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DOI : 10.4000/books.irdeditions.21923
Éditeur : IRD Éditions, Éditions Quae
Année d'édition : 2017
Date de mise en ligne : 19 novembre 2018
Collection : Référence
ISBN électronique : 9782709923774
http://books.openedition.org
Édition imprimée
ISBN : 9782709923767
Nombre de pages : 688
Référence électronique
DUVALLET, Gérard (dir.) ; FONTENILLE, Didier (dir.) ; et ROBERT, Vincent (dir.). Entomologie médicale et
vétérinaire. Nouvelle édition [en ligne]. Marseille : IRD Éditions, 2017 (généré le 07 janvier 2020).
Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/irdeditions/21923>. ISBN : 9782709923774.
DOI : 10.4000/books.irdeditions.21923.
Entomologie médicale
et vétérinaire
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Entomologie médicale
et vétérinaire
Éditeurs scientifiques
Gérard Duvallet
Didier Fontenille
Vincent Robert
IRD Éditions
INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DÉVELOPPEMENT
Éditions Quae
CIRAD, IFREMER, INRA, IRSTEA
La loi du 1er juillet 1992 (code de la propriété intellectuelle, première partie) n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3
de l’article L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non
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ou d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur
ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon passible
des peines prévues au titre III de la loi précitée.
Sommaire
Préface .......................................................................................................................................................................................... 9
François Rodhain
Avant-propos ......................................................................................................................................................................... 13
Gérard Duvallet, Didier Fontenille, Vincent Robert
Partie 1
ConCePtS et MéthodeS
Partie 2
hiStoire, Santé Publique et environneMent
Chapitre 6. La genèse de l’entomologie médicale et vétérinaire. Une histoire en chantier .... 125
Anne-Marie Moulin
Chapitre 7. Importance des maladies à transmission vectorielle dans le monde .................... 133
Didier Fontenille
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Partie 3
leS arthroPodeS d’ iMPortanCe MédiCale ou vétérinaire
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Sommaire
Chapitre 27. Arthropodes venimeux, allergisants, urticants, vésicants et nuisants ............. 609
Gérard Duvallet
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Préface
Depuis plus d’une trentaine d’années, j’ai l’ha- scientifiques. Entre des disciplines qui vivent côte
bitude de répéter que l’entomologie médicale et à côte sans même se connaître, séparées qu’elles
vétérinaire est la plus belle des disciplines. Je le sont par des frontières aussi rigides qu’arbitraires,
pense toujours et je dois m’en expliquer. Il y a il m’a toujours paru essentiel de jeter des ponts,
au moins trois raisons à cela. ce qui conduit à une confrontation interdiscipli-
naire particulièrement apte à ouvrir les esprits.
En premier lieu, ce domaine appliqué de la
Là comme ailleurs, nous devons faire tomber les
science entomologique – l’autre aspect appliqué
barrières élevées arbitrairement entre les disci-
est constitué par l’entomologie agricole et fores-
plines, qui cloisonnent le savoir. Il n’est d’ailleurs
tière – constitue une discipline passionnante
pas rare que des avancées marquantes résultent
parce qu’il s’agit de se pencher sur un système
de la mise en œuvre conjointe d’approches et
inextricable d’interactions qui met en jeu non
d’expériences provenant d’autres champs du
seulement l’agent pathogène et le vecteur, mais
savoir.
encore le milieu physique, le climat, l’accès à
l’eau, le type de développement économique, les En deuxième lieu, l’entomologie médico-vété-
spécificités culturelles, les modes de pensée, etc. rinaire constitue un domaine scientifique vaste
L’entomologie médico-vétérinaire se situe au et complexe, le lecteur de cet ouvrage en sera vite
point de rencontre entre la science des insectes et convaincu.
les sciences de la santé, mais pas seulement ; elle
L’entomologie médicale et vétérinaire ne se
conduit ipso facto à aborder nombre d’autres
limite pas à l’étude systématique des arthro-
champs de recherche, aussi intéressants que
podes vecteurs, même si certains voudraient
variés, qui s’interpénètrent et s’enrichissent
la réduire à cela. Son domaine s’étend, ce qui est
mutuellement : l’écologie, la systématique, la
bien différent, à l’épidémiologie des maladies
biologie animale et l’hydrobiologie, la génétique
à vecteurs.
des populations, la microbiologie, l’épidémio-
logie et le sous-développement, les sciences de Les virus, les bactéries, les protozoaires sont des
l’agriculture et de l’élevage, les sciences sociales organismes dont les origines sont très anciennes.
comme la démographie et l’économie, l’histoire Les insectes et les acariens ne datent pas non
et la géopolitique, ou encore la génomique et les plus d’hier – ils sont présents depuis plus de
biomathématiques, et bien d’autres. Aujourd’hui, 400 millions d’années. Les uns et les autres ont
être attentif à l’apport des autres disciplines est eu tout le temps nécessaire pour faire connais-
souvent jugé comme une dispersion de mauvais sance et nouer de multiples relations,
aloi, alors que c’est précisément là que se situent aboutissant à des systèmes biologiques d’une
l’originalité et l’ouverture, face à l’hyperspécia- subtile complexité dont l’étude, nous l’avons vu,
lisation précoce très en vogue parmi les jeunes nécessite l’association de compétences variées.
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De ces relations souvent étroites entre microbes Par ailleurs, il convient de préciser que, si le rôle
et insectes ont résulté des associations non de vecteurs d’agents infectieux joué par les
moins étroites parmi les chercheurs, entre ento- arthropodes hématophages constitue bien
mologistes et microbiologistes, entre généticiens l’aspect majeur de l’entomologie médico-vété-
et écologistes, etc. L’entomologiste isolé témoigne rinaire, la discipline est plus vaste puisqu’elle
d’une époque révolue. recouvre l’ensemble des relations entre les
De plus, nous avons affaire à des situations arthropodes et la santé de l’Homme et des ani-
épidémiologiques qui évoluent en permanence, maux. À ce titre, l’importance des espèces
ne serait-ce qu’en raison des changements du parasites, venimeuses, urticantes et allergisantes
climat et des modifications écologiques très ne saurait être passée sous silence ; partout dans
profondes qui se manifestent partout, que nous le monde, des araignées, des scorpions, des
subissons mais aussi que nous provoquons hyménoptères sont responsables d’un grand
puisqu’elles résultent en grande partie de notre nombre d’accidents et de décès.
croissance démographique et des activités déve- Troisième raison enfin : cette discipline est utile.
loppées par l’Homme depuis le Néolithique. Par les ravages qu’ils exercent sur nos élevages,
Depuis au moins huit millénaires, il nous a fallu par le poids des endémies qu’ils propagent, les
consacrer toujours plus d’espace à l’agriculture insectes et les acariens apparaissent comme des
et à l’élevage, et on a vu les environnements pro- adversaires redoutables. Il suffit, pour s’en
gressivement se transformer ; les écosystèmes convaincre, de considérer l’importance cruciale
naturels ont fait place à des agrosystèmes, à des que revêtent les maladies humaines et animales
milieux de plus en plus anthropisés. Nous conti- dont les agents sont transmis par des arthro-
nuons à chercher en permanence à adapter notre podes hématophages. La seule énumération
environnement à nos besoins et à nos souhaits. de certaines des maladies « à vecteurs » suffit
Rien n’est donc statique, immuable. « Rien n’est pour qu’en soient évoqués les terribles ravages ;
permanent hormis le changement », nous disait les épouvantables épidémies de fièvre jaune,
déjà Héraclite d’Éphèse il y a quelque 25 siècles. de peste ou de typhus, les multiples facettes
Et ces changements ne sont pas pour simplifier de la maladie de Lyme, la progression de la
le travail des épidémiologistes. Dans ce fièvre catarrhale ovine et de la dengue, la
contexte, certaines maladies ont fortement déchéance entraînée par la maladie du sommeil,
régressé, mais d’autres ont malheureusement les mutilations résultant des leishmanioses,
progressé et de « nouvelles » maladies surgis- la disparition de tant d’enfants victimes du
sent. Il apparaît de plus en plus clairement que paludisme, les monstrueux éléphantiasis des
les émergences de maladies infectieuses filarioses lymphatiques, le désespoir des éle-
humaines, qui constituent aujourd’hui une veurs aux prises avec les maladies dévastatrices
préoccupation majeure pour les responsables de que sont les babésioses, la fièvre de la Vallée du
santé publique, sont dans leur grande majorité Rift et la peste équine, et la brusque arrivée des
d’origine animale. L’épidémiologie des maladies virus West Nile et Chikungunya sur le continent
infectieuses ne saurait être abordée sans consi- américain sont là pour nous rappeler que ces
dérer ce qui se passe chez l’animal puisqu’il s’agit affections figurent souvent parmi les plus
le plus souvent de zoonoses. C’est dire combien redoutables auxquelles l’Homme et les animaux
il est essentiel d’associer médecins et vétérinaires domestiques se trouvent exposés. Les insectes
pour comprendre les mécanismes en cause et ont tué beaucoup plus d’hommes que toutes les
tenter de faire face à ces menaces. Ces deux guerres réunies. Ils ont toujours joué un rôle
mondes n’en font qu’un. Le concept One Health majeur dans le contrôle démographique des
est devenu une évidence et, dans ce contexte, populations humaines. Aujourd’hui, l’impact de
entomologie médicale et entomologie vétérinaire ces affections demeure considérable ; un récent
sont indissociables. rapport de l’Organisation mondiale de la santé
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Préface
estime que 17 % de tous les cas de maladies que l’un des agents infectieux en cause en vienne
infectieuses de l’Homme relèvent de maladies à à créer la surprise en s’implantant dans un pays
vecteurs. qui, à tort, s’en croyait protégé. En réalité, les
Qu’on le veuille ou non, la situation alarmante maladies à vecteurs concernent tout le monde,
évoquée ci-dessus ne fera que s’aggraver : la y compris dans nos pays, y compris même en
démographie va poursuivre son évolution, milieu urbain auquel nombre de vecteurs se
l’urbanisation mal conçue va continuer à se sont adaptés. N’oublions jamais qu’un agent
développer de même que les transports et les infectieux, fût-il « à vecteur », émergeant en un
agrosystèmes tandis que les structures sanitaires point quelconque de la Terre peut surgir très
des pays pauvres risquent d’être de moins en rapidement à l’opposé du globe pour peu
moins aptes à « gérer » des situations qui, qu’il y trouve un vecteur compétent, et même
probablement, ne cesseront de se dégrader. s’y installer si les conditions bioclimatiques le
permettent. Ce n’est là que l’un des nombreux
Or, comment espérer comprendre les modalités aspects de la globalisation.
épidémiologiques d’une affection à transmis-
L’édifice construit pas à pas par les entomolo-
sion vectorielle sans connaître l’identité des
gistes médicaux a eu des applications qui, malgré
vecteurs en cause, sans progresser dans notre
d’inévitables échecs, ont permis de sauver des
connaissance de leur bioécologie qui demeure
millions de vies et d’améliorer le sort d’une
encore trop fragmentaire et superficielle, et sans
bonne partie de l’humanité. L’histoire de cette
avoir éclairci les relations d’interdépendance
science comporte des pages qui sont parmi les
qu’ils entretiennent avec les vertébrés réservoirs
plus belles de l’histoire de la médecine. Arbitrai-
et avec l’Homme et les animaux que nous avons
rement, l’entomologie médicale est née en 1877.
le devoir de protéger ? Et comment espérer
Lorsque Patrick Manson observa cette année-là
définir des moyens adéquats de prévention,
le développement des larves de la filaire de
seule méthode envisageable pour une réelle
Bancroft chez les moustiques, il ne se doutait
efficacité ? Il arrive même que la seule action
pas qu’il signait l’acte de naissance de l’entomo-
médicale disponible repose exclusivement sur
logie médicale ; ce qui confère aujourd’hui à
le contrôle des populations de vecteurs. L’ento-
notre discipline l’âge respectable de 140 ans.
mologiste apparaît alors comme l’homme-clé
Mais elle reste jeune et belle.
en termes de santé publique.
Les progrès enregistrés dans les sciences de la vie
Mais le temps n’est plus où l’objectif était l’éra- laissent décontenancés les anciens qui voient leur
dication complète des vecteurs. Dans le contexte monde se transformer, leurs repères s’évanouir.
actuel, nous devons apprendre à partager la Comme les autres disciplines biologiques, l’en-
biosphère avec les insectes. C’est dire qu’une tomologie médico-vétérinaire a rapidement et
prévention éco-sanitaire réellement efficace profondément évolué durant les vingt dernières
devient, plus que jamais, indispensable. années, grâce aux développements technolo-
Cependant, malgré son importance véritable- giques que permettent les avancées conjointes
ment cruciale pour le développement de nos des techniques d’analyse des génomes et d’étude
sociétés, force est de reconnaître que l’entomo- du polymorphisme génétique, de l’écologie, de
logie médicale et vétérinaire demeure fort mal la modélisation mathématique, de l’imagerie
connue ; elle est ignorée du public, ce qui est satellitaire et de bien d’autres applications de la
compréhensible, mais aussi des professionnels recherche. Sans oublier la systématique qui,
de santé et des entomologistes, ce qui est plus elle aussi, fait d’énormes progrès. L’état de la
surprenant. Certes, beaucoup des affections en discipline n’est plus ce qu’il était il y a vingt ou
question s’observent dans des zones rurales de trente ans et, dans vingt ou trente ans, il ne sera
contrées lointaines, et bien des Européens ne se plus ce qu’il est aujourd’hui. De nouveaux germes
sentent guère concernés – du moins jusqu’à ce seront identifiés, les situations épidémiologiques
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auront changé, de nouvelles armes de lutte autre, de s’arrêter quelque peu et de faire le
antivectorielle auront été élaborées, nos point. D’autant plus que le dernier ouvrage
connaissances des inter-relations parasites- général en langue française, au demeurant bien
vecteurs comme de la génétique des populations succinct, remontait à… trente ans ! Il convient
de vecteurs se compléteront et s’affineront ; d’être reconnaissant aux coordonnateurs du
notre compréhension des réactions de défense présent livre de s’être attelés à cette entreprise
mises en jeu par les arthropodes s’amplifiera ; rendue très difficile par l’évolution rapide de la
et on peut raisonnablement penser que nous science. Pour nécessaire qu’elle soit, la rédaction
serons capables de prévoir à temps la plupart d’un tel ouvrage était une gageure ; le résultat
des mutations susceptibles de conduire à des est à la hauteur de leur engagement. Ils ont mis
émergences et donc de les prévenir. Grâce à une toute leur énergie et tout leur talent pour mener
meilleure appréciation du risque épidémiolo- à bien ce projet en réunissant une équipe de
gique, nous devrions être en mesure de prendre spécialistes expérimentés. À travers les concep-
à temps les mesures préventives nécessaires, et teurs, c’est aussi l’Institut de recherche pour
non pas de nous contenter de toujours répondre le développement (IRD) et les universités qui
après coup, c’est-à-dire trop tard. Tout cela est doivent être complimentés. Les félicitations
porteur d’espoir. doivent enfin être adressées à un éditeur qui a
Le métier de chercheur en entomologie a, lui réussi à assurer la qualité de cette production en
aussi, connu d’importants changements. Le temps réalisant un ouvrage dont le volume demeure
est loin où l’amateur d’insectes était caricaturé raisonnable.
en un doux rêveur courant la campagne un filet Les entomologistes professionnels, chercheurs
à papillons à la main. Certes, pour aborder et techniciens spécialisés, seront heureux d’avoir
ces systèmes complexes dans leur globalité, entre les mains une telle mise au point, mais je
l’entomologiste médical se doit d’être un bon retiens en particulier que cet ouvrage est de
naturaliste. L’approche du terrain demeure nature à attirer l’attention des étudiants vers
fondamentale dans la mesure où la transmission cette discipline. Nous avons besoin de bons
des agents infectieux est avant tout une question entomologistes, qui ne soient pas trop tôt
d’écologie ; nous ne comprendrons jamais rien spécialisés, ayant l’expérience du terrain mais
aux maladies infectieuses si nous ne les abor- qui soient néanmoins à même, en nouant les
dons pas avec l’œil de l’écologiste. Mais, comme collaborations nécessaires, d’aborder les aspects
dans les autres disciplines biologiques, nos les plus fondamentaux des relations entre
collègues se heurtent aujourd’hui à bien des arthropodes et micro-organismes. Mon souhait,
difficultés qui réduisent leur liberté et freinent qui est aussi, je n’en doute pas, celui des coor-
les initiatives. Malgré tout, heureusement, les donnateurs et des auteurs de ce livre, est de voir
vocations ne manquent pas. À nous de prendre des étudiants et des chercheurs se tourner vers
garde, dans ce contexte qui peut paraître parfois l’entomologie médico-vétérinaire. C’est une voie
quelque peu dissuasif, à ne pas les laisser se semée d’embûches et de difficultés, mais qui
détourner de cette belle discipline. Un ouvrage procure beaucoup de joies et de satisfactions.
tel que celui-ci peut justement y contribuer. C’est une belle voie.
C’est pourquoi il était utile de présenter une vue
d’ensemble de l’état actuel de l’entomologie Dr François Rodhain
médicale et vétérinaire. Il est bon, de temps à Professeur Honoraire à l’Institut Pasteur
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avant-propos
Parmi les raisons nous ayant amenés à nous d’environ 2,8 millions d’années, et pour l’espèce
lancer dans l’édition scientifique du présent Homo sapiens, c’est-à-dire « nous », d’il y a
ouvrage, trois considérations ressortent : 200 000 ans. Par ailleurs, les insectes sont les
plus anciens animaux à s’être adaptés à la vie
– il n’existe plus de livre de référence en langue
terrestre et les premiers à avoir utilisé le vol pour
française pour l’entomologie médicale et vétéri-
se déplacer. Certains services écosystémiques
naire depuis qu’est épuisé le Précis d’entomologie
sont assurés presque exclusivement par les
médicale et vétérinaire de François Rodhain et
insectes, qui sont de très loin les premiers agents
Claudine Perez (1985) ;
pollinisateurs des cultures. D’autres insectes,
– l’entomologie médicale et vétérinaire reste avec des acariens, jouent un rôle essentiel parmi
un sujet de préoccupation d’importance consi- la faune des métazoaires du sol qui entretient
dérable. Il est clair, pour ne citer que quelques l’humus. De plus, on a maintenant des preuves
exemples, que le paludisme continue à tuer, croissantes que la mise en place du couple
que l’impact de la dengue croît sans cesse en insecte-agent infectieux est antérieure à l’in-
nombre de cas et en aire de distribution, et que trusion d’un vertébré (qui peut être un Homme)
les arthropodes, nuisants ou vecteurs, conti- en tant que troisième protagoniste, permettant
nuent à entraver le développement des filières dès lors l’existence d’une triade vectorielle. Pour
de production animale. L’importance des agents dire la même chose autrement, les ancêtres des
pathogènes transmis par les arthropodes et Plasmodium et Trypanosoma actuels avaient
des maladies associées est de plus en plus prise pour hôtes des arthropodes ; secondairement,
en compte en santé publique, mais elle reste ils ont acquis de nouveaux hôtes vertébrés.
associée au constat du manque de moyens de
Le projet de réaliser une présentation de l’essen-
lutte antivectorielle suffisamment efficaces et
tiel de l’entomologie médicale et vétérinaire
respectueux de l’environnement. D’où la nécessité
constitue cependant un vrai défi. Il n’est pas
de mener des recherches innovantes ;
aisé de prendre en compte le caractère complexe
– enfin, les arthropodes, de par leur importance, de la discipline scientifique et le contexte
nous proposent une salutaire leçon de modestie. changeant des maladies à vecteurs. C’est
Les insectes sont incontestablement les champions pourquoi il nous a semblé que seul un collectif
de la biodiversité terrestre (1,3 million d’espèces d’auteurs pouvait s’acquitter du travail de réali-
décrites, 40 000 espèces d’insectes recensées en sation d’un ouvrage d’entomologie médicale et
France métropolitaine, et en réalité probablement vétérinaire, au moins dans un intervalle de
bien davantage). Ils seraient apparus il y a plus temps raisonnablement court entre l’initiation
de 400 millions d’années. À titre de comparaison, du projet et le rendu du manuscrit complet à un
pour le genre Homo, cette apparition daterait éditeur.
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Avant-propos
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sciences participatives pourraient ouvrir, souhai- Nos remerciements vont aussi à François Rodhain
tons-le, des perspectives en ce sens, à l’initiative pour la préface, aux nombreux relecteurs de
des chercheurs comme des associations, et ainsi tous les chapitres, et aux Éditions de l’IRD.
jouer à l’avenir un rôle croissant. Enfin, notre reconnaissance va à la Fondation
Nos remerciements vont d’abord aux auteurs Inkermann, hébergée par la Fondation de France,
des divers chapitres, tous bénévoles. En tant pour son soutien financier.
qu’éditeurs scientifiques, nous leur savons gré Gérard Duvallet
d’avoir dans chacun des chapitres traité de l’es- Didier Fontenille
sentiel, parfois abordé de façon fort novatrice. Vincent Robert
Eldridge, B.F., Edman J.D., Eds, 2004. Medical Mullen, G., Durden, L., Eds, 2009. Medical and
entomology. A textbook on public health and veterinary entomology. 2nd edition, Elsevier,
veterinary problems caused by Arthropods. Revised Amsterdam, Netherlands, 637 p.
edition. Springer sciences+business media, B.V., Rodhain, F., Perez, C., 1985. Précis d’entomologie
Dordrecht, Netherlands, 659 p. médicale et vétérinaire. Notions d’épidémiologie
Kettle, D.S., 1995. Medical and veterinary des maladies à vecteurs. Maloine Éditions, Paris,
Entomology. 2nd edition, CABI, 725 p. 458 p.
Lehane, M., 2005. The Biology of Blood-sucking in Rollard, C., Chippaux, J.P., Goyffon, M., Eds,
Insects. 2nd edition, Cambridge University Press, 2015. La fonction venimeuse. Lavoisier Tec & Doc,
321 p. 472 p.
McCoy, K.D., Boulanger, N., Eds, 2015. Tiques et Service, M.W., 2012. Medical entomology for stu-
maladies à tiques. Biologie, écologie évolutive, épi- dents. 5th edition. Cambridge University Press,
démiologie. IRD Éditions, Coll. Didactiques, 336 p. UK, 303 p.
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PARTIE 1
Concepts et méthodes
Malgré son nom, l’entomologie médicale et L’étude des arthropodes impose la création de
vétérinaire ne s’intéresse pas uniquement aux collections (chapitre 4) dont les spécimens
insectes mais elle prend en compte l’ensemble constituent des références taxonomiques. Ces
des arthropodes qui peuvent poser un problème collections sont indispensables non seulement
en matière de santé ou de bien-être pour les pour la taxonomie, mais aussi pour les études
humains ou les animaux. de biogéographie et de biodiversité. Ce chapitre
D’où la nécessité dans cet ouvrage d’une présen- montre l’intérêt que ces collections ont eu non
tation générale du monde des arthropodes seulement d’un point de vue scientifique, mais
(chapitre 1). Avec près de 2 millions d’espèces aussi d’un point de vue opérationnel (par exem-
décrites, l’embranchement des arthropodes est ple dans le cas de l’épizootie de fièvre catarrhale
l’un des plus importants du règne animal. ovine en Europe, en 2000). Les principales
collections disponibles, les différentes méthodes
L’entomologie médicale et vétérinaire (chapitre 2)
de préparation et de conservation des spécimens
doit répondre à trois questions fondamentales :
et les principaux référentiels taxonomiques sont
quel est cet arthropode ? Est-il nuisant et/ou
passés en revue.
vecteur d’agents infectieux ? Quelles sont les
méthodes de lutte envisageables ? Ce chapitre Cette première partie de l’ouvrage se termine
présente les grands domaines de l’entomologie, par une thématique fondamentale en entomo-
définit arthropode nuisant et arthropode vecteur, logie médicale et vétérinaire, celle de la lutte
et aborde les différents modes de transmission antivectorielle (chapitre 5). Dans le cas de mala-
d’agents infectieux. La triade vectorielle « agent dies à transmission vectorielle, lorsque l’on ne
infectieux-vecteur-hôte » est au cœur de l’épidé- dispose pas de vaccin efficace, ou lorsque l’effet
miologie des maladies à transmission vectorielle, des médicaments disponibles est réduit par
ainsi que les notions de compétence et capacité l’apparition de résistances, la lutte contre le ou
vectorielles. les vecteurs (éradication, élimination ou simple
On ne contrôle efficacement que ce que l’on contrôle) reste souvent la seule solution. Cette
connaît bien. Aussi l’identification des espèces lutte s’impose aussi dans le cas des arthropodes
d’arthropodes (chapitre 3) est-elle un préalable nuisants. Ce chapitre discute les différentes
indispensable à toute action. Ce chapitre passe stratégies de lutte, les aspects réglementaires
en revue les techniques connues d’identification concernant en particulier les produits biocides
morphologique ou génétique. Il expose aussi les et les méthodes de lutte disponibles qui ont
techniques récentes, prometteuses et complémen- fait des progrès considérables ces dernières
taires à la morphologie (marqueurs génétiques, années. Il présente aussi les divers aspects de la
MALDI-TOF MS, interférence de couleurs) qui protection personnelle antivectorielle et aborde
sont en cours de développement et seront de le problème important de la résistance aux
plus en plus utilisées par les entomologistes. insecticides et de sa gestion.
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C HAPITRe 1
arthropodologie générale
Gérard Duvallet
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Figure 1.4 – Arachnide, Argiope fasciée. Figure 1.5 – Crustacés : une écrevisse.
© M. Huguet © G. Labonne.
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Arthropodologie générale
MORPHOLOGIE ET DÉVELOPPEMENT
Le tégument
Au plan morphologique, les Euarthropodes sont
caractérisés par la présence d’une cuticule, au
moins à l’état adulte, qui revêt tout l’extérieur
Figure 1.6 – Myriapode : Scolopendre ceinturée. du corps, tenant lieu de squelette externe. Elle
© G. Duvallet est sécrétée par l’épiderme, l’ensemble formant
le tégument. La cuticule est constituée de
3 couches superposées (fig. 1.8). À l’extérieur,
l’épicuticule, très mince et faite de lipoprotéines
tannées, est recouverte d’un cément sécrété par
les cellules épidermiques et d’une couche cireuse
formée d’esters d’acides gras. Cet ensemble
assure l’imperméabilité de la cuticule. Sous
l’épicuticule se trouvent l’exocuticule, rigide et
colorée, et l’endocuticule, souple et incolore.
L’une et l’autre sont constituées, en proportions
variables, de chitine (acétate d’un polysaccharide
dont l’élément principal est la glucosamine) et
de protéines diverses (arthropodine, résiline,
sclérotine). Le tégument peut être calcifié par
imprégnation de sels de calcium et de magné-
sium chez les myriapodes et surtout chez les
crustacés. La cuticule est rigide quand elle est
sclérifiée, ce qui n’est pas le cas au niveau des
membranes articulaires où elle se présente comme
une fine couche chitineuse gardant sa souplesse.
Ces membranes articulaires assurent la mobilité
Figure 1.7 – Coléoptère (Leptura unipunctata) des différents segments du corps qui peuvent
comme exemple d’Hexapode. jouer les uns par rapport aux autres, ainsi qu’à
© G. Duvallet l’articulation des divers segments des appendices :
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Arthropodologie générale
3 segments
Oeil Cerque
n1 n2 n3
t1 t2 t3 t4 t5 t6 t7 t8 t9 t10
Antenne
Ovipositeur
md mx lbm
th1 th2 th3
Pièces buccales
Segments thoraciques
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Claviforme
Pectinée Sétiforme
Filiforme
Avec style
Monoliforme
Lamelleuse
Plumeuse
Coudée
Serriforme (géniculée) Claviforme
(en dent de scie) Aristée en massue
Ocelle
Oeil composé
Palpe
maxillaire Labium
Ommatidies
extraites et grossies
Cellules
sensorielles Palpes labiaux
Maxille
Labre
Figure 1.12 – Organes de vision des insectes : Mandibule
ocelle et œil composé.
Les ommatidies, éléments constituant l’œil composé, Figure 1.13 – Schéma des pièces buccales
ont été extraits et grossis. de type broyeur d’un criquet.
Les pièces buccales s’organisent en plusieurs quatre structures de base constantes : deux
types, en rapport avec le régime alimentaire : le structures impaires (lèvre supérieure ou labre,
type broyeur (blattes, criquets, etc.) (fig. 1.13), lèvre inférieure ou labium), deux structures
le type broyeur-lécheur (guêpes, abeilles, etc.), paires (les mandibules et les maxilles).
le type suceur (papillons, mouche domestique, Lorsqu’elles ont un rôle sensoriel, ces pièces
etc. ; cf. fig. 9.4 a), et le type piqueur-suceur portent des palpes (palpes maxillaires et palpes
(moustiques, punaises, etc. ; cf. fig. 9.4 b). La labiaux). Deux autres structures impaires
forme et le nombre des pièces buccales varient de apparaissent dans certains groupes d’insectes
manière importante, mais on peut reconnaître seulement : l’épipharynx, souvent accolé au
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Arthropodologie générale
Le thorax
Le thorax des insectes est formé de 3 segments Fémur
que l’on nomme d’avant en arrière : le protho-
rax, le mésothorax et le métathorax. Parmi les
plaques cuticulaires qui constituent le squelette
externe de chaque segment, la ventrale, ou
Tibia
sternite, a une structure simple et n’est pas ou
peu utilisée en systématique ; en revanche, la
latérale, ou pleurite, et la dorsale, ou tergite, ont
en général une structure complexe et sont très
utilisées en systématique. Les pleurites thora-
ciques sont constitués par deux pièces principales
séparées par une suture pleurale verticale ou
oblique : vers l’avant l’épisterne, vers l’arrière
l’épimère. Les tergites thoraciques sont formés Tarse
d’un ensemble de plaques, successivement
Griffe
pronotum, mésonotum et métanotum, chacune
se divisant en préscutum, scutum et scutellum.
Les pattes, au nombre de six (une paire par
segment thoracique), ont toutes la même Figure 1.14 – Schéma d’une patte d’insecte.
constitution de base avec 5 articles : hanche ou
coxa, trochanter, fémur, tibia et tarse (fig. 1.14).
Ce dernier est terminé par un prétarse, ou Divers auteurs anciens ont établi une nervation
empodium, qui comprend des griffes et parfois théorique primitive à partir de laquelle on peut
un lobe central, l’arolium. Le tarse est formé de dériver toutes les autres par réduction ou par
plusieurs articles, 3 à 5 selon les groupes. addition de certaines nervures (cf. fig. 9.6).
Adaptées généralement à la locomotion terrestre,
Les insectes au stade adulte ont typiquement
les pattes peuvent présenter des spécialisations
deux paires d’ailes. Ils peuvent être d’excellents
très diverses : pattes fouisseuses, ravisseuses,
voiliers (fig. 1.15). La première paire est portée
sauteuses, nageuses, etc.
par le mésothorax, l’autre par le métathorax,
Les ailes sont membraneuses, avec un bord mais, dans certains groupes, elles peuvent être
antérieur ou costal, un bord postérieur ou vestigiales (punaises de lits), réduites à une paire
vannal, enfin un bord distal. Elles sont renforcées (tous les diptères, chez lesquels la deuxième
par des nervures longitudinales et transverses, paire est transformée en haltères), ou totale-
ce qui détermine ainsi des « cellules » à la surface ment absentes (puces, poux, etc.). Par ailleurs,
de l’aile. La nervation a longtemps représenté le même lorsque les deux paires sont présentes,
caractère sur lequel reposait la classification des elles peuvent avoir des structures très diffé-
insectes ; elle a perdu aujourd’hui cet aspect rentes, la première se modifiant pour servir de
primordial mais reste un élément majeur, qui protection à la seconde, plus spécialisée pour le
sert par exemple à différencier des familles de vol : hémélytres des Hétéroptères, élytres des
Diptera, certains genres ou certaines espèces. coléoptères et dermaptères (fig. 1.16).
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Figure 1.15 – Les insectes sont les seuls Euarthropodes capables de voler.
Ici un papillon Sphingidae en train de butiner du nectar.
© P. Robert
L’abdomen
L’abdomen des insectes est formé de segments
dépourvus de pattes, qui n’ont donc pas de ce
fait de sclérites pleuraux mais seulement une
membrane pleurale, de structure simple, qui
relie les sternites et les tergites. Le nombre de
segments abdominaux est de 11 (groupes les
plus primitifs) ou de 10 (groupes les plus évo-
lués) ; cependant, en raison de la spécialisation
des segments les plus apicaux pour les fonctions
de reproduction, le nombre de segments visibles
est très inférieur et peut se réduire, jusqu’à 4.
Chez le mâle, les appendices copulateurs sont
les appendices du 9e sternite ; selon les groupes,
ils portent des noms divers : style et coxite
(moustiques, simulies, etc.), harpe (glossines,
lépidoptères, etc.) ; ils entourent l’édéage ou
Figure 1.16 – Ailes d’un coléoptère (Ctenicera sp.). phallosome, qui est l’organe copulateur. Les
On reconnaît la première paire d’ailes ou élytres
protectrices et les ailes membraneuses pour le vol. organes génitaux mâles ont reçu des noms très
© G. Duvallet divers selon les groupes (cf. fig. 9.7 a et b). Chez
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Arthropodologie générale
les femelles, des appendices des 8e et 9e sternites dépôt ou en même temps). La viviparité est rare
entrent dans la formation de l’armature génitale, et se rencontre chez les glossines, Hippoboscidae,
souvent munie de lobes latéraux (paramères). Nycteribiidae et Streblidae. Il existe des cas de
parthénogenèse (abeilles, pucerons, etc.).
Biologie du développement Concernant leur développement, comme pour
des insectes tous les Euarthropodes, en raison de la présence
Chez les insectes, les sexes sont séparés (gono- d’un exosquelette rigide, la croissance n’est pas
chorisme) et souvent associés à un dimorphisme continue et ne se fait qu’à l’occasion des mues,
sexuel marqué. Les appareils génitaux compren- lorsque se produit le changement de cuticule.
nent une paire de gonades et des gonoductes, La cuticule abandonnée du stade précédent est
auxquels sont généralement associées des glandes nommée exuvie (fig. 1.17).
annexes. Chez les femelles, il existe souvent au Toute la croissance se fait à l’état larvaire, et
moins un réservoir ou spermathèque qui l’adulte ou imago est un organisme dont la
recueille et conserve les spermatozoïdes. croissance est terminée. Il existe deux grands
L’oviparité est la règle générale chez les insectes, types de développement chez les insectes :
les œufs pouvant être pondus à un stade plus – le développement hétérométabole, lorsque les
ou moins embryonné, pouvant aller jusqu’à formes juvéniles sont semblables aux imagos.
l’ovoviviparité (éclosion de la larve juste avant son Les différences entre larves et adultes consistent
Figure 1.17 – Exuvies laissées par des cigales après leur dernière mue.
© IRD/V. Robert
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alors en des différences de taille, de longueur Ce type est subdivisé en 3 sections selon le déve-
des ailes (pour ceux qui en sont pourvus) et de loppement de la capsule céphalique :
maturité sexuelle. C’est le cas des blattes, des poux, • larves eucéphales : ayant une capsule cépha-
des punaises, etc. Le développement externe des lique complète ou presque, bien visible, avec
ailes (exoptérygotes) et des pièces génitales pièces buccales complètes et broyeuses,
s’effectue au cours des stades successifs séparés • larves hémicéphales : ayant une capsule cépha-
par des mues. Les juvéniles et les imagos, qui lique incomplète, ventralement rétractée dans
occupent le même biotope et ont le même mode le thorax, pièces buccales réduites à deux
de vie, sont dits paurométaboles (orthoptères, crochets mandibulo-maxillaires,
hémiptères, etc.). Lorsque les larves sont aqua-
• larves acéphales (asticots) : n’ayant pas de
tiques et les imagos aériens, ils sont dits
capsule céphalique mais un endosquelette
hémimétaboles (odonates) ;
céphalique formant une armature buccopha-
– le développement holométabole, lorsque la ryngienne comportant 2 crochets.
larve issue de l’œuf a une forme très différente
On distingue deux grands types nymphaux chez
de celle de l’adulte, et également un mode de vie
les holométaboles :
différent (moustiques, mouches, puces, papillons,
coléoptères, fourmis, etc.). Le développement – les nymphes libres, chez lesquelles on recon-
interne des ébauches alaires (endoptérygotes) naît le plus souvent un céphalothorax, où se
et des pièces génitales s’effectue pendant les distinguent ailes, yeux et antennes du futur
stades larvaires. La profonde transformation adulte, et un abdomen segmenté ;
morphologique qui mène de la larve à l’adulte – les nymphes coarctées (ou en tonnelet), chez
s’effectue au cours du stade nymphal, c’est une lesquelles la dernière exuvie larvaire se trans-
métamorphose. forme en une enveloppe durcie, le puparium,
Le nombre de stades larvaires varie beaucoup donnant à la nymphe le nom de pupe.
selon les groupes. À titre d’exemple, pour les Les auteurs anglophones appliquent le terme de
insectes d’importance médicale, on peut citer nymphe à la fois au stade qui précède immédia-
les chiffres suivants : 3 stades larvaires chez les tement le stade adulte chez les holométaboles,
mouches et autres diptères cyclorrhaphes, les et à tous les stades qui se succèdent de l’œuf à
poux et les puces ; 4 stades chez les moustiques, l’adulte chez les hétérométaboles. Les entomo-
les phlébotomes ; 5 stades chez les punaises ; logistes francophones réservent habituellement
de 6 à 8 chez les simulies ; 7 et plus chez les le terme de nymphe aux seuls holométaboles
taons, etc. (sauf la pupe quand elle existe, par exemple
chez de nombreux diptères) et utilisent celui de
On distingue 3 grands types larvaires chez les
larve pour tous les stades préimaginaux des
holométaboles :
hétérométaboles.
– larves polypodes : les appendices locomoteurs
sont nombreux : 3 au niveau thoracique plus des Morphologie et développement
pseudopodes abdominaux (cas des lépidoptères, des Arachnides
des panorpes, des hyménoptères symphites) ;
Chez les Arachnides, on ne retrouve plus la divi-
– larves oligopodes : les appendices locomo- sion du corps en 3 parties observée chez les
teurs sont réduits aux 3 seuls appendices insectes. La tête et le thorax ont ici fusionné
thoraciques (certains névroptères et coléoptères pour former le céphalothorax (ou prosoma).
aquatiques) ; Chez certains (scorpions, araignées), le céphalo-
– larves apodes : les appendices locomoteurs sont thorax est nettement séparé de l’abdomen (ou
absents : cas de tous les diptères, des siphonap- opisthosoma), mais chez d’autres (acariens) la
tères, de certains coléoptères et hyménoptères. séparation a disparu, prosoma et opisthosoma
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Arthropodologie générale
ayant fusionné pour former une structure plus Le mot taxinomie – ou taxonomie, du grec
ou moins ovale, sacciforme, appelée idiosoma ; taxis, « ordre », « arrangement », et nomos,
seul se détache à l’avant de cette structure le « loi » – a été introduit dès 1813 par le botaniste
rostre ou gnathosoma. suisse A. P. de Candolle pour désigner « la
Les adultes ont, à de rares exceptions près (Erio- théorie des classifications ». La taxinomie décrit
phyides), quatre paires de pattes. Ils sont les espèces selon une démarche formalisée :
toujours dépourvus d’ailes et d’antennes, et descriptions des caractères morphologiques,
leurs yeux, lorsqu’ils sont présents, sont toujours comparaison avec d’autres spécimens, applica-
du type simple. Les pièces buccales sont consti- tion des règles de nomenclature. Ce travail de
tuées par des chélicères adaptées à percer, typologie n’est pas nécessairement en rapport
dilacérer ou piquer les tissus, et des pédipalpes avec la biologie évolutive. Les groupements
à rôle sensoriel ; dans certains groupes, notam- d’êtres vivants sont appelés taxons.
ment les tiques mais aussi d’autres acariens, La systématique permet de classer les espèces
existe une troisième pièce : l’hypostome. selon un système hiérarchique. Si Linné
Les pattes sont formées de 6 segments : la patelle inventa un système hiérarchique non fondé
située entre le fémur et le tibia représente le sur l’évolution, Darwin proposa, le premier,
segment supplémentaire par rapport aux pattes que la hiérarchie repose sur l’histoire évolutive.
des insectes. Il existe actuellement trois écoles principales
L’appareil digestif des arachnides est caractérisé de classification suivant la façon dont elles
par l’existence de très nombreux diverticules qui représentent l’évolution :
divergent au niveau de l’intestin moyen, occu- – l’école phénétique (ou taxinomie numérique)
pant une grande partie de la cavité interne. établit la hiérarchie selon la similarité globale
L’excrétion est principalement le fait des tubes entre les groupes, qui refléterait leur évolution.
de Malpighi. Mais elle n’établit pas un classement unique ;
La respiration est assurée, chez la plupart de ces suivant le jeu de caractères choisis, les orga-
Euarthropodes, par des trachées du même type nismes peuvent être classés dans des groupes
que celles des insectes ; chez les araignées, il y a différents ;
coexistence de « poumons » (qui sont de simples
– l’école phylogénétique classe les espèces en
sacs aériens) et de trachées.
fonction de l’âge de leur plus proche ancêtre
Comme chez les insectes, l’oviparité est la règle, commun. La systématique phylogénétique, ou
sauf chez les scorpions et quelques acariens cladistique, exprime ainsi les relations phylogé-
(Pyemotes) qui sont vivipares. nétiques entre les organismes. La phylogénie
Les individus qui sortent de l’œuf ont, en prin- des espèces est parfois difficile à établir, mais
cipe, la forme générale des adultes, bien que elle est unique. Cette école est rigoureusement
pour certains le nombre de pattes varie (3 paires ancrée dans la théorie de l’évolution. Elle a été
de pattes chez les larves d’acariens). La longévité fondée en 1950 par l’entomologiste Willi Hen-
de beaucoup d’arachnides est remarquable : nig (1913-1976) et largement développée au
10 ans et plus pour certaines tiques. cours des 45 dernières années. L’élément de
base est le clade, strictement monophylétique,
NOMENCLATURE, CLASSIFICATION, qui contient un ancêtre et tous ses descendants.
IDENTIFICATION Le rang des clades est directement déterminé le
long d’un arbre phylogénétique, appelé clado-
Taxinomie et systématique gramme, qui peut donner l’âge des divergences
La classification des espèces peut se diviser en au cours des temps géologiques. Cette méthode
deux grandes tâches (DAVID et SAMADI, 2000) : se fonde sur l’identification des caractères déri-
la taxinomie et la systématique. vés (apomorphies) partagés par les taxons ;
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– l’école évolutive inclut dans sa classification Trois critères sont récurrents dans les défini-
des critères phénétiques et phylogénétiques. Elle tions de l’espèce : les critères morphologiques,
permet d’éviter ainsi les écueils techniques de la de descendance et d’interfécondité/interstérilité,
systématique phylogénétique mais ne peut éviter utilisés seuls ou en association.
les difficultés théoriques de la classification Une morphologie identique entre deux taxons
phénétique. reflétant une adaptation au milieu décrit un
phénomène de convergence. Des espèces isolées
Le concept d’espèce d’un point de vue reproductif mais ne présentant
La notion d’espèce remonte à Aristote (IVe siècle pas pour autant de différences morphologiques
avant notre ère) (HARRY, 2001). L’espèce a reçu sont dites jumelles.
une multitude de définitions et aucune n’est Pour approfondir toutes les définitions de l’espèce
reconnue comme universelle. Cette notion et les différents modèles de spéciation, nous
recouvre deux concepts, celui de la classification renvoyons vers des ouvrages spécialisés (HARRY,
et celui de l’évolution des taxons. 2001 ; LHERMINIER et SOLIGNAC, 2005 ; FISHER
Linné (1707-1778) est considéré comme le et TASSY, 2014).
fondateur de la classification. Il utilise le seul
critère morphologique et les espèces sont Comment décrire
définies par rapport à des individus de référence une nouvelle espèce ?
ou type. Il introduit la classification binomiale
Le Code international de nomenclature régle-
dans la dixième édition de Systema Naturae
mente la formation et l’application des noms
(1758). Chaque spécimen est ainsi défini par un
scientifiques. Une espèce est décrite par réfé-
nom de genre et un nom d’espèce, parfois suivi
rence à un individu nommé type ou holotype.
d’un nom de sous-espèce, auxquels s’ajoutent le
La description est publiée dans une revue
nom du premier descripteur et l’année de la
scientifique et le type est déposé dans un
description. La mouche domestique, par exem-
muséum. La variabilité morphologique peut
ple, est connue depuis Linné sous le nom de
être appréciée par l’étude d’une série constituée
Musca domestica Linné 1758.
d’individus que l’on nomme paratypes. D’après
D’après ce concept typologique de l’espèce, une le Code de nomenclature, sont désignés
espèce diffère d’une autre par la présence d’un comme syntypes tous les spécimens de la
caractère diagnostic constant. Buffon (1707-1788) série-type d’une espèce qui n’auraient pas
introduit ensuite le critère d’interfécondité, d’holotype. Ils constituent collectivement le
Cuvier (1769-1832) celui de descendance. type porte-nom. Un lectotype peut être désigné
Ensuite, le transformisme de Lamarck (1744- parmi les syntypes pour devenir l’unique porte-
1829), Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) et nom d’une espèce et constituer la référence pour
Darwin (1809-1882) rend la définition de l’espèce l’emploi de ce nom. Ce spécimen devient alors
difficile, les espèces se fondant les unes dans les l’unique support du nom, les autres syntypes
autres. deviennent alors des paralectotypes. Un néotype
Un siècle plus tard, les travaux de Dobzhansky est le type porte-nom d’une espèce, désigné
(1900-1975) et de Mayr (1904-2005) ont conduit lorsque l’on pense qu’il n’existe plus de spécimen
à la définition biologique de l’espèce. D’après ce type porte-nom, et qu’un auteur estime qu’un
concept, les espèces sont des groupes de popu- type porte-nom est nécessaire à la définition
lations naturelles réellement ou potentiellement objective de cette espèce. Le terme allotype est
capables de se croiser, isolés d’un point de vue utilisé pour désigner parmi les paratypes un
reproductif des autres groupes. Dans cette spécimen du sexe opposé à l’holotype. Il n’a
dernière approche, la notion de flux de gènes est pas de valeur de porte-nom (LHERMINIER et
centrale. SOLIGNAC, 2005).
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Arthropodologie générale
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Onychophores
Arthropodes-like
Panarthropodes
Tardigrades
Trilobites
Pycnogonides
Chélicériformes Mérostomes
Euarthropodes Chélicérarates
Arachnides
Myriapodes Collemboles
Mandibulates Crustacés
Pancrustacés Protoures
Hexapodes
Diploures
Les groupes « arthropodes-like » rassemblent terrestre. La plupart des Arachnides sont des
donc : prédateurs, mais certains acariens peuvent être
– les Onychophores : animaux au corps mou, parasites ou herbivores,
vermiformes, comprenant environ 70 espèces, – les Pycnogonides : plus de 1 000 espèces
qui ont des caractères d’arthropodes et d’Anné- marines, peu visibles, aux longues pattes, et
lides, vivant dans la litière de sols tropicaux ; dont le corps est extrêmement réduit. Ce sont
– les Tardigrades : animaux très petits (moins de des prédateurs de cnidaires (coraux, anémones
1 mm de long), comprenant environ 400 espèces, de mer), de bryozoaires, de petits polychètes ou
et vivant dans les films d’eau associés aux d’éponges.
mousses. Chélicérates et Pycnogonides sont maintenant
Les Euarthropodes ou arthropodes vrais ras- regroupés sous le nœud des Chélicériformes.
semblent : Les groupes suivants constituent le nœud des
– les Trilobites : plus de 10 000 espèces éteintes, Mandibulates et comprennent :
caractéristiques de l’ère Primaire, vivant dans le – les Myriapodes : près de 13 500 espèces répar-
milieu marin, mesurant de 1 mm à 1 m de long, ties en 4 groupes. On distingue :
avec le corps divisé en 3 parties (tête, thorax et • les Pauropodes : environ 500 espèces, mesurant
pygidium). La tête, au moins chez certains moins de 2 mm de long, aveugles, au corps
spécimens, avait des antennes et des yeux sem- mou, creusant le sol et saprophytes,
blables aux yeux composés des Euarthropodes
• les Diplopodes : environ 10 000 espèces, terres-
modernes ;
tres, au corps allongé cylindrique, se mouvant
– les Chélicérates, avec 2 groupes : lentement, herbivores pour la plupart. Taille
• les Mérostomes : composés de 4 espèces de variant de 2 mm à 25 cm en longueur. Les
grande taille, vivant sur les fonds marins. Les 3 premiers segments du corps n’ont pas de
espèces du genre Limulus, connu depuis le pattes, mais les autres segments sont fusionnés
Silurien, peuvent atteindre 60 cm de long, par paire et portent chacun 2 paires de pattes,
• les Arachnides (araignées, scorpions, acariens, • les Chilopodes : environ 2 500 espèces, terres-
pseudoscorpions, etc.), avec plus de tres, carnivores avec la première paire de
65 000 espèces, sont un groupe essentiellement pattes transformées en forcipules capables
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Arthropodologie générale
d’injecter du venin. Certains sont allongés, fili- – les Insectes : environ 1 000 000 d’espèces
formes, vivant dans le sol et se mouvant connues. Principalement terrestres, mais avec
lentement ; d’autres ont des pattes allongées et un nombre significatif d’espèces aquatiques.
se déplacent rapidement. Taille de 5 mm à Taille très variable pouvant aller de 0,2 mm
20 cm. Chaque segment du corps ne porte pour des guêpes parasitoïdes à 60 cm de long
qu’une seule paire de pattes, pour des phasmes. Les insectes ont évolué vers
• les Symphyles : environ 150 espèces, petits (de des modes de vie très différents. La tête porte des
1 à 8 mm), au corps mou, aveugles, vivant pièces buccales externes, une paire d’antennes
dans le sol ou la litière, herbivores. et d’yeux composés. Le thorax porte normale-
ment 3 paires de pattes et typiquement 2 paires
– les Pancrustacés : la monophylie de ce nœud
d’ailes. Les insectes ont un système trachéen
est soutenue par les caractères moléculaires du
bien développé pour la respiration.
gène ARNr 18S. Ils comprennent :
• plusieurs groupes rassemblés autrefois sous le
nom général de Crustacés : Rémipèdes,
NOTIONS DE BIOGÉOGRAPHIE
Céphalocarides, Maxillopodes, Branchio- La biogéographie est une science de synthèse
podes et Malacostracés ; l’ensemble comprend qui étudie la répartition des êtres vivants à la
près de 35 000 espèces, essentiellement aqua- surface de la biosphère et analyse ses causes.
tiques, marines, mais certaines espèces vivent Elle peut être définie comme l’étude spatio-tem-
en eau douce, et quelques espèces sont para- porelle des diversités biologiques, de leur
sites. À noter que les Pentastomes, plus de origine, de leur évolution et de leur régulation
60 espèces vivant comme parasites dans les dans des espaces hétérogènes et changeants
voies nasales et la trachée de reptiles, oiseaux (BLONDEL, 1986 ; 1995). Elle s’applique à expli-
ou mammifères, étaient autrefois classés parmi quer les distributions et abondances des
les « arthropodes-like ». Ils sont désormais organismes et peut se confondre avec l’écologie,
regroupés parmi les Maxillopodes ; au sens le plus large du terme.
• les Hexapodes, divisés en 4 groupes différents. C’est au xIxe siècle que la prospection biogéo-
On distingue : graphique de la planète fut entreprise par des
– les Collemboles : environ 6 000 espèces, pionniers, parmi lesquels de Candolle (1855),
principalement terrestres, mais certaines Sclater (1858), Huxley (1868), Wallace (1876),
espèces se trouvent à la surface de mares d’eau Darwin (1859), Humboldt et Bonpland (1807),
douce ou d’eau salée. Surtout détritivores, mais et leurs disciples. De leurs observations, six
pouvant se nourrir aussi sur du pollen ou des grandes régions furent définies sur la base des
algues, et certains peuvent être des ravageurs distributions d’espèces ; elles correspondent
pour l’agriculture, comme la canne à sucre par schématiquement aux principales masses conti-
nentales. La caractérisation de ces régions se fait
exemple. Ils mesurent moins de 4 mm en lon-
à partir des différences de composition des flores
gueur et sont munis d’un mécanisme
et des faunes, en portant attention essentielle-
abdominal pour sauter ;
ment aux ordres et familles endémiques de
– les Protoures : environ 500 espèces, au corps chacune d’entre elles. Les biogéographes ont
mou, très petits, moins de 2 mm, aveugles, vivant alors recherché les relations entre flores et
dans le sol et se nourrissant de champignons ; faunes des différentes régions, leur histoire,
– les Diploures : environ 800 espèces, d’une leur âge et les échanges qui ont eu lieu entre
taille pouvant aller de 5 à 50 mm, fins, aveugles, elles. Certaines zones de transition, comme celle
terrestres. La plupart des espèces vivent sous qui sépare la région indo-malaise de la région
les pierres, dans le sol et la litière. L’abdomen Australasienne (ligne de Wallace), sont particu-
a une paire de cerques bien visibles ; lièrement intéressantes (BLONDEL, 1995).
33
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Néarctique
Néotropicale
Paléarctique
Afrotropicale
Orientale
Australasienne
En ce qui concerne les animaux, 6 régions sinueuse limitant le plateau mexicain. Elle
zoogéographiques ont été définies, dont la constitue avec la région Paléarctique la région
connaissance est indispensable aux épidémio- Holarctique ;
logistes. En voici les limites schématiques – la région Néotropicale : Amérique centrale
(fig. 1.19) : (Antilles comprises) et du sud.
– la région Paléarctique : partie de l’Ancien Chacune de ces régions est à son tour subdivisée
Monde située au nord d’une ligne traversant le en sous-régions, plus ou moins faciles à indivi-
Sahara, le Moyen-Orient, et longeant l’Himalaya dualiser suivant les groupes zoologiques
puis la vallée du Yang-Tsé-Kiang ; concernés.
– la région Afrotropicale (anciennement
dénommée région éthiopienne) : parties de RÉFÉRENCES
l’Afrique et de la péninsule Arabique situées au
sud de la ligne précédente ; Madagascar et îles Blondel, J., 1986. Biogéographie évolutive. Masson,
Paris.
voisines ;
Blondel, J., 1995. Biogéographie. Approche écologique
– la région Orientale (ou Indomalaise) : Asie et évolutive. Masson, Paris, 298 p.
tropicale au sud de l’Himalaya, limitée au sud-
Darwin, C., 1859. On the origin of species by means of
est par la ligne de Wallace qui la sépare de la
natural selection. J. Murray, London.
région suivante ;
David, P., Samadi, S., 2000. La théorie de l’évolution.
– la région Australasienne : îles situées à l’est de Une logique pour la biologie. ChampsUniversité,
la ligne de Wallace, notamment Australie, Nou- Flammarion, Paris, 312 p.
velle-Guinée, Nouvelle-Zélande, îles de De Candolle, A., 1855. Géographie Botanique Raisonnée.
l’Océanie ; Masson, Paris.
– la région Néarctique : Amérique du Nord Fisher, M.S., Tassy, P., Eds. 2014. Analyse cladistique:
séparée de la région suivante par une ligne le débat Mayr-Hennig de 1974. Biosystema, 29 : 1-95.
34
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Arthropodologie générale
Harry, M., 2001. Génétique moléculaire et évolutive. Lecointre, G., Le Guyader, H., 2013. Classification
Maloine, Paris, x+326 p. phylogénétique du vivant (Tome 2). Belin, Paris,
Hennig, W., 1950. Grundzüge einer Theorie der 608 p.
Phylogenetischen Systematik. Deutscher Zentralverlag, Lherminier, P., Solignac, M., 2005. De l’espèce. Syllepse,
Berlin. Paris, 694 p.
Humboldt, A. von, Bonpland, A., 1807. Ideen zu einer Morère, J.L., Pujol, R., 2003. Dictionnaire raisonné de
Geographie der Pflanzen nebst einem Naturgemälde Biologie. Frison-Roche, Paris, 1 222 p.
der Tropenländer. Cotta, Tübingen ; Neudruck Geest
and Portig, Leipzig (1960). Sclater, P.L., 1858. On the general geographical dis-
tribution of the members of the class Aves. Zool. J.
Huxley, T.H., 1868. On the classification and distri-
Linn. Soc., 2 : 130-145.
bution of the Alectoromorphae and Heteromorphae.
Proc. Zool. Soc. London, 294-319. Sokal, R., Sneath, P., 1963. Principles of numerical
taxonomy. Freeman, San Francisco.
Lecointre, G., Le Guyader, H., 2001. Classification
phylogénétique du vivant (3e édition). Belin, Paris, Wallace, A.R., 1876. The geographical distribution of
560 p. animals. 2 vol. McMillan, London.
35
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C HAPITRe 2
introduction à l’entomologie
médicale et vétérinaire
Vincent Robert
Un ouvrage d’entomologie médicale et vétéri- que Patrick Manson mène sur son jardinier
naire se doit d’être une aide pour : (1) le atteint de filariose et porteur de microfilaires.
taxonomiste, appelé à identifier les arthropodes Les moustiques gorgés nuitamment sont dissé-
vecteurs et nuisants ; (2) l’épidémiologiste, qués, ce qui lui permet de suivre les étapes du
concerné par les questions de santé associées développement du parasite, dans l’estomac, puis
aux arthropodes et aux agents infectieux trans- dans la cavité abdominale et enfin dans les
mis ; (3) l’hygiéniste, chargé de la lutte contre muscles thoraciques du moustique. Le parasite
ces arthropodes. augmente de taille et développe une bouche et un
En d’autres termes, cet ouvrage ambitionne canal alimentaire. En contraste, les microfilaires
d’apporter des éléments de réponses aux trois non ingérées par un moustique périclitent rapi-
questions fondamentales de l’entomologie dement. Il devient dès lors clair qu’un organisme
médicale et vétérinaire : quel est l’arthropode déjà connu pour parasiter l’Homme parasite
qui nous préoccupe ? Est-il une nuisance et/ou également un autre hôte, le moustique. Peu après,
un vecteur ? Quelles sont les méthodes de lutte en 1879, il observe la surprenante présence de
envisageables ? microfilaires dans le sang circulant dans la peau
des patients pendant la nuit, alors que ces micro-
filaires n’y sont pas observées pendant la journée.
UNE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE Cela renforce l’hypothèse de l’intervention d’un
RÉCENTE vecteur hématophage (i.e. qui se nourrit de sang)
L’entomologie médicale en tant que discipline et dont l’activité de piqûre est nocturne.
scientifique est née en 1877. Patrick Manson, Ces découvertes ont constitué une avancée
médecin écossais alors praticien sur la côte considérable pour comprendre la transmission
Sud-Est de la Chine, a l’intuition que le mous- d’infections parasitaires. Manson suppose
tique Culex quinquefasciatus intervient dans la alors d’une part que le moustique infecté meurt
transmission de la filaire de Bancroft, alors qu’il aussitôt après la ponte de ses œufs en libérant le
réalise une série d’observations le convainquant parasite dans l’eau et d’autre part que l’Homme
de l’existence d’un lien causal entre la filaire et s’infecte selon un mécanisme inconnu, peut-être
son signe clinique le plus évident, l’éléphantiasis. en buvant l’eau et le parasite ; mais ces deux
L’intervention d’un moustique dans la transmis- suppositions devaient s’avérer inexactes. En
sion interhumaine est ultérieurement confirmée effet, le moustique femelle prend plusieurs repas
par les expériences de gorgement de moustiques de sang au cours de sa vie, et le parasite est libéré
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lors de la piqûre du moustique infecté. Ces deux Comme son nom l’indique, l’entomologie
traits de vie sont mis en évidence quelques médicale et vétérinaire constitue une partie de
années plus tard en 1904 en Australie par l’entomologie, science des insectes, que l’on
Thomas Lane Bancroft (fils de Joseph Bancroft, peut subdiviser de la façon suivante.
découvreur en 1876 du ver adulte de la filaire L’entomologie médicale et vétérinaire est concer-
éponyme), utilisant comme modèle animal une née par le rôle joué par les insectes en tant que
filariose du chien. Avec le recul, il semble logique nuisances et surtout par leur rôle de vecteurs
que la fondation de l’entomologie médicale soit d’agents de maladies humaines et animales. Ce
intervenue dans le contexte où évoluait Patrick domaine inclut l’étude des arthropodes en contact
Manson, pour plusieurs raisons illustrant l’intri- avec l’Homme, ses animaux domestiques et la
cation entre entomologie, médecine, parasitologie
faune sauvage. Ex. : moustiques, poux, puces…
et zones tropicales : le découvreur était lui-même
L’efficacité de la lutte menée est parfois estimée
médecin tropicaliste et hygiéniste, le parasite était
en termes purement entomologiques (par
relativement gros (aisément visible au microscope,
exemple en termes de réduction de la densité de
en tout cas beaucoup plus grand que bactéries
vecteurs, ou de leur potentiel de transmission),
ou virus), et le vecteur était un moustique (vu
mais plus communément en termes de santé
l’importance de la famille des moustiques dans
publique avec au premier rang la morbidité et la
la transmission vectorielle).
mortalité. L’entomologiste médical et vétérinaire
apporte son expertise dans le domaine des
LES GRANDS DOMAINES arthropodes impliqués dans les questions de
DE L’ENTOMOLOGIE santé. Par extension, conséquence de la proxi-
mité zoologique, l’entomologiste médical ne se
La grande majorité des arthropodes vit sans
limite pas aux seuls arthropodes Hexapoda –
contact avec l’Homme ou avec ses animaux
autre appellation des insectes – d’intérêt médical
domestiques et de ce fait ne relève pas de l’en-
et vétérinaire. Il est aussi appelé à considérer les
tomologie médicale ou vétérinaire (fig. 2.1).
acariens (dont font partie les tiques) et d’autres
arthropodes terrestres comme les araignées et les
scorpions qui posent le même genre de questions
de santé. La santé est ici prise dans son acception
large, telle que reprise par l’OMS, désignant un
complet état de bien-être ; cette définition va bien
au-delà de la définition restrictive se limitant à
l’absence de troubles ou de douleurs en lien avec
des maladies.
L’entomologie agricole a pour objet la protection
des cultures et la lutte contre les ravageurs :
récoltes, gazons, plantes ornementales, arbres
sont abondamment détruits ou détériorés par
de nombreux insectes contre lesquels il convient
de lutter. L’aide à la pollinisation relève égale-
ment de l’entomologie agricole. Ex. : criquets
Figure 2.1 – La grande majorité des insectes
ne relève pas du champ de l’entomologie médicale migrateurs, chenilles mineuses, mouches des
et vétérinaire. fruits, abeilles… Son efficacité est parfois estimée
Ici un papillon demi-deuil Melanargia galathea L. en termes purement entomologiques, mais plus
appartenant à la famille des Nymphalidae, butinant communément en volume ou tonnage de
une inflorescence de chardon.
© IRD/V. Robert récoltes préservées.
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Sciences du vivant
Entomologie, Parasitologie
Zoologie, Biologie,
Microbiologie (Virologie, Bactériologie)
Médecine (humaine et vétérinaire)
Épidémiologie, Pharmacie, Génétique, Physiologie
Écologie, Éthologie
Agriculture (irrigation, maraîchage)
Développement, Évolution
Entomologie
Sciences humaines médicale Sciences
et sociales et de la matière
vétérinaire
Figure 2.2 – Positionnement de l’entomologie médicale et vétérinaire dans le champ des sciences.
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L’entomologie médico-légale apporte une aide à dits « nuisants » (ou pathogènes par eux-
l’élucidation d’affaires criminelles, en particulier mêmes) et les arthropodes dits « vecteurs »
pour la datation du décès sur les cadavres (voir (impliqués dans la transmission d’agents infec-
infra). tieux).
Enfin, l’entomologie joue un rôle comme support
d’autres sciences du vivant. Ici, l’insecte n’est pas Éléments de définition
un objet d’étude en soi, mais il est utilisé comme d’un arthropode nuisant
moyen pour faire progresser une problématique
scientifique débordant largement le cadre de
La nuisance
l’entomologie. Par exemple, la drosophile est un La notion de nuisance découle du désagrément
matériel biologique fondamental en génétique. – voire de la gêne extrême – occasionné par la
L’étude des punaises hématophages du genre présence parfois accidentelle d’un ou plusieurs
Rhodnius a été d’un apport considérable en arthropodes (fig. 2.3). Ainsi, un petit coléoptère
physiologie des invertébrés. se régalant de pollen sur une fleur fournit un bien
joli spectacle ; le même coléoptère fourvoyé dans
D’autres utilisations d’insectes, sans constituer
un canal auditif martelant le tympan constitue
un domaine particulier de la science, méritent
une nuisance à la limite du supportable.
une mention. Ainsi, des asticots de mouche sont
utilisés avec un certain succès en médecine
sous l’appellation d’« asticot-thérapie » comme
agents nettoyants et anti-bactériens sur des
plaies récalcitrantes à la cicatrisation.
Cette présentation tente de distinguer des
grands domaines dans le champ de l’entomolo-
gie, mais ne délimite en rien des secteurs
étanches. Au contraire, chaque science dialogue
en permanence et en réseau avec les autres.
L’entomologie médicale, science de l’interface
entre les arthropodes (essentiellement insectes
et tiques) et la santé de l’Homme et des ani-
maux, ne fait pas exception. Elle trouve une
place dans la zone de partage entre les sciences
du vivant, les sciences humaines et sociales et Figure 2.3 – Les animaux domestiques
sont l’objet d’une nuisance considérable.
les sciences de la matière (fig. 2.2). Ici, des mouches sur un cheval.
© IRD/V. Robert
ARTHROPODES D’IMPORTANCE
MÉDICO-VÉTÉRINAIRE La densité de l’insecte est également à prendre
en compte. Une piqûre isolée d’un moustique
Les insectes d’intérêt médical et vétérinaire sont est un non-événement, sans commune mesure
très minoritaires parmi le vaste ensemble des avec les nuées de moustiques agressifs que l’on
insectes. Le tableau 2.1 donne un aperçu de peut rencontrer dans les zones nordiques au
cette situation. début de l’été ou dans certaines îles tropicales
Les insectes, en général, vivent pour leur propre en saison des pluies (fig. 2.4). De même, le pre-
compte, et sont parfaitement inoffensifs pour mier pou arrivant sur une tête ou la première
l’Homme ou les animaux. Il existe toutefois de blatte arrivant dans une cuisine passent inaper-
nombreuses exceptions qui font l’objet du pré- çus, alors que leur pullulation devient
sent ouvrage, où l’on distingue les arthropodes rapidement intolérable.
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les amène vers les chevaux, qui les avalent et s’infectent avec ces helminthes (voir chap. 27). De
même pour la fourmi, hôte intermédiaire de la douve : c’est la modification de son comportement
par le parasite qui la fait se positionner en haut d’une herbe où elle sera ingérée par un mouton.
Ces exemples démontrent donc que les statuts d’hôtes intermédiaires et de vecteurs ne sont pas
nécessairement antinomiques.
3- Une troisième définition, à visée opérationnelle pour la lutte antivectorielle, a récemment été
introduite. Elle désigne comme vecteur « tout arthropode hématophage qui assure la transmission
biologique active d’un agent pathogène d’un vertébré à un autre vertébré » (FONTENILLE et al., 2009 ;
DUVALLET et DE GENTILE, 2012).
Cette définition impose que l’agent infectieux se développe ou se multiplie dans l’hôte vecteur. De ce
fait, elle est peut-être trop restrictive, car elle exclut les organismes (même arthropodes hématophages)
qui effectuent des transmissions mécaniques actives.
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Arbovirus Protozoaires
Les virus transmis par vecteurs sont ordinaire- Les protozoaires, unicellulaires eucaryotes, ont
ment des arbovirus (virus capables de se de nombreux représentants transmis par vec-
développer dans les cellules du vecteur aussi teurs. C’est le cas des Leishmania, agents des
bien que dans celles du vertébré). On dénombre leishmanioses, transmises par divers phlébo-
plus de 500 arbovirus. Ils constituent un vaste tomes. C’est le cas aussi des trypanosomes,
ensemble hétérogène du point de vue de leur agents de la trypanosomose africaine ou maladie
structure, car ils appartiennent à plusieurs du sommeil, transmis par les mouches tsé-tsé
grandes familles virologiques. On peut citer ou glossines.
pour l’exemple le virus amaril et le virus chikun-
gunya, transmis à l’Homme ou à d’autres Métazoaires
primates par des moustiques Aedini. Plus rare-
ment, certains virus, incapables de se multiplier Des métazoaires parasites peuvent être à trans-
dans les cellules de l’insecte, sont simplement mission vectorielle. Ainsi la filaire Onchocerca
transportés par l’insecte (et ne sont donc pas volvulus, responsable de l’onchocercose ou
des arbovirus) ; c’est le cas du virus de la myxo- cécité des rivières, est transmise par des simu-
matose, dont la transmission entre lapins est lies, petit moucheron dont la femelle est
mécanique et assurée par la piqûre de moustiques hématophage.
ou de puces, peut-être aussi par la morsure de
tiques. On peut également mentionner le très Les organismes non concernés
vaste groupe des virus de plantes transmis par par la transmission vectorielle
des vecteurs tels que les pucerons ou d’autres Finalement, il n’y a guère que les algues (vertes,
familles d’insectes suceurs de sève, qui ne relèvent brunes ou bleues) et les champignons, agents
donc pas de l’entomologie médicale mais de des mycoses, dont la transmission ne se réalise
l’entomologie agricole. jamais selon un mode vectoriel. Les algues,
inféodées au milieu aquatique, peuvent aisé-
Bactéries ment avoir un stade libre dans l’eau et ainsi se
Les rickettsies sont des bactéries parasites intra- dispenser de stade de résistance à la sécheresse.
cellulaires obligatoires (c’est-à-dire des bactéries À l’inverse, il semble imaginable que certaines
inconnues hors de leur cellule hôte), qui para- endomycoses, se développant notamment chez
sitent le cytoplasme des cellules eucaryotes. Elles les insectes ou les tétrapodes, soient transmises
sont vectorisées par des tiques, des acariens, des par des vecteurs capables d’inoculer ces agents
poux, etc. Par exemple, Rickettsia prowazekii, infectieux très répandus. À notre connaissance,
agent du typhus exanthématique, a le pou de il n’en est rien ; il n’y a pas de transmission
corps Pediculus humanus pour vecteur ; cette vectorisée de mycose animale. Est-ce en lien
rickettsie est transmise par les déjections du avec le stade de résistance (la spore) que ces
pou infecté et l’inoculation à l’Homme se fait derniers ont développé, leur permettant de
par lésion de grattage des piqûres. Les bactéries supporter momentanément un environnement
à transmission vectorielle sont également défavorable ?
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Les agents infectieux ne doivent pas être laires à transmission maternelle, qui peuvent
confondus avec la microfaune associée, omni- perturber la diagnose spécifique basée unique-
présente chez les Hexapodes, notamment les ment sur l’analyse biochimique des séquences
Wolbachia, alpha protéobactéries intracellu- nucléotidiques mitochondriales.
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TRANSMISSION VECTORIELLE plus souvent, ces contacts sont des repas sanguins
interrompus. La transmission mécanique néces-
Au regard des enjeux en santé publique, les vec- site évidemment que le délai entre les deux
teurs dominent toute l’entomologie médicale. repas de sang, le premier avec le vertébré infecté
Dans la majorité des cas, la présence de l’arthro- et le second avec le vertébré réceptif, soit court,
pode dans le cycle de l’agent infectieux est en tout cas plus court que la survie de l’agent
obligatoire. Par exemple les Plasmodium, agent infectieux pendant ce laps de temps. Deux
du paludisme, sont transmis par la piqûre d’un voies sont possibles. La première passe par une
moustique femelle Anophelinae ou Culicinae, souillure externe des pièces vulnérantes. Dans
selon l’espèce plasmodiale. Là où il n’y a pas de ce cas, le vecteur fonctionne comme une aiguille
vecteurs, par exemple en Nouvelle-Calédonie contaminée. La seconde passe par une régurgi-
ou aux Seychelles, où les moustiques anophèles tation partielle du repas de sang précédent.
sont absents, il n’y a pas de transmission de Plas- Dans ce cas, le vecteur fonctionne comme une
modium à l’Homme et donc pas de paludisme seringue contaminée. Ce mécanisme est utilisé
autochtone. Cependant, la transmission trans- par les mouches stomoxes ; leur jabot permet la
fusionnelle de Plasmodium due à du sang infecté conservation du sang dans un environnement
est possible. Elle ne fonctionne pas selon un favorable à la survie des pathogènes, autorisant
mode naturel mais n’en constitue pas moins une ainsi une transmission retardée (BALDACCHINO
lourde préoccupation des centres de transfusion et al., 2013). Les stomoxes ainsi que les Tabanidae
sanguine. sont responsables de nombreuses transmissions
mécaniques (voir chap. 16 et 18).
À l’inverse, la transmission vectorielle peut être
effective sans être obligatoire. C’est le cas par
Mécanismes de la transmission
exemple dans l’encéphalite européenne à tiques,
grave maladie due à un arbovirus, qui sévit
biologique
principalement en Europe de l’Est jusqu’à l’est L’incubation extrinsèque
de la France. Le vecteur est une tique du genre Sur le plan fonctionnel, la transmission vecto-
Ixodes. Le réservoir du virus est constitué de rielle biologique procède en trois phases :
nombreux animaux, dont les rongeurs et les infection du vecteur, transformation-multipli-
oiseaux. Le bétail est aussi réceptif, et le virus cation, sortie de l’agent.
survit longtemps dans le lait des animaux
L’infection du vecteur à partir d’un vertébré
domestiques. Au final, il existe deux modalités
infectant se réalise toujours à l’occasion d’un
de passage du virus à l’Homme : une transmis-
repas de sang. Le caractère constant de cette
sion vectorielle par piqûre de la tique et une
voie d’infection est à souligner, tant il est rare
transmission orale par ingestion de lait non
que la nature ne fasse pas preuve d’imagination
pasteurisé.
(voir infra les transmissions non vectorielles qui
Il existe deux modes de transmission vectorielle, aboutissent par d’autres voies à l’infection d’un
mécanique ou biologique. La transmission vecteur). L’agent infectieux est ingéré avec le
mécanique est la plus simple. sang ou la lymphe et se retrouve dans la lumière
de l’estomac du vecteur.
Mécanismes de la transmission La transformation et/ou la multiplication de
mécanique l’agent infectieux procède souvent de façon fort
Dans le cas de transmission mécanique, l’agent complexe et selon un grand nombre de voies,
infectieux ni ne se multiplie ni ne se différencie variables suivant les vecteurs et les agents infec-
au contact du vecteur. Celui-ci est alors un simple tieux. En règle générale, les virus, bactéries et
transporteur actif, rentrant au minimum deux protozoaires se multiplient abondamment dans
fois en contact avec des vertébrés différents. Le le vecteur, parfois dans la lumière du tube digestif,
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le taux minimal de transmission transovarienne passé que ce type de transmission était propre
a été estimé à 73 % sur la descendance de tiques aux tiques, mais il est possible que les simulies
femelles récoltées naturellement infectées dans s’infectent par co-repas avec le virus de la
l’état du Montana (NIEBYLSKI et al., 1999). stomatite vésiculeuse du bétail (voir chap. 13).
