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Royaume du Maroc

Direction de la Politique
Economique Générale

Diagnostic de l'attractivité du Maroc pour les


Investissements Directs Etrangers

Adil Hidane
Fatima Bernoussi
Mouna Tourkmani

Document de travail n°82

Novembre 2002
Constituant une sélection mensuelle des travaux menés par les cadres de
la Direction de la Politique Economique Générale, les documents de
travail engagent cependant la responsabilité des auteurs les ayant initiés.
Ils sont diffusés par la Direction pour approfondir le débat sur les
sujets en question et susciter des observations.
Table des matières

Synthèse 1

Introduction 4

1. Diagnostic de l’attractivité des investissements directs étrangers (IDE) au Maroc 4


1.1 Evolution des IDE au Maroc 4
1.2 Répartition sectorielle des IDE 5
1.3 Principales mesures adoptées en faveur des investissements au Maroc 6
1.3.1 les réformes d’ordre législatif 6
1.3.2. Les réformes d’ordre institutionnel 7
1.3.3. Les réformes d’ordre réglementaire et organisationnel 7
1.3.4. Le financement 7
1.3.5. Les mesures fiscales 8

2. Analyse des déterminants de l’attractivité des IDE dans les pays émergents 8
2.1. Evolution des IDE dans les pays émergents

2.2. Déterminants de l’attractivité pour l’IDE dans les pays de l’échantillon 10


2.2.1. Les fondamentaux macroéconomiques 12
2.2.2. Les finances publiques 13
2.2.3. La stratégie d’ouverture 14
2.2.4. La dynamique de la main-d’œuvre 16
2.2.5. Le système financier 17
2.2.6. Le développement technologique 20
2.2.7. Le développement des infrastructures de télécommunication 21
2.2.8. La stabilité sociale 21
2.2.9. L’environnement institutionnel 22

3. Enseignements tirés de l’analyse comparative de quelques expériences internationales 23


réussies en matière de promotion de l’IDE (Corée du Sud, Chili, Irlande, Pologne)
3.1 Les politiques actives de promotion des investissements étrangers 24
3.1.1 Simplification des procédures et mise en place d’un cadre juridique stable avec 24
une définition claire des droits et obligations des investisseurs étrangers
3.1.2 Protection des investisseurs 25
3.1.3 Valorisation du capital humain 26
3.1.4 Politique commerciale ouverte et insertion marquée dans une dynamique 27
régionale
3.1.5 Incitations fiscales 27
3.2 Des organismes de promotion performants 29

Conclusion 30

Annexe : Présentation des politiques menées par le Maroc pour promouvoir 32


l'investissement
Synthèse

Parmi les objectifs que les accords d’association euro- méditerranéens doivent
permettre d’atteindre, l’intensification des entrées d’IDE occupe une place prioritaire. Celles-
ci doivent jouer un rôle majeur pour crédibiliser le libre échange et transformer la transition
démographique en aubaine grâce à la canalisation d’une partie du supplément de l’épargne
européenne, en quête de meilleurs placement, vers les pays tiers- méditerranéens.

La montée de la concurrence entre les pays pour l’attraction de l’investissement


étranger fait que le choix du site d’implantation d’un projet obéit à des exigences de plus en
plus fortes de la part des investisseurs internationaux. Si la taille et le dynamisme du marché
intérieur constituent des conditions de base dans ce choix, il existe d’autre facteurs qui
commandent la décision finale d’implantation. Il s’agit des fondamentaux
macroéconomiques, de l’environnement des affaires, de la qualité de la main-d’œuvre, du
degré d’intégration à l’économie mondiale, de l’efficacité du système financier, du niveau de
développement des infrastructures et des télécommunications ainsi que la stabilité sociale et
politique.

Contrairement aux attentes, l’IDE en direction des pays méditerranéens ne s’est pas
intensifié. Les réformes des codes d’investissement visant à rendre ceux-ci plus conformes
aux attentes des investisseurs étrangers et celles portant sur l’amélioration du climat des
affaires, n’ont pas permis d’accroître l’attractivité de ces pays pour l’IDE. De son côté, le
Maroc, avec un montant de 4 milliards de dollars durant la période 1998-2001, se situe dans le
standard des pays de la région sud- méditerranéenne. Sa part dans les recettes des IDE dans la
zone UMA est de l’ordre de 37% durant la période 1998-2001. Par rapport aux pays du sud
est de la méditerranée (PSEM), le Maroc détient en moyenne 17% des IDE durant la même
période.

C'est dans ce sens que la Direction de la Politique Economique Générale (DPEG) a


mené une étude sur la situation du Maroc en matière d'attraction des investissements directs
étrangers et à comparer le niveau d'attractivité du Maroc par rapport à un échantillon de pays
émergents composé de l'Egypte, la Tunisie, la Turquie, le Chili, la Malaisie, la Corée du Sud
et la Pologne. La partie diagnostic qui est publiée de cette étude, a permis par ailleurs de
mettre en exergue quelques éléments d'une stratégie visant à faire accéder le Maroc à un
groupe de pays plus attractif sur le plan international.

Les atouts de notre pays en matière d’attractivité de l’investissement étranger résident


dans son ancrage résolument démocratique, son engagement dans une économie de marché
viable, la politique de stabilisation du cadre macroéconomique menée depuis le milieu des
années 80, les réformes structurelles réalisées, le renforcement de l’ancrage à l’euro suite au
réaménagement du panier de cotation du dirham en 2001 et le choix stratégique de
l’ouverture.

Celui-ci s’est concrétisé par la libéralisation du commerce extérieur, l’adhésion aux


accords du GATT en 1987, la simplification et l’harmonisation de la fiscalité douanière et son
alignement sur les standards internationaux et la signature de nombreux accords avec ses
partenaires dont l’accord d’association avec l’Union Européenne en 1996.

1
Toutefois, malgré ces atouts, un certain nombre d’obstacles se dressent toujours
devant la promotion de l’investissement. Il s’agit de la volatilité et l’insuffisance de la
croissance économique par rapport aux ambitions du pays, l’étroitesse du marché intérieur,
l’importance du déficit budgétaire structurel, la persistance de rigidités sur le marché du
travail, la qualification insuffisante de la main-d’œuvre, la taille limitée du marché boursier
marocain et la fragilité de certains établissements financiers dont la restructuration est en
cours. De plus, les marchés financiers n’apportent pas suffisamment de soutien à
l’investissement productif à risque et le fonctionnement du système bancaire n’est pas encore
véritablement concurrentiel.

En plus des risques d’érosion qui pèsent sur sa compétitivité salariale du fait du
contexte de libéralisation générale des échanges dans le cadre de l’OMC (amorcée avec
l’accord multifibres), le Maroc se révèle moins compétitif par rapport à certains pays
performants de l’échantillon sur le plan de la technologie et des compétences. Les
infrastructures de télécommunications restent insuffisantes et le coût de la communication est
relativement élevé malgré la libéralisation du secteur entamé en 1996. Malgré la forte
impulsion apportée récemment par les pouvoirs publics, l’effort de recherche et
développement n’excède pas encore 0,7% du PIB en 2001 contre 2,7% en Corée du Sud.

En matière de stabilité sociale, il apparaît que le Maroc doit faire davantage pour
rejoindre les pays les plus performants de l'échantillon (Corée du Sud et Malaisie).
L'attractivité de notre pays fait également face à des coûts de transaction élevés (lourdeurs
administratives, système judiciaire insuffisamment performant, manque de transparence en
termes de gestion des entreprises,…), ce qui affecte la rentabilité des investissements privés,
tant locaux qu'étrangers. Enfin, le manque d’une vision prospective et l’absence d’un véritable
dialogue entre les agents économiques contribuent à générer un climat d’attentisme peu
propice à une relance économique réelle et durable.

En conclusion, en plus de la consolidation des atouts du Maroc et de l'atténuation de


ses insuffisances, les expériences internationales réussies en matière d’attraction des IDE
montrent la nécessité de mettre en place une stratégie volontariste pour assurer une attractivité
permanente du territoire national pour les IDE.

Celle-ci doit veiller à la recherche d’opportunités d’investissement en phase avec les


atouts réels et potentiels du pays : valoriser l’avantage de proximité pour attirer les
délocalisations, favoriser la conclusion d’opérations de partenariat (sous formes de prises de
participation, joint- ventures,…) entre entreprises locales et firmes étrangères, impulser les
investissements des firmes multinationales à la recherche de nouveaux sites d’implantation
dans le cadre de la redistribution et la rationalisation de leurs processus de production et
attirer les capitaux des marocains résidant à l’étranger (favoriser le partenariat avec des
investisseurs du pays d’accueil,…).

Dans ce cadre, l’accélération de la mise en place des centres régionaux


d’investissement va permettre de doter notre pays de mécanismes nouveaux et professionnels
pour promouvoir l’investissement. Il convient de signaler que leur rôle ne se limite pas à la
mission traditionnelle du guichet unique, mais englobe des missions plus larges telle la mise à
la disposition des opérateurs économiques de données et informations à caractère
économique, l’assistance pour la création d’entreprises, le soutien et la facilitation des
investissements, l’exploitation des atouts et potentialités économiques régionales, la mise à
niveau et le soutien des entreprises, notamment celles se trouvant en situation difficile.

2
En outre, il importe de réfléchir à la mise en place d’une agence unique en charge de la
promotion économique, telles que la KOTRA en Corée du Sud, l’Entreprise Ireland en Irlande
ou la PAIZ en Pologne. Cette structure pourrait coordonner la mise en œuvre des objectifs
définis dans le cadre de la stratégie d’attractivité des investissements directs étrangers, comme
la consolidation de l’image de marque du pays et la fourniture de prestations de services aux
investisseurs étrangers. En outre, cette démarche permettrait l’adoption d’une vision
cohérente unifiée et la coordination nécessaire de la promotion économique du Maroc, tant au
niveau global que sectoriel, ainsi que l’a annoncé la récente Déclaration Gouvernementale.

Parallèlement à l’amélioration de l’environnement institutionnel, il s’avère opportun,


pour notre pays, de poursuivre la stabilisation du cadre macro-économique, mettre en œuvre
les réformes de seconde génération (administration, justice, législation du travail…) et
conduire des politiques pro-actives aux mutations de l’environnement national et
international.

De même, d’autres actions sont de nature à permettre la dynamisation de


l’investissement étranger au Maroc. Il s’agit essentiellement de :

• rendre les infrastructures plus développées et accessibles avec une programmation précise
dans le temps de leur réalisation.

• valoriser le capital humain et lutter activement contre l’analphabétisme en mobilisant


l’ensemble des composantes de la société.

• poursuivre la réduction des charges des entreprises tout en procédant à l’amélioration de


leur condition de financement, en donnant la priorité à la PME.

• dynamiser la diplomatie économique et favoriser l’intégration du Maroc dans le cadre


d’une dynamique régionale.

• appuyer le développement des secteurs d’activité où le Maroc jouit d’avantages


comparatifs significatifs, en accordant une attention particulière à ceux favorisant
l’émergence de l’économie du savoir.

• mettre en œuvre une politique d’aménagement du territoire. A ce propos, les articulations


entre les dynamiques sectorielles et les organisations territoriales jouent désormais, dans
un contexte de globalisation marquée, un rôle décisif dans le développement de la
compétitivité nationale.

• renforcer la stabilité sociale en développant la solidarité et le partenariat et en poursuivant


les politiques de lutte contre la pauvreté, particulièrement en milieu rural.

3
Introduction

L’investissement direct étranger (IDE), vecteur important de la mondialisation,


connaît actuellement un développement considérable. Son essor traduit d’une part,
l’intensification par un nombre croissant de sociétés multinationales de leurs activités à
l’échelle mondiale sous l’effet de la libéralisation de nouveaux secteurs à l’investissement et,
d’autre part, l’existence d’un surplus d’épargne notamment européen en quête de meilleurs
placements.
Dans ce contexte, le comité de Politique Economique a mené une étude sur
l’attractivité, pour les IDE, du Maroc et d’un échantillon de pays émergents (Egypte, Tunisie,
Turquie, Chili, Malaisie, Corée du Sud et Pologne), d’autant que le développement de l’IDE
est un élément essentiel pour consolider le processus de libre échange avec l’Union
Européenne.
L’échantillon comprend des économies à niveaux de développement comparables
d'Amérique latine, d’Europe Centrale et Orientale, du pourtour méditerranéen et d'Asie du
Sud-Est. En outre, la plupart des pays de l’échantillon ont enregistré ces dernières années une
amélioration notable quant aux entrées d’IDE.
Après un diagnostic de l’attractivité du Maroc pour les IDE et la mise en évidence des
déterminants de cette attractivité et des politiques menées par les pays de l’échantillon, la
présente étude tire les enseignements et propose des mesures pour améliorer l’attractivité du
Maroc.

