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The analysis of the calculation methods shows that the approaches provided by the
two codes account for similar strain and failure mechanisms. Nevertheless, some
differences exist and do not allow to ensure the compatibility of the two calculation
methods for low seismic accelerations. An analysis of these differences is conducted
to better understand the use of these calculation standards for shallow foundations.
1. Introduction
La justification des fondations superficielles sous charge statique et sismique
nécessite désormais l’utilisation conjointe de l’Eurocode 7 (CEN, 2004) et de
l’Eurocode 8 (CEN, 2004). L’Eurocode 7 et la norme d’application nationale NF P 94-
261 (AFNOR, 2013) dédiée aux fondations superficielles proposent une justification
de la portance des semelles selon deux critères : d’une part une limitation de
l’excentrement de la force verticale s’exerçant sur la semelle et d’autre part une
vérification de non poinçonnement du sol de fondation en prenant en compte
l’inclinaison et l’excentrement du chargement appliqué. La résistance du sol de
fondation est alors calculée selon des méthodes analytiques classiques ou des
méthodes semi-empiriques basées sur l’exploitation des données pressiométriques
ou pénétrométriques. L’Eurocode 8 exige, pour la vérification de la portance, de tenir
compte de l'inclinaison et l'excentricité des charges, ainsi que des forces d'inertie qui
se développent dans le sol de fondation. L’annexe F de la partie 5 de l’Eurocode 8,
propose ainsi de vérifier que le torseur d’efforts (force verticale, force horizontale et
moment) s’appliquant sur la semelle est admissible. Cette vérification s’appuie sur
une inégalité issue du calcul à la rupture mêlant les approches par l’extérieur et par
l’intérieur et tenant compte des forces d'inertie qui se développent dans le sol.
Selon le nouveau zonage sismique de la France (R.563-1 à 8 du code de
l'environnement), une grande partie du territoire métropolitain est situé en zone de
sismicité faible à modérée (zones 2 à 3) et 15 000 communes environ en zone de
très faible sismicité (zone 1). Certaines études (Dormieux et Pecker, 1995) ont mis
en évidence la faible influence des forces d'inertie dans le cas de sollicitations
sismiques modérées, corrélées au faible nombre de ruptures de fondation observées
lors des séismes passés dans le monde en dehors des cas de liquéfaction des sols
de fondation ou d'ouvrages mal dimensionnés vis à vis des efforts statiques
(chargement excessif du sol de fondation, efforts excentrés, etc.). Les efforts
horizontaux appliquées à la structure (efforts inertiels appliquées aux masses) lors
des séismes modifient en revanche l'excentricité et l'inclinaison des charges et
interviennent dans la capacité portante du sol de fondation (mécanismes de rupture
pris en compte par les méthodes classiques).
Les problèmes de compatibilité entre les approches de l’Eurocode 7 et de l’Eurocode
8 pour le dimensionnement des nouveaux ouvrages ou pour l'évaluation de la
vulnérabilité des ouvrages existants sont donc un enjeu majeur en France
métropolitaine. Cet article propose, pour le cas des sols frottants (sans cohésion) et
des semelles filantes non encastrées reposant sur un sol homogène, une
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2014 – Beauvais 8-10 juillet 2014
1 eF V
CT CT
1 f F M
C 'M CM
1 0
b d
a k k'
c k k'
(1)
N 1 mF N N 1 mF N
N V M
N V M (2)
N max , N max , BN max
N
où B est la largeur de la semelle et max est la valeur de la portance définie par
1
N max gB 2 N
2 avec la masse volumique du sol de fondation et g l’accélération
de la pesanteur.
Cette relation s’appuie sur différents calculs à la rupture mêlant les approches par
l’extérieur et par l’intérieur (Salençon et Pecker, 1995(a) et (b), Pecker ,1997). Elle
n’est valable que pour des semelles filantes non encastrées dans un sol homogène. .
Les mécanismes de rupture pris en compte sont de type Prandlt, repris dans la
plupart des méthodes analytiques, avec la possibilité de soulèvement de la semelle
pour de fortes valeurs de l'excentricité du chargement.
En l’absence de forces d’inertie induites par l’action sismique, cette relation se
simplifie de la manière suivante :
V CT
M CM
1 0
b d (3)
N 1 N N 1 N
a c
Un critère relatif au glissement de la fondation doit également être vérifié. Il relie les
valeurs de l’effort vertical et de l’effort horizontal :
V N tan (4)
N V
2
2e 1 2e
N B1 k p ple* i N B1 N i (5a)
B ou 2 B
B 2eN i
1
q k p ple* i q (5b)
ou 2
dans le cas d’une semelle filante non encastrée soumise à un chargement incliné en
considérant que la résistance du sol est définie par sa pression limite Ménard ou son
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e 1
1 2 (6)
B 15
(cette relation traduit que la surface de semelle comprimée définie par la relation
3
B 2e
2 (c’est à dire en supposant que la répartition des contraintes sous la
semelle est calculée selon les règles de la résistance des matériaux en négligeant la
résistance à la traction du sol) est supérieure à B 10 )
• un critère de glissement :
V N tan (7)
M N N
N
k p plei M 1
N N i 1 2 i
*
max (8)
B 2e soit BN et 2
N max k p ple* B
avec (EC7 – empirique) ;
2 N N
M 1
B 2eN i
N 1 N N max i 1 2 M (9)
2 i
B 2e 2 soit BN et
1 2
N max B N
avec 2 (EC7 – analytique).
