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RESUME
Le comportement du béton dans les différents milieux et sous les diverses conditions
de conservation était le souci majeur de nombreux chercheurs depuis la naissance de ce
matériau. La majorité des études élaborées pour ce but sont réalisées dans des laboratoires
sous des conditions d’essais bien contrôlées et qui ne reflètent pas les conditions réelles sous
les quelles la structure du béton est mise en place.
L’effet de la cure sur la résistance mécanique du béton est très influencé par ces
conditions et une petite variation de l’une de ces dernières durant l’application de la cure peut
perturber son action et controverser son rôle.
Pour illustrer cet effet, on essaye dans cette communication de faire une comparaison
entre l’effet de la cure sur des éprouvettes en béton préparées et maintenues sous un climat
réel (climat de Laghouat) et des éprouvettes en béton préparées et maintenues dans l’enceinte
du laboratoire (laboratoire de l’université de Blida).
MOTS CLES : Béton, Résistance mécanique, Evaporation, Climat chaud, Cure, Hydratation,
Conservation.
1/ INTRODUCTION
Le béton est un matériau hétérogène composé d’une pâte de ciment hydratée renforcée
par des granulats. Cette pâte est capable de changer sa structure et ses propriétés sous l’effet
des conditions de conservation.
Dans les zones chaudes et sèches, le béton est soumis dès son jeune âge à des
températures très élevées accompagnées d’une évaporation intense. Le départ avancé de l’eau
de gâchage va ralentir ou stopper complètement la réaction d’hydratation du ciment en
influençant la qualité des hydrates formées. Le béton dans ces milieux aura alors une grande
tendance à la fissuration, et la protection du béton contre ces effets devient d’une importance
pratique extrême.
Les essais effectués pour l’étude du l’effet de la cure sur les propriétés et la qualité du
béton en zones arides sont réalisés généralement sous des conditions de conservation
similaires seulement. Ces conditions ne représentent guerre les vrais paramètres climatiques
qui se caractérisent par des véritables variations journalières de la température et de
l’humidité relative.
Afin de connaître le degré d’influence de la conservation réelle du béton sur l’effet du
traitement de cure sur la résistance mécanique du béton, on a effectué une comparaison entre
les résistances du béton coulé et conservé dans une ambiance chaude et sèche réelle (climat de
Laghouat) et les résistances du béton coulé et conservé sous des conditions bien contrôlées et
similaires à un climat aride (l’enceinte du laboratoire de l’université de Blida.
Ce présent travail consiste alors à suivre l’évolution de la résistance à la compression
effectuée sur des éprouvettes cylindriques (16x32) cm2 et la résistance à la flexion sur des
éprouvettes prismatiques (7x7x28) cm3 en fonction du type et de la durée de cure qui varie
entre 7,14 et 28 jours. Les cures adoptées sont: la toile de jute mouillée, le film plastique,
l’arrosage, l’immersion dans l’eau et le produit de cure.
2/TRAITEMENT DE CURE
Dans les régions arides, la différence du degré hygrométrique entre le béton et le
milieu extérieur laisse ce dernier toujours hors d’équilibre, pour éviter cette situation, le béton
doit être curé immédiatement après le décoffrage. La cure assure au béton une température
favorable et une humidité suffisante jusqu’où l’espace occupée par l’eau dans la pâte de
ciment soit remplis de produits d’hydratation. De nombreux moyens peuvent être utilisés pour
ce traitement comme l’application d’une cure humide qui offre au béton une surface saturée,
ou comme la protection du béton par une membrane étanche qui empêche l’évaporation de
l’eau de gâchage.
La durée préconisée de ce traitement dépend de son type, des caractéristiques du béton
et de l’ambiance de conservation. Plusieurs documents normatifs [1,2] donnent les durées
minimales en fonction des conditions de conservation et du type de ciment. Des nombreuses
recherches [3,4,5,6] insistent sur l’application de la cure au moins durant les sept premiers
jours. Neville [7] propose la même durée pour les ciments CPO et pour les ciments à
durcissement lent, il recommande une longue cure.
