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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2014 – Beauvais 8-10 juillet 2014

JUSTIFICATION DE LA PORTANCE DES SEMELLES AVEC LES


EUROCODES 7 ET 8 EN FRANCE

BEARING CAPACITY VERIFICATIONS FOR SHALLOW FOUNDATIONS WITH


EUROCODES 7 AND 8 IN FRANCE

Sébastien BURLON1, David CRIADO2

1 IFSTTAR, Marne-La-Vallée, France


2 DREAL PACA, Marseille, France

RÉSUMÉ — La justification des fondations superficielles sous charge statique et


sismique nécessite désormais l’utilisation conjointe des Eurocodes 7 et 8.
L’Eurocode 7 et la norme d’application nationale NF P 94-261 dédiée aux fondations
superficielles proposent une justification de la portance des semelles selon deux
critères : d’une part une limitation de l’excentrement de la force verticale s’exerçant
sur la semelle et d’autre part une vérification de non poinçonnement du sol de
fondation en prenant en compte l’inclinaison et l’excentrement du chargement
appliqué. La résistance du sol de fondation est calculée selon des approches
analytiques classiques ou des méthodes semi-empiriques basées sur l’exploitation
des données pressiométriques ou pénétrométriques. L’Eurocode 8, sur la base de
l’annexe F de la partie 5, propose directement de vérifier que le torseur d’efforts
(force verticale, force horizontale et moment) s’appliquant sur la semelle est
admissible. Cette vérification s’appuie sur une relation issue du calcul à la rupture
mêlant les approches par l’extérieur et par l’intérieur. L’analyse des méthodes de
calcul proposés par l'Eurocode 7 et par l'Eurocode 8 conduit à montrer que les
mécanismes de déformation et de rupture considérés dans les deux cas sont
analogues. Néanmoins, des différences existent et ne permettent pas de garantir la
compatibilité des méthodes de calcul pour des accélérations sismiques faibles. Une
analyse de ces écarts est alors conduite pour éclairer quant à l'utilisation de ces
normes pour le calcul des fondations superficielles.

ABSTRACT — The design of shallow foundations submitted to static and seismic


loads now requires the use of Eurocodes 7 and 8. With Eurocode 7 and the national
standard NF P 94-261 devoted to spread foundations, two criteria have to be
considered: on the one hand, the eccentricity limitation and on the other hand the
bearing resistance taking into account the inclination and the eccentricity of the load.
Two calculations methods can be used: an analytical method or a semi-empirical
method based on pressuremeter ou penetrometer test data. Annex F of Eurocode 8-
Part 5 provides a single relationship taking into account the vertical force, the
horizontal force and the moment applied on the foundations. This relationship is
obtained by considering static and kinematic approaches of the yield design theory.
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The analysis of the calculation methods shows that the approaches provided by the
two codes account for similar strain and failure mechanisms. Nevertheless, some
differences exist and do not allow to ensure the compatibility of the two calculation
methods for low seismic accelerations. An analysis of these differences is conducted
to better understand the use of these calculation standards for shallow foundations.

