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INVESTIR AU

GRANDS CHANTIERS

Décembre 2013/Janvier 2014 - N° 21/22


AGRICULTURE

CAMEROUN
ENERGIE
MINES
INDUSTRIE
SERVICES
FINANCE

Douala Stock Exchange


Les pistes du
dynamisme
AES-Sonel Paul Biya
contre sur le front
CAMTEL sécuritaire
Par Beaugas-Orain Djoyum

Un risque en diamant

L
es investisseurs et les géants mondiaux Cameroun ne dispose pas de la plus grande réserve
de l’industrie diamantifère gagneraient mondiale de diamant, comme l’affirmait à ses
à s’intéresser au Cameroun. Au moment débuts au Cameroun le Coréen C and K Mining,
où les experts en la matière indiquent seul détenteur d’un permis d’exploitation à l’est du
que les réserves mondiales de diamant pays. Mais le pays dispose d’un potentiel diaman-
s’épuisent et devraient avoir atteint leur rende- tifère immense et inexploré. Actuellement exploité
ment maximal vers 2030, il est temps de rechercher par une seule entreprise.
au Cameroun des opportunités ou des relais de Les experts du BRGM ont relevé il y a quelques
croissance. L’étude Global rough diamond supply années 41 occurrences où l’exportation artisanale
2013, publiée par Resource Investor, relève que du diamant a lieu. Le potentiel conglomératique,
l’on attend que la demande mondiale de diamants lui, n’est même pas encore évalué. Le gisement du
s’élève à 5,9% par an jusqu’en 2020, et que l’offre Cameroun se situe davantage entre la République
augmente de 2,7% par rapport à la même période. Centrafricaine et la République du Congo. Tous
Dans la même lancée, les plus grands producteurs les deux pays producteurs de diamant. Autre avan-
de diamants bruts au monde estiment tage considérable, le Cameroun ne connaît pas de
qu’à l’horizon 2020 la demande mondiale annuelle conflits sociaux comme certains autres pays afri-
grimpera à 20 milliards de dollars, alors que l’offre cains producteurs de diamant. Ce qui garantit une
n’atteindra que 9 milliards de dollars. production paisible.
Un peu plus d’un an après son admission au Pro- Certes, certaines entreprises frappent déjà à la
cessus de Kimberly le 14 août 2012, le Cameroun porte du Cameroun. Elles devraient aller jusqu’au
a exporté un peu plus de 2414 carats de diamants bout de leur démarche. Celles qui n’y sont pas en-
(voir page 46). Très peu, me direz-vous, si l’on core devraient l’envisager. Les autorités publiques,
compare avec les plus grands producteurs afri- de leur côté, devraient respecter à la lettre les textes
cains comme le Botswana, qui trône au classement en vigueur dans le Code minier et la Loi relative
mondial en s’illustrant comme le plus important à l’incitation des investissements privés. Elles de-
producteur en valeur en 2012 avec une produc- vraient faciliter, sans exigences supplémentaires,
tion annuelle de 20,554 millions de carats pour leur implantation. Cela pourrait garantir au pays
2,98 milliards de dollars. Oui, mais le Cameroun un avenir plus brillant.
représente un bon risque dans ce secteur. Non, le

INVESTIR AU CAMEROUN
Editeur Opérateur Au Cameroun
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Directrice de la publication Réalisation web : Christian ZANARDI, Impression
Yasmine BAHRI-DOMON Corrections : Xavier MICHEL Rotimpres, Aiguaviva, Espagne
Rédaction Régie publicitaire Distribution Cameroun
Beaugas-Orain DJOYUM, Ayissi LE BEAU, Mediamania Sarl, Genève Albert MASSIMB
Mamadou CISSÉ, Muriel EDJO, Brice R. Benjamin FLAUX almassimb@yahoo.fr
MBODIAM, Dominique FLAUX. Tél +41 78 699 13 72 Tel : 00 237 94 66 94 59 ou 00 237 77 75 13 98
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Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -3-


AU SOMMAIRE
28 • S implot Kwenda : « Il faut urgemment
03 • U
 n risque en diamant réévaluer les capacités techniques
06 • C
 ASTING de la DSX »
08 • P
 aul Biya en adepte de la paix et de la 31 • «  Nous avons réduit les coûts de cotation
sécurité au Sommet de l’Elysée et nous avons établi des standards
d’introduction plus accessibles »
10 • A
 ES-SONEL menacé de sanctions pour un
projet de distribution low-cost de l’internet 34 • P
 ierre Ekoule Mouangue : mission non
accomplie…
12 • P
 rès de 20 000 hectares concédés à Herakles
Farms pour la création de palmeraies au 34 • J acqueline Adiaba : banquière et gérante
Cameroun des cotations
14 • J ean Bardet d’Orange : « On a énormément 35 • O
 mer Badang : poumon high tech
combattu MTN Cameroun » de la DSX
15 • L a DSX au scanner 36 • L e Cameroun se dote d’un budget de 3312
milliards FCFA en 2014
16 • G
 enèse : l’impréparation, première
cause de morosité 36 • L ’Etat camerounais ouvre la compétition
pour la gestion du futur port en eaux
18 • B
 anques-DSX : la concurrence déloyale
profondes de Kribi
a la cote
37 • L e déficit de production du maïs au
20 • S ylvester Moh Tangongho : « La DSX doit Cameroun pourrait être comblé dès 2014
mettre en place des conditions attractives »
37 • P
 rès de 100 hectares de sorgo et de mil
22 • L es entreprises préfèrent le maquis fiscal dévastés par des éléphants dans
aux incitations de la DSX
l’Extrême-Nord
24 • B
 VMAC-DSX : la rivalité permanente
37 • 7 8 tonnes de semences de riz pluvial pour
25 • R
 épression : la Bourse de Douala épinglée stimuler la production camerounaise
sur l’emprunt obligataire de 2010
38 • U
 n projet du gouvernement va
26 • O
 ptimisation de la DSX : et si la fusion approvisionner Guinness Cameroon en
avec la BVMAC était la solution ! maïs, sorgho et manioc

-4- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


38 • V
 ers une extension des palmeraies de
45 • M
 TN Cameroun rétrocède à l’Etat la
PAMOL dans la presqu’île de Bakassi
station d’atterrissement du câble WACS
40 • L a production du café au Cameroun chute de Limbé
de plus de 40% en 2012-2013
45 • A
 u Cameroun, les abonnés MTN peuvent
40 • L e CICC lance un fonds de garantie de régler leurs achats par téléphone dans les
1 milliard FCFA pour les producteurs supermarchés
de café-cacao
46 • V
 iettel reporte de quelques mois le
40 • C
 acao : les producteurs camerounais ont lancement de ses activités au Cameroun
gagné 250 milliards FCFA en 2012-2013
46 • A
 ctiva lance le paiement des primes
41 • L es aviculteurs ont mis 4 millions de poulets d’assurance via le téléphone mobile
sur le marché pour les fêtes de fin d’année
47 • L e Cameroun va augmenter sa production
41 • 4 ,9 milliards FCFA pour produire plus pétrolière avec l’entrée en activité du
de 26 000 porcs par an dans la localité champ de Mvia
d’Abang
47 • J indal rachète les parts de Legend Mining
42 • L a banque camerounaise des PME dans l’exploration du fer à Ngovayang
annoncée « dans les prochaines semaines »
48 • U
 n an après son admission au Processus
42 • L a BICEC et Allianz Cameroun s’associent de Kimberly, le Cameroun a vendu 2414
pour la promotion du crédit-bail carats de diamant
43 • A
 ctis sécurise les fonds en vue de 48 • 2 00 kg d’or ont été produits dans la région
l’acquisition des parts d’AES au Cameroun de l’Est du Cameroun en octobre 2013
43 • G
 SC Energy veut développer une centrale 49 • L e Cameroun parmi les plus petits
solaire de 500 MW au Cameroun consommateurs de cacao dans le monde
44 • L e Cameroun à la recherche de 23 milliards 49 • L e Cameroun recherche un partenaire
FCFA pour financer le barrage privé pour relancer le Complexe laitier de
de Memvé’élé Ngaoundéré
44 • L a société Tradex subit de plein fouet la 50 • E
 lisabeth Medou Badang prend les
crise centrafricaine commandes d’Orange Cameroun

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -5-


CASTING
JEAN-CLAUDE
MBWENTCHOU
Le ministre camerounais du Dévelop-
pement urbain et de l’Habitat, Jean-
Claude Mbwentchou, a révélé que la
voirie urbaine de la ville de Buéa, dans la
région du Sud-Ouest, a été réhabilitée à
hauteur de 13,5 milliards de francs CFA
sur un linéaire de 33 km. Initialement, il
était prévu des travaux sur un linéaire de 12 km seulement,
pour un montant de 4,5 milliards de francs CFA, précise le
ministre Mbwentchou, qui annonce d’autres travaux d’enver-
gure dans les villes voisines de Limbé et de Tiko. Ces grands
travaux dans la ville de Buéa ont été effectués en prélude
à la célébration du Cinquantenaire de la Réunification du
Cameroun, évènement que va abriter cette ville anglophone
du Cameroun.

GEORGES CHRISTOL
MANON
Le directeur général de la Mission
d’aménagement et de gestion des zones
industrielles du Cameroun (MAGZI),
Georges Christol Manon, a publié le 27
novembre 2013 une série d’avis d’ap-
pels d’offres pour la réalisation d’études
techniques en vue de l’aménagement de
174 hectares de terrains sur le territoire camerounais. Ces
travaux, qui vont permettre l’installation de nouvelles entre-
prises, vont s’effectuer, apprend-on, dans les zones indus-
trielles de Yaoundé (20 hectares), Bonabéri-Douala (40 hec-
tares), Ombé dans la région du Sud-Ouest (56,6 hectares) et
Ngaoundéré (57,5 hectares). La MAGZI a pour mission de
promouvoir le développement industriel du Cameroun à tra-
vers l’aménagement de terrains devant être mis en location
au profit des investisseurs.

-6- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


ALAMINE OUSMANE FRÉDÉRIC MBOTTO
MEY EDIMO
Dans une circulaire qu’il a récemment Un Boeing de la Cameroon Airlines
rendue publique, le ministre camerou- Corporation (Camair Co), la compa-
nais des Finances, Alamine Ousmane gnie aérienne nationale que dirige Fré-
Mey, a invité les PCA des «  sociétés à déric Mbotto Edimo, a procédé pendant
capital public et sociétés d’économie mixte », le week-end du 14 au 15 décembre 2013
ainsi que des «  établissements publics au rapatriement de plus de 500 Came-
administratifs  », à tenir leurs conseils rounais vivant en République Centrafri-
d’administration avant le 31 décembre 2013 afin d’adopter caine (RCA). Ils ont été débarqués à l’aéroport international
les budgets 2014. Ces entreprises sont également invitées à de Douala. Cette opération vise à protéger la colonie came-
faire parvenir au ministre des Finances, au plus tard le 15 rounaise vivant dans ce pays de l’insécurité qui s’y est instal-
janvier 2014, « les rapports d’activités de l’exercice 2013, le pro- lée depuis l’arrivée au pouvoir de la rébellion de la Séléka en
jet de plan d’action 2014, une copie des résolutions prises par le mars 2013. Insécurité qui est récemment montée d’un cran,
conseil d’administration ». L’octroi des subventions à ces so- provoquant un déploiement de l’armée française dans ce
ciétés étatiques pour le compte de l’exercice budgétaire 2014, pays d’Afrique centrale.
apprend-on, « est subordonné à la transmission dans les délais de
ces documents ».

JEAN-MARC ANGA CHRISTINE ROBICHON


Selon les statistiques révélées par Jean- La nouvelle ambassadrice de France au
Marc Anga, le directeur exécutif de Cameroun, Christine Robichon, indique
l’Organisation internationale du cacao que depuis 2006 les engagements finan-
(ICCO), à l’ouverture de Festicacao ciers de l’Agence française de dévelop-
2013 le 28 novembre à Monatélé, au pement (AFD) en faveur du Cameroun
Cameroun, l’Afrique produit 71% du sont estimés à près de 1000 milliards de
cacao dans le monde, mais n’en trans- francs CFA, dont une moyenne de 135
forme que 4%. Cette situation, a souligné le directeur exé- milliards de francs CFA par an. Entre autres projets financés
cutif de l’ICCO, est transposable au Cameroun, pays qui au Cameroun par l’AFD, l’on peut citer le 2ème pont sur le
produit en moyenne 225 000 tonnes de cacao depuis cinq Wouri, dont les travaux de construction ont été récemment
ans, mais n’en transforme qu’entre 25 et 30  000 tonnes. A lancés à Douala, la construction du barrage de Lom Pan-
cause de ce délaissement de la transformation, le vaste bassin gar, les projets d’alimentation en eau potable des villes de
de production de cacao qu’est l’Afrique « se met à la merci Yaoundé et de Douala, l’aménagement des pénétrantes est et
de la volatilité des cours sur le marché mondial », a souligné ouest de la ville de Douala dont les travaux devraient bientôt
M. Anga. démarrer...

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Paul Biya en adepte de la paix et de la
sécurité au Sommet de l’Elysée

A la tête d’un pays parmi les plus donné la riposte, et au moins cinq ville de Bertoua, capitale régionale
stables du continent noir, le chef morts dans les rangs des militaires de l’Est du Cameroun. Mais avant
de l’Etat camerounais a pris part, centrafricains, présentés comme les échauffourées de Gbiti, dans
les 6 et 7 décembre 2013, au Som- étant des fidèles du chef de guerre la nuit du 19 au 20 août 2013 des
met sur la paix et la sécurité en Abdoulaye Miskine, interpellé hommes de la Séléka, du nom de
Afrique organisé dans la capitale quelques semaines plus tôt dans la la rébellion arrivée au pouvoir en
française. Centrafrique au terme d’un coup
d’Etat contre le régime du pré-
A l’invitation du chef de l’Etat Le Cameroun subit sident François Bozizé le 22 mars
français, François Hollande, le pré- les conséquences de 2013, avaient attaqué le poste fron-
sident de la République du Came- tière de Toktoyo, toujours dans
roun, Paul Biya, a pris part les 6 et 7 la dégradation de la la région de l’Est du Cameroun,
décembre 2013 à Paris au Sommet criblant de balles le chef de poste,
de l’Elysée sur la paix et la sécu- situation sécuritaire et l’officier de police camerounais
rité en Afrique. Cette rencontre est humanitaire en Répu- Dallé Ngando, qui a été élevé au
survenue quelques jours seulement grade de commissaire de police,
après une attaque de militaires blique Centrafricaine, à titre posthume, par le président
centrafricains à Gbiti, une localité Biya.
de la région de l’Est du Cameroun. depuis le coup d’Etat
Cette attaque perpétrée dans la contre le régime du LA MENACE BOKO HARAM
nuit du 16 au 17 novembre 2013, Le Cameroun subit ainsi les consé-
a officiellement fait un mort parmi président Bozizé. quences de la dégradation de la
les militaires camerounais ayant situation sécuritaire et humani-

-8- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


taire en République Centrafri-
caine (RCA), depuis le coup d’Etat
contre le régime du président
Bozizé. Afin d’endiguer ce phé-
nomène, qui constitue une véri-
table menace pour l’ensemble de
la région Afrique centrale, et avant
même la récente intervention de
l’armée française sous l’égide de
l’Onu, le Cameroun avait déjà
envoyé un contingent de plus de
500 soldats à Bangui. Le général
de brigade camerounais Tumenta
Chomu Martin a même été dési-
gné comme commandant de la
Mission internationale de soutien
à la Centrafrique sous conduite
africaine (MISCA).
Mais à côté de ces menaces aux
frontières avec la RCA, le Came-
roun, dans la région de l’Extrême-

Le chef de l’Etat
camerounais
a organisé les
24 et 25 juin
2013 à Yaoundé
un important
sommet sur la
sécurisation du
golfe de Guinée,
auquel ont pris
part plus de
dix chefs d’Etat
africains.