La transmission sexuelle s’effectue d’un sexe à
Transmissions l’autre lors du contact des sexes pour l’accouple-
non vectorielles ment. La transmission vénérienne en constitue
un cas particulier. C’est ordinairement le mâle
La transmission vectorielle (biologique ou méca-
qui transmet l’infection à la femelle, cas des
nique) doit être distinguée des transmissions
Borellia et du virus de la peste porcine africaine
non vectorielles d’agents infectieux entre arthro-
chez les tiques ornithodores, et du virus La
podes, c’est-à-dire d’arthropodes à arthropodes,
Crosse chez les moustiques.
dont les principales sont citées ci-dessous.
Un autre mode de transmission non vectorielle
La transmission verticale désigne la transmis-
à un vertébré est illustré par l’intervention d’un
sion d’un agent infectieux par un arthropode
stade libre et mobile comme c’est le cas de la
femelle infecté à sa descendance. La transmis-
cercaire aquatique de Schistosoma qui pénètre
sion verticale est très fréquente, par exemple
dans le corps humain à travers la peau, par
chez les tiques et dans une moindre mesure chez
effraction et de façon autonome, pendant une
certains moustiques. Elle concerne principale-
baignade.
ment les virus et bactéries, exceptionnellement
les protozoaires (Babesia et Neospora chez les
tiques Ixodidae) et jamais les métazoaires. La NOTIONS D’ÉPIDÉMIOLOGIE
transmission transovarienne en constitue un cas
particulier ; elle implique que le passage de L’épidémiologie est l’étude des facteurs influant
l’agent infectieux se fasse à l’intérieur de l’ovaire sur la santé et les maladies des populations. Les
lors de l’ovogenèse. Si la transmission intervient concepts de l’épidémiologie appliqués aux mala-
alors que l’œuf est en transit dans l’oviducte, ou dies infectieuses restent valables pour les
au moment de la ponte, la transmission verticale maladies concernées par l’entomologie médi-
n’est plus transovarienne. cale et vétérinaire. Des spécificités découlent
toutefois de la dimension vectorielle. Le vecteur
La transmission transstadiale implique un stade
impliqué est bien évidemment l’un des facteurs
donné et le stade successif du même arthropode.
primordiaux influant sur la répartition, la fré-
Ce mode de transmission est quasiment la règle
quence, voire sur la gravité des états
pour les arthropodes hématophages à tous les
pathologiques.
stades (punaises, tiques). Elle fonctionne aussi,
à l’évidence, lorsqu’il y a transmission verticale
chez les moustiques. La triade vectorielle
La transmission par co-repas ou co-engorgement
et le système vectoriel
concerne les vecteurs se gorgeant en groupe en La triade vectorielle est constituée de trois
même temps sur le même hôte, et très proches acteurs biologiques : l’agent infectieux, son (ses)
les uns des autres. L’infection d’un vecteur por- vecteur(s), son (ses) hôte(s) vertébré(s). Cette
teur d’un agent pathogène passe aux vecteurs triade s’inscrit dans un environnement dont la
voisins sans nécessairement infecter l’hôte prise en compte définit un système vectoriel. Un
vertébré. Ce type de transmission est observé système vectoriel est donc défini par une triade
par exemple chez les tiques avec le virus de particulière et par les interrelations entre les
l’encéphalite à tiques et les spirochètes de la trois acteurs de la triade, fonctionnant dans un
borréliose de Lyme. On a considéré dans le environnement particulier (fig. 2.6).
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Populations naturelles
Facteurs environnementaux Cette influence de l’environnement amène à
prendre en compte la dimension locale, qui est
Les facteurs de l’environnement interviennent celle des populations et non des espèces. C’est
puissamment sur le système selon des modalités en effet au niveau des populations naturelles que
très diverses. L’environnement se modifie sans tout se joue : populations de l’agent infectieux,
cesse sous l’effet de diverses causes : l’Homme populations de son (ses) vecteur(s), populations
et ses activités en constituent les principales de son (ses) hôte(s) vertébré(s).
(RODHAIN, 2008). Directement ou indirecte-
ment, la biosphère est profondément Les conditions requises
transformée (démographie galopante et/ou Pour qu’un cycle vertébré (Homme)/parasite/
densification de la population, évolution des vecteur s’établisse, il faut la réunion de plusieurs
pratiques de l’agriculture et de l’élevage, assè- conditions :
chement des zones humides, aménagements
hydro-agricoles, déforestation, reboisement, – la densité humaine doit être suffisante, tant
évolution du climat). On peut aussi présager pour la fraction infectée (assurant ordinaire-
que les changements climatiques globaux vont ment le rôle de réservoir de parasites) que pour
rapidement avoir un impact significatif sur la la fraction susceptible (au-dessus d’un seuil
dynamique des infections à transmission vecto- autorisant de nouvelles infections) ;
rielle (modifications des aires d’endémie et – les vecteurs doivent être en fréquent contact
d’épidémie, modifications des saisons de avec l’Homme pour leur repas de sang. Cette
transmission, modifications des intensités de aptitude à prendre un repas de sang sur
transmission et donc des risques d’infection). l’Homme est appelée anthropophilie. Un repas
D’ores et déjà, on suspecte ces changements de sang sur l’animal sera quant à lui appelé zoo-
climatiques de modifier la distribution des philie. Les vecteurs doivent être infectants au
vecteurs, leur capacité vectorielle et leur contact moment de la piqûre, et donc bénéficier d’une
avec les parasites et les hôtes. longévité suffisante en relation avec la durée de
Au-delà de ces changements, il faut aussi être la phase extrinsèque du parasite. La densité des
conscient que c’est parfois notre connaissance vecteurs doit également être suffisante ;
des phénomènes qui progresse. Ainsi, pour des – les relations entre le vecteur et le parasite
générations de médecins et de vétérinaires, la doivent s’exprimer dans le cadre général d’une
maladie de la griffe du chat, due à Bartonella bonne compétence vectorielle. En d’autres
henselae, était connue pour être exclusivement termes, le vecteur doit présenter une aptitude à
transmise à l’Homme par les griffes du chat. ingérer, développer et transmettre le parasite ;
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– enfin, les conditions écologiques doivent être vie du vecteur et durée du développement
adéquates, favorisant la survie des hôtes verté- extrinsèque. La capacité vectorielle désigne le
brés et vecteurs, et permettant la réalisation de nombre moyen de piqûres qu’un vecteur ayant
la phase extrinsèque du parasite, ordinairement piqué un vertébré infectant inflige pendant le
conditionnée par des exigences maximales et reste de sa vie, une fois achevée la phase d’incu-
minimales de température. bation extrinsèque. En d’autres termes, la
L’ensemble de ces paramètres se combine dans capacité vectorielle évalue le nombre de piqûres
la capacité vectorielle. potentiellement infectantes qu’un individu peut
générer, par l’intermédiaire de la population
Compétence vectorielle vectrice, par unité de temps. Elle constitue donc
La compétence vectorielle, telle que définie par l’un des indicateurs du nombre potentiel de cas
DYE (1992) et LORD et al. (1996), désigne la de la maladie (même en l’absence de l’agent
« faculté du vecteur à s’infecter après ingestion infectieux considéré).
du repas de sang infecté, puis à assurer le Cette approche explique pourquoi la transmission
développement du pathogène et enfin à trans- du paludisme humain en Afrique est très supé-
mettre le pathogène au vertébré par une rieure à celle observée dans le reste du monde.
piqûre ». En d’autres termes, la compétence Les vecteurs africains en sont responsables ; ils
vectorielle mesure le niveau de coadaptation sont extrêmement efficaces. Leur longévité est
pathogène/vecteur invertébré, et dépend essen- très importante, leur anthropophilie aussi, leur
tiellement de facteurs génétiques. À titre cycle gonotrophique est court, leur densité est
d’exemples, An. gambiae a une compétence élevée. Il en résulte que leur capacité vectorielle
vectorielle nulle pour le virus chikungunya. est très élevée (CARNEVALE et al., 2009).
Aedes albopictus avait une compétence vecto- Les différentes populations qui représentent
rielle médiocre pour le virus chikungunya l’espèce n’ont pas nécessairement la même
jusqu’au moment où a été sélectionné un virus compétence vectorielle vis-à-vis d’un agent
ayant une mutation d’un gène d’une protéine infectieux. Cela signifie notamment qu’un
virale impliquée dans l’attachement du virus à résultat établi en un lieu n’est pas toujours valide
l’épithélium digestif du moustique. La compétence en un autre où la population de vecteur diffère.
vectorielle d’Ae. albopictus est dès lors devenue Il en va de même pour l’hôte vertébré.
bonne pour le virus chikungunya muté (VAZEILLE
et al., 2007). L’épidémie de chikungunya de
ENTOMOLOGIE MÉDICO-LÉGALE
2005-2006 sur l’île de la Réunion en est une
conséquence. La compétence vectorielle est L’organisme humain, une fois mort, constitue
donc une variable quantitative. une énorme réserve en nutriments pour un
grand nombre d’organismes, en particulier des
Capacité vectorielle bactéries et des insectes nécrophages. Ces der-
Cette notion est prise en compte dans le concept niers utilisent le cadavre pour se nourrir, ou
plus général de capacité vectorielle. Sa défini- pour nourrir leur progéniture (fig. 2.7).
tion mathématique a été formalisée par On dénombre sur le cadavre en décomposition
GARRET-JONES (1964) à partir des paramètres sept ou huit escouades d’insectes qui se succè-
de MACDONALD (1957). La capacité vectorielle dent, parfois en se chevauchant, dans un ordre
exprime le potentiel de transmission d’une précis. Des mouches Calliphoridae et Muscidae
population d’un vecteur. Elle dépend de facteurs arrivent quelques heures à peine après la mort,
liés au vecteur, à l’agent infectieux et à l’environ- et à 20 °C les œufs pondus se développent en
nement : densité de population du vecteur, adultes en deux semaines. La deuxième escouade
fréquence du contact vecteur-hôte vertébré, sur- composée de mouches Sarcophagidae arrive
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acuité extrême et attribuées à des petites bêtes Dans de telles occurrences, l’enjeu est évidem-
qui piquent. La détresse est clairement exprimée ment de bien séparer, d’une part, une nuisance
dans le discours mais ne laisse pas pour autant atypique et bien réelle qui peut être due à de très
place à l’abattement ou à la résignation. Au nombreux arthropodes, nuisance qu’il convient
contraire, elle se traduit par une impression- d’identifier à travers un processus d’enquête
nante dépense d’énergie pour convaincre en (interrogatoire(s), visite(s) de terrain, pose de
apportant des éléments de preuves qui s’avèrent piège, etc.) puis de traiter avec des compétences
souvent être des morceaux d’insectes inoffensifs d’entomologiste et, d’autre part, une illusion de
et présents dans toutes les maisons (mouches nuisance qu’il convient là aussi d’identifier puis
domestiques, poissons d’argent, moucherons de prendre en charge avec des compétences de
Psychodidae), quand ce ne sont pas des amas de dermatologue et de psychiatre.
poussières, des bouloches de tissu, des graines,
etc. (encadré 2.2.). Un autre aspect particulier
REMARQUES CONCLUSIVES
et d’ailleurs troublant de ces personnes est
qu’elles se comportent de façon cohérente dans Dans le domaine des inter-relations entre les
tous les autres aspects de la vie courante. Leurs êtres vivants, les aspects de transmission par
tentatives pour détruire les insectes les amènent à vecteur jouent un rôle important et occupent
contacter de nombreux professionnels, y compris une place transversale reliant toutes les grandes
des entreprises de désinsectisation, bien incapables catégories des règnes du vivant (virus, bactéries,
de résoudre ce genre de désordre. protozoaires et métazoaires). Dans cette diver-
sité, la nature démontre qu’elle est souvent plus
imaginative que les concepts rigides élaborés
par l’esprit humain dans un souci de classifier.
Encadré 2.2. Extrait de Peggy Hesketh, De surcroît, cette biodiversité est elle-même
Folie à deux. changeante, la distribution des espèces vectrices
In : Elizabeth George présente varie (certaines disparaissent, d’autres sont
Mortels péchés (recueil de nouvelles), invasives), la structure génétique des agents
Presses de la cité, 2009.
infectieux se modifie (en particulier celle des
« D’après tante Maud, tante Daphné se plai- virus), les comportements et pratiques des hôtes
gnait que sa chambre était envahie par des changent (comme l’Homme au cours des der-
insectes invisibles. Au point qu’elle avait pris nières générations… et des prochaines !). Dans
l’habitude de dormir sur sa commode. Elle la biosphère, qui recoupe largement ce que l’on
était convaincue que des parasites montaient appelle maintenant « environnement », il est
par les plinthes dans sa chambre, et qu’ils
bien difficile de dégager des constantes.
avaient réussi à s’insinuer dans son lit. Pen-
dant trois mois d’affilée, elle avait tout enlevé,
les draps, les couvertures de son lit, et les RÉFÉRENCES
avait fait bouillir et rebouillir. Elle avait scot-
ché les interstices entre le parquet et les murs Baldacchino, F., Muenworn, V., Desquesnes, M.,
de sa chambre. Elle avait vaporisé tous les Desoli, F., Charoenviriyaphap, T., Duvallet, G., 2013.
insecticides connus de l’humanité, et elle Transmission of pathogens by Stomoxys flies
avait acheté un nouveau matelas, un nouveau (Diptera, Muscidae): a review. Parasite, 20 : 26.
sommier, mais les insectes ne la laissaient pas Byrd, J.H., Castner, J.L. Eds, 2010. Forensic entomology.
en paix. The utility of arthropods in legal investigations. CRC
“Cette femme est folle, avait décrété ma tante Press, Boca Raton, FL. 681 p.
Maud, la première fois qu’elle avait parlé du Carnevale, P., Robert, V., Manguin, S., Corbel, V.,
problème. Elle dit qu’il en sort de son tube de Fontenille, D., Garros, C., Rogier, C., 2009. Les
dentifrice.” » anophèles. Biologie, transmission du Plasmodium et lutte
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C HAPITRe 3
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Le lecteur trouvera dans les chapitres corres- tromper pour de nombreuses raisons, dont les
pondant aux familles de vecteurs les références plus fréquentes sont listées ci-dessous.
des ouvrages et sites internet dédiés à la recon-
• Certaines descriptions anciennes ont été faites
naissance des espèces dans ces groupes.
alors que l’on ne connaissait pas la diversité
Historiquement, et encore majoritairement à biologique dans les taxa de rattachements
l’heure actuelle, les caractères utilisés pour (familles, genres) et que l’espèce était décrite à
rattacher un spécimen à une espèce sont mor- partir de peu de caractères, en général mor-
phologiques. Il peut être nécessaire de revenir à phologiques.
la description princeps de l’espèce. Dans les cas
• La description n’a pas toujours été faite par
douteux, l’identification pourra être confirmée
des spécialistes, et le descripteur a attribué à
par confrontation avec le spécimen holotype,
l’espèce des caractères non spécifiques (c’est-
porteur du nom, déposé dans un musée lors de
à-dire non fixés), voire inexacts.
la description officielle. Ce type d’identification
ne peut pas être réalisé en routine lors des col- • Si l’on s’appuie sur une liste d’espèces déjà
lectes entomologiques, et l’identification s’appuie signalées d’une région, cette liste peut être
sur des clés d’identification morphologique où incomplète, soit parce que la faune était mal
le diagnostic est différentiel entre les espèces connue, soit parce qu’elle a évolué (disparition
d’une région ou d’un groupe. Les états de carac- ou introduction de nouvelles espèces).
tères diagnostiques de la clé doivent être fixés et • L’espèce a pu être décrite sous plusieurs noms,
spécifiques de l’espèce. Des traits autres que souvent par plusieurs auteurs, qui n’avaient
morphologiques peuvent être diagnostiques et pas pu échanger entre eux. L’exemple le
sont parfois publiés dans les descriptions les plus plus classique est celui du moustique le plus
récentes : patrons chromosomiques, séquences cosmopolite : Culex (Cx.) pipiens L., 1758,
nucléotidiques, mesures morphométriques, qui avait 75 synonymes (dont certains décrits
empreintes protéiques (MALDI-TOF MS) ou par Linné lui-même !) incluant Cx. quinque-
spectres d’interférence optique. Les outils déve- fasciatus Say, 1923 (élevé au rang d’espèce en
loppés sur ces derniers traits peuvent d’ailleurs 1976), pour lequel les mises en synonymie n’ont
être préférés à l’identification morphologique, probablement pas encore été toutes faites.
parfois trop difficile. Il n’existe pas d’autorité de
validation des caractères spécifiques, ni même • Les personnes chargées de l’identification ne
de la description d’espèces. Les revues scienti- disposent pas toujours des plus récentes
révisions (compléments de description, éléva-
fiques acceptent les articles décrivant de
tion de « sous-espèces » au rang d’espèce,
nouvelles espèces sur la bonne foi des auteurs et
synonymie…).
après avis d’experts relecteurs, qui eux-mêmes
ne disposent pas toujours de l’ensemble des • L’espèce est polymorphe, morphologiquement
informations qui seraient nécessaires à une et génétiquement, laissant croire que l’on est en
validation sans équivoque du statut de nouvelle présence de plusieurs espèces, mais l’étendue
espèce. de ce polymorphisme intra-spécifique est mal
appréciée.
Sensibilité et spécificité • Inversement, alors que différents individus,
de l’identification apparemment similaires morphologiquement,
Lorsque l’on identifie des espèces mal connues, voire génétiquement en fonction des marqueurs
rares, ou dans des régions peu étudiées, quelle utilisés, semblent pouvoir être rattachés à la
que soit la technique d’identification utilisée, même espèce, ils appartiennent en fait à des
il faut toujours garder un esprit critique, et ne espèces jumelles à l’intérieur de complexes
pas conclure trop hâtivement. On peut se d’espèces.
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• Pour certaines espèces mal connues, l’ensemble Chez de nombreuses espèces de Culicoides, les
des stades n’est pas encore décrit. Certaines stades œufs, immatures et parfois le mâle restent
espèces de moustiques, par exemple, ont seu- inconnus. Ainsi, pour ces espèces encore peu
lement été décrites à partir de larves, ou connues, il est important de ne pas procéder à
d’adultes d’un seul sexe. Cela peut conduire à des identifications trop hâtives sur la base de
rattacher trop hâtivement un spécimen d’une l’observation d’un seul stade.
espèce dont on ne possède qu’une description
partielle à une autre espèce proche. Conservation
De nombreuses techniques de préservation et de
montage existent (voir chap. 4). Ces techniques
IDENTIFICATION dépendent des groupes de vecteurs (moustiques,
MORPHOLOGIQUE tiques, glossines, phlébotomes, puces…) et de
Pour des raisons historiques et techniques, l’usage que l’on souhaite faire du spécimen :
l’identification morphologique reste la tech- collection de référence (holotype, paratype,
nique de référence. La première description de allotype, paedotype, néotype syntypes, etc.),
moustiques contemporains (pas les fossiles), au analyses moléculaires, enseignement. Les stades
sens moderne du terme, c’est-à-dire permettant aquatiques (par exemple larves et nymphes de
sa reconnaissance parmi d’autres taxa, a été faite moustiques ou de simulies), petits (par exemple
par Linné : il s’agit de Culex pipiens de Suède phlébotomes adultes), ou qui se rétracteraient
décrit en 1758 (Linnaeus, 1758). Aedes aegypti s’ils étaient conservés à sec (par exemple tiques)
a été décrit également par Linné, sous le nom de peuvent être conservés dans l’alcool (à 70°). Ce
Culex aegypti, en 1762. Le Code international de mode de préservation permet de les conserver
sur de longues périodes à condition de contrôler
nomenclature zoologique a un rôle de garant de
l’absence d’évaporation d’alcool ou d’effectuer
la stabilité des noms scientifiques en définissant
des ajouts d’alcool à 95° ; cependant, une
les règles d’élaboration et de priorité des noms
altération des couleurs et éventuellement le
scientifiques des organismes animaux et les
détachement des soies sont fréquents. Évidem-
conventions d’écriture des noms d’espèces et de
ment, les spécimens en alcool doivent être
leurs descripteurs.
parfaitement étiquetés (lieu, date, espèce, récol-
L’identification morphologique d’un arthropode teur, déterminateur). Il est préférable de mettre
d’intérêt médical ou vétérinaire peut générale- l’étiquette, écrite au cayon papier, à l’intérieur
ment se faire sur les différents stades, lorsque du tube ou du flacon contenant le spécimen.
ceux-ci ont été décrits : œufs, larves, nymphes,
Seuls quelques groupes peuvent être conservés à
adultes mâles ou femelles, sur l’individu entier, sec, en général montés sur minuties, puis rangés
frais lors de collectes de terrain ; à sec ou dans des boîtes de collections. Dans tous les cas,
conservé dans l’alcool si les identifications se les spécimens doivent être référencés dans une
font postérieurement aux collectes, et sur cer- base de données (par exemple la collection
tains organes (armatures pharyngées, ailes, ARIM, voir chap. 4).
spermathèques, genitalia...).
Chez les espèces rarement capturées, certains Identification
stades restent non décrits, ou la description est L’identification morphologique des spécimens
imprécise. C’est le cas des œufs, qui sont rare- entiers (montés sur minuties ou aiguilles, ou
ment discriminants entre espèces, même si dans conservés en alcool) se fait sous loupe binoculaire,
certains cas, comme chez les phlébotomes ou à l’aide de clés d’identification dichotomique qui
pour les anophèles du complexe Maculipennis, permettent de choisir entre plusieurs critères
la taille, la forme ou l’ornementation du chorion morphologiques. Ces clés sont en version papier
permettent de reconnaître différentes espèces. ou sous forme électronique.
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2 Scutum avec bande médio-longitudinale d’écailles blanches (photo A) ....... Stegomyia albopicta
• Scutum avec une étroite bande médio-longitudinale d’écailles jaunes (photo B)
............................................................................................................................................ Stegomyia pia
3 Scutum avec deux bandes blanches en croissant de lune (ou en lyre) dont la partie postérieure
est en prolongement de lignes d’écailles blanches (photo C) ................................ Stegomyia aegypti
• Scutum avec deux larges taches triangulaires d’écailles blanches en position antéro-latérale ;
scutum postérieur avec quatre fines rayures ordinairement blanches, parfois jaunâtres (photo D)
................................................................................................................................. Stegomyia bromeliae
A B C D
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C’est en particulier nécessaire lorsque l’on est de bandes d’hétérochromatine des chromosomes
confronté à des complexes d’espèces. Dans ce s’est révélée extrêmement instructive, non seu-
cas, les outils moléculaires ou protéomiques lement pour l’identification des espèces, la
sont indispensables. détermination de l’existence d’espèces jumelles,
mais aussi dans l’analyse de la structure des
populations. Les inversions chromosomiques
IDENTIFICATION GÉNÉTIQUE observées sur les caryotypes peuvent être fixées
pour tous les individus d’une espèce, ou pour
La cytogénétique certaines populations. Ces inversions peuvent
Avant le développement des tests d’identifica- donc constituer des marqueurs d’identification
tion moléculaire utilisant le polymorphisme de d’espèces ou de populations, notamment sur les
l’ADN pour différencier des espèces ou des chromosomes polytènes chez les moustiques du
populations, les techniques de cytogénétique genre Anopheles : complexe Maculipennis
ont été largement utilisées, notamment pour les (F RIZZI, 1953), complexe Gambiae (COLUZZI
espèces du genre Anopheles. L’analyse des profils et al., 2002), complexe Culicifacies, ou au sein
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du complexe d’espèces Simulium damnosum Sud. Toutefois, pour des raisons de contraintes
comprenant au moins 9 cyto-espèces (POST et méthodologiques similaires à celles concernant
al., 2011). L’identification par cytogénétique est les techniques cytogénétiques, les méthodes iso-
aujourd’hui nettement moins employée, notam- enzymatiques sont maintenant délaissées au
ment en raison de la contrainte de travailler sur profit des méthodes basées sur l’amplification
des stades de développement spécifiques frais, de l’ADN.
congelés ou fixés (glandes salivaires de larves de
stade 4, ou cellules trophocytaires des ovaires de La biologie moléculaire
femelles semi-gravides), limitant les études à À partir des années 1990, le développement des
large échelle. De plus, la préparation des chro- techniques d’amplification de l’ADN par réac-
mosomes est longue et fastidieuse, et la lecture tion en chaîne de la polymérase (PCR), ainsi
des bandes requiert une expertise approfondie que l’analyse du polymorphisme de l’ADN par
(fig. 3.3). le séquençage de fragments de petite taille, a pris
le pas sur les autres méthodes d’identification.
Le point commun de ces méthodes d’identifica-
tion moléculaire reste l’étape d’amplification par
PCR qui permet l’amplification de fragments
d’ADN localisés dans des régions, soit prises au
hasard dans le génome pour les tests de type
RAPD-PCR (Random Amplified Polymorphism
DNA) ou AFLP-PCR (Amplified Fragment
Length Polymorphism), soit connues pour tous
les autres tests. Le but n’est pas ici de faire une
présentation exhaustive de tous les tests molé-
culaires d’identification développés à ce jour
pour les arthropodes d’intérêt médical ou vété-
Figure 3.3 – Chromosomes polytènes rinaire, mais plutôt de donner des indications
d’An. gambiae. sur ceux qui sont les plus employés, avec leurs
© Université La Sapienza, Rome/M. Pombi
avantages et leurs limites.
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PCR-RFLP PCR-AS
ITS2 ITS2
5,8 s 28 s 5,8 s 28 s
1. Amplification génétique
de l’ITS2
1. Amplification génétique
ITS2 de l’ITS2 et du fragment spécifique
5,8 s 28 s
ITS2
5,8 s 28 s
2. Digestion enzymatique
ITS2 ITS2
ITS2
Profil
identifié Profil
non identifié Fragment
spécfique
digestion (fig. 3.4). La nécessité d’avoir deux d’An. gambiae (FAVIA et al., 1997), sur le groupe
étapes (amplification et digestion) rend cette Funestus, le complexe Minimus, le groupe
technique longue et onéreuse. On peut citer les Punctulatus et le complexe Farauti (BEEBE et al.,
travaux sur les formes moléculaires M et S 2000). Ces tests sont aussi utilisés chez les
69
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phlébotomes pour distinguer des espèces nord- couple d’amorces externes universelles et des
américaines (MINTER et al., 2013), les espèces amorces spécifiques internes ; 3) une amorce
d’intérêt pour la transmission de la leishmaniose universelle et plusieurs amorces espèces spéci-
en Méditerranée ou en Asie du Sud (TIWARY et fiques ; ou 4) plusieurs amplifications avec des
al., 2012). couples d’amorces espèces spécifiques. Lorsque
les amorces de plusieurs espèces sont combinées
Les tests de type SSCP-PCR et AFLP dans une même réaction d’amplification, on
Les tests de type SSCP-PCR (Single Strand parle alors de PCR multiplexe. Ce type de test a
Conformation Polymorphism) nécessitent une été développé chez de nombreux groupes d’ar-
étape de dénaturation par la chaleur des pro- thropodes d’intérêt : le groupe An. funestus
duits PCR, qui sont ensuite refroidis très (GARROS et al., 2004), le complexe Culex pipiens
rapidement afin de générer la formation de (DANABALAN et al., 2012), le groupe Culicoides
structures secondaires d’ADN monobrin. Ces obsoletus et C. pulicaris (NOLAN et al., 2007).
formations migrent de manière différentielle en
fonction de leur taille et de leur conformation,
liées au polymorphisme de la région ciblée.
Cependant, l’étape d’électrophorèse est longue
et peut poser des problèmes de reproductibilité.
Des tests de ce type existent pour des espèces
d’anophèles des groupes Funestus et Minimus.
L’identification par fragments AFLP (Amplified
Fragment Length Polymorphism) utilise le prin-
cipe de la mise en évidence conjointe de
polymorphisme de site de restriction et de poly-
morphisme d’hybridation d’une amorce de
séquence arbitraire. La méthodologie et le déve-
loppement de ce type d’outils, plus complexes
que pour d’autres, a limité son utilisation. Il
existe peu de tests moléculaires de ce type, mis
à part pour les glossines (LALL et al., 2010).
70
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en fait un test de choix pour des laboratoires à Critères de choix des méthodes
l’environnement technique limité. de biologie moléculaire
L’expansion considérable de tests d’identifica-
La PCR quantitative tion moléculaire est liée à leur sensibilité, à leur
Les tests décrits ci-dessus présentent des limites fiabilité et à leur rapidité à générer un nombre
lorsqu’un grand nombre d’échantillons ou élevé d’identifications. Ces tests peuvent être
d’individus doit être identifié. En effet, l’identi- appliqués à tous les stades de développement,
fication est réalisée pour chaque individu. Les indépendamment du sexe et même sur un spé-
tests d’identification quantitatifs utilisant des cimen endommagé. Cependant, ces tests
amplifications PCR en temps réel basés sur le d’identification restent des outils avec leurs
polymorphisme de nucléotide unique (SNP) limites. Pendant la phase de développement et
permettent un traitement haut-débit des échan- de validation de l’outil, il est primordial de tester
tillons et assurent l’identification et la la sensibilité et la spécificité des amorces sur des
quantification du nombre d’individus dans des individus couvrant la plus grande distribution
lots mono- ou plurispécifiques. Ils nécessitent géographique possible. Des essais inter-labora-
une seule étape d’amplification, et aucune étape toires de méthodes d’identification ont mis en
post-PCR, réduisant considérablement le temps évidence des différences notables dans les résul-
d’identification. Des tests quantitatifs ont été tats d’identification pouvant conduire à des
développés pour les anophèles (BASS et al., 2008) interprétations fausses sur la bioécologie ou la
et pour les moucherons du genre Culicoides distribution des espèces (GARROS et al., 2014).
(MATHIEU et al., 2011). Le choix d’utilisation d’une méthode d’identifi-
cation moléculaire doit être évalué en fonction
de la connaissance taxonomique de la faune
Le barcode ciblée, de la possibilité d’existence de diversité
La plupart des tests d’identification sont basés cryptique, de la diversité ciblée (une espèce vs.
sur le polymorphisme des régions ribosomales plusieurs espèces) et du nombre d’échantillons
telles que les ITS (Internal Transcribed Spacer), à traiter. Les méthodes d’identification par
l’IGS (Intergenic Spacer) et le domaine D3 de barcode semblent prometteuses par le faible
l’ADNr 28S. Le polymorphisme des régions coût du séquençage ; elles demandent toutefois
mitochondriales, et notamment de la région le développement de bases de données de la
Folmer de la cytochrome oxydase I, COI, a été diversité des groupes et une identification mor-
particulièrement utilisé pour des tests d’identi- phologique préalable de qualité pour constituer
fication. Cette région est appelée région la bibliothèque de référence.
« barcode » car elle est utilisée pour les pro-
grammes de séquençage barcode qui utilisent la IDENTIFICATION DES ARTHROPODES
comparaison de séquences pour réaliser les PAR APPROCHE PROTÉOMIQUE :
identifications spécifiques (http://www.barco-
deoflife.org/). L’intérêt de cette région est sa MALDI-TOF MS
facilité d’amplification pour de très nombreux Pour se départir des contraintes et limites des
groupes, son fort polymorphisme inter-spéci- outils actuellement présentés ci-dessus, de
fique et son faible polymorphisme nouvelles méthodes sont basées sur l’analyse
intra-spécifique (PRAMUAL et al., 2014 ; des empreintes protéiques obtenues par spec-
CONTRERAS GUTIÉRREZ et al., 2014 ; ZHANG et trométrie de masse (i.e., Matrix-Assisted Laser
ZHANG, 2014). Des gènes nucléaires (Ace2) ou Desorption/Ionisation – time-of-flight mass
des régions microsatellites ont pu être aussi uti- spectrometry, MALDI-TOF MS). Ainsi, la
lisés (DANABALAN et al., 2012) chez les comparaison de profils protéiques constitue
moustiques du genre Culex. une alternative pour la distinction d’organismes
71
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sans avoir de connaissances sur leurs séquences. espèce et de plusieurs espèces d’un même genre
Les premiers travaux de comparaison et de clas- et/ou de plusieurs genres d’une même famille
sification de micro-organismes ont été réalisés d’arthropodes. Ces échantillons serviront à
par l’analyse de profils protéiques bactériens par évaluer la reproductibilité intra-espèce et la
MALDI-TOF MS (SANDRIN et al., 2012). Les spécificité inter-espèces des spectres résultant
progrès réalisés ces quinze dernières années des protéines extraites de la totalité ou d’une
dans le développement des appareils de spectro- partie de l’arthropode d’intérêt (fig. 3.7). Cette
métrie de masse et d’algorithmes pour l’analyse extraction se fait par broyage de l’échantillon
des données de spectrométrie de masse (FENSE- dans une solution acide. L’extrait protéique
LAU et DEMIREV, 2001) ont permis à l’analyse de est alors déposé sur la cible du MALDI-TOF,
profils protéiques par MALDI-TOF MS de s’im- puis recouvert d’une matrice favorisant son
poser comme une technique diagnostique de ionisation dans l’appareil de spectrométrie de
routine pour l’identification des micro-organismes masse afin d’obtenir une signature spectrale
dans les laboratoires de microbiologie. protéique de l’échantillon. Après avoir contrôlé
Plus récemment, cette approche protéomique a les facteurs de reproductibilité et de spécificité,
été étendue à l’identification d’insectes. Depuis les spectres protéiques de ces échantillons
une étude pionnière évaluant le MALDI-TOF servent à la création de la base de données.
MS pour la distinction d’espèces de drosophiles, Cette dernière est alors évaluée à partir de
cette technique s’est avérée applicable pour spectres issus de nouveaux spécimens inclus ou
l’identification des différents groupes d’arthro- non dans la base de données. Cette étape de
podes, comprenant les Drosophilidae (FELTENS validation « en aveugle » permet d’éprouver la
et al., 2010), Culicoides (STEINMANN et al., technique et de définir des seuils de significati-
2013), Ixodidae (YSSOUF et al., 2013), Glossina vité d’identification correcte définie par des scores.
(HOPPENHEIT et al., 2013), Phlebotominae La base de données ainsi créée est utilisable
(DVORAK et al., 2014) et Siphonaptera (YSSOUF pour l’identification de spécimens d’intérêt, en
et al., 2014). Le MALDI-TOF MS a également comparant ces spectres protéiques avec ceux
été utilisé avec succès pour l’identification de présents dans la base de données de référence.
moustiques adultes permettant la discrimination Le degré de similarité entre ces spectres permet
d’espèces cryptiques telles que les formes molécu- d’y associer un nom d’espèce auquel est associé
laires M et S d’An. gambiae (MüLLER et al., 2013). un score. Si ce score a atteint la valeur seuil de
Et également pour l’identification d’espèces significativité défini lors de l’évaluation de la base
d’Aedes à partir des œufs et des larves, soulignant de données, l’identification est considérée comme
la robustesse de MALDI-TOF MS pour la déter- valide. Dans le cas contraire, il s’agit d’une
mination des espèces de moustiques très proches, espèce d’arthropode non incluse dans la base de
avec un isolement génétique dû à des compor- données. Le spectre protéique de ce « nouveau »
tements pré-copulatoires (DIEME et al., 2014 ; spécimen peut être ajouté à la base de données
SCHAFFNER et al., 2014). et servira de référence pour l’identification ulté-
rieure des spécimens de la même espèce. En
Le principe du MALDI-TOF parallèle, une caractérisation morphologique
et/ou moléculaire est indispensable pour déter-
Le principe général du MALDI-TOF MS est miner l’identité de ce nouveau spécimen.
brièvement présenté sur la figure 3.6. L’objectif est
de disposer à terme d’une base de référence pour Les limites de l’identification
les spectres protéiques permettant l’identification
rapide de spécimens collectés sur le terrain ou
par MALDI-TOF
directement sur leurs hôtes (e.g., tiques, poux, Contrairement au génome, les profils protéiques
puces). Afin de créer cette base de données, il d’un spécimen peuvent être modifiés en fonc-
faut disposer de plusieurs spécimens d’une même tion de facteurs intrinsèques et extrinsèques.
72
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Analyses MALDI-TOF
Optimisation et évaluation
de l’outil MALDI-TOF (1)
Espèce n°1
Reproductibilité
intra-espèce
Extraction protéique
de la totalité Spécificité
ou de parties du spécimen inter-espèces
Espèce n°2
Reproductibilité
intra-espèce
et validation (2)
Construction
Tests en aveugle
Création d’une librairie de spectres protéiques de référence
(base de données)
Seuil d’identification
Outil d’identification
Espèce n°3
entomologique (3)
Interrogation
Collecte dans la nature Collecte sur hôtes
Non inclue
dans base
de données
Figure 3.6 – Schéma synoptique de la création, évaluation et utilisation d’une base de données
MALDI-TOF MS pour l’identification d’arthropodes.
Les grandes étapes de cette approche sont regroupées et numérotées de (1) à (3).
3 000
2 500 Ae. rusticus
2 000
1 500
1 000
500
0
3 000 Ae. excrucians
2 000
1 000
Intensité en unité arbitraire
0
2 500 Ae. caspius
2 000
1 500
1 000
500
0
2 000
Cx. pipiens
1 500
1 000
500
0
2 000 An. hyrcanus
1 500
1 000
500
0
2 000 4 000 6 000 8 000 10 000 12 000 14 000 16 000 18 000
Rapport de masse sur charge (m/z)
73
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74
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Figure 3.8 – Patrons d’interférence de couleurs spécifiques d’ailes d’anophèles (séries de Newton).
Les flèches représentent l’épaisseur de la membrane des ailes en nm
(non publié, avec l’autorisation de Jostein Kjærandsen, université de Lund, Suède).
entre 3 et 30 mm de longueur, ce qui correspond seront comparées avec des images standard de
à la taille de la plupart des vecteurs. Les photos référence « stockées » dans des bases de don-
des spécimens entiers sont prises à partir d’un nées, qui devront être le plus exhaustives
simple appareil photo, sous différents angles, possible, de la même manière que les séquences
puis ces images 2D sont transformées en génétiques sont référencées dans des bases de
images 3D à l’aide d’un logiciel de reconstruc- données telles que Genbank.
tion d’image. Ce système peut être utilisé sur le
terrain. Cette méthode ne tire cependant pas CONCLUSION
pleinement profit des patrons de couleurs, et pour
La recette idéale ou universelle pour l’identifi-
le moment elle ne permet pas l’identification
cation de spécimens n’existe pas. Il n’y a pas de
automatisée des spécimens.
raison objective pour opposer les méthodes
Les avancées importantes en informatique et en d’identification les unes aux autres. La méthode
logiciels experts laissent penser que très rapide- ou, plutôt, les méthodes à utiliser doivent tenir
ment des méthodes automatisées sensibles et compte du contexte : objectif de l’étude,
spécifiques basées sur les couleurs et les formes méthodes d’échantillonnage, compétences et
seront disponibles pour identifier les spécimens connaissances sur la faune ciblée, conditions de
au niveau spécifique. Les images produites conservation des spécimens, temps et moyens
75
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disponibles, coût, utilisations envisagées des Dieme, C., Yssouf, A., Vega-Rua, A., Berenger, J.M.,
spécimens après l’identification ; autant de Failloux, A.B., Raoult, D., Parola, P., Almeras, L.,
considérations à prendre en compte dans le 2014. Accurate identification of Culicidae at aquatic
concept de taxonomie intégrative. developmental stages by MALDI-TOF MS profiling.
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De nouvelles méthodes prometteuses, complé-
Dvorak, V., Halada, P., Hlavackova, K., Dokianakis, E.,
mentaires à la morphologie, sont en cours de Antoniou, M., Volf, P., 2014. Identification of phle-
développement (marqueurs génétiques, botomine sand flies (Diptera: Psychodidae) by
MALDI-TOF MS, interférence de couleurs) et matrix-assisted laser desorption/ionization time of
il ne fait aucun doute que ces méthodes seront flight mass spectrometry. Parasit. Vectors, 7 : 21.
de plus en plus utilisées par les entomologistes Favia, G., della Torre, A., Bagayoko, M., Lanfrancotti, A.,
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C HAPITRe 4
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intégrer aux collections de référence. Toutefois, Au total, l’enquête a permis d’identifier 24 col-
les techniques de typage et de conservation évo- lections comportant des arthropodes d’intérêt
luent si vite que ce point de vue sera peut-être médical et/ou vétérinaire, sachant qu’un même
remis en cause dans les prochaines années, et les établissement peut héberger et gérer plusieurs
échantillons d’ADN constitueraient sans aucun collections. La France semble par conséquent
doute une plus-value indéniable. Dans ce cas, il bien dotée en termes de collection. Plusieurs
serait possible de proposer la notion élargie de d’entre elles sont d’intérêt mondial de par le
« banques d’arthropodes » qui incluraient des nombre d’espèces et de types qu’elles regroupent
spécimens mais aussi toutes leurs données (exemple : collection de Morel pour les tiques ;
connexes, dont leur ADN. DUCORNEZ et al., 2002). Les différents groupes
d’intérêt pour la France métropolitaine et d’outre-
Les collections disponibles mer sont représentés (moustiques, tiques, puces,
en France phlébotomes, culicoïdes, punaises, poux). Une
De nombreuses et importantes collections de très grande majorité de ces collections (79 %)
référence existent en France pour les arthropodes comportent du matériel type.
d’intérêt médical ou vétérinaire. À ce titre, on Toutefois, plusieurs faiblesses ou menaces ont été
peut citer les collections du Cirad (collections mises au jour. Beaucoup de ces collections ne sont
de tiques et Culicoides), de l’Institut Pasteur plus enrichies par l’apport de nouveaux spécimens
(phlébotomes, moustiques, tiques), de l’IRD de terrain, ou restent très peu consultées. L’en-
(moustiques) ou encore du Muséum national quête a également permis de mettre en évidence
d’Histoire naturelle (insectes et acariens). Un l’existence de collections « orphelines », c’est-à-
état des lieux des collections de vecteurs dispo- dire des collections potentiellement riches et
nibles en France a été réalisé en 2014 par le d’intérêt, mais sans personnel pour en assurer
Cnev (CNEV, 2014). Cet état des lieux s’inscrit la gestion. Enfin, l’existence de collections chez
dans la continuité de l’évaluation de l’état de des particuliers, contenant parfois du matériel
l’entomologie médicale et vétérinaire en France type, engendre un risque important de perte
conduite par CUISANCE et RIOUx (2004), qui définitive du patrimoine biologique ; les déten-
soulignaient l’importance des collections à des fins teurs de ces collections (collections orphelines
d’identification, de classification et recomman- ou individuelles) sont par conséquent invités à
daient à cet effet un recensement des collections envisager le legs de celles-ci au sein d’institu-
d’arthropodes d’intérêt médical et vétérinaire. tions dédiées (muséums) ou de collections de
Cette enquête, bien que non exhaustive, démon- référence faisant autorité au regard des taxons
tre que les collections d’arthropodes vecteurs représentés.
disponibles en France présentent plusieurs inté-
rêts : 1) une couverture de l’ensemble des MÉTHODES DE PRÉPARATION
groupes de vecteurs ; 2) une importante repré- ET DE CONSERVATION
sentativité spécifique et numérique ainsi que
l’abondance de spécimens types et une bonne DES SPÉCIMENS EN COLLECTION
qualité d’identification taxonomique ; 3) une La méthode de préservation sur le long terme doit
importante représentativité géographique permettre de garder intacts les caractères mor-
(référence pour les vecteurs présents sur le ter- phologiques nécessaires à l’identification du genre
ritoire français, mais aussi pour les vecteurs à et de l’espèce. Ainsi, il n’est pas recommandé de
risque invasif) ; 4) un état de conservation allant garder en éthanol les moustiques adultes, car ces
de convenable à bon, au moins pour la moitié derniers perdent presque entièrement leurs
d’entre elles (ouvrant donc la possibilité de leur ornementations externes, essentielles à leur
utilisation et valorisation). détermination. Pour la plupart des autres vecteurs
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et quel que soit leur stade de développement, il microscope les caractères morphologiques
est au contraire recommandé de les placer en permettant leur identification. Pour les autres
éthanol car il y a un risque qu’ils se distordent vecteurs tels que les tiques ou les punaises, on a
s’ils sont conservés à sec. Pour les vecteurs de aussi recours à la dissection et au montage entre
petite taille tels que les poux, puces, phlébo- lame et lamelle de certaines parties du corps
tomes ou Culicoides, ou pour les stades telles que les genitalia ou les pièces buccales. Les
immatures, il peut aussi être utile de les préserver principales méthodes de conservation pour les
entre lame et lamelle (entiers ou partiellement principaux groupes d’arthropodes d’intérêt
après dissection), afin d’observer à l’aide d’un médical sont proposées dans le tableau 4.1.
Tableau 4.1 – Principales méthodes de conservation pour les principaux groupes d’arthropodes
d’intérêt médical.
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5) Nettoyage : l’éthanol à 96 % peut être rem- changer. Les larves de moustiques, par exemple,
placé par de l’huile de clou de girofle pure sont disposées pour permettre l’observation de
pendant au moins 24 heures, afin de perdre les la face dorsale, et l’abdomen est sectionné, idéa-
surplus de teinture et de placer le spécimen dans lement au niveau du septième segment (en
un milieu intermédiaire, miscible à la fois dans conservant intact le huitième segment abdomi-
l’éthanol et le baume du Canada. Pour les larves nal), afin que le siphon puisse être basculé et
de moustiques, la créosote de hêtre était classi- observé latéralement. Bien que le spécimen
quement utilisée pour favoriser l’éclaircissement puisse être observé dès la fin du montage, il est
du spécimen. Son utilisation en entomologie est recommandé d’attendre que celui-ci soit com-
aujourd’hui prohibée, compte tenu de sa toxicité plètement sec et solidifié. Juste après le montage,
avérée. La créosote pourrait être remplacée par de un poids est posé sur la lamelle pendant toute
l’essence de lavande qui aurait tout ou partie des une nuit afin que le montage se consolide suffi-
priorités de la créosote de hêtre : compléter la samment. Le séchage dure 6 mois à température
déshydratation, faciliter le passage entre l’alcool ambiante et peut être accéléré par un passage
et le milieu de montage et enfin permettre un au four à 50-55 °C pendant 2 à 3 semaines. La
éclaircissement de la préparation sur le long chaleur favorise l’élimination d’éventuelles bulles
terme. d’air emprisonnées sous la lamelle.
6) Montage : le spécimen est transféré dans une 8) Stockage : les montages sont conservés dans
goutte de produit de montage sur une lame en des boîtes à lames rangées verticalement pour que
verre et il est recouvert d’une lamelle circulaire les lames soient horizontales avec le spécimen
de diamètre inférieur à celui de la goutte. Le au-dessus de la lame support.
baume du Canada, additionné de xylène qui le
rend moins sirupeux (50 ml de xylène pour Montage à sec sur épingle
100 ml de baume pur), est un milieu classique- ou sur minutie
ment utilisé pour les montages permanents ; il
présente une grande réfringence, une transpa- Cette pratique concerne essentiellement les bra-
rence parfaite et une avidité pour l’oxygène, ce chycères, les moustiques adultes et les triatomes.
qui permet de résorber les bulles d’air lors du Le montage en double épingles est une tech-
montage. L’Euparal est toutefois préféré au nique de conservation couramment employée
baume du Canada pour le montage permanent pour les moustiques. Elle permet de monter sur
des larves de moustiques. Ce milieu de montage, une paillette cartonnée ou un petit morceau de
de couleur légèrement jaune, présente l’avantage polypore une minutie de diamètre 0,15 mm
en microscopie d’avoir un indice de réfraction (extrêmes : 0,10–0,20 mm). Le moustique est
assez bas (1,483) et d’être beaucoup moins piqué par une minutie, préférentiellement face
sensible à l’eau que le baume du Canada. ventrale, entre la première et la deuxième paire
Lorsque le milieu de montage est hydrosoluble, de pattes, jusqu’à ce que la pointe de la minutie
la lamelle doit être scellée avec du vernis à dépasse de 1 à 2 mm au maximum le tégument
ongle incolore ou du baume du Canada, afin de dorsal du spécimen (fig. 4.3). Certains spéci-
prévenir la déshydratation et la décoloration. mens très richement ornementés sur le scutum
D’autres produits de montage tels que la gomme sont également piqués latéralement afin de pré-
de Fauré, le baume phénol ou le liquide de server des frottements l’ornementation du dos.
Berlese sont parfois utilisés pour certains Si l’insecte a été gardé à sec depuis la collecte, il
groupes taxonomiques ou pour certains stades peut facilement être réhydraté dans une cham-
de développement plus ou moins épais et plus bre servant de ramollissoir-humidificateur juste
ou moins colorés. avant son montage définitif.
7) Pause et séchage : pour chaque groupe taxo- En pays tempéré, la conservation d’insectes
nomique, le positionnement du spécimen peut piqués à sec est envisageable. Une inspection de
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ci-dessus doivent être accomplies sous une son article L. 411-5, définit les responsabilités
hotte chimique, et l’on doit être muni d’un équi- en matière d’inventaire du patrimoine naturel
pement de protection adéquat (a minima port national. L’État en assure la conception, l’anima-
de blouse, de lunettes et de gants). tion et l’évaluation. Les collectivités territoriales
peuvent contribuer à la réalisation d’inventaires
locaux. L’article mentionné précédemment
INVENTAIRES ET RÉFÉRENTIELS
précise également que ces inventaires sont
TAXONOMIQUES conduits sous la responsabilité scientifique du
Les référentiels taxonomiques visent à fournir les Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN).
noms valides (contenu nomenclatural) des espèces C’est dans ce cadre et au travers de l’Inventaire
valides (contenu taxonomique) et à indiquer à national du patrimoine naturel que le MNHN
quel nom valide correspondent les autres noms élabore et diffuse un référentiel taxonomique
également employés (synonymes) (MNHN, sur la faune, la flore et la fonge, marine et
2003). Ils proposent des listes d’espèces pré- terrestre, de France métropolitaine et d’outre-
sentes au sein d’une zone géographique donnée. mer (G ARGOMINY et al., 2012). Ce référentiel
Ces référentiels vont ainsi permettre de désigner taxonomique, dénommé TAxREF, a pour
des espèces sans ambiguïté et constituent à ce objectif de lister et d’organiser les noms scien-
titre des outils de choix pour la structuration, la tifiques de l’ensemble des êtres vivants recensés
diffusion et l’accès aux informations relatives à sur le territoire. Le référentiel TAxREF est
la biodiversité, voire à l’interopérabilité entre consultable et téléchargeable sur le site internet
bases de données. Cette information n’est pas de l’Inventaire national du patrimoine naturel.
seulement d’ordre biologique mais également À l’heure actuelle, l’inventaire des arthropodes
écologique, car prenant en compte l’environne- vecteurs d’agents pathogènes humains et vété-
ment (connaissance des milieux, des hôtes, etc.). rinaires au sein de TAxREF n’intègre pas encore
En matière de collections, ces référentiels taxo- toutes les données disponibles pour la présence/
nomiques apparaissent par conséquent comme absence.
des outils essentiels, voire incontournables. Ils
permettent en particulier : de mettre à la dispo- Exemples de ressources
sition de l’ensemble des acteurs une liste de taxonomiques
référence des groupes d’intérêt ; d’agréger des Il existe également des référentiels taxono-
données d’observation ; de fournir un outil pour miques centrés sur les différents groupes de
les études taxonomiques et de faciliter ainsi vecteurs. Les exemples cités ci-dessous ne
l’intégration de toute évolution taxonomique ou constituent aucunement une liste exhaustive.
nomenclaturale ; de conférer une stabilité dans Seuls sont évoqués les référentiels régulièrement
la nomenclature ; de faciliter l’élaboration de mis à jour et dont la pérennité repose parfois sur
base de données, et donc la diffusion de l’infor- la seule volonté de chercheurs intéressés dans la
mation disponible au sein des collections. Les taxonomie de ces groupes.
utilisateurs de ces référentiels sont nombreux.
L’ensemble des personnes, institutions, admi- Systematic Catalog of Culicidae
nistrations impliquées dans la connaissance du Ce catalogue systématique des Culicidae fait
vivant (de manière transversale ou thématique) figure de référence pour ce groupe de vecteurs.
peuvent potentiellement avoir recours à ces Il a été développé en 1999 par le WRBU (Walter
outils : chercheurs, autorités sanitaires en santé Reed Biosystematics Unit), financé par l’armée
publique, évaluateurs de risques, décideurs, américaine, en lien avec la Smithsonian Institu-
gestionnaires de collections. tion. Ce site internet propose une mise à jour
Le Code de l’environnement (accessible à : continue de la systématique des Culicidae, en
http://www.legifrance.gouv.fr/), et notamment incluant autant que possible les données de
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distribution des différentes espèces, ainsi que les Ce chapitre reprend largement les conclusions
différentes publications relatives à la description d’un groupe de travail du Centre national d’ex-
ou la distribution de celles-ci. pertise sur les vecteurs intitulé Collections de
Lien vers le catalogue : référence d’arthropodes vecteurs en France, dont
http://www.mosquitocatalog.org/ la composition était la suivante : Jean-Michel
Bérenger (Unité de recherches en maladies
Catalog of Subfamily Phlebotominae infectieuses tropicales et émergentes, Marseille),
(Diptera : Psychodidae) Catherine Bourgouin (Institut Pasteur, Paris),
Ce catalogue systématique des phlébotomes est Christophe Daugeron (Muséum national
également maintenu par une collaboration d’Histoire naturelle, Paris), Claire Garros
entre le WRBU et la Smithsonian Institution. (Cirad, Montpellier) co-présidente du groupe
Des éléments de systématique sur cette sous- de travail, Gilbert Le Goff (IRD, Montpellier),
famille sont proposés, ainsi que sur leur Olivier Plantard (Inra, Nantes) et Laurence Vial
distribution et les références bibliographiques (Cirad, Montpellier) co-présidente du groupe
associées. de travail.
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C HAPITRe 5
la lutte antivectorielle
Jérémy Bouyer, Ludovic de Gentile, Fabrice Chandre
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La lutte antivectorielle
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dizaine de populations isolées de Glossina palpalis personnes situées dans la même pièce). En santé
gambiensis en Afrique de l’Ouest (BOUYER et al., animale, la LAV peut également être considérée
2015 a). comme un bien public : lutte contre les glossines
Dans le cas du paludisme, la diversité des situa- par les services vétérinaires par pulvérisation
tions est telle qu’une stratification éco-épidé- aérienne d’aérosols insecticides, pose de pièges
miologique a été établie pour guider le choix des ou traitement collectif des animaux par exemple
mesures de lutte antivectorielle (CARNEVALE et al., (ADAM et al., 2013). Cependant, elle est très
2009). La stratification a été définie au départ sur souvent le fait d’actions individuelles visant à
la base des principaux faciès épidémiologiques protéger les animaux domestiques, considérés
rencontrés en Afrique subsaharienne (MOUCHET comme des biens privés (BOUYER et al., 2013).
et al., 1993), mais elle s’applique aussi aux autres C’est le cas par exemple du traitement épicutané
régions impaludées dans le monde. Elle tient du bétail en Afrique de l’Ouest, qui protège les
compte de la variabilité des écosystèmes et de la bovins à la fois contre les glossines et contre la
dynamique de la transmission en termes à la tique Amblyomma variegatum (STACHURSKI et
fois d’intensité, de saisonnalité et de régularité LANCELOT, 2006 ; B OUYER et al., 2013). Dans
qui influent sur le développement de l’immunité certains cas, comme pour le contrôle des trypa-
et la symptomatologie du paludisme. nosomoses transmises par les glossines, la lutte
collective est indispensable pour abaisser la
Alors que le contrôle des vecteurs peut être dans densité des vecteurs en dessous du seuil de
certains cas réalisé par les communautés béné- transmission, car la majeure partie du bétail
ficiaires avec ou sans l’aide des agences d’une zone donnée doit être traitée afin de
gouvernementales, les programmes d’éradica- réduire la densité des glossines. Le traitement
tion ou d’élimination, par leur complexité et leur épicutané d’un seul animal ne protégera pas
durée, nécessitent toujours l’intervention d’un l’animal traité, puisque le vecteur a généralement
programme étatique ou d’une agence spécialisée le temps de piquer et donc de transmettre le
mandatée par l’État. L’élimination suppose aussi parasite avant d’être tué.
une forte volonté politique et des financements
suffisants sécurisés à l’avance : elle est en effet Collaboration inter-sectorielle
généralement très efficiente mais très coûteuse.
Dans le cadre d’une gestion intégrée des vec-
Mise en œuvre de la LAV teurs, une collaboration est nécessaire entre tous
les secteurs, y compris celui de la santé, et la
Protection individuelle et collective société civile. Elle a pour objectif d’identifier les
La LAV peut être mise en œuvre sur une base différentes activités qui peuvent influencer la
individuelle (protection par un répulsif contre les transmission des maladies vectorielles afin de
moustiques, contrôle des tiques par les éleveurs) minimiser l’impact de ces dernières. Au niveau
ou collective. En santé humaine, la lutte contre national, plusieurs ministères sont concernés,
les vecteurs est généralement considérée comme comme ceux en charge de l’Agriculture, de
un bien public et les bénéficiaires attendent l’Environnement, de la Recherche, de la Santé.
alors sa prise en charge par l’État (FONTENILLE Par exemple, la gestion de l’irrigation ou la mise
et al., 2009). Il existe cependant des mesures de en œuvre de pratiques culturales spécifiques
LAV mises en place par les individus eux- peuvent réduire la prolifération des moustiques
mêmes. En outre, une action individuelle peut dans les zones agricoles. La prise en compte de
avoir un impact purement individuel (cas d’une l’écologie des vecteurs locaux peut influer sur le
moustiquaire non imprégnée d’insecticide ne choix des options au moment de l’élaboration
protégeant que la personne à l’intérieur) ou d’un projet de travaux publics pour l’aménage-
collectif (cas d’une moustiquaire imprégnée ment d’infrastructures. Le risque d’épidémie ou
d’insecticide protégeant partiellement les autres la pullulation d’insectes vecteurs ou nuisants
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La lutte antivectorielle
peut avoir des répercussions économiques produits biocides. Ce cadre réglementaire est
importantes en termes de fréquentation touris- principalement constitué par le Règlement (UE)
tique. La recherche est également un acteur n° 528/2012 du Parlement européen et du
important, puisque le choix des stratégies de Conseil européen du 22 mai 2012 concernant la
lutte devrait être basé sur les résultats de mise à disposition sur le marché et l’utilisation
programmes de recherche opérationnelle. des produits biocides (abrogeant et remplaçant
À l’échelle locale, la collaboration entre les auto- la directive 98/8/CE), transposé en droit français
rités municipales ou provinciales, les services aux articles L.522-1 et suivants du Code de
décentralisés de santé et les opérateurs de lutte l’environnement. Dans ce cadre, les substances
est indispensable au suivi et à l’évaluation au actives biocides font l’objet d’une évaluation
quotidien des interventions, et pour décider le relative à : 1) leur toxicité vis-à-vis de la santé
cas échéant de leur ajustement. Enfin, dans de humaine, 2) leur écotoxicité et 3) leur efficacité
nombreux pays du Sud, les organisations non en fonction des usages considérés. Les pays
gouvernementales et les agences de coopération européens peuvent toutefois recourir à une
internationale contribuent au financement et à procédure particulière, dite « d’usage essentiel »
la mise en œuvre d’interventions de lutte à en cas de crise, leur permettant d’utiliser des
grande échelle. molécules hors AMM (autorisation de mise sur
le marché) de manière temporaire (FONTENILLE
Participation communautaire et al., 2009).
La participation communautaire est généralement Depuis les années 1960, le programme
indispensable dans la plupart des programmes de WHOPES (WHO Pesticide Evaluation Scheme)
LAV. Ainsi, contre une espèce comme Aedes de l’OMS coordonne l’évaluation des biocides
albopictus, dont les habitats larvaires sont dissé- destinés à la santé publique. Son rôle est de :
minés et majoritairement d’origine anthropique, – faciliter la recherche de nouvelles molécules
la LAV proprement dite par pulvérisation ou méthodes d’application si possible moins
d’insecticides est moins importante que la sen- toxiques et moins coûteuses ;
sibilisation des communautés et des pouvoirs
publics pour éliminer les gîtes potentiels. Les – développer et promouvoir des stratégies et des
décharges à ciel ouvert, les récipients ou les directives pour l’utilisation sélective et raisonnée
coupelles de pots de fleur sont autant de gîtes des biocides en santé publique ; assister et suivre
larvaires à gérer pour limiter la pullulation des leur mise en œuvre par les états membres.
populations de ces moustiques. L’évaluation d’un biocide par le WHOPES com-
En santé animale, les éleveurs mettent parfois porte quatre phases au cours desquelles sont
en œuvre des stratégies collectives, en partageant considérées l’innocuité, l’efficacité au laboratoire
des équipements comme les bains détiqueurs ou et sur le terrain, l’acceptabilité opérationnelle du
les pédiluves acaricides-insecticides pour pro- produit et le développement de spécifications
téger leurs troupeaux. L’organisation collective en termes de contrôle qualité et de normes
est cependant contraignante et limite parfois la internationales. Le WHOPES n’a pas le rôle
diffusion de méthodes innovantes de LAV d’homologation des produits, mais ses recom-
(BOUYER et al., 2011 a). En Afrique australe, elle mandations facilitent leur enregistrement
est encadrée et partiellement financée par les éventuel par les états membres.
services vétérinaires.
MÉTHODES DE LUTTE
RÉGLEMENTATION Il existe de nombreuses méthodes de lutte, dont
L’Union européenne a défini un cadre régle- le choix sera guidé en fonction de critères liés à
mentaire concernant la mise sur le marché des l’efficacité recherchée sur les composantes de la
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La lutte antivectorielle
augmentation de sa température fatale aux L’habillage des murs avec un crépi empêche
larves, ou utiliser des fosses fumières, est égale- les triatomes domestiques de se réfugier dans
ment très efficace. Contre d’autres espèces les fissures. La mise en place de grillage
comme Stomoxys niger, il est en outre important moustiquaire aux portes et aux fenêtres réduit
de gérer les déchets végétaux de cultures qui, en l’entrée des moustiques endophages. Enfin, les
pourrissant, constituent d’excellents gîtes. La moustiquaires comme moyen de protection
gestion des gîtes larvaires représente également individuelle sont également utilisées depuis des
une technique possible contre les culicoïdes vec- siècles, bien qu’elles soient également progres-
teurs d’orbiviroses, même si, pour ces derniers, sivement remplacées par des tissus imprégnés
la connaissance des gîtes est encore insuffisante d’insecticides (voir ci-dessous).
(CARPENTER et al., 2008).
Il est également possible de traiter les gîtes lar-
Lutte chimique
vaires aquatiques par des barrières physiques Principaux insecticides utilisés
comme des huiles minérales ou de la silicone, Insecticides chimiques
qui empêchent les larves de respirer, ou des
La plupart des insecticides utilisés aujourd’hui
billes de polystyrène (CURTIS, 2005) placées
sont d’origine chimique. Pour être employé
dans les vides sanitaires et les fosses septiques
contre les vecteurs, l’insecticide doit être efficace
pour prévenir l’oviposition des femelles.
contre les espèces visées par la lutte, le plus
En ce qui concerne l’élimination de l’habitat sélectif possible pour limiter l’impact sur la faune
favorable aux adultes, en particulier par éclaircis- non-cible et peu coûteux, car les programmes
sement sélectif de la végétation, cette technique de lutte sont souvent menés sur le long terme.
est communément mise en œuvre contre les Enfin, il doit être correctement formulé selon
stomoxes et les glossines. On l’utilise également le mode d’application envisagé de manière à
contre la tique B. microplus à la Réunion, où l’on optimiser son efficacité et/ou sa rémanence. Il
détruit les touffes d’herbes hautes pérennes et existe à l’heure actuelle plusieurs centaines de
les buissons situés dans les pâtures, afin de limiter molécules organiques insecticides, regroupées
la survie des adultes. Contre les glossines, la en une trentaine de familles selon leur méca-
destruction des hôtes sauvages, réalisée dans le nisme d’action sur la physiologie de l’insecte.
passé, est à présent bannie en raison de son Seules quelques-unes de ces familles sont utili-
impact sur la biodiversité (BOUYER et al., 2010b). sées contre les vecteurs, notamment pour des
Contre ces dernières, on utilise souvent des raisons d’innocuité vis-à-vis de l’homme ou de
pièges attractifs visuellement, avec ou sans ajout l’animal.
d’attractifs olfactifs, ce qui est également consi-
Le DDT (dichloro-diphényl-trichloroéthane),
déré comme de la lutte mécanique. Cette tech-
un organochloré, fut l’un des tout premiers
nique est très efficace dans les foyers de maladie
insecticides utilisés (1939). Il présente l’inconvé-
du sommeil (LAVEISSIèRE et al., 2000). Elle est
nient d’être très stable et de s’accumuler dans les
cependant de plus en plus souvent remplacée
chaînes alimentaires, ce qui en fait un polluant
par l’utilisation de pièges et écrans imprégnés
organique persistant (POP) et a mené à proscrire
d’insecticides (voir ci-dessous). Cette technique
son utilisation en pulvérisation dans l’environ-
pourrait également être employée pour piéger
nement dans la quasi-totalité des pays. Il peut
les stomoxes ou les tabanides (BALDACCHINO et
encore être employé, mais uniquement pour les
al., 2014), bien qu’aucune réduction de leurs
traitements intradomiciliaires sur les murs dans
densités n’ait jamais été reportée suite à l’utili-
les situations où les anophèles sont devenus
sation de cette technique seule.
résistants aux autres insecticides, comme ce fut
L’amélioration de l’habitat peut également le cas dans les années 2000 en Afrique du Sud
réduire les densités de certains vecteurs. (MAHARAJ et al., 2005).
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Les pyréthrinoïdes, commercialisés dans les moment de la mue. Ils sont actifs à très faible
années 1980, sont des dérivés synthétiques des dose, mais peuvent interférer avec le dévelop-
pyréthrines naturelles extraites d’une espèce de pement d’autres arthropodes présents dans les
chrysanthème (Chrysanthemum cinerariifolium). gîtes naturels. En revanche, comme ils n’ont pas
Ces insecticides sont les plus utilisés en santé d’analogues chez les mammifères, ils sont très
humaine et animale en raison de leur faible toxi- peu toxiques et certains peuvent être utilisés dans
cité pour les vertébrés à sang chaud. Ils sont les réserves d’eau destinée à la consommation
toxiques pour la faune aquatique, en particulier humaine. Ils ont cependant une action lente
les poissons. Les pyréthrinoïdes sont également puisque, étant actifs uniquement sur les stades
utilisés pour le contrôle des tiques, même si immatures, leur impact sur la transmission est
on leur préfère souvent l’amitraze (famille des retardé lorsque celle-ci est assurée par les seuls
formamidines) qui entraîne un détachement adultes hématophages. L’hormone juvénile et
instantané des tiques exposées, alors que les l’ecdysone jouent aussi un rôle important dans
pyréthrinoïdes provoquent leur mort et leur la physiologie de la reproduction des insectes.
dessèchement sur leur site de fixation, ce qui est Certains régulateurs de croissance peuvent
mal perçu par les éleveurs. également agir comme chimio-stérilisants des
femelles adultes chez les moustiques ou les
Comme le DDT, les pyréthrinoïdes agissent sur
glossines (OHASHI et al., 2012). Ils sont très
le système nerveux central et périphérique en
utilisés contre les puces des chiens et des chats.
perturbant la cinétique d’ouverture des canaux
sodium voltage-dépendant responsables de la En médecine vétérinaire, on utilise également les
transmission de l’influx nerveux. Ils ont une avermectines injectables pour lutter contre les
action rapide (effet knock-down provoquant la diptères responsables de myiases : Oestrus ovis,
chute immédiate de l’insecte) et un effet excito- Hypoderma sp., Cordylobia anthropophaga…
répulsif plus ou moins important selon les molé- L’ivermectine, qui en fait partie, a été testée de
cules. Ils sont cependant beaucoup plus labiles manière non concluante contre les glossines
dans l’environnement. Étant détruits notamment (POODA et al., 2013).
par les rayons UV, ils ne s’accumulent pas dans Le fipronil, de la famille des phénylpyrazoles,
la chaîne alimentaire. est très utilisé en Europe pour la lutte contre les
Les organophosphorés et les carbamates sont des tiques et les puces chez les animaux domes-
insecticides neurotoxiques du système nerveux tiques (chiens et chats). En Amérique du Sud, il
central des insectes. Ils agissent comme inhibi- est également en usage contre les insectes
teurs de l’acétylcholinestérase. Cette enzyme piqueurs du bétail, mais présente des délais
dégrade l’acétylcholine qui est le neuromédiateur « d’attente lait » élevés. Il a été évalué récem-
des synapses cholinergiques. Les carbamates ment avec succès contre les glossines en condi-
ont une toxicité plus marquée que les organo- tions expérimentales (BAUER et BAUMANN,
phosphorés et un coût plus élevé, mais ils ont 2015). Son usage agricole est interdit en Europe
connu un regain d’intérêt pour l’imprégnation en raison de son écotoxicité, notamment de sa
des matériaux (rideaux, bâches) et pour les toxicité aiguë sur les abeilles.
pulvérisations intradomiciliaires en raison de Insecticides d’origine bactérienne
la résistance croissante aux autres familles
Certaines bactéries du genre Bacillus présentent
d’insecticides.
la particularité de former au moment de leur
Les régulateurs de croissance sont des analogues sporulation un cristal protéique toxique pour
d’hormones d’insectes. Les juvénoïdes pertur- les insectes, par exemple Bacillus thuringiensis
bent le développement larvaire et empêchent la israelensis (Bti) et Bacillus sphaericus (Bs). Le
transformation en nymphe ou en adulte. Les cristal de Bti est constitué de quatre toxines
ecdysoïdes inhibent la synthèse de la chitine au majeures, Cry4A, Cry4B, Cry11A et Cyt1Aa
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La lutte antivectorielle
(REGIS et al., 2001), avec des modes d’action nents. Ils peuvent être utilisés en pulvérisation
différents codés par des gènes différents. Le rémanente sur la végétation où les vecteurs
cristal de Bs ne comporte qu’une seule toxine adultes se reposent. Toutefois, cette dernière
binaire, composée de 2 polypeptides. Ce sont option présente probablement une écotoxicité
des larvicides qui doivent être ingérés par les importante, même si elle est encore largement
larves pour être actifs. Sous l’effet du pH basique mise en œuvre dans la lutte contre les glossines,
de l’intestin, les cristaux libèrent des protoxines notamment au Zimbabwe ou en Éthiopie.
qui sont ensuite activées par les enzymes diges- La pulvérisation est utilisée pour les traitements
tives. Les toxines altèrent les cellules épithéliales larvicides contre les moustiques, en particulier
intestinales, entraînant la mort de la larve. Ces pour les espèces ayant des gîtes de grande taille
insecticides très sélectifs sont inoffensifs pour mais en nombre limité, facilement repérables et
la faune non cible, puisque le Bs n’agit que sur accessibles. Elle est appliquée dans les gîtes à
certaines espèces de moustiques et le Bti sur Culex en milieu urbain ou dans les gîtes d’Aedes
les larves de moustiques et de simulies. Le Bti domestiques et péridomestiques en période inter-
sédimente rapidement dans les gîtes larvaires et épidémique et en complément des mesures
perd de son efficacité dans les eaux polluées d’assainissement et/ou de destruction des gîtes
chargées en matière organique. Il est utilisé en (fig. 5.1). La pulvérisation des gîtes larvaires est
santé publique pour la lutte contre les vecteurs utilisée contre les simulies, certaines espèces de
de Onchocerca volvulus (simulies) et des virus culicoïdes et les stomoxes. Elle est envisageable
de la dengue ou du chikungunya (Aedes), ainsi contre certains vecteurs du paludisme dans des
que contre les moustiques responsables de nui- situations spécifiques et elle est parfois remplacée
sance en Europe et en Amérique du Nord. Le Bs par la dispersion manuelle de granulés sur le sol
est plus efficace dans les eaux polluées et peut ou dans les gîtes larvaires (tabl. 5.2).
se recycler dans les larves, contrairement au Bti,
ce qui augmente sa rémanence. Il est surtout
utilisé pour lutter contre les Culex.
Les quatre toxines du Bti agissent en synergie,
et jusqu’à présent aucune résistance n’a été
observée sur le terrain, contrairement au Bs pour
lequel la résistance à l’unique toxine peut rapi-
dement être sélectionnée dans les populations
naturelles (CHEVILLON et al., 2001 ; OLIVEIRA et
al., 2004).
Plus récemment, un mélange de macrolides
tétracycliques neurotoxiques, les spinosynes A
et D, produites par fermentation de bactéries
actinomycètes (Saccharopolyspora spinosa), se
sont révélées efficaces pour le contrôle des
larves de moustiques (HERTLEIN et al., 2010).
Méthodes d’application
Pulvérisations
Les insecticides sont généralement appliqués
par pulvérisation sur les murs à l’intérieur des
habitations, dans les gîtes larvaires ou à l’extérieur Figure 5.1 – Pulvérisation larvicide de Bti.
sous forme de traitements spatiaux non réma- © ARS océan Indien/J. S. Dehecq
97
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Tableau 5.2 – Insecticides recommandés par l’OMS pour les traitements larvicides.
(http://www.who.int/entity/whopes)
Organophosphorés
Chlorpyrifos EC 11-25 -
Téméphos EC, GR 56-112 1
Pirimiphos-méthyl EC 50-500 1
Fenthion EC 22-112 -
Régulateurs de croissance
Diflubenzuron DT, GR, WP 25-100 0,02-0,25
Novaluron EC 10-100 0,01-0,05
Pyriproxifène GR 10-50 0,01
Insecticides bactériens
Bacillus thuringiensis israelensis WG (3 000 ITU/mg) 125-750 (b) 1-5 (b)
Bacillus thuringiensis israelensis GR (200 ITU/mg) 5 000-20 0000 b -
Spinosynes
Spinosad DT, EC, GR, SC 20-500 0,1-0,5
Spinosad 83.3 DT monocouche 250-500 -
Spinosad 25 GR à libération lente 250-4001000-1500 (c) -
DT = tablette dispersible ; EC = concentré émulsionnable ; GR = granule ; ITU = unité toxique internationale ;
SC = suspension concentrée ; WG = granule dispersible dans l’eau ; WP = poudre mouillable.
(a) : ce tableau mentionne les seuls insecticides ayant fait l’objet d’une évaluation par le Whopes. D’autres insecticides ou
formulations peuvent être homologués et utilisés selon les pays.
(b) : dosage de l’insecticide formulé
(c) : dosage en eau polluée pour le contrôle de Culex quinquefasciatus
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La lutte antivectorielle
Tableau 5.3 – Insecticides recommandés par l’OMS pour les pulvérisations intradomiciliaires
à effet rémanent (http://www.who.int/entity/whopes).
