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Direction de la Politique
Economique Générale
Adil Hidane
Fatima Bernoussi
Mouna Tourkmani
Novembre 2002
Constituant une sélection mensuelle des travaux menés par les cadres de
la Direction de la Politique Economique Générale, les documents de
travail engagent cependant la responsabilité des auteurs les ayant initiés.
Ils sont diffusés par la Direction pour approfondir le débat sur les
sujets en question et susciter des observations.
Table des matières
Synthèse 1
Introduction 4
2. Analyse des déterminants de l’attractivité des IDE dans les pays émergents 8
2.1. Evolution des IDE dans les pays émergents
Conclusion 30
Parmi les objectifs que les accords d’association euro- méditerranéens doivent
permettre d’atteindre, l’intensification des entrées d’IDE occupe une place prioritaire. Celles-
ci doivent jouer un rôle majeur pour crédibiliser le libre échange et transformer la transition
démographique en aubaine grâce à la canalisation d’une partie du supplément de l’épargne
européenne, en quête de meilleurs placement, vers les pays tiers- méditerranéens.
Contrairement aux attentes, l’IDE en direction des pays méditerranéens ne s’est pas
intensifié. Les réformes des codes d’investissement visant à rendre ceux-ci plus conformes
aux attentes des investisseurs étrangers et celles portant sur l’amélioration du climat des
affaires, n’ont pas permis d’accroître l’attractivité de ces pays pour l’IDE. De son côté, le
Maroc, avec un montant de 4 milliards de dollars durant la période 1998-2001, se situe dans le
standard des pays de la région sud- méditerranéenne. Sa part dans les recettes des IDE dans la
zone UMA est de l’ordre de 37% durant la période 1998-2001. Par rapport aux pays du sud
est de la méditerranée (PSEM), le Maroc détient en moyenne 17% des IDE durant la même
période.
1
Toutefois, malgré ces atouts, un certain nombre d’obstacles se dressent toujours
devant la promotion de l’investissement. Il s’agit de la volatilité et l’insuffisance de la
croissance économique par rapport aux ambitions du pays, l’étroitesse du marché intérieur,
l’importance du déficit budgétaire structurel, la persistance de rigidités sur le marché du
travail, la qualification insuffisante de la main-d’œuvre, la taille limitée du marché boursier
marocain et la fragilité de certains établissements financiers dont la restructuration est en
cours. De plus, les marchés financiers n’apportent pas suffisamment de soutien à
l’investissement productif à risque et le fonctionnement du système bancaire n’est pas encore
véritablement concurrentiel.
En plus des risques d’érosion qui pèsent sur sa compétitivité salariale du fait du
contexte de libéralisation générale des échanges dans le cadre de l’OMC (amorcée avec
l’accord multifibres), le Maroc se révèle moins compétitif par rapport à certains pays
performants de l’échantillon sur le plan de la technologie et des compétences. Les
infrastructures de télécommunications restent insuffisantes et le coût de la communication est
relativement élevé malgré la libéralisation du secteur entamé en 1996. Malgré la forte
impulsion apportée récemment par les pouvoirs publics, l’effort de recherche et
développement n’excède pas encore 0,7% du PIB en 2001 contre 2,7% en Corée du Sud.
En matière de stabilité sociale, il apparaît que le Maroc doit faire davantage pour
rejoindre les pays les plus performants de l'échantillon (Corée du Sud et Malaisie).
L'attractivité de notre pays fait également face à des coûts de transaction élevés (lourdeurs
administratives, système judiciaire insuffisamment performant, manque de transparence en
termes de gestion des entreprises,…), ce qui affecte la rentabilité des investissements privés,
tant locaux qu'étrangers. Enfin, le manque d’une vision prospective et l’absence d’un véritable
dialogue entre les agents économiques contribuent à générer un climat d’attentisme peu
propice à une relance économique réelle et durable.
2
En outre, il importe de réfléchir à la mise en place d’une agence unique en charge de la
promotion économique, telles que la KOTRA en Corée du Sud, l’Entreprise Ireland en Irlande
ou la PAIZ en Pologne. Cette structure pourrait coordonner la mise en œuvre des objectifs
définis dans le cadre de la stratégie d’attractivité des investissements directs étrangers, comme
la consolidation de l’image de marque du pays et la fourniture de prestations de services aux
investisseurs étrangers. En outre, cette démarche permettrait l’adoption d’une vision
cohérente unifiée et la coordination nécessaire de la promotion économique du Maroc, tant au
niveau global que sectoriel, ainsi que l’a annoncé la récente Déclaration Gouvernementale.
• rendre les infrastructures plus développées et accessibles avec une programmation précise
dans le temps de leur réalisation.
3
Introduction
Les IDE au Maroc ont connu un essor important dû en grande partie au démarrage en
1993 du processus de privatisation et à la conversion de la dette extérieure en investissement.
Toutefois, leur évolution se caractérise, à partir de 1996, par une certaine irrégularité. Après
avoir enregistré un niveau élevé en 1997 (10,5 milliards de dirhams) en liaison avec la
concession d’exploitation des centrales thermiques de Jorf Lasfar et la privatisation de la
SAMIR, les flux d’IDE à destination du Maroc ont accusé une baisse en 1998 et en 2000. Ils
ont atteint un niveau record de 30,6 milliards de dirhams en 2001, grâce notamment à
l’ouverture du capital de Maroc Telecom. Cette année, le Maroc a été, d’après le dernier
rapport de la CNUCED, le deuxième pays destinataire d’IDE sur le continent africain, après
l’Afrique du Sud (6,7 milliards de dollars).
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001*
Source : Office des Changes
* Chiffre provisoire
4
Les investissements émanant des pays de l’Union Européenne sont prépondérants pour
la période 1998-2001. La France occupe le premier rang (65,4%), suivie du Portugal (8,8%),
des Pays-Bas (5,4%) et de l’Espagne (5,2%). La part des Etats-Unis est de 4,2% seulement.
