Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Gé otechnique
LAUCE 2171
Problè mes pratiques posé s
par l’eau dans le sol
Alain Holeyman
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Table des matières
1 Introduction.................................................................................................................................................... 3
2 Notions d’hydro‐géotechnique ...................................................................................................................... 3
2.1 Présence de l’eau dans le sol et la roche ............................................................................................... 3
2.2 Mouvement permanent de l’eau .......................................................................................................... 4
2.2.1 Charge hydraulique et équation de Bernoulli ............................................................................... 4
2.2.2 Gradient hydraulique .................................................................................................................... 5
2.2.3 Loi de Darcy .................................................................................................................................. 5
2.2.4 L'équation de Laplace ................................................................................................................... 7
2.3 Couplage hydro‐mécanique des sols ..................................................................................................... 8
2.3.1 Variation de pression interstitielle et variation de contrainte effective (rappel de LAUCE 1172) 8
2.3.2 Simulation œdométrique .............................................................................................................. 9
2.3.3 Effet de l’écoulement sur la contrainte verticale lors d’un écoulement vertical........................ 13
2.4 Hétérogénéité et anisotropie .............................................................................................................. 18
2.4.1 Hétérogénéité : écoulement en sol stratifié ............................................................................... 18
2.4.2 Écoulement en sol anisotrope .................................................................................................... 21
3 Mesures et observations ............................................................................................................................. 24
3.1 Mesure au perméamètre .................................................................................................................... 24
3.2 Essai de pompage ................................................................................................................................ 24
4 Caractérisation ............................................................................................................................................. 24
4.1 La formule de Dupuit ........................................................................................................................... 25
4.2 La formule de Tcharnyi ........................................................................................................................ 27
4.2.1 Le potentiel intégré de Tcharnyi : une nouvelle équation de Laplace. ....................................... 27
4.2.2 Débit et surface d’écoulement ................................................................................................. 30
4.2.3 Dupuit vs Tcharnyi ..................................................................................................................... 31
...................................................................................................................................................................... 31
4.3 La formule de Sichart ........................................................................................................................... 33
5 Conception ................................................................................................................................................... 34
5.1 Introduction ......................................................................................................................................... 34
5.2 Les techniques de rabattement ........................................................................................................... 34
5.2.1 Puits filtrants et pompes immergées .......................................................................................... 35
5.2.2 Les Drains .................................................................................................................................... 35
6 Sources ......................................................................................................................................................... 37
2
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
1 Introduction
La présence d'une nappe phréatique (et donc d'eau) dans le sol soulève différents problèmes
pratiques. Elle est d’une part, un enjeu dans la stabilité des talus. Rappelons (AUCE 1173) que l'eau
divise par deux le coefficient de sécurité. D’autre part, elle est la cause de phénomènes susceptibles
de mettre à mal la stabilité des ouvrages. Parmi eux, le renard, la boulance et le soufflage (ou
claquage) seront abordés dans ce chapitre.
Afin de diminuer les risques liés à l'eau dans le sol pour les ouvrages (mur de soutènement,
palplanche,...), la solution est souvent de rabattre la nappe en question à l'aide de puits filtrants, de
pompes immergées, de drains,...
Cependant, il faut savoir en mesurer les conséquences. En effet, un rabattement entraîne des
asséchements dans le voisinage (étangs, terrains de culture) ainsi que le tassement des ouvrages. Ces
tassements devront être acceptables pour l'ouvrage considéré.
Il convient alors de maîtriser d'une part le site sur lequel on s'implante (reconnaissances in situ,...);
d'autre part, la technologie de rabattement (tout en prévoyant les conséquences de ce rabattement).
2 Notions d’hydro‐géotechnique
Le sol est défini au sens de l'ingénieur comme
un agrégat meuble de particules solides
(minéraux ou matière organiques) entre
lesquels les espaces sont occupés de gaz ou
de liquide.
Le sol comprend donc bien 3 phases :
‐ solide
‐ liquide Figure 1 Les différentes phases du sol
‐ gazeuse
Le sol est constitué de strates permettant ou non la circulation de l'eau. Il existe ainsi des couches de
gravier ou de sable grossier où l'eau peut circuler facilement sous l'action de la gravité. On appellera
ces couches aquifères que l'on définira comme des formations géologiques suffisamment poreuses
et perméables pour contenir, de façon temporaire, ou permanente une nappe d'eau souterraine
mobilisable.
3
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Au sein de ces aquifères, on entendra par "nappes" la partie saturée en eau du sol, c'est‐à‐dire celle
où les interstices entre les grains solides sont entièrement remplis d'eau, ce qui permet à celle‐ci de
s'écouler.
Il existe différentes sortes de nappes. La nappe phréatique sera dite "libre" si le niveau phréatique
s'établit dans la couche perméable et "captive" s'il s'établit plus haut de la limite supérieure de la
couche perméable.
Figure 2 Les types de nappes
Notons qu'en réalité, la nappe phréatique est une vision de l'esprit. C'est en réalité le lieu où se
déroule la majorité des écoulements. Il est rare de ne rencontrer qu'une seule nappe : la plupart du
temps, il y a superposition de plusieurs niveaux d'eau.
Dans l’étude de l’écoulement d’un fluide sous l’action de la pesanteur, on appelle charge hydraulique
en un point M :
Figure 3
4
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
2.2‐1
Il s'agit de l'équation de Bernoulli valable uniquement pour un liquide parfait, dont les particules de
fluide ont toujours la même trajectoire, dans un milieu saturé en régime permanent
est le potentiel au point M. C'est une énergie par unité de poids en m. Le potentiel est défini par
rapport à un niveau de référence et donc à une constante près. Mais cela n'a plus d'importance si on
s'intéresse à ∆ , la différence de potentiel.
est l’accélération de pesanteur en / .
est la pression de l'eau en M (mesurée à partir de la pression atmosphérique) en / .
est le poids volumique de l'eau en / .
est l'altitude du point M par rapport à un plan de référence arbitraire. Elle est comptée
positivement vers le haut en 1.
Sols, le terme est toujours négligeable par rapport aux autres termes, car la vitesse d’écoulement
de l’eau est toujours faible.