Organochloré
DDT WP 1-2 >6
Organophosphorés
Malathion WP 2 2-3
Fénitrothion WP 2 3-6
Pirimiphos-méthyl WP, EC 1-2 2-3
Pirimiphos-méthyl CS 1 4-6
Carbamates
Bendiocarb WP 0,1-0,4 2-6
Propoxur WP 1-2 3-6
Pyréthrinoïdes
Alpha-cyperméthrine WP, SC, WG 0,02-0,03 4-6
Bifenthrine WP 0,025-0,05 3-6
Cyfluthrine WP 0,02-0,05 3-6
Deltaméthrine WP, WG 0,02-0,025 3-6
Deltaméthrine SC-PE 0,02-0,025 6
Etofenprox WP 0,1-0,3 3-6
Lambda-cyhalothrine WP, CS 0,02-0,03 3-6
CS = suspension microencapsulée ; EC = concentré émulsionnable ; SC = suspension concentrée ;
SC-PE = suspension concentrée additionnée d’un polymère ; WG = granules dispersibles dans l’eau ; WP = poudre mouillable.
Ce tableau mentionne les seuls insecticides ayant fait l’objet d’une évaluation par le WHOPES.
D’autres insecticides ou formulations peuvent être homologués et utilisés selon les pays.
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La lutte antivectorielle
Tableau 5.4 – Insecticides recommandés par l’OMS pour les pulvérisations spatiales.
(http://www.who.int/entity/whopes)
À l’intérieur À l’extérieur
(matière active en g/1 000 m3) (matière active en g/ha)
Insecticide et formulation Aérosol Brouillard Aérosol Brouillard
froid thermique froid thermique
Organophosphoré
Malathion UL - - 112-600 112-600
Pyréthrinoïdes
Deltaméthrine UL 0,5 0,05 0,5-1 0,5-1
Deltaméthrine EW - 0,05 1
Lambda-cyhalothrine - - 1-2 1-2
Perméthrine (10,35 %)
+s-bioalléthrine (0,14%)
+ pipéronyle butoxyde
(9,85 %) EW 0,55 0,73
d-d trans-cyphénothrine EC 0,1-0,2 0,2 3,5-4 3,5-4
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La lutte antivectorielle
Les moustiquaires imprégnées d’insecticide ont résine protectrice. Ces technologies assurent un
été testées pour la première fois contre les vec- « relargage » progressif des molécules actives
teurs du paludisme au Burkina Faso (DARRIET à la surface des fibres et leur biodisponibilité
et al., 1984). En l’absence de traitement, les vis-à-vis des moustiques sur le long terme. Les
moustiquaires ne protègent pas des piqûres de moustiquaires longue durée doivent rester effi-
moustiques si elles présentent des trous ou des caces après au moins 20 lavages et 3 ans d’utili-
déchirures, si elles sont mal bordées ou si une sation en conditions réelles pour bénéficier
partie du corps vient au contact du tissu. Leur d’une recommandation de l’OMS (WHO, 2013).
imprégnation avec un pyréthrinoïde ayant un Elles sont essentiellement employées contre les
effet excito-répulsif, elle améliore grandement anophèles, mais elles sont aussi très efficaces
leur efficacité protectrice. En effet, elle réduit le contre les phlébotomes, vecteurs de leishmanies
nombre de moustiques qui entrent dans la dans les zones d’endémies (ALExANDER et
chambre, augmente la proportion de ceux qui MAROLI, 2003). Des campagnes de lutte à
en sortent, réduit de plus de 80 % le nombre de grande échelle sur des dizaines de villages ont
femelles gorgées lorsque la moustiquaire est fai- montré que les moustiquaires pouvaient réduire
blement trouée et enfin entraîne une mortalité l’incidence de la leishmaniose viscérale de 59 %
rapide d’une partie des moustiques qui viennent au Soudan et de 66 % au Bangladesh (RITMEIJER
au contact du tulle traité (DARRIET, 2007). Elle et al., 2007 ; DINESH et al., 2013).
constitue donc un bon outil de protection indi- D’autres matériaux peuvent être imprégnés
viduelle. De plus, lorsqu’elle est utilisée à l’échelle pour protéger les personnes contre les vecteurs
d’une communauté avec une couverture d’au dans des situations particulières :
moins 80 % des foyers, elle assure une protection – des rideaux imprégnés accrochés aux fenêtres
collective en réduisant la transmission par la ou à l’entrée des maisons sont parfois utilisés en
diminution de la longévité des vecteurs, du contact complément des autres méthodes de lutte.
homme-vecteur et, dans certains cas, de la Employés seuls en zone de forte transmission
densité des vecteurs. C’est pourquoi la distribu- palustre, ils ont un effet protecteur limité sur la
tion massive de moustiquaires imprégnées est prévalence de l’infection, mais ils réduisent la
un des piliers du Plan mondial de lutte contre le parasitémie et l’anémie chez les jeunes enfants
paludisme depuis une quinzaine d’années (HABLUETZEL et al., 1999). Une étude à petite
(RBM Partnership, 2008). échelle au Mexique a mentionné qu’ils réduiraient
À l’heure actuelle, seuls les pyréthrinoïdes sont de plus de 90 % l’entrée dans les maisons des
recommandés pour le traitement des mousti- triatomes non domiciliés (FERRAL et al., 2010) ;
quaires en raison de leur action rapide, de leurs – dans les zones forestières en région amazo-
propriétés excito-répulsives et de leur innocuité nienne et en Asie du Sud-Est, où les vecteurs
pour l’homme (ZAIM et al., 2000). Au départ, les sont très exophages et où les personnes dorment
imprégnations étaient réalisées collectivement à l’extérieur ou dans des habitats ouverts, les
par les programmes nationaux de lutte contre le hamacs imprégnés de pyréthrinoïdes possèdent
paludisme ou à l’aide de kits d’imprégnation une certaine efficacité pour la prévention du
individuels. En raison des contraintes liées à la paludisme (MAGRIS et al., 2007 ; SOCHANTHA et
réimprégnation, qui devait être faite tous les al., 2010) ;
6 mois ou après 2-3 lavages, l’industrie a déve- – le port de vêtements imprégnés permet de se
loppé des procédés d’imprégnation longue protéger contre les piqûres d’insectes, de tiques
durée (fig. 5.7, 5.8). Ces moustiquaires sont ou d’aoûtats (acariens trombiculidés). Ils sont
ainsi traitées en cours de fabrication soit par traités généralement avec de la perméthrine, un
incorporation de l’insecticide au polymère avant pyréthrinoïde ayant un fort effet excito-répulsif,
l’extrusion des fibres, soit après l’extrusion par soit manuellement avec des formulations dispo-
enrobage de la fibre avec l’insecticide et une nibles dans le commerce, soit industriellement
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Figure 5.7 – Enfant dormant sous moustiquaire Figure 5.9 – Écran imprégné pour la lutte
imprégnée longue durée au Sud-Bénin. contre les glossines.
© IRD-CREC/A. Djénontin © Cirad/J. Bouyer
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La lutte antivectorielle
et al., 2012), limitant ainsi le risque de transmis- Les répulsifs dans la protection
sion d’arboviroses zoonotiques comme la fièvre personnelle antivectorielle
de la Vallée du Rift.
Les outils de protection personnelle antivecto-
Autres méthodes rielle doivent contribuer à réduire le contact
Récemment, d’autres supports contenant des Homme-vecteur. Intuitivement, ils compren-
insecticides rémanents ont été proposés. Ainsi, nent en premier lieu des mesures physiques
une peinture contenant un cocktail de deux telles la tenue vestimentaire avec le port de
insecticides neurotoxiques (pyréthrinoïde et vêtements couvrants, l’usage d’une moustiquaire
organophosphoré) et un régulateur de croissance de lit, de moustiquaires de portes et de fenêtres.
(pyriproxifène) a été évaluée avec succès en Actuellement, ces mesures simples ont été
conditions expérimentales contre Triatoma grandement améliorées par le développement
infestans, le principal vecteur de la maladie de des techniques d’imprégnation industrielles
Chagas en Argentine et en Bolivie. Une mortalité (cf. supra).
importante a été observée, avec une très bonne La protection contre les piqûres d’arthropodes
rémanence et une bonne acceptabilité et tolérance hématophages peut être réalisée par l’application
par les populations bénéficiaires (FRIEDMAN- de substances d’origine naturelle ou de synthèse
RUDOVSKY, 2012). La même peinture s’est au niveau cutané (BOULANGER et DE GENTILE,
montrée efficace en conditions expérimentales 2012). Elle repose sur l’utilisation de substances
et semi-naturelles contre Cx. quinquefasciatus dites répulsives pour les arthropodes. Selon la
et An. gambiae (MOSQUEIRA et al., 2010 a ; définition proposée par Diether en 1960, pour être
MOSQUEIRA et al., 2010 b). classées parmi les répulsifs, ces substances doivent
Des résines insecticides à longue rémanence ont « induire chez l’arthropode un mouvement de
également été proposées récemment, mais les retrait de l’hôte ».
résultats de leur évaluation ne sont pas encore Leur mode d’action n’est pas complètement
disponibles. D’autres technologies « longue élucidé. Chez les moustiques, les antennes sont
durée » comme les bâches imprégnées pour la le support de récepteurs détectant les stimula-
gestion des épidémies dans les camps de réfugiés tions aériennes, chimiques ou physiques, et le
ont également été proposées. système olfactif est supporté par des familles de
Enfin, l’auto-dissémination d’analogues de neurorécepteurs spécifiques. Les molécules les
l’hormone juvénile, tel le pyriproxifène, placés plus attractives pour les moustiques sont le CO2
dans des pièges de repos ou des pièges pondoirs et l’acide lactique présents au niveau de l’air
sous forme de poudre et diffusés par les femelles expiré et de la peau. Le rôle attractif de ces deux
adultes qui viennent s’y poser, s’est avérée très molécules a également été montré pour les
efficace à petite échelle pour contrôler simulies, les glossines, les stomoxes ainsi que
Ae. aegypti au Pérou (DEVINE et al., 2009), puis pour Rhodnius prolixus. Chez cet arthropode, il
Ae. albopictus en Espagne (CAPUTO et al., 2012). a également été montré que l’action du CO2, à
Les femelles contaminées déposent le pyriproxi- concentration égale, est en fait dépendante du
fène dans leurs gîtes larvaires, ce qui perturbe temps écoulé depuis le dernier repas sanguin
le développement préimaginal et réduit très (BODIN et al., 2009). Ainsi, à distance du repas, le
fortement le taux d’émergence des moustiques CO2 présente un pouvoir attractif, alors qu’après
adultes. La différence d’attractivité entre les le repas de sang, le CO2 exerce un pouvoir
stations de dissémination et les gîtes naturels répulsif. Chez les tiques, l’olfaction est supportée
nécessite encore des études sur le terrain pour par l’organe de Haller présent au niveau de la
optimiser le nombre de pièges à l’hectare et son face externe du tarse de la première paire de
efficacité avant d’envisager une utilisation à pattes, et le CO2 joue également un rôle majeur
grande échelle. dans l’attractivité de ces acariens.
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L’hypothèse la plus probable de l’action des Vis-à-vis des tiques, les modèles expérimentaux
répulsifs est l’interférence du répulsif avec les ne font pas encore l’unanimité. Les tests suivants
récepteurs olfactifs, ces molécules perturbant la sont proposés, tous pratiqués en laboratoire :
reconnaissance de sa cible par l’arthropode. – la méthode des disques est la plus simple, les
Expérimentalement, le DEET a été le répulsif le expérimentateurs étudient au cours du temps la
plus étudié. Il empêcherait le moustique femelle répartition des tiques déposées sur un disque
de repérer sa cible et donc de prendre son repas dont la moitié de la surface est imprégnée du
de sang. Cette molécule inhiberait au moins répulsif à tester et l’autre moitié n’est pas impré-
deux classes de récepteurs sensibles à l’acide gnée ;
lactique. – une autre méthode consiste à placer sur le
trajet des tiques une bande imprégnée de répul-
sifs et à noter la répartition des tiques et les
Encadré 5.1 – modifications de leur trajet devant cet obstacle.
Les qualités d’un répulsif « idéal » La technique dite « du bout du doigt » (fingertip)
Les dix caractéristiques d’un répulsif idéal est une variante in vivo de ce test ;
(BROWN et HEBERT, 1997 ; KATZ et al., 2008) : – les études in vivo portent sur le nombre de
1. une efficacité sur un large spectre tiques se gorgeant sur un animal hôte sur lequel
d’arthropodes ; le répulsif testé a été appliqué ;
2. l’absence d’effets irritants sur la peau ; – la technique dite MO-bioassay développée par
3. l’absence d’odeur ou une odeur DAUTEL et al. (1999) intègre le mouvement et
agréable ; la température de l’hôte dans l’attractivité des
4. l’absence d’altération des fibres textiles tiques.
lors de l’application vestimentaire ;
En pratique, au niveau de l’Union européenne,
5. l’absence de résidus gras sur la peau lors de l’entrée dans le processus d’évaluation des
et une résistance éprouvée au lavage
biocides selon la directive 98/8, seules quatre
et à l’abrasion ;
molécules ont été initialement retenues : le
6. l’absence d’effets sur les plastiques diethyl-M-toluamide (DEET), l’ethyl butyl
usuels ;
acide aminopropionate (IR3535®), la picaridine
7. une stabilité chimique ; (icaridine ou KBR3023), le paramenthane diol
8. un coût raisonnable pour un usage enrichi en huile biologique (PMD-BRO).
large ;
Pour des concentrations entre 20 % et 30 %,
9. l’absence de toxicité ; l’efficacité de ces molécules a été montrée en
10. une rémanence suffisante. laboratoire pour un temps de protection totale
de 4 à 6 heures sur les principaux diptères
hématophages, mais il faut noter que les
L’efficacité des répulsifs, substances actives ou Anopheles présentent une sensibilité plus faible
produits finis, est évaluée en laboratoire ou sur à ces molécules que les Aedes ou les Culex.
le terrain. Il existe plusieurs référentiels proposés Pour les tiques, les études sont plus complexes
par l’OMS, l’American Society for Testing and et, en l’absence de modèle complètement
Materials, et l’US Environmental Protection satisfaisant, les résultats d’efficacité sont plus
Agency pour tester ces produits. Ils décrivent les difficiles à analyser, la principale notion à
protocoles d’évaluation de l’efficacité des répul- retenir étant la moindre sensibilité du genre
sifs vis-à-vis des moustiques adultes en labora- Ixodes aux répulsifs. Les autres arthropodes
toire et sur le terrain. Ces essais permettent de vecteurs n’ont quasiment pas été testés et peu
déterminer la relation dose-efficacité ainsi que d’études de terrain sont disponibles. Ces pro-
le temps de protection complète ou totale. duits présentent des risques toxiques, qui sont
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La lutte antivectorielle
certes limités lors de l’application cutanée, mais nouvelles molécules insecticides testées, prati-
qui sont réels lors d’excès ou de mésusage. La quement inexistantes depuis les années 1990.
prise en compte de ce risque toxique amène à On note différents types de résistances, dont les
limiter l’usage des répulsifs chez les enfants, tou- plus efficaces sont la résistance métabolique et
tefois, dans le cadre de la prévention contre la la résistance par mutation de cible.
transmission d’une maladie vectorielle, l’évalua-
La résistance métabolique, ou détoxication,
tion de la balance bénéfice/risque pour l’enfant
regroupe les mécanismes biochimiques qui
est largement en faveur de l’usage d’un répulsif
dégradent les insecticides en métabolites moins
durant un temps limité.
ou non toxiques et plus facilement éliminables,
Les huiles essentielles sont très utilisées par le réduisant ainsi la quantité d’insecticide attei-
public. Mais leur usage présente deux problèmes gnant sa cible physiologique. Les principales
non encore résolus : le risque avéré de photo- enzymes impliquées dans ce métabolisme sont
sensibilisation et une efficacité mesurée sur les carboxylestérases, les monooxygénases à
temps de protection totale de courte durée, cytochrome P450 et les glutathion-S-transférases.
estimée en laboratoire à moins de 20 minutes. La résistance métabolique résulte :
Ce temps de protection est bien insuffisant pour – d’une augmentation de l’expression des
un usage des huiles essentielles dans le cadre de enzymes par amplification génique (multiplica-
la prévention d’une affection transmise par un tion du nombre de copies du gène sur le chro-
arthropode hématophage. mosome) ou d’une mutation sur le promoteur
de la transcription du gène ;
Résistance aux insecticides
– de mutations qui augmentent l’efficacité
Mécanismes et diffusion de la résistance catalytique de l’enzyme vis-à-vis de l’insecticide.
On parle de résistance lorsqu’apparaissent dans La résistance par modification de la cible résulte
une population des individus possédant la de mutations ponctuelles sur le gène codant
faculté de survivre à des doses de substances pour la protéine sur laquelle agit l’insecticide.
létales pour la majorité des individus composant Pour que ces mutations soient sélectionnées, le
une population normale de la même espèce. changement d’acide aminé doit réduire l’affinité
Cette résistance correspond à un caractère héré- de la protéine cible vis-à-vis de l’insecticide tout
ditaire lié à des allèles particuliers, qualifiés de en préservant tout ou partie de sa fonction bio-
« gènes de résistance », qui surviennent dans logique. De tels remplacements d’acides aminés
une population par mutation spontanée ou sont en nombre limité sur les protéines, ce qui
migration puis sont sélectionnés par l’utilisation explique que parfois les mêmes mutations sont
d’insecticides (sélection darwinienne). sélectionnées indépendamment chez différentes
La pression de sélection est d’autant plus forte espèces (FFRENCH-CONSTANT et al., 1998). Ces
que 95 % de la quantité d’insecticides utilisés en mutations sont très efficaces, car elles confèrent
santé publique n’agissent que sur 2 cibles du généralement une résistance croisée à l’ensemble
système nerveux des insectes : le canal sodium des molécules qui agissent sur la même cible.
voltage-dépendant et l’acétylcholinestérase Les mutations du canal sodium, cible des pyré-
(WHO, 2011). Le nombre d’espèces résistantes thrinoïdes et du DDT, sont appelées mutations
augmente constamment depuis les années 1950 kdr « knockdown resistance », car elles diminuent
et ce phénomène concerne pratiquement toutes ou annihilent l’effet de choc de ces insecticides.
les familles d’insectes d’importance médicale et Pour une dizaine d’espèces de moustiques
vétérinaire, à l’exception notable des glossines, vecteurs, le même acide aminé, la leucine en
chez lesquelles une telle résistance n’a pas encore position 1014, est remplacé par une phénylala-
été reportée. Chez les moustiques, le nombre nine ou une sérine (MARTINEZ TORRES et al.,
d’espèces résistantes augmente plus vite que les 1998 ; LABBÉ et al., 2011).
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Les mutations du gène codant pour l’acétylcho- freiner leur diffusion, voire d’inverser l’évolution
linestérase, encore appelées acétylcholinestérases de leur fréquence, en utilisant les principes de
insensibles, confèrent une résistance aux orga- la lutte intégrée (DUREL et al., 2015).
nophosphorés et aux carbamates. Chez les Il est important de limiter au maximum l’utilisa-
moustiques, plusieurs mutations ont été tion des insecticides en ciblant stratégiquement
décrites, mais la plus fréquente (G119S) est les sites et les périodes de traitement, ce qui
retrouvée chez au moins 7 espèces différentes nécessite de mettre en œuvre un programme de
(WEILL et al., 2003 ; LABBÉ et al., 2011). surveillance des densités de vecteurs. De plus,
Il existe d’autres mécanismes de résistance toutes les stratégies mécaniques ou biologiques
encore peu explorés, comme la résistance com- permettant de limiter la population cible, comme
portementale, qui permet aux insectes d’éviter la gestion des gîtes larvaires et des gîtes de repos
les surfaces traitées, ou la résistance cuticulaire, par des mesures d’hygiène publique ou vétéri-
qui réduit la pénétration de l’insecticide dans le naire, doivent être mises en œuvre afin de réduire
corps de l’insecte. La difficulté à étudier ces la population exposée aux insecticides.
résistances est liée au manque de connaissances De nombreuses stratégies de gestion de la
sur les gènes potentiellement impliqués et à la résistance sont basées sur l’utilisation de plu-
complexité d’établir des protocoles pour les sieurs molécules à modes d’action différents
caractériser au niveau phénotypique. C’est le cas pour réduire la pression de sélection qu’une seule
de la résistance comportementale, pour laquelle molécule engendrerait et réduire la « fitness »
il est parfois difficile de faire la part entre ce qui (ou succès reproducteur) des individus résis-
relève de la plasticité phénotypique soumise à tants lorsqu’un coût génétique1 est associé à la
des variables environnementales ou d’un chan- résistance. Ces stratégies sont basées sur l’utili-
gement comportemental ayant un support sation séquentielle d’insecticides dans le temps
génétique et soumis à sélection. Par exemple, au (rotation) ou dans l’espace (mosaïques), ou sur
Sud-Bénin, le comportement des femelles l’association de plusieurs molécules en mélange.
d’An. funestus s’est modifié après la distribution L’utilisation de zones refuges (zones non traitées
universelle de moustiquaires imprégnées. Dans pour maintenir un pool d’individus sensibles et
certains villages, la proportion de moustiques diluer les allèles de résistance), pratiquée contre
exophages a significativement augmenté, et les ravageurs agricoles, ne peut être mise en
dans d’autres le pic d’agressivité des femelles œuvre dans la lutte contre les vecteurs, compte
s’est décalé du milieu de nuit aux premières tenu des risques épidémiologiques pour les
heures du matin, lorsqu’une partie des habitants populations qui ne seraient pas protégées en
sortent de la moustiquaire pour mener leurs zones non traitées.
activités quotidiennes (MOIROUx et al., 2012). Le programme OCP (Onchocerciasis Control
Gestion des résistances Programme) en Afrique de l’Ouest est l’exemple
Étant donné le nombre limité d’insecticides le plus emblématique d’une stratégie de gestion
utilisables en santé publique et les difficultés réussie de la résistance des vecteurs en santé
réglementaires et économiques pour en déve- publique. Après l’apparition des premiers cas de
lopper de nouveaux, il convient de prolonger au résistance au téméphos (organophosphoré) chez
les simulies en 1980, une rotation de 7 insecticides
maximum l’efficacité des molécules actuellement
disponibles.
1- En l’absence d’insecticide, les individus résistants sont
Il n’existe pas de méthode miracle pour gérer les souvent moins compétitifs que les sensibles et on parle
résistances, et toute utilisation d’insecticides crée de coût génétique associé à la résistance. Les hypothèses
une pression de sélection qui favorisera, in fine, pour expliquer le coût peuvent être le fonctionnement
moins efficace des cibles mutées ou une allocation
la sélection des allèles de résistances dans les des ressources de l’insecte à la surproduction d’enzymes
populations cibles. Il est cependant possible de au détriment des autres fonctions métaboliques.
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La lutte antivectorielle
appartenant à 4 familles a été décidée pour la récepteurs de ces molécules dans le système
lutte antilarvaire. Cette stratégie a permis la nerveux des insectes (PENNETIER et al., 2008 ;
régression de la résistance aux organophospho- ABD-ELLA et al., 2015).
rés et le maintien de la sensibilité des simulies Plusieurs molécules peuvent aussi être utilisées
pendant les 20 années qu’ont duré les traitements lorsque différents supports de lutte sont traités
(YAMÉOGO et al., 2003). (traitement des locaux d’élevage, filets mousti-
quaires et traitement épicutané par exemple).
En pratique, dans la lutte contre les moustiques,
Dans le cadre de la lutte contre le paludisme, des
les rotations et les mosaïques sont envisageables
programmes ont été menés associant la distri-
pour les pulvérisations (spatiales, intradomici-
bution de moustiquaires imprégnées avec des
liaires) et les traitements larvicides. En Guinée
aspersions intradomiciliaires, mais le bénéfice de
équatoriale, sur l’île de Bioko, les populations
ces combinaisons est sujet à controverse. Des essais
d’An. gambiae résistantes aux pyréthrinoïdes ont
contrôlés randomisés n’ont pas montré d’impact
pu être contrôlées par les carbamates après l’échec
sur la morbidité ou l’infection à Plasmodium
des premières aspersions intradomiciliaires de
falciparum des interventions combinées par
deltaméthrine et de lambda-cyhalothrine (SHARP
rapport aux moustiquaires seules au Bénin
et al., 2007). Un essai a été mené à l’échelle de
(CORBEL et al., 2012) ou en Gambie (PINDER et al.,
plusieurs villages au Mexique pour comparer la
2015). En revanche, un effet protecteur significa-
pression de sélection engendrée par les traite-
tif des deux interventions associées a été observé
ments intradomiciliaires avec un seul insecticide
en Guinée équatoriale (KLEINSCHMIDT et al., 2009)
ou plusieurs en mosaïque ou en rotation sur la
et en Tanzanie (WEST et al., 2014). Ces différences
sélection de la résistance d’An. albimanus. Les
s’expliquent probablement par l’influence de
résultats ont été peu probants, probablement
facteurs tels que les espèces de vecteurs impliqués,
du fait de pressions de sélection externes aux
leur sensibilité aux insecticides, les niveaux de
traitements de santé publique, et la résistance
transmission, le comportement des populations
aux pyréthrinoïdes, faible au départ a augmenté
humaines…
dans tous les villages, même si elle a été un peu
plus rapide dans les villages traités uniquement Il est cependant préférable de mettre en place
avec des pyréthrinoïdes (Irac, 2011). ces stratégies de manière préventive, et non une
fois que la résistance à un produit est déjà for-
La combinaison de deux insecticides sur une tement répandue, sous peine de sélectionner des
même moustiquaire a été évaluée au stade expé- souches multirésistantes, comme pour la tique
rimental au laboratoire ou sur le terrain en B. microplus, devenue résistante à toutes les
milieu contrôlé pour lutter contre les moustiques molécules disponibles. Dans un tel cas, la gestion
résistants (GUILLET et al., 2001 ; HOUGARD et al., de la résistance repose sur la prévention des
2003 ; DARRIET et CHANDRE, 2013 ; N’GUESSAN introductions par mouvements d’animaux dans
et al., 2014). Dans de nombreux cas, l’efficacité de des nouveaux territoires, comme c’est actuelle-
ces associations est bien supérieure à la simple ment le cas en Afrique de l’Ouest à partir de
addition des effets des deux molécules prises l’Amérique du Sud (CHEVILLON et al., 2013).
séparément. Cette synergie entre insecticides
Enfin, lorsque cela est possible (population cible
permet de rétablir l’efficacité des moustiquaires
isolée), l’élimination permet une gestion défini-
vis-à-vis de moustiques résistants à l’un des
tive de la résistance.
composés (DARRIET et CHANDRE, 2011) ou de
réduire les doses d’insecticides tout en maintenant Lutte biologique
l’efficacité du traitement (CORBEL et al., 2002).
Des phénomènes de synergie sont aussi observés Ennemis naturels
entre des insecticides et des répulsifs, et s’expli- Les poissons larvivores peuvent être utilisés
quent par des interactions étroites entre les contre les moustiques. On peut ainsi citer
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l’utilisation d’Aphanius dispar pour la lutte (BOUYER et al., 2011 b). L’efficacité de ces lâchers
contre le paludisme à Djibouti, ou de Gambusia s’est avérée variable en fonction des sites et des
affinis pour lutter contre les larves d’An. sacharovi saisons, et l’absence de diffusion des parasitoïdes
en Grèce, d’An. stephensi en Inde et de plusieurs malgré une période relativement longue d’utili-
espèces d’anophèles en Afrique du Nord et au sation a remis en cause sa rentabilité, ce qui,
Moyen-Orient (COLLINS et PASKEWITZ, 1995 ; avec l’inefficacité constatée lors des pics de
CHANDRA et al., 2013). Ce type de lutte est sur- population, a conduit à l’abandon de la tech-
tout efficace contre les moustiques vivant dans nique. Contre les glossines, les parasitoïdes ont
des collections d’eau, à la fois permanentes et également été testés mais n’ont permis qu’un
en nombre limité. Elle est ainsi d’une efficacité contrôle partiel des densités.
modeste en Afrique subsaharienne où des vec-
teurs majeurs comme An. gambiae s.l. utilisent Plus de 700 espèces de champignons entomo-
des gîtes multiples et temporaires. Si plusieurs pathogènes sont connues, mais seules une
essais contre les Aedes ont été menés en dizaine ont été développées pour le contrôle
Amérique du Sud ou en Asie du Sud-Est, la plu- des insectes (HAJEK et LEGER, 1994). Beauveria
part de leurs gîtes ne se prêtent pas au maintien bassiana et Metarhizium anisopliae sont les
des poissons larvivores. principales espèces utilisées. L’infection des
moustiques adultes par les spores de ces
La lutte biologique contre les Aedes fait plutôt champignons entraîne leur mort en 11-14 jours,
appel à des copépodes du genre Mesocyclops ce qui dans le cas des anophèles réduit poten-
(HOWARD, 2013). Ces crustacés prédateurs de tiellement de 80 fois leur capacité à transmettre
1-2 mm de long sont capables de tuer de 20 à Plasmodium sp. (BLANFORD et al., 2005). Les
40 jeunes larves d’Aedes par jour. Leur utilisation moustiques infectés deviennent aussi plus sen-
par ensemencement des récipients de stockage sibles aux insecticides neurotoxiques, ce qui
d’eau à usage domestique peut réduire de 95- permet d’envisager leur utilisation en complé-
100 % les densités larvaires pendant plusieurs ment des méthodes de lutte chimique
mois. Cette méthode est appliquée dans le cadre (FARENHORST et al., 2009). La principale limi-
de programmes de lutte intégrée en Asie du tation à leur utilisation à grande échelle est leur
Sud-Est (Vietnam, Thaïlande). forte sensibilité aux facteurs abiotiques comme
Certains oiseaux sont des prédateurs très efficaces la température, l’humidité, le rayonnement
des tiques. On peut citer l’utilisation tradition- ultra-violet qui modifient leur infectivité. Ces
nelle des poulets dans les parcs à bétail comme espèces se sont avérées efficaces contre d’autres
prédateurs des tiques en Afrique (HASSAN et al., vecteurs comme les glossines et les triatomes et
1992). Un des rares exemples de lutte biologique de nombreuses espèces de tiques (KAAYA et
contre les tiques est la réintroduction des pique- MUNYINYI, 1995 ; SAMISH, 2000 ; FORLANI et al.,
bœufs au Zimbabwe, dans des zones où ils 2015).
avaient disparu du fait de l’utilisation intensive des
Globalement, la plupart des essais de bio-ennemis
organochlorés pour le contrôle de l’East-Coast
contre les vecteurs, hormis le cas des poissons
Fever dans le passé (SAMISH, 2000).
culicivores, sont restés à des stades expérimen-
Les parasitoïdes peuvent être utilisés à la fois taux et n’ont pas connu de développement
contre les tiques et les stomoxes. Contre ces significatif. Une des principales limites est le
derniers, un programme de lutte intégrée mené manque de disponibilité des ennemis biolo-
à l’île de la Réunion par le Groupement de giques sur le marché. Il faut signaler que la
défense sanitaire incluait l’élevage et le lâcher de même limite était préalablement rencontrée
parasitoïdes, en particulier Spalangia endius dans le domaine agricole, où des entreprises
(1996-2011), Trichopria sp. (1996-2000) et agrochimiques ont finalement investi dans la
Tachinaephagus stomoxicidae (1996-2000) production d’agents de contrôle biologique
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La lutte antivectorielle
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La lutte antivectorielle
Les essais de terrain rapportés sont encore limi- le pyriproxifène (BOUYER et LEFRANçOIS, 2014),
tés. Les essais RIDL contre Ae. aegypti montrent permettant d’utiliser la méthode d’auto-dissé-
une survie, une dispersion et une compétitivité mination présentée ci-dessus à grande échelle.
des mâles transgéniques comparables à celle des Cette méthode, baptisée « boosted SIT », pourrait
mâles stériles classiques (HARRIS et al., 2011 ; être utilisée pour transporter d’autres agents de
LACROIx et al., 2012), ce qui limite l’attractivité contrôle biologique comme des champignons
de cette méthode eu égard aux risques associés ou des virus, comme cela a été testé avec succès
à l’utilisation d’insectes transgéniques. La trans- récemment chez les mouches des fruits (FLORES
genèse pourrait cependant s’avérer intéressante et al., 2013), et connaîtra probablement une
– voire indispensable – pour assurer un sexage explosion dans les prochaines années, au vu des
totalement fiable des insectes lâchés (et ne pas potentialités offertes.
lâcher de moustique femelle…), quitte à irradier Les vaccins antivecteurs ont également un
les mâles avant lâcher, les méthodes de tri potentiel important pour la LAV. Contre
mécaniques n’étant pas suffisamment fiables. B. microplus, un vaccin est efficace pour dimi-
nuer l’infestation par les tiques et le nombre de
Les méthodes de lutte traitements acaricides (DE LA FUENTE et al.,
dans l’avenir 2007. La recherche de réactions croisées entre
espèces de tiques et d’un vaccin universel pro-
Des insectes transgéniques transportant des gresse (PARIZI et al., 2012). Dans tous les cas, ces
agents biologiques modifiés pour transformer vaccins ont un effet retardé, en particulier sur
les populations de vecteurs : telle serait proba- la fécondité, et bénéficieraient d’une utilisation
blement la meilleure perspective de contrôle des dans un cadre « area-wide », c’est-à-dire dans
vecteurs, qui viserait à rendre incompétente une une population fermée (ne subissant pas de ré-
population cible pour un parasite donné, au lieu infestation permanente de tiques en provenance
de l’éradiquer (MCGRAW et O’NEILL, 2013). La de zones non traitées à la faveur des mouvements
découverte de souches de Wolbachia bloquant d’animaux). On peut ainsi penser qu’un éleveur
la transmission des virus chez Ae. aegypti, contrôlant parfaitement les flux de tiques dans
transmises par incompatibilité cytoplasmique son élevage, comme dans l’exemple cité plus haut
(les femelles infectées par une autre souche de à l’île de la Réunion, pourrait utiliser cette tech-
Wolbachia sont en effet stérilisées, alors que les nique pour éradiquer localement sa population
femelles sans Wolbachia deviennent porteuses), de tiques.
ouvre la voie à ce genre d’approche (SEGOLI et
al., 2014). Même si l’origine de l’incompétence
au virus de la dengue induite par ce symbionte ACCEPTABILITÉ
n’est pas encore comprise, la manipulation de DE LA LUTTE ANTIVECTORIELLE
ces bactéries par paratransgénèse permettra
L’acceptabilité d’une méthode de lutte est condi-
dans le futur de bloquer la transmission, par
tionnée par ce que perçoivent les acteurs des
exemple via des ARN interférents. Ces ARNi
avantages qu’elle apporte par rapport aux autres
pourraient aussi être produits directement via
méthodes : par exemple, une rentabilité écono-
des lignées de vecteurs transgéniques ou encore
mique élevée en production animale et/ou une
via des virus transmis par contact, qui pourraient
efficacité protectrice élevée en santé publique,
être portés spécifiquement aux femelles sauvages
ou un impact environnemental faible. Il serait
par des mâles stériles.
cependant naïf de penser qu’il suffit qu’une
De la même manière, il a été proposé récemment méthode ait des spécifications initiales avanta-
d’utiliser les mâles stériles pour contaminer geuses pour être adoptée. De même, il ne faut
spécifiquement les femelles sauvages par des pas considérer le rôle des populations humaines
analogues de l’hormone de croissance comme concernées comme circonscrit à un rôle passif
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dans le cadre d’un simple transfert de technologie. Baldacchino, F., Porciani, A., Bernard, C., Jay-Robert, P.,
En réalité, une innovation est un processus qui 2014. Spatial and temporal distribution of Tabanidae in
n’est jamais gagné d’avance. La communication the Pyrenees Mountains: the influence of altitude and
joue un rôle crucial ; aussi est-il toujours impor- landscape structure. Bull. Entomol. Res., 104 (1) : 1-11.
tant d’établir une stratégie de communication Bauer, B., Baumann, M.P., 2015. Laboratory evalua-
sur les méthodes de lutte, adaptée à la fois au tion of efficacy and persistence of a 1 % w/w fipronil
public et aux décideurs politiques. Surtout, une pour-on formulation (Topline ®) against Glossina
palpalis gambiensis, Diptera:Glossinidae. Parasitol.
méthode innovante n’est pas une innovation et,
Res., 114 (8) : 2919-2923.
alors que les chercheurs en entomologie ne
peuvent proposer que la première, la seconde Bauer, B., Gitau, D., Oloo, F.P., Karanja, S.M., 2005.
Evaluation of a preliminary trial to protect zero-
nécessite l’intervention des sciences sociales, car
grazed dairy cattle with insecticide-treated mosquito
elle repose sur une co-construction résultant
netting in Western Kenya. Tropical Animal Health
de l’adaptation de la méthode proposée aux and Production, 38 : 31-36.
systèmes de santé ou de production en place et
Beugnet, F., Chalvet-Monfray, K., Loukos, H., 2009.
de ces derniers à la méthode proposée (BOUYER
FleaTickRisk:a meteorological model developed to
et al., 2011 a). Il est ainsi nécessaire de monitor and predict the activity and density of three
construire un dispositif d’intéressement en vue tick species and the cat flea in Europe. Geospatial
d’enrôler les différents acteurs dans un processus health, 4 : 97-113.
tourbillonnaire d’innovation. En effet, certaines Blanford, S., Chan, B.H., Jenkins, N., Sim, D.,
méthodes de LAV nécessitent une modification Turner, R.J., Read, A.F., Thomas, M.B., 2005. Fungal
globale du système de santé ou de production à pathogen reduces potential for malaria transmission.
l’échelle de toute la communauté, voire d’une Science, 308 (5728) : 1638-1641.
région géographique donnée, afin de permettre Bodin, A., Vinauger, C., Lazzari, C.R., 2009.
une vision AW-IPM (area-wide + Integrated Pest Behavioural and physiological state dependency of
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La lutte antivectorielle
Bouyer, J., Seck, M.T., Sall, B., Guerrini, L., Vreysen, Caputo, B., Lenco, A., Cianci, D., Pombi, M.,
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Partie 2
Comme le signale Francois rodhain dans la C’est seulement à la fin du xixe siècle que
préface de cet ouvrage, l’entomologie médicale l’entomologie proprement médicale et vétéri-
et vétérinaire est une science holistique. très tôt naire s’est développée. C’est donc généralement
dans l’histoire des sociétés humaines, l’homme après cette période, qui a permis de compren-
a eu conscience d’un lien entre insectes et santé dre le rôle des vecteurs dans la diffusion des
(sous les deux aspects de maladies et de bien- agents pathogènes et donc des maladies, que
être). Héritiers d’aristote, les entomologistes du les historiens ont pu intégrer les maladies à
xxie siècle doivent savoir replacer, et même vecteurs comme un facteur de l’évolution de
repenser, le « vecteur » dans ses environnements nos sociétés. Plusieurs exemples significatifs
historiques, sanitaires, socio-économiques, de leur importance peuvent être cités : les
environnementaux, et mobiliser de nombreuses conquêtes d’alexandre le Grand, freinées en 323
disciplines complémentaires, de la taxonomie à av. J.-C. par son décès attribué selon les auteurs
la santé publique. au paludisme (Anopheles) ou à une fièvre à virus
Le chapitre 6 situe l’évolution du concept de West Nile (Culex) ; les invasions arabes et la
maladies à transmission vectorielle et celle de diffusion de l’islam en afrique noire, limitées
l’entomologie médicale et vétérinaire dans leur par la trypanosomose des chevaux (glossines) ;
contexte historique. Cette dimension historique les pertes humaines majoritairement dues
est souvent largement méconnue des entomo- au paludisme durant la « conquête » de
logistes eux-mêmes. Le chemin n’a été ni rapide, Madagascar par les troupes coloniales en 1895
ni droit, ni facile pour arriver à ce qui nous (Anopheles) ; les trois millions de morts attri-
paraît aujourd’hui si évident : des arthropodes bués au typhus durant la Grande Guerre
hématophages peuvent transmettre des agents (poux) ; sans oublier les grandes pandémies de
pathogènes, responsables de maladies animales « peste noire » survenues en europe à partir
ou humaines. Puissent les jeunes entomolo- du xive siècle (puces).
gistes imaginer ce qu’il a fallu de perspicacité, Depuis le milieu du xixe siècle, ce sont donc des
mais aussi d’abnégation et de courage à nos centaines de maladies à transmission vectorielle
aînés pour nous conduire au corpus actuel. ils qui ont été décrites chez les Hommes, les ani-
restent un modèle lorsque nous devons aborder maux domestiques ou de rente ou parmi la
une question nouvelle. Certains des lecteurs faune sauvage. Les agents pathogènes sont des
de ce livre verront peut-être un jour leur nom virus, des bactéries, des protozoaires, des
passer à la postérité grâce à leurs découvertes et filaires. Les vecteurs appartiennent à de
à leurs travaux ! nombreux groupes d’arthropodes. Certains
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arbovirus sont encore orphelins de leurs être appréhendés dans une approche globale
vecteurs, ou bien orphelins de leur hôte vertébré « une seule santé » (One Health), qui prend en
s’ils ont été isolés uniquement chez des arthro- compte les équilibres et les déséquilibres sani-
podes. il reste donc des découvertes à faire pour taires non seulement de l’Homme ou des
les entomologistes médicaux et vétérinaires ! Le animaux domestiques, mais également des
chapitre 7 présente « seulement » quelques-uns autres espèces animales et végétales. Cette com-
des agents pathogènes, des maladies et des plexité ne doit pas rebuter l’entomologiste mais
vecteurs que l’entomologiste, le médecin, l’agent au contraire le stimuler. Quelle satisfaction de
de santé publique, le responsable de programme préciser un cycle de transmission, d’identifier
de lutte peuvent rencontrer sur l’un des conti- un vecteur nouveau, de développer une tech-
nents où ils seront conduits à travailler. La liste nique de lutte prenant en compte de nouvelles
présentée n’est pas figée. Charles Nicolle, dans connaissances sur la biologie et la génétique
l’ouvrage Destin des maladies infectieuses, des vecteurs ! Comme dit dans le chapitre 8,
écrivait déjà en 1933 qu’« il y aura des maladies chaque événement d’infection à transmission
infectieuses nouvelles. C’est un fait fatal ». il ne vectorielle « est un cas particulier, répondant à
fait aucun doute que certaines de ces maladies, ses propres déterminants environnementaux et
qui émergent et émergeront de foyers sauvages à socio-économiques. Les changements globaux
l’issue de bouleversements d’origine anthropique se manifestent de manières multiples et ont des
(changements environnementaux, climatiques, conséquences locales très diverses, n’aboutissant
démographiques, sociétaux, culturels, sani- pas nécessairement à des augmentations des
taires, économiques, etc.) seront à transmission risques sanitaires ». Le pire n’est jamais sûr, mais
vectorielle. le pire doit être envisagé.
L’évolution des systèmes vectoriels dépend de
l’évolution de leur environnement, au sens large. C’est le rôle de l’entomologiste, avec ses parte-
Le chapitre 8 décrit les mécanismes de l’émer- naires des autres disciplines, de prendre le recul
gence des maladies à transmission vectorielle historique nécessaire, d’identifier les paramètres
résultant de variations dans la présence, la impliqués dans la transmission, d’évaluer l’im-
distribution et l’abondance des hôtes vertébrés, portance des différents facteurs, sans dramatiser
des vecteurs et des agents pathogènes. Ces ni minimiser, et, in fine, d’évaluer les risques et
phénomènes sont multifactoriels. La compré- de faire des recommandations de surveillance,
hension et le contrôle des maladies à de protection ou de lutte se basant sur les
transmission vectorielle doivent absolument connaissances et les outils à disposition.
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C HAPITRE 6
Anne-Marie Moulin
La science des insectes a un passé qui remonte au nombre de scénarios de science-fiction, ils
moins aux papyrus égyptiens sur les abeilles et seraient capables de survivre à notre espèce, en
à aristote et ses observations sur les animaux à particulier grâce à leur relative tolérance aux
sang froid, longtemps avant que l’entomologie ne expositions radionucléaires). Mais cet essor
forme une branche de la zoologie et finalement spectaculaire ne rend pas justice aux méandres
de la biologie, bénéficiant à ce titre des avancées d’une trajectoire. L’entomologie a été réinventée
de la génétique et de la biologie moléculaire. plusieurs fois : au cours de l’histoire, les insectes
L’apprenti entomologiste d’aujourd’hui peut ainsi ont été insérés dans des configurations de savoir
associer la fierté d’un héritage pluriséculaire à fort différentes.
la confiance dans un renouvellement radical de la au xve siècle, sur les planches du Livre de la
discipline par les technologies les plus récentes nature de Konrad von Megenberg (1475), nous
(il peut aussi ressentir de l’angoisse devant la reconnaissons aisément abeilles, mouches et
prodigieuse fécondité et l’inventivité des insectes, araignées. Par leurs couleurs chatoyantes et
déjouant les pièges de la raison humaine : dans leurs formes délicates, les insectes apparaissent
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comme des curiosités associées par un jeu de morsure de la mouche tsé-tsé. Mais les insectes
métaphores à de puissants symboles (comme la n’étaient qu’un élément dans un paysage perçu
vie éphémère ou au contraire l’immortalité) et globalement comme malsain, sans que l’on
à un ensemble de mythes dont certains venus puisse préciser plus avant le mode de l’infection
de l’antiquité. ils sont associés à des animaux humaine. ils vont basculer au rang d’ennemis
rampants et aquatiques. invétérés.
La renaissance (Ulysse aldrovandi, De anima-
libus insectis, 1590) dévoile un monde enchanté, LA CONSTRUCTION DE LA THÉORIE
sujet à de mystérieuses métamorphoses. au
VECTORIELLE DES MALADIES
xviie siècle, la mise en ordre des savoirs de l’âge
classique, « l’ordre des choses » (Michel Foucault), La communauté des naturalistes a participé à
passe par une représentation supposée objective la chasse aux microbes des deux dernières
des insectes saisis par le microscope, appuyée sur décennies du xixe siècle. en raison de leur
un texte descriptif, avec leurs variantes exotiques grande taille, l’identification des parasites
(la vie et l’œuvre d’anna Maria Sibylla Merian, comme les schistosomes ou les filaires (et bien
1647-1717, à la fois naturaliste et artiste-peintre, sûr le sarcopte de la gale, décrit en 1834) avait
illustre bien ces propos). en 1665, robert Hooke quelques longueurs d’avance sur la description
publie à Londres une Micrographia : or some des bactéries et des protozoaires pathogènes.
physiological descriptions of minute bodies made Mais, dans la mesure où certaines maladies ne
by magnifying glasses, dans laquelle figure le sont à l’évidence pas directement contagieuses
portrait minutieux de la puce, futur protago- (au contraire de la variole, par exemple), encore
niste de la peste. John ray publie en 1710 une fallait-il expliquer leur transmission et recher-
Historia insectorum, et réaumur échelonne ses cher dans le milieu comment celle-ci opère. La
Mémoires pour servir à l’histoire des insectes entre théorie du nidus, qui a fait l’objet de sarcasmes
1734 et 1742. Linné fait reposer sa première faciles, proposait un montage de facteurs clima-
classification des insectes (1735) sur un nombre tiques (chaleur et humidité) et miasmatiques, la
limité de caractères, dont la morphologie des mise à feu par un « je ne sais quoi » expliquant
ailes. les flambées soudaines comme les retombées
ainsi, depuis l’antiquité, l’entomologie a-t-elle des épidémies.
vu son contenu, ses méthodes, sa position dans
l’arbre de la connaissance et finalement ses usages
Les moustiques transmettent
sociaux se transformer considérablement. C’est des maladies
à la fin du xixe siècle que l’entomologie propre- Dans les discours officiels et les manuels, la
ment médicale et vétérinaire s’est développée, chronologie rapide de la démarche qui a abouti
avec la découverte du rôle des insectes comme à la théorie vectorielle des maladies dessine une
vecteurs d’agents de maladies épidémiques et trajectoire passant par quelques individus
endémiques. Certes, les voyageurs rapportaient privilégiés, parfois nobélisés ultérieurement.
depuis longtemps des croyances populaires sur en 1877, à amoy en Chine, le médecin écossais
les dangers des insectes, au-delà de simples Patrick Manson démontre le développement de
nuisances. Les explorateurs, les militaires, les la filaire de Bancroft chez un moustique. il
colons déclaraient communément souffrir de soutient que le moustique, après avoir prélevé la
fièvres consécutives aux attaques de mouches et nuit la filaire dans le sang, la rejette dans l’eau où
de moustiques. en Perse, ils évitaient de s’arrê- elle achève sa maturation : les hommes se conta-
ter là où la « punaise de Miyaneh » (une tique, minent en buvant. Manson généralise ensuite
Argas persicus) infligeait une fièvre fatale aux sa théorie, qui lui fait donner le surnom de
étrangers de passage. en afrique, les indigènes Mosquito Manson. il désigne les insectes piqueurs
associaient la nagana ou fièvre du bétail à la comme les responsables de tous les maux. en
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1883, quand alphonse Laveran, à Constantine, La théorie vectorielle serait ainsi née avec le
observe l’exflagellation du parasite de la malaria, bouclage du cycle chez le moustique.
il le voit pressé de sortir du globule rouge pour La période qui suit a été appelée « l’âge d’or
quitter son hôte : les moustiques joueraient-ils de l’entomologie ». Un véritable tableau de
le même rôle dans le paludisme que dans la Mendeleïev tropical se compléta rapidement :
filariose ? Le plasmodium doit avoir « une à Karachi, en 1898, où Paul-Louis Simond
seconde vie à l’extérieur, indépendante du corps démontre le rôle de la puce dans la transmission
humain » (Manson), avant de réintégrer un de la peste ; en 1906, dans les montagnes
autre corps. rocheuses, Howard taylor ricketts incrimine
Les poursuivants du « roi Malaria » (ross) une tique dans la fièvre pourprée ; en 1908, au
s’engouffrent sur la piste. en inde, le médecin Brésil, Carlos Chagas dénonce le « barbeiro »
militaire britannique ronald ross, détaché à sa (une punaise, un triatome) dans la maladie
demande dans une région malarique, se met en qui portera son nom, Charles Nicolle à tunis
tête de retrouver les formes flagellées du parasite découvre le rôle joué par le pou de l’Homme
de Laveran dans l’estomac des moustiques. dans le typhus, etc.
Hussein Khan, de son bataillon, sert de modèle :
porteur de « croissants » malariques, placé sous Échanges entre médecine humaine
moustiquaire, il est piqué par des moustiques et médecine animale
d’élevage aux ailes tachetées, des anophèles, que Mais il est évident que la théorie ne s’est pas
ross dissèque ensuite laborieusement. en 1897, construite de manière aussi simple. elle s’est
à Bangalore, il observe quelque chose qui lui tissée par échanges et comparaisons entre de
« révèle la vérité en un éclair. Dans le sang d’un nombreuses maladies : le paludisme certes, mais
accès de fièvre quarte, deux parasites étaient aussi la fièvre jaune, la maladie du sommeil, les
côte à côte : l’un émettait des flagelles qui se fièvres du bétail… Une trame, difficile à suivre,
débattaient, l’autre, en forme de sphère parfaite, est éclatée en plusieurs sites géographiques
avait un flagelle qui se mouvait lentement à distants. en 1868, le russe alexei Fedchenko a
l’intérieur. Bien sûr, nous savons qu’un seul observé à Boukhara la filaire de Médine chez
spermatozoïde entre dans la cellule femelle, le Cyclops (crustacé) : pour lui, le cycle d’un
mais je pensais d’abord qu’il voulait seulement parasite implique plusieurs hôtes (on est aux
s’échapper » (roSS, 1923). en 1898, à antipodes de la « barrière d’espèce »). en 1881,
Secunderabad, dans le nord de l’inde, ross un médecin cubain de La Havane, Carlos Finlay,
identifie enfin le parasite dans les glandes propose l’idée que les moustiques se contami-
salivaires d’un moustique prêt à l’inoculer. Le nent sur l’Homme atteint de fièvre jaune
moustique pique donc deux fois, le parasite (microbe inconnu) et désigne un moustique à
entre et sort. ross composa dans le style de rayures (Aedes). De 1889 à 1893, aux États-Unis,
l’époque une ode à sa découverte : le médecin theobald Smith et le vétérinaire
« This day relenting God Frederick Kilbourne montrent que les tiques
Hath placed within my hand transmettent la fièvre du texas, avant même de
A wondrous thing ; and God Be praised ; découvrir son agent, un piroplasme sanguin
I know this little thing… (Babesia). Pour en faire la preuve, ils construisent
A myriad men will save. des étables où ils isolent les troupeaux du nord
O Death, where is thy sting ? »1 et du sud du pays, et prouvent la transmission par
les tiques locales. Un dispositif proche de celui
mis en place par la Commission américaine pour
1- « Ce jour, Dieu compatissant, a placé dans mes mains, la fièvre jaune en 1900, quand celle-ci enferme
Une chose merveilleuse, Dieu soit loué, Je sais que
cette petite chose, va sauver des millions d’hommes. Ô Mort, ses volontaires dans des cases où ils sont exposés
où est ton aiguillon ? » r. ross, Memoirs, 1923, p. 226. aux déjections des « jauneux » (nom donné aux
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malades atteints de la fièvre jaune) et aux mous- Dans le triangle formé avec le parasite et son
tiques gorgés sur ces derniers. en 1903, c’est le hôte, le vecteur constitue désormais un maillon
tour des glossines, avec le médecin britannique essentiel, dont on espère qu’il sera un maillon
David Bruce, en afrique du Sud : il révèle qu’elles faible. Comme il ressort clairement du poème de
véhiculent les agents des trypanosomoses ani- ronald ross, l’idée d’éradication dérive immé-
males et de la maladie du sommeil humaine diatement de l’appréhension d’une cause à portée
(ouganda, 1902). en 1919, au Guatemala, de l’Homme, exactement comme pour Louis
rodolfo robles recherche dans l’onchocercose Pasteur quand, alors même que le recensement
un insecte piqueur et suceur : cette fois, c’est microbien en était à ses débuts, il envisagea
un petit moucheron noir, la simulie, qui a la d’emblée après le succès de son vaccin contre la
vedette. Breadablane Blacklock, en 1924, en rage la disparition de la maladie, ainsi que celle
Sierra Leone, complète le cycle : en huit jours, de la tuberculose et de la peste…
les microfilaires d’Onchocerca volvulus passent
Dans le cas du paludisme, l’entomologie médi-
du tube digestif dans la trompe de l’insecte.
cale vint toutefois buter un temps sur l’énigme
autrement dit, plusieurs visions successives des de « l’anophélisme sans malaria », qui portait
phénomènes du monde vivant se sont croisées, la contradiction au sein de la théorie. il existe
contredites et complétées avant que n’émerge la en effet des anophèles vecteurs dans des pays
théorie maintenant classique des maladies vecto- où l’endémie n’existe pas ou a disparu. il fallait
rielles, qui fait de l’insecte, en même temps hôte donc différencier plus finement les moustiques
et transmetteur – et parfois réservoir (les Aedes, impliqués : par exemple, Anopheles maculipennis
par exemple) – de l’agent pathogène, l’alpha et en europe désigne un ensemble d’espèces au
l’oméga du cycle qui pérennise l’infection. Une sein duquel certaines sont meilleures vectrices
internationale de naturalistes a formé une com- que d’autres, et dont les préférences d’hôtes
munauté épistémique dans laquelle zoologistes, varient.
médecins, vétérinaires ont élaboré pour leur part
un maillon d’une théorie dont la simplicité et Pour le paludisme, les experts se divisèrent
l’évidence rétrospectives sont une illusion. Mais néanmoins en écoles aux couleurs nationales :
l’histoire de cet âge d’or, du travail en collabo- l’intervention directe sur les vecteurs entrait
ration ou en rivalité des entomologistes, de son en concurrence avec les interventions sur l’en-
contexte politique et scientifique est encore en vironnement (drainage des eaux stagnantes) et
plein chantier. le traitement de l’infection humaine (quinine).
Chaque méthode avait ses avantages et ses
toutes ces découvertes, quelle que soit leur
inconvénients, ses difficultés d’application et son
généalogie réelle, ont propulsé au xxe siècle
coût. Succès et échecs se succédèrent, sans que
l’entomologie sur le devant de la scène de la lutte
l’on se donne toujours la peine d’analyser les
contre les fléaux touchant Hommes et bêtes.
actions réelles menées sur le terrain. Le général
cubain Gorgas réussit à construire le canal de
LA THÉORIE VECTORIELLE ET Panama sans pertes excessives dues au palu-
LES PROGRAMMES D’ÉRADICATION disme, tout le mérite en fut attribué à la lutte
antivectorielle, alors qu’elle avait été associée à
avec la découverte de la transmission vecto- des mesures d’assainissement du milieu et à la
rielle, on peut se mesurer directement à la mort. distribution de quinine.
« Sur la carte de la terre, on sait délimiter les
lieux où la mort a des ailes. »2 en 1942, un insecticide bon marché, facile à
produire, rémanent sur les murs et toxique pour
l’insecte mais pas pour l’Homme, « an almost
2- Georges Canguilhem, préface à l’Histoire de la Fièvre perfect insecticide », vint constituer la « magic
jaune, de François Delaporte. bullet » unique dont la santé publique avait la
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clé de la santé publique, qui désigne précisément Löwy, i., 2001. Virus, moustiques et modernité, La
la perte de l’adaptabilité ou flexibilité sociale fièvre jaune au Brésil entre science et politique.
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section de l’histoire et de la biologie. C’est ce Hackett, L.W., Missiroli, a., 1935. the varieties of
double registre qui inspire ses recherches Anopheles maculipennis and their relation to the
actuelles sur les rapports à court et long terme distribution of malaria in europe. Rivista di
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entre vecteurs, hôtes et agents pathogènes.
est-il possible de trouver un équilibre plus Moulin, a.M., 1994. Le paludisme à la croisée des
favorable, en connaissant la fragilité des popu- chemins. Annales de l’Institut Pasteur, 5 (4) : 252-258.
lations humaines exposées aux maladies vecto- Moulin, a.M., 2010. L’adaptation, un concept oppor-
rielles, du fait des bouleversements politiques, tuniste? Changements climatiques et santé publique.
sociaux et culturels ? L’entomologie médicale et Nature Sciences Sociétés, 18 (3) : 309-316.
vétérinaire est appelée à une étude toujours plus Moulin, a.M., 2012. Le rôle de l’orStoM (devenu
fine et plus précise des vecteurs, celle du monde l’irD) dans la recherche opérationnelle en entomologie
vu du point de vue de l’insecte (l’Umwelt médicale. In Bonnichon, P., Gény, P., Nemo, J., eds.,
de Jacob von Uexküll) et celle du monde qui Présences françaises outremer (XVIe-XXIe siècles),
les entoure, contribuant ainsi à la fois au aSoM/Karthala, Paris, tome 1 : 267-272.
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C HAPITRE 7
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abiotiques, y compris climatiques. Par exemple, (vecteurs, agents pathogènes, vertébrés) réagis-
la rencontre entre le protozoaire Trypanosoma sent elles-mêmes à ces changements. ainsi, une
cruzi, responsable de la maladie de Chagas, et évolution génétique des populations du virus
son vecteur, un triatome, ne se fait pour le chikungunya a pu être observée (une mutation
moment qu’en amérique, les triatomes vecteurs sur le gène de la protéine d’enveloppe a été sélec-
et les parasites n’étant présents simultanément à tionnée) lorsqu’il a été transmis à la réunion par
l’état naturel que sur ce continent. La rencontre Aedes albopictus en 2006, alors qu’auparavant,
dépend également du comportement de chacun aux Comores et en afrique de l’est, il était
des acteurs. Ce comportement n’est pas fixe au transmis par Aedes aegypti. La sélection de
sein d’une espèce de vecteur, de parasite, d’hôte mécanismes de résistance aux insecticides par
vertébré, mais il est généralement spécifique les vecteurs (ou aux médicaments par les
d’une population. C’est ainsi qu’en Polynésie, parasites) n’est rien d’autre qu’une adaptation
l’agent de la filariose lymphatique (la filaire du système à un nouvel environnement créé par
Wuchereria bancrofti) circule dans les capillaires l’Homme. Un changement de quelque nature que
superficiels de l’homme durant la journée, son ce soit (des composantes du système vectoriel,
vecteur étant le moustique diurne Aedes polyne- de l’environnement biotique ou abiotique qui
siensis. À Mayotte en revanche, où son vecteur les héberge…) modifie inévitablement le risque
Anopheles gambiae est nocturne, ce parasite de transmission. ainsi, comme le signalait déjà
circule la nuit dans les capillaires superficiels. Charles Nicolle dans ses cours au Collège de
La compatibilité est un mécanisme complexe France en 1932 et 1933 (Destin des maladies
qui implique des réponses de type « tout ou infectieuses, 1933, Félix alcan, Paris), ce qui est
rien » ou au contraire graduées. Par exemple, vrai aujourd’hui concernant les maladies infec-
les Plasmodium humains sont exclusivement tieuses ne le sera probablement pas demain, et
transmis par des moustiques du genre Anopheles est déjà différent d’hier.
(15 % du nombre d’espèces de moustiques). Les
Aedes, Culex, Culiseta, Mansonia, Haemagogus, DES MALADIES PRÉSENTES
Armigeres, Topomyia… constituent des impasses
pour ces parasites. Mais, parmi les plus de SUR TOUT LE GLOBE
450 espèces d’anophèles décrites sur terre, seu- C’est dans les zones intertropicales que les mala-
lement 60 à 80 sont de très bons vecteurs, même dies à vecteurs sont le plus abondantes et qu’elles
si aucune espèce ne semble être totalement génèrent les plus forts taux de morbidité et de
réfractaire à la transmission des Plasmodium mortalité. il n’y a cependant probablement pas
dans la nature. À l’intérieur même d’une espèce, de région au monde où vivent conjointement
les niveaux de compétences sont très variables des arthropodes hématophages et des vertébrés
et dépendent, entre autres, de l’adaptation du qui serait exemptée de maladies à transmission
couple vecteur-parasite ou vecteur-virus. Cette vectorielle. Même dans des régions ayant une
adaptation est la résultante de la coévolution saison tempérée ou chaude très courte, des
entre les populations de parasites, de vecteurs et cycles de transmission peuvent se maintenir.
de vertébrés. ainsi, les populations anophé- L’arbovirus SSHv (Snowshoe Hare virus)
liennes de France métropolitaine, qui furent transmis par moustiques est présent, comme
probablement de bons vecteurs de Plasmodium son nom le laisse deviner, jusqu’en alaska. Le
européens au xxe siècle, sont faiblement compé- virus de l’encéphalite à tiques, transmis par des
tentes pour les Plasmodium africains actuellement Ixodes a été retrouvé à 300 km au sud du cercle
importés. arctique, et on sait que le paludisme humain,
Notons enfin que les systèmes vectoriels sont transmis par des anophèles, était présent en
loin d’être figés. ils sont en perpétuelle évolution, Finlande, au nord du cercle polaire aux xviiie et
puisque les trois populations d’acteurs impliqués xixe siècles (HULDeN et al., 2005).
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virus dengue Dengue Monde tropical Moustiques aucun (singes Homme Piqûres
(D1, D2, D3, D4) (foyers limités Aedes pour les virus
(Flavivirus) en zone tempérée) selvatiques)
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virus West Nile Fièvre tous les Moustiques oiseaux Chevaux, Piqûres
(Flavivirus) à virus continents Culex Homme
West Nile
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C HAPITRE 8
Les changements globaux – ou planétaires – rielle, ce sont surtout les effets des changements
peuvent être de nature démographique, écono- environnementaux sur ces infections qui ont été
mique, sociale, politique, environnementale, étudiés. en effet, par leurs traits biologiques et
etc. Ces changements majeurs affectent la santé écologiques, les arthropodes sont très sensibles
humaine et animale de multiples façons : soit aux conditions environnementales (taKKeN et
directement, en étant sources de mortalité ou de KNoLS, 2007). ils subissent ces conditions telles
morbidité (vagues de chaleur, pollution), soit que l’humidité relative et la température tout en
en modifiant l’équilibre précaire entre les dyna- disposant de moyens limités pour y échapper :
miques de populations des hôtes vertébrés et recherche de conditions optimales dans leur
des agents pathogènes qui les infectent, à micro-environnement, ou entrée en diapause
l’origine – ou non – d’une maladie (rHoDaiN, lorsque les conditions sont défavorables, y com-
2003). Concernant les infections à transmission pris sous forme d’œufs ou de pupes résistants
vectorielle, cet équilibre est modifié lors de à la dessiccation (moustiques Aedes spp.,
changements dans la répartition et la densité glossines…). en conséquence, les changements
des hôtes vertébrés, des vecteurs arthropodes et environnementaux – y compris les changements
des agents pathogènes, à la suite de phénomènes climatiques – affectent grandement les émer-
d’urbanisation ou d’accroissement des flux de gences d’infections à transmission vectorielle
personnes et de marchandises par exemple. (De La roCQUe et al., 2008). Ce constat a été
Les conditions de transmission elles-mêmes à la base des projets de recherche eDeN et
peuvent être modifiées, lors de variations des eDeNext (encadré 8.1) d’où sont issus beaucoup
taux de contacts à densité égale d’hôtes, par de notions et d’exemples présentés dans ce
exemple. chapitre.
Nous illustrons ici comment ces changements
peuvent affecter l’introduction, l’installation et LE PROCESSUS D’ÉMERGENCE :
la diffusion des infections à transmission
vectorielle via leurs effets sur les hôtes verté- LES ACTEURS
brés, les vecteurs arthropodes et les agents Le processus d’émergence des infections à
pathogènes, en insistant sur les aspects propres transmission vectorielle est un phénomène
à ces infections. complexe. en effet, trois types d’acteurs sont
Si les changements de toute nature affectent à considérer : l’hôte vertébré, le vecteur arthro-
l’incidence des infections à transmission vecto- pode, l’agent pathogène.
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Figure 8.1 – Grille établie pour l’évaluation du risque d’émergence de leishmaniose en Europe,
à l’occasion de l’expertise VBoRnET réalisée pour le compte du European Center for Disease Prevention
and Control (ECDC).
Les experts devaient indiquer les circonstances épidémiologiques existantes en s’appuyant sur le tableau
de gauche, en rose (ex. : 1111 pour présence de chiens, de phlébotomes et de Leishmania, avec cas humains).
ensuite, ils devaient donner les scénarios d’émergence les plus vraisemblables (3 tableaux jaune, vert et bleu
de droite), et indiquer les changements environnementaux ou socio-économiques potentiellement associés
à ces scénarios.
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Une quatrième étape peut être considérée : la (eJ) en australie dans les années 1990 (riZZoLi
pérennisation ou l’endémisation du cycle épidé- et roCHeSter, 2001). Pour les seconds, le trans-
miologique. Quoi qu’il en soit, chaque étape est port passif par le vent de moucherons infectés
déterminée par des facteurs qui ne sont pas a été évoqué à diverses reprises pour expliquer
nécessairement spécifiques des infections à des émergences de fièvre catarrhale ovine
transmission vectorielle. La conceptualisation de (FCo) ou de peste équine dans plusieurs pays
ces étapes permet d’établir une grille de lecture du pourtour méditerranéen (espagne vers
et d’évaluation du risque d’émergence des infec- Maroc pour la peste équine, tunisie vers italie,
tions à transmission vectorielle (fig. 8.1). Nous ou Maroc vers espagne pour la FCo) depuis les
allons maintenant détailler les trois premières années 1950, ou dans le nord de l’europe (de la
étapes de l’émergence et identifier les change- Belgique vers l’angleterre) plus récemment
ments globaux associés aux augmentations du pour le cas de la FCo à virus de sérotype 8, ou
risque de chacune d’entre elles. du virus Schmallenberg.
Le commerce et les voyages internationaux, ainsi
L’introduction que la mobilité animale sous toutes ses formes,
Introduction de l’hôte vertébré sont des facteurs importants d’introduction de
Cette situation se produit fréquemment dans un vecteurs infectés ou non par des pathogènes.
contexte de front pionnier, que ce soit pour des ainsi, le moustique Aedes aegypti – d’origine
hôtes humains ou animaux. Par exemple, une africaine –, vecteur des virus de la fièvre jaune,
étude phylogénétique des souches disponibles de la dengue, du chikungunya et du Zika, a été
de virus de la Fvr a permis de déterminer que introduit dans de nombreuses régions du
le plus récent ancêtre commun des virus actuel- monde à l’occasion du commerce triangulaire
lement connus remontait à la fin du xviiie siècle, des esclaves. L’établissement de populations de
une période caractérisée par un développement ces moustiques a ensuite permis le développe-
rapide de l’élevage des ruminants en afrique de ment d’épidémies de fièvre jaune et de dengue
l’est et australe, consécutif à la déforestation et dans les territoires infestés, comme cela a été
l’introduction de races exotiques (BirD et al., démontré par une étude d’épidémiologie molé-
2007). La multiplication actuelle des fronts pion- culaire des souches virales de fièvre jaune
niers en afrique, en asie et en amérique du Sud, (BrYaNt et al., 2007).
sous l’influence de la pression démographique Plus récemment, le moustique Aedes albopictus
et de l’augmentation des besoins en protéines – d’origine asiatique et vecteur naturel des virus
animales, peut faire craindre que ce type de de la dengue, du chikungunya et du Zika – a été
processus devienne de plus en plus fréquent. introduit dans de nombreux pays par le biais du
commerce des pneus usagés. Ces pneus sont en
Introduction du vecteur effet stockés dans des entrepôts à ciel ouvert
Les vecteurs ailés peuvent coloniser de nouveaux exposés aux intempéries. L’eau de pluie s’accu-
territoires par leur vol actif ou passif, ou par mule dans les pneus, constituant autant de
transport passif. L’introduction de vecteurs gîtes de ponte pour les moustiques. Les œufs
par le vent peut se faire sur des distances de d’Ae. albopictus, résistants à la dessiccation, peu-
plusieurs dizaines à plusieurs centaines de vent être transportés par bateau avec les pneus
kilomètres, en particulier au-dessus des mers et sur des distances considérables, et éclore à la
des océans, où les turbulences aériennes sont remise en eau suivante sur le site de destination
moins fortes qu’au-dessus des terres. Cela a été (reiter et SPreNGer, 1987). Ce moustique a
étudié pour les moustiques et les moucherons ainsi été introduit en europe de longue date,
piqueurs du genre Culicoides. Pour les premiers, probablement pour la première fois en albanie
le rôle du vent a été incriminé pour expliquer dans les années 1970. D’autres mécanismes
l’introduction du virus de l’encéphalite japonaise d’introduction ont été mis en évidence, comme
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voisins a été mise en évidence. Le suivi annuel des équipes de recherche des séries chronolo-
de cette installation a permis d’estimer une giques s’étendant sur une quinzaine d’années,
vitesse d’expansion assez lente, d’environ 15 km recueillies dans des conditions standardisées.
par an, entre 2005 et 2010. Ces données permettent d’ores et déjà de
alors qu’auparavant les moyens consacrés à la construire des modèles de distribution d’espèces
vigilance (risques d’introduction) ou à la surveil- et de tester, à l’aide de modèles climatiques,
lance de l’expansion des populations d’espèces l’influence des conditions environnementales
invasives étaient limités en europe, la situation et de leurs changements sur la distribution
a changé à la fin des années 2000, avec la mise des vecteurs et le risque associé d’infections à
en place du réseau vBorNet puis de sa version transmission vectorielle.
étendue vectorNet (encadré 8.3) qui rassemblent avec les données sur les vecteurs, la seconde
entomologistes médicaux et spécialistes euro- condition pour étudier les conséquences des
péens de santé publique et vétérinaire. Dans ces changements globaux sur l’installation (ou la
réseaux, outre les espèces invasives de moustiques disparition) de ces espèces est la disponibilité
(Ae. aegypti, Ae. albopictus, Ae. japonicus, de données environnementales à différentes
Ae. koreicus), les principaux vecteurs endé- résolutions spatio-temporelles. Des avancées
miques d’importance pour la santé publique ont méthodologiques ont permis la production de
été intégrés : tiques (Dermacentor reticulatus, tels jeux de données, utilisables par les entomo-
Hyalomma marginatum, Ixodes persulcatus, logistes, les écologues et les épidémiologistes.
I. ricinus) et phlébotomes (Phlebotomus ariasi, ils sont obtenus à partir de capteurs optiques,
P. neglectus, P. papatasi, P. perfiliewi, P. perni- thermiques ou radar, embarqués sur des satel-
ciosus, P. sergenti, P. similis, P. tobbi). Dans lites, à des résolutions spatiales allant de moins
vectorNet, les moucherons du genre Culicoides d’un mètre à quelques kilomètres, pour certains
sont également pris en compte. permettant des suivis sur plusieurs décennies.
Les données acquises dans ces réseaux permettent Ces capteurs détectent certaines longueurs
de déterminer la distribution géographique des d’onde de lumière réfléchie par la surface ter-
vecteurs les plus importants en termes de santé restre, ou l’écho d’ondes envoyées (radars). La
publique. en cela, elles complètent les données combinaison de ces données permet de recons-
collectées selon des protocoles harmonisés mis tituer des variables d’intérêt écologique :
en place par les projets de recherche eDeN et température, pluviométrie, élévation, végétation
eDeNext (fig. 8.2), mettant ainsi à disposition (encadré 8.4).
