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Auteurs et co-auteurs
Bruno FRACHET
Service ORL Hôpital Avicenne
125, route de Stalingrad
93009 Bobigny Cedex
bruno.frachet@avc.ap-hop-paris.fr
Bertrand GEOFFRAY
18, rue Gounod
06000 Nice
bgeoffray@yahoo.fr
Jean-Luc PUEL
Unité INSERM U 583
Hôpital Saint-Eloi
80, rue Augustin-Fliche
34295 Montpellier Cedex 5
puel@montp.inserm.fr
Christophe COULVIER
10, avenue Jules-Ferry
03100 Montluçon
ccoulvier@ccagroupe.com
Avec la participation de
Philippe PEIGNARD, Christine PONCET-WALLET, Christine TOFFIN, Caroline CUNY, Antonella VESTUTO
et de
Jean VASSEUR, Isaac SOUED, Nathalie SIBONY, Emilie VORMES
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Chapitre 1
1.1 Introduction
L’acouphène correspond à la perception d’un son sans source extérieure.
Il est habituellement associé à une surdité mais est parfois isolé, sans hypoacousie1…
Nous sommes de plus en plus confrontés à cette symptomatologie. L’acouphène soit nous
« rebute » car nous pensons qu’il met notre compétence en échec, soit, au contraire, constitue une
de nos « sur-spécialités » dont la complexité et la qualité de la relation médecin-patient qu’il
engendre sont des aspects très motivants.
Cette nouvelle monographie de CCA Amplifon qui paraît après le rapport à la Société Française
d’ORL se veut pratique. Elle présente, en 2 grandes parties :
« Les fondamentaux de l’acouphène », de l’historique aux notions scientifiques de pointe.
« La pratique clinique » avec les points utiles à la consultation.
La « science » en matière d’acouphènes est en devenir. Pour ce symptôme qui siège entre somatique
et psychisme, c’est bien normal : les progrès des sciences dures réduisent les hypothèses de l’esprit.
Du traitement aux classifications, les propositions furent nombreuses.
De multiples traitements ou prises en charge ont été ou sont proposés. On peut citer :
◆ Le soutien psychologique (Scott et al – 1985) ;
◆ La relaxation (Jakes – 1985) ;
◆ Le biofeedback (Carmen et Svikover – 1984) ;
◆ L’hypnothérapie (Marlowe – 1973) ;
◆ La stimulation électrique (Chouard-Meyer-Maridat – 1981) ;
◆ L’iontophorèse à la lidocaïne (Brussi et Loenndien – 1985) ;
◆ Le masquage (Vernon – 1977) ;
◆ De multiples drogues.
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Dans chacune de ces oppositions, la première qualification se référait à un signal mesurable avec
une source physique, la seconde, au contraire, était sans phénomène physique clairement identifié,
sans source définie.
Ultérieurement, la découverte des oto-émissions par Kemp en 1978 a semblé tout résoudre.
En 1978, Kemp a démontré que l’oreille interne, auparavant considérée comme un récepteur passif,
pouvait générer un son.
Dès lors on croyait la question du mécanisme de l’acouphène résolue.
Des acouphènes étaient associés à la présence de ces émissions oto-acoustiques spontanées. En fait
cette association est rare et leur absence ne constitue malheureusement pas un critère de définition
stricte de l’acouphène.
Ainsi, dans l’état actuel de nos connaissances, la définition de l’acouphène reste extrêmement
vague : elle recouvre les perceptions sonores sans base apparente, sans signal sonore mesurable, sans
rapport avec une source précise.
Cette définition peu précise témoigne encore bien de notre méconnaissance.
Notre retard est stigmatisé par l’évolution parallèle de la connaissance médicale dans d’autres
spécialités. En cardiologie, par exemple :
L’angine de poitrine (symptôme) est rapportée à l’insuffisance coronarienne – au défaut de
perfusion du myocarde (mécanisme) – lui-même en rapport avec l’athérome (cause)…
L’acouphène en reste toujours au premier stade : la description du symptôme auditif…
Le lecteur pressé trouvera ci-après maintenant un survol des 2 grands chapitres de ce texte :
◆ Les fondamentaux ;
◆ La pratique clinique de l’acouphène.
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1.2.2.1 L’habituation :
C’est un élément essentiel dans la physiologie sensorielle, au même titre que « l’oubli » qui
fait que les stimulations sensorielles peuvent se succéder les unes aux autres. L’habituation
est l’évanouissement progressif de la réaction face à la répétition d’une stimulation.
Dans une approche finaliste, tout se passe comme si le système sensoriel « comprenait » que la
stimulation qui ne change pas n’apporte plus d’information sur l’environnement et qu’il peut
libérer ce canal pour une éventualité sensorielle qui serait plus utile. Le système sensoriel
filtre cette information, l’empêche d’atteindre le conscient de la perception mais garde la
possibilité de son rappel volontaire.
Mais si la stimulation porte en soi une information de menace vitale, aucun filtre, jusqu’à
démonstration du contraire, ne va s’instaurer.
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1- On distingue l’acouphène objectif audible et enregistrable de l’acouphène subjectif, celui qui nous occupe.
L’acouphène objectif reconnaît 2 sources :
- Le bruit du flux vasculaire, par exemple le bruit d’une fistule superficielle, ou le souffle d’un rétrécissement
vasculaire ou valvulaire, à rapprocher de l’éréthisme de la carotide interne dans le canal carotidien du rocher en cas
d’hyperthyroïdie. L’examen clinique comporte toujours une auscultation locale.
- Le bruit respiratoire d'une béance de la trompe d'Eustache. L'examen clinique fera la différence.
2- Hauteur tonale ou « note musicale de l’acouphène ».
3- On demande au patient de comparer son acouphène à un son calibré.
4- idem
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Processus
conscients
Détection, Processus
Associations émotionnelles
subcorticale inconscients
Système limbique
Hp Hr
Source de Gêne
l'acouphène Système nerveux autonome
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1- Les altérations auditives dues au vieillissement naturel de notre système auditif sont, dans une acception large,
aggravées par les expériences « oto-traumatiques » de la vie : traumatismes sonores, oto-toxicité de certains
antibiotiques ou de la chimiothérapie par cis-platine...
2- Monotone au sens de simple, identique, peu riche finalement dans sa présentation…
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◆ 1.2.5 La guérison :
C’est l’exigence du sujet qui estime pouvoir bénéficier de la « pilule miracle » qui fera disparaître
le symptôme. C’est aussi la quête des médecins et chercheurs du domaine. Mais à l’heure actuelle,
elle n’existe pas et force est de « faire avec » l’insuffisance de notre pharmacopée. Il existe pourtant
des disparitions expliquées ou non d’acouphènes.
1- La consultation pour acouphènes doit être émaillée d’énonciation de paraboles ou de faits de la vie.
2- Mais il consulte néanmoins. Il faut prendre garde à ce que sa démarche soit bien celle d’une recherche de guérison et
non de mise en défaut de la médecine.
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1- Articulation temporo-mandibulaire.
2- L’idéal est d’avoir en tête la liste des situations possibles pour répondre à la demande somatique.
3- Aux États-Unis, la question sur l’utilisation de la marijuana est systématique.
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1.3.1.2.1 L’inquiétude :
Pour un acouphène chronique, on l’a vu, le patient témoigne d’une certaine sérénité
somatique étiologique. Son inquiétude résiduelle concerne l’évolution de l’acouphène
lorsqu’il a reçu des informations alarmistes1.
1- L’acouphène rend fou, mène au suicide… ce genre d’informations se trouvent sur des sites Internet ou dans le
discours de certains confrères…
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1.3.1.5 L’imagerie :
Sa nécessité a déjà été évoquée en fonction des cas. Normale même ancienne, son
renouvellement régulier n’est pas une nécessité.
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La désensibilisation auditive :
Il s’agit de la diminution de la sensibilité de la détection de l’acouphène. Cette action
est du domaine de l’inconscient, à la différence de la précédente. Elle est mise en
œuvre d’abord en recommandant au patient d’éviter le silence. De façon plus
sophistiquée, un générateur de bruit hébergé dans une prothèse auditive permet de
soumettre le sujet à un environnement sonore permanent. L’idée est de diminuer le
contraste entre l’acouphène et l’environnement sonore. Petit à petit, cette
stimulation sonore prolongée (plus de 6 heures par jour) va déclencher une réaction
normale d’habituation : ce signal n’est pas menaçant, il est amovible. Et la théorie
stipule que l’habituation est généralisable, c’est à dire que les stimulations
ressemblant à la stimulation qui déclenche la réaction visée vont aussi profiter du
filtre de l’habituation. Ainsi l’acouphène est plus rapidement bloqué à l’étage
inconscient. Le développement de l’habituation demande plusieurs mois. Cette
démarche n’est pas dangereuse car le niveau sonore nécessaire est faible.
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Les auteurs se consacrent essentiellement à la description du symptôme. Les théories explicatives sont rares
et curieuses : la présence d’un petit animal protégeant l'oreille pour les Annamites, un conflit entre le froid
qui entre dans l'organisme le long des vaisseaux et les humeurs de vie chaude présentes dans le corps pour les
Chinois, les humeurs venant de l'estomac pour Gallien au II e siècle après Jésus-Christ, qui ne
parviennent pas à s'écouler normalement pour un Alexandre de Tralles au VI e siècle, des vapeurs cérébrales
à nouveau pour Fallope au XVI e siècle.
On voit par là l'absence de progression avec essentiellement des compilations redondantes de siècle en siècle.
Seul Hippocrate et les médecins arabes des X e -XI e siècles émergent, ainsi que les écoles de Salerne en Italie
et Montpellier au XI e -XII e siècles. Leur contribution principale est une classification des acouphènes
associés ou non à une surdité, des mouvements anormaux et autres troubles neurologiques. Certains comme
Guy de Chauliac au XII e siècle constatent l'amélioration nette des patients situés dans un
environnement sonore relativement important, une idée qui fera son chemin plusieurs siècles après.
Quant aux thérapeutiques proposées, elles varient peu durant ces 2000 ans, fondées essentiellement sur des
décoctions administrées localement, à base d’huiles, d’herbes, ou même d'opium, voire des incantations ou
des scarifications des lobes de l'oreille.
Les deux siècles suivants représentent un palier dans l'acquisition des connaissances en matière
d'acouphènes en particulier grâce à Du Verney qui publie en 1683 le premier traité des maladies de l’ouïe,
exclusivement consacré aux pathologies de l'oreille ; il fait en particulier une analogie entre les sensations
visuelles que l'on peut avoir dans le noir et, par exemple, les traumatismes acoustiques et les acouphènes qui
peuvent en résulter. Ce qui est tout à fait passionnant est le fait qu'il ait émis l’hypothèse selon laquelle le
nerf auditif transmet toutes les activités de l'oreille interne au cerveau, quelle que soit la source de cette
activité.
La contribution du XVIII e siècle est la découverte qu'il n'y a pas d'air dans le labyrinthe ce qui,
naturellement, change complètement la perspective en matière de théories d'explication des acouphènes. Sur
le plan thérapeutique de grandes voies apparaissent, la première utilise les propriétés de l'électricité statique
découverte au milieu du siècle, la deuxième se fonde sur les bénéfices supposés de la mastoïdectomie qui
permet la sortie de l'air emprisonné dans la boîte crânienne.
Le XIX e siècle est la deuxième marche qui conduit aux connaissances actuelles.
On remarque d'abord les applications des découvertes de Galvani et Volta en matière de courant continu,
permettant certaines disparitions d'acouphènes. Itard publie en 1821 une série de 172 patients
acouphéniques qu’il classe selon la cause (acoustique, oreille interne, psychique). Il associe cette
classification et l’existence ou non d'une surdité et suggère la technique du masquage d'acouphènes .
Les différentes écoles allemandes sont, durant ce siècle, les plus actives. Elles s’intéressent aux
bourdonnements pulsatiles rapportés à des anomalies de vaisseaux de proximité ou à des atteintes
valvulaires.
- On fait le lien entre eux et la plupart des pathologies de l'oreille avec la possibilité d'apparition d'un
acouphène dans le cadre de l'irritation du nerf auditif.
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Chapitre 2
Les avancées dans la connaissance des acouphènes sont bien réelles même si le peu d’applications
cliniques à ce jour peut donner une impression contraire.
Pour la pratique, ces notions alimentent la consultation, permettent d’élaborer des paraboles pour
expliquer sans déformer, pour s’adapter au désir de compréhension de celui qui souffre d’acouphènes.
La relation médecin–malade, encore plus qu’ailleurs est ici un vrai moteur pour la prise en charge. Elle
est de qualité si elle est abondée par la connaissance.
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2.1.1.3 L’habituation :
C’est un élément essentiel dans la physiologie sensorielle, au même titre que « l’oubli » qui
fait que les stimulations sensorielles peuvent se succéder les unes aux autres.
L’habituation est la loi L’habituation est l’évanouissement progressif de la réaction face à la répétition
évolutive générale de d’une stimulation. Dans une approche finaliste, tout se passe comme si le
l’acouphène. système sensoriel « comprenait » que la stimulation qui ne change pas
n’apporte plus d’information sur l’environnement et qu’il peut libérer ce
canal pour une éventualité sensorielle qui serait plus utile. Le système sensoriel filtre cette
information, l’empêche d’atteindre le conscient de la perception mais garde la possibilité de
son rappel volontaire. Mais si la stimulation porte en soi une information de menace vitale,
aucun filtre, jusqu’à démonstration du contraire, ne va s’instaurer.
Par sa permanence, par la prise en compte involontaire et progressive de son statut de
« non-information » l’acouphène doit profiter naturellement de l’habituation, sauf s’il
continue à être perçu comme une menace, sauf s’il déclenche une émotion : la crainte
traduite par les réactions du système nerveux autonome.
Le devenir naturel de l’acouphène se caractérise bien par l’habituation. L’habituation est le
phénomène spontané de réduction des réactions à la présence d’un stimulus répété et non
pertinent. S’il n’y a pas d’habituation, c’est peut-être que le stimulus demeure alarmant et
garde une signification émotionnelle.
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Associations émotionnelles
subcorticale inconscients
Système limbique
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l'acouphène Système nerveux autonome
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En outre, cette définition n’intègre pas la composante de l’analyse centrale du signal qui est, à
l’évidence, un élément déterminant dans la mise à la conscience, la persistance, le caractère
agressif de l’acouphène.
À l’équipe thérapeutique de séparer acouphène symptôme et acouphène maladie.
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2.1.2.1 Généralités :
L’origine précise d’une grande majorité d’acouphènes demeure obscure. La plupart d’entre
eux sont considérés comme ayant une origine neurosensorielle. Dans la communauté
scientifique, il existe maintenant un consensus selon lequel le substrat physiologique
potentiel des acouphènes neurosensoriels serait associé à un signal nerveux aberrant car sans
corrélat sonore dans l’environnement. Généré à un niveau quelconque des voies auditives
(Jastreboff, 1990), après avoir circulé dans les voies auditives, il atteindrait le cortex auditif où
il serait interprété comme un véritable son.
Cette activité neurale particulière ou corrélat neuronal de l’acouphène a fait l’objet de
diverses hypothèses et aussi de divers travaux destinés à la
caractériser, d’une part chez des sujets humains mais, aussi et L’acouphène : une
surtout, dans la majorité des cas, cette activité ne peut être reliée à hyperactivité
aucune pathologie sur des modèles animaux d’acouphènes. Elle neuronale à un endroit
résulterait de processus de compensation qui se développent dans des voies auditives et
les voies auditives en réponse à des dysfonctionnements normalement perçue.
périphériques mineurs ou à une perte auditive.
L’implication de structures cérébrales non auditives, en particulier du système limbique
responsable de nos émotions et du système nerveux autonome qui contrôle nos fonctions
végétatives, serait déterminante dans le traitement central de l'activité neuronale liée à
l'acouphène (Jastreboff, 1990, 1996, 1999) et pour le devenir du symptôme. Celui-ci met en
jeu des phénomènes psychophysiologiques connus sous les termes d’habituation et de
conditionnement. Selon les conditions environnementales et psychophysiologiques qui
co-existent avec l’apparition de l’acouphène, la présence continuelle du signal nerveux qui lui
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est lié se traduirait par des modifications plastiques durables au sein du système auditif
comme entre les diverses structures impliquées dans le traitement du signal responsable.
Où est-il généré ?
Pour certains auteurs, la génération du signal de l’acouphène s’effectuerait en périphérie – à
savoir au niveau des cellules ciliées de la cochlée, de la première synapse ou du nerf auditif 1.
Pour d’autres, en revanche, ce n’est que dans les centres que ce signal apparaîtrait2. Quoiqu’il
en soit, il est nécessaire de souligner que l’hypothèse d’une génération périphérique n’exclut
pas pour autant l’intervention de mécanismes centraux, puisqu’en tant que perception
consciente, l’acouphène implique nécessairement des structures centrales; réciproquement,
l’hypothèse d’une génération centrale n’élimine pas la participation du système auditif
périphérique : la plupart des modèles centraux de l’acouphène font en effet jouer aux
perturbations périphériques (en particulier aux lésions) un rôle déterminant par le biais des
modifications centrales qu’elles entraînent, lesquelles sont, elles-mêmes, directement liées à
la génération du signal.
Quel est-il ?
Les recherches sur les corrélats neurophysiologiques de l’acouphène ont été essentiellement
conduites chez l’animal. Si les études chez l’homme sont facilitées par le fait que
l’expérimentateur peut rapidement savoir si l’acouphène est présent, absent ou s’il subit des
modifications, elles sont en revanche limitées pour des raisons éthiques car, seules les
techniques non invasives, peu précises d’un point de vue spatial (potentiels évoqués,
magnétoencéphalographie) ou temporel (IRMf et TEP) peuvent être utilisées. Chez
l’animal, au contraire, des techniques invasives peuvent être employées, qui bénéficient
d’une excellente résolution temporelle et spatiale pour étudier l’activité nerveuse à partir
d’électrodes implantées directement dans le cerveau.
