Vous êtes sur la page 1sur 10

Jean-Pierre Gerogin, Erik Porge: Au-dessus de l'horizont il n'y pas le ciel

In: Littoral, Nr. 29, November 1989, S. 137-155 (Èrès)

Au-dessus de l°horizon
il n°y a pas le ciel *
ímljí

]ean~Pierre GEORGIN
Erik PORGE

omme le rappelle Lacan à l°occasion de l"`anniversaire du


C236 cen t e naire de la mort d°Aristote, le. oz est . << d°une
,. . extreme
c omp lexité >› . Slil est une face de cet << objet» qui s imagine avec
le sein, les fèces, le regard, la voix, il en est une autre qui tire son
réel d”une écriture (logique ou mathématique) et désigne des << pré-
sentations >› topologiques.
C°est à Péclairage du lien de la face imaginaire d°un de ces objets
a --- le regard --- à une de ses présentations topologiques, que cet
article contribue, en se focalisant sur un pomt precis de ce l1en.
'
Outre son importance dansV la clinique,
' ' le regard comme o b'et
j a
a P ris --- à partir
. du séminaire Lïzngoisse (1963) -- une place
P répondérante dans Penseignement de Lacan. Sans pretendre a mr

Pexhaustivité on peut donner quelques points de repère quant


l”imP ortance structurale de cet << objet >>.
.. . ., ,
Le regard est convoqué en tant que mode d°`1nsert1on subjective
4*
, .V4 .V qi

v,*.:v. ¿ ,
dans le visible. Or le v1s1ble,
. ou
, se joue la structuration du moi
f .
È- V
avec le miroir, est aussi traverse par le champ du langage du alt
que celui-ci est constitué de signifiants qui, outre leur fonction
sonore se la1ssent
9 mettre en réseau, c°est-à-dire s°mscr1vent sur une
å
surface (espace à deux dimensions), et qui déterminent le sujet en
f
1:.
fonction
' d u p oint d°où la surface (de signifiants) le regarde.
PY ›§Î1:;~`I
1 j }§'QL¿'~..._
› › if:
:Ê _.;::›;.:i.
Par raPP ort au champ du visible et plus preclsement du m1ro1r,
l°objet a (tous les objets a) est qual1f1é par Lacan de non spécu-
› 1- rfQ ››: :.1

>*f¿«
.. 11.: ›j;:'*¿.
.› »›-.1
._ . ,zu
›› ,¿.
t .F >ïî:ÎÎ\$¢*-3. ›.
= .¢> Têffl-›

t “'- ›-~ _ 1»..:;›*››


:'›.'ÎÎ:;›
› › 1 ››.r.=
›..**.:.

` ffÊ if*
. * Cet article développe un polnt abordé dans J.P. Georgin, « Du plan projectif
j,
.~`a*;"*
_
au cross -cap ›› , Littoral 11° 17, et E . Porge, « Uanalyste dans Phistoire et dans la
. . è~,,_

,.¿M.,. ,å
_ structure du sujet comme Velazquez ›>, dans Les Ménines, Littoral, n° 26.
k .\>ד›§r.›>
*M
:' i ;