151
Entomo-P2.qxp_Mise en page 1 12/04/2017 11:08 Page152
Intersection
Gestion entre couverture et utilisation :
de la forêt contact tiques-humains
Régime foncier
Encéphalite à tiques :
infections et cas cliniques
152
Entomo-P2.qxp_Mise en page 1 12/04/2017 11:08 Page153
D’autres développements, utilisant des données par l’introduction d’un individu infectieux dans
satellitaires à très haute résolution spatiale, ont une population entièrement indemne et réceptive
permis de préciser comment les changements à l’agent infectieux. Si R0 > 1, une épidémie peut
globaux s’expriment à l’échelle des paysages, où se produire après une telle introduction. Dans
se déroulent les processus éco-épidémiolo- certains cas, il est possible de trouver une expres-
giques. C’est ainsi qu’a été formalisé le concept sion mathématique pour R0. La transmission
de « paysage pathogène » (fig. 8.3), appliqué à vectorielle aboutit à un système épidémiologique
différents pathosystèmes tels que la tique Ixodes complexe avec l’intervention d’un troisième
ricinus et le virus de l’encéphalite à tiques (tBe) acteur en plus du pathogène et de l’hôte : le vec-
ou Borrelia burgodferi s.l. (LaMBiN et al., 2010). teur. il faut ainsi tenir compte de la probabilité
De même, l’accès à des données issues de modèles de transmission de l’agent pathogène à un hôte
climatiques a été grandement facilité. Le projet sain par un vecteur infectieux, et de la probabilité
ensembles (http://www.ensembles-eu.org/) permet d’infection d’un vecteur sain par un hôte infec-
par exemple d’accéder à des données climatiques tieux. Dans le cas de la transmission du paludisme,
observées journalières ainsi qu’à des prédictions les travaux fondateurs de roSS (1915) au début du
climatiques issues d’ensembles de modèles, sous xxe siècle ont permis d’aboutir à une formule du
scénario de changement climatique, ainsi qu’aux R0 valable sous certaines hypothèses (populations
incertitudes associées à ces prédictions. humaines et d’anophèles constantes, risque
d’infection équiprobable pour un Homme
{
Installation des pathogènes indemne) et après quelques simplifications dans
à transmission vectorielle le calcul :
Un indicateur essentiel pour évaluer le risque R0 = C.b.–1
d’épidémie d’une maladie infectieuse est le taux r
m.a 2.pn
de reproduction de base, noté R0. Cet indicateur
C = ––––––––––––
représente le nombre de cas secondaires induits -log(p)
153
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où : 0,30
– C est la capacité vectorielle de la population
de vecteurs, en interaction avec le parasite et la 0,25
population d’hôtes, dépendant de :
• m : le ratio du nombre de vecteurs sur le 0,20
Taux d’avortement
nombre d’hôtes,
• a : le nombre d’hôtes piqués par un mous- 0,15
tique et par jour ; le produit m.a est le taux
d’agressivité de la population de moustiques 0,10
par rapport aux hôtes présents (nombre de
piqûres par jour), 0,05
• p : le taux de survie quotidien d’un mous-
tique, 0,00
• n : la durée de la phase extrinsèque (dans le 25 30 35 40
vecteur) du parasite ; Température diurne (°C)
– b est la compétence vectorielle : proportion
Figure 8.4 – Taux d’avortement
de piqûres infectantes, déterminée notamment selon la température diurne dans une population
par des facteurs génétiques ; de mouches tsé-tsé (Glossina palpalis gambiense)
– r est le taux de guérison d’un Homme par jour. du sénégal (J. Bouyer, comm. pers.).
trait rouge : valeurs moyennes obtenues
Ce modèle a été adapté à d’autres espèces de par lissage loess ;
vecteurs, que ce soient des insectes (glossines, traits bleus : intervalle de confiance à 95 %.
simulies, Culicoides, phlébotomes…) ou des
tiques (genres Ixodes, Hyalomma, Rhipicephalus, appât vivant, qui est chronophage et demande des
Amblyomma…), et à différents agents pathogènes moyens humains importants. elle est souvent
(HarteMiNK et al., 2011). difficile à mettre en œuvre en routine et de
La connaissance de la dépendance environne- manière reproductible dans des enquêtes multi-
mentale des traits de vie des vecteurs et de sites. Les autres méthodes de piégeage fournissent
transmission des pathogènes permet d’établir généralement des estimateurs biaisés de ce
des modèles spatio-temporels du R0. en effet, contact (HarteMiNK et al., 2011). Des études
si les paramètres b (compétence vectorielle) et supplémentaires sont alors nécessaires pour
r (taux de guérison de l’hôte) dépendent peu relier l’abondance des individus capturés dans
de l’environnement, les quatre paramètres m, a, un piège au contact hôte-vecteur. De plus, les
p et n, qui composent la capacité vectorielle C, variations de m dans le temps et dans l’espace
dépendent étroitement des conditions clima- peuvent être considérables, même à des échelles
tiques. À titre d’exemple, la figure 8.4 montre temporelles ou spatiales très fines. Le lien entre m
la relation observée entre le taux d’avortement et l’environnement est complexe, puisqu’il intègre
des glossines dans une population sénégalaise les effets de l’environnement sur l’ensemble du
(Glossina palpalis gambiensis) et la température cycle de vie du vecteur. outre la température et
diurne. Ce taux d’avortement est une compo- l’humidité, il dépend souvent de nombreux
sante essentielle de la dynamique de population autres facteurs environnementaux tels que les
des mouches tsé-tsé (WiLLiaMS et al., 1990), et caractéristiques du sol, le vent, la végétation…
par conséquent du contact hôte-vecteur (m). Lorsque les relations entre les paramètres du R0
Une difficulté reste cependant, dans de nombreux et l’environnement sont connues, et en intégrant
cas, d’obtenir des estimations fiables de ce contact des données climatiques, il est possible d’estimer
hôte-vecteur (m). en effet, la méthode la plus le risque dans le temps et dans l’espace, comme
fiable pour l’estimer est la capture de vecteurs sur pour le risque de paludisme en afrique (roGerS
154
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et al., 2002), ou de fièvre FCo en europe de liée à une augmentation des densités de
l’ouest (HarteMiNK et al., 2009). L’intégration Culicoides imicola), 2) un raccourcissement de
de données climatiques simulées sous l’effet de la période d’incubation extrinsèque et 3) une
scénarii de changements climatiques permet de augmentation du taux de piqûre des espèces de
dégager des tendances d’évolution de ce risque Culicoides paléarctiques dans le nord de l’europe
dans le futur (fig. 8.5). enfin, la cartographie (GUiS et al., 2012).
du R0 permet de mieux comprendre quels
mécanismes sous-jacents peuvent expliquer les La diffusion
variations du risque. L’émergence de la FCo Lors de l’étape de diffusion, le vecteur ou le
en europe dans les années 2000-2010 semble pathogène nouvellement installés et adaptés à la
ainsi avoir été liée à des mécanismes distincts : survie dans les conditions locales s’étendent
1) l’augmentation du contact hôte-vecteur dans progressivement à de nouveaux territoires. Cela
le pourtour du bassin méditerranéen (qui serait peut se faire par les capacités de diffusion intrin-
sèques des vecteurs, mais est souvent renforcé
∆Ro 2011-2030 par des activités humaines. Pour des espèces
exotiques provenant de zones climatiques
comparables, aucun changement climatique ni
environnemental n’est nécessaire à cette étape.
Dans le cas contraire, les facteurs climatiques
50°N
seront déterminants. Dans les deux cas, il est
difficile de prédire quand ce processus de diffu-
sion démarrera et quelle en sera l’ampleur.
ainsi, le virus du Nil occidental, introduit à
40°N
New York en 1999 par le transport d’oiseaux
et/ou de moustiques, s’est parfaitement adapté
10°W 0° 10° E aux Culex nord-américains. Depuis le New Jersey,
il a envahi la totalité des États-Unis entre 1999
et 2003, puis il a gagné l’amérique centrale et le
% 50 30 10 -10 -30 -50 %
nord de l’amérique du Sud (HaYeS et al., 2005).
∆Ro 2031-2050 Plusieurs espèces d’Aedes sont reconnues comme
invasives en europe, et leur évolution est suivie
de près par le réseau vBorNet/vectorNet.
Des cinq espèces répertoriées, le moustique tigre,
50°N
Ae. albopictus, est le plus connu. L’histoire de
son introduction en europe est intéressante. À la
suite de changements de politique extérieure,
l’albanie a importé en masse du matériel mili-
taire chinois dans les années 1970. Le moustique
40°N a été introduit dans le pays à cette occasion et
s’y est installé (présence confirmée en 1979).
Cependant, sa diffusion est restée limitée parce
10°W 0° 10° E
que le pays était hermétiquement fermé aux
Figure 8.5 – Variations futures du taux échanges avec le reste de l’europe. Ce n’est
de reproduction de base (R0) pour la fièvre
catarrhale ovine prédites selon un scénario qu’après la chute du mur de Berlin que les
de réchauffement climatique. frontières se sont ouvertes et que la diffusion
D’après GUiS et al., 2012. par voie de transports a pris de l’ampleur. De
155
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156
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Étant donné 1) le nombre croissant de touristes ces différents stades sortent en même temps de
introduisant chaque année ces virus en europe, leur période de diapause et ont ainsi tendance à
2) la diffusion de plus en plus grande d’Ae. albo- se nourrir sur les mêmes hôtes, tels les rongeurs.
pictus et d’autres espèces de la même famille et Cela augmente le risque de transmission de
3) les changements climatiques en cours et à pathogènes directement de tique infectée à tique
venir pouvant allonger la période propice à indemne par les co-repas, i.e., sans infection
l’installation des pathogènes et promouvoir leur systémique de l’hôte. Cela aboutit à augmenter
présence permanente, la situation épidémiolo- le taux d’infection des stades immatures. La mise
gique est hautement dynamique et elle est suivie en évidence de ce phénomène et la connais-
de près par les autorités de santé publique sance des facteurs de variation de la présence et
(MeDLoCK et al., 2012). de l’activité des tiques (température, humidité
relative…) ont ainsi permis de construire des
au final, il apparaît que les modalités de
cartes du risque de transmission du virus de
l’émergence sont complexes et font intervenir
l’encéphalite à tiques (tBe), basées d’une part
de nombreux paramètres de l’environnement,
sur la connaissance de la distribution des tiques,
des hôtes vertébrés, des vecteurs et des agents
et d’autre part sur ces indicateurs environne-
infectieux. L’impact des modifications de ces
mentaux maintenant disponibles en temps
paramètres, ou de leurs interactions, peut être
quasi réel à partir de données satellitaires
considérable.
(riZZoLi et al., 2007).
Quels que soient les processus sous-jacents et
IMPORTANCE RELATIVE leurs facteurs explicatifs, de multiples observa-
DES CHANGEMENTS GLOBAUX tions révèlent des changements importants de
la distribution des vecteurs ou de leurs taux
L’intensification des échanges économiques et
d’infection par divers pathogènes. Cependant, il
celle des voyages internationaux sont autant
faut que le contact intervienne entre l’hôte et le
d’occasions d’introductions d’espèces de vecteurs
vecteur infecté pour que le risque de transmission
à potentiel invasif (e.g. Ae. albopictus) et de
augmente. Cela a été étudié de manière précise
pathogènes à potentiel épidémique (e.g. virus de
dans le cas de la tBe (ŠUMiLo et al., 2007).
la dengue, du chikungunya ou du Zika). Les
Plusieurs milliers de cas cliniques de cette maladie
changements environnementaux globaux et
sont enregistrés chaque année en europe centrale
leurs effets directs ou indirects à l’échelle des
et du Nord, malgré l’existence d’un excellent
paysages offrent aux vecteurs et aux pathogènes
vaccin depuis de nombreuses années. on a
introduits des possibilités accrues de s’installer
d’ailleurs constaté depuis les années 1970 une
et de disséminer. Les mécanismes biologiques et
recrudescence des cas de tBe, notamment dans
écologiques les plus fins en lien avec le climat sont
les pays baltes (fig 8.7). Bien que les changements
de mieux en mieux compris, comme l’augmen-
climatiques aient affecté ces pays de manière
tation de température et le raccourcissement du
homogène, l’incidence clinique de la tBe a
cycle de la phase extrinsèque (chez le vecteur)
montré des profils spatio-temporels très variés au
du pathogène.
niveau des unités administratives élémentaires.
Ces mécanismes peuvent être subtils. ainsi, L’analyse épidémiologique a révélé que ces
dans les régions européennes à climat tempéré, changements d’incidence n’étaient pas liés à des
la plus grande rapidité du refroidissement variations de température. en revanche, cette
automnal entraîne la synchronisation du début période a été marquée par la fin du régime sovié-
de la diapause hivernale des différents stades tique, suivie d’une transition socio-économique
(adulte, nymphe, larve) des populations de tiques brutale marquée par une forte désindustriali-
Ixodes ricinus, dont certaines sont infectées par sation, la disparition des exploitations agricoles
différents pathogènes. au printemps suivant, collectives et la paupérisation d’une partie de la
157
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population. La diminution de l’emprise agricole Une des leçons des études coordonnées au
a entraîné la mise en jachère de nombreuses niveau européen dans le cadre des projets eDeN
terres agricoles. Ces terres ont été recolonisées et eDeNext est que chaque émergence d’infection
par de la végétation favorable à la prolifération à transmission vectorielle est un cas particulier,
des tiques et de leurs hôtes sauvages (micro- répondant à ses propres déterminants environne-
mammifères, chevreuils…). Ce processus a de mentaux et socio-économiques. Les changements
plus été favorisé par la diminution de la pollution globaux se manifestent de manière multiple et
atmosphérique liée à la désindustrialisation. ont des conséquences locales très diverses, qui
D’autre part, les personnes en difficulté éco- n’aboutissent pas nécessairement à des augmen-
nomique ont cherché des sources de revenus tations des risques sanitaires. Si les études visant
complémentaires dans la collecte des champi- à évaluer le rôle du climat sur l’émergence des
gnons et des baies sauvages. elles ont ainsi été infections à transmission vectorielle se multi-
plus fréquemment en contact avec les tiques et plient, les effets des autres changements globaux
les pathogènes transmis par ces vecteurs environnementaux (occupation du sol, accès
(GoDFreY et raNDoLPH, 2011). C’est ainsi que, à l’eau…) et non environnementaux (démogra-
parmi les pays d’europe du Nord et de l’ouest phiques, sociaux, économiques…), restent moins
ayant connu une émergence ou une recrudes- étudiés, en raison notamment d’un accès plus
cence récentes de tBe ces dernières années, on restreint à des simulations ou à des scenarii
a observé une relation nette entre la variation d’évolution future qui permettraient de quantifier
d’incidence de cette maladie et les indicateurs leur importance. Les facteurs socio-écono-
socio-économiques relatifs à la précarité de la miques – dont certains sont globaux, telle
situation des ménages (fig. 8.8). l’intensification des échanges économiques et
Figure 8.7 – Distribution connue (octobre 2014) d’Ixodes ricinus en Europe (à gauche)
et taux d’incidence de l’encéphalite à tiques en Europe (à droite).
Source des données : vBorNet (tiques) / eCDC (tBe), février 2015.
158
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2,0 2,0
a LT b LT
1,8 1,8 LV
LV
1,6 1,6
PL PL
1,4 1,4
Ratio cas de TBE en 2009 sur moyenne 2004-2008
AT SE EE CZ FI AT IT
1,2 IT FI 1,2
CZ SI EE
1,0 SK SI 1,0 SK
HU HU
0,8 DE 0,8 DE
0,6 CH 0,6
1,0 1,4 1,8 2,2 2,6 3 5 7 9 11 13
Taux de chômage (2009/2008) Risque de pauvreté (2008)
2,0 2,0
c d LT
1,8 LV LT 1,8 LV
1,6 1,6
PL PL
1,4 1,4
SE FI AT IT CZ CZ
1,2 1,2 SE FI IT
EE EE
SI AT
1,0 SI SK 1,0
SK
HU HU
0,8 DE 0,8 DE
0,6 0,6
5 15 25 35 20 25 30 35 40
% nourriture dans le budget (2005) Coeficient de Gini (2008)
des voyages – peuvent eux-mêmes constituer des éleveurs et propriétaires d’animaux domestiques
causes d’émergences, ou des facteurs modulant pour les aspects vétérinaires) ont des risques
de manière parfois considérable l’influence des sanitaires. De même, la connaissance des
déterminants environnementaux. enfin, les réseaux sociotechniques structurant la circula-
comportements individuels sont souvent des tion de l’information sanitaire et la diffusion
facteurs explicatifs puissants des émergences. des innovations dans ce domaine permettent
Les changements de comportements individuels d’améliorer l’adoption des mesures de prévention
sont d’ailleurs, dans bien des cas, la manière et de contrôle parmi les segments de populations
ultime mais aussi la plus efficace de se protéger humaines ou animales victimes des infections
contre les risques de transmission d’infection vectorielles (BoUYer et al., 2011). ainsi, l’apport
vectorielle, en empêchant le contact pathogénique des sciences sociales est essentiel pour bien com-
entre le vecteur infecté et son hôte. prendre l’étape ultime du processus d’émergence
À ce stade, il devient nécessaire de comprendre de ces infections et pour améliorer l’efficacité
la perception que les personnes exposées (ou les des moyens de lutte contre ces émergences.
159
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Entomo-P3A.qxp_Mise en page 1 12/04/2017 11:35 Page163
Partie 3
Les arthropodes
d’importance médicale
ou vétérinaire
Comme cela a été indiqué précédemment, plus Des arthropodes peuvent être parasites par eux-
de 2 millions d’espèces d’arthropodes ont été mêmes, c’est le cas des diptères myiasigènes
identifiées jusqu’à présent. et ce chiffre n’arrête (chapitre 19). Parmi ces derniers, la lucilie bou-
pas d’augmenter, grâce aux inventaires de bio- chère (Cochliomyia hominivorax) a entraîné, sur
diversité. Pour les insectes, ce sont près de le continent américain et en Libye, des pertes
1 200 espèces nouvelles qui sont décrites chaque importantes dans la filière élevage et a nécessité
année. des sommes considérables pour son contrôle.
La grande majorité de ces arthropodes jouent Cette mouche attaque aussi les humains.
un rôle important dans le fonctionnement des Parmi les crustacés (chapitre 26), certaines
écosystèmes, et nombre d’entre eux rendent espèces peuvent être à l’origine d’allergies ali-
aux humains des services écosystémiques très mentaires, mais les entomologistes médicaux
importants : pollinisation, contrôle des popula- s’intéressent plus particulièrement aux copé-
tions par prédation ou parasitisme, élimination podes, qui regroupent des espèces parasites
des cadavres et des déjections, source d’alimen- (principalement de poissons), et d’autres qui
tation, etc. sont hôtes intermédiaires de plusieurs espèces
Seules quelques espèces posent des problèmes d’helminthes. À noter que certains copépodes
pour la santé humaine ou animale. Mais les sont prédateurs et peuvent être utilisés comme
conséquences peuvent être dramatiques : le agents de lutte biologique, notamment contre
paludisme, dont l’agent infectieux est transmis les larves de moustiques.
par des anophèles, tue chaque année près de enfin, plusieurs espèces d’arthropodes peuvent
430 000 personnes dont une majorité d’enfants être venimeuses, allergisantes, urticantes,
(chiffres de 2015) ; les tiques, par la diversité des vésicantes et nuisantes (chapitre 27). Outre
agents infectieux transmis (virus, bactéries, les scorpions, araignées, guêpes, frelons,
rickettsies, protozoaires), sont les arthropodes cantharides, il faut penser aux chenilles proces-
les plus importants en santé animale et elles sionnaires qui, aidées par les actions humaines
jouent aussi un rôle considérable en santé (transports, plantations de pins) et le réchauffe-
humaine (maladies de Lyme, par exemple). ment climatique, sont désormais présentes au
tous les groupes d’arthropodes d’importance nord de Paris. Chaque année, et toujours de plus
médicale et vétérinaire sont étudiés en détail, un en plus tôt, le contact avec les poils urticants de
à un, dans les chapitres qui suivent. Certains ces chenilles nécessite une action médicale.
arthropodes sont hématophages et, à ce titre, il est donc indispensable que les entomologistes
sont à la fois nuisants et vecteurs potentiels médicaux et vétérinaires connaissent aussi ces
d’agents infectieux (chapitres 9 à 18 et 20 à 25). espèces et pas seulement les vecteurs potentiels
Les diptères, parmi les insectes, comptent parmi d’agents infectieux. Même s’ils se spécialisent
les grands fléaux de l’humanité (chapitres 9 à sur des familles particulières, ils doivent avoir
19). D’autres insectes hématophages jouent une connaissance générale de tous ces groupes
aussi un rôle important : les poux (chapitre 20), qui peuvent poser des problèmes pour la santé.
les puces (chapitre 21) et les punaises (chapi- C’est l’objectif de cette troisième et dernière
tres 22 et 23). enfin, en marge des insectes, les partie de l’ouvrage d’apporter ces connaissances
acariens (chapitres 24 et 25), au sein des arach- générales. Par souci de clarté, une présentation
nides, sont d’une importance considérable en suivant la classification des arthropodes a été
santé humaine et animale. privilégiée.
164
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C HAPITRE 9
165
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166
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Front
Pédicelle
Scape
Base Clypeus
des antennes b) Brachycère (genre Tabanus)
Flagelle
Labre
Pédicelle
Palpes Mandibules
maxillaires Scape
Maxilles
Labium
Scape
c) Cyclorrhaphe Pédicelle
Occiput
Figure 9.3 – Exemples d’antennes de diptères.
Vertex
Ocelle
Oeil
composé
Cicatrice
L’appareil buccal est dans quelques rares cas
ptilinale atrophié (certains Chironomidae et chez les
Bucca Oestridae). Sinon, on peut distinguer deux
Face
types :
– le type nématocère-brachycère (cf. fig. 10.7),
Clypeus qui comprend un labium en gouttière avec des
Palpe labelles à l’apex, un hypopharynx, des mandi-
maxillaire
bules et des maxilles (paires), et un labre. Les
Labium mandibules sont le plus souvent absentes ou
réduites, sauf chez les formes hématophages
(en général les femelles), où elles forment des
Figure 9.2. – Schéma de la tête lames dentées ou des stylets. Chaque maxille
d’un diptère muscoïde, vue de face. comprend une partie allongée, la galea, et un
palpe maxillaire de 2 à 5 articles ;
– le type muscoïde (fig. 9.4 a ), où les pièces
deuxième ou pédicelle (parfois dénommé torus) paires (mandibules et maxilles) disparaissent à
et le troisième formant le flagelle. Cette orga- l’exception des palpes maxillaires. Subsistent le
nisation de base est simplifiée chez les labre, l’hypopharynx et le labium très développé
Cyclorrhaphes et la majorité des Brachycera, car avec des labelles, qui sont très volumineux et
le troisième article n’est pas segmenté et porte garnis de canalicules (pseudotrachées) chez les
une arista dorsale (parfois dénommée chète) ou formes suceuses (mouche domestique) ; ces
un style terminal nettement segmenté. labelles permettent d’éponger les liquides. Chez
167
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a) Type suceur (ex. Musca domestica) les formes piqueuses (fig. 9.4 b), le labium est
durci et vulnérant par le jeu de dents labellaires.
il existe un type de transition entre le labium
« spongiaire » et le labium vulnérant, c’est le cas
de Musca crassirostris dont les dents labellaires,
dites préstomales, lui permettent d’abraser la
Clypeus
peau des mammifères jusqu’à faire perler du
sang.
Palpe L’ensemble des pièces buccales constitue le
maxillaire
proboscis. À la base se trouve le rostrum (ou
Labre basiproboscis), qui a la forme d’un cône cépha-
lique membraneux portant les palpes et conte-
Labium
nant le fulcrum en forme d’étrier. La partie
Labelles
distale du proboscis est nommée haustellum.
Le mode d’articulation du rostrum et de l’haus-
tellum permet de séparer le sous-ordre des
Cyclorrhaphes en deux groupes :
– les thécostomates chez lesquels l’articulation
se fait par un petit sclérite en gouttière, l’hyoïde ;
b) Type piqueur-suceur (ex. Glossina sp.)
– les haplostomates où l’articulation est mem-
braneuse, sans hyoïde.
L’appareil d’aspiration des liquides est constitué
Antenne d’une pompe cibariale, sous le clypeus, suivie
d’une pompe pharyngienne. Les caractéristiques
de la pompe cibariale (cornua, denticulations)
sont très utilisées dans certaines familles ou sous-
familles pour la détermination spécifique des
femelles (Culicidae, Simuliidae, Phlebotominae).
Labium Le thorax
Palpes maxillaires La nomenclature des sclérites constituant le
thorax est importante, mais complexe (fig. 9.5 a
et b). Le notum est l’ensemble des sclérites tergaux
du segment ; on distingue donc un pronotum,
Palpe maxillaire un mésonotum et un métanotum. Chaque
notum comprend d’avant en arrière 3 sclérites :
préscutum, scutum et scutellum. en arrière du
mésonotum existe un postnotum (ou postscu-
Labre tellum) qui représente une sclérification de la
Labium membrane intersegmentaire. La limite entre
préscutum et scutum est la suture transverse, qui
Hypopharynx est complète et en forme de v chez les tipulidae,
Labelles et qui a tendance à disparaître chez les formes
supérieures.
Figure 9.4 – Pièces buccales de type muscoïde.
a) Type suceur (ex. Musca domestica) ; Chez les Cyclorrhaphes, la systématique utilise
b) type piqueur-suceur (ex. Glossina sp.). beaucoup la répartition des grandes soies ou
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a) Suture transverse
Scutellum
Stigmate prothoracique
Préscutum Scutum
Postnotum
Stigmate métathoracique
Coxa 1
Mésopleure
Coxa
Coxa 3 Métépisternum
Suture pleurale 2
Sternopleure
Méron 2
Mésépimere
b) Suture transverse
Racine de l’aile
Stigmate
antérieur Scutum
Préscutum Scutellum
Postscutellum
Postnotum
Squama
Mésopleure
Métapleure
Stigmate postérieur
Sternopleure
Hypopleure
Coxa
Coxa 3
2
Méron 2
169
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C Sc
h
R1 R1
r-m r
m-cu R2 R2
R4 R3 R3
R4
M1
M2
M3 R5
M4
M1
M3 M2
Cu2
Cu1 M4
A1
Cellule cubitale ou anale
170
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Style
Chambre
génitale
St9
St7 St8
T6
Sternites
b)
T9 Spermathèques
Épiprocte
T10
Paraprocte Gonopore
T7
Anus Aedeage Organe
Paramère phallique
T8
Style
Figure 9.7 – Schéma des genitalia mâles Figure 9.8 – Genitalia femelle :
d’un insecte. a) Vue latérale ; b) vue postérieure. exemple de l’ovipositeur d’un Muscidae,
L’ensemble aedeage et paramère forme l’organe dévaginé de l’abdomen
phallique. (vue dorsale ; T6 à T8 : tergites).
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ovipositeur valvulaire chez les tipulidae, mais Les divers types de larves
le plus souvent un ovipositeur de remplacement La structure céphalique permet de distinguer :
constitué par l’allongement des derniers segments
abdominaux (Cecidomyidae, trypaneidae, – des larves eucéphales (cf. fig. 10.5) : la capsule
Muscidae) (fig. 9.8). Les gonapophyses du céphalique est complètement développée et non
segment 8 sont présentes chez les Simuliidae. rétractée dans le thorax. C’est le cas de la plupart
des Nematocera, à l’exception des tipulidae et
Les spermathèques ou réceptacles séminaux, des Cecidomyidae. Les pièces buccales sont en
au nombre de 1 à 3, ont une taille et des orne- général broyeuses, comprenant des mandibules
mentations utiles pour séparer les espèces dans travaillant horizontalement, des maxilles, un
certains groupes (Phlebotominae). À noter que labium et, souvent, une paire de prémandibules
chez les Glossinidae, Hippoboscidae, Streblidae, situées entre les antennes et les mandibules (par
et Nycteribiidae, le vagin peut s’élargir en un exemple : brosses buccales des Culicidae et
utérus très développé où la larve est nourrie par éventails de capture des Simuliidae) ;
sécrétion de glandes accessoires.
– des larves hémicéphales (fig. 9.10) : la capsule
Stades préimaginaux céphalique est incomplète postérieurement et
presque entièrement dissimulée dans le thorax
Ces stades comprennent les larves et les
(à l’exception des Stratiomyidae). C’est le cas
nymphes.
des Brachycera et des tipulidae parmi les
Larves
Les larves sont le plus souvent vermiformes, Mandibules
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Nematocera. Les pièces buccales comprennent les larves des Cyclorrhaphes. Les pièces buccales
des mandibules travaillant verticalement, des sont atrophiées, remplacées par un squelette
maxilles, un hypopharynx et un labium. Ces céphalo-pharyngien compliqué, comprenant
éléments sont souvent modifiés. Chez les notamment une paire de grands crochets buc-
tabanidae, les mandibules en crochet et caux travaillant verticalement. Les antennes et
maxilles réalisent un complexe mandibulo- les palpes sont réduits à l’état de papilles.
maxillaire ;
L’appareil respiratoire
– des larves acéphales (ou asticots) (fig. 9.11) : L’appareil respiratoire des larves comprend
la capsule céphalique est absente et la région typiquement une paire de troncs trachéens
céphalique est invaginée dans le thorax, repous- latéro-dorsaux et une paire de troncs secon-
sant le « cerveau » dans le métathorax. Ce sont daires latéro-ventraux. Ces troncs sont réunis
par des branches ou des commissures trans-
Segment céphalique
a)
I I II III IV
Stigmate II
antérieur Segments thoraciques
III
V VI VII
Segment
céphalique
Segments
thoraciques
Segments
VIII abdominaux
IX
Stigmates
postérieurs
VIII
b)
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verses. D’après le nombre et la position des stig- Leur appareil respiratoire est en général
mates, on reconnaît 7 types larvaires principaux péripneustique chez les diptères inférieurs,
(fig. 9.12). mais il est propneustique avec des trompettes
Les quatre derniers types (iv à vii) sont parfois respiratoires chez les Nematocera aquatiques.
regroupés sous le terme de larves oligopneus- Ces trompettes respiratoires sont perforantes
tiques. chez les Culicidae du genre Mansonia. Chez les
Simuliidae et les Blepharoceridae, on observe
Chez les larves aquatiques, des organes respira- des branchies cuticulaires prothoraciques.
toires accessoires peuvent être présents sous
forme de branchies trachéennes et/ou san- L’émergence des imagos à partir des nymphes
guines. Chez les larves oligopneustiques, des se fait selon deux modes différents :
adaptations particulières sont observées : – chez les Orthorrhaphes, l’imago sort de la
– un disque spiraculaire terminal, lorsque les nymphe libre par une fente thoracique dorsale
stigmates (ou spiracles) sont protégés par des en t (c’est le cas de la plupart des Nématocera
lobes charnus (tipulidae, rhyphidae) ; et des Brachycera) ;
– des siphons post-abdominaux, parfois télé- – chez les Cyclorrhaphes, l’imago sort du pupa-
scopiques (Syrphidae) ou bien courts et non rium par une fente circulaire.
rétractiles (Culicini) ;
– des stigmates perforants permettant de percer
les végétaux immergés pour obtenir de l’air TAXINOMIE
(ex. Mansonia chez les Culicidae) ;
– des sacs pneumatiques périspiraculaires chez Une classification fondée sur les principes de
certains Stratiomyidae. la systématique phylogénétique a été proposée
Chez certaines larves parasites vivant en endo- (LeCOiNtre et Le GUyaDer, 2013). Le nœud
parasites ou chez certaines larves menant une des Diptera y est défini par les caractères
vie intra-utérine, on peut observer soit un dérivés propres suivants : prothorax et méta-
« organe rouge » (ou organe de Prenant) conte- thorax très réduits ; chez les mâles, perte du
nant des cellules trachéennes à « hémoglobine » stigmate du 8e segment abdominal ; ailes
(larves de Gasterophilus), soit un développe- postérieures réduites en haltères ; pièces buc-
ment considérable des stigmates abdominaux, cales adultes allongées en lames ou en stylets,
dilatant l’ouverture de l’utérus pour assurer la notamment l’hypopharynx qui comporte un
respiration (larves de Glossina). canal salivaire ; palpes labiaux allongés
fusionnant en un étui et donnant un labellum.
Chez les diptères inférieurs, on observe en géné- De plus, les phylogénies moléculaires attestent
ral 4 stades larvaires, mais 7 chez les Simuliidae, de la monophylie des Diptera. Nous renvoyons
5 à 8 chez les Brachycera, et 3 chez les Cyclor- à cet ouvrage pour voir la place des diptères
rhaphes avec une 4e mue dans le puparium. dans le nœud des antliophores (LeCOiNtre et
Le GUyaDer, 2013).
Nymphes
Par simplicité, nous conserverons ici la classifi-
On observe des nymphes libres chez les Nema-
cation traditionnelle des diptères qui utilise des
tocera (à l’exception des Cecidomyidae et des
caractères issus de la structure des ailes, du
Scatopsidae) ainsi que chez les Brachycera (à
mode d’ouverture des exuvies nymphales et de
l’exception des Stratiomyidae). en revanche, chez
la morphologie des larves.
les Cyclorrhaphes et les exceptions précédentes,
les nymphes sont dites coarctées et se trouvent il existe environ 190 familles, regroupées en
dans un puparium constitué par la dernière deux sous-ordres, les Nematocera et les
cuticule larvaire durcie ; ce sont des pupes. Brachycera.
174
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175
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comprennent deux superfamilles : Conopoidea Les larves vivent dans des milieux très divers,
et Muscoidea. soit dans des biotopes humides (boues, bois
Cette dernière superfamille des Muscoidea est humides, matières diverses en décomposition,
divisée en deux sections, acalyptères et cavernes, etc.), soit dans l’eau, soit en parasites.
Calyptères : Leurs régimes alimentaires sont très variés selon
– section des acalyptères : le deuxième article les groupes : carnassiers, détritiphages, para-
antennaire n’a qu’une simple encoche à l’apex sites, etc. Les formes aquatiques filtrent leurs ali-
de sa face externe. Leur trompe (proboscis) est ments à travers des brosses buccales
non articulée (absence d’hyoïde) et non munie particulièrement adaptées à cet effet.
de dents préstomales. Les cuillerons sont peu ou avant la transformation en pupe, les larves
pas développés et ne cachent pas les haltères. recherchent un lieu plus sec, et chez les
Les deux sexes sont dichoptiques, et la suture Cyclorrhaphes le 4e stade larvaire a disparu.
thoracique transverse est indistincte. Ce sont en Les pupes peuvent être nues, mais celles de
général des mouches petites ou très petites, nombreuses espèces de Nematocera et
ayant peu d’importance médicale ; d’Orthorrhaphes sont enfermées dans une enve-
– section des Calyptères : le deuxième article loppe, et celles de Cyclorrhaphes (fig. 9.13) sont
antennaire a une incision sur toute sa longueur. dans un puparium). Les adultes prêts à émerger
La trompe est articulée avec présence de utilisent la pression de l’hémolymphe pour
l’hyoïde. Les dents préstomales sont plus ou ouvrir l’enveloppe de la pupe sur le dos pour les
moins développées. Les cuillerons alaires sont pupes libres, ou en gonflant leur ptilinum pour
bien développés et cachent les haltères (à l’ex- pousser la partie antérieure du puparium chez
ception des Scatophagidae qui sont acalyptères). les Cyclorrhaphes. Le stade nymphal est unique
La suture thoracique transverse est complète. et ne s’alimente pas.
Les mâles sont souvent holoptiques.
BIOLOGIE
La biologie des diptères est très variée.
Les diptères sont des insectes holométaboles,
c’est-à-dire à métamorphose complète. ils sont
pour la plupart ovipares, mais quelques-uns sont
ovovivipares (Sarcophagidae) et certains, impro-
prement dénommés pupipares, pondent des
larves (Glossinidae, Hippoboscidae, Streblidae,
Nycteribiidae). La parthénogenèse est connue
chez quelques espèces de diptères, mais la plu-
part des espèces sont bisexuelles. La copulation
est précédée par une parade nuptiale parfois très
élaborée. Les femelles recherchent activement
leurs lieux de ponte en conformité avec les
sources d’alimentation larvaire. Le développe-
ment des œufs est habituellement rapide et
l’éclosion intervient en quelques jours.
très peu se reproduisent à l’état de larves par
pédogenèse (cas de Cecidomyiidae). Certains
Figure 9.13 – Larve (blanche) et pupes
diptères comme les Drosophila sont devenus des (marron et noires) de Glossina fuscipes fuscipes.
animaux de laboratoire. © irD/J.-y. Meunier
176
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COMPORTEMENT
il y a trois aspects importants du comportement lieux de développement adéquats pour leur
des diptères qui concernent particulièrement les descendance. Les mouches nécrophiles
espèces d’intérêt médical ou vétérinaire. (Calliphoridae, Sarcophagidae) arrivent très
rapidement après la mort d’un animal
Recherche de l’hôte pour l’ingestion (fig. 9.14), et l’olfaction est sans doute leur sens
d’un repas de sang principal. De même, les mouches coprophiles
Dans cette recherche, on distingue des méca- surviennent très vite après la défécation d’un
nismes olfactifs et des mécanismes visuels. animal. et la plupart des espèces sont capables
de détecter des odeurs à des seuils bien inférieurs
Concernant l’olfaction, le titre de gaz carbonique à ceux nécessaires aux humains. Les femelles de
(CO2) dans l’air autour des hôtes potentiels est certaines espèces de moustiques sont capables
un attractif important. C’est pourquoi ce CO2, de détecter les milieux aquatiques, parfois
sous forme de carboglace ou de bouteilles de cachés comme les trous d’arbres, nécessaires
gaz, est utilisé pour le piégeage des moustiques, pour la ponte. Les femelles de certains
des simulies ou des tiques. D’autres produits Calliphoridae et Sarcophagidae sont attirées par
chimiques comme des mercaptans, de l’octénol ou les déjections humaines, et les femelles des
de l’acide lactique peuvent aussi jouer ce rôle chez agents de myiases sont attirées vers les blessures
certaines espèces. Notons que c’est en inhibant sur des hôtes vivants.
la perception de ces odeurs que les répulsifs
fonctionnent (DiCKeNS et BOHBOt, 2013). Stratégies K ou r
La vision est un sens prioritaire, par exemple Quelques espèces ont une stratégie de dévelop-
chez les tabanidae. Mais il est vraisemblable pement de type « K », comme les glossines,
que, pour de nombreux groupes, olfaction et les Hippoboscidae, les Nycteribiidae et les
vision se complètent. Streblidae. Leur développement est limité par
les capacités de l’environnement. Ces mouches
Recherche de lieux de ponte ont, généralement, des cycles de vie plus longs
L’olfaction joue, là encore, un rôle important et sont fortement impactées par des facteurs
pour permettre aux femelles de trouver des de mortalité dépendant de leur densité. Plus
177
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communes, les espèces à stratégie « r » ont une des Chaoboridae et des Culicidae. Le genre
descendance beaucoup plus nombreuse et un regroupe quelque 105 espèces actuelles et
taux de survie plus faible. Ces mouches montrent 7 fossiles. Ce genre a été monographié par
une croissance rapide quand l’environnement B OrKeNt (2008). Les femelles adultes sont
est favorable, un cycle de vie plus court et une hématophages sur les anoures et ont une façon
mortalité forte liée à des facteurs densité-dépen- exceptionnelle de détecter leurs hôtes. Les
dants. Les mouches domestiques, les mouches femelles Corethrella sont capables d’entendre
détritiphages et les moustiques suivent cette le chant des anoures mâles en rut et ainsi de
stratégie. repérer leurs hôtes à distance. C’est pourquoi les
femelles Corethrella peuvent être collectées en
grand nombre en plaçant un piège CDC (sans
IMPORTANCE MÉDICALE lampe) à proximité immédiate d’un haut-parleur
OU VÉTÉRINAIRE diffusant les chants d’anoures mâles. Les mâles
Les principales familles de diptères qui ont une Corethrella ne sont pas hématophages et sont
importance médicale ou vétérinaire sont traitées supposés nectarivores. Les stades préimaginaux
dans les chapitres suivants. sont aquatiques. La larve ressemble beaucoup
à une larve de Culicinae ; elle est prédatrice
Mais près d’une quinzaine d’autres familles de jeunes stades de Culicidae, notamment
peuvent être aussi à l’origine de problèmes d’Anopheles spp. et d’Aedes albopictus. Le rôle
médicaux ou vétérinaires dans certaines condi- des Corethrellidae femelles comme vecteurs de
tions. Nous les citons ici, en tentant de les Trypanosoma d’anoures mâles a été démontré.
regrouper en fonction du trouble causé.
Les autres familles partiellement hématophages
Familles nuisantes en raison sont les rhagionidae et les athericidae, dont
certaines espèces, notamment en amérique du
de pullulations occasionnelles
Nord, en amérique centrale et en australie,
C’est le cas pour les tipulidae, les Bibionidae, les peuvent prendre du sang sur des humains,
Sciaridae, les Chaoboridae et les Chironomidae. des cervidés, des bovins et des chevaux, mais
Lors de pullulations importantes, les animaux aucune transmission de pathogènes n’a été
domestiques peuvent avaler de grandes quanti- observée (JaMeS et tUrNer, 1981 ; HOy et
tés de ces insectes et manifester des troubles aNDerSON, 1978).
digestifs parfois violents. À noter aussi que,
pour les Chironomidae, l’hémoglobine larvaire Familles avec espèces
peut se retrouver dans l’air au moment des à l’origine de myiases
émergences d’adultes et déclencher des allergies C’est le cas pour les Stratiomyidae, avec l’espèce
chez les humains (CraNStON, 1988). De plus, la Hermetia illucens (JaMeS, 1981), les Phoridae,
présence de plusieurs sérogroupes de Vibrio cho- avec les espèces Megaselia scalaris (CarPeNter
lerae a été observée sur la cuticule des adultes, et CHaStaiN, 1992) et Conicera tibialis (espèce
ce qui fait penser que ces espèces pourraient être européenne associée aux cadavres humains
impliquées dans le maintien de ces bactéries enterrés), les Syrphidae, avec des espèces des
dans le milieu aquatique et leur transfert d’un genres Eristalis et Eristalinus, les Piophilidae,
point d’eau à un autre. avec l’espèce Piophila casei, la mouche du
fromage, et les Drosophilidae. Les larves de ces
Familles avec espèces mouches se développent sur de la matière
pouvant être hématophages organique en décomposition (fruits, plantes,
C’est le cas pour les Corethrellidae. Cette champignons, produits animaux). elles peuvent
famille de Nematocera possède un seul genre, être avalées avec des aliments et entraîner des
Corethrella, et constitue une famille sœur myiases intestinales accidentelles. À noter
178
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aussi que, pour les Drosophilidae, les adultes Hall, r.D., Gerhardt, r.r., 2009. Flies (Diptera). In
de Drosophila repleta, se développant sur des Mullen G.r. & Durden L.a. (eds.), Medical and
déjections animales, peuvent transporter méca- Veterinary Entomology (pp. 137-152), elsevier, USa.
niquement des pathogènes ; de même, l’espèce Hoy, J.B., anderson, J.r., 1978. Behavior and repro-
Phortica variegata se nourrit sur les sécrétions ductive physiology of the blood-sucking snipe flies
lacrymales et le mâle de cette espèce a été incri- (Diptera: rhagionidae: Symphoromyia) attacking
miné dans la transmission du nématode deer in Northern California. Hilgardia, 46 : 113-168.
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C HAPITRE 10
Les anophèles
(Diptera : Culicidae : Anophelinae)
Vincent Robert, Diégo Ayala, Frédéric Simard
Les anophèles sont des moustiques et, à ce titre, – le sous-genre Cellia theobald, 1902, avec
ont un cycle biologique dans lequel les stades 224 espèces de l’ancien Monde,
aquatiques immatures alternent avec le stade – le sous-genre Nyssorhynchus Blanchard,
adulte aérien à sexes différenciés. Seules les 1902, avec 40 espèces néotropicales,
femelles sont hématophages et responsables de – le sous-genre Kerteszia theobald, 1905,
la transmission des Plasmodium, agents du avec 12 espèces néotropicales dont les stades
paludisme. De ce fait, les anophèles constituent préimaginaux sont inféodés aux Broméliacées ;
probablement le groupe d’insectes d’intérêt • le genre Bironella theobald, 1905, présent en
médical qui a été le plus étudié, et celui auquel région australasienne avec 8 espèces non vec-
l’humanité continue de payer le plus lourd tribut trices ;
en termes de morbidité et de mortalité.
• le genre Chagasia Cruz, 1906, présent en
région Néotropicale, du Mexique à l’argentine ;
avec 5 espèces de moustiques forestiers et
CARACTÉRISTIQUES DES ANOPHÈLES zoophages.
Taxonomie et classification
Dans l’ordre des Diptera, la famille des Culicidae
désigne l’ensemble des moustiques. Cette famille
est divisée en deux sous-familles, les Culicinae
et les anophelinae. Cette dernière désigne
l’ensemble des anophèles. La langue française
considère le terme « anophèle » comme un nom
commun du genre masculin.
La classification traditionnelle admet l’existence
de trois genres parmi les anophelinae :
• le genre Anopheles Meigen, 1818, avec 8 sous-
genres (HarBaCH, 2016), dont les quatre premiers
comprennent tous les vecteurs de Plasmodium
humains (fig. 10.1) :
Figure 10.1 – Moustiques Anopheles gambiae
– le sous-genre Anopheles Meigen, 1818, avec mâle et femelle, respectivement à droite et à gauche.
183 espèces cosmopolites, © irD/N. rahola
181
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il existe aujourd’hui quelque 540 espèces d’Anopheles suggèrent, d’une part, que les
d’anophèles dont 486 formellement décrites et anophelinae seraient originaires du Nouveau
une cinquantaine d’autres, également considé- Monde et, d’autre part, que la distribution
rées comme valides, quoique non formellement cosmopolite du sous-genre Anopheles résulterait
décrites (HarBaCH, 2016). Leur nombre de phénomènes de radiation et de dispersion
augmente régulièrement, en partie à cause des plus récents (KrzyWiNSKi et BeSaNSKy, 2003).
nouvelles espèces identifiées génétiquement au Par ailleurs, le caractère monophylétique des
sein de complexes d’espèces. sous-genres Cellia (ancien Monde) et Anopheles
(cosmopolite) suggère que la séparation initiale
Phylogénie et phylogéographie au sein du genre Anopheles s’est réalisée avant
Plusieurs types de marqueurs morphologiques, la fragmentation du Gondwana (≃ 160 millions
cytogénétiques (inversions chromosomiques) et d’années) et que la première subdivision au
moléculaires (aDN ribosomal, aDN mitochon- sein du sous-genre Anopheles est antérieure à
drial, gènes nucléaires ou maintenant génomes l’individualisation des continents africain et
complets) ont été utilisés pour étudier la phylo- sud-américain, il y a 95 millions d’années
génie et la phylogéographie des anophèles (HarBaCH, 2013).
(COLUzzi et al., 1979 ; KrzyWiNSKi et BeSaNSKy, Les anophèles ont une répartition très vaste,
2003 ; NeaFSey et al., 2015). il résulte de ces quasiment mondiale à l’exception des zones
études que la sous-famille anophelinae désigne un polaires (Nord-Canada, alaska, nord de la
lignage monophylétique et occupe une position Sibérie, Groenland, islande, antarctique), des
basale dans l’ensemble des Culicidae. Le genre îles du Pacifique central (à l’est du vanuatu
Chagasia est monophylétique et occupe une posi- comme les îles de la Polynésie française) ou
tion basale pour l’ensemble des anophelinae. occidental (Nouvelle-Calédonie), de quelques
Quant à eux, les genres Anopheles et Bironella ne îles isolées de l’atlantique (Sainte-Hélène, açores,
sont pas idéalement individualisés, car ils ne sont Madère, etc.) et de l’océan indien (Seychelles,
pas monophylétiques l’un par rapport à l’autre rodrigues, Kerguelen), ainsi que des Falkland,
(HarBaCH et KitCHiNG, 2005). en revanche, du sud du Chili et de l’argentine (rOBert et al.,
chaque sous-genre d’Anopheles apparaît mono- 2011 a). Certaines espèces ont une aire de dis-
phylétique. tribution limitée à des milieux particuliers
en se basant sur le rythme estimé de divergence (espèces cavernicoles troglobies ou troglophiles
des séquences de gènes codants et sur les nœuds comme Anopheles hamoni ou An. caroni), d’autres
internes des phylogénies, les principaux lignages ont une répartition plus large, comme les espèces
de moustiques actuels dateraient du début du du complexe Gambiae trouvées de la frange
Crétacé (145-100 millions d’années), et le sud-saharienne à l’afrique australe en passant
lignage ancestral des anophèles se serait donc par la forêt d’afrique centrale (Hay et al., 2010 ;
individualisé avant la transition Jurassique- SiNKa et al., 2012). La colonisation d’un biotope
Crétacé (≃ 145 millions d’années). La récente dépend beaucoup de l’écologie larvaire qui peut
phylogénie moléculaire basée sur les génomes être contrainte et inféodée à un petit nombre
complets de 16 espèces d’anophèles montre une d’environnements, ou permissive pour une
première division au sein de la sous-famille large gamme de milieux.
anophelinae vers 100 millions d’années, et l’ap-
parition des Pyrethophorus il y a 30 millions
Détermination des espèces
d’années (NeaFSey et al., 2015 ; fig. 10.2).
Malheureusement, les fossiles manquent pour (critères de diagnose)
confirmer ces déductions. La morphologie externe des larves et des adultes
La position basale du genre Chagasia et la dis- permet une distinction rapide au niveau de la
tribution néotropicale de 4 des 8 sous-genres sous-famille (anophelinae vs Culicinae) et des
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An. gambiae
An. arabiensis
Complexe Gambiae
An. quadriannulatus
An. merus
Série Pyretophorus
An. melas
An. christy
0,05
An. epiroticus
Substitution par site
An. stephensi
An. maculatus
Sous-genre Cellia
An. culicifascies
An. minimus
An. dirus
Sous-genre Nyssorhynchus
An. farauti
An. sinensis
An. albimanus
An. darlingi
Culex quinquefasciatus
Aedes aegypti
Sous-famille Culicinae
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Ce type de clé est aujourd’hui disponible sur Dans le passé, la mise en évidence des principaux
plusieurs supports : papier (dont certains ouvrages complexes d’espèces d’anophèles a été faite sur
de référence tels que celui de GiLLieS et COetzee la base de croisements réalisés en insectarium
[1987] pour les anophèles de la région entre populations présentant des phénotypes
afrotropicale, mais aussi des clés plus précises nettement différenciés (par exemple, entre
qui ciblent un pays ou une région donnée), populations d’une même espèce morphologique
CD-roms (édités en particulier par l’irD : colonisant des eaux saumâtres vs eaux douces,
http://horizon.documentation.ird.fr/exl- populations sensibles vs résistantes à un insec-
doc/pleins_textes/ed-09-10/010047862.pdf) ou ticide donné…) et qui ont révélé divers degrés
sites internet (voir www.mivegec.ird.fr par d’isolement reproductif (descendance peu ou
exemple). pas fertile, sex-ratio plus ou moins biaisé à
l’émergence…). Des études de cytogénétique
Chez les larves, l’alphataxonomie repose sur la
basées sur l’observation des chromosomes
présence ou l’absence, le nombre et l’aspect des
polytènes (chromosomes géants observables
soies qui recouvrent le corps de la larve et qui
dans les cellules nourricières des ovaires des
font l’objet d’une nomenclature précise. Chez les
femelles au stade semi-gravide et/ou dans les
adultes, les critères morphologiques les plus
glandes salivaires des larves en fin de stade iv)
utilisés ciblent essentiellement la distribution
et des études du polymorphisme isoenzymatique
des taches d’écailles pâles et sombres sur les
ont ensuite permis d’identifier des différences
pattes, les palpes et les ailes des anophèles.
génétiques permettant le diagnostic d’espèce.
Ces critères morphologiques ne permettent Depuis la fin des années 1990 et l’utilisation des
cependant pas d’identifier les espèces jumelles techniques de biologie moléculaire en entomo-
au sein des complexes, et il faut alors recourir à logie, plusieurs protocoles basés sur la technique
d’autres techniques : croisements entre souches de polymérisation en chaîne (PCr) ont été mis au
de référence, cytogénétique, analyses isoenzy- point et sont maintenant utilisés en routine dans
matiques et, de plus en plus, analyse des la plupart des laboratoires pour l’identification
séquences d’aDN. des spécimens collectés sur le terrain, quel que
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Soies clypéales
internes
externes
postérieures
Tête
Soies thoraciques
Thorax
I
II
III
IV
Abdomen
V Plaques tergales
VI
VII
Soies palmées
VIII Segment respiratoire
IX Segment anal
Peigne
leur implantation (les soies ventrales sont diffé- fin, des chromosomes polytènes qui peuvent
rentes des dorsales) et selon les espèces. Ces être utilisés pour des études cytogénétiques.
soies ont reçu une numérotation et sont utilisées
L’abdomen
pour la diagnose spécifique.
L’abdomen comprend 9 segments bien visibles,
au niveau du prothorax, une paire de glandes chacun portant différentes ornementations,
salivaires présente, chez les larves de stade iv- notamment la plaque tergale et les plaques
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accessoires, des soies, simples ou branchues ou l’avant. Les glandes salivaires protoraciques se
palmées, etc. qui sont utilisées pour reconnaître développent particulièrement chez les larves en
les différentes espèces. fin de stade iv.
Les soies palmées abdominales, dont une paire
est présente sur chacun des tergites i à vii,
La nymphe
participent à la suspension de la larve et lui À la fin de la vie larvaire débute une métamor-
permettent de se maintenir horizontalement phose complète. La cuticule se fend longitudi-
sous la surface de l’eau au repos. nalement pour laisser place à une nymphe (en
anglais pupa) remarquable par la coalescence de
Les 7 premiers segments abdominaux sont
la tête et du thorax qui forment un céphalothorax
relativement comparables, mais de grandes
volumineux, auquel fait suite un abdomen de
modifications apparaissent au niveau des seg-
10 segments (dont 8 sont bien visibles), terminé
ments viii (= segment respiratoire) et iX.
par une paire de palettes natatoires (fig. 10.6).
Le segment viii porte latéralement un peigne
La nymphe possède deux trompettes respira-
de chaque côté (peigne du 8e segment ou pecten
toires situées non plus à l’extrémité de l’abdomen
pour les auteurs anglo-saxons), excroissance
comme la larve, mais positionnées latéralement
cuticulaire dont la forme des dents est utilisée
sur le céphalothorax, avec une extrémité hydro-
en taxonomie, et dont la larve se sert en se
phobe qui perce la surface de l’eau lorsque la
recourbant avec souplesse pour « peigner » ses
nymphe est au repos.
brosses buccales. Dorsalement, ce segment
porte une paire de stigmates respiratoires (aussi Contrairement aux larves, il existe un net
appelés spiracles ou orifices stigmatiques) dont dimorphisme sexuel, les nymphes mâles (P)
les ouvertures sont obturées par des valves sont plus petites que les femelles (O). il est
stigmatiques quand la larve plonge. La larve possible de connaître le sexe d’une nymphe en
d’Anopheles ne présente pas de siphon. observant ventralement les genitalia entre les
palettes natatoires, qui sont nettement plus
Le segment iX (= segment anal) n’est pas dans
volumineuses chez le P.
le prolongement du corps. il porte une plaque
sclérifiée, ou selle, plus ou moins importante La diagnose des Anopheles vs Aedes et Culex est
selon les espèces, de nombreuses soies, utilisées plus délicate au stade nymphal qu’aux autres
en systématique, dont certaines sont modifiées stades. Les trompettes respiratoires sont plus
pour constituer une « brosse ventrale » qui courtes et plus évasées chez les anophelinae que
sert aux déplacements de la larve, et 2 paires chez les Culicinae, où elles sont longues et
de papilles anales, qui entourent l’anus et qui
serviraient à maintenir l’équilibre osmotique de
la larve.
L’anatomie interne des larves est conforme au
plan général d’organisation des insectes. Le tube
digestif est rectiligne et présente des caeca
gastriques à la jonction entre les intestins anté-
rieur et moyen, dans le thorax. Cinq tubes de
Malpighi débouchent à la jonction entre les
intestins moyen et postérieur, dans l’abdomen.
Deux gros troncs trachéens sont facilement
visibles par transparence, encadrant le vaisseau
pulsatile dorsal ouvert aux deux extrémités sur
la cavité générale, et assurant une circulation Figure 10.6 – Nymphe d’Anopheles hyrcanus.
de l’hémolymphe de l’arrière de la larve vers © irD/N. rahola
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régulières. La soie latérale du segment 8 est adultes est très variable, avec un clair dimor-
positionnée à l’angle inférieur du segment phisme sexuel. Les O sont généralement plus
chez les anophelinae, alors qu’elle est reportée grandes que les P. il existe des anophèles de
au-dessus de l’angle inférieur chez les Culicinae. grande taille (jusqu’à 20 mm) comme
en cas de doute, on place les nymphes récoltées An. implexus ou An. pharoensis, et de petite
dans des flacons avec de l’eau du gîte pendant
taille (< 10 mm) comme An. marshalli.
24 ou 48 heures et on attend l’émergence de
Néanmoins, la taille des adultes peut également
l’adulte, qui est alors plus facilement identifiable.
varier au sein d’une espèce ; elle est étroitement
L’adulte corrélée aux conditions du développement
L’adulte (ou imago) d’anophèle comporte larvaire (qualité et quantité de nourriture, tem-
3 parties bien distinctes : la tête, le thorax et pérature, compétition et autres stress biotiques
l’abdomen (fig. 10.7). La taille des moustiques ou abiotiques subis lors du développement).
Costa
1
2
3
4
5
Fémur
Palpes
Tibia I
II
III
Tarses
IV
Segments
189
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Antennes
Palpes maxillaires
Labre-épipharynx
Mandibules
Hypopharynx
(avec canal salivaire)
10 µm
Maxilles
Labium Extrémité des maxilles
190
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191
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porté par le segment X. vagin et anus sont recouvertes de cuticule. L’appareil digestif
séparés par une plaque vaginale bien visible, le comprend successivement :
vagin est fermé par deux lèvres. – le pharynx qui fait suite à la cavité buccale ;
Chez le P, peu après l’émergence, l’extrémité il joue un rôle de pompe pharyngienne qui
abdominale à partir du segment viii inclus permet l’absorption du sang ;
réalise une rotation de 180°, mouvement qui – l’intestin antérieur, ou œsophage, auxquels
dure environ 24 heures et qui voit les tergites aboutissent les canaux des jabots ;
passer en position ventrale et les sternites en
– un volumineux estomac, ou intestin moyen
position dorsale. Cette rotation est achevée
(midgut en anglais), dans lequel aboutissent le
36 heures après l’émergence chez An. funestus à
sang et/ou le sucre ingérés. Quelques heures
23 °C en insectarium ; sa vitesse est fonction de
après la réplétion de l’estomac, le bol alimentaire
la température (DaHaN et KOeKeMOer, 2014).
se retrouve confiné dans une enveloppe péritro-
Dans cette configuration mature, l’intestin et le
phique semi-perméable, acellulaire et sécrétée
spermiducte se croisent au niveau du 8e segment.
par l’épithélium stomacal. C’est à l’intérieur
Les 9e et 10e segments constituent l’hypopigium
de cette enveloppe, elle-même à l’intérieur de
ou genitalia (genitalia est un terme toujours
l’estomac, que s’effectue la digestion ;
au pluriel), dont la morphologie est très com-
plexe mais qui ne confère pas un bon critère de – un intestin postérieur où cinq tubes de
reconnaissance d’espèce chez les anophèles. À Malpighi débouchent à la jonction entre intestin
l’extrémité de l’abdomen, le P porte des claspers moyen et postérieur et font office d’organes de
également appelés forcipules, assimilables à filtration, comme les reins chez les mammifères.
des pinces qui lui permettent de s’arrimer à L’intestin postérieur se termine par le rectum et
l’extrémité abdominale de la femelle lors de l’anus.
l’accouplement. Le pénis ou phallosome est situé en position latéro-ventrale, au niveau du pro-
en position centrale. thorax, sont situées les glandes salivaires (une
au repos, les anophèles adoptent généralement paire de glandes trilobées) composées de deux
une position oblique par rapport au support, ce longs lobes latéraux identiques et d’un lobe
qui les différencie des Culicinae qui se position- médian court (alors que les trois lobes sont
nent parallèlement au support. Les pattes longs et de taille identique chez les Culicinae).
postérieures sont ordinairement relevées, sans Le lobe médian et les lobes latéraux diffèrent
contact avec le support. Les adultes du genre par leurs structures histologiques et par la
Chagasia font exception parmi les anophèles et composition des sécrétions qui forment la
partagent avec les Culicinae une position de salive. Le canal salivaire est revêtu de cuticule
l’adulte au repos, avec un angle entre le thorax sur toute sa longueur jusque dans la portion
et l’abdomen. proximale des lobes latéraux, mais pas dans la
portion distale de ces lobes ni dans le lobe médian
Anatomie interne (WriGHt, 1969). La salive est synthétisée par les
lobes des glandes salivaires, elle est ensuite
des adultes
conduite à l’intérieur des canaux salivaires puis
L’anatomie interne des anophèles est typique du tronc commun du canal salivaire pour être
de celle des insectes. elle relève de plusieurs finalement inoculée à l’extrémité distale de
appareils. l’hypopharynx. L’injection de salive est continue
pendant toute la durée de la piqûre, et ce, dès
L’appareil digestif l’insertion des stylets dans la peau du vertébré.
L’appareil digestif est composé de trois parties, La salive contient de nombreuses protéines
antérieure, moyenne et postérieure. Les deux douées de différentes fonctions, certaines
extrêmes étant d’origine ectodermique sont empêchent la coagulation et l’agrégation des
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plaquettes, d’autres ayant un rôle digestif (phos- du noyau pour constituer une sorte de couronne
phatase, estérase, aminopeptidase, glycosidase) tandis que l’ovariole commence à s’ovaliser.
ou vasodilatateur (péroxidase) (FONtaiNe et al., Chez la femelle néonate, l’ovaire est petit
2011). (1 mm) ; il grossit pendant le premier cycle
gonotrophique pour atteindre 3 à 4 mm lorsque
L’appareil génital de la femelle les œufs sont matures, puis il diminue de taille
L’appareil génital de la femelle est composé par après la ponte sans toutefois atteindre une taille
une paire d’ovaires et d’oviductes, un oviducte aussi petite qu’à la naissance.
commun, un vagin, une spermathèque et une
Les ovaires sont pénétrés par un système trachéen
glande annexe. Chaque ovaire est formé de près
très développé. Chez la femelle nullipare, les
de 200 ovarioles qui débouchent radialement
extrémités des fines trachées et trachéoles se
par le pédicule dans la partie de l’oviducte à
présentent enroulées sous forme de « pelotes ».
l’intérieur de l’ovaire. Les oviductes des anophèles
Ces pelotes se déroulent de façon irréversible
présentent une ampoule dans la portion proche
pendant la croissance de l’ovaire au cours du
de l’ovaire ; cette ampoule reste distendue en
premier cycle gonotrophique. ainsi, la présence
permanence après la première oviposition.
de trachéoles déroulées indique une femelle
L’évolution des ovarioles se déroule en 5 stades pare, sans que l’on puisse connaître le nombre
(dits de CHriStOPHerS, 1911) : de pontes que cette femelle a effectuées. Cette
• stade i : le follicule est arrondi avec un oocyte observation a permis à une entomologiste russe,
bien visible en position distale et 7 cellules Detinova, de mettre au point une méthode très
nourricières ; communément utilisée de détermination de
l’âge physiologique qui porte son nom et qui se
• stade ii : le follicule s’ovalise, le vitellus appa-
base sur la détermination du taux de parturité
raît et occupe jusqu’à la moitié du follicule ;
(la proportion de femelles pares) dans une
ce stade est souvent divisé en ii début, ii moyen
population de moustiques.
(stade de repos, en attente d’un repas de sang)
et ii fin ; il existe une méthode plus précise de détermi-
• stade iii : le follicule est de forme ovale et le nation de l’âge physiologique de chaque femelle
vitellus occupe entre la moitié et les trois collectée, également due à une entomologiste
quarts du follicule ; ce stade est aussi souvent russe, Polovodova, mais qui est très délicate à
divisé en iii début, iii moyen et iii fin (c’est pratiquer et qui est de ce fait beaucoup moins
à la fin de ce stade que les chromosomes employée. elle consiste à dénombrer les dilata-
polytènes des cellules nourricières sont bien tions sur le pédicule des ovarioles, finement
visibles) ; dilacérés ; le nombre maximum de dilatations
correspond au nombre de pontes déjà effectuées.
• stade iv : le vitellus occupe pratiquement tout On pensait initialement que chaque dilatation
le follicule (> 9/10) qui est de forme ovale ; résultait d’une contraction du sac folliculaire.
• stade v : présence d’une paire de flotteurs, le en fait, il semble plutôt que les dilatations sont
chorion recouvre entièrement l’œuf ; à la fin de observées sur les ovarioles minoritaires qui
ce stade, l’œuf est mature et prêt à être pondu. échouent répétitivement à élaborer des œufs,
Mer (1936) distingue un stade supplémentaire N chaque dilatation résultant de la résorption d’un
avant le stade i, le follicule est rond et constitué œuf abortif non développé et non pondu.
de 8 cellules indifférenciées, les ovaires sont à ce La spermathèque (une seule chez les anophèles
stade chez la nymphe (d’où le N) et souvent et jusqu’à 3 chez certains Culicinae) permet à
aussi lors de l’émergence. Cet auteur distingue la femelle de stocker et de conserver les sper-
également un stade intermédiaire i-ii durant matozoïdes fonctionnels acquis lors de
lequel des globules de vitellus se forment autour l’accouplement. Lors de la ponte, les spermato-
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zoïdes sont acheminés depuis la spermathèque, est de l’hémolymphe, qui n’est pas du sang
via le canal spermathécal dont le débouché est puisqu’il est dépourvu d’éléments figurés à
proche du vagin (DetiNOva, 1962). L’œuf, avant l’exception notable des hémocytes. L’hémo-
d’être libéré, est maintenu dans une position lymphe transporte les substances nutritives et
précise avec le micropyle du chorion juste en les déchets du catabolisme ; mais il ne joue
regard du débouché du canal spermathécal. aucun rôle dans le transport de l’oxygène.
C’est ainsi qu’un spermatozoïde provenant de Le système excréteur est composé de cinq tubes
la spermathèque pénètre par le micropyle et de Malpighi, régulièrement disposés sur la face
réalise à ce moment la fécondation de l’œuf au externe de l’estomac. Comme chez la plupart des
moment de la ponte. insectes, le produit ultime du catabolisme des
composés azotés est l’urate, qui est éliminé avec
L’appareil génital du mâle d’autres substances non digérées via l’intestin
L’appareil génital du mâle est composé par deux postérieur et l’anus.
testicules avec leurs canaux déférents aboutissant
à de volumineuses vésicules séminales basales Le système endocrine est composé de plusieurs
munies de glandes accessoires qui stockent le organes tels que les corpora cardiaca, corpora
sperme mature. Le nombre de spermatocystes allata et autres glandes prothoraciques, situés
et la proportion relative du réservoir de sperme dorsalement entre le prothorax et le cou. Les
dans les testicules sont corrélés à l’âge phyiolo- différentes hormones qui y sont synthétisées
gique du mâle (HUHO et al., 2006 ; SaWaDOGO jouent un rôle crucial dans la régulation de la
et al., 2014). Ces structures paires aboutissent à métamorphose et de diverses fonctions physio-
un canal éjaculateur médian dont le débouché logiques liées notamment chez l’adulte à la
se situe à l’extrémité du pénis. Les substances reproduction.
sécrétées par les glandes accessoires sont trans- Le système immunitaire des anophèles com-
mises à la femelle lors de l’accouplement et porte classiquement deux composantes innées,
provoquent chez elle un changement de com- humorale et cellulaire qui sont activées lors
portement vers la recherche d’un hôte à piquer d’une infection. La réponse immune humorale
(DOttOriNi et al., 2007). inclut, d’une part, des réactions de mélanisation
(encapsulation du pathogène dans une enve-
Le système nerveux loppe de mélanine) et de coagulation et, d’autre
Le système nerveux est composé d’un « cerveau » part, la synthèse et l’expression d’une batterie de
dorso-céphalique d’où partent deux cordons qui peptides antimicrobiens aux spécificités variées,
entourent l’œsophage et se réunissent ventrale- de manière systémique (via le corps gras et les
ment. Ces cordons se prolongent par une double hémocytes) ou tissu-spécifique (cardia, estomac,
chaîne ventrale le long du corps du moustique glandes salivaires…). Les réponses cellulaires,
avec, au niveau de chaque segment, des ganglions médiées par les hémocytes circulant dans
nerveux avec des nerfs qui innervent le segment l’hémolymphe, incluent la phagocytose et
correspondant. l’encapsulation cellulaire. La voie prédominate
qui sera mobilisée dépend du pathogène res-
Autres systèmes ponsable de l’infection (bactérie, protozoaire,
Le système circulatoire est essentiellement com- champignon, macroparasite). La réponse immu-
posé d’un vaisseau pulsatile en position dorsale, nitaire des anophèles face aux Plasmodium a été
également appelé aorte, dans lequel la circulation particulièrement bien étudiée et fait l’objet de
de l’hémolymphe est postéro-antérieure ; ce nombreuses revues régulièrement mises à jour
vaisseau dorsal est ouvert aux deux extrémités (SeverO et LevaSHiNa, 2014).
sur la cavité générale dans laquelle baignent Le système musculaire, présent pour assurer
tous les organes. Le fluide de la cavité générale la fonctionnalité de toutes les articulations,
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les processus d’évolution des chromosomes révolutionné l’approche de la génétique des ano-
sexuels, d’adaptation locale et de spéciation. La phèles. Deuxième génome d’insecte à avoir été
distribution non aléatoire de certains karyotypes séquencé après celui de la drosophile, son anno-
dans les populations naturelles de moustiques, tation est constamment mise à jour et la version
la corrélation observée sur le terrain entre la actuelle, Agam P4.4 (18/10/2016) disponible
fréquence de certaines inversions et un sur le site de vectorbase (www.vectorbase.org)
gradient environnemental particulier comme — qui regroupe l’ensemble des données de
l’aridité du milieu, mais aussi des études génomique disponibles sur les arthropodes
fonctionnelles associant karyotype et phénotype d’importance médicale — recense aujourd’hui
ont démontré la valeur sélective de différents 13 807 gènes et 15 677 transcrits pour une taille
arrangements chromosomiques. Chez An. gam- totale de génome de 278 Mpb. Cette manne de
biae et An. funestus, ces études ont abouti à données moléculaires ainsi disponible a eu
la description de « races » ou « formes chromo- pour effet de stimuler les recherches, tant sur le
somiques » à la biologie et au comportement plan fondamental et expérimental que sur des
contrastés, mais entre lesquelles l’échange de aspects populationnels.
matériel génétique reste possible, dans des De nombreuses données ont été générées, sur le
portions du génome moins exposées à la polymorphisme moléculaire et la dynamique
sélection naturelle. d’expression de nombreux gènes impliqués dans
Les études de génétique des populations certains processus clés de la biologie des vecteurs :
développées ultérieurement, notamment avec résistance aux insecticides, réponse immune
l’utilisation des marqueurs microsatellites face aux infections, résistance à la dessiccation…
neutres choisis dans des régions non codantes De nouvelles voies métaboliques sont mises au
du génome, ont confirmé cette plasticité du jour et le rôle spécifique des différents gènes
génome des anophèles, véritable mosaïque de candidats est précisé par des approches de géno-
régions plus ou moins exposées à la sélection mique fonctionnelle (technique de l’interférence
naturelle et qui attestent de l’extraordinaire arN par exemple). avec le développement rapide
potentiel adaptatif de ces moustiques (WHite et des nouvelles techniques de séquençage à haut
al., 2011 ; FONtaiNe et al., 2015). Des études débit (Next-Generation Sequencing) et d’ana-
menées à l’échelle du continent africain ont par lyses bio-informatiques, de nouveaux génomes
ailleurs mis en évidence l’existence de barrières sont séquencés et deviennent disponibles. en
aux flux de gènes et à la migration d’individus 2014, 21 espèces d’Anopheles des 5 continents
entre populations isolées du point de vue ont été séquencées, incluant les vecteurs majeurs
géographique (populations insulaires et conti- de Plasmodium en afrique, en asie et en amé-
nentales d’An. gambiae par exemple, impact de rique latine, et d’autres espèces d’anophèles non
la vallée du rift ou du bloc forestier d’afrique vectrices. Les premières études de génomique
centrale sur les populations continentales) avec, comparative mettent en évidence des particula-
en général, un faible effet de la distance géogra- rités génétiques fortes, notamment un taux
phique sur la structuration des populations de d’évolution moléculaire élevé par rapport à
vecteurs dans les zones de savanes ouvertes et d’autres insectes (drosophile en particulier) et
une plus forte structuration génétique en forêt une plasticité importante du génome, avec de
(DONNeLLy et al., 2002 ; LeHMaNN et al., 2003 ; nombreux gains et pertes de gènes (ou de
MiCHeL et al., 2005 ; NDO et al., 2013). groupes entiers de gènes) au cours de l’évolution
(NeaFSey et al., 2015). L’étude de ces différents
Génomique et post-génomique groupes de gènes devrait maintenant permettre
Comme cela a été le cas après la publication du d’élucider les origines de l’anthropophilie et de
génome humain, la parution en 2002 d’une la transmission d’agents pathogènes chez les
première ébauche du génome d’An. gambiae a anophèles.
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BIOÉCOLOGIE ET COMPORTEMENT
Cycle de vie
Le cycle biologique des anophèles comprend
deux phases :
– une phase aquatique pour les stades préima-
ginaux ou immatures (fig. 10.10 et 10.11) : œuf,
larve (avec 4 stades larvaires entrecoupés cha-
cun d’une mue) et nymphe ; les stades larvaires
concernent une période de croissance avec une
augmentation notable de taille qui peut être
d’un facteur 10, du stade i au stade iv ; ce
phénomène d’accroissement ne se retrouvera
plus dans la phase ultérieure ;
– une phase aérienne pour le stade adulte ou
imago, avec des mâles (P) et des femelles (O) Figure 10.11 – Gîtes larvaires à moustiques,
(fig. 10.12). C’est la période de reproduction et en particulier à Anopheles arabiensis
dans la banlieue d’Antananarivo, Madagascar.
© irD et institut Pasteur de Madagascar/v. robert
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Biologie des stades aquatiques survient entre chaque stade est associée à
l’accroissement de la taille de la larve pendant
L’œuf que la nouvelle cuticule durcit.
Une ponte d’anophèle est composée de 50 à
Pour que la larve s’alimente, sa tête opère une
300 œufs qui sont pondus isolément, en vol, à
rotation de 180° autour du cou et la bouche se
la surface de l’eau.
positionne au contact de la surface de l’eau ; les
La durée du développement embryonnaire est brosses buccales brassent alors l’eau et filtrent
dépendante de la température, de 2,5 jours à les particules alimentaires (levures, bactéries,
25 °C à 7 jours à 16 °C pour An. minimus et, micro-planctons, micro-algues, grains de pol-
pour An. quadrimaculatus, 38 heures à 28 °C, len, etc.) qui, si elles sont sélectionnées, sont
54-58 heures à 23 °C, 109 heures à 18 °C et alors broyées entre les mandibules et le labiohy-
358-368 heures à 12 °C. popharynx, puis ingérées via la cavité buccale.