Nord, doit faire face non seulement


aux coupeurs de route (bandits de La menace
grand chemin qui sévissent sur les Boko et, dernièrement, le père Georges de ce phénomène, le chef de l’Etat
axes routiers), souvent venus du Haram, Vandenbeusch, dont les autori- camerounais a organisé les 24 et
ce groupe
Tchad voisin, mais aussi à la me- islamiste tés camerounaises manœuvrent 25 juin 2013 à Yaoundé un impor-
nace Boko Haram, ce groupe isla- qui sème la actuellement pour obtenir la libé- tant sommet sur la sécurisation du
miste qui sème la terreur au Nige- terreur au ration. Sur sa côte maritime, le golfe de Guinée, auquel ont pris
Nigeria.
ria. Et qui a enlevé il y a quelques Cameroun est régulièrement vic- part plus de dix chefs d’Etat afri-
mois, en territoire camerounais, time de la piraterie maritime, qui cains.
la famille Moulin-Fournier, libé- s’est étendue à l’ensemble du golfe
rée après deux mois de captivité de Guinée. A l’effet de se prémunir BRM

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -9-


AES-SONEL menacé de sanctions pour
un projet de distribution low-cost
de l’internet
L’opérateur du secteur de l’électri- de commercialiser l’internet à coût ricain AES, propriétaire d’AES-
cité soutient avoir déployé la fibre réduit. « Ces menaces de sanctions SONEL, avait en 2011 déployé
optique pour ses besoins internes. se font de plus en plus pressantes et une fibre optique en aérien sur ses
Un avis que ne partagent pas le les réunions se multiplient actuelle- installations de transport d’électri-
régulateur des télécoms et les ex- ment, tout comme le Ministère en cité. Une opération problématique,
perts, au regard de l’ampleur des charge des télécoms suit de près ce dans la mesure où réglementaire-
travaux réalisés. dossier », confie sous anonymat un ment, le déploiement de la fibre
cadre à l’ART. L’entreprise d’élec- optique au Cameroun, jusqu’à
L’Agence de régulation des télé- tricité reconnaît que ce n’est pas la nouvel avis, reste une exclusivité de
communications (ART) menace première fois que l’ART menace de Camtel, l’opérateur historique de
d’infliger des sanctions à AES-SO- la sanctionner. « Ces menaces sont la téléphonie. Même si l’arrêté 005/
NEL, le concessionnaire du service proférées chaque fois que les discus- MPT du 18 mai 2001 accordant à
public de l’électricité, qui a « illé- sions entre le régulateur et AES-SO- Camtel l’exclusivité du déploie-
galement » déployé la fibre optique NEL s’achoppent », assure-t-on de ment et de l’installation des liai-
au Cameroun et qui ambitionnait ce côté. En rappel, le groupe amé- sons interurbaines à fibre optique

-10- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


est arrivé à expiration et n’a pas été de fibre optique à l’Etat. Les négo- naises. « Nous voulions offrir de l’in-
renouvelé jusqu’ici. ciations sont donc actuellement ternet par fil et nous étions au stade
en cours entre le gouvernement, des négociations. Chaque fois qu’il y a
700 KILOMÈTRES DE FIBRE AES-SONEL et le régulateur sur eu achoppement sur les négociations,
OPTIQUE les méthodes de gestion des capa- l’ART nous a menacés de sanctions.
Plus tard, après ces installations, cités supplémentaires de la fibre On voulait apporter au Cameroun
AES-SONEL avait sollicité en no- optique installée. Et les mésententes la technologie du Courant porteur en
vembre 2011 auprès de l’ART « une entre les différentes parties seraient ligne (technologie visant à faire pas-
licence de troisième catégorie » pour farouches, tant les enjeux sont im- ser de l’information à bas débit ou à
l’exploitation d’un « réseau privé portants. haut débit sur les lignes électriques en
indépendant » de fibre optique. Le utilisant des techniques de modula-
groupe expliquait alors que « dans COURANT PORTEUR tion avancées, encore appelée CPL,
le cadre de la mise en œuvre de son EN LIGNE ndlr) », confie ce cadre d’AES-SO-
système d’information et de contrôle, AES-SONEL aurait d’ailleurs à NEL. A partir de cette technologie,
AES-SONEL a posé plus de 700 kilo- nouveau sollicité l’autorisation du les populations abonnées au réseau
mètres de câble de fibre optique de gouvernement pour poser 300 km électrique pourraient facilement
96 brins dans plus de douze locali- de fibre optique supplémentaires, disposer d’une connexion Internet
tés, sur son réseau de transport et de apprend-on. Des informations font à travers l’installation d’un disposi-
distribution de l’énergie électrique ». état de ce que le groupe américain tif supplémentaire simple.
Un cadre d’AES-SONEL avait à aurait commencé à exploiter cette
l’époque expliqué au portail de infrastructure pour son propre 500 MILLIONS DE FRANCS CFA
veille technologique TIC Mag que compte, mais aussi à l’offrir à des Selon le Minpostel, le transport des
cette fibre optique avait été instal- tiers sollicitant une large bande télécoms relève du domaine de la
lée « essentiellement pour améliorer passante. Ce qui a poussé l’ART à souveraineté, d’où la concession
les performances de notre système publier un communiqué en mai attribuée à Camtel. Il y a six mois,
d’information de plus en plus lourd 2013 invitant les fournisseurs l’ART avait rappelé à AES-SONEL
en termes de données, en mettant à d’accès Internet à plus de vigilance que « l’établissement et l’exploitation
profit notre réseau électrique qui sert et de prudence. « L’ART porte à la des réseaux des télécommunications
de support. Tout est aérien. » connaissance de la communauté ouverts au public ou à usage privé
Mais d’autres experts des télé- des opérateurs du secteur des télé- sont conditionnés par l’obtention
coms, dont ceux du Ministère en communications qu’AES-SONEL et d’une autorisation du ministre char-
charge des télécommunications Creolink Communications ne dis- gé des Télécommunications, après
(Minpostel), expliquaient qu’AES posent pas de titres d’exploitation instruction de l’ART, aux fins d’assu-
rer le développement équilibré des
réseaux sur l’ensemble du territoire
Certaines sources à AES-SONEL confirment national ». D’après la loi de 2010 sur
les communications électroniques,
que l’entreprise avait bel et bien l’ambition de l’établissement et l’exploitation
démocratiser l’accès aux TIC et de commercia- des réseaux de transport des com-
munications électroniques relèvent
liser l’internet à coût réduit auprès des popu- du domaine de la concession, donc
à approuver par le président de la
lations camerounaises. République. Tout contrevenant à
cette disposition est passible d’une
ambitionnait plutôt de devenir soit nécessaires pour établir et pour com- pénalité variant de 100 millions à
transporteur de fibre optique, soit mercialiser les capacités de transmis- 500 millions de francs CFA, comme
fournisseur d’accès Internet. « L’on sion, et appelle leur vigilance dans la le stipule l’article 69 (2) de cette loi.
n’installe pas 700 km de fibre optique location desdites capacités exploitées Or le groupe américain avait dé-
uniquement pour sa communication par ces entreprises », prévenait le ployé sa fibre optique sans approba-
interne », rétorquaient certains. Le régulateur. tion du président de la République.
Minpostel, lui, avait demandé à Certaines sources à AES-SONEL Nos sources indiquent d’ailleurs
AES-SONEL de se concentrer sur confirment que l’entreprise avait que la présidence de la République,
la distribution de l’énergie élec- bel et bien l’ambition de démo- qui participe à certaines rencontres
trique (qui connaît toujours de cratiser l’accès aux TIC et de com- à ce sujet, veille à ce que la loi soit
multiples perturbations), et de cé- mercialiser l’internet à coût réduit strictement respectée.
der le surplus de leurs installations auprès des populations camerou- Beaugas-Orain Djoyum

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -11-


Près de 20 000 hectares concédés à
Herakles Farms pour la création de
palmeraies au Cameroun
Après quatre années de bataille, firme américaine. Mais avant toute le concessionnaire n’a pas effective-
les revendications des ONG exploitation, Herakles Farms paiera ment réalisé les investissements pré-
semblent avoir pris le dessus sur aux Recettes départementales en vus dans le cahier des charges y affé-
les ambitions de la multinatio- charge des domaines des deux dé- rent ». D’ailleurs, la conduite de ce
nale américaine qui souhaitait partements concernés un montant projet de Heracles Farms a toujours
s’adjuger 73 000 hectares pour ses total de 198 millions FCFA au titre été dénoncée par des ONG inter-
palmeraies dans la région du Sud- de la redevance foncière. Durant nationales telles que Greenpeace,
Ouest. la période de concession provi- relayées au plan local par le Centre
soire, l’entreprise devrait investir pour l’environnement et le déve-
19 843 hectares de terrain dans la au total 259,8 milliards FCFA dans
région du Sud-Ouest du Cameroun la création des palmeraies. Les trois
ont été provisoirement concédés décrets présidentiels précisent par
à la société Sithe Global Sustai- ailleurs que « la société Sithe Global
naible Oil Cameroon Ltd, la filiale Sustainaible Oil Cameroon Ltd ne
de l’Américaine Herakles Farms, peut changer la nature de l’investis-

« Le problème avec ce projet, c’est


qu’ils voulaient que le bois enlevé sur
la surface leur appartienne. C’est à ce
moment que le ministre des Forêts et
de la Faune leur a dit non. Le bois en-
levé sur la surface ne leur appartient
pas. Ils veulent juste créer une plan-
tation. Figurez-vous qu’ils voulaient
même s’accaparer du sable », confiait
alors Essimi Menye, le ministre de
l’Agriculture.

sur une durée de trois ans, pour sement prévu à l’alinéa 1 ci-dessus
la création d’une palmeraie d’un sans accord préalable de l’Etat du
montant global de près de 260 Cameroun ».
milliards FCFA. Le président de la La société devra donc absolument
République, Paul Biya, a signé trois respecter ses engagements. Dans le
décrets relatifs à ces concessions cas contraire, précise le président
provisoires le 25 novembre 2013. Ce Biya dans les décrets de concession,
sont, au total, vingt dépendances du «  l’Etat du Cameroun se réserve le
domaine national dans les départe- droit de résilier la présente conces-
ments du Ndian et du Koupe-Ma- sion si à l’expiration du délai de trois
nengouba qui ont été concédées à la ans, visé à l’article premier ci-dessus,

-12- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


loppement (CED), qui semblent sur une superficie de 73 086 hectares précisait le ministre, « le problème
aujourd’hui avoir eu raison des dans les départements du Ndian avec ce projet, c’est qu’ils voulaient
ambitions initiales de la multina- et du Koupe-Manengoumba ». Le que le bois enlevé sur la surface leur
tionale américaine. ministre de l’Agriculture, Essimi appartienne. C’est à ce moment que
Menye, avait expliqué en juin der- le ministre des Forêts et de la Faune
UNE PREMIÈRE CONVENTION nier que le gouvernement voulait (Philip Ngole Ngwesse, ndlr) leur a
ANNULÉE faire les choses « selon les règles dit non. Le bois enlevé sur la surface
En effet, la signature de ces décrets de l’art » et « examiner point par ne leur appartient pas. Ils veulent
intervient après l’annulation par le point » les aspects de la convention. juste créer une plantation. Figurez-
gouvernement en mai dernier de la Car certains documents laissaient vous qu’ils voulaient même s’accapa-
première convention signée le 17 entendre que la location des terres rer du sable, pas seulement du bois »,
septembre 2009 entre le gouver- avait été fixée dans la première confiait alors Essimi Menye.
nement du Cameroun, représenté convention à 500 FCFA l’hectare. Si
par le Ministère en charge de l’éco- l’on s’en réfère aux textes présiden- BAIL EMPHYTÉOTIQUE
nomie (Minepat), et la société SG- tiels publiés le 25 novembre 2013, Au terme de la concession pro-
SOC, « pour la mise sur pied d’une la redevance foncière est désor- visoire, Herakles Farms pourrait
grande plantation industrielle de mais taxée à 10 000 FCFA l’hectare conclure un bail emphytéotique
palmiers à huile et d’une raffinerie pour les trois années. Plus encore, (bail de longue durée – 18 à 99 ans
– qui confère au preneur un droit
réel susceptible d’hypothèque)
avec l’Etat du Cameroun, s’il rem-
plit tous les engagements indiqués
dans le cahier des charges. En effet,
le décret du 27 avril 1976 fixant les
modalités de gestion du domaine
national stipule en son article 9
qu’« à l’expiration de la durée de la
concession provisoire, la Commission
consultative procède à un constat
de mise en valeur des lieux et dresse
un procès verbal faisant ressortir le
montant des investissements réali-
sés. Si le projet de mise en valeur est
réalisé en totalité, avant l’expiration
de la concession provisoire, le conces-
sionnaire peut demander à la Com-
mission de procéder à ce constat. »
Le procès verbal de ce constat sera
alors adressé au préfet, qui peut
proposer, selon les cas, la prolon-
gation de la durée de la concession
provisoire, l’attribution définitive,
la déchéance ou alors l’octroi d’un
bail emphytéotique. « En cas de
mise en valeur partielle du terrain
concédé, le préfet peut demander
l’attribution en concession définitive
de tout ou partie de ce terrain. Il ne
peut proposer que les baux emphy-
téotiques pour les étrangers ayant
mis en valeur une dépendance du
domaine national », indique l’article
10 du décret fixant les modalités de
gestion du domaine national.

Beaugas-Orain Djoyum

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -13-


Jean Bardet d’Orange : « On a énormément
combattu MTN Cameroun »
rencontres et les échanges. On a mis tivement, 2013 est plus difficile, mais
du temps, mais les sujets sont traités, vous savez, je pense qu’en matière
les sujets ne sont pas mis à la touche. de mobile prépayé, prédominant en
Aujourd’hui, je pense à la convention Afrique, rien n’est joué à l’avance »,
collective qui est effective. C’est une dit-il. Agé de 53 ans, Jean Bardet a
très bonne convention et les syndicats intégré le groupe France Télécom
vous diront qu’il y a eu un effet de (Orange) en 1981. Ses actions à
rattrapage. Aujourd’hui, je pense que la tête d’Orange Cameroun, son
le climat est apaisé à Orange Came- regard sur la concurrence, ses nou-
roun », explique-t-il. Le président velles fonctions, l’état du dévelop-
de la République, Paul Biya, lui a pement des TIC au Cameroun, ses
d’ailleurs décerné à cet effet le titre conseils pour un développement
de chevalier de l’Ordre national du harmonieux des télécoms dans le
Depuis le 2 décembre 2013, c’est la mérite camerounais. pays et bien d’autres sujets seront
Camerounaise Elisabeth Medou Pour ce qui est de la téléphonie mo- développés dans un entretien à
Badang qui est la directrice géné- bile, Orange Cameroun reste tou- paraître ce mois de décembre 2013
rale d’Orange Cameroun. Elle jours deuxième opérateur derrière dans le prochain numéro du ma-
succède au Français Jean Bardet, MTN Cameroun, avec un taux gazine Réseau Télécom Network.
muté au poste de DGA de Sofre- de pénétration de 45,9%, contre Déjà, Jean Bardet souhaite bonne
com, une filiale d’Orange.

Jean Bardet a passé trois ans et


demi au Cameroun. « J’ai le senti-
ment qu’on a beaucoup travaillé. On
a contribué au développement des
télécommunications. Le marché est
de plus en plus développé, 70% de
la population détient un téléphone
portable. On a également contri-
bué au développement de l’internet,
même si les technologies sont beau-
coup plus réduites », a-t-il confié
à l’agence Ecofin le 30 novembre
2013, quelques heures avant son dé-
part du Cameroun. Jean Bardet se
réjouit également d’avoir développé
de nouveaux services à Orange Ca-
meroun, à l’instar d’Orange Money,
qui, au mois de février dernier,
comptait déjà 700 000 abonnés.
Au plan social, Jean Bardet se dit
fier des progrès accomplis pour
apaiser les tensions observées
quelques années plus tôt chez les
employés d’Orange Cameroun.
« Aujourd’hui, il y a un vrai dialogue 54,1% pour son concurrent, sur un chance et beaucoup de courage à la
entre les organisations profession- marché qui compte au total 13 mil- nouvelle DG. Il remercie le Came-
nelles, les représentants des syndicats lions d’abonnés, selon les chiffres roun qui, dit-il, lui « a tout donné ».
et l’employeur. On a mis en place des de l’Agence de régulation des télé-
IRP, les institutions de représenta- coms (ART). « On a énormément B-O. D
tion du personnel, qui facilitent les combattu le leader du marché. Effec-

-14- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

La DSX au scanner

Avec seulement trois entreprises moderniser la Bourse de Douala. qui affirme que « le développement
cotées, la Douala Stock Exchange, Les entreprises sont toujours réti- de la culture financière et la mise en
la Bourse de Douala, a fait parler centes à s’y rendre. La concurrence place de conditions attractives inci-
d’elle au cours des mois derniers. La qui vient de la Bourse régionale des teraient les autres acteurs à y recou-
structure, qui peine encore à décol- valeurs mobilières de l’Afrique cen- rir, au rang desquels les entreprises
ler, a été sanctionnée par la Com- trale de Libreville (Gabon) ne faci- privées » ; Simplot Kwenda, expert
mission des marchés financiers du lite pas les choses. financier, pour qui « il faut simple-
Cameroun et sommée de payer Ce dossier va au-delà de ces sanc- ment que la volonté de voir les choses
une amende de 500 000 FCFA. Ses tions et dresse un véritable scan- véritablement changer soit mani-
fautes : avoir fourni un service d’in- ner pour comprendre pourquoi feste, et il faut se souvenir d’où l’on
vestissement sans être prestataire de la DSX peine à décoller, la genèse vient » ; et bien d’autres avis d’ex-
service d’investissement et avoir, de de sa création, pourquoi les entre- perts à propos des pistes de relance
manière irrégulière et dispropor- prises n’y affluent pas depuis plus de la DSX. L’expérience nigériane de
tionnée, émis une facturation des d’une décennie, et dresse des pistes la Nigerian Stock Exchange (NSE)
montants respectifs de 700 millions de relance. Ceci avec la participa- sur l’incitation des PME à entrer en
de francs CFA et 735,9 millions, soit tion des experts financiers et des bourse pourrait bien aider la DSX.
un total de 1,4 milliard FCFA repré- responsables du gouvernement ca- Oscar Onyema, le directeur général
sentant de prétendues commissions merounais : Babissakana, ingénieur de la NSE, nous dira comment. Ce
de centralisation, d’admission et de financier, selon lequel « les chances dossier ne manque pas non plus de
cotation de titre de l’emprunt obli- qu’ont certaines entreprises qui vont faire un zoom sur les hommes qui
gataire que le Cameroun a lancé en s’adresser aux structures de marchés dirigent la DSX.
2010. Certes, cette sanction peut sont faibles, parce que les conditions Bonne lecture !
interpeller et inquiéter certains, qui sont posées ne sont pas aisées à
mais elle montre à suffisance qu’il y remplir » ; Sylvester Moh Tangon-
a un problème à la DSX et qu’il faut gho, directeur général du Trésor, Beaugas-Orain Djoyum

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -15-


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

Genèse : l’impréparation, première


cause de morosité

Le contexte de création de la DSX,


la Bourse des valeurs mobilières
du Cameroun, porte les germes
d’une improvisation. Ce qui peut
justifier la morosité qui s’y est ins-
tallée depuis le lancement de ses
activités.