1. Diagnostic de l’attractivité des IDE au Maroc

1.1. Evolution des IDE au Maroc

Les IDE au Maroc ont connu un essor important dû en grande partie au démarrage en
1993 du processus de privatisation et à la conversion de la dette extérieure en investissement.
Toutefois, leur évolution se caractérise, à partir de 1996, par une certaine irrégularité. Après
avoir enregistré un niveau élevé en 1997 (10,5 milliards de dirhams) en liaison avec la
concession d’exploitation des centrales thermiques de Jorf Lasfar et la privatisation de la
SAMIR, les flux d’IDE à destination du Maroc ont accusé une baisse en 1998 et en 2000. Ils
ont atteint un niveau record de 30,6 milliards de dirhams en 2001, grâce notamment à
l’ouverture du capital de Maroc Telecom. Cette année, le Maroc a été, d’après le dernier
rapport de la CNUCED, le deuxième pays destinataire d’IDE sur le continent africain, après
l’Afrique du Sud (6,7 milliards de dollars).

Figure 1 : Evolution des investissements directs étrangers au


Maroc (En millions de dirhams)

35 000

30 000

25 000

20 000

15 000

10 000

5 000

0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001*
Source : Office des Changes
* Chiffre provisoire

4
Les investissements émanant des pays de l’Union Européenne sont prépondérants pour
la période 1998-2001. La France occupe le premier rang (65,4%), suivie du Portugal (8,8%),
des Pays-Bas (5,4%) et de l’Espagne (5,2%). La part des Etats-Unis est de 4,2% seulement.
Le classement au deuxième rang du Portugal est attribué à l’importante participation
de ce pays à l’opération de la deuxième licence GSM en 1999, qui lui a permis de réaliser 5
milliards de dirhams d’investissements au Maroc en 2000 et à sa participation dans le capital
de FERTIMA.
Le rapport IDE/FBCF au Maroc s’est amélioré, passant de 5,3% au cours de la période
1988-1992 à 7,3% entre 1995 et 2000. Il reste toutefois inférieur à la moyenne des pays
émergents de l’échantillon qui est de 12,8% durant la période 1995-2000.

Figure 2: Evolution des recettes d'IDE dans la FBCF (en %)


35,8
18 15,9

13 11,2

8
4,3 4,8
3,9
3,1
3

-2
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001*
Source : Office des Changes
* Chiffres provisoires

1.2. Répartition sectorielle des IDE

L’expansion des IDE réalisés durant les dernières années a bénéficié essentiellement
aux secteurs des télécommunications, de l’industrie et des banques.
L’essor des investissements dans le secteur des télécommunications s’est renforcé en
2001 enregistrant près de 24,4 milliards de dirhams du fait de la privatisation de 35% du
capital de Maroc Telecom, soit près de 75% du total des IDE en 2001.

Figure 3 : Structure des recettes des IDE au Maroc par secteur (en %)
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001*
TELECOMMUNICATIONS INDUSTRIE BANQUE IMMOBILIER
Source : Office des Changes
* Chiffres provisoires

5
1.3. Principales mesures adoptées en faveur des investissements au Maroc1

En plus des efforts considérables déployés depuis 1993 pour améliorer


l'environnement des affaires, les pouvoirs publics se sont attelés plus spécifiquement au
renforcement de l'attractivité du Royaume vis- à-vis des investisseurs étrangers. Cette volonté,
qui vise également à soutenir l'investissement national, s'est concrétisée à travers des mesures
d'ordre législatif, institutionnel, organisationnel et fiscal.

1.3.1. Les réformes d’ordre législatif

L’assainissement de l’environnement juridique des affaires joue un rôle capital dans la


stratégie de promotion de l’économie nationale et dans l’amélioration de l’image de marque
du Maroc. L’action des pouvoirs publics s’est concrétisée dans ce domaine en particulier à
travers :

• l’encouragement de la créativité par l’adoption de textes de loi sur la protection de la


propriété intellectuelle et de la propriété industrielle et sur la création de l'Office Marocain
de la Propriété Industrielle et Commerciale.

• l’adoption de la charte des investissements, en remplacement des codes sectoriels par une
législation unique et homogène et donnant lieu à des avantages fiscaux importants en
faveur des investissements.

• la promulgation du décret d’application des articles 17 et 19 de la charte de l’investissement.


Ce texte prévoit la prise en charge par l’Etat d’une partie des coûts de la formation, de la
mise en place de l’infrastructure et de l’acquisition des terrains nécessaire à condition que le
montant global de l’investissement soit supérieur ou égal à 200 millions de dirhams, qu’il
occasionne la création d’au moins 250 emplois et qu’il assure un transfert de technologie ou
que le projet soit réalisé dans l’une des régions visées par décret.

• l’institution d’un régime de convertibilité en faveur des investissements étrangers,


financés en devises, permettant aux investisseurs étrangers de réaliser librement des
opérations d’investissement au Maroc, de transférer le revenu issu de ces opérations
d’investissement et de re-transférer le produit de liquidation ou de cession de leurs
investissements.

• la libéralisation des opérations de financement extérieur, la réforme du système du compte


« capital » et l’institution d’un nouveau régime des avoirs liquides en dirhams détenus au
Maroc par des étrangers non-résidents à travers, notamment, le remplacement des comptes
« capital » par des « comptes convertibles à terme » qui peuvent être débités pour financer
les investissements au Maroc.

1
Réf. annexe.

6
1.3.2. Les réformes d’ordre institutionnel

Afin de pallier les problèmes qui ont trait à la complexité des procédures et aux
lourdeurs administratives, les pouvoirs publics ont opté pour les mécanismes institutionnels
suivants :

• la création d’une commission interministérielle auprès du Premier Ministre chargée de


statuer sur les problèmes qui entravent la réalisation de projets d’investissements, d’agréer
les conventions liant l’Etat à des investisseurs d’envergure et de mettre en œuvre toute
mesure à même d’améliorer l’environnement des investissements.

• la mise en place de centres régionaux d’investissement en vue d’asseoir les fondements de


la gestion déconcentrée de l’investissement et ce, conformément à la lettre Royale du 9
janvier 2002.

1.3.3. Les réformes d’ordre réglementaire et organisationnel

Pour attirer les investissements étrangers, les mesures entreprises en matière de


privatisation et de libéralisation sont :

• la révision de la loi sur la privatisation de manière à en faire un instrument de politique


économique qui asseoit les règles de transparence, de régula rité et d’équité. Il s’agit
notamment de supprimer son délai d’application, d’élargir le périmètre d’action de la loi à
tous les établissements et entreprises publics et d’introduire les nouvelles entreprises
privatisables par loi au fur et à mesure de leur respect des conditions requises.

• la poursuite du processus de désengagement de l’Etat à travers le programme de


privatisation (Maroc Telecom) et l’octroi de concessions (production indépendante
d’électricité à Jorf Lasfar, parc éolien de Koudia El Beida, distribution d’eau et
d’électricité et assainissement liquide au Grand Casablanca, à Rabat-Salé et à Tanger-
Tétouan).

• la promulgation de la loi sur les zones franches d’exportation et les places financières off
shore.

1.3.4. Le financement

Au niveau du financement, les pouvoirs publics ont mis l’accent sur le lien étroit qui
existe entre la dette extérieure publique et l’amélioration des investissements étrangers, et ce :

• en poursuivant le programme de gestion active de la dette qui permet la conversion d’une


partie de la dette extérieure publique en investissements. Le montant converti en
investissements jusqu’à aujourd’hui s’élève à 667 millions de dollars.

• mettre en place un certain nombre de lignes de crédit favorisant le partenariat entre les
entreprises nationales et étrangères.

7
1.3.5. Les mesures fiscales

Les pouvoirs publics ont veillé à la mise en place d’un cadre fiscal attrayant en vue
d’inciter davantage les investisseurs étrangers à réaliser leurs projets au Maroc. Il s’agit
notamment des mesures suivantes :
• l’adoption d’un cadre juridique permettant l’octroi d’avantages douaniers et fiscaux aux
programmes d’investissement d’envergure notamment ceux dont le montant dépasse 200
millions de dirhams.

• l’exonération totale de l’IS et de l’IGR des entreprises installées dans les zones franches
durant les cinq premières années d’exploitation et la réduction du taux de l’IS de 10 à
8,75% durant les dix années suivantes.

• l’extension de l’exonération de la TVA accordée aux prestations de services et aux


travaux de construction ou de montage dans les zones franches.

• le relèvement du plafond de la provision pour investissement, susceptible d'être employée


pour les opérations de recherche et développement ou de restructuration, en la faisant
passer de 2% à 20 % du bénéfice fiscal avant impôt.

• la révision du code des douanes en vue de l’aligner sur les standards internationaux, de
mieux définir les responsabilités des divers intervenants, de différencier l’erreur de la
fraude manifeste et d’atténuer le barème des sanctions.

• la simplification des procédures douanières en faveur de l’investissement à travers,


notamment, l’introduction des régimes de transformation sous douane, l’octroi de facilités
en faveur des biens d’investissement importés par envois fractionnés et l’adoption de la
sélectivité des vérifications au moment du dédouanement.

2. Analyse des déterminants de l’attractivité des IDE dans les pays émergents

2.1. Evolution des IDE dans les pays émergents

Les flux d’IDE à destination des pays émergents ont fortement progressé durant la
dernière décennie, passant de 113,5 milliards de dollars en 1995 à 180 milliards de dollars en
2001. Toutefois, leur part dans l’IDE mondial a baissé de 36,5% en 1995 à 24,4% en 2001. La
crise financière internationale, le resserrement des conditions monétaires intérieures et la
difficulté de lever des fonds à l’extérieur, ont réduit le flux des investissements vers les pays
émergents, y compris les investissements directs à l’étranger.

Figure 4 : Evolution des IDE entrants (en millions de $US)


3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Maroc Turquie Tunisie Egypte

Source : CNUCED
8
L’analyse des flux d’IDE vers les pays de l’échantillon fait apparaître que le Maroc se
situe dans le standard des pays émergents de la région méditerranéenne. Sa part dans les IDE
destinés à la zone UMA est de l’ordre de 42% durant la période 1995-2001. Par rapport aux
pays du Sud- Est de la Méditerranée (PSEM), le Maroc détient en moyenne 16% des IDE
durant la même période. Au sein de ces pays, la tendance des entrées des IDE a changé à
partir de 1995. C’est ainsi que :

• Les flux d’IDE à destination de la Turquie, stables depuis 1995, ont reculé en 1999 en
liaison avec la crise financière dans ce pays. En 2001, ils ont enregistré une forte
augmentation (3,3 milliards de dollars), essentiellement en raison des gains de
compétitivité occasionnés par la dépréciation du taux de change (60% entre février et
octobre 2001).

• L’Egypte a reçu jusqu’en 1999 d’importants investissements étrangers (près de 3


milliards dollars US) dans le secteur pétrolier en rapport avec les opérations de
privatisation. Les IDE ont, toutefois, baissé en 2001 pour se situer à 510 millions de
dollars US.

• Le Maroc et la Tunisie suivent presque la même tendance en matière d’IDE, à l’exception


des années 1997, 1999 et 2001 où les IDE au Maroc ont enregistré des niveaux
importants, en relation avec le processus de privatisation (concession d’exploitation des
centrales thermiques de Jorf Lasfar, privatisation de la Samir, cessions de la 2ème licence
GSM, ouverture du capital de Maroc Telecom).

Les pays méditerranéens sont moins attractifs pour les IDE que le Chili, la Malaisie, la
Pologne et la Corée du Sud.

Figure 5 : Evolution des IDE entrants (en millions de $US)


10000
9000
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

Maroc Chili Malaisie Corée du Sud Pologne

Source : CNUCED

• En 1999, les privatisations relativement importantes au Chili ont attiré une participation
significative de sociétés transnationales basées en Europe. Une bonne partie des
investissements est effectuée au Chili par des entreprises étrangères telles qu'Enersis, la
compagnie de l'électricité du groupe espagnol Endersa et Entel, l’ancien monopole du
téléphone public, actuellement contrôlé par Telecom Italia.