Des paradigmes comportementaux ont été développés qui permettent de s’assurer de la
présence d’un acouphène chez
l’animal3 ; cependant, à ce jour, la Démontrer chez l’animal le phénomène acouphène :
majorité des travaux menés dans ce
domaine, l’ont été sans contrôle de Moyens connus chez l’homme
Générer l’acouphène
la présence concomitante de la
perception fantôme. Tout comme Enregistrer une réponse A peu près non réalisable chez
neuronale l’homme
les divers modèles développés,
ces études reposent sur la Démontrer la perception Domaine clinique : mise en
présomption qu’un traitement de cette hyperactivité évidence objective difficile
connu pour induire des Démontrer la même Habituation (anticipation,
acouphènes chez l’humain, possibilité chez l’animal affectivité)…
provoque aussi des acouphènes
chez l’animal ou, au moins, les
mêmes modifications du système auditif (périphérique et/ou central) qui leur sont
généralement associées.
Les traitements les plus couramment utilisés pour déclencher un acouphène sont l’injection
de substances ototoxiques - en particulier aspirine ou quinine - et l’exposition des animaux à
une surexposition sonore.
1- Jastreboff, 1990; Eggermont, 1990; Martin et al, 1993; Cazals et al., 1998; Puel et al., 2002 ; Guitton et al., 2003.
2- Au-delà du nerf auditif, Gerken et al., 1996; Salvi et al., 2000; Eggermont and Komiya, 2000; Kaltenbach et McCaslin,
1996; Kaltenbach et Afman, 2000; Zacharek et al., 2002; Brozoski et al., 2002; Noreña et al., 2000; 2002; Noreña et
Eggermont, 2003.
3- Jastreboff et al., 1988 ; Jastreboff et Sasaki, 1994 ; Guitton et al., 2003.
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La nature du signal neuronal de l’acouphène ne fait pas encore l’objet d’un consensus. Trois
hypothèses se partagent les faveurs des divers auteurs. Ainsi l’acouphène, dont l’intensité
perçue est relativement faible, pourrait être lié à une hyperactivité des fibres du nerf cochléaire,
à une modification du pattern temporel des décharges ou bien à une augmentation de
synchronie entre les décharges de différents neurones du nerf auditif. Le schéma emprunté à
Norena (2003) illustre ces trois différentes possibilités de 'codage' de l’acouphène. (figure 2)
Chacune de ces hypothèses est soutenue par des arguments expérimentaux.
Décharges spontanées
Augmentation de l'activité
spontanée des neurones
Décharges spontanées
Augmentation de
la synchronie
Dans des conditions associées à l’acouphène, Evans et Borerwe (1982) ont, chez le chat, été
les premiers à rapporter une augmentation de l’activité spontanée dans le nerf auditif. Ceci a
été retrouvé plus tard, en périphérie comme dans les structures auditives centrales1 dans des
conditions similaires et aussi dans des modèles animaux d’acouphènes2.
La modification du pattern temporel correspondrait à l’émergence d’une activité dite « en
bouffées » (caractérisée par des intervalles courts entre les potentiels d’action). Une telle
activité a effectivement été observée dans divers travaux expérimentaux, et dans certains cas,
de manière concomitante avec l’hyperactivité3. Ceci laisse à penser qu’elle pourrait peut-être,
à elle seule, rendre compte de l’augmentation d’activité spontanée déjà mentionnée. Cette
théorie de modification du pattern temporel des décharges est aussi étayée par des
observations réalisées à l’aide d’un moyennage spectral de l’activité spontanée des neurones
chez l’animal 4 comme chez l’humain5 .
Enfin, une augmentation de synchronie entre les décharges des neurones a été rapportée dans
le nerf auditif 6 comme au niveau cortical7.
L’observation d’une diminution de l’activité spontanée périphérique dans des conditions -
administration de quinine (Mulheran and Evans, 1999) ou perte auditive installée - établies
comme fréquemment associées à l’acouphène, sème le doute sur la probabilité qu’une
augmentation d’activité spontanée des neurones puisse correspondre au signal de
1- Jastreboff, 1988; Jastreboff, 1990; Eggermont and Komiya, 2000; Kaltenbach and McCaslin, 1996; Cazals et al.
1998 ; Kaltenbach and Afman, 2000; Brozoski et al., 2002; Zacharek et al., 2002.
2- Jastreboff and Sasaki, 1994 ; Kaltenbach and McCaslin, 1996.
3- Evans et Borerwe, 1982 ; Martin et al., 1993.
4- Schreiner and Snyder, 1987; Martin et al., 1994; Lenarz et al., 1995, Cazals et al. 1998.
5- Martin, 1994.
6- Eggermont, 1990b; Martin et al, 1993; Cazals et al., 1998).
7- Ochi and Eggermont, 1996, 1997 ; Norena et Eggermont, 2003.
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2.1.2.3 Habituation
On la définit comme une forme d’apprentissage non associatif correspondant à une
diminution des réponses aux stimuli répétitifs (Reuchlin, 1993).
Ce type d’apprentissage consiste à apprendre à ignorer un stimulus qui n’a pas de sens
particulier pour un individu donné. Chacun de nous est habitué à toute une série de stimuli
de l’environnement. Sur le plan de l’audition par exemple, nous sommes habitués aux bruits
répétés et invariants de notre voisinage proche (les voitures qui passent dans la rue ne nous
empêchent plus de dormir, la même musique qu’écoutent les voisins n’attire plus notre
attention). On dit que l’on est ‘habitué’ à ces stimuli.
Le contraire de l’habituation est la sensibilisation qui renforce la réponse de l’individu à tous
les stimuli, y compris à ceux qui n’évoquaient pas ou peu de réponse auparavant. Ceci est
particulièrement vrai dans le cas de réponses qui produisent une émotion. Ainsi, un stimulus
intense ou très fortement connoté sur le plan émotionnel peut entraîner une réponse
exagérée à tous les stimuli qui suivent. Mais des stimuli incohérents, surprenants ou non
attendus peuvent aussi provoquer une sensibilisation : ils sont dits prosexigènes.
Le caractère prosexigène d’un stimulus peut aussi correspondre au fait qu’il se rapporte à un
besoin, à une motivation de l’organisme (signaux de plaisir ou de danger par exemple). La
réaction d’orientation vers une stimulation nouvelle constitue la première réponse à un
stimulus prosexigène. Elle comporte une fonction générale de facilitation sensorielle et
motrice : un stimulus auditif déclenchant cette réaction abaisse le seuil de perception visuelle.
Si un stimulus nouveau ou incohérent se répète, on constate en général qu’il perd sa valeur
prosexigène en même temps que son caractère imprévisible et il y a habituation. Ce processus
d’habituation, au sens psychologique du terme, est aussi véritable sur le plan physiologique,
dans le sens où les messages relatifs à un bruit répété ne sont plus admis dans le système
nerveux central, stoppés par un mécanisme périphérique de filtrage (pour le système auditif,
au niveau du noyau cochléaire).
2.1.2.4 Conditionnement
Il existe deux sortes de conditionnement3 : le conditionnement classique pavlovien
(découvert par Pavlov en 1927) et le conditionnement opérant ou instrumental (décrit par
Skinner en 1935).
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SI RI
ETAPE 1 : un stimulus Nourriture Salivation
inconditionnel entraîne une
réaction inconditionnelle.
SN
Cloche
ETAPE 2 : un stimulus neutre est SI RI
présenté de manière répétée
précédant l'apparition du
stimulus inconditionnel.
SC RC
ETAPE 3 : dès l'apparition du Cloche Salivation
stimulus neutre, la réaction se
produit : il est devenu un stimulus
conditionnel provoquant une
réponse conditionnée.
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période d’équilibre familial, professionnel et social, il est probable que son caractère
prosexigène déclenchera quelques réactions physiologiques et psychologiques de stress.
Cependant, son impact sera limité et l’habituation se développera rapidement. En
revanche, si le sujet traverse une période
difficile, a déjà beaucoup sollicité ses capacités Repérer les circonstances de
d’adaptation, la perception de l’acouphène survenue de l’acouphène.
peut se trouver associée par un mécanisme de L’acouphène permanent remet le
conditionnement simple aux réactions sujet dans ses circonstances de vie
psychologiques et physiologiques induites par difficiles.
la situation. De ce fait, la perception de
l’acouphène et les réactions qui l’accompagnent seront auto-entretenues. De plus,
l’acouphène en lui-même peut représenter un stresseur supplémentaire qui, renforçant
les réactions de l’organisme va pérenniser son caractère prosexigène et s’opposer aux
mécanismes d’habituation.
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(comme les difficultés de compréhension par exemple) résultent plus de la perte auditive
que de la présence de cette perception auditive fantôme.
Les observations cliniques ont montré que les facteurs psychologiques sont étroitement
liés à la présence d’un acouphène1. Il est par exemple souvent rapporté par les patients
que l’émergence de cette perception auditive fantôme est concomitante, ou suit de
quelques mois, un événement de vie stressant, c’est-à-dire un trauma psychique. D’après
Erlandsson & Hallberg (2000), la souffrance liée à la présence de l’acouphène pourrait
même être corrélée à la quantité de stress expérimentée par les patients dans leur vie de
tous les jours. Les acouphéniques eux-mêmes rapportent souvent que des périodes de
stress ou de fatigue intenses rendent leur acouphène plus difficile à gérer et plus
insupportable.
Par ailleurs, l’acouphène co-existe parfois avec des psychopathologies, comme une
anxiété ou une dépression potentielle ou avérée2. Il est par conséquent possible qu’une
partie au moins des souffrances liées à cette perception fantôme soient en fait les
conséquences de ces problèmes psychologiques. Zöger, Svedlund et Holgers (2002b)
rapportent, dans une étude
portant sur 70 acouphéniques, L'acouphène est au centre d'un carré dont les
que le sous-groupe de patients coins pointent :
présentant un risque élevé de - vers les difficultés auditives,
développer un acouphène sévère - vers la situation d'anxiété et de dépression,
et chronique est aussi celui qui - vers les problèmes d'environnement familial,
possède une prévalence plus social, professionnel, générateurs de stress,
élevée de désordres dépressifs - vers les conditions de survenue de l'acouphène.
et/ou anxieux.
Enfin, l’étude de Meric et al. (1998) suggère que le retentissement de l’acouphène sur la
vie quotidienne résulterait de l’association entre la perte auditive et un profil
psychopathologique particulier chez un acouphénique donné, plutôt que des propriétés
du seul acouphène. En effet, en étudiant les relations entre les scores de plusieurs traits
psychopathologiques obtenus dans une version courte (Mini-Mult) de l’inventaire
multiphasique de personnalité du Minnesota (MMPI, Hathaway & McKinley, 1940) et
les scores obtenus à partir de trois échelles relatives à l’acouphène (Questionnaire de
mesure du handicap lié à l’acouphène, Echelle subjective de mesure de la détresse de
l’acouphène et Echelle subjective de mesure de la sévérité de l’acouphène), les résultats
ont montré de fortes corrélations entre les scores aux échelles évaluant les traits de
dépression, paranoïa, psychasthénie, schizophrénie et hypochondrie, ainsi que l’index
d’anxiété et les évaluations de la détresse ou du handicap liés à la présence de ces
acouphènes.
Même s'il est important de souligner que l’acouphène correspond le plus souvent à un
désordre physiologique plutôt qu'à un désordre psychiatrique, on ne peut pas nier que ce
symptôme se situe au carrefour entre somatique (difficultés auditives réelles), psychologique
(tenant autant à la personnalité du patient qu'à ses capacités d'adaptation), événementiel
(selon la situation dans laquelle est apparu l'acouphène) et environnemental (facteurs
d'ambiance et d'influence au niveau familial, professionnel ou social). Son évolution vers
l'habituation ou la pérennisation s’explique par conséquent par une causalité circulaire
dans laquelle les différents facteurs se renforcent mutuellement.
2.1.3 Les explications et les modèles
La complexité globale de l’acouphène impose l’établissement de modèles. Ils sont, pour la genèse
de l’acouphène chez l’homme, périphériques et centraux. Les modèles animaux expliqués dans
une seconde partie viennent , avec leurs insuffisances liées aux incertitudes cognitives, en appui
des explications de certaines causes.
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L’explication de phénomènes observés complexes est traitée en formulant des hypothèses dont
l’ensemble constitue un modèle. Il
s’agit de définir des concepts et leurs En raison même de leur construction, ces modèles
interactions mutuelles. sont « partiels » et « provisoires ». Personne ne croit
qu’ils sont vrais ; le seul critère de leur valeur est
Lorsque des observations nouvelles, leur capacité à rendre compte des observations et à
fournies par la science, paraissent en permettre des prévisions et au mieux à proposer des
contradiction avec le modèle, celui-ci procédures de prise en charge.
est remplacé.
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Figure 4 - Hypothèse du découplage des stéréocils des CCE d’avec la membrane tectoriale
Schéma du haut : Etat normal de couplage des CCE avec la membrane tectoriale (TM), les cils des
CCI ne sont pas en contact avec la TM.
Le découplage entraînerait (Tonndorf, 1980) une augmentation du bruit thermique du système et la
mise en contact fréquente de la membrane tectoriale avec les stéréocils des CCI.
Schéma du bas : La diminution de la turgescence des CCE, sous l’effet des salicylates (altération du
cytosquelette des CCE) entraîne le découplage des CCE d’avec la membrane tectoriale MT et son
rapprochement avec les stéréocils des CCI, entraînant une augmentation d’activité spontanée dans le
nerf auditif.
En effet, le neurotransmetteur de cette synapse est le glutamate, qui, à haute dose, est
connu pour ses propriétés ototoxiques. Il est libéré massivement lors d’une exposition à
un son intense, et entraîne une destruction des dendrites. Dans un premier temps, la
destruction est, au moins partiellement, réversible. Cette réversibilité semble due à
l’augmentation de la synthèse des récepteurs NMDA, impliqués dans des phénomènes
trophiques et dans le guidage des dendrites.
Cependant, ces mêmes récepteurs, seraient par ailleurs, responsables d’activités
anormales ‘en bouffées’ semblables à celles qui ont été observées dans le nerf auditif
après traumatisme sonore (Liberman et Kiang, 1978 ; Burgoyne et al., 1993 ; Puel et al.,
1995) ou traitement répété à l’aspirine (Evans et Borerwe, 1982). C’est pourquoi,
certains auteurs (Pujol, 1992 ; Puel, 1995 ; Guitton et al., 2003a) défendent l’idée que
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l’activation des récepteurs NMDA du glutamate serait un des mécanismes majeurs des
acouphènes. Ils ont récemment obtenu un argument expérimental de poids en
constatant dans un modèle animal d’acouphènes, que le dépôt, à la fenêtre ronde, de
substances antagonistes des récepteurs NMDA, inhibe l’expression du comportement
choisi pour révéler la présence de l’acouphène (Guitton et al., 2003b).
Certains acouphènes périphériques pourraient aussi résulter de la potentialisation de la
fonction excitatrice du glutamate par la dynorphine endogène libérée sous l’effet de
facteurs de stress au niveau de la première synapse (Sahley and Nodar, 2001).
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Figure 6 - Spectre perçu de l’acouphène (ronds rouges, axe des ordonnées de gauche) et seuil absolu d’audition
(ronds blancs, axe des ordonnées de droite) mesurés chez 5 sujets.
Les composantes perçues de l’acouphène représentent une bande de fréquences relativement large et sont situées
dans la perte auditive. Noter la relation grossièrement inverse entre le “spectre” de l’acouphène et la perte auditive.
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Figure 7 - Représentation schématique des phénomènes de réorganisation centrale liés à la perte auditive :
A gauche : état normal avec inhibition latérale et connexions masquées.
A droite : activité des neurones centraux, levée de l’inhibition latérale sous l’influence de la diminution de l’activité
afférente et démasquage des connexions préexistantes non fonctionnelles. Les entrées sensorielles des régions
adjacentes à la perte peuvent stimuler les neurones dont la fréquence caractéristique correspond à celles de la perte
auditive. Cette réorganisation sous-tendrait la perception de l’acouphène : l’activité afférente déviée circulant dans ces
connexions démasquées seraient à l’origine de la perception de l’acouphène.
En bas : activité afférente en périphérie
Au milieu : activité des neurones centraux
En haut :champs récepteurs des neurones centraux.
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1- Macht et al., 1920 ; McCabe and Dey, 1965 ; Morgan et al., 1973.
2- (voir notamment Evans et al., 1981 ; Evans and Borerwe, 1982 ; Puel et al., 1990 ; Stypulkoski, 1990 ; Cazals et al.,
1998).
3- Evans et al., 1981 ; Evans and Borerwe, 1982 ; Stypulkoski, 1990.
4- Schreiner and Snyder, 1987 ; Martin et al., 1993 ; Cazals et al., 1998.
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(neurotransmetteur des cellules sensorielles) on stoppe les activités anormales du nerf auditif
et les acouphènes induits par le salicylate ! (figure 10)
Les animaux sont conditionnés à sauter à un mât en réponse à une stimulation sonore.
Chaque série est constituée de 10 essais. Le conditionnement en lui-même nécessite de 4 à
7 séries d’une durée comprise entre 15 et 20 minutes. Une fois conditionnés (critère
d’apprentissage : 3 séries consécutives avec un score ³ 80%), les animaux étaient inclus dans la
suite des expériences. Le protocole de test consistait en une mesure du nombre de réponses
correctes au son (score) et du nombre de sauts pendant les périodes de silence (faux positifs)
au cours d’une session quotidienne de 10 minutes session. Les injections de sérum
physiologique, de salicylate ou de méfénamate étaient réalisées 2 heures avant la période de
test (Guitton et al., 2003).