Lorsque s’ouvre la Conférence des


chefs d’Etat de la Communauté
économique des Etats de l’Afrique
centrale (Cemac) en décembre
2000 à Ndjamena, la capitale tcha-
dienne, il n’y a aucun doute : la ville
de Douala devrait être désignée
pour abriter le siège de la Bourse
des valeurs mobilières de l’Afrique
centrale (BVMAC), qu’envisagent
de porter sous les fonds baptis-
maux les six pays membres de la
Cemac que sont le Cameroun, le centrale (BEAC), « l’agence de jamais caché ses velléités hégémo-
Gabon, le Congo, le Tchad, la Gui- Douala, c’est 60% de tous les flux niques dans la zone Cemac, réussit
née Equatoriale et la République financiers de la zone couverte par la à rallier ses pairs à sa cause. Ceci de-
Centrafricaine (RCA). L’affaire BEAC ». Autre indicateur de taille : vant un Premier ministre camerou-
semble tellement évidente que sur les 100 premières entreprises nais qui n’a malheureusement pas
le Cameroun, dont Douala est la camerounaises en termes de chiffre voix au chapitre. C’est ainsi qu’en
d’affaires, 79 sont basées à Douala, lieu et place de Douala, le siège de
selon l’Institut national de la sta- la BVMAC est envoyé à Libreville, la
Le marché financier de tistique (INS). capitale gabonaise.
De ce point de vue, donc, le Came-
la DSX a vu le jour plus roun et sa capitale économique UNE EXPERTISE AU MOINS
par égoïsme national ne manquent pas d’atouts. Mais QUESTIONNABLE
lorsque les chefs d’Etat de la Cemac Piquées sur le vif, les autorités ca-
qu’au terme d’un projet se retirent pour le traditionnel huis- merounaises, en première ligne des-
clos de fin de sommet, instant tou- quelles se trouve le chef de l’Etat lui-
rigoureusement mûri. jours très attendu dans la mesure même, décident de créer un marché
où il est consacré à la prise des financier national qui se positionne
capitale économique, revendique décisions les plus importantes pour alors comme concurrent de la BV-
40% du tissu industriel de toute la marche de la communauté, il se MAC. Un an après ce qu’il convient
la zone Cemac, 52% du PIB de la produit ce que d’aucuns assimile- d’appeler l’affront de Ndjamena, le
Cemac et un peu plus de 55% de raient à un coup de théâtre. En l’ab- 1er décembre 2001, un décret pré-
la population totale de cette sous- sence du chef de l’Etat camerounais sidentiel crée et organise le fonc-
région, avec officiellement 20 mil- Paul Biya, qui s’est fait représenter tionnement de la Douala Stock
lions d’habitants sur les 35 millions à ces assisses de Ndjamena par son Exchange (DSX), dont le capital est
que compte la Cemac. En plus, Premier ministre Peter Mafany majoritairement détenu par l’Asso-
apprend-on de sources autorisées Musongué, le chef de l’Etat gabo- ciation professionnelle des établis-
à la Banque des Etats de l’Afrique nais Omar Bongo Ondimba, qui n’a sements de crédit du Cameroun

-16- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

(63,3%), contre 13,3% pour un vées après la SEMC) et trois lignes camerounais.
regroupement de compagnies d’as- d’obligations (BDEAC, SFI et Et Babissakana, un ingénieur finan-
surances et 23% pour l’Etat du Ca- l’Etat du Cameroun). Pis, comme cier qui dirige le cabinet Prescriptor
meroun. La régulation de ce marché s’il s’était lui-même détourné de à Yaoundé, d’ajouter : « Les chances
financier qui voit ainsi le jour plus la DSX, et après un emprunt obli- qu’ont certaines entreprises qui vont
par égoïsme national qu’au terme gataire de 200 milliards de francs s’adresser aux structures de marchés
d’un projet rigoureusement mûri CFA plutôt réussi en 2010, l’Etat sont faibles, parce que les conditions
incombe à la Commission des mar- du Cameroun, qui paye également qui sont posées ne sont pas aisées à
chés financiers (CMF), qui est créée des contributions statutaires à la remplir. La bourse, c’est l’élite des
dans la foulée. Dans le même temps, BVMAC de Libreville, créée en 2003 entreprises. Au Cameroun, 90%
la Caisse autonome d’amortisse- et opérationnelle depuis 2008, s’est des entreprises sont des PME qui ne
ment (CAA), sorte de régulateur quasiment installé sur le marché peuvent pas accéder au marché. Dans
et de mémoire de l’endettement ces conditions, les pouvoirs publics
public au Cameroun, se voit confier devraient se préoccuper de savoir
le rôle de dépositaire central, tandis comment faire en sorte que le mar-
que la SGBC, elle, s’adjuge celui de
banque de règlement-livraison. Au-
tant d’acteurs dont on peut oppor- Le gouver-
tunément se demander s’ils étaient
préparés à faire leur entrée dans le nement, à
secteur très complexe du marché l’époque, envi-
financier, autant d’expertises au
moins questionnables, eu égard à la sage d’intro-
nouveauté que recelait alors le mar-
ché financier à l’époque, et même duire à la cote
encore de nos jours. L’affaire dix entreprises
Des interrogations dont ne semblait des titres publics de la BEAC depuis
s’agacent cependant pas les auto- évidente.
Pourtant,
2011, où il émet régulièrement bons pendant les
rités camerounaises, qui affichent lors de la et obligations du Trésor. Avec un
bien des ambitions pour la DSX : Conférence succès et un dynamisme aux anti- cinq premières
des chefs
utiliser cette plateforme d’inter- d’Etat de la podes de la morosité ambiante à la années de fonc-
médiation financière non seule- Cemac en Douala Stock Exchange.
ment pour varier les mécanismes décembre Aussi, comme dans un flash- tionnement.
2000, en
de financements de l’économie, back, remontent en surface les
mais aussi pour conduire le vaste
lieu et
place de avis d’experts qui, déjà à l’époque,
Un vœu pieux,
Douala, le
programme de privatisation des siège de la
ne voyaient pas l’opportunité de puisqu’il faudra
entreprises publiques. Le gou- BVMAC créer la DSX, instaurant un dua-
vernement, à l’époque, envisage est envoyé lisme sur un marché financier attendre six
à Libreville,
d’introduire à la cote de la DSX dix la capitale encore embryonnaire comme celui ans pour voir la
entreprises pendant les cinq pre- gabonaise. de l’Afrique centrale. « La bourse
mières années de fonctionnement. comme instrument d’intermédiation première entre-
Un vœu pieux, puisqu’il faudra at- financière est un outil qui ne répond
tendre six années après sa création, pas dans l’immédiat aux attentes des prise arriver à
et précisément mai 2006, pour voir opérateurs économiques camerou- la DSX.
la première entreprise arriver à la nais. D’abord parce qu’elle ne crée
DSX. Il s’agit de la Société des Eaux pas les emplois. Elle ne peut aider que
Minérales du Cameroun (SEMC), les entreprises des nationaux déjà ché du crédit moyen et long termes
société du groupe Castel, dont créées et qui peuvent être cotées. Il n’y soit existant, puisqu’il n’existe pas
l’Etat va se départir de certaines de en a pas des masses au Cameroun. d’institution qui offre ce type de pro-
ses actions pour les mettre en vente Ensuite, on peut se demander si l’on duit. » Avis partagé par Pius Bissek,
à la DSX. peut créer un instrument d’intermé- qui parie plus sur l’efficacité d’un
diation financière pour les opérations «  fonds de garantie et des banques
TROIS ENTREPRISES COTÉES de privatisation, ce qui est un des ob- de développement ». Deux types de
EN DOUZE ANS jectifs de cette bourse. Enfin, l’histoire structures qui, certainement, ne
A ce jour, c’est-à-dire douze ans des bourses nous apprend que c’est un vont malheureusement pas aider la
après sa création, la DSX ne cote jeu pour grands financiers », expli- DSX à sortir de sa torpeur actuelle.
que trois lignes d’actions (SOCA- quait déjà il y a quelque temps Pius
PALM et SAFACAM sont arri- Bissek, un opérateur économique Brice R. Mbodiam

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

Banques-DSX : la concurrence déloyale


a la cote
Les coûts des prestations à la
Bourse de Douala sont prohibi-
tifs en comparaison avec ceux des
établissements de crédits. En plus,
agréées comme PSI sur ce marché
financier, les banques n’ont aucun
intérêt à voir des investisseurs pré-
férer la DSX au marché bancaire.

Le saviez-vous ? Pour lancer son


emprunt obligataire de 200 mil-
liards de francs CFA à la Douala
Stock Exchange (DSX) en 2010,
l’Etat du Cameroun a dû payer son
consortium d’arrangeurs (trois
banques de la place) à 500 millions
de francs CFA, révèle une source
proche du dossier. A ce montant,
il faut ajouter les frais d’introduc-
tion en bourse à payer à la DSX, des
droits à verser à la Commission des
marchés financiers pour l’obten-
tion du visa, les commissions sur
placement à verser aux prestataires
des services d’investissement (sept
banques ont empoché 2,5 milliards
FCFA, selon la CMF), la quote-part
du dépositaire central dans l’opéra-
tion, un budget pour l’organisation
d’une vaste campagne de commu-
nication, sans compter qu’à terme
l’émetteur doit rémunérer les sous-
cripteurs à un taux d’intérêt connu
à l’avance (6% dans le cas d’espèce).
Un tel pactole n’est certainement
pas à la portée de tous. Pour avoir
une idée de l’ampleur des dépenses
à effectuer par un émetteur qui dé-
sire lever des fonds à la Bourse de
Douala, l’agence Ecofin a pu avoir
accès à un document préparé par
la SGBC pour le compte de SAFA-
CAM, document détaillant les
coûts estimatifs de l’opération de
vente publique d’actions récem-
ment lancée par cette entreprise du
groupe Bolloré. Il y est indiqué que
pour placer des actions pour une
valeur de 2,8 milliards de francs

-18- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

CFA, « les frais relatifs à l’introduc- revenant à la CMF, et 45 millions de ivoiriennes), nombre d’entreprises
tion ressortent alors un montant de francs CFA de rémunération globale camerounaises préfèrent se tourner
116,6 millions de francs CFA hors des intermédiaires financiers engagés vers le marché bancaire. Pour une
taxes, dont 8 millions de commis- dans l’opération ». Le même docu- raison simple : « Le coût de sortie
sions de centralisation revenant à la ment précise qu’« après l’admission d’un investissement à la Bourse de
DSX, 1,4 million de droit d’adhé- du titre SAFACAM à la cote, l’émet- Douala n’est pas très compétitif par
sion annuel revenant au dépositaire teur aura en charge des frais annuels rapport à ce qu’offre le secteur ban-
central, 14,4 millions de frais de visa additionnels facturés essentiellement caire », soutient dans une interview
par la DSX et le dépositaire central. Il à l’hebdomadaire Le Financier
s’agira notamment des frais annuels d’Afrique Albert Florent Bengala,
de cotation facturés par la DSX au DG de Cenainvest, une entreprise
de capital risque qui a pignon sur
rue au Cameroun. Ce dernier croit
Face à ces coûts exor- d’ailleurs savoir que pour encoura-
bitants des prestations ger les entreprises à aller à la cote de
la DSX, il est opportun de réduire
sur le marché financier les frais à payer par l’investisseur.
Ce d’autant que, fait remarquer
camerounais, nombre un expert des marchés financiers,
d’entreprises came- le fait d’avoir au Cameroun des
PSI qui sont des banques et non
rounaises préfèrent se de véritables sociétés de bourse
comme à la BVMAC (BGFI Bourse
tourner vers le marché ou encore EDC…) n’est pas pour
bancaire. faciliter la tâche au décollage de
la DSX. En effet, soupçonne une
source autorisée, il n’est pas exclu
taux de 0,75% de la capitalisation que les banques agréées comme PSI
moyenne des titres cotés, du droit au Cameroun détournent de poten-
d’adhésion annuel et des frais sur les tiels émetteurs de la DSX pour leur
opérations sur titres (paiement de proposer des crédits à des taux d’in-
dividendes, identification des action- térêt nettement plus compétitifs sur
naires) facturés par la CAA (déposi- le marché bancaire. Ce qui permet
taire central). L’émetteur devra aussi
s’acquitter de frais d’animation du
marché auprès du PSI de son choix. » Pour pouvoir lever des
fonds à la Bourse de
LE MAUVAIS JEU DES
BANQUES-PSI Douala, il faut compter
Au total, cela fait un montant consi-
dérable, susceptible de décourager
des dépenses considé-
la plupart des émetteurs. A l’instar rables, susceptibles de
de cet établissement de crédit qui
a, un temps, envisagé de lever 15 décourager la plupart
milliards de francs CFA à la Bourse
des valeurs mobilières de Douala,
des émetteurs.
mais qui a dû jeter l’éponge parce
que le régulateur de ce marché à ces banques-PSI d’étoffer leur
financier (CMF), à lui seul, avait portefeuille crédit, au détriment
présenté une facture d’un mon- de la dynamisation de l’activité de
tant de 200 millions de francs CFA la DSX. Avec de véritables sociétés
pour l’opération. Face à ces coûts de bourse comme intermédiaires
exorbitants des prestations sur le agréés, cette sorte de concurrence
marché financier camerounais, en déloyale serait réduite, l’animation
comparaison avec le marché finan- du marché financier étant consubs-
cier de l’Afrique de l’Ouest par tantielle à la survie même des socié-
exemple (37 entreprises sont cotées tés de bourses.
à la BRVM, dont 31 entreprises Brice R. Mbodiam

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -19-


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

Sylvester Moh Tangongho : « La DSX


doit mettre en place des conditions
attractives »
Le directeur général du Trésor au de la BEAC pour ses émissions de
Ministère des finances explique bons et même d’obligations du
les choix du gouvernement en Trésor. Pourquoi préférer ce mar-
matière d’émission de titres pu- ché à la DSX, qui a pourtant grand
blics, puis évoque les obstacles besoin d’être dynamisée ?
qui entravent le dynamisme de la SMT : Il conviendrait au départ de
Douala Stock Exchange. rappeler que le marché des titres
publics à souscription libre est par
Investir au Cameroun : La Com- essence le marché des titres des Etats
mission des marchés financiers membres de la Cemac, qui sont les
(CMF) vient de sanctionner les seuls habilités à y émettre. Il offre
sept banques ayant participé à par ailleurs les outils nécessaires à la
l’emprunt obligataire de l’Etat en conduite de la politique monétaire.
2010 pour avoir perçu des commis- La décision de recourir à l’un ou
sions indues, et révèle même que l’autre marché est donc d’abord une
les arrangeurs n’ont pas conseillé question de contexte, et les choix de
l’Etat comme il se devait. Au regard l’Etat sont guidés par la nature des
de tout cela, peut-on toujours dire besoins de financement auxquels il
que cette opération a été un vrai doit faire face. L’Etat intervient sur
succès, alors que l’Etat y a visible- le marché de la BEAC pour combler
ment perdu beaucoup d’argent ? ses gaps de trésorerie (émission des
Sylvester Moh Tangongho : Sans BTA) ou pour ses besoins de res-
vouloir commenter les décisions sources de moyen terme, lorsque
de sanctions rendues par la Com- le volume d’obligations du Trésor
mission des marchés financiers assimilables (OTA) recherché est
(CMF), qui pour l’essentiel relèvent relativement faible. Mais rien ne
de la mise en œuvre de ses com- l’empêche de faire appel au marché
pétences de régulateur, je tiens a l’Etat pense s’être endetté dans des « Comme financier national ou international
avantages
priori à rappeler que le contentieux conditions jugées optimales. S’il est du marché
en cas de besoin.
auquel vous faites allusion ne sau- établi aujourd’hui que les intérêts de la BEAC, Le premier marché, outre sa flexibi-
rait remettre en cause le succès de de l’émetteur ont été lésés par une on note sa lité, ses faibles coûts d’intervention
flexibilité,
l’emprunt obligataire de 2010, qui quelconque partie, c’est bien aussi ses faibles et ses procédures simplifiées, s’avère
a permis à l’Etat du Cameroun de le rôle du régulateur de les proté- coûts mieux indiqué pour une gestion ac-
mobiliser en seulement vingt jours ger, comme il le ferait pour toute d’interven- tive de la trésorerie de l’Etat. Ainsi,
tion et ses
sur le marché financier national autre partie en cause, surtout dans procédures en fonction de ses besoins et des
la somme de 200 milliards FCFA un marché embryonnaire comme simplifiées. » circonstances, l’Etat fait le choix qui
prévue dans la Loi de finances de le nôtre. Donc, si la CMF s’est pro- lui semble le plus approprié. Quant
l’exercice 2010, et destinée à couvrir noncée sur cette question dans le à la dynamisation de la DSX, qui est
les fonds de contrepartie de certains but de rétablir l’équilibre de trai- importante pour l’essor du marché
grands projets structurants, notam- tement entre les différents acteurs financier national, elle ne saurait
ment le barrage de Memve’ele, de du marché, le succès de l’emprunt dépendre uniquement de l’émis-
Lom Pangar, la centrale à gaz, etc. obligataire de 2010 ne saurait souf- sion des titres publics, quand bien
La conduite de ce type d’opéra- frir d’une quelconque contestation. même l’Etat constitue un acteur in-
tion, jamais réalisée dans notre déniable. Celle-ci reste tributaire de
pays, n’avait pas de référentiel IC : Depuis 2011, l’Etat s’est dépor- la résolution de certains problèmes
dans le contexte de l’époque, et té sur le marché des titres publics structurels, notamment le dévelop-