9
• Au cours des années 1999 et 2000, les flux d’IDE en Corée du Sud ont dépassé 9 milliards
de dollars par an. Cette reprise des IDE en Corée du Sud et dans la région de l’Asie de
l’Est en général s’explique par les efforts intenses déployés, notamment une grande
libéralisation au niveau sectoriel et une large ouverture à l’égard des fusions-acquisitions.
La chute, toutefois, des IED en Corée du Sud, à l’instar des autres pays de la région,
s’explique surtout par la faiblesse de croissance enregistrée au niveau mondial en 2001,
conjuguée à la faible confiance des entreprises ainsi qu’aux évènements du 11 septembre
2001.

• Les investissements directs en Malaisie ont varié entre 2 et 7 milliards de dollars


annuellement durant la décennie 1990 pour chuter à 554 millions de dollars en 2001. Le
pays reste dépendant du dynamisme de ses exportations et son potentiel de croissance
repose essentiellement sur les investissements étrangers et les transferts de technologie qui
les accompagnent. Toutefois, malgré cette singularité, la crise asiatique de 1997-98 et la
récession industrielle dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication (NTIC), n’ont pas épargné la Malaisie et ce, plus par effet de contagion
que d’un déséquilibre structurel propre.

• Les IDE en Pologne ont connu une hausse remarquable à partir de 1997. Les sociétés
transnationales de l’Union Européenne sont les principaux investisseurs en Pologne où la
taille du marché intérieur et la proximité géographique avec l'Europe de l'Ouest figurent
parmi les éléments déterminants en matiè re de choix de localisation d’IDE.

2.2. Déterminants de l’attractivité pour l’IDE des pays de l’échantillon

Il existe une multitude de déterminants de l’IDE. Si la taille et le dynamisme du


marché constituent des conditions de base dans le choix d’un pays par les investisseurs
étrangers, il existe d’autres facteurs qui commandent la décision finale d’implantation dans un
pays qui satisfait déjà ces conditions. Il s’agit, en particulier, des fondamentaux
macroéconomiques, des finances publiques, de la stratégie d’ouverture, de la dynamique de la
main-d’œuvre, du système financier et du développement technologique.

L’analyse de l’ensemble de ces déterminants explique, en grande partie, le niveau des


flux entrants dans les pays de l'échantillon. Le tableau ci-après dresse les facteurs
d’attractivité pour les IDE, avec une évaluation des performances réalisées par chaque pays
par rapport aux niveaux atteints par l'ensemble des pays de l’échantillon. L’analyse de cette
grille permet ainsi de positionner le Maroc par rapport à cet échantillon de pays émergents et
de mettre en lumière les facteurs d’attractivité qui favorisent ou, au contraire, repoussent les
flux des IDE à destination du Maroc.

10
Grille des déterminants de l’attractivité pour l’IDE (Evaluation par rapport aux performances des pays de l’échantillon)

MAROC TUNISIE TURQUIE EGYPTE CHILI MALAISIE COREE DU SUD POLOGNE


Les fondamentaux macroéconomiques
Croissance économique Faible Moyenne Faible Moyenne Importante Importante Importante Faible
Inflation Maîtrisée Maîtrisée Forte Moyenne Moyenne Maîtrisée Maîtrisée Forte
Solde budgétaire Déficit Déficit soutenable Déficitaire Déficit Légèrement Excédentaire Déficit soutenable Déficit
soutenable soutenable excédentaire soutenable
Endettement extérieur Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen
Compte courant Déficit maîtrisé Solde négatif Déficit maîtrisé Déficit maîtrisé Solde négatif Solde positif Solde positif Solde négatif
Les finances publiques
Pression fiscale Elevée Elevée - Faible Elevée Elevée Faible Elevée
Investissement public Moyen Important Faible Moyen Faible Important Faible Faible
La stratégie d’ouverture
Degré d’ouverture Moyen Elevé Moyen Faible Moyen Très élevé Moyen Moyen
TCER Appréciation Stable - - Appréciation Dépréciation - Appréciation
Protection tarifaire Moyenne Moyenne Faible Moyenne Faible Moyenne - Moyenne
La dynamique de la main-d’œuvre
Productivité du travail Moyenne Faible Moyenne Faible Moyenne Moyenne Elevée Moyenne
- V.A. unitaire Stagnation - Stagnation Amélioration Amélioration Stagnation Stagnation Amélioration
- Coût unitaire de la M.O.
Qualification de la main- Faible Faible Moyenne Moyenne - Faible Elevée Elevée
d’œuvre
Le système financier
Taux d’intérêts Moyens Moyens Elevés Moyens Moyens Moyens Moyens Moyens
Crédits bancaires Modérés Modérés Faibles Elevés Modérés Elevés Modérés faibles
Capitalisation boursière Faible Faible Faible Faible Elevée Elevée Moyenne -
Le développement technologique
Dépenses en recherche et Faibles Faibles Faibles Faibles Faibles Faibles Elevées Faibles
développement
Accès aux technologies de Limité Limité Important Limité Important Important Important Important
l’information
Diffusion des technologies Faible Faible Faible Faible Faible Elevée Elevée Faible
La stabilité sociale
PIB par habitant Faible Faible Moyen Faible Elevé Elevé Elevé Moyen
Indice du Développement Moyen Moyen Moyen Moyen Elevé Elevé Elevé Elevé
Humain
Indice de perception de la Moyen Moyen Faible Faible Elevé Moyen Faible Moyen
corruption
Le risque commercial Moyen Moyen Elevé Elevé Moyen Faible Faible Moyen

Source : DPEG
11
2.2.1. Les fondamentaux macroéconomiques

En la matière de stabilisation des grands agrégats macro-économiques, le Maroc a


réalisé des performances appréciables, ce qui permet, in fine, de donner aux entreprises, tant
domestiques qu’étrangères, une visibilité plus grande et d’améliorer leur confiance dans les
politiques économiques menées.

Ainsi, le déficit du compte courant de la balance des paiements a fortement diminué en


pourcentage du PIB et ne représentait que 1,4% en 2000. Le Maroc a même enregistré un
compte courant excédentaire de 4,9% du PIB en 2001, grâce au dynamisme du secteur
touristique et des transferts des MRE. Cette évolution a favorisé une progression notable des
réserves de change et l’allègement de la dette extérieure.

Le poids de la dette extérieure a été ramené de 69% en 1995 à 43% du PIB en 2001.
Ce repli est imputable au respect du calendrier des remboursements de la dette extérieure du
Trésor, aux opérations de reconversion, en investissements, d’une partie des dettes contractées
avec la France, l’Espagne, l’Italie et le Koweï t ainsi qu’au remboursement par anticipation de
certaines dettes onéreuses.

Les finances publiques ont été relativement assainies. Le déficit budgétaire a été
ramené à 3% du PIB sur la période 1993 -2001. Le taux d’inflation, plus faible au Maroc que
dans les pays de l’échantillon entre 1995 et 2001, n’a progressé que de 0,6% en 2001.

Figure 6 : Taux de croissance annuel moyen du PIB Figure 7 : Taux d'inflation moyens
(1995-2001) (1995-2001)

Maroc Maroc 2,3%

Turquie Malaisie 2,9%

Tunisie 3,6%
Malaisie
Corée du Sud 4,1%
Pologne
Egypte 5,2%
Chili
Chilie 5,3%
Egypte
Pologne 13,7%
Tunisie
Turquie 73,7%
Corée du Sud

0% 1% 2% 3% 4% 5% 6% 0% 20% 40% 60% 80%


Source : FMI/WEO, Avril 2002 Source : FMI/WEO, Avril 2002

Cependant, en dépit du rétablissement de la crédibilité internationale de notre pays


qu’elle a favorisé, la stabilisation du cadre macro-économique reste fragile, ce qui est
susceptible de porter atteinte à la ca pacité d’attraction de notre pays pour les investissements
étrangers. En effet :

• Malgré l’importance des réformes structurelles entreprises par les pouvoirs publics pour
fixer les bases d’une croissance forte et durable, le rythme annuel moyen de progression
du PIB tendanciel est passé de 4,1% durant les années 80 à 2,9% au cours de la dernière
décennie. La croissance économique au Maroc reste insuffisante. Toutefois, l’économie
nationale a enregistré un taux de croissance de 3,8% l’an entre 1996 et 2001. Ce rythme
aurait pu être plus important, s’il n'avait pas été ralenti par la fréquence des sécheresses au
cours de cette période.

12
• Le déficit budgétaire structurel (4,5% du PIB en 2001) reste important en raison du
caractère incompressible des dépenses du personnel et de la dette, ainsi que de l’élasticité
insuffisante des recettes fiscales à la conjoncture économique à cause de l’importance du
secteur informel.

2.2.2. Les finances publiques

Une politique budgétaire saine constitue un facteur déterminant de la stabilité


macroéconomique. Elle permet de réduire les incertitudes sur les variations du taux de
change, avec un impact concomitant sur différents facteurs de coûts et sur la liberté des
transferts de capitaux et de bénéfices à l’étranger. Elle est indispe nsable pour appuyer la
croissance et sécuriser l'investissement dans la mesure où la fiscalité et les dépenses publiques
sont de nature à affecter l'allocation des ressources.

L’attrait d’un pays pour les IDE est aussi déterminé par un système fiscal simple,
moderne et transparent et par l’efficacité de l’effort d'investissement de l’Etat.
Ainsi, le Maroc figure parmi les pays de l’échantillon à taux moyen de pression
fiscale. Cette dernière ne s’établit qu’à 22% du PIB, et ce, pour relancer l’économie et l’ouvrir
sur l’extérieur.

La stabilité de la structure des recettes fiscales durant les deux dernières décennies
pourrait réduire la marge de manœuvre des pouvoirs publics en matière de compensation du
démantèlement douanier dans la cadre de l'accord d'association Maroc-UE. Cependant, une
croissance économique forte, accompagnée d'un élargissement de l'assiette imposable,
favoriserait les ajustements du taux d'imposition nécessaire, permettant ainsi d'atténuer, à
terme, la pression fiscale. Cela constituerait alors un facteur incitatif pour les entreprises
étrangères désirant s'implanter au Maroc.

Par ailleurs, les dépenses d’investissement public sont souvent considérées comme un
facteur d’attractivité des pays en raison de leur effet sur les autres secteurs de l’économie. Au
Maroc, l’investissement public, tenant compte des transferts effectués au profit du Fonds
Hassan II pour le développement économique et social, a atteint 8,1% du PIB en 2001 contre
5,6% en 2000.

Ce niveau reste en deçà de celui réa lisé en Tunisie où l’investissement public pour la
période 1995-1999 a représenté plus de 12% du PIB. En revanche, il est supérieur à celui
enregistré dans les pays de l'Asie du Sud où la baisse de l'investissement public par rapport au
début des années 90 enregistrée dans ces pays s'explique en grande partie par la participation
accrue du secteur privé dans la réalisation d'infrastructures de base indispensables à
l'expansion de l'activité économique.

L’effort d’investissement au Maroc est appelé à se renforcer à travers la mise en place


d’une nouvelle approche de la dépense publique, notamment en matière d’investissement,
basée sur la globalisation des crédits, l’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques et
le ciblage des investissements en fonc tion de leurs impacts sur la croissance économique et le
développement social. Cette dernière action est déjà prise en compte par le Fonds Hassan II
qui finance des projets ayant un véritable effet de levier sur l’emploi et l’investissement privé.

13
2.2.3. La stratégie d’ouverture
2.2.3.1. Le degré d’ouverture
L’attraction de l’investissement est également tributaire du degré d’intégration à
l’économie mondiale. La Malaisie et l’Irlande, qui ont opté pour une politique d’ouverture au
début des années soixante-dix, ont connu un progrès remarquable de leur taux d’ouverture
(respectivement 161% et 119% en moyenne durant la période 1995-2000), contrairement aux
pays ayant adopté, par le passé, une stratégie de substitution aux importations (Egypte,
Turquie).

Figure 8 : Taux d'ouverture moyen pour la période 1995-2000

Egypte 30,6%

Turquie 36,2%

Pologne 44,2%
Chili 44,5%

Maroc 51,7%

Corée du Sud 58,5%

Tunisie 70,3%

Irlande 119,1%

Malaisie 161,4%

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

Source : CHELEM, calculs DPEG

Le Maroc, même si son insertion à l’économie mondiale a été relativement lente par
rapport à ses concurrents, dispose d’un marché des produits relativement ouvert. Son taux
d’ouverture a ainsi atteint près de 60% en 2001 contre 50% en 1995.

La volonté d'ouverture du Maroc s'est concrétisée à travers son adhésion à


l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1994, la signature de nombreux accords
commerciaux avec ses principaux partenaires et la conclusion de l'accord d'association avec
l'Union Européenne en 1996, dont l'ent rée en vigueur en mars 2000 a permis le
démantèlement progressif des barrières tarifaires sur les produits provenant de l’Union
Européenne.

