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Mardi 07 avril 2020

Etude de texte Roman « Le dernier jour d’un condamné »


(Lecture méthodique) de Victor Hugo
Extrait 6 : Chapitre XLIX
« Texte de clôture : épilogue (excipit) »

Extrait 5 :

XLIX

Un juge, un commissaire, un magistrat, je ne sais de quelle espèce, vient de venir. Je lui ai


demandé ma grâce en joignant les deux mains et en me traînant sur les deux genoux. Il m'a
répondu, en souriant fatalement, si c'est là tout ce que j'avais à lui dire.
- Ma grâce ! Ma grâce ! Ai-je répété, ou, par pitié, cinq minutes encore !
Qui sait ? Elle viendra peut-être ! Cela est si horrible à mon âge, de mourir ainsi ! Des grâces
qui arrivent au dernier moment, on l'a vu souvent. Et à qui fera-t-on grâce, monsieur si ce n'est à
moi ?
Cet exécrable bourreau ! Il s'est approché du juge pour lui dire que l'exécution devait être
faite à une certaine heure, que cette heure approchait, qu'il était responsable, que d'ailleurs il
pleut, et que cela risque de se rouiller.
- Eh, par pitié ! Une minute pour attendre ma grâce ! Ou je me défends ! Je mords !
Le juge et le bourreau sont sortis. Je suis seul.
-Seul avec deux gendarmes.
Oh ! L’horrible peuple avec ses cris d'hyène. Qui sait si je ne lui échapperai pas ? Si je ne serai
pas sauvé ? Si ma grâce ?... Il est impossible qu'on ne me fasse pas grâce !
Ah ! Les misérables ! Il me semble qu'on monte l'escalier…

QUATRE HEURES

I- Identification du texte :

 De quelle œuvre est tiré ce passage ?


→Ce passage est tiré de l’œuvre « Le dernier jour d’un condamné »

 Qui en est l’auteur ?


→Son auteur est Victor Hugo.

 En quelle année est-elle publiée ?


→Elle est publiée en 1829.

 De genre s’agit-il ?
→Il s’agit d’un roman à thèse.
 A quel type de texte peut-on rattacher ce chapitre ? Justifiez.
→Le chapitre est à dominante narrative : les temps verbaux (passé composé, imparfait,
…), le discours du condamné qu’on peut considérer comme monologue (rendre les faits
plus vivants…)

 De quelle focalisation s’agit-il ? Justifiez.


→Le narrateur est omniscient, c’est la focalisation zéro : le narrateur / condamné
connait les intentions profondes de ses adversaires…

II. Mise en situation :

a. Où se situe ce texte par rapport à l’ensemble de l’œuvre ?


C’est le chapitre XLIX (49) du roman « Le dernier jour d’un condamné ». Il s’agit du
dernier chapitre : l’excipit.

b. Situez le passage par rapport aux événements.


Le narrateur nous conduit avec lui sur l’échafaud avec l’espoir de recevoir une grâce
impossible : on a donc un texte de clôture.
Le bourreau et deux de ses valets viennent faire la toilette du condamné: Ils lui
coupent les cheveux, le col de sa chemise ; et ils lui attachent les mains derrières le dos,
ensuite il a été transféré dans une chambre de l'hôtel  de ville attendant l’heure de
l’exécution.

III. Hypothèses de lecture :

Qu’est-ce qui fait de ce texte de clôture (épilogue) message et signe d’alarme


contre la peine capitale ?

IV. Axes de lecture :

1ère axe : Le pathétique et le tragique chez le narrateur face à l’indifférence de ses


bourreaux

a. Les sentiments du narrateur face à l’indifférence de ses bourreaux:

 Qui est la personne qui a visité le condamné ?


→Un juge, un condamné, un magistrat (indéterminé)

 Relevez les expressions qui le décrivent.


→ « Je ne sais de quelle espèce », « en souriant fatalement »
 Pourquoi le narrateur l’a décrit ainsi ?
→Pour montrer l’indifférence de la personne face à une autre qui se prête à être
exécutée.

 Que demande le narrateur?


→Il a demandé la grâce.

 De quelle manière le fait-il ?


→Il le fait en joignant les deux mains et en se traînant sur les deux genoux.

 Pourquoi demande-t-il sa grâce de la sorte ?


→Il est arrivé au paroxysme (le plus haut degré) de la peur. Il est terrifié. Il ne se contrôle
plus.

« Cela est si horrible à mon âge, de mourir ainsi ! »


 Quel sentiment du narrateur traduit cette expression ?
→Une grande peur, la terreur.

 Dans le troisième paragraphe, que reflètent les deux dernières phrases ?


→L’espoir que le narrateur garde encore et sa lutte contre sa peur. « Des grâces qui
arrivent au dernier moment, on l’a vu souvent. Et à qui fera-t-on grâce, monsieur si
ce n’est à moi ? »

 Que dit le bourreau au juge ?