›t-'..
ip
137
å

is
l ` - - . . _
D"`autre part les règles de la perspective sont entrées dans les
Iîlîiialîlllîe
d “_cîiñ 1ä*1V:u1tl 110»
pas CGUIB
dire qu”il
Imagen°ait
ne pas dfimage
permet dans 16 miroir
pas Pidentification mathématiques au XVlI*` siècle, soit à la même époque que celle du
e cet objet-
_ v en effet › n° 6't ant pas un objet
' asymetri
› - e 5 .
Cogito et il y a donc bien de ce point de vue simultanéité entre le
dans le miroir n°est pas inversée . C e manque de specularité
9 (in Image
est à sujet cartésien et le sujet de la perspective mathématisée.
prendre
7_ comme un d ' ` '
e onnee positive : elle est en retour str t
de llmage Quoi qu°il en soit, après avoir salué en 1964 cet événement, Lacan
9 _du moi . C e t te caracteristique
,. . . de1 l”objet
_ a 1 se m
uc urante
'f persiste et signe en 1966 dans son séminaire L”objet de la psycha-
dans
d lan g oisse en t ' * -
ant que celle-ci est un signal au niveau du moiam este
nalyse, à propos précisément de son analyse des Ménines. Non
1-lRI§Ê2Iqule0ltllu manqpe de l'”objet a di-11:15 le mil-0i1._
seulement la perspective, dit-il, << c°est le mode où à partir d'”une
j q Is cepen ant que laffirmation selon laquelle l”ob`et a certaine date, historiquement situable, le sujet, nommément le peintre,
nest _ pas
_ s P ecular1Sabl e revient a* le situer
' par ra ort h1
du visible, donc par ra ort d pp. au C amP
se fait présent dans le tableau et pas seulement en tant que sa
-,- , PP all fflgflr . Autrement dit cela e position détermine le point de fuite de la dite perspective ›>, mais
d inferer
9 _ que dans tout e presentation
' ' d ° objet
' a il* sera aussi uestion
p rmet
delobetare
aussi, rajoute-t-il, «la perspective organisée c°est Pentrée dans le
] gar d . C ° est un privile e du re a d . 1 Cl '
champ du scopique du sujet lui-même ›> 5. «
Cela dit si 1-iobjet a n,eSt pas g ,_ 1 Bail Pariqi es objets a.
. _ f* specu aris e si 1 ' La perspective n°est pas née en un seul jour. On peut retenir
presentation ne sont pas réductibles aux] ' d 1° _ .es 015 de _5a
avec Panofski 6 quelques-unes des étapes qui Pontprécédée. D°abord
ce d 9 ailleurs
- _ que ces rés ois
que du fait t . e a vision (ne serait-
celle de l°apparition d°un axe de fuite en forme diarête de poisson
paroles)
_ i comment y acce`d era-t-on, pen en atlonsde'ne
dehors Vont pas Avec
Pang-Oissg? sans
quoi le verra-t-on 9- Qu°est-ce où les lignes de fuite convergent deux à deux en plusieurs points
d,. 3 qui` d ans le champ du visible
- - '
permet tous situés sur un axe commun. Puis la peinture byzantine crée une
tagfišager et de parler d une présentation du regard? Réponse- le homogénéisation de liespace pictural par les couleurs, la lumière,
3 au i en t an t que celui'_ ci' lie
' le sujet
' a~ a comme dans le fantasme
' ¿
mais cet espace reste sans dimensions mathématiques. Au XIVe siècle
<> Ha 561011 la formule qu°en donne Lacan apparaissent des tableaux avec des plans partiels en perspective.
Enfin au XVe siècle on peut voir les tableaux où llensemble de la
L°histo'ir e d e l a peinture
' est marquée
›~ d”un evenement
, , qui. va 150131-1
comme telle cette fonction du tableau un événem t ` d
composition est construit avec un seul point de fuite, toutes les
' - . . @Il lignes* du tableau convergeant vers lui. Le point dit de distance,
äepercpssiqilis dans l°`histoire de la scieiice, dans celle dgIlinîniïillitéîs
permettant de régler les intervalles en profondeur est établi ensuite.
ans a P Îl059PhÎ@I Cet événement t l ' ° Cet espace perspectif substitue à l°espace agrégatif précédent un
I`@C01'11'l11 cet événement à pal-tir de jãåfj ãziãîfåpåçttve. Lacan _a espace systématique, mathématisé, qui donne la priorité à l°infini
I-Un-lpu avec C0 .› ` _) _ _ . " " l1`G_apI'€S IÉIYOII'

