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INTRODUCTION

La statique est la partie de la mécanique rationnelle qui a pour principal objet l’étude
des forces indépendamment du mouvement.
Souvent, un corps est au repos ou peut être considéré comme tel. Il est alors important de
savoir sous quelles conditions les forces agissant sur le corps garantissent l’état de repos.
La statique étudie ainsi les conditions d’équilibre des forces appliquées aux corps. On dit
aussi, plus simplement, que la statique étudie «l’équilibre des corps».
L’objectif du présent cours de statique est de rendre l’étudiant capable de résoudre les
principaux problèmes qui se posent aux ingénieurs dans l’art de construire. C’est pourquoi on
lui préfère le nom de :
STATIQUE APPLIQUEE.

Afin d’atteindre cet objectif, l’étudiant veillera à ne pas succomber à la tentation de se


contenter de « trucs », de « recettes », pour résoudre les nombreuses applications regroupées
dans un second fascicule et proposées aux séances de travaux pratiques.
Au contraire, il placera la « réflexion » avant le « calcul proprement » et étudiera l’origine et la
justification de toute méthode en se référant aux présentes notes.
Il devra également s’habituer , lors des applications, à reconnaître le type de problème proposé
et établir les « liens » avec les concepts théoriques, indispensables à la parfaite maîtrise de la
matière.
C’est à ces conditions, que l’étudiant deviendra à même de résoudre une infinité
d’applications différentes au départ de quelques principes fondamentaux et qu’il manifestera
sa volonté de devenir « ingénieur ».

Remarques :
Le cours de statique est réparti sur les deux premières années (BA1 et BA2) de la formation ;
le présent fascicule reprend les chapitres de BA1 : notions de forces, de moments, de couples,
réduction d’un système de forces coplanaires, équilibre dans le plan, poutres et ossatures
planes, treillis plans, problèmes de frottement.
Dans les présentes notes, toutes les grandeurs vectorielles sont représentées par des caractères
r r
gras : F (= F ) et leurs normes par des caractères simples : F (=  F ).

J. Dehard
Professeur
Ed. 2004

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1.1 NOTION DE FORCES

Le concept de force permet d’exprimer l’action qu’exerce un corps sur un autre.


La force se rapporte toujours au corps sur lequel elle agit et elle n’a de sens que relativement à
ce corps. On ne peut, en effet, imaginer une force seule, dans l’espace, détachée de tout.
La force traduit en fait une action due à une cause, elle est provoquée par quelque chose:
- on ressent le poids d’un objet à cause de l’attraction terrestre;

FORCE PROPREMENT DITE ET TRANSLATION

Considérons l’action d’un câble de traction sur un massif de fondation:

il est clair que l’effet qu’il produit, représenté par la force qu’il exerce, dépend:
- du point d’attache du câble;
- de sa direction (angle θ par rapport à l’horizontale);
- du sens de l’action (traction);
- de l’intensité de l’action exercée.
Cette force exercée par le câble a donc, d’un point de vue mathématique, les caractéristiques
d’un vecteur.
Elle sera notée F et on la représentera par une flèche de longueur proportionnelle à son
intensité.
sens
F grandeur
θ F
A
point d’application

ligne d’action, direction

L’unité de force est le NEWTON (N).


Une telle force, agissant sur un corps, tend à modifier l’état de celui-ci vers une translation
d’ensemble de mêmes direction et sens que la force.

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La statique n’étudie pas les mouvements mais il est important de retenir dès à présent qu’à
une force comme celle exercée par un câble par exemple, s’associe l’idée de translation de
mêmes direction et sens, même si cette translation ne se produit pas.
La force que l’on vient de caractériser agit ponctuellement (ou sur une surface très petite vis à
vis des dimensions du corps),
c’est une force concentrée (unité : N ou kN).
Il existe des forces agissant de manière continue sur une ligne (poids d’un mur), une surface
non négligeable (pression de l’eau) ou un volume (poids de la matière ),
ce sont des forces réparties (unités : N ou kN/m, N ou kN/m2 , N ou kN/m3 , respectivement).