Le classement au deuxième rang du Portugal est attribué à l’importante participation
de ce pays à l’opération de la deuxième licence GSM en 1999, qui lui a permis de réaliser 5
milliards de dirhams d’investissements au Maroc en 2000 et à sa participation dans le capital
de FERTIMA.
Le rapport IDE/FBCF au Maroc s’est amélioré, passant de 5,3% au cours de la période
1988-1992 à 7,3% entre 1995 et 2000. Il reste toutefois inférieur à la moyenne des pays
émergents de l’échantillon qui est de 12,8% durant la période 1995-2000.
13 11,2
8
4,3 4,8
3,9
3,1
3
-2
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001*
Source : Office des Changes
* Chiffres provisoires
L’expansion des IDE réalisés durant les dernières années a bénéficié essentiellement
aux secteurs des télécommunications, de l’industrie et des banques.
L’essor des investissements dans le secteur des télécommunications s’est renforcé en
2001 enregistrant près de 24,4 milliards de dirhams du fait de la privatisation de 35% du
capital de Maroc Telecom, soit près de 75% du total des IDE en 2001.
Figure 3 : Structure des recettes des IDE au Maroc par secteur (en %)
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001*
TELECOMMUNICATIONS INDUSTRIE BANQUE IMMOBILIER
Source : Office des Changes
* Chiffres provisoires
5
1.3. Principales mesures adoptées en faveur des investissements au Maroc1
• l’adoption de la charte des investissements, en remplacement des codes sectoriels par une
législation unique et homogène et donnant lieu à des avantages fiscaux importants en
faveur des investissements.
1
Réf. annexe.
6
1.3.2. Les réformes d’ordre institutionnel
Afin de pallier les problèmes qui ont trait à la complexité des procédures et aux
lourdeurs administratives, les pouvoirs publics ont opté pour les mécanismes institutionnels
suivants :
• la promulgation de la loi sur les zones franches d’exportation et les places financières off
shore.
1.3.4. Le financement
Au niveau du financement, les pouvoirs publics ont mis l’accent sur le lien étroit qui
existe entre la dette extérieure publique et l’amélioration des investissements étrangers, et ce :
• mettre en place un certain nombre de lignes de crédit favorisant le partenariat entre les
entreprises nationales et étrangères.
7
1.3.5. Les mesures fiscales
Les pouvoirs publics ont veillé à la mise en place d’un cadre fiscal attrayant en vue
d’inciter davantage les investisseurs étrangers à réaliser leurs projets au Maroc. Il s’agit
notamment des mesures suivantes :
• l’adoption d’un cadre juridique permettant l’octroi d’avantages douaniers et fiscaux aux
programmes d’investissement d’envergure notamment ceux dont le montant dépasse 200
millions de dirhams.
• l’exonération totale de l’IS et de l’IGR des entreprises installées dans les zones franches
durant les cinq premières années d’exploitation et la réduction du taux de l’IS de 10 à
8,75% durant les dix années suivantes.
• la révision du code des douanes en vue de l’aligner sur les standards internationaux, de
mieux définir les responsabilités des divers intervenants, de différencier l’erreur de la
fraude manifeste et d’atténuer le barème des sanctions.
2. Analyse des déterminants de l’attractivité des IDE dans les pays émergents
Les flux d’IDE à destination des pays émergents ont fortement progressé durant la
dernière décennie, passant de 113,5 milliards de dollars en 1995 à 180 milliards de dollars en
2001. Toutefois, leur part dans l’IDE mondial a baissé de 36,5% en 1995 à 24,4% en 2001. La
crise financière internationale, le resserrement des conditions monétaires intérieures et la
difficulté de lever des fonds à l’extérieur, ont réduit le flux des investissements vers les pays
émergents, y compris les investissements directs à l’étranger.
Source : CNUCED
8
L’analyse des flux d’IDE vers les pays de l’échantillon fait apparaître que le Maroc se
situe dans le standard des pays émergents de la région méditerranéenne. Sa part dans les IDE
destinés à la zone UMA est de l’ordre de 42% durant la période 1995-2001. Par rapport aux
pays du Sud- Est de la Méditerranée (PSEM), le Maroc détient en moyenne 16% des IDE
durant la même période. Au sein de ces pays, la tendance des entrées des IDE a changé à
partir de 1995. C’est ainsi que :
• Les flux d’IDE à destination de la Turquie, stables depuis 1995, ont reculé en 1999 en
liaison avec la crise financière dans ce pays. En 2001, ils ont enregistré une forte
augmentation (3,3 milliards de dollars), essentiellement en raison des gains de
compétitivité occasionnés par la dépréciation du taux de change (60% entre février et
octobre 2001).
Les pays méditerranéens sont moins attractifs pour les IDE que le Chili, la Malaisie, la
Pologne et la Corée du Sud.
Source : CNUCED
• En 1999, les privatisations relativement importantes au Chili ont attiré une participation
significative de sociétés transnationales basées en Europe. Une bonne partie des
investissements est effectuée au Chili par des entreprises étrangères telles qu'Enersis, la
compagnie de l'électricité du groupe espagnol Endersa et Entel, l’ancien monopole du
téléphone public, actuellement contrôlé par Telecom Italia.
9
• Au cours des années 1999 et 2000, les flux d’IDE en Corée du Sud ont dépassé 9 milliards
de dollars par an. Cette reprise des IDE en Corée du Sud et dans la région de l’Asie de
l’Est en général s’explique par les efforts intenses déployés, notamment une grande
libéralisation au niveau sectoriel et une large ouverture à l’égard des fusions-acquisitions.
La chute, toutefois, des IED en Corée du Sud, à l’instar des autres pays de la région,
s’explique surtout par la faiblesse de croissance enregistrée au niveau mondial en 2001,
conjuguée à la faible confiance des entreprises ainsi qu’aux évènements du 11 septembre
2001.