Les œufs d’anophèles ne résistent généralement Lorsque la larve ne s’alimente pas, la tête se tourne
pas à la dessiccation et éclosent dans les 48 heures de nouveau et reprend sa position initiale,
après l’oviposition, dès que l’embryon est entiè- bouche orientée vers le bas. ainsi, la larve
rement développé. Des œufs d’An. gambiae d’anophèle s’alimente principalement en surface
maintenus sur substrats secs montrent une (= surface feeder), alors que ce n’est pas le cas
réduction du pourcentage d’éclosion, de 78-83 % pour les moustiques de la sous-famille Culicinae,
le premier jour à 20-23 % le cinquième jour. qui s’alimentent dans la colonne d’eau ou au
fond du gîte.
en condition humide, la viabilité des œufs est
nettement augmentée. Des œufs d’An. gambiae Les larves d’anophèles vivent dans l’eau, mais elles
et d’An. funestus maintenus en condition humide respirent l’air atmosphérique qui pénètre dans
pouvaient éclore respectivement 12 et 10 jours leur organisme via une paire de spiracles situés
après la ponte. et des œufs d’An. punctulatus et dorsalement sur le segment abdominal viii,
d’An. farauti restaient viables 14 jours sur une puis via le système trachéen. toutefois, l’oxy-
surface humide (au laboratoire) avec une éclosion gène dissous dans l’eau du gîte est aussi absorbé
rapide dès leur mise en eau. Des éclosions d’œufs directement à travers la cuticule. Généralement,
d’An. claviger à 20 °C ont été observées pendant le type de gîte larvaire se caractérise selon sa
6 semaines. teneur en sels, différenciant en particulier les
Chez An. anthropophagus (synonyme d’An. les- gîtes d’eau douce et d’eau saumâtre. La majorité
teri, voir HarBaCH, 2004) en Chine centrale, il des espèces d’anophèles vivent en eau douce.
peut y avoir une diapause des œufs, qui sont Cependant, la tolérance à la salinité peut être
pondus à la surface de l’eau en automne et éclo- forte ; par exemple, An. merus peut survivre à
sent au printemps suivant. Chez An. walkeri, une concentration de 46 % d’eau de mer (LC50,
aux États-Unis, il peut y avoir deux types d’œufs WHite et al., 2013). Un nouveau phénomène
(morphologiquement et physiologiquement d’adaptation à l’eau polluée est en train de se
différents) : ceux pondus en été éclosent en mettre en place dans les contextes urbains ;
quelques jours, tandis que les œufs pondus en certaines populations du vecteur An. coluzzii
hiver éclosent seulement au printemps suivant ont développé une tolérance à l’ammoniac
(toutes les références des travaux présentés ici (principal polluant des gîtes aquatiques urbains)
sont disponibles in CarNevaLe et al., 2009). qui permet de coloniser les gîtes des grandes
villes d’afrique centrale (teNe FOSSOG et al.,
La larve 2013).
au cours de son développement, la larve effectue La durée de vie larvaire est d’une à deux
3 mues et passe ainsi par 4 stades larvaires semaines selon les espèces et les conditions
morphologiquement comparables ; la mue qui écologiques (dont la température), mais elle est
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augmentée dans le cas d’hibernation qui peut au moment de l’émergence, la nymphe mature
s’effectuer à l’état larvaire en zones tempérées, se positionne à la surface de l’eau, une suture
chez An. claviger et An. plumbeus par exemple. ecdysiale médiane située sur la face dorsale du
Le développement larvaire est plus rapide chez thorax se fend et laisse sortir l’adulte de l’exuvie
les mâles, qui se nymphosent une journée avant nymphale et donc de l’eau. Cette émergence
les femelles. La résistance des larves à la dessic- dure quelques minutes. C’est une phase spec-
cation est nulle ou très faible. Le pourcentage taculaire et délicate de la vie du moustique,
d’émergence peut aller jusqu’à 20 % (aWONO- alors exposé aux risques des prédateurs comme
aMBeNe et rOBert, 1999), et il peut être affecté des moindres mouvements d’air ou d’eau qui
par de nombreux facteurs, comme le type de peuvent entraîner la noyade (ce qui est un
gîte, la compétition pour les ressources, la comble après une existence jusqu’alors entière-
densité, la flore bactérienne, les prédateurs, etc. ment aquatique).
Parmi les prédateurs les plus courants figurent
d’autres espèces de Culicidae (larves de Lutzia Biologie des adultes
tigripes ou parfois de Toxorhynchites spp.), des mâles et femelles
insectes (hémiptères, odonates et coléoptères) L’émergence de l’adulte se produit pendant la
ou des petits poissons (Gambusia spp.). Certains nuit, elle dure environ 15 minutes. C’est un
de ces prédateurs ont été utilisés comme des moment crucial dans la vie d’un moustique,
acteurs de lutte biologique contre les larves car il est très vulnérable aux prédateurs et/ou
d’Anopheles. altérations du gîte et environnementales. Le
moustique adulte (mâle et femelle) fait un
La nymphe premier vol court, afin d’atteindre un endroit
La nymphe représente le dernier stade de la phase sûr où il peut attendre que la cuticule et ses ailes
aquatique. elle fait l’objet de remaniements sèchent, et les muscles prennent force pour le
internes très importants au cours de la métamor- vol. L’adulte sera prêt pour voler normalement
phose qui permet la transformation en adulte. en une heure environ.
Les organes propres à la larve se détruisent alors
qu’apparaissent les organes propres à l’adulte. Repas sucré des deux sexes
en fin de nymphose, le corps du futur adulte est Les adultes des deux sexes ne boivent pas d’eau
bien visible à travers la cuticule transparente, (sauf à l’émergence), mais prennent régulière-
notamment la tête avec les yeux, les pattes et les ment des repas de liquides sucrés sur divers
ailes, toutes ces structures n’existant pas chez la végétaux, pendant toute leur vie imaginale,
larve (fig. 10.6). incluant des nectars floraux et divers exsudats
Légèrement moins dense que l’eau, la nymphe de fruits ou d’autres parties de la plante sur
reste au repos au contact de la surface de l’eau. nombre d’espèces végétales. Ces apports nutritifs
elle est mobile grâce à des contractions en sucres sont indispensables aux mâles, car ils
brusques de son abdomen qui lui permettent de constituent pour eux l’unique source d’énergie,
se déplacer efficacement, plus rapidement que en particulier pour le vol. Des études récentes
la larve. La durée de vie de la nymphe, variable montrent qu’An. arabiensis manifeste une nette
selon la température, est de l’ordre de un à deux préférence pour les plantes qui procurent les
jours, rarement plus (3-5 jours maximum). Les meilleures ressources nutritives (GOUaGNa et
nymphes mâles (P) se développent plus rapide- al., 2014). Une autre étude montre que l’infec-
ment que les O et sont plus petites. La nymphe a tion à Plasmodium falciparum augmente
une respiration aérienne ; elle utilise l’oxygène de l’attirance pour les nectars floraux chez les
l’air atmosphérique. Mais elle ne s’alimente pas ; femelles d’An. gambiae, avec un impact positif
de ce fait, elle n’est donc pas affectée par les insec- sur le développement du parasite (NyaSeMBe
ticides d’ingestion de type Bacillus thuringiensis. et al., 2014).
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une seule fois, mais des inséminations multiples Repas de sang et préférence trophique
ont cependant été démontrées par analyses
Le repas de sang des anophèles est crépusculaire
génétiques des spermatozoïdes stockés dans la
ou nocturne. Mais il y a des exceptions, notam-
spermathèque. Les mâles, quant à eux, peuvent
ment des espèces du sous-genre Kerteszia en forêt
s’accoupler plusieurs fois dans leur vie, avec une
dense qui piquent pendant la journée.
période optimale d’activité sexuelle entre 4 et
8 jours après émergence chez An. gambiae en Selon les espèces anophéliennes, certaines ont
conditions de laboratoire (SaWaDOGO et al., une préférence marquée pour prendre leur
2014). Les spermatozoïdes stockés dans la repas de sang sur l’Homme (elles sont alors dites
spermathèque sont requis pour la fécondation anthropophiles), d’autres piquent de manière
des œufs au moment de la ponte. accouplement opportuniste l’Homme ou d’autres vertébrés de
et fécondation sont donc nettement dissociés son entourage. Évidemment, les espèces les plus
dans le temps, parfois de près d’un an. Dans anthropophiles sont meilleurs vecteurs. Selon
les savanes humides d’afrique de l’Ouest, que les femelles piquent à l’intérieur ou à l’exté-
BreNGUeS et COz (1973) ont observé que rieur des habitations, elles sont respectivement
l’accouplement est majoritairement réalisé au dites endo- ou exophages.
soir du deuxième jour de la vie imaginale, avant Quoique la plupart des études aient été conduites
le premier repas de sang chez An. funestus, et au voisinage des habitations humaines, il semble
après ce repas chez An. gambiae s.l. que les anophèles expriment une nette préférence
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Le comportement de recherche de l’hôte et de l’avancée de cette phase qui est la plus longue du
piqûre peut être perturbé par le statut infecté cycle gonotrophique, le volume de l’estomac
et/ou infectant des moustiques, avec une aug- diminue alors que celui des ovaires augmente
mentation de l’activation ou de la persistance jusqu’à ce que les œufs soient prêts à être pondus.
dans l’intention d’une prise de repas de sang Le déroulement de cette partie du cycle gono-
face au comportement défensif de l’hôte. Dans trophique dépend du statut physiologique de la
le système Anopheles gambiae/Plasmodium femelle. Si la femelle est nullipare, le premier
falciparum, les femelles infectées par les formes repas de sang est habituellement incomplet et ne
infectieuses de parasites pour l’Homme (sporo- permet pas l’achèvement du développement des
zoïtes dans les glandes salivaires) interrompent œufs ; la femelle passe par une phase prégravide
plus souvent leur repas. Cela peut être dû à une qui nécessite un autre repas complet de sang
réduction de l’activité de l’enzyme apyrase chez pris une ou deux nuits plus tard pour achever le
les moustiques infectants alors que celle-ci joue développement d’une ponte. Si la femelle est
un rôle d’anticoagulant. Le moustique multiplie pare, le repas de sang est complet et suffit pour
alors les piqûres pour compléter le volume que l’anophèle passe successivement par les
du repas de sang, ce qui a pour conséquence stades gorgé, semi-gravide puis gravide, selon
d’augmenter le nombre et le risque d’inoculations une stricte concordance gonotrophique puisque
des parasites à l’Homme. chaque repas de sang est suivi par une ponte.
À de rares exceptions près, les anophèles sont
Phase 2 :
largement anautogènes ; en absence de repas de
repos pour la digestion du sang
sang, ils sont incapables de développer des œufs,
et la maturation des œufs même en petit nombre. L’espèce australasienne
après un repas de sang, la femelle gorgée d’eau saumâtre An. hilli fait exception car elle
recherche un gîte de repos. il peut s’agir de l’in- est autogène ; une colonie a pu être maintenue en
térieur d’habitations humaines, l’espèce est alors insectarium sans aucun repas de sang pendant
dite endophile (fig. 10.14), ou de sites à l’exté- des années. Par ailleurs, cette espèce se gorge sur
rieur et l’espèce est dite exophile. Pendant la de nombreux hôtes vertébrés et est vecteur
phase de repos, le sang est digéré et les follicules secondaire de Plasmodium d’Homme (SWeeNey
ovariens se développent. au fur et à mesure de et rUSSeLL, 1973).
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d’An. arabiensis (ParMaKeLiS et al. 2008) en tropicaux – et avec eux la propagation de maladies
1930 à Natal (Brésil), où les conditions environ- à transmission vectorielle, même sous climat
nementales sont proches de celles de la région tempéré (tateM et al., 2006). avec l’augmenta-
d’origine (Sénégal). L’espèce a progressivement tion de la population humaine, l’urbanisation et
envahi la partie nord-est du Brésil jusqu’à couvrir les changements environnementaux s’accroissent
54 000 km² en 10 ans, avec pour conséquence à un rythme très rapide. Certaines modifica-
l’augmentation de la morbidité et de la mortalité tions écologiques, comme le développement de
par paludisme, avec au total 16 000 décès l’irrigation ou la déforestation, participent à
(SOPer et WiLSON, 1943). Le paludisme était l’augmentation du paludisme, comme démontré
déjà endémique au Brésil, mais les vecteurs en afrique. Une forêt est un milieu clos qui
locaux n’étaient pas aussi efficaces que ce vecteur favorise certains vecteurs majeurs, tel An. dirus
africain dans la transmission du parasite, en asie ou An. moucheti en afrique, mais le
P. falciparum. en riposte, l’organisation militaire déboisement pour étendre les terres cultivées
américaine du programme de lutte antivecto- favorise le développement de vecteurs héliophiles
rielle, en combinant la suppression des habitats comme An. harrisoni (complexe Minimus) en
larvaires et l’utilisation du vert-de-Paris (acéto- asie du Sud-est ou An. gambiae en afrique. Les
arsénite de cuivre) dans les gîtes, a réussi à barrages, les fossés d’irrigation, les rizières et les
éliminer An. arabiensis du Brésil 10 ans après le fosses d’emprunt pour la fabrication de briques
début de l’invasion (KiLLeeN et al., 2002). constituent autant d’habitats larvaires favorables
avec l’ère aéronautique, le temps de déplace- à des vecteurs majeurs comme An. minimus en
ment a été tellement réduit qu’en moins de deux asie, An. gambiae et An. arabiensis en afrique.
jours un insecte est capable d’atteindre en avion Dans les hautes terres d’afrique centrale, les
presque n’importe quel point du globe, tout marais naturels de papyrus, plante qui produit
comme une personne infectée. Ce transport une couche d’huile à la surface de l’eau inhibant
aérien d’anophèles infectés peut expliquer le le développement des larves d’anophèles, ont
« paludisme d’aéroport » : des personnes vivant largement été remplacés par les cultures
à proximité d’aéroports internationaux et n’ayant vivrières et les bassins de pisciculture qui offrent
jamais voyagé en zone à risque de paludisme des habitats favorables aux anophèles. Ce
peuvent devenir infectées par transmission changement écologique, associé à de fortes
vectorielle autochtone. en europe de l’Ouest, pluies, a conduit à la propagation rapide
le risque le plus élevé provient de l’afrique de d’An. gambiae qui, en 1994, fut à l’origine d’une
l’Ouest et centrale, zone de forte endémie fré- épidémie de paludisme dans une région de
quemment desservie par les liaisons aériennes. l’Ouganda située au-dessus de 1 500 mètres
Parmi les nombreuses espèces d’anophèles d’altitude, considérée jusque-là comme exempte
trouvées dans ces aéroports internationaux, les de paludisme (MOUCHet et al., 2004).
vecteurs majeurs que sont An. gambiae et
An. arabiensis sont fréquemment identifiés en Distribution
période estivale (juillet-août), car les conditions des principaux vecteurs
climatiques coïncident avec celles de leur région il n’existe pas d’espèce d’anophèles à répartition
d’origine (MOUCHet, 2000). On estime qu’un mondiale, ni même couvrant la totalité d’un
anophèle tropical infecté a de très faibles continent (tabl. 10.1). La dépendance aux
chances de s’implanter durablement en climat conditions climatiques est marquée, et tout au
tempéré, avec un hiver marqué, est défavorable plus seules certaines espèces anophéliennes
à son développement. réussissent à coloniser une large portion d’une
Les changements climatiques pourraient toute- zone biogéographique donnée. À titre d’exemple,
fois augmenter le risque d’invasion des vecteurs An. darlingi est observé en amérique du Sud
– même si celui-ci reste faible pour les anophèles tropicale à l’est des andes et An. funestus dans
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Amériques Europe et Moyen-Orient Afrique Inde et Asie de l’Ouest Asie du Sud-Est et Pacifique
An. darlingi An. superpictus An. arabiensis An. culicifacies s.l. An. farauli s.l. An. koliensis
An. aquasalis An. sergentii An. funestus An. stephensi An. koliensis An. lesteri
An. gambiae An. fluviatilis s.l. An. punctulatus s.l.
An. albitarsis s.l. An. sacharovi An. leucosphyrus/latens
An. arabiensis An. dirus s.l.
An. marajoara An. messeae An. funestus An. fluviatilis s.l. An. minimus s.l. An. maculatus
An. nuneztovari s.l. An. labranchiae An. funestus An. stephensi An. lesteri An. minimus s.l.
An. pseudopunctipennis An. atroparvus An. gambiae An. culicifacies s.l. An. sinensis An. punctulatus s.l.
An. albimanus An. ganbiae An. balabacensis An. sinensis
An. quadrimaculatus s.l. An. funestus An. barbirostris s.l. An. sundaicus s.l.
An. freeborni An. arabiensis An. dirus s.l.
An. farauti s.l.
An. flavirostris
Figure 10.15 – Carte de distribution des principaux vecteurs de Plasmodium de l’Homme dans le monde.
Source : Malaria atlas Project.
toute l’afrique intertropicale. Mais la majorité un pays comme le Cameroun héberge dix-sept
des espèces anophéliennes présentent une dis- espèces anophéliennes vectrices, majeures ou
tribution beaucoup plus limitée : An. bwambae secondaires (ayaLa et al., 2009). Ces espèces ont
est connu d’une unique forêt en Ouganda, chacune des traits de vie différents, plus ou
An. takasagoensis à taiwan, An. koliensis en moins anthropophiles ou endophiles, avec
Nouvelle-Guinée et aux îles Salomon, différentes dynamiques de densité selon les
An. freeborni dans l’ouest des États-Unis, etc. saisons. elles sont donc susceptibles d’éviter tel
On trouvera des cartes de distribution des ou tel traitement insecticide et capables de se
principaux vecteurs anophéliens in CarNevaLe relayer en tant que vecteurs. tout cela complique
et al. (2009), in www.map.ox.ac.uk et fortement la lutte antivectorielle.
https://w w w.mpl.ird.f r/suds-en-lig ne/
paludisme/systemes/biogeographie03.html Microbiote et parasites
(fig. 10.15). La flore bactérienne, ou microbiote, est particu-
Dans une localité en zone d’endémie palustre, lièrement abondante et diversifiée dans l’estomac
la transmission des Plasmodium est le plus sou- des anophèles adultes. Une alpha-protéobacterie
vent le fait de plusieurs espèces anophéliennes, du genre Asaia est associée de façon stable avec
et non pas seulement une. À titre d’exemple, les stades aquatiques et adultes d’An. stephensi
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chinoise An. sinensis
(au nord 25e parallèle An. lesteri
Chine, Corée, Japon) (syn. An. anthropophagus)
An. harrisoni
(ex-An. minimus C)
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(Favia et al., 2007). Cette bactérie occupe la probable que l’infection soit réalisée aux stades
première place sur le plan quantitatif au sein du larvaires, dans l’eau du gîte. Selon les études,
microbiote de l’anophèle, en particulier dans la présence d’enterobacteriacae semble soit
l’estomac et les glandes salivaires de la femelle facilitatrice d’une infection à P. falciparum
et dans le tractus génital du mâle. (BOiSSière et al., 2012), soit au contraire limi-
Les communautés bactériennes de l’estomac tatrice (tCHiOFFO et al., 2013).
des populations sauvages d’An. gambiae du Les Wolbachia sont des bactéries intracellulaires
Cameroun sont composées d’au moins 26 phyla, à transmission maternelle. elles sont connues de
parmi lesquels cinq dominent, représentant longue date chez de nombreux insectes incluant
99 % du microbiote total : Proteobacteria, des Culicinae, mais leur présence chez les ano-
Bacteroidetes, actinobacteria, Firmicutes et phèles est restée une question ouverte jusqu’à
Fusobacteria. Seulement cinq genres sont récemment. L’équipe de Flaminia Catteruccia
communs à 80 % des moustiques testés. il est (BaLDiNi et al., 2014) a démontré la présence de
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telles endobactéries chez les espèces jumelles de filaires, Wuchereria bancrofti, Brugia malayi et
An. gambiae et An. coluzzii au Burkina Faso. Brugia timori, ainsi que d’arbovirus (O’Nyong-
Seule une minorité des populations étudiées Nyong, tataguine, ross river, etc.). Les anophèles
d’anophèles est infectée. ont aussi une certaine importance en santé
Les microsporidies, longtemps considérées animale, en étant responsables de la transmission
comme des protozoaires, relèvent en fait des de Plasmodium de mammifères, notamment de
champignons parasites intracellulaires obli- rongeurs, de filaires animales et en étant impliqués
gatoires. Les principaux genres parasites de comme vecteurs secondaires dans la transmission
moustiques sont Brachiola, Plistophora (syno- de virus tels que ceux de la myxomatose et de la
nyme Pleistophora), Stempellia et Thelohania. fièvre de la vallée du rift.
Les espèces du genre Brachiola sont des parasites Les anophèles ne sont pas impliqués dans la
redoutés dans les insectariums où sont élevés transmission de bactéries.
des anophèles, car ils mettent tout l’élevage en
danger. Brachiola gambiae a été observée dans Compétence et capacité vectorielle
un élevage d’An. gambiae au Liberia à la fin des
années 1950 (WeiSer et zizKa, 2004) ; selon ces Chez les insectes, la possibilité de transmettre un
auteurs, cette souche de microsporidies a été agent pathogène n’est pas la règle. Par exemple,
identifiée à tort comme Nosema stegomyiae. dans le cas du paludisme humain, seuls les ano-
Brachiola algerae (synonyme Nosema algerae) a phèles sont capables de transmettre les espèces
souvent été rapportée dans divers insectariums de Plasmodium affectant l’Homme, alors que
à partir des années 1970. L’infection est plus ou dans les zones endémiques de nombreux
moins létale selon qu’elle est massive ou non, Culicidae rentrent en contact avec le parasite.
selon les espèces anophéliennes, selon le stade De plus, des 486 espèces d’anophèles formelle-
larvaire ou adulte, et probablement aussi selon ment décrites seulement 60 sont considérées
l’isolat. au stade adulte, l’infection réduit vectrices de Plasmodium et, parmi elles, il existe
grandement la fécondité et la longévité. elle per- une gradation (vecteurs majeurs et secondaires)
turbe le développement sporogonique des selon leur rôle dans la transmission. La capacité
Plasmodium (SCHeNKeN et al., 1992). Quoique d’un moustique à être vecteur est étroitement
les taux d’infection dans la nature soient faibles, liée à sa susceptibilité à répliquer et transmettre
la possibilité d’utiliser cet agent en lutte biolo- l’agent infectieux, mais aussi à sa capacité à
gique est évoquée depuis longtemps. propager l’agent parmi la population d’hôtes.
Cette capacité est déterminée par des facteurs
D’autres champignons entomopathogènes tels que intrinsèques aux moustiques, mais aussi par des
Metarhizium anisopliae et Beauveria bassiana facteurs extrinsèques.
peuvent être hautement toxiques pour les stades
larvaire ou adulte, et leur utilisation a été envisagée La publication du génome d’An. gambiae (HOLt
de longue date en lutte biologique. et al., 2002) a contribué d’une manière significative
à comprendre les bases génétiques de la compé-
tence vectorielle. De nombreuses expériences
IMPORTANCE
ont été réalisées au laboratoire sur le système
MÉDICALE ET VÉTÉRINAIRE Anopheles-Plasmodium, qui ont permis d’iden-
Les anophèles ont une importance considérable tifier les mécanismes et les gènes d’An. gambiae
en santé humaine. Outre les nuisances qu’ils impliqués dans la réponse immunitaire à l’in-
occasionnent, près de 60 espèces assurent, avec fection par Plasmodium (rieHLe et al., 2006 ;
plus ou moins d’efficacité, la transmission des Mitri et al., 2009). Cependant, des études plus
Plasmodium de mammifères, agents du paludisme récentes ont démontré que les facteurs environ-
– incluant le paludisme humain, première para- nementaux extrinsèques (moment de l’infection,
sitose pour l’Homme. ils sont également vecteurs température, etc.) ou intrinsèques (résistance aux
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de ces interventions qui a réduit le poids du comme une incidence mondiale de zéro cas de
paludisme dans le monde, chaque intervention paludisme causé par un agent déterminé et
prise une à une étant incapable de tels succès s’applique donc à une espèce particulière, en
(rOBert et al., 2011 b). l’occurrence une espèce du genre Plasmodium.
aussi se met-on à réenvisager, dans la continuité L’élimination est sujette à une réintroduction du
des années 1950, l’éradication du paludisme parasite et doit donc être envisagée comme une
(SMitH et al., 2013 ; LiU et al., 2013). L’OMS lutte sans terme prédéfini, alors que l’éradication,
distingue justement élimination et éradication. une fois atteinte, représente une situation idéale
L’élimination du paludisme est définie comme et permanente. Posée en ces termes, il va sans dire
l’interruption de la transmission locale de la que l’éradication paraît plus séduisante. Mais la
maladie dans une zone géographique détermi- concrétisation du rêve de l’éradication de P. falci-
née, c’est-à-dire une incidence de zéro cas parum fait débat, en particulier pour des raisons
contracté localement. L’éradication est définie de faisabilité. Les principales menaces étant la
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de multiplication durant sa phase de dévelop- diploïde réalise une endoméiose qui débute
pement extrinsèque. La réduction du nombre comme une méiose classique mais qui ne se
de parasites présents est importante jusqu’au termine pas par une division cellulaire, le produit
stade oocyste mûr. Chaque oocyste produit final étant une seule cellule. Seul le zygote est
un grand nombre de sporozoïtes qui vont donc diploïde, et tous les stades ultérieurs (y
gagner les glandes salivaires ; compris chez l’Homme) sont haploïdes. entre 9
– la durée de l’ensemble du développement et 24 heures après le repas, le zygote entreprend
sporogonique est fonction, notamment, de une différenciation en un oocinète en passant
l’espèce plasmodiale et des conditions de par une forme dite « retort » vu son aspect qui
température (DetiNOva, 1962). évoque vaguement une cornue de chimiste.
La gamétocytogenèse se déroule entièrement Les gamètes, zygotes et oocinètes, évoluent dans
dans l’hôte humain (taLMaN et al., 2004). Le le sang humain ingéré par le moustique et donc
gamétocyte mature (un pré-gamète) est véhi- sont confrontés aux anticorps et macrophages
culé dans le sang circulant et constitue le seul encore actifs. On estime que certaines activités
stade capable de poursuivre son développement dans le sang, dont celle du complément, persis-
dans l’hôte vecteur. Les autres stades parasitaires teraient quelque 8 heures dans l’estomac du
asexués éventuellement ingérés par le moustique moustique et agiraient négativement sur le
dans le repas de sang seront digérés. développement du Plasmodium. Par ailleurs, les
au cours de la demi-heure suivant leur ingestion phagocytes pourraient tuer les éléments sexués
dans l’estomac de l’anophèle, les microgaméto- du parasite dans l’estomac du vecteur.
cytes P et macrogamétocytes O subissent une Dans les 24 heures suivant l’ingestion du repas
activation avec un passage à une forme sphé- de sang infectant, l’oocinète traverse l’enveloppe
rique, comparable chez les deux sexes. ils sortent péritrophique qui entoure le sang dans l’esto-
à ce moment de la membrane plasmique de mac, puis passe dans le faible espace entre cette
l’érythrocyte qu’ils parasitaient. Le microgamé- enveloppe et les cellules de l’épithélium stoma-
tocyte évolue par fissions multiples (i.e. par cal, adhère à ces cellules, principalement dans
schizogonie) en microgamètes ; ce phénomène la zone distale de l’estomac, et passe entre elles
a été décrit sous le terme d’« exflagellation », ou à travers elles. À la suite de l’invasion des
avec production de jusqu’à 8 gamètes mâles par oocinètes, les cellules épithéliales présentent des
microgamétocyte. en revanche, le macrogamé- modifications pathologiques rapides, culminant
tocyte évolue en un unique macrogamète O. en une mort cellulaire programmée (apoptose),
Dans l’heure qui suit l’ingestion du sang, la en une lyse rapide et une extrusion hors de
fécondation se réalise avec l’entrée du noyau du l’épithélium dans la lumière de l’estomac.
microgamète dans le macrogamète, suivie de la L’ensemble de ces réactions des cellules épithé-
fusion des deux noyaux. Cette fusion est le siège liales de l’anophèle réduit fortement l’infection
de l’appariement des chromosomes qui permet des anophèles. il arrive que, même dans des
la recombinaison entre les génomes paternel et souches anophéliennes susceptibles, il y ait une
maternel. À ce stade, l’immunité du sujet humain lyse ou une encapsulation de jeunes oocystes.
interviendrait par l’intermédiaire d’anticorps La mélanisation/encapsulation est un mécanisme
tels que anti Pfs 25 et Pfs 48/45, qui peuvent naturel de défense du moustique ; mais ce
limiter, voire empêcher, cette fécondation, phénomène est rare dans la nature chez les
laissant suspecter l’implication des protéines vecteurs majeurs et son rôle épidémiologique
correspondantes dans la reconnaissance entre les est forcément faible ou négligeable.
gamètes mâles et femelles avec pour conséquence entre 24 et 36 heures après le repas de sang,
un « blocage » de la transmission. l’oocinète se positionne entre la couche cellulaire
entre 5 et 7 heures après le repas, le zygote et la membrane basale de l’épithélium stomacal et
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en 5,5-8 jours. Mais, comme il a été dit précé- pement. La gamétocytogenèse de P. falciparum
demment, des hypnozoïtes intra-hépatiques est particulière sous au moins deux aspects :
existent chez P. vivax et P. ovale. Les mérozoïtes elle ne se déroule pas dans la circulation péri-
hépatiques passent dans la circulation sanguine phérique, mais dans les capillaires profonds,
pour infecter les érythrocytes. La phase en particulier de la moelle osseuse ; et elle est
sanguine du parasite se déroule selon un cycle relativement lente à se mettre en place, si bien
asexuel qui prend à peu près 48 heures pour que le pic de gamétocytes est observé 7-10 jours
P. falciparum, P. vivax et P. ovale, 72 heures pour après le pic de parasites asexués.
P. malariae, et seulement 24 heures pour
P. knowlesi. La croissance du trophozoïte Transmission
entraîne la digestion du contenu de l’érythro- et taux d’inoculation entomologique
cyte, essentiellement de l’hémoglobine, et la
La transmission des Plasmodium est essentiel-
production du pigment malarique cristallisé,
lement vectorielle. Mais il ne faut pas oublier, en
l’hémozoïne. Le trophozïte se transforme en
ce qui concerne l’Homme, que l’infection est
schizonte dont l’éclatement libère 6-30 méro-
également transmise par transfusion sanguine
zoïtes. Ces derniers, sitôt dans le plasma sanguin,
et par greffe d’organes. Un cas particulier
pénètrent dans de nouveaux érythrocytes,
concerne aussi la transmission transplacentaire
entretenant ainsi le cycle sanguin. La phase
materno-fœtale et donc in utero.
sanguine présente trois particularités selon
l’espèce plasmodiale : elle se déroule dans les La transmission vectorielle des Plasmodium est
capillaires profonds où les schizontes cytoadhè- le fait :
rent, pour P. falciparum ; elle concerne les seuls – des Anopheles, pour tous les Plasmodium, y
réticulocytes, c’est-à-dire les stades immatures compris les Plasmodium d’oiseaux ;
des érythrocytes, pour P. vivax ; et elle concerne – des Culicinae (par exemple les genres Culex,
les seuls érythrocytes matures, voire les plus âgés, Culiseta, Aedes, Coquillettidia, Aedeomyia
pour P. malariae. Chez un Homme non immun, et Mansonia), pour tous les Plasmodium
la multiplication parasitaire varie entre 6 et d’oiseaux ; mais les Culicinae ne sont pas
20 fois par cycle. La phase clinique de l’infection vecteurs des Plasmodium de mammifères
commence après 6 à 8 jours de phase sanguine, (MOLiNa-CrUz et al., 2013) ;
soit 12-14 jours après la piqûre infectante. elle – des Phlebotominae, pour une unique espèce
est directement causée par la phase sanguine du de Plasmodium de lézard, P. mexicanum,
parasite, avec destruction des hématies et réac- qui fait exception car transmise par des
tion de l’hôte ; en revanche, la phase hépatique espèces du genre Lutzomyia. Les vecteurs
est totalement asymptomatique. de la quasi-totalité des Plasmodium de
Plasmodium falciparum produit des composés squamates restent inconnus.
volatils qui sont attractants pour An. gambiae et La transmission désigne bien entendu le passage
qui pourraient de ce fait favoriser la transmis- du parasite depuis le moustique vers l’Homme
sion Homme-moustique (KeLLy et al., 2015). mais, tout autant, le passage du parasite depuis
Un certain nombre de parasites sanguins ne l’Homme vers le moustique. Si bien qu’il est par-
suivent pas le cycle asexué mais s’engagent dans fois souhaitable de préciser à quelle phase de
la voie de la gamétocytogenèse, qui est une transmission, moustique-Homme ou Homme-
différenciation cellulaire sans multiplication moustique, on fait référence. Cette alternance
(KaFSaCK et al., 2014), pour former des gamé- d’hôtes (vertébré et insecte) est une caractéris-
tocytes mâles ou femelles dans la proportion de tique fondamentale du parasitisme des
1 mâle pour 4 femelles. L’ingestion lors d’un repas Plasmodium, et peut-être aussi une explication
de sang d’un anophèle est la seule possibilité de la pathogénicité relativement faible des
pour un gamétocyte de poursuivre son dévelop- souches parasitaires (reaD et MiDeO, 2013).
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Les principales conditions du succès du déve- il est intéressant pour les études épidémiolo-
loppement extrinsèque sont les suivantes giques et pour les actions de lutte antivectorielle
(COHUet et al., 2010) : par l’estimation de son évolution « avant/après »,
– présence dans la population humaine de sous réserve de conserver les mêmes méthodo-
porteurs de gamétocytes infectants pour logies.
l’anophèle (CHUrCHer et al., 2013) ; La dynamique de ces inoculations est caracté-
– présence d’anophèles génétiquement sus- risée par leur intensité et par leur distribution
ceptibles au développement complet du temporelle. L’intensité est extrêmement variable
Plasmodium considéré ; d’un lieu à l’autre, et d’une année à l’autre dans
– la longévité des femelles d’anophèles qui doit le même lieu. il a été rapporté des transmissions
être supérieure à la durée de la sporogonie ; de moins de 1 piqûre d’anophèle infecté par
Homme et par an dans les quartiers centraux de
– la fréquence élevée des contacts hôte-vecteur
Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) et de plus de
qui est liée à une forte anthropophilie des
1 000 piqûres d’anophèles infectés par Homme
anophèles et à un cycle gonotrophique court ;
par an près des bassins de pisciculture de
– les conditions environnementales, notamment Djoumouna (Congo). Dans les villages de
la température, qui doivent être compatibles savane, des variations du simple au double
avec le déroulement de la sporogonie. sont courantes d’une année à l’autre, selon le
La mesure de la transmission moustique- rythme et l’intensité des pluies, par exemple,
Homme peut être obtenue selon ronald ross qui peuvent favoriser le développement d’une
et sa theory of happenings (d’où le h) avec ou plusieurs espèces anophéliennes. La distribu-
pour indicateur de base le taux d’inoculation tion temporelle (rythme, régularité) conditionne
entomologique, h (en anglais, Entomological l’acquisition – et le maintien – de la prémunition,
inoculation rate ou eir), qui correspond au qui intervient dans l’expression clinique de la
nombre moyen de piqûres d’anophèles infectés maladie palustre. Dans les zones où la transmis-
reçues par un sujet humain en une nuit avec la sion est intense, elle est généralement répartie
formule désormais classique : h = ma x s. Dans sur la totalité de l’année (pérenne) ou sur une
cette formule, ma correspond au nombre de grande partie de l’année. en revanche, dans les
piqûres reçues/Homme/nuit et s correspond à zones où la transmission est faible, la période de
l’indice sporozoïtique établi par dissection et transmission est brève (par exemple au Sahel)
examen microscopique des glandes salivaires ou elle peut au contraire couvrir la quasi-totalité
ou, plus fréquemment, par recherches eLiSa de de l’année (par exemple en forêt non dégradée
la protéine circumsporozoïtaire (CSP) (rOBert d’afrique équatoriale). entre ces extrêmes, la
et al., 2006) ou par recherche de l’aDN du transmission est saisonnière.
Plasmodium par PCr (riDer et al., 2012). en
d’autres termes, la transmission est le produit de Impact de l’environnement /
la densité anophélienne et de l’infectivité. Ce notion de faciès du paludisme
taux d’inoculation est estimé en nombre de
L’environnement est un facteur clé de l’épidé-
piqûres d’anophèles infectés par nuit, mais il
miologie du paludisme. il est pris en compte de
peut aussi être évalué par mois, par saison
façon globale dans le concept de faciès, défini
pluvieuse/sèche ou par an. C’est un indicateur
comme un ensemble de lieux dans lesquels le
facile à calculer, qui renseigne sur l’intensité de
paludisme présente les mêmes caractéristiques de
la transmission et fournit une indication de
transmission, de développement de l’immunité
premier plan pour évaluer un niveau d’endémie.
et de manifestations pathologiques.
il est entaché des biais habituels aux techniques
d’échantillonnages des anophèles et de il existe un grand nombre de faciès du paludisme :
recherches de l’infectivité (KiLaMa et al., 2014). de forêt, de savane, du Sahel, urbain, rizicole,
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lagunaire, d’oasis, etc. (voir CarNevaLe et al., d’une seule ville et même au sein d’un seul
2009). L’exemple du faciès urbain est détaillé quartier. La transmission est très variable selon
ci-dessous. le contexte écologique local : bas-fonds,
On a vu que les larves d’anophèles se dévelop- proximité de jardins potagers ou d’autres amé-
pent plutôt dans de l’eau propre, chimiquement nagements hydro-agricoles comme les casiers
peu polluée et avec une faible teneur en matière à riz, de citernes ou bassins aménagés par les
organique ; aussi ces moustiques sont-ils populations pour garder les eaux de pluie, etc.
principalement inféodés aux zones rurales. Mais au Sénégal à Pikine, dans la banlieue dakaroise,
il existe des exceptions en inde et au Moyen- une étude a été menée en zone urbaine densé-
Orient, où les vecteurs majeurs de Plasmodium ment peuplée à proximité des niayes, zones de
(respectivement An. stephensi et An. sacharovi) dunes marécageuses productives en anophèles
se développent dans les zones urbaines. en vecteurs (traPe et al., 1992). Les habitants
afrique, l’urbanisation est un phénomène étaient soumis à des taux annuels de piqûres
relativement récent ; jusqu’en 1960, il n’y avait d’An. arabiensis estimés à 414 dans les maisons
aucune ville de plus d’un million d’habitants en bord de niayes contre 21 dans les maisons à
et en 2003 environ 40 % des 850 millions 800 mètres, la réduction de la densité de vecteur
d’africains vivaient en zone urbaine. actuelle- étant continue en fonction de l’éloignement des
ment, il y a une quarantaine de villes africaines gîtes.
de plus d’un million d’habitants, et la tendance • La transmission est généralement moins
va s’accentuer puisque l’on estime que 54 % de intense dans le centre-ville que dans la zone
la population vivra en zone urbaine en 2030. en périurbaine et rurale environnante. À Bobo-
afrique de l’Ouest, le taux annuel d’accroissement Dioulasso par exemple, il a été estimé une
de la population urbaine est de 6,3 %, soit plus transmission de l’ordre de 0,14 à 0,6 piqûre
du double du taux général d’augmentation de la d’anophèles infectés/homme/an au centre-ville,
population. en zones humides, il y aurait déjà 6 en zone périurbaine et > 200 dans les villages
davantage d’habitants en zone urbaine qu’en zone des alentours. Un phénomène identique a été
rurale et dans les deux prochaines décennies les observé à Brazzaville. La prévalence plasmodiale
2/3 de la population ouest-africaine devraient suit le même gradient. Une méta-analyse dans
habiter en ville. les zones d’endémie d’afrique montre que les
taux annuels moyens d’inoculation sont de
en termes paludologiques, le faciès urbain en
7,1 piqûres d’anophèles infectés/homme/an en
afrique subsaharienne est nettement individua-
zones urbaines, 45,8 en zones périurbaines et
lisé par les caractéristiques détaillées ci-dessous
167,7 en zones rurales (rOBert et al., 2003).
(CarNevaLe et al., 2009).
Cette transmission est certes faible, mais elle
• Les gîtes larvaires urbains sont peu propices n’en est pas moins réelle et des accès palustres
au développement des anophèles, parce que les graves sont notés dans toutes les classes d’âge,
eaux stagnantes sont généralement polluées et même chez les adultes. Seules certaines zones
sont alors favorables à Culex quinquefasciatus, qui du centre des grosses villes peuvent être
est « le » moustique urbain et qui est incapable indemnes de paludisme, mais leurs habitants
de transmettre les Plasmodium de l’Homme. restent à risque de contracter l’infection
À Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), par exemple, lorsqu’ils se déplacent hors de ces quartiers.
le taux annuel de piqûres de Cx. quinquefasciatus • Un fait nouveau concerne l’adaptation récente
a été estimé à 20 000/personne dans les quar- des anophèles vecteurs à l’environnement
tiers centraux et à 4 000 dans les quartiers urbain pollué. On a vu que, jusqu’à récemment,
périphériques. l’anophèle était considéré en afrique comme un
• Une très grande hétérogénéité spatiale de vecteur principalement rural, pénétrant peu ou
l’anophélisme est observée entre les quartiers pas dans l’environnement pollué des villes.
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Plusieurs observations récentes alertent hélas de transmission des parasites des anophèles à
sur des modifications physiologiques ou com- l’Homme, c = taux de transmission des parasites
portementales du moustique, qui devient de l’Homme aux anophèles, n = durée de déve-
capable de tolérer des niveaux de pollution sans loppement des Plasmodium chez le vecteur
précédent, en particulier dans les gîtes larvaires. (MaCDONaLD, 1957). Dans cette formule, n
Cette pollution peut être de nature très variée : dépend directement de la température, les
forte teneur en matières organiques, en métaux Plasmodium se développant d’autant plus
lourds (tels que Fe, Cu et Pb), en dérivés de rapidement dans le corps du moustique que
raffinage du pétrole ou en polluants chimiques la température est élevée (dans la gamme
tels que les insecticides, abondamment utilisés 18-30 °C). toutes les autres variables dépendent
en agriculture urbaine pour le maraîchage indirectement de la température, de la pluvio-
(aNtONiO-NKONDJiO et al., 2011). métrie et de l’hygrométrie. Les anophèles
pondant leurs œufs dans l’eau, on comprend que
Transmission la présence de collections d’eau (flaques, mares,
et changements globaux rivières), dépendante du régime des pluies, va
favoriser la multiplication des moustiques (m).
Le changement climatique (y compris l’accrois- L’hygrométrie agit sur la survie p des anophèles,
sement des températures) auquel la terre fait mais également sur les déplacements des femelles
face depuis quelques décennies peut avoir des pour pondre ou pour trouver un repas sanguin
répercussions sur la transmission du paludisme : (a). enfin, la température, la pluviométrie,
modification de la distribution des anophèles l’hygrométrie peuvent modifier la distribution
vecteurs, modification de la densité, de la des hôtes vertébrés sur lesquels les moustiques
longévité, du comportement et de la capacité se nourrissent, et faire varier a. ainsi, même
des anophèles à transmettre, modification du de faibles différences de température ou de
développement sporogonique des Plasmodium. précipitations sont susceptibles d’avoir un effet
Si les prévisions alarmistes sur le changement sur la capacité vectorielle des moustiques et sur
climatique se réalisent dans les prochaines les niveaux de transmission du paludisme.
années, on doit alors s’attendre à une modifica-
Mais le climat n’est pas le critère majeur de la
tion des zones à risque palustre (risque ne
présence du paludisme. Historiquement, la
voulant pas dire réalisation). La transmission
répartition de la maladie, essentiellement à
dépend cependant de nombreux facteurs autres
P. vivax mais aussi à. P. falciparum, concernait
que climatiques. Le paludisme humain n’est
tous les climats et régions, de la Laponie aux
pas un modèle simple, mais une mosaïque de
zones équatoriales, avec bien sûr un niveau de
systèmes complexes présentant une très grande
transmission et une stabilité très supérieurs en
diversité spatio-temporelle. L’incidence du
régions chaudes et humides. La stabilité et la
paludisme dans une zone donnée dépend en
dangerosité des systèmes épidémiologiques
particulier des variables suivantes agissant
variaient cependant fortement, et le contrôle de
sur les vecteurs, les parasites et l’Homme :
la maladie a pu être réalisé avec un succès total
climatiques, environnementales, culturelles et
en zone tempérée où le paludisme était instable,
également socio-économiques.
grâce aux médicaments, aux insecticides, à
Ces paramètres de la transmission sont résumés l’amélioration de l’habitat et à une gestion de
(et simplifiés) dans la fameuse formule de ross- l’environnement où vivaient les vecteurs.
Macdonald, caractérisant la capacité vectorielle Lorsque le paludisme est réapparu après avoir
= m.a2.pn.b.c/lnp, où m = nombre d’anophèles été contrôlé, ou même éliminé, c’est presque
par individu, a = nombre de repas pris sur toujours en raison de changements dans les
Homme par jour par un anophèle, p = taux écosystèmes, de l’apparition de résistances des
quotidien de survie des anophèles, b = taux vecteurs aux insecticides ou des parasites aux
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– en asie, les vecteurs sont nombreux, impli- transmission en évitant le passage de l’infection
quant plusieurs espèces du complexe aux moustiques. en quatre à six ans, il est pos-
Cx. pipiens ou d’autres espèces de Culex, des sible d’interrompre le cycle de transmission en
Anopheles et des Aedes ; traitant chaque année toutes les personnes
– en Océanie, ce sont des Aedes, comme vivant dans les zones où des cas d’infection ont
Ae. polynesiensis. Ces vecteurs sont essentiel- été recensés.
lement à activité de piqûre diurne et les toujours selon l’OMS, en 2012, 56 pays ont
microfilaires sont présentes dans le sang commencé à mettre en œuvre un traitement à
périphérique aussi bien pendant la journée grande échelle par l’administration massive de
que pendant la nuit ; dans ce cas, la filaire est médicaments, et 13 d’entre eux sont déjà entrés
dite apériodique. en phase de surveillance, qui succède à la phase
La découverte de l’infection des filaires par des de traitement de masse. Plus de quatre milliards
bactéries endosymbiotiques du genre Wolbachia de traitements individuels ont été distribués,
a ouvert la voie à des traitements contre les avec des résultats particulièrement nets en
filaires à base d’antibiotiques. extrême-Orient, et plus contrastés en afrique
(reBOLLO et BOCKarie, 2013).
Distribution de la filariose dans le monde Dans les zones où les piqûres de moustiques
Santé publique vecteurs sont observées pendant la nuit (ce qui
La filariose de Bancroft est répandue dans est le cas en afrique et en asie), la lutte antivec-
toutes les zones intertropicales. C’est la plus torielle utilisant un insecticide à effet rémanent
fréquente des filarioses humaines. On la trouve sur les moustiquaires ou à l’intérieur des habi-
en asie, en afrique, en amérique centrale et tations contribue à protéger la population de
du Sud avec, selon l’OMS, 120 millions de l’infection.
personnes infectées réparties dans 73 pays.
Quelque 40 millions d’entre elles souffrent de Développement de la filaire
difformités ou de troubles dus à la maladie. chez le vecteur (incubation extrinsèque)
Mais la majorité ne présente aucun signe et chez l’Homme
clinique et joue pourtant un rôle important Les microfilaires sanguines sont ingérées avec
comme réservoir d’infection pour les mous- le repas de sang et se retrouvent dans l’estomac
tiques. du moustique. elles perdent leur gaine, traversent
L’élimination de la filariose lymphatique en tant la paroi stomacale puis passent dans la cavité
que problème de santé publique a été proposée générale pour rejoindre les muscles alaires du
par l’OMS. Une association, Global Alliance to thorax, cela en une douzaine d’heures après
Eliminate Lymphatic Filariasis, a été créée sous l’ingestion du repas de sang. elles se transfor-
l’égide de cette dernière en 2000, visant l’éradi- ment dans les muscles alaires pour donner vers
cation (i.e. élimination mondiale) du parasite à le jour 5 ou 6 un stade larvaire 1, court et épais,
l’horizon 2020. Pour interrompre la propagation dit « en saucisse ». après deux mues, vers le
de l’infection, l’OMS recommande de procéder jour 10 la larve 3 est allongée et elle est morpho-
chaque année à des traitements à grande échelle logiquement mature. elle rejoint la tête du
en administrant à toutes les personnes exposées moustique et pénètre dans le labium d’où elle
une dose unique combinant deux médicaments s’échappe au niveau des labelles lors d’une piqûre,
(albendazole [400 mg] associé à de l’ivermectine pénètre activement à travers le tégument au
[150-200 mcg/kg] ou à du citrate de diéthylcar- point de piqûre et poursuit son développement
bamazine [6 mg/kg]). Ces médicaments ont un pour atteindre le stade adulte au bout d’un an.
effet limité sur les vers adultes, mais sont actifs On admet que le rendement parasitaire est très
sur les microfilaires et permettent de bloquer la faible : cela s’observe lors la phase du cycle chez
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le vecteur et s’explique avec la lésion des micro- Selon le genre de moustiques vecteurs, des phé-
filaires par les épines de l’armature bucco- nomènes de facilitation parasitaire ou de
pharyngée, et avec le piégeage des microfilaires limitation ont été observés. Chez les anophèles,
après la formation de l’enveloppe péritrophique. il y a facilitation, c’est-à-dire augmentation du
Un faible rendement s’observe aussi chez rendement parasitaire lorsque le nombre de
l’Homme lors de la phase de croissance, la plu- microfilaires ingérées augmente, et au contraire
part des larves 3 n’atteignant pas le stade adulte. chez les Aedes il y a limitation (diminution du
Le seul évènement multiplicatif du cycle biolo- rendement parasitaire lorsque le nombre de
gique concerne la production de milliers de microfilaires ingérées augmente).
microfilaires chez l’Homme. On admet qu’une
Chez certaines filaires d’animaux du genre Diro-
densité de 15 microfilaires par 20 mm3 de sang
filaria, le développement larvaire extrinsèque ne
est nécessaire pour l’infection du moustique,
s’effectue pas dans les muscles thoraciques mais
mais cette densité ne doit pas dépasser 100 au
dans les tubes de Malpighi.
risque de devenir létale pour le moustique,
probablement par surcharge parasitaire dans
les muscles alaires entraînant l’impossibilité de Arbovirus
voler. au total, la phase extrinsèque dure 10 à et virus de la myxomatose
14 jours. De très nombreux arbovirus sont transmis par
Les caractéristiques génétiques des souches les Culicidae, parmi lesquels les Culicinae
culicidiennes impactent leur récéptivité pour jouent incontestablement un rôle majeur. Mais
les filaires. Cette réceptivité constitue un phé- les anophelinae sont également impliqués. Le
notype relativement facile à sélectionner pour tableau 10.2 présente les principaux arbovirus
des filaires modèles des animaux, permettant isolés d’Anopheles, tous pouvant avoir quelque
d’obtenir des souches de vecteurs à compétence importance en santé humaine. On notera que les
vectorielle élevée ou, à l’inverse, faible. vecteurs d’arboviroses majeures (fièvre jaune,
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qui incorporent une composante insecticide. s’adresse à tout un chacun et sa mise en œuvre
Selon l’OMS, la résistance des moustiques s’opère dans un cadre familial ou individuel
aux insecticides utilisés en santé publique a (PPav Working Group, 2011). elle vise à limiter,
été observée dans 64 pays du monde, chez tous voire à éliminer, les sources de moustiques dans
les vecteurs majeurs et pour toutes les classes les environnements immédiats du lieu d’habita-
d’insecticides. Publié en mai 2012, le Plan tion et à dresser tout un système de barrières,
mondial pour la gestion de la résistance aux physiques et chimiques, réduisant le risque que
insecticides chez les vecteurs du paludisme les moustiques atteignent les sujets humains et
recommande notamment l’utilisation d’insec- ingèrent et/ou inoculent les agents pathogènes.
ticides en alternance pour la pulvérisation La PPav efficace à 100 % n’existe pas ; c’est
intradomiciliaire. pourquoi on associe de façon coordonnée
On estime que quatre mécanismes principaux plusieurs méthodes pour réduire autant que
de résistance aux insecticides coexistent : possible les risques de piqûres et d’inoculation
des agents pathogènes. L’emploi de plusieurs
– la résistance métabolique fonctionne selon
mesures physiques (vêtements, moustiquaires)
une détoxification de la molécule insecticide ou
et chimiques (répulsifs, insecticides) maximalise,
de ses métabolites. Cette résistance impliquant
par leur association, l’effet protecteur contre les
fréquemment des acétylcholinestérases
piqûres d’anophèles.
concerne principalement les organophosphorés
et les carbamates ; Les actions de la PPav sont souvent répétitives
– la résistance modifiant le site cible de la molé- et sont vécues par l’utilisateur comme contrai-
cule insecticide, en particulier le récepteur, est gnantes. Cela est associé à un certain laxisme
de type génétique. La résistance de type kdr dans le suivi des mesures qui, en retour, limite
(knock down resistance) relève de ce type et l’efficacité de cette prévention.
concerne principalement les organochlorés et Contre les piqûres de moustiques, on peut
les pyréthrinoïdes ; structurer l’espace où les actions à mettre en
– la résistance de pénétration, par exemple au œuvre diffèrent : autour de la maison (aména-
niveau cuticulaire ; gement de l’espace péridomestique pour
– la résistance comportementale, permettant au détruire les gîtes larvaires), dans la maison
moustique l’évitement du contact avec un sup- (mise en place de grillage moustiquaire aux
port imprégné. portes et fenêtres, de rideaux imprégnés,
La résistance de pénétration et la résistance aspersion murale d’insecticide), dans la
comportementale sont deux mécanismes possi- chambre à coucher (moustiquaire imprégnée),
bles mais moins bien documentés que les deux sur soi (répulsif, vêtements imprégnés)
premiers (raNSON et al., 2011 ; riverO et al., (CarNevaLe et al., 2012).
2010 ; GattON et al., 2013). Un répulsif est une substance naturelle ou de
synthèse qui présente une propriété répulsive
Prévention individuelle vis-à-vis des arthropodes hématophages.
et familiale : repoussant le vecteur potentiel, elle limite le
la Protection Personnelle contact Homme-vecteur. Les substances actives
AntiVectorielle (PPAV) dans la plupart des formulations répulsives
du commerce sont le Deet, la picaridine (ica-
La protection contre les piqûres de moustiques ridine ou KBr3023), l’ir3535 et le PMDrBO
est la première ligne de prévention contre la (p-menthane 3,8-diol rich Botanical Oil, ou
nuisance et contre les maladies. PMD, commercialisé sous le nom de Citrio-
La PPav doit être facilement compréhensible diol). Des recommandations portent sur le
dans son principe et d’application simple, car elle pourcentage minimum de principe actif dans
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Plasmodium aviaires (P. danilewskyi transmis d’évitement des vecteurs (devenus exophiles) ont
par Culex pipiens) et observe des sporozoïtes rendu cette stratégie inopérante. aujourd’hui, le
dans les oocystes, leur invasion des glandes sali- DDt est interdit pour toute utilisation autre que
vaires et l’infection expérimentale d’oiseaux de santé publique (il reste notamment utilisé en
sains piqués par des moustiques s’étant gorgés aspersions intradomiciliaires contre les anophèles
sur des oiseaux infectés. Peu après, en 1901- endophiles à la dose de 2 mg m.a./m 2).
1902, au Sierra Leone, ross démontre l’évolution tous trois, Laveran, ross et Müller, ont été
des Plasmodium chez An. gambiae (à l’époque respectivement lauréats du prix Nobel de
An. costalis) et An. funestus. il mène également physiologie ou médecine en 1907, 1902 et 1948.
des opérations contre les moustiques et plaide
pour la lutte antivectorielle comme méthode de Les principaux types
prévention qu’il expose dans son livre Prevention de lutte antivectorielle
of malaria (rOSS, 1911). en 1898 et 1899, l’école
italienne de parasitologie, sous l’impulsion de Les méthodes de lutte contre les anophèles sont
Bastianelli, Bignami et Grassi, rapporte la choisies en fonction de l’effet recherché : limi-
présence des stades de développement des tation du contact hôte/vecteur, action sur la
Plasmodium sur l’estomac de deux An. claviger densité ou action sur la longévité.
gorgés sur un sujet porteur de gamétocytes, et La lute antivectorielle est une composante
réussit la première infection expérimentale importante de la prévention.
d’un sujet humain à rome en le faisant piquer
par des anophèles capturés dans la région, et Lutte physique :
enfin elle décrit finement le développement aménagement de l’environnement
extrinsèque de P. falciparum puis de P. vivax La lutte physique, ou mécanique, vise à modifier
chez An. claviger. l’environnement pour que ce dernier ne soit
• 1939, Paul Hermann Müller, chimiste suisse, plus propice au développement préimaginal des
découvre les propriétés insecticides et acaricides moustiques. Ces modifications de l’environne-
du DDt (dichlorodiphényltrichloroéthane), ment pour le contrôle des vecteurs procèdent de
molécule organochlorée déjà synthétisée au transformations physiques aussi durables que
XiXe siècle. La production industrielle de DDt possible sur le sol, l’eau, la végétation afin de
et son emploi massif datent de la Seconde Guerre prévenir, éliminer ou réduire les habitats des
mondiale, durant laquelle il a abondamment été vecteurs sans entraîner d’effets adverses à la
utilisé par les militaires américains pour contrôler qualité de l’environnement humain. Ces actions
les moustiques et les poux afin de se protéger du comprennent le drainage, le remplissage, la
paludisme et du typhus exanthématique. en 1955, remise à niveau, la transformation des zones à
l’OMS envisage un programme mondial d’éra- risque. elles se veulent permanentes, mais elles
dication du paludisme reposant principalement exigent un contrôle régulier pour que leur bon
sur l’utilisation du DDt et de médicaments fonctionnement soit vérifié.
antimalariques comme la chloroquine. Le DDt L’assèchement des marais est un procédé
a été remarquablement efficace dans la plupart classique de lutte par modification intention-
des pays où il a été employé dans la lutte contre le nelle de l’environnement dans un sens
paludisme : les meilleurs exemples sont à relever défavorable aux pullulations de moustiques.
au Sri Lanka ou en inde, où une décennie d’as- De telles actions sont déjà mentionnées dans
persions intradomiciliaires avait réduit de plus les écrits d’Hippocrate, 400 ans av. J.-C. Le lien
de 90 % les cas de paludisme. Madagascar et le entre les marécages et les fièvres est en effet
Kwazulu-Natal sont deux exemples récents de reconnu depuis des siècles, antérieurement à la
la réussite du DDt. Mais des résistances à cet découverte de la transmission des Plasmodium
insecticide et la modification de comportements par les moustiques. L’assèchement des marais
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Pontins en italie, dans les années 1930, en barrages, routes, zones d’agriculture irriguée,
constitue un exemple. Cette action sur l’envi- déforestation ; ou bien, au contraire, portant sur
ronnement reste toujours recommandée dans le des microchantiers comme les trous d’emprunt
type d’actions qu’il est convenu aujourd’hui de terre pour faire des briques pour construire
d’appeler en anglais source reduction. les maisons, par exemple. tout cela relève de
La rectification de la salinité par l’ouverture de l’hygiène générale du milieu ainsi que d’éducation
canaux et la construction de digues peuvent être sanitaire.
conseillées car elles constituent des modifications
de l’environnement parfois défavorables aux
Lutte chimique :
anophèles vecteurs et évitent ainsi l’épandage les insecticides antianophéliens actuels
d’insecticides. Mais l’agriculture irriguée – (larvicides, adulticides)
incluant la riziculture – est responsable de la Moustiquaires imprégnées
création, en afrique tropicale, des grands gîtes Les moustiquaires imprégnées de pyréthrinoïdes
propices au développement de vecteurs, constituent un moyen essentiel de prévention
An. gambiae en afrique continentale, mais aussi du paludisme. L’utilisation à large échelle de ces
An. funestus à Madagascar et en afrique de moustiquaires a contribué à réduire la morbi-
l’est, à l’origine d’épidémies dans les zones à dité et la mortalité palustres. Une étude récente
paludisme instable. La construction de lacs en afrique tropicale a conclu qu’entre 2000 et
collinaires dans le Maghreb pour permettre au 2015 les trois principales actions de lutte contre
bétail de s’abreuver entraîne les mêmes effets : le paludisme (moustiquaires imprégnées, trai-
ces lacs constituent des gîtes larvaires propices tement antimalarique utilisant une combinaison
à An. labranchiae. On voit donc que les modifi- avec un dérivé de l’artémisine, et pulvérisation
cations de l’environnement se révèlent favorables domiciliaire d’insecticide) ont évité 663 millions
ou défavorables aux populations d’anophèles de cas de P. falciparum, parmi lesquels 68 % sont
vecteurs, selon le contexte, et qu’il est difficile dus aux moustiquaires, 22 % aux traitements
de dégager des généralités. antimalariques et 10 % aux pulvérisations (BHatt
L’irrigation alternée dans les rizières est un et al., 2015). La prise en compte du coût est
principe intéressant visant à des assèchements également en faveur des moustiquaires puisque
périodiques pour tuer les larves qui ne résistent l’OMS estime que le moyen le plus efficace et le
pas à la dessiccation. Mais, en pratique, l’assè- moins coûteux d’y parvenir est de distribuer des
chement n’est pas total. Quelques flaques se moustiquaires à imprégnation durable.
maintiennent dans les casiers (non parfaitement il est important de noter que les moustiquaires
nivelés) et constituent de remarquables gîtes à imprégnées présentent désormais une activité
anophèles. insecticide durable, en pratique aussi longtemps
L’intervention sur l’habitat lui-même est bien que la durée de vie de la moustiquaire. Cette
sûr envisageable. ainsi, la construction des avancée technologique a été cruciale.
habitations à distance des eaux servant de gîtes Les moustiquaires imprégnées protègent prio-
à moustiques est une mesure de bon sens pour ritairement ceux qui dorment dessous. Mais pas
réduire le contact hôte/vecteur. seulement. L’usage généralisé, dit de masse, de
L’OMS et ses groupes d’experts ont élaboré des la moustiquaire imprégnée agit collectivement
guides pratiques (guidelines) pour faciliter la sur l’ensemble de la communauté par son effet
prise en considération du volet « santé publique » insecticide en tuant les anophèles et/ou par son
inéluctablement lié à toute modification de effet répulsif en les repoussant hors de la zone
l’environnement. Ces modifications sont envisa- d’habitation. toutefois, l’utilisation massive de
gées en fonction de l’échelle spatiale : concernant la moustiquaire a produit un effet adverse sur
de grandes surfaces, pour les travaux de type le comportement et la sélection de certaines
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populations de vecteurs qui ont modifié leur Dans les conditions normales d’utilisation, la
période de recherche d’hôte, évitant ainsi le toxicité aiguë des organochlorés envers l’Homme
moment où l’hôte humain est protégé sous la est relativement faible. Ces substances sont
moustiquaire (rUSSeLL et al., 2011 ; SOUGOUFara très stables et bioaccumulables, donnant des
et al., 2014). La moustiquaire imprégnée (au produits de dégradation encore plus stables,
même titre que la plupart des méthodes de lutte peu solubles dans l’eau, d’où des problèmes
antivectorielle) trouve également une limite d’accumulation dans les organismes et les éco-
d’utilisation contre les vecteurs exophiles et systèmes via les chaînes alimentaires. Certains
exophages, notamment ceux rencontrés dans le peuvent persister très longtemps dans les sols,
Sud-est asiatique. les tissus végétaux et les graisses ; c’est pourquoi
Une préoccupation majeure pour l’avenir est qu’il ils sont maintenant d’utilisation très encadrée.
n’existe pas de véritable moyen de prévention exemples : Dieldrine, DDt ;
qui peuvent rapidement se substituer aux – les organophosphorés : ils sont nombreux et
moustiquaires imprégnées. Malheureusement, hétérogènes. Leur point commun est un mode
des résistances des anophèles aux pyréthrinoïdes d’action sur le système nerveux par inhibition
se généralisent. de la cholinestérase, qui est bloquée sous une
forme inactive ; de ce fait, l’acétylcholine s’ac-
Aspersions domiciliaires cumule au niveau de la synapse, empêchant la
L’aspersion murale d’insecticide à l’intérieur des transmission de l’influx nerveux et entraînant la
maisons, particulièrement dans la chambre à mort de l’insecte. Ce mode d’action explique
coucher, est une autre voie majeure de lutte anti- leur notable toxicité vis-à-vis de l’Homme et des
vectorielle. Historiquement, c’est surtout un vertébrés à sang chaud. À la différence des orga-
organochloré, le DDt, qui a été utilisé. Cet nochlorés, les organophosphorés présentent une
insecticide garde une réelle efficacité et reste toxicité aiguë élevée, mais une faible rémanence.
utilisé en afrique et en asie, mais il est remplacé ils pénètrent facilement dans l’organisme des
par les pyréthrinoïdes dans les zones où la insectes par leur liposolubilité élevée.
résistance au DDt est généralisée. L’efficacité exemples : malathion, fénitrothion, chlorpyrifos,
des aspersions domiciliaires dépend fortement téméphos, etc. ;
du comportement du vecteur, et en particulier – les carbamates : ce vaste ensemble regroupe
de sa propension à entrer dans les maisons et à les dérivés de l’acide carbamique, qui agissent
y séjourner (endophilie), ainsi qu’à s’y nourrir comme les organophosphorés, en inhibant la
de sang (endophagie). cholinestérase. ils agissent le plus souvent par
contact. Sauf exception, leur rémanence est
Principaux insecticides utilisés généralement faible.
Les principales classes d’insecticide utilisées exemples : BPMC, carbaryl, propoxur, bendio-
contre les anophèles sont les suivantes : carbe, carbofuran, etc. ;
– les organochlorés : très utilisés de 1940 à 1970, – les pyréthrinoïdes de synthèse : insecticides
mais leur emploi est en très nette régression. Ce dits « de troisième génération », ils sont copiés
sont des insecticides de contact. Les organo- sur les pyrèthres naturels, en cherchant à
chlorés sont des toxiques neurotropes qui augmenter leur toxicité et leur photostabilité.
altèrent le fonctionnement des canaux sodium Dotés d’une toxicité considérable et agissant
indispensables à la transmission de l’influx par contact, ils tuent presque instantanément
nerveux. Leur spectre d’action est large. Le DDt, les insectes par effet choc neurotoxique, ce qui
par exemple, agit sur l’insecte par contact et permet de les utiliser à des doses très réduites.
ingestion, induisant un tremblement généralisé Comme les organochlorés, ils tuent l’insecte
(incoordination motrice) puis une paralysie. en bloquant le fonctionnement des canaux
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a été de 70 %. Les femelles gorgées capturées La technologie des anophèles OGM n’a pas
dans le village ont été mises à pondre et la encore été testée sur le terrain. elle relève de la
fécondité des œufs a été observée. Pendant transgenèse, visant la stérilité ou visant une
l’expérimentation, toutes les femelles sauvages modification de comportement (par exemple
d’An. gambiae ont pondu des œufs fertiles. Cet pour transformer une anthropophilie en zoophi-
échec a été imputé à une fitness réduite des mâles lie). elle relève également de la paratransgenèse
stériles par rapport aux mâles sauvages pour (en modifiant les organismes associés présents
l’insémination des femelles (DaviDSON et al., dans l’insecte) : les symbiontes des anophèles,
1970). Cet essai de lutte est l’un des tout premiers en particulier les Wolbachia, pourraient être
utilisant la technique des insectes stériles (tiS) génétiquement modifiés afin de synthétiser des
qui a été depuis abondamment mise en œuvre molécules antimalariques efficaces sur les stades
sur des insectes d’intérêt agricole ou médical du développement extrinsèque (BiaN et al.,
(DyCK et al., 2005). 2013).
il est également possible d’obtenir la stérilisation Des essais ont été réalisés à l’imperial College
des mâles en soumettant les nymphes à des radia- de Londres sur une enzyme baptisée i-Ppol qui
tions ionisantes (rayons X ou γ) qui provoquent découpe l’aDN du chromosome X durant la
des lésions chromosomiques des spermatozoïdes production des spermatozoïdes, rendant ceux-ci
et qui entraînent un défaut d’appariement des pour la plupart non fonctionnels. Une souche
chromosomes à la fécondation de l’œuf, et par d’An. gambiae ainsi modifiée produit 95 % de
conséquent l’arrêt plus ou moins précoce de mâles. Des essais en cage ont montré que la
l’embryogenèse. Un tel programme pilote est population de moustiques a été anéantie en
en cours contre An. arabiensis sous l’égide de l’espace de six générations seulement, faute de
l’iaea (International Atomic Energy Agency) femelles pour perpétuer la lignée (GaLizi et al.,
dans le nord du Soudan. 2014).
Le lâcher de moustiques mâles stériles et le D’autres essais ont été menés sur An. stephensi,
lâcher de moustiques dont le génome a été pour le rendre résistant au Plasmodium
modifié (et qui sont donc des OGM, voir « lutte (LUCKHart et al., 2013). Un gène codant pour
génétique » ci-dessous) sont deux approches une kinase du nom d’akt, impliquée dans divers
autocides (suppression des populations) non mécanismes cellulaires, dont la voie de l’immu-
exclusives l’une de l’autre ; elles peuvent être nité innée des moustiques, a vu son expression
combinées lorsque le gène modifié entraîne une amplifiée. Les moustiques hétérozygotes (avec
stérilité. une version normale du gène akt et une version
modifiée) s’infectent moins avec les Plasmodium
Lutte génétique que les moustiques sauvages (11 % contre 59 %)
et, pour ceux qui sont infectés, l’infection est
La lutte génétique désigne un ensemble de
quantitativement moindre (réduction de 96 %).
méthodes qui touchent les gènes d’une popula-
Lorsque le même test est effectué sur les mous-
tion, dans leur composition ou leur expression,
tiques homozygotes pour le gène modifié, plus
dans le but de réduire son potentiel reproducteur.
aucun Plasmodium n’y est retrouvé.
en pratique, le procédé consiste à modifier des
gènes ou à en introduire de nouveaux dans les
populations de moustiques pour les rendre
La lutte par vaccination
stériles, réfractaires au Plasmodium, incapables Beaucoup d’efforts ont été dépensés pour le
de voler, strictement zoophiles, etc. Cette lutte développement d’un vaccin contre le paludisme,
est très spécifique car elle est parfaitement et de nombreux candidats vaccins ont été testés.
neutre pour la faune non cible (MCGraW et Cependant, il n’existe pas aujourd’hui de vaccin
O’NeiLL, 2013). antipaludique disponible sur le marché.
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SPf66 fut un candidat vaccin composé par un Plasmodium. Ces essais n’ont pas dépassé jusqu’à
peptide synthétique à base d’antigène de stades présent le stade expérimental.
sanguins lié à un antigène de stade sporozoï-
tique. il a été testé dans de nombreuses zones Évaluation de la lutte
endémiques dans les années 1990, mais les L’évaluation fait partie intégrante des pro-
observations cliniques n’ont pas apporté la grammes de lutte contre le paludisme, que ce
preuve d’une protection, et ce candidat vaccin a soit des programmes conduits à large échelle,
été abandonné. visant par exemple l’élimination, ou des pro-
C’est actuellement la sous-unité rtS,S, (aussi grammes pilotes, visant par exemple à tester un
connu sous l’appelation MosquirixtM), ciblant la procédé expérimental de lutte antivectorielle
protéine circumsporozoïtique de P. falciparum, comme la combinaison de bâches imprégnées
qui est le candidat le plus avancé. Les résultats de carbamates avec des moustiquaires impré-
d’une grande étude multicentrique chez les gnées d’insecticides à longue durée d’action
nouveau-nés (6-12 semaines) recevant 3 injec- (COrBeL et al., 2012).
tions ont montré au cours des 12 mois suivants Les évaluations ne peuvent pas être menées selon
la dernière dose une bonne innocuité mais une un protocole standard : chacune doit être adap-
efficacité modérée, avec 30 % de protection tée aux objectifs et au contexte. en revanche, les
contre les accès simples et 26 % de protection indicateurs retenus sont souvent les mêmes : un
contre les accès graves. Des résultats antérieurs programme de lutte antipaludique mettant en
sur des enfants plus âgés (5-17 mois) ont été jeu un volet de lutte antivectorielle retiendra
meilleurs, avec 55 % de protection contre les souvent une évaluation entomologique (impact
accès simples et 35 % contre les accès graves, au sur la densité des vecteurs, sur leur longévité et
cours des 14 mois après la dernière dose. Ce leur infectivité ; impact sur le contact Homme-
candidat vaccin pourrait donc apporter un vecteur ; impact sur la transmission) et, le cas
complément de protection mais, si l’on prend échéant, visera une évaluation parasitologique
acte de son efficacité relativement faible, il ne (prévalence du portage des Plasmodium dans la
saurait se substituer aux mesures existantes, classe d’âge des enfants scolarisés ; mesure des
préventives, diagnostiques et thérapeutiques. densités parasitaires, présence de gamétocytes),
une évaluation clinique (nombre de cas de palu-
Selon l’OMS, plus de 20 candidats vaccins utili- disme simple et compliqué), une évaluation
sant différentes sous-unités sont actuellement immunologique (détection d’anticorps spéci-
en cours d’évaluation dans des essais cliniques ou fiques anti-parasite dans la population exposée),
en phase de développement préclinique avancé. une évaluation socio-économique (absentéisme
Ces projets incluent des vaccins bloquant la scolaire, nombre de journées de travail perdues,
transmission, visant l’arrêt du développement manque à gagner pour le PiB), voire une éva-
du parasite dans le moustique vecteur, ne luation de la mortalité (mortalité attribuée au
protégeant donc pas directement la personne paludisme, mortalité générale).
vaccinée.
Le Programme mondial de lutte antipaludique,
D’autres vaccins, dits anti-moustiques, relèvent chargé de coordonner les activités au niveau
d’un autre principe. La cible vaccinale est le mondial, définit des normes, des critères, des
moustique lui-même, par exemple ses protéines politiques et des lignes directrices visant à
de l’estomac ou des glandes salivaires. De nom- apporter une solution intégrée aux problèmes
breuses tentatives ont été réalisées en vaccinant épidémiologiques et opérationnels constatés.
des modèles expérimentaux souris ou lapins, L’évaluation des progrès réalisés dans ce
avec des succès ordinairement partiels sur la Programme représente un enjeu considérable ;
mortalité des anophèles, sur la réduction de elle est réalisée, autant que possible, de façon
leur fécondité et sur une moindre infection par indépendante.
234
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Une nouvelle voie pour évaluer l’intimité du ariey, F., Witkowski, B., amaratunga, C., Beghain, J.,
contact entre l’Homme et le moustique, encore Langlois, a.C., Khim, N., Kim, S., Duru, v., Bouchier, C.,
en phase expérimentale, est prometteuse : elle Ma, L., Lim, P., Leang, r., Duong, S., Sreng, S., Suon, S.,
utilise le caractère naturellement immunogène Chuor, C.M., Bout, D.M., Ménard, S., rogers, W.O.,
Genton, B., Fandeur, t., Miotto, O., ringwald, P.,
de la salive de moustique injectée lors de chaque
Le Bras, J., Berry, a., Barale, J.C., Fairhurst, r.M.,
piqûre et la réponse immunologique de Benoit-vical, F., Mercereau-Puijalon, O., Ménard, D.,
l’Homme. en effet, l’exposition aux piqûres et la 2014. a molecular marker of artemisinin-resistant
réponse anticorps contre la salive sont propor- Plasmodium falciparum malaria. Nature, 505 (7481) :
tionnelles. Cela a été vérifié contre de la salive 50-55.
totale, et contre le peptide synthétique gSG6-P1
assogba, B.S., Djogbénou, L., Saizonou, J., Diabaté, a.,
spécifique de la salive d’anophèle (DraMe et al.,
Dabiré, r.K., Moiroux, N., Gilles, J.r., Makoutodé, M.,
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luation de l’exposition est envisagée sous forme mating behaviour between Anopheles coluzzii and
de bandelette, utilisant une goutte de sang ; ce Anopheles melas in a sympatry area of Benin. Acta
test pourrait apporter d’utiles informations Trop., 132 Suppl : S53-S63.