Le gradient hydraulique est une perte de charge par unité de longueur. Elle s’exprime comme le
quotient de la différence de charge hydraulique entre deux points d’un milieu poreux saturé, sur une
même ligne de courant, par la distance les séparant sur cette ligne de courant.
∆ ∆ 2.2‐2
∆
L'eau qui s'écoule dans un sol circule dans les interstices entre les grains qui forment des canaux de
taille variable. Les trajectoires réelles des filets liquides sous un angle microscopique sont assez
tortueuses et il n'est pas possible de définir les vitesses de chaque goutte d'eau. Comme il s'intéresse
surtout au mouvement global du fluide, l’ingénieur se permet de définir des trajectoires au niveau
macroscopique et des vitesses moyennes.
1
ATTENTION Z est l'altitude et z la profondeur.
5
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Les expériences de Darcy, qui sont à la base de l'hydraulique souterraine, étaient relatives à
l'écoulement de l’eau endéans une conduite prismatique remplie de sable en régime permanent.
Dans un tel cas, les lignes de courant sont rectilignes et parallèles. La loi, établie expérimentalement,
peut être étendue au cas d'un écoulement monodimensionnel de direction quelconque. La loi de
Darcy exprime que la vitesse est proportionnelle au gradient hydraulique :
. 2.2‐3
v est la vitesse de Darcy en m/s
i est le gradient hydraulique, sans dimension
est une caractéristique du sol et est appelé coefficient de perméabilité. Sa dimension est celle
d’une vitesse puisque n’a pas de dimension. Ce coefficient peut être également défini comme la
vitesse de percolation sous gradient hydraulique constant. Le tableau ci‐après donne quelques
valeurs de perméabilités.
Type de sol Qualificatif
gravier >1 Très perméable
Sable grossier >10 Perméable
Sable fin 10 … 10 Moyennement perméable
Limon 10 … 10 Peu perméable
Argile < 10 (Quasi) imperméable
La Loi de Darcy est très utilisée : c'est une loi linéaire à un seul paramètre. Cependant, elle présente
des limites. D'une part, à grande vitesse, on observe une perte de la linéarité car l'écoulement
devient turbulent, et d'autre part, dans le domaine des faibles vitesses on observe qu'il faut un
gradient d'initiation pour atteindre le domaine de Darcy.
Figure 4 Les limites de la loi de Darcy
6
Chapitre 1 Problèmess pratiques posé
és par l’eau dan
ns le sol
O
October 29, 201
12
2.2.4 L
L'équation de Laplace
e
La loi de Darcy débouche sur l'éq
quation Laplaace.
Figure
e 5
Pour un sol homogèn
ne isotrope, on réécrit D
Darcy pour le cas bidimen
nsionnel :
.
2.2‐4
.
Quantitéé d’eau qui rentre = quan
ntité d’eau q ui sort.
2.2‐5
mplification, on obtient ::
Après sim
2.2‐6
0
En tenan
nt compte dee 2.2‐4, on obtient
2.2‐7
0
Comme on est dans un milieu iso
otrope,
2.2 ‐8
7
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
L'équation de Laplace représente la conservation de la masse d'un liquide incompressible2.
Le couplage est l'effet d'une variable qui appartient à un certain domaine sur un autre domaine
Dans un milieu continu, l’étude des contraintes se fait de
manière classique en mettant en jeu les théories de la résistance
des matériaux et de l’élasticité. Dans le cas des sols, ces
concepts doivent être adaptés. En effet, les sols sont formés
d’empilements de particules entre lesquelles se trouvent des
vides occupés par de l’eau et ou de l’air. De ce fait, l’étude des
problèmes de stabilité nécessite la connaissance des
distributions de contraintes entre les phases solides, liquides et
gazeuses.
Dans le cas d’un sol granulaire, soumis à un système de forces Figure 6 Les contraintes
extérieures , la contrainte totale vaut :
∑ 2.3‐1
→
La contrainte totale a une orientation quelconque par rapport à la direction de .Celle‐ci peut se
décomposer en une composante normale et tangentielle à considérer dans les différentes
phases. Dans la phase solide on a donc une contrainte effective ′ dont la composante tangentielle
se dénote et . Etant donné que la phase liquide ne reprend pas de contraintes de cisaillement ,
la contrainte est une contrainte normale : | | . De la même manière on a pour la
2
L'eau peut‐elle être considérée comme un liquide incompressible ?
D'un premier abord, l'eau n'est pas vraiment incompressible vu la présence de bulle d'air. Soit K est la
∆
compressibilité volumique,
∆
Or
2200
10 100
≫
8
Chapitre 1 Problèmess pratiques posé
és par l’eau dan
ns le sol
O
October 29, 201
12
phase gaazeuse et | | . Dans la majori té des cas o
on peut conssidérer que ll’air présent dans les
vides se trouve à la p mosphérique et donc e
pression atm est nulle.
La contraainte totale s’exprime te
elle que :
Ou eencore 2.3‐2
omène méc anique messurable direcctement (paar des capteurs). La
La contrrainte totalee est phéno
pressionn interstitielle est phéénomène hhydraulique mesurable directemennt (piézomè ètre). La
contrainte effective n'est pas dirrectement m mesurable. Dans un sol, la a contrainte totale est la somme
de la con
ntrainte effective et de laa pression innterstitielle. SSi u varie, ′ va varier carr ne varie pas.
Il y a un couplage en
ntre la contra
ainte effectiive et la presssion interstitielle.
Tout d'aabord, c'est la phase liquide qui poorte la totalitté de la surcharge : la ppression inte
erstitielle
augmentte. La contraainte effectivve ne variee pas instantanément. Qu uand l'eau innterstitielle m
mise sous
pressionn commence à s'échappe er du sol, ce ssont les grains qui reprennent la surccharge : la co ontrainte
effectivee augmente alors que la a pression innterstitielle diminue.
d La contrainte
c tootale reste la même.
Une app plication de contrainte se répercutee instantané ément en unne augmenttation de la pression
interstitielle. Une diminution
d de la presssion intersttitielle provo oque une aaugmentatio on de la
contrainnte effectivee. Il s’agit donc
d d’une réponse hyd draulique à un stimuluss mécanique e et vice
versa.