• Les IDE en Pologne ont connu une hausse remarquable à partir de 1997. Les sociétés
transnationales de l’Union Européenne sont les principaux investisseurs en Pologne où la
taille du marché intérieur et la proximité géographique avec l'Europe de l'Ouest figurent
parmi les éléments déterminants en matiè re de choix de localisation d’IDE.
10
Grille des déterminants de l’attractivité pour l’IDE (Evaluation par rapport aux performances des pays de l’échantillon)
Source : DPEG
11
2.2.1. Les fondamentaux macroéconomiques
Le poids de la dette extérieure a été ramené de 69% en 1995 à 43% du PIB en 2001.
Ce repli est imputable au respect du calendrier des remboursements de la dette extérieure du
Trésor, aux opérations de reconversion, en investissements, d’une partie des dettes contractées
avec la France, l’Espagne, l’Italie et le Koweï t ainsi qu’au remboursement par anticipation de
certaines dettes onéreuses.
Les finances publiques ont été relativement assainies. Le déficit budgétaire a été
ramené à 3% du PIB sur la période 1993 -2001. Le taux d’inflation, plus faible au Maroc que
dans les pays de l’échantillon entre 1995 et 2001, n’a progressé que de 0,6% en 2001.
Figure 6 : Taux de croissance annuel moyen du PIB Figure 7 : Taux d'inflation moyens
(1995-2001) (1995-2001)
Tunisie 3,6%
Malaisie
Corée du Sud 4,1%
Pologne
Egypte 5,2%
Chili
Chilie 5,3%
Egypte
Pologne 13,7%
Tunisie
Turquie 73,7%
Corée du Sud
• Malgré l’importance des réformes structurelles entreprises par les pouvoirs publics pour
fixer les bases d’une croissance forte et durable, le rythme annuel moyen de progression
du PIB tendanciel est passé de 4,1% durant les années 80 à 2,9% au cours de la dernière
décennie. La croissance économique au Maroc reste insuffisante. Toutefois, l’économie
nationale a enregistré un taux de croissance de 3,8% l’an entre 1996 et 2001. Ce rythme
aurait pu être plus important, s’il n'avait pas été ralenti par la fréquence des sécheresses au
cours de cette période.
12
• Le déficit budgétaire structurel (4,5% du PIB en 2001) reste important en raison du
caractère incompressible des dépenses du personnel et de la dette, ainsi que de l’élasticité
insuffisante des recettes fiscales à la conjoncture économique à cause de l’importance du
secteur informel.
L’attrait d’un pays pour les IDE est aussi déterminé par un système fiscal simple,
moderne et transparent et par l’efficacité de l’effort d'investissement de l’Etat.
Ainsi, le Maroc figure parmi les pays de l’échantillon à taux moyen de pression
fiscale. Cette dernière ne s’établit qu’à 22% du PIB, et ce, pour relancer l’économie et l’ouvrir
sur l’extérieur.
La stabilité de la structure des recettes fiscales durant les deux dernières décennies
pourrait réduire la marge de manœuvre des pouvoirs publics en matière de compensation du
démantèlement douanier dans la cadre de l'accord d'association Maroc-UE. Cependant, une
croissance économique forte, accompagnée d'un élargissement de l'assiette imposable,
favoriserait les ajustements du taux d'imposition nécessaire, permettant ainsi d'atténuer, à
terme, la pression fiscale. Cela constituerait alors un facteur incitatif pour les entreprises
étrangères désirant s'implanter au Maroc.
Par ailleurs, les dépenses d’investissement public sont souvent considérées comme un
facteur d’attractivité des pays en raison de leur effet sur les autres secteurs de l’économie. Au
Maroc, l’investissement public, tenant compte des transferts effectués au profit du Fonds
Hassan II pour le développement économique et social, a atteint 8,1% du PIB en 2001 contre
5,6% en 2000.
Ce niveau reste en deçà de celui réa lisé en Tunisie où l’investissement public pour la
période 1995-1999 a représenté plus de 12% du PIB. En revanche, il est supérieur à celui
enregistré dans les pays de l'Asie du Sud où la baisse de l'investissement public par rapport au
début des années 90 enregistrée dans ces pays s'explique en grande partie par la participation
accrue du secteur privé dans la réalisation d'infrastructures de base indispensables à
l'expansion de l'activité économique.
13
2.2.3. La stratégie d’ouverture
2.2.3.1. Le degré d’ouverture
L’attraction de l’investissement est également tributaire du degré d’intégration à
l’économie mondiale. La Malaisie et l’Irlande, qui ont opté pour une politique d’ouverture au
début des années soixante-dix, ont connu un progrès remarquable de leur taux d’ouverture
(respectivement 161% et 119% en moyenne durant la période 1995-2000), contrairement aux
pays ayant adopté, par le passé, une stratégie de substitution aux importations (Egypte,
Turquie).
Egypte 30,6%
Turquie 36,2%
Pologne 44,2%
Chili 44,5%
Maroc 51,7%
Tunisie 70,3%
Irlande 119,1%
Malaisie 161,4%
Le Maroc, même si son insertion à l’économie mondiale a été relativement lente par
rapport à ses concurrents, dispose d’un marché des produits relativement ouvert. Son taux
d’ouverture a ainsi atteint près de 60% en 2001 contre 50% en 1995.
14
Pour ce faire, il importe cependant que les pays membres de la future zone de libre-
échange arabe surmontent les principaux facteurs entravant leur intégration économique,
notamment à travers :
2.2.3.2. La compétitivité-prix
La compétitivité-prix est une dimension importante de l’attractivité des territoires
nationaux. Les performances des entreprises filiales de firmes étrangères sur les marchés
d’exportation, comme sur le marché national, dépendent notamment de l’évolution des prix
des biens produits localement par rapport à ceux de la concurrence étrangère.