le même que celu)i d mlme etaht a 1 Origine Ciu Smet” le Sulet Caflesleni
car c°est un espace qui se prolonge avec ses lignes de fuite en deça
. C 3 PSYC an3~1YSf`› I << C est dans Vignola et dans et au-delà du plan du tableau (lequel sectionne la pyramide visuelle),
Alberti que nous trouvons l”int ` ' -
métrales de la Pers ective i elimgauon pmgresswe des 1015 890' actualisant une portion de réalité qui englobe le spectateur. La
BTS t. P 1 @_ Cjefî f:111_îQur des recherches sur la finitude du tableau rend perceptible Pinfinité de l°espace. La pers-
p pee ive que se centre un interet privilégié pour le domaine de
pective, en réalisant avec le tableau un infini en acte, consomme
Ê vision -- dont nous 116 POUVOHS pas ne pas voir la relation avec
une rupture avec la vision aristotélicienne du monde où cet infini
linstitution du sujet cartésien qui est lui aussi un 1; Cl '
-' f . Ê SOI` B était soudé à Dieu. Cela conduit à un paradoxe que Panofski exprime
getómetiîl, de point de perspective 1. >› e pomt en ces termes : << Espace en hauteur ›> (Hochraum), << espace proche >›
ue acan. fasse a' ` ' ' - -
avant le Cogito Pcutlgî-ilxciis de cet elœliementvqul se Sltue pourtant
(Nachraum), << espace oblique ›› (Schrãgraum) : ces trois formes de
logique du rsg ara d 3115 ipf quer *par du6 sujet
alt qu31 représentation de l”'espace expriment la conception selon laquelle,
il 011Clf=lîl0I1 ;, a laY suite
a “HBdeafltéflfififé
Caillois 2 dans la représentation artistique, c°est du sujet que la spatialité
et de Merleau-Ponty 3 Lacan affirme ' * - _.
rement le Su_et d il _ _ _) que ce qui determine foncie- reçoit toutes ses déterminations spécifiques -- et pourtant, aussi
] ans e visible cest le regard qui est au-dehors 4 paradoxal que cela puisse paraître, ces trois formes de représentation
marquent le moment précis où (en philosophie grâce à Descartes,
1- J Lacan. Lim- X1 Paris, seuil, 1973 si en théorie de la perspective grâce à Desargues) l°espace, en tant
. 2_' .Of ' son étude sui* les trois
` fonctions
' il pidu mim't'
i '
intimidat'ion) d ans Meduse
' - Gallimard,
et compagnie, . B1960
mme (ÎIHVBSÎI, Camouflag e,
3* M. M - I ' 5' * ' . _
5. J. Lacan, Lïobjet de la psychanalyse, séance du 25 mai 1966, inédit.
6. E. Panofski, La perspective comme forme symbolique, Ed. Minuit, 1975.