3/ ETUDE EXPERIMENTALE
3.1/ CHOIX DES MATERIAUX
3.1.1/ GRANULATS
* Sable d’oued M’Zi: l’espèce prépondérante dans sa composition chimique est la silice
(SiO2), Es = 98.8% et Mf = 2.02.
* Gravier calcaire provenant de la station de concassage Ouazane, constitué de deux classes
8/15 et 15/25.
Les propriétés des granulats sont données sur le tableau 1 ci-dessous.
3.1.2/ LIANT
Le ciment CPA325 est le liant utilisé pour la fabrication du béton d’essai, l’analyse
minéralogique de ce ciment indique qu’il contient un pourcentage appréciable de la chaux et
de la silice, et ses propriétés physico-mécaniques sont données dans le tableau 2.
Tableau. 2 Propriétés physico-mécaniques du ciment
30
Toile de jute Immersion
Arrosage
20
3 F.Plastique 3
2 2
10
1 3
1 2 P.Cure Adjuvant
0
1 3
2 3 3 3 3
-1 0
2 1
-2 0 1
1 : 07j de cure
-3 0 2 : 14j de cure
3 : 28j de cure
-4 0
Toutes les cures ont un effet bénéfique sur la résistance à la compression du béton
conservé sous les conditions similaires à un climat chaud, or que dans le climat réel, certaines
cures n’ont apporté aucune amélioration. L’effet du produit de cure est à peine observé sous
les conditions similaires. La protection du béton soumis aux intempéries avec la toile de jute
mouillée a donné les meilleurs résultats par rapport aux autres cures. Cela se concorde avec
les conclusions trouvées par plusieurs travaux [9,10,11], tandis qu’il se contredit avec d’autres
[12]. La toile de jute offre au béton conservé dans une ambiance chaude une humidité
suffisante pour former le maximum d’hydrates et la température élevée de l’air favorise la
formation de ces hydrates. Or que le béton préparé et conservé dans des conditions contrôlées,
c’est le film plastique qui a donné les meilleures résistances surtout en prolongeant la cure 14
jours. Une autre recherche [12] a trouvé que l’utilisation du film plastique conduit à des
faibles résistances de compression à 28 jours sous les climats chauds et sec. Le taux
d’augmentation de la résistance à la compression du béton curé pendant 7 jours avec la toile
de jute est presque du même ordre dans les deux conservations. Tandis que pour une durée
plus longue, dans les conditions similaires, le taux est presque le double que le taux atteint
dans le climat réel.
La figure 2 schématise l’évolution de la résistance à la compression à 28 jours par
rapport à la résistance à la compression atteinte après 28 d’immersion dans l’eau.
On remarque qu’à l’air libre, la résistance n’est améliorée qu’avec la protection par la
toile de jute mouillée durant 28 jours, l’augmentation n’est que 1.03%. Tandis que dans une
ambiance contrôlée, aucun traitement de cure n’a conduit à une résistance à la compression
comparable à la résistance obtenue dans l’eau.
5
Toile de jute Arrosage Immersion Adjuvant
F.Plastique P.Cure
0 2 3 2
1
-5 3
2
-10
1
-15
-20
1 3 3
-25 2 3 3 3
-30 1
2
-35
Quant au produit de cure et l’adjuvant, ils n’ont marqué aucun effet positif par rapport
à la résistance de référence ni par rapport à la résistance sans cure dans le climat aride.
En ce qui concerne l’arrosage, on a remarqué que cette opération est une procédure qui
ne peut être maîtrisée que sous des conditions bien contrôlées. Car luter contre l’évaporation
de l’eau de gâchage par un moyen aussi simple et traditionnel n’est pas la solution fructueuse
pour les bétons coulés sous des températures élevées et une évaporation intense.
35
30
Toile de jute
1: 07j de cure
25 3
2: 14j de cure
20
3: 28j de cure
15
10
Arrosage
5 2 Adjuvant
0 1 F.Plastique 2 3 Immersion P.Cure
-5 1
2
-10 3
-15 2 1 3
-20
1 3 3 3
-25
2
-30
-35
1
-40
-45
Dans le climat chaud, seule la toile de jute et l’arrosage durant plus de deux semaines
qui ont pu améliorer efficacement la résistance à la flexion. Par contre dans les conditions
contrôlées, aucune cure n’a pas arrivé à améliorer la résistance à la flexion par rapport à la
résistance atteinte dans l’eau. Cela peut être expliqué que les conditions de température et
d’humidité relative maintenues constantes durant toute la période de conservation (T= 45°C
et HR= 35%) empêchent la cure de jouer son rôle. On remarque aussi que l’adjuvant et le
produit de cure n’ont amené aucune amélioration par rapport à la résistance de réfé
rence sur la résistance du béton conservé à l’air libre. Le taux de diminution de la
résistance peut aller jusqu’à 40.93% après sept jours de pulvérisation du produit de cure.
