancien français), ou bien
mystérieux. Aussi sert-il &équemment à G. Guillaume pour il faut y voir le symptôme d'uti mécanisme plus profond qui
expliciter, ou bien pour étudier, les rapports systématiques et voudrait qu'une limite une fois atteinte, tout mouvement
les hypothèses les plus intégrantes produites à partir des doives'inverser en ladépassant.Le faitque dans lesdeux cas
années 1945-50 en font un usage permanent. les fonctions indiscriminées soient précisémentdes fonctions
extrêmes tendrait à confirmer cette seconde hypothèse.
cf.analyse/
synthèse
Pour le cas synthétique :
LL2: 130
SYNT H E T I Q U E (sy n thetic) LL3 : 101,104,109,113,117,225329-230
Pour la voix synthétique : moyens analytiques congruents (cf.méthode) : issus des rap-
LL2 : 183,184 ports institués en langue entre les apports historiques, les
LL4 : 167,171 systèmes sont des signifiés sans signifiants, ne paraissant
LL7 : 122,125,172,175- 176,179
jamais dans le discours, puisque ce n'est pas leur fonction,
comme enners.
LSL : 127,130,133,139-142
La notion de système présente chez F. de Saussure est non
Autre : seulement retenue par G. Guillaume mais, ce qui est original,
AT :35
développée et amplifiée jusqu'à ses conséquences extrêmes :
la pièce maîtresse que G. Guülaume estime apporter est le
phénomène d'intégration relative des systèmes dans lalangue
et, par voie de conséquence, la continuité qui y réside. Le
SYSTÉMATIQUE (systematics) problème que pose F. de Saussure et qu'il ne résout pas est la
discontinuité entre l'histoire et l'état (diachronie et synchro-
G. Guillaume propose le terme desystématique ou systémo- nie), entre le permanent et l'occasionnel (Iangue et parole).
iogie pour désigner la branche de la linguistique dont l'objec- Dans le grand débat sur l'institution de la langue face à
tif est la connaissance des systèmes. l'improvisé du discours, G. Guillaume apporte la solution de
A beaucoup d'égards, le terme peut être utilisé pour désigner l'interaction des deux plans distingués.
toutebranche delalinguistique guillaumiennepuisque l'objet Lagrande originalité delapsychosystématiqueest de prendre
constant de la science du langage est le système, son établis- pour objetdes êtres réeis de langue, les systèmes, que leur
sement et son exploitation (seule la psychosémiologie, dont naturepropre souslraità Pobservation directe,car,avant de
laloiestdesimple suffisanceexpressive, nepeutêtrequalifiée ies pouvoir observer, il fauten avoir opéréintellectivement
de systématiqueà proprement parler):grammaire systéma- une reconstruction. Opération à laquelle on peut se refuser
tique, psychosystématique, morphologie systématique. La ou qu'onpeutaccepter.Si on Ea refuse,Ea psycho systéma-
psychosystématique représente un aspect particulier de la tique n'existe pas et les problèmes qu'elle traite el résout
systématique générale. sontdes chimères. Du même coup, etc'est grave, la linguis-
De même que G. Guillaume tend àpréférer le terme deméca- liqueignore lessystèmes, car un système n'estobservable
nique(mécanique intuitionnelle) au terme depsychomécani- qu'aprèsreconstrucáon intellective.L'enseignement deF.