épidémiologiques, et dans le meilleur des cas
awono-ambene, H.P., robert, v., 1999. Survival
des informations diagnostiques.
and emergence of immature Anopheles arabiensis
en amont de l’évaluation de la lutte, un autre type mosquitoes in market-gardener wells in Dakar,
d’évaluation concerne les aspects d’innocuité. Senegal. Parasite, 6 (2) : 179-184.
Cet aspect ne vise pas l’efficacité mais à constater
ayala, D., Costantini, C., Ose, K., Kamdem, G.C.,
l’absence de toxicité ou, plus précisément, à antonio-Nkondjio, C., agbor, J.P., awono-ambene, P.,
évaluer si le risque toxicologique est acceptable. Fontenille, D., Simard, F., 2009. Habitat suitability
Ce type d’évaluation concerne tout ce qui est and ecological niche profile of major malaria vectors
nouveau et qui n’a pas été testé précédemment ; in Cameroon. Malar. J., 8 : 307.
par exemple, une nouvelle matière active insec-
ayala, D., Ullastres, a., González, J., 2014. adaptation
ticide, une nouvelle formulation de répulsif, un
through chromosomal inversions in Anopheles. Front.
nouveau médicament, une nouvelle prescription Genet., 5 : 129.
pour un médicament ancien, un nouveau
candidat vaccin, etc. Dans ce domaine, l’OMS Baldini, F., Segata, N., Pompon, J., Marcenac, P.,
réactualise périodiquement une liste de produits robert Shaw, W., Dabiré, r.K., Diabaté, a.,
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C HAPITRE 11
Les moustiques (Culicidae) autres que les La systématique des moustiques est en perpé-
anophelinae appartiennent à la sous-famille tuelle évolution en fonction des nouvelles
des Culicinae. descriptions d’espèces, des travaux sur des
Le cycle biologique des Culicinae, comme celui groupes entiers (concernant la tribu des aedini
des anophelinae abordés au chapitre précédent, ou le genre Culex par exemple), de l’intérêt et
comprend une alternance de stades immatures du temps que peuvent y consacrer les rares
aquatiques et de stades adultes aériens à sexes systématiciens dans le monde passionnés par
différenciés. Seules les femelles sont hémato- cette sous-famille, et bien sûr des techniques
phages et responsables de la transmission disponibles d’identification de caractères (mor-
d’agents infectieux à l’homme et aux animaux : phologiques, morphométriques, génétiques,
filaires, protozoaires, bactéries et virus. Dans protéomiques, de spectres de couleur...) et
quelques genres (Toxorhynchites, Malaya) les d’analyse de cladistique (de regroupement)
femelles, comme les mâles, ne sont pas héma- (voir chap. 3).
tophages. De nombreux traits biologiques sont en août 2014, d’après les deux grandes bases
communs à tous les moustiques, anophelinae rassemblant des données sur les moustiques
et Culicinae, et, lorsque des différences existent (www.mosquitocatalog.org et http://mosquito-
entre ces sous-familles, elles sont signalées. Ce taxonomic-inventory.info/), la famille des
chapitre est subdivisé en trois parties : la Culicidae comprenait 3 539 espèces valides
première est consacrée à la systématique et à (excluant les espèces fossiles). Cette liste n’est
la biologie des Culicinae, la deuxième à leur pas figée : de nouvelles espèces sont décrites très
importance médicale et vétérinaire, et la régulièrement, d’autres espèces sont mises en
troisième à leur contrôle. synonymie, certaines espèces inféodées à des
écosystèmes fragiles disparaissent, et enfin il
CARACTÉRISTIQUES TAXONOMIQUES n’est pas exclu que, à la suite d’adaptations à de
nouveaux environnements, des espèces nouvelles
ET BIOLOGIQUES DES CULICINAE puissent apparaître.
Taxonomie et classification Selon la classification proposée par Harbach et
La famille des Culicidae comprend la sous- collaborateurs (http://mosquito-taxonomic-
famille des anophelinae (chap. 10) et la sous- inventory.info/), la sous-famille des Culicinae
famille des Culicinae qui fait l’objet de ce comprend (en août 2015) 3 061 espèces dans
chapitre. 109 genres (plus 2 genres incertains) regroupées
243
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Tableau 11.1 – Correspondance entre les genres de Culicinae selon l’ancienne et la nouvelle classification.
D’après Harbach (http://mosquito-taxonomic-inventory.info/, août 2015).
244
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au sein de 11 tribus, alors que le « Systematic suivons la classification proposée par Harbach
Catalog of Culicidae »1 regroupe (en septem- (http://mosquito-taxonomic-inventory.info/).
bre 2013) ces espèces dans 42 genres, et les Les correspondances entre les deux classifications
11 mêmes tribus (tabl. 11.1). Cette classification sont données dans le tableau 11.1.
est une évolution de la précédente classification
que l’on retrouve encore dans de nombreux Phylogénie et phylogéographie
articles et rapports. Les auteurs qui proposent il y a peu de travaux de phylogénie incluant
la nouvelle classification s’appuient sur des tous les genres ou un grand nombre de genres
arguments robustes issus d’analyses multivariées de Culicinae, ou pour le moins un nombre
incluant de très nombreux caractères, essentiel- important. Les travaux les plus importants sont
lement morphologiques. S’ils conviennent ceux de HarBaCH (2007) publiés dans Zootaxa :
eux-mêmes qu’il n’est pas aisé de décider où se The Culicidae (Diptera): a review of taxonomy,
trouve le seuil de différenciation permettant de classification and phylogeny, puis de reiNert et al.
créer un nouveau genre, ou d’en éclater un, ils (2009). Ce sont d’ailleurs ces travaux, essentielle-
remarquent, avec justesse, qu’avec l’ancienne ment réalisés sur des critères morphologiques
classification on observe parfois plus de diffé- (336 variables observées sur des œufs, larves,
rences entre deux sous-genres d’un même genre nymphes, mâles et femelles), parfois enrichis de
qu’entre genres différents d’une même tribu. données moléculaires, qui ont conduit à redéfinir
Ces changements de classification sont souvent les genres de Culicinae. Les auteurs concluent que
accompagnés de débats animés autour de l’intérêt le genre Toxorhynchites (de gros moustiques,
de passer d’une classification connue de tous et non hématophages chez les deux sexes, dont les
largement utilisée dans la littérature en médecine stades immatures sont prédateurs et vivent dans
tropicale à une nouvelle, plus complexe, a priori des phytotelmes) n’est pas monophylétique avec
accessible à un petit nombre de spécialistes, les autres Culicinae, et que si les tribus aedini,
mais reflétant probablement mieux la réalité Culicini and Sabethini sont monophylétiques,
biologique (tabl. 11.2) (WiLKerSON et al., 2015). il n’est pas encore possible de se prononcer pour
ainsi, le vecteur des virus chikungunya et dengue, les autres groupes (HarBaCH, 2007 ; reiNert et
universellement connu sous le nom d’Aedes al., 2009). D’autres travaux sur un nombre
albopictus (le moustique tigre asiatique), est important de genres incluant des variables
dénommé, dans la nouvelle classification : moléculaires n’ont pas fait sensiblement pro-
Stegomyia albopicta. Un tel changement de nom gresser nos connaissances par rapport aux
est susceptible d’entraîner une confusion chez travaux précédents (reiDeNBaCH et al., 2009).
les acteurs en charge de la lutte opérationnelle Contrairement aux travaux menés sur les
dirigée contre cette espèce. Les nouveaux genres anophelinae, les marqueurs cytogénétiques sont
comprennent eux-mêmes de très nombreux peu utilisés. L’observation des chromosomes
sous-genres. Par exemple, Harbach (au 8 décem- polytènes, à partir des cellules trophocytaires
bre 2014) considère que le genre Culex est des ovaires, des tubes de Malpighi ou des
constitué de 26 sous-genres, dont certains seront glandes salivaires des larves, est difficile et peu
probablement élevés au rang de genre dans le informative (CaMPOS et al., 2003).
futur. Dans ce chapitre, nous utilisons la plupart Les aspects phylogéographiques n’ont jamais été
du temps la classification historique, cependant abordés de manière globale chez les Culicinae.
dans la partie « Principales caractéristiques mor- en effet, dans cette sous-famille, les espèces sont
phologiques et biologiques des Culicinae », nous trop nombreuses, présentes des forêts équato-
riales jusqu’aux cercles polaires et, surtout, la
grande majorité d’entre elles est mal connue et
1. Walter reed Biosystematics Unit (WrBU),
Walter reed army institute of research, Gaffigan, difficile à échantillonner. La plupart du temps,
Wilkerson, Pecor, Stoffer and anderson. lors de la constitution de listes d’espèces par
245
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pays ou région, les auteurs indiquent les espèces les espèces entre elles, à l’exception des espèces
à distributions cosmopolites, régionales ou jumelles au sein de complexes ou groupes
locales et, lorsqu’elles sont connues, leurs affi- d’espèces.
nités géographiques. Par exemple à Madagascar, D’un point de vue pratique, il existe un très
sur les 229 espèces décrites, 60 % sont endé- grand nombre de clés de détermination des
miques (avec distribution soit très locale, soit espèces, la plupart dichotomiques (c’est-à-dire
plus large), alors que les autres espèces ont des qui offrent le choix entre deux séries de carac-
affinités soit africaines, soit asiatiques, mais tères). Ce sont les larves et les adultes (incluant
aucune étude de phylogénie n’a été entreprise à l’observation microscopique des pièces génitales
ce jour sur l’ensemble de ces espèces. des mâles) qui offrent les caractères les plus
discriminants. L’identification des œufs ou des
Détermination des espèces nymphes est plus délicate et ne s’applique qu’à
(critères de diagnose) un nombre limité d’espèces. Ces clés ont une
Identification morphologique diffusion papier ou électronique et sont infor-
matisées de manière croissante (CD rom ou
des Culicinae
logiciel dédié, type Xpert, parfois utilisable
Comme vu au chapitre 3, l’identification des en ligne2) pour permettre une identification
taxa se fait essentiellement sur des critères mor- multicritères (chap. 3). il n’existe pas encore de
phologiques, confirmés par des arguments base de données mondiale pour l’identification
génétiques, voire protéomiques, pour les études morphologique ou moléculaire.
plus récentes.
La séparation en deux sous-familles anopheli- Identification non morphologique
nae et Culicinae est simple et basée sur quelques des Culicinae
critères faciles à observer quel que soit le stade. Les chapitres 3 et 10 décrivent les techniques
Cette séparation est confirmée par des analyses d’identification des espèces et des genres basées
génétiques sur différents marqueurs (aDN sur des critères autres que morphologiques :
ribosomal, aDN mitochondrial) (reiDeNBaCH techniques moléculaires, protéomiques, basées
et al., 2009) (tabl. 11.3). sur les spectres de couleur.
Comme chez tous les moustiques, la morpho- Comme le génome des anophèles, celui des
logie externe des larves et des adultes permet en Culicinae est diploïde et structuré en trois paires
général une distinction rapide au niveau des de chromosomes (2n = 6) incluant deux paires
genres. Les caractères morphologiques permet- d’autosomes et une paire de chromosomes
tent, lorsque les descriptions ont été bien réalisées
(ce qui n’est pas toujours le cas pour des espèces 2. WrBU (Walter reed Biosystematics Unit) :
décrites avant les années 1940), de différencier http://www.wrbu.org/command_aors_MQkeys.html
246
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sexuels. Le mâle est hétérogamétique (Xy), la Le lecteur intéressé par la génomique des
femelle homogamétique (XX). Chez les Culex Culicidae consultera utilement le site vectorBase
et les aedini, les chromosomes sexuels sont (www.vectorbase.org).
homomorphes, contrairement aux anophèles
chez lesquels ils sont hétéromorphes, avec un Principales caractéristiques
chromosome y de très petite taille. des Culicinae
Chez les Culicinae, la taille du génome est très
supérieure à celle des anophèles. elle est par Morphologie
exemple de 539 millions de paires de bases Les Culicinae sont des moustiques dont la taille
(Mbp) pour Culex quinquefasciatus, 1 300 Mbp à l’état adulte est d’environ 5 mm, variant selon
pour Aedes aegypti et entre 600 et 1 600 Mpb les espèces entre 3 mm pour certains Hodgesia
pour Aedes albopictus selon les populations et 20 mm pour certains Toxorhynchites. Les
(940 Mbp pour la souche italienne Fellini). À figures 11.1 à 11.6 montrent quelques caractères
titre de comparaison, la taille du génome est morphologiques utilisés pour l’identification.
d’environ 270 Mpb pour Anopheles gambiae. Les mâles et les femelles ont un proboscis
alors que chez les anophèles il est parfois (trompe). Les palpes des mâles sont courts. Le
possible d’utiliser les patrons de « banding » des scutellum est trilobé. Les Culicinae ont des
chromosomes géants polytènes pour identifier écailles et des soies souvent de plusieurs formes
les espèces, ce n’est en général pas possible chez et couleurs, disposées selon des motifs caracté-
les Culicinae. en effet, l’observation de chromo- ristiques des genres, sous-genres et espèces, et
somes géants est beaucoup plus difficile et qui souvent permettent l’identification. Ces
moins informative que chez les anophèles. écailles et soies sont réparties sur toutes les
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Trompe (= proboscis)
Antenne PATTE
TÊTE
Palpe maxillaire
Oeil
Occiput
Lobe pronotal antérieur
Mésonotum
(scrutum)
THORAX
Aile
C
R Sc R
Scutellum M Rs R2+3 R2
CuA rm
CuP mcu M3+ M1+ R4+5 R3
4 2
Postnotum 1A M3 M1
Cu +4 M2
A
Haltère
I
II
Fémur
III
ABDOMEN IV
Tibia
VI
VII
Cerque Tarse
Tarsomère
1
2
3 4
Figure 11.1 – Morphologie schématique 5
d’un Culicinae adulte femelle (vue dorsale).
parties du corps, des adultes en particulier, y du segment viii est positionnée à l’angle infé-
compris les pattes, les ailes, les palpes, la trompe, rieur du segment chez les anophelinae, alors
les genitalia. L’abdomen des Culicidae est qu’elle est reportée au-dessus de l’angle inférieur
recouvert d’écailles. chez les Culicinae.
Les nymphes de Culicinae ressemblent aux Comme pour tous les moustiques, les larves
nymphes d’anophèles (cf. tabl. 11.3). Les trom- aquatiques ont quatre stades. Les larves de
pettes respiratoires sont en général moins évasées Culicinae ont un siphon bien visible. À ce titre,
et plus longues chez les Culicinae. La soie latérale contrairement aux anophèles qui n’ont pas de
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Soies préspiraculaires
Spiracle mésothoracique
Soies proépimérales Soies postspiraculaires
Soies prosternales Soies sternopleurales
Soies pronotales
Soies préalaires
Palpes
Balancier
(= Haltères)
Pronotum
Proépiméron
Proépisternum
Sternopleures Mésépiméron
(Mésépisternum proparte) Métépisternum
Hypopleure Métanotum
(= Méron)
Figure 11.2 – Morphologie schématique
d’un thorax d’un Culicinae adulte (vue latérale).
h
C
Sc
Alule R R
M Rs
Calypter rm R2+3 R2
supérieur CuP CuA R4+5 R3
mcu M3 M1
(= squama) +4 +2
1A M1
M
3+4 M2
Cu
A
Frange
Figure 11.3 – Aile de Culicinae.
249
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Épine du style
Gonostyle
Pulvilli
Lobe apicodorsal
Gonocoxite
Griffes Paraproctes
Filament
Claspette
Empodium
Adéage
Antenne
TÊTE
II
THORAX
III
IV
VI
VII
VIII
ABDOMEN Peigne du 8e segment
Peigne du siphon
Figure 11.6 – IX
Morphologie schématique Brosse ventrale Touffes ventales
Selle
d’une larve de Culex sp.
(vue dorsale, Papilles anales
sauf segments
abdominaux VIII et IX,
vue latérale).
250
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la biologie et la distribution des espèces dans les dans plusieurs gîtes. La morphologie des œufs
différents genres. La morphologie interne des varie d’une espèce à l’autre. Leur biologie est
moustiques (appareil digestif, appareils génitaux également très variable.
des deux sexes, système nerveux, système circu-
Les gîtes de ponte sont extrêmement variés
latoire, système excréteur, système endocrine,
selon les biotopes et les espèces. ils peuvent être
système immunitaire, système musculaire, sys-
dans de toutes petites collections d’eau au sol
tème trachéen, corps gras) a été traitée dans le
(fig. 11.8), dans des plantes (fig. 11.9), dans des
chapitre précédent sur les anophelinae, auquel
arbres, sur les bords de rivières de marécages,
il faut se reporter pour ces aspects. Les ouvrages
dans des collections d’eau créées par l’Homme
de CLeMeNtS (1992, 1999, 2012), The Biology of
(fig. 11.10), etc. (voir infra, par genres). Certains
Mosquitoes, et de SiLver (2008) Mosquito
moustiques comme les Toxorhynchites, dont
Ecology donnent de très nombreuses informa-
les larves sont carnivores, voire cannibales,
tions.
pondent un très petit nombre d’œufs dans
Cycle de vie chaque gîte.
Chez les Culicinae comme chez les Selon les genres, les œufs résistent plus ou
anophelinae, le cycle de vie comporte une moins bien à la dessiccation et aux températures
phase aquatique dite préimaginale (stades œuf, extrêmes. Les œufs d’Aedes peuvent survivre
larve, nymphe) et une phase aérienne dite ima- hors du milieu humide durant plusieurs mois,
ginale (adulte mâle et femelle). permettant aux moustiques de franchir la mau-
Même si les femelles de moustiques peuvent vaise saison. Les œufs de certains moustiques
s’accoupler avec plusieurs mâles, elles sont le de régions froides peuvent résister à des tempé-
plus souvent inséminées par un seul d’entre eux. ratures inférieures à 0 °C durant plusieurs
elles stockent les spermatozoïdes dans leurs semaines. inversement, des espèces tropicales
spermathèques pour toute leur vie (3 sperma- pondent leurs œufs dans des gîtes dont la
thèques chez la plupart des Culicinae, mais cer- température atteindra parfois plus de 50 °C.
tains Mansonia en ont deux et les Uranotaenia Les larves sont en général microphages, se
et Aedeomyia une seule). nourrissant de petites particules dans l’eau (dans
après une ovogenèse d’environ 3 jours (durée les élevages on leur fournit d’ailleurs des levures,
variable selon les espèces et la température), les ou de la poudre de daphnies). Certaines espèces
femelles pondent de 40 à 80 œufs par ponte. (Toxorhynchites sp., Lutzia sp.) se nourrissent
Cette ponte est soit unique dans un seul gîte d’autres larves de moustiques ou d’autres petits
aquatique, par exemple pour les Culex, dont la insectes aquatiques. Les larves ont un siphon
ponte forme un radeau caractéristique respiratoire qui leur permet d’accéder à l’oxy-
(fig. 11.7), soit fractionnée, comme pour Aedes gène aérien. Pour certains genres (Mansonia,
(Stegomyia) aegypti, qui peut distribuer ses œufs Coquillettidia, certains Ficalbia), les larves
prélèvent l’air dans les lacunes aérifères de tiges
de plantes aquatiques comme les Pistia. La
durée de développement des quatre stades
larvaires dépend de l’espèce, de la température
de l’eau et de la disponibilité des ressources
alimentaires. La phase larvaire dure en général
de 4 à 8 jours (3 jours pour le minimum observé
chez Ae. vittatus (= Fredwarsius vittatus), dans des
trous de rocher ensoleillés), mais peut s’étaler
Figure 11.7 – Ponte en radeau de Culex sp. sur plusieurs semaines en zone tempérée,
© irD/B. Geoffroy lorsque les températures restent basses.
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montré que, pour des conditions de tempéra- en insistant surtout sur les femelles. Nous suivons
ture comprises entre 20 °C et 30 °C, la longévité la classification proposée par Harbach auquel il
est en moyenne de 30 jours pour les femelles, et convient de se référer pour des informations
de 18 jours pour les mâles. Dans certains cas, la complémentaires (http://mosquito-taxonomic-
durée de vie des femelles en insectarium peut inventory.info/). Les correspondances avec une
atteindre plusieurs mois. La plupart des femelles classification plus ancienne sont données
sont capables de survivre au repos, sans repas tableau 11.1.
de sang, en hibernation durant les mauvaises
périodes (saison sèche ou saison froide). Tribu Aedeomyiini
La distance de vol actif des moustiques à la La tribu des aedeomyiini comprend un seul
recherche de nourriture, de gîtes de ponte ou de genre, Aedeomyia. Ce dernier ne comprend
partenaires sexuels dépend des espèces. Cette qu’un petit nombre d’espèces, toutes tropicales
dispersion est le plus souvent inférieure à 1 km. et réparties à travers les régions afrotropicale
Les Culicinae s’orientent, tout comme les (4 espèces), australasienne (1 espèce), Néo-
anophelinae, grâce à la perception de plusieurs tropicale et Orientale (1 espèce). Les Aedeomyia
types de stimuli : odeurs, températures, mouve- adultes sont de petits moustiques possédant de
ments, couleurs. Les organes sensoriels, les nombreuses écailles larges, blanches et jaunes,
sensilles, outre les yeux, sont essentiellement et en particulier sur les ailes. Les fémurs moyens
situés sur les antennes, les palpes et les pattes. et postérieurs sont assez reconnaissables car
Plusieurs cas de « migrations » passives de dotés de touffes apicales d’écailles dressées. Les
moustiques adultes transportés par le vent sur de flagellomères des antennes sont petits et épais.
grandes distances (parfois sur plusieurs dizaines Les larves possèdent des antennes épaisses,
de kilomètres) ont été signalés, bien que ce phé- courbées et plus longues que la tête. Les stades
nomène reste mal documenté (ServiCe, 1997). préimaginaux se développent dans des maré-
en revanche, le transport passif des œufs, pour cages, en bordure de fleuve ou de rivière en
les genres supportant la dessiccation, est bien présence de plantes aquatiques (Pistia, Nitella,
connu et constitue le mécanisme par lequel Myriophyllum, Azolla, Potamogeton, Utricularia,
Ae. albopictus (= St. albopicta) a récemment Spirogyra) sur lesquelles ils se fixent à l’aide de
envahi plusieurs continents (MeDLOCK et al., l’épine des antennes et du crochet du siphon
2012). respiratoire. ils peuvent rester immergés durant
La biologie de chaque espèce, voire de chaque de longues périodes et sont suspectés de pouvoir
population, dépend de son environnement au respirer à travers le tégument, et notamment par
sens large et de la manière par laquelle l’espèce l’intermédiaire de leurs antennes aplaties. Les
s’adapte aux changements. Les variables biolo- espèces du genre Aedeomyia sont réputées pour
giques définissent la capacité vectorielle (cf. piquer principalement les oiseaux (on dit qu’elles
infra). L’environnement comprend des facteurs sont ornithophiles), bien que certains spécimens
internes (parasites, symbiotes, microbiome du aient été capturés sur Homme. Des espèces
moustique), des facteurs externes physiques d’Aedeomyia seraient impliquées dans la
naturels (température, hygrométrie, pluviomé- transmission d’agents infectieux aux oiseaux
trie, ensoleillement, nature du sol...) ou anthro- (Plasmodium et arbovirus).
piques (pesticides, gîtes créés par l’Homme...) et
des facteurs biotiques naturels (couvert végétal, Tribu Aedini
présence de gîtes naturels, sources de nourri- Parmi les Culicinae, la tribu des aedini est celle
ture, prédateurs, compétiteurs...). qui, à l’heure actuelle, comporte le plus grand
Nous présentons ci-dessous quelques caractères nombre de genres (83) et d’espèces (> 1 200).
morphologiques et biologiques caractéristiques Les membres des aedini sont rapportés sur tous
des différentes tribus et des principaux genres, les continents, mais c’est dans l’ancien Monde
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et dans la région Néarctique qu’ils sont le mieux sont pourvues d’écailles étroites courbes sur le
représentés. en raison du très grand nombre vertex, de larges écailles couchées sur l’occiput,
d’espèces, il est difficile de trouver des critères et d’écailles étroites sur les lobes latéraux du
morphologiques diagnostiques communs aux scutellum. Les palpes sont très petits dans les
aedini, et c’est plutôt la conjonction de carac- deux sexes. Sur le thorax, on note l’absence de
tères qui permet le rattachement à cette tribu. soie mésépimérale et la présence d’écailles post-
Quelques-uns de ces caractères sont présentés spiraculaires. Les larves ont un siphon avec une
ci-dessous pour les genres les plus représentés. soie antéro-latérale 2a-S, en plus de la soie 1-S.
toutes les espèces du genre Aedes sont confinées
en général, les femelles possèdent un abdomen
à la région Paléarctique, excepté l’espèce type du
pointu (effilé) ainsi que des griffes tarsales
genre, Aedes cinereus, qui est présente égale-
souvent dentées. Les pulvilli sont présents bien
ment dans la région Néarctique. Sur un plan
que difficiles à observer. Les larves sont en géné-
biologique, il est à noter que les Aedes sont très
ral dotées de siphons courts et d’une seule paire
généralement univoltins (une génération par
de soies 1-S habituellement située au-delà du
an) avec une activité démarrant au printemps
milieu du siphon. Le peigne est toujours présent
lors de la fonte des neiges qui permet la mise en
sur le segment viii, et la brosse ventrale possède
eau de gîtes larvaires (mares, fossés, bords de
au moins 5 paires de soies. Sur un plan biolo-
rivière…) et l’éclosion massive d’œufs restés en
gique, là aussi la diversité est de mise. On
dormance durant l’hiver. Bien que piquant occa-
retrouve des espèces inféodées aux zones
sionnellement l’Homme, aucune des 12 espèces
tempérées, aux zones tropicales, aux zones
n’est considérée comme médicalement impor-
forestières, rurales et urbaines. Les stades lar-
tante.
vaires se développent dans un très large spectre
d’habitats allant de très importantes étendues Aedimorphus
d’eau parfois salées ou saumâtres (mangroves,
Les Aedimorphus, avec 67 espèces décrites, sont
marais et mares temporaires, flaques) à de très
identifiables par la présence d’écailles médianes
petites collections d’eau naturelles (creux de
étroites et couchées sur le vertex et d’écailles
rocher, trous d’arbre, terriers de crabe, bambous,
fourchues dressées abondantes. Le scutum a des
feuilles, plantes engainantes, coquilles d’escar-
écailles étroites, avec des soies acrosticales et
got, empreintes d’animaux…) ou anthropiques
dorsocentrales bien développées et nombreuses.
(stockage d’eau, pneus…). La majorité des
Selon les espèces, les écailles post-spiraculaires
espèces piquent exclusivement des animaux,
sont présentes, alors que les soies mésépimérales
d’autres piquent à la fois les animaux et
inférieures sont toujours absentes.
l’Homme. On retrouve parmi les aedini un
grand nombre d’espèces importantes pour La grande majorité des espèces d’Aedimorphus
la transmission de parasites (en particulier sont tropicales et sont notamment répertoriées
des filaires) et d’arbovirus. Nous détaillons dans les écozones afrotropicale (3/5e des espèces
ci-dessous quelques éléments remarquables de répertoriées), indomalaise et australasienne.
la morphologie et de la biologie des principaux Une espèce, Am. vexans, a une répartition
genres d’aedini, et en particulier de ceux qui cosmopolite. Comme pour les Aedes, les œufs
revêtent une importance médicale ou vétérinaire. sont capables de persister à l’état quiescent au
sein des gîtes larvaires durant les périodes de
Aedes sécheresse (de plusieurs mois à plusieurs
Depuis la révision des genres de Culicidae, et en années). Ces gîtes sont des collections tempo-
particulier des aedini, le genre Aedes ne compte raires ou semi-permanentes d’eau douce au sol,
plus que 12 espèces (par exemple Aedes aegypti, de nature et de taille très variables (prairies
devenu Stegomyia aegypti, est classé dans le inondables, marais, mares, empreintes d’animaux,
genre Stegomyia). Les femelles du genre Aedes ornières, puits…), dans des creux de rocher et
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d’arbre, voire dans des récipients artificiels. Bien d’arbovirus, en particulier du virus de l’encé-
que principalement zoophiles, de nombreuses phalite japonaise.
espèces sont capables de piquer l’Homme et de
Diceromyia
constituer de véritables nuisances et, plus
rarement, d’assurer la transmission d’agents Ce genre comprend seulement 14 espèces,
pathogènes à ce dernier. C’est notamment le toutes distribuées dans la région afrotropicale.
cas d’Am. vexans, qui est incriminé dans la Les adultes ont des écailles larges couchées sur
transmission de plusieurs arbovirus (encépha- le vertex. La trompe possède une bande pâle
lite équine de l’est, encéphalite japonaise, virus vers le milieu. On note la présence de motifs
de la fièvre de la vallée du rift, cf. infra). d’écailles claires sur le scutum, d’écailles larges
et claires sur les paratergites et les lobes du scu-
Armigeres tellum, et de soies mésépimérales inférieures.
Les soies acrosticales et dorsocentrales sont
Le genre Armigeres comprend 58 espèces répar- grandes et nombreuses. Les Diceromyia sont des
ties en deux sous-genres : Armigeres (40) et moustiques majoritairement adaptés aux zones
Leicesteria (18). Un caractère du genre est un de savane et aux franges forestières dont les
proboscis long, souvent incurvé vers le bas et larves se développent au sein de gîtes naturels
légèrement aplati. Les écailles sur la tête sont (creux d’arbre, aisselles de plantes et bambous)
souvent larges et plates. Les soies acrosticales, souvent en canopée. Les œufs sont durables.
dorsocentrales et pré-spiraculaires sont absentes. Certaines espèces peuvent adopter une écologie
Les soies post-spiraculaires, très importantes en anthropique et se développer dans des gîtes
systématique des aedini, sont présentes dans le artificiels en zones rurales. Ces moustiques,
sous-genre Armigeres, mais absentes dans le au comportement de piqûre crépusculaire et
sous-genre Leicesteria. Les larves n’ont pas de nocturne, et zoophile, sont considérés comme
peigne sur le siphon. Les espèces du sous-genre de redoutables vecteurs de virus zoonotiques
Armigeres sont retrouvées dans les régions comme ceux de la fièvre jaune, du chikungunya
Orientale, Paléarctique et australasienne, tandis ou de la dengue. C’est le cas notamment de
que celles du sous-genre Leicesteria sont, à une Di. furcifer (= Ae. furcifer) et Di. taylori
exception près, confinées dans la région (= Ae. taylori) qui assurent en afrique la
Orientale. Les femelles pondent leurs œufs dans transmission selvatique de ces virus de singe à
de petites collections d’eau naturelles (bambous, singe, voire du singe à l’Homme.
creux de rocher et d’arbre, coquilles d’escargot
et de fruits, feuilles…) ou artificielles, générale- Downsiomyia
ment polluées ou très chargées en matières Ce genre comprend 30 espèces, toutes forestières,
organiques. Les adultes prolifèrent en particulier principalement représentées dans la région
dans des espaces boisés (forêt, plantation…), Orientale, mais aussi dans les zones à la fron-
parfois à la périphérie des villes. Les femelles, tière entre la région Orientale et les régions
qui piquent durant la journée et au crépuscule, australasienne et Paléarctique. Les adultes ont
sont parfois agressives pour l’Homme. Par ailleurs, des écailles larges couchées sur le vertex et des
certaines espèces, en particulier Ar. subalbatus, écailles dressées sur l’occiput. On note l’absence
semblent impliquées dans la transmission de de soie acrosticale, dorsocentrale et d’écaille
filaires humaines (Wuchereria bancrofti) ou ani- post-spiraculaire. tous les lobes du scutellum
males (Brugia pahangi et Dirofilaria immitis). sont ornés d’écailles larges. Les œufs sont pon-
Le rôle des Armigeres dans la transmission de dus dans de petites collections d’eau naturelles
virus demeure mal documenté. Cependant, sur (creux d’arbre principalement mais également
la base d’isolements et d’expériences d’évalua- dans les bambous). On rapporte la présence de
tion de la compétence vectorielle, Ar. subalbatus quelques espèces dans des gîtes anthropiques,
est suspecté d’être impliqué dans la transmission notamment Do. niveoides et Do. novonivea. Bien
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Les nervures des ailes sont ornées d’écailles sont ornées d’écailles larges iridescentes sur le
larges formant des taches claires et sombres. La scutum. On note l’absence de soie acrosticale,
costa de l’aile a des taches claires. Les fémurs, dorsocentrale et pré-spiraculaire. Les soies post-
tibias et tarses ont des bandes ou taches spiraculaires sont en général absentes. Ces
d’écailles claires. Les larves possèdent aussi des moustiques sont avant tout forestiers et les œufs
caractères spécifiques décrits dans les clés de sont pondus dans des récipients le plus souvent
détermination. Les sites de développement naturels. Bien qu’ils piquent l’Homme, on ne
larvaire sont exclusivement composés de petites leur connaît aucun rôle vecteur.
collections d’eau naturelles aux aisselles de plantes
de la famille des Pandanaceae et araceae. Les Neomelaniconion
femelles piquent majoritairement durant la jour- Le genre comprend 28 espèces africaines, et une
née et certaines espèces sont agressives pour espèce supposée être présente en asie. Les adultes
l’Homme. Parmi elles, Fl. fijiensis, Fl. kochi, sont en général de couleur sombre avec des
Fl. oceanica, Fl. poicilius et Fl. samoana sont des bandes ou des taches d’écailles étroites blanchâ-
vecteurs reconnus ou suspectés de la filariose de tres ou jaunes sur le vertex et le scutum. Les
Bancroft à Fiji, Nouvelle-Bretagne, tonga, Samoa, soies mésépimérales inférieures sont présentes.
Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines. Les ailes portent des écailles étroites noires. Les
larves se développent plutôt dans des gîtes de
Haemagogus
taille moyenne à grande (zones inondables,
Le genre comprend 28 espèces appartenant à mares temporaires...). Certaines espèces sont
deux sous-genres, Conopostegus (4) et Haema- strictement forestières.
gogus (24). Ce genre strictement néotropical
comprend des espèces ornées d’écailles aux reflets Les œufs résistent longtemps à la dessiccation.
métalliques et de couleurs vives. Le scutum est Plusieurs espèces, dont Ne. mcintoshi, Ne. circum-
recouvert d’écailles argentées. il n’y a pas de soie luteolum, sont des vecteurs d’arbovirus (incluant
acrosticale, dorso-centrale, pré-scutellaire et rvFv) aux animaux, voire à l’Homme.
pré-spiraculaire. Les larves sont retrouvées dans Ochlerotatus
les creux d’arbre, les bambous coupés, au niveau
des végétaux épiphytes (broméliacées), plus Ce genre est très important, avec 197 espèces
rarement dans des mares ou les creux de rocher. décrites, partout dans le monde (avec une faible
Ces moustiques sont principalement présents représentativité en afrique et asie). Le vertex a
dans les forêts tropicales humides ou, parfois, des écailles étroites couchées et de nombreuses
dans les mangroves, bien que certaines espèces écailles fourchues dressées. Présence de soies
soient considérées comme péridomestiques. acrosticales et dorsocentrales. Le scutellum a
Certaines espèces se retrouvent dans les parcs des écailles étroites. De nombreuses espèces de
boisés en ville. Bien que principalement zoophiles ce genre se développent dans des zones d’eau
et de canopée, certaines espèces piquent très douce inondables, mais certaines espèces se
couramment l’Homme. Comme ils constituent développent en eau saumâtre et dans de plus
de bons vecteurs selvatiques d’arbovirus, le petites collections d’eau (creux de rocher, petits
contact permet le transfert de virus forestiers récipients artificiels). Les espèces de ce genre
à l’Homme (exemple de Hg. janthinomys et le peuvent être un véritable fléau par la nuisance
virus de la fièvre jaune). qu’elles occasionnent à l’Homme et aux ani-
maux dans certaines régions, en particulier en
Heizmannia zones tempérées (Oc. caspius par exemple). Le
Le genre comprend 38 espèces orientales répar- nombre de piqûres au coucher du soleil peut
ties dans les sous-genres Heizmannia (32) et être supérieur à 1 000 par heure par Homme.
Mattinglyia (6). Les adultes portent des écailles Certaines espèces sont vectrices d’arbovirus et
de couleurs vives. De nombreuses espèces de filaires.
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Encadré 11.1 –
Aedes aegypti (= Stegomyia aegypti)
Aedes aegypti (Linneaus, 1762) est une espèce d’ori-
gine africaine. elle s’identifie par la présence sur le
thorax d’une « lyre » de couleur argentée et de deux
fines lignes centrales. L’espèce présente une très
grande variabilité de son patron de coloration
abdominale, en particulier sur les sternites. Sur la
base de critères morphologiques et éco-éthologiques,
deux formes majeures d’Ae. aegypti ont été définies :
1) une forme ancestrale, Ae. ae. formosus, observée
en afrique tropicale et 2) une forme cosmotropicale,
Ae. ae. aegypti, hautement anthropophile. Cette
distinction a pu être confortée par des études géné-
tiques ainsi que par l’évaluation de leurs compétences
vectorielles respectives vis-à-vis des virus de la dengue
(FaiLLOUX et al., 2002). Aedes ae. formosus est très
rarement incriminé dans une épidémie de dengue,
Aedes (Stg.) aegypti femelle. alors qu’Ae. ae. aegypti, plus compétent pour ces
© irD/v. robert virus, en est le vecteur majeur.
Aedes aegypti est un moustique à l’origine zoophile et inféodé aux environnements forestiers
d’afrique. À la faveur de l’anthropisation des espaces forestiers et de la pratique du stockage de l’eau,
des populations se sont adaptées à l’Homme. Par la suite, l’assèchement de la zone correspondant
à l’actuel Sahara a conduit à l’isolement géographique de deux pools génétiques qui se sont peu à
peu différenciés en deux sous-espèces : au Sud, Ae. ae. formosus, au Nord Ae. ae. aegypti. La première
sous-espèce, bien qu’adaptée aux environnements anthropiques (villages, villes), a conservé son
aptitude à se développer en savane arborée. De nos jours encore, on observe des populations évo-
luant en forêt indépendamment de l’Homme et exploitant des gîtes larvaires naturels. La deuxième
est devenue exclusivement domestique et particulièrement bien adaptée à l’Homme, ce dernier
fournissant les gîtes larvaires (récipients de stockage d’eau) et une source de sang. Cette sous-espèce
s’est répandue, au gré des vagues successives de migrations humaines, à l’intérieur comme à l’extérieur
du continent africain pour envahir toute la ceinture tropicale. La première vague de cette expansion
concerne l’introduction vers le Nouveau Monde lors de la traite des esclaves dès le Xve siècle. La
deuxième, vers l’asie, aurait été favorisée par le développement du commerce maritime à partir du
Xviiie siècle. La troisième se serait déroulée à l’intérieur de l’asie puis dans le Pacifique lors de
la Seconde Guerre mondiale. On peut considérer Ae. aegypti comme une espèce invasive dont
l’expansion mondiale constitue l’un des plus beaux exemples d’expansion intercontinentale en lien
avec les activités humaines et l’intensification des trafics commerciaux. Bien que ce moustique fût
présent dans le bassin méditerranéen au début du XXe siècle, il aurait disparu du fait de la raréfaction
des gîtes de stockage d’eau et de l’épandage de Dtt lors de la lutte contre le paludisme.
en raison de sa forte domestication, les femelles d’Ae. aegypti pondent leurs œufs dans des gîtes
artificiels tels que des réservoirs d’eau, des pots de fleurs et des pneus usagés. il a été démontré que
les œufs peuvent résister à la dessiccation pendant au moins un an, permettant un maintien de
l’espèce durant les périodes sèches mais aussi son transport passif. Quant aux formes préimaginales,
Ae. aegypti s’adapte à des conditions climatiques extrêmes, notamment à des températures supé-
rieures à 40 °C. en revanche, ni les œufs, ni les larves ne peuvent résister aux températures négatives
(comme c’est le cas pour Ae. albopictus, dont les œufs rentrent en diapause à l’automne en zones
tempérées), ce qui explique que l’espèce soit principalement confinée à la zone tropicale.
259
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Du fait de son degré extrême d’adaptation à l’Homme, les formes domestiques d’Ae. aegypti pullulent
dans les environnements urbains déficitaires en adductions d’eau (ce qui favorise la pratique du
stockage d’eau) ou en gestion des déchets (ce qui favorise les gîtes larvaires potentiels, notamment en
saison des pluies). Dans ces conditions, les femelles, qui piquent quasi exclusivement l’Homme, sont
très souvent impliquées dans la transmission d’arbovirus et en particulier de la fièvre jaune (vyF),
de la dengue (vDeN), du chikungunya (vCHiK), et du zika (vziKa). elles sont très endophages
et endophiles (elles piquent et se reposent à l’intérieur des habitations), et sont actives de jour avec
deux pics d’activité, le matin et en fin d’après-midi.
La lutte contre ce moustique est similaire, dans le principe et dans les modalités, à celle mise en
œuvre contre Ae. albopictus. Néanmoins, des voies innovantes de lutte ont dû être imaginées à la
suite de l’apparition et de la généralisation de résistances aux insecticides. Parmi ces innovations,
citons l’emploi de nouveaux insecticides, y compris pour l’imprégnation de matériaux (rideaux,
couvercles de récipients de stockage d’eau), les pièges létaux (pondoirs pièges collants, imprégnés
d’insecticides), l’auto-dissémination de régulateurs de croissance et, enfin, le relâcher de moustiques
génétiquement modifiés ou de moustiques porteurs de bactéries hétérologues endosymbiotiques
(Wolbachia…).
Encadré 11.2 –
Aedes albopictus (= Stegomyia albopicta)
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Le succès de l’invasion d’Ae. albopictus est lié à la grande plasticité écologique et physiologique de
cette espèce, qui lui permet de s’adapter rapidement aux environnements nouvellement colonisés, mais
aussi aux caractéristiques des œufs. Ces derniers peuvent résister plusieurs mois à la dessiccation,
permettant ainsi leur dispersion via le transport de toute sorte de récipients vidés de leur eau. C’est
ainsi que l’espèce a pu être transportée sur de longues distances dans de nouveaux continents à
la faveur du commerce international, et notamment de celui des pneus usagés qui constituent
des sites préférentiels pour l’oviposition et le développement des larves. De plus, en climat tempéré,
les œufs peuvent opérer une dormance (diapause induite à l’automne par des variations de la
photopériode) qui leur confère une résistance aux températures hivernales et permet un maintien
des populations jusqu’au printemps suivant.
Aedes albopictus est une espèce généraliste car capable de coloniser des gîtes larvaires naturels (creux
de rocher, trous d’arbre, bambous…) et anthropiques (vases, fûts, pneus, regards d’eau pluviale
[cf. fig. 11.10]…). elle est généraliste car capable de piquer de nombreux hôtes animaux en l’absence
de l’Homme. Ces caractéristiques lui permettent donc de coloniser des environnements selvatiques
et anthropiques. Dans ces derniers, elle peut pulluler et jouer un rôle de vecteur majeur, notamment
d’arbovirus épidémiques (virus de la dengue, vDeN, du chikungunya, vCHiK, et du zika, vziKa).
Ses préférences trophiques opportunistes en font par ailleurs un potentiel « bridge vector » capable
d’assurer le transfert d’agents infectieux des animaux (sauvages ou domestiques) à l’Homme. Aedes
albopictus partage une niche écologique similaire à celle d’Ae. aegypti (encadré 11.1), aussi lorsque
les deux espèces se retrouvent en sympatrie, elles entretiennent des interactions compétitives. en
amérique du Nord et du Sud, en afrique centrale et dans la région de l’océan indien, Ae. albopictus
présente une aptitude compétitive supérieure qui le favorise vis-à-vis d’Ae. aegypti. en asie du Sud-est,
la situation inverse est pour le moment observée. L’analyse du génome d’Ae. albopictus, dont une
première version a été publiée en 2015, devrait permettre de mettre en lumière les mécanismes qui
sous-tendent le succès invasif de l’espèce.
La lutte contre Ae. albopictus repose essentiellement sur la destruction ou la protection (pour les
rendre inaccessible aux femelles gravides) des petits gîtes exploités pour l’oviposition et le dévelop-
pement larvaire. On peut aussi, lorsque les gîtes ne peuvent pas être vidés de leur eau, utiliser des
prédateurs (poisson ou copépodes larvivores) ou des larvicides (Bacillus thuringiensis, téméphos,
pyriproxifène…). en cas de transmission de virus, une lutte adulticide peut être déployée en
complément de la lutte larvicide, au moyen de pulvérisation de pyréthrinoïdes à chaud ou à froid.
il faut noter que certaines populations d’Ae. albopictus sont résistantes aux pyréthrinoïdes.
est nue. Les appareils génitaux mâle et femelle tailles, couleurs, distributions et caractères
sont très développés. La biologie des Verralina morphologiques très variés. Les adultes sont
est mal documentée. Les larves se développent dépourvus de soies pré- et post-spiraculaires (à
dans des gîtes aquatiques temporaires. Certaines deux exceptions près). L’extrémité des tarses des
espèces ont été trouvées dans des creux d’arbre. femelles est pourvue de pulvilli, mais ce carac-
Plusieurs espèces piquent l’Homme, mais leur tère est parfois difficilement observable. Les
rôle vectoriel est mal connu. genitalia des mâles sont souvent morphologi-
quement complexes et sont souvent utilisés pour
Tribu Culicini la diagnose d’espèce. La taxonomie de ce groupe
La tribu des Culicini représente le deuxième est destinée à évoluer. De nombreuses espèces
plus gros groupe des Culicinae, avec près de sont mal décrites et mal positionnées. De nom-
800 espèces décrites (principalement dans le breux complexes d’espèces existent, mais ils
genre Culex). Les espèces de Culicini ont des demeurent mal étudiés.
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de feuilles engainantes. Les larves de plusieurs dissymétriques larges et colorées blanc et marron
espèces respirent à travers la tige de plantes. sur les ailes des adultes. Les soies post-spiracu-
Les femelles piquent de nuit plusieurs espèces laires sont présentes. Les larves et nymphes sont
d’animaux, parfois l’Homme. Des arbovirus ont fixées à certaines plantes aquatiques (Pistia stra-
été isolés d’espèces de ce genre. tiotes notamment). Certaines espèces, en général
exophiles, sont très agressives pour l’Homme
Tribu Hodgesiini et des animaux comme les bovidés. Ce genre
Hodgesia comporte des espèces vectrices d’arbovirus et de
filaires tant humaines (W. bancrofti, B. malayi),
Ce petit genre de 11 espèces est présent dans le
qu’animales (Setaria sp.).
seul ancien Monde (afrique, asie, australasie).
Les espèces de ce genre sont de très petits mous- Tribu Orthopodomyiini
tiques. Les écailles dorsales de la moitié distale
de l’aile sont allongées et fourchues. Leur biologie Orthopodomyia
est très mal connue. Les larves se développent Ce genre comporte 36 espèces réparties sur tous
dans des marécages et des mares herbacées. les continents. Les adultes sont caractérisés par
Les préférences trophiques des femelles sont des marques contrastées d’écailles sombres,
mal connues, ainsi que leur potentiel dans la blanches, argentées ou dorées, sur le thorax, les
transmission d’agents infectieux. pattes et les ailes. Le tarsomère 1 des pattes
antérieures et médianes est plus long que les
Tribu Mansoniini tarsomères 2 à 5 réunis. Le tarsomère 4 est
plus petit que le tarsomère 5. Les larves se déve-
Cette tribu comporte seulement deux genres,
loppent dans les creux d’arbre ou les tiges de
Coquillettidia et Mansonia. Les larves possèdent
bambou cassées et, plus rarement, dans des gîtes
un siphon morphologiquement adapté afin de
artificiels. Les adultes sont ornithophiles et
respirer l’air dans les tiges de plantes aquatiques.
certains sont suspectés de transmettre des
Chez les adultes, à la différence des aedini, les
arbovirus parmi les populations d’oiseaux en
griffes des tarses sont simples et l’abdomen est
amérique. Ces moustiques sont plutôt nocturnes.
tronqué.
Quelques espèces peuvent piquer l’Homme.
Coquillettidia il n’y a pas de preuve d’un intérêt médical ou
Ce genre de 57 espèces est présent dans le vétérinaire.
monde entier, mais il est particulièrement bien
représenté en afrique. Les larves, de même que Tribu Sabethini
les nymphes, se développent dans des mares, avec plus de 400 espèces différentes dans
lacs, bords de rivière, zones inondées peu 14 genres, les espèces de la tribu des Sabethini
profondes, attachées par leur siphon aux tiges sont difficiles à caractériser. Les soies ou écailles
et racines de plantes aquatiques. Les adultes pré-spiraculaires sont en général présentes, et
sont souvent des moustiques brun-jaune. en on observe des spots de soies ou d’écailles sur le
général, les soies post-spiraculaires sont pré- mésopostnotum.
sentes. Certaines espèces piquent l’Homme,
certaines sont nocturnes, d’autres diurnes.
Limatus
Quelques espèces ont été trouvées infectées par Ce genre de 7 espèces forestières intertropicales
des arbovirus. américaines, dont les larves se développent
dans de petites collections d’eau (creux d’arbre,
Mansonia bambous coupés, feuilles au sol…), ne semble
Les 25 espèces de ce genre néotropical, afrotro- pas avoir une grande importance médicale ou
pical, oriental et australien sont des moustiques vétérinaire. Certaines espèces peuvent piquer
souvent trapus, possédant en général des écailles l’Homme.
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Les larves ont un régime carnivore, voire can- la nervure alaire 1a rejoint la marge postérieure
nibale. Leur puissant appareil buccal est adapté de l’aile avant l’intersection de la nervure
à la prédation. elles portent de larges plaques médiocubitale (Cua x M3+4). Les femelles ont
sclérotinisées. il n’y a pas de peigne sur le une seule spermathèque. Les larves se dévelop-
siphon et le 8e segment des larves. Les femelles pent dans des mares, marécages, bords de
de Toxorhynchites pondent en vol quelques œufs rivière, creux de rocher, trous d’arbre, aisselles
dans des phytotelmes forestiers, en particulier de feuilles, urnes de Nepenthes, parfois même
creux d’arbre, tiges de bambou et feuilles engai- dans des récipients artificiels. Les adultes
nantes. Du fait de leur régime non hématophage, semblent piquer des oiseaux, des reptiles et des
ces moustiques n’ont aucun rôle vecteur. ils ont batraciens. Quelques espèces peuvent piquer
cependant longtemps été utilisés en arbovirologie l’Homme. On ne reconnaît pas à ce genre de
pour la réplication puis l’isolement de virus rôle médical.
après une inoculation intra-thoracique.
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pour l’Homme et les animaux. Leur impact un rôle essentiel. Néanmoins, la compétence
économique sur la production animale est vectorielle n’est pas seulement la résultante des
considérable. Le cycle de transmission de ces effets additifs dus aux génotypes du vecteur et
agents pathogènes reste intimement dépendant de l’agent pathogène, mais dépend également
des relations qui lient l’agent pathogène, son des interactions entre les deux génotypes
hôte invertébré (le vecteur) et son hôte vertébré. (FaNSiri et al., 2013).
Chaque composante de ce système vectoriel est
modelée par des facteurs environnementaux et Capacité vectorielle
par des facteurs intrinsèques, parmi lesquels les La capacité vectorielle, quant à elle, permet de
mécanismes moléculaires et génétiques contrô- quantifier l’efficacité du vecteur à transmettre
lant la capacité des moustiques à transmettre un agent pathogène en conditions naturelles.
un agent pathogène, connue sous le terme de elle dépend à la fois de facteurs intrinsèques et
compétence vectorielle (KraMer et eBeL, 2003), extrinsèques qui agissent sur la dynamique du
elle-même prise en compte dans la notion de cycle de transmission agent pathogène-vecteur
capacité vectorielle. -hôte vertébré (fig. 11.16). Parmi les paramètres
intrinsèques, on peut citer la compétence vec-
Compétence vectorielle torielle, la longévité des femelles, les préférences
La compétence vectorielle correspond à l’aptitude trophiques et la fréquence des repas sanguins.
du vecteur à s’infecter, à assurer la multiplica- Les facteurs extrinsèques englobent la disponi-
tion (et/ou le développement) et à transmettre bilité de l’hôte vertébré et son état immunitaire,
l’agent pathogène (HarDy et al., 1983). elle est ainsi que l’abondance de vecteurs. Cette dernière
la résultante de facteurs intrinsèques d’origine est très liée à la température et à la pluviosité ou,
génétique qui contrôlent la réceptivité du mous- en d’autres termes, à la saison. Une modélisation
tique pour l’agent pathogène et de facteurs mathématique a été proposée pour quantifier la
extrinsèques dont la température qui jouent sur capacité vectorielle (Garrett-JONeS et GraB,
les facteurs intrinsèques. La température peut 1964).
agir également sur les facteurs intrinsèques en
affectant la physiologie du vecteur et, par voie de ma2bpn
C = ––––––––
conséquence, la multiplication et/ou le dévelop- ln(p)
pement de l’agent pathogène et, probablement,
l’expression des facteurs génétiques qui contrôlent m : la densité de vecteurs par rapport à l’hôte
la compétence vectorielle. vertébré
La compétence vectorielle tient compte du a : la probabilité journalière qu’un vecteur
génotype du vecteur, du génotype de l’agent pique l’hôte
pathogène et de leurs interactions. Le rôle du b : la proportion de vecteurs infectés
génotype du vecteur dans ces variations a été p : la probabilité journalière de survie du vec-
prouvé dans de multiples études. Néanmoins, teur
les mécanismes génétiques qui sous-tendent ces
n : la durée de la période d’incubation extrin-
différences restent très peu connus. il semblerait
sèque
que la réceptivité du moustique au virus de la
dengue (vDeN) soit sous le contrôle d’un ou 1/-ln(p) : la probabilité de survie du vecteur au-
plusieurs gènes. ainsi, deux QtL (Quantitative delà de la période d’incubation extrinsèque
Trait Loci) localisés sur les chromosomes ii et iii On note que la durée de la période d’incubation
du moustique Ae. aegypti (= Stegomyia aegypti) extrinsèque (n) joue un rôle significatif dans
auraient un rôle dans l’infection de l’épithélium la capacité vectorielle ; quand (n) augmente,
digestif par le vDeN-2 (B OSiO et al., 2000). Le C diminue, donc l’agent pathogène aura moins
génotype de l’agent pathogène joue également de chance d’être transmis.
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Capacité vectorielle
Facteurs extrinsèques Facteurs intrinsèques
• Abondance des vecteurs • Longévité des vecteurs
• Disponibilité de l’hôte vertébré • Préférences trophiques
• État immunitaire de l’hôte vertébré • Fréquence des repas
• Température
• Compétence vectorielle
• Pluviosité
Facteurs intrinsèques
– Génotype du virus
– Génotype du vecteur
– Interactions génotype/génotype
Facteurs extrinsèques
– Dose virale
– Température
Figure 11.16 – Les différents facteurs composant la capacité vectorielle et la compétence vectorielle.
Figure 11.17 – Les différentes étapes du développement d’un arbovirus dans le moustique vecteur.
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et organes (le tissu nerveux, le corps gras, les Comme la plupart des virus à arN, les arbovirus
organes reproducteurs, les glandes salivaires) ; ont une fréquence de mutation de l’ordre de 10-3
5) infection des glandes salivaires ; et 6) libération à 10-5 mutations/nucléotide/cycle de réplication,
du virus par la salive émise par la femelle lors ce qui correspond à un taux élevé de mutation.
de la piqûre. Le maintien de ce taux est dû au fait que l’arN
polymérase arN dépendante (rdrp) ne pos-
La virémie développée chez l’hôte vertébré suite
sède pas d’activité 3’ exonucléase corrigeant les
à l’infection par la piqûre du moustique infecté
mésappariements lors de la réplication du
conduit à l’infection de nouveaux moustiques
génome. À cela s’ajoute le niveau élevé et rapide
compétents prenant un repas de sang infectieux
de la réplication des arbovirus. Néanmoins,
sur cet hôte virémique. L’infection virale est en
malgré une fréquence de mutation importante, le
général persistante chez la femelle de moustique
taux d’évolution des arbovirus est en général en
qui, dès lors, est capable d’infecter un hôte verté-
dessous des taux observés pour des virus à arN
bré lors de chaque piqûre. Le temps qui s’écoule
infectant un seul hôte. il a donc été suggéré que
entre l’ingestion du repas infectieux et le moment
l’évolution des arbovirus était contrainte par
où le moustique devient apte à transmettre le
l’alternance d’hôtes, entre un vertébré et un
virus qui est détecté dans la salive correspond à
invertébré. ainsi ne seraient conservées que les
la période d’incubation extrinsèque.
mutations qui permettent une réplication dans
les deux hôtes (DOMiNGO et HOLLaND, 1997).
Évolution et adaptation Les arbovirus existent sous forme d’un spectre de
des arbovirus mutants chez le vecteur et chez l’hôte vertébré.
Sources de variabilité génétique des arbovirus il semblerait qu’une réduction de la diversité
À l’exception du virus de la peste porcine génétique aurait comme conséquence une
africaine, qui est le seul arbovirus à aDN réduction de l’infection et de la dissémination
(asfarviridae : Asfarvirus), tous les arbovirus virale chez le vecteur.
possèdent un génome à arN et appartiennent Un autre mécanisme pouvant être à l’origine de
à une des 6 familles suivantes : Flaviviridae la variabilité génétique correspond aux remanie-
(3 genres incluant les Flavivirus), togaviridae ments du matériel génétique : les recombinaisons
(2 genres dont les Alphavirus), Bunyaviridae ou les réassortiments entre les génomes de deux
(5 genres dont les Orthobunyavirus, les Bunyavirus, arbovirus de même famille ou, plus rarement,
les Phlebovirus, les Nairovirus), reoviridae de familles différentes (exemple du virus de
(9 genres dont les Orbivirus), rhabdoviridae l’encéphalite équine de l’Ouest qui serait un
(6 genres dont les Vesiculovirus) et Orthomyxo- recombinant entre le virus Sindbis et le virus de
viridae (4 genres dont les Thogotovirus). Les l’encéphalite équine de l’est). Pour que la recom-
Flaviviridae et togaviridae ont un génome binaison ou le réassortiment entre deux génomes
composé d’une molécule d’arN simple brin de puisse avoir lieu, il faut que deux arbovirus
polarité positive, alors que les rhabdoviridae homologues ou hétérologues puissent se retrouver
possèdent un simple brin d’arN de polarité simultanément dans le même hôte.
négative. Les autres arbovirus ont un génome
composé de plusieurs segments : 3 arN simple Adaptation des arbovirus
brin de polarité négative pour les Bunyaviridae, à de nouveaux vecteurs
10 segments d’arN double brin de polarité La capacité des virus à arN à émerger fréquem-
positive pour les reoviridae, 6 arN simple brin ment reflète leur aptitude à explorer des envi-
de polarité négative pour les Orthomyxoviridae. ronnements nouveaux et de nouveaux hôtes. La
Les arbovirus transmis par les moustiques distribution en quasi-espèces des arbovirus leur
appartiennent principalement aux familles des confère un avantage adaptatif avec la sélection
Flaviviridae, togaviridae et Bunyaviridae. de variants préexistants dans la population virale.
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Les arbovirus sont capables d’infecter une large Les arbovirus tels que la dengue, la fièvre jaune,
gamme d’hôtes vertébrés et invertébrés. Par le chikungunya ont réussi à exploiter l’environ-
exemple, le virus West Nile (vWN) infecte plus nement humain en tirant profit de la forte
de 60 espèces de moustiques et 360 espèces anthropophilie des vecteurs. Aedes aegypti
d’oiseaux différents (KraMer et al., 2008), alors (= St. aegypti) est un moustique parfaitement
que le virus de la dengue (vDeN) infecte prin- adapté à l’environnement domestique, prenant
cipalement l’Homme et est transmis essentiel- des repas sanguins essentiellement sur l’Homme
lement par le moustique Ae. aegypti (vaSiLaKiS et se développant dans des gîtes larvaires créés par
et Weaver, 2008). celui-ci. Le tableau 11.4 présente les principaux
ainsi, les quatre sérotypes responsables de la arbovirus d’intérêt humain ou vétérinaire.
dengue urbaine ont divergé indépendamment à Concernant les noms d’espèces de vecteurs,
partir de souches ancestrales d’origine selvatique nous donnons les noms sous les deux classifica-
qui se sont adaptées à une transmission par des tions, afin que le lecteur puisse s’y retrouver
moustiques péri-domestiques capables de piquer dans les articles et documents déjà publiés. Le
l’Homme. Un autre exemple emblématique tableau 11.1 présente la correspondance des
concerne le vWN qui, à la suite de son intro- genres.
duction à New-york en 1999, s’est étendu à tout
le continent nord-américain du fait de quelques Les arbovirus de la famille
changements du génome viral qui ont été asso- des Flaviviridae
ciés à une meilleure compétence vectorielle de
La dengue
Cx. pipiens et Cx. tarsalis, deux espèces vectrices
en amérique du Nord. Quant aux Alphavirus, Importance médicale
citons l’exemple du virus chikungunya, qui La plus importante des arboviroses en termes
s’est adapté à une transmission par un vecteur de santé publique est la dengue, qui est une
inhabituel, Ae. albopictus (= St. albopicta) grâce maladie principalement humaine. Le virus de la
à une substitution d’un acide aminé dans une dengue (vDeN) appartient au genre Flavivirus
glycoprotéine de l’enveloppe virale (tSetSarKiN et possède un génome formé d’un simple brin
et al., 2007 ; vazeiLLe et al., 2007). arN de polarité positive d’une longueur de
11 kb. Quatre sérotypes principaux (vDeN-1 à
Cycle de transmission vDeN-4) sont décrits, chacun se subdivisant en
des principaux arbovirus cinq génotypes à l’exception du vDeN-4 qui en
La majorité des arbovirus circulent originellement comprend quatre. L’immunité acquise à la suite
dans un cycle enzootique faisant intervenir des de l’infection par l’un des sérotypes confère une
animaux sauvages, l’Homme et les animaux immunité protectrice contre le sérotype infectant
domestiques n’étant que des hôtes accidentels mais pas contre les autres sérotypes (vaSiLaKiS
(fig. 11.18). L’émergence correspond à la mise en et Weaver, 2008).
contact du cycle enzootique avec l’Homme et les Les tableaux cliniques liés à la dengue sont varia-
animaux domestiques, ou à une amplification bles : forme asymptomatique, forme classique
exacerbée du virus enzootique à la suite de (DF pour « dengue fever ») se manifestant après
changements environnementaux favorables à la 5-8 jours d’incubation par une forte fièvre, des
pullulation des vecteurs. Les préférences tro- céphalées, des myalgies, qui peut aboutir au bout
phiques des vecteurs jouent également un rôle de 3-4 jours à une rémission transitoire suivie
primordial dans l’émergence des arbovirus ; en d’une immunité spécifique envers le sérotype
effet, les vecteurs à large spectre trophique inter- viral en cause, et enfin dengue hémorragique
viennent comme vecteur relais en facilitant la (DHF pour « dengue hemorragic fever ») se
transmission entre deux hôtes vertébrés d’espèces présentant comme une infection aiguë fébrile,
différentes (bridge vector, encadrés 11.2 et 11.3). parfois accompagnée d’un syndrome de choc
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hypovolémique pouvant conduire au décès coïncider avec les dégradations infligées à l’en-
du malade. On estime l’incidence annuelle à vironnement urbain (urbanisation rapide et non
50-100 millions de cas avec un taux de mortalité planifiée des villes en voie de développement)
pouvant atteindre 2,5 % des cas cliniques. qui favorisent la multiplication des gîtes poten-
tiels, et donc la pullulation des vecteurs. L’asie
La dengue sévit principalement dans la région du Sud-est est ainsi devenue le foyer majeur des
intertropicale, y compris dans les communautés vDeN, avec une co-circulation des quatre séro-
et régions tropicales françaises. alors que la types décrivant une situation d’hyperendémi-
dengue classique survient dans presque toute cité. Les premières descriptions de DHF ont été
l’aire de distribution du vecteur d’écologie réalisées aux Philippines en 1953-1954. en
urbaine Ae. aegypti, la dengue hémorragique afrique, les épidémies de dengue sont essentiel-
semble, quant à elle, plus fréquente en asie du lement cantonnées à l’afrique de l’est (le Kenya,
Sud-est et en amérique tropicale. La situation le Mozambique). Des cas autochtones, impli-
de la dengue tend aujourd’hui à s’aggraver dans quant Ae. albopictus comme vecteur, ont été
ces parties du monde, avec un taux de mortalité observés en France métropolitaine en 2014 et
en nette augmentation. Cette situation semble 2015.
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Bien que la plupart des infections soient dues sont rapportés. Les souches d’afrique de l’Ouest
à des souches de vDeN ne s’amplifiant que sont phylogénétiquement plus proches de celles
chez l’Homme, à la fois hôte réservoir et hôte d’amérique du Sud qu’elles ne le sont de celles
amplificateur, les formes ancestrales des vDeN d’afrique de l’est ou du Centre, ce qui suggère
circulaient et circulent encore aujourd’hui au que les souches sud-américaines ont évolué à
sein de cycles forestiers entre populations de partir des souches ouest-africaines. en afrique
primates non humains et des moustiques de de l’Ouest, il semblerait que le génotype i
canopée peu anthropophiles. Ces cycles, dits serait responsable d’épidémies très meurtrières
selvatiques, sont décrits en asie, où Aedes niveus malgré la très faible compétence vectorielle du
(= Downsiomyia nivea) est considéré comme le vecteur Ae. aegypti. Ce vecteur serait capable de
principal vecteur, et en afrique (uniquement sélectionner des souches virales plus virulentes,
pour la vDeN-2), où les vecteurs Aedes taylori capables d’induire une forte virémie chez
(= Diceromyia taylori), Aedes furcifer (= Di. fur- l’Homme.
cifer), et Aedes luteocephalus (= St. luteocephala) Cliniquement, la fièvre jaune débute par une
sont impliqués. fièvre, des douleurs musculaires, des maux de
Principaux vecteurs tête suivis par une rémission transitoire. Les
Aedes aegypti (cf. encadré 11.1) et Ae. albopictus symptômes peuvent alors évoluer vers des
(cf. encadré 11.2) sont les deux principaux vec- formes graves avec survenue d’un syndrome
teurs à l’Homme, en raison de leur compétence, hémorragique avec vomissement de sang et
de leur comportement et de leur distribution développement d’un ictère et de troubles
géographique. rénaux. La mort survient dans 50 % à 80 %
des cas cliniques. Chaque année, environ
Dans des régions où Ae. aegypti est absent ou peu
200 000 cas humains sont recensés, dont 90 %
fréquent, Ae. albopictus joue le rôle de vecteur
en afrique où l’aire de répartition de la fièvre
majeur des vDeN. il était impliqué dans des
jaune s’étend de la latitude 15° nord à la latitude
épidémies dans les années 1970 aux Seychelles
15° sud. Cette région regroupe 34 pays africains
et à la réunion, et, dans les années 2000, à
où 500 millions d’habitants sont exposés. Depuis
Macao et à Hawaï.
20 ans, au moins une épidémie est rapportée
D’autres vecteurs appartenant au sous-genre chaque année dans cette région, alors que l’on
Stegomyia (classification ancienne) peuvent être dispose d’un vaccin sûr et efficace, le vaccin 17D
impliqués localement dans la transmission de la mis au point en 1937. Malgré divers progrès
dengue : Ae. polynesiensis (= St. polynesiensis), en lutte antivectorielle et une extension de la
Ae. cooki (= St. cooki), Ae. hebrideus (= St. couverture vaccinale, la fièvre jaune demeure
hebridea), Ae. pseudoscutellaris (= St. pseudos- un problème de santé publique en afrique
cutellaris), dans les îles du Pacifique Sud. subsaharienne et, dans une moindre mesure, en
La fièvre jaune amérique du Sud.
Importance médicale en afrique, trois cycles de transmission ont été
Le virus de la fièvre jaune (vFJ) est le prototype décrits, chacun survenant dans un écosystème
du genre Flavivirus. il a été isolé pour la première différent et faisant intervenir des espèces vec-
fois en afrique de l’Ouest en 1927. Son génome trices différentes : 1) tout d’abord, un cycle
est composé d’une molécule d’arN simple brin forestier (dit d’endémicité) où le virus est
de polarité positive d’environ 11 kb. À ce jour, transmis entre des primates non humains et des
on a décrit sept génotypes de vFJ se différenciant moustiques zoophiles tels que Aedes africanus
par au plus 9 % de nucléotides. en afrique, cinq (= St. africana) ; 2) un cycle intermédiaire rural
génotypes ont été répertoriés : ouest-africain i, (dit d’émergence) faisant appel à des moustiques
ouest-africain ii, angola, est-africain et est- anthropo-simiophiles tels que Aedes luteocephalus,
centre-africain. en amérique, deux génotypes Aedes furcifer, Aedes metallicus (= St. metallica),
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Aedes opok (= St. opok), Aedes taylori, Aedes Ae. aegypti a été impliqué dans la transmission
vittatus (= Fredwardsius vittatus) et des membres de la fièvre jaune urbaine en afrique de l’Ouest,
du complexe Ae. simpsoni (= St. simpsoni) ; alors qu’il ne l’est pas en afrique de l’est et du
enfin 3) un cycle urbain (dit d’épidémicité) Centre où des moustiques du complexe
qui décrit une transmission principalement Ae. simpsoni sont plutôt incriminés. Le principal
interhumaine assurée par le moustique urbain vecteur forestier en afrique est Ae. africanus,
et anthropophile Ae. aegypti, chez lequel la qui assure en forêt la transmission de la fièvre
transmission verticale du virus de la femelle à jaune à l’Homme.
sa descendance a été démontrée (Barrett et
Aedes aegypti est un moustique d’origine africaine
HiGGS, 2007).
pour lequel deux formes (Ae. aegypti formosus
Sur le continent américain, les premières épidé- et Ae. aegypti aegypti) présentant des variations
mies de fièvre jaune ont été observées au morphologiques et bioécologiques ont été décrites
Xviie siècle. L’une des plus redoutables date de (se reporter à l’encadré 11.1 pour plus de détails).
1802. La vaste région que constitue le golfe du Aedes africanus est un moustique essentiellement
Mexique joue le rôle de réservoir du vFJ à partir forestier et confiné à l’afrique subsaharienne. Ses
duquel des bateaux « infectés » diffusaient la stades préimaginaux colonisent aussi bien les
fièvre jaune en amérique du Nord et même en gîtes d’origine naturelle (creux d’arbre, trous de
europe. aux États-Unis, la fièvre jaune sévit roche, bambous coupés…) que les gîtes artificiels
dans la plupart des grandes villes. au début du (vases, pots…). Les adultes sont anthropophiles,
XXe siècle, devant l’ampleur du désastre, la piquant à la fois au sol et en canopée. L’espèce est
fondation rockefeller puis la Pan american considérée comme le vecteur majeur forestier
Health Organisation (PaHO) s’employèrent à du vFJ en afrique tropicale.
contrôler la maladie et parvinrent à l’élimina-
tion d’Ae. aegypti dans une grande partie de Aedes simpsoni appartient à un complexe
l’amérique tropicale. Depuis 1942, le cycle d’espèces (avec Ae. bromeliae and Ae. lilii). C’est
urbain de la fièvre jaune n’est plus décrit en une espèce de moustique endémique à l’afrique
amérique tropicale. Dans les forêts denses de du Sud et de l’est. Les larves prolifèrent dans des
l’amazonie, le virus circule au sein d’un cycle contenants artificiels et naturels en milieu
selvatique, à l’instar de celui persistant dans les domestique. il a été considéré comme vecteur
forêts africaines, qui fonctionne selon un mode du vFJ en afrique de l’est, mais le vecteur est
endémo-enzootique. À la différence des singes plus probablement Ae. bromeliae.
africains (cercopithèque, colobes, babouins…), Aedes furcifer et Ae. taylori sont présents en
les singes américains peuvent mourir de l’infec- afrique australe et intertropicale. Ces deux
tion par le vFJ. L’Homme peut occasionnellement espèces vivent dans les forêts et galeries fores-
contracter le virus par contact avec les vecteurs tières tropicales et sont impliquées dans la
selvatiques du genre Haemagogus. Depuis les transmission du vFJ du singe à l’Homme. elles
années 1970, du fait de l’interruption du contrôle peuvent être également vectrices des vziKa,
d’Ae. aegypti, une réintroduction massive de vCHiK, vDeN-2.
cette espèce crée de nouveau une situation
très préoccupante faisant craindre le retour Aedes luteocephalus est présent dans les forêts
d’épidémies urbaines en amérique du Sud. et les galeries forestières d’afrique. L’espèce est
vectrice de la fièvre jaune en afrique centrale et
Principaux vecteurs de l’Ouest. elle peut également transmettre les
vziKa, vCHiK, vDeN-2.
en afrique, les moustiques vecteurs, dans les
villages et en ville, sont Ae. aegypti, des Aedes en amérique du Sud, les moustiques du genre
du complexe simpsoni, Ae. furcifer, Ae. taylori et Haemagogus et Sabethes sont les principaux
Ae. luteocephalus, Ae. africanus. Le moustique vecteurs selvatiques de la fièvre jaune. Ce sont
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des moustiques de canopée, où les femelles 20 %, est décrite en afrique subsaharienne.
pondent leurs œufs dans les creux d’arbre, des Plus globalement, le vWN peut être classé en
bambous coupés et à l’aisselle de feuilles. sept lignées distinctes dont les séquences
Haemagogus janthinomys est présent en nucléotidiques peuvent présenter jusqu’à 25 %
amérique centrale et au nord de l’amérique de divergence.
du Sud, en forêt et jusque dans des parcs boisés Ce virus infecte principalement les oiseaux qui
des villes. L’espèce peut également transmettre sont des hôtes amplificateurs, mais peut égale-
les virus Mayaro et ilhéus. ment infecter des hôtes accidentels tels que les
Sabethes chloropterus est présent en amérique chevaux et d’autres animaux domestiques. Ces
centrale et du Sud. Les adultes pondent des œufs hôtes accidentels constituent des impasses, car ils
dans des trous d’arbre à petite ouverture. sont incapables d’infecter de nouveaux vecteurs.