1. Introduction
La justification des fondations superficielles sous charge statique et sismique
nécessite désormais l’utilisation conjointe de l’Eurocode 7 (CEN, 2004) et de
l’Eurocode 8 (CEN, 2004). L’Eurocode 7 et la norme d’application nationale NF P 94-
261 (AFNOR, 2013) dédiée aux fondations superficielles proposent une justification
de la portance des semelles selon deux critères : d’une part une limitation de
l’excentrement de la force verticale s’exerçant sur la semelle et d’autre part une
vérification de non poinçonnement du sol de fondation en prenant en compte
l’inclinaison et l’excentrement du chargement appliqué. La résistance du sol de
fondation est alors calculée selon des méthodes analytiques classiques ou des
méthodes semi-empiriques basées sur l’exploitation des données pressiométriques
ou pénétrométriques. L’Eurocode 8 exige, pour la vérification de la portance, de tenir
compte de l'inclinaison et l'excentricité des charges, ainsi que des forces d'inertie qui
se développent dans le sol de fondation. L’annexe F de la partie 5 de l’Eurocode 8,
propose ainsi de vérifier que le torseur d’efforts (force verticale, force horizontale et
moment) s’appliquant sur la semelle est admissible. Cette vérification s’appuie sur
une inégalité issue du calcul à la rupture mêlant les approches par l’extérieur et par
l’intérieur et tenant compte des forces d'inertie qui se développent dans le sol.
Selon le nouveau zonage sismique de la France (R.563-1 à 8 du code de
l'environnement), une grande partie du territoire métropolitain est situé en zone de
sismicité faible à modérée (zones 2 à 3) et 15 000 communes environ en zone de
très faible sismicité (zone 1). Certaines études (Dormieux et Pecker, 1995) ont mis
en évidence la faible influence des forces d'inertie dans le cas de sollicitations
sismiques modérées, corrélées au faible nombre de ruptures de fondation observées
lors des séismes passés dans le monde en dehors des cas de liquéfaction des sols
de fondation ou d'ouvrages mal dimensionnés vis à vis des efforts statiques
(chargement excessif du sol de fondation, efforts excentrés, etc.). Les efforts
horizontaux appliquées à la structure (efforts inertiels appliquées aux masses) lors
des séismes modifient en revanche l'excentricité et l'inclinaison des charges et
interviennent dans la capacité portante du sol de fondation (mécanismes de rupture
pris en compte par les méthodes classiques).
Les problèmes de compatibilité entre les approches de l’Eurocode 7 et de l’Eurocode
8 pour le dimensionnement des nouveaux ouvrages ou pour l'évaluation de la
vulnérabilité des ouvrages existants sont donc un enjeu majeur en France
métropolitaine. Cet article propose, pour le cas des sols frottants (sans cohésion) et
des semelles filantes non encastrées reposant sur un sol homogène, une
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comparaison des justifications proposées par l’Eurocode 7 et l’Eurocode 8, avec ou


sans sollicitation sismique.

2. Justification d’une fondation superficielle selon l’Eurocode 8


L’annexe F de la partie 5 de l’Eurocode 8 propose, pour justifier la portance des
fondations superficielles, la relation suivante :

1  eF  V 
CT CT


1  f F   M 
C 'M CM

1  0
   
b d
a k k'
 
c k k'
 (1)
N  1  mF N  N  1  mF N 
   

où les paramètres a , b , c , d , e , f , k , k ' , m , C T , C M , C'M ,  et  dépendent de


la nature frottante ou cohérente du sol de fondation de la semelle (Eurocode 8 –
Partie 5 – Annexe F). Les grandeurs F , N , V et M désignent respectivement les
forces d’inertie adimensionnelles induites par le séisme et les efforts normalisés ( N ,
V , M ) pour la force verticale, la force horizontale et le moment :

N V M
N V M (2)
N max , N max , BN max

N
où B est la largeur de la semelle et max est la valeur de la portance définie par
1
N max  gB 2 N
2 avec  la masse volumique du sol de fondation et g l’accélération
de la pesanteur.
Cette relation s’appuie sur différents calculs à la rupture mêlant les approches par
l’extérieur et par l’intérieur (Salençon et Pecker, 1995(a) et (b), Pecker ,1997). Elle
n’est valable que pour des semelles filantes non encastrées dans un sol homogène. .
Les mécanismes de rupture pris en compte sont de type Prandlt, repris dans la
plupart des méthodes analytiques, avec la possibilité de soulèvement de la semelle
pour de fortes valeurs de l'excentricité du chargement.
En l’absence de forces d’inertie induites par l’action sismique, cette relation se
simplifie de la manière suivante :

V  CT


 M  CM

1  0
b d (3)
N 1  N  N 1  N 
a c

   