Ainsi, par rapport à la Tunisie, le taux de change effectif réel (TCER) du dirham est
légèrement supérieur à celui du dinar. Le TCER du dirham est plus élevé que celui du peso
chilien depuis 1999, suite à la suppression par le Chili du système de bande de change qui
prévalait jusqu’alors, et ce dans le but de préserver ses réserves de changes.
Par rapport à la Malaisie, le TCER du dirham est fort. Le ringgit a en effet dû faire
face à d’importants mouvements de désaffection des investisseurs internationaux suite à la
mise en place d’un système de contrôle des changes en 1998 en vue de renforcer les
institutions financières.
Tel n’est pas le cas pour les pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) qui disposent
de fortes marges de manœuvre en matière de dépréciation de leurs monnaies, ce qui leur
confère un grand potentiel d’amélioration de leur compétitivité extérieure.
15
Figure 9 : Evolution du taux de change effectif réel (base 100 = 1995)
145
135
125
115
105
95
85
75
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Source : SFI/FMI
Le coût des facteurs, singulièrement celui du facteur travail, joue un rôle déterminant
dans la décision d’investir à l’étranger. Au Maroc, le coût de la main-d’œuvre demeure
relativement bas par rapport aux pays industrialisés, avantage que ne détruit pas pour le
moment une productivité apparente du travail plus faible qu’explique une sensible montée des
effectifs employés dans l’industrie manufacturière. 2 Cet avantage n’existe cependant pas vis-
à- vis de l’ensemble des pays émergents concurrents 3 et serait même appelé à disparaître dans
un contexte de libéralisation générale des échanges dans le cadre de l’OMC (amorcée avec
l’accord multifibres).
La productivité apparente du travail est plus importante au Maroc qu’en Egypte et en
Tunisie, ce qui signifie que comparativement à ses homologues égyptiens et tunisiens, le
salarié marocain travaille plus efficacement. Autrement dit, les entreprises installées au Maroc
disposent, auprès de leurs salariés, d’un capital de dévouement et d’attachement, supérieur à
ceux que l’on peut rencontrer dans les pays arabo- méditerranéens concurrents.
A terme, le dynamisme de la population active qu’engendrerait les effets positifs de la
transition démographique dans notre pays pourrait favoriser l’apparition de gains de
productivité supplémentaires, à la condition de transformer ce dividende démographique en
aubaine grâce à un redéploiement des dépenses d’éducation et à leur extension à la résorption
à l’analphabétisme, l’allongement de la durée des études et l’amélioration de l’ enseignement.
Les apports de main-d’œuvre dans l’ensemble de l’économie dépendent également
d’autres facteurs, en l’occurrence le niveau d’activité et la qualité des actifs. Concernant le
premier facteur, les incitations au travail sont limitées par le système d’imposition : le coin
fiscal et social au Maroc paraît élevé, en particulier pour les revenus bas, ce qui est de nature à
provoquer, à long terme, une hausse des prix et une perte de compétitivité des entreprises
installées au Maroc.
S’agissant du second, la qualification de la main-d’œuvre reste encore faible dans
notre pays puisque 74% de la population occupée est non diplômée et seulement 15,5% de
celle-ci a reçu une formation fondamentale.
2
La productivité des industries méditerranéennes. CEPII, décembre 2001, n°16.
3
Le secteur manufacturier marocain à l’aube du 21ème siècle, 2002.
16
Par ailleurs, malgré la baisse du taux de chômage, la proportion des chômeurs
diplômés reste élevée, ce qui implique le risque de perte irréversible de capital humain.
L’attractivité d’un territoire pour les IDE dépend aussi des conditions de financement
de l’économie. A ce titre, elle est tributaire de la présence d’un système bancaire efficace,
essentiel pour assurer le financement des PME, de l’immobilier et des besoins de trésorerie
des entreprises et d’un marché de capitaux efficient capable de drainer une épargne longue
vers le secteur productif.
Ce dernier est ainsi resté fortement contraint du fait de la persistance d’un faible taux
d’intermédiation et de l’étroitesse du marché financier local. Alors que, dans les pays
développés, le rôle des marchés dans la recherche de capitaux pour les entreprises prenait
progressivement de l’ampleur au détriment des financements bancaires, et ce depuis le début
des années 80.
Dans les pays émergents, le secteur bancaire reste confronté, malgré l’amélioration de
la supervision et l’accélération de la mise en place de règles prudentielles, à d’importantes
lacunes. En effet, les banques s’y caractérisent par une grande aversion au risque, préférant
placer leurs liquidités dans les titres publics.
Tandis que les PME/PMI souffrent d'un accès limité aux financements en raison de
leur fonctionnement peu concurrentiel, la consolidation du secteur bancaire est de plus rendue
difficile en liaison avec le nombre élevé d’établissements bancaires contribuant, par une
concurrence accrue, à l’érosion de leurs marges.
De même, la dégradation de la qualité des actifs dû à une mauvaise conjoncture
internationale (crise asiatique, crise turque,…) affecte la rentabilité du secteur et pèse sur les
financements intermédié s. A cela, s’ajoute l’autonomie limitée des Banques Centrales, ce qui
ne leur permet guère de concentrer leur politique monétaire sur les objectifs de stabilité et de
croissance.
Le développement des moyens de financement direct à travers les marchés est resté
limité. Ces derniers n'ont pas pu concurrencer les financements bancaires malgré les réformes
initiées dans la majorité des pays émergents pour dynamiser l’activité boursière. Le processus
de réforme nécessite d'être poursuivi notamment avec le renforcement de l'épargne
institutionnelle, le développement de l'épargne salariale et le dynamisme de l'épargne
extérieure. Celle-ci ne représente que 10 à 20% de la capitalisation des places boursières
émergentes contre 70% sur les autres places internationa les.