Une fois conditionné, l’animal est testé quotidiennement pendant 9 jours. Deux types de
mesures sont réalisées : 1) les réponses correctes (le nombre de fois où l’animal exécute la
tâche en réponse au son) et 2) les faux positifs (le nombre de fois où l’animal exécute la tâche
alors qu’aucun son ne lui est présenté). En absence de son, un animal normal n’exécute pas la
tâche et le nombre de faux positifs est quasi nul (contrôle). Si ce même animal reçoit une
injection quotidienne de salicylate (300mg/kg, i.p.), il exécute la tâche alors qu’aucun son ne
lui est présenté. En fait, il se comporte comme s’il entendait un son parce qu’il a un
acouphène. La mise en place d’un gelfoam (Gelita tampon) rempli de périlymphe artificielle
(AP) sur la fenêtre ronde de chaque oreille n’affecte pas le nombre de faux positifs. En
revanche, un gelfoam contenant 50 µM de 7-chlorokynurenate (7-CK), un antagoniste
NMDA, bloque les faux positifs. En conclusion : les faux positifs traduisent la présence d’un
acouphène et les acouphènes induits par le salicylate sont bloqués par l’application locale
d’anti-NMDA. (d’après Guitton et al., 2003)
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otoémissions spontanées, comme leur nom l'indique, sont des sons enregistrés dans le conduit
auditif externe en l'absence de toute stimulation sonore. Leur découverte a suscité un fabuleux
espoir pour tous ceux qui voyaient là un moyen objectif d'étudier les acouphènes. En effet, les
CCE pourraient se trouver à la limite d'un état oscillant (résonant) que certains facteurs, comme
le bruit par exemple, pourraient déclencher. Parmi les facteurs déclenchants, on a pensé à un
défaut dans la modulation cholinergique exercée par le système efférent médian. Ainsi, les
oscillations spontanées des CCE pourraient exciter les CCI qui transmettraient ce "son
intrinsèque" aux fibres du nerf auditif puis au cerveau.. Paradoxalement, les otoémissions
spontanées ne sont pas corrélées avec la présence d'un acouphène, et lorsque cette éventualité se
présente, la fréquence du son perçu est rarement compatible avec celle de l'otoémission (Voir
Rebillard et al., 1987). Loin de refléter un processus pathologique, les otoémissions spontanées
sont plutôt le témoin de la bonne santé de la cochlée puisqu’on les enregistre chez 80% des sujets
normaux-entendants, et dans l’immense majorité des cas, elles ne sont fort heureusement pas
perçues. L’ensemble de ces données suggère donc que les CCE ne constituent probablement pas
la source majeure des acouphènes.
CCI, dendrites afférentes, efférences latérales et acouphènes
L’étude du complexe CCI - fibres du nerf auditif et sa modulation par les efférences latérales a
nécessité la mise au point d’une technique de perfusion intracochléaire, couplée à
l'enregistrement de potentiels d’action unitaires des fibres du nerf auditif, sur une préparation in
vivo physiologiquement intacte. La maîtrise de cette technique nous a permis de préciser la nature
des récepteurs impliqués dans la neurotransmission synaptique et leur régulation par les
efférences latérales.
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certains, comme celui d’être un neurotransmetteur rapide, donc très performant pour coder
les informations sonores, l’utilisation du glutamate présente l’inconvénient d’être toxique
pour les neurones lorsqu’il est libéré en trop grande quantité. Nous avons démontré que les
pathologies qui induisent des acouphènes (traumatisme acoustique, l'ischémie cochléaire,
presbyacousie…), découlent en grande partie de la libération excessive de glutamate, (voir
Puel, 1995 pour revue). A partir de ce constat, il est raisonnable de penser qu'un dérèglement,
une hyperexcitabilité, voire un emballement des fibres du nerf auditif sont à l'origine de
certains acouphènes. En particulier, on pense à tout ce qui est décrit à propos du rôle des
récepteurs glutamatergiques de type NMDA dans l'emballement des activités électriques
cérébrales lors de l'épilepsie. Dans la cochlée, une surexpression des récepteurs NMDA est
observée expérimentalement chez l'animal après traumatisme acoustique, ischémie
transitoire ou pertes de cellules sensorielles. La surexpression de ces récepteurs devrait
entraîner des réponses de type épileptique pouvant se traduire au niveau du cerveau par
l'arrivée de sons "spontanés" ou acouphènes (Figure 12). Cette piste de "l'épilepsie du nerf
auditif" permet d'expliquer un certain nombre d'acouphènes et ouvre des perspectives
thérapeutiques autour de la pharmacologie de la synapse glutamatergique.
Nous avons d'ores et déjà montré que l'aspirine, médicament connu pour induire des
surdités et des acouphènes chez l'homme, provoque chez l'animal une augmentation de
l'activité spontanée des fibres du nerf auditif, suivant un mécanisme indépendant de la
cyclooxygénase. Nous étendons nos investigations à d'autres modèles comme le traumatisme
sonore et l'ischémie cochléaire sur lesquels nous testons les substances susceptibles de
normaliser l’activité des fibres du nerf auditif en situation pathologique. Des résultats
encourageants sont obtenus avec des bloqueurs des récepteurs NMDA, mais aussi avec
d'autres molécules anti-glutamate actuellement utilisées dans les maladies
neurodégénératives (Sclérose latérale amyotrophique, Alzheimer, ...) ou l'épilepsie.
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Figure 14 -Acouphènes et dopamine.a) - Sur cet exemple d'enregistrement unitaire, la fréquence caractéristique (le seuil
le plus bas) de la fibre auditive est 9 kHz et son activité spontanée de 41 spikes/sec. Une perfusion de périlymphe
artificielle contenant 1 mM de dopamine (DA) réduit de 60% l'activité spontanée de cette fibre.Cet effet est annulé par
un rinçage avec de la périlymphe artificielle (Péri). b) - Le blocage de la dopamine endogène par l’antagoniste
dopaminergiques D2 (éticlopride) provoque une levée d’inhibition. La fibre présentée ici, code pour une fréquence
caractéristique (FC) de 12 kHz et son activité spontanée est de 12 spikes/sec. Noter que la perfusion intracochléaire de
50 µM d’éticlopride augmente l’activité spontanée de 7 à 50 spikes/sec. Un rinçage avec de la périlymphe artificielle
ramène l’activité spontanée à des valeurs normales. Une défaillance de ce système d'inhibition tonique pourrait être à
l'origine de certains acouphènes.
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jeudi 30 septembre 2004 15:57:01
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efférences médianes, la dopamine est uniquement présente dans les efférences latérales (voir
Eybalin, 1993 et Puel, 1995 pour revue). Notre étude s’est donc focalisée sur le rôle de la
dopamine.
Le blocage pharmacologique de la composante dopaminergique des efférences latérales
entraîne une augmentation de la décharge suivie d’une extinction de l'activité de la fibre
(Figure 14). L'observation de ces cochlées en microscopie électronique montre qu'un certain
nombre de terminaisons dendritiques ont éclaté. De tels dommages sont décrits après
application de glutamate dans la cochlée, après traumatisme sonore ou ischémie (voir Puel,
1995 pour revue). Comme dans notre étude, ces dommages peuvent être prévenus par des
anti-glutamates (Ruel et al., 1999, 2000). Ainsi, la réduction du taux de décharge des fibres à
haute activité spontanée résulte d’une excitotoxicité qui se développe durant la levée
d’inhibition.
Les efférences latérales exercent une inhibition tonique sur l’activité des fibres du nerf
auditif. Cette action inhibitrice pourrait constituer un mécanisme de protection endogène
contre les pathologies cochléaires liées à la nature glutamatergique des CCI (traumatismes
acoustiques, ischémie). D'un point de vue pathologique, une défaillance de ce système
pourrait correspondre au développement de surdités neurales lors du vieillissement
(presbyacousie) et/ou à l’apparition de sifflements ou de bourdonnements d’oreille
persistants (acouphènes). La compréhension des mécanismes moléculaires de la régulation
des neurones auditifs primaires par le système efférent latéral devrait donc, dans un avenir
très proche, ouvrir des horizons prometteurs dans le traitement des acouphènes.
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jeudi 30 septembre 2004 15:57:03
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radioactivité émise est détectée et son origine repérée au moyen d’une caméra. En
fonction de l’origine de la radioactivité émise et de l’intensité du rayonnement, on peut
reconstruire des images de l’organe étudié, dans notre cas le cerveau. On obtient alors
une carte cérébrale dans laquelle figurent les zones du cerveau activées ou désactivées
pendant l’examen.
L’autre méthode est l’imagerie cérébrale fonctionnelle (IRMf). Elle présente
l’inconvénient majeur d’être très bruyante, ce qui est particulièrement préjudiciable
pour les études touchant à l’audition. Les casques ou les bouchons protecteurs
n’atténuent que partiellement ces bruits susceptibles de parasiter les résultats. Des
protocoles particuliers, dans lesquels l’acquisition des données est décalée par rapport
aux effets physiologiques du bruit de la machine, ont dû être mis au point qui permettent
de s’affranchir des éventuelles interférences avec le traitement auditif. En revanche, cette
méthode ne nécessite pas l’injection de traceur, puisque grâce à ses propriétés
magnétiques, c’est l’hémoglobine du sang qui joue ce rôle : de ses deux formes, seule la
carboxyhémoglobine est attirée par le champ magnétique intense émis.
La plupart des paradigmes employés pour étudier les systèmes sensoriels ou moteurs
reposent sur la capacité à réaliser des contrastes entre des séquences d’acquisition
pendant lesquelles le stimulus est présenté ou bien est réalisé le geste ou traitement
spécifique étudié, et des séquences de repos sans stimulation, mouvement ou traitement.
Or, l’acouphène étant perçu en continu et n’obéissant à aucun contrôle d’origine
extérieure, il est a priori impossible de disposer, pour révéler l’activité nerveuse liée à
l’acouphène, d’une condition de "repos" pendant laquelle le patient n’entende plus son
acouphène. Diverses approches ont donc été développées afin de contourner cette
difficulté. Certaines équipes ont pris le parti de comparer des groupes de sujets
présentant ou non le symptôme tandis que d’autres ont tiré profit de cas d’acouphènes
particuliers, survenant le plus souvent après une chirurgie cérébrale, grâce auxquels les
sujets explorés peuvent constituer leurs propres "contrôles".
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jeudi 30 septembre 2004 15:57:03
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Figure 16 - Aires montrant un accroissement du flux sanguin cérébral pendant la perception de l’acouphène
déclenché par le regard (4 sujets) (GIRAUD et al. 1999)
Figures de gauche et de droite : activations observées respectivement dans la région temporo-pariétale droite (un
premier pic intéresse les aires 42, 22, 40 de Brodmann, un second, l’aire 21 de Brodmann) et gauche (aires 22, 40 et
21 de Brodmann).
Figure du milieu : activation dans le gyrus occipito-pariétal (aire 7 de Brodmann).
Les zones temporo-pariétales activées appartiennent au cortex auditif secondaire exclusivement. L’activation de la
région occipito-pariétale impliquée dans l’analyse des traits visuels en vue de la réalisation d’un mouvement est
imputable aux différences de localisation des cibles visuelles en condition de référence et en condition active.
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l’acouphène, alors que chez les contrôles, l’activation de cette structure est
comparable des deux côtés. Les auteurs expliquent ce résultat de la manière suivante :
la perception de l’acouphène serait associée à une activité neurale particulièrement
élevée qui se distribue, au niveau du colliculus inférieur, de la même manière que si
elle était induite par un son externe à savoir essentiellement du côté controlatéral ;
quand les porteurs d’acouphènes unilatéraux sont stimulés par un son, l’activation
particulièrement basse du colliculus inférieur controlatéral s’expliquerait soit par la
limitation de l’effet de la stimulation externe par la saturation d’une activité qui, à
cause de l’acouphène est déjà forte soit par un petit changement d’activité résultante
de deux effets opposés de la stimulation externe : la réduction de l’activité liée à
l’acouphène (la stimulation externe masque sa perception) et, simultanément, une
augmentation de l’activité normale ce qui se traduirait par le petit changement
d’activité observé.
En conclusion :
L’application difficile des techniques d’imagerie à l'acouphène a apporté des résultats
dont la variabilité est une des caractéristiques. Celle-ci est sans doute à mettre en
relation avec la grande diversité des étiologies des acouphènes étudiés ainsi que
l’hétérogénéité des conditions d’expérimentation. En dépit de ces limitations, ces
études ont permis d’asseoir un certain
nombre de notions avancées dans le modèle L'imagerie confirme objectivement
neurophysiologique de l’acouphène présenté l'implication des structures
en 1990 par Jastreboff, en particulier en ce qui extra-auditives.
concerne l’implication déterminante des
structures extra-auditives par conséquent celle des voies auditives secondaires. Leur
plus importante conséquence est sans nul doute d’avoir établi sans conteste la réalité
d’une activité nerveuse corrélée à l’acouphène, apportant ainsi une certaine légitimité
aux plaintes des acouphéniques.
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2.2 L’hyperacousie
C’est le symptôme le plus souvent associé à l’acouphène et souvent le plus gênant. Il commence à
être connu, voire galvaudé au sein du grand public.
2.2.1 Définition
L’hyperacousie est une forme d’hypersensibilité auditive qui se manifeste par une perception
anormalement forte, voire parfois douloureuse, déclenchée par des sons perçus par tout un
chacun comme faibles ou confortables. Les patients qui en sont atteints réagissent souvent par un
retrait social et s’interdisent tout loisir mettant en jeu la fonction auditive (conférences, concerts,
représentations théâtrales, discothèques, pratique ou écoute de musique) et toute activité
s’effectuant dans un bruit de fond (restaurant, rue, métro, centre commercial, etc.). Ils se privent
ainsi de tout plaisir et créent eux-mêmes les conditions
propices au développement d’un véritable handicap. Avec ou sans atteinte du seuil
Ce phénomène peut ou non s’accompagner d’une auditif, le sujet hyperacoustique
perturbation du seuil auditif. Il peut ou non être associé à manifeste gène et modification du
un acouphène. Environ 40% des personnes qui comportement.
présentent un acouphène montrent à des degrés divers
une diminution de la tolérance au bruit (Jastreboff, 1998 ; Pilgramm, 1999) ; compte tenu de la
prévalence des acouphènes, l’hyperacousie concernerait donc un peu moins de 2 % de la
population générale (Lurquin et al., 2001). Inversement, 86% des personnes présentant une
tolérance diminuée souffrent d’acouphènes (Jastreboff et Jastreboff, 2001).
2.2.2 Degré
La diminution de la tolérance au bruit recouvre plusieurs phénomènes (Jastreboff et Jastreboff,
2001).
L’hyperacousie proprement dite se caractérise par une réponse anormalement forte (par rapport à
l’individu moyen) du système auditif à des sons dont les caractéristiques physiques (spectre et
intensité) sont contrôlées.
Le terme de misophonie est utilisé pour les patients qui redoutent certains sons voire même tous les
sons parce qu’ils les trouvent désagréables.
La phonophobie correspond à un type particulier de misophonie dans lequel l’émotion dominante est
la peur du bruit ou des sons générant l’intolérance. Les patients qui en sont atteints redoutent que des
sons normaux de l’environnement puissent endommager leur oreille ou aggraver leurs
symptômes et passent leur temps à élaborer des stratégies destinées à les éviter.
Mais certains auteurs utilisent le terme de phonophobie d’une manière plus générale (Katzenell et
Segal., 2001), pour décrire l’intolérance au bruit qui se manifeste en association avec certaines
pathologies (voir plus bas).
Dans la pratique courante, l’intolérance aux bruits observée chez la majorité des patients
correspond à une combinaison d’hyperacousie et de misophonie et il sera important, dans chaque
cas, de démêler ce qui revient à l’une ou l’autre de ces composantes qui relèvent de mécanismes et
de prises en charge distinctes.
2.2.3 Recrutement ou hyperacousie ?
Aucune des trois manifestations d’une diminution de la tolérance au(x) son(s) définies ci-dessus,
n’admet de relation systématique avec les seuils auditifs mesurés : les patients qui en sont atteints
peuvent ou non présenter une perte auditive associée. En revanche, le recrutement correspond
toujours à une augmentation anormale de la sonie liée à la perte auditive. A la différence de
l’hyperacousie, les sons de faible intensité sont, dans ce cas, tolérés normalement. On assiste à un
pincement de la gamme dynamique de l’oreille avec ou sans diminution du seuil d’inconfort.
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Il peut s'agir d'un auto - questionnaire, rempli par le patient, à domicile ou dans la salle d'attente,
récupéré sans intermédiaire ou au contraire par voie postale. Le questionnaire peut être
totalement auto - administré ou aidé par le médecin.
En auto - évaluation les questionnaires proposés doivent au préalable avoir été expliqués par oral
ou par des consignes écrites précises et sans ambiguïté.
La cohérence traduit le fait que le questionnaire ou le sous groupe de questions traite bien d'un
même problème. Pour l'estimer, on examine la corrélation entre les réponses à chaque question
et un score total calculé à partir des réponses aux autres questions. Sans entrer plus avant, cette
mesure de cohérence interne est appréciée par le coefficient alpha de Cronbach, utilisé pour
donner une appréciation chiffrée du questionnaire. Une valeur de 0 montre que chaque question
est complètement indépendante des autres; un coefficient de 1 montre une parfaite cohérence du
questionnaire : les différentes questions sont bien rattachées à la même dimension sous jacente.
Les questionnaires établis pour les enquêtes d'opinion, destinés au monde commercial, ne sont
pas toujours validés. Ils recherchent et ne tiennent compte que des corrélations fortes. La
longueur des questionnaires est considérée comme moins critique, à tel point que les "bonnes
réponses" semblent être faites que quand la personne sondée est "fatiguée".
L'exploitation des questionnaires comporte une phase descriptive et une phase explicative qui
cherche à mettre en évidence des facteurs explicatifs du phénomène étudié. Là encore, on analyse
le poids de la variabilité de chaque réponse dans la variabilité totale.
L'utilisation d'un questionnaire rédigé dans une langue étrangère pose le problème de sa
traduction. Théoriquement, pour "récupérer" sa validation, la traduction puis la retraduction
dans la langue initiale doivent redonner les mêmes libellés de questions.
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2.3.1.1 Précautions
La validation d'une version longue d'un questionnaire n'est pas systématiquement extensible
à une version courte, tronquée, du même questionnaire. S'il n'existe pas d'instrument validé,
dans sa propre langue, pour étudier un point particulier, chaque question doit être cotée
comme une information séparée. Il n'est pas légitime d'additionner les scores pour donner un
score global.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Chapitre 3
Clinique et pratique
Pour traiter de ce chapitre, nous avons choisi de suivre grossièrement la démarche clinique de la
consultation :
◆ Identifier et évaluer l’acouphène
◆ Découvrir les circonstances de survenue
◆ Rechercher une cause
◆ Apprécier la tolérance
◆ Evaluer la personnalité du sujet
◆ Traiter des cas particuliers
◆ Proposer une conduite thérapeutique
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CLINIQUE ET PRATIQUE
3.1.5.1 Le sommeil
37% des sujets interrogés répondent que l'acouphène gêne le sommeil. Mais ailleurs, 75%
répondent que l'acouphène ne constitue pas un vrai problème vis-à-vis du sommeil.