Cette relation permet de contrôler si le torseur ( N , V , M ) appliqué à la fondation est


admissible vis à vis des propriétés de résistance du sol. Les effets de l’inclinaison et
de l’excentrement du chargement sont directement pris en compte dans la
formulation mathématique des équations 1 et 3.
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Un critère relatif au glissement de la fondation doit également être vérifié. Il relie les
valeurs de l’effort vertical et de l’effort horizontal :

V  N tan  (4)

La représentation graphique des équations 3 et 4 est présentée sur la figure 1 pour


une valeur N max égale à 1000 kN et un angle égal  à 30°. Le critère de portance
correspond à un ellipsoïde tandis que le critère de glissement se traduit par deux
plans.

N V

Figure 1. Représentation graphique des critères de portance et de glissement selon


l’Eurocode 8 – partie 5

3. Justification d’une fondation superficielle selon l’Eurocode 7


L’Eurocode 7 et la norme d’application nationale NF P 94-261 relative aux fondations
superficielles exigent la vérification d’une semelle en considérant trois critères :
• un critère de poinçonnement :

2
 2e  1  2e 
N  B1  k p ple* i N  B1   N  i (5a)
 B ou 2  B

 B  2eN i
1
q  k p ple* i q (5b)
ou 2

dans le cas d’une semelle filante non encastrée soumise à un chargement incliné en
considérant que la résistance du sol est définie par sa pression limite Ménard ou son
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angle de frottement  . Les termes réducteurs tenant compte de l’inclinaison du


 4 
2 3
 V
i  1   i  1  
chargement sont définis par :    et  N .
• un critère de renversement :

e 1
1 2  (6)
B 15

(cette relation traduit que la surface de semelle comprimée définie par la relation
3
B  2e
2 (c’est à dire en supposant que la répartition des contraintes sous la
semelle est calculée selon les règles de la résistance des matériaux en négligeant la
résistance à la traction du sol) est supérieure à B 10 )
• un critère de glissement :

V  N tan  (7)

Les critères de poinçonnement et de renversement peuvent être exprimées en


termes d’efforts ( N , V , M ) :
• critère de poinçonnement :

 M  N N
N
 k p plei     M   1  
N N i 1 2  i 
*
max  (8)
B  2e soit  BN  et 2   

N max  k p ple* B
avec (EC7 – empirique) ;

2 N  N 
 M   1
  B  2eN i
N 1 N  N max i 1  2 M (9)
 2  i 
B  2e 2 soit  BN  et  

1 2
N max B N
avec 2 (EC7 – analytique).
• critère de renversement :

7 M
M N e (10)
15 avec N

4. Comparaison des différentes vérifications dans le cas de charges statiques


Les différentes équations présentées permettent de comparer les domaines d’efforts
admissibles dans les repères normalisés ( N , M ), ( N , V ) et ( V , M ). Pour chaque
repère, une des composantes du torseur d’effort ( N , V , M ) est supposé constant
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(figure 2). Les problématiques de déformations permanentes résiduelles après le


séisme et de dégradation des propriétés mécaniques des matériaux sous
chargement cyclique ne sont pas abordées. Le critère de glissement est représenté
pour un angle de 35°. Les autres valeurs des propriétés du sol sont inutiles compte
tenu de la représentation adimensionnelle choisie.
Les résultats présentés sur les figures 3 à 5 montrent que les justifications proposées
par l’Eurocode 8 et par la norme NF P 94-261 à partir de l’angle de frottement
fournissent des résultats très proches. Les deux relations sont en effet établies à
partir de considérations proches provenant à la fois de la théorie de l’équilibre limite
et du calcul à la rupture. Bien que les formules de réduction de la portance en
i
fonction de l'inclinaison de la charge (calcul du terme  ) sont sensiblement
différentes entre les deux approches, Paolucci et Pecker (1997) ont mis en évidence
i
que l'approche reprise dans l'EC8 conduit à un facteur  proche de celui proposé
par Vesic (1975), qui est repris dans la formule de l'EC7.
La relation proposée par la norme NF P 94-261 à partir de la pression limite fournit
des résultats sensiblement différents qui se révèlent moins conservateurs. Selon
cette théorie, la contrainte de rupture sous la fondation est indépendante des
dimensions de cette dernière alors que les théories mettant en jeu l’angle de
frottement du sol support font intervenir la largeur de la fondation. Pour ces
méthodes, lorsque l’excentrement varie, la résistance du sol sous la fondation
diminue rapidement en fonction du carré de l’excentrement. Pour la théorie basée sur
la pression limite, la résistance du sol sous la fondation diminue plus lentement de
manière linéaire avec l’excentrement. Dans les cas où la fondation est encastrée, les
formules analytiques font intervenir le terme de surcharge ou de profondeur qui est
indépendant de la largeur de la fondation, ce qui tend à limiter l’influence de
l’excentrement.
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M
N