-20- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

pement de la culture financière et la coûts des opérations sont prohibi-


mise en place de conditions attrac- tifs à la DSX, comparés aux autres
tives qui inciteraient les autres ac- marchés, y compris le marché ban-
teurs à y recourir, au rang desquels caire sur lequel l’Etat du Cameroun
les entreprises privées. est également actif ?
SMT : L’Etat du Cameroun a choisi
IC : En choisissant le marché de la d’animer les deux marchés en fonc-
BEAC, le gouvernement ne craint- tion des opportunités que chacun
il pas, dans une certaine mesure, de offre dans le contexte de référence.
décourager d’autres investisseurs Il y a toutefois lieu de relever que
qui pourraient ainsi s’interroger la structuration des coûts dans
sur la fiabilité et même la viabilité l’opération de syndication induit
de la DSX ? une procédure et des charges qui,
SMT : La DSX a été créée pour les comparativement au marché de la
entités publiques et privées, dans BEAC, sont plus élevées. La compa-
le but de les accompagner dans la raison des coûts pratiqués par notre
mobilisation de ressources longues. entreprise de marché avec ceux
Pour mémoire, ladite institution n’a d’autres places financières tendent
pas connu son essor avec l’émission à confirmer cette analyse. C’est la
obligataire de 2010, mais bien grâce raison pour laquelle l’Etat, dans son
à l’entrée en bourse de certaines rôle de tutelle, incite la DSX à se
entreprises de la place. Celles-ci y mettre dans une position concur-
ont par ailleurs effectué avec succès rentielle, susceptible de la rendre
des opérations. Je rappelle bien que plus attractive pour les différents
la viabilité et la fiabilité de la DSX acteurs.
doivent être recherchées par l’entre- BEAC ne peuvent pas être aisément
prise de marché en tant que struc- appréciés en opposant les deux IC : Un marché des titres publics
marchés. Car les instruments émis a été lancé par la banque centrale,
n’ont ni les mêmes fonctions, ni alors que deux bourses existent
« La décision de recou- les mêmes caractéristiques, ni pour déjà dans la zone Cemac, avec pos-
certains les mêmes finalités. Il est sibilité d’y effectuer des opérations
rir à l’un ou l’autre difficile de comparer les avantages sur des titres publics. Tout cela
marché est d’abord une procurés par les instruments de n’est-il pas à la fois concurrentiel et
court terme par rapport à ceux de contreproductif au final ?
question de contexte, et moyen et long termes, tout comme SMT : Entre le marché de la BEAC
les approches des deux marchés et les deux bourses, le problème
les choix de l’Etat sont sont divergentes. Cependant, le de concurrence ne se pose pas, car
guidés par la nature marché de la BEAC a ceci de parti- comme je vous l’ai expliqué plus
culier qu’il a été mis en œuvre pour tôt, leurs fonctions sont distinctes.
des besoins de finance- se substituer au système des avances La concurrence peut être évoquée
statutaires, dont le taux d’intérêt entre la Douala Stock Exchange
ment auxquels il doit était connu et le montant limité (DSX) et la BVMAC (Bourse des
faire face. » à 20% des recettes budgétaires de valeurs mobilières de l’Afrique cen-
l’année précédente. Il permet de trale), qui évoluent dans le même
ce point de vue à l’Etat de faire des créneau, alors que le niveau d’acti-
ture opérationnelle, l’Etat, dans économies substantielles au regard vité dans notre sous-région est
son rôle de tutelle, devant être un des taux pratiqués. Comme cela a particulièrement faible. Toutefois,
accompagnateur indéniable et non été dit plus haut, la mobilisation des des illustrations à travers le monde
l’unique interlocuteur. ressources y est faite à tout moment, présentent des bourses localisées
en fonction des prévisions de la Loi dans la même sphère géographique,
IC : D’un point de vue strictement de finances et des besoins de tréso- notamment Paris, Berlin et Madrid
économique, quels avantages le rerie. En somme, comme avantages dans la zone Euro, ou Abidjan, Ac-
gouvernement camerounais tire-t- de ce marché, on note sa flexibilité, cra et Lagos dans la zone Cédéao.
il en animant le marché des titres ses faibles coûts d’intervention et Tout ceci est fonction de l’ambition
publics de la BEAC plutôt que la ses procédures simplifiées. et de la dynamique économique et
DSX ? financière.
SMT : Les avantages économiques IC : Vous soutenez donc, comme le Propos recueillis par
que tire l’Etat sur le marché de la font déjà plusieurs experts, que les Brice R. Mbodiam

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -21-


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

Les entreprises préfèrent le maquis


fiscal aux incitations de la DSX
Malgré les exonérations fiscales et généreuse pour les investisseurs en à la DSX sont exemptés de droit
autres concessions, les entreprises valeurs mobilières ainsi que pour d’enregistrement. Au-delà de tout,
boudent le marché financier à les émetteurs de titres cotés. 20% de le régime de change camerounais
cause de l’exigence de la transpa- réduction pendant trois ans pour garantit la libre transférabilité des
rence, à laquelle elles ne sont pas les augmentations de capital, 25% avoirs des investisseurs étrangers.
habituées. pendant trois ans pour les cessions Ce régime de change volontaire-
d’actions, 28% pendant trois ans ment attractif et avant-gardiste
Les pays qui accordent des incita- pour les augmentations ou cessions n’emballe pas les entreprises.
tions fiscales ont plus de chance leur sont concédés. Les sociétés qui Ces concessions ne valent-elles
d’attirer les investisseurs que ceux émettent des titres sur le marché pas le coût ? Ce que les entreprises
dont la politique fiscale est rigide. obligataire du Cameroun bénéfi- gagnent vaut-il ce qu’elles perdent
Ce postulat a de la peine à se véri- cient d’un taux réduit d’Impôt sur en acceptant de jouer le jeu du
fier au Cameroun. Le législateur a les sociétés de 30% pendant trois marché ? A bien regarder, même
cru devoir mettre sur pied une fis- ans. En plus, les actes et conven- celles qui y sont ne jouent pas le jeu.
calité boursière particulièrement tions portant cession de titres cotés Tenez, l’obligation d’information

Une enquête menée auprès des entreprises et pu-


bliée en 2010 par l’INS révèle que seulement 42,9%
des 93 969 entreprises camerounaises recensées
à cette époque tiennent une comptabilité écrite
(parmi lesquelles seulement 31,1% aboutissent à
une comptabilité formelle), contre 57,1% qui n’en
tiennent pas du tout.

-22- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

boursière (semestrielle, annuelle public à l’épargne ne doit rien ca- mation financière intégrale sur le
et périodique) n’est pas la chose la cher. Ce devoir de vérité dans les marché.
mieux partagée de ces entreprises chiffres communiqués et les infor- Depuis sa création, on entend
inscrites à la cote de la DSX. Comme mations données conditionne la la CMF plus à travers des avis et
si elles s’étaient passé le mot, obte- réaction du marché. Même l’Etat autres sanctions qu’au niveau de la
nir des données sur leur vie relève du Cameroun n’a pas été clair en promotion de la culture boursière
d’un parcours du combattant. Avoir décembre 2010 lorsque la note d’in- sur la place de Douala. En dehors
leur volume d’activité, leur chiffre formation relative à son emprunt du séminaire organisé en janvier
d’affaires ou leurs résultats relève obligataire a subi des modifications. 2011 à l’intention des acteurs du
du miracle. C’est à se demander à Pire encore, aucun processus de pri- marché financier camerounais, rien
quoi leur aura servi cette aventure. vatisation et de réhabilitation des de consistant. Conséquence, des
entreprises de son portefeuille n’a asymétries d’information ont élu
SYSTÈME « D » eu lieu sur la place de Douala. domicile entre les investisseurs clés
Les intermédiaires (PSI), qui sont et ceux qui sont en dehors de leur
les producteurs d’informations CMF : GENDARME DE pool de préférences. Ce qui ne peut
financières, passent une année L’OPACITÉ ? déboucher que sur l’atonie consta-
Les entreprises à capitaux publics tée sur la place de Douala.
préfèrent lever des capitaux sur Pour beaucoup, la DSX doit appor-
Les incitations fiscales le marché bancaire à travers des ter des avantages clairs aux entre-
seules ne suffisent pas prêts syndiqués, des prêts relais…à prises. Malgré les exonérations
des taux dispendieux. Pourtant, à fiscales concédées, le coût de la
pour raviver la cote à la DSX, les produits et les intérêts transaction, l’arrangement, la dif-
des obligations de l’Etat et ceux des fusion des informations, le routage
la DSX. collectivités territoriales décentra- des commandes, la négociation,
lisées sont exonérés de tout impôt. la compensation et le règlement
sans diffuser la moindre note. Or Depuis l’avènement du marché restent encore prohibitifs selon
ce sont eux qui convainquent les camerounais, aucune commune n’a certains. « La recherche écono-
entreprises de se départir de ces émis la moindre obligation. Elles mique prouve que la cotation en
oripeaux, notamment leur logique continuent à se financer auprès de bourse améliore la probabilité de
entrepreneuriale peu encline à la leur banque (FEICOM), en toute croissance du chiffre d’affaires et
transparence et l’accountability. opacité. La culture de la transpa- de hausse du profit des entreprises
Champions du système « D » et de rence incombe d’abord à la Com- cotées par rapport à celles qui ne
l’hyperpatrimonialisation des af- mission des marchés financiers du le sont pas. Mais au Cameroun,
faires, même les grandes entreprises Cameroun (CMF). En tant que re- difficile de faire ce constat. Même
fonctionnent avec des méthodes
du secteur informel. Il est courant
d’entendre ça et là que chaque Il est courant d’entendre ça et là que chaque
entreprise a au moins deux comp-
tabilités : une pour les actionnaires entreprise a au moins deux comptabilités :
et une pour les impôts. De ce point une pour les actionnaires et une pour les
de vue, une enquête menée auprès
des entreprises et publiée en 2010 impôts.
par l’Institut national de la statis-
tique (INS) révèle que seulement
42,9% des 93 969 entreprises came- présentant de l’Etat, cette dernière celles qui sont à la cote cherchent à
rounaises recensées à cette époque devrait garantir l’intérêt général, la évaluer les retombées de leur aven-
tiennent une comptabilité écrite, sécurité et l’intégrité du marché à ture boursière. Difficile en pareille
contre 57,1% qui n’en tiennent pas travers le visa apposé sur l’informa- circonstance que d’autres suivent »,
du tout. Parmi les entreprises qui tion délivrée de manière équitable à explique un banquier. Tant que les
tiennent une comptabilité écrite, l’ensemble des acteurs ou des inves- pionniers ne savent pas avec exacti-
seulement 31,1% aboutissent à une tisseurs. Elle est donc comptable tude la plus-value de leur introduc-
comptabilité formelle, c’est-à-dire de l’inculture boursière ambiante. tion en bourse, difficile de deman-
celle qui mène à la confection d’une Comme partout ailleurs, l’autorité der à d’autres entreprises de leur
Déclaration statistique et fiscale occupe le devant quand il s’agit de emboîter le pas. Traduction : les in-
(DSF). Ce qui fait seulement 13% vendre les places boursières. Elle a citations fiscales seules ne suffisent
de l’ensemble des entreprises. le devoir de démanteler les zones de pas pour raviver la cote à la DSX.
Pourtant, l’émetteur faisant appel non-droit et de promouvoir l’infor- Yaouba Djaligué

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

BVMAC-DSX : la rivalité permanente


La Bourse de Douala a vu quelques
parts de marché grignotées par sa
consœur de la BVMAC. Ce mal-
gré l’offensive du régulateur du
marché camerounais chaque fois
que les investisseurs locaux sont
interpellés par des opportunités
sur le marché de Libreville.

Le 21 mai 2013, la Commission


des marchés financiers (CMF)
du Cameroun a rendu public un
communiqué dans lequel elle in-
vite les investisseurs camerounais l’acharnement au Gabon et par la Au- « Cette coexistence de deux marchés
à la prudence au sujet de l’appel à Commission de surveillance du jourd’hui, boursiers se heurte aujourd’hui au
l’activité
vente d’actions de l’entreprise SIAT marché financier d’Afrique centrale boursière handicap de l’étroitesse desdits mar-
Gabon, qui a décidé d’ouvrir son (COSUMAF) sont illustratives de est prati- chés, qui ne profitent guère des avan-
quement
capital à travers une introduction la rivalité qui existe entre le mar- au point
tages d’économies d’échelle qu’ap-
sur la Bourse des valeurs mobilières ché financier camerounais basé à mort dans porterait la consolidation des places
d’Afrique centrale (BVMAC), basée Douala (DSX) et celui à vocation les deux boursières. En outre, le faible nombre
bourses.
à Libreville, au Gabon. « En l’état sous-régionale (BVMAC) basé à d’opérations réalisées à ce jour sur ces
actuel du dossier, la CMF n’est pas en Libreville. Rivalité qui s’est une fois marchés soulève à nouveau la ques-
mesure d’assurer le public des inves- de plus traduite récemment par un tion de la viabilité de ces structures
tisseurs camerounais que l’étendue communiqué de la CMF qualifiant boursières », constate le régulateur
et la qualité des informations dispo- « d’illégal » l’emprunt obligataire de du marché sous-régional.
nibles tant sur la situation de la socié- BGFI Holding à la BVMAC et dif- Comme preuve de cette analyse
té que sur le déroulement de l’opéra- fusé au Cameroun. prémonitoire de la COSUMAF, de
tion soient de nature à leur permettre nos jours, l’activité boursière est
une prise de décision d’investisse- IMPOSSIBLE COHABITATION pratiquement au point mort dans
ment avisée », peut-on lire dans le De l’avis de nombreux analystes, les deux bourses. Les entreprises
texte signé par Theodore Edjangue, au-delà du défaut de culture bour- présentes sur la place financière de
le président de la CMF. Quelque sière et d’un processus de mise en Douala le doivent uniquement à la
décision prise par le gouvernement
Dans l’une de ses analyses (en 2009) sur les camerounais de vendre une partie
de ses parts dans le capital de cer-
moyens pouvant permettre de « dynamiser taines entreprises. En dehors de
l’Etat, aucune entreprise privée n’a
le marché financier » sous-régional, la COSU- jusqu’ici couru à la DSX pour lever
MAF reconnaît l’impossible cohabitation de la des fonds. Comme pour ne pas
avoir de parti pris dans la rivalité
Bourse de Douala et de celle basée à Libreville. entre les deux marchés financiers
qui coexistent difficilement et de
manière contreproductive dans la
temps plus tôt, au mois de mars place qui doit encore faire l’objet zone Cemac, certaines institutions
2013, le régulateur camerounais des d’améliorations, la Bourse de ont choisi d’effectuer leurs opéra-
marchés financiers avait exprimé Douala paye le prix de sa proxi- tions sur les deux marchés à la fois.
des inquiétudes d’une autre nature, mité avec celle de Libreville. Dans Il en est ainsi des emprunts obliga-
relativement à l’opération de SIAT. l’une de ses analyses (en 2009) sur taires de la Banque de développe-
Il en dénonçait l’« illégalité » sur le les moyens pouvant permettre de ment des Etats de l’Afrique centrale
territoire camerounais pour non- « dynamiser le marché financier » (BDEAC) et de la Société financière
réception du visa de la CMF. Ces sous-régional, la COSUMAF recon- internationale (SFI).
deux décisions perçues comme de naît cette impossible cohabitation. Idriss Linge

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

Répression : la Bourse de Douala


épinglée sur l’emprunt obligataire
de 2010
Alors qu’elle peine à attirer les in-
vestisseurs, c’est dans la rubrique
sanction que la Douala Stock Ex-
change a fait parler d’elle au mois
d’août 2013.