3.1.5.2 Irritabilité
Il rend nerveux et irritable (31% des sujets interrogés) et est gênant pour la concentration et la
communication.
3.1.5.4 Anxiété
L’acouphène cause rarement une angoisse considérable (14%) ou constitue toujours un
problème insurmontable (6%).
3.1.5.5 En résumé :
Il est considéré comme gênant (60%) ou énervant (37%). Les autres adjectifs cités dans
l'ordre décroissant sont les suivants :
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Figure 19 - « réglette EVA ». La réglette comporte 2 faces : le « recto » montre une barre bleue de 10 centimètres avec les
légendes aux 2 extrémités. Le sujet place le curseur au niveau de la sonie de l’acouphène, ou de la gêne si c’est la question
posée. Au verso, on peut chiffrer le positionnement du curseur et comparer d’une consultation à l’autre le ressenti.
Paradoxalement on peut constater (Reid 1960) un son de fréquence plus basse que le signal
sonore externe dont la fréquence est égale à celle de l’acouphène.
Ce comportement paradoxal, s’il existe, est mis sur le compte de la présence d’un recrutement et
donc sur le compte de cette sur-représentation centrale.
En terme d’utilité, l’évaluation de la sonie permet d’expliquer au sujet la différence entre
sensation et tolérance. L’acouphène est dans la plupart des cas un signal de sonie faible de
quelques décibels par rapport au seuil auditif à la fréquence de l’acouphène.
Les courbes de Feldmann orientent vers l’étiologie ou le contexte de l’acouphène (voir plus loin).
3.2.3 Le masquage de l’acouphène.
Dès 1924, Wegel et Lane montrèrent qu’un son pur était le plus efficacement masqué par un autre
son pur de fréquence identique. Sans entrer dans les détails, ces constatations
On peut donc facilement conduisent à dire :
déterminer le niveau en fréquence • Que l’activité électrophysiologique supportant
et en intensité d’un son méconnu l’acouphène n’est pas identique à celle générée par un
en utilisant des sons masquants signal sonore extérieur.
successifs variant en fréquence et • Que le masque est plus prédictible si on tient compte
intensité, en recherchant les du niveau de pression du signal masquant.
niveaux de masque. • Que le masquage de l’acouphène ne dépend pas que
C’est la courbe d’isomasquage. Il de la physiologie cochléaire. En complément, on peut
se fait plus souvent avec des bruits aussi présenter le fait que pour un acouphène
à bande étroite. unilatéral, le niveau du son masquant homolatéral peut
En matière d’acouphène, le être plus élevé que celui de l’homologue controlatéral.
comportement mutuel acouphène
– bruit à bande étroite - n’est pas aussi systématique.
3.2.4 Recherche d'une inhibition résiduelle
L’acouphène peut disparaître pendant un délai allant de quelques secondes à quelques minutes
après exposition à un son masquant. Ce résultat n’intervient pas dans l’indication du générateur
de bruit. Il a le grand avantage de montrer le caractère non permanent de l’acouphène – même s’il
est ancien.
Au total, il faut retenir que, en matière d’acouphènes, les phénomènes de masquage sonore font
appel à des mécanismes centraux. Ils ne sont pas superposables aux phénomènes périphériques de
masque d’un son pur par un autre son pur ou par un bruit.
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Figure 19b - L' audiogramme tonal, vocal et impédancemétrie, la recherche des seuils auditifs sur le
3000 Hz et le 6000 Hz permettent parfois de retrouver un scotome, attestant d'un traumatisme sonore.
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permettait d'affirmer l'atteinte cochléaire, et qu'elle pouvait être transitoire en cas d'arrêt
immédiat de l'intoxication. Ces travaux justifient donc un suivi grâce aux oto-émissions des
personnes à risque (travail dans le bruit,…), ou recevant des substances oto-toxiques. Elles
permettraient de dépister très précocement une toxicité cochléaire encore réversible évitant
une éventuelle perte auditive.
Les produits de distorsion (PD) correspondent à des sons émis par la cochlée en réponse à
deux stimuli qui sont des sons purs continus appelés F1 et F2. L'étude des PDA est l'analyse
du recueil du son "2F1-F2". Leur étude permettrait d'objectiver pour Jastreboff que
l'hyperacousie périphérique dont souffre certains patients avec acouphènes, soit liée à un
dysfonctionnement des cellules ciliées externes.
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Chacun saura pratiquer ces explorations dans le but de préciser le diagnostic, d'éliminer une
maladie grave et d'orienter la thérapeutique. Mais au-delà de ces examens, une grande
disponibilité avec empathie pour un patient souffrant d'une pathologie sans menace vitale,
mais qui retentit de façon importante sur sa qualité de vie, est nécessaire.
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● Causes
● Mécanismes
● Symptôme
− Le symptôme est unique, monomorphe, même s’il est décrit avec un polymorphisme apparent.
− Les mécanismes sont sans doute finalement assez peu nombreux.
− Les causes, c’est à dire les circonstances pathologiques qui donnent lieu à un mécanisme, bien
définies, sont plus nombreuses.
− Enfin les circonstances de survenue et les associations pathologiques le sont encore plus.
Prenons 3 exemples :
● Le traumatisme sonore.
Il représente la grande majorité identifiée des circonstances de survenue :
La circonstance se confond avec la cause : Le mécanisme lésionnel, même s’il est potentiellement
au moins double, -ciliaire ou au niveau des neurotransmetteurs- est identifié.
● L’hypertension artérielle (HTA)
Elle représente une association pathologique fréquente en matière d’acouphènes. Mais le
mécanisme est mal défini.
C’est par supputation que l’HTA accède au niveau de cause. L’HTA est une constatation
fréquente chez les sujets dans la seconde moitié de leur vie, tout comme l’acouphène. Aussi, par
un raisonnement statistique, dans ces situations, l’acouphène est relié à l’HTA.
Certes, des preuves sont observables : la mise en route d’un traitement puissant ou trop puissant
peut aller de pair avec l’apparition d’un acouphène.
Certes une HTA peut s’associer avec un acouphène, et la prise en charge de la maladie peut
permettre d’observer une diminution ou une disparition de l’acouphène.
• Une autre preuve est encore plus éclatante : l’hyperthyroïdie, avec son « erethisme »vasculaire
peut s’associer à un acouphène battant. Le mécanisme explicatif est le battement carotidien
dans son canal, près de la cochlée.
Cette démarche de corrélation entre circonstances de survenue – association et étiologie - doit
scientifiquement s’appuyer sur le théorème de Bayes1 qui fait comparer :
• La présence du symptôme avec la maladie et la situation où la maladie est absente.
• L’absence du symptôme dans les mêmes observations.
On doit dresser le tableau suivant :
Symptôme = présence du symptôme
Symptôme = absence du symptôme
Maladie = présence de la maladie
Maladie = absence de la maladie
Maladie Maladie
Symptôme
Symptôme
1- Calculer la probabilité qu’un événement A survienne sachant qu’un autre événement B s’est produit. On parle de
probabilité conditionnelle de A sachant B.
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Maladie Maladie
Symptôme 90% 10%
Symptôme 10% 90%
Dans cette situation, le symptôme est à la fois spécifique et sensible de la maladie : quand le
symptôme est absent, la maladie est absente. Quand le symptôme est présent, la maladie est
présente.
A l’opposé, la situation suivante ne permet pas de conclure :
Maladie Maladie
Symptôme 50% ③ 50% ②
Symptôme 50% ④ 50% ①
Pour établir un tel tableau pour le symptôme acouphène, le travail est extrêmement difficile.
S’il est facile de remplir la case ① et la case ②, les 2 autres (③ et ④) sont méconnues, car les sujets
référents à la case ③ ne consultent pas, car pour la case ④ les circonstances – causes du symptôme -
sont nombreuses.
En pratique
1 - Il n’y a pas lieu de se laisser guider par l’habitude. L’acouphène de la 2ème moitié de la vie n’est
pas systématiquement en rapport avec un mécanisme vasculaire qui n’a pas été démontré. Le
chaînon est manquant. C’est pour ce manque de preuve que le service médical rendu est jugé
faible pour les médicaments vasculotropes dans les médications d’acouphène. Les
médicaments sont faiblement remboursés.
2 - Il n’y a pas lieu de considérer que tous les acouphènes unilatéraux sont le fait d’un neurinome
de l’acoustique et par voie de conséquence d’imposer une imagerie systématique de l’angle
ponto-cérébelleux.
3 - L’IRM « facile » reste un recours qui n’est pas à proscrire, si cela est vraiment le seul moyen de
rassurer le patient...
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permette d’expliquer aux patients, les mécanismes à l’œuvre sur lesquels il est d’ores et déjà
possible d’agir, et qui puisse être aisément compris d’eux.
Acceptant l’existence d’un générateur présenté plus haut, son activité est détectée, la sensation est
perçue. On en déduit le fonctionnement du bloc fonctionnel qui représente la fonction de
détection :
Tout signal connu et menaçant est détecté rapidement à des niveaux très faibles. La permanence
du signal entraîne le système à le détecter de mieux en mieux. Ce système de détection est piloté
par le système limbique, boîte noire de l’émotion, en connexion avec le thalamus et les sensations,
l’hippocampe et la mémoire. Ce signal menaçant est normalement perçu par le conscient,
obscurcissant les autres perceptions et aux dires des patients gênant l’audition et la
compréhension. Comme toute menace, il déclenche toutes les réactions de stress gérées par le
système nerveux autonome. Le conscient intervient en aggravant la situation : il ressasse les
croyances de non-guérison, il anticipe sur le futur. Le système risque de boucler sur lui-même
surtout si la surdité focalise l’attention sur les tentatives de meilleure compréhension de
l'interlocuteur : le sujet « tend l’oreille pour mieux comprendre »…
◆ Le modèle de l’épilepsie
Dans plusieurs situations cliniques, comme des traumatismes sonores ou des boucles
artérielles, on peut considérer que l’acouphène est un foyer épileptique sur la voie auditive.
Une approche médicamenteuse reconnaît l’efficacité des produits antiépileptiques…
◆ Le modèle de la douleur
Le modèle de la douleur a beaucoup été utilisé :
-Sa définition même peut être adaptée pour l’acouphène : c’est une expérience désagréable
sensorielle et émotionnelle, associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel.
-La douleur, comme l’acouphène, comporte 4 composantes :
Sensorielle : la tonie, la sonie…
Affective : l’émotion qu’il déclenche
Cognitive : le déclenchement, l’anticipation…
Comportementale : le « fight or flight ».
- Il existe des douleurs-symptômes et des douleurs-maladies qui surviennent en dehors de
toute stimulation nociceptive ou pour des stimulations infra-liminaires.
- Elles sont dues à une hyperstimulation, à une atteinte du contrôle, à une désafférentation ou
à une cause d’ordre psychogène.
DOULEUR
CONTRÔLE
PSYCHOGÈNE ÉMOTION ÉMOTION
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CLINIQUE ET PRATIQUE
-Enfin le schéma de Melzack et Wall (Figure 23) peut aussi justifier l’emploi de la thérapie
sonore.
Les similitudes…
• 2 voies nerveuses (CCE, CCI...)
• Désafférentation (cochose
et acouphènes)
• Masquage (Thérapie sonore)
• Verbalisation
• Membre fantôme
• Voie extra-lemniscale,
système pluri-sensoriel
• ...
◆ La lidocaïne
Barany, en 1935, remarqua La maman qui console et le recrutement :
fortuitement que l’injection "L'enfant tomba sur les genoux. Sa mère s'empressa de
endonasale de procaïne donnait une frotter largement les 2 zones douloureuses..."
suppression momentanée de Les voies amyélimiques de la douleur sont activées par
l’acouphène. le choc - en activant les fibres myélimisées - plus
La lidocaïne est un anesthésique local rapides - du tact (frottement - recrutement par
qui est aussi utilisé pour régulariser frottement d'une large surface), s'exerce une inhibition
les troubles du rythme par effet sur les voies de la douleur par l'interneurone...
stabilisateur de la membrane. Il en
résulte un ralentissement des
échanges ioniques, ce qui diminue la vitesse de dépolarisation. La lidocaïne augmente la durée de la
période réfractaire et réduit la fréquence de décharge sur les fibres.
Si, à partir de 1978, elle a fait l’objet de plusieurs travaux prometteurs, l’impossibilité d’utiliser un
substitut oral « condamne » l’emploi chronique de la méthode. Pourquoi alors parler de ce produit ?
Au plan général, l’efficacité fréquente de la lidocaïne prouve la possibilité d’action rapide d’une
drogue sur l’acouphène..
Au plan individuel, elle est utilisée comme traitement parentéral. Si le résultat est bénéfique, elle
contribue à restaurer la confiance dans la thérapeutique.
La lidocaïne aurait pu servir de base à un système de tri des patients pour la mise en route d’un
traitement à effets secondaires dangereux (carbamazépine et risque hématologique).
Enfin, parce que le produit a une action locale qui peut être étudiée, parce qu’il existe des
modèles animaux,… la bonne connaissance du produit contraste avec la méconnaissance des
autres dont l’action est centrale.
Après administration IV, la lidocaïne est immédiatement active. Sa demi-vie est de 10 minutes.
◆ Les radicaux libres
La minceur de ce paragraphe est sans doute inversement proportionnelle à la largeur de
l’implication des radicaux libres dans le processus pathologique ou dans le vieillissement. Bien
évidemment, les molécules anti-oxydantes pourraient avoir un rôle -de prévention- à condition
d’être administrées « au bon moment ». Nous renvoyons le lecteur à des lectures spécifiques.
◆ Le modèle de Tonndorf a été présenté précédemment
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– l’acouphène de tonalité grave (bourdonnement) oriente vers une cible périphérique, c’est à
dire oreille moyenne ou oreille interne.
● Pour l’oreille moyenne, le sujet ajoutera souvent des compléments de définition comme
1- Mais ceci nous renvoie aussi à l'étude de Lockwood présentée en page 49.
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relation acouphènes
Classification clinique mécanisme
/ clinique
mécanisme ciliaire, ototoxicité du
Traumatismes sonores certaine
neurotransmetteur
Otospongiose certaine au moins double: membranaire, cellulaire
modifications de la statique caténaire,
Catarrhe tubaire, otite séreuse, labyrinthite probable
passage transplatinaire
implication ligamentaire - spasme
Suspicion de dysfonctionnement de l’ATM possible
musculaire
commotion labyrinthique, fuite
Traumatisme crânien certaine
périlymphatique
Surdité brusque certaine non établi
mécanisme inflammatoire, de surcharge,
Anomalies relevant de la médecine interne possible
troubles de la coagulation
Mauvaise nouvelle, deuils possible non établi
Hypo- ou hypertension artérielle possible non établi
découplage des cils de la membrane
Oreille interne certaine
tectoriale
Etiologie cervicale possible non établi
Acouphène postopératoire otologique fréquent non établi
Audition normale fréquente atteinte de sites post-synaptiques
Dépression possible non établi
Suspicion de fuite périlymphatique certaine non établi
Ototoxicité certaine non établi
Pathologie identifiée de l’oreille moyenne probable non établi
Acouphène en position couchée (sieste) probable non établi
Boucles V/VIII hypothétique non établi
Neurinome du VIII certaine non établi
Problèmes psychologiques en dehors de la
possible non établi
dépression
Syndrome d’apnée du sommeil SAS hypothétique non établi
Sténose du conduit externe, exostoses fréquente synalgies ?
Implication des muscles de l’oreille moyenne certaine myoclonies
Problèmes neurologiques complexes probable variés
Migraine probable vasoconstriction de l’oreille interne
En rapport avec le cycle hormonal possible non établi
certain, acouphène
Souffle carotidien perçu mécanique
objectif
Reflux gastro-oesophagien possible non établi
Hypertension intracrânienne possible non établi
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1- "L'acouphène rend fou", "mène au suicide"… ce genre d’informations se trouvent sur des sites Internet ou dans le
discours de certains confrères…
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Le stress (du latin "stringere" : mettre en tension ) est une réponse physiologique de l'organisme,
face à une situation non programmée.
L’ensemble des réactions ou syndrome d'adaptation est commun à tout facteur de sollicitation et
en même temps propre à chaque individu. Chacun évalue la situation en fonction de la
perception qu'il a d’un événement et de sa capacité à y faire face.
● Le stress n’est pas une notion récente :
En 1884, Stiller observe des ulcères gastriques chez des financiers ruinés et, dès 1929 Cannon
démontre la libération d'adrénaline par les médullosurrénales dans le stress. Il propose la mesure
et la quantification des modifications hormonales, créant ainsi la biologie de la
neuroendocrinologie.
En 1936, Seyle décrit le « syndrome général d’adaptation » qui se déroule en 3 phases :
● La phase d'alarme,
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Comment imaginer que l’oreille interne n’y soit pas également sensible alors que :
● Les patients décrivent des acouphènes qui augmentent avec le stress.
3.8.5.3 Retour sur quelques définitions Le stress n’est pas une maladie, alors que l’anxiété
et la dépression sont des pathologies.
Si les signes dont on se plaint n’existent qu’en
3.8.5.4 Le bon et le mauvais stress : présence du stresseur, il s’agit de stress.
L’anxiété nous pousse en avant, nous Si les symptômes persistent au-delà de la présence
permet de faire plus, multiplie nos du stresseur, il s’agit d’anxiété.
capacités par la mobilisation de nos Le stressé et l’anxieux sont réactifs, le déprimé est
ressources. Elle nous donne l’énergie moins capable d’action.
nécessaire à la vie, de même que
ressentir des émotions est normal et nécessaire.
Mais c’est une énergie à maîtriser.
Lorsque les stresseurs sont importants et répétés, leur succession entraîne l’anxiété puis la
dépression. (le burn-out anglo-saxon).
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3.8.6.1 Anticipation
Ainsi, un patient qui craint la reprise de vertiges adopte souvent une manière de marcher
elle-même génératrice d’instabilité.
La peur d’un renforcement de l’acouphène augmente l’attention portée à son apparition.
La peur des circonstances favorisantes conduit à des conduites d’évitement, et parfois à
l’installation d’une névrose d’angoisse. Les accidents névrotiques sont constitués par les
manifestations d’une angoisse permanente où le sujet est dans l’attente d’un danger.