Figgure 7
9
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
2.3.2.1 Cas géostatique d’un sol bicouche sec
2.3‐3
Figure 8
Le
diagramme se présente se dessine comme indiqué à la Figure 8.
Soit une masse de sol homogène submergée par une nappe phréatique au repos. Le niveau
phréatique se trouve à une hauteur H au‐dessus du niveau du terrain. Le sol immergé est de poids
volumique . La contrainte verticale totale à la profondeur z vaut le poids des terres saturées
additionné à celui de l’eau.
Figure 9
10
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
é . . 2.3‐4
. 2.3‐5
. . . . . 2.3‐6
. .
. 2.3‐7
.
L'eau est immobile : .
Soit une masse de sol homogène dans laquelle se trouve une nappe libre au repos. Le niveau
phréatique se situe à la profondeur . Sous ce niveau, le sol est (quasi) saturé et est de poids
volumique . Au‐dessus de ce niveau, le poids volumique est ( si le sol est sec dans cette zone,
, si le sol est humide)
Figure 10
Pour 2.3‐8
2.3‐9
Pour
′
11
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
2.3.2.4 Nappe libre hydrostatique avec ascension capillaire
Figure 11
Que se passe‐t‐il lorsque le niveau piézométrique est rabattu d’un niveau initial vers un niveau final ?
Pour ce faire, il suffit de considérer deux situations géostatiques :
Avant le rabattement :
.
. 2.3‐10
, .
Après le rabattement d’une profondeur ∆ :
.
. ∆ 2.3‐11
, . ∆
On peut donc observer par différence : , , , quelle que soit la profondeur ! Cet
incrément de contrainte devrait théoriquement se faire ressentir jusqu’à une profondeur infinie.
Cependant, le tassement se calcule par intégration de la formule de Terzaghi :
′, . . 2.3‐12
.
′, .
On constate que l’incrément relatif de contrainte diminue avec la profondeur, ce qui fait tendre
l’argument du logarithme vers 1 pour ∞. En pratique on limitera l’intégrale au domaine
. . / .
Le terme de compressibilité est aussi à prendre en considérations. Il faudra toujours être attentif à la
présence de sols très compressibles (tourbe, alluvions modernes,…). Ces sols n’ont quasi pas de
passé géologique et contiennent peu de structure. Ils sont donc susceptibles de provoquer de grands
tassements.
12
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Figure 12
Un problème posé par le rabattement de la nappe est celui du tassement des couches
compressibles, provoqué par l’augmentation des contraintes effectives. Il faudra veiller à ce que
ces tassements restent acceptables.
La nappe captive rencontrera les mêmes problèmes de tassements que la nappe libre.
, . . 2.3‐13
〖 log 〗 〖 . log 〗
1 , 1 .
2.3.3 Effet de l’écoulement sur la contrainte verticale lors d’un écoulement vertical
Le cas où l’écoulement de l’eau se fait verticalement est un cas fréquent méritant une attention
particulière. Il se présente lorsque la stratification naturelle invite à la superposition d’aquifères, ces
derniers évoluant de manière plus ou moins indépendante. Dès lors qu’un rabattement est imprimé
dans un aquifère partiellement ou totalement isolé d’un autre, un gradient vertical se crée entre
aquifères. Il importe d’identifier ce type de situation délicate lors de la reconnaissance géotechnique,
en étant attentif à la succession des couches de sol rencontrées, ainsi qu’aux différents niveaux
piézométriques mesurés le long d’une même verticale de forage ou de sondage (CPTU).
Soit une couche de sol d’épaisseur D et de poids volumique total γ_w soumise à un écoulement
vertical du fait de la différence de potentiel existant entre ses limites supérieure A et inférieure B. On
convient d’exprimer le potentiel par référence au niveau inférieur de la couche. Soit H la hauteur
d’eau au‐dessus de cette couche.
Si on considère l’équation de Bernoulli :
13
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Soient :
le potentiel au point A (m)
le potentiel au point B (m)
le potentiel en un point quelconque X (m)
2.3‐14
σ γ .z
Au point A les contraintes valent : u γ .z 2.3‐15
σ′ 0
En un point X la contrainte totale vaut : σ γ .H γ .z γ . H z γ′. z 2.3‐16
La pression interstitielle en X vaut u γ . h D z
2.3‐17
Et la contrainte effective :
σ
γ . H z γ .z γ . h D z
γ . H h D γ . z
γ . γ . z
γ . . γ . z
. .
2.3‐18
On a alors en dérivant . 2.3‐19
avec
2.3‐20
14
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
On peut exprimer l'influence de la vitesse d'écoulement (comptée positivement vers le bas puisque
développée ici dans le cas descendant) sur la contrainte verticale.
2.3‐21
.
Ayant récupéré une forme de la dérivée de la contrainte de compression verticale en fonction de la
profondeur qui est liée à la direction de l'écoulement et non plus a la définition conventionnelle d’un
gradient, nous pouvons généraliser vectoriellement pour la contrainte verticale effective, voire pour
le tenseur des contraintes effectives:
2.3‐22
. ou ′ .
On constate que l'écoulement de l’eau au sein du sol induit un champ de force volumique
proportionnel à la vitesse de Darcy. Ces efforts dits « de filtration » sont orientés selon la direction du
vecteur représentant la vitesse de Darcy. Cet effet peut s’apparenter à une modification du champ
gravitaire : à (γ') qui correspond au champ gravitaire effectif d’un sol simplement immerge s’ajoute
un terme exclusivement lié à l'écoulement. C’est comme si le sol s’alourdissait sous un écoulement
descendant, s'allégeait sous un écoulement ascendant, et s’inclinait sous un écoulement latéral. Ces
effets de champ sont à l’ origine de phénomènes de déstabilisation observés dans les talus, les
palplanches,…
Examinons 2.3/4 pour des cas particulier :
Pas d'écoulement
, ∶ .
, : la contrainte effective augmente dans le cas d'un écoulement vers le bas par
rapport au cas sans écoulement.
À la limite, le bas de la couche peut être à la pression atmosphérique et .
Alors, , . .
Et au point B, , , . .
