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La micro finance et la finance participative

Introduction

La lutte contre la pauvreté présente depuis plusieurs années une priorité des pouvoirs publics. Plusieurs politiques ont été
menées pour cette fin. Par conséquent, les résultats n’étaient pas à la hauteur des attentes. C’est ainsi qu’il s’est avéré que
l’une des raisons de ce mal social est l’inaccessibilité des personnes pauvres aux sources formelles de financement.

Face à cette situation, la micro-finance parait comme une condition nécessaire pour luter contre la pauvreté dans les pays
en voie de développement surtout dans notre pays ou il réside le fameux phénomène de la pauvreté qui n’a pas cessé de
torturer les gens, cultiver la haine et la vengeance entre eux et créer un déséquilibre qui émane d’un écart humain devenu
aujourd’hui un obstacle pour le développement économique et social.

Alors Peut-on considérer la micro finance et la fiance participative comme des moyens permettant l’amélioration de la
situation sociale et économique des pauvres?

I- La finance éthique et solidaire

La finance éthique et solidaire recoupe des réalités bien différentes, qui touchent aux méthodes mises en œuvre (dans la
gestion des fonds par ex.) et à la finalité des placements.
Le dénominateur commun est l’attention portée à des critères extra-financiers (social, développement, etc.). On l’appelle parfois
également finance alternative.

► Finance éthique
La finance éthique, ou Investissement socialement responsable (ISR), consiste à « intégrer des critères extra-financiers
(éthiques, solidaires, environnementaux et de gouvernance) dans les décisions de placements et la gestion de portefeuilles »

Les fonds éthiques permettent aux épargnants d'investir dans les grandes entreprises (en général cotées en bourse) ayant les
meilleures pratiques en matière sociétale et environnementale.

►Finance solidaire
De son côté la finance solidaire permet aux épargnants de soutenir des activités à forte utilité sociale. Elle recouvre deux
types d’ « investissement » :

- 1° prise de parts sociales d’entreprises spécialisées dans le financement et l’accompagnement d’activités solidaires
- 2° souscription de produits d’épargne solidaire.

En ce qui concerne l’épargne solidaire, l’éthique n’est pas dans la manière de gérer ces fonds, même si elle doit bien sûr être
transparente, mais dans la finalité de ceux-ci : soutien à une cause humanitaire, à un projet de développement, à l’insertion
sociale, etc.

II- la Micro finance

La micro finance désigne l’offre de produits et services financiers aux populations pauvres, exclues des systèmes
financiers traditionnels. Si le microcrédit est la dimension la plus connue de la microfinance, celle-ci comporte toutefois une
vaste gamme de produits et services, aussi indispensables que le compte courant, l’épargne, les transferts de fonds, ainsi que
l’assurance.

 Enjeux de la micro finance

-Outil efficace de lutte contre la pauvreté très médiatisé qui bénéficie d’une double légitimité au niveau international (Prix Nobel)
et local (success stories).

-Des services de qualité et diversifiés (microcrédit, épargne, microassurance) répondant aux réels besoins des
microentrepreneurs et des populations exclues des systèmes financiers traditionnels.

- Une cible réellement atteinte : femmes, personnes à faible revenu, jeunes, petits producteurs, etc.

- Effet de levier de l’inclusion financière permettant souvent une inclusion plus globale au niveau économique et social.

-Emancipation et indépendance des populations, et rupture progressive des liens de dépendance vis-à-vis de l’Etat, des
fournisseurs, des usuriers, etc.
 Genèse de la micro finance

Historiquement, la micro finance est intimement liée à la pauvreté. La naissance de la micro finance au Bengladesh représentait
une alternative aux formes de financement informel et une réponse à la réticence des institutions de financement classique à
desservir les pauvres. A savoir le micro crédit est une partie de la micro finance .