138 139
af

á
que notion porteuse d°une vision du monde, se trouve définitivement , _
jopnque -; ,›, * projective est
La gcoiiictrie ~ a` pr o pbl
rement arler
de ïracés
épuré de tout ingrédient subjectif» 7. De sorte que la perspective a
combinatoire de points, de lignes, de surfaces, susceptl BS W _
pu être combattue sur deux fronts opposés: .<< En effet, si Platon
la condamnait déjà, lors de ses modestes débuts, parce que, selon Pigoureux mais .dom la fondeinent' 'imumfmiiit iêîfdlbihafoifeasnîigt
derrière un certain nombre de necessitespuge _ d t as Ce
ses dires, elle détruisait les << véritables dimensions ›› des choses et
Uévanouissement du fondement intuitif n abolit cep1enda11Mp1
qulelle substituait l°apparence subjective et l°arbitraire à la réalité '
que Lacan 3-ppglle, << structure visuelle e it» H er eau-
>> gar, Gfålîîïgsible
et à la loi (nomos), les théories les plus modernes de l”art lui font
le reproche exactement inverse, celui diêtre Pinstrument d°un ratio- PUUÎY << le Vlslble 3 1u1Îm6me .une imlîm nlre écisément de notre
nalisme tout àla fois contraint et contraignant >›8. Enfin* et Ciçst Ce qul Va fiure lîlilet p iiisdélêi nifiant à structure
explicitation suivante, << la cohérence un m0 g d,. d,finie
L”introduction de la perspective en peinture débouche sur une
visuelle est une structure d”e1”lV€10PPe et mîjlenlem dlfil Forme
problématique du sujet. Lacan reconduit cette problématique en
introduisant à son tour la notion de sujet en psychanalyse. Cela a étendue » 15° Dans Lfoiyet de la psycçaîiaiil/se Cfc ãiii'ii:i'-iieêl ersPectif
du « nouage ›› des differents plans uti ises _ ans Ê_ P dj é
un certain nombre de conséquences qui apparaissent dans son analyse nouage gn plan projectif ; << Un tableau fait dans les con itions up
des Menznes en 1966. . - - ' exem e
stricte perspective aurait pour effet, si vous supposez par Ri s
Dlabord on constate l°existence d°un lien entre unicité et multiplicité
j
parce qu°il faut bien vous accrocher a quelque_ chose, _ qpe . . VOUS B @S
du sujet : Punification << subjective >› de l°espace siaccompagne d”une ` llin ini ue C6
debout sur un plan couvert duji q^qadrållî;g1Îrå0n Et aauîldessus
multiplicité de sujets (sujet voyant pour le point de vue et sujet
quadrillage vienne bien entendu s arre er _ 1- M _ as du
regardant pour le point distance, dit Lacan), multiplicité par laquelle
de l°horizon 7`' Vous allez dire naturellement
_ le °' Île. gi àalîjhporizon
_
s°effectue la division du sujet dans son nouage avec l°objet a regard 9.
tout, pas du tout, pas du tout. Au dessus ce qui yflfihissez voué
Deuxièmement s°impose la nécessité, dans l°abord même de l°in-
conscient, de définitions mathématiques et pas seulement intuitives derrière VOUS” .comme le piînfe Hue S1 lãulsi lie reuiefüint lé Point
pourrez immediatement le saisir, a tracer _` g (ll 1 Ort
de llespace. << Llespace semble bien faire partie de Pinconscient,
que nous avons appelé S à. ce qui est derriere sur e p anjSL11î{P
structuré comme un langage >› dit Lacan en 1973 1°. Cette approche
dont vous verrez aussitôt qu"`il va se pr0îj_i“Ét€I§eÎ11;îfiÎSÎ1ULî Iîlleaå
mathématique de liespace se concrétise dans la topologie 11 -
géométrie qualitative --- et celle-ci, .particulièrement chez Lacan, a Faisons quia cet honzo-n du» plan pnflecif V oints 0 Pûsés du Plan
une structure visuelle 5 son abord strictement algébrique est insuffisant se coudre au mûme point d hgnzon el: `B1fi-iiitpà. auclie de vous sur
pour Lacan. << Le progrès de la géométrie projective nous montre Support” Fun par exemple qui est mu 'a g d à un autre
la ligne d°horizon du plan sup_p0I`B V1@11dÎ`a se ÎlÎu_re , 1 mem
Pémergence d”un autre mode d"abord où étendue et combinatoire
qui est tout à fait à votre droite sur la ligililjls SÈTÉÊI; åfgåå/300m-
se nouent d°une façon étroite ›> 12.
du plan support. Est-ce que vous avez co p .
Troisièmement Lacan pose que << la structure visuelle de ce monde 16
topologique, celui sur lequel se fonde toute instauration du sujet, mençons ii ` - - - ue nous en
En effet les indications de E&C_&1'1a_ au ÎTÎVÎÂÊOÊÎ Iffãhgnsibles à la
est antérieure, logiquement à la physiologie de l°œil et même à
restitue la stenotypie de son seminaire sonde « recîmmencer » une
ç
première lecture. Alors nous proposons evoir les étapes inter-
7. E. Panofski, op. cit., p. 174.
8. E. Panofski, op. cit., p. 179. mûnstranon de la façon dont Gif pgm' Ciilêiii en ersPective à cet
9. Cf. E. Porge, se compter trois, Eres, 1989, où cette problématique se dé loie
médfafres du. passagç du'Pian îprolgc 1 re ardp-- u°est le Plan
P objet topologique -- identifie par acan au g CI
avec le temps logique.
10. J. Lacan, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 122.
projectif.
11. Cf. Imre Plennann, Rapports spatiaux de quelqties phénomènes psychiques,
qui adopte le meme point de vue: << Notre espace visuel cherche a devenir un
espace métrique, pour employer le terme habituel. Mais il n°y parvient pas.
Notre champ visuel est un espace non euclidien de trois dimensions. L°enfant
jusqu"`à un certain age perçoit d°une manière topologique et non pas métrique
Les oeuvres des peintres m°ont convaincu qu°il existe en nous des espaces et des
surfaces topologiques primitifs mais que les exigences métriques les empêchent de 13. J. Lacan, L”objet de la psychanalyse, séance du _? mai2ååÔÖ-› inédit-
devenir conscients. ››
12. J. Lacan, L”ob_;'et de la psychanalyse, séance du 4 mai 1966, inédit.
14'
15. M' Merleauipiiityldœz
J. Lacan, Llû 18$ 6' (1mble/.et
PSYC analziiiïsiîiãiicoéiidiiã
› fãåi 1966 ° mais i
16. J. Lacan, ibid.