que,il déclare volontiers que sa théorie est unesystématique. de Saussure devientdonc, si louable soit-il, inutile. Il
importe peu en effet que la langue soit un systè me - cequ'on
LL2: 11,15 veutbien admeltre généralement -si on ne démonte pas ce
systèmeafinde lefaire bien voir.Si,au contraire,on accepte
l'opérationintellective à l'issue de laquelle les systèmes
reconstruils par Pesprit s'obj ectivent,sion a la tém érité de
SYSTÈME (s y stem)
latenter,etla chance de la réussir -toutestlà - la psycho-
Les systèmes constituent l'une des quatre unités dont se systématique existe, et devient le couronnement de la
recompose la langue. Ilsm arquent l'achèvement du mouve- sciencedulangage,lapartiede cetlescience où l'on voitlout
mentde généralisation qui, àson terme, rejoint l'universel. Ils à Eafois, et en quelque sorte synopliquement, Phisloire du
ontpour fonction d'intégrer les morphèmes. La langue est un iangage et la nature du langage.<u2 : 15)
système de systèmes, un système intégrant, dont la forme se
reproduit dans les systèmes intégrés. AT : 10-16
Les systèmes sont, au même titre que les sémantèmes, les LL1 : 79,87,88,104,150,159,221,257-260
asémantèmes(noms propres), et les rnorphèmes, des entités LL2 : 9-15,34,208
réelles, d'une importance capitale puisque ce sont eux qui
LL3 : 39-42,44,90-93,97
déterminent - par la position qu'ils leur attribuent - la valeur
LL4 : 16,21,131-133
essentielle des formes, mais n'ayantpas d'existence concrète,
ils ne sont pas observables directement. Êtres de langue pure- LSL : 144,158-166/20-240,284,285
ment abstraits, ils nécessitent pour leur observation des PLT : 2526,80.92,93,101,104,124,125,14û143,175-184,230
184- SYSTÉMQLoGIE vmes oI ÉIIATII:-185
Les systèmes que la pensée institue au plus profond d'elle- Estditethématique une forme verbale caractérisée, comme le
même sont tous réputés par G. Guillaume de même forme subjonctif imparfait, par une voyelle étymologique ou quel-
essentielle, qui tientde la forme de lalangue, laquelle consiste que autre trait spécifique hérité. Est athématique une forme
reconstruite et dépourvue de cette caractéristique.
en une mise en relation abstraite de deux termes adversatifs.
La notion de forme thématique ou athématique est liée à la
Le caractère dynamique des systèmes, qui correspond à un
théorie guillaumienne du subjonctif français. Dans la chro-
parcours dans les deux sens de cette relation binaire, provient nogénèse, ce mode a deux temps qui s'établissent en fonction
de ceque les systèm es sontchargés de représenter la pensée de la personne. G. Guillaume rejette les dénominations tra-
en mouvement. Les articulations correspondent aux moments ditionnelles de subjonctif présent et imparfait — inexactes
signiïïcatifs que la pensée retient et sont les seules à pouvoir puisque ce mode ignore en fait la distinction d'époques - et
être sémiologisées et portées au discours. leur substitue les appellations de subjonctif athématique(dit
Le termede tenseur réîere au caractère opératifde cesmou- présent, de cinétisme ascendant) et de subjonctif thématique
vements passant successivement de la tension à ladétension. (dit passé, de cinétisme descendant). Selon lui, le thème-
Le mécanisme d'institution des tensions du système impose voyelle du subjonctif dit passé signalerait la contradiction
de les ordonner sans qu'il soit possible de rev nir sur les entrelavirtualitépropre au modeet lemouvementorientévers
acquis d'institution. Ce phénomène de non-récurrence est le passé, donc réalisant, du temps. Une opposition semblable
quoique moindre entre statisme et cinétisme se retrouve au
tenu pour une loi universelle du langage humain :
prétérit défini (passé simple), dans l'indicatif, donc. Les
Le fondement universel de ces psychomécanismes réside
formes du prétérit sont en effet partiellement thématiques (à
dans la capacité qu'a Pesprit humain de particulariser à
noter la grande proximité sémiologique entre le subjonctif
partir du général et de généraliser à partir du parttculkr. thématique et le prétérit défini : que jelusselje lus, et le thème
Autrement dit, dcse mouvoir dans lc sensqui va de Puni- voyelle-a- de que je mangeasse caractéristique de tu
versel au singulier et inversement, par réplique additive, mangeaslil mangea et nous mangeîîmeslvous mangeâtes,.) :
dans celui du singulierà PuniverseL tLssondu 2sltll47,strts c) c'est cette fois le caractère incident du temps qui contredit la
Le système de l'article &ançais est un tenseur binaireradical : position dans le passé.