Pour certains patients, la peur du retour de l’acouphène est accompagnée d’une peur de perte
de contrôle de la raison, d’être conduits au suicide.
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Figure 26 - (d’après G. Goebel, 1998) : Schéma illustrant la prévalence des affections psychiatriques
(DSMIII-R, selon le Munich Diagnostic CheckLists) chez les patients présentant un acouphène chronique
invalidant.
Quoique les troubles psychiatriques comme la dépression et l’anxiété soient fréquemment trouvés
chez les acouphéniques, d’autres affections peuvent aussi être observées : trouble obsessionnel
compulsif, addictions diverses…
Le fait que beaucoup de sujets porteurs d’acouphènes présentent des perturbations psychiatriques
constitue une observation importante ; cependant, il reste à préciser le lien temporel entre
l’apparition de l’acouphène et celle de ces troubles : préexistent-ils ou non à l’acouphène ?
Figure 27 - (d’après G. Goebel, 1998): Schéma illustrant la comorbidité de troubles psychologiques chez
les patients présentant un acouphène chronique invalidant.
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Figure 28 - (d’après G. Goebel, 1998): Schéma illustrant la comorbidité de troubles psychologiques chez
les patients présentant un acouphène chronique invalidant.
danger de désordres dépressifs et/ou anxieux ; de même, les patients présentant des acouphènes
sans éprouver le besoin de consulter, présentent des profils de personnalité moins pathologiques
que ceux qui ont consulté.
Figure 29 - (d’après G. Goebel, 1998): Schéma illustrant la différenciation entre les désordres
psychiatriques pré-existants et subséquents chez les patients présentant un acouphène chronique
invalidant.
Un travail récent concerne un échantillon de patients vus et suivis en TCC à Paris en consultation
libérale et hospitalière en 2002 dont le recrutement « tout-venant » échappe à la sélection
rencontrée dans les pays où la prise en charge est plus développée. La majorité de ces sujets ne
présentait pas de symptomatologie dépressive (54%) mais manifestait cependant un niveau avéré de
symptomatologie anxieuse (62,1%).
L'intervalle des notes possibles s'étend pour chaque échelle HAD (Anxiété et Dépression) de 0 à 21,
les scores les plus élevés correspondant à la présence d'une symptomatologie plus sévère.
Pour chaque sous-échelle, des notes seuils ont été déterminées avec les valeurs suivantes :
- score =11 = trouble avéré.
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Figure 30 - (D’après Peignard et Chevrolat, 2003) : Evolution des moyennes des scores à l'échelle de
Dépression (note sur 21) en fonction du degré de sévérité de l’acouphène (note sur 16).
De plus, la sévérité de l’acouphène est sans effet sur le score de dépression chez les sujets présentant
un niveau normal ou modéré d’anxiété ; en revanche, chez les patients au profil "anxieux avéré", le
caractère sévère de l’acouphène aggrave les symptômes dépressifs (cf. Figure 32).
Figure 31 - (D’après Peignard et Chevrolat, 2003) : Evolution des moyennes des scores à l'échelle
d'Anxiété (note sur 21) en fonction du degré de sévérité de l’acouphène (note sur 16).
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Cette observation montre tout l’intérêt d’intégrer la dimension anxieuse dans la prise en charge
thérapeutique.
Figure 32 - (D’après Peignard et Chevrolat, 2003) : Evolution des moyennes des scores à l'échelle de
dépression (note sur 21) en fonction du degré de sévérité de l’acouphène et du profil anxieux selon
l'échelle d'anxiété.
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Certains soulignent la gêne à l'audition en particulier dans le bruit, (écoute en classe, télévision),
et ceci, contrairement à ce qui se passe chez les adultes, essentiellement parmi les enfants à
audition normale.
L'évaluation faite, il est indispensable de rassurer les parents qui pourraient, par leur anxiété,
aggraver la situation de l'enfant. Ce point doit être souligné tout particulièrement compte tenu du
caractère extrêmement agressif de la boucle anxiété des parents-réponses des enfants.
Du point de vue thérapeutique, il faut clairement différencier les enfants à audition normale, les
enfants atteints de pathologie inflammatoire transitoire, les enfants atteints de surdité neuro
sensorielle moyenne ou profonde.
Dans le premier cas, l'information est essentielle pour éviter la spirale traditionnelle aboutissant à
une augmentation continuelle du caractère agressif du signal à la fois en raison de l’ anxiété des
parents et de la gêne de l'enfant. La place des médicaments est pratiquement nulle ; certains
enfants nécessiteront l'emploi de techniques de relaxation voire de techniques instrumentales
comme les oreillers sonores lorsqu'ils ont des difficultés à s'endormir.
Il faut insister tout particulièrement sur les troubles comportementaux en classe : certains enfants
vont avoir un comportement agressif, d'autres ne pas supporter le silence d'une classe lors d'un
examen, d'autres enfin fuir les cours de récréation très bruyantes. Bien faire préciser tous ces
éléments par les parents et le relayer auprès des enseignants est un élément très important de la
prise en charge de ces acouphènes avec ou sans hyperacousie.
Enfin nombre d'enfants dans ce groupe a déjà largement mis en place sa propre stratégie
d'habituation. Il est du plus haut intérêt de le faire préciser afin de l’orienter dans la bonne
direction.
La situation des enfants porteurs de pathologie inflammatoire est bien différente puisque, en
dehors de ceux qui développent une labyrinthite séreuse non réversible, ils voient leur acouphène
disparaître lorsque l'oreille moyenne redevient normale.
Le traitement de l'acouphène est donc celui de l’inflammation.
En ce qui concerne les enfants porteurs de surdité neuro sensorielle, le traitement repose
essentiellement sur l'appareillage. Cependant, comme chez l’adulte, il faudra être très prudent
lorsqu'il existe une hyperacousie.
Celle-ci doit être traitée dans les mêmes conditions avant d'envisager la prise en charge de la
baisse d'audition.
A part la situation des cophoses avec implant cochléaire ; on connaît la réponse en général
favorable sur l’acouphène lorsqu’il est présent (environ 75% des cas).
En conclusion, il semble que la présence d'un acouphène dans la population pédiatrique est
fréquente et qu'il est indispensable de prendre en compte avec beaucoup d'attention la plainte
spontanée et/ou indirectement provoquée. Les causes des symptômes et l'environnement général
auditif, sont peu différents de ce que l'on observe chez l'adulte. L’expression, le contexte et la prise
en charge sont cependant sensiblement différents.
3.11.2 Une indication particulière : L’acouphène récent
Son caractère récent, on l’a dit, ne le soumet pas à la lutte contre les préjugés d’inactivité
thérapeutique.
S’il est de survenue brusque, la correction peut être simple en cas d’otite, de bouchon de
cérumen…le diagnostic est simple aussi en cas de surdité brusque.
L’acouphène après la récupération auditive peut constituer la séquelle. L’acouphène peut aussi
aggraver la situation si la surdité ne récupère pas. Le tableau est celui d’une oreille à la fois
inefficace et gênante. Les surdités sévères ou profondes peuvent empêcher un masquage sonore
conventionnel.
En cas de traumatisme sonore récent, le traitement est urgent. On respecte l’étape initiale de
parcours de deuil de l’audition normale. Ce n’est pas le temps de l’explication de l’habituation.
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général et dans des domaines plus spécialisés. Un certain nombre d'entre eux sont présentés
en annexe.
Globalement, la justification de l'utilisation de ces questionnaires ne pose pas de difficultés
majeures dans la relation que le médecin O.R.L. a avec son patient. Celui-ci, d'ailleurs,
apprécie le plus souvent la démarche qui consiste enfin à s'intéresser à son acouphène. Il va de
soi que ces questionnaires doivent être expliqués et non distribués sans un mot par la
secrétaire.
Le praticien doit organiser sa consultation autour d'une routine (ces questionnaires doivent
être remplis toujours dans les mêmes conditions opératoires (à domicile, dans la salle de
consultation, devant le médecin etc.).
Cette procédure permet de rendre raisonnable cette première consultation et, en particulier,
de ne rien dire des mécanismes en jeu. Il est en effet indispensable que le patient ne réponde
pas aux questions au travers du filtre d'un mini-cours délivré lors de cette première
consultation.
Dès lors, apparaissent plusieurs groupes qui s'agrègent selon l'état auditif, la réalité de
l'acouphène et de sa tolérance.
Schématiquement on peut retrouver les patients à audition « normale », ceux dont l'atteinte
auditive est objectivement évidente mais qui ne nécessiteront pas de traitement spécifique de
cette hypoacousie, enfin ceux qui, plus ou moins spontanément, disent combien leur
hypoacousie est gênante.
Deux groupes très importants sont formés : des patients porteurs ou non d’hyperacousie. Il
n'y a pas de recouvrement entre les groupes selon le niveau d'audition et la présence ou non
d'hyperacousie.
Pour ce qui concerne l'acouphène, on discriminera les patients selon le mode de survenue en
insistant particulièrement sur les modes agressifs (accident, explosion, chirurgie, traitement
divers ou anesthésie, que le patient à tort ou à raison incrimine dans la genèse de son
acouphène).
Les questionnaires ont un rôle majeur, permettant d'obtenir une évaluation assez précise et
fidèle du retentissement de l'acouphène dans la vie réelle des patients. Il faut particulièrement
passer du temps pour expliquer l'importance de ceux-ci et surtout éviter le piège de la
photographie décalée ; fréquemment les patients se focalisent sur une période évolutive de
leur acouphène qui n'est pas forcément celle qui nous intéresse. Il faut donc bien faire
comprendre au patient que l'objectif est d'avoir une vision dynamique de sa situation.
L'analyse comparée de ces différents questionnaires permet d'ailleurs assez souvent de faire
apparaître des contradictions, souvent liées précisément au fait que le patient n'applique pas la
même grille de lecture temporelle pour répondre à chaque questionnaire ; pour le
questionnaire hyperacousie, il répondra sur une situation actuelle alors que le questionnaire
d'agressivité de l'acouphène sera « daté » de six mois.
Enfin un élément tout à fait majeur est le dépistage d'une situation psychologique difficile, à
la fois pour le patient et pour l'O.R.L. a priori peu familier de ces problèmes. Une étude déjà
ancienne a montré qu’une équipe d'O.R.L. seniors rompus à la prise en charge de patients
porteurs d'acouphène « ratent » 25 % des diagnostics d'anomalie psychiatrique et, qui plus est,
chez des patients systématiquement revus ensuite par un psychiatre. Ceci pose naturellement
la question de la compétence immédiate et médiate. Inversement faut-il que tout patient
porteur d'acouphène réputé invalidant soit vu par un psychiatre préalablement à toute prise
en charge thérapeutique ? Heureusement la réponse est négative ; il faut se rappeler que le
profil psychiatrique des patients porteurs d'acouphène est en gros le même que celui de la
population générale. Par ailleurs l’utilisation de ces questionnaires précis permet la plupart
du temps de repérer les patients pour lesquels un tel questionnement sera indispensable.
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Il en résulte ainsi, d'une façon à peine schématique, 2 grands groupes de patients : ceux qui
pourront être pris en charge entièrement par l'O.R.L. consultant et
ceux qui nécessiteront une approche multidisciplinaire, nécessitant L'importance d'un
la constitution d'un réseau. Ce réseau doit comprendre au réseau.
minimum un audio-prothésiste « motivé», un neurologue, un
psychiatre et/ou un comportementaliste, un cardiologue et un neuro-radiologue. Comme
dans n'importe quel réseau il est indispensable de connaître la motivation de chacun et un
minimum de ce que les autres intervenants peuvent apporter à l'O.R.L..
Pourront être exclus de ce réseau les patients essentiellement motivés par une réassurance et
qui représentent entre 15 et 20 % des consultants ; de même un certain nombre de patients
qui consultent en urgence ou semi urgence après la survenue de leur acouphène, pourront
être, quel que soit leur niveau auditif, pris en charge individuellement par l'O.R.L.
Les autres patients devront d'une façon ou d'une autre être adressés à l'un ou l'autre des
membres de ce réseau, d'où l'importance de la constitution de ce réseau.
On voit bien qu'un certain nombre de patients seront d'emblée inclus dans le réseau (dans le
cadre d'une recherche étiologique (acouphènes pulsatiles, signes neurologiques associés,
antécédents pathologiques connus, troubles cardio-vasculaires ou métaboliques non traités),
ou dans le cadre thérapeutique). Il est en effet illusoire de vouloir gérer seul un patient
manifestement dépressif, qui présente une importante baisse d'audition, ou qui a déjà
« bénéficié » de très nombreux traitements médicamenteux sans résultat appréciable.
Il n'en reste pas moins que le degré de liberté de l'O.R.L. est naturellement, comme dans
toute pathologie, très lié à son niveau de compétence et un certain nombre d'O.R.L.
expérimentés n’hésitent pas, par exemple, à utiliser des antidépresseurs.
Quelle que soit la situation des patients (traités exclusivement par l'O.R.L. ou intégrés dans le
cadre d'un réseau) il est absolument indispensable que ceux-ci adhèrent au projet
thérapeutique. Contrairement à beaucoup d'autres pathologies de notre spécialité pour
lesquelles l'environnement social du patient n'intervient pas (en général les familles, les
voisins, n'ont pas beaucoup d'opinion sur la décision d'opérer ou d'irradier une amygdale) , la
présence d'un acouphène génère fréquemment une logorrhée environnementale. Si celle-ci
était adaptée et pertinente, elle serait une aide ; malheureusement, il s'agit le plus souvent
d'un flou, voire d’un tissu de contrevérités contre lesquelles il faudra lutter patiemment ; à
chaque étape, il faut s'assurer de la bonne compréhension de l'objectif. En effet, outre ces
fausses données, un deuxième obstacle se présente fréquemment : l'objectif thérapeutique
n'est pas un effet direct du traitement (quel qu'il soit), mais une levée d’obstacle à
l'automatisation de la perception d'un signal. C'est une situation rarement rencontrée par les
patients plus habitués à prendre des comprimés pour faire baisser leur tension ou leur
glycémie.
Enfin un dernier obstacle se présente : la synchronisation du message dans le cadre de la prise
en charge groupée d'un patient porteur d'acouphène : l'explication prenant ici une
importance majeure, le vocabulaire n'étant pas le même dans les différentes spécialités, il en
résulte parfois une difficulté pour le patient qui croit avoir entendu des discours fort
différents. Ceci nécessite un rodage important du réseau.
On peut, à ce niveau de l'explication, proposer quelques tableaux ou des petits arbres
décisionnels à propos de quelques situations bien typées qui feront comprendre dans le
concret ce que l'on entend par réseau en matière d'acouphène (acouphène pulsatile,
acouphène du sujet âgé hypoacousique, patients normaux entendants hyperacousiques).
À l'évidence, une des difficultés est de ne pas faire exploser le compteur du financeur et la
patience du patient en multipliant les connexions dans le réseau.
Dans un certain nombre de cas, l'entrée dans le réseau se fait progressivement. Prenons
l'exemple d'une consultation psychiatrique : son acceptation est directement proportionnelle
à la compétence de l'O.R.L. qui la prescrit. Il n'en reste pas moins que, dans un certain
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nombre de cas, son indication est différée. Il peut en être de même pour un certain nombre
d'examens techniques en particulier de neuro-radiologie.
Le cas particulier des patients « marathoniens » de l'acouphène doit être individualisé car
relativement fréquent et d'abord difficile : il s'agit de sujets consultant pour la 20ème fois un
O.R.L. (éventuellement différent à chaque fois) qui arrivent avec 15 cm linéaires de
documents, 18 médicaments pris, 4 appareils auditifs, mais, la plupart du temps, aucune
évaluation de leur acouphène et, dans la grande majorité des cas, un discours très négatif sur
les prises en charge précédentes. Il est alors indispensable de pouvoir séquencer l'abord de ce
type de patients. Le moyen le plus efficace est de se centrer sur le symptôme acouphène et de
tenter, indépendamment du volumineux dossier, d'en évaluer le retentissement. En effet,
compte tenu de l'investissement temps/argent du patient, un énorme biais est apparu. Il faut
tenter, dans la mesure du possible, de faire la part entre ce surinvestissement et la réalité de
l'acouphène. Nous ne sommes, dans notre spécialité, que rarement confrontés à ce type de
patients porteurs de valises. Un des pièges évidents, en dehors de l'absence d'évaluation de
l'acouphène qui est plus ou moins la règle, est de ne pas avoir, aussi paradoxal que cela puisse
paraître, les éléments nécessaires au diagnostic et à la prise en charge. Encore plus que dans le
cas des patients traditionnels, un contrat de bonne conduite doit être tacite entre l'O.R.L. et
son patient.
Il faut en effet pouvoir le suivre régulièrement.
Dans un certain nombre de situations, nous sommes manifestement face à un échec tant du
point de vue du patient que du point de vue de l'O.R.L. Il faut pouvoir le repérer rapidement
soit pour changer de stratégie soit pour proposer, comme dans n'importe quelle pathologie,
un transfert du patient vers un confrère sinon plus compétent du moins plus neuf.
Plusieurs écueils vont se présenter qui rendent compte d'une grande partie de ces échecs :
nous avons déjà insisté sur l'un d'entre eux, le fait de mésestimer une situation psychiatrique
dégradée. Le résultat thérapeutique ne pourra être que mauvais quelle que soit la compétence
de l'O.R.L.. Il est donc indispensable de reposer la question d'une consultation spécialisée
dans le cadre du réseau, devant tout échec thérapeutique, ce d'autant qu'il peut s'agir
également d'un bénéfice secondaire lui-même mésestimé. Dans la mesure où le symptôme
est invisible, la verbalisation devient un élément majeur du chantage dans la famille.
Ailleurs une cause initiale a été manquée (traumatisme, traitement, chirurgie) ou
sous-évaluée à la fois par le patient et l'O.R.L. Il en résulte un conflit qui pourra, ici aussi, être
au mieux débrouillé dans le cadre d'une consultation psychiatrique (comportementale).
On doit mettre à part les acouphènes survenus au décours d'une thérapeutique, quelle qu'elle
soit .