N e


V
V
(a) (b)
N

V
e

(c)

Figure 2. Exemples de charges appliquées dans les différents repères

(a) ( N , M ) (b) ( N , V ) (c) ( V , M )

Dans les repère ( N , M ) et ( V , M ), il peut être étonnant de remarquer que le


critère d’excentrement a un rôle très limité pour les justifications à partir de la
pression limite. On peut d’ailleurs se demander si le critère autorisant un
pourcentage de surface de semelle comprimée de 10 % n’a pas été calé de telle
sorte qu’il ne soit pas réellement dimensionnant. Le critère de glissement est en
revanche nécessaire pour ce type de méthode. En effet, la relation mathématique
relative au poinçonnement reste vérifiée même quand le critère de glissement ne
l’est plus. Pour les méthodes mettant en jeu l’angle de frottement du sol de fondation,
cette remarque ne s’applique et la vérification relative au glissement n'est pas
toujours utile.
Ces résultats peuvent être directement interprétés dans des repères (  , e B ). Les
variables sont alors des grandeurs géométriques pouvant traduire des défauts
d’implantation de la fondation. On peut remarquer que les variations de dimensions
géométriques n’évoluent pas dans les mêmes rapports que les variations d’efforts.
Une marge de sécurité en termes d’efforts ne correspond pas nécessairement à la
même marge de sécurité en termes de dimensions géométriques. Sur la figure 3, la
manière dont est géré l’excentrement pas les différentes méthodes encore plus
flagrant.
Les représentations dans les repères ( N , M ) et ( N , V ) mettent aussi en évidence
la nécessité d’examiner des cas de charges avec des forces verticales élevées puis
faibles. En effet, dans le repère ( N , M ), à une valeur de moment correspondent
deux valeurs de force verticale conduisant à la rupture. Dans le repère ( N , V ), à
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une valeur de force horizontale correspondent aussi deux valeurs de force verticale
conduisant à la rupture. Ce type d’analyse pourrait être mené plus systématiquement
lors de l’étude de fondations superficielles soumises à des chargements complexes.
0,6
0,12
EC8-5
EC7 - analytique 0,5
0,1
EC7 - empirique
Glissement
0,4
0,08 Renversement
EC8-5

e/B
0,3 EC7 - analytique
M 0,06
EC7 - empirique
0,2 Glissement
0,04
Renversement

0,1
0,02

0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 20 40 60 80
 [°]
N

(a) Efforts (b) Géométrie


Figure 3. Critère de portance et de glissement dans le repère ( N , M ) – V  0.04

0,25

EC8-5
0,2
EC7 - analytique
EC7 - empirique
Glissement
0,15
Renversement
V
0,1

0,05

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
N

Figure 4. Critère de portance et de glissement dans le repère ( N , V ) – M  0.05


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0,25
0,5

0,45
0,2 EC8-5
0,4
EC7 - analytique
0,35 EC7 - empirique
0,15 Glissement
0,3
EC8-5

e/B
M Renversement
EC7 - analytique 0,25
0,1 EC7 - empirique
0,2
Glissement
Renversement 0,15