l'article premier un est singularisant en tension initiale et Psychosémiologiquement, les formes thématiques sont
l'article le est universalisant en tension finale. l'indice d'un fait psychosystématique et sont, sur ce point
Lesvaleurs discursives deces articles varientselon laposition précis, congruentes. Elles ne sont pas, toutefois, dénuées
d'ambiguïté : outre la contradiction qu'elles révèlent, leur
delacoupeinterceptivequi aétépratiquéedans le mouvement
motivation psychosémiologique est en fait inférieure à celle
qu'ils signifient. Ceci explique que ces deux articles peuvent
des formes athématiques. Certes, elles manifestent une forte
aussibien généraliserqueparticulariser,quoiqu'avecdessens
homogénéisation externe, mais, comme elles sont largement
différents, selon le lieu de l'interception, précoce ou tardif. Le dépendantes de l'évolution phonétique, elles ne normalisent
nombre génère de même sur un tenseur binaire identique le précisément que le seul signifiant. A l'inverse, une forme
singulier à partir du pluriel, ce qui permet de comprendre reconstruite et entièrement athématique comme le futur
l'existence de pluriels intemes (dont le duel est un exemple) simple témoigne quant à elle d'une parfaite correspondance
qui sont des pluriels de tension initiale. Le pluriel homogène entre lepsychosystème et la sémiologie. Il peut arriver que les
de multiplication des unités est un pluriel de tension finale. deux constructions altement (ainsi au prétérit défini des
verbesen -er) mais il ne fait nuldoutepour G. Guillaume qu'il
cf.temps opératlf y ait là deux procédés en principe distincts, et que la solution
strictement psychosémiologique ne soit en droit préférable
LSL: 33 aux constructions partiellement phonétiques.
PLT : 201 G. Guillaume emprunte sa terminologie à la grammaire clas-
77tángt1a- 189
sique, sauf athématique qui semble être un néologisme, mais aversif déterminent dans le passé les imparfaits cursifs et
lui fait subir un glissement sémantique considérable puisque précursifs et dans le futur les futurshypothétiques forts et
le thème désigne traditionnellement le mot dépouillé de sa faibles. Le thème inversif auquel le présent résiste détermine
flexion. Qu'il en vienne ici à désigner un type de désinence un prétérit défini et un futur catégorique.
n'est peut-être pas dû au hasard. Les constructions thémati-
Cetteanalyse a été abandonnée par la suite au profitd'une
ques se révèlent en effet moins formelles, et donc, dans la répartition des temps de l'indicatif fondée sur l'opposition de
perspective guillaumienne, moins cohérentes que les formes l'incidenceetde la décadence. Les index de Ltá etLL1 ne
athématiques. Il est par conséquent souhaitable d'intégrer la comportentplus ces notions.et neretiennentpratiquementque
problématique développée ici dans uncadreplus général : elle l'acception sémiologique du mot (thème-voyelle et voyelle
est directement liée au fait que G. Guillaume dénie au signe thématique, subjonctif thématique et athématique).
toute valeurproprementsystématique, et aussi sans doute àsa
conception de la diachronie. LSL : 59-72
LL1 : 154-157,162-169,244-247,249-250
LIA: 134-137,142
LLS : 48,175
THÉTIQUE (futur)
(thetical future)
LL7 : 42,55-57
LSL : 193-194,243-250,264-265 Le futur thétique ou catégorique est en trançais le futur inci-
TV : 72-74 dent, par opposition au futur hypothétique, décadent (le
conditionnel présent de la grammaire traditionnelle).