Microcrédit : C'est un prêt à la création ou au développement de très petites entreprises, pour des publics non
éligibles au système bancaire, faute de garanties réelles ou d'apport personnel suffisant »

GENESE DU MICROCREDIT

Bien que l'idée du microcrédit soit plus ancienne, au vu de certaines expériences comme celles de la caution
solidaire d'un groupe d'emprunteurs qui a vu le jour en 1956 au Cameroun ou les coopératives d'épargne et de
crédit parus au Ghana dans cette même période, la parenté de ce concept est attribué à Muhammad Yunus et sa
banque Grammen Bank au Bengladesh.

Origine du microcrédit

Muhammad Yunus, surnommé « le banquier des pauvres », le père du microcrédit et le fondateur de la Grammen
Bank qui lui a valu le prix Nobel de la paix, a déclaré qu'il n'avait pas préparé l'installation du système de
microcrédit et qu'il n'était pas doté de connaissances bancaires « Lorsque je me suis lancé dans cette aventure,
je n'avais aucune idée de ce dans quoi je m'engageais. ...Je n'avais par ailleurs aucune formation bancaire » a-t-il
déclaré.

Il est allé voir le directeur d'une banque pour lui demander de prêter de l'argent à des gens pauvres, mais la
réponse a été négative car le directeur jugeait cette catégorie insolvable. Yunus a donc décidé de se porter
garant des personnes qu'il voulait aider, et a emprunté lui-même de la banque pour reprêter aux pauvres qui en
avaient besoin, et c'était depuis, le lancement de son projet Grammen Bank fondée en 1976 et reconnue
légalement en 1983 comme une banque indépendante.

Il a réalisé cependant qu'il lui fallait développer un système qui garantirait le remboursement des prêts. Or, il est
difficile de demander une caution à ceux qui n'ont rien. Il a mis donc en place un système de « caution solidaire »
: les personnes désireuses recevoir un prêt doivent s'organiser en groupes de 4 ou de 5. L'un des membres de ce
groupe bénéficie d'un prêt et lorsqu'il rembourse, un autre peut à son tour contracter un crédit et ainsi de suite. Si
l'un des membres a des problèmes à rembourser, les autres doivent l'aider. La solidarité, la coopération et le
contrôle social constituent des substituts aux garanties matérielles traditionnelles.

 La micro finance au Maroc

1993: L'acte de naissance de la micro finance au Maroc par l'Association Marocaine de Solidarité et de
Développement (AMSED), qui a octroyé le premier micro-prêt à une femme. Largement inspirés du modèle de la
Grameen Bank, des associations spécialisées en micro finance sont créées.

1997: création d’Al Amana, seule association vraiment spécialisée dans la micro finance. Parmi les autres
associations qui octroyaient des petits prêts, seules Zakoura et AMSED avaient bénéficié des contacts directs
avec la communauté internationale de micro finance et donc suivaient certaines normes y relatives.

De part son dynamisme au Maroc, le secteur de la micro finance est reconnu comme un champion du microcrédit
dans la région du monde arabe.

 Cadre légal et juridique du micro crédit

Est considéré comme micro-crédit tout crédit dont l'objet est de permettre à des personnes économiquement
faibles :

- de créer ou de développer leur propre activité de production ou de service en vue d'assurer leur insertion
économique ;
- d'acquérir, de construire ou d'améliorer leur logement ;
- de se doter d'installations électriques ou d'assurer l'alimentation de leurs foyers en eau potable.
- de souscrire des contrats d'assurances auprès des entreprises d'assurances et de réassurance régies
par la loi n° 17- 99 portant code des assurances.
Principes de la micro finance

1. Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de prêts.
2. La micro finance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreté.
3. La micro finance est le moyen de mettre des systèmes financiers au service des pauvres.
4. Il est nécessaire d’assurer la viabilité financière des opérations pour pouvoir couvrir un grand nombre de
pauvres.
5. La micro finance implique la mise en place d’institutions financières locales permanentes.
6. Le microcrédit n’est pas toujours la solution.
7. Le plafonnement des taux d’intérêt peut nuire à l’accès des pauvres aux services financiers.
8. Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers, mais non les fournir
directement.
9. Le manque de capacités institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle.
10. L’importance de la transparence des activités financières et des services d’information.