5/CONCLUSION
D’après cette étude, on constate que le comportement du béton est beaucoup
influencée par la variation des paramètres climatiques durant la journée. En effet, comme les
hydrates sont le résultat de la réaction d’hydratation, ils dépendent alors du taux de cette
variation. La différence du comportement mécanique entre le béton exposé à un climat aride
réel et le béton conservé dans une ambiance similaire est due surtout à la qualité des hydrates
formés. Donc toute variation même instantanée peut conduire à un changement de la structure
de ces hydrates, cela est illustré à travers les résultats obtenus.
En représentant le climat chaud par des conditions hygrométriques constantes, on ne
peut guerre se rapprocher du comportement réel du béton. Cela parce que l’effet de la
température et de l’humidité relative moyennes n’ont pas le même effet que la température et
l’humidité maximales ni minimales.
En général, le climat chaud est caractérisé par des véritables variations journalières de
la température et de l’humidité relative, et le béton fabriqué dans ce type de climat est soumis
dès son jeune âge à l’action de ces paramètres. Il va subir donc une énorme évaporation, qui
conduit à une dessiccation prématurée. Cette dessiccation retarde ou stoppe complètement la
réaction de l’hydratation du ciment. En plus cette variation affecte la structure des hydrates
construits, ce qui va influencer la résistance mécanique du béton. Le degré d’ influence des
paramètres climatiques sur le comportement du béton dépend de la valeur de cette variation.
6/REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Discussion of an ancien publication, ibid 88, pp 165–178, Feb. 1990.
[2] Dreux.G. et Festa. J., “Nouveau guide du béton et de ses constituants”, 8e ed, Eyrolles,
1998
[3] AFNOR P 15-301, “Liants hydrauliques- Définitions- Classification et Spécifications des
ciments”, juin 1994.
[4] AFNOR P 18-101, “Granulats- Vocabulaire- Définitions et classifications”, déc. 1990.
[5] Arquie.G. et Tourenq.C., “Granulat”, Presse de l’école nationale des ponts et chaussées,
1990.
[6] AFNOR P 18-542, “Granulats naturels courants pour bétons hydrauliques- Critères de
qualification des granulats vis-à-vis de l’alcali–réaction”, mai 1994.
[7] Neville.A.M., “Properties of concrete”, 3rd ed, Pitman, London, 1981.
[8] Baron.J. et Ollivier.J.P., “Les bétons, Bases de données pour leur formulation”,
Association technique de l’industrie des liants hydrauliques, 2e tirage, Eyrolles, 1997.
[9] Alsayed.S.H. and Amjad.M.A., “ Effect of curing conditions on strength, Porosity,
Absorptivity and Shrinkage of concrete in hot and dry climate”, .Cement and Concrete
Research, Vol 24, n° 7, pp 1390-1398, 1994.
[10] Alsayed.S., “Sensitivity of compressive strength of HSC to hot-dry climate, Curing
regimes and additives”, ACI Materials Journal, n° 6, Vol 94, pp 472-477, nov.-dec.1997.
[11] Lachemat.L. et Kenai.Said., ”Effets du type et de la durée de cure sur les propriétés du
béton en climat chaud”, Proceedings du séminaire International sur : ‘La qualité du béton en
climat chaud’, Ghardaia, Algérie, pp 30-44, mars 1994.
[12] Al Shaikh.A.H., Al-Neghaimesh.A.I., “Effectiveness of different curing methods under
very hot and dry conditions”, Concrete 2000: ‘Economic and durable construction through
excellence’, Proc of the International Conference held at the university of Dundee, Scotland,
U.K, n° 79, pp 727, sept. 1993.