La Commission des marchés finan-


ciers (CMF) du Cameroun a publié
dans Cameroon Tribune le 5 août
2013 une série de sanctions à l’en-
contre de neuf opérateurs, dont huit
établissements financiers de la place
(UBA, BICEC, Banque Atlantique,
SGBC, Afriland First Bank, Citi-
bank, BMCE Capital, SCB Came-
roun) et la Douala Stock Exchange
(DSX), la Bourse des valeurs mobi-
lières de Douala. Globalement, les
raisons évoquées par le gendarme
du marché financier du Cameroun
pour justifier cette gamme variée de
sanctions sont des « manquements
et irrégularités » constatés dans le
déroulement de l’emprunt obliga-
taire de l’Etat du Cameroun, libellé
« ECMR net 5,6% 2010-2015 », lan-
cé en 2010 et qui a abouti à la levée
de la somme de 200 milliards de
francs CFA destinés au financement
des grands projets. Concernant spé-
cifiquement la DSX, cette dernière
a écopé d’une amende de 500 000
francs CFA « pour avoir, sans être
prestataire de services d’investisse-
ment, fourni un service d’investisse-
ment consistant en la tenue du livre La Com- du Cameroun a concrètement parlé les sanctions sont intervenues au
mission des
d’ordres dans une émission (centra- marchés d’un entêtement de ces dirigeants terme d’auditions et d’un processus
lisation de souscriptions) ». Pour la financiers à « ignorer ou à passer outre leur ges- qui a pris du temps, « du fait de la
CMF, cette fonction est interdite à du Came- tion de l’institution et des opérations complexité des dossiers à traiter ».
roun a
toute personne non prestataire de publié dans boursières, les prescriptions et recom- La DSX n’a pas donné sa position
services d’investissement. Ce n’est Cameroon mandations de la CMF ». Allusion officielle au sujet de ces sanctions.
pas tout. En plus de cette amende, Tribune faite spécifiquement aux accords de « Nous ne commentons pas les com-
le 5 août
la CMF a adressé un avertissement 2013 une place non entérinés par le régula- mentaires », a répondu à l’agence
aux dirigeants de la DSX « pour série de teur. D’après Chief T.K. Ejangue, le Ecofin une source proche du dos-
sanctions à
leurs multiples manquements à leurs l’encontre président de la CMF qui a signé ces sier qui a requis l’anonymat. « Est-
obligations professionnelles ». de neuf décisions, ainsi que son secrétaire ce le rôle de la CMF ? », a-t-elle lancé,
Le gendarme du marché financier opérateurs. général Alphonsus Njiachomuna, avec un brin d’ironie.

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -25-


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

Optimisation de la DSX : et si la fusion


avec la BVMAC était la solution !
La question a été soulevée dès en construction offre un spectacle des lement, j’y suis favorable », a déclaré
la mise en fonctionnement de la plus malheureux et déshonorant pour Pierre Moussa, le président de la
Douala Stock Exchange. Elle est la sous-région au niveau internatio- Commission de la Cemac. C’était le
encore d’actualité aujourd’hui nal », faisait déjà savoir Babissaka- 14 août 2013 lors d’une rencontre
avec plus de pertinence. na, un ingénieur financier, dans une sur l’évaluation du Programme
de ses notes d’analyse en 2002. Dix économique régional (PER).
De l’avis de nombreux experts qui ans après la création de la BVMAC
suivent l’évolution des marchés fi- et douze ans après que la DSX a été LA SOLUTION DE LA BAD :
nanciers en Afrique centrale, l’exis- portée sur les fonds baptismaux, DOUALA OPÉRATEUR,
tence des deux places boursières l’idée d’une fusion trotte plus que LIBREVILLE RÉGULATEUR
dans la zone Cemac ne permet pas jamais dans l’esprit de nombreux Déjà en 2011, la Banque africaine de
la construction d’un marché des analystes des marchés des capitaux, développement (BAD) avait propo-

valeurs mobilières liquide et effi- et même de responsables politiques. sé un projet de fusion pour stopper
cace dans cette sous-région. « Il est « De plus en plus, j’entends parler de définitivement la compétition en-
important de ne pas se faire d’illu- la nécessité de fusionner les bourses de gagée depuis plusieurs années entre
sion, car ce parallélisme de projets Douala et de Libreville. Je crois que les deux places boursières. Selon la
dans le contexte d’une communauté c’est une voie intéressante. Personnel- proposition de la BAD, la bourse

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

régionale devrait être déplacée à sactions. La DSX génère des coûts de avocat général près la Cour de jus-
Douala, au Cameroun, où l’activité transaction qui sont indépendants de tice de la Cemac. C’était lors de la
économique est plus importante, ce qu’elle soit nationale ou sous-ré- prestation de serment, en février
et le régulateur de la sous-région gionale. Ce que les gens ignorent, c’est 2013, des nouveaux responsables de
(COSUMAF) devrait être main- que si de nombreuses institutions, la COSUMAF.
tenu dans la capitale gabonaise. Ce En 2002, lorsqu’il formule sa pro-
qui impliquerait la disparition du position de solution de fusion,
régulateur du marché camerou- « Cette bipolarité bour- l’ingénieur Babissakana avait opté
nais. Ce projet était prévu pour être sière est une source pour une place financière double
entériné lors du sommet des chefs (Libreville et Douala), avec un mar-
d’Etat de la sous-région prévu au de tension politique, ché spécialisé dans les obligations
mois de janvier 2012. Mais sur le et un autre dans les actions, tous
sujet, on a juste admis le principe et
d’inefficacité et de sous la coupe d’un seul régulateur.
renvoyé le dossier pour discussion. désintégration écono- Cette formule a pour avantage que
Plusieurs raisons plaident pourtant chaque marché conserverait une
en défaveur du modèle de fusion mique, financière et part d’autonomie. Au-delà des dé-
proposé par la BAD. Le premier boursière », explique bats, l’urgence d’une fusion se fait
est celui des coûts de transaction
sur la place financière de Douala. Georges Taty, avocat
« Nous n’avons rien contre cette idée Plusieurs rai-
général près la Cour de
sons plaident
justice de la Cemac.
pourtant en
SFI exclue, ont décidé de porter leurs défaveur du
obligations sur la BVMAC, c’est aussi modèle de
parce que le coût y est moindre. Te-
nez, par exemple, l’emprunt du Ca- fusion proposé
meroun est officiellement frappé d’un
intérêt de 5,6%, mais en réalité c’est
par la BAD. Le
le taux brut auquel il faut ajouter les premier est
commissions de tous les intervenants,
et qui le font monter jusqu’à 10, voire celui des coûts
11%. Personne ne peut emprunter à
ce taux-là. Or, à Libreville, ce coût est
de transaction
plus réduit », explique, sous anony- sur la place
mat, un cadre de BGFI Bourse.
financière de
UN PROCESSUS POURTANT AU Douala.
CŒUR DE GROS DÉFIS
Au sein de la Cemac, si l’idée de la
fusion est admise, la forme de cette de plus en plus ressentir et devrait
fusion divise encore les différentes permettre au marché des capitaux
parties. « Dans la perspective d’une de décoller dans la zone Cemac.
intégration plus poussée, la DSX « Un marché financier régional inté-
devrait être absorbée par la BVMAC. gré est une réponse à l’effort constant
Il est donc plus qu’opportun de pré- des autorités politiques visant une
ciser ou de proposer des mécanismes impulsion nouvelle et décisive du
de fusion et d’énumérer les diffé- processus d’intégration en Afrique
rentes institutions et organismes centrale. Le processus de rappro-
communautaires ou nationaux sus- chement est donc conforme à cette
ceptibles d’être modifiés, restructurés volonté politique d’intensifier cette
de renvoyer le plateau technique de ou démantelés. Car cette bipolarité intégration », peut-on lire dans une
la future Bourse d’Afrique centrale à boursière est une source de tension note d’analyse de la COSUMAF
Douala. Mais l’analyse de la BAD ne politique, d’inefficacité et de désin- publiée en 2011.
semble pas apporter d’assurances sur tégration économique, financière et
au moins une chose : le coût des tran- boursière », explique Georges Taty, Idriss Linge

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

Simplot Kwenda : « Il faut urgemment


réévaluer les capacités techniques
de la DSX »

Expert des questions bancaires et


financières, le directeur général
du Cabinet Money Links, Sim-
pot Kwenda, juge les dernières
sanctions de la CMF et estime
que pour que la DSX prenne son
envol, les autorités publiques
doivent intervenir avec détermi-
nation.

Investir au Cameroun : La DSX a


été sanctionnée d’une amende de
500 000 FCFA pour avoir fourni un
service d’investissement sans être
prestataire de services d’investis-
sement, et épinglée pour avoir, de
manière irrégulière et dispropor-
tionnée, émis une facturation des
montants respectifs de 700 mil-
lions de francs CFA et 735,9 mil-
lions, soit un total de 1,4 milliard
FCFA représentant de prétendues
commissions de centralisation,
d’admission et de cotation de titre
ECMR. Quelle appréciation faites-
vous de ces sanctions ?
Simplot Kwenda : L’appréciation
que j’en fais est simple : il faut
urgemment réévaluer et renforcer
les capacités institutionnelles et
techniques du marché financier
camerounais dans tous ses pôles
de régulation et commerciaux. Il
faut en outre rebâtir des consen-
sus de place qui, en général, per- « Pour comme étant des bonnes pra- acteurs du marché naissant.
mettent l’émergence d’une com- l’Etat, la tiques professionnelles pour leur Dix ans après, le contexte a parti-
coexistence
munauté financière solidaire et des deux marché. Un accord de place a pu culièrement évolué. Cet accord a
confiante. Les consensus de place marchés exister sur ce marché, dans le cadre certainement besoin d’être revi-
permettent aux acteurs de s’ac- n’a que des des concertations que nous avions sité, et surtout promu auprès de
avantages. »
corder sur ce qu’ils considèrent nous-mêmes engagées auprès des tous les acteurs. C’est à juste titre

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

que son application ne peut plus ter de tout lire sous le prisme de teur camerounais la manifestation
s’entendre. Certes, sur la base des la compétition sous-régionale, d’une police de marché qui assure la
dispositions pertinentes de la Loi qui n’existe d’ailleurs que dans les veille sécuritaire ; ce qui a le mérite
99/015 qui énumère très limita- esprits peu exercés. Les pouvoirs d’exister.
tivement les services d’investisse- publics savent où ils en sont et ce
ment rentrant dans le monopole qui reste à faire pour parfaire l’inté- IC : Les sanctions prononcées à
des PSI agréés, on peut à juste gration des places financières. L’in- l’encontre de la DSX ne sont-elles
titre questionner la pertinence de tégration de l’industrie des valeurs pas de nature à créer un doute au-
la qualification donnée à l’activité mobilières en Afrique centrale est près des usagers de la DSX, et ainsi
de centralisation et de compta- bien avancée sur ses maillons des à décrédibiliser la bourse et freiner
bilisation des souscriptions par bons et obligations de Trésor, de davantage les entreprises qui envi-
l’entreprise ; pour autant, je ne placement primaire des titres obli- sageaient d’être cotées à la DSX ?
peux comprendre qu’un tel cumul gataires publics. Des passerelles SK : Les décisions de la CMF
de facturations porte les coûts de sont progressivement créées entre peuvent certes se discuter au niveau
financement sur notre marché à les deux régulateurs qui permettent de certains motifs invoqués, mais
des seuils inacceptables. aux deux marchés d’articuler leurs son activité de contrôle des agisse-
actions. Beaucoup reste à faire. Le ments des acteurs du marché finan-
IC : Ces sanctions n’affaiblissent- chantier doit irrémédiablement être cier, y compris ceux de la bourse,
elles pas la DSX face à la Bourse des poursuivi. En tout état de cause, le est un indicateur effectif de l’enca-
valeurs mobilières de l’Afrique cen- niveau d’enchevêtrement de nos drement du marché financier. Ce
trale (BVMAC), avec qui elle est en économies rendrait suicidaire toute qui ne peut qu’emporter l’adhé-
compétition dans la sous-région ? démarche contraire. Cela dit, il sion des investisseurs et de tout
SK : Absolument pas. Il faut évi- faut voir dans l’action du régula- autre utilisateur de la plateforme

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

boursière. En effet, la décision de tait, le ministre s’adresserait entre vés reste à venir. Pour l’Etat donc,
la CMF prend en compte les inté- autres au marché financier came- la coexistence des deux marchés
rêts des émetteurs qui ne doivent rounais, probablement après y n’a que des avantages. Pour cou-
pas pâtir de pratiques de factura- avoir mis un peu plus d’ordre. vrir les décalages occasionnels qui
tion peu orthodoxes. L’activité de apparaissent souvent dans la tré-
régulation ne doit toutefois pas IC : Quelle est la différence entre sorerie publique entre les rythmes
qu’être punitive, elle doit être sou- le marché des titres publics de la d’encaissement des recettes et de
tenue par une forte action d’édu- BEAC et la DSX ? décaissement au titre des dépenses
cation et de concertation. C’est le SK : Ce sont deux marchés qui se publiques, l’Etat s’adresse au mar-
sens originel du mot « réguler », complètent pour faire de notre ché monétaire, qui est structuré
qui signifie « maintenir en équi- système financier un vaste marché pour satisfaire ce type de besoins,
libre en assurant un fonctionne- du commerce de titres de dettes, et ce type de besoins seulement.
ment correct ». allant du jour le jour au long Pour le financement des projets
terme. L’Etat et les grands émet- d’investissement public, le marché
IC : Peut-on dire que c’est à cause teurs privés peuvent ainsi trouver monétaire ne peut par principe
de ces dérives que le Ministère des sur notre marché des capitaux des être sollicité. C’est le domaine
finances a décidé cette année 2013 ressources pour le financement de privilégié du marché financier qui
de choisir le marché financier de leurs investissements longs, ainsi mobilise l’épargne longue pour
la BEAC et non celui de la DSX que les tensions de trésorerie, qui financer les emprunts à échéance
pour son emprunt obligataire ? viendraient à se dégager dans leur longue.
SK : J’ignore l’impact de ce pré- fonctionnement. Les deux mar-
cédent dans les choix de straté- chés diffèrent dans leurs modes IC : Avec seulement trois entre-
gie financière du ministre des opératoires et leurs systèmes de prises cotées, qu’est-ce qui em-
Finances. D’ailleurs, une attitude régulation. Alors que le marché pêche le marché financier de la
de démission qui découlerait de boursier s’adresse à l’épargne po- DSX de décoller, selon vous ?
dysfonctionnements d’un marché pulaire, le marché monétaire vise SK : Il y a des réglages à faire. Ils
sont aussi nombreux que les in-
suffisances accumulées depuis une
décennie, qui sont déjà criardes.
« Il faut éviter de tout lire sous le prisme de la
compétition sous-régionale, qui n’existe d’ail- IC : Que faut-il faire d’après-vous
pour que la DSX soit plus dyna-
leurs que dans les esprits peu exercés. » mique, compétitive et qu’elle at-
tire davantage d’entreprises ?
SK : Le chantier est complexe,
placé sous sa tutelle dénoterait spécifiquement l’épargne des ins- mais la solution existe. Il faut sim-
d’une erreur inimaginable. L’inci- titutionnels. Sur le marché moné- plement que la volonté de voir les
dent constitue par lui-même une taire, les spécialistes en valeurs du choses véritablement changer soit
interpellation adressée à l’autorité Trésor interviennent pour compte manifeste. Il faut se souvenir d’où
monétaire, qui doit mettre tout en propre. L’achat pour compte l’on vient. Le marché est le fruit
œuvre pour corriger les faiblesses propre n’est pas une activité ordi- d’un fort engagement des pou-
des institutions de marché et naire pour l’intermédiaire bour- voirs publics ; ce qui nous a per-
impulser la relance tant attendue sier ; il doit être strictement en- sonnellement permis de conduire
par le secteur privé. Il faut plutôt cadré. Il faut donc à chaque fois sans difficultés les travaux de sa
considérer que c’est pour coller apprécier l’activité d’une banque création et de son démarrage. Si
à l’orthodoxie de la gestion de la multicapacitaire en prenant en les autorités s’y investissent avec la
dette que le ministère s’adresse compte cette double posture. même détermination, il n’y a pas
au marché des effets publics de de raison qu’une ère nouvelle ne
la BEAC pour lever des fonds IC : Quels sont les avantages se lève pas sur le marché boursier
courts, allant des échéances heb- et inconvénients de l’un et de camerounais.
domadaires (bons du Trésor) aux l’autre s’il faut émettre un em-
échéances ne dépassant pas deux prunt obligataire ? Propos recueillis par
années (obligation du Trésor), SK : L’émission des titres de dettes Beaugas-Orain Djoyum
destinés à couvrir ses gaps de tré- sur le marché monétaire n’est ad-
sorerie. A l’évidence, si le besoin mise qu’aux Etats. L’ouverture du
de ressources de financement des marché des émissions de billets de
investissements longs se présen- trésorerie aux grands acteurs pri-

-30- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

VU AILLEURS

« Nous avons réduit les coûts de


cotation et nous avons établi des
standards d’introduction plus
accessibles »
Oscar Onyema, le directeur géné-
ral de la NSE (Nigerian Stock
Exchange), explique comment
cette dernière compte atteindre
le chiffre d’un trillion de dol-
lars de capitalisation boursière
en incitant les PME à entrer à la
bourse. Sa vision, qu’il a présentée
à l’agence Ecofin à Abidjan lors du
sommet de l’Africa Securities Ex-
change Association, pourrait ins-
pirer plus d’une place boursière.

Agence Ecofin : Que retirez-vous


de ce sommet de l’Africa Securities
Exchange Association à Abidjan ?
Oscar Onyema : Les marchés afri-
cains souffrent encore du manque
de liquidité, de nombreuses bourses
n’ont toujours pas une masse per-
tinente d’entreprises cotées. Nous
avons donc eu, durant tous ces
jours, la possibilité d’apporter des
réponses à ces problématiques,
tant d’un point de vue global que
sur des aspects particuliers. Je n’ai
pas été déçu des échanges que nous
avons eus à Abidjan.