, : On voit que la contrainte effective est diminuée par rapport à l'absence
d'écoulement. À la limite, la contrainte effective peut s'annuler.
On a donc et .
15
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Dans ce cas particulier, cette valeur limite du gradient hydraulique est appelée gradient critique. Il
vaut :
Sa gamme de valeur varie généralement entre 0.8 à 1.3
Le phénomène de boulance
Il est évoqué ci‐dessus l'annulation possible de la contrainte effective pour une valeur particulière
d'un gradient hydraulique. Si les contraintes entre les grains deviennent nulles et ce, sur toute
l’épaisseur de la couche, les conséquences sont encore plus graves dans le cas d'un sol pulvérulent :
En absence de cohésion (cas des sables), les contraintes de cisaillement, ne peuvent être reprises et
le sol se comporte comme un liquide dense de poids spécifique . On dit qu’il y a boulance. Un
sable se comportant de cette manière est dit sable boulant. La condition de boulance est le plus
souvent rencontrée lorsqu'une couche peu perméable surmonte une couche perméable dans
laquelle règnent des pressions d'eau, par exemple dans des d'ascensions du niveau phréatique d'une
nappe artésienne. Mais les risques sont aussi plus que présents dans des cas d'excavations de fouilles
soumises à des sous‐pressions (D diminue) ou en pompant l'eau dans de telles excavations (
augmente).
On vérifiera donc pour des sols pulvérulents présentant un écoulement ascendant que :
2.3‐23
L’apparition de la boulance peut être soudaine et causer de grands dommages. Une fois le
phénomène amorcé, il faut mettre en jeu des moyens considérables pour l’arrêter. Le déversement
de massifs très perméables (par exemple, de gravier) sur la zone boulante permet parfois de juguler
cet effet.
Si le gradient hydraulique tend à devenir supérieur au gradient critique, il y a entraînement du sol
vers le haut. Ce phénomène se remarque sous eau (fond marin, fond d’un canal, …) par une turbidité
plus ou moins étendue caractérisée par la mise en suspension des grains du sol dans l’eau. A l’aval
d’un barrage, son apparition entraîne une perte de portance de la zone aval du massif de fondation.
Elle peut être favorisée par la création de pressions interstitielles résultant d’un séisme (cf cours de «
Risques Géotechniques » ‐ LAUCE2176). La zone boulante peut se concentrer en des cheminées qui
servent alors d’exutoires privilégiés des pressions interstitielles autours desquelles sédimentent le sol
entraîné (on parle en anglais de «piping » dont l’orifice supérieur (exutoire) produit un « sand boil »).
Ce phénomène ne doit pas être confondu avec celui du soufflage ou du claquage du sol.
16
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Le soufflage ou le claquage
Le soufflage peut se présenter lorsqu’une perte de charge promouvant un écoulement ascensionnel
se concentre sur une couche moins perméable (soit pratiquement « imperméable »). Si la pression
hydraulique sous la couche imperméable tend à dépasser la contrainte totale géostatique à cette
profondeur, on comprendra aisément, par application du principe des contraintes effectives, que la
contrainte effective verticale s’annule, voire devrait devenir négative. Comme l’aquifère sous‐jacent
ne peut pas reprendre de traction, une poche d’eau (loupe) se crée à l’interface et se gonfle de l’eau
qui y arrive. Ceci se traduit par un soulèvement progressif de la surface du sol, allant jusqu’à rompre
la couche imperméable.
La sécurité vis‐à‐vis de cette situation embarrassante, voire dangereuse se détermine en comparant
la contrainte totale, au bas des couches moins perméables à la profondeur z, à la pression
interstitielle u :
. 2.3‐24
La situation de chantier mettant couramment en jeu ce phénomène se rencontre lorsque l’on creuse
une fouille sous laquelle existe une nappe captive ou semi‐captive : alors que la valeur de la pression
interstitielle u se maintient dans l'aquifère, l'épaisseur de couverture z se réduit. L’ingénieur veillera
à prendre régulièrement la mesure du niveau du fond de fouille afin d’alerter ses équipes a toute
velléité de soulèvement.
En cas de soulèvement, qui dans un tout premier stade reste réversible si l'épaisseur et la plasticité
de la couche imperméable le permettent, il sera envisageable d'améliorer la sécurité par
rabattement de la nappe captive. Ce dernier doit être cependant mesure pour ne pas provoquer de
tassement excessif. Si le soulèvement n’est pas précocement identifie, la fouille peut être perdue
(rupture de la couche étanche, enrayage de la fouille, sans compter les dangers matériels et humains
que cette surprise peut engendrer).
Une autre situation de chantier peut être rencontrée en cas d’injection (d’eau ou de coulis sous
pression) : on parle alors de claquage du sol. Cette facturation hydraulique peut être volontairement
mise en œuvre pour augmenter la perméabilité effective de formations géologiques, notamment
dans des applications pétrolières ou de remédiation géo‐environnementale (cf. Procédé « Hydrofrac
» en LAUCE2191).
Le phénomène du renard
Le phénomène du « renard » consiste en une rupture du sol en base de palplanche, instiguée par les
forces de filtration. La différence de charge hydraulique entre l’amont et l’aval provoque une
circulation d’eau contournant la palplanche par le dessous. Dans le cas homogène représenté sur la
figure 24, les lignes de courant et équipotentielles forment deux familles d’ellipses et d’hyperboles.
Sous un tel champ du gradient hydraulique, les contraintes effectives verticales augmentent du côté
amont (écoulement descendant) et diminuent du côté aval (écoulement ascendant).
17
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Ces efforts concourent à mobiliser davantage la capacité portante du sol de fondation sous le pied de
la palplanche. Il s’agit donc de vérifier le coefficient de sécurité vis‐à‐vis d’une rupture de type
Prandtl (cf. LAUCE 1173) dans laquelle on négligera, en toute prudence, le terme de cohésion (sol
perméable) ainsi que le terme de surface, ne sachant pas à priori fixer la taille du mécanisme de
rupture.
Pour éviter le phénomène de « Renard », Il faut que , .
,
Avec , , les contraintes verticales au niveau du pied de la palplanche du coté amont et aval,
respectivement et . le facteur de portance selon Prandtl (on néglige le terme
de cohésion).