140 141
Rflppel de la construction
d un plan de projection
O. lan horizontal
d L e rappel de la construction
° - -
dlun plan de projection va permettrg centre de P
e soulever le probleme de la représentation de ce qui ne s° ro' tt
pas. Une projection de centre O (lloeil du peintre, non con*š;1*l)u 21311:
`_ _ Q
projection Q

P)_sur le plan P (par la suite ce plan contiendra le tableau) d°un


pomt N_de ltespace visuel est un point N1 (image de N) obtenu droite dïntersection de
cïpšiîîtjpšeîlsection de QN_ avec le plan P. Une représentation jen plan Lu P 011 Q
P P e cette projection est donnee par la figure 1 _ É vertical
P
plan de projection
centre de Figure 2
projection\ ima 6 de N
g point de Pespaœ
dont on cherche superposées de plans parallèles à Q; ici nous ne nous intéressons
0 / l°image qu°à une seule tranche celle portée par Q, ceci est essentiel pour
la suite. Pour faire une reproduction dlune figure plane le support
qu°offre un quadrillage facilite ce travail. Si l°on connaît Pimage
N dlun
_ I fl uadrilla S e nous _ en déduisons
` T llima g e jf de la fi 3 ure
_ : nous nous
mteresserons donc um fl nement a lima 8 e d un Cluadrilla Ê e de tel
qu°il est dessiné sur la figure 3.

4 plan de projection ensemble des droites


q s perpendiculaires à L0

(Dan t t Fšgure I. Projection de centre O sm* P. II-


s ou es nos igures npus representerons
' les plans par des rectangles
qul sont en alt des surfaces planes infinies).
ÊÊÎÊIÊÊÈÊ Êei.ÎI°iœS
A partir de cette définition de la projection de centre O sur P,
posons les objets mathematiques qui vont nous permettre de définir -III.. L
äîmage (Paf la Slllîffl << llimage ›> sera toujours entendue comme image
un pomt de lespace par la projectlon de centre O sur P) d”
IIIIII °
plan. un
...II-
plan Q III..-
h Sfm le Plan P-› Un plan vertical, le plan de projection. Un plan vu de dessus
Lor1zontal_ (perpendiculaire à P) sera le plan Q. Nous appellerons
0 la droite dmtersection de P et Q et nous supposerons e O EJE-III
nialflïfuîlåenã ni à P ni à Îîa fignre2 illustre ces objets. qu Figure 3
d lai ed u support de la geometrie perspective de la construction
U P aÿï G projection nous voulons obtenir une surface fermée Si on slimagine en situation du peintre (le peintre est un << oeil >>
ÎiL;ÎÎSÖP(51P(1@ dû ïeprîsenter toutes les images de figures contenues confondu avec le point O), on ne cherchera à représenter que cef
1 en par _1cu 1er toutes les droites
' de ; œ1;1;@ Surface Sera *
qui se trouve dans le plan Q derrière le plan P (plan qui est suppose
e << plan projectlf ››.
contenir le tableau) et qui intersecte le cône de vision du peintre.
fi Epënlålençons par la construction dlun quadrillage sur Toute
La, z5ure 4 re P résente cette zone_ vue du dessus, alors q ue la z5ure 5
g e notre espace visuel peut etre decomposée en tranches
P resente cette zone en P ers P ectlve.
142 143
ensemble des droites L image dlune droite de la zone I
zone I paralleles a A dont
on cherche limage droite de la zone I

L projection orthogonale
de O sur

zone II
il %Lï.ÿ% W

plan P vertical vu de face

vu de dessus Q
Ai
Figure 4 FLgure 6

Précisons la construction et la définition du point N..., (lire N


infini) et des droites L0 et L des figures 5 et 6. L0, intersection des
plans perpendiculaires P et Q est la ligne de terre ou droite
fondamentale. No... projection orthogonale de Q sur P (ONO. est
perpendiculaire à P) est le point de fuite principal. N..., se trouve
sur une droite L, appelée ligne cl 'horizon et définie comme llensemble
des images de tous les points à llinfini de Q (sauf. comme nous le
H verrons plus loin, ceux de L0 et des droites parallèles à L0).
Si maintenant nous concevons llœil du peintre comme un oeil
multidirectionnel et que nous cherchons à représenter toutes les
k L droites parallèles à A dans la zone complémentaire de I., c°est-à-
dire les droites de Q parallèles à A situées dessous, latéralement et

mk derrière les pieds du peintre. soit la zone ll de la figure 4. alors


cette zone ll a pour image les traits continus de la figure 7.

images de la
zone Il -_-.-_ .
å images .
des droites . ,
situees ..
derriere L,

ligne L
dlhorizon

images de la --'_ _... @U

zone I - -- -- šï
images des droites situées devant L
i

et latéralement
f
ÎÎGÎÎ

ligne `
Ftgure 5
de terre

Les demi-droites de la zone I de la Lgure4 ont des images sur A1'


