FICHE PRATIQUE DE SÉCURITÉ
Les grues à tour sont
Les grues à tour peuvent être classées en
deux grandes catégories :
Les grues à montage par élément (GME) :
qui sont constituées par assemblage d’é-
léments de mâture, de flèche et de
contre-flèche. Les grues sont assemblées
par un moyen de levage indépendant, une
grue mobile.
Les grues à montage automatisé (GMA) :
qui sont dépliées sur le chantier et repliées
pour le transport. Le dépliage peut être
hydraulique ou mécanique (treuils et câ-
bles).
Les grues ont une capacité de levage ex-
primée en tonne x mètre, qui est le pro-
ED 128
Les grues à tour
duit de la charge levée à la portée maxi-
male par la portée maximale. Cette capa-
cité est généralement une appellation
commerciale.
LES RÈGLES DE CONCEPTION
DES GRUES
Dispositions réglementaires
Les grues mises sur le marché depuis le
1 er janvier 1995 1 doivent respecter les
règles de conception issues de la direc-
tive machine. Elles doivent donc être por-
teuses d’un marquage CE.
des équipements de travail
utilisés sur les chantiers
de construction pour le
déplacement des charges.
Elles en sont pas conçues pour
le transport de personnes.
Cette fiche effectue
le repérage des problèmes liés
à l’utilisation des grues à tour
et recense les textes applica-
bles.
Des éléments plus détaillés
sont repris dans la brochure
INRS ED 813 [E].
Les très hautes grues du viaduc de Millau. Leur taille ex-
ceptionnelle a nécessité l’emploi de monte grutier (cabine
jaune sur le côté de la mâture).© Yves Cousson
Ces règles sont contenues à l’annexe ci-
tée à l’article R. 233-84 du Code du Tra-
vail. Pour préciser les exigences essentiel-
les issues de la directive machine, une
norme européenne est en cours d’élabo-
ration :
prEN 14439 - Grues à tour - Sécurité.
Les appareils de ce groupe sont identifia-
bles par le marquage CE apposé sur la
plaque d’identification de l’appareil.
Les grues dont la mise en service est anté-
rieure au 1er janvier 19951 étaient visées
par les anciens textes réglementaires : dé-
cret du 23 août 1947 et par des normes
 françaises rendues d’application obliga-
toire :
NF E 52-081 : Grues à tour - Règles de calcul.
NF E 52-082 : Grues à tour - Règles générales de
sécurité.
Depuis le 5 décembre 2002, ces grues doi-
vent avoir été mises en conformité avec
les articles R. 233-15 à R. 233-41 du Code
du Travail. Le « Livret de vérification de la
conformité des grues à tour » édité par
l’OPPBTP est un document utile pour cette
mise en conformité.
La solution préconisée dans la note tech-
nique n° 20 de la CRAMIF [C] peut être
prise en référence :
- l’installation d’échelle inclinée dont la
volée n’excède pas six mètres,
- le décalage des volées d’échelle pour
créer un palier de repos tous les six mè-
tres.
L’installation d’un monte-grutier est éga-
lement une solution permettant de ré-
duire les risques.

Dispositions techniques
RÈGLES DE CALCUL
Les grues à tour sont équipées de disposi- POUR ÉVALUER LA STABILITÉ
tifs qui contribuent à garantir la stabilité DES GRUES AU VENT
de l’appareil :

- limiteur de charge, Lorsque les grues ne sont pas utilisées ou

- limiteur de moment (appelé aussi limi-
teur de couple),
- fin de course sur les mouvements de le-
vage, distribution, translation et quelque-
fois orientation,
- anémomètre sur la grue pour s’assurer
que les opérations de levage sont compa-
tibles avec la vitesse du vent sur la charge
ou sur la grue.
La grue peut également être équipée de
voyants extérieurs permettant d’informer
le personnel du chantier du mode de fonc-
tionnement de l’appareil.
Il est donc nécessaire de s’assurer quoti-
diennement du bon fonctionnement de
ces dispositifs.
Tous les défauts constatés sur ces disposi-
tifs nécessitent une réparation avant utili-
sation de l’appareil. Le constat de défaut
ainsi que l’opération de réparation seront
reportés dans le carnet de maintenance.
Les réparations peuvent nécessiter une vé-
rification de remise en service (voir plus
loin, chapitre règles d’utilisation).