Le coefficient de sécurité (minimum 1,5) correspondant vaut :
, . 2.3‐25
,
En réalité, les écoulements dépendent de la distribution et des contrastes de perméabilité du sol.
Certains écoulements préférentiels peuvent favoriser l’entraînement local de fines particules. La
longueur du chemin hydraulique en diminue et le phénomène s’intensifie jusqu’à parfois former un
véritable terrier sous la palplanche, faisant mériter à ce phénomène son appellation de « Renard ».
Il est nécessaire de pouvoir modéliser le réseau d'écoulement (lignes de courant et équipotentielles)
pour effectuer le rabattement. Durant les cours précédents, le sol a été considéré comme un milieu
homogène et isotrope : on pouvait donc utiliser l'équation de Laplace et toutes les méthodes
développées pour la résoudre.
Or la réalité est tout autre : le sol est plutôt un milieu hétérogène et anisotrope. Cela aura pour
conséquence majeure la non perpendicularité des lignes de courant et des équipotentielles. Et par
conséquent, la non validité de l’équation de Laplace et de ses propriétés. Comment modéliser
l'écoulement dans ce cas‐ci ?
De nombreux sols sédimentaires sont constitués par des couches superposées de granulométries et
donc de perméabilités variables. La perméabilité est, parmi les propriétés des sols, une des plus
sensibles à l’anisotropie. Soit un terrain stratifié d’épaisseur H constitué de n couches horizontales
d’épaisseur Hi et de perméabilité k_i. On peut définir un terrain fictif homogène qui, dans les mêmes
conditions de perte de charge laisse filtrer le même débit. Si le problème à résoudre est plan, on peut
isoler une tranche verticale d’épaisseur unitaire (écoulement dans un plan vertical).
18
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
2.4.1.1 Écoulement parallèle au plan de stratification
la perte de charge est la même pour toutes
les couches (le gradient hydraulique est
donc aussi le même)
le débit total est la somme des débits de
chaque couche
Figure 14
Le débit total traversant horizontalement un tel massif
d’un mètre d’épaisseur vaut : . . .
De plus on sait que : ∑ ∑ . . .
En égalant ces deux équations on trouve que :
∑ . 2.4‐1
On peut affirmer que le coefficient de perméabilité dans le sens parallèle à la stratification égale la
moyenne arithmétique, pondérée par les épaisseurs, des coefficients de perméabilité de chaque
couche.
Soit le coefficient de perméabilité du terrain fictif homogène. En exprimant que :
∆ ∆
On a donc : et
Étant donné que : ∆ ∑∆
On obtient :
Figure 15
2.4‐2
∑
19
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
C'est‐à‐dire que le coefficient de perméabilité dans le sens perpendiculaire à la stratification égale la
moyenne harmonique, pondérée par les épaisseurs, des coefficients de perméabilité de chaque
couche.
Analysons comment se poursuit une ligne de courant
lorsqu’elle passe obliquement d’une couche isotrope
donnée (1) à une autre (2) de perméabilité isotrope
différente. On s’appuie sur le respect de deux conditions :
Figure 16
Ayant opté pour un repère local cartésien (t,n) suivant la tangente et la normale à l’interface entre
les couches 1 et 2, nous pouvons exprimer ces deux conditions mathématiquement par :
2.4‐3
2.4‐4
Appelant l’angle compté depuis la normale vers la ligne de courant, on en déduit :
2.4‐5
Ceci permet de conclure que le rapport des tangentes des angles d’incidence des lignes de courant
est égal au rapport des coefficients de perméabilité. Par respect de la condition d’orthogonalité des
équipotentielles avec les lignes de courant endéans chaque milieu isotrope, on peut également
affirmer que le rapport des tangentes des angles d’incidence des équipotentielles est égal à l’inverse
du rapport des coefficients de perméabilité. Tout se passe comme si, l’eau arrivant dans une couche
moins perméable modifie sa direction pour raccourcir son trajet (passer au plus court de l’épaisseur
mesurée selon la normale). Inversement, lorsque l’eau arrive dans une couche plus perméable, elle
s’oriente de sorte à allonger son trajet. Sachant que le contraste de perméabilité entre couche peut
atteindre plusieurs ordres de grandeur, on observe en pratique des filets liquides quasiment
20
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
normaux aux couches les moins perméables. Lorsque l’on considère une succession de couches
parallèles alternant de perméabilité, il est possible de construire le filet liquide oblique par une ligne
brisée. On comprend en tout état de cause, par ce passage à la limite (figure 17), que la ligne de
courant résultante ne sera pas perpendiculaire à la ligne équipotentielle résultante. L’équation de
Laplace n’est plus valable.Ceci permet de conclure que le rapport des tangentes des angles
d’incidence des lignes de courant est égal au rapport des coefficients de perméabilité. Par respect de
la condition d’orthogonalité des équipotentielles avec les lignes de courant endéans chaque milieu
isotrope, on peut également affirmer que le rapport des tangentes des angles d’incidence des
équipotentielles est égal à l’inverse du rapport des coefficients de perméabilité. Tout se passe
comme si, l’eau arrivant dans une couche moins perméable modifie sa direction pour raccourcir son
trajet (passer au plus court de l’épaisseur mesurée selon la normale). Inversement, lorsque l’eau
arrive dans une couche plus perméable, elle s’oriente de sorte à allonger son trajet. Sachant que le
contraste de perméabilité entre couche peut atteindre plusieurs ordres de grandeur, on observe en
pratique des filets liquides quasiment normaux aux couches les moins perméables. Lorsque l’on
considère une succession de couches parallèles alternant de perméabilité, il est possible de
construire le filet liquide oblique par une ligne brisée. On comprend en tout état de cause, par ce
passage à la limite (figure 17), que la ligne de courant résultante ne sera pas perpendiculaire à la
ligne équipotentielle résultante. L’équation de Laplace n’est plus valable.
Figure 17
Il est justifié de dire que le sol est un milieu anisotrope. En effet, très souvent les couches se sont
formées suivant des orientations proches de l’horizontale. Il est donc fréquent de rencontrer des
différences significatives de perméabilité entre les directions horizontales et verticales, spécialement
dans les terrains alluvionnaires. Dans ce cas, on a vu que le cheminement de l’eau est plus facile
selon l'horizontale.