17
S’agissant du Maroc, les conditions de financement de l’économie se sont
particulièrement améliorées durant la dernière décennie. Dès 1993, des réformes importantes
ont été accomplies, touchant l’ensemble des compartiments du système financier à savo ir le
système bancaire, les marchés de capitaux et l’épargne institutionnelle. Plusieurs mesures ont
été prises dont notamment :
18
Au Maroc, la baisse relative des marges, en lien avec la diminution tendancielle des
taux d’intérêt et le niveau encore élevé du coefficient d’exploitation, devraient peser
négativement à l’avenir sur la rentabilité des banques.
L’ouverture à terme du secteur bancaire à la concurrence étrangère devrait en outre
pousser les banques à la consolidation, tandis que le renforcement considérable des fonds
propres des banques, suite à la mise en conformité de notre système prudentiel avec les
standards internationaux, devrait soutenir le financement de l’investissement privé.
En revanche, le niveau de désintermédiation financière au Maroc est restée faible, ne
contribuant qu’à hauteur de 2% au financement de l’investissement. L’activité du marché des
changes est restée morose, tandis que l’épargne présentait une aversion au risque marquée, les
investisseurs accordant leur préférence à des actifs liquides, essentiellement monétaires, au
détriment des placements plus risqués (actions des entreprises,…).
Source : FIBV
Les efforts entrepris ces dernières années n’ont pas permis à la Bourse des Valeurs de
Casablanca d’atteindre une taille satisfaisante en vue de favoriser le financement des
investissements des entreprises au Maroc.
19
Ces mesures portent sur la création d'un comité de concertation entre le Ministère de
l'Economie, des Finances, de la Privatisation et du Tourisme et les professionnels, sur la
refonte du dispositif d'orientation structurelle de l'épargne vers la bourse et sur la régularité de
l'intervention future du Trésor pour éviter une évolution erratique des taux d'intérêt.
• la spécialisation de notre pays est restée concentrée dans des secteurs peu dynamiques
du commerce mondial (agroalimentaire, textile et chimie).
• en 2000, les exportations à contenu technologique intermédiaire ou fort ont été en deçà
de 12,4% du total des exportations de marchandises, contrairement aux pays asiatiques
de l’échantillon qui sont très intégrés dans les circuits internationaux des échanges de
haute technologie.
Les formations d’ingénieurs et de techniciens sont très insuffisamment représentées
dans le système éducatif national tourné davantage vers les sciences sociales, humaines et de
droit. Le taux brut d’inscription dans les filières scientifiques supérieures n’atteignait, en
1997, que 3,2%, tandis que la disponibilité sur le marché du travail d’employés qualifiés dans
les technologies de l’information restait moyenne, voire faible s’agissant des ingénieurs.
De plus, bien que la reconnaissance des compétences locales semble bien établie et
que les jeunes Marocains paraissent en mesure de tenir leur place dans une économie du
savoir, ainsi qu’en témoignent leurs intégrations réussies dans des entreprises européennes ou
américaines, le Maroc souffre de difficultés d’accès à la technologie étrangère : 18,5%
seulement de ses importations totales en 2001 concernaient les biens d’équipements.
20
Le système éducatif marocain n'a pas intégré complètement la formation
professionnelle dans un contexte où les ruptures technologiques se multiplient et où la
population active actuelle n’a reçu qu’une faible formation initiale. L’arrivée de générations
plus jeunes et mieux formées ne changera cet état de fait que progressivement. L’enjeu de la
formation professionnelle serait précisément de développer de nouveaux savoir- faire et de
compétences susceptibles de générer des avantages en matière de maîtrise des nouvelles
technologies et d’accès à la société de l’information.
Par ailleurs, avec une part des services de télécommunications dans le PIB qui ne
dépasse pas 2%, le Maroc reste en dessous des performances réalisées dans certaines
économies émergentes : près de 4% du PIB pour le Chili et la Malaisie. A terme, ce
pourcentage deviendra plus important avec le processus de libéralisation et d’octroi de
licences à de nouveaux fournisseurs de réseaux.
2.2.8. La stabilité sociale
La stabilité sociale figure parmi les facteurs agissant positivement sur l’incitation
d’investir. A cet égard, les ajustements macroéconomiques passés ne se sont pas accompagnés
d’un développement du bien-être social dans notre pays, ainsi qu’en témoignent les différents
indicateurs usuellement utilisés pour appréhender ce facteur, en l’occurrence le revenu par
habitant, l’indicateur de développement humain (IDH) et l’emploi.
Ainsi, en terme de PIB par habitant, le Maroc a enregistré, durant la décennie 1990, un
niveau de croissance insuffisant par rapport aux autres pays de l’échantillon, en liaison avec la
fréquence élevée des années de sécheresse.
21
L’IDH, indicateur composite représentant uniquement la longévité, l’instruction et le
niveau de vie dans un pays mais ne tenant pas compte de la qualité de vie, s'établit au Maroc à
0,602 point en 2000, contre 0,691 pour les pays à développement humain moyen et 0,747
pour les pays à revenu intermédiaire. Par rapport aux pays de l’échantillon, le Maroc est
classé 123ème (sur un total de 173 pays), tandis que la Turquie, la Tunisie et l’Egypte occupent
respectivement le 85ème, le 97ème et le 115ème rang, loin derrière la Corée du Sud (27ème), la
Pologne (37ème), le Chili (38ème) et la Malaisie (59ème). Cette disparité s’explique par la
faiblesse du revenu par habitant au Maroc, combinée à l’importance du taux
d’analphabétisme.
Tableau 2 : Evolution de l'Indice de Développement Humain
1997 1998 1999 2000
Corée du Sud 0,852 0,854 0,875 0,882
Pologne 0,802 0,814 0,828 0,833
Chili 0,844 0,826 0,825 0,831
Malaisie 0,768 0,772 0,774 0,782
Turquie 0,728 0,732 0,735 0,742
Tunisie 0,695 0,703 0,714 0,722
Egypte 0,616 0,623 0,635 0,642
Maroc 0,582 0,589 0,596 0,602
Source : PNUD, 2002
22
Des insuffisances relatives au droit de la propriété, aux rapports avec les
administrations et le système judiciaire conduisent en effet à une faible sécurité des affaires,
ce qui est de nature à accroître l’incertitude et à limiter les incitations à investir.
