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INTRODUCTION

En Côte d’Ivoire, comme en Afrique, la musique traditionnelle est en train de


perdre de sa valeur, faisant place de plus en plus à la musique moderne. Elle s’y
présente en général essentiellement comme un moyen de divertissement,
d’adoucissement des mœurs. C’est à croire que son utilité se résume à la seule fonction
ludique. De là, un contraste avec les sociétés à caractère traditionnel où elle faisait
partie du vécu quotidien de l’homme ; d’où cette affirmation du professeur DEDY
SERI : « conçue comme une haute instance idéologique, la musique était pratiquée par
la société traditionnelle comme un instrument d’intervention socioculturelle au sens
global du terme ». En d’autres termes, la musique traditionnelle était une source de
formation et de transformation qui se trouvait présente dans tous les aspects de la vie
sociale : initiation, mariage, funérailles, organisation politique, activités économiques.
En outre, Gbaklia Elvis Koffi affirmait que « les musiques et les danses dans nos
sociétés de tradition orale, sont de véritables sociodrames. Elles dénoncent les travers
de la société, les mauvais comportements des individus. Par elles, sont brocardées
toutes les attitudes attentatoires à la paix et sociale, à l’harmonie des couples, des
familles, des clans et entre les différentes composantes de la société. En milieu rural
comme en zone urbaine, la musique se positionne comme un moyen de moralisation
du peuple par l’interpellation de la conscience collective devant les délits sociaux. Par
ailleurs, la musique permet une affirmation de l’identité culturelle, d’autant plus
qu’elle est souvent spécifique à une entité ethnique ou régionale donnée. ». Du coup,
la musique se présentait comme un moyen d’échange, de partage, de communication,
de transmission des connaissances et une valeur ancestrale, d’éducation des masses
communautaires. Cette musique à caractère multiple permettait aux sociétés
traditionnelles de se réaliser, de s’épanouir, de s’illuminer. Dans la société bété la
musique se présente comme un outil d’ expression des sentiments de joie, de tristesse,
et d’éveil des consciences sur les bonnes mœurs à travers le caractère proverbial des
chants et des rythmes propres à leurs cultures. C’est dans cette optique que nous nous
intéresserons à la danse zagrobi du peuple bété.
I- HISTORIQUE DE LA DANSE ZAGROBI

Le Zagrobi possède une histoire particulière. Il se raconte qu’après de


nombreux jours de marche, un chasseur entre dans une forêt. Tout à coup, son oreille
entend des bruits de tambours : il venait de pénétrer dans la forêt des génies, en pleine
cérémonie rituelle. Cette présence humaine rend alors les génies furieux, qui prennent
l’homme en chasse. Rattrapé à l’entrée du village, le chasseur est ramené dans la forêt
sacrée où il est initié à la danse Zagrobi. De retour au village, le chasseur raconte son
histoire aux anciens. Charmés par cette danse, ces derniers en gardent jalousement le
secret. Ainsi, le Zagrobi est une danse réservée uniquement aux femmes mariées ;
d’ailleurs elle n’est exécutée uniquement que lors des fêtes de mariages. Danse très
rythmée, le Zagrobi marque l’union de deux familles dans l’allégresse.

II- PARTICULARITÉ DE LA DANSE ZAGROBI

ZAGROBI, danse de l’ouest de la Côte d’Ivoire, est une danse de séduction


qui utilise surtout le langage des pieds et raconte les histoires de la forêt. La forêt étant
dense et très touffue, il fallait beaucoup d’agilité pour se faufiler à travers les ornières,
les branchages, les herbes hautes : développer toute une technique pour chasser, sans
faire de bruit. La danse ZAGROBI emprunte la technique de séduction du coq : Le
danseur (ou la danseuse) déploie ses bras, sans les faire bouger, seuls les pieds
bougent. Ces mouvements de bras l’aident à mieux s’enfoncer dans le sol.

Ainsi, le Zagrobi est une danse réservée uniquement aux femmes mariées ;
d’ailleurs elle n’est exécutée uniquement que lors des fêtes de mariages. Danse très
rythmée, le Zagrobi marque l’union de deux familles dans l’allégresse.

III- LES INSTRUMENTS UTILISÉS DANS LE ZAGROBI

Dans la pratique du zagrobi, les musiciens utilisent des instruments à vent et à


percussion auxquels sont rattachés d'autres tambours.
1. Le « Tigbèlè »

Le « Tigbèlè » est en quelque sorte le langage tambouriné. Il sort a l' occasion


des évènements spéciaux tels l'annonce d'un mariage, d'un décès d'une personne
importante, d'un événement festif par exemple et prévient le village en cas d'attaque
ennemie. Le message émis par le Tigbèlè est codé pour permettre au profane de ne pas
y accéder. Seuls les initiés peuvent comprendre le message. Il était le moyen le plus
sur de communication. On pouvait l'entendre à plus de trois(3) kilomètres.

2. le Legble ou le Djogoué

En plus du Tigbèlè, il y a le Legble ou le Djogoué. Cet instrument sert à faire


l'éloge d'une personne qu'elle soit vivante ou non. Prononcer le nom d'une personne
signifie qu'elle est d'une grande importance. Le Leglè sert aussi à transmettre une
information de joie, de tristesse.

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