Le Maroc a également eu recours à la réduction progressive des restrictions


quantitatives, à l’allègement du niveau de protection tarifaire de la production nationale et à la
libéralisation de la réglementation des changes.

De même, pour réussir l’ouverture du Maroc sur l’économie mondiale, la libéralisation


du commerce extérieur s’est poursuivie à travers la simplification et l’harmonisation de la
fiscalité douanière et son alignement sur les standards internationaux, notamment ceux de
l’OMC. Ainsi, il a été procédé à la réforme du code des douanes et des impôts indirects, à la
modernisation de l’administration douanière et à la conclusion d’un certain nombre d’accords
de non double imposition entre le Maroc et un nombre important de pays étrangers.
En outre, la conclusion éventuelle d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis et
l’approfondissement de l’intégration Sud-Sud, dont l’accord de libre-échange des pays
signataires de la déclaration d’Agadir (Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie) fera figure de test,
devraient développer l’attrait de notre pays pour les IDE et de faire jouer à ceux-ci un rôle
actif en matière de promotion des exportations.

14
Pour ce faire, il importe cependant que les pays membres de la future zone de libre-
échange arabe surmontent les principaux facteurs entravant leur intégration économique,
notamment à travers :

• l’extension de la libéralisation des échanges à de nouveaux secteurs, notamment dans les


services et l’agriculture, au même titre que les accords Nord-Sud.

• la réduction des barrières non tarifaires.

• l’harmonisation, ou du moins la mise en cohérence, des législations, des règles et des


disciplines (concurrence, investissement, règles d’origine, principes comptables, propriété
intellectuelle, régimes douaniers) et la mise en place d’une coopération économique dans
ces domaines.

2.2.3.2. La compétitivité-prix
La compétitivité-prix est une dimension importante de l’attractivité des territoires
nationaux. Les performances des entreprises filiales de firmes étrangères sur les marchés
d’exportation, comme sur le marché national, dépendent notamment de l’évolution des prix
des biens produits localement par rapport à ceux de la concurrence étrangère.

Ainsi, par rapport à la Tunisie, le taux de change effectif réel (TCER) du dirham est
légèrement supérieur à celui du dinar. Le TCER du dirham est plus élevé que celui du peso
chilien depuis 1999, suite à la suppression par le Chili du système de bande de change qui
prévalait jusqu’alors, et ce dans le but de préserver ses réserves de changes.

En revanche, le TCER du dirham est nettement en deçà de celui de la Pologne, pays


qui a réalisé, grâce aux efforts de productivité, des performances intéressantes en matière
d’exportation malgré l’appréciation du zloty durant la dernière décennie.

Par rapport à la Malaisie, le TCER du dirham est fort. Le ringgit a en effet dû faire
face à d’importants mouvements de désaffection des investisseurs internationaux suite à la
mise en place d’un système de contrôle des changes en 1998 en vue de renforcer les
institutions financières.

Pour corriger cette situation, en plus de la poursuite d’une politique économique


interne vigilante pour maîtriser l’inflation, le Maroc a procédé à un réajustement du panier de
cotation du dirham en renforçant le poids de l’euro. Cette opération s’est traduite par une
dépréciation en terme réel de 4,2% en 2001 par rapport à 2000.

De plus, le rapprochement entre le TCER et le PIB par habitant en parité de pouvoir


d’achat (PPA), aussi bien pour les pays industrialisés que pour les pays émergents, a révélé
une cohérence, du moins jusqu’en 2000, du niveau de taux de change du dirham avec le
niveau de développement économique du Maroc. En conséquence, notre pays ne dispose que
d’une marge de manœuvre relativement limitée en terme d’ajustement significatif du change
au regard de son niveau de développement économique.

Tel n’est pas le cas pour les pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) qui disposent
de fortes marges de manœuvre en matière de dépréciation de leurs monnaies, ce qui leur
confère un grand potentiel d’amélioration de leur compétitivité extérieure.

15
Figure 9 : Evolution du taux de change effectif réel (base 100 = 1995)
145

135

125

115

105

95

85

75
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

Chili Malaisie Maroc Tunisie Pologne

Source : SFI/FMI

2.2.4. La dynamique de la main-d’œuvre

Le coût des facteurs, singulièrement celui du facteur travail, joue un rôle déterminant
dans la décision d’investir à l’étranger. Au Maroc, le coût de la main-d’œuvre demeure
relativement bas par rapport aux pays industrialisés, avantage que ne détruit pas pour le
moment une productivité apparente du travail plus faible qu’explique une sensible montée des
effectifs employés dans l’industrie manufacturière. 2 Cet avantage n’existe cependant pas vis-
à- vis de l’ensemble des pays émergents concurrents 3 et serait même appelé à disparaître dans
un contexte de libéralisation générale des échanges dans le cadre de l’OMC (amorcée avec
l’accord multifibres).
La productivité apparente du travail est plus importante au Maroc qu’en Egypte et en
Tunisie, ce qui signifie que comparativement à ses homologues égyptiens et tunisiens, le
salarié marocain travaille plus efficacement. Autrement dit, les entreprises installées au Maroc
disposent, auprès de leurs salariés, d’un capital de dévouement et d’attachement, supérieur à
ceux que l’on peut rencontrer dans les pays arabo- méditerranéens concurrents.
A terme, le dynamisme de la population active qu’engendrerait les effets positifs de la
transition démographique dans notre pays pourrait favoriser l’apparition de gains de
productivité supplémentaires, à la condition de transformer ce dividende démographique en
aubaine grâce à un redéploiement des dépenses d’éducation et à leur extension à la résorption
à l’analphabétisme, l’allongement de la durée des études et l’amélioration de l’ enseignement.
Les apports de main-d’œuvre dans l’ensemble de l’économie dépendent également
d’autres facteurs, en l’occurrence le niveau d’activité et la qualité des actifs. Concernant le
premier facteur, les incitations au travail sont limitées par le système d’imposition : le coin
fiscal et social au Maroc paraît élevé, en particulier pour les revenus bas, ce qui est de nature à
provoquer, à long terme, une hausse des prix et une perte de compétitivité des entreprises
installées au Maroc.
S’agissant du second, la qualification de la main-d’œuvre reste encore faible dans
notre pays puisque 74% de la population occupée est non diplômée et seulement 15,5% de
celle-ci a reçu une formation fondamentale.

2
La productivité des industries méditerranéennes. CEPII, décembre 2001, n°16.
3
Le secteur manufacturier marocain à l’aube du 21ème siècle, 2002.

16
Par ailleurs, malgré la baisse du taux de chômage, la proportion des chômeurs
diplômés reste élevée, ce qui implique le risque de perte irréversible de capital humain.

Le capital humain peut aussi se révéler dans l’intensité de l’activité de recherche et


développement. Dans ce domaine, le Maroc accuse un retard marqué par rapport aux pays
émergents concurrents en ce qui concerne les dépenses de recherche et développement ou le
nombre de brevets déposés, ce qui est relié à la part dominante de l’Etat dans le financement
de la recherche, mais aussi au niveau général de formation de la population et à l’intensité des
liens entre universités et entreprises.
2.2.5. Le système financier

L’attractivité d’un territoire pour les IDE dépend aussi des conditions de financement
de l’économie. A ce titre, elle est tributaire de la présence d’un système bancaire efficace,
essentiel pour assurer le financement des PME, de l’immobilier et des besoins de trésorerie
des entreprises et d’un marché de capitaux efficient capable de drainer une épargne longue
vers le secteur productif.

Cependant, dans les pays émergents pris globalement, l'élaboration et la mise en


œuvre des réformes structurelles au niveau du système financier en vue d'améliorer son
efficience et d'optimiser l'allocation des ressources, n’ont pas permis d’améliorer les
conditions de financement de l’investissement privé.

Ce dernier est ainsi resté fortement contraint du fait de la persistance d’un faible taux
d’intermédiation et de l’étroitesse du marché financier local. Alors que, dans les pays
développés, le rôle des marchés dans la recherche de capitaux pour les entreprises prenait
progressivement de l’ampleur au détriment des financements bancaires, et ce depuis le début
des années 80.
Dans les pays émergents, le secteur bancaire reste confronté, malgré l’amélioration de
la supervision et l’accélération de la mise en place de règles prudentielles, à d’importantes
lacunes. En effet, les banques s’y caractérisent par une grande aversion au risque, préférant
placer leurs liquidités dans les titres publics.
Tandis que les PME/PMI souffrent d'un accès limité aux financements en raison de
leur fonctionnement peu concurrentiel, la consolidation du secteur bancaire est de plus rendue
difficile en liaison avec le nombre élevé d’établissements bancaires contribuant, par une
concurrence accrue, à l’érosion de leurs marges.
De même, la dégradation de la qualité des actifs dû à une mauvaise conjoncture
internationale (crise asiatique, crise turque,…) affecte la rentabilité du secteur et pèse sur les
financements intermédié s. A cela, s’ajoute l’autonomie limitée des Banques Centrales, ce qui
ne leur permet guère de concentrer leur politique monétaire sur les objectifs de stabilité et de
croissance.
Le développement des moyens de financement direct à travers les marchés est resté
limité. Ces derniers n'ont pas pu concurrencer les financements bancaires malgré les réformes
initiées dans la majorité des pays émergents pour dynamiser l’activité boursière. Le processus
de réforme nécessite d'être poursuivi notamment avec le renforcement de l'épargne
institutionnelle, le développement de l'épargne salariale et le dynamisme de l'épargne
extérieure. Celle-ci ne représente que 10 à 20% de la capitalisation des places boursières
émergentes contre 70% sur les autres places internationa les.

17
S’agissant du Maroc, les conditions de financement de l’économie se sont
particulièrement améliorées durant la dernière décennie. Dès 1993, des réformes importantes
ont été accomplies, touchant l’ensemble des compartiments du système financier à savo ir le
système bancaire, les marchés de capitaux et l’épargne institutionnelle. Plusieurs mesures ont
été prises dont notamment :

• la consolidation et la modernisation du secteur bancaire à travers notamment le


désencadrement du crédit et la libération totale des taux d'intérêt ainsi que la refonte du
cadre législatif régissant l’activité du système bancaire.
• la dynamisation du marché des capitaux et du marché monétaire, à travers l’entrée en
scène financière de sociétés de bourse et d’organismes de placement collectif de valeurs
mobilières (154 à fin 2001), l'institution du CDVM, la réforme et la modernisation du
fonctionnement de la Bourse des Valeurs de Casablanca, ainsi que la création du second
marché et du marché hypothécaire.

• la diversification des sources de financement, particulièrement l’établissement d’un


marché des changes et la possibilité pour les opérateurs de mobiliser librement des
financements extérieurs en se plaçant directement sur le marché financier international.
• la poursuite de la libéralisation de la réglementation des changes.

• le développement de l’épargne institutionnelle et qui recouvre les secteurs de l'assurance


et de la retraite, ainsi que l'activité des institutions qui concourent à la collecte de l'épargne
et à sa transformation telles que la C.D.G. et la C.E.N.

• la mise en place d’un système de garantie des crédits destiné au financement de


l’investissement et de la mise à niveau des entreprises.
Néanmoins, en 2001, le financement de l’investissement à travers les crédits à moyen
et long termes ne représentait que 40,3% du montant total des crédits accordés par les
banques. Les concours bancaires destinés au financement de l'investissement ont cependant
enregistré une progression notable entre 1995 et 1999, passant respectivement de 79,5% à
85,5% du PIB. En la matière, le Maroc n’est dépassé que par la Malaisie, la Corée du Sud et
l’Egypte.

La modification des stratégies des banques asiatiques en faveur des crédits à la


consommation, intervenue au lendemain de la crise financière de 1997, s’explique par une
aversion au risque plus marquée, conséquence du processus de restructuration du secteur
bancaire et de contraintes de rentabilité plus présentes, de la fragilité financière des
entreprises et de l'atonie prolongée de l'investissement.