Le ressentiment vis-à-vis de l'ensemble des médecins, après une intervention iatrogénique,
doit bien être explicité par le patient de telle façon que la prise en charge puisse être
opérationnelle. Il est particulièrement difficile pour l'opérateur d'être efficace sur cet
acouphène. Tout le problème va donc résider dans la capacité de l'O.R.L. à transférer son
patient à un confrère neutre. Ceci n'est pas simple et nécessite une grande transparence de la
part du chirurgien. Il est en effet pris dans un dilemme : « abandonner » son patient ou le
prendre en charge dans les plus mauvaises conditions. Il faut donc arriver à faire comprendre
au patient qu'il est impossible, compte tenu du ressentiment, d'obtenir un résultat satisfaisant
sur l'acouphène sans changer de thérapeute.
En marge de ce problème, on peut décrire la situation très délicate des patients qui engagent
une action légale contre un chirurgien. Il est indispensable que l'O.R.L. qui s'occupe de ces
patients en ce qui concerne leur acouphène soit particulièrement clair sur le caractère
fréquemment dévastateur de ces actions précisément du point de vue de l'acouphène. Le
patient investit énormément de temps, d'argent et d'énergie dans son combat légal, certain de
son bon droit. Il en résulte une survalorisation de l'acouphène et dans beaucoup de cas une
aggravation de celui-ci. La situation est à son comble si le patient est débouté.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
● « je peux vivre avec tel qu’il est mais ne je supporterais pas qu’il augmente »
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Pas d’augmentation
Le « pas d’augmentation » : telle est la demande émise après le constat de l’échec
vis-à-vis de la disparition du symptôme.
Dans certains cas bien identifiés, dans la maladie de Menière en particulier,
l’acouphène, au plan psychoacoustique, présente des variations d’intensité. Mais ce
sont des variations à court terme. L’acouphène est variable dans la journée ou d’un
jour à l’autre. L’augmentation est à prendre en compte sur des délais plus longs. Il
faut alors rechercher un arrêt ou une moins bonne tolérance psychologique mais
aussi une aggravation de la pathologie causale.
La guérison
Elle serait la coïncidence de 3 discours:
Celui du médecin prescripteur : « Vous ne vous plaignez plus autant de ce symptôme et j’avais
avec mon médicament l’ambition d’atténuer ou de faire disparaître ce symptôme, pour moi vous
êtes guéri… ».
Celui du patient : «je me sens guéri ou en tous cas je ne suis plus obsédé par ce symptôme ».
Enfin, celui de l’entourage, qui peut dire «après tout ce qu’on a vécu en spectateurs et aussi en
acteurs de sa souffrance, il apparaît bien guéri ou il va beaucoup mieux ».
Il y a lieu finalement de replacer le patient dans le cursus du deuil de son audition
normale.
Le phénomène de deuil de l’audition (ou d’acceptation de l’acouphène)
Il comporte classiquement plusieurs étapes.
La prise de conscience de la perte en est la première. C’est la prise de conscience de la
présence durable de l’acouphène. Comme nous l’avons déjà dit, chez le sujet jeune, les
mots lors de la première consultation chez le spécialiste sont : « je ne peux pas croire que
ce bruit va exister toute ma vie… »
Dans les atteintes sévères de l’audition avec acouphène, la souffrance engendrée par
l’acouphène peut retarder la prise de conscience de la perte de l’audition. Tant que
l’acouphène est le sujet de la souffrance, le travail de deuil de l’audition ne peut pas
être entamé.
La deuxième étape est le refus, avec parfois une série d’interrogations : « pourquoi cet
acouphène, qu’ai-je fait, qu’est ce qui le modifie ?… ». Ces questions montrent bien
que l’acouphène a bel et bien été intégré. Parallèlement, il y a maintenant volonté
d’annulation avec retour à l’état antérieur avec une révolte qui dans le cas particulier
des acouphènes ne trouve pas individuellement d’exutoire, mais peut le trouver au
plan collectif : la médecine est impuissante !!
La phase suivante est la phase de dépression. On dit que le déclenchement des larmes
est un « bon » signe dans le deuil. Le patient modifie son comportement conformiste
vis-à-vis du regard des autres. Le retour à un comportement moins adulte permet la
régression. Il exprime par les larmes sa détresse qui doit être exploitée pour tenter
d’entamer le dialogue. C’est sans doute à ce stade que toute l’explication de
l’acouphène doit démarrer. Sur le plan somatique, on prendra en charge les troubles
du sommeil. L’asthénie peut être patente. Sur le plan intellectuel le patient présente
ou dit présenter un affaiblissement des capacités d’attention et de concentration.
L’impression d’être moins performant qu’avant dégrade l’estime de soi.
Sur le plan affectif, l’humeur est triste. Une forte anxiété se développe chez le patient
qui devient hypersensible à toute stimulation sonore. Cette hyperacousie provoque
des réactions d’évitement ou de rupture avec son milieu habituel.
Mais, petit à petit l’acceptation du deuil de l’audition normale va se faire.
Le deuil pathologique c’est la prolongation anormale de l’une ou l’autre de ces phases,
avant l’acceptation. Le sujet se complaît inconsciemment dans la réminiscence
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CLINIQUE ET PRATIQUE
♦ « Tout d’abord, éliminons une étiologie grave. Comme la cause n’est que
rarement définie, comme le mécanisme
est obscur et comme les thérapeutiques Finalement, dans cette pathologie,
étiologiques n’apportent pas les succès entre ce patient souvent averti par
escomptés : faisons tout pour accélérer l’entourage et aussi par le médecin,
l’habituation ». lui sans acouphène, démuni de
♦ « Attachons-nous à la cause, à l’origine de l’efficacité rapide de son Vidal®, le
l’acouphène. Essayons de la découvrir, patient est l’expert.
supprimons-la et nous pouvons espérer
que le symptôme disparaîtra : c’est l’acouphène symptôme ».
♦ « La cause ayant disparu, on peut observer la persistance de l’acouphène du fait de
la mémorisation du phénomène. Il faut alors soigner l’acouphène en tant que tel:
c’est l’acouphène-maladie »
Ces 3 démarches peuvent constituer des guides rigides ou au contraire être choisies
tour à tour au gré des patients, au gré de l’évolution des symptômes d’un sujet
considéré.
Quel que soit le choix, des erreurs sont à éviter dans cette relation entre le médecin et
le patient qui ne comprend pas l’incompétence de «la science médicale moderne »
vis-à- vis de ce « pauvre petit symptôme » qui pourtant est déclaré comme lui gâchant
la vie.
Parallèlement au choix d’une de ces démarches, il y lieu aussi d’évaluer et de corriger
la psychopathologie, lourde ou légère, par lui même ou en adressant aux « psy- ».
Enfin il faut éviter les erreurs.
3.12.3 Panorama des méthodes
À titre de guide, on peut dégager pour cette prise en charge 4 volets. Des thèmes seront repris plus
avant dans le texte.
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Pour l’organisme, au niveau cognitif conscient ou inconscient, l’habituation existe aussi. Face
à un environnement familier et régulier, il ne se fatigue pas inutilement. Par ailleurs, en
réagissant moins à des stimulations connues et reconnues comme étant sans importance pour
l’organisme, le sujet est prêt à répondre à d’éventuels événements nouveaux qui pourraient
intervenir dans le milieu.
Après cette brève présentation générale du phénomène d’habituation et pour revenir à notre
sujet, on peut redire que la physiopathologie de l’acouphène est, soit une pathologie de
l’habituation soit une habituation qui ne se fait pas parce que l’acouphène a valeur
d’information. L’acouphène a une signification : menace quand on dit que l’acouphène est
vasculaire, stress quand il s’agit d’un traumatisme sonore, rappel affectif d’une circonstance
émotionnelle…
Favoriser l’habituation suppose d’analyser le statut de l’acouphène et mettre à profit les lois
de l’habituation comme celle de la généralisation qui permet de répondre moins
puissamment à des stimulations présentant des caractéristiques proches de celle d’un
stimulus familier.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Une fois stimulé, le circuit décharge à répétition pour une longue période de temps.
Dans un tel système réverbérant, le signal efférent peut durer plusieurs millisecondes
voire plusieurs minutes pour un signal afférent qui n’excède pas la milliseconde. Un des
facteurs qui détermine la durée du phénomène est la rapidité avec laquelle les synapses
du circuit s’épuisent.
Comme nous l’avons dit, le modèle de la douleur et celui de l’épilepsie justifient la
prescription de produits antalgiques ou anticonvulsivants.
Il y a quelques années l’anoxie était le grand mécanisme létal. Les produits capables
d’augmenter le flux vasculaire étaient indiqués pour les acouphènes engendrés par les
dégâts de l’anoxie.
Comme dans la thérapeutique antivertigineuse, l’utilisation des drogues varie d’un pays à
l’autre, certain produit « leader » ici n’est que peu ou pas utilisé ailleurs.
Les anesthésiants : La lidocaïne
La lidocaïne est un anesthésique local qui est aussi utilisé pour régulariser les troubles
du rythme par effet stabilisateur de la membrane. Il en résulte un ralentissement des
échanges ioniques, ce qui diminue la vitesse de dépolarisation. La lidocaïne augmente
la durée de la période réfractaire et réduit la fréquence de décharge sur les fibres.
Si depuis 1978, elle a fait l’objet de plusieurs travaux prometteurs, l’impossibilité
d’utiliser un substitut oral condamne l’emploi chronique de la méthode. Pourquoi
alors parler de ce produit ?
♦ Au plan général, l’efficacité fréquente de la lidocaïne prouve la possibilité d’action
rapide d’une drogue sur l’acouphène.
♦ Au plan individuel, elle est utilisée comme traitement parentéral. Si le résultat est
bénéfique, elle contribue à restaurer la confiance dans la thérapeutique.
♦ Enfin la lidocaïne aurait pu servir de base à un système de tri des patients pour la
mise en route d’un traitement à effets secondaires dangereux (carbamazépine et
risque hématologique).
♦ Parce que le produit a une action locale qui peut être étudiée, parce qu’il existe des
modèles animaux,… la bonne connaissance du produit contraste avec la
méconnaissance des autres dont l’action est centrale.
Après administration IV, la lidocaïne est immédiatement active. Sa demi-vie est de 10
minutes.
➤ Utilisation :
Perfusion de 1 à 2mg /kg de lidocaïne à 2%, sans adrénaline, perfusé rapidement.
Précautions d'emploi, effets secondaires et contre-indications :
Les effets secondaires ne sont pas anodins et empêchent la banalisation de l’emploi.
En fait c’est bien plus l’organisation matérielle de l’administration qui est un facteur
limitant : hospitalisation, surveillance électrocardiographique permanente pour
dépister un éventuel trouble de la conduction, mise à disposition d’un
défibrillateur…
Les complications cardio-vasculaires sont en fait relativement rares et fonction de
l’état cardiovasculaire : bradycardie, BAV, hypotension.
Les complications neurologiques sont liées à la dose administrée. Les premiers signes
sont du type confusion, puis agitation et enfin crise convulsive. Ces troubles sont
plus fréquents chez les séniles. La dose toxique est de l’ordre de 300 mg.
➤ Résultats et effet attendu :
Différentes études (rassemblées par Murai 1992) contrôlées ou non rapportent une
action bénéfique assez régulièrement constante : le résultat immédiat est compris
entre 65 et 80% d’amélioration mais après environ 20 mn le bénéfice disparaît et il n’y
a pas d’effet résiduel vrai.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
notamment, vécues comme menaçantes. La thérapie sonore fait classiquement appel aux
générateurs de bruits, mais elle inclut autant la correction auditive que des stimulations auditives
d’autre nature ; le principe de base étant que le silence est à proscrire. Le fondement théorique de
référence pour la TRTâ est que le processus attentionnel est sous-cortical et inconscient, régulé
par des patterns neuraux accessibles à des stimulations sensorielles.
Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont pour vocation de modifier les
comportements et les pensées corollaires à travers l'application de techniques de
« déconditionnement ». La thérapie sonore est associée par le biais de l’aide auditive dès que
possible et par l’enrichissement phonique sans que le recours aux générateurs de bruit soit
indispensable. Cette thérapie sonore s’intègre au volet comportemental de la TCC quelles que
soient ses modalités. La dimension cognitive est ici beaucoup plus importante que dans la TRTâ.
Ce type d’intervention thérapeutique repose sur un modèle du fonctionnement cérébral humain
où les interactions perpétuelles des processus conscients et automatiques (de l’organisme en
général et du cerveau dans ce cadre général) imposent la combinaison d’une approche cognitive et
d’un volet comportemental.
La TCC est au mieux réalisée après des entretiens motivationnels, assurés par les ORL, qui
empruntent les principes du counselling et préparent les patients à s’engager dans une démarche
structurée à court ou moyen terme.
La stratégie thérapeutique dont relève le patient est élaborée à partir de l’analyse sémiologique du
trouble ; "somatoforme" ou dissociatif, il peut nécessiter une prise en charge plus ou moins lourde
au plan psychiatrique. Des outils psychométriques spécifiques et non spécifiques permettent une
évaluation du retentissement de l'acouphène. Trois mesures spécifiques (la mesure de la détresse
psychologique liée à l'acouphène (129), la mesure du handicap lié à l'acouphène (77) et l’échelle
subjective de sévérité de l'acouphène (57)), et une mesure de l’état anxieux et dépressif à travers
l’échelle hospitalière HAD, indépendante de la nature acouphénique de la plainte, constituent les
principales explorations couramment utilisées. Un journal de suivi de l'acouphène peut être
proposé pour réaliser un inventaire des situations rencontrées, l'intensité de l'acouphène ressenti,
la gêne que cela engendre et les commentaires que fait le patient par rapport à ce qu'il ressent,
pense, fait ou ne fait pas.
La TCC va consister à réduire l’état de tension physique et émotionnelle qui accompagne
l’acouphène et l’hyperacousie. En rapport ou non avec ces symptômes, cette tension fait le lit de la
focalisation attentionnelle à l’origine de la gêne ressentie. La technique de relaxation progressive
de type Jacobson va autoriser des modifications comportementales d’adaptation en permettant
des expositions aux situations redoutées. La connaissance des processus automatiques de pensées
et de croyances va permettre une maîtrise des interprétations et des réactions apprises inadaptées.
La relaxation de type Jacobson fait appel à des contractions étagées préalables à un
relâchement musculaire concernant de proche en proche la totalité du corps. L’évocation d’une
scène imaginaire favorisant la sensation d’apaisement physique et mental constitue la phase finale
du procédé. Une injonction paradoxale d’inattention au contexte sonore ambiant favorise la
distraction à l’égard du signal acouphénique.
Au plan cognitif, la notion de base en matière d'acouphène est que sa négligence (et, par
conséquent, sa tolérance) devrait être la réponse normale au phénomène. Les mécanismes qui
s'opposent au développement de ce processus sont la crainte d’une pathologie sous-jacente
(comme une tumeur ou une surdité) ou l’existence de comportements (actes ou pensées) ayant
pour conséquence de perturber l’activité du patient (écouter une conversation, s'endormir...).
Le but des TCC est de réadapter le sujet face à son acouphène ; sa capacité de détection du signal
n’est pas modifiée. Le « déconditionnement » repose sur trois piliers : information, analyse
critique des croyances, élaboration et confrontation aux alternatives. Une information aussi
actualisée et exhaustive que possible quant aux connaissances en physiopathologie et leurs
implications thérapeutiques est le premier temps de la restructuration cognitive : la convergence
et la cohérence des discours du thérapeute et de l’ORL est un aspect déterminant de l’adhésion du
patient à la suite de la démarche.
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C’est ensuite par une analyse détaillée et méthodique de l’argumentaire fondant les convictions
nuisibles des patients que l’on parvient à mettre en lumière leurs insuffisances ou leurs
inadaptations. Cette démarche critique conduit à l’élaboration d’alternatives des interprétations
et des conséquences concrètes qui en découlent. Enfin, grâce à une exposition graduée, planifiée
et encadrée, des activités redoutées sans justification objective sont réinvesties progressivement :
les anticipations néfastes sont remises en cause.
Après une première phase thérapeutique en rapport avec les préoccupations actuelles des patients,
c’est la mise en évidence de modes de pensée délétères, au quotidien, hors du champ auditif,
entretenant un climat émotionnel négatif, qui va permettre de généraliser les méthodes
cognitives utilisées à propos de l’acouphène et de l’hyperacousie. D’autre part, cette extension du
champ d’analyse cognitive conduit le sujet à dévier son attention vers d’autres préoccupations
concrètes.
La restructuration cognitive procède de la modification de certaines pensées (des "croyances
absolutistes") qui accompagnent l'acouphène et conditionnent des réactions délétères. Ces
pensées sont caractérisées par des excès, des approximations
péjoratives, des erreurs ou des conclusions inappropriées. Quelques Restructuration des
croyances absolutistes concernant l'acouphène sont souvent croyances.
rencontrées : "ça va obligatoirement devenir épouvantable si ces
perceptions sonores ne disparaissent jamais", "ce type de bruit est réellement des plus déplaisants", "il
est injuste que j'aie à souffrir de mes acouphènes", "je suis certain que mon état va s'aggraver si je dois
supporter cela tout le temps", "l'immense majorité de mes problèmes est causée par ces manifestations
auditives", "si ces acouphènes continuent, la vie ne vaut absolument plus la peine d'être vécue".
L'ensemble de ces propositions thérapeutiques va permettre d'élaborer une stratégie d'adaptation
à l'acouphène et aux situations de déclenchement ou d'aggravation. Le patient va apprendre à
"gérer" son acouphène et à rendre cette manifestation aussi neutre que possible.
L’analyse des circonstances de manifestation de la gêne va permettre de faire prendre conscience
de l’influence des facteurs émotionnels, de l'intensité relative de l'acouphène par rapport à
l’intensité sonore de l'environnement, signifiant le pouvoir masquant d’un son naturel comme la
modification de la focalisation attentionnelle selon les activités du
patient. Les réactions sensorielles et la capacité de distraction, Analyse des des
indépendamment de l’acouphène et des circonstances sonores, seront circonstances de
explorées dans la perspective d’une généralisation des apprentissages survenue de la gêne.
en TCC conditionnant pour partie leur efficacité et leur pérennité.
