1

INP-HB/CNAM
EFCPC
Génie Civil et BTP : Cycle Ingénieur en Construction et Aménagement

UE : GEOTECHNIQUE (UTC 104)

1. Généralités
2. Contraintes dans un sol
3. L’eau dans le sol
4. Consolidation et tassements
5. Stabilité des pentes
6. Poussée et butée
7. Eléments de géotechnique routière
Fondations (superficielles et profondes)
Ouvrages de soutènement

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 2

Blanche PANGO-TANO Novembre 2018

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 3

CHAP 1:
GENERALITES/RAPPELS

1. Généralités sur la Mécanique des sols

Aucune infrastructure de Génie Civil ou Minier ne peut être
conçue ou réalisée correctement sans que l’on ait procédé à
l’étude des caractéristiques du sol ou de la roche de fondation.
Le sol est alors étudié comme support de fondation ou comme
matériau de construction.

Dans chacun des cas : Quelles sont les questions que le

Mécanicien des Sols devra se poser?

Villa basse Immeuble

Postel 2000

Echangeur du Pont HKB

Echangeur Riviéra 2 Château d’eau

d’Angré

Autoroute du Nord Route en

terre

Voie ferrée Piste d’aérodrome

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 4

Remblais Barrages Barrage de Soubré

Place de la Mécanique des sols dans la formation de

l’Ingénieur ( ?)
Algèbre tensorielle
et géométrie différentielle

MMC

Mécanique des fluides Mécanique des

solides

Hydraulique RDM
Calcul des
Structur
es

BA et BP
Objectifs et méthodes
La Géotechnique est l’étude des caractéristiques et
propriétés des sols appliquée à la construction. Elle regroupe :
- la Mécanique des sols : application au matériau sol des
principes et lois de la Mécanique ;
- les Techniques de Fondations ;
- les Ouvrages en Terre.

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 5

Le présent cours correspond à des objectifs précis. Au terme

des 60 heures d’enseignement, les auditeurs devraient être
capables de :
• Maîtriser les concepts fondamentaux de comportement
des sols;
• Savoir analyser un rapport de sol;
• Être capable de concevoir, dimensionner et contrôler des
fondations et ouvrages de soutènements courants;
• Savoir appliquer les méthodes de calcul.

Eu égard à la spécificité du matériau sol (hétérogène,

anisotrope, non linéaire et irréversible, …) les outils
indispensables à l’exercice de la Géotechnique proviennent de
trois sources :
- les connaissances théoriques (essentiellement la MMC),
- les connaissances empiriques (propriétés propres aux
sols mesurées par des essais),
- les connaissances conceptuelles (caractéristiques de la
structure à construire) et contextuelles (environnement
du projet).
La démarche en Mécanique des sols est celle utilisée dans
toutes les sciences expérimentales :
Observer

Mesurer
Intervenir

Comprendre

Modéliser

Le plan du cours est le suivant :

1. Généralités
2. Contraintes dans un sol
3. L’eau dans le sol
4. Consolidation et tassements
5. Stabilité des pentes
6. Poussée et butée
7. Eléments de géotechnique routière
Fondations (superficielles et profondes)
Ouvrages de soutènement