cf.futur (catégorique)
THEME (theme)
incidence active
sujet objet TTPOLOGIE (ly pology)
(rien)
Dupoint de vue du mécanisme, onpeut conclure à uneidentité Devant l'énorme diversité des langues humaines attestées,
entre le verbe transitif etle verbe moyen avec cette différence l'attitude courante en linguistique est de tenter une classifi-
essentielle que dans la voix moyenne le sujet logique est à la cation sur les critères les plus objectifs possibles. La gram-
fois porteur de lasituation d'agent et de celle depatient, tandis mairecomparée s'efforce de reconstruire desfiliationsgéné-
que dans la voix transitive le sujet logique est uniquement tiques comme le structuralisme retient des traits structuraux
porteur de la situation d'agent, celle de patient étant réservée communs : l'ordredes motsenparticulier apuservirdecritère
à l'objet logique. gangues svo, sov...), mais aussi le système phonologique.
Ainsi la transitivité - qui suppose un accord du cas logique et Plus traditionnellement, les langues sont volontiers classées
du cas dynamique aussi bien du côté du sujet que du côté de selon leur type morphologique (langues isolantes, flexion-
l'objet - relève nécessairement de la voix active. Quant à nelles, agglutinantes etpolysynthétiques). Le très grand nom-
l'intransitivité, elle se partage entre les deux voix acuve et bre de critères possibles (phonétiques, phonologiques, pro-
passive : si le sujet est à la fois sujetlogique et sujetactif, le sodiques, morphologiques, syntaxiques et lexicaux) ajoutés
verbe sera intransitif actif (Pierre marche), mais si le sujet auxrépartitions de type géographique ou sociologique enlève
logique apparaît porteur de la situation de patient, le verbe toute chance à la typologie d'être une science cohérenteetelle
intransitif devient obligatoirement passif (Paul esr bairu). apparaît bien souvent comme secondaire„même si la gram-
mairegénérative en quête d'universaux pour desraisons spé-
LL2 : 171-177,178,180,184-186,190,191,194-198,203 cifiques a provoqué un regain d'intérêt certain. Malgré cela,
la typologie d'aujourd'hui ne dépasse guère le niveau d'étu-
des comparatives localisées.
T RA N S L A T I O N / T R A N S L A T I F G. Guillaume attache aucontraire àla typologie un intérêt tout
(translalionltranslative) particulier pour plusieurs raisons :
- d'abord la classification des langues devrait être par prin-
Ces termes s'emploientparréférence aux mots grammaticaux cipe une des toutes premières tâches de la linguistique. Il
servant à opérer la translation du plan de la phrase au plan du paraît difficile en effet de parler d'universaux à partir de
mot. l'étude d'une seule langue ou de quelques langues d'ailleurs
La nominalisation de la phrase peut être soit interne soit génétiquement apparentées ou dans certains cas tellement
externe. On disùngue deux catégories de translatifs : ceux différentes qu'on peut conclure à l'universalité dès qu'on
opérateurs de nominalisation inteme (les pronoms conjonc- observe la moindre convergence.
tifs communément appelés relatifs) et ceux opérateurs de - ensuite, ce qui est lié, c'est de la comparaison entre sys-
nominalisation externe (la conjonction). tèmes différents qu'on peut le mieux tirer des renseignements
Le terme de translatif doit donc s'entendre dans un sens très sur les suuctures particulières.