L'analyse comportementale conduit à reconnaître ce qui, par évitement ou inadéquation,
maintient ou aggrave la perception de l'acouphène. La réadaptation comportementale consiste à
modifier les attitudes qui aggravent le trouble : évitements de certains lieux ou situations, pertes
d'activité, environnement trop bruyant ou trop silencieux, stratégies de coucher et de sommeil
anxiogènes ... Par exemple, en cas de trouble du sommeil associé à l’acouphène, le patient repère
ce qui s'oppose au réflexe d'endormissement, par perte notamment de la fonction symbolique
inductrice du lit : il ne fera rien d'autre au lit que de dormir ou s'adonner au plaisir sexuel, au lieu
bien souvent d'y regarder la télévision ou de lire, voire de manger. Il apprend à modifier les
conditions concrètes du coucher et du sommeil (se coucher fatigué, ne pas rester au lit éveillé, se
lever à la même heure tous les jours avec un nombre d'heures de
sommeil nécessaire et suffisant). Il aménage ou corrige les Analyse et réadaptation
anticipations catastrophiques qui précèdent le coucher. De la des comportements.
même manière, une personne qui fuit les magasins perçoit le
brouhaha comme stimulant l’acouphène.
Une réexposition à cette situation, après plusieurs étapes si nécessaire, en prévenant la réponse
anxieuse par un procédé de relaxation va objectiver l’inconstance de la réaction attendue ou de
son intensité : l’anticipation perd son caractère obligatoire (ceci participe de la restructuration
cognitive). Le sujet réinvestit progressivement, de manière hiérarchisée, des plus faciles aux plus
difficiles, des lieux et des activités, en utilisant préalablement des procédés de relaxation et une
réévaluation des anticipations faisant obstacle.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Une adaptation prothétique confortable et efficace peut participer à une prise en charge
globale.
CONSCIENCE
SUBCONSCIENCE
Par ailleurs, l'amélioration du rapport S/B est primordiale pour les sujets acouphèniques
associant une surdité endo-cochléaire (81% des cas C. Puel 2003): à ces surdités, les plus
marquées sur les fréquences aiguës, se cumule une détérioration souvent discriminative de la
discrimination fréquentielle. D'après McDermott et coll. (1998).
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Figure 34 - Chez 5 sujets ayant une chute auditive et des acouphènes, on peut constater la
coïncidence entre la tonie de l'acouphène et l'amélioration des capacités de discrimination
fréquentielle dans la zone de l'acouphène. (D'après Mc Dermott, 1998).
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Figure 35 - Performances d'identification de mots dans le bruit, chez des sujets malentendants
appareillés en monoural. Gatehouse (1989).
Plus récemment, Hurley a comparé les scores de reconnaissance de mots lors des tests
initiaux et des deux années suivantes pour les oreilles aidées et non-aidées de sujets
appareillés monoralement .
Figure 36 - Scores aux tests diachroniques de reconnaissance de mots, oreilles appareillées ou non.
L'amélioration pour les oreilles aidées est significative dès la deuxième année (supérieure
à 30% pour certains mots), alors qu' "a contrario" une tendance à la diminution des scores
pour les oreilles non aidées est notable.
La plasticité cérébrale participe activement à la réhabilitation aussi bien qu'à
l'habituation, et doit être évoquée dans la prise en charge prothétique de l'acouphènique;
elle est d'abord extrêmement positive, même si elle doit être relativisée pour ne pas
générer de déception à contretemps. Elle permet également de positionner l'appareillage
dans la durée, de façon pédagogiquement motivée.
La réorganisation neuro-physiologique (plasticité) consécutive à une lésion laisse les
neurones associés à la perception initiale: suite à une perte auditive, les neurones dont la
fréquence caractéristique est concernée par la perte deviennent sensibles aux fréquences
proches de la fréquence de coupure. Ceci vient apporter un complément d'explication
aux travaux de McDermott sur la discrimination fréquentielle: c'est la désafférentation
qui est responsable de cette diminution.
Dans ce cadre, par extension à l'acouphène, le spectre de celui ci se situe dans la zone de la
perte auditive (réorganisée), au même titre que la stimulation du visage peut évoquer des
sensations dans un membre manquant (zones corticales voisines).
Ce modèle est corroboré par différentes mesures mises en perspectives, effectuée par
Norena en 2002 et 2003.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Le questionnaire de détresse doit être réservé à l'équipe médicale le cas échéant (médecin
ORL ou psychothérapeute): le contenu de certaines questions obligeant l'interlocuteur à se
substituer à un rôle de psychologue, qu'il n'est pas forcément, ou qu'il n'est pas suffisamment,
ou pour lequel il n'est pas formé. Un questionnaire d'hypersensibilité auditive est également
disponible: il permet d'établir une classification en cas de diminution de la tolérance au bruit.
A l'inverse du recrutement pur, ni l'hyperacousie, ni la misophonie, ni la phonophobie n'ont
de relation directe avec les seuils auditifs mesurés; les patients atteints de l'une de ces
manifestations peuvent ou non présenter une perte auditive associée.
Une écoute attentionnée est là encore plus importante que pour une prise en charge
"classique". D'un point de vue psychologique (hors prise en charge pluridisciplinaire), le sujet
acouphènique ne demande qu'à verbaliser sa souffrance à quelqu'un qui l'écoute et le
comprenne. Attention toutefois de ne pas verser dans l'excès et se laisser « embarquer » dans
un rôle qui n'est pas le sien et pour lequel on n'est pas armé, au risque d'y laisser des plumes,
et/ou de commettre des impairs pouvant remettre en cause la qualité de la prise en charge
prothétique de façon irrémédiable.
Tests psycho-acoustiques : profil de l'acouphène (encadrement fréquentiel par comparaison
ipsi- ou controlatérale), intensité (recherche du niveau de masquage énergétique
(narrow-band, bruit blanc, ou rose), et/ou informationnel (cocktail party).
Les objectifs doivent s'intégrer dans le cadre d'une prise en charge globale, incluant les
objectifs qui concernent la correction de l'audition. Ils doivent là aussi être positifs, mais
réalistes, et se porter dans la durée. L'objectif principal de la prise en charge prothétique au
niveau de l'acouphène doit rester l'amélioration de la qualité de vie, souvent dans la régularité
et dans le temps (d'où l'intérêt de la réitération de questionnaires de loin en loin), très
rarement de façon immédiate.
L'adaptation d'aides auditives dans le cadre d’acouphènes associés au déficit auditif et en
l’absence de prise en charge pluridisciplinaire, n'est pas un remède miracle; si l'amélioration
sur le plan de la communication est dans la majorité des cas très significative, la disparition de
l’acouphène immédiate, totale et permanente reste rarissime. Il convient donc de fixer
conjointement avec le patient des objectifs possibles, bien perçus et acceptés. C'est la clé de
voûte de la prise en charge.
L'adaptation prothétique doit être progressive, et les réglages motivés par les différents tests
pratiqués. La notion de confort passe d'essentielle à primordiale, tant au point de vue
physique, qu'acoustique ou émotionnel, quitte à sous-corriger l'audition et revoir
rapidement son patient. Le suivi doit être fréquent, pour toujours coller à une correction
optimale et stimuler les zones lésées pour appuyer la réorganisation tonotopique. La
réhabituation mérite d'être surveillée de près. Mais pour qu'il y ait réhabituation, il faut qu'il y
ait port régulier, et pour qu'il y ait port régulier, il faut que l'appareillage soit
CONFORTABLE. CQFD… Ce qui est d'autant plus vrai que la plainte due à l'acouphène
est importante.
la question de l’embout
Dans le cadre de surdités présentant une perte auditive en pente des graves vers les aigus (y
compris les surdités traumatiques), soit environ 80% des cas, la sensation d'occlusion du
conduit auditif est une plainte qui revient de façon itérative, si l'embout n'est pas aéré de
façon suffisante. Le diamètre de l'évent nécessaire pour éviter cette sensation est
proportionnel à la fréquence du point d'inflexion de la perte auditive. En première intention,
et à titre indicatif, un diamètre de 2mm de diamètre correspond à des graves conservés jusqu'à
500Hz, 2,5mm une baisse à 1kHz, 3mm et plus au-delà.
Dans le cadre de la correction de surdité associée aux acouphènes additionnée d'une
détérioration importante de la perception de sonie, l'évent peut accueillir un filtre mécanique
habituellement utilisé dans les protections anti-bruit: l'appareillage cumule alors une
amplification contrôlée par l'utilisation de facteurs de compression importants et d'écrêteurs
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puissants, et une protection aux fortes intensités par le filtre, ce que ne permet pas un évent
classique.
Mais avec l'aération se pose le problème du larsen, réultat de la saturation dans la boucle
amplificatrice; l'aide auditive siffle, seule, ou dès que cette boucle est facilitée (passage de la
main dans les cheveux, chapeau, mur frôlé, etc). Ce phénomène est d'autant plus important
que l'amplification nécessaire sur les fréquences aiguës est importante; la fréquence de
résonance se situe en effet autour de 3kHz.
Même si les aides auditives numériques possèdent des dispositifs électroniques anti-larsen, la
réduction chronique de gain (en particulier pour les sons de faible intensité) rend la
correction peu attractive au niveau prothétique, et l'adaptation problématique en raison de la
difficulté à trouver le bon équilibre entre confort et efficacité.
Mais devant l'émergence de la nouvelle génération de surdités légères prêtes à être
appareillées (presbyacousies naissantes pour le papy-boom, et traumatismes sonores "légers"
à répétition pour les amateurs de musique forte), les fabricants ont mis au point des stratégies
"oreille ouverte" permettant entre autres de reculer les limites de l'apparition du larsen, et
ainsi de corriger des pertes auditives jusque là difficiles (Canta Open, Triano TA, Air 60).
Ces aides auditives peuvent être utilisées pour corriger des pertes auditives associées aux
acouphènes, avec un excellent compromis confort/efficacité.
La possibilité nouvelle de corriger ce type de surdité va sans doute aider à faire prendre
conscience aux acouphèniques pour qui la baisse d'audition est tout à fait secondaire qu'un
appareillage précoce favorise une réhabituation rapide et de qualité, et aux médecins ORL
que ce type de surdité, jugé il y a peu inappareillable, peut être actuellement corrigé dans de
très bonnes conditions, en utilisant au mieux le capital de plasticité cérébrale de leurs patients
le plus précocement possible.
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Les avantages portés au crédit du GBB par rapport aux techniques d’enrichissement sonore
ambiant consistent à pouvoir disposer d’un stimulus à large bande bien contrôlable en temps
d’exposition et d’intensité. Ces paramètres de stimulation sont personnalisés pour chaque
patient.
*
1- appareillage.
**
2- conseil.
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Demander au patient si :
– Le son est agréable et pas gênant.
– L’acouphène est modifié d’une façon ou d’une autre par le biais du bruit.
– Le bruit des deux GBB est équilibré.
Si le son n’est pas confortable voire gênant, lire les points A et B.
Si le son n’est pas équilibré, augmenter le volume du GBB le plus faible pour atteindre le
niveau de l’autre GBB et réduire successivement le volume des deux GBB vers le
« mixingpoint » le plus bas.
Poursuivre la consultation sans modifier les réglages des GBB.
Montrer au patient la modalité de réglage et le positionnement des piles sur un GBB du
même modèle. Montrer la mise en fonction et la manipulation au moins 3 fois par oreille.
Vérifiez si :
– Le bruit du GBB est confortable, de cette façon, il sera toléré sur de longues périodes.
– Le volume du bruit du GBB est au « mixing-point » ou légèrement en dessous.
– L’acouphène ne doit être altéré en aucune façon.
– Le patient réussit à placer les GBB sans difficultés.
● Protocole type
Premier mois :
Le GBB doit être réglé à l’intensité minimale audible en conditions de silence et l’intensité ne
doit pas être modifiée pendant le premier mois.
– Première semaine : Le GBB doit être porté 2 heures par jour en conditions de silence.
– Deuxième semaine : Le GBB doit être porté 3 heures par jour en conditions de
silence.
– Troisième semaine : Le GBB doit être porté 4 heures par jour en conditions de
silence.
– Quatrième semaine : Le GBB doit être porté 5 heures par jour en conditions de
silence.
Deuxième mois :
Au début du deuxième mois, l’intensité du bruit du GBB sera légèrement augmentée mais
sans interférer avec la compréhension de la parole et sans masquer l’acouphène.
Le GBB sera porté pendant 6 heures par jour, parfois en continu et d’autres fois de façon
intermittente, en choisissant de préférence les périodes les plus silencieuses de la journée.
Protocole alternatif :
– 1er mois : 1 heure
– 2ème mois : 2 heures
– 3ème mois : 3 heures
– 4ème mois : 4 heures
– 5ème mois : 5 heures
– 6ème mois : 6 heures
– 7ème mois : la majeure partie du temps.
Cette thérapie doit être appliquée pendant plusieurs mois.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Adaptation au GBB :
Le patient aura besoin de quelques semaines pour s’habituer au GBB. Si l’acouphène semble
plus invasif (plus gênant) pendant les premières semaines d’adaptation, les causes possibles
sont :
– L’application des GBB rappelle au patient l’existence de l’acouphène.
– Les GBB sont une nouveauté et nécessitent une période d’adaptation pour s’habituer
à leur présence.
– Le patient est anxieux et surveille les effets du GBB sur l’acouphène.
Il ne faut pas oublier de conseiller au patient d’utiliser les GBB surtout à la maison pour se
familiariser avec l’utilisation de ces appareils.
Quelques précisions :
– Si l’acouphène est fluctuant, le GBB peut être porté soit pendant les jours « négatifs »
soit pendant les jours « positifs ». Pendant les jours positifs, on peut baisser le volume
du GBB.
– Les GBB devront être portés pendant au moins 6 mois. Le but est d’arriver au point
où l’acouphène ne représente plus un problème pour le patient, même dans les
périodes où il ne porte pas le GBB. A partir de ce moment, il faudra diminuer
progressivement l’utilisation du GBB jusqu’à son arrêt complet.
– Le but n’est pas de masquer l’acouphène. Si cela arrive, cela signifie que le volume
était réglé de manière trop élevée. Le bruit du GBB et l’acouphène doivent
impérativement se mélanger tout en restant reconnaissables.
– De nuit, le GBB ne doit pas être porté, le patient doit utiliser une radio, posée à coté
de son lit, à volume très bas et syntonisé entre deux stations radiophoniques.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
L’apport d’une prothèse auditive amplificatrice à faible bruit de fond qui peut aussi générer
un bruit blanc à bande large modulable en intensité et réglable en tonalité a été étudié chez 30
sujets pendant le temps habituellement imparti à l’habituation.
Principes de l’étude :
Évaluer l’apport d’un bruit non masquant (déterminé au point de confusion entre
acouphène et bruit ajouté) au processus d’habituation à l’acouphène. Evaluer l’efficacité de la
prothèse auditive TCI-Combi® capable de fournir ce bruit, simultanément à l’amplification
auditive classique, par la mesure de la doléance des sujets par auto-questionnaires.
Les 30 sujets sont appareillés avec le TCI-Combi® (27 sujets en binaural, 3 en monaural)
en 2 phases successives :
Phase A : de 10 à 12 semaines en amplification seule.
Phase B : de 10 à 12 semaines en amplification+bruit. L’ordre des phases est aléatoire.
Le sujet est son propre témoin.
Les sujets se sont engagés à porter la prothèse au moins 6 heures par jour. La compliance
à la consigne est déclarative.
A la fin de l’étude, les sujets pouvaient restituer la prothèse ou l’acquérir.
Pendant les 24 semaines les sujets ont répondu chaque semaine à 3 questionnaires validés
THQ, DET, SEV (76-77).
Sauf réglage inconfortable nécessitant un retour au service, les patients n’ont été revus
qu’au changement de phase (12ème semaine) et à la fin de l’étude ( 24ème semaine)
Résultats cliniques pour les 24 sujets qui ont effectué les 2 phases de test :
5 sujets ont restitué les prothèses en fin d’étude.
1 sujet a restitué les prothèses pour les remplacer par leur version intra. Il a été comptabilisé parmi les
« satisfaits ».
Parmi les 18 sujets qui ont souhaité conserver le TCI-Combi® en fin d’étude, nous
avons distingué le réglage choisi.
6 sujets ont gardé les prothèses en amplification seule :
12 sujets ont choisi de garder l’appareil en position amplification ET bruiteur. Parmi
ceux-ci 2 patients qui avaient déjà essayé des masqueurs d’acouphènes.
Après 24 semaines d’appareillage 60% des sujets gardent le TCI-Combi® dont 67% en
position amplification+bruit.
En résumé :
– 20 % (6/30) des patients sont sortis de l’étude
– 20% (6/30)des sujets ont restitué l’appareil
– 60% (18 /30) des sujets ont gardé le TCI-Combi®.
Parmi ces 60% (18/30) de satisfaits,
– 33% (6 /18) des sujets ont gardé une amplification seule et
– 67% (12 /18) une amplification avec bruit.
Cette étude met en évidence un bénéfice potentiel du TCI-combi® pour des sujets qui
présentent des acouphènes invalidants, relativement récents, ajoutés à une surdité
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moyenne à sévère. Le modèle est celui d’une thérapie auditive efficace aux moyens
moins lourds que ceux d’une thérapie sonore par l’habituation (TRT) puisque les
entretiens de suivi ont été remplacés par un lien épistolaire et que la période de suivi n’a
été que de 24 semaines.
3.12.7 Le rôle central de l’information
L’information joue un rôle central dans la prise en charge de l’acouphène. Toutes les
thérapeutiques psychologiques s’y attachent. En général, la quantité d’information est plus
grande dans un signal inconnu. Un tel signal mobilise largement le système cognitif du sujet afin
de savoir si le signal est dangereux pour sa survie. L’acouphénique va pendant longtemps tenter de
dépister les raisons de la variabilité de l’acouphène. Il y mobilise son attention, la polarisant sur
l’acouphène. Comme l’ont affirmé nos anciens, il y a peu de relation logique entre le symptôme et
la plainte :
« la douleur est toujours moins forte que la plainte » ( Jean de la Fontaine)
« la plainte surfait toujours un peu les afflictions » (D. Diderot)
De cela aussi il faudra informer le patient pour éviter le cercle vicieux : la polarisation sur
l’acouphène augmente sa détection, qui augmente sa plainte.
La plainte a pour but de manifester « la douleur » pour la diffuser et la répandre…
Elle force la demande d’attention et de soins…
Elle peut aussi protéger la douleur pour que rien ne change. L’acouphène peut apporter des
bénéfices secondaires.