Tableau 1 : Evolution des crédits bancaires en % du PIB


1995 1996 1997 1998 1999
Chili 60,27 64,55 66,2 69,51 72,54
Corée du Sud 64,74 69,5 80,01 91,49 96,61
Egypte 81,76 83,21 86,63 94,95 99,84
Malaisie 126,71 142,91 161,81 159,78 151,58
Maroc 79,5 75,19 82,84 83,54 85,53
Turquie 28,41 34,84 37,53 40,21 49,82
Tunisie 71,37 65,23 67,96 68,22 69,62
Pologne 32,12 33,52 34,82 36,27 39,3
Source : Banque Mondiale

18
Au Maroc, la baisse relative des marges, en lien avec la diminution tendancielle des
taux d’intérêt et le niveau encore élevé du coefficient d’exploitation, devraient peser
négativement à l’avenir sur la rentabilité des banques.
L’ouverture à terme du secteur bancaire à la concurrence étrangère devrait en outre
pousser les banques à la consolidation, tandis que le renforcement considérable des fonds
propres des banques, suite à la mise en conformité de notre système prudentiel avec les
standards internationaux, devrait soutenir le financement de l’investissement privé.
En revanche, le niveau de désintermédiation financière au Maroc est restée faible, ne
contribuant qu’à hauteur de 2% au financement de l’investissement. L’activité du marché des
changes est restée morose, tandis que l’épargne présentait une aversion au risque marquée, les
investisseurs accordant leur préférence à des actifs liquides, essentiellement monétaires, au
détriment des placements plus risqués (actions des entreprises,…).

Figure 10 : Evolution de la capitalisation boursière en % du PIB


350
300
250
200
150
100
50
0
1996 1997 1998 1999 2000
Chili Egypte Malaisie Maroc Corée Tunisie Turquie

Source : FIBV

Les efforts entrepris ces dernières années n’ont pas permis à la Bourse des Valeurs de
Casablanca d’atteindre une taille satisfaisante en vue de favoriser le financement des
investissements des entreprises au Maroc.

• En terme de capitalisation boursière, la place de Casablanca se place juste avant celle de


Tunis. Le ratio capitalisation boursière/PIB est passé de 17,9% en 1995 à 27,9% en 2001,
ce qui est nettement inférieur au seuil de 50% atteint par les marchés asiatiques. En outre,
la progression importante de la capitalisation boursière depuis 1993 est essentiellement
due à la valorisation des cours et non à un accroissement des introductions en bourse.
• Le ratio de liquidité du marché boursier s’est établi à 10% en 2001 et une vingtaine de
valeurs sur un total de près de 60 sont actives. De plus, pour plus du tiers des entreprises
cotées, le flottant est inférieur à 10%.

• La Bourse des Valeurs de Casablanca a également la réputation d’être chère, avec un


multiple de valorisation du marché plus élevé que celui des autres places financières,
comme celles de Tunis et du Caire.
Cette situation a conduit les autorités monétaires à lancer un train de mesures au début
de l’année 2001 pour insuffler une nouvelle dynamique à la Bourse des Valeurs de
Casablanca et à redonner confiance aux épargnants.

19
Ces mesures portent sur la création d'un comité de concertation entre le Ministère de
l'Economie, des Finances, de la Privatisation et du Tourisme et les professionnels, sur la
refonte du dispositif d'orientation structurelle de l'épargne vers la bourse et sur la régularité de
l'intervention future du Trésor pour éviter une évolution erratique des taux d'intérêt.

Au total, la transformation du système financier marocain doit être accélérée pour


mobiliser une épargne longue nécessaire pour accompagner les entreprises dans leur
développement et l'orie nter davantage vers le secteur privé de façon à favoriser
l'investissement des PME/PMI. Il importe aussi de diminuer le risque de défaut sans exiger
des garanties très importantes et de consolider une macro-économie ouverte permettant de
fixer les taux d’intérêt et le taux de change par le marché.

2.2.6. Le développement technologique

L’existence d’une économie de la connaissance et du savoir est un facteur essentiel


d’attractivité de l’investisseur étranger dans la mesure où elle permet de développer une
capacité de recherche et de développement forte, meilleur moyen de pénétrer les marchés à
demande élevée (en particulier les marchés des produits technologiques), de favoriser les
gains de productivité et de créer de nouveaux avantages comparatifs.

Or, ce facteur d’attractivité fait défaut au Maroc. En effet, l’effort de recherche


marocain n’a pas dépassé 0,7% du PIB en 2001 et ne semble pas, au vu des performances
technologiques, d’une pleine efficacité :

• le nombre de brevets d’invention enregistrés annuellement au Maroc reste faible (400 à


500 brevets). Ce nombre, malgré sa nette augmentation depuis l’institution en 2000 de
l’Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale, met en exergue la
difficulté à exploiter les résultats de la recherche aca démique au travers d’un « système
national d’innovation » suffisamment performant, associant de manière harmonieuse et
efficace pouvoirs publics, entreprises, universités et laboratoires de recherche.

• la spécialisation de notre pays est restée concentrée dans des secteurs peu dynamiques
du commerce mondial (agroalimentaire, textile et chimie).

• en 2000, les exportations à contenu technologique intermédiaire ou fort ont été en deçà
de 12,4% du total des exportations de marchandises, contrairement aux pays asiatiques
de l’échantillon qui sont très intégrés dans les circuits internationaux des échanges de
haute technologie.
Les formations d’ingénieurs et de techniciens sont très insuffisamment représentées
dans le système éducatif national tourné davantage vers les sciences sociales, humaines et de
droit. Le taux brut d’inscription dans les filières scientifiques supérieures n’atteignait, en
1997, que 3,2%, tandis que la disponibilité sur le marché du travail d’employés qualifiés dans
les technologies de l’information restait moyenne, voire faible s’agissant des ingénieurs.

De plus, bien que la reconnaissance des compétences locales semble bien établie et
que les jeunes Marocains paraissent en mesure de tenir leur place dans une économie du
savoir, ainsi qu’en témoignent leurs intégrations réussies dans des entreprises européennes ou
américaines, le Maroc souffre de difficultés d’accès à la technologie étrangère : 18,5%
seulement de ses importations totales en 2001 concernaient les biens d’équipements.

20
Le système éducatif marocain n'a pas intégré complètement la formation
professionnelle dans un contexte où les ruptures technologiques se multiplient et où la
population active actuelle n’a reçu qu’une faible formation initiale. L’arrivée de générations
plus jeunes et mieux formées ne changera cet état de fait que progressivement. L’enjeu de la
formation professionnelle serait précisément de développer de nouveaux savoir- faire et de
compétences susceptibles de générer des avantages en matière de maîtrise des nouvelles
technologies et d’accès à la société de l’information.

2.2.7. Le développement des infrastructures de télécommunication

L’introduction des nouvelles technologies de l’information a largement contribué à la


mondialisation de l’économie et à l’internationa lisation des échanges. A cet égard, une
disponibilité des moyens d’accès à l’information (coût et infrastructures) pourrait renforcer la
compétitivité des entreprises nationales et créer un climat favorable pour d’autres
investissements étrangers.

En la matière, malgré les importantes avancées réalisées dans ce domaine afin


d’aligner le pays sur les standards internationaux et instaurer un marché libre et concurrentiel,
le Maroc reste encore en phase d’émergence. En effet, le nombre d’abonnés à l’Internet n’est
que de 260.000 usagers d’après l’ex-Secrétariat d’Etat à la Poste et aux Technologies de
l’Information (SEPTI).
La densité téléphonique, qui a quadruplé environ durant la période 1990-1999, en
passant pour le réseau fixe, de 1,68 à 6,5 lignes en service pour 100 habitants, reste sans
commune mesure avec le niveau atteint par certains pays émergents. En Turquie, elle est de
22,4%, en Malaisie de 18,3% et au Chili de 15,6%.
La téléphonie mobile s'est, par contre, répandue plus vite que les téléphones fixes pour
dépasser 4 millions d'abonnés au Maroc à fin 2001. Par rapport aux pays de l’échantillon,
l’Egypte et le Maroc affichent les coûts de communication les plus élevés, alors que les pays
asiatiques restent les plus compétitifs. La libéralisation du secteur de télécommunication au
Maroc en 1999, a néanmoins fortement contribué à la baisse du coût de la communication,
suite à l’émergence d’un environnement concurrentiel accru.

Par ailleurs, avec une part des services de télécommunications dans le PIB qui ne
dépasse pas 2%, le Maroc reste en dessous des performances réalisées dans certaines
économies émergentes : près de 4% du PIB pour le Chili et la Malaisie. A terme, ce
pourcentage deviendra plus important avec le processus de libéralisation et d’octroi de
licences à de nouveaux fournisseurs de réseaux.
2.2.8. La stabilité sociale
La stabilité sociale figure parmi les facteurs agissant positivement sur l’incitation
d’investir. A cet égard, les ajustements macroéconomiques passés ne se sont pas accompagnés
d’un développement du bien-être social dans notre pays, ainsi qu’en témoignent les différents
indicateurs usuellement utilisés pour appréhender ce facteur, en l’occurrence le revenu par
habitant, l’indicateur de développement humain (IDH) et l’emploi.
Ainsi, en terme de PIB par habitant, le Maroc a enregistré, durant la décennie 1990, un
niveau de croissance insuffisant par rapport aux autres pays de l’échantillon, en liaison avec la
fréquence élevée des années de sécheresse.

21
L’IDH, indicateur composite représentant uniquement la longévité, l’instruction et le
niveau de vie dans un pays mais ne tenant pas compte de la qualité de vie, s'établit au Maroc à
0,602 point en 2000, contre 0,691 pour les pays à développement humain moyen et 0,747
pour les pays à revenu intermédiaire. Par rapport aux pays de l’échantillon, le Maroc est
classé 123ème (sur un total de 173 pays), tandis que la Turquie, la Tunisie et l’Egypte occupent
respectivement le 85ème, le 97ème et le 115ème rang, loin derrière la Corée du Sud (27ème), la
Pologne (37ème), le Chili (38ème) et la Malaisie (59ème). Cette disparité s’explique par la
faiblesse du revenu par habitant au Maroc, combinée à l’importance du taux
d’analphabétisme.
Tableau 2 : Evolution de l'Indice de Développement Humain
1997 1998 1999 2000
Corée du Sud 0,852 0,854 0,875 0,882
Pologne 0,802 0,814 0,828 0,833
Chili 0,844 0,826 0,825 0,831
Malaisie 0,768 0,772 0,774 0,782
Turquie 0,728 0,732 0,735 0,742
Tunisie 0,695 0,703 0,714 0,722
Egypte 0,616 0,623 0,635 0,642
Maroc 0,582 0,589 0,596 0,602
Source : PNUD, 2002

Toutefois, il importe de souligner qu’afin de promouvoir les secteurs sociaux, le


Maroc a lancé depuis quelques années un vaste chantier de réformes visant à atténuer le
déficit social et à améliorer la situation des couches défavorisées. Les réformes ont concerné
la lutte contre la pauvreté, le désenclavement du monde rural, la réforme de l’enseignement,
l’habitat social, le renforcement du dialogue social et la protection sociale. De plus, près de
47,4% du budget général de l’Etat hors dette en 2002 est destiné au développement des
secteurs sociaux contre 41,2% pour l’exercice 1996-1997.
En matière d’emploi, le Maroc connaît un taux de chômage élevé (12,7% de la
population active en 2001) comparativement à la Malaisie (3,8%), à la Corée du Sud (3,9%), à
la Turquie (8,5%), au Mexique (9,2%), à l’Egypte (9,3%) et au Chili (10,1%). Le Maroc
affiche en revanche de meilleures performances que la Tunisie (15,6%) et la Pologne (16,2%).
Le chômage des jeunes reste particulièrement sensible au Maroc : il concerne 36,1% des
jeunes de 15 à 24 ans contre 35,2% en Pologne, 13,2% en Turquie, 10,2% en Corée et 4,4%
au Mexique.
Le climat social, également appréhendé par le nombre de grèves déclenchées, a
enregistré une amé lioration sensible en 2001. Le nombre de grèves a baissé et le nombre de
journées de travail perdues est passé de 414.742 en 1999 à environ 250.000 en 2001.
Cette évolution est intervenue parallèlement à l’instauration dans notre pays d’un
dialogue permanent et responsable entre les pouvoirs publics, le patronat et les syndicats et
qui a été couronné par la signature de l’accord du 19 muharram.
2.2.9. L’environnement institutionnel

Dans une approche élargie du développement, le respect des équilibres macro-


économiques doit se combiner avec la qualité du cadre institutionnel pour constituer un
environnement favorable à l’investissement et à la création de richesses (Etat de droit,
gouvernance des entreprises, émergence de la société civile,…).