0,05 0,1

0,05

0 0
0 0,05 0,1 V 0,15 0,2 0,25 0 10 20 30 40
 [°]

(a) Efforts (b) Géométrie


Figure 5. Critère de portance et de glissement dans le repère ( V , M ) – N  0.33

5. Influence des forces d’inertie dans le sol


Afin de compléter l'analyse des différents calculs réalisés, il est nécessaire de
préciser les effets de la propagation des ondes sismiques dans le terrain durant un
séisme. Des forces d'inertie sont générées et produisent des contraintes de
cisaillement dans le sol qui peuvent conduire à des ruptures de ce dernier pour de
très forts séismes.
Dans les régions faiblement sismiques, les forces d'inertie sont plus faibles et ne sont
généralement pas concomitantes avec les sollicitations en provenance de la
structure. Cette constatation permet, en dehors de rares effets de résonance entre le
sol et la structure, de ne pas mobiliser simultanément la résistances du sol.
Dans l'annexe F de la partie 5 de l'Eurocode 8, l’introduction de forces d’inertie
verticales dans le sol a pour effet d'augmenter la valeur de calcul de la résistance de
du sol de fondation pour les sols frottants :

1  0,5a g  2
N max  g 1   B N  (11)
2  g 

La prise en compte d'une accélération sismique tend donc à faire augmenter la


N
valeur de max de l'ordre de 5 à 20 % et à autoriser une plus grande amplitude de
chargement. Les forces d’inertie verticales sont prises en compte sans coefficient
réducteur pour tenir compte de la non concomitance des actions sismiques dans les
directions verticales et horizontales. Cette effet est peu sensible dans les régions de
faible sismicité.
L'expression du coefficient F introduit dans l'équation 1 de cet article représente
l'effet des forces d’inertie horizontales pour les sols frottants et sa formule est donnée
par l’annexe F de la partie 5 de l'Eurocode 8 reprise ci-dessous :
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ag
F (12)
g tan  d '

Pour les sols frottants, le coefficient de site S n’est pas pris en compte. Le coefficient
F varie de 0 à 0.5 environ selon la zone de séismicité et l’angle de frottement (30° <
 k ' < 40°). Ce terme contribue à limiter la valeur de N .
Pour de faibles accélérations de l'ordre de 0,1g, les effets des forces inertielles
tendent à s'annuler. ll est alors possible de poursuivre plus en détail la comparaison
des approches proposées par l'Eurocode 8 et l'Eurocode 7.

6. Comparaison des coefficients partiels pour le calcul de la portance des


fondations superficielles
Les différences entre les justifications menées avec l’Eurocode 8 et avec l’Eurocode
7 selon la norme NF P 94-261 posent le problème de la compatibilité des
dimensionnements sous charge statique et sismique au moins pour les sols frottants.
En effet, dans l’hypothèse où des justifications seraient à mener pour des niveaux
d’accélération très faibles (zone de faible sismicité du territoire métropolitain), un
écart semble pouvoir exister sur les dimensions géométriques de la semelle
permettant de vérifier les critères de portance pour un même sol de fondation.
En France, l’Eurocode 8 est à appliquer aux Etats Limites Ultimes (ELU) pour des
situations de projet sismiques (combinaisons sismiques) tandis que l’Eurocode 7 est
à utiliser pour les Etats Limites de Service (ELS) et les ELU dans les situations
durables et transitoires (combinaisons fondamentales) et dans les situations
accidentelles. Pour l'Eurocode 8 , les coefficients partiels sont uniquement appliqués
aux propriétés de résistance des sols. Pour l'Eurocode 7, dans le cadre de l'approche
de calcul 2 retenue en France pour le calcul des fondations superficielles, les
coefficients partiels sont appliqués à la fois aux actions et aux résistances.
En l'absence de forces inertielles, la comparaison de l'ensemble des coefficients
partiels utilisés est fournie par le Tableau 1. Le coefficient global de sécurité est de
l'ordre de 2,27 pour la norme NF P 94-261. Pour l'application de l'Eurocode 8 en
France, deux approches sont possibles : l'une mettant en œuvre uniquement les
recommandations de l'Eurocode 8 et aboutissant à un coefficient global de sécurité
compris entre 2,0 et 4,0 (ce coefficient global dépend des propriétés de résistance du