AE : Est-ce que vous pensez fina-


lement que les résolutions prises
à Abidjan suffiront à venir, par
exemple, à bout du manque de
culture boursière et d’investisse-
ment qui mine l’Afrique ?
OO : Je suis parfaitement d’accord
avec vous. Il y a un manque de
connaissance concernant la valeur
ajoutée que peuvent apporter les
bourses pour soutenir la croissance
économique. Ce type de rencontres

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -31-


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

permet de mettre en évidence les vrait offrir une valeur encore plus choses qui freinent l’intégration,
possibilités qui existent pour inté- significative aux différentes places c’est ce besoin qu’il y a d’harmo-
resser davantage les investisseurs financières de notre sous-région, niser les règles. A cet effet, nous
individuels ou institutionnels. Par voire de l’Afrique. avons un comité technique qui
exemple, il a été mis en évidence le Pour les entreprises, le bénéfice travaille sur toutes ces questions.
fait que les marchés financiers per- sera encore plus grand, car elles Par exemple, sur le point précis
mettent aux entreprises de lever auront désormais la possibilité de que vous soulevez, ledit comité est
des fonds à un degré bien plus im- requérir des financements auprès en train de voir comment mettre
portant que celui des banques. Ils d’un potentiel de 290 millions de en œuvre l’International Financial
Reporting Standard (IFRS). Cela
permettra déjà d’avoir une com-
« Il y a un manque de connaissance préhension commune des données
financières. On y travaille, mais
concernant la valeur ajoutée que peuvent déjà il y a minimum de standards
apporter les bourses pour soutenir la que des entreprises devront res-
pecter à l’effet de l’intégration des
croissance économique. » marchés, justement.

AE : La NSE ambitionne désormais


permettent aussi aux investisseurs personnes, représentant à peu près depuis 2011 d’atteindre le chiffre
de tirer un plus grand bénéfice de le chiffre global de la population d’un trillion de dollars de capita-
leurs placements, car les rende- ouest-africaine. A l’inverse, ceux lisation boursière, où en êtes-vous
ments des actions sur le long terme qui souhaiteront investir auront la aujourd’hui avec cette ambition ?
sont toujours plus intéressants que possibilité de le faire sur un plus OO : Nous y travaillons avec dili-
ceux des autres produits financiers. grand nombre de titres. Nous y gence. Il est question d’attirer
Il nous appartient de communi- travaillons très dur. Nous pensons encore plus d’introductions avec
quer et de sensibiliser sur ces dif- pouvoir arriver à une étape déci- la multiplication des produits sur
férents avantages, et c’est quelque sive dès l’année prochaine (2014), notre place financière, parce que
chose dont nous avons largement lorsque nous conclurons l’accord l’objectif dont vous avez fait men-
discuté à Abidjan. sur l’initiative d’accès aux marchés tion, nous espérons y parvenir avec
financiers, qui permettra à des in-
AE : On a aussi beaucoup parlé termédiaires inscrits à la BRVM de
de l’intégration des marchés fi- pouvoir négocier des titres sur la « De grands efforts
nanciers en Afrique, notamment Bourse de Lagos via leurs homolo- sont fournis pour l’inté-
l’Afrique de l’Ouest. Mais dans gues inscrits à la NSE. Dans la deu-
cette zone, on voit bien que le Nige- xième phase, il sera question d’éta- gration des marchés
ria se détache… blir des passeports communs aux
OO : De grands efforts sont four- intermédiaires de bourse. Dans le
financiers d’Afrique. »
nis pour l’intégration des marchés même temps, nous travaillerons
financiers d’Afrique. Un conseil à l’harmonisation des conditions de nouveaux produits : actions, re-
(West Africa Capital Market Inte- d’introduction en bourse, et nous venus fixes et dérivés. Nous avons
gretion Council – WACMIC) a espérons que les deux premières compris que le principal catalyseur
été mis en place à cet effet. Dans étapes réalisées, la troisième, qui pour parvenir à notre objectif est
le cadre de cette structure, nous est celle de l’intégration effective, d’avoir un maximum d’intro-
sommes en train de définir des sera une formalité. ductions en bourse d’entreprises
standards et des documents de solides. Et cela ne dépend pas seu-
circulation communs et de déve- AE : Un des défis justement de l’in- lement des capacités du marché
lopper des canaux de communi- tégration sera l’harmonisation des financier, mais de la capacité de
cation communs. Notre objectif, règles dans l’obligation d’informa- l’ensemble de l’écosystème écono-
c’est que toute entreprise cotée sur tion des entreprises, un domaine mique à travailler sur cette ques-
un marché ouest-africain puisse dans lequel la Bourse de Lagos a tion. Lorsque nous avons fait cette
facilement lever des capitaux dans une certaine avance sur les deux projection, nous avons pensé que
toute la région. Qu’un broker dea- autres de la sous-région. Quels cela engagerait tout le monde. Le
ler puisse être enregistré dans un défis soulève cette disparité et com- gouvernement devrait pour sa part
pays et négocier des titres sur tous ment y faites-vous face ? créer le bon environnement fiscal,
les marchés de la région. Nous OO : C’est une question per- en éliminant par exemple la TVA
pensons qu’arriver à ce niveau de- tinente, et justement l’une des sur les transactions boursières, en

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

adoptant des incitations fiscales PME il y a sept mois et nous avons tratif, ce qui n’est pas un gage de
pour les entreprises qui veulent effectué de nombreux change- sécurité pour les investisseurs. Une
s’introduire en bourse. La com- ments, comme la mise en place d’un autre chose que nous vérifions, ce
munauté des intermédiaires, pour conseil constitué d’intermédiaires sont les performances financières.
sa part, doit être forte, de manière boursiers auprès desquels les PME Dans la plupart des cas, ces PME
à développer plus de transactions qui le souhaitent peuvent se rap- n’ont pas toujours une comptabi-
sur le marché secondaire, ce qui se- procher, se faire accompagner tout lité conforme aux standards. Au-
rait un élément d’attractivité pour au long de leur présence sur la cote. jourd’hui, on compte déjà une di-
les entreprises à aller en bourse. Nous avons réduit les coûts de cota- zaine de PME, et nos objectifs sont

Les entreprises chefs de file doivent tion et avons établi des standards « Notre encore plus ambitieux. C’est un défi
objectif, c’est
renforcer leurs capacités à prépa- d’introduction plus accessibles. Au- que toute
complexe et nous y travaillons.
rer de bonnes introductions en jourd’hui, nos conseillers (près de entreprise
bourse. Notre bourse elle-même quatorze) sont sur le terrain pour cotée sur AE : Si vous pouviez lancer un ap-
un marché
doit être une organisation crédible échanger avec ces entreprises sur ouest-afri- pel général, quel serait votre mes-
avec des règles de fonctionnement les avantages d’être présent sur la cain puisse sage ?
appropriées. Nous avons commen- bourse. Cependant, pour arriver en facilement OO : Je crois que nous nous
lever des
cé à faire notre part de travail, et bourse, il faut être prêt. Ce que nous capitaux sommes réunis à Abidjan pour
nous encourageons tous les autres avons remarqué, c’est que la plupart dans toute discuter de comment l’argent, en
la région.
acteurs à assurer la leur. Dans ce de nos petites et moyennes entre- Qu’un bro-
Afrique, peut aller de ceux qui en
sens-là, nous continuer à plaider prises n’ont pas toujours le profil de ker dealer possèdent vers ceux qui en ont be-
auprès d’eux et à travailler avec structuration. Par exemple, parmi puisse être soin pour le financement des ini-
enregistré
eux afin que nous puissions tous les services qu’offre notre marché dans un tiatives publiques ou privées. Nous
ensemble bouger vers cet objectif. financier, il y celui de l’évaluation pays et voulons ainsi soutenir les efforts
structurelle. Il permet par exemple négocier des gouvernements dans l’atteinte
des titres
AE : La NSE s’est lancée dans une de définir si une entreprise qui veut sur tous les des objectifs de développement.
vaste campagne d’introduction des entrer en bourse a un responsable marchés de Le marché des capitaux a effecti-
la région. »
petites et moyennes entreprises, où financier crédible et compétent. vement montré sa capacité à jouer
en est-on avec ce projet ? Pourquoi Ce que nous avons malheureuse- pleinement ce rôle.
ressent-on comme une résistance ? ment remarqué, c’est que, souvent,
OO : Le projet avance. Nous avons le promoteur de la PME est aussi le Propos recueillis par
reconfiguré notre compartiment responsable financier et adminis- Idriss Linge à Abidjan

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -33-


DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

VISAGES DE LA DSX

Pierre Ekoule Jacqueline Adiaba :


Mouangue : banquière et gérante des
mission non cotations
accomplie…
« L’ambition de la Douala
Stock Exchange est assise
sur les performances éco-
nomiques du Cameroun.
(…) La Douala Stock
Exchange fonctionne selon
les standards internatio-
naux et envisage de constituer un relais de crois-
sance, en participant au développement du marché
financier local tout en demeurant ouverte sur le
monde. » Ainsi parlait Pierre Ekoule Mouangue,
le DG de la DSX, en 2006. Huit ans après, chacun
peut tirer sa propre conclusion : la mission est
loin d’être accomplie…
Huit ans. C’est le temps qu’a déjà passé Pierre
Ekoule Mouangue à la tête de la Douala Stock Ex-
change (DSX). Agé de 49 ans, il a pris officiellement
ses fonctions de directeur général de la DSX le 12
juillet 2005, au cours d’une cérémonie présidée à
Yaoundé par Polycarpe Abah Abah, alors ministre
de l’Economie et des Finances (Minefi). Sollicité à
plusieurs reprises dans le cadre de ce dossier pour
définir des pistes de relance, évaluer l’action de la
DSX et réagir aux récentes sanctions de la CMF,
Pierre Ekoule Mouangue a préféré le silence, refu-
sant de se prononcer sur le moindre sujet.
L’actuel DG de la DSX est un pur produit de la
banque. En effet, Pierre Ekoule Mouangue dé-
bute sa longue carrière dans les banques en 1990. A la tête de la Direction des marchés de la DSX, c’est cette ancienne de
Cette année-là, il est promu directement direc- la SGBC qui est l’animatrice en chef de la place boursière de Douala. Jac-
teur des ressources humaines de l’ex-Méridien queline Adiaba joue un rôle central à la Bourse des valeurs mobilières de
Biao Bank Cameroon. Il occupe ce poste jusqu’en Douala. C’est elle qui anime la place boursière. Toutes les opérations du
1992. En 1994, il rejoint la Standard Chartered front office sont sous sa responsabilité. Il s’agit des opérations financières et
Bank. Pendant six ans, il y officie comme secré- commerciales. De manière globale, la Direction des marchés a une gamme
taire général, assumant les fonctions de directeur variée de missions. Celles les plus en vue sont regroupées autour de quatre
des ressources humaines, directeur administra- volets : la réglementation du marché, la gestion quotidienne des séances
tif, secrétaire du conseil d’administration et des de cotation, la gestion des introductions en bourse et la diffusion de l’in-
assemblées générales des actionnaires. Né le 5 formation financière. Ces quatre missions sont remplies depuis 2006 par
juillet 1964 à Douala, le DG est titulaire d’un di- Jacqueline Adiaba. Discrète et humble, Jacqueline Adiaba parle rarement
plôme d’études supérieures spécialisées (DESS) d’elle. Elle a passé l’essentiel de sa carrière à la Société Générale de Banques
option gestion du personnel de l’Institut d’admi- au Cameroun (SGBC). C’est de cette banque qu’elle part pour rejoindre la
nistration des entreprises (IAE) obtenu à l’Uni- DSX en 2002 comme collaboratrice de l’ancien directeur des marchés, An-
versité de Bordeaux I, en France, et d’une maî- dré Ekounda Fouda. Après le départ de ce dernier en 2006, elle le remplace
trise en administration économique et sociale de à ce poste qu’elle occupe jusqu’à ce jour. Ainsi, le second grand poste de la
l’Université Paris I, Sorbonne. DSX revient également à un pur produit de la banque.
Hervé B. Endong HBE

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DOUALA STOCK EXCHANGE : LES PISTES DU DYNAMISME

VISAGES DE LA DSX

Omer Badang : poumon high tech de la DSX


Directeur des systèmes d’infor-
mation (DSI) de la DSX depuis
onze ans, c’est sur cet ingénieur de
conception des systèmes d’infor-
mation et des travaux en informa-
tique que repose la structure tech-
nique de la Bourse de Douala. « Si
le marché n’ouvre pas, c’est mon en-
tière responsabilité. » Omer Badang
est bien conscient de l’immensité de
sa tâche au sein de la DSX. « Je gère
tout ce qui est back office. Les tech-
nologies et les opérations techniques
du marché », confie-t-il, le sourire
en coin. C’est en réalité le poumon
de la Bourse des valeurs mobilières
de Douala. Le cœur même. C’est
sur lui que repose tout le système
informatique de cette bourse.
C’est pour cette raison que son
bureau est juste à côté des instal-
lations techniques de l’entreprise,
simple précaution pour éviter des
surprises désagréables.
A la tête d’une équipe pluridis-
ciplinaire constituée de quatre
personnes, cet ingénieur de 44
ans, originaire du département
du Mbam et Inoubou, région du
Centre, est en charge de toutes les
opérations du marché boursier et
de la gestion des technologies. Il
parle de ses missions avec passion.
«  Mes missions sont simples. C’est
tout ce qui est IT. Je coordonne la
rédaction du schéma directeur et
j’assure la mise en œuvre de la stra-
tégie des systèmes d’information, je
contribue à la rédaction des textes
réglementaires du marché, je ma-
nage les opérations de centralisation
du marché primaire », résume-t-il.
Après avoir exercé pendant quatre
ans dans une entreprise au Gabon,
il retourne au Cameroun en 2001
et dépose ses valises chez Orange
Cameroun, où il est recruté en
qualité de chef de service Déve-
loppement et Bases de données.
Il n’y reste que quatre mois, avant
d’être recruté à la DSX.
HBE

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -35-


GESTION PUBLIQUE
Le Cameroun se dote L’Etat camerounais
d’un budget de 3312 ouvre la compétition
milliards FCFA pour la gestion du futur
en 2014 port en eaux profondes
de Kribi

L’Assemblée nationale ca- milliards FCFA, dont 718


merounaise a adopté, au milliards de recettes pétro- Le Comité de pilotage du rents, qui devront rivaliser
petit matin du dimanche 8 lières, 1985 milliards de re- projet de construction du d’offres pour l’attribution
décembre 2013, l’enveloppe cettes fiscalo-douanières, 329 complexe industrialo-por- définitive du marché. Dans le
budgétaire 2014 de l’Etat du milliards de ressources exté- tuaire de Kribi vient de lan- même temps, il a été lancé un
Cameroun, d’un montant de rieures et 280 milliards de cer un appel international à appel à candidatures pour le
3312 milliards de francs CFA. ressources à mobiliser à tra- manifestation d’intérêt pour recrutement d’un partenaire,
Il s’agit de l’enveloppe pro- vers des émissions de titres le recrutement d’un parte- concessionnaire du service
posée quelques jours plus tôt publics. naire privé devant assurer de remorquage et de lama-
par le gouvernement came- Ce budget 2014 est en hausse la gestion du port en eaux nage (assistance à l’amarrage
rounais. Ce budget prévoit de 76 milliards de francs CFA profondes de Kribi, dont la des navires sur les quais) des
2009 milliards de francs CFA par rapport à l’année 2013, première phase des travaux navires dans la même infras-
de dépenses de fonctionne- une hausse qui n’est « qu’ap- de construction est achevée à tructure portuaire.
ment (62%), en hausse de 44 parente », selon l’expression plus de 70%, selon la dernière Construit par la China Har-
milliards FCFA, contre 1000 du gouvernement camerou- évaluation gouvernementale. bour Engineering Company
milliards de francs CFA pour nais, dans la mesure où elle Les candidats intéressés par (CHEC), et majoritairement
les dépenses d’investissement intègre simplement de nou- cette offre de prestation sont financé par Eximbank of
(30,9%), soit une augmen- velles prises en charge, telles invités à déposer leurs dos- China, le port en eaux pro-
tation de 43 milliards par que les salaires des sénateurs, siers au plus tard le 7 janvier fondes de Kribi devra ac-
rapport à l’exercice 2013. En des chefs traditionnels et 2014. Une évaluation de ces cueillir ses premiers navires
termes de recettes, sont pro- d’environ 7000 nouvelles re- offres, apprend-on, permet- au cours de la période 2014-
jetées des recettes internes crues de la fonction publique tra ensuite de retenir une 2015.
d’un montant total de 2983 camerounaise. short-list de cinq concur-

-36- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


AGRICULTURE
Le déficit de production du maïs au Cameroun
pourrait être comblé dès 2014
35 champs semenciers éparpillés sur le déficit de production de maïs. En effet,
territoire camerounais, selon des sources officiellement, la production nationale
autorisées au Ministère de l’agriculture, de maïs au Cameroun se situe autour
vont produire au cours de la prochaine de 1,8 million de tonnes, pour une
récolte en janvier 2014 environ 900 demande nationale estimée à environ
tonnes de semences améliorées de maïs, 2 millions de tonnes, soit un déficit de
d’une capacité de production de 20 kg production de 200 000 tonnes. Ce déficit
à l’hectare. Selon nos sources, si toutes est généralement imputé aux semences
ces semences produites dans les champs traditionnelles, toujours prisées par les
semenciers publics et privés sont mises producteurs, au détriment des semences
à la disposition des agriculteurs et sont améliorées offrant des rendements plus
effectivement utilisées, le pays devrait intéressants.
pouvoir combler dès l’année 2014 son