A cet égard, si les PECO ont atteint un niveau institutionnel au-dessus de ce que
suppose leur niveau de développement économique, le Maroc, à l’instar des pays de l’Asie
émergente et les PSEM, est en deçà de ce que laissent présumer ses performances
économiques.
Aussi, afin d’améliorer la qualité du cadre institutionnel, les pouvoirs publics ont- ils
notamment procédé à la constitution d’un comité interministériel auprès du Premier Ministre
chargé de mettre en place les mécanismes nécessaires au développement de l’investissement à
l’échelon national et régional, à la mise en place de Centres Régionaux d’Investissement et à
la création de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la
cartographie. Il a été également procédé à l’institution du mé diateur (Diwane El Madalim) en
charge de régler les différends qui opposent les particuliers à l’Etat.
Sur le plan administratif, la longueur des délais, la complexité des procédures et la
multiplicité des intervenants pour l’obtention des autorisations affectent l’activité
entrepreneuriale dans notre pays.
De même, le “Corruption Perception Index ” (CPI), qui est un indice 4 publié chaque
année par Transparency International, classe le Maroc au 54ème rang sur 102 pays en 2002,
derrière le Chili, la Tunisie, la Malaisie et la Pologne qui enregistrent de meilleures
performances. Parmi les pays de l'échantillon, la Turquie occupe le dernier rang après
l’Égypte.
Dans un contexte de mondialisation, la plupart des Etats cherchent à attirer les IDE.
Pour les PED, les IDE sont une source de financement extérieur privé importante et sont
également porteurs d’avantages comme le transfert de technologies, de compétences, de
capacités d’innovation, de réseaux internationaux de commercialisation et d’emploi.
4
Cet indice varie sur une échelle allant de 0 (le plus corrompu) à 10 (le moins corrompu).
23
L’analyse d’expériences réussies en matière de promotion des investissements
étrangers, à savoir la Corée du Sud, le Chili, l’Irlande et la Pologne, montre que les politiques
d’attractivité ont été orientées essentiellement vers l’amélioration des facteurs en relation avec
les déterminants fondamentaux de l’attractivité. Il s’agit de la simplification des procédures
liées à l’investissement, la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire stable et
transparent, une définition claire des droits et des obligations des investisseurs étrangers, la
mise en œuvre de politiques de valorisation du capital humain , de politiques commerciales
ouvertes et l’intégration dans des groupements économiques régionaux.
Les pratiques de ces pays montrent également l’existence d’incitations fiscales et
financières venant appuyer la décision d’investir, la mise en place d’organismes de promotion
des investissements performants ainsi que des incitations spécifiques à certains secteurs et à
certaines régions. Il s’agit notamment de l’assouplissement du dispositif de contrôle, la
création de zones franches, la libéralisation des systèmes de paiement, la convertibilité des
monnaies locales, la libéralisation des politiques économiques concernant la circulation des
IDE, la privatisation, l’élargissement des droits de propriété des investisseurs étrangers, le
rapatriement des capitaux investis et la signature de conventions visant à éviter la double
imposition.
3.1.1 Simplification des procédures et mise en place d’un cadre juridique stable avec une
définition claire des droits et obligations des investisseurs étrangers
• Un certain nombre d’obstacles transversaux ont été levés : suppression des obstacles à la
participation étrangère au marché des obligations des entreprises, de l’interdiction des
fusions et acquisitions hostiles et des plafonds de participation étrangère dans les sociétés
coréennes. Le marché financier a également été ouvert : les banques étrangères ont été
autorisées à établir des filiales et les sociétés étrangères peuvent depuis janvi er 2000 être
cotées à la bourse coréenne.
Au Chili, les IDE sont régis par le Statut de l'investissement étranger qui, depuis son
adoption, a considérablement accru les avantages octroyés aux investisseurs étrangers.
L'implantation d'une entreprise étrangère au Chili ne soulève pas de difficulté juridique
importante.
24
Cette législation est caractérisée par l’adoption d’une approche contractuelle entre
l’investisseur et l’Etat chilien. Dans ce cadre, l’Etat s’engage à une série d’obligations dont
celle de la non-discrimination entre investisseurs chiliens et étrangers. Considérant qu'il s'agit
d'un contrat obligeant l'Etat chilien, celui-ci n'est pas autorisé à le modifier de façon
unilatérale même si des normes légales sont dictées après sa souscription.
Les investisseurs étrangers ont la possibilité de faire appel d’une loi qu’ils jugent eux-
mêmes discriminatoire. L’appel se fait devant le comité des IDE, entité publique autonome
autorisée à agir au nom de l'Etat chilien pour habiliter les flux d'investissements étrangers, qui
doit se prononcer dans les 60 jours. En cas de refus du comité, l’investisseur étranger a la
possibilité de faire appel de sa décision.
Un IDE ne peut être exproprié, sauf sur la base d’une loi votée antérieurement à l’IDE.
En cas de litige, l’investisseur étranger a le choix entre la juridiction chilienne et l’arbitrage
d’une organisation internationale : Banque Mondiale ou une autre institution de l’ONU.
• Les textes déjà simplifiés et modernisés dès le début de la période de transition l’ont
encore été dans la perspective de l’adhésion du pays à l’UE, le droit polonais des sociétés
est aujourd’hui largement aligné sur les règles communautaires. Dans ce contexte, la
nouvelle loi sur les activités économiques entrée en vigueur en janvier 2001 fournit un
cadre général à la création d’entreprise et élargit la notion d’entreprise en donnant
notamment une définition des PME. Elle reconnaît un statut équivalent aux sociétés
étrangères et nationales régies désormais par un seul et même texte et limite les
interventions de l’Etat dans la vie économique en diminuant le nombre d’activités
soumises à autorisation. L’adoption du nouveau code des société s a permis de faciliter la
création, la transformation, la dissolution et la fusion-acquisition de sociétés, ainsi que les
augmentations de capital. Il autorise également la création de sociétés en partenariat et de
sociétés en commandite par actions.