L’espèce est présente tout au long de l’année Chez l’Homme, qui constitue également un hôte
avec des pics de densité pendant la saison des accidentel, 80 % des cas sont asymptomatiques.
pluies. À la différence des Haemagogus, les œufs Pour les cas symptomatiques, l’infection donne
des Sabethes ne résistent pas à la dessiccation. lieu à une maladie se caractérisant par une forte
fièvre, des maux de tête, des douleurs muscu-
Aedes albopictus (cf. encadré 11.2), d’origine
laires, une éruption cutanée, des nausées, des
asiatique, a été détecté aux États-Unis en 1985
diarrhées. Des complications neurologiques
et au Brésil en 1986. Jusqu’à présent, il n’existe
(méningite, encéphalite) surviennent dans moins
aucune preuve de son implication dans la trans-
de 1 % des cas.
mission naturelle du vFJ. Néanmoins, on le sait
expérimentalement capable de transmettre le La première épidémie due au vWN a été rap-
vFJ. Du fait de son opportunisme alimentaire, portée en israël, où les premières manifestations
il pourrait jouer un rôle dans le processus neurologiques sévères ont été recensées en 1957
d’épidémisation urbaine de la fièvre jaune en et en 1962. À partir de 1994, le West Nile regagne
servant d’intermédiaire entre le cycle selvatique de l’activité dans l’ancien Monde où une patho-
et un potentiel cycle urbain. génicité plus importante affectant l’Homme
et/ou les chevaux est révélée. en 1996, une
La fièvre de West-Nile épidémie urbaine éclate à Bucarest (roumanie),
Importance médicale causant plus de 500 cas d’encéphalite dont
Le virus West Nile (vWN), ou virus du Nil occi- 17 mortels. en 1999, 40 décès sont rapportés en
dental, a été isolé pour la première fois en 1937 russie et, en 2000, 8 décès rapportés en israël.
dans le district West Nile en Ouganda. il appar- Une situation différente est observée au Maroc
tient au genre Flavivirus et son génome est (1996), en italie (1998) et en France (1962, 2000,
constitué d’un seul brin d’arN de polarité posi- 2003, 2004 et 2006, 2015), où le virus a touché
tive d’une taille d’environ 11 kb. aujourd’hui, essentiellement les chevaux, avec peu de cas chez
le virus est présent sur tous les continents à l’Homme. en 1999, le vWN est introduit à
l’exception de l’antarctique et il est considéré New york (États-Unis) avec 62 cas d’encéphalite
comme l’arbovirus le plus répandu dans le humaine (7 décès). L’analyse de séquence de la
monde (KraMer et al., 2008). On décrit deux souche introduite révèle un unique point de
lignées fréquemment rencontrées. La lignée 1 mutation la distinguant de la souche à l’origine
est présente en afrique, asie, europe, australie de l’épidémie en israël en 1998. La souche israé-
et amérique centrale et du Nord, et elle est lienne semble avoir été introduite dans le pays
elle-même subdivisée en une sous-lignée 1a (la par l’intermédiaire d’oiseaux migrateurs venant
plus répandue en afrique, europe et amériques), d’afrique. Par la suite, le West Nile va élargir
1b (aussi appelée virus Kunjin et qui circule en son aire de distribution en atteignant l’ensemble
australie) et enfin 1c (en inde). La lignée 2, qui des États-Unis ainsi qu’une grande partie du conti-
diffère génétiquement de la lignée 1 d’environ nent américain, du Canada jusqu’en argentine.
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épidémique en régions tempérées (Chine, Corée, signalées au Brésil, et que des décès aient pu être
Japon) avec des épidémies pendant la saison imputés à l’infection virale, la majorité des infec-
favorable à l’activité des vecteurs. Les épidémies tions reste bénigne. Dans le Pacifique, la première
surviennent habituellement en zones rurales à épidémie est survenue sur l’île de yap (Micronésie)
proximité des rizières, où les pics de densités de en 2007, puis en Polynésie française en 2013 et
moustiques vecteurs sont atteints durant la en Nouvelle-Calédonie en 2014. Le virus est
période de récolte du riz. responsable d’épidémies majeures aux antilles
Principaux vecteurs et en amérique du Sud et centrale en 2015 et
2016. Les vecteurs majeurs sont Ae. aegypti et
Le vecteur majeur de l’encéphalite japonaise est
Ae. hensilli (St. hensilli) à yap. en afrique, de
Culex tritaeniorhynchus (Giles, 1901), qui est éga-
l’Ouest en particulier, le virus a été isolé de singes
lement présent dans quelques pays de l’afrique
et de moustiques de villages et de galeries
intertropicale, au Proche-Orient, en inde, en
forestières : Ae. aegypti, Ae. furcifer, Ae. taylori,
russie. Ce moustique prolifère massivement
Ae. luteocephalus, Ae. opok, Ae. dalzieli (= Am.
dans les rizières d’asie, avec une dynamique
dalzieli) et Ae. africanus (= St. africana).
largement rythmée par les pratiques de la rizicul-
ture. L’espèce présente une préférence trophique Encéphalite de Saint-Louis
pour les animaux domestiques dont le porc. Le virus de l’encéphalite de Saint-Louis constitue
D’autres espèces de Culex sont également de bons un membre du sérocomplexe du virus de l’en-
vecteurs du veJ : Culex vishnui (theobald, 1901) céphalite japonaise. Ce virus est répandu en
et Culex pseudovishnui (Colless, 1957) à taïwan, amérique du Nord, en amérique du Sud et en
en thaïlande et en inde, et Culex annulirostris amérique Centrale. Les cas surviennent princi-
(Skuse, 1889) dans le Pacifique occidental. palement entre l’été et le début de l’automne dans
Plusieurs espèces d’Ochlerotatus (des nouveaux les zones tempérées. La plupart des infections
genres Tanakaius, Hulecoeteomyia) sont éga- sont asymptomatiques. Les symptômes sont
lement impliquées dans la transmission du caractérisés par une encéphalite, une méningo-
veJ : Ochlerotatus togoi ( =Tanakaius togoi) encéphalite, une encéphalomyélite, des tremble-
au Japon et en russie, Ochlerotatus japonicus ments, des nausées, des vomissements. La gravité
(= Hulecoeteomyia japonica) en Chine et Corée de la maladie augmente avec l’âge ; le taux de
et Ochlerotatus koreicus (= Hl. koreica) au Japon. mortalité varie de 5 % à 20 %. Les oiseaux
De plus, des moustiques du genre Aedes comme sauvages et domestiques (poules, oies, pigeons)
Aedes vexans (Aedimorphus vexans) sont incri- sont les principaux hôtes vertébrés développant
minés en Corée, en Chine et au Japon. une virémie suffisamment élevée pour infecter
les moustiques. Les principaux vecteurs sont
Zika Cx. pipiens, Cx. quinquefasciatus, Cx. nigripalpus
Le virus zika a été isolé en 1947 d’un singe rhésus et Cx. tarsalis.
de la forêt zika en Ouganda. La première identi-
fication chez l’Homme date de 1952 en Ouganda Encéphalite de la Murray Valley
et en tanzanie. il est décrit dans les régions Le virus Murray valley a été identifié chez
tropicales d’asie du Sud-est, d’afrique et du l’Homme en 1951, dans la vallée de la rivière
Pacifique. 80 % des cas sont asymptomatiques. Murray (État de victoria, sud de l’australie).
Les symptômes sont une fièvre, des éruptions C’est un Flavivirus appartenant au sérocom-
maculo-papuleuses, des myalgies et arthralgies. plexe du virus de l’encéphalite japonaise. La plu-
toutes les manifestations disparaissent en une part des infections sont asymptomatiques. On
semaine au maximum. Bien que des cas de note une létalité de 25 % parmi les symptoma-
syndrome de Guillain-Barré aient été associés au tiques. Les vecteurs sont principalement des
virus zika en Polynésie française, que des micro- moustiques du genre Culex (en particulier
céphalies chez des enfants à la naissance aient été Cx. annulirostris).
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dans les îles de l’océan indien en 2004, ce mous- (Nouveau-Mexique). Là encore, c’est la faune
tique a été identifié comme vecteur majeur du aviaire qui représente le principal réservoir
vCHiK de génotype eCSa dans la quasi-totalité viral. L’Homme et le cheval ne jouent pas le rôle
des pays où le virus a émergé ou ré-émergé. il d’hôtes amplificateurs car les virémies dévelop-
a été démontré qu’un seul changement d’acide pées ne sont pas suffisantes pour infecter les
aminé au niveau de la glycoprotéine e1 de moustiques.
l’enveloppe virale est à l’origine de cette adapta-
tion (SCHUFFeNeCKer et al., 2006). Une des L’encéphalite équine du Venezuela (EEV)
explications vient du fait que, en conditions elle a été observée pour la première fois chez
expérimentales, Ae. albopictus présente une des chevaux en 1935 en Colombie, au venezuela
compétence vectorielle accrue pour le nouveau et à trinidad, et le virus a été isolé en 1938. il
variant du vCHiK (vaSiLaKiS et Weaver, est présent du nord de l’argentine à la Floride,
2008 ; tSetSarKiN et al., 2007). avec une très forte prévalence dans le nord de
l’amérique du Sud. Les épidémies surviennent
Aedes aegypti et Ae. albopictus sont à la fois
après de fortes pluies assurant la production
vecteurs de vCHiK et vDeN, partageant qua-
d’une importante densité de moustiques vecteurs.
siment les mêmes aires de distribution. Des cas
Chez l’Homme, ce virus entraîne habituelle-
de co-infections vCHiK et vDeN ont été décrits
ment des symptômes de type grippal, mais des
chez l’Homme et également mis en évidence
complications neurologiques peuvent survenir.
chez les moustiques, dont Ae. albopictus.
Le virus est transmis à l’Homme et aux équidés
L’encéphalite équine de l’Est (EEE) par des moustiques des genres Psorophora
(Ps. confinnis, Ps. columbiae) et Aedes (Ae. taenio-
C’est la plus grave des encéphalites dues à un rhynchus [= Oc. taeniorhynchus], Ae. sollicitans
arbovirus, avec un taux de mortalité de 50-75 %. [= Oc. sollicitans]). il semblerait que le remplace-
Les symptômes de la maladie sont : fièvre, ment de certains acides aminés dans l’enveloppe
céphalées, vomissements, troubles respiratoires, virale e2 de certaines souches enzootiques ait
convulsions, signes neurologiques. Le virus eee permis d’accroître la virémie, faisant du cheval
est très répandu en amérique du Nord, en un hôte amplificateur très important.
amérique centrale et en amérique du Sud, dans
la Caraïbe, dans la région côtière de l’est du Sindbis
Canada. Le virus est transmis par les moustiques Le virus Sindbis a été isolé pour la première fois
des genres Aedes (Ae. sollicitans [= Ochlerotatus en 1952 de moustiques du genre Culex en
sollicitans], Ae. vexans), Coquillettidia et Culex. Égypte. Les premiers cas humains ont été
Les oiseaux sont les principaux réservoirs du décrits en Ouganda en 1961, en afrique du Sud
virus. en 1963 et en australie en 1967. il est surtout
présent en europe, asie, afrique, et Océanie. il
L’encéphalite équine de l’Ouest (EEO)
peut entraîner de la fièvre, des arthralgies, des
elle provoque majoritairement des infections malaises et une éruption cutanée. Les maladies
asymptomatiques ou légères chez l’Homme. dues au virus Sindbis sont décrites sous les
Dans de rares cas, l’infection au virus eeO peut noms de : Pogosta en Finlande, Ockelbo en
entraîner une encéphalite ou une encéphalo- Suède, et Karelian en russie. Les vecteurs sont
myélite. Le virus est largement répandu en les moustiques des genres Culex et Culiseta. Les
amérique du Nord et en amérique du Sud, oiseaux semblent être d’importants réservoirs
mais il est absent en amérique centrale. La du virus.
transmission est assurée par les moustiques
Ae. melanimon (= Oc. melanimon) (Californie), Ross River
Ae. dorsalis (= Oc. dorsalis) (Utah et Nouveau- Le virus de la ross river est signalé en australie
Mexique) et Ae. campestris (= Oc. campestris) et dans quelques régions du Pacifique-Ouest. La
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maladie se caractérise par des symptômes rhu- publique lorsque des épizooties massives,
matismaux, une éruption cutanée, une myalgie, sévissant dans plusieurs régions du delta du Nil,
une fièvre, de la fatigue et des céphalées. Le ont été accompagnées de plus de 600 cas
virus a été isolé de plus de 40 espèces de humains mortels. À partir de 1977, le nombre
moustiques, dont Cx. annulirostris, Ae. vigilax des épizooties et des cas mortels n’a fait qu’aug-
(= Oc. vigilax), Ae. polynesiensis, et de mammi- menter, l’épisode kényan de 1997-1998 étant
fères (kangourou, wallaby, opossum, rongeur), probablement le plus important. Pendant cette
dont l’Homme. épidémie, le virus s’est propagé vers la tanzanie
et la Somalie et, probablement, au yémen et en
Mayaro arabie saoudite où, en 2000, ces deux pays
Le virus Mayaro a été décrit en amérique du subirent une grave épizootie avec une mortalité
Sud et en amérique centrale. il provoque des humaine importante. C’était la première fois
polyarthrites (genoux, chevilles) avec éruption que ce virus émergeant circulait en dehors du
maculo-papulaire. Les infections asymptoma- continent africain. Le virus a été également isolé
tiques sont fréquentes. Les moustiques du genre dans l’île de Grande Comore dans l’océan indien
Haemagogus sont les vecteurs. en 2008 et, depuis, il y circule à bas bruit.
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insectes, comme tous les organismes vivants, régulation positive des gènes impliqués dans les
disposent de ressources énergétiques qu’ils trou- voies toll et JaK/Stat. De plus, l’inactivation
vent dans leur environnement pour accomplir des inhibiteurs Cactus et Pias induit une dimi-
différentes fonctions en relation avec leur survie, nution de la charge virale, alors que l’inactivation
leur développement et leur reproduction, que des régulateurs positifs MyD88 et Hop entraîne
l’on définit comme des traits d’histoire de vie. l’effet inverse.
La quantité de ressources disponibles étant limi- L’interférence par arN (arNi) joue un rôle
tée, la plupart des organismes doivent faire des essentiel dans la mise en place des mécanismes
compromis (ou trade-off) qui leur permettent de défense antivirale chez le moustique. au
d’allouer des ressources aux différentes fonctions. cours de l’infection virale, la cellule hôte peut
ainsi, les ressources allouées à la croissance ne détecter la présence d’arN bicaténaire et
seront plus disponibles pour la reproduction. déclencher la voie arNi. en effet, les virus à
Certains hôtes peuvent limiter les effets négatifs arN (sauf les rétrovirus) forment des arN
de l’infection virale en modifiant leur schéma double brin (arNdb) comme intermédiaires de
d’allocation de ressources, certains traits de vie réplication. Lorsque la cellule met en place la
se trouvant ainsi modifiés. À titre d’exemples, réponse arNi, des arNdb de longueurs et
l’infection par le vFvr entraîne une diminution d’origines variées sont reconnus et clivés en
de la survie et de la fécondité du moustique petites molécules d’arN de 21 à 32 nucléotides.
Cx. pipiens, l’infection par le virus eeO entraîne Ces petits arN interférents sont ensuite chargés
une diminution de la survie de Cx. tarsalis, ou par le complexe multi-protéique riSC (RNA
encore l’infection par le vWN diminue la Induced Silencing Complex), où ils interagissent
fécondité et la fertilité de Cx. tarsalis. avec une protéine de la famille argonaute/Piwi.
Cette interaction permet la reconnaissance et la
Défenses antivirales dégradation des arN cibles. Jusqu’à présent,
Les moustiques possèdent des défenses immu- trois voies de l’arNi ont été identifiées : la voie
nitaires innées qui leur permettent de lutter des sirNa (Small Interfering RNA), la voie des
contre les effets néfastes de l’infection virale. mirNa (micro rNa) et la voie des pirNa
Parmi les principaux mécanismes de défense, (PIWI-Interacting RNA) (BLair, 2011). Des
on cite les voies de signalisation toll, JaK/Stat effecteurs de la voie arNi tels que Dcr-2,
et iMD. Ces trois voies sont déclenchées par la ago-2 et r2D2 ont été identifiés chez Ae. aegypti,
reconnaissance des agents pathogènes au niveau Cx. pipiens et An. gambiae. en général, lorsque
des Pattern Recognition Receptors (Prrs) les cellules de moustiques sont infectées par des
(respectivement PGrP-Sa, Dome et PGrP-LC). virus, aucun effet cytopathique n’est observé.
il s’ensuit une activation en cascade de kinases Néanmoins, un phénomène d’apoptose aurait
et/ou protéases, dont toll, JaK/Stat et iMD. lieu au niveau du tube digestif et des glandes
Ces dernières induisent à leur tour la transloca- salivaires chez des vecteurs d’arbovirus. Le
tion de facteurs de transcription dans le noyau mécanisme lié à l’apoptose chez le moustique
(respectivement, rel-1, Stat et rel-2) et ainsi que le lien entre ce phénomène et la
l’expression d’effecteurs antimicrobiens. réponse antivirale ne sont pas bien connus.
actuellement, la nature des effecteurs de la ainsi, malgré l’existence de défenses antivirales
réponse antivirale n’est pas bien connue. chez le moustique, ces défenses ne permettent
L’activation aspécifique des trois voies est pas une élimination complète du virus. De ce
contrôlée grâce aux inhibiteurs Cactus, Pias et fait, il semblerait qu’un équilibre s’établisse entre
Caspar, respectivement. L’implication des voies la réplication virale et la réponse antivirale. De
toll et JaK/Stat dans la défense antivirale a été plus, la contribution de chaque voie serait plus
démontrée chez Ae. aegypti. De fait, l’infection ou moins importante en fonction du couple
d’Ae. aegypti par le vDeN-2 provoque une vecteur-virus.
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Tableau 11.5 – Moustiques vecteurs de filaires en fonction des régions et de la périodicité des filaires.
Nocturne périodique (np), nocturne subpériodique (ns), diurne subpériodique (ds).
Les espèces marquées + ont été trouvées vectrices d’une forme de filaire.
D’après LOK et al. (2000) et FOSter et WaLKer (2009 et non publié), avec permission.
Zone géographique Espèce vectrice Espèce et forme de filaire
Wuchereria bancrofti Brugia malayi Brugia timori
np ns ds np ns np
Néotropicale Anopheles aquasalis +
Anopheles bellator +
Anopheles darlingi +
Aedes scapularis +
Culex quinquefasciatus +
Mansonia titillans +
afrotropicale Anopheles funestus +
Anopheles gambiae +
Anopheles arabiensis +
Anopheles bwambae +
Anopheles melas +
Anopheles merus +
Anopheles nili +
Anopheles pauliani +
Culex quinquefasciatus +
Moyen-Orientale Culex pipiens molestus +
Orientale Anopheles barbirostris + +
Anopheles campestris +
Anopheles donaldi +
Anopheles anthropophagus + +
Anopheles kweiyangensis + +
Anopheles nigerrimus + +
Anopheles sinensis complex + +
Anopheles letifer +
Anopheles whartoni +
Anopheles aconitus +
Anopheles flavirostris +
Anopheles minimus +
Anopheles candidiensis +
Anopheles balabacensis +
Anopheles leucosphyrus +
Anopheles maculatus +
Anopheles philippinensis +
Anopheles subpictus +
Anopheles vagus +
Aedes niveus +
Aedes harinasutai +
Aedes togoi + +
Aedes poicilius +
Culex bitaeniorhynchus +
Culex sitiens complex +
Culex pipiens pallens +
Culex quinquefasciatus +
Mansonia uniformis + + +
Mansonia bonnae + +
Mansonia annulata +
Mansonia indiana +
Mansonia dives + +
285
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Même si ces filarioses ont globalement régressé a été primée par le prix Nobel de médecine
dans les 50 dernières années, grâce à un meilleur et physiologie en 2015) et d’albendazole. Plus
diagnostic, aux médicaments et traitements, à de 4,9 milliards de traitements ont été adminis-
l’amélioration du niveau de vie, à la lutte anti- trés depuis l’an 2000, à travers le programme
vectorielle et à la protection contre les mous- mondial d’élimination de la filariose lymphatique
tiques, d’importants foyers subsistent et les (GPeLF), et le nombre de sujets parasités diminue
filarioses lymphatiques restent par endroits en d’année en année.
zone intertropicale un important problème de
santé publique. Le cycle des filaires
D’après l’OMS, en 2014, plus de 1,2 milliard de Les filaires femelles fécondées (jusqu’à 10 cm de
personnes vivent dans des pays où la filariose longueur pour W. bancrofti) sont nichées dans le
lymphatique est présente. au total, 98 % des système lymphatique de l’Homme, hôte définitif.
personnes infectées résident en afrique intertro- environ 6 mois après que les vers adultes sont
picale (35 pays pour 470 millions de personnes installés dans le système lymphatique, ils émettent
à risque) et en asie du Sud-est (9 pays pour des microfilaires (250 à 300 µm de long et 9 µm
700 millions de personnes à risque). Le nombre de large chez W. bancrofti) qui sont retrouvées
de sujets parasités est estimé à 120 millions, dans le sang circulant. C’est la microfilarémie.
dont 2/3 en asie du Sud-est. Leur abondance dans le sang périphérique
Le contrôle de la filariose lymphatique a radica- présente des fluctuations plus ou moins mar-
lement changé depuis la mise à disposition de quées au cours du nycthémère, selon les régions
traitements annuels à base d’associations entre du monde : dans certains cas, les microfilaires
diethylcarbamazine citrate (DeC) et albenda- ont une périodicité nocturne (microfilarémie
zole, ou bien d’ivermectine (dont la découverte maximum vers minuit, minimum vers midi) ;
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dans d’autres cas, elles présentent une subpério- L’épidémiologie des filaires
dicité nocturne (même phénomène avec des
D’un point de vue épidémiologique, les filarioses
variations de moindre amplitude) ; dans d’autres
se présentent différemment selon les continents
régions, les microfilaires ont une discrète pério-
(cf. tabl. 11.5 ; voir aussi le site Web de l’OMS
dicité diurne. On conçoit donc parfaitement
pour des cartes actualisées).
que les moustiques vecteurs s’infectent en
fonction de leurs cycles d’activité (cf. infra). Une en afrique subsaharienne, seule W. bancrofti
femelle de W. bancrofti peut émettre plus de est présente. avec une périodicité nocturne, elle
50 000 microfilaires chaque jour. au cours d’un est essentiellement transmise par les anophèles.
repas sanguin, le moustique va absorber des Les foyers du Moyen-Orient et du pourtour
microfilaires, qui vont perdre leur gaine. méditerranéen sont très limités (en Égypte en
Certaines microfilaires arrivent à traverser la particulier).
membrane péritrophique, la paroi de l’estomac en asie, W. bancrofti est présente dans de
et vont se localiser en 24 heures dans les muscles nombreux pays, avec une périodicité essentiel-
alaires. Les larves se différencient alors en un lement nocturne, et a comme vecteur principal
stade saucisse (larve 1), puis en larves 2 et 3 qui Cx. quinquefasciatus. De nombreux autres
est le stade infectant pour l’Homme. Les larves 3 vecteurs peuvent assurer la transmission loca-
(environ 1 500 µm de long chez W. bancrofti) lement. Brugia malayi est présente uniquement
quittent les muscles alaires, gagnent l’hémo- en asie, de l’inde aux Philippines, avec une forme
lymphe des moustiques et certaines arrivent périodique diurne et une forme subpériodique
jusqu’à l’extrémité des pièces buccales des nocturne. Selon les régions, les vecteurs sont soit
femelles. À l’occasion d’une piqûre du vecteur, les mêmes que pour W. bancrofti, soit ce sont
la larve L3 pénètre dans l’épiderme, puis gagne des vecteurs différents. Brugia timori est présente
le système lymphatique de l’Homme, où elle se uniquement dans certaines îles de la Sonde,
transforme alors en adulte. il existe une perte avec un seul vecteur connu : An. barbirostris.
énorme de parasites, puisqu’on estime qu’une Dans le Pacifique, seule W. bancrofti est présente.
seule larve infectante parmi plusieurs milliers Sa périodicité est variable selon les îles et les
atteindrait le stade adulte. vecteurs : nocturne transmise par des Culex et
il y a clairement une adaptation vecteurs (espèce des Anopheles, subpériodique diurne transmise
et populations)-parasites (espèce et populations) par des Aedes. Dans les amériques, W. bancrofti,
très développée dans le cas de la filariose de qui a été importée avec la traite des esclaves,
Bancroft. Par exemple, Cx. quinquefasciatus est montre une périodicité nocturne.
un bon vecteur de W. bancrofti en asie, alors
que c’est un mauvais vecteur en afrique (en Les filaires animales transmises
particulier en afrique de l’Ouest et centrale), par moustiques
et inversement les anophèles sont bons vecteurs Certaines filaires transmises par Culicinae sont
en afrique (par exemple An. gambiae s.l., communes à l’Homme et aux animaux (zoonose)
An. funestus) et moins bons vecteurs en asie. comme Brugia malayi, mais la plupart sont
Le concept de limitation et facilitation parasi- strictement animales. Par exemple, plusieurs
taire dans les relations vecteurs-parasites a été filaires du genre Brugia : B. pahangi en Malaisie,
bien étudié chez les filaires. il y a un nombre B. patei sur la côte orientale d’afrique, B. ceylo-
considérable de microfilaires émises et absor- nensis à Sri Lanka, B. guyanensis et B. beaveri sur
bées par les moustiques, mais le nombre et la le continent américain infectent des carnivores,
proportion de celles qui se développeront chez alors que B. malayi peut aussi infecter des
le moustique (ce que l’on appelle le rendement primates non humains.
parasitaire) dépend du couple vecteur-filaire en Les Aedes (entre autres Ae. albopictus) trans-
cause (PiCHON, 2002). mettent Dirofilaria immitis au chien. D’autres
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filaires de carnivores (Dirofilaria repens) sont surveillance. elle inclut la lutte contre les
transmises par des Culicinae. Culicinae nuisants quand ces derniers sont des
Les moustiques sont également responsables de vecteurs potentiels ou lorsque la nuisance devient
la transmission des Setaria (notamment un problème de santé publique ou vétérinaire.
S. labiatopapillosa, S. digitata des bovidés), de La lutte antivectorielle s’appuie sur des méthodes
filaires parasites de reptiles (Oswaldo filaria qui diffèrent selon les vecteurs et selon les
des agames, Foleyella des amphibiens et des contextes épidémiologiques et socio-écono-
caméléons) ou encore des filaires d’oiseaux miques. elle inclut, dans un cadre stratégique
(Cardiofilaria). formalisé, la lutte chimique, la lutte biologique,
la lutte génétique, l’action sur l’environnement,
La transmission l’éducation sanitaire, la mobilisation sociale, la
des Plasmodium d’oiseaux protection personnelle antivectorielle et l’éva-
par les Culicinae luation permanente de toutes ces méthodes »
(FONteNiLLe et al., 2009).
Les Culicidae anophelinae (chap. 10) transmet-
tent des Plasmodium humains à l’Homme Les méthodes de surveillance, de prévention et
et aux primates. Ce sont aussi des anophèles de lutte concernant les Culicinae sont en partie
qui transmettent des plasmodies de mammi- les mêmes que celles concernant les anophelinae
fères, incluant les rongeurs. en revanche, les (chap. 10) et d’autres arthropodes d’intérêt
Culicinae, et surtout les Culex, qui sont souvent médical et vétérinaire (chap. 5). On considère
ornithophiles, peuvent transmettre une trentaine que la lutte antivectorielle vise :
d’espèces de plasmodies d’oiseaux telles que – soit l’élimination des populations de vecteurs
Plasmodium relictum, très fréquent dans le d’une région donnée ;
monde entier chez un grand nombre d’espèces – soit l’abaissement des densités de vecteurs en
d’oiseaux (atKiNSON, 2001). au laboratoire, deçà d’un seuil ne permettant plus ou limitant
P. relictum a pu être transmis par des Anopheles, significativement la transmission des agents
des Aedes, des Culiseta et des Culex. La patho- pathogènes ;
génicité est très variable selon les espèces – soit une limitation du contact entre les verté-
d’oiseaux. D’autres Plasmodium d’oiseaux ont une brés et les vecteurs.
large distribution géographique : Plasmodium
il n’y a pas de méthode universelle de lutte
gallinaceum, transmis par des Mansonia dans
contre les 3 000 espèces ou plus de Culicinae. La
la nature (et par d’autres genres au laboratoire),
lutte antivectorielle se concentre essentiellement
P. anasum, P. juxtanucleare, P. elongatum,
sur les quelques centaines d’espèces vectrices
P. durae (en afrique).
d’agents pathogènes à l’Homme ou aux animaux
Les plasmodies d’oiseaux sont souvent utilisées d’intérêt social ou économique, et sur des espèces
comme modèles en biologie évolutive lors de responsables de nuisances importantes. Parmi
recherches sur les relations hôtes-parasites. ces espèces, certaines sont urbaines, d’autres
il est par ailleurs probable que certains Culicinae rurales ou forestières, diurnes ou nocturnes,
(Culex) transmettent également des plasmodies anthropophiles ou zoophiles, endophiles ou
aux reptiles (teLFOrD, 1994). exophiles, pondent en une fois ou de manière
fractionnée dans des gîtes de nature très variée
comme signalé au début de ce chapitre. Le choix
SURVEILLANCE, PRÉVENTION, LUTTE des méthodes de surveillance, de prévention
« Dans son acception la plus large, la lutte anti- et de lutte prendra en compte non seulement
vectorielle contre les Culicinae comprend la cette diversité mais également l’efficacité, l’effi-
lutte et la protection contre les vecteurs d’agents cience, l’acceptabilité et les impacts de la lutte
pathogènes à l’Homme et aux vertébrés, et leur antivectorielle.
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serpentins fumigènes, à utiliser à l’extérieur des nement. Dans le cas d’Ae. aegypti (et plus
maisons, ainsi que les plaquettes chauffantes récemment d’Ae. albopictus), ce sont souvent
sont considérés comme des méthodes d’appoint. plusieurs stratégies combinant la lutte commu-
nautaire, la lutte biologique, la modification de
La lutte antivectorielle l’environnement et la lutte par biocides qui ont
dans la lutte contre les Culicinae permis d’obtenir des résultats probants.
Bref historique
Les principaux types
La lutte antivectorielle a seulement pu être
envisagée après que l’on a compris le rôle des
de lutte antivectorielle
Culicinae dans la transmission d’agents patho- Lutte dite « physique » :
gènes. Historiquement, Ae. aegypti a été suspecté aménagement de l’environnement
comme responsable de la transmission de la Comme pour les anophèles (chap. 10), une
fièvre jaune dans les villes d’amérique du Sud méthode efficace pour diminuer les populations
dès 1848 par Nott et en 1854 par Beauperthuy. de Culicinae est de rendre l’environnement
Finlay en 1881, puis reed en 1900 le confirment. inapproprié à leur développement ou à leur
en 1877, Manson montre que des filaires survie. Les actions peuvent être entreprises pour
Wuchereria bancrofti se développent chez détruire les gîtes de pontes et de développement
Cx. quinquefasciatus. larvaire ou en limiter l’accès aux femelles gra-
La lutte antivectorielle peut alors se développer vides. Les méthodes sont aussi nombreuses que
avec la destruction des gîtes larvaires, la modi- les types de gîtes : assèchement des marais,
fication de l’environnement, la protection faucardage, couverture des gîtes avec des filets
personnelle et l’utilisation de produits insecti- à mailles fines, des couvercles ou des billes de
cides, en particulier après la découverte des polystyrène (fosses septiques, jarres, fûts,
propriétés insecticides du DDt en 1939 par le bidons…), vidanges des collections d’eau telles
chimiste suisse P. H. Müller. que des vases de fleurs, des canaris, des sou-
ainsi, Ae. aegypti, reconnu comme vecteur de coupes, remplissage de gîtes avec du sable (pots
la fièvre jaune dans les Caraïbes et en amérique de fleurs, pneus, creux d’arbre…), destruction
du Sud, a été contrôlé dès 1904 à Cuba, puis dans de gîtes (pneus abandonnés, détritus, canettes,
les années 1910 à Panama lors de la construction bouteilles cassées, noix de coco…), drainage de
du canal, et enfin a été considéré comme éradi- gouttières, etc.
qué de 23 pays d’amérique du Sud et centrale il est parfois également possible de modifier
entre 1946 et 1970 par l’utilisation combinée l’environnement et l’habitat humain pour limi-
d’insecticides et de destruction des gîtes ter le nombre des moustiques adultes : maisons
larvaires. Depuis les années 1970, Ae. aegypti « mosquito proof » ne permettant pas le repos
et Ae. albopictus ont repris leur colonisation des femelles de Culicinae ou leur pénétration
et expansion. Seuls deux pays insulaires ont dans les habitations, utilisation d’animaux autour
temporairement réussi à maintenir un niveau des maisons comme barrière aux moustiques
de population extrêmement bas, par des (zooprophylaxie).
méthodes quasi militaires et très coercitives :
Cuba et Singapour (GUBLer, 2011). Lutte chimique :
les insecticides anticulicidiens actuels
Dans l’histoire de la lutte antivectorielle, le
contrôle des Culicinae, en particulier des Culex
(larvicides, adulticides)
tels que Cx. pipiens et Cx. quinquefasciatus, ou Les chapitres 5 et 10 présentent les principaux
des Ochlerotatus particulièrement nuisants, a larvicides et adulticides anticulicidiens actuels :
majoritairement été réalisé en utilisant des – les carbamates (carbaryl, propoxur, bendio-
biocides et/ou par aménagement de l’environ- carbe, carbofuran, BPMC) ;
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en jeu sont le bénéfice attendu ou perçu en vector control in French Guiana. Mem. Inst. Oswaldo
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l’état de santé, mais également les contraintes et Failloux, a.B., vazeille, M., rodhain, F., 2002.
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C HAPITRE 12
Les phlébotomes
(Diptera : Psychodidae : Phlebotominae)
Jérôme Depaquit, Nicole Léger
Les phlébotomes (appelés « Phlebotomine sand Leishmania infantum). au-delà de cette variété
flies », « sand flies » ou « sandflies » par les auteurs clinique, on qualifie de leishmaniose une mala-
anglo-saxons, à l’exception des australiens qui die causée par des parasites unicellulaires de la
les nomment « midges ») forment un groupe famille des Kinetoplastidae appartenant au
monophylétique et très homogène de diptères genre Leishmania dont une bonne vingtaine
hématophages actuellement considérés comme d’espèces est connue pour infester l’Homme.
vecteurs exclusifs des leishmanioses. Leur unique point commun est d’être trans-
mises en conditions naturelles par la piqûre
d’un phlébotome femelle. Si les leishmanioses
SYSTÉMATIQUE les plus fréquentes dans le monde voient leur
épidémiologie globalement bien comprise
Généralités (leishmanioses à L. infantum (= L. chagasi), à
il y a environ 230 ans, le premier phlébotome L. major, à L. tropica, à L. braziliensis), force
était décrit d’italie (SCOPOLi, 1783) et, aujourd’hui, est de constater que l’émergence récente de
on en compte plus de 1 000 espèces et sous- leishmanioses causées par des espèces nouvelles
espèces. L’intérêt qu’ils suscitent tient à leur (L. siamensis en thaïlande, L. martiniquensis
implication – d’abord suspectée (SerGeNt et en Martinique et en thïlande) pose encore des
SerGeNt, 1905) puis prouvée à de nombreuses questions aux épidémiologistes. Néanmoins,
reprises – dans la transmission de maladies même dans les leishmanioses les plus communes,
humaines et vétérinaires, au premier rang les modalités de transmission peuvent varier
desquelles se trouvent les leishmanioses. il est d’un foyer à l’autre. Deux exemples illustrent ce
important de parler de leishmanioses au pluriel, constat : au Proche-Orient, deux foyers de
tant la diversité clinique, épidémiologique et leishmaniose à L. tropica distants de 5 kilomè-
immunologique de ces parasitoses est grande et tres l’un de l’autre existent autour du lac de
déroutante pour les pathologistes et les épidé- tibériade. L’un fonctionne sur un mode clas-
miologistes. Cette diversité clinique s’exprime, sique pour l’espèce en cause : une anthroponose
selon les espèces responsables, par la survenue transmise par son vecteur habituel, Phlebotomus
de formes viscérales, cutanées ou cutanéo- (Paraphlebotomus) sergenti ; et l’autre sur un mode
muqueuses. Néanmoins, une même espèce peut, zoonotique inhabituel, avec les damans comme
selon les patients et leur statut immunitaire, réservoirs et Ph. (Adlerius) arabicus comme
s’exprimer sous une forme viscérale grave ou vecteur local. Dans le bassin méditerranéen sévit
sous une forme cutanée stricte bénigne (cas de la leishmaniose à L. infantum. Cette maladie est
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avant tout une maladie d’importance vétérinaire PerFiLiev, 1966), soit une sous-famille,
affectant les chiens, les cas humains étant beau- Phlebotominae (DUCKHOUSe et LeWiS, 1980 ;
coup plus rares. Plusieurs vecteurs appartenant FairCHiLD, 1955 ; HeNNiG, 1972 ; LeWiS et al.,
au sous-genre Larroussius sont impliqués selon 1977). À l’heure actuelle, c’est cette dernière
les pays et les régions biogéographiques. Dans position qui est généralement adoptée et que
la majorité des cas, ces vecteurs sont cynophiles nous adopterons ici, les Phlebotominae se trou-
et anthropophiles, ce qui explique l’entretien vant alors inclus avec trois autres sous-familles
du cycle chez les réservoirs habituels et leur (Bruchomyiinae, trichomyiinae, Psychodinae)
transmission à l’Homme. À Chypre, le vecteur dans la famille des Psychodidae.
(Ph. tobbi) est cynophile et pas ou trop peu
anthropophile, ce qui explique la quasi-absence Classification générique,
de cas humains dans l’île. infra- et supra-générique
Cette grande diversité est certainement liée à Longtemps, la tentation d’adopter une classifi-
l’existence chez les vecteurs d’une spécificité cation minimaliste employant une nomencla-
parasitaire de niveau souvent sub-générique, ture simplifiée accessible aux utilisateurs non
voire parfois spécifique et même sub-spécifique, systématiciens a prévalu (aBONNeNC, 1972 ;
et à la constitution de couples phlébotome- arteMiev et NerONOv, 1984 ; LeWiS, 1982 ;
leishmanie qui ont poussé les « leishmaniaques » SeCCOMBe et al., 1993 ; yOUNG et DUNCaN,
à exiger de leurs collègues entomologistes des 1994 ). Les spécialistes des phlébotomes de
critères d’identification toujours plus pointus et l’ancien Monde étant généralement différents
la recherche de relations systématiques et phylo- de ceux du Nouveau Monde, la classification des
génétiques entre les espèces vectrices, souvent phlébotomes a évolué différemment selon les
avec l’arrière-pensée, justifiée ou non, de mettre continents. Dans l’ancien Monde persiste une
en évidence des processus de coévolution. classification minimaliste malgré la création
pour des espèces nouvelles aberrantes d’un
L’intérêt des entomologistes pour les phlébo-
genre nouveau (Chinius Leng) et de sous-genres
tomes repose donc principalement sur des
nouveaux (Capensomyia Davidson ; Demeillonius
motivations épidémiologiques. Cela constitue à
Davidson ; Kasaulius Lewis ; Vattieromyia
la fois un moteur et un frein pour l’émergence
Depaquit, Léger et robert ; Legeromyia rahola
d’une classification vraiment scientifique. D’une
et Depaquit ; Madaphlebotomus Depaquit,
part, il a permis la constitution d’une abondante
Léger et randrianambinintsoa ; Trouilletomyia
bibliographie et de collections extrêmement
Depaquit et Léger), d’une part, et de l’élévation
diversifiées mais, d’autre part, les systématiciens
de certains sous-genres au rang de genres
ont été souvent tentés d’adopter des vues sim-
Australophlebotomus, Spelaeophlebotomus,
plistes, a minima, et même sciemment erronées,
Idiophlebotomus, Grassomyia, Parvidens
pour ne pas gêner les utilisateurs et les lecteurs
(aBONNeNC et LÉGer, 1976 ; arteMiev et
plus intéressés par les faits épidémiologiques
NerONOv, 1984). en revanche, chez les phlébo-
que par les théories phylogénétiques.
tomes américains, deux classifications se côtoient.
Quel que soit le niveau taxinomique considéré, La première, inspirée de young et Duncan,
les positions adoptées reflètent cette double retient trois genres : Warileya, Brumptomyia
préoccupation de vérité scientifique et d’acces- et Lutzomyia, ce dernier comptant plus de
sibilité aux utilisateurs. 500 espèces incluant tous les vecteurs de patho-
La pertinence du taxon « Phlébotome » ne fait gènes, la proposition d’élévation du sous-genre
aucun doute et, actuellement, il est unanimement Psychodopygus au rang de genre (reaDy et al.,
considéré comme un groupe monophylétique 1980) étant diversement suivie. La seconde,
(HeNNiG, 1972). Selon les auteurs, les phlébotomes basée sur des arguments phylogénétiques
constituent soit une famille, Phlebotomidae morphologiques (GaLati, 2013), est résumée
(aBONNeNC, 1972 ; aBONNeNC et LÉGer, 1976 ; dans le tableau 12.1.
296
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A B
C D
Figure 12.1 – Spermathèques de Psychodopygus lloydi (A), Nyssomyia neivai (B), Pintomyia fisheri (C)
et Lutzomyia longipalpis (D).
© F. Galvis Ovallos
actuellement, une classification générale basée incluant dans le groupe des Sergentomyina non
sur des ressemblances morphologiques et sur les seulement les Sergentomyia de l’ancien Monde
répartitions géographiques des espèces, sans mais aussi certains genres américains.
réelle ambition phylogénétique (arteMiev, 1991), À peu près à la même époque, toujours sur la
n’est généralement pas reconnue par les spécia- base de caractères morphologiques, une approche
listes. Les classifications aujourd’hui utilisées évolutive du genre Phlebotomus sensu LeWiS
sont celle, minimaliste, de Lewis (LeWiS, 1982 ; 1977-1982 est réalisée (riSPaiL et LÉGer, 1998 a,
LeWiS et al., 1977) pour l’ancien Monde et celle 1998 b). il en ressort une première dichotomie :
plus ambitieuse de Galati (GaLati, 1995, 2013), (Spelaeophlebotomus + Idiophlebotomus +
développée surtout pour les espèces du Nouveau Australophlebotomus) vs autres phlébotomes de
Monde mais incluant également les espèces de l’ancien Monde, branche sur laquelle le sous-
l’ancien Monde (tabl. 12.1). Cette dernière est genre Phlebotomus est le premier à diverger.
basée sur une démarche cladistique dégageant au cours des dernières années, de nombreuses
plésiomorphies et apomorphies. elle inclut dans publications ont été consacrées à la systématique
son analyse quelques espèces de l’ancien Monde moléculaire des phlébotomes, mais peu s’intéres-
et elle est sans doute la première à mettre expli- sent aux relations phylogénétiques existant entre
citement en doute le monophylétisme de chacun les différents genres (DePaQUit, 2014), préférant
des deux ensembles phlébotomes de l’ancien l’étude d’espèces génétiquement proches et
Monde et phlébotomes du Nouveau Monde, en impliquées dans la transmission de leishmanies.
297
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afr. : afrique, am. : amérique, as. : asie, eur. : europe, Oc. : Océanie.
1977-1982 1991 1995 - 2013 Distribution Principales leishmanies
Lewis et al. ; Lewis artemiev Galati des genres transmises
PHLEBOTOMINI PHLEBOTOMINI
Phlebotomus Phlebotomus Phlebotomus Eur., As., Afr.
(Phlebotomus) (Phlebotomus) (Phlebotomus) L. major
(Larroussius) (Paraphlebotomus) (Paraphlebotomus) L. tropica
(Adlerius) (Synphlebotomus) (Synphlebotomus)
(Paraphlebotomus) (Larroussius) (Larroussius) L. infantum
(Synphlebotomus) (Adlerius) (Adlerius)
(Euphlebotomus) (Transphlebotomus) (Transphlebotomus)
(Anaphlebotomus) (Euphlebotomus) (Euphlebotomus) L. donovani
(Australophlebotomus) (Anaphlebotomus) (Anaphlebotomus)
(Spelaeophlebotomus) (Kasaulius) (Kasaulius)
(Idiophlebotomus) Parvidens (Abonnencius)
(Legeromyia)
Australophlebotomus Australophlebotomus Oc., As.
Sergentomyia Brumptomyia Brumptomyia Am.
(Sergentomyia) Isolutzomyia (Brumptomyia)
(Sintonius) Psychodopygus (Oligodontomyia)
(Spelaeomyia) Nyssomyia Sergentomyia As., Oc., Afr., Eur.
(Parrotomyia) Trichophoromyia Grassomyia As., Oc., Afr.
(Rondanomyia) Psathyromyia Spelaeomyia Afr.
(Grassomyia) Viannamyia Parvidens Afr.
(Parvidens) Pintomyia Deanemyia Am.
Lutzomyia Micropygomyia Am.
Brumptomyia Micropygomyia (Sauromyia)
Spelaeomyia (Coquillettimyia)
Lutzomyia Sergentomyia (Sauromyia)
(9 subgenera) Grassomyia (Micropygomyia)
Demeillonius Sciopemyia Am.
Warileya Lutzomyia Am.
(Warileya) IDIOPHLEBOTOMINI (Helcocyrtomyia) L. peruviana, L. mexicana
(Hertigia) Idiophlebotomus (Castromyia)
Spelaeophlebotomus (Tricholateralis)
Chinius (Lutzomyia) L. infantum chagasi
Warileya Migonemyia Am.
Hertigia (Migonemyia)
(Blancamyia)
Pintomyia Am.
(Pintomyia)
(Pifanomyia) L. infantum chagasi,
L. panamensis, L. peruviana
Dampfomyia Am.
(Dampfomyia)
(Coromyia)
Expapillata Am.
Pressatia Am.
Trichopygomyia Am.
Evandromyia Am.
(Aldamyia)
(Evandromyia)
(Barrettomyia)
Psathyromyia Am.
(Forattiniella)
(Xiphomyia)
(Psathyromyia)
Viannamyia Am.
Martinsmyia Am.
Bichromomyia Am. L. amazonensis, L. mexicana
Psychodopygus Am. L. braziliensis
Trichophoromyia Am.
Nyssomyia Am. L. braziliensis, L. guyanensis,
L. mexicana, L. panamensis,
L. shawi
HErTIGIINI
Warileya Am.
Hertigia Am.
Spelaophlebotomus Afr.
Idiophlebotomus As., Oc.
Chinius As.
UNGrOUPED
Edentomyia Am.
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4 Morphologiquement indifférenciables
Distribution en : asie et afrique continentale Ph. (Anaphlebotomus)
Madagascar Ph. (Madaphlebotomus)
assue
8 Paramère complexe + haltère en forme de massue P
Ph. (Euphlebotomus) pro parte
Paramère simple tronqué à l’extrémité
+ haltère s’effilant régulièrement Ph. (Kasaulius)
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1 Spermathèques annelées 2
Spermathèques non annelées 3
2 tête de la spermathèque portée par un long cou Ph. (Larroussius)
tête de la spermathèque sessile Ph. (Phlebotomus)
Ph. (Paraphlebotomus)
Ph. (Synphlebotomus)
Ph. (Euphlebotomus) pro parte
Ph. (Anaphlebotomus) pro parte
Ph. (Kasaulius)
3 Spermathèque asymétrique
avec un corps en dérivation Ph.(Madaphlebotomus)
Spermathèque symétrique 4
4 Spermathèque lisse 5
Spemathèque non lisse 6
5 Spermathèque longue et étroite Ph. (Anaphlebotomus) pro parte
et Ph. (Abonnencius)
Spermathèque relativement courte et large Ph. (Euphlebotomus) pro parte
6 Spermathèques plissées
Conduits étroits avec un épaississement basal Ph. (Adlerius)
Spermathèques striées avec des conduits larges Ph. (Transphlebotomus)
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Les phlébotomes sont dans leur très grande humides. De nombreuses espèces affectionnent
majorité des insectes nocturnes qui commen- les terriers. C’est dans ces gîtes de repos que sont
cent à s’agiter au crépuscule à condition que la déposés les œufs qui au bout de quelques jours
température soit suffisamment élevée (généra- donnent naissance à des larves qui muent trois
lement 19 à 20 °C) et qu’il n’y ait pas de vent fois (4 stades larvaires) avant de se transformer
(limite : 1 m/s). en nymphes fixées au substrat par l’intermé-
diaire de la dernière exuvie larvaire qui persiste
Certaines espèces sont attirées par la lumière, le
à la partie postérieure de l’abdomen (fig. 12.4).
plus souvent de faible intensité. Certaines sont
Sept à dix jours plus tard, l’adulte émerge. Le
endophiles et pénètrent volontiers dans les
développement total de l’œuf à l’adulte dure de
maisons ou les abris des animaux, d’autres sont
35 à 60 jours en l’absence de phénomènes de
exophiles.
diapause qui peuvent intervenir lorsque les
Durant la journée, les phlébotomes se cachent conditions sont défavorables (période hivernale
dans des endroits retirés, sombres et relativement pour les phlébotomes des régions tempérées).
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A B C
D E F
La copulation intervient selon les espèces, juste élevée). en moyenne, les femelles vivent deux
avant ou aussitôt après le premier repas sanguin semaines à deux mois et prennent généralement
qui dure de 30 secondes à 5 minutes. Seules les plusieurs repas sanguins (ce qui est indispensa-
femelles sont hématophages. elles se nourrissent ble à la transmission des leishmanies). Les mâles
sur divers vertébrés homéothermes (cas de la ont une durée de vie plus brève.
grande majorité des Phlebotomus et de beaucoup
La distribution des phlébotomes englobe toutes
de phlébotomes américains) ou poïkilothermes
les régions intertropicales, et bien au-delà
(cas de nombreux Sergentomyia de l’ancien
dans beaucoup de régions (fig. 12.5). ils ont su
Monde). Si ces dernières sont exclusivement
s’adapter à des climats très différents : méditer-
herpétophiles, elles ne jouent aucun rôle dans
ranéens, désertiques, tropicaux ou équatoriaux
la transmission des leishmanioses. en ce qui
(fig. 12.6). Étant peu mobiles, ils sont générale-
concerne les espèces mammalophiles, leurs spec-
ment absents des îles purement volcaniques ou
tres d’hôtes sont intéressants à connaître, car la
coralliennes isolées, à quelques exceptions près
plupart des leishmanioses se présentent comme
telles les Comores ou l’atoll d’aldabra aux
des zoonoses, maladies communes à l’Homme
Seychelles.
et aux animaux sauvages et domestiques.
Les phlébotomes sont des insectes telmophages : en France métropolitaine, leur aire de réparti-
ils puisent le sang dans une petite mare de sang tion se situe au sud de la Loire, encore que des
et de lymphe obtenue par dilacération de la captures plus septentrionales isolées aient été
peau à l’aide des mâchoires et des mandibules, rapportées de la région parisienne, de la Marne
et maintenue liquide grâce à l’injection d’une et même des ardennes belges. Leur densité aug-
salive anticoagulante dont la composition est mente au fur et à mesure que l’on se rapproche
complexe. du sud de la France, et notamment de la région
méditerranéenne.
La durée de vie des adultes est fonction de la
température (plus celle-ci est basse, plus la L’observation de la morphologie, en vue notam-
durée de vie est élevée) et de l’humidité (plus ment d’une identification spécifique, nécessite
l’hygrométrie est élevée, plus la durée de vie est le montage de ces insectes de petite taille entre
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A B
C D
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Occiput Armature
Vertex
Pharynx
Front
Suture interoculaire
Cibarium
Scape (AI)
Pédicelle (AII)
Clypeus
Mandibule
Maxille Épipharynx
Palpe (5 articles)
Ascoïde
Labium
Aire sensorielle
Labelle
Piston
Paramère
Pompe génitale
Filament génital (ou pénien)
Édéage (pénis, valve pénienne)
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A Tergite 7
Tergite 8 (= épigynium)
Tergite 9
Tergite 10
Cerque
Furca
Spermathèque
Sternite 7
Sternite 8 (= valves hypogyniales)
100 µm
B
Corps
Tête
Conduit
50 µm
Base
Figure 12.9 – Extrémité postérieure
Furca de l’abdomen d’une femelle (A)
et anatomie des spermathèques (B).
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Fonctionnement
des foyers leishmaniens
Certaines leishmanioses sont des maladies
strictement (ou presque) humaines (anthropo-
noses), tandis que d’autres sont des anthropo-
zoonoses faisant intervenir, selon les complexes
épidémiologiques, des réservoirs très variés.
Dans tous les cas, le phlébotome constitue le
pilier central de ces maladies à précellence vec- Hôtes vertébrés
torielle. La réceptivité des phlébotomes aux
leishmanies, leur abondance (corrélée à un Figure 12.11 – Exemple de cycle de leishmaniose
étage bioclimatique idéal) et leurs préférences anthroponotique stricte
(exemple : foyers classiques à L. tropica).
trophiques constituent les facteurs essentiels de
la circulation des leishmanies.
Le schéma classique de Garnham est la base de
la réflexion de l’épidémiologiste confronté au Cas 2 :
problème du fonctionnement d’un foyer. leishmaniose humaine et selvatique
Cas 1 : Dans la région sud-méditerranéenne, au Proche
leishmaniose strictement inféodée à l’Homme, et au Moyen-Orient, c’est le cas de la leishma-
dans laquelle seul le cycle humain fonctionne niose cutanée zoonotique ou rurale des régions
arides et chaudes, voire sub-désertiques, due à
Ce cas est celui de la leishmaniose cutanée
Leishmania major, où l’Homme s’infeste à partir
anthroponotique, urbaine ou sèche, localement
de rongeurs (Gerbilles, Mérions, Psammomys)
appelée « Bouton d’Orient », « clou de Biskra »,
par l’intermédiaire de phlébotomes inféodés aux
etc., due à Leishmania tropica (fig. 12.11). Le
terriers comme Ph. (Phlebotomus) papatasi, son
principal vecteur est Ph. (Paraphlebotomus)
principal vecteur, très anthropophile. La leish-
sergenti, un phlébotome fortement anthropo-
manie passe donc du rongeur sauvage à
phile et endophile, particulièrement abondant
l’Homme sans l’intervention d’un animal
dans les villes où l’affection est endémique, avec
domestique, ce qui explique l’habituelle locali-
des poussées épidémiques notamment lors de
sation des foyers à la périphérie des villes, dans
l’arrivée de nouvelles populations humaines.
les villages isolés et dans les endroits déser-
Bien que L. tropica ait été parfois isolée de divers
tiques. il faut noter que ce cycle selvatique se
animaux (chiens, rats), il semble que les foyers
domestique dans ces parties du monde, mais il
humains fonctionnent sans l’intervention d’un
reste strictement selvatique dans de nombreux
réservoir de virus animal, à l’exception de
foyers américains.
certains foyers zoonotiques d’afrique de l’est
ou du Proche-Orient dans lesquels les damans La distribution mondiale des leishmanioses
jouent un rôle de réservoir. tégumentaires est présentée figure 12.13.
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Hôtes invertébrés
Cycle Cycle
Cycle
selvatique humain
domestique
Hôtes vertébrés
N N
A C
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Hôtes invertébrés
Hôtes vertébrés
Figure 12.15 – Chiens leishmaniens et prélèvement de leishmanies dans un ganglion poplité hypertrophié.
© J. Depaquit
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COLLECTE ET PRÉSERVATION
DES PHLÉBOTOMES
Méthodes de piégeage des adultes
il existe de nombreuses méthodes pour capturer
les phlébotomes adultes. Sélectives ou non, cap-
turant les phlébotomes vivants ou morts, chacune
possède ses avantages et ses inconvénients.
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Si le trou est de petite taille (interstices des murs temps d’action suffisant, les draps sont soigneu-
de pierres sèches, ponts radiés, ouvertures de sement repliés de manière à ne pas perdre le
terriers de petite taille…), ils peuvent être roulés bénéfice des captures et dépliés à l’extérieur où
en cornet. les phlébotomes sont alors prélevés un à un
Particulièrement bien adapté à l’inventaire (fig. 12.21). Les phlébotomes venant d’être tués,
faunistique car peu sélectif, en région méditer- cette méthode est compatible avec la recherche
ranéenne (riOUX et GOLvaN, 1969), le piégeage et l’isolement de leishmanies, pour peu que le
aux papiers huilés s’effectue généralement le long laboratoire de terrain soit installé à proximité
d’itinéraires transects choisis de façon à parcourir des lieux de capture.
les différents étages bioclimatiques. Les papiers
sont alors mis en place dans une série de stations Piégeages sur appâts
à peu près équidistantes, et l’on prend soin d’ex- Cette technique est utilisée pour mettre en
plorer tous les biotopes possibles (campagnes, évidence les préférences trophiques. elle se
villes, villages, habitations, étables, etc.). ils sont pratique sur l’Homme à l’aide de tubes ou de
laissés en place soit une nuit (piégeage itinérant), capturateurs, à la « touche » au moment du posé
soit 4 à 5 jours (temps pendant lequel ils restent du phlébotome, à la piqûre ou à gorgement
efficaces). Les phlébotomes doivent être récoltés complet. elle peut aussi être mise en œuvre à
dès que possible après le relevé des pièges l’aide d’appâts animaux sous moustiquaire-
pour éviter la dessiccation ou le développement piège, sous tente, en cage à proximité immédiate
de moisissures. toutefois, la conservation au d’un piège CDC miniature, voire au piège de
congélateur donne d’excellents résultats. Disney qui combine l’attraction par un animal
en cage et la capture à l’huile.
À l’aide d’insecticide dans les habitations
Cette méthode d’étude de la faune résiduelle des
Méthodes de recherche
habitations donne des résultats intéressants en
vue de la connaissance des espèces endophiles des larves dans la nature
qui ne sont pas photophiles et donc non attirées Du fait de la nature des gîtes, les larves sont
par les pièges CDC miniatures. Un (ou plusieurs) très difficiles à trouver. Diverses techniques
grand drap blanc est déroulé sur la totalité du d’extraction à partir du sol ont été proposées :
sol de l’habitation, après quoi un insecticide est dessiccation progressive du substrat présumé
pulvérisé dans l’habitation fermée. après un dans un tunnel, pour forcer les larves à émigrer
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dans des tubes remplis d’eau placés en dérivation, Le phlébotome est posé sur la lame dans une
ou extraction par flottaison à la surface de liquides grosse goutte de Marc-andré et éventuellement
denses (sirop simple). chauffé à la flamme d’un briquet jusqu’à éclair-
il est possible de localiser des lieux de ponte à cissement. Sous le contrôle de la loupe, on le
l’aide de cages à éclosion mais, à l’exception de dispose en position latérale, ailes étalées vers
quelques grottes où le guano constitue un le haut et pattes disposées ventralement. La tête
milieu très favorable à leur développement, de est séparée du corps et orientée face ventrale
manière générale, la découverte de larves dans vers le haut (pour voir le cibarium). Dans les
la nature est exceptionnelle. foyers à Larroussius, il est préférable de détacher
les deux derniers segments abdominaux et de
Conditionnement et préparation tirer doucement pour entraîner la furca et les
spermathèques (pour voir les dilatations basales
des phlébotomes adultes collectés
des conduits des spermathèques, indispensa-
En vue de leur identification rapide bles à la diagnose différentielle des femelles).
Dans le cadre d’études épidémiologiques, il est On dépose directement la lamelle ou, si on
possible de traiter les phlébotomes extempora- désire garder la préparation, on transfère dans
nément aussitôt après les avoir tués. Dans ce cas, une goutte de gomme avant de déposer la
il convient de se munir : lamelle.
– de liquide de Marc-andré :
- eau distillée 30 ml
En vue de la recherche des leishmanies
- hydrate de chloral 40 g chez les femelles
- acide acétique cristallisable 30 ml il convient de travailler le plus proprement pos-
– de gomme au chloral d’après Langeron : sible. en particulier, les lames et lamelles seront
- eau distillée 50 g stériles et le matériel de dissection flambé ou
- hydrate de chloral 200 g passé à l’alcool entre chaque dissection.
- glycérine 20 g Le phlébotome femelle est disposé sur une lame
- gomme arabique 30 g stérile dans une grosse goutte de soluté physiolo-
ainsi que de lames, de lamelles rondes de 12 mm gique stérile (utiliser une seringue montée pour
de diamètre et d’aiguilles à dissection stériles si distribuer celui-ci). On dispose sur la même lame
nécessaire. une petite goutte de Marc-andré.
317
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La tête est coupée. L’insecte étant disposé en et femelles (transmission verticale) étant répartis
position latérale, on pratique deux petites inci- généralement par lots, ce qui n’est pas l’idéal pour
sions, une ventrale et l’autre dorsale, entre les la caractérisation ultérieure de l’espèce vectrice en
7e et 8e segments abdominaux. On bloque la cause. Ce mode de conservation peut également
partie postérieure à l’aide d’une des aiguilles être utilisé dans le cadre d’études moléculaires,
montées et, avec l’autre, on tire doucement la enzymologiques et pour la caractérisation
partie avant du corps. L’intestin apparaît pro- ultérieure des repas sanguins.
gressivement. en cas d’infestation, la présence
de leishmanies se repère au fort grossissement En vue d’un montage pérenne
de la loupe et elle est confirmée au microscope. Les exemplaires sont conservés idéalement dans
Noter la partie du tube digestif colonisée et l’alcool à 96°, ou de titre inférieur si un tel titre
rechercher la présence éventuelle de leishmanies n’est pas disponible, mais il conviendra alors de
dans la trompe. tête et partie postérieure de renouveler l’alcool à intervalles réguliers (tous
l’abdomen sont transférées dans le Marc-andré les 4 à 5 ans par exemple). Dans la méthode
pour l’identification spécifique. classique de montage, les phlébotomes sont
placés dans une coupelle de verre munie d’un
Le tube digestif est légèrement dilacéré dans le
couvercle dans laquelle s’effectueront toutes les
soluté physiologique, son contenu aspiré dans
manipulations.
une seringue stérile et transféré dans un tube de
milieu de culture. Plusieurs milieux d’isolement L’alcool est soutiré à l’aide d’une pipette Pasteur
ont été proposés. Le choix dépend un peu de munie d’une poire en caoutchouc, en prenant
l’espèce leishmanienne en cause dans le foyer bien soin de ne pas abimer les phlébotomes. Les
prospecté. Ceux qui d’une façon générale donnent bains successifs suivants sont ensuite effectués :
les meilleurs résultats sont les milieux riches en – 8 à 12 heures dans la potasse à 10 % ;
sang comme le classique milieu NNN : pente de – 6 bains, de 20 minutes chacun, dans l’eau dis-
gélose salée additionnée de 10 % de sang de tillée ;
lapin défibriné. L’ensemencement se fait dans le – 1 heure minimum dans le liquide de Marc-
liquide qui exsude, additionné d’antibiotiques andré. Une conservation prolongée des spécimens
(ex. : pénicilline 100 U/ml + streptomycine dans ce liquide ne présente pas d’inconvénient.
100 µg/ml), voire de divers adjuvants (certains À ce stade, les phlébotomes peuvent être montés
utilisent quelques gouttes d’urine humaine sté- dans un milieu aqueux de type gomme au chloral
rilisée, d’autres le milieu rPMi 1640, d’autres le ou le milieu CMP-9 (Low viscosity Mountant
milieu drosophile de Schneider). il est très medium, Polysciences, cat. n° 16299).
important de veiller à ne pas contaminer la
en vue d’un montage permanent dans le baume
culture par des champignons car les leishmanies
du Canada, les spécimens déjà conservés dans
sont sensibles aux antifongiques.
le Marc-andré subissent les bains successifs
L’incubation doit se faire à 24-25 °C. en région suivants :
tropicale, penser à utiliser des dispositifs de – eau distillée (30 minutes) ;
refroidissement. Les cultures, vérifiées une fois – coloration de 5 à 15 minutes dans la fuchsine
par semaine, font l’objet à chaque fois de repi- acide à 1 pour mille (étape facultative suivie
quages systématiques : ce n’est parfois qu’au 4e d’un rinçage dans l’eau distillée) ;
ou 5e repiquage que les leishmanies deviennent – alcool à 70° (20 -30 minutes) ;
visibles. – alcool à 90° (20-30 minutes) ;
– alcool à 95°ou 96° (20-30 minutes) ;
En vue de la recherche d’arbovirus – alcool absolu (20-30 minutes) ;
Dans ce cas, la conservation se fait dans l’azote – huile essentielle de clou de girofle (remplaçant
liquide ou à sec à - 80 °C, les phlébotomes mâles la créosote de hêtre, toxique) (1 heure au moins).
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Les spécimens, qui sont alors complètement le principal réservoir, la protection des chiens
déshydratés, sont montés sous la loupe binocu- vis-à-vis des piqûres de phlébotomes à l’aide de
laire dans une goutte de baume du Canada colliers ou de solutions rémanentes insecticides
diluée dans du xylène jusqu’à consistance fluide. s’est révélée particulièrement efficace.
Cette technique, qui permet d’obtenir des
conservations de longue durée, est fortement RÉFÉRENCES
recommandée pour la mise en collection des
abonnenc, e., 1972. Les phlébotomes de la région
espèces malgré la difficulté d’observation de éthiopienne (Diptera, Psychodidae). Cah. ORSTOM,
certaines spermathèques. Sér. Ent. Méd. Parasitol., 55, 239 p.
abonnenc, e., Léger, N., 1976. Sur une classification
LUTTE rationnelle des Diptères Phlebotomidae. Cah. ORSTOM,
Les leishmanioses posent depuis longtemps un Sér. Ent. Méd. Parasitol., 14 : 69-78.
grave problème de santé publique dans certains alkan, C., Bichaud, L., de Lamballerie, X., alten, B.,
pays. La lutte contre les vecteurs constitue l’un Gould, e.a., Charrel, r.N., 2013. Sandfly-borne phle-
des volets de la prophylaxie. en outre, dans boviruses of eurasia and africa: epidemiology,
certaines régions, les phlébotomes représentent genetic diversity, geographic range, control measures.
du fait de leur pullulation et de leur agressivité Antiviral research, 100 : 54-74.
une réelle nuisance. artemiev, M., 1991. a classification of the subfamily
La lutte contre les phlébotomes est difficile. Phlebotominae. Parassitologia, 33 (suppl.) : 69-77.
Les biotopes larvaires restent trop peu connus, artemiev, M., Neronov, v., 1984. Distribution and
ecology of sandflies of the world (genus Phlebotomus).
sont innombrables et de petite taille. La lutte
Inst. Evol. Morph. Anim. Ecol. MSSR., Moscou.
contre les larves est donc une utopie. Les larves
étant terricoles, on peut tout au plus limiter les Depaquit, J., 2014. Molecular systematics applied to
densités les plus élevées en réduisant l’abon- Phlebotomine sandflies: review and perspectives.
Infect. Genet. Evol., 28 : 744-756.
dance de matières organiques sur le sol (dans les
fermes) ou en évitant la création de gîtes larvaires Depaquit, J., Grandadam, M., Fouque, F, andry, P.e.,
à proximité des habitations (barbacanes). Peyrefitte, C., 2010. arthropod-borne viruses trans-
mitted by Phlebotomine sandflies in europe: a
La lutte contre les phlébotomes se focalise review. Euro Surveill., 15 (10) :19507.
contre les adultes. C’est surtout dans les foyers
Duckhouse, D., Lewis, D., 1980. Family Psychodidae.
de leishmaniose anthroponotique que cette In: Crosskey, r.W. (ed.), Catalogue of the Diptera of
stratégie de lutte a donné les meilleurs résultats, the Afrotropical region. British Museum (Natural
a fortiori lorsque les vecteurs sont endophiles. History), London : 93-105.
On a utilisé les pulvérisations intradomiciliaires
Fairchild, G., 1955. the relationships and classification
et péridomestiques d’insecticides rémanents, et of the phlebotominae (Diptera: Psychodidae). Ann.
surtout les moustiquaires et les rideaux impré- Entomol. Soc. Am., 48 : 182-196.
gnés de pyréthrinoïdes qui ont donné de bons
Galati, e., 2013. Phlebotominae (Diptera, Psychodidae)
résultats, notamment dans la lutte contre la Classificação, Morfologia, Terminologia e Identificação
leishmaniose cutanée à L. tropica. Dans certains de Adultos. Apostila. Bioecologia e Identificação de
foyers (afghanistan) où la leishmaniose cutanée Phlebotominae. vol. i. Universidade de São Paulo, São
qui laisse des cicatrices défigurantes peut être Paulo, Brasil.
à l’origine de l’exclusion sociale des femmes Galati, e.a.B., 1995. Phylogenic systematics of
porteuses, l’utilisation de tchadors imprégnés de Phlebotominae (Diptera, Psychodidae) with emphasis
pyréthrinoïdes limite nettement le nombre des of american groups. Biol. Dir. Malariol. San. Amb.,
piqûres par les phlébotomes. 35 : 133-142.
Dans le cas des foyers de leishmaniose à Hennig, W., 1972. insektenfossilien aus der unteren
L. infantum, dans lesquels les chiens constituent Kreide. iv. Psychodidae (Phlebotominae) mit einer
319
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kristischen übersicht über das phylogenetische System national de la santé et de la recherche médiale, Paris,
der Familie und die bischer beschriebenen Fossilien Monographie 37, 223 p.
(Diptera). Stuttgarter Berträge zur Naturkunde aus rispail, P., Léger, N., 1998 a. Numerical taxonomy of
dem Staatlichen Museum für Naturkunde in Stuttgart, Old World Phlebotominae (Diptera : Psychodidae).
241 : 1-69. 1. Considerations of morphological characters in the
Léger, N., Depaquit, J., Ferté, H., 2000. Les phlébo- genus Phlebotomus rondani et Berté 1840. Mem. Inst.
tomes (Diptera-Psychodidae) de l’ile de Chypre. Oswaldo Cruz, 93 : 773-785.
i—Description de Phlebotomus (Transphlebotomus) rispail, P., Léger, N., 1998 b. Numerical taxonomy of
economidesi n. sp. Parasite, 7 : 135-141. Old World Phlebotominae (Diptera : Psychodidae).
Lewis, D., 1982. a taxonomic review of the genus 2. restatement of classfication upon subgeneric
Phlebotomus. Bull. Brit. Mus. Nat. Hist. (Ent.), 45 : morphological characters. Mem. Inst. Oswaldo Cruz,
121-209. 93 : 787-793.
Lewis, D., young, D., Fairchild, G., Minter, D., 1977. Scopoli, J., 1783. Deliciae florae et faunae insubricae,
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Entomol., 2 : 319-332. a catalogue of Old World phlebotomine sandflies
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rioux, J.a., Golvan, y.J., dir., 1969. Épidémiologie des South America (Diptera : Psychodidae). associated
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320
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C HAPITRE 13
Les Simulies
(Diptera : Simuliidae)
Peter H. Adler, John W. McCreadie
321
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1 mm
Figure 13.4 – Stades larvaires de simulies filtrant l’eau courante, en distribution lâche (gauche)
et dense (droite) ; la photo de droite montre également des nymphes.
© W. K. reeves (gauche) et D. a. Craig (droite).
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Les femelles de la plupart des espèces sont anau- lot d’œufs) et peuvent achever plusieurs cycles
togènes ; autrement dit, elles ont besoin d’un gonotrophiques si les femelles vivent assez long-
repas de sang pour mener la ponte à maturité. temps. Jusqu’à six cycles gonotrophiques ont
Certaines espèces, en milieu nordique, possè- été rapportés, bien que deux ou trois soient plus
dent des pièces buccales non piqueuses et sont fréquents. Dans la nature, la longévité des
obligatoirement autogènes (ne nécessitant pas femelles adultes est généralement inférieure à
de sang pour la ponte). toutefois, pour la pre- un mois (CrOSSKey, 1990).
mière ponte, il arrive que les femelles de beau-
Des avancées significatives pour l’élevage en
coup d’espèces soient autogènes, contrairement
laboratoire ont été réalisées dans les années
aux générations suivantes (DavieS et GyörKöS,
1980, mais le maintien d’une colonie nécessite
1990).
beaucoup de travail. Simulium vittatum, espèce
Le vol des femelles, lors de la dispersion en quête présente en amérique du Nord, est maintenue
d’hôtes pour leur repas de sang, peut aller de en colonie depuis plus de 30 ans et nécessite une
quelques kilomètres jusqu’à plusieurs centaines attention quotidienne (Gray et NOBLet, 2014).
de kilomètres de leur cours d’eau d’origine. Les
vols de courte et moyenne distances sont actifs.
Les vols de très longue distance sont assistés par RÔLE VECTORIEL
les vents dominants. ET SANTÉ PUBLIQUE
Seuls les oiseaux et les mammifères servent À peu près 25 espèces de simulies sont d’impor-
d’hôtes. Les hôtes primaires d’une espèce peuvent tantes pestes qui piquent les humains
être déduits de la forme des griffes de la femelle : (tabl. 13.1). D’autres espèces sont attirées par les
un crochet incurvé simple, parfois avec une humains, mais ne piquent pas, ou seulement
petite dent sous-basale, indique des espèces se dans une partie de leur aire de distribution
nourrissant sur mammifères (c’est-à-dire mam- (SariözKaN et al., 2014). Néanmoins, ces espèces
malophiles), alors qu’un crochet incurvé avec un créent des problèmes de nuisance en volant
lobe basal en forme de pouce indique des espèces autour de la tête et en pénétrant dans les yeux,
se nourrissant sur oiseaux (ornithophiles). La les oreilles, le nez et la bouche, limitant bien
plupart des simulies sont ornithophiles. On souvent les activités de plein air et réduisant la
observe divers degrés de spécificité d’hôtes productivité. Les grands fleuves peuvent pro-
parmi les espèces de simulies (MaLMQviSt et duire des milliards de simulies qui perturbent
al., 2004 b). Les caractéristiques de l’habitat et grandement, jusqu’à causer une détresse, même
de l’hôte sont utilisées dans la recherche des si elles ne piquent pas (aDLer et al., 2004 ;
hôtes, telles la couleur, la taille, la forme et SHeLLey et al., 2010). Un peu moins de 10 % des
l’odeur, en particulier le dioxyde de carbone espèces de simulies, dans une région zoogéogra-
(SUtCLiFFe, 1986). phique donnée, sont anthropophiles (c’est-à-dire
qu’elles se nourrissent du sang humain)
La ponte a généralement lieu au lever ou au
(tabl. 13.1, fig. 13.2). Cependant, aucune simulie
coucher du soleil. Les femelles déposent leurs
ne se nourrit exclusivement de sang humain.
œufs sur un substrat, sous forme de chaînes ou
d’amas, ou, plus communément, en vol, quelques- Les femelles incisent la peau, en utilisant leurs
uns à la fois dans l’eau ou sur un substrat humide. mandibules dentelées comme micro-ciseaux, la
Chez certaines espèces, les femelles participent déchirent et se nourrissent de la goutte de sang
à une ponte collective, en lien avec des phéro- ainsi formée. On dit qu’elles sont telmophages.
mones de ponte, produisant des amas de milliers Certaines espèces font que le sang s’écoule de la
d’œufs (MCCaLL et al., 1997). La plupart des plaie ; d’autres créent un petit hématome violacé
espèces produisent de 150 à 600 œufs par cycle qui ne permet pas au sang de s’écouler
gonotrophique (c’est-à-dire, la maturation d’un (fig. 13.7). Les réactions humaines aux piqûres
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Tableau 13.1 – Principales simulies piqueuses et nuisibles chez l’Homme, le bétail et la volaille.