P representees sur la igure 6 Figure 7

145
8a construction d°une image d°une droite image de H“.. Llensemble des images des droites parallèles à A est un faisceau
L.. parallele a L. f de droites passant par le point de fuite N..., sur la ligne d°horizon
L.
H' V
I image de HH
Qu°en est-il maintenant des images des droites de Q parallèles à
i-1.. ` la ligne de terre L0 ? Soit R un plan parallèle à P (donc orthogonal

1A
imageÿ L.. à passant par 0; la projection orthogonale de R sur Q est la
1 image de H",
droite L1. Le plan R contient le centre de projection Q, tout point

\
11 de L1, joint à Q a une << image ›› rejetée à llinfini dans ce plan R;
comme R et P sont parallèles ces deux plans ne se coupent pas:
L. n°a donc pas d°image. La figure 8a en donne la représentation.
Par contre Pensemble des droites de Q parallèles à L. (distinctes
de L.) que nous noterons L1., L12... (lire L un. un...) et qui.,
remarquons-le., complètent le quadrillage de Q (elles sont orthogonales
aux A. Al...) a une image qui est un ensemble de droites parallèles
à. la ligne dlhorizon L dont les positions respectives sur P dépendent
de celles sur Llensemble de ces images est représenté sur la
figure 86.
8b construction de Pensemble des images Une approche intuitive de l°image des droites LH... ferait penser
des droites parallèles à L.. à un faisceau de lignes courbes qui couperait la ligne dlhorizon en
deux points correspondants aux points << distance ›> (la définition de
ces points distance est donnée plus loin). lllustrons cette approche
intuitive sur la figure 9.
cote gauche En reunissant les deux étapes précédentes nous aboutissons à la
de Q I _ _ côté droit
' de *O figure 10 qui représente llimage du quadrillage de Q (image partielle).

Us. A cette étape de notre construction nous savons que la droite L1


de Q n°a pas d°image. De plus, qu°en est-il des images des points
des droites proches de L1. de celles des points à llinfini des droites
LU., L12...`? Ainsi comment inclure, réunir à la foisle dessin en
perspective et ce qui y échappe, dans une << géométrie ›> plus globale '.9
vers le bas C°est ce à quoi répond la topologie et plus précisément ici le plan
de P 2
.
,
I
vers le haut
de P projectif. Nous allons maintenant montrer comment << se ferme >› le
plan de projection pour définir une enveloppe, le plan projectif.
plan P

LU L
(sépare le ( Ligne
dl-:°55US du ililiiirizriii)
dessous)

--î) signifie: la droite de Q a pour image cette droite de P


......._...._.. droites de Q a gauche de L. (d°images au-dessus de L)
droites de Q comprises entre L et L (d °'images au-dess d L
_.
droites de Q a\ droite
_-
de L0 (d fl1_images0 entre L., et L) Gus Ê 0
)

Figure 8 positions respectives des images des droites L - L


111 12:«--- A

147
9a: pour la droite L..
HH
Eclatement du plan de projection P
tl lïïlãgü dû 1: imagg in et son recollement
H" » de L., '
en un plan projectif
_ Qi
image. 3 du
H., LH point à l`°°-droit D2 D L
1

I
Observons Pimage dlune figure quelconque du plan Q selon sa
« image » du' '“'**"'Î""""""""""' j position par rapport aux plans R et P. La figure 8 précédente nous
point à l"°°-gauche p j montre que :
une figure CD devant L0 a une image sur P entre L., et L
i... ..._ _.. J. ..._ ..._ ._ L., (est elle-même son image)
9b : pour liensemble des droites parallèles à L.. une figure (I) entre L0 et L. a une image sur P en dessous de L0
fg J _. -.. _L. (staps d*1mag@>
une figure (I) derriere L. a une image sur P au-dessus de L

Avec un œil multidirectionnel on peut considérer que la partie


du plan Q située derrière le peintre (le point Q) se projette au-
dessus de L. Cette projection peut aussi être abordée en considérant
!!
Ê É!
l un plan P” symétrique de P par rapport à O (P et P” sont à
è Išïÿ* ! _/\. .'\.\,
\ Î

a P0111*
. 0/!
* imagfi .ii
équidistance de O et sont parallèles; pour ne pas alourdir les
af*
_f"
notations nous supposerons que le plan P” coupe Q sur L1.: Lu
sera ainsi la symétrique de L0 par rapport à Q). Si on considère
îl__ L alors la projection de centre O sur Pl. on définitune ligne dlhorizon
de << derrière ›> que nous noterons L°, symétrique de L par rapport
à O. Ainsi le plan P se divisera en deux demi-plans, le demi-plan
Figure Les notations emplqyées sont celles de la figure 85. Remarque: Les
images ___.. et_D. des points a linfini des droites parallèles à L. sont d°après notre P de bord supérieur L et le demi-plan P” de bord supérieur L"`.
construction intuitive ce que l°on retrouve sous le nom de points << distance ›› dem Cette construction est illustrée sur la figure ll. Ce qui se projetait
nous rappelons la definition dans le complément de la fin de cet article. au-dessus de L sur P se projette en dessous de L” sur Pl.