22
Des insuffisances relatives au droit de la propriété, aux rapports avec les
administrations et le système judiciaire conduisent en effet à une faible sécurité des affaires,
ce qui est de nature à accroître l’incertitude et à limiter les incitations à investir.
A cet égard, si les PECO ont atteint un niveau institutionnel au-dessus de ce que
suppose leur niveau de développement économique, le Maroc, à l’instar des pays de l’Asie
émergente et les PSEM, est en deçà de ce que laissent présumer ses performances
économiques.
Aussi, afin d’améliorer la qualité du cadre institutionnel, les pouvoirs publics ont- ils
notamment procédé à la constitution d’un comité interministériel auprès du Premier Ministre
chargé de mettre en place les mécanismes nécessaires au développement de l’investissement à
l’échelon national et régional, à la mise en place de Centres Régionaux d’Investissement et à
la création de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la
cartographie. Il a été également procédé à l’institution du mé diateur (Diwane El Madalim) en
charge de régler les différends qui opposent les particuliers à l’Etat.
Sur le plan administratif, la longueur des délais, la complexité des procédures et la
multiplicité des intervenants pour l’obtention des autorisations affectent l’activité
entrepreneuriale dans notre pays.
De même, le “Corruption Perception Index ” (CPI), qui est un indice 4 publié chaque
année par Transparency International, classe le Maroc au 54ème rang sur 102 pays en 2002,
derrière le Chili, la Tunisie, la Malaisie et la Pologne qui enregistrent de meilleures
performances. Parmi les pays de l'échantillon, la Turquie occupe le dernier rang après
l’Égypte.

Tableau 3 : Indice de la perception de la Corruption en 2002


Rang Pays CPI
17 Chili 7,5
34 Malaisie 4,9
39 Tunisie 4,8
43 Corée du Sud 4,5
49 Pologne 4,0
54 Maroc 3,7
62 Egypte 3,4
65 Turquie 3,2
Source : Transparency International

3. Enseignements tirés de l’analyse comparative de quelques expériences internationales


réussies en matière de promotion de l’IDE (Corée du Sud, Chili, Irlande, Pologne)

Dans un contexte de mondialisation, la plupart des Etats cherchent à attirer les IDE.
Pour les PED, les IDE sont une source de financement extérieur privé importante et sont
également porteurs d’avantages comme le transfert de technologies, de compétences, de
capacités d’innovation, de réseaux internationaux de commercialisation et d’emploi.

4
Cet indice varie sur une échelle allant de 0 (le plus corrompu) à 10 (le moins corrompu).

23
L’analyse d’expériences réussies en matière de promotion des investissements
étrangers, à savoir la Corée du Sud, le Chili, l’Irlande et la Pologne, montre que les politiques
d’attractivité ont été orientées essentiellement vers l’amélioration des facteurs en relation avec
les déterminants fondamentaux de l’attractivité. Il s’agit de la simplification des procédures
liées à l’investissement, la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire stable et
transparent, une définition claire des droits et des obligations des investisseurs étrangers, la
mise en œuvre de politiques de valorisation du capital humain , de politiques commerciales
ouvertes et l’intégration dans des groupements économiques régionaux.
Les pratiques de ces pays montrent également l’existence d’incitations fiscales et
financières venant appuyer la décision d’investir, la mise en place d’organismes de promotion
des investissements performants ainsi que des incitations spécifiques à certains secteurs et à
certaines régions. Il s’agit notamment de l’assouplissement du dispositif de contrôle, la
création de zones franches, la libéralisation des systèmes de paiement, la convertibilité des
monnaies locales, la libéralisation des politiques économiques concernant la circulation des
IDE, la privatisation, l’élargissement des droits de propriété des investisseurs étrangers, le
rapatriement des capitaux investis et la signature de conventions visant à éviter la double
imposition.

3.1 Les politiques actives de promotion des investissements étrangers

3.1.1 Simplification des procédures et mise en place d’un cadre juridique stable avec une
définition claire des droits et obligations des investisseurs étrangers

En Corée du Sud, la loi sur la promotion de l’investissement a permis la mise en place


d’un cadre juridique très favorable aux IDE ainsi qu’une simplification et une rationalisation
de l’ensemble du processus d’investissement.

• Les démarches nécessaires à l’implantation d’une entreprise ont été simplifiées :


remplacement de la procédure d’autorisation par une simple exigence de notification,
réduction du nombre de pièces requises pour une demande de création d’entreprise
présentée par un ressortissant étranger.

• Un certain nombre d’obstacles transversaux ont été levés : suppression des obstacles à la
participation étrangère au marché des obligations des entreprises, de l’interdiction des
fusions et acquisitions hostiles et des plafonds de participation étrangère dans les sociétés
coréennes. Le marché financier a également été ouvert : les banques étrangères ont été
autorisées à établir des filiales et les sociétés étrangères peuvent depuis janvi er 2000 être
cotées à la bourse coréenne.

• La législation du travail a été rendue flexible grâce à la mise en œuvre de réformes


engagées dans le cadre d’une concertation tripartite (représentants du gouvernement,
syndicats et patronat). Les réformes engagées concernent notamment la mise en place
d’une législation de la pratique du licenciement économique, l’introduction du travail
temporaire et une plus grande liberté dans l’aménagement des heures de travail.

Au Chili, les IDE sont régis par le Statut de l'investissement étranger qui, depuis son
adoption, a considérablement accru les avantages octroyés aux investisseurs étrangers.
L'implantation d'une entreprise étrangère au Chili ne soulève pas de difficulté juridique
importante.

24
Cette législation est caractérisée par l’adoption d’une approche contractuelle entre
l’investisseur et l’Etat chilien. Dans ce cadre, l’Etat s’engage à une série d’obligations dont
celle de la non-discrimination entre investisseurs chiliens et étrangers. Considérant qu'il s'agit
d'un contrat obligeant l'Etat chilien, celui-ci n'est pas autorisé à le modifier de façon
unilatérale même si des normes légales sont dictées après sa souscription.

Les investisseurs étrangers ont la possibilité de faire appel d’une loi qu’ils jugent eux-
mêmes discriminatoire. L’appel se fait devant le comité des IDE, entité publique autonome
autorisée à agir au nom de l'Etat chilien pour habiliter les flux d'investissements étrangers, qui
doit se prononcer dans les 60 jours. En cas de refus du comité, l’investisseur étranger a la
possibilité de faire appel de sa décision.

Un IDE ne peut être exproprié, sauf sur la base d’une loi votée antérieurement à l’IDE.
En cas de litige, l’investisseur étranger a le choix entre la juridiction chilienne et l’arbitrage
d’une organisation internationale : Banque Mondiale ou une autre institution de l’ONU.

En Pologne, la transition vers l’économie de marché a été marquée par la révision de


l’intégralité de son cadre législatif et réglementaire ainsi que par la libéralisation des prix.

• Les textes déjà simplifiés et modernisés dès le début de la période de transition l’ont
encore été dans la perspective de l’adhésion du pays à l’UE, le droit polonais des sociétés
est aujourd’hui largement aligné sur les règles communautaires. Dans ce contexte, la
nouvelle loi sur les activités économiques entrée en vigueur en janvier 2001 fournit un
cadre général à la création d’entreprise et élargit la notion d’entreprise en donnant
notamment une définition des PME. Elle reconnaît un statut équivalent aux sociétés
étrangères et nationales régies désormais par un seul et même texte et limite les
interventions de l’Etat dans la vie économique en diminuant le nombre d’activités
soumises à autorisation. L’adoption du nouveau code des société s a permis de faciliter la
création, la transformation, la dissolution et la fusion-acquisition de sociétés, ainsi que les
augmentations de capital. Il autorise également la création de sociétés en partenariat et de
sociétés en commandite par actions.
• La Pologne n’oppose plus aujourd’hui d’obstacle à l’investissement étranger : la loi
libérale sur l’investissement étranger autorise les IDE voire même la détention de 100%
du capital d’entreprises par des intérêts étrangers dans tous les secteurs sans approbation
préalable de ces investissements.

3.1.2 Protection des investisseurs

La démarche de la Corée du Sud est également marquée par une protection des droits
des investisseurs étrangers. Ainsi, des moyens fiables de règlement des différends sont mis à
la disposition des investisseurs étrangers. Depuis 1999, le KOTRA (Korea Trade-Investment
Promotion Agence) met au service des investisseurs étrangers un médiateur « investment
ombudsman » dont la mission est d’apporter une solution aux difficultés rencontrées par les
investisseurs étrangers et les entreprises à participation étrangère. La Corée du Sud est
également membre du centre international pour le règlement des différends relatifs aux
investissements (CIRDI) de la Banque Mondiale et de l’Agence Mond iale de Garantie des
Investissements (AMGI).

25
Outre les Accords de Promotion et de Protection des Investissements (APPI) et les
Accords de Double Fiscalisation conclus avec d’autres pays, le Chili a adhéré à la Convention
portant création de l'Agence multilatérale de Garantie des Investissements (AMGI), laquelle
assure les investissements contre les risques politiques. Il a également signé la Convention de
Washington pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et
ressortissants d'autres Etats.

En Pologne, la libéralisation de l’activité économique s’est accompagnée d’une


sécurisation croissante des investisseurs étrangers. La loi garantit à ces derniers
l’indemnisation des pertes qu’ils pourraient subir du fait d’une mesure d’expropriation ou de
toute mesure équivalente et chaque société peut faire appel d’une telle décision devant les
tribunaux. Le libre-jeu de la concurrence fait l’objet de véritables mesures de protection : la
loi contre les pratiques et pour la protection du consommateur introduit un contrôle des
concentrations a priori, l’Office de Protection de la Concurrence et des Consommateurs
devant être tenu informé des projets de fusion susceptibles de créer des situations de position
dominante.
Les investisseurs bénéficient également d’une protection spécifique de la propriété
intellectuelle et industrielle qui a été adaptée aux dispositions communautaires et aux accords
de Marrakech. Les droits de propriétés intellectuelle et industrielle sont clairement établis et
transmissibles.

3.1.3 Valorisation du capital humain

Au delà de l’aspect quantitatif du coût du travail, l’aspect qualitatif de la main d’œuvre


qui assure l’avantage compétitif des firmes a constitué un élément fondamental dans
l’attractivité des investissements étrangers à haute valeur ajoutée .

• L’apport de compétences et de capital humain a constitué un élément fondamental de la


démarche irlandaise. Les autorités se sont employées à accroître l’offre des qualifications
qu’exige l’économie : des investissements substantiels dans la formation de capital
humain avec des programmes qui couvrent une large gamme de qualifications de tous les
niveaux et la création d’un fonds national pour la formation visant à appuyer la formation
en entreprise.

• La politique de valorisation du capital humain menée par le Chili lui a permis de


bénéficier d’une force de travail bien préparée que ce soit au niveau professionnel ou
technique. Les efforts développés ces dix dernières années par le gouvernement dans le
domaine de l’éducation ont permis d’atteindre un taux d’alphabétisation de plus de 95%.
Selon un rapport d’octobre 2000 élaboré par la Commission pour l’Amérique Latine et les
Caraï bes (CEPAL), le Chili a une scolarité moyenne de 10,4 ans, la plus importante de la
région latino-américaine. L’investissement total du pays dans l’éducation représente 7%
du PIB.

• En Pologne, la bonne qualification de la main d’œuvre et sa capacité à utiliser le matériel


de pointe a constitué l’attrait principal pour les délocalisations des firmes allemandes dans
des secteurs comme la construction mécanique.

26
3.1.4 Politique commerciale ouverte et insertion marquée dans une dynamique régionale
Au Chili, une stratégie commerciale qui combine une libéralisation unilatérale des
échanges et un régionalisme ouvert a été mise en place.

• Le Chili a adopté une stratégie visant à internationaliser l’économie et à relever son


niveau de compétitivité. Dans ce cadre, la protection accordée aux entreprises locales a été
réduite. Les taux de droit douane ont été baissés unilatéralement, toutes les restrictions
non tarifaires ont été éliminées et la liste des importations autorisées ne contient plus que
cinq articles.
• Une stratégie de développement des exportations a été mise en œuvre. Celle -ci a permis
une simplification des procédures d’exportation, une augmentation des services de
transport aérien et une diminution des coûts du transport. Les transports maritimes ont été
libéralisés et la gestion portuaire a été améliorée. La priorité a été accordée au
développement du système bancaire et un programme d’incitations fiscales destiné aux
exportateurs a été mis sur pied.