restreint. En aucun cas il ne s'emploie pour désigner, comme — enfin et surtout, puisque la psychomécanique est une
nvoï.oaïp - 193
péen commun, ce qui est très pauvre et qui, en tout état de U NIVERSALISAT I O N
cause ne cautionnerait que le passage possible de l * aire
seconde à l'aire tierce. En revanche, la typologie guillau- (universalization)
mienne (qui, il ne faut pas l'oublier, se fonde en droit dans la On parle d'universalisation étant donné que les systèmes sont
psychomécanique comme un pilier absolument central) per- des représentations dynamiques. Chaqueproduitlinguistique
met de situer certains phénomènes de manière stimulante (la effectif subsume en fait un ensemble d'opérations génétiques
naturepronominale des désinences verbales en relation avec conditionnantes (permissives). L'universel n'existe en fait
lesystème holophrastique(tu :99) oulastructure delaphrase dans lapensée que par le mouvement systématique qui
basque(Lu ; ssse) sont des exemples parmi d'autres. On peut l'oppose au singulier. Même chose pour le singulier. Uni-
aussi mentionner bien entendu l'éclairage historique régu- versalisation et singularisation sont donc des tensions cor-
lièrement invoqué pour les faits synchroniques français); rélatives et, puisqu'elles définissent l'universel et le singulier
linguistique, constituent ensemble un système.G. Guillaume
LL2 : 24,26,29,33,69,71.72,96-99,108,109,164 souligne constamment que c'est cette systématique qui déter-
LSL : 94,108-119 mine le soubassement architectural de la langue.
cf.universeVsmgulier
AT :9
temps d'univers LSL : 45,99,107,143,197,198
(contenant) PLT : 76,96-99,268
LL1 : 105,136
VOIX (vo i c e)
LL2 : 12,69
LSL: 115
La voix est la catégorie grammaticale chargée d'exprimer la
relation du sujet au verbe :
PLT : 96-98
A la racinede la théoriedes voix,ilya une mise en discussion
TV : 10 délicatede ce qui,étantdonné le verbe,etl'emploidu verbe,
revientau sujet logique des deux situations d'agent etde
pûtient. ÇLL2 :203)
C'est donc de la situation attribuée au sujet logique face à
VOCA BL E (vo c able) l'événement exprimé par le verbe que dépend la voix. On
distingue ainsi trois voix principales :
- la voix active où le sujet logique est uniquement porteur
Terme générique servant à désigner dans tout idiome les
de la situation d'agent
unités de puissance du langage par opposition aux unités
d'effetconstituées par les phrases. - la voix passive où le sujet logique est uniquementporteur
de la situation de patient, autrement dit où on assiste au
Le vocable est le résultat d'un rapport de structuration entre divorce du cas dynamique et du cas logique. La voix passive
l'universel et le singulier selon deux mouvements alternatifs,
est comme la voix active une voixanalytique.
un mouvement de singularisation livrant la matière particu- - la voix moyenne(mixte ou médiopassive), voix synthéti-
lière qui constituera la signification lexicale du vocable et un
que, où le sujetlogique estporteur des deux situations d'agent
mouvement d'universalisation qui le catégorise. Dans les et de patient.
languesà mots, ces deux mouvements sont successifs (idéo-
Apropos de cette voix moyenne, il importe de préciser que les
génèseet morphogénèse) et aboutissent àlapartie du discours
deux situations d'agent et de patient interïerent en proportion
terminale puisqu'ils opèrent prévisionnellement au niveau de
indéterminée, la prépondérance pouvant être attribuée soit à
lalangue. Dans d'autres idiomes, dans l'aire prime, le vocable
l'agent, soit au patient. Si le rôle de patient l'emporte - autre-
doit attendre la phrase pour trouver sa détermination maté-
ment dit en cas de priorité du sujet agi sur lesujetagissant
rielle et formelle. Dans les idiomes de l'aire seconde, le
le moyen se présente passif (voix passive du latin :amor =je
vocable se détermine matériellement en langue et formelle-
suis aimé). En cas de priorité du sujet agissant, le moyen est
ment en discours, où il trouve sa caractérisation nominale ou
actif (cas du déponent latin : sequor = je suis, imitor =
verbale.
j'inute). Il apparaît ainsi que le latin, bien que ne faisant
sémiologiquement état que de deux voix, en compte en fait
LL2 : 23,24,34,41„45,98,113,119,205 trois au niveau psychique : la voix active, le moyen actif et le
LL3 : 173 moyen passif.