Exemple de force uniformément répartie : P (kN/m)

CLASSIFICATION DES FORCES

Les forces que l’on rencontre dans l’étude de l’équilibre des systèmes de forces appliqués à un
corps peuvent être classées en trois catégories:

les forces appliquées


Il s’agit des forces connues qui agissent sur le corps à étudier; ce sont les données du
problème.
Elles sont produites soit par contact direct (action du vent, poussée de l’eau, pression d’un
gaz, poids d’objets solidaires...), soit par action à distance (forces électro-magnétiques ou
gravitationnelles).

les réactions d’appuis


Ce sont des forces, inconnues à priori, qui naissent aux points de contact du corps avec le
monde extérieur, empêchant tout mouvement d’ensemble du corps.
Elles disparaissent automatiquement si les forces appliquées n’existent plus. Elles portent
aussi le nom d’effets extérieurs dus aux forces appliquées.

les forces intérieures


Ce sont des forces qui se produisent à l’intérieur du corps par suite de l’application des forces
extérieures et qui sont dues à la cohésion de la matière.

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1.2 PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA STATIQUE

La statique repose sur trois principes fondamentaux.

PRINCIPE DE L’ACTION ET DE LA REACTION

Il s’agit de la troisième loi de NEWTON (1642-1727):


«Un corps qui exerce sur un autre une «action» reçoit de celui-ci une «réaction» qui a mêmes
support et grandeur que l’action mais lui est de sens contraire».
Les deux forces en jeu (action et réaction) sont dites «égales et directement opposées». Ce
principe met en jeu deux forces, mais aussi deux corps, au repos ou en mouvement, en contact
ou distants. Il s’écrit : FA = − FB.

F
FA FB
A B FA FB
FA

FA = action de A sur B Attraction planétaire


FB = réaction de B sur A

PRINCIPE DU PARALLELOGRAMME (S. STEVIN 1548-1620)

«Deux forces agissant en un même point ont une action équivalente à une force unique
agissant au même point, représentée par la diagonale du parallélogramme construit sur ces
deux forces».
La force unique R est appelée «résultante des deux forces F1 et F2» et on dit que F1 et F2
d’une part et R d’autre part, sont «statiquement équivalentes».
F1
α R
F2 R β
F2 F2
F2
R
F1 F1

Ce principe du parallélogramme correspond à la définition de l’addition de deux vecteurs qui


s’écrit : R = F1 + F2.
Il revient au même de ne représenter qu’un demi-parallélogramme : c’est le triangle des
forces.
La résultante de deux forces peut alors s’obtenir en dessinant les vecteurs F1 et F2 l’un à la
suite de l’autre (dans n’importe quel ordre) puis en joignant l’origine du premier à la pointe
du deuxième.

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La grandeur de R et son orientation peuvent être mesurées sur le graphique ou calculées à


l’aide des formules des triangles quelconques :

R F2
R 2 = F12 + F22 − 2F1F2 cos β =
sin β sin α

Si les forces F1 et F2 ne sont pas appliquées au même point, il est permis de les faire glisser
sur leur ligne d’action jusqu’à leur point commun et d’y déterminer leur résultante. Ce
procédé est justifié par le fait que les forces sont des vecteurs glissants, propriété qui sera
démontrée ultérieurement.
F2

F2 R
F2
F1
F1

PRINCIPE D’EQUILIBRE

Il s’agit d’une extension du principe d’inertie de GALILEE (1564-1642) ou de la première loi


de NEWTON :
«Un système de forces est dit «en équilibre» si, appliqué à un corps, il ne modifie pas l’état de
repos ou de mouvement de ce corps».
Un système de forces étant un ensemble de forces classiques et de moments, ce principe
signifie donc que les diverses actions (forces) se neutralisent l’une l’autre, qu’elles se
réduisent à un effet nul.
Notons qu’équilibre ne signifie pas nécessairement immobilité. En génie civil cependant, les
constructions sont immobiles et le concept d’équilibre s’est transféré du système de forces à la
structure sur laquelle il agit et on parle alors de «l’équilibre d’une structure».

Un système de forces en équilibre très simple est celui formé de deux forces égales et
directement opposées agissant au même point. Elles forment en effet un système nul par
application du principe du parallélogramme.

F2
A F1 + F2 = 0
F1

Corollaire : on ne change rien à l’action d’un système de forces si on lui ajoute (ou retranche)
tout autre système de forces en équilibre. C’est une évidence vu la définition du
principe d’équilibre.