Accès aux grues à tour
L’accès à la cabine de grue à tour doit faire
l’objet d’une attention particulière en rai-
son des risques suivants :
- chute de l’opérateur lors du chemine-
ment dans la mature,
- malaise dû à l’intensité des efforts phy-
siques fournis lors de l’ascension.
lorsque le vent dépasse le seuil de
72 km/h, les grues doivent être « en gi-
rouette ». L’ensemble flèche et contre-flè-
che est alors libre en rotation et s’oriente
dans la direction de plus faible prise au
vent.
Les tempêtes de décembre 1999 ont ré-
vélé un risque de renversement des grues
à tour en girouette sous l’effet d’un vent
violent, de vitesse supérieure à celle prise
en compte jusqu’à présent dans les nor-
mes de calcul.
Les constructeurs, regroupés au sein de la
Fédération Européenne de Manutention
(FEM) ont :
- actualisé le calcul de la vitesse maximale
du vent (Vmax) à prendre en compte
désormais. Cette vitesse dépend du lieu
d’implantation de la grue ;
- précisé les conditions de calcul de la
structure et de la stabilité.
Les vitesses à prendre en compte sont is-
sues d’une « carte des vents » qui précise
une vitesse de référence en fonction du
lieu concerné. La carte des vents est celle
mise en référence dans les règles Euro-
code 1 (XP ENV 1991-2-4 - sept. 1999).
La vitesse de référence issue de la carte
est une vitesse moyenne sur 10 minutes à
10 mètres au-dessus d’un sol de catégo-
rie II (rase campagne avec obstacle isolé)
avec une probabilité annuelle de dépas-
sement de 2 %. Cette probabilité de dé-
1 Entre le 1er janvier 1993 et le 1er janvier 1995, il
était possible de choisir les règles applicables aux
appareils CE.
passement est également dénommée pé-
riode de retour 50 ans, elle est reprise
dans les documents des constructeurs par
un indice (ex : C50 ou D50).
Le lien entre la vitesse de référence de la
carte des vents et le vent sur le chantier
(Vmax) n’est pas immédiat. Le vent de ré-
férence peut être modifié par l’environne-
ment du chantier et notamment :
- une topographie particulière (pente, pied
de falaise…),
- une rugosité de terrain (rase campagne,
centre ville…),
- un effet de site.
Il y a donc lieu de rechercher la valeur de
Vmax applicable sur le chantier suivant
l’annexe 5 de la recommandation R 406.
Cette valeur permettra ensuite de choisir
la configuration de la grue.
Depuis 2001, les constructeurs ont défini
des configurations de grues adaptées à
une utilisation en « zone C » et en « zone
D », calculées pour supporter les vents is-
sus de la carte.
Tableau I
Zone géographique Vitesse du vent à 10 m (Vmax)*
Zone C 140 km/h
Zone D 160 km/h
* Vitesse maximale instantanée de vent pour une période
de retour moyenne de 50 ans.
Pour une vitesse de vent supérieure à
160 km/h à 10 mètres, il faut demander

2 Fiche pratique de sécurité ED 128


© Yves Cousson
au constructeur une configuration spéciale
de grue.
Les courbes « Profil de vent C et D » repro-
duites dans la recommandation R 406 de la
CNAMTS fixent les valeurs du vent en fonc-
tion de la hauteur de la grue. Il en résulte
que plus une grue est haute, plus le vent
sur la flèche sera important. Le tableau I
donne la valeur du vent à 10 mètres.
Effet de site
Les effets de site sont des perturbations lo-
cales du vent dues aux constructions pro-
ches de la grue.
Ces effets peuvent fortement augmenter lo-
calement la vitesse du vent et ainsi provo-
quer la rotation de l’ensemble flèche et
contre-flèche. Il est donc nécessaire de re-
chercher la présence d’un effet de site avant
de procéder à l’implantation de l’appareil.
En règle générale, l’évaluation de l’effet
de site se fait à la hauteur de la flèche.
Dans ce cas, la vitesse de vent ainsi majo-
rée doit être comparée à la vitesse de vent
de calcul standard selon les profils de vent
« zone C » et « zone D » à cette même
hauteur (voir recommandation R 406 an-
nexe V, graphique des profils de vent) afin
de déterminer la configuration de la grue
à utiliser.