b
if. 2 2

igne
L A U
d horizon \ 1
1* Áiiifillll l!!llI|lIhi I-*ii Iilllllnfillllll
` P

1 B , È
2 .
i image « traditionnelle »
sur un tableau

\_ h b
H
1 : partie de P en desous de L
Zfl.__i`1È 2: partie de P au-dessus de L
HQZÈÎ les deux droites b et b” sont décomposées en demi-droites afin de mieux observer
@AC--ÎY les correspondances:
Figure 10 Figure 11 P

148 . y 149
- - - - . - - - : courbure des deux
Si nous envisageons les << images ›> des points a l”infini de L0, L1, a - * fl

plans de projection \`
Ln... elles se situent sur des parallèles à L et L” qui se rencontrent
<< à l”infini >>., la situation étant identique à droite et à gauche (un /
Q b: réunion de ces plans /-' " "'.-›" r

\ \
I
oint à l”infini de L à droite a une ima e sur une arallèle à L Hfi¢1\ \

Ii) ' 11 \ \ ii * rg p
a droite ou une parallele a L” a droite., etant entendu que l”on se
V ` ce demi-plan
place derrière -- ou devant -- L” et L mais pas entre L” et L). N°_. F supérieur de P
est if devenu ›
Les oints << finis ›> de L auront une ima e soit à l”infini inférieur
P _ . . . . . , 1.
de P soit a l”infini inferieur de P.
. g fQ
D
Ê

7 U *I I I

On conçoit dès lors que si nous souhaitons une vue globale qui -_4,-
I
b-

inclue le devant du tableau. l”entre-devant (entre le tableau et le


peintre), l”entre-derrière. le derrière, une << réunion ›› des deux plans . \MQ
P et P”, à l”infini, s”impose.

« peintre » « tableau »
` f "**
derrière entre-derrière entre-devant devant
A
La Li Ls
En premier lieu remarquons que les notions spatiales de << devant >› signifie Pidentification q, 0 '
etc... seront perdues dans cette réunion. La figure 12 suivante donne des bords opposés ¿ A
le schéma des différentes réunions que nous avons à effectuer. mu

<8)

aug

U
If
“ I
Ol Dunn-.li lilufl-

N55

Les flèches indiquent les correspondances entre « bords »


N*
Figure 12 «i-›;›=

Dans cette figure précisons les << recollements ›> :


réunit pour les _demi-plans P et P” les images des points à A.
l”infini des droites situees dans les pones devant., derriere, entre- ,.i:'l'”*1"l`”`.

Q
devant. entre-derriere, et les points a l”infini horizontaux de P et
P?
'.7

(2) réunit les points à l”infini << inférieurs >> de P et P”. En effectuant "*-f .*:»-1 Figure 13
(1) et (2) on obtient une calotte qu”on peut qualifier d”homéomorphe - › - "* - errière
à une demi-sphère. Q point de L” symetrique par rapport a gauche . en se plaçant d d t
(3) réunit les bords L et L” (les << deux » lignes d”horizon). Ici ce L” et L on remarque qu”un point a droite de L a son coijrespon an
n”est plus simplement une correspondance directe point à point du sur L” à gauche 1* les images sont << diamétralement
_ . ›› opp0SeBS- COHIITIB
f f
fait que les deux lignes d”horizon sont en fait confondues. A partir nous ne souhaitons qu”un seul point, ce dernier recollement opere
de la figure 13 ci-contre, on remarque qu”un point de L devient un conduit au plan projectif.
151
150
Cet abord intuitif du plan projectif comme dédoublement puis
4'*
recollement à partir du plan de projection nous fait penser à la
méthode des rectangles fondamentaux pour la construction des /'

variétés. Convenons .d”orienter les bords des plans P et P” en se


situant derrière P” face à P :
z ai-'\
1
l` ou

'zu
ii. 'ft
rectangle fondamental associé au plan P:

_/'
N \, A

rectangle fondamental associé au plan P” :

(1 inversion de la fleche 3 provient du fait que le


. 1 ' 1 même point a deux images diamétralement opposées `
Q,Ê

/ É sur P et sur P”) \_


_-
U

A
2 ._

d 1 roectif: la surface se traverse elle-


En juxtaposant ces deux rectangles fondamentaux on obtient le Figure 14. Construction <= réaliste >> 11 P an P 1
rectangle fondamental du plan projectif : même le long de AB.