• Le Chili a conclu des accords préférentiels bilatéraux et régionaux qui ont permis de
garantir un accès plus large des exportations chiliennes aux marchés internationaux :
accord d’association avec le MERCOSUR et accords de libre-échange bilatéraux avec les
pays latino-américains (Colombie, Equateur, Venezuela, Mexique, Pérou, Cuba,
Amérique Centrale) et le Canada. Cette orientation se poursuit avec le lancement en avril
1998 au sommet des Amériques des négociations relatives à la création d’ici 2005 d’une
zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) liant l’Amérique Latine et les Caraï bes à
l’Amérique du Nord. Ces négociations visent à éli miner progressivement les obstacles au
commerce des marchandises, des services et à l’investissement. En juin 1999, lors du
sommet de Rio de Janeiro, l'UE et le Chili ont décidé de lancer des négociations visant à
permettre la libéralisation bilatérale, progressive et réciproque des échanges.

La Pologne a développé son commerce extérieur et l’a très largement orienté vers les
pays de l’UE. La libéralisation des échanges dans le cadre de l’accord d’association signé
entre la Pologne et l’UE, entré en vigueur en 1992, a permis des baisses rapides de doits de
douane dont le taux moyen est de 3,7% en 2000.

3.1.5 Incitations fiscales

En Corée du Sud, les incitations fiscales sont octroyées aux investisseurs étrangers en
fonction du contenu technologique et du lieu géographique de l’implantation.

• Les secteurs éligibles à des exonérations ou à des déductions fiscales concernent


essentiellement les technologies avancées qui ne sont pas maîtrisées par les entreprises
coréennes. Les sociétés étrangères éligibles peuvent bénéficier d’une exonération de
l’impôt sur les sociétés et de l’impôt général sur le Revenu pendant les sept premières
années d’activité et d’une déduction de 50% pour les trois années suivantes. Les
investisseurs étrangers bénéficient également de déduction en matière de TVA, de droits
de douane, de droits d’enregistrement et de taxes locales. Le taux de TVA est fixé à 10%
et s’applique uniformément à l’ensemble des produits et services. Un taux zéro de TVA
s’applique notamment aux activités de transport international maritime et aérien ainsi
qu’aux produits destinés à l’exportation.

27
• La nouvelle loi sur la promotion de l’investissement étranger a permis la création des
Foreign Investment Zones (FIZ) sur le modèle des zones franches à fiscalité pr éférentielle.
Ces FIZ font office de zones franches d’implantation qui offrent des avantages en termes
d’incitations fiscales (IS, droits de douane,…) et de soutien aux entreprises en termes
d’infrastructures (loyers). Ainsi, une exonération d’impôt sur le s sociétés pendant les sept
premières années d’activité et une déduction de 50% pour les trois années suivantes est
accordée aux entreprises dont l’investissement réalisé porte sur plus de 30 millions de
dollars US. Des incitations sont également accordées au niveau des droits de douane avec
notamment un paiement différé ainsi qu’une exonération sur certains produits
manufacturés. Au niveau des infrastructures, des loyers préférentiels équivalents à 1% de
la valeur du terrain sont accordés et ce pendant une durée de 50 ans. Dans les secteurs
spécifiques comme l’automobile et les hautes technologies, les entreprises n’ont pas à
acquitter de loyer.
Concernant les incitations spéciales aux investisseurs étrangers au Chili, il est
important de souligner que ce pays ne leur offre aucun type d'incitation fiscale, à l'exception
du régime fiscal spécial établi dans le statut d’investissement étranger.

• Le régime fiscal spécial établi dans le statut d’investissement étranger, concerne la


manière dont les investisseurs étrangers peuvent se soumettre à l'impôt chilien sur les
sociétés. Les investisseurs étrangers ont la possibilité de choisir entre deux régimes
fiscaux d’imposition sur les bénéfices : soit le régime commun, soit le régime spécial
d’invariabilité fiscale. Sous ce régime spécial, les investisseurs étrangers sont taxés sur
leurs recettes selon un taux fixe invariable de 42% pendant une période de dix ans. Ce
délai passe à vingt ans pour les investissements supérieurs à 50 millions de dollars US. La
caractéristique principale de ce régime spécial est que d’éventuelles modifications à la
législation fiscale ne seront pas applicables aux investisseurs qui auront choisi ce régime.
Le taux d’imposition est en baisse constante depuis quelques années du fait de la course à
la compétitivité entre les Etats d’Amérique Latine pour attirer les IDE.
• Cependant, quelques incitations à caractère régional, liées à des zones extrêmes ou
géographiquement isolées, peuvent être utilisées par les investisseurs aussi bien chiliens
qu'étrangers. En général, ces incitations concernent le cofinancement d’études de
faisabilité, des subventions à l’achat de terrains dans des zones industrielles et l’embauche
de main d’œuvre locale et des mesures visant à faciliter le financement des projets.

Les autorités polonaises se sont employées à créer un cadre fiscal favorable à


l’investissement. Des exemptions d’impôts sont consenties dans les zones économiques
spéciales (ZES) situées dans des régions économiques prioritaires. Pour une durée de 20 ans,
l’entreprise peut bénéficier d’une série d’avantages fiscaux modulables.

L’impôt sur les sociétés (IS), la TVA et l’impôt sur le revenu des personnes physiques
(l’IRPP) ont été introduits après 1992. Le taux actuel (avril 2002) de l’IS est de 28%, il est
prévu qu’il baisse à 22% en 2004. Le taux de base de la TVA est de 22% avec des taux
minorés de 0%, 3% et de 7% applicables à certains produits et services. Les taux de l’IRPP
sont de 19, 30 et 40%.

28
3.2 Des organismes de promotion performants

Parallèlement à la mise en place d’une politique d’attractivité (mise en place


d’infrastructures efficaces, un cadre législatif et réglementaire transparent…), les pays en
question ont accordé une grande importance à la mise en place d’organismes de promotion
visant à attirer les investissements étrangers : le KOTRA (Korea Trade-Investment Promotion
Agence) en Corée, « Enterprise Ireland » en Irlande et la PAIZ (Agence Polonaise pour
l’Investissement Etranger) en Pologne. Ces organismes sont chargés de coordonner la mise en
œuvre des objectifs définis dans le cadre de la stratégie d’attractivité en matière de promotion
des IDE : la construction d’une image forte et positive du pays d’accueil, la génération des
investissements étrangers et la prestation de services aux investisseurs étrangers.

En Corée, l’ensemble des actions de promotion des investissements étrangers est placé
sous la responsabilité du KOTRA (Korea Trade-Investment Promotion Agence). Cette agence
s’appuie sur un réseau de 101 bureaux dans 78 pays. Les missions diplomatiques ont joué un
rôle important en offrant aux investisseurs des informations sur la réglementation relative aux
investissements ainsi que sur les secteurs d’investissement porteurs.

En Irlande, des programmes de promotion qui visent à promouvoir des liaisons entre
les investisseurs et les entreprises locales ont été adoptés. L’action de l’organisme de
promotion « Entreprise Ireland » est orientée vers l’entreprise grâce à une représentation du
secteur privé au niveau du conseil d’administration. Le Conseil de « Entreprise Ireland » fixe
des politiques générales et délègue à la direction et à des sous -comités la responsabilité de
leur mise en œuvre. Dans le cadre de ses activités, le Conseil fonctionne selon les meilleurs
principes de la gestion d’entreprise adoptés par le secteur privé.

En Pologne, il y a eu la mise en place de l’Agence Polonaise pour l’Investissement


Etranger (PAIZ) qui vise la facilitation et l’orientation des investisseurs étrangers.

29
Conclusion

En plus de la consolidation des atouts du Maroc et de l'atténuation de ses


insuffisances, les expériences internationales réussies en matière d’attraction des IDE
montrent la nécessité de mettre en place une stratégie volontariste pour assurer une attractivité
durable du territoire national pour les IDE.

Celle-ci doit veiller à la recherche d’opportunités d’investissement en phase avec les


atouts réels et potentiels du pays : valoriser l’avantage de proximité pour attirer les
délocalisations, favoriser la conclusion d’opérations de partenariat (sous formes de prises de
participation, joint- ventures,…) entre entreprises locales et firmes étrangères, impulser les
investissements des firmes multinationales à la recherche de nouveaux sites d’implantation
dans le cadre de la redistribution et la rationalisation de leurs processus de production et
attirer les capitaux des marocains résidant à l’étranger (favoriser le partenariat avec des
investisseurs du pays d’accueil,…).

Dans ce cadre, l’accélération de la mise en place des centres régionaux


d’investissement va permettre de doter notre pays de mécanismes nouveaux et professionnels
pour promouvoir l’investissement. Il convient de signaler que leur rôle ne se limite pas à la
mission traditionnelle du guichet unique, mais englobe des missions plus larges telle la mise à
la disposition des opérateurs économiques de données et informations à caractère
économique, l’assistance pour la création d’entreprises, le soutien et la facilitation des
investissements, l’exploitation des atouts et potentialités économiques régionales, la mise à
niveau et le soutien des entreprises, notamment celles se trouvant en situation difficile.

En outre, il importe de réfléchir à la mise en place d’une agence unique en charge de la


promotion économique, telles que la KOTRA en Corée du Sud, l’Entreprise Ireland en Irlande
ou la PAIZ en Pologne. Cette structure pourrait coordonner la mise en œuvre des objectifs
définis dans le cadre de la stratégie d’attractivité des investissements directs étrangers, comme
la consolidation de l’image de marque du pays et la fourniture de prestations de services aux
investisseurs étrangers. En outre, cette démarche permettrait l’adoption d’une vision
cohérente unifiée et la coordination nécessaire de la promotion économique du Maroc, tant au
niveau global que sectoriel.

Parallèlement à l’amélioration de l’environnement institutionnel, il s’avère opportun,


pour notre pays, de poursuivre la stabilisation du cadre macro-économique, mettre en œuvre
les réformes de seconde génération (administration, justice, législation du travail…) et
conduire des politiques pro-actives aux mutations de l’environnement national et
international.

De même, d’autres actions sont de nature à permettre la dynamisation de


l’investissement étranger au Maroc. Il s’agit essentiellement de :

• rendre les infrastructures plus développées et accessibles, avec une programmation


précise dans le temps de leur réalisation.

• valoriser le capital humain et lutter activement contre l’analphabétisme, en mobilisant


l’ensemble des composantes de la société.

30
• poursuivre la réduction des charges des entreprises tout en procédant à l’amélioration de
leur condition de financement, en donnant la priorité à la PME.

• dynamiser la diplomatie économique et favoriser l’intégration du Maroc dans le cadre


d’une dynamique régionale.

• appuyer le développement des secteurs d’activité où le Maroc jouit d’avantages


comparatifs significatifs, en accordant une attention particulière à ceux favorisant
l’émergence de l’économie du savoir.

• mettre en œuvre une politique d’aménagement du territoire. A ce propos, les articulations


entre les dynamiques sectorielles et les organisations territoriales jouent désormais, dans
un contexte de globalisation marquée, un rôle décisif dans le déve loppement de la
compétitivité nationale.

• renforcer la stabilité sociale en développant la solidarité et le partenariat et en poursuivant


les politiques de lutte contre la pauvreté, particulièrement en milieu rural.

31
Annexe :
Présentation des politiques menées par le Maroc

pour promouvoir l'investissement

Pour soutenir la croissance économique, les pouvoirs publics ont déployé, depuis
1993, des efforts considérables pour promouvoir l'investissement à travers des mesures
d’ordre législatif, institutionnel, organisationnel et fiscal.

1. Les réformes d’ordre législatif

L’assainissement de l’environnement juridique des affaires joue un rôle capital dans la


stratégie de promotion de l’économie nationale. L’action des pouvoirs publics s’est
concrétisée dans ce domaine en particulier à travers :

• l’adoption du code de commerce et des lois sur les sociétés, la promulgation de la loi sur
les groupements d’intérêt économique et de la loi sur la concurrence et la liberté des prix.

• l’adoption de la charte des investissements, législation unique et homogène, en


remplacement des codes sectoriels et donnant lieu à des avantages fiscaux importants en
faveur des investissements.

• la promulgation du décret d’application des articles 17 et 19 de la charte de l’investissement.


Ce texte prévoit la prise en charge par l’Etat d’une partie des coûts de la formation, de la
mise en place de l’infrastructure et de l’acquisition des terrains nécessaires à condition que
le montant global de l’investissement soit supérieur ou égal à 200 millions de dirhams, qu’il
occasionne la création d’au moins 250 emplois et qu’il assure un transfert de technologie ou
que le projet soit réalisé dans l’une des régions visées par décret.

• l’institution d’un régime de convertibilité en faveur des investissements étrangers,


financés en devises, permettant aux investisseurs étrangers de réaliser librement des
opérations d’investissement au Maroc et de transférer le revenu issu de ces opérations
ainsi que le produit de liquidation ou de cession de leurs investissements.

