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PILLET
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Docteur ès Sciences Agrégé d’Économie et de Gestion Docteur HDR en Sciences
de l’Ingénieur
Professeur émérite des Universités Ancien élève de l’ENS de Cachan Agrégé en Génie Mécanique
Université de Savoie Professeur à l’IUT d’Annecy (OGP) Ancien élève de l’ENS
Université de Savoie de Cachan
Professeur à l’IUT
d’Annecy (OGP)
Gestion de production
Quatrième édition
Gestion de production
et système d’information
1.1 Introduction
La gestion de production manipule un nombre très important de don-
nées. Elle est donc par nature intimement liée au système d’informa-
tion de l’entreprise et à l’offre logicielle présente sur le marché qui a
considérablement évoluée ces dernières années. En effet, alors que très
longtemps elle a été concentrée autour de la GPAO (Gestion de produc-
tion assistée par ordinateur) et des logiciels d’ordonnancement et de
suivi de production, on a vu apparaître de nombreux sigles nouveaux
(ERP, SCM, APS, MES…) que nous allons définir dans ce chapitre.
Cette évolution correspond à la fois à une évolution des fonctions de
bases intégrées dans les logiciels de GPAO, mais également à une inté-
gration de fonctionnalités connexes qui a considérablement modifié la
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Gestion de production
Nous verrons que, en suivant cette idée, les nouveaux logiciels corres-
pondent soit à une filiation des logiciels existant auparavant, soit à une
approche différente mais qui s’inscrit dans le même esprit de globalisa-
tion et de transversalisation.
2.1 Définition
Un ERP ou progiciel de gestion intégré (PGI) est destiné à la gestion
globale des différents flux de l’entreprise aux niveaux stratégique, tac-
tique et opérationnel. Il met en commun, pour les diverses entités et
fonctions, l’ensemble des données nécessaires à cette gestion dans une
base de données unique.
Nous reprendrons les définitions complémentaires données par deux
organismes réputés compétents en la matière : le CXP, organisme fran-
çais (Conseil sur les systèmes d’information à base de progiciels,
www.cxp.fr), et l’APICS, association américaine (American Production
Inventory Control Society, www.apics.org) de notoriété internationale.
Nous les compléterons par le standard extrait du marché.
Pour le CXP, un progiciel de gestion d’entreprise est dit intégré s’il véri-
fie l’ensemble des conditions suivantes : s’il émane d’un fournisseur
unique, garantit l’unicité de l’information, assure une mise à jour en
temps réel des données et fournit les éléments d’une traçabilité totale
des opérations.
L’APICS considère qu’un ERP est un système d’information orienté
comptabilité permettant de gérer toutes les ressources nécessaires pour
satisfaire le besoin du client. Il correspond à une extension des systè-
mes MRP2 comportant les technologies suivantes : base de données
relationnelle, architecture client-serveur, interface homme-machine
unifiée et commune, système ouvert…
Ces définitions ne donnent pas de précision sur les aspects fonction-
nels mais la concentration du marché sur quelques éditeurs permet
d’identifier clairement cinq domaines de compétence :
• gestion de la production ;
• gestion commerciale ;
GPAO GPAO
GPAO
Finances Ordonan Finances Finances Ordonan
Ordonnancement EAI
RH
RH Qualité RH Qualité
Qualité
… …
Comme nous l’avons vu, les éditeurs d’ERP ont opté pour le dévelop-
pement de gros logiciels couvrant l’ensemble des fonctions permettant
de gérer l’entreprise (figure 13.1b). La plupart du temps, ils sont partis
d’un noyau dur relatif à une application particulière (la production, la
finance…) et ont gonflé leur offre par développement d’applications
supplémentaires ou par intégration d’applications existantes. On
s’attend à ce que l’unicité de l’information soit assurée par une base de
données unique, commune aux divers modules. Ce n’est pas toujours
le cas mais l’utilisateur ne le voit pas a priori. Dans ce contexte, le rôle
des SSII a évolué vers le déploiement de l’ERP qui nécessite une
réorganisation en profondeur de l’entreprise, de ses données, puis un
paramétrage du progiciel devant s’adapter aux spécificités de l’entre-
prise. La SSII assurera en outre un certain nombre de développements
adaptés au fonctionnement spécifique de l’entreprise.
En effet, quel que soit l’ERP, il existera toujours dans un coin ou dans
un autre un logiciel traitant un point particulier du métier de l’entre-
prise qui aura besoin de communiquer. Dans ce cas, se reposera le pro-
blème de la connexion point à point des logiciels.
En ce qui concerne leur structure, les EAI les plus performants sont
organisés pour matérialiser, dans le système d’information, les proces-
sus de l’entreprise. Ainsi, en figure 13.2, on a représenté le processus
de revue de contrat existant dans le référentiel ISO 9000 de l’entreprise
matérialisé dans l’EAI. Bien que l’entreprise soit équipée d’un ERP très
sophistiqué, on constate néanmoins qu’il reste un certain nombre de
connexions nécessaires entre des applications très différentes :
Une application EAI performante doit être capable de décrire les procé-
dures de l’entreprise et de définir les connexions nécessaires entre les
différents systèmes. Elle doit bien entendu fournir les outils capables
de configurer toutes ces connexions depuis ou vers les différents systè-
mes hétérogènes.