La micro finance apporte des solutions partielles à la problématique de la pauvreté en accroissant les revenus
des populations bénéficiaires de ses programmes et en réduisant leur vulnérabilité. Elle permet aussi une
amélioration de l’accès aux soins, à l’éducation, au logement ainsi que la hausse de la confiance et de l’estime de
soi. En effet, elle fournit:

 des opportunités nouvelles pour les micro-entrepreneurs


 un accès facilité au crédit en rapport avec l'objectif économique recherché
 un accès régulier au crédit et pour une somme plus importante en cas de non défaillance,
 un accès au crédit dans un cadre plus formel auquel peut être associé une formation professionnelle ou
un conseil aux micro-entrepreneurs.

Elle est un outil de développement durable dans la mesure où Les microcrédits favorisent le développement local
: ils encouragent les artisans et entrepreneurs à faire évoluer leurs microprojets locaux. Le développement de ces
petits projets a un effet d’entraînement sur l’économie locale, à l’instar des gros projets dont les retombées ne
bénéficient pas aux plus pauvres. Ces projets ont des retombées sociales, en matière de développement humain,
de santé, d’éducation, de conditions de vie d’une manière générale.

III- Finance participative

La finance participative correspond a une finance collaborative dans la mesure ou elle vise a mettre en relation
des épargnants internautes avec une plate forme qui leur offre des opportunités d’utilisation de leur épargne
sous forme de prêts , a des projets qui correspondent a leurs convictions .

Finance participative ou encore crowdfunding est un mécanisme de financement de projets permettant de


collecter des sommes parfois très petites d’in très grand nombre de personnes .

 Les Modèles de financement participatif

il existe cinq modèles

le don : cas ou le donateur soutient une cause et ne reçoit aucune contrepartie de son don

la prévente : reward-based crowdfunding est particulièrement adaptée aux projets culturels ou artistiques, elle
permet a l’artiste de s’engager a remettre a chaque contributeur une contrepartie proportionnelle a la somme
promise par l’internaute.

La coproduction : est un mode de financement qui est surtout présent dans le milieu artistique. L’internaute
contributeur percevra suit a son investissement une contrepartie financière indexée sur la réussite du produit
culturel qu’il aura financé.

Le prêt : ou le prêt en peer -to-peer est un modèle de financement qui consiste en un prêt d’argent de particulier
à particulier.

La prise de participation : il s’agit de permettre aux internautes d’entrer directement ou indirectement au capital de
certaines sociétés qui cherchent de nouvelles sources de financement de leur investissement.
Les acteurs du crowdfunding sont les entrepreneurs qui cherchent a financer leurs projets ainsi que les
investisseur qui peuvent être des gens ordinaires ou bien des hommes d’affaires qui cherchent à investir leurs
argent dans des projets plus intéressants et plus innovants , et les plateformes qui ont pour rôle de faire
rencontrer porteur de projets et investisseur .

 Avantages du financement participatif

Ce type de financement a des avantages sur l’économie dans la mesure où il permet aux entrepreneurs qui n’ont
pas accès au service de crédit bancaire de financer leurs projets, il a ainsi des avantages sur les entrepreneurs
car il leur permet de diffuser leurs idées et de gagner la confiance des investisseurs et il a des avantages sur les
investisseurs eux même puisqu’il Le crowdfunding porte à leurs connaissances l’existence des idées et des
projets.

Le financement participatif comporte aussi des risques puisque les pratiques du crowdfunding se déroulent la
plus part du temps sur internet alors ils représentent pas mal de risques tant pour les entrepreneurs que les
investisseurs.

Les risques pour investisseurs :

 Un risque que l’argent collecté ne soit pas utilisés comme il est prévu;

 Risques liées au fraude.

Les risques pour l’entrepreneur :

 Manque d’information pertinente

 Dépense de temps et d’énergie dans un projet qui n’arrive pas finalement à séduire les gens.