1 s
<1) - <1) P U t <3” h

(1) (1) N N
. 3 N N”
P” <1) et (8) .mm

m
ml
ï

m
m 1
'mn
-HÎ

(nous collons P et P” par le bord 2 en (nous réunissons 1 et 3 qui sont dans 'ms
retournant P”) le même sens)
_“':.........*'_'".._. 1
*
I
._.-mïíllïl-' j

La représentation visuelle du plan projectif (impossible dans notre _._...-.-¢-Î-----


.._.._-n_u-_IIIiII-*-
_...-Îmu-_nI|ii›

espace usuel) la plus répandue est donnée sur la figure 14 . ii N* N N” N


Avant de conclure remarquons que la ligne d”horizon L (ou L”)
de P (ou (P”) (ligne 3) est la ligne de recollement d”une bande de
Moebius. Ceci est illustré sur la figure 15 _ ” Figure 15
Nous avons montré les étapes intermédiaires qui font passer du
plan de projection au plan projectif. Ce passage s”effectue grâce à
- e u ril a au _ dessus de l 'horizon
C18 la 5011€ Un Peut.°01ΔœV0”r que C d q~a ce Y ui' se trou ve sur le plan
la mathématisation de l”espace projectif : plans infinis, combinatoire sur le` plan de projection correspon (I
..
de droites infinies qui se rencontrent en un point... En procédant derriere le peimîffl-
lfišl
152 P
t L a couture de ces_plans§ se fait
- au niveau
- .
de la ligne _
d”h01~1z0n Notations et appellutioiis Notations et appellations
de Particle de J. Lacan
6 Pal' 1Î0I`S1_0n. Cette ligne d horizon est donc porteuse implicitement
de la torsion moebienne par laquelle les plans se”sont f ' 9
Inversement c”est par une coupure moebienne que l”on varieermes” - le centre de projection O (l”oeil du j -- le point oeil (S)
- . _ _ asser peintre) 1
CIULPIÎH Pmleclllf au plan de projection. P Q -- un segment du type ON -- une ligne oculaire
_ a ermeture des plans en surface fermée (compacte) suppose un - le plan horizontal Q qui contient les Q* - le plan support, le sol perspectif qui
oeil multidirectionnel. Elle n”est donc plus de l”ordre de la Vjsi figures _ 1 contient les objets
-- le plan vertical de projection P qui j - le plan figure. le plan de la projection.,
s p é cu 1 aire
` _ Cette fermeture avec torsion
- correspond a_. l”objet
. a regard.,
on le plan projectif, le tableau qui
contient les images
c est une to'l ie t endue qui' cerne un trou, celui- de l”ecart
» .
entre sujet i; contient les figures P
voyant et sujet regardant -- la ligne d”horizon L - la ligne d”horizon
-- le plan projectif j _ le cross-cap
--- le point de fuite principal NO., -- le point de fuite à l”horizon, le point
Complément de fuite de la perspective
«-- la ligne de terre ou la droite fon~ 1 -- l”inverse de la ligne d”horizon, la ligne
.Î._La_gan a longuement étudié les plans de projection et le plan damentale j fondamentale
-- le point distance * _ le point du sujet regardant, l”autre
projecti dans son seminaire de l”année 1966. Un certain nembre
oeil, l”aut:re sujet.
äÎÊuÊPãl<Ê%Êå13I1Ê¿ par luj: utilisées,_ diffèrent des nô1;rg5_ [1 Sembje
mparati pourra aider le lecteur a s”y retrouve1~_ * Dans notre article nous n”avons pas eu besoin d”utiliser cette notion de point
distance, précisons en tout de même la définition : les deux points distance D. et
D2 sont obtenus en formant à partir de O un triangle isocèle rectangle en O et
d”hypoténuse D.D2 sur la ligne d”horizon L :

D. L

D Á
<i›

.15-
54

Vous aimerez peut-être aussi