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1.3 OPERATIONS SUR LES FORCES DANS LE PLAN

DECOMPOSITION D’UNE FORCE

COMPOSANTES QUELCONQUES

Si deux forces appliquées en un même point peuvent être, en vertu du principe du


parallélogramme, remplacées par leur résultante, inversement, on peut remplacer une force R
par deux autres F1 et F2 de direction quelconque.
On dit alors que F1 et F2 sont les deux composantes (vectorielles) de la force R ou que celle-
ci a été décomposée en ses deux composantes (vectorielles) suivant les directions 0.1 et 0.2.

β
F2 R
α
0 1
F1

Les composantes (scalaires) F1 et F2, c’est-à-dire les grandeurs de F1 et F2 se déterminent


graphiquement ou à l’aide de la formule des sinus :
F1 F2 R
= =
sin α sin β sin( π − α − β)

COMPOSANTES ORTHOGONALES

Si l’on choisit les axes x et y d’un système orthonormé du plan comme direction de
décomposition d’une force F, le parallélogramme à dessiner sera un rectangle et les
composantes (vectorielles) Fx et Fy de F seront perpendiculaires l’une à l’autre :
y
y
Fy x

θ
Fy F
F

θ x Fx
Fx

En désignant par F, l’intensité (la grandeur) de la force F et par θ, l’angle entre F et l’axe des
x, mesuré dans le sens trigonométrique depuis la partie positive de l’axe des x, les
composantes (scalaires) de F selon les axes x et y (confondues ici avec leurs projections
orthogonales sur ces axes) s’obtiennent, avec θ compris entre 0 et 360°, par les relations
suivantes :

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Fx = F cos θ et Fy = F sin θ

Fx et Fy seront positives si les composantes Fx et Fy de F ont le même sens que les axes de

Fy
F= F x2 + F y2 tgθ =
Fx
référence. On a également :

REMARQUE :
Il faut prendre garde et ne pas confondre les composantes d’une force F suivant des axes
précisés et ses projections orthogonales sur ces même axes.
Sur le dessin suivant, on voit que les composantes Fa et Fb diffèrent des projections
orthogonales F1 et F2 :
b
F2

F
Fb

0 a
Fa F1

Il n’y a que lorsque les axes sont perpendiculaires entre eux que composantes et projections
sont égales !

RESULTANTE DE PLUSIEURS FORCES CONCOURANTES

Il est clair, qu’en répétant l’application du principe du parallélogramme, on peut


déterminer la résultante de n forces agissant en un même point.
Cette opération correspond à la somme vectorielle :
R = F1 + F2 + ... + Fn.
La représentation graphique de cette opération est très malaisée lorsque les forces sont
quelconques dans l’espace, mais si celles-ci sont coplanaires, la résultante pourra s’obtenir en
construisant plusieurs parallélogrammes, ou mieux, en répétant l’application du triangle des
forces.
R12
F2
F3

R123 F1 R12
FF1 1 F21
R123
R F4
F3
R
F4

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On peut, dans ce cas, facilement observer que la recherche des résultantes intermédiaires est
inutile et que l’on peut obtenir la résultante finale directement, en dessinant tous les vecteurs
les uns à la suite des autres (dans n’importe quel ordre), puis en joignant l’origine du premier
vecteur à la pointe du dernier : c’est le polygone des forces.

F3
F2
F1

R F4

Notons que, même dans ce cas, il n’est guère pratique de déterminer la grandeur de la
résultante et son orientation à l’aide de la trigonométrie. C’est pourquoi, on préfère utiliser
une autre méthode, expliquée ci-après.
Soit à rechercher la résultante R de plusieurs forces coplanaires P, Q, S appliquées au même
point O.
Choisissons un système d’axes (x, y) orthonormé et recherchons les composantes ou
projections orthogonales de chacune des forces sur ces axes :
y
P Py

S
Sy

x
Sx Qx Px

Qy
Q
On peut alors faire la somme des composantes sur l’axe des x par sommation algébrique des
valeurs puisqu’il s’agit de vecteurs de même direction horizontale (avec le signe + pour celles
qui ont le même sens que le sens positif de l’axe et le signe − dans le cas contraire).
On procède de même sur l’axe y.
On obtient alors deux vecteurs qui ne sont rien d’autre que les composantes orthogonales de la
résultante R des trois forces de départ :
Ry
Rx = Px + Qx + Sx ou, de façon plus générale : Rx = ∑ Fix
Ry = Py + Qy + Sy ou, de façon plus générale : Ry = ∑ Fiy Rx
La grandeur de la résultante R et sa direction sont alors fournies par :

Ry
R = R 2x + R 2y et tgθ = R
Rx
θ

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