Au Maroc Le crowdfunding est un peu connu, à partir des plateformes étrangères. En effet, des projets en lien
avec le Maroc ont été financé sur le site de la plateforme française Kisskiss bankbank, qui a récolté depuis mars
2010, date de son lancement, 24,57 millions d’euros, les projets concernant le Maroc occupent une dizaine de
pages. Notons que plus de 3.5 MDH ont été collecté pour financer des projets au Maroc à partir du
crowdfunding, mais le lancement d’une plateforme 100% Marocaine n’est pas possible.

En fait, les obstacles sur ce segment au Maroc sont diverses :

- Les défis logiquement liés au e-business;

-Les défis spécifiques aux services de l’économie collaborative;

-Les défis liés à un domaine socialement et politiquement sensible tel que la finance.

Cas pratique AL AMANA

AlAmana Microfinance est une association à but non lucratif, régie par le dahir du 15/11/1958 et les lois 18/97 et
58/03 relatives à l’exercice de l’activité du micro-crédit. Elle a été créée le 13 février 1997 et agréée en tant
qu’Association de microcrédit par le Ministère des Finances le 31 mars 2000.A sa création, AlAmana a bénéficié
de subventions d'exploitation et d'investissement d'un total de 110 M MAD, essentiellement en provenance de
l'USAID (48%) et du Fonds Hassan II (42%).

Ses Valeurs reposent sur :


• Des valeurs fondamentales : L'intégrité ; l'honnêteté ; la transparence et la responsabilité
• Des valeurs de progrès : Le goût de l'effort et de la persévérance ; le goût du succès ; la rigueur ;
l'engagement et l'altruisme
• Des valeurs professionnelles : La performance et le sens de l'innovation et
• Des valeurs collectives : L'appartenance et l'équité
Al Amana Microfinance offre des produits financiers de prêts individuels et solidaires destinés aux activités
génératrices de revenus, de prêts au logement, ainsi que des services non financiers d’accompagnement,
assistance et formations des microentrepreneurs, un service d’appui à la commercialisation et à la visibilité des
produits des clients.

Al amana offre des :

- Produits financiers Produits non financiers


- Prêt solidaire
- Prêt individuel entreprise accompagnement
- Prêt individuel au logement formation clients
- Appui et valorisation des clients
- Transfert d’argent renforcement di capital social
- Micro-assurance
- L’Assistance Médicale
- L’Assistance en cas de décès:

Conclusion

Le fait de considérer la micro-finance comme un moyen de lutte contre la pauvreté ne vient pas du
néant. En effet, La micro finance apporte des solutions partielles à la problématique de la pauvreté en
accroissant les revenus des populations bénéficiaires de ses programmes et en réduisant leur
vulnérabilité. Elle permet aussi une amélioration de l’accès aux soins, à l’éducation, au logement ainsi
que la hausse de la confiance et de l’estime de soi.

elle reste cependant un outil financier, on ne peut raisonnablement pas attendre qu’il résolve le
problème complexe et multidimensionnel de la pauvreté, c’est une solution incomplète, qui suppose
une complémentarité, avec d’autres outils de développement.

Il faut aussi relever que la micro-finance a été globalement critiquée avec ses programmes qui ne font
que concrétiser la pauvreté et la maintenir, puisqu’il a été constaté que des clients ne sont jamais
cesser d’être demandeur de micro-finance malgré les années (le cas de Grameen Bank des clients
ont 18 ans d’ancienneté). Ce qui va à l’encontre des missions présumées pour faire sortir les pauvres
du cycle vicieux de la pauvreté.

Pour que la micro-finance soit un moyen de lutte contre la pauvreté, il faut revoir ces techniques et
même les taux d’intérêts trop lourds pour les bénéficiaires. Et pour la finance participative (
crowdfunding) et après ce qui a été évoqué ci-avant La question réglementaire reste donc ouverte.
«Le Maroc doit offrir un cadre légal, transparent et vertueux au crowdfunding. Celui-ci crée de la
valeur, de l’emploi. Donc il serait dommage de se priver de cette source de financement.

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