Ils'avère que le déponent laun n'apascomplètement disparu
LL4: 75
en français. Les verbes ditsintégrants, actifs sous leur aspect
LSL : 108-119,273,275 simple et passifs sous leur aspect composé sont les héritiers
PLT : 123,144,145,155 de la voix moyenne(tomber etêtre tombé, naître etêtre né ...).
200 -UOYELLE THtMATIQUE Ib!IIEx - 201
.. 052 . . . . . . .
grammaire (grammar) .
copule (copula) . 090
. 054 holophrase (holophrase) .. ... 090
cryptologique (cryptological) .. .. 055
cursif (cursive) .
. . .
059. . . . . .
. 079 . . . .
.. 080
. .
par ticularisation (particulari zati on) .„........, ....... 132 subjonctif (mode) (subjunctive mood) .......................... 172
partie du discours (part of speech) ............. ....... 132 subordination (subordination) ...............,......,...............173
partitif (partitive) ....... 133 substantif (substanti ve) .. .173
passé (past)., ...... 134 sufflsance expressive (expressive sufflciency)..........,.174
passif (passive) ............... ....... 135 . . . . . . . . . . „ . . . . . . . . . . . . . . . . . „
. 182
polation (polation) . .... 142 systémologie (systemolog y) .
position (linguistique de) (positional linguistics).....144 temps (time/tense).
praxéogénie (praxeogeny) .. temps opératif (operative time) ...,.................................184
précursif (precursi ve) ... . .
. . .
. 148
.
,. 159
. .
, . . .
. .
versif (thème) (versi ve theme)
radical (radical) virtuel (virtual) .
206- vmm
mozx-207
visée (projection). ... 197 conjunctive pronoun (pronom conj onctifl................... 050
vocable (vocable).. ...... 198
. . .
analySi S/SyntheSi S(analysetsynthèse)............ disjunctive pronoun (pronom disj oncttf) ..................... 064
.... 023
anastatlc (anastafique).. dual number (duel) .................................................. 065
. .
.. 024
anisotopic (anisotope) ectopy (ectopie) ................ 065
...024
aorist (aori ste). effection (effection) . ................ Oáá
... 025 efferent (eff
érent).
article (arti cle) .. .... 027 .... Oáá
aspect (aspect) .. effectivity (effet) . . Oáá
. . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . .
.... 029 enantiodromic (énantiodromique).......,.......
assignation (assignation) . .... 030 .................. 068
autopti c (autoptique) ........ endophrastic (endophrastique)...................... .................. 069
. . . . .
. . . .
. 032 enexy (énexie) ..
auxiliaïy (auxiliaire) . .. 069
.... 032 esoteric (ésotérique)
axial consonant (consonne axiale),................. ........... 072
035,053 event time (ternps dévénement)............,.......
befOre/after (avanttaprès).. .................. 075
. . . .
135
intension (intension) person (personne) .
.... 103 135
inter}ection (interjection).. phoneme (phonème) .
. 103 137
intransitive (intransitifj ................. 103 phonetics (phonétique) ..
intuitional mechanics (mécanique intuitionnelle)...... 113 138
phonology (phonologie). 139 „ . . .
144
,"".....,....... 108 precursive (précursif), .... 146
linguistics (linguistique).
. . . . . . . . , . . .
148
meaning effect (effet de sens) .......................
.-..."...„..... 067 prehension (saisie) .
meaning (signifiance). 162
." ............... 167 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . , . .
proper noun (asémantème, norn propre)................. 028,125
mental/physieal (the) (mentalisme/physis me) ....,..„.. 113 pronoun (pronom) ..
merotropy (mérotropie). 150
.. 115 . . . . . . . . .
projection (visée) 197
metaphyeiCS (métaphysiquej.. .. ""...„..... 115 psychomechanics (psychomécanique) .......,......,
method (méthode)
.
152
... .... 116 . . . . peyChOSemialOgy (psychosérruologie)................... 153
middle voice (voix mixte, voix moyenne) .............