L’implantation d’une grue en « zone C »
soumise à un effet de site pourra nécessiter
l’utilisation d’une grue prévue pour la « zone
D », voire même d’une configuration spé-
ciale si la « zone D » n’est pas suffisante.
Grues construites depuis 2001
Les nouvelles règles de calcul de la stabi-
lité des grues ont été utilisées pour le cal-
cul des grues construites depuis 2001. Ces
grues ont une configuration de montage
« zone C » ou « zone D », il faut donc uti-
liser la bonne configuration sur le lieu
d’implantation.
Grues antérieures à 2001
Ces grues n’ont pas bénéficié des nouvel-
les règles de calcul. Avant une nouvelle
installation, il faut obtenir du constructeur
une configuration de montage « zone C »
ou « zone D ». Cette configuration néces-
site d’augmenter le lest de base de la grue
et peut conduire également à diminuer la
hauteur sous crochet de la grue et/ou la
longueur de la flèche.
RÈGLES
D’UTILISATION
Les mesures d’organisation et les condi-
tions de mise en œuvre des grues à tour
sont regroupées dans les articles R. 233-1
à R. 233-13-19 du Code du Travail [D].
Les vérifications
Les vérifications réglementaires sont ef-
fectuées en application de l’arrêté du
1er mars 2004 relatif aux vérifications des
appareils et accessoires de levage [B].
La vérification
de mise en service
Pour la grue à montage automatisé, sur
stabilisateurs, cette vérification doit être
réalisée dans toutes les configurations
(flèche horizontale ou inclinée, mouflage
2 et 4 brins, différentes valeurs de contre-
poids, portée maximale ou portée ré-
duite…).
Pour la grue à montage par élément, cette
vérification est effectuée avec l’aide du
constructeur.
La vérification
de remise en service
Cette vérification est effectuée sur les
grues à montage par élément à chaque
remontage de la grue mais également
lors de changement de configuration, à la
suite d’un accident ou remplacement d’or-
ganes essentiels tels que freins, poulies de
mouflage, limiteur (…).
Pour les grues à montage automatisé sur
stabilisateurs, il y a dispense de cette vé-
rification en cas de changement de site, à
condition que la vérification de mise en
service ait été effectuée dans la configu-
ration de montage et que la vérification
périodique date de moins de six mois.
Dans la pratique, il sera nécessaire d’ef-
fectuer l’examen d’adéquation lors d’une
nouvelle implantation.
Pour les grues à montage automatisé sur
rail, il faut procéder à la vérification de re-
mise en service.
La vérification
générale périodique
Elle a lieu tous les 12 mois sur les grues à
montage par élément ou pour les grues à
montage automatisé sur rail.
Elle a lieu tous les 6 mois pour les grues à
montage automatisé sur stabilisateurs.
L’examen approfondi
Les grues à tour doivent faire l’objet d’une
maintenance définie par le constructeur. Si
la maintenance prévue par le constructeur
n’a pas été réalisée, il faut procéder, tous les
5 ans, à un examen approfondi. Cet examen
a pour finalité de vérifier le bon état de
conservation de son ossature et de tous les
éléments essentiels, y compris ceux dont l’é-
tat ne peut être constaté qu’après démon-
tage (la structure et ses organes d’assem-
blage, les mécanismes de treuil, les
mécanismes de translation et dispositifs
d’ancrage, les mécanismes d’orientation et
de mise en girouette, les crochets, moufles
et chariots, l’ensemble des câbles et de leurs
fixations, les dispositifs de sécurité tels que
les indicateurs et limiteurs).
Le carnet de maintenance
Le chef d’établissement, s’il est propriétaire
de la grue, doit, au titre des dispositions de
l’arrêté du 2 mars 2004, établir et tenir à jour
un carnet de maintenance pour y consigner
toutes les opérations concourant à la main-
tenance des grues à tour. Cette obligation
nouvelle concerne les appareils en service à
compter de cette date, mais aussi ceux qui
sont déjà en service.
En cas de location, si la maintenance est ef-
fectuée par le loueur, il est admis que celui-
ci établisse le carnet de maintenance. Le chef
d’établissement utilisateur doit alors s’assu-
rer de l’existence et de la tenue du carnet.