Près de 100 hectares 78 tonnes de semences


de sorgo et de mil de riz pluvial pour
dévastés par des stimuler la production
éléphants dans camerounaise
l’Extrême-Nord Selon des sources internes
au Projet de développement
de la riziculture pluviale de
ser sur la terre ferme, et non
plus exclusivement dans les
zones irriguées. En plus, sou-
Le quotidien gouvernemen- plateau en zone de forêt à lignent les experts du Prode-
tal Cameroon Tribune a ré- pluviométrie bimodale au rip, la culture du riz pluvial,
vélé qu’un troupeau de plus Cameroun (Proderip), 78 dont la production natio-
de 100 éléphants a dévasté tonnes de semences de riz nale actuelle se situe autour
des plantations de sorgho et pluvial ont été produites et de 48 000 tonnes, est moins
de mil de contre-saison sur des départements du Mayo sont disponibles pour les onéreuse.
environ 100 hectares dans la Danay et du Logone et Chari, 6000 producteurs déjà for- Implémenté dans les bas-
localité de Dabanga, dépar- faisant ainsi planer le spectre més à cette nouvelle manière sins de production de riz
tement du Logone et Chari, de la famine dans cette par- de cultiver le riz dans le pays. du Cameroun que sont les
puis dans le département tie du Cameroun. Selon nos Doté d’un budget de 1,5 mil- régions de l’Extrême-Nord,
du Mayo Danay à Yagoua, sources, les populations des liard de francs CFA, ce projet, de l’Ouest et du Nord-Ouest,
tous situés dans la région localités environnantes, par qui bénéficie de l’appui tech- le Proderip ambitionne de
de l’Extrême-Nord du Ca- crainte que leurs champs nique de l’Agence japonaise porter la production rizi-
meroun. Les pachydermes, soient également attaqués de développement (JICA), cole camerounaise à environ
apprend-on, sont tous par- par ces animaux, ont entamé ambitionne de former, en 700 000 tonnes à l’horizon
tis du parc de Waza pour les récoltes avant les délais cinq ans, 9000 producteurs 2020, contre 100 000 tonnes
cette expédition dans les prescrits par le calendrier à la culture du riz pluvial. Ce actuellement.
plantations des cultivateurs agricole. riz a la particularité de pous-

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -37-


Un projet du gouvernement va approvisionner
Guinness Cameroon en maïs, sorgho et manioc
Le ministre camerounais de l’Agriculture,
Essimi Menyé, et Baker Magunda, le Di-
recteur général de Guinness Cameroon,
la filiale locale du groupe Diageo, ont
paraphé le 17 décembre 2013 à Yaoundé,
une convention de livraison à l’entreprise
brassicole, de matières premières telles
que le maïs, le sorgho et le manioc.
Cette livraison sera assurée grâce au
Projet d’investissement et de dévelop-
pement agricole (PIDMA), mis en place
par le gouvernement camerounais, et
financé à hauteur de 50 milliards de
francs CFA grâce à un concours finan-
cier de la banque mondiale.
Concrètement, les bénéficiaires de ce
projet gouvernemental auront la pos-
sibilité de négocier préalablement des
contrats de livraison avec Guinness
Cameroon (qui importe 80% de ses
matières premières et souhaite réduire
ces importations de 50% d’ici 2015) ou
bien d’autres potentiels acheteurs, avant
de se lancer dans la production. Ce qui
garantit non seulement l’écoulement
de la production, mais aussi un certain
niveau de revenus.
Prévu pour démarrer en juin 2014,
le PIDMA ambitionne de satisfaire la
demande annuelle des entreprises agro-
industrielles en maïs (200 000 tonnes),
sorgho (30 000 tonnes) et manioc (1,4
million de tonnes).

Vers une extension des palmeraies de PAMOL


dans la presqu’île de Bakassi
Dans un communiqué auquel l’agence A cette occasion, la plaque commémo- la région du Sud-Ouest. En plus de la
Ecofin a eu accès, au cours d’une céré- rative du projet a même été dévoilée, presqu’île de Bakassi, territoire dont la
monie organisée le 10 décembre 2013 en présence du 1er adjoint au préfet du paternité a finalement été reconnue au
dans la localité de Mosongiseli, dans département du Ndian, Fabrice Yves Cameroun par la Cour internationale
le département du Ndian, le directeur Bissa, et des autorités traditionnelles de de justice de La Haye, après plus d’une
général par intérim de PAMOL, Charles la localité de Mosongiseli. Le projet, qui décennie de conflit avec le Nigeria, PA-
Mekanya Okon, a annoncé que le gou- va débuter par la préparation du site, in- MOL ambitionne également d’étendre
vernement camerounais «a donné son tègre également la construction de 100 ses plantations à Ekondo Nene. Egale-
autorisation officielle» au projet d’ex- logements pour les employés qui seront ment dans le plan de développement
tension des palmeraies de cette entre- recrutés surplace par PAMOL. de cette entreprise, se trouve un projet
prise agro-industrielle dans la presqu’île PAMOL dispose des plantations dans de construction d’une savonnerie, un
de Bakassi. les localités de Lobe et Ekondo Titi dans investissement de 500 millions de FCFA. 

-38- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


La production du café au Cacao : les
Cameroun chute de plus de producteurs
40% en 2012-2013 camerounais
Selon des sources autorisées, aussi
bien au Ministère du commerce qu’au
Conseil interprofessionnel du cacao et
ont gagné 250
du café (CICC), la production du café
au cours de la campagne 2012-2013 a
milliards FCFA
en 2012-2013
atteint à peine 25 000 tonnes, arabica et
robusta confondus. Pourtant, cette pro-
duction a culminé à 45 000 tonnes au
cours de la campagne 2011-2012, ce qui
laisse ressortir cette année une baisse de position des appuis aux producteurs
la production de près de 20 000 tonnes, de café, produit qui a la particularité
soit plus de 40%. Cette baisse drastique de consommer beaucoup d’engrais, est
de la production du café, explique une très peu coordonnée. « Vous avez des
source au CICC, est la conséquence des appuis sous forme d’engrais, d’autres sous
aléas climatiques et du désintérêt des la forme de semences, de matériel agri-
producteurs, découragés par des prix de cole, de pesticides, etc. Mais personne ne
vente moins alléchants que ceux du ca- s’assure que celui qui a reçu les engrais
cao, par exemple. Par ailleurs, explique est le même qui a reçu les plants, que les
un expert de la filière, les grandes coo- pesticides ont également été mis à sa dis-
pératives de producteurs fonctionnent position et vice-versa. C’est la raison pour
«  comme de véritables entreprises », et laquelle nous devons nous acheminer vers
captent d’importants financements qui des appuis sous la forme de packages.
seraient « engloutis dans le fonctionne- C’est ce qui se passe partout ailleurs »,
ment quotidien, au détriment de l’inves- explique une source autorisée.
tissement en faveur des producteurs ». BRM
Par ailleurs, apprend-on, la mise à dis-

Le CICC lance un fonds


de garantie de 1 milliard FCFA
Les 500 000 producteurs de cacao recen-
sés dans les zones rurales camerounaises,
ainsi que les 10 000 familles vivant de

pour les producteurs de l’activité de transformation du cacao en


zones urbaines, ont engrangé environ
250 milliards de francs CFA au cours
café-cacao de la dernière campagne cacaoyère, sur
les 4500 milliards FCFA générés par
Selon Omer Gatien Maledy, le secrétaire ducteurs de cacao et de café, générale- la vente des fèves au plan internatio-
exécutif du Conseil interprofessionnel ment en proie à d’énormes difficultés de nal. Ces statistiques ont été révélées le
du cacao et du café (CICC) du Came- financement. Selon M. Maledy, le fonds 28 novembre 2013 à Monatélé, dans la
roun, son institution vient de mettre en va désormais garantir à 50% les crédits région du Centre du Cameroun, par le
place un fonds de garantie doté d’une octroyés aux producteurs de cacao et de ministre du Commerce, Luc Magloire
enveloppe initiale de 100 millions de café par les banques et les institutions Mbarga Atangana, à l’ouverture de la
francs CFA, qui sera doté de 100 mil- de microfinance, qui vont partager le 2ème édition du Festival international
lions supplémentaires chaque année risque à hauteur de 20% seulement, du cacao (Festicacao), organisé depuis
jusqu’à ce qu’il soit garni à hauteur contre 30% pour le producteur lui- l’année dernière par le Conseil interpro-
d’un milliard de francs CFA. L’objectif même. fessionnel du cacao et du café (CICC) et
est de faciliter l’accès au crédit aux pro- le gouvernement camerounais.

-40- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


ELEVAGE
Les aviculteurs ont mis 4 millions de poulets sur
le marché pour les fêtes de fin d’année
Selon des sources internes à l’Interpro-
fession avicole du Cameroun (IPAVIC),
environ 4 millions de poulets de chairs
ont été mis sur le marché afin de per-
mettre aux populations d’accéder à cette
viande très prisée par les Camerounais
pendant les fêtes de fin d’année. Ces
poulets, comme c’est le cas depuis au
moins trois ans, ont été vendus dans
des marchés spécialisés créés ponctuel-
lement dans les grandes métropoles
par l’IPAVIC, avec la collaboration du
gouvernement camerounais. Le prix du FCFA habituels à 450 FCFA cette année. dépit des opérations coup de poing des
poulet de 2 kg, une fois de plus, a été La filière avicole camerounaise, mal- contrôleurs du Ministère du commerce,
fixé à 2500 FCFA, malgré la hausse du gré l’interdiction formelle d’importer la filière a subi un manque à gagner
prix du maïs qui a impacté celui de la le poulet congelé, a à nouveau souffert officiel d’un peu plus d’un milliard de
provende et, partant, celui des poussins cette année de l’entrée frauduleuse des francs CFA pour le seul mois d’août
d’un jour, dont le coût est passé des 350 poulets importés sur le marché local. En 2013.

4,9 milliards FCFA pour produire plus de 26 000


porcs par an dans la localité d’Abang
Le programme Agropoles, mis en place
par le gouvernement camerounais afin
de réduire les déficits de production dans
de nombreuses filières et de favoriser la
création d’emplois dans les zones ru-
rales du pays, a procédé le 15 novembre
2013, à Abang, dans la région du Centre,
au lancement de « l’Agropole porcs » de
cette localité. Cet investissement, d’un
montant total de 4,9 milliards de francs
CFA, apprend-on, va permettre de por-
ter la production actuelle de 5000 porcs
par an dans cette localité à un peu plus
de 26 000 porcs, soit plus de 2000 porcs
chaque mois. Concrètement, pour la
mise en place de ce projet de production « L’Agropole porcs » d’Abang est le de l’Ouest. Par ailleurs, grâce à ce même
de porcs à grande échelle, le gouverne- 3ème du même type à être lancé sur le programme, des Agropoles de produc-
ment camerounais a investi 1,5 milliard territoire camerounais afin de booster la tion de poulets, de poissons, d’œufs,
de francs CFA, tandis que les éleveurs production de la viande de porc dans le d’ananas, de maïs, de soja, etc. abondent
d’Abang ont eux-mêmes mobilisés près pays, après ceux de Kribi dans la région désormais sur le territoire camerounais.
de 3,5 milliards FCFA. du Sud et de Bafoussam dans la région

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -41-


FINANCE
La banque camerounaise des PME annoncée
« dans les prochaines semaines »
Le ministre camerounais en charge des République a ordonné l’inscription au
PME, Laurent Serge Etoundi Ngoa, budget 2014 d’une somme de 2 milliards
a annoncé le 30 novembre 2013 à de francs CFA pour l’attribution d’un
Douala, à l’ouverture du forum PME siège et l’installation tant matérielle
Exchange, que la banque des PME sera que managériale de diverses structures
opérationnelle dès le début de l’année de la banque ». Le ministre a rappelé
2014. « Je voudrais enfin, avec soulage- que la création de la banque des PME
ment, dire que la banque des PME sera vient après la création de l’agence de
opérationnelle dès le début de l’année. promotion des PME. Une agence qui
La BEAC (Banque des Etats de l’Afrique sera, d’après lui, le bras séculier de la
centrale), à travers la COBAC, a exami- banque des PME et des banques com-
né tous les dossiers techniques, l’accord merciales, parce qu’elle doit partici-
d’agrément a été octroyé, le premier per à la création des entreprises, mais
conseil d’administration, qui devrait également « assurer le renforcement des
aboutir à l’officialisation de la nomina- capacités des structures et des acteurs,
tion des dirigeants par le président de pour que les projets présentés au finan-
la République, s’est déjà tenu et a fait cement soient à 75% bancables ». En
ses propositions. Et il y a exactement effet, a indiqué le Ministre Etoundi
six jours, nous avons reçu l’accord de Ngoa, « c’est bien de donner du crédit
l’attribution d’un siège que le ministre aux entreprises, mais c’est encore mieux
est allé visiter. Ce n’est donc plus qu’une de savoir que les crédits octroyés connaî-
question de semaines », a lancé le mi- tront un remboursement fluide ».
nistre aux promoteurs des PME.
Laurent Serge Etoundi Ngoa a par ail- B-O. D.
leurs annoncé que « le président de la

La BICEC et Allianz Cameroun s’associent pour


la promotion du crédit-bail
La Banque Internationale pour le depuis 2009 et qui permet de financer plus performantes du pays, aussi bien
Commerce, l’épargne et le Crédit l’achat de biens d’équipements. En selon l’analyse du marché bancaire
(BICEC) et la compagnie d’assurances plus d’instituer une prime d’assurance faite par la BEAC que selon le dernier
Allianz Cameroun ont signé un accord à un coût préférentiel, cette conven- classement des 200 meilleures banques
de partenariat pour la promotion du tion Allianz Cameroun-BICEC, ap- d’Afrique effectué par Africa Report.
crédit-bail au Cameroun, à travers prend-on, offre aussi l’opportunité Allianz Cameroun, quant à elle, est la
un produit dénommé « Assurance aux clients de payer mensuellement première compagnie d’assurances du
bail BICEC ». Selon les informations aux guichets de la BICEC ladite prime pays, selon le dernier classement des
de l’agence Ecofin, cette convention d’assurance, qui est généralement ver- 100 plus grandes compagnies d’assu-
signée le 1er novembre 2013 impose sée en une seule traite. rances d’Afrique récemment publié
à Allianz Cameroun d’assurer tous les La BICEC est, avec la SG Cameroun et par le magazine panafricain Jeune
biens financés par « Bail BICEC », un la Camerounaise Afriland First Bank, Afrique.
produit commercialisé par la banque dans le trio de tête des banques les

-42- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


ENERGIE
Actis sécurise les GSC Energy veut
fonds en vue de développer une
l’acquisition des parts centrale solaire de
d’AES au Cameroun 500 MW au Cameroun

Actis a annoncé le 9 dé- ses activités au Cameroun


cembre 2013 avoir clôturé au fonds d’investissement
son troisième fonds des- britannique Actis pour la
tiné aux investissements somme de 220 millions $
dans le secteur de l’énergie, (environ 110 milliards
Actis Energy 3, après avoir FCFA). L’accord englobe la
levé la somme de 1,15 mil- participation majoritaire
liard $ (plus de 500 milliards (57%) au sein d’AES-SO- Basile Atangana Kouna, le Operate-Transfert). Selon
FCFA), excédant de 50% le NEL, des filiales Kribi Power ministre camerounais de Steven Moti, cette centrale
montant ambitionné de 750 Development Corporation l’Energie, et Steven Moti, le pourrait être opérationnelle
millions $. Une partie de ce (KPDC) et Dibamba Power directeur de la société sud- dans un délai de 24 mois
fonds devrait servir à finan- Development Corporation africaine GSC Energy, ont après le lancement des tra-
cer l’acquisition récemment (DPDC). Au mois de mars paraphé le 19 novembre 2013 vaux.
annoncée des parts d’AES 2013, une information don- à Yaoundé un mémorandum Un projet similaire est déjà
Corporation au sein d’AES- née par l’AFP estimait à 9000 d’entente pour le lancement en discussion au Cameroun
SONEL, faisant de la firme MW la capacité d’électricité des études de faisabilité en avec des partenaires fran-
britannique d’investissement installée contrôlée par Actis, vue de la construction d’une çais, avait révélé le ministre
l’actionnaire majoritaire de pour un total de près de centrale solaire d’une capa- de l’Energie lors de la céré-
la première société d’électri- 2 millions de clients directs. cité de 500 MW dans les ré- monie d’électrification au
cité du Cameroun. Une acquisition des parts gions du Nord, de l’Extrême- solaire de la route Yaoun-
Le 7 novembre 2013, la firme camerounaises devrait lui Nord et de l’Adamaoua. Ce dé-Soa, ainsi que l’installa-
américaine AES Corpora- permettre d’accroître cette projet, qui pourrait générer tion de lampes solaires sur
tion, cotée sur la New York capacité de 1000 mégawatts environ 4000 emplois, selon le campus de l’Université de
Stock Exchange, a annoncé supplémentaires. ses promoteurs, sera réalisé Yaoundé II-Soa. C’était le 26
avoir cédé la totalité de sur le modèle BOT (Build- septembre 2013.