• la libéralisation des opérations de financement extérieur, la réforme du système du compte


« capital » et l’institution d’un nouveau régime des avoirs liquides en dirhams détenus au
Maroc par des étrangers non-résidents à travers, notamment, le remplacement des comptes
« capital » par des « comptes convertibles à terme » qui peuvent être débités pour financer
les investissements au Maroc.

• l’adoption de la loi portant code des juridictions financières et l’examen en cours, au


Parlement, du projet de code du travail.

• l’adoption en Conseil du Gouvernement de la réforme de la loi sur les investissements


agricoles de façon à intégrer les ingénieurs et techniciens agronomes dans le processus de
développement et de donner une impulsion supplémentaire à l'investissement dans le
domaine agricole.

32
• l’adoption de textes de loi sur la protection de la propriété intellectuelle et de la propriété
industrielle et sur la création de l'Office Marocain de la Propriété Industrielle et
Commerciale.

2. Les réformes d’ordre institutionnel

Afin de pallier les problèmes qui ont trait à la complexité des procédures et aux
lourdeurs administratives, les pouvoirs publics ont opté pour les mécanismes institutionnels
suivants :

• la création d’une commission interministérielle auprès du Premier Ministre chargée de


statuer sur les problèmes qui entravent la réalisation de projets d’investissements, d’agréer
les conventions liant l’Etat à des investisseurs d’envergure et de mettre en œuvre toute
mesure à mê me d’améliorer l’environnement des investissements.

• la mise en place des centres régionaux d’investissement en vue d’asseoir les fondements
de la gestion déconcentrée de l’investissement et ce, conformément à la lettre Royale du 9
janvier 2002.

• la création de l’Agence Nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie


en vue de palier, en partie, aux entraves à l’investissement qui ont trait au foncier.
• la mise en place du Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Dans ce
cadre, des programmes importants ont été mis en œuvre, principalement dans les
domaines de l’habitat social, du transport autoroutier, de l’irrigation, de l’aménagement
des zones industrielles et des pôles touristiques.
• l’institution et l’alimentation en dotations budgétaires du fonds de promotion des
investissements dans le but de financer les conventions avec l’Etat et de soutenir l’effort
public d’investissement.
• la réforme en cours du cadre institutionnel de certains établissements et entreprises publics
remplissant des missions stratégiques ainsi que des secteurs correspondants tels que
l’ONT et le secteur du transport routier, l’ONCF et le secteur du transport ferroviaire, la
COMANAV et le secteur du transport maritime et l’ONMT.

3. Les réformes d’ordre réglementaire et organisationnel

Pour développer les investissements nationaux et étrangers, les mesures entreprises en


matière de privatisation et de libéralisation sont :

• la révision de la loi sur la privatisation de manière à en faire un instrument de politique


économique qui asseoit les règles de transparence, de régularité et d’équité. Il s’agit
notamment de supprimer son délai d’application, d’élargir le périmètre d’action de la loi à
tous les établissements et entreprises publics et d’introduire les nouvelles entreprises
privatisables par loi au fur et à mesure de leur respect des conditions requises.

• la restructuration opérationnelle et financière de certains établissements et entreprises


publics dont, notamment, l’OCP, l’ONE, l’ONEP et certains ERAC.

33
• la transformation de certains établissements publics à caractère industriel ou commercial
(EPIC) en sociétés anonymes en vue d’améliorer la gestion et de favoriser la transparence
et le renforcement du programme de contractualisation avec les EEP dans le but,
notamment, de rationaliser leurs programmes d’investissement.
• la poursuite du processus de désengagement de l’Etat à travers le programme de
privatisation et l’octroi de concessions (production indépendante d’électricité à Jorf
Lasfar, parc éolien de Koudia El Beida, distribution d’eau et d’électricité et
assainissement liquide au Grand Casablanca, à Rabat -Salé et à Tanger -Tétouan).

• la libéralisation du secteur du transport routier de marchandises à travers la suppression


des agréments, l’abolition du monopole d’affrètement accordé à l’ONT et la libéralisation
des tarifs.
• la promulgation de la loi sur les zones franches d’exportation et les places financières off
shore.

• la mise en place prochaine d’un cadre juridique régissant les concessions et autres modes
de partenariat public-privé.

4. Le financement
Les pouvoirs publics ont entrepris de mettre en place les instruments et les
mécanismes à même de garantir aux opérateurs économiques les sources de financement
nécessaires. Les mesures mises en œ uvre visent autant le financement du Trésor, le système
bancaire que le marché boursier :

• la mise en place d’une politique d’endettement intérieur du Trésor marquée par l’abandon
progressif des financements administrés au profit des financements aux conditions du
marché.

• la mise en œuvre d’une politique de mobilisation de financements extérieurs à des


conditions concessionnaires. Durant la période 1998-2001, 2,7 milliards de dollars US ont
été conclus au titre d’engagements nouveaux et 3 milliards de dollars US au titre de
tirages mobilisés par le Trésor.

• la poursuite du programme de gestion active de la dette qui permet la conversion d’une


partie de la dette extérieure en investissements publics et privés, le refinancement de la
dette onéreuse et le réaménagement de la structure en devises de la dette extérieure. Le
montant converti en investissements jusqu’en 2001 s’élève à 667 M $US, dont 210 M
$US à l’égard du Koweï t et 457 M $US vis- à- vis des créanciers du Club de Paris (France,
Espagne et Italie), tand is que le mécanisme de refinancement a porté sur 400 M $US.

• la mise en œuvre d’une politique monétaire prudente permettant la détente des taux
d’intérêt et la stabilité des prix.

• la suppression du plancher d’effets publics qui s’inscrit dans un processus visant à libérer
davantage de ressources au profit des entreprises et à alléger les tensions qui pèsent sur les
taux d’intérêt.

34
• le renforcement de la réglementation prudentielle à travers, notamment, le réaménagement
du coefficient de division des risques, la révision du coefficient minimum de solvabilité,
le réaménagement du coefficient de liquidité et l’adoption d’un nouveau plan comptable
des établissements de crédit.

• l’assainissement et la restructuration des institutions financières publiques (CNCA, CIH,


BNDE, Fonds d’Equipement Communal, Crédit Populaire) en vue d’améliorer leur
contribution au financement des secteurs stratégiques.

• la mise en place, au niveau de la Bourse, de trois nouveaux compartiments destinés aux


PME / PMI, aux entreprises d’infrastructures et aux entreprises à forte valeur ajoutée.

• la mise en place d’un programme de développement de l’épargne institutionnelle axé sur


la réforme de la CDG, de la retraite et du secteur des assurances.

• le renforcement des procédures de fonctionnement et de sécurité du marché avec


l’institution du règlement- livraison simultané, la mise en place de la chambre de
compensation et la création d’un fonds de garantie destiné à indemniser la clientèle des
sociétés de bourse qui seraient mises en liquidation.

• la mise en place d’un marché hypothécaire par l’adoption de la loi sur les créances
négociables.

• la mise en place d’un certain nombre de lignes de crédits, nationales et étrangères, et des
fonds de garantie, destinés au financement de l’investissement et à la mise à niveau des
PME/PMI (FOGAM, FOGAFAM, Fonds de Garantie Européen). De plus, un Fonds de
Dépollution Industrielle a été mis en place et les critères d’éligibilité des entreprises à la
garantie du FOGAM pour le financement de leur mise à niveau ont été assouplis.

• la mise en place prochaine d’un fonds dénommé « RENOVOTEL » destiné au


financement de la rénovation d’unités touristiques et financé par le Fonds Hassan II à
hauteur de 200 millions de dirhams. La gestion en sera confiée à la CCG et à Dar Ad-
Damane.

• la création prochaine d’un fonds dénommé « FORTEX » dédié au soutien de l’effort de


restructuration des entreprises du secteur du textile et de l’habillement et financé par le
Fonds Hassan II pour le développement économique et social.

5. Les mesures fiscales

Les pouvoirs publics ont veillé à la mise en place d’un cadre fiscal attrayant pour les
investisseurs. Il s’agit notamment des mesures suivantes :

• l’adoption d’un cadre juridique permettant l’octroi d’avantages douaniers et fiscaux aux
programmes d’investissement d’envergure notamment ceux dont le montant dépasse 200
millions de dirhams.

• la révision du code des douanes en vue de l’aligner aux standards internationaux, ainsi que
la rationalisation et la simplification du tarif douanier par la réduction du nombre de
quotités tarifaires en douane.

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• la simplification des procédures douanières en faveur de l’investissement à travers,
notamment, l’introduction des régimes de transformation sous douane, l’octroi de facilités
en faveur des biens d’investis sement importés par envois fractionnés et l’adoption de la
sélectivité des vérifications au moment du dédouanement.

• l’exonération totale de l’IS et de l’IGR des entreprises installées dans les zones franches
durant les cinq premières années d’exploitation et la réduction du taux de l’IS de 10% à
8,75% durant les dix années suivantes.

• l’exonération totale des entreprises exportatrices de l’IS et de l’IGR sur le chiffre


d’affaires réalisé en devises pendant 5 ans à compter de la première opération
d’exportation et la réduction de 50% sur ces impôts par la suite sans limitation dans le
temps.

• l’extension de l’exonération de la TVA accordée aux prestations de services et aux


travaux de construction ou de montage dans les zones franches.

• la limitation de la valeur locative relative à l'impôt de la patente à 50 millions de dirhams


et la réduction du taux servant à délimiter la valeur locative de l’immobilier à 3% et des
engins et appareils à 4%.

• la suppression de la participation à la solidarité nationale (PSN) aff érente aux revenus et


bénéfices exonérés en totalité de l’IS.

• le relèvement du plafond de la provision pour investissement, susceptible d'être employée


pour les opérations de recherche et développement ou de restructuration, en la faisant
passer de 2% à 20 % du bénéfice fiscal avant impôt.

• l'abattement de 25% de l'IS pendant 3 ans en faveur des entreprises qui s'introduisent en
bourse entre le premier janvier 2001 et le 31 décembre 2003 et de 50% en cas
d'introduction accompagnée d'une augmentation du capital (dans le cadre de la Loi de
Finances 2001) à condition que les entreprises en question restent en cotation pendant une
durée minimale de dix ans.

Au niveau sectoriel, plusieurs actions ont été mises en œuvre en vue d’encourager
certains secteurs porteurs.

• Au niveau de l’agriculture, la reconduction de l'exonération du secteur agricole de l'IS et


de l'IGR jusqu'en 2010.

• Au niveau de l’industrie, l’exonération de 50% au titre de l’IS ou de l’IGR en faveur : (i)


des entreprises minières sans limitation dans le temps, (ii) des entreprises implantées dans
les régions visées par décret durant les 5 premières années d’exploitation et (iii) des
entreprises artisanales quel que soit leur lieu d’implantation.

• Au niveau de l’énergie et du Transport, la révision du code des hydrocarbures en vue


d’encourager les investissements dans le domaine de la recherche et de l'exploitation
pétrolières, ainsi que la réduction progressive du coût de l’électricité industrielle qui
atteint 17%, l’objectif étant d’atteindre 20% en l’an 2003 et la baisse de la TIC (taxe
intérieure à la consommation) sur les combustibles servant à la production de l'électricité.

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• Au niveau du tourisme :

- la signature d’un contrat-programme dans le but d'asseoir une véritable stratégie pour
le développement du secteur ;
- l’exonération des entreprises hôtelières nouvellement créées de l’IS ou de l’IGR sur la
partie de leur chiffre d’affaires réalisé en devises et ce, pendant une période de 5 ans,
et l’application d’une réduction de 50% au-delà ;
- la réduction du taux de la TVA de 20% à 10% en faveur de la restauration, la
réduction des droits d'enregistrement de 10% à 5% sur les cessions des fonds de
commerce du secteur touristique et la limitation de la valeur locative servant au calcul
de la patente à 50 millions de dirhams au profit des sociétés de service du secteur.
• Au niveau de l’enseignement :

- l’exonération totale de l’IS ou de l’IGR, durant les 5 premiers exercices, des


établissements d’enseignement privé ou de formation professionnelle qui ont débuté
leur activité à compter du 1er janvier 1998.
- l’exonération au titre de la TVA des biens d’équipement acquis par les établissements
privés d’enseignement ou de formation professionnelle.
- l’exonération à raison de 50% de l’IS et de l’IGR ainsi que de l’exonération des
principales taxes en faveur des promoteurs immobiliers qui s’engagent, dans le cadre
de conventions avec l’Etat, à réaliser des résidences universitaires d’une capacité qui
excède 1000 lits dans un délai de 3 ans.

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