ED 128 Fiche pratique de sécurité 3
 Le carnet de maintenance doit contenir :
a) les opérations de maintenance effec-
tuées en application des recommanda-
tions du fabricant de l’appareil ;
b) toute autre opération d’inspection,
d’entretien, de réparation, de remplace-
ment ou de modification effectuée sur
l’appareil.
Pour chaque opération sont indiqués la
date des travaux, les noms des personnes
et, le cas échéant, des entreprises les
ayant effectués, la nature de l’opération
et, s’il s’agit d’une opération à caractère
périodique, sa périodicité.
Règle d’implantation
d’une grue
L’implantation d’une grue doit tenir
compte :
- de la résistance du sol supportant la grue,
- du survol éventuel du domaine public par
la flèche ou la contre-flèche,
- du survol éventuel d’autres grues avec le
cas des risques d’interférence,
- de la vitesse du vent dans la zone du
chantier, augmentée par un éventuel effet
de site,
- du mouvement à effectuer avec les char-
ges en fonction de la situation de la zone
d’approvisionnement et de l’étendue du
chantier.
Ces contraintes sont quelquefois complé-
tées par des réglementations départe-
mentales ou municipales. Des arrêtés pré-
cisent les règles en vigueur sur le lieu
d’implantation de la grue.
Auteur : Patrick Laine. Contact : patrick.laine@inrs.fr.
Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
• •
30, rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 Tél. 01 40 44 30 00 Fax 01 40 44 30 99 Internet : www.inrs.fr e-mail : info@inrs.fr
4 Fiche pratique de sécurité ED 128
Il y a interférence entre grues lorsqu’il y a
recouvrement de leur zone d’action. La cir-
culaire ministérielle du 9 juillet 1987 [F]
fixe les mesures particulières de sécurité.
Afin de réduire le risque de collision, il
faut rechercher une implantation sans
interférence entre les grues.
S’il n’existe pas de solution sans interfé-
rence, il faut équiper les grues concernées
d’un dispositif anti-collision et procéder
aux essais de ce dispositif en application
de l’arrêté du 1er mars 2004.
Le risque de heurt du câble de la grue
haute par la contre-flèche de la grue basse
doit être évité si possible par une implan-
tation judicieuse des grues.
Formation des grutiers
Le conducteur d’une grue à tour doit être
en possession d’une autorisation de
conduite délivrée par l’employeur. Cette
autorisation est établie sur la base des élé-
ments suivants :
- un examen d’aptitude réalisé par le mé-
decin du travail,
- un contrôle des connaissances et du sa-
voir-faire de l’opérateur pour la conduite
en sécurité de l’équipement de travail,
- une connaissance des lieux et des ins-
tructions à respecter sur le ou les sites d’u-
tilisation.
Le contrôle des connaissances et savoir-
faire de l’opérateur peut s’effectuer par
l’obtention du CACES (Certificat d’Aptitude
à la Conduite En Sécurité). Les modalités
d’obtention de ce certificat sont précisées
par la recommandation R 377 « Utilisation
des grues à tour » [D].
• •
paru dans Travail & Sécurité, mai 2006 © INRS
Bibliographie
[A] Recommandation R 406 - Préven-
tion du risque de renversement des
grues à tour sous l’effet du vent.
[B] Circulaire ministérielle DRT 2005-04
du 24 mars 2005, relative à l’application
de l’arrêté du 1er mars 2004 relatif aux
vérifications des appareils et accessoi-
res de levage, de l’arrêté du 2 mars
2004 relatif au carnet de maintenance
des appareils de levage et de l’arrêté du
3 mars 2004 relatif à l’examen appro-
fondi des grues à tour (parus au Journal
officiel de la République française le 31
mars 2004).
[C] Note technique n° 20 de la CRAMIF
- Réduction du risque lors de l’accès aux
cabines de grues à tour.
[D] Circulaire DRT 99-7 du 15 juin 1999
relative à l’application du décret 98-
1084 du 2 décembre 1998 relatif aux
mesures d’organisation, aux conditions
de mise en œuvre et aux prescriptions
techniques auxquelles est subordonnée
l’utilisation des équipements de travail.
[E] ED 813 - Grue à tour manuel de sé-
curité à l’usage des conducteurs et du
personnel d’entretien.
[F] Note technique du 6 mars 1991 re-
lative à la circulaire ministérielle du
9 juillet 1987 concernant les mesures
particulières de sécurité dans le cas
d’installation de grues à tour dont les
zones d’action interfèrent.