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -43-


Le Cameroun à la recherche de 23 milliards
FCFA pour financer le barrage de Memvé’élé
Selon la note d’information de l’em- décembre 2013, le gouvernement came- par l’entreprise chinoise Sinohydro
prunt obligataire de 50 milliards de rounais entend investir 23 milliards de pour un montant total de 420 milliards
francs CFA que l’Etat du Cameroun a francs CFA dans ce projet. FCFA, cette infrastructure énergétique
lancé le 9 décembre 2013, la construc- D’une capacité de production de 201 est financée à hauteur de 243 milliards
tion du barrage de Memvé’élé, dans la MW, le barrage de Memvé’élé, dont les par Eximbank of China, 65 milliards par
région du Sud, figure sur la liste des pro- travaux de construction ont été lan- l’Etat du Cameroun et 112 milliards par
jets à financer. En effet, apprend-on, à cés le 15 juin 2012 par le chef de l’Etat la Banque africaine de développement
travers cet appel public à l’épargne dont camerounais Paul Biya, est prévu pour (BAD). Les travaux vont durer 54 mois.
les souscriptions se sont achevées le 23 être mis en service en 2016. Construite

La société Tradex subit de plein fouet la crise


centrafricaine

Tradex, l’entreprise camerounaise qui annonçait la reprise de ses activités de- sources, sont pratiquement à l’arrêt.
distribue les produits pétroliers en puis le mois d’août, ainsi que la remise La crise en RCA a déjà d’importantes
République Centrafricaine à travers en état progressive des stations-service répercussions sur l’économie camerou-
un réseau de vingt stations-service, est vandalisées lors du coup d’Etat de mars naise, puisqu’elle continue de paralyser
certainement l’entité camerounaise qui 2013 contre le régime du président l’activité des transporteurs qui ache-
subit le plus important contrecoup de la François Bozizé. minent vers Bangui, la capitale centra-
crise dans ce pays, qui fait peser de gros Avec l’insécurité qui est montée d’un fricaine, les marchandises qui transitent
risques d’instabilité sur l’ensemble de cran à Bangui et dans d’autres villes par le Cameroun, et dont la valeur est
la sous-région Cemac. En octobre der- centrafricaines ces derniers jours, les ac- estimée à plus de 55 milliards de francs
nier, cette entreprise, filiale de la Société tivités de Tradex en République Centra- CFA chaque année, selon la Douane
Nationale des Hydrocarbures (SNH), fricaine (RCA), apprend-on de bonnes camerounaise.

-44- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


TELECOMS
MTN Cameroun Au Cameroun, les
rétrocède à abonnés MTN peuvent
l’Etat la station régler leurs achats par
d’atterrissement du téléphone dans les
câble WACS de Limbé supermarchés

La société de téléphonie mo- par téléphone », explique


bile MTN a lancé une nou- Joël Awono Ndjodo, le res-
L’Etat du Cameroun a ra- ternautes ne devraient plus velle offre de paiement par ponsable en chef du service
cheté à l’opérateur de télé- se plaindre de la mauvaise mobile. Dénommée Retail Mobile Money chez MTN.
phonie mobile MTN ses connexion Internet, encore Payment, cette dernière a été Encore en phase expérimen-
droits de propriété sur la moins de son coût élevé. Ce présentée à la fin du mois tale, la nouvelle offre sera
station d’atterrissement du nouveau câble viendra allé- de novembre dernier. Elle testée dans les supermarchés
câble sous-marin de fibre ger les communications en donne aux clients MTN titu- Tsékenis.
optique WACS, construite partance du Cameroun, et laires d’un compte Mobile Pour le moment, seules les
par l’opérateur à Limbé, qui transitaient uniquement Money la possibilité de régler villes de Yaoundé et Douala
dans la région du Sud- par le câble sous-marin par téléphone mobile les fac- sont concernées par le Retail
Ouest. Les deux parties ont SAT-3, déjà saturé. tures des achats et services Payment. MTN a avoué éga-
signé un mémorandum D’après le Minpostel, le câble effectués dans les supermar- lement son intention de tou-
d’entente dans ce sens le 27 WACS ne profitera pas seu- chés partenaires. cher d’autres espaces com-
novembre 2013. Pour Jean- lement au Cameroun, mais «  Avec cette offre, il sera pos- merciaux, comme les hôtels,
Pierre Biyiti Bi Essam, le aussi aux pays de la sous-ré- sible désormais d’aller dans les pharmacies, les librairies,
ministre des Postes et des gion qui n’ont pas accès à la un magasin partenaire faire les agences de voyages, et
Télécommunications (Min- mer, et dont les communi- ses emplettes et de les régler même les boutiques de quar-
postel), grâce à cette nou- cations à l’international sont à la caisse, non pas en espèces tier.
velle infrastructure, les in- quelque peu entravées. ou par carte bancaire, mais

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -45-


Viettel reporte de Activa lance le
quelques mois le paiement des primes
lancement de ses d’assurance via le
activités au Cameroun téléphone mobile

Le démarrage effectif des ac- tion des terrains pour l’ins-


tivités du nouvel opérateur tallation des pylônes et des
de téléphonie mobile Viet- antennes, les négociations
tel sera décalé de quelques des contrats de bail dans les
mois. Attendu en janvier régions, etc., en seraient la
2014, c’est probablement cause. Richard Lowé, le directeur ment à promouvoir le mobile
vers mars de l’année pro- Pour frapper un grand coup général d’Activa Assurance, banking au Cameroun, mais
chaine que les Camerounais dans un marché des télé- et Jean Bardet, qui a quitté aussi à accroître le taux de
pourront jouir du réseau 3G coms dominé par MTN et le poste de DG d’Orange pénétration de l’assurance
de la société vietnamienne. Orange, Viettel veut mettre Cameroun le 2 décembre dans le pays.
Selon des sources internes, toutes les chances de son 2013, ont signé à Douala un A travers Orange Money
Viettel a besoin de plus de côté. La société a consenti partenariat pour le paiement d’Orange Cameroun et Mo-
temps que les douze mois 200 milliards FCFA d’inves- des primes d’assurance au bile Money de MTN Came-
qu’il avait prévu lors de la tissements afin de couvrir moyen du téléphone por- roun, il est déjà possible de
signature de la convention dès le lancement de ses acti- table, grâce à Orange Money. payer des factures d’électri-
de concession avec le gou- vités 81% de la population Pour ce faire, a-t-on appris, cité, d’acheter du crédit de
vernement en décembre camerounaise en services de il suffira pour l’assuré d’Ac- communication et d’Inter-
2012. L’entreprise, apprend- types 2G et 3G, et veut aug- tiva de disposer d’un compte net, de payer les droits uni-
on, n’a pas fini de déployer menter cette couverture à Orange Money approvision- versitaires, les factures de
ses infrastructures à travers 95% dès la troisième année. né d’au moins le montant de l’opérateur de câblodistribu-
les dix régions du pays et Les numéros à huit chiffres la prime d’assurance à payer. tion Canalsat et, désormais,
de les mettre en réseau. Les de l’opérateur commence- Ce partenariat, ont indiqué les primes d’assurance par
contraintes liées à la loca- ront par le préfixe « 6 ». les deux DG, vise non seule- téléphone mobile.

-46- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


MINES
Le Cameroun va Jindal rachète les parts
augmenter sa de Legend Mining dans
production pétrolière l’exploration du fer à
avec l’entrée en Ngovayang
activité du champ
de Mvia

La compagnie Legend Mining Ltd, listée sur ASX, va se libérer


de ses 90% dans la société Camina SA, créée dans le cadre du
projet d’exploration minière de Ngovayang, au Cameroun, au
Le 30 novembre 2013 devant la Commission des finances de profit d’une filiale de Jindal Steel and Power Ltd. Le 20 no-
l’Assemblée nationale, le ministre camerounais des Finances, vembre 2013, Legend Mining a annoncé avoir signé un accord
Alamine Ousmane Mey, a révélé que le pays table en 2014 dans ce sens avec le géant minier indien pour céder ses parts
sur une production pétrolière d’un peu plus de 30 millions dans ce projet de trois licences d’exploration à grande échelle
de barils, pour des recettes devant atteindre 718 milliards de du minerai de fer sur 2469 km2 dans la région du Sud-Came-
francs CFA. Cette production devrait donc être en hausse (au roun. « Le défaut de minerai à enfournement direct dans le pro-
31 octobre 2013, la production se situait officiellement à 19,7 jet et les conditions du marché financier mondial ont porté le
millions de barils), grâce à l’entrée en production du champ développement du projet à un niveau qui dépasse une compagnie
pétrolier de Mvia, situé en onshore dans le bassin Douala-Kri- d’exploration de la carrure de Legend », a expliqué Mark Wil-
bi-Campo, et dont le démarrage des activités, révèle la Société son, directeur général de Legend Mining.
Nationale des Hydrocarbures (SNH), est effectif depuis le Selon l’accord, 12 millions de dollars australiens cash seront
mois de novembre 2013. versés à Legend dès la fin de la transaction, et les 5,5 millions
Pour rappel, entre 2009 et 2011 la production pétrolière du restants dans les dix jours suivant la signature de la convention
Cameroun est passée de 26,8 millions à 21,4 millions de barils, minière entre l’Indien Jindal Steel Power Ltd et l’Etat du Ca-
soit une baisse de 5,4 millions de barils en deux ans. Depuis meroun. Le groupe indien Jindal Steel Power Ltd fait ainsi son
2012, la SNH annonce une remontée de la production natio- entrée dans le secteur minier camerounais, après une tentative
nale, qui était projetée à 24,4 millions de barils en 2012. Au manquée de rachat des parts de la Britannique Affero Mining,
finish, seulement 22,5 millions de barils avaient été effective- maison mère de Caminex, dans le projet de développement du
ment produits, selon les chiffres de la SNH, soit 2 millions de gisement de fer de Nkout, dans la région du Sud, qui sont fina-
barils en moins que les prévisions de départ. lement passées aux mains de l’entreprise britannique IMIC.

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -47-


Un an après son admission au Processus
de Kimberly, le Cameroun a vendu 2414 carats
de diamant
D’après les statistiques que vient de
révéler le Ministère de l’industrie, des
mines et du développement technolo-
gique du Cameroun, depuis son admis-
sion au Processus de Kimberly le 14 août
2012, le pays a exporté un peu plus de
2414 carats de diamant. Ces exporta-
tions de diamant, qui sont assurées par
l’entreprise coréenne C&K Mining, dé-
tentrice du permis d’exploitation sur le
gisement de Mobilong, qui est présenté
comme l’un des plus importants dans
le monde, ont rapporté un peu plus de
282 millions de francs CFA, dont 12,5%
revenant à l’Etat.
Selon les résultats d’un recensement
effectué en juillet 2013 dans la région
de l’Est par le secrétariat national per-
manent du Processus de Kimberly, l’on
dénombre sept zones de production
artisanale de diamant dans lesquelles
se meuvent environ 238 artisans. La Cameroun, révèle le secrétariat national est actuellement estimée à environ 5000
production artisanale de diamant au permanent du Processus de Kimberly, carats par an.

200 kg d’or ont été produits dans la région de


l’Est du Cameroun en octobre 2013
Selon un rapport de la Brigade de
contrôle sur la transparence et la tra-
çabilité dans les activités aurifères du
Ministère camerounais des mines et de
l’industrie, la production de l’or dans
la région de l’Est a culminé à 200 kg au
mois d’octobre 2013. Cette production,
d’une valeur numéraire d’environ 420
millions de francs CFA, apprend-on,
est en hausse de près de 20 kg, com-
parativement aux statistiques publiées
par la même brigade au mois de juillet
2013. Pour mémoire, les brigades de
contrôle susmentionnées ont été mises
en place pour réduire le trafic de l’or
dans les champs miniers de la région
de l’Est, où 90% de la production est
officiellement écoulée dans les circuits
informels.

-48- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


INDUSTRIE
Le Cameroun parmi Le Cameroun
les plus petits recherche un
consommateurs de partenaire privé pour
cacao dans le monde relancer le Complexe
laitier de Ngaoundéré

Le gouvernement camerounais vient de lancer un appel à


manifestation d’intérêt pour le recrutement d’un partenaire
privé, en vue de relancer les activités du Complexe laitier de
Selon l’ICCO, les plus gros pourvoyeurs de recettes aux cho- Ngaoundéré, la capitale régionale de l’Adamaoua, dans la
colatiers sont les Suisses et les Belges, plus grands consomma- partie septentrionale du Cameroun. Les candidats intéressés
teurs de chocolat dans le monde, avec des ratios qui atteignent par la reprise de ce complexe agro-pastoral, dont les activités
respectivement 6 et 5,7 kg par habitant et par an. Viennent en- principales étaient la production fourragère, la production et
suite les Allemands (4,03 kg), les Français (3,43 kg) et les Amé- la transformation laitières, ainsi que l’appui aux éleveurs, sont
ricains (2,45 kg). En Afrique, continent qui produit pourtant priés de déposer leurs dossiers de soumission au plus tard le 20
71% du cacao vendu dans le monde, les quatre plus grands janvier 2014 dans les locaux du Comité technique de privati-
producteurs arrivent à la remorque de ce hit-parade des sation et des liquidations des entreprises publiques et parapu-
consommateurs de chocolat. Il en est ainsi de la Côte d’Ivoire, bliques (CTPL) à Yaoundé.
premier pays producteur de cacao, où l’on ne consomme que D’une capacité de traitement de 10 000 litres de lait par jour,
48 grammes de chocolat par habitant et par an, contre 55 l’usine du Complexe laitier de Ngaoundéré est à l’arrêt depuis
grammes au Ghana, 12 grammes au Nigeria et 20 grammes l’an 2000, après avoir été exploitée pendant quatre ans par la
au Cameroun. société privée Sogelait, à laquelle l’Etat du Cameroun louait les
Des pays émergents tels que la Chine et l’Inde, avec un ratio infrastructures depuis 1996, date de son désengagement de ce
de consommation de 40 grammes par habitant et par an, se- projet lancé en 1993. La relance des activités du Complexe laitier
lon l’ICCO, ne sont pas mieux lotis que l’Afrique en matière de Ngaoundéré, apprend-on, est en droite ligne de la recherche
de consommation de chocolat, mais peuvent être les déclen- de l’autosuffisance alimentaire au Cameroun. En effet, selon
cheurs d’une augmentation fulgurante de la consommation de les statistiques de la Coalition zéro produit importé (CZPI),
chocolat dans le monde au cours des prochaines années : « Si un regroupement d’ONG locales, la production nationale de
les Chinois et les Indiens consommaient environ 60 grammes, je lait culmine actuellement à 125 000 tonnes pour une demande
peux vous assurer qu’il n’y aura plus assez de cacao pour tout le estimée à 200 000 tonnes par an. Le déficit de production est
monde, et le chocolat deviendra un produit de luxe », déclare comblé par des importations, qui engloutissent annuellement
Jean-Marc Anga, le directeur exécutif de l’ICCO, en invitant environ 20 milliards de francs CFA, selon le ministre camerou-
les jeunes à s’intéresser à la culture du cacao, dont les « perspec- nais des Pêches et des Industries animales, Dr Taïga.
tives sur le marché international sont excellentes ». BRM

Décembre 2013-Janvier 2014 / N° 21-22 -49-


leader du mois

Elisabeth Medou Badang


prend les commandes
d’Orange Cameroun
La Camerounaise Elisabeth Medou mieux positionner Orange Came-
Badang a été nommée au poste de roun sur un marché de la télépho-
directeur général d’Orange Came- nie mobile qui va non seulement
roun, en remplacement du Fran- accueillir en 2014 un troisième
çais Jean Bardet. Titulaire d’une opérateur (Viettel), unique déten-
maîtrise en finance et comptabilité, teur de la licence 3G jusqu’ici, mais
elle a officiellement pris ses fonc-
tions à la tête d’Orange Cameroun
le 2 décembre 2013. Avant cette A cette occa-
nomination, Elisabeth Medou était sion, la Came-
Chief Executive Officer (CEO) à
Orange Botswana, poste qu’elle rounaise a
avait rejoint en 2010 alors qu’elle
occupait déjà les fonctions de di- été présentée
recteur général adjoint à Orange comme « une
Cameroun.
Sous son impulsion, peut-on lire figure de proue
sur le site Internet de l’ambassade
de France à Gaborone, Orange
des télécom-
Botswana « a engrangé trois points munications
de rentabilité en deux ans et mul-
tiplié les lancements de services en Afrique »,
innovants, tout en contribuant au
développement du pays, notam-
dont « les com-
ment au travers de partenariats pétences et la
avec l’Université du Botswana, du
soutien à des organisations commu- vision mana-
nautaires de lutte contre le SIDA, gériale » sont
ou du développement de l’accès aux
télécommunications pour le plus éprouvées au
grand nombre ». Ancienne cadre
chez Proparco, institution finan- français, François Hollande, cette sein du groupe
cière filiale de l’Agence française Camerounaise a reçu sa décoration Orange.
de développement (AFD), Elisa- des mains d’Anne de la Blache,
beth Medou est arrivée à Orange ambassadeur de France au Bots-
Cameroun, à l’époque connue wana, le 20 septembre 2013. aussi qui est actuellement dominé
sous le nom de Mobilis, en 1999. A cette occasion, la Camerounaise par MTN Cameroun, avec plus
Elle occupait alors le poste de di- a été présentée comme « une figure de 8 millions d’abonnés sur les
recteur administratif et financier. de proue des télécommunications en 13 millions recensés par l’ART en
Elisabeth Medou est chevalier de Afrique », dont « les compétences et mars 2013.
l’Ordre national du Mérite fran- la vision managériale » sont éprou-
çais. Suite à un décret signé le 1er vées au sein du groupe Orange. Il Brice R. Mbodiam
juillet 2013 par le chef de l’Etat lui incombe désormais la tâche de

-50- N° 21-22 / Décembre 2013-Janvier 2014


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