• La Pologne n’oppose plus aujourd’hui d’obstacle à l’investissement étranger : la loi
libérale sur l’investissement étranger autorise les IDE voire même la détention de 100%
du capital d’entreprises par des intérêts étrangers dans tous les secteurs sans approbation
préalable de ces investissements.
La démarche de la Corée du Sud est également marquée par une protection des droits
des investisseurs étrangers. Ainsi, des moyens fiables de règlement des différends sont mis à
la disposition des investisseurs étrangers. Depuis 1999, le KOTRA (Korea Trade-Investment
Promotion Agence) met au service des investisseurs étrangers un médiateur « investment
ombudsman » dont la mission est d’apporter une solution aux difficultés rencontrées par les
investisseurs étrangers et les entreprises à participation étrangère. La Corée du Sud est
également membre du centre international pour le règlement des différends relatifs aux
investissements (CIRDI) de la Banque Mondiale et de l’Agence Mond iale de Garantie des
Investissements (AMGI).
25
Outre les Accords de Promotion et de Protection des Investissements (APPI) et les
Accords de Double Fiscalisation conclus avec d’autres pays, le Chili a adhéré à la Convention
portant création de l'Agence multilatérale de Garantie des Investissements (AMGI), laquelle
assure les investissements contre les risques politiques. Il a également signé la Convention de
Washington pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et
ressortissants d'autres Etats.
26
3.1.4 Politique commerciale ouverte et insertion marquée dans une dynamique régionale
Au Chili, une stratégie commerciale qui combine une libéralisation unilatérale des
échanges et un régionalisme ouvert a été mise en place.
• Le Chili a conclu des accords préférentiels bilatéraux et régionaux qui ont permis de
garantir un accès plus large des exportations chiliennes aux marchés internationaux :
accord d’association avec le MERCOSUR et accords de libre-échange bilatéraux avec les
pays latino-américains (Colombie, Equateur, Venezuela, Mexique, Pérou, Cuba,
Amérique Centrale) et le Canada. Cette orientation se poursuit avec le lancement en avril
1998 au sommet des Amériques des négociations relatives à la création d’ici 2005 d’une
zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) liant l’Amérique Latine et les Caraï bes à
l’Amérique du Nord. Ces négociations visent à éli miner progressivement les obstacles au
commerce des marchandises, des services et à l’investissement. En juin 1999, lors du
sommet de Rio de Janeiro, l'UE et le Chili ont décidé de lancer des négociations visant à
permettre la libéralisation bilatérale, progressive et réciproque des échanges.
La Pologne a développé son commerce extérieur et l’a très largement orienté vers les
pays de l’UE. La libéralisation des échanges dans le cadre de l’accord d’association signé
entre la Pologne et l’UE, entré en vigueur en 1992, a permis des baisses rapides de doits de
douane dont le taux moyen est de 3,7% en 2000.
En Corée du Sud, les incitations fiscales sont octroyées aux investisseurs étrangers en
fonction du contenu technologique et du lieu géographique de l’implantation.
27
• La nouvelle loi sur la promotion de l’investissement étranger a permis la création des
Foreign Investment Zones (FIZ) sur le modèle des zones franches à fiscalité pr éférentielle.
Ces FIZ font office de zones franches d’implantation qui offrent des avantages en termes
d’incitations fiscales (IS, droits de douane,…) et de soutien aux entreprises en termes
d’infrastructures (loyers). Ainsi, une exonération d’impôt sur le s sociétés pendant les sept
premières années d’activité et une déduction de 50% pour les trois années suivantes est
accordée aux entreprises dont l’investissement réalisé porte sur plus de 30 millions de
dollars US. Des incitations sont également accordées au niveau des droits de douane avec
notamment un paiement différé ainsi qu’une exonération sur certains produits
manufacturés. Au niveau des infrastructures, des loyers préférentiels équivalents à 1% de
la valeur du terrain sont accordés et ce pendant une durée de 50 ans. Dans les secteurs
spécifiques comme l’automobile et les hautes technologies, les entreprises n’ont pas à
acquitter de loyer.
Concernant les incitations spéciales aux investisseurs étrangers au Chili, il est
important de souligner que ce pays ne leur offre aucun type d'incitation fiscale, à l'exception
du régime fiscal spécial établi dans le statut d’investissement étranger.
L’impôt sur les sociétés (IS), la TVA et l’impôt sur le revenu des personnes physiques
(l’IRPP) ont été introduits après 1992. Le taux actuel (avril 2002) de l’IS est de 28%, il est
prévu qu’il baisse à 22% en 2004. Le taux de base de la TVA est de 22% avec des taux
minorés de 0%, 3% et de 7% applicables à certains produits et services. Les taux de l’IRPP
sont de 19, 30 et 40%.
28
3.2 Des organismes de promotion performants
En Corée, l’ensemble des actions de promotion des investissements étrangers est placé
sous la responsabilité du KOTRA (Korea Trade-Investment Promotion Agence). Cette agence
s’appuie sur un réseau de 101 bureaux dans 78 pays. Les missions diplomatiques ont joué un
rôle important en offrant aux investisseurs des informations sur la réglementation relative aux
investissements ainsi que sur les secteurs d’investissement porteurs.
En Irlande, des programmes de promotion qui visent à promouvoir des liaisons entre
les investisseurs et les entreprises locales ont été adoptés. L’action de l’organisme de
promotion « Entreprise Ireland » est orientée vers l’entreprise grâce à une représentation du
secteur privé au niveau du conseil d’administration. Le Conseil de « Entreprise Ireland » fixe
des politiques générales et délègue à la direction et à des sous -comités la responsabilité de
leur mise en œuvre. Dans le cadre de ses activités, le Conseil fonctionne selon les meilleurs
principes de la gestion d’entreprise adoptés par le secteur privé.