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 6

2. Identification et classification des sols

Définition et constituants
En matière d’étude du sol, il existe autant de définitions que
d’approches du SOL : Géologie, pédologie, géomorphologie, …
Pour le Géotechnicien, le sol est le résultat de la désagrégation
physique et/ou chimique d’une roche-mère. On obtient alors
des sols sédimentaires (ou allochtones ou de dépôt) par
opposition aux sols d’altération (ou autochtones ou résiduels).
Le sol est un milieu triphasique :
Phase gazeuse : composée d’air, de vapeur d’eau et/ou gaz
provenant de la décomposition des matières végétales.
Phase liquide : En général, il s’agit d’eau (douce, salée,
sulfureuse ou minérale, …) ou de pétrole. L’eau peut revêtir
plusieurs formes : eau de constitution, eau adsorbée ou eau
libre. En fonction de la température, elle peut être elle-même
solide, liquide ou gazeuse.
Remarque : lorsqu’un sol est humide mais non saturé ; l’eau
libre est en général concentrée aux points de contact entre les
grains. Elle est retenue à ces endroits par des forces de
capillarité et forme des ménisques. Tandis que dans un sol
saturé, tous les interstices entre les grains sont comblés d’eau.
L’eau capillaire et l’eau libre constituent l’eau interstitielle
Phase solide : Elle est constituée de matières minérales
(fines ou grossières provenant de la désagrégation physique ou
chimique de la roche) et organiques (provenant de la
décomposition des racines ou autres êtres vivants).
Les paramètres d’état ou paramètres de définition des
sols
Représentation schématique des sols ou diagramme des
phases

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 7

Paramètres dimensionnels :
Phum  Psec
- teneur en eau : w  Psec

Poids volumiques :
P Ps
Total :  Des grains :  s 
V Vs

Pw Ps
De l'eau :  w  Du sol sec :  
Vw d V

P
Du sol saturé :  sat  (Va = 0) Du sol déjaugé :     sat   w
V

Paramètres sans dimension

Vv Vv
Indice des vides e et Porosité n 
Vs Vt

En général dans les sables on a 0.4 < e < 1

On définit l’indice de densité (ID) (ou densité relative Dr)
emax  e
ID  emax  emin

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 8

On distingue les états de compacité suivants :

ID 0-15 15-35 35-65 65-85 85-100
état Très lâche lâche moyen Dense ou Très dense
serré
Vw
- degré de saturation : Sr 
Vv

Exemples de relations entre les paramètres :

e  n  w. s
1. n  1 d 2. e  s 1 
1 e s 1 n  d S r . w

  wsat   w (
1 1
 )
3. d   s   s .(1  n) 4.
1 w 1 e d s

w w
Sr  
5. wsat 1 1
(  )
d s

s w w
6.     d   w (1  n)  1  e  ( s   w ).(1  n)   d (1   )
s

Analyse granulométrique

Elle consiste à répartir les grains d’un sol en fonction de leur

diamètre.
Elle s’effectue par :
- tamisage à sec ou sous eau
pour la fraction grossière (D > 80 )
puis pesée après étuvage.
- sédimentométrie : décantation dans un liquide de
référence pour la fraction fine (D < 80 ) En utilisant la loi de
Stockes.
Loi de Stockes : La vitesse de chute d’une particule sphérique
de poids volumique s et de diamètre D dans un liquide de
poids volumique w et de viscosité  est :

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 9

Notion de passant et de refus d’un tamis.

En exprimant les poids de chaque passant en fonction des
diamètres (en pourcentage du poids total) sur une feuille de
papier semi-logarithmique, on trace la
Courbe Granulométrique du sol étudié.

Soit Di le diamètre correspondant à i % de passant, on définit :

D
- le coefficient d’uniformité de Hazen : Cu  D
60

10

Si Cu < 2 , la granulométrie est dite uniforme ; sinon elle est

dite étalée.
2
D30
- le coefficient de courbure : C c 
D60 .D10
- le diamètre efficace : D10 Son utilisation est fréquente
en hydrodynamique.
Remarques :

1) Les dimensions des tamis standards dépendent des normes

de chaque pays…

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 10

2) Soient deux sols (1) et (2) de courbes granulométriques

d’équations successives :
y = f1 (d)
y = f2(d)
mélangés dans des proportions respectives de m et 1-m (avec 0
< m < 1 ou exprimés en pourcentages), alors la courbe
granulométrique du mélange aura pour équation :
y = m f1 (d)+(1-m)f2 (d)
Ce résultat se généralise à un mélange de plusieurs sols :
y   mi . f i ( D )
i

Limites d’Atterberg (L.A.) : La consistance d’un sol

évolue avec sa teneur en eau : Lorsque celle-ci augmente, le
sol passe de l’état solide à l’état plastique puis liquide.
SOLIDE PLASTIQUE
LIQUIDE