sol car le coefficient partiel m appliqué sur l'angle de frottement du n'agit pas
linéairement sur la valeur de portance), l'autre mettant en œuvre en partie la norme
NF P 94-261 et aboutissant à un coefficient global de sécurité compris 1,68 et 2,52.
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Tableau 1 . Comparaison des coefficients partiels utilisés pour les vérifications à


l'ELU pour les combinaisons fondamentales et sismiques

Eurocode 7
Eurocode 8-5 Eurocode 8-5
Norme NF P 94-
Annexe F NF P 94-261
261
Actions –
G 1.35 1.0 1.0
 R; d ;v R;v 1.68=1.2 x 1.4 1.0 1.68=1.2 x 1.4
Résistance –
Matériaux –
m 1.0 1.25 1.0
 R; d 1.0 1 à 1.5 1 à 1.5
Actions sismiques –
Autres coefficients :  I et S 1.0 > 1.0 > 1.0

7. Conclusion
Cette communication permet de conclure, dans le domaine de validité des calculs
effectués, sur la compatibilité des dimensionnements sous charge statique et
sismique pour les régions de faible sismicité en l'absence de dégradation cyclique
des propriétés mécaniques des matériaux. Les résultats obtenus montrent que des
distorsions importantes peuvent apparaître dans les dimensionnements sous faible
accélération sismique. Néanmoins, les mécanismes de rupture étudiés dans les deux
cas sont bien similaires et des comparaisons entre les deux analyses peuvent être
menées notamment quand le domaine de l’une est trop restreint.
Ce travail pourrait également servir de base à une réflexion sur une révision des
justifications de portance des semelles à mener sous charge statique. Les différents
résultats présentés montrent que le critère de poinçonnement en incluant les effets
de l’excentrement et de l’inclinaison couvre la plupart des mécanismes de rupture
susceptibles de se développer. Un seul critère pourrait alors être formulé simplifiant
les justifications.

Références bibliographiques
AFNOR (2013) NF P 94-261 : Calcul géotechnique – Fondations Superficielles.

CEN (2004) Eurocode 7 – Part 1: Geotechnical design – Part 1: General rules, EN 1997-1. European
Committee for Standardization (CEN), Brussels.

CEN (2004) Eurocode 8 – Part 5: Design of structures for earthquake resistance – Part 5: Foundations,
retaining structures and geotechnical aspects, EN 1998-5. European Committee for
Standardization (CEN), Brussels.

Dormieux, L., Pecker, A. (1995) Seismic Bearing Capacity of Foundation on Cohesionless Soil. Journal
ofGeotechnical Engineering ASCE, 121, 3, pp. 300-303.

Paolucci, R., Pecker, A. (1997) Seismic bearing capacity of shallow strip foundations on dry soils. Soils
and foundations, vol.37, n. 3, 95-105.
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Salençon, J., Pecker, A. (1995a) Ultimate Bearing Capacity of shallow foundations under inclined and
eccentric loads. Part: Purely Cohesive Soil. European Journal of Mechanics, 14, No. 3, pp. 349-375.

Salençon, J., Pecker, A. (1995b) Ultimate Bearing Capacity of shallow foundations under inclined and
eccentric loads. Part II: Purely Cohesive soil without tensile strength. European Journal of
Mechanics, 14, No. 3, pp. 377-396.

Vesic, A S (1975) Bearing capacity of shallow foundations. In Foundation Engineering Handbook, Ed.
Winterkorn, H.F. and Fang, H. Y., Van Nostrand Reinhold Co.

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