117,124 psychosystematics (psychosystématique)........... 154
mood (mode). ,... 117 qualitative/quantitative (qualitatif/quantitatif) 156
. . . . . . . . . . . , .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . , . . . . . , .
157
.... 121 radical (radical) ....... . . . . . .
160
. , . . . . . . . . . , , . . . . „ . . . .
morphogeny (morphogénie) .. .... 121 radical binary tensor (tenseur b inaire radical ) .. 186
morphogenic (morphogénique) ............,....,....,... rational chronology (chronologie idé elle) ...........
.... 121 094
morphology (morphologie) .. reflexive voice (voix réfléchie)..............,................
.... 121 160
negation (négation)... relative pronoun (pronom relatifj ..................,..... 161
. .
081
non thematic (athématique) .. SCheme (schè meflguratif)
031 163
non versive theme (thème aversif).........,...,.... semanteme/lexeme (sémantème) ........................
noun (nom) . 165
sentence (phrase) .. 141
210- vmm
ntnax - 211
sign/significant/significate
(signe/sigruftantlsigntfté) .. ..... 166 RÉPERTOIRE THÉMATIQUE
singùlar (singulier) .. .... 168
space/time (espace/temps). 073 . .
1.1.Concepts généraux
. . . .
. 166
transcendence (trnas cendance) ...................................... 189 signifiance ..........,.............................. ..... 167
transitive/intransitive (transitif/intransitifj .............,189 temps opératif.. .....184
translation/translative (translation/translatifj .......... 190 tenseur binaire radical. . . . . . . . . .
.186
typology (typologi e) 191 universel/singuli er(généralisation,
universalixation (universalisation) 195 parti culari sati on, universalisation, si ngulari sation) ...... 194
universal/singular (universel/singulier) ..... ....... 195 visée. .197
universe time (temps d'univers)
vectorial form (forme vectrice) ...
verb (verbe). . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.2.Rapport langue-discours
versive theme ( t h me
è ver sfl. i ....„......,............,.............197
acte de langage . . 017
viewing/viewed idea (idée regardante/regardé e) ........093
vtrtual (virtuel) . di cibilité/di re/dit . ..... 062
. 197 discours ..... 063
vocable (vocable) ... 198 effet de sens ..... 067
vocative (vocatif) . ..199 glossogénie (endophrastique, exophrastique) ...
voice (voix) 199 idée regardante/regardé e.
whole (entier) .
langue..
word (mot) ..
mot (idéogénè se) .
zero (zéro) ..
ontogénie
212- nqom
tmm- 213
..... 113
. . . . .
phonème . 137
praxéogéni e. ...... 144 phonétique.................................. . 138
puissanceleffet (effecti on) .
. . . . . .
. 021
. . . , . . . . .
causation. .. 038
diachronielsynchronie..
amorphogénique(morphogénique).... ..... 022
. . .
..... 060 anisotope. ..... 024
effet de sens. ....... 067 causation. .......... 038
entier
.... 070 déclinaison. ..... 057
fait ....... 080
. . . . . . . . . . . . . . .
3.2.Lexigénèse 4.3.article
cornpré hension/extension. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . 048 article (zéro).. ..... 027
concept. 049 assignation . ..... 030
discernement . 063 deflextvtte........ .
. 058
entendement . 069 duel.. ... 065
extension 078 é nanti odromi que ... . 068
formes vectri ces 083 extension ..... 078
glossogénie. 087 extensi té.. ..... 079
idéation 092 inverseur ..... 103
idéogénè se .. 094 négation.. . 124
i ntension. . . . . .
5.1.Chronogénèse
.. 051
inftni tif... .... 102 disj onctif (pronorn). .. 064
. . . . .
5.4.Voix
actif ....... 018
avoirtê tre. ... 034
déponent .... 059
mixte. ... 117
moyenne .. 124
obj et.. ...... 127
passif ... 135
réfléchie.. . . . . . .
...... 160
sujet .. 175
transitiftintransi tif. 189
volx .. ... 199
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