Ws Wp Wl
sans avec
retrait retrait

Les teneurs en eau de passage d’un état de consistance à un

autre sont conventionnelles et déterminées au laboratoire par
des tests normalisés (voir TP de Mécanique des sols) sur le
mortier (passant au tamis de 0,4 mm). Ce sont les Limites
d’Atterberg. On en dénombre au total six mais les plus utilisées
en géotechnique son Wl et Wp. Les autres sont utilisées en
céramique et en agriculture…
On définit :
- l’indice de plasticité : Ip = Wl - Wp. C’est l’étendue du
domaine de plasticité.
- l’indice de consistance : Ic = (Wl - W)/Ip
- l’indice de liquidité : Il = (W - Wp)/Ip
INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018
 11

- l’activité du sol : A = Ip/(%<2) appelé aussi coefficient

de Skempton.
Il met en évidence l’influence de la fraction argileuse sur la
plasticité.

Et on a :
Ip<5 sol non plastique A<0,75 sol inactif
5<Ip<15 sol moyennement 0,75<A<1.2 sol normal
plastique 5
15<Ip<40 sol plastique A>1,25 sol actif
Ip>40 sol très plastique
Autres caractéristiques
a) l’Equivalent de sable (ES) : Il évalue la quantité d’éléments
fins par rapport aux éléments grossiers. C’est un essai
complémentaire de l’Analyse Granulométrique. Il s’effectue
sur la fraction inférieure à 5mm.

b) Analyse minéralogique : il s’agit de déterminer la nature des

ions en solution dans l’eau du sol. Leur présence influence le
comportement du sol...

c) Teneur en calcaire (chaux) : elle influence la résistance

mécanique et la sensibilité à l’eau...On distingue
progressivement l’argile de la marne et du calcaire.

d) Teneur en Matières Organique : elle influence la

compressibilité et la sensibilité à l’eau... On la détermine par
calcination et double pesée (CPF) ou par oxydation avec un
mélange sulfo-chromique (CMO).

e) Propriétés thermiques des sols : il s’agit des applications au

gel et dégel des sols, au stockage des produits très froids ou
très chauds dans les sols, de la géothermie, des problèmes
environnementaux, …

f) Essai au bleu de méthylène : Eu égard au caractère plus ou

moins aléatoire des LA, la mesure de la surface spécifique des
particules d’un sol (fin) par adsorption de bleu de méthylène
permet une caractérisation plus sélective de l’argilosité d’un
sol.

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 12

g) etc.

Classification des sols

Un système de classification est avant tout un véhicule de

communication pour les ingénieurs. Classer, c’est ranger dans
une catégorie selon certains critères ou propriétés. On
procédera selon les familles de sols et en fonction des résultats
fournis par la procédure d’identification du sol. Les systèmes
de classification répondent chacun à un objectif spécifique
d’étude du sol.

Les grandes familles de sols : La nature de la phase solide

permet d’en distinguer trois :
- Les sols minéraux grenus: diamètre des grains supérieur
à 20 ;
- Les sols minéraux fins : diamètre des grains inférieur à
20  ;
- les sols organiques.
Ces différences de nature, de taille et d’origine induisent des
différences de comportement mécanique. En pratique, les sols
naturels sont des mélanges de ces trois types de sols avec des
proportions diverses...

Quelques exemples de classification

Classification d’Atterberg (1911)

Cailloux Graviers Sables Sables

Limons argiles Grossiers fins

20 mm 2 mm 0,2 mm 0,02 mm 0,002

mm

Représentation triangulaire
Un sol composé de X% de sables, Y% de limons et Z% d’argiles
peut être
représenté par un point M dans le triangle équilatéral ci-
contre.