L’information peut être donnée individuellement ou collectivement. C’est ce que nous
aborderons maintenant : les réunions de patients.
Le jeu des questions et des réponses, les paraboles, constituent l’exercice de la consultation.
Enfin le ressenti souvent lourd est à connaître pour estimer à son juste titre la souffrance de
l’acouphénique.
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3.12.7.1.1 Pourquoi des réunions regroupant une équipe médicale et des patients ?
Face à une forte demande de consultations, dès 1991, une consultation acouphène
regroupant ORL, psychologue puis orthophoniste, a vu le jour. Cette consultation
n'accueille que des patients porteurs d'acouphènes, dirigés vers cette consultation par des
infirmières formées à cette pathologie. Informés par les médias et séduits par cet accueil
spécialisé, les patients ont afflué; les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous sont
devenus importants, aggravant l'anxiété des patients.
Très rapidement, il est apparu que la majorité des patients qui venaient consulter avaient
vu le plus souvent plusieurs confrères et que s'ils avaient bénéficié de bilan étiologique
complet, ils étaient déçus par ces consultations et réticents aux traitements. Ils venaient
donc re-consulter soit pour être rassurés sur ce qui leur avait été dit et proposé, soit pour
obtenir des explications sur leur maladie et savoir si autre chose pouvait leur être prescrit.
L'idée a germé de faire une information à un groupe de patients, qui ont déjà vu au moins
un ORL, afin de diminuer l'attente anxieuse du premier rendez-vous, et de répondre à ce
besoin légitime d'information.
Cette information se doit d'être accessible à tous, tout en respectant les règles
déontologiques, les principes éthiques de la relation médecin-malade : bienfaisance, non
malfaisance….
Ces colloques sur les acouphènes ont lieu tous les trois mois, au sein de l'hôpital, en
début d'après-midi, ils sont gratuits. Ils réunissent en moyenne 50 auditeurs, certains
sont accompagnés et parfois même certains sont délégués (ils assistent à la place de la
personne concernée qui n'a pas pu se libérer). Des brochures d'information réalisées
dans le service leur sont remises, qu'ils pourront conserver et relire tranquillement.
La deuxième partie laisse place aux questions des patients, bien que ces questions soient
individuelles, chacun y trouve un intérêt. Certaines questions nous paraissent
redondantes, c'est alors le moment de reprendre ce qui n'a pas été compris ou admis. Il
n'est pas toujours facile de satisfaire tout un auditoire non sélectionné, de tout âge, de
tous niveaux socio-culturels, venu là de son plein gré pour recueillir des informations en
direct d'une équipe spécialisée.
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Colloque + 6semaines
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– après six semaines, 87 % des patients (figure 41) qui ont retourné leur questionnaire,
estimaient avoir un bénéfice global avec dans 42 % des cas une amélioration
subjective de leur acouphène.
Pour le questionnaire THQ, sur 258 questionnaires rendus en fin de colloque, seuls 189
étaient exploitables (les autres étant incomplets, illisibles,…), et, après six semaines, 87
étaient exploitables, avec seulement 73 patients ayant rempli correctement les deux . On
a donc pu voir l'évolution globale (figure 42) et, pour 73 patients, une évolution
individualisée en comparant les variations de réponses pour chacun (figure 43).
L'analyse statistique a permis de voir une amélioration après le colloque, avec une
différence significative entre le questionnaire de départ et celui six semaines plus tard,
pour deux facteurs : le retentissement psycho-social F1 qui est passé de 49,61% à 43,9%,
et le score global SG qui est passé de 52% à 49,2%.
Le facteur témoignant du retentissement auditif, F2, est resté relativement stable, ce qui
est logique. Il n'y a pas de raison que l'audition change grâce à une simple information.
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Grâce à ces résultats, l'intérêt et la satisfaction des patients pour ce type de réunion est
montrée. Pour l'équipe soignante, les consultations ultérieures sont différentes : le
patient arrive moins anxieux, il sait qui il va rencontrer lors de la consultation spécialisée,
comment va se dérouler cette consultation, quelles sont les différentes explorations, avis
et orientations thérapeutiques que le médecin pourra lui proposer. Il sait aussi mieux
formuler sa demande : inquiétude sur une pathologie grave, une éventuelle évolution,
soins adaptés,…. .
D'autres équipes médicales pratiquent également des réunions de patients: le diabète en
nutrition, les troubles du sommeil, les troubles bipolaires ou les conduites addictives en
psychiatrie, …; elles ont montré l'intérêt soulevé par l'apport de connaissances médicales
ciblées, par la réflexion et la discussion sur la pathologie dont souffre le patient et qui
altère sa qualité de vie. Lors de ce type de réunion, les actions éducatives sont
indiscutables, il y a une excellente réceptivité des patients, avec prise de conscience de la
nécessaire modification de comportements inappropriés et modification des conditions
de vie visant à un effet bénéfique à long terme sur la pathologie.
Conclusion
Ces réunions de groupe ne se substituent pas aux réunions de patients proposées par les
associations qui ont un rôle fédérateur, où ils peuvent s'exprimer librement.
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Les réunions avec l'équipe médicale apportent aux patients la possibilité d'avoir une
information médicale simple, accessible, intelligible et loyale, ciblée sur leur pathologie
par une équipe multidisciplinaire.
Tout comme les autres équipes soignantes qui organisent des réunions de patients, notre
démarche s'inscrit dans un but éducatif et éthique.
Par ce type de réunion, le patient éclairé participe à sa prise en charge; il devient alors
acteur de son projet thérapeutique, et gère ainsi mieux son acouphène.
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Une permanence téléphonique relève les questions les plus fréquemment posées en
matière d’acouphènes. On devrait pouvoir y répondre…
– Y a-t-il un traitement contre les acouphènes et/ou contre l’hyperacousie ? (90% à 95%)
– Les acouphènes ou maladie de Ménière ou hyperacousie, à quoi c’est dû ? (80% à 90%)
– Comment peut-on "détecter" la provenance des acouphènes ?
– C’est parce que je suis « vieux » ? Est-ce une fatalité due à l’âge ?
– Pourquoi certains ORL prescrivent systématiquement des médicaments ayant des effets secondaires
lourds, sans même essayer de trouver la provenance des acouphènes ?
– Qui faut-il consulter quand on a un acouphène ? Et où ? Existe-t-il des centres spécialisés ?
– J'ai vu un ORL, mais son diagnostic ne me satisfait pas, pouvez-vous me donner des adresses
d'autres ORL qui puissent me donner une solution ? (60 à 70%)
– Quels sont les examens à faire dans le bilan sanguin ? Que doit-on rechercher ?
– Quelle thérapie pourrais-je entreprendre ? Qu’est-ce que je peux faire ? (60% à 70%)
– L'ORL m'a prescrit différents examens et on ne trouve rien mon audition est normale pour mon
âge, alors pourquoi j’ai un acouphène ? Est-ce qu’on m’a bien fait passer tout ce qu’il fallait ?
(60%)
– En plus de mes acouphènes, je souffre d'une perte auditive. Que faut-il que je fasse? (50%)
– Quels sont les médicaments actuellement prescrits ?
– Quelles thérapies sont utilisées actuellement ?
– Que penser de l'homéopathie, de la phytothérapie ?
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– Les Antennes relais (ou les téléphones portables) peuvent elles favoriser l'installation
d'acouphènes ? (10%)
– Je suis une thérapie qui ne m'apporte pas grand chose et qui coûte cher, dois-je la continuer ? (5%)
– N'existe-t-il pas des centres spécialisés pluridisciplinaires ? (5%)
– J'ai des problèmes de thyroïde, pensez-vous qu'il y ait un rapport avec les acouphènes ? (3%)
Vous avez un petit chalet à la montagne. Un soir arrive un premier ami que vous logez
dans une première chambre en lui disant qu’il s’agit d’une vieille maison et qu’il entendra
vraisemblablement de nombreux craquements pendant la nuit mais qu’il ne doit pas s’en
inquiéter. Un peu plus tard arrive un second ami que vous logez dans une deuxième
chambre en lui disant qu’il y a des rôdeurs dans les parages, que le chalet a déjà été visité
et qu’il faut bien faire attention en particulier pendant la nuit. Il va de soi que le
lendemain matin le premier arrivant a particulièrement bien dormi mais que le second
n’a pas fermé l’oeil.
● Le marigot
Nous sommes en Afrique, il fait très chaud et autour d’un marigot de nombreux
animaux se désaltèrent. Vous êtes dans une montgolfière et vous regardez la scène de
haut. Vous avez vu qu’une lionne tente de s’approcher du groupe d’animaux contre le
vent. D’un coup, les animaux s’enfuient. Ils ont entendu le bruit du félin. Le signal a une
valorisation extrêmement élevée pour toutes les espèces en question.
Dans un parc animalier, on recrée, autour d’un bassin, les mêmes conditions acoustiques
qu’autour de ce marigot. Lorsque les animaux en semi-liberté entendent le bruit de la
lionne, ils partent en courant. Mais si l’on répète l’événement de nombreuses fois, ils
finissent par ne plus changer leurs habitudes. Ils ont automatisé la perception de ce signal
pourtant extrêmement agressif.
● L’autoradio
Vous êtes sur l’autoroute à grande vitesse et vous écoutez la radio. Brutalement un
bouchon vous fait ralentir puis vous arrêter. Immédiatement vous réalisez combien le
volume de la radio est beaucoup trop élevé. Naturellement lorsque que vous rouliez
quelques minutes auparavant vous considériez que la situation était satisfaisante. Votre
système cérébral a bien ajusté la perception du signal émis par la radio en fonction de
l’environnement sonore. C’est ce que l’on fait quotidiennement sans s’en rendre
compte. Certains patients ne parviennent pas à intégrer la perception de certains signaux
au niveau du seuil réel.
● Le garde-barrière
M. Durand, employé de la SNCF, a passé 15 ans dans un dépôt dans la banlieue Nord de
Paris. Il habitait près de l’autoroute et n’a jamais vraiment réussi à s’habituer aux
conditions environnementales sonores à la fois sur le plan professionnel et personnel.
Un jour il apprend que le poste de garde-barrière dans son village natal est disponible, le
titulaire ayant pris sa retraite. Malgré l’absence de perspectives de carrière, il se précipite
pour poser sa candidature. Par bonheur il n’y a pas d’autres candidats et il emménage
dans sa nouvelle maison près de la voie ferrée. Trois fois par nuit un train passe à grande
vitesse dans un bruit infernal. M. Durand et sa famille ont quelques difficultés
d’adaptation mais, en quelques semaines, il n’y paraît plus rien. L’été suivant son cousin
Albert qui habitait près de son ancien domicile en région parisienne, vient passer
quelques jours de vacances dans le sud. Il doit malheureusement écourter ce séjour car il
ne peut trouver le sommeil à cause de ces trains qui passent la nuit.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
M. Durand n’entend pas moins bien que son cousin Albert ; il est simplement beaucoup
plus motivé pour adapter le plus rapidement possible son cerveau à la nouvelle donne
environnementale sonore. Le cousin Albert est venu passer quelques jours au calme à la
campagne ce qui n’est pas exactement la même perspective.
D’ailleurs, quelques semaines plus tard, M. Durand se réveille en sursaut une nuit, se
précipite sur son téléphone et apprend que le train de 3 h 24 n’est en effet pas passé, car il
y a eu un incident sur la voie. Il a complètement intégré la stimulation auditive très
intense à heures fixes. On retrouve la même chose en ce qui concerne la cloche du village
qui tape les heures la nuit. Les villageois sont parfaitement adaptés, les touristes ont plus
de difficultés.
● La cicatrice
Vous êtes en auto, seul, la nuit, dans un endroit assez désertique… avec un rendez – vous
important le lendemain, à destination. Il pleut… bref un certain niveau de stress… un
bruit de fonctionnement survient. Vous n’êtes pas mécanicien, vous ne pouvez estimer la
gravité du symptôme moteur. Il est pourtant très faible ce petit bruit… mais vous
n’entendez que lui, même plus la radio de bord. Vous guettez ses modifications, vous
anticipez sur la panne… sur la conséquence de ce rendez – vous manqué, si jamais…
Même bruit, en été, en vacances, avec une voiture qui n’est pas la vôtre….
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CLINIQUE ET PRATIQUE
Enfin ma vie est détruite depuis ce jour, actuellement je suis soigné pour dépression nerveuse installée
depuis juillet dernier, j'ai été obligé de démissionner de mon poste de travail. Actuellement je commence
à avoir des difficultés pour entendre car les "ac " ont pris de l’importance dans ma tête et m'empêchent de
bien comprendre les mots, de me concentrer, ils me fatiguent énormément, m'épuisent.
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CLINIQUE ET PRATIQUE
La conduite à tenir devant un acouphène de survenue récente comporte deux démarches essentielles.
Outre la réalisation du bilan causal à la recherche d’une pathologie objective, le praticien doit
observer, dans toute son attitude, le plus profond respect de la plainte du patient. En effet, seul ce
comportement permet l’adhésion de celui-ci et sa participation dynamique au protocole
thérapeutique. L’écoute attentive du patient et sa préparation à une prise en charge globale, parfois
longue, sont primordiales. Par ailleurs, la recherche d’une étiologie s’impose d’emblée, surtout en cas
d’acouphène unilatéral. L’ensemble requiert du temps et une organisation optimale.
Pour assurer au mieux cette démarche de qualité et, en particulier, articuler entre eux les moyens
techniques et humains requis, le modèle du réseau de santé s’impose. Son but est de soutenir le
malade par le biais d’une écoute patiente et de conseils appropriés tout en aidant chaque praticien
dans l’organisation de son exercice quotidien. Comme pour de nombreuses pathologies complexes à
prise en charge délicate (asthme, cancer, diabète, etc…), une coordination des professionnels
impliqués associée à un centre de dialogue et de ressources (pour les patients comme pour les
professionnels) constitue l’ossature du projet. Elle ne remplace pas les intervenants habituels du
patient mais agit en complément et en soutien, pour un meilleur suivi.
RESUNO est un réseau de santé dédié aux urgences neurosensorielles en ORL, dont l’acouphène de
survenue récente (moins de 3 semaines). Développé initialement en Ile-de-France, il rassemble plus de
200 médecins qui ont signé sa charte et s’engagent à respecter les patients dans leur diversité, tout en
suivant les protocoles établis par les groupes d’expert du réseau. Il bénéficie d’un financement et
d’une évaluation spécifiques, selon les lois de 2002 et 2003 en faveur des réseaux. Il est ouvert à tous,
essentiellement par l’intermédiaire de son site Internet : www.resuno.com
Praticiens et victimes d’acouphènes récents sont invités à rejoindre cette structure innovante et
dynamique qui ne se substitue pas aux filières et modalités de prise en charge existantes mais peut
coordonner voire compléter les soins classiques.
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Annexes
Processus
conscients
Processus
Détection, Associations émotionnelles inconscients
subcorticale Système limbique
Hp Hr
Source de Gêne
l'acouphène Système nerveux autonome
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1 traumatismes sonores
2 otospongiose
3 catarrhe tubaire, otite séreuse, labyrinthite
3 bis baro-traumatisme
4 suspicion de dysfonctionnement de l'ATM
5 traumatisme crânien
6 surdité brusque
7 anomalies relevant de la médecine interne
7 bis anomalies biologiques
8 mauvaise nouvelle, deuils
9 hypo ou hypertension artérielle
9 bis vasculaire SAP
10 oreille interne
11 étiologies cervicales
12 acouphène post-opératoire otologique
13 audition normale
14 dépression
15 suspicion de fuite péri-lymphatique
15 bis problème LCR
16 ototoxicité
17 pathologie identifiée de l'oreille moyenne
18 acouphène en position couchée (sieste)
19 boucles V/VIII
20 neurinome du VIII
21 problèmes psychologiques en dehors de la dépression
22 SAS
23 sténose du conduit externe, exostoses
24 implication des muscles de l'oreille moyenne
25 problèmes neurologiques complexes
26 migraine
27 implication de l'aspirine
28 en rapport avec le cycle hormonal
29 souffle carotidien perçu
30 RGO
31 rétraction tympanique
32 anesthésie générale
32 bis péri-durale
33 thyroïde
34 stress
50 ???
….
100 La presbyacousie
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ANNEXES
5.1.3 Questionnaires 1
SEV
Nom :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Semaine n° . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cochez la case OUI ou NON aux questions suivantes :
(Vous devez répondre à toutes les questions même si votre accord ou votre désaccord n’est que partiel).
OUI NON
1. Vous arrive-t-il d’avoir des difficultés à vous concentrer à cause de votre acouphène ?
3. Votre acouphène vous gêne-t-il dans des activités physiques telles que vous habiller ou
jardiner ?
6. Vous arrive-t-il de passer quelques heures sans prendre garde à votre acouphène ?
11. Votre acouphène est-il présent au moins une partie chaque jour ?
13. Bien que votre acouphène soit très agaçant, pourriez-vous dire qu’il ne vous abat pas ?
14. Parlez-vous souvent aux autres des problèmes que votre acouphène occasionne ?
15. Est-il habituel que votre acouphène vous gène quand vous essayez de lire ou de regarder la
télévision ?
16. Pourriez-vous dire que la vie serait plus agréable si vous n’aviez pas d’acouphène ?
TOTAL
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ANNEXES
5.1.3 Questionnaires 2
THQ
Nom :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Semaine n° . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Instructions : donner une note à chacune des phrases ci-dessous.
Cette note, comprise entre 0 et 100, doit représenter combien vous êtes d’accord avec la phrase proposée :
0 : si vous n’êtes pas d’accord du tout
100 : si vous êtes entièrement d’accord
Toutes les notes intermédiaires sont autorisées.
TOTAL
S S Ph Em Au Sub
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ANNEXES
5.1.3 Questionnaires 3
DET
Nom :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Semaine n° . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Parmi la liste présentée ci-dessous, certaines phrases peuvent s’appliquer à vous, d’autres non.
Pour répondre à chaque question, entourez le nombre qui reflète le mieux combien cette phrase s’est
appliquée à vous au cours de la semaine qui vient de s’écouler.
● 0 : pas du tout
● 1 : rarement
● 2 : une petite partie du temps
● 3 : une bonne partie du temps
● 4 : la plupart du temps
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