• critère de renversement :
7 M
M N e (10)
15 avec N
M
N
N e
V
V
(a) (b)
N
V
e
(c)
une valeur de force horizontale correspondent aussi deux valeurs de force verticale
conduisant à la rupture. Ce type d’analyse pourrait être mené plus systématiquement
lors de l’étude de fondations superficielles soumises à des chargements complexes.
0,6
0,12
EC8-5
EC7 - analytique 0,5
0,1
EC7 - empirique
Glissement
0,4
0,08 Renversement
EC8-5
e/B
0,3 EC7 - analytique
M 0,06
EC7 - empirique
0,2 Glissement
0,04
Renversement
0,1
0,02
0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 20 40 60 80
[°]
N
0,25
EC8-5
0,2
EC7 - analytique
EC7 - empirique
Glissement
0,15
Renversement
V
0,1
0,05
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
N
0,25
0,5
0,45
0,2 EC8-5
0,4
EC7 - analytique
0,35 EC7 - empirique
0,15 Glissement
0,3
EC8-5
e/B
M Renversement
EC7 - analytique 0,25
0,1 EC7 - empirique
0,2
Glissement
Renversement 0,15
0,05 0,1
0,05
0 0
0 0,05 0,1 V 0,15 0,2 0,25 0 10 20 30 40
[°]
1 0,5a g 2
N max g 1 B N (11)
2 g
ag
F (12)
g tan d '
Pour les sols frottants, le coefficient de site S n’est pas pris en compte. Le coefficient
F varie de 0 à 0.5 environ selon la zone de séismicité et l’angle de frottement (30° <
k ' < 40°). Ce terme contribue à limiter la valeur de N .
Pour de faibles accélérations de l'ordre de 0,1g, les effets des forces inertielles
tendent à s'annuler. ll est alors possible de poursuivre plus en détail la comparaison
des approches proposées par l'Eurocode 8 et l'Eurocode 7.
Eurocode 7
Eurocode 8-5 Eurocode 8-5
Norme NF P 94-
Annexe F NF P 94-261
261
Actions –
G 1.35 1.0 1.0
R; d ;v R;v 1.68=1.2 x 1.4 1.0 1.68=1.2 x 1.4
Résistance –
Matériaux –
m 1.0 1.25 1.0
R; d 1.0 1 à 1.5 1 à 1.5
Actions sismiques –
Autres coefficients : I et S 1.0 > 1.0 > 1.0
7. Conclusion
Cette communication permet de conclure, dans le domaine de validité des calculs
effectués, sur la compatibilité des dimensionnements sous charge statique et
sismique pour les régions de faible sismicité en l'absence de dégradation cyclique
des propriétés mécaniques des matériaux. Les résultats obtenus montrent que des
distorsions importantes peuvent apparaître dans les dimensionnements sous faible
accélération sismique. Néanmoins, les mécanismes de rupture étudiés dans les deux
cas sont bien similaires et des comparaisons entre les deux analyses peuvent être
menées notamment quand le domaine de l’une est trop restreint.
Ce travail pourrait également servir de base à une réflexion sur une révision des
justifications de portance des semelles à mener sous charge statique. Les différents
résultats présentés montrent que le critère de poinçonnement en incluant les effets
de l’excentrement et de l’inclinaison couvre la plupart des mécanismes de rupture
susceptibles de se développer. Un seul critère pourrait alors être formulé simplifiant
les justifications.
Références bibliographiques
AFNOR (2013) NF P 94-261 : Calcul géotechnique – Fondations Superficielles.
CEN (2004) Eurocode 7 – Part 1: Geotechnical design – Part 1: General rules, EN 1997-1. European
Committee for Standardization (CEN), Brussels.
CEN (2004) Eurocode 8 – Part 5: Design of structures for earthquake resistance – Part 5: Foundations,
retaining structures and geotechnical aspects, EN 1998-5. European Committee for
Standardization (CEN), Brussels.
Dormieux, L., Pecker, A. (1995) Seismic Bearing Capacity of Foundation on Cohesionless Soil. Journal
ofGeotechnical Engineering ASCE, 121, 3, pp. 300-303.
Paolucci, R., Pecker, A. (1997) Seismic bearing capacity of shallow strip foundations on dry soils. Soils
and foundations, vol.37, n. 3, 95-105.
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2014 – Beauvais 8-10 juillet 2014
Pecker, A. (1997) Analytical formulae for the seismic bearing capacity of shallow strip foundations.
Seismic Behavior of Ground and Geotechnical Structures, Seco e Pinto Editor, Balkema.
Salençon, J., Pecker, A. (1995a) Ultimate Bearing Capacity of shallow foundations under inclined and
eccentric loads. Part: Purely Cohesive Soil. European Journal of Mechanics, 14, No. 3, pp. 349-375.
Salençon, J., Pecker, A. (1995b) Ultimate Bearing Capacity of shallow foundations under inclined and
eccentric loads. Part II: Purely Cohesive soil without tensile strength. European Journal of
Mechanics, 14, No. 3, pp. 377-396.
Vesic, A S (1975) Bearing capacity of shallow foundations. In Foundation Engineering Handbook, Ed.
Winterkorn, H.F. and Fang, H. Y., Van Nostrand Reinhold Co.