29
Conclusion
30
• poursuivre la réduction des charges des entreprises tout en procédant à l’amélioration de
leur condition de financement, en donnant la priorité à la PME.
31
Annexe :
Présentation des politiques menées par le Maroc
Pour soutenir la croissance économique, les pouvoirs publics ont déployé, depuis
1993, des efforts considérables pour promouvoir l'investissement à travers des mesures
d’ordre législatif, institutionnel, organisationnel et fiscal.
• l’adoption du code de commerce et des lois sur les sociétés, la promulgation de la loi sur
les groupements d’intérêt économique et de la loi sur la concurrence et la liberté des prix.
32
• l’adoption de textes de loi sur la protection de la propriété intellectuelle et de la propriété
industrielle et sur la création de l'Office Marocain de la Propriété Industrielle et
Commerciale.
Afin de pallier les problèmes qui ont trait à la complexité des procédures et aux
lourdeurs administratives, les pouvoirs publics ont opté pour les mécanismes institutionnels
suivants :
• la mise en place des centres régionaux d’investissement en vue d’asseoir les fondements
de la gestion déconcentrée de l’investissement et ce, conformément à la lettre Royale du 9
janvier 2002.
33
• la transformation de certains établissements publics à caractère industriel ou commercial
(EPIC) en sociétés anonymes en vue d’améliorer la gestion et de favoriser la transparence
et le renforcement du programme de contractualisation avec les EEP dans le but,
notamment, de rationaliser leurs programmes d’investissement.
• la poursuite du processus de désengagement de l’Etat à travers le programme de
privatisation et l’octroi de concessions (production indépendante d’électricité à Jorf
Lasfar, parc éolien de Koudia El Beida, distribution d’eau et d’électricité et
assainissement liquide au Grand Casablanca, à Rabat -Salé et à Tanger -Tétouan).
• la mise en place prochaine d’un cadre juridique régissant les concessions et autres modes
de partenariat public-privé.
4. Le financement
Les pouvoirs publics ont entrepris de mettre en place les instruments et les
mécanismes à même de garantir aux opérateurs économiques les sources de financement
nécessaires. Les mesures mises en œ uvre visent autant le financement du Trésor, le système
bancaire que le marché boursier :
• la mise en place d’une politique d’endettement intérieur du Trésor marquée par l’abandon
progressif des financements administrés au profit des financements aux conditions du
marché.
• la mise en œuvre d’une politique monétaire prudente permettant la détente des taux
d’intérêt et la stabilité des prix.
• la suppression du plancher d’effets publics qui s’inscrit dans un processus visant à libérer
davantage de ressources au profit des entreprises et à alléger les tensions qui pèsent sur les
taux d’intérêt.
34
• le renforcement de la réglementation prudentielle à travers, notamment, le réaménagement
du coefficient de division des risques, la révision du coefficient minimum de solvabilité,
le réaménagement du coefficient de liquidité et l’adoption d’un nouveau plan comptable
des établissements de crédit.
• la mise en place d’un marché hypothécaire par l’adoption de la loi sur les créances
négociables.
• la mise en place d’un certain nombre de lignes de crédits, nationales et étrangères, et des
fonds de garantie, destinés au financement de l’investissement et à la mise à niveau des
PME/PMI (FOGAM, FOGAFAM, Fonds de Garantie Européen). De plus, un Fonds de
Dépollution Industrielle a été mis en place et les critères d’éligibilité des entreprises à la
garantie du FOGAM pour le financement de leur mise à niveau ont été assouplis.
Les pouvoirs publics ont veillé à la mise en place d’un cadre fiscal attrayant pour les
investisseurs. Il s’agit notamment des mesures suivantes :
• l’adoption d’un cadre juridique permettant l’octroi d’avantages douaniers et fiscaux aux
programmes d’investissement d’envergure notamment ceux dont le montant dépasse 200
millions de dirhams.
• la révision du code des douanes en vue de l’aligner aux standards internationaux, ainsi que
la rationalisation et la simplification du tarif douanier par la réduction du nombre de
quotités tarifaires en douane.
35
• la simplification des procédures douanières en faveur de l’investissement à travers,
notamment, l’introduction des régimes de transformation sous douane, l’octroi de facilités
en faveur des biens d’investis sement importés par envois fractionnés et l’adoption de la
sélectivité des vérifications au moment du dédouanement.
• l’exonération totale de l’IS et de l’IGR des entreprises installées dans les zones franches
durant les cinq premières années d’exploitation et la réduction du taux de l’IS de 10% à
8,75% durant les dix années suivantes.
• l'abattement de 25% de l'IS pendant 3 ans en faveur des entreprises qui s'introduisent en
bourse entre le premier janvier 2001 et le 31 décembre 2003 et de 50% en cas
d'introduction accompagnée d'une augmentation du capital (dans le cadre de la Loi de
Finances 2001) à condition que les entreprises en question restent en cotation pendant une
durée minimale de dix ans.
Au niveau sectoriel, plusieurs actions ont été mises en œuvre en vue d’encourager
certains secteurs porteurs.
36
• Au niveau du tourisme :
- la signature d’un contrat-programme dans le but d'asseoir une véritable stratégie pour
le développement du secteur ;
- l’exonération des entreprises hôtelières nouvellement créées de l’IS ou de l’IGR sur la
partie de leur chiffre d’affaires réalisé en devises et ce, pendant une période de 5 ans,
et l’application d’une réduction de 50% au-delà ;
- la réduction du taux de la TVA de 20% à 10% en faveur de la restauration, la
réduction des droits d'enregistrement de 10% à 5% sur les cessions des fonds de
commerce du secteur touristique et la limitation de la valeur locative servant au calcul
de la patente à 50 millions de dirhams au profit des sociétés de service du secteur.
• Au niveau de l’enseignement :
37