On peut démontrer que le réseau d’équipotentielles et de lignes de courant dans un sol anisotrope
ne se coupent plus à angle droit. Dans ce cas‐là, il devient délicat d'utiliser l'équation de Laplace.
Comment surmonter cette difficulté ?
² ²
On redémarre de . .
² ²
21
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Dans ce cas l’équation de Laplace n’est plus vérifiée et les lignes de courant ne sont plus
perpendiculaires aux équipotentielles.
² ²
On peut réécrire l’équation par .
² ²
² ²
Ou encore avec . , ′ et
′² ′²
On voit que moyennant une distorsion de l'axe des abscisses, on peut retrouver l'équation de
Laplace. Il en découle une méthode de résolution des systèmes anisotropes. Un massif anisotrope
peut être transformé, par distorsion des axes, en un système isotrope fictif équivalent, dans lequel
les lignes de courant sont à nouveau perpendiculaires aux équipotentielles. Ceci permet d'utiliser
toutes les méthodes développées pour résoudre les problèmes de Laplace dans ce domaine
transformé. Une distorsion inverse permet ensuite de transposer le réseau ainsi construit vers le
domaine anisotrope de départ.
Figure 18
Soit la situation suivante : on aimerait étudier le réseau d’écoulement sous un barrage imperméable.
Ce dernier est construit sur un sol perméable caractérisé par les perméabilités et qui sont
telles que 4. . Le sol repose sur du bedrock.
Figure 19
22
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
On calcule 2. Ainsi, on sait que ′ / /2 et ’ . Cela veut dire que pour
obtenir un réseau orthogonal, il faut diviser toutes les dimensions dans l’axe des x par 2 (figure 20).
Figure 20
Il est possible de calculer le débit à partir du réseau des équipotentielles et des lignes de courant.
∆ 2.4‐6
∆ .∆ .
∆
: la perméabilité en m/s
∆ : la différence de potentielle
∆ : la distance entre 2 équipotentielles
Figure 21
∆ : la distance entre 2 lignes de courant
On peut montrer que la résolution des calculs de débit nécessite d’utiliser, dans le système fictif, un
coefficient de perméabilité équivalent qui vaut .
Figure 22
23
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Considérons l’écoulement en direction horizontale :
∆ ∆ ∆
Echelle naturelle : ∆ . → Echelle transformée : ∆ . .
∆ ∆ ∆
Echelle naturelle : ∆ ̅ → Echelle transformée : ∆
3 Mesures et observations
3.1 Mesure au perméamètre
Voir LAUCE 1172
L’essai de pompage est la manière la plus fiable de mesurer la perméabilité. Un puits filtrant est placé
dans le sol sur lequel on réalise un pompage. Des piézomètres mesurent la pression d’eau à diverses
distances du puits filtrants. Deux choses sont mesurées : le débit (pompe) et la différence de
potentiel (piézomètre). À partir de la loi de Darcy, on peut facilement calculer la perméabilité à
partir des deux mesures réalisées lors de l’essai de pompage.
En effet, en ayant connaissance du débit et de la
section considérée, on obtient la vitesse. Le gradient
est calculable car on connait différence de potentiel
et la distance entre les piézomètres.
En se basant sur la formule de Dupuit que l’on
abordera après :
Figure 23
4 Caractérisation
L’objectif de cette partie est de calculer le débit Q que l’on peut extraire d’un puits de rayon r
atteignant le substratum imperméable horizontal, de sorte à maintenir une hauteur d’eau
constante dans le puits, lorsque le régime permanent est atteint. Il convient pour cela de connaître la
surface de rabattement de la nappe. On se tiendra au cas des nappes libres qui subissent un
rabattement avec un puit.
24
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Le pompage dans une nappe entraîne un abaissement de sa surface libre et une modification du
champ d’écoulement. L’influence du pompage se fait sentir sur une certaine distance R (rayon
d’action) de l’axe du puits, que l’on adoptera comme limite du domaine. La surface de la nappe
prend la forme d’une surface de révolution.
On suppose avoir affaire à une couche perméable reposant sur un substratum imperméable à
surface horizontale. Plaçons un puits filtrant au droit duquel on soutire un débit Q. Dans le puits, le
niveau d'eau descend d'un niveau .
Le cas de la formule de Dupuit suppose les lignes de courant horizontales et les équipotentielles
verticales. Elle considère également la coïncidence entre le niveau de l’eau dans le puits et
rabattement dans le terrain au droit du puits
: le débit
: la surface de rabattement de la nappe
h : la hauteur du rabattement
: le niveau du puits
: le niveau de la nappe au puits
: la hauteur de rabattement maximale
(en r=R)
: le rayon (à partir du centre du puits)
: le rayon du puits
Figure 24
: le rayon à partir duquel le rabattement est
négligeable (Sichart)
Le puits est modélisé comme un cylindre de rayon r . Le débit à travers un cylindre de rayon r et de
hauteur z vaut
∂z 4.1‐1
Q KiA k. 2πrz
∂r
On peut écrire :
4.1‐2
2
On intègre entre et , et :
4.1‐3
2
25
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
On obtient la formule de Dupuit :
4.1‐5
Théoriquement l'effet du rabattement doit se faire sentir jusqu'à une distance infinie du puits. En
pratique, on a constaté qu'il existait un rayon d'action R au‐delà duquel le rabattement n'avait plus
d'effet. Une valeur empirique de ce rayon est donnée par Sichart :
4.1‐7
qui donne la relation de Q en fonction de . Connaissant Q la relation permet de dessiner la courbe
de rabattement.
La figure 25 donne la loi de variation AB de Q en fonction de
définie par l'équation précédente. On constate que plus le
niveau de l'eau dans le puits filtrant diminue, plus le débit
augmente. Si ceci est exacte pour des rabattements s assez
faibles, on arrive à une contradiction pour des valeurs faible
car à la limite ( 0) un débit maximum qui devrait filtrer à
travers une surface cylindrique AC nulle, ce qui est
manifestement impossible. Figure 25
Les critiques suivantes peuvent être faites à la formule de Dupuit :
Les lignes de courant sont supposées horizontales et les équipotentielles verticales même à
proximité du puits et même si le niveau de l'eau du puits est très petit;
La coïncidence entre le niveau de l'eau dans le puits et le rabattement dans le terrain eu droit
du puits, ce qui aboutit à une contradiction soulevée par le paragraphe précédent.