→Le bourreau dit au juge que l’exécution doit être maintenue à l’heure prévue.

 Que représente cet instant pour le condamné ?


→Le retour du désespoir.

 Après le départ du juge et du bourreau, avec qui reste le condamné ?


→Il reste seul avec deux gendarmes.

 Que pense-t-il ?
→Il pense encore qu’il pourrait s’échapper de son sort. Il garde un espoir
incompréhensible.

b. Une double tonalité pathétique et tragique :

« QUATRE HEURES »
 Pourquoi cet indicateur temporel est écrit en lettres capitales ?
→II est mis en valeur.

 Qu'indique-t-il ?
→L'heure de l'exécution.
 Le narrateur peut-il s’échapper de son sort qui le mit à mort ?
→Non, il ne peut pas.

 Relevez des expressions du texte qui montrent que sa fin approche.


→ « en souriant fatalement », « grâce », « Mourir ainsi »,  « dernier moment »,
« bourreau », « exécution », « cette heure approchait », « une minute pour attendre », les
questions de l’avant dernier paragraphe : « Qui sait si je ne lui échapperai pas ? Si je ne
serai pas sauvé ? Si ma grâce ?... »

 A quelle tonalité ces expressions référent-elles ?


→La tonalité tragique.

 Pourquoi ?
→Le registre tragique : Le narrateur  suscite l’effroi du lecteur devant une situation
désespéré où il ne peut échapper ne peut rien vis-à-vis de sa condamnation à mort.

 Que vise le narrateur en étalant ses sentiments et en évoquant l’idée


imminente (immédiate) de la mort ? Donnez des exemples de cela à partir du
passage.
→Il vise à susciter la pitié et la compassion du lecteur.
Le premier paragraphe : décalage entre la peur du condamné et l’indifférence du
juge ; l’utilisation du discours direct ; l’usage de la ponctuation excessive et des
phrases courtes, la présence de la phrase interrogative et exclamative…. 

 A quelle tonalité a-t-on affaire dans ce cas ?


→La tonalité pathétique.

2er axe : La particularité et le message du texte de clôture dans le roman à thèse :

a. Le texte de clôture dans le roman à thèse :

 Quel est l’événement marquant dans ce chapitre ?


Le narrateur arrive sur l’échafaud, il n’a pas été gracié.

 Peut-on parler d’un excipit ? Pourquoi ?


Ce chapitre ne remplit pas la fonction d’excipit : il n’y a pas de solution, on arrive à une
fin tragique, c’est une chute.

 Dans quel état psychologique se trouve le narrateur ? Justifiez par des indices
linguistiques et rhétoriques.
→L’état psychologique du narrateur/condamné se dégrade de plus en plus avec
l’espoir d’être gracié. (Cf. L.1-2) : l’énumération (L.1), l’exclamation (cf. texte), la
question oratoire (cf. L.5-6-7 et L.14-15), la répétition (de l’expression ‘grâce’
plusieurs fois dans le texte, la ponctuation expressive… (cf. texte).
 Comment apparait l’attitude du narrateur face à ses bourreaux ? Citez le
texte.
→On assiste à un cadre où règne le déséquilibre et le narrateur se trouve confronté à des
forces supérieures : « Un juge, un commissaire, un magistrat, je ne sais de quelle espèce,
vient de venir. » (cf. L.1)

b. Le message dans le texte de clôture :

 En confrontant le narrateur / le condamné et ses bourreaux, l’auteur cherche


à transmettre un message, lequel ?
Victor Hugo cherche à secouer la conscience de toutes les personnes qui participent à
l’exécution, du plus petit responsable jusqu’au plus grand.
En plus, toute l’œuvre est un appel ouvert à toute la société pour crier haut contre la
peine capitale.

 Quelle est la stratégie adoptée par l’auteur pour mettre en évidence la


situation du condamné et défendre l’abolition de la peine capitale ?
On a la stratégie argumentative tant que l’auteur cherche à convaincre l’adversaire et à
défendre une cause.

V. Synthèse :

Le condamné au comble du désespoir demande sa grâce au premier venu. Il veut


absolument qu'on lui laisse cinq minutes encore, puis une minute dans l'espoir qu'un
miracle se produise, mais il est quatre heures, on vient le chercher pour son exécution.
Dans ce passage le narrateur a usé de deux tonalités. La première est tragique et
montre l’impuissance du condamné face à son destin. Tandis que la seconde, qui est
pathétique, vise à susciter la pitié du lecteur.

VΙ. Prolongement :

Sujet : A l’instar du narrateur dans le dernier chapitre, exprimez une forte émotion à
l’égard d’un fait social qui vous ronge en utilisant les procédés suivants : interjections,
phrase exclamative, fausse question, phrase inachevée, répétition, lexique appréciatif et
dépréciatif…

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