Messagerie
Arrivée demande client
ERP Acceptation
commande
Fournisseur
Comme il vient d’être dit, les ERP sont des solutions lourdes à mettre
en place bien que modulaires. Les entreprises se font accompagner par
des sociétés de consultants qui doivent avoir des compétences à la fois
en organisation et en informatique.
3. Les MES
(Manufacturing Execution System)
3.1 Définition
Il s’agit d’une intégration au niveau de l’atelier. En effet, au niveau de
l’atelier, les nombreuses fonctions qui se sont développées ont donné
lieu à des applications informatiques : ordonnancement de la produc-
tion, suivi de production, suivi des heures et des personnes, gestion de
la qualité, suivi statistique de la qualité (SPC, pour Statistical Process
Control, ou MSP, pour Maîtrise Statistique des Procédés), gestion de la
maintenance, gestion de la documentation et des données techniques,
suivi des actions correctives.
3.2 Fonctionnalités
Les divers MES du marché présentent des différences parmi les
fonctions assurées car les éditeurs se sont souvent spécialisés selon
leur cible d’activité. Toutefois, on peut s’appuyer sur les onze fonction-
4. Les APS
(Advanced Planning and Scheduling)
4.1 Définition
Les APS ont commencé à apparaître au milieu des années 1990. Leur
positionnement par rapport aux progiciels de la gestion industrielle est
original. En effet, alors que les logiciels décrits précédemment n’opè-
rent que des transactions sur la base de règles définies a priori et
notamment sur celle édictant que seul l’homme fait des choix parmi
plusieurs possibilités, les APS vont au contraire introduire la prise de
décision.
4.2 Fonctionnalités
Il y a trois grandes familles dans les APS selon leur origine. Certains
proviennent de la logistique et du transport avec gestion des entrepôts,
d’autres dérivent de l’ordonnancement et enfin les derniers correspon-
dent à l’offre ERP. La majeure partie de l’offre vise la gestion globale de
la chaîne logistique.
5.1 Définition
Les SGDT (ou PDM pour Product Data Management) sont issus du
monde la CAO (Conception assistée par ordinateur). À l’origine, ils
étaient utilisés pour la gestion des données d’ingénierie mais ils ont
pris au fur et à mesure une tout autre dimension. Ils fournissent un
référentiel de données produit/process partagées par les acteurs de
l’entreprise, qu’ils soient créateurs ou utilisateurs d’informations sur
les produits. Leur vocation s’est donc étendue et ils constituent un sup-
port au système d’information centré autour du produit.
La gestion des données techniques est un point extrêmement impor-
tant pour une entreprise. Toutes les méthodes que nous avons
développées dans cet ouvrage reposent sur des données techniques.
Un point fondamental qu’il est bon de répéter est celui de l’indispensa-
ble fiabilité des données comme nous l’avons souligné au chapitre 6.
En effet, comment envisager de planifier et piloter une production avec
des données erronées ?
Mais d’un point de vue informatique, la difficulté ne s’arrête pas là ; en
effet, les données techniques doivent pouvoir être mises en forme
selon différents points de vue. Par exemple, à partir d’un produit fini,
je dois être capable de voir :
• l’arborescence des composants du produit ;
• pour chaque composant, la liste des opérations de fabrication ;
• pour une opération de fabrication, la liste des documents de tra-
vail nécessaires.
Cette première arborescence est une vision produit, mais on peut obte-
nir une vision processus en partant d’une instruction de travail sur un
poste pour lequel je veux connaître :
• la liste des opérations pour lesquelles elle est applicable ;
• la liste de composants concernés par cette instruction ;
• la liste des produits finis comportant un tel composant.
Tout d’abord, une première exigence d’un SGDT est de constituer une
sorte d’armoire électronique sécurisée puisqu’il assure le stockage,
l’accès sécurisé et le partage de l’information technique pour l’ensem-
ble des acteurs de l’entreprise.
Enfin, bien que non spécifique des SGDT, la gestion de projet est une
brique nécessaire dans la planification et le suivi des tâches et des
ressources à toutes les étapes de la vie du produit. À ce titre, c’est un
élément permettant le pilotage et l’intégration des processus informa-
tionnels aux niveaux décisionnel et opérationnel de l’entreprise.
6. Conclusion
Les ERP et les MES correspondent à la notion d’intégration des diffé-
rentes fonctions de l’entreprise et la création de processus transver-
saux. On y retrouve bien un noyau de progiciels de GPAO, de gestion
comptable ou financière qui se sont développés par ajout d’applica-
tions et de fonctionnalités autour d’une base de données commune.
On reconnaît là une évolution rationnelle et conventionnelle du sup-
port informatique de l’entreprise.
Au contraire, les APS correspondent à une intégration comportant un
esprit nouveau puisqu’il y a intégration de la décision et qu’il porte sur
l’ensemble de la chaîne logistique. Cette approche est donc beaucoup
plus révolutionnaire avec une filiation logicielle moins naturelle à par-
tir des logiciels de la gestion industrielle.
Quant aux SGDT, nous les avons cités ici car ils touchent aux diverses
fonctionnalités de la gestion industrielle et de ses processus transver-
saux. Ils ont la caractéristique d’être centrés sur les informations des
produits et constituent un sous-ensemble du système d’information.