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 13

Exemple 3 : Classification de Casagrande (sols fins)

SILTS INORGANIQUES SILTS INORGANIQUES

DE FAIBLE COMPRESSIBILITE DE COMPRESSIBILITE MOYENNE
ET SILTS ORGANIQUES
Abaque de Casagrande(1948)
Exemples 4 : selon les pays :
 HRB-AASHO (USA)
 USCS (France et Royaume Uni)
 LCPC (France)
 GTR (pour les terrassements routiers)
 LBTP (Côte d’Ivoire)

La classification géotechnique des sols ivoiriens (LBTP)

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 14

D’origine routière, cette classification a été mise au point par

Y. ATLAN en 1974 et actualisée en 1977. Elle a été plus tard
modifiée. La dernière version date de 1981 et résulte des
travaux de G. COUGNY en collaboration avec une équipe
d’ingénieurs ivoiriens du LBTP. Elle est basée sur trois
critères :
- l’origine géologique,
- la granulométrie,
- la plasticité.

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 15

EXERCICES D’APPLICATION / CH 1
Exercice 1 : Etablir les relations entre les paramètres d’état.
Exercice 2 : Un échantillon d’argile saturée pesait 14,97 N à l’état
naturel et 10,33 N après séchage à l’étuve. On a mesuré d’autre part s =
26.5 kN/m3. Calculer sa teneur en eau naturelle. En déduire son poids
volumique, son poids volumique déjaugé, son indice des vides et sa
porosité.
Exercice 3 : Un échantillon d’argile complètement saturé possède un
volume de 185 cm3 et une masse de 331g. La densité des particules est de
2,67. Déterminer l’indice des vides, la porosité, la teneur en eau et la
densité apparente de cet échantillon.
Exercice 4 : On dispose d’une grave alluvionnaire (sol A) et d’un gravier
sableux (sol B) dont les résultats de passants sont respectivement :
Diamètre tamis 0.2 0.5 1 2 5 10 20 50
(mm)
sol A 10 25 29 30 34 38 45 75
sol B 28 37 45 59 81 100 100 100
1. Tracer les courbes granulométriques de ces deux sols. Déduire si
possible les valeurs des différents coefficients.
2. Dessiner la courbe granulométrique moyenne du sol composé de 60%
de A et 40% de B. Quelles sont les valeurs des coefficients de ce sol ?
3. Combien ce sol contient-il (en pourcentages) de cailloux, de graviers et
de sables ?
Sachant que la masse totale du sol composé est de 5000g, calculer les
masses des refus aux différents diamètres.
Exercice 5 : On considère les arrangements de sphères d’égale
dimension. Montrer, en calculant les indices des vides correspondants,
que l’arrangement le plus lâche est celui où chaque sphère est en contact
avec six autres sphères et que l’arrangement le plus serré est celui où
chaque sphère est en contact avec douze autres sphères.
Exercice 6
1. Un échantillon de sol placé à l’étuve de 105°C pendant 24 heures
donne une perte en poids de 5 gf. Le poids de l’échantillon sec est de 20
gf. Sachant que la teneur en eau de ce sol est égale à sa limite de
plasticité, déterminer la teneur en eau limite de plasticité (WP) de ce sol.
2. L’essai de limite de liquidité réalisé sur ce sol a donné les résultats
suivants :
Nombre Poids de Poids de
de l’échantillo l’échantill
coups n humide on sec (gf)
(gf)
35 252 183
25 379 268.8
18 175 115.9

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018

 16

15 212 133.8
a) Tracer la courbe W = f (nombre de coups) et donner une estimation
graphique de la limite de liquidité Wl (Wl correspond à 25 coups).
b) Comparez cette valeur à la moyenne des trois premiers essais donnée
par la formule :
Wl = W. (N/25)0.121 où N est le nombre de coups et W la
teneur en eau correspondante. Commenter.
Exercice 7 : Mener des travaux de recherche bibliographique sur les
systèmes de classification HRB-AASHO, USCS, LCPC, LBTP et GTR.

INP-HB/CNAM UE : Géotechnique – UTC 104 PANGO-TANO 2018