En fait on a constaté qu'il existait une hauteur critique au‐dessus de laquelle le niveau dans le
puits et dans le terrain coïncide tandis qu'en dessous, il y a une décrochement entre le niveau de
l'eau dans le puits , que l'on peut fixer arbitrairement en déplaçant le niveau de la pompe, et le
niveau de la nappe dans le terrain au droit du puits qui est fixé par des conditions hydrauliques, à
savoir que le gradient est limité par apparition de la turbulence.
Les relations de Dupuit sont valables pour des rabattements faibles, c'est‐à‐dire car on a
26
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
Figure 26
Cette formule approche mieux le phénomène physique que celle de Dupuit.
Tcharnyi a proposé une formule remplaçant l’équation de Laplace pout un écoulement à travers un
volume délimité par un plan horizontal (séparation entre un sol perméable reposant sur un
substratum imperméable).
Établissons la relation d’abord en coordonnées cartésiennes. On repassera en coordonnées
cylindrique pour le puits. Soit un volume ABCDA’B’C’D’ limité par une surface imperméable ABCD,
une surface libre A’B’C’D’ et quatre faces verticales parallèles aux axes Oxz et Oyz.
Figure 27
27
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
, , , 4.2‐1
On écrit le débit entrant dans le volume EFGH :
4.2‐2
En intégrant 4.2‐2 sur la surface ADD’A’ et compte tenu de ce que la vitesse dépend du potentiel (loi
de Darcy) :
4.2‐3
Le débit à travers cette face vaudra :
4.2‐4
Et le débit par unité de largeur de cette face vaut :
4.2‐5
Cette expression peut se transformer grâce à l’application de l’expression suivante donnant la formule
de dérivation sous signe d’intégration étant fonction de la variable par rapport à laquelle on dérive.
Si on a une fonction ,
La relation de Leibnitz nous montre
, 4.2‐6
, ,
Appliquons ceci à l’expression , , , soit :
,
, ,
4.2‐6 donne :
,
, ,
,
, , ,
, , ,
4.2‐7
On déduit de 4.2‐7:
, ,
4.2‐8
Par 4.1‐5 et 4.2‐1:
, ,
28
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
4.2‐9
, 4.2‐10
On pose: 3 , , ,
En remplaçant dans 4.2‐9, on obtient :
, 4.2‐11
On peut écrire une expression analogue pour .
,
4.2‐12
,
La relation de continuité à travers le prisme de la figure 27 mais de largeur et unitaire en et .
4.2‐13
0
Moyennant 4.2/14 :
4.2‐14
0
∆ 0 4.2‐15
C’est une relation de Laplace qui est exacte quelle que soit la variation du potentiel le long de la
verticale d’un point.
On peut rechercher une expression analogue en coordonnées cylindriques en symétrie axiale (Figure
28).
4.2‐16
,
En s’inspirant de 4.2‐11, le débit par unité de circonférence de rayon r vaut
4.2‐17
On trouve alors :
3
I est le potentiel de Tcharnyi : sa dérivée donne le débit par unité de largeur.
29
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
1 4.2‐18
0,
qui peut encore s'écrire,
0. 4.2‐19
Figure 28
Recherchons l’expression du débit et de la surface d’écoulement selon la formule de Tcharnyi :
La surface de l'écoulement libre est la résolution de l'équation
4.2‐20
0.
On intègre l’expression 4.2‐20 et on obtient :
4.2‐21
4.2‐22
Comment déterminer les constantes A et B ?
Sachant 4.2‐19 et 4.2‐21, le débit soutiré vaut donc :
2 2 2
4.2‐23
Donc 4.2‐24
Et si on l'introduit dans , on obtient :
2
30
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
4.2‐25
Calculons une valeur de d’après son expression originale en 4.2‐16. On connaît le potentiel en
∶ il doit valoir , la hauteur du puits
4.2‐26
,
2 2
Donc en introduisant cela dans 4.2‐25 :
4.2‐27
ln 4.2‐28
On peut ainsi éliminer B et obtenir :
4.2‐29
4.2‐29est l’expression de la surface AB. Elle diffère de celle de Dupuit.
4.2‐30
2 2
On introduit le tout dans l’expression
4.2‐31
2
et on obtient
4.2‐32
La valeur de est alors donnée par la formule de Sichart vue précédemment en 4.1‐6
La formule obtenue est la même que celle de Dupuit.
Or on remarque que 4.1‐7 et 4.2‐29 ne correspondent
pas ! Cela signifie que bien que les surfaces libres de
Dupuit et de Tcharnyi soit différentes, l'expression du
débit est la même.
Si on regarde la Figure 29, on voit qu'en réalité la
surface CD de Dupuit et plus basse que la surface ED
Figure 29
31
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
de Tcharnyi : il existe en fait une surface CE de suintement. Il reste à déterminer la position du
point E.
4.2‐33
2 2
Ce qui introduit dans la formule de Dupuit donne :
2
4.2‐34
Et comme on vient de démontrer que le débit défini par Dupuit est le même que celui de Tcharnyi,
on déduit de 4.2‐33 et 4.2‐29:
4.2‐35
On transforme l'expression , en intégrant par partie4 :
4.2‐36
| |
2
Si on appelle une valeur intermédiaire de entre 0 et z, on peut écrire :
1 1
. 4.2‐37
2 2
Ce qui en vertu de 4.2‐36 donne :
2 1
4.2‐38
Sachant que et que comme aucun point de l’écoulement n’est ascendant,
sont positifs, on a :
4.2‐39
Ce qui montre bien que la surface de Dupuit est située sous celle de Tcharnyi.
On peut montrer que les deux lignes se confondent sensiblement lorsque la tangente à la surface
libre est faible (<0.2).
Divers auteurs ont proposé des relations pour déterminer la valeur de , la position de E.
Pour dessiner la surface libre, on peut utiliser Dupuis tant que la pente n'est pas trop importante,
puis on calcule et on remie la partie de la surface de Dupuit acceptable à .
L'anisotropie a un effet : augmente avec
4
′
32
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
4.3 La formule de Sichart
Sichart et d'autres ont tenté de corriger la formule de Dupuit en fixant une limite au gradient
hydraulique le long de la surface libre AC. Sichart estime que cette limite est fonction du coefficient
de perméabilité k et propose la formule empirique :
4.3‐1
√
Le débit Q à pomper s'élève donc à :
2 4.3‐2
2
15
Le débit croit linéairement avec et est dessiné à la
Figure 30.
On peut formuler la critique suivante à la loi de Sichart :
lorsque le rabattement est nul ( 0 ), on
aurait (point C) un début maximum et si est nul. La
correction de Sirchart n'est pas satisfaisante.
Recherchons toutefois, la valeur pour laquelle des
débits donnés par (4.1/6) et (4.3/2) sont égaux.
Figure 30
On obtient :
ln 4.3‐3
15√ 15√
Si on effectue des mesures in situ en fonction de on constate que celui‐ci suit la loi ADE, c’est‐à‐
dire la loi de Dupuit aussi longtemps que le rabattement est faible ( ) puis demeure quasi
constant, quelle que soit la valeur de .
Un examen plus approfondi de la position de la nappe phréatique à proximité du puits filtrant
montre en effet qu’il existe une valeur critique à partir de laquelle il y un décrochement entre la
valeur de la nappe à proximité du puits et le niveau de l’eau dans le puits filtrant.
33
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
En première approximation on peut estimer que : , étant donné 4.3‐3.
5 Conception
5.1 Introduction
Le rabattement d'une nappe ne se conçoit pas à la légère. Il convient tout d'abord d'éviter certaines
choses :
Un débit de pompage trop faible car cela serait très problématique pour accéder à la
nappe.
Un débit de pompage trop élevé : le rabattement serait trop faible.
Le tassement des constructions avoisinantes.
Instabilités locales par entraînement de solides.
Colmatage des éléments d'exhaure.
Ensuite la méthode doit être systématique :
Reconnaissance géotechnique préalable (présence d'une nappe libre ou captive, de
sols compressibles)
Réalisation de modèles conceptuels. Comme on ne peut caractériser le site dans les
moindres détails, il faut modéliser le réseau d'écoulement pour avoir une vision
générale (méthode de relaxation, éléments finis,...).
Choix de la technique de rabattement : tranchées drainante, puits filtrants,...
Dimensionnement selon choix de l'équipement (Dupuit, Tcharnyi, Sichart,...)
Finalement le rabattement est un problème de potentiel qui doit être bien posé dans l'espace‐
temps. Il faut par conséquent avoir conscience de la géométrie du problème, c'est‐à‐dire, des limites
géométriques du domaine dans lequel le potentiel est recherché, et bien poser les conditions sur
toutes les limites. Le temps est également à prendre en considération sauf si l'écoulement est
permanent. Il faut enfin tenir compte des propriétés hydrauliques de milieu : sa perméabilité pour un
milieu homogène isotrope ou ses perméabilités pour un milieu hétérogène et anisotrope.
Le choix d'un équipement se fait en fonction de la situation à laquelle on est confronté. Le
rabattement peut s'effectuer soit au moyen de puits filtrants, soit au moyen de tranchées drainantes,
soit au moyen de drains horizontaux.
Signalons toutefois que dans les sols à granulométrie trop grossière, la nappe ne peut être rabattue
car le débit à évacuer est si important ( >1 cm/s) qu'il dépasse la capacité des pompes. Les sols à
granulométrie trop fine ( < 10 cm/s) ne pourront être drainé. Le procédé trouvera son principal
34
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
domaine dans les sables et les graviers fins. En utilisant le pompage sous vide, on peut reculer le
domaine d'application à une perméabilité de l'ordre de 10 cm/s.
En ce qui concerne, les puits filtrants, on peut soit utiliser un grand nombre
de puits de petit diamètre appelé « well‐point » (Figure 32) foncés par
injections, branché sur une batterie de pompes aspirantes, soit utiliser un
petit nombre de puits de plus grand diamètre au fond desquels sont placées
des pompes immergées refoulantes. Ce dernier procédé est plus couteux
parce qu'il exige l'exécution de forages importants tandis que le placement
des well‐points par injection est facile et rapide. Par contre si la nappe à une
profondeur supérieure à 8m, il faut utiliser des pompes immergées.
Figure 31
Figure 32
Les drains sont un moyen efficace pour faire évacuer de l’eau. Ils doivent cependant répondre à
certains critères. Un drain doit satisfaire à deux exigences, à savoir permettre une évacuation de
l’eau par augmentation de la perméabilité et retenir les grains du sol afin de s’opposer à une érosion
interne. Dans le cas de rabattement, il convient de retenir les éléments les plus gros.
Granulométrie
35
Chapitre 1 Problèmess pratiques posé
és par l’eau dan
ns le sol
O
October 29, 201
12
En générral, le drain eest constitué
é de couchess qui sont de plus en pluss perméabless vers l’intérieur.
Dans la ccouche drainnante la plus grossière onn place un tu
uyau par lequ uel l’eau est évacuée. Le
es
ouverturres prévues d dans le tuyau
u doivent êtrre suffisamm
ment petits ppour empêchher des éléments les
plus gross de la couchhe drainante grossière dee passer. On exigera que le diamètre e des trous sooit
inférieurr à deux fois le diamètre de la couchee drainante.
Figure 34
Epaiss eur
L’épaisseeur à donnerr à une couche d’un drainn est fonctio
on de deux co
onsidérationns :
Figure 35
36
Chapitre 1 Problèmes pratiques posés par l’eau dans le sol
October 29, 2012
6 Sources
Holeyman A., Transparents du cours et notes de cours de Géotechnique appliquée, Problèmes
pratiques posés par l’eau dans le sol, 2009
De Jaeger J., Thimus J‐F et Holeyman A., AUCE 1172 Mécanique des sols, septembre 2007
37