Espèce Problème parasitaire région géographique
Austrosimulium australense Homme Nouvelle-zélande
Austrosimulium pestilens Bétail australie (Queensland)
Austrosimulium ungulatum Homme Nouvelle-zélande
Cnephia ornithophilia volaille est de l’amérique du Nord
Cnephia pecuarum Bétail États-Unis (vallée du Mississippi)
Prosimulium mixtum group Homme est de l’amérique du Nord
Simulium adersi volaille afrique
Simulium amazonicum Homme Brésil
Simulium arakawae Homme Japon
Simulium buissoni Homme Îles Marquises
Simulium cholodkovskii Homme, bétail Sibérie orientale
Simulium chutteri Bétail afrique du Sud
Complexe Simulium damnosum Homme afrique
Simulium decimatum Homme, bétail russie
Simulium equinum Bétail europe, russie
Simulium erythrocephalum Bétail europe
Simulium incrustatum Bétail Paraguay
Simulium jenningsi Homme, bétail est de l’amérique du Nord
Simulium jujuyense Homme argentine
Simulium kurense Bétail asie de l’Ouest
Simulium lineatum Bétail europe et russie
Simulium luggeri Bétail Ouest du Canada
Simulium maculatum Bétail russie
Simulium meridionale Homme, volaille Ouest de l’amérique du Nord
Simulium nigrogilvum Homme thaïlande
Complexe Simulium ochraceum Homme, bétail Îles Galapagos
Complexe Simulium ornatum Bétail europe, russie
Complexe Simulium oyapokense Homme amérique du Sud (région amazonienne)
Simulium parnassum Homme est de l’amérique du Nord
Simulium penobscotense Homme Nord-est de l’amérique du Nord
Simulium pertinax Homme Brésil
Simulium posticatum Homme angleterre
Simulium quadrivittatum Homme amérique centrale
Simulium reptans Bétail europe, russie
Simulium rugglesi volaille amérique du Nord
Simulium sanguineum Homme Nord-Ouest de l’amérique du Sud
Simulium slossonae volaille Sud-est des États-Unis
Simulium tescorum Homme Sud-Ouest des États-Unis
Simulium turgaicum Homme, bétail turquie
Simulium vampirum Bétail Ouest du Canada
Complexe Simulium venustum Homme amérique du Nord
Simulium vorax Bétail, Homme afrique
Complexe Simulium vittatum Homme, bétail amérique du Nord
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identique à l’O. volvulus africain et yéménite, « saucisses »). Une seconde mue les transforme
devenant finalement une maladie établie avec en larves de stade 3 (L3), qui deviennent infec-
des extensions d’ampleur extrêmement diverse tantes en se déplaçant vers la tête et vers les pièces
en Colombie, en Équateur, au Mexique, au buccales. La présence de larves infectantes (L3)
Guatemala (maladie maintenant déclarée élimi- dans les têtes des femelles est utilisée pour incri-
née dans ces quatre pays), au Brésil et au miner les espèces vectrices et évaluer quantita-
venezuela. en amérique, le nom espagnol de la tivement la transmission. Le développement du
maladie est enfermedad de Robles (maladie de parasite chez les simulies prend généralement
robles). 6 à 12 jours. Les simulies effectuent un repas de
sang tous les 3 à 5 jours. Les larves infectantes
Importance de la maladie sont ainsi transmises à l’Homme lors du troisième
en 1995, l’Organisation mondiale de la santé repas de sang ou lors d’un repas ultérieur, lorsque
estimait que 17,7 millions de personnes étaient la simulie est âgée d’au moins 8 à 10 jours.
infectées, avec environ 270 000 d’entre elles
présentant une cécité induite d’origine micro- Cycle du parasite chez l’Homme
filarienne, et un demi-million de personnes Le cycle de vie du parasite chez les humains
supplémentaires présentant une déficience visuelle débute lorsque des larves infectantes (L3)
grave. en fait, ces nombres furent sous-estimés, s’introduisent activement à l’occasion d’un repas
les personnes à risque auraient dû être évaluées de sang de la simulie. Une semaine environ est
à 120 millions, dont 37 millions fortement nécessaire pour une transformation au stade L4
infectées (reMMe et al., 2006). après une 3e mue. Un à plusieurs mois plus tard,
Des progrès considérables ont été accomplis dans une mue supplémentaire produit des jeunes
la lutte contre la maladie. La transmission a été adultes qui atteignent la maturité à 12-18 mois.
interrompue ou éliminée dans 11 des 13 foyers Les vers adultes s’encapsulent dans des nodules
du continent américain, avec seulement (onchocercomes) sous la peau, au niveau des
20 500 indiens yanomami nécessitant encore proéminences osseuses (fig. 13.8) ou, moins
un traitement au Brésil et au venezuela (WHO, souvent, à l’intérieur des muscles et des tissus
2014 a). La Colombie a été déclarée exempte conjonctifs. ils n’entraînent pas de réaction
d’onchocercose en 2013, l’Équateur en 2014, le inflammatoire ou d’inconfort. en afrique, les
Mexique en 2015 et le Guatemala en 2016. nodules sont principalement sur le tronc et les
Une littérature importante a été accumulée sur membres inférieurs, mais, en amérique latine,
l’onchocercose. Les articles mettant l’accent sur ils sont plutôt sur le cuir chevelu et les parties
les vecteurs sont ceux de SHeLLey (1988 a) et de hautes du corps. Les petits vers mâles (3 à 5 cm
CrOSSKey (1990). de long) et les longues femelles pelotonnées
(30 à 80 cm) s’accouplent dans les nodules. Les
Cycle du parasite chez le vecteur femelles produisent alors les microfilaires, poten-
Les simulies du genre Simulium sont les hôtes tiellement des millions, pendant plus de 14 ans.
intermédiaires et les seuls vecteurs d’O. volvulus. Les microfilaires migrent des nodules vers la peau,
Les humains sont les seuls hôtes définitifs où elles peuvent être ingérées par un vecteur,
d’O. volvulus. Lorsque la simulie femelle prend ainsi que vers les yeux et occasionnellement vers
son repas de sang chez une personne infectée, des de nombreux autres organes comme le foie et
microfilaires (220-360 µm de long) en nombre les reins. Les infections humaines peuvent être
réduit pénètrent la paroi intestinale de la simulie diagnostiquées par biopsies cutanées qui révèlent
et passent dans les muscles alaires. elles se les microfilaires. Calibrées, ces biopsies permet-
transforment en larves de premier stade (L1) tent une estimation et un suivi des intensités
dans les muscles alaires, puis muent en larves d’infection. Les microfilaires non ingérées
de deuxième stade (L2, communément appelées survivent jusqu’à deux ans chez l’hôte humain.
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Les connaissances sur la dispersion des adultes en direction du sud-ouest. Des réinvasions se
sont pertinentes pour la lutte antivectorielle et le produisent ainsi à chaque saison dans les régions
contrôle de la maladie. Les femelles de S. sirba- septentrionales.
num et S. damnosum s.s. peuvent parcourir plus
de 500 km à partir de leur habitat d’origine Mansonellose
(GarMS et WaLSH, 1988). Durant la saison des Le nématode filarien Mansonella ozzardi est
pluies, les vents humides de mousson venant du responsable de la mansonellose, maladie tropicale
sud-ouest poussent les vols en direction du chez les humains. Les simulies ont été reconnues
nord-est. inversement, durant la saison sèche, les expérimentalement comme vecteurs en 1980.
vents du nord-est (harmattan) poussent les vols Bien que certains oiseaux et mammifères puissent
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(australie), Cnephia pecuarum dans la vallée Les simulies transmettent au moins cinq espèces
du fleuve Mississippi (États-Unis), Simulium supplémentaires d’Onchocerca à des hôtes qui
colombaschense le long du Danube en europe, ne sont pas des bovins (cf. tabl. 13.2). Onchocerca
S. vampirum dans les prairies canadiennes, ainsi cervipedis, appelé « legworms » en amérique du
que S. erythrocephalum, le complexe S. ornatum, Nord, et O. tarsicola en europe infectent les
et S. reptans en europe. La plus grande attaque tissus conjonctifs sous-cutanés, principalement
de simulies a tué environ 22 000 animaux en dans les pattes des cervidés (PLeDGer et al., 1980).
1923 le long du Danube (CiUrea et DiNULeSCU, Onchocerca ramachandrini est un parasite de
1924). La simulitoxicose à grande échelle est phacochères. Onchocerca skrjabini parasite le
aujourd’hui rare, car la pollution et les barrages cerf japonais, et une espèce non décrite d’Oncho-
ont modifié les anciens gîtes de reproduction de cerca parasite les sangliers au Japon (FUKUDa et
certaines de ces espèces. L’invasion de ces rava- al., 2010).
geurs continue cependant de causer des décès
(WerNer et aDLer, 2005). La faune, notam- Leucocytozoonose aviaire
ment les oisillons, est également sensible à la De nombreuses espèces de protozoaires du
simulitoxicose. La mort d’oiseaux exotiques genre Leucocytozoon sont transmises aux
peut être coûteuse (MOCK et aDLer, 2002). oiseaux par les simulies, causant une maladie
assimilable au paludisme, appelée « leucocyto-
Onchocercose non humaine zoonose » (tabl. 13.2). Plus de 100 espèces de
au moins 9 des 15 espèces connues de filaires Leucocytozoon ont été décrites, mais les vecteurs
du genre Onchocerca sont transmises par les – que l’on présume être principalement des
simulies aux animaux domestiques et sauvages simulies – ont été certifiés seulement pour
(tabl. 13.2). Les pertes économiques causées par une fraction de ces espèces. Les méthodes de
l’onchocercose animale sont mal documentées, biologie moléculaire ont permis de découvrir
bien que quelques rapports indiquent une une diversité supplémentaire des parasites
moindre qualité des cuirs de bovins. Leucocytozoon chez les simulies (HeLLGreN et al.,
2008 ; SatO et al., 2009). La plupart des oiseaux,
Les simulies transmettent généralement quatre
ainsi que les simulies ornithophiles, sont proba-
espèces d’Onchocerca au bétail. Onchocerca
blement des hôtes de Leucocytozoon.
lienalis est la plus répandue de ces espèces, dis-
tribuée aux États-Unis et dans l’ancien Monde. Les espèces de Leucocytozoon ont un cycle de
Les microfilaires sont ingérées lors des repas de vie complexe semblable à celui des agents du
sang, en particulier dans la région ombilicale du paludisme. Les gamétocytes dans le sang d’un
bétail, et sont transmises à un nouvel hôte une oiseau sont ingérés par une simulie femelle. Les
fois atteint le troisième stade infectant. Un pour- parasites subissent un développement sexué
centage élevé de bovins peuvent être infectés, puis asexué durant 3-4 jours dans le vecteur.
mais les symptômes de l’onchocercose bovine Lors d’un autre repas de sang, la simulie transmet
ne sont généralement pas évidents, mis à part des sporozoïtes du parasite à un autre oiseau qui
une dermatite occasionnelle et une inflamma- sert d’hôte pour le développement asexué et la
tion de la peau et des ligaments conjonctifs. Les production de gamétocytes.
microfilaires d’Onchocerca gutturosa, espèce Deux espèces de Leucocytozoon sont responsa-
Paléarctique, apparaissent dans la peau du bles de problèmes économiques majeurs. Les
cou et du dos de l’hôte. Les simulies et des deux sont présentes en amérique du Nord, où
Ceratopogonidae (Culicoides) en sont vecteurs. elles causent des leucocytozoonoses, appelées
Onchocerca ochengi et O. dukei, deux espèces couramment duck malaria, gnat fever et turkey
d’afrique de l’Ouest, entraînent l’apparition de malaria. Leucocytozoon simondi est présent chez
nodules, respectivement dermiques et sous- les canards et les oies, et L. smithi est inféodé aux
cutanés, dans la région inguinale de leurs hôtes. dindes. Les infections chroniques affaiblissent
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le système immunitaire et réduisent la repro- la nature est inconnue ; il reste encore beaucoup
duction. Les infections aiguës entraînent à apprendre sur ce vecteur potentiel parmi la
déshydratation, émaciation, convulsions et faune. Dans les intestins des simulies présentes en
mort. Quelques cas d’oiseaux sauvages mourant afrique, de minuscules nématodes de la famille
ou souffrant de leucocytozoonose sont connus robertdollfusidae pourraient être transmis aux
(HerMaN et al., 1975), mais les effets des piqûres animaux (BaiN et reNz, 1993). Des Bunyavirus
de simulies et les effets pathogènes de l’infection – le virus de l’encéphalite équine et le virus du
peuvent être difficiles à distinguer (rOHNer et al., lièvre d’amérique – ont été isolés chez des simu-
2000). Lorsque les volailles sont élevées en plein lies en amérique du Nord. La transmission méca-
air, elles sont particulièrement vulnérables aux nique a été démontrée pour le virus Whataroa
leucocytozoonoses, et des élevages peuvent être chez la souris de laboratoire en Nouvelle-
exterminés (NOBLet et al., 1975). L’élevage de zélande (aUStiN, 1967) et pour la myxomatose
volailles dans des bâtiments réduit la prévalence des lapins en australie (MyKytOWyCz, 1957).
de la maladie parce que certains vecteurs ne Des infections à Chlamydia et avec le virus de
pénètrent pas dans les constructions. la fièvre de la vallée du rift sont suspectées être
transmises par simulies au mouton en afrique
Autres parasites du Sud (PaLMer, 1995).
d’importance vétérinaire
Les simulies peuvent être vecteurs biologiques CONTRÔLE ET PRÉVENTION
ou mécaniques du virus de la stomatite vésicu-
La lutte contre les simulies ces 100 dernières
leuse au bétail (SMitH et al., 2009). Le virus
années a progressé sous de nombreux aspects,
provoque des lésions dans les tissus épithéliaux,
en s’appuyant généralement sur les méthodes
en particulier dans la bouche. Bien que généra-
développées contre les moustiques. Les plus
lement non mortelle, la maladie entraîne des
grands progrès ont été accomplis dans le
pertes économiques considérables au cours des
contrôle des larves, en profitant de la possibilité
épizooties. Des expériences en laboratoire ont
d’atteindre des populations entières dans un
démontré que les simulies peuvent s’infecter
espace relativement confiné. Par conséquent, la
par co-repas (voir chap. 2, « transmissions non
plupart des efforts de lutte se concentrent à
vectorielles ») en se nourrissant sur le même hôte
l’heure actuelle sur les larvicides plutôt que sur
avec une simulie infectée (MeaD et al., 2000).
les adulticides. Lors des 75 premières années de
Les simulies transmettent le protozoaire Trypa- lutte contre les simulies, on recourait à des pro-
nosoma confusum à de nombreuses espèces duits chimiques non spécifiques, de toute sorte :
d’oiseaux en amérique du Nord, lorsque des du pétrole, du vert de Paris puis des insecticides,
gouttelettes de matières fécales infectées de la du lindane et du DDt jusqu’au méthoxychlore,
simulie contaminent la morsure (BeNNett, 1961). et des régulateurs de croissance des insectes. Les
D’autres espèces de trypanosomes d’oiseaux, tels effets néfastes de ces produits chimiques sur les
T. avium et T. corvi, provoquent des infections organismes non cibles ont conduit à rechercher
quand les oiseaux mangent des oiseaux ou des des procédés plus respectueux de l’environne-
simulies infectés (vOtýPKa et SvOBODOvá, 2004). ment. Par ailleurs, des résistances aux insecticides
Les effets de ces parasites aviaires sur leurs hôtes chimiques sont rapidement apparues.
sont mal connus. Par ailleurs, les simulies La plus grande avancée dans la lutte contre les
transmettent respectivement les filaires Splen- simulies a été l’utilisation de toxines naturelles
didofilaria fallisensis et Dirofilaria ursi chez les produites dans les spores de la bactérie Bacillus
canards et les ours noirs. thuringiensis var. israelensis (Bti). Son action
D’autres parasites de la faune ont été associés aux insecticide a été découverte sur les larves de
simulies, mais l’ampleur de la transmission dans moustiques, puis le Bti a été testé et adapté pour
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les larves de simulies à la fin des années 1970. La médecine et la littérature populaire sont pleines
Une endotoxine dans les inclusions parasporales de méthodes et de matériaux pour décourager les
de la bactérie est létale par ingestion pour la simulies de piquer et de proliférer à proximité
simulie, lésant l’épithélium de l’intestin moyen des humains (aDLer et al., 2004). Beaucoup
de la larve en pH fortement alcalin. La grande de remèdes « maison » sont d’une efficacité
spécificité contre les simulies, sans conséquence douteuse, et certains produits commerciaux
sur les organismes non cibles, a abouti à l’utili- sont frauduleux. Parmi les répulsifs avérés, il y
sation presque universelle du Bti contre les a la fumée produite par un feu qui consume des
simulies. Le Bti peut être appliqué à la main ou matériaux tels que l’herbe verte ou la bouse
pulvérisé par avion, en fonction de l’étendue séchée. De la même manière, les pêcheurs
géographique du problème et de la taille des fument souvent du tabac pour repousser les
rivières nécessitant le traitement (fig. 13.12). Un simulies, peut-être aidés par la nicotine. Les
vaste programme de gestion des simulies, qui produits appliqués directement sur la peau des
repose exclusivement sur le Bti, est mené par personnes et des animaux comportent diverses
l’État de Pennsylvanie (États-Unis) depuis plus graisses, huiles, goudrons et composés à base de
de 30 ans (Pennsylvania Department of envi- plantes comme la citronnelle. Les applications
ronmental Protection, 2014). Bien qu’aucune les plus efficaces sont celles avec le N, N-diéthyl-
résistance au Bti n’ait été détectée, les spécialistes méta-toluamide (Deet), mais, comme la plupart
en gestion des ravageurs et en lutte antivectorielle des répulsifs, ils ont une efficacité limitée et
doivent rester vigilants. doivent être régulièrement renouvelés après
D’autres stratégies de lutte non chimiques peu- quelques heures. Les vêtements traités à la
vent être efficaces en fonction des circonstances perméthrine et les moustiquaires de tête sont
particulières de l’espèce nuisible (aDLer et al., populaires là où les simulies sont des pestes
2004). Ces stratégies pragmatiques comprennent incessantes, en particulier dans les zones
l’enlèvement de la végétation et d’autres subs- boréales et la toundra. Les vêtements clairs
trats servant de sites de fixation pour les stades peuvent réduire le nombre d’insectes attirés par
immatures, ainsi que la régulation du débit de les personnes. De la vaseline et des cagoules sont
l’eau afin de priver les larves de courant. utilisées à l’échelle individuelle pour protéger les
oreilles des chevaux des piqûres. Différents sprays,
poudres, liquides pour-on et bouchons d’oreille,
généralement traités avec des pyréthrinoïdes, sont
également utilisés pour le bétail. L’hébergement
d’animaux à l’intérieur de constructions bénéficie
de la réticence de certaines espèces de simulies
à entrer dans les enceintes. On peut empêcher
l’entrée des simulies dans les cages d’oiseaux en
obturant les espaces entre les barreaux ou en
entourant les trous avec des adhésifs.
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encadrés par les services de santé périphérique ; de lutte alternatives contre les simulies, en parti-
c’est assez original pour être signalé (d’autant que culier celles reposant sur leurs ennemis naturels.
cette stratégie est en cours de généralisation pour Le potentiel concernant l’utilisation d’ennemis
le contrôle d’autres maladies telles que la filariose naturels pour lutter contre les simulies est
lymphatique). De 1995 à 2010, on a estimé considérable : près de 200 espèces d’organismes
que l’apoc a sauvegardé environ 8,2 millions symbiotiques, en plus des nombreuses espèces
d’années de vie pour un coût de 257 millions US de bactéries, ont été documentées au niveau
$ (COFFeNG et al., 2013). du stade larvaire, et la plupart d’entre elles
Le Programme d’élimination de l’onchocercose ont une relation de type parasitaire avec leurs
pour les amériques (OePa) a commencé en hôtes-simulies (MCCreaDie et al., 2011). Le
1992-1993 et comprenait le Brésil, la Colombie, parasitisme, flagrant dans la nature, concerne
l’Équateur, le Guatemala, le Mexique et le généralement moins de 10 % d’une population
venezuela (BLaNKS et al., 1998). L’OPea s’appuie de larves, mais augmente proportionnellement
sur une distribution de masse d’ivermectine lorsque la population vieillit et se transforme en
comme stratégie centrale. Le programme a connu nymphe, ne laissant que des larves parasitées.
un remarquable succès, éliminant les lésions Les simulies adultes ont souvent les mêmes
oculaires dans 9 des 13 foyers américains symbiotes que les larves, mais présentent aussi
(WHO, 2014 c). des espèces de symbiotes supplémentaires.
Les symbiotes de simulies les plus fréquents
La découverte de la co-implication de la bactérie
sont les nématodes (mermithidés et filaires), les
symbiotique Wolbachia et de la filaire Onchocerca
protozoaires apicomplexes, les champignons
volvulus dans la pathologie oculaire (PearLMaN,
(par exemple, chytrides, microsporidies et tricho-
2003) a ouvert l’éventualité de réduire l’infection
mycetes) (fig. 13.13), les virus (par exemple, la
onchocerquienne et de prévenir les atteintes
polyédrose cytoplasmique irisée) et les acariens
oculaires grâce à des traitements antibiotiques
aquatiques (Hydracarina). Un nombre important
(tayLOr et al., 2014). en conséquence, on envisage
d’espèces bactériennes vivant dans et sur les
l’introduction d’un traitement anti-Wolbachia
simulies, des parasites aux mutualistes, offrent
dans le programme de distribution de masse
des opportunités potentielles de lutte (taNG et
d’ivermectine (taMarOzzi et al., 2011).
al., 2012). Les prédateurs, des insectes aux ver-
De nombreux défis gangrènent encore la lutte tébrés, consomment régulièrement des simulies
et l’élimination de l’onchocercose, en particulier
en afrique. La faiblesse des systèmes de santé,
les troubles civils et les guerres, les financements
irréguliers, une surveillance insuffisante et
d’autres perturbations sociales augmentent à
des degrés divers le risque de résurgence de l’on-
chocercose. La résistance d’Onchocerca volvulus
à l’ivermectine constitue une menace supplé-
mentaire qui nécessite un contrôle vigilant
(OSei-atWeNeBOaNa et al., 2011).
Ennemis naturels
au cours des recherches menées sur les agents Figure 13.13 – Larve de Stegopterna mutata
de lutte biologique, beaucoup de connaissances infectée par le champignon chytride
ont été acquises sur les symbiotes des simulies Coelomycidium simulii en Amérique du Nord.
Les sporanges sphériques du champignon
(LairD, 1981). Cependant, le succès du Bti a sont visibles sur tout le corps de la simulie.
bloqué l’étude et le développement de stratégies © S. a. Marshall
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Fig. 13.14 – Ennemi naturel des simulies : un diptère prédateur (famille Asilidae)
se nourrit d’une femelle du genre Simulium aux Philippines.
© S. a. Marshall
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C HAPITRE 14
Les culicoïdes
(Diptera : Ceratopogonidae)
Claire Garros, omas Balenghien
Nous dédions ce chapitre au docteur Jean-Claude en raison de leur nuisance, certaines espèces
Delécolle, entomologiste à la faculté de médecine ont été nommées Culicoides diabolicus ou
de Strasbourg, qui a transmis avec passion et C. irritans.
générosité ses connaissances sur la taxonomie et
la biologie des Culicoides.
SYSTÉMATIQUE ET TAXONOMIE
Les culicoïdes sont des petits moucherons
nématocères dont la quasi-totalité des espèces La famille des Ceratopogonidae
sont hématophages. ils sont présents des tro- La famille des Ceratopogonidae inclut à ce jour
piques à la toundra, et du niveau de la mer à 6 267 espèces valides et 283 espèces fossiles
4 200 m d’altitude (au tibet). Ces insectes regroupées dans 133 genres et 6 sous-familles
peuvent attaquer des mammifères (y compris (Lebanoculicoidinae, Ceratopogoninae, Forci-
les Hommes), des oiseaux, des reptiles ou même pomyiinae, Dasyheleinae, Leptoconopinae et
d’autres insectes. austroconopinae). La sous-famille des Cerato-
pogoninae regroupe au moins 114 genres
Certaines espèces sont capables de transmettre
organisés en 8 tribus, dont voici les principales :
des agents pathogènes aux Hommes et aux ani-
Culicoidini (3 genres), Ceratopogonini (67),
maux, principalement des virus, mais aussi des
Heteromyiini (7), Sphaeromiini (11),
parasites. L’importance des Culicoides tient
Palpomyiini (6) et Stenoxenini (2 genres). Les
surtout à leur capacité à transmettre le virus de
relations phylogénétiques entre les sous-familles,
la fièvre catarrhale ovine et le virus de la peste
au sein des sous-familles et entre les tribus ont été
équine, qui ont, par le passé, provoqué des
peu étudiées, amenant parfois certains auteurs à
épizooties massives, à l’origine par exemple à la
proposer des schémas systématiques différents.
fin des années 1950 de la mort de 180 000 mou-
Les études cladistiques incluant les fossiles posi-
tons dans le sud de la péninsule ibérique et de
tionnent la sous-famille Leptoconopinae comme
300 000 chevaux au Proche et Moyen-Orient.
un groupe frère des autres sous-familles ; par
Dans certaines zones du monde, leurs attaques ailleurs, les sous-familles Forcipomyiinae et
peuvent être si intenses qu’elles causent de fortes Dasyheleinae sont des groupes frères, eux-mêmes
nuisances pour les Hommes – pouvant repré- formant un groupe frère de la sous-famille
senter un frein au tourisme – et les animaux, Ceratopogoninae. Borkent et Spinelli font l’hy-
provoquant des affections allergiques, comme pothèse que la tribu Culicoidini serait un groupe
la dermatite estivale récidivante chez le cheval. frère des autres tribus, la tribu Ceratopogonini
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serait paraphylétique, alors que les tribus Palpo- classification interne du genre est basée sur la
myiini et Stenoxenini formeraient des groupes similarité morphologique des patrons alaires,
monophylétiques (B OrKeNt et SPiNeLLi, 2007). ou sur la forme des pièces génitales des mâles,
trois genres sont hématophages et présentent un ce qui ne reflète en rien les réelles relations
intérêt vétérinaire ou médical : Leptoconops phylogénétiques. il n’existe pas de consensus
Skuse (sous-famille Leptoconopinae), Forcipo- sur la définition de groupes ou de complexes
myia Meigen (sous-famille Forcipomyiinae) et d’espèces pour le genre Culicoides, si bien que la
Culicoides Latreille (sous-famille Ceratopogo- littérature regorge de dénominations identiques
ninae, tribu Culicoidini), ce dernier étant le seul pour des ensembles différents ou de dénomina-
genre connu impliqué dans la transmission tions différentes pour des ensembles identiques
biologique de pathogènes (protozoaires, filaires (HarrUP et al., 2015). La monophylie des
et virus). Les deux autres genres causent d’im- sous-genres et des groupes d’espèces a été très
portantes nuisances dans certaines régions du peu testée et le genre nécessite une révision
monde. systématique à l’échelle mondiale.
L’identification à l’espèce nécessite l’observation
Le genre Culicoides de caractères diagnostiques portés par les palpes
Le genre Culicoides (fig. 14.1) regroupe de très maxillaires (fossette sensorielle du 3e article), les
nombreuses espèces réparties en 31 sous-genres ailes, les antennes (patron de distribution des
comprenant des groupes ou des complexes sensilles coeloconiques) ou les pièces génitales
d’espèces dont 38 ne sont pas affiliés à un sous- (nombre et forme des spermathèques chez la
genre. Le genre inclut à ce jour 1 315 espèces femelle, forme de l’aédeage ou des paramères
valides (BOrKeNt, 2015). Un peu plus de 10 % chez le mâle). La coloration du patron alaire
des espèces ne sont pas affiliées à un groupe. La (forme et présence/absence de taches) reste un
caractère diagnostique très important (fig. 14.2).
Pour de nombreuses espèces, seules les femelles
sont décrites, le mâle et les stades immatures
n’étant pas connus. il existe pour chaque région
géographique des ouvrages avec des clés d’iden-
tifications morphologiques dichotomiques et
la liste des espèces connues pour le genre
dans la région. Les stades immatures du genre
Culicoides sont largement méconnus, et les clés
Veine transversale
Cellule r1
Cellule r2
Cellule r5
Veine M1
Cellule m1
Fourche
médio- Veine M2
cubitale Cellule m2
Cellule anale Veine M3+4
Veine Cu1 Cellule m4
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d’identification existantes pour ces stades sont mise en évidence de C. imicola dans le bassin
limitées à un petit nombre d’espèces et à une méditerranéen, la faune des Culicoides de la région
zone géographique réduite. Paléarctique ouest connaît un regain d’intérêt
depuis la fin des années 1990. Les premiers
La faune des Culicoides de la région afrotropicale ouvrages publiés par Boorman en anglais et
a été peu étudiée, bien que le premier Culicoides Kremer, Callot et Delécolle en français servent
de cette région ait été décrit depuis plus d’un toujours de référence (BOOrMaN, 1986 ;
siècle (en 1908) et que leur diversité soit élevée, DeLÉCOLLe, 1985). Les cloisonnements lin-
et sans doute encore sous-estimée (au moins guistiques entre communautés francophone et
110 espèces en afrique du Sud). Les monogra- anglophone expliquent en partie l’existence de
phies et les catalogues pour cette région sont nombreux synonymes (vrais ou à redécrire)
anciens, parfois imprécis, avec des illustrations dans la faune paléarctique et les révisions systé-
de qualité moyenne, et utilisent des synonymes matiques faites par certains auteurs sans prise en
d’espèces valides, à l’exception notable du compte des travaux antérieurs. Les études sur la
sous-genre Avaritia, bien étudié dans la région,
faune de l’est de la région Paléarctique sont domi-
notamment en afrique du Sud avec les travaux
nées par les travaux d’experts russes (Gutsevich,
de Meiswinkel. en effet, Culicoides imicola,
Glukhova, remm) et chinois, parfois dans la
l’espèce historiquement impliquée dans la trans-
langue maternelle des auteurs. très récemment, le
mission des virus de la fièvre catarrhale ovine
catalogue de yU et al. (2005), en chinois, recense
et de la peste équine, appartient à ce sous-genre.
plus de 280 espèces en Chine et décrit des nou-
On estime que 10 sous-genres sont présents en
velles espèces pour la science. La référence de
région afrotropicale. avant 1970, seulement
KitaOKa (1985) reste toujours d’actualité pour
deux clés étaient disponibles pour les adultes,
les espèces du Japon. il manque un ouvrage
essentiellement limitées à des espèces présentes
complet de référence pour la faune de Culicoides
en afrique du Sud ou en afrique de l’est (Kenya,
de la région Paléarctique, incluant des clés
tanzanie et Ouganda). La révision anglophone
d’identification. La thèse de Delécolle, même si
de GLiCK (1990) en collaboration avec Cornet,
elle concerne un peu moins de la moitié de la
spécialiste de la faune ouest-africaine, inclut une
faune de France, reste un ouvrage de référence et
clé morphologique pour les femelles et les mâles
propose une clé d’identification pour les mâles
adultes des 55 espèces recensées au Kenya et
et les femelles. raWLiNG (1996) a publié un atlas
reste une référence. en afrique de l’Ouest, les
des patrons alaires de 58 espèces présentes dans
études taxonomiques francophones sont éparses
la péninsule ibérique avec un arbre décisionnel
et souvent limitées à des sous-régions. Cornet,
d’identification. Plus récemment, sur le modèle
vattier et leurs collaborateurs ont travaillé sur des
groupes d’intérêt comme les groupes Schultzei, des travaux de Delécolle, GONzaLez et
Milnei ou Similis (COrNet, 1969 ; COrNet et GOLDarazeNa (2011) ont publié un catalogue
BrUNHeS, 1994 ; itOUa et al., 1987). Certains de abondamment illustré pour les espèces du
ces travaux incluent des clés d’identification Pays basque avec des clés dichotomiques d’iden-
pour les adultes. récemment, l’expertise de tification. Un outil d’aide à l’identification
Meiswinkel a permis de décrire ou redécrire les en ligne http://www.iikculicoides.net/ pour la
espèces du groupe imicola et de publier une clé faune paléarctique ouest permet d’identifier
d’identification pour les adultes et les stades une centaine d’espèces à partir de l’observation
immatures (MeiSWiNKeL, 1995 ; NeviLL et al., à la loupe binoculaire ou au microscope. Les
2007). La faune afrotropicale mériterait un travail inventaires faunistiques les plus complets
de révision et de mise à jour des connaissances. recensent une centaine d’espèces en France
(veNaiL et al., 2012), 39 en Grèce, au moins
avec l’émergence de la fièvre catarrhale ovine et 40 en israël, 76 pour la péninsule ibérique. Le
de la maladie de Schmallenberg en europe et la site Fauna europaea http://www.faunaeur.org/,
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Adultes
Maturation
Le cycle de développement des Culicoides des œufs
Environnement
comprend 4 stades larvaires (fig. 14.3). Les larves Émergence extérieur Ponte
sont apneustiques et vermiformes (3 segments
Nymphes Oeufs
thoraciques et 9 segments abdominaux), se Zone humide
riche en
déplaçant par mouvements serpentins dans les matière organique
milieux semi-solides de la couche superficielle Larves
(1 à 6 cm) de leur habitat. elles mesurent, selon 4 stades
Cr
nc
e
oi a
l’espèce et le stade considérés, entre 300 µm et ssa
n iss
ce Cr o
1 cm. Les pièces buccales broyeuses permettent
à ces larves eucéphales de se nourrir de débris
végétaux, de micro-organismes ou de néma- Figure 14.3 – Schéma du cycle de vie
todes. Le temps de développement larvaire peut du genre Culicoides.
être extrêmement variable en fonction de la D’après veNaiL (2014).
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hivernale. Les facteurs de levée de cette diapause C. brevitarsis, C. chiopterus ou C. dewulfi ou
ne sont pas complètement compris (rieB, 1982). dans les sols trempés riches en matière organique
À l’issue du développement larvaire, les larves comme C. imicola (NeviLL et al., 2007 ; LUHKeN
se transforment en nymphe à la surface de leurs et al., 2014).
habitats larvaires. La nymphe mesure de 1 à
3 mm et présente les caractères morphologiques L’émergence de l’adulte a lieu par une fente
classiques des nématocères ; le céphalo-thorax dorsale longitudinale (orthorrhaphes) au bout
est muni de deux cornes respiratoires à plusieurs de 2 à 10 jours. L’émergence des adultes C. varii-
orifices, l’abdomen de 9 segments présente pennis suit une activité quotidienne bimodale :
souvent des épines latérales. Les nymphes sont avec un pic principal d’émergence après le
mobiles, mais peu actives, et ne se nourrissent coucher du soleil et un secondaire 3 à 5 heures
pas. après le lever du soleil – il ne semble pas exister
de différence d’émergence dans le temps entre les
La survie des larves et des nymphes est condi- mâles et les femelles (BarNarD, 1980). Les adultes
tionnée, entre autres, par la teneur en eau de mesurent entre 1 et 3 mm et sont donc difficiles
leurs habitats. Si la dessiccation complète des à observer en vol ou en train de piquer les
habitats entraîne la mort des larves et des animaux. La tête est ronde, légèrement aplatie.
nymphes présentes, les larves de Culicoides Les yeux composés occupent une grande partie
associées aux bouses des herbivores et donc des faces latérales et frontale. Les antennes,
adaptées aux habitats secs montrent une certaine formées en général de 15 segments, s’insèrent
capacité de migration (notamment verticale) en avant des yeux. Les pièces buccales, de type
qui leur permet de se maintenir dans les parties piqueur, forment une trompe courte et vulné-
les plus humides de leurs habitats (BiSHOP et al., rante. Le thorax porte trois paires de pattes
1996). À l’inverse, si l’inondation des habitats relativement courtes, plus ou moins trapues et
n’a pas de conséquence sur la survie des œufs ou faiblement pubescentes, et deux ailes, repliées
des larves (NeviLL, 1967), elle peut en avoir sur sur le dos au repos, dépourvues d’écailles et
celle des nymphes. ainsi, à la suite de l’inondation généralement ornées de zones claires et de zones
des habitats, les nymphes montrent différents sombres. L’abdomen comporte 10 segments, les
comportements en fonction du type d’habitat derniers portant les pièces génitales (fig. 14.4).
habituellement occupé. Chez les espèces pré-
sentes le long des berges des collections d’eau après émergence, mâles et femelles vont
permanentes ou présentant des vagues douces, s’accoupler (fig. 14.5), a priori à proximité des
les nymphes flottent et se voient emportées par habitats larvaires et en début de vie (D OWNeS,
les eaux inondant l’habitat (DyCe et MUrray, 1955 ; ziMMerMaN et al., 1982 ; LiNLey et
1965). Les nymphes des espèces de trous d’arbre aDaMS, 1972). Chez la majorité des espèces de
ont un comportement proche de celles des Culicoides, l’accouplement semble avoir lieu lors
moustiques : les nymphes remontent régulière- de vols en essaim. Certaines espèces pourraient
ment à la surface pour respirer, puis replongent s’accoupler sans former d’essaim, en vol comme
et nagent lorsqu’elles sont dérangées (DyCe et celles du complexe Obsoletus ou C. impunctatus
MUrray, 1965). Les nymphes des espèces que ou au sol comme C. melleus. Chez les Culicoides,
l’on retrouve dans les bancs de sable des les essaims sont constitués de mâles d’une seule
estuaires, et donc soumis aux marées, ne flottent espèce qui, dans la période du nycthémère pro-
pas et sont capables de s’enterrer rapidement pice au vol, se regroupent en répondant en
dans les habitats. enfin, les nymphes que l’on même temps au même stimulus visuel – comme
retrouve dans des habitats non inondables ne un objet créant par sa brillance ou sa couleur un
flottent pas et meurent en cas d’inondation : c’est contraste avec l’environnement (par exemple,
le cas des espèces du sous-genre Avaritia que une bouse sombre sur un chemin clair) pour
l’on retrouve dans les fèces d’herbivores comme C. nubeculosus ou C. riethi (DOWNeS, 1955).
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Style
Lamelle
Processus
9e tergite
Coxite
Aedeagus
Paramère
Membrane basale
Apodèmes
9e sternite
Cerque
X
IX Plaques chitineuses
VIII
Sclérites abdomiaux
VII Anneau sclérifié
Spermathèque rudimentaire
Spermathèques fonctionnelles
Figure 14.4 – Schémas et photos de pièces génitales mâles (en haut) et femelles (en bas).
Les photos ont été réalisées avec Culicoides enderleini.
Dessins Jean-Claude Delécolle.
© Cirad/t. Bakhoum (haut), GDS La réunion/y. Grimaud (bas).
Dans ces essaims, dont la taille et la hauteur sont sensilles des antennes des mâles, alors pleinement
fonction de la grandeur du marqueur visuel, les déployées, seraient sensibles au son du vol des
mâles ont un vol stationnaire, tous orientés face femelles (DOWNeS, 1955). De 100 à 400 accou-
au vent, avec des mouvements latéraux, de haut plements peuvent subvenir pendant les 30 à
en bas, d’avant en arrière ou en zigzag selon les 60 minutes que dure un essaim de C. variipennis
espèces. Une femelle pénétrant dans un essaim (ziMMerMaN et al., 1982). Chez des espèces de
est rapidement reconnue par les mâles – les grande taille comme C. nubeculosus, C. riethi ou
C. variipennis, l’accouplement provoque la chute
sur le sol de la paire constituée par le mâle et la
femelle, qui se séparent dans les minutes qui
suivent. L’accouplement a lieu dans une posi-
tion face-à-face nécessitant la torsion à 180° de
l’hypopygium mâle. Contrairement à ce qui
semble se passer chez la majorité des espèces,
les pièces génitales mâles de C. nubeculosus
subissent, dans les jours qui suivent l’émergence,
une rotation de 90° à 150° (jusqu’à 180°) pour
préparer à l’accouplement (DOWNeS, 1955).
Figure 14.5 – Photo d’un accouplement
de Culicoides nubeculosus,
Culicoides nubeculosus, contrairement à d’autres
à gauche le mâle et à droite la femelle. espèces, est aussi capable de s’accoupler sur
© eiD-Méditerranée/J.-B. Ferré. support (et donc en captivité). Des C. nubeculosus
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mâles auraient même été observés se posant sur Dynamique des populations
des vaches pour s’y accoupler avec les femelles
en train de se gorger. Les Culicoides peuvent présenter une dynamique
de population univoltine (voire une génération
Les deux sexes se nourrissent de jus sucrés
tous les deux ans en arctique), bivoltine, multi-
issus du nectar de fleurs. Les femelles vont,
voltine ou continue en fonction de l’espèce et du
après accouplement, alterner des périodes de
climat. Les conditions climatiques influencent
recherche d’hôte (pour se gorger de sang), de
aussi la dynamique saisonnière – en déterminant
repos (pour la maturation des œufs) et de
la durée du développement larvaire et du cycle
recherche de site d’oviposition (pour déposer leurs
trophogonique et la mortalité des adultes – qui
œufs). Les gîtes de repos des Culicoides sont peu
peut varier sous un même climat en fonction
décrits : ces derniers se réfugieraient dans la
de l’espèce ou de l’année. ainsi, en zone médi-
végétation pendant les phases d’inactivité, par
terranéenne, les premiers C. imicola adultes
exemple dans les herbes hautes pour C. brevi-
apparaissent à la fin du printemps et les popu-
tarsis. Les études de marquage/lâcher/recapture
lations augmentent progressivement au cours
indiquent que les distances de dispersion active
de l’été pour atteindre un maximum en septem-
des femelles Culicoides (tous stades physiolo-
bre/octobre (veNaiL et al., 2012). Dans cette
giques) sont de l’ordre de 2 km 24 heures après
même zone, les espèces du complexe Obsoletus
le lâcher, mais peuvent atteindre 800 m en
présentent leur maximum d’abondance au prin-
quelques heures et jusqu’à plusieurs kilomètres
temps, puis deviennent rares le reste de l’année
(jusqu’à 6 km) en 1 à 2 jours (BreNNer et al.,
(veNaiL et al., 2012). en zone non méditerra-
1984 ; LiLLie et al., 1985 ; LiLLie et al., 1981 ;
néenne, la distribution de l’abondance des espèces
KirKeBy et al., 2013). Malgré le poids du repas
du complexe Obsoletus peut être unimodale ou
de sang, les femelles gorgées (fig. 14.6) semblent
bimodale, avec un pic au printemps et l’autre à
pouvoir aussi parcourir de telles distances
l’automne, selon le degré de sécheresse de l’été
(GarrOS et al., 2011). Par ailleurs, les Culicoides
(veNaiL et al., 2012). il est difficile de déterminer
peuvent être déplacés sur de longues distances
la longévité des adultes sur le terrain. en labo-
par les vents au-dessus des mers, par exemple
ratoire, C. sonorensis survit en moyenne 10 jours
des côtes françaises à l’angleterre ou des îles
à 30 °C contre 30 jours à 15 °C, C. brevitarsis
indonésiennes à l’australie (SaNDerS et al.,
10 jours à 25 °C et C. nubeculosus 27 jours
2011). en revanche, il est plus difficile d’avoir la
à une température fluctuant entre 16 et 28 °C
preuve d’un possible transport des Culicoides
(WittMaNN et al., 2002 ; KaUFMaNN et al.,
par les vents sur de telles distances au-dessus
2014), mais certaines femelles peuvent survivre
des terres (SaNDerS et al., 2011).
2 à 3 mois au laboratoire ou en conditions semi-
naturelles (LySyK et DaNyK, 2007). La survie
des adultes C. sonorensis est diminuée à basse
température et faible humidité (40-75 % d’hu-
midité relative), ainsi qu’à haute température et
haute humidité (85 % d’humidité relative). Ces
effets couplés température/humidité impactent
les mécanismes permettant la régulation de
l’eau (WittMaNN et al., 2002).
enfin, les conditions météorologiques influent
fortement sur l’activité journalière des Culicoides.
Figure 14.6 – Femelle de Culicoides nubeculosus L’activité de vol des espèces C. oxystoma et
gorgée. C. maculatus est inhibée en dessous de 10 °C,
© eiD-Méditerranée/J.-B. Ferré augmente progressivement entre 10 et 20 °C et
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est maximale pour plus de 20 °C (tSUtSUi et al., Les larves de la majorité des espèces de Culicoides
2011). Les conditions idéales de vol des femelles peuvent être retrouvées dans la vase du bord
C. brevitarsis semblent être réunies par temps des mares, étangs, lacs, rivières, ruisseaux ou
calme et humide. De nombreux Culicoides tourbières. Si les habitats larvaires hébergent
volent avec des vents de 3 à 5 km/h, mais ils se généralement des communautés d’espèces, les
raréfient lorsque le vent dépasse 8 km/h caractéristiques du milieu (salinité, pH, quantité
(MUrray, 1987). de matière organique d’origine animale ou
Sous les climats à hiver marqué, les adultes végétale, etc.) déterminent les associations
disparaissent et le passage de l’hiver s’effectue à d’espèces. ainsi, les habitats saumâtres littoraux
l’état de larves. il n’est pour l’instant pas claire- ou continentaux hébergent les larves de
ment établi s’il existe une diapause vraie chez les C. maritimus, C. submaritimus, C. circumscriptus,
Culicoides (induite par exemple par la photo- C. puncticollis ou C. newsteadi pour n’en citer
période) ou si la seule baisse des températures que quelques-unes. Culicoides caucoliberensis
suffit à inhiber le développement larvaire, et est exclusive des creux de rocher en bordure
donc à suspendre le cycle de vie. Les travaux de de mer. Des espèces comme C. brunnicans,
rieb indiquent clairement l’existence de méca- C. vexans et C. pictipennis se rencontrent dans
nismes de diapause chez les espèces limicoles de des pâtures ou fossés temporairement à sec une
Culicoides. À l’inverse, la possibilité de collecter partie de l’année. en europe du Nord,
des Culicoides adultes du sous-genre Avaritia C. impunctatus est inféodée aux habitats pauvres
lors d’hivers doux tend plutôt à démontrer en nutriments des tourbières. Dans les élevages,
l’absence de diapause vraie chez ces espèces. les larges zones boueuses, chargées en matière
C’est le cas par exemple le long de la façade organique (urine, fèces) et piétinées par les
atlantique française. Par ailleurs, dans le nord animaux, sont colonisées par des quantités
de l’europe, il est possible de collecter quelques vertigineuses de larves de C. sonorensis en
femelles pendant les mois d’hiver, même lorsque amérique du Nord ou de C. nubeculosus en
ces derniers sont froids. Bon nombre de ces europe. en afrique, les larves de C. imicola sont
femelles sont nullipares, ce qui suggère des retrouvées dans des boues argileuses humides
émergences récentes qui pourraient être liées soit (mais pas inondées) riches en nutriments
à une augmentation ponctuelle des températures, exposés à la lumière du soleil.
soit à des levées sporadiques de diapause chez Plus d’une dizaine d’espèces de Culicoides, toutes
certaines larves, comme observé par rieb. La du sous-genre Avaritia, colonisent exclusivement
présence de femelles pares suggère une possible les bouses des grands herbivores, soit sauvages
survie de ces femelles au cours de cette saison, (éléphants, buffles, rhinocéros ou zèbres) pour
pouvant permettre aux virus qu’elles transmettent 10 espèces africaines, dont C. bolitinos qui s’est
de passer l’hiver – certaines de ces femelles ont aussi adaptée aux bouses des bovins domes-
été retrouvées infectées par le virus de la fièvre tiques, soit domestiques (bovins et équins)
catarrhale ovine (MayO et al., 2014). pour des espèces australiennes ou européennes
comme C. dewulfi et C. chiopterus. enfin, les
Habitats larvaires larves de certaines espèces de Culicoides
Les habitats larvaires de nombreuses espèces de peuvent aussi être retrouvées dans des matières
Culicoides restent à découvrir : par exemple, pour végétales en décomposition comme des fruits,
19 (20 %) des 87 espèces décrites en France, des fleurs, des champignons, la litière des forêts,
l’habitat larvaire reste inconnu. On peut regrou- les algues échouées, la paille, le compost, les
per les habitats larvaires des Culicoides en trois tiges de bananier, etc. Culicoides paolae, espèce
grandes catégories : les boues qui entourent les méditerranéenne, est associée aux fruits en
collections d’eau, les bouses des grands verté- décomposition des figuiers de Barbarie, et
brés et les végétaux en décomposition. C. paraensis, espèce néotropicale, est associée
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aux bananiers. Des espèces sont associées aux les espèces du sous-genre Avaritia (vieNNet
trous d’arbre : C. semimaculatus, C. fagineus, et al., 2013).
C. clintoni, C. begueti et C. haranti.
La répartition des piqûres sur l’hôte n’est pas
Certaines espèces de Culicoides sont ubiquistes. homogène entre espèces. Culicoides scoticus et
ainsi, les larves de C. obsoletus sont capables C. dewulfi attaqueraient préférentiellement le dos
de se développer dans les litières de forêt, dans des chevaux et secondairement la tête (vieNNet
des trous d’arbre, dans des résidus d’ensilage et al., 2013). Culicoides obsoletus pourrait attaquer
de maïs ou dans du fumier en voie de principalement le dos des chevaux, et le flanc,
compostage. Cette grande plasticité permet à le ventre et les pattes des bovins et des moutons.
C. obsoletus d’être présent dans presque tous Cependant, ces zones d’attaque pourraient varier
les milieux de son aire de distribution, quel que en fonction de la couleur ou de la localisation
soit le type de sol, du niveau de la mer à plus des zones glabres de l’hôte. Culicoides imicola
de 2 000 m d’altitude, en pleine forêt ou dans préférerait se poser sur le dos des chevaux et
des habitats anthropisés comme les élevages. veaux (BraverMaN, 1988).
À l’inverse, certaines espèces ont un habitat
larvaire hautement spécifique, comme les bouses Culicoides imicola est reconnu comme principa-
d’éléphant pour C. loxodontis ou les figues de lement exophage et nocturne. rentrer les chevaux
barbarie en décomposition pour C. paolae. à l’intérieur des écuries la nuit est préconisé en
afrique du Sud pour prévenir l’infection par le
Interactions avec leurs hôtes virus de la peste équine (MeiSWiNKeL et al., 1994).
Les espèces paléarctiques du sous-genre Avaritia
L’Homme et les autres mammifères, les oiseaux ont un comportement exophage moins strict,
mais aussi les reptiles peuvent être piqués par puisque, même si elles piquent préférentielle-
des Culicoides. il a été aussi rapporté une espèce ment à l’extérieur des bâtiments, elles peuvent
attaquant les vers de terre ou encore une autre y pénétrer en assez grand nombre pour piquer,
obtenant un repas de sang à partir de mous- surtout si aucun hôte n’est disponible à l’extérieur.
tiques gorgés. Certaines espèces de Culicoides De plus, le degré d’endophagie peut augmenter
montrent des préférences trophiques opportu- en automne lorsque la température extérieure
nistes, comme C. obsoletus capable de se gorger baisse (vieNNet et al., 2012). La plupart des
sur Homme, mouton, chèvre, vache, cheval, espèces de Culicoides sont crépusculaires,
lapin, rongeur ou oiseau (NiNiO et al., 2011 ; piquant majoritairement au coucher du soleil et
CaLvO et al., 2012). D’autres, au contraire, secondairement après son lever. Là encore, les
montrent des préférences plus strictes, comme Culicoides peuvent adapter leur comportement
C. chiopterus qui est retrouvée quasi exclusive- en fonction des conditions météorologiques.
ment gorgée sur bovin, même dans une ferme ainsi C. obsoletus pique principalement autour
ovine (GarrOS et al., 2011). Or l’habitat larvaire du coucher du soleil au printemps, après en été
de cette espèce est constitué des bouses de pour éviter la dessiccation, et avant à l’automne
bovins et crottins de chevaux. il est donc vrai- pour éviter les basses températures (vieNNet et
semblable qu’elle ait pu se spécialiser pour ce al., 2012). D’autres espèces, comme C. imicola,
type d’hôte, sa distribution étant étroitement piquent la nuit et d’autres, comme C. heliophilus,
liée à celle de ses hôtes. Culicoides circumscriptus peuvent piquer en plein jour et en plein soleil.
est connu pour être ornithophile (FerraGUti et
al., 2013). Le choix de l’hôte est le résultat
d’un compromis entre l’avantage de trouver
Échantillonnage des populations
un hôte optimal et le risque de mourir avant Les Culicoides sont facilement capturés à l’aide
d’avoir trouvé cet hôte. Parmi les animaux d’un piège aspirant à lumière ultra-violette. Le
d’élevage, le cheval semble présenter une attrac- modèle commercialisé par l’Onderstepoort vete-
tivité bien supérieure aux autres espèces pour rinary institute en afrique du Sud (et dénommé
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pour cette raison Ovi) est sans doute le plus conservés le temps que les Culicoides présents
utilisé et tend à devenir la référence (veNter et émergent, soit mélangés à une solution saline
al., 2009). C’est cette méthode qui est à privilégier très dense qui entraîne les larves présentes à la
pour les inventaires faunistiques : une seule nuit surface. Les larves de Culicoides sont reconnais-
de capture peut collecter plusieurs dizaines sables à leurs mouvements serpentins. Les larves
d’espèces et plusieurs centaines de milliers ainsi récoltées doivent le plus souvent être iden-
d’individus. Placés à côté d’animaux, ces pièges, tifiées à l’aide d’un test moléculaire, car il existe
dont le rayon d’attractivité est très faible, peu de descriptions morphologiques ou de clés
permettent le plus souvent d’estimer le taux de détermination pour les larves.
d’attaque des Culicoides sur ces animaux.
Cependant, ces captures au piège lumineux Élevage
surestiment ou sous-estiment selon les espèces actuellement, seules deux espèces de Culicoides
de Culicoides le taux de piqûre sur animal. sont en élevage à travers le monde : l’espèce
il est donc nécessaire d’utiliser des captures sur néarctique C. sonorensis et l’espèce paléarctique
appât pour établir finement le taux de contact C. nubeculosus, qui toutes deux, de grande taille
hôte/Culicoides ou le rythme nycthéméral de (3-4 mm), appartiennent au sous-genre
piqûre – d’autant plus que certaines espèces Monoculicoides. tous les essais effectués pour
diurnes sont peu ou pas collectées par les pièges élever des espèces comme C. imicola ou C. obso-
lumineux. ainsi, pour capturer des Culicoides letus se sont révélés infructueux. il semble que
sur des animaux appâts, il est possible d’utiliser les étapes limitantes pour la mise en élevage de
des tentes moustiquaires – en laissant simplement ces espèces d’intérêt soient l’accouplement, le
une ouverture au sol ou en remontant la tente gorgement et l’émergence d’adultes avec un
pendant 10 minutes, puis en la redescendant sex-ratio équilibré.
pendant 10 minutes –, des couvertures collantes Culicoides sonorensis et C. nubeculosus peuvent
ou d’aspirer directement les animaux. Les avan- s’élever de la même manière à des conditions de
tages, inconvénients et biais de ces méthodes ont température de l’ordre de 25-28 °C et d’humi-
été discutés par vieNNet (2011). Par ailleurs, un dité relative > 60 %, et avec un temps d’éclairage
gigantesque entonnoir en tissu monté sur le toit > 12 h par 24 h. Les adultes sont conservés dans
d’un véhicule roulant en continu sur le même des petits pots de carton, dont le fond est orné
parcours permet d’échantillonner les popula- d’un orifice (2 cm de diamètre) qui permet d’y
tions de Culicoides en vol et d’estimer finement placer un tube en plastique de même diamètre.
la répartition dans l’espace et le nycthémère des Ce tube est rempli de coton et d’eau, et l’ouver-
différents stades physiologiques : mâles, femelles ture recouverte d’une rondelle de papier filtre,
gorgées, gravides, nullipares ou pares (SaNDerS qui sert alternativement de pondoir et de lieu
et al., 2011). il est possible de différencier sans d’éclosion des nymphes. Le haut du pot est
dissection, par la pigmentation de l’abdomen, fermé par un voile moustiquaire. Les stades
les femelles nullipares (abdomen non pigmenté) immatures sont élevés dans des bacs plastiques
des femelles pares (abdomen pigmenté). il s’agit au fond desquels sont placés deux supports
cependant uniquement d’une estimation du fibreux (matériau synthétique utilisé pour rem-
taux de parité : en effet, un pourcentage non bourrer les coussins), maintenus par du ruban
négligeable de femelles (25 % chez C. imicola ou adhésif, qui constituent un îlot. Les bacs sont
beaucoup plus chez C. chiopterus) émergent remplis de manière à ce que l’eau affleure à la
avec l’abdomen déjà pigmenté (BraverMaN et surface des îlots. Différents éléments nutritifs
al., 2009). sont introduits. Pour éviter la création d’un film
Les habitats larvaires peuvent être étudiés à bactérien, la surface de l’eau est agitée par un
l’aide de pièges à émergence, en prélevant des système de pales rotatives. Les opérations de
échantillons d’habitat potentiels qui sont soit maintien de l’élevage sont réalisées 3 fois par
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semaine. Pour récolter les nymphes à l’aide d’une bovins. Mansonella ozzardi, M. perstans et
pompe à vide, de l’eau est ajoutée aux bacs de M. streptocerca sont les trois espèces de filaires
manière à submerger les îlots : les nymphes flot- d’intérêt médical (CarPeNter et al., 2013).
tent et se retrouvent en surface où elles peuvent Mansonella ozzardi est la seule filaire humaine
être récupérées, alors que les larves restent en transmise par des cératopogonidés sur le conti-
majorité en profondeur. après cette opération, nent sud-américain, et sa présence est décrite
le niveau d’eau est rétabli et les éléments nutritifs dans le bassin amazonien, la Caraïbe et le nord
nécessaires apportés. Pendant ce temps, les pon- du sous-continent (Pérou, Bolivie, argentine,
doirs sont récupérés et remplacés par des tubes Panama, Colombie, venezuela). Mansonella
neufs dans chacun des pots d’adultes. Les œufs perstans est présente en afrique subsaharienne
récoltés sur papier filtre sont posés sur les îlots de et a été introduite en amérique du Sud et
manière à ne pas être submergés. Du sang est mis centrale durant le commerce des esclaves.
à disposition des femelles pendant au moins une Mansonella streptocerca se limite aux régions
heure à l’aide d’un système de gorgement artifi- forestières d’afrique de l’Ouest et centrale. De
ciel. enfin, de nouveaux pots sont mis en place rares études montrent des prévalences impor-
avec des tubes remplis de coton et d’eau et sur tantes en amérique latine, dans la Caraïbe
lesquels les nymphes récoltées sont déposées. ainsi qu’en afrique centrale, sans qu’il y ait un
impact direct sur les populations humaines.
IMPORTANCE MÉDICALE L’onchocercose équine est due à la filaire
Onchocerca cervicalis, et le cheval semble le seul
ET VÉTÉRINAIRE équin présentant des manifestations cliniques.
Rôle nuisant Les dermatites causées par cet agent sont sur-
Un des impacts le plus communément observé tout rapportées aux États-Unis et en australie,
des Culicoides en santé publique est relatif aux bien que la filaire soit présente sur tous les
nuisances des piqûres des femelles, qui peuvent continents. Les chevaux sensibles à l’infection
conduire, quoique rarement, à des cas de prurit manifestent des réactions inflammatoires loca-
sévère chez l’Homme. Cette nuisance peut limiter lisées à l’endroit où s’accumulent les vers, qui
dans certains cas les activités humaines et avoir peuvent conduire à de la dépigmentation, du
des impacts sur le tourisme ou l’agroforesterie prurit et des alopécies. trois autres espèces
(par exemple pour C. impunctatus en Écosse ou d’Onchocerca sont connues comme parasites
C. furens sur les zones côtières de la Caraïbe) du bétail ou des équins : O. gibsoni, parasite
(HeNDry et GODWiN, 1988). Des piqûres de des ruminants en région Orientale et en afrique
Culicoides peuvent déclencher une réaction aller- du Sud, O. gutturosa et O. reticulata, respecti-
gique aux composants de la salive et provoquer vement parasites du bétail et des chevaux en
une dermatite estivale chez certains chevaux australie.
fortement exposés. Sur les zones de piqûres, les Les Culicoides sont aussi responsables de la
chevaux développent des inflammations locales transmission d’hémosporidies de trois genres,
de la peau et du prurit qui peuvent conduire à des Haemoproteus, Hepatocystis et Leucocytozoon :
grattages intensifs et à des surinfections. Cette parasites des reptiles, des oiseaux et des mammi-
hypersensibilité touche préférentiellement les fères. Haemoproteus meleagridis est un parasite
chevaux de plus de 5 ans et serait héréditaire. des dindes sauvages et domestiques, chez
lesquelles seules les infections massives ont des
Transmission de parasites conséquences cliniques. Leucocytozoon caulleryi
Les Culicoides sont des vecteurs biologiques est la seule espèce de son genre transmise par
de filaires du genre Mansonella et Onchocerca, des Culicoides et elle est responsable de sévères
causant des infections généralement asympto- foyers de leucocytozonoose dans les élevages de
matiques chez l’Homme, ou les équins et les poulets en asie du Sud-est.
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du mouton (fièvre catarrhale ovine), appelée du virus, mais d’autres Culicoides pourraient
aussi maladie de la langue bleue (bluetongue en également être vecteurs (MeLLOr et HaMBLiN,
anglais). 2004).
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Groupe Obsoletus
Groupe Pulicaris
BTV1, 4, 8
C. sonorensis C. oxystoma
C. occidentalis C. brevitarsis
BTV1-3, 5, 6, 10, 11, BTV4, 11, 13, 20, 21
13, 14, 17, 19, 22 C. imicola
BTV1-15, 18, 19, C. oxystoma C. brevitarsis
C. insignis 22, 24, 25 C. imicola C. wadai
BTV1, 3, 4, 6, 8, 12, 17 BTV1-20, 23 BTV1-3, 9, 12, 14-21, 23
C. insignis
C. pusillus
BTV4, 6, 12, 14, C. brevitarsis
17, 19, 20 C. fulvus
C. wadai
C. actoni
BTV1, 3, 9, 15, 16, 20, 21, 23
Limite Nord de Culicoides insignis
Limite Nord de Culicoides imicola
Limite de distribution de la fièvre catarrhale ovine
Figure 14.7 – Les différents pathosystèmes Culicoides/sérotypes de la fièvre catarrhale ovine (FCO)
à travers le monde (BT = bluetongue virus, responsable de la FCO).
ovine impliquant différents sérotypes (1, 2, 4, 8, fièvre catarrhale du mouton à partir de 2011.
9, 16). Deux principales voies d’introduction Culicoides imicola est reconnu comme un vecteur
sont observées : la voie ouest-méditerranéenne majeur du virus de la fièvre catarrhale ovine en
via le Maghreb et les îles méditerranéennes, et région méditerranéenne. en dehors de la zone
la voie est-méditerranéenne via les Balkans. méditerranéenne, les espèces autochtones des
Dans le sud-ouest du bassin méditerranéen, ces groupes Obsoletus et Pulicaris ont été trouvées
épizooties ont été associées à une apparente infectées par le virus ou sont suspectées de jouer
extension géographique du vecteur afrotropical un rôle dans la transmission (MeLLOr et al.,
C. imicola, mais les études les plus récentes 2000).
tendent à démontrer l’existence ancienne de
C. imicola dans le bassin méditerranéen. Puis, Autres Reoviridae
en 2006, des foyers de fièvre catarrhale ovine La maladie hémorragique des cervidés ou fièvre
sérotype 8 (Btv8) ont été déclarés dans le nord hémorragique épizootique est aussi causée par un
de l’europe (triangle Belgique/allemagne/Pays- virus du genre Orbivirus. Cette maladie est décrite
Bas), dans une région où C imicola est absent. depuis les années 1950 en amérique du Nord, où
Deux hypothèses d’introduction sont avancées : elle infecte principalement les ruminants sauvages
l’introduction d’animaux infectés et l’introduc- en causant des vagues de morbidité/mortalité
tion d’insectes exotiques infectés via le transport de gravité variable, en particulier chez le Cerf
de marchandises, les espèces autochtones de de virginie. Les signes cliniques observés chez
Culicoides assurant ensuite la transmission. La les cervidés nord‐américains sont très proches
région d’introduction du Btv8 a été identifiée de ceux de la fièvre catarrhale du mouton chez
en Belgique, et datée au printemps 2006. les ovins. Les ovins domestiques n’expriment
rapidement, des foyers de Btv8 se sont étendus pas ou peu de signes cliniques, mais les bovins
à une large zone européenne, affectant 14 pays domestiques peuvent exprimer des signes cli-
de l’espagne à la Norvège, et touchant en plus niques aigus (1 à 18 % des individus). La maladie
des ovins les races bovines améliorées. en 2007, est présente dans le bassin méditerranéen chez
le sérotype 1 en provenance de la péninsule les ruminants domestiques. L’infection par le
ibérique est introduit dans le sud-ouest de la virus, dont il existe 10 sérotypes, peut ainsi
France et a circulé jusqu’en Bretagne. Les plans causer des pertes économiques aux élevages, en
de vaccination mis en place permettent aux pays particulier une baisse de la production laitière
européens de retrouver un statut indemne de et des avortements.
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Le virus ibaraki, autrefois placé dans le même réglementées vers des zones non réglementées
sérogroupe que la maladie hémorragique des sont interdites – il existe cependant certaines
cervidés, a été responsable d’importantes épizoo- dérogations. Lorsque la FCO toucha l’europe,
ties au Japon, en Corée et à taiwan. aujourd’hui, la réglementation européenne évolua de
ce virus est considéré comme synonyme du manière à ce que les États membres puissent
sérotype eHDv-2 circulant en australie. La déclarer une partie limitée de leur territoire en
maladie hémorragique des cervidés est connue tant que zone réglementée, mais aussi qu’ils
en amérique du Nord, en australie, en asie et en puissent déclarer une période dite d’« inactivité
afrique. Sur les dix sérotypes connus, les séro- vectorielle » (en réalité une période de faible
types 1 et 2 circulent uniquement en amérique risque de transmission) pendant laquelle les
du Nord. Culicoides variipennis et C. sonorensis restrictions des mouvements d’animaux étaient
en amérique du Nord et C. oxystoma au Japon limitées. Pour ce faire, la réglementation euro-
sont des vecteurs connus du virus (SaviNi et al., péenne impose une surveillance de l’activité des
2011). populations de Culicoides à l’aide d’un réseau de
Pour certains pathogènes, le rôle vecteur des pièges lumineux (veNaiL et al., 2012). Les
Culicoides reste incertain. ainsi, la sensibilité populations sont déclarées en inactivité dès
au virus de la fièvre de la vallée du rift a été lors que les captures hebdomadaires passent
étudiée à partir d’infections expérimentales sur durablement sous le seuil de 5 femelles
la souche de laboratoire C. sonorensis. Les infec- pares/piège/nuit. Ce seuil a été choisi arbitrai-
tions n’ont pas permis de répliquer le virus dans rement à dire d’experts, sans qu’il ait pu être
la centaine de Culicoides testés. Des études mis en relation avec un niveau de risque de
récentes se sont intéressées à la possible trans- transmission. Cette réglementation particulière
mission des parasites de Leishmania par les a entraîné la mise en place de réseaux de
Culicoides. Les infections expérimentales mon- piégeages qui ont couvert l’ensemble de l’europe,
trent une possible multiplication du parasite surtout dans les années 2007-2009 : par exem-
dans la lignée de laboratoire C. nubeculosus, ple, 300 pièges sont en fonctionnement de
mais avec une très faible population de parasites manière hebdomadaire en italie depuis le début
3 jours après le repas infecté malgré les signaux des années 2000. À notre connaissance, il n’y a
PCr positifs. Une détection positive par PCr ne jamais eu de capture aussi massive de vecteurs
peut suffire pour impliquer une espèce, ainsi le de pathogènes animaux ou humains à une telle
rôle des Culicoides dans la transmission des para- échelle, fournissant une quantité d’information
sites de leishmanies est aujourd’hui purement extraordinaire en termes de diversité, distribu-
spéculatif. tion et dynamique. Dans bien des cas, cette
information reste à analyser et à exploiter,
PUrSe et al. (2015) ont publié une carte présen- d’autant plus que le partage des données s’avère
tant les zones de circulations de la FCO, de la délicat à cause de la non-uniformité entre pays
peste équine, de l’eHD, de la maladie d’akabane du modèle de piège utilisé ou du niveau d’iden-
et de la fièvre Oropouche. tification (espèce ou groupe d’espèces, sans
même parler de considérations taxonomiques
SURVEILLANCE ET LUTTE différentes).
Surveillance Lutte
La fièvre catarrhale ovine, la peste équine et la Les Culicoides peuvent atteindre des abondances
maladie hémorragique des cervidés sont des considérables : il est possible de collecter un
maladies réglementées. tout pays infecté (ou million de Culicoides dans un seul piège en une
vaccinant) est placé en zone réglementée. Les seule nuit, sans que cela semble impacter les
exportations d’animaux à partir de ces zones populations présentes. Lutter contre de telles
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quantités d’insectes peut sembler vain. ainsi, tas de fumier de bâches n’a pas d’impact sur les
toutes les tentatives de réduire les populations populations de Culicoides (HarrUP et al., 2014).
de Culicoides à l’aide d’épandages d’insecticides ainsi, dans le contexte européen de transmission
dans l’environnement n’ont permis au mieux du virus de la fièvre catarrhale ovine, la seule
qu’une diminution limitée et transitoire des lutte possible, devant la quasi-impossibilité de
populations (Satta et al., 2004). De plus, les limiter les abondances de Culicoides, consiste à
gîtes de repos de Culicoides n’étant pas caracté- tenter de limiter le contact hôte/vecteur par
risés, ces épandages tous azimuts sur les lieux l’application d’insecticides ou de répulsifs direc-
d’élevage sont à proscrire pour éviter des tement sur les animaux ou par la mise en place
impacts sur la faune non cible. de barrières mécaniques.
La majorité des essais pour lutter contre les larves L’application d’insecticides sur les animaux
des Culicoides ont ciblé des espèces nord-amé- diminue le taux d’attaque des Culicoides et leur
ricaines, comme C. furens ou C. mississippiensis, taux de gorgement, et inflige une mortalité aux
responsables de nuisances importantes. Des insectes venus au contact de la peau et des poils
organochlorés ont pu être utilisés avec une traités, avec comme conséquence attendue de
certaine efficacité contre les larves de ces réduire la transmission. Les effets observés peu-
espèces – que l’on retrouve dans les marais vent atteindre des niveaux relativement élevés,
saumâtres – jusqu’à l’apparition de résistances mais aussi diminuer rapidement quelques jours
et l’arrêt de l’utilisation de ces insecticides. après traitement chez certains hôtes ou sur les
Différents agents de lutte hormonale ou biolo- parties glabres de l’animal traité. ainsi, seule
gique, incluant des régulateurs de croissance, l’application d’insecticides renouvelée toutes les
des toxines bactériennes, des virus, des parasites semaines sur des chevaux permet de réduire
ou des champignons, ont été testés au labora- l’incidence de la dermatite estivale récidivante.
toire, avec des efficacités variables contre les Une telle fréquence est bien supérieure à ce
larves de Culicoides. Néanmoins, le potentiel de qui est autorisé pour les formulations commer-
ces méthodes de lutte n’a pour l’instant pas été cialisées chez les ruminants de rente, qui sont
évalué en conditions naturelles. Les habitats essentiellement des formulations de pyréthri-
larvaires des espèces de Culicoides impliquées noïdes en application pour-on (c’est-à-dire des
dans la transmission d’arbovirus aux animaux solutions à déposer sur la ligne du dos de l’ani-
de rente sont majoritairement associés à l’envi- mal, et dont le principe actif diffuse ensuite sur
ronnement de l’exploitation agricole ; habitats l’ensemble du corps). Ces formulations pour-on
qui peuvent être bien caractérisés, comme les ont aussi comme désavantage d’entraîner une
bouses pour C. chiopterus ou C. dewulfi, ou répartition non homogène de l’insecticide sur le
s’avérer plus ubiquistes, pour C. imicola ou corps de l’animal. ainsi, l’application d’insecti-
C. obsoletus par exemple (fumier, boues cide sur les animaux peut avoir une utilité pour
chargées en matière organique animale ou végé- protéger très temporairement un animal, par
tale, résidu d’ensilage). Ce type d’habitat rend exemple pendant son transport, mais ne semble
difficile une lutte larvicide. il est vraisemblable pas efficace pour réduire, en conditions d’éle-
que le respect des bonnes pratiques d’élevage, vage, le niveau de transmission (DOHerty et al.,
notamment liées aux déjections animales, et 2004). Les répulsifs, notamment des huiles
la bonne gestion des sources d’eau, notamment essentielles, sont de plus en plus appliqués sur les
en zone méditerranéenne, pour éviter la animaux pour lutter contre les ectoparasites et
création de collections artificielles d’eau, les arthropodes hématophages, mais peu d’études
doivent permettre de réduire les populations ont testé leur efficacité contre les Culicoides.
de Culicoides, mais dans une proportion qui Par ailleurs, les composés de ces produits sont
n’a jamais été évaluée en conditions d’élevage. généralement rapidement éliminés de la peau
On sait en revanche que le fait de recouvrir les des animaux, limitant leur rémanence.
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L’efficacité du confinement des animaux dans peut se rapporter à la revue de CarPeNter et al.
des bâtiments adaptés, comme préconisé en (2008). À l’heure actuelle, seule la combinaison du
afrique du Sud pour les chevaux, ne peut s’ap- traitement des animaux, de l’usage de bâtiments
pliquer à d’autres contextes de transmission sans protégés contre l’entrée des Culicoides, notam-
évaluation satisfaisante. en effet, il est important ment à l’aide de moustiquaires imprégnées, et
de prendre en compte le degré de protection des du respect des bonnes pratiques d’élevage peut
bâtiments contre l’entrée des Culicoides – les permettre de protéger certains animaux (de haute
stabulations bovines ou bergeries sont souvent valeur ou virémique dans le cadre de quaran-
plus ouvertes sur l’extérieur que les écuries – et taine) contre la piqûre des Culicoides. De futures
le degré d’endophagie des Culicoides présents – recherches sont nécessaires pour évaluer et
certaines espèces paléarctiques peuvent pénétrer améliorer ces méthodes de lutte, mais aussi pour
à l’intérieur pour piquer (cf. supra). ainsi, main- mieux caractériser l’écologie et le comportement
tenir les bovins et ovins à l’intérieur des bâtiments des espèces de Culicoides vecteurs de pathogènes.
a été préconisé dans certains pays européens Sans cela, nous continuerons, en europe, à
lors de la transmission du sérotype 8 de la fièvre être démunis face à l’émergence de pathogènes
catarrhale ovine. Mais cette mesure de confine- transmis par les Culicoides, comme le virus de
ment n’a jamais été prouvée comme réduisant la peste équine.
la transmission de la fièvre catarrhale ovine en
europe. Les moustiquaires, pouvant obstruer les RÉFÉRENCES
ouvertures des bâtiments dans le but de prévenir
Balenghien, t., Pagès, N., Goffredo, M., Carpenter, S.,
l’entrée des mouches piqueuses, sont totalement
augot, D., Jacquier, e., talavera, S., Monaco, F.,
inefficaces pour de petits insectes comme les Depaquit, J., Grillet, C., Pujols, J., Satta, G., Kasbari, M.,
Culicoides. Ces derniers ne sont arrêtés que par Setier-rio, M.L., izzo, F., alkan, C., Delécolle, J.C.,
des moustiquaires dont la maille est si fine Quaglia, M., Charrel, r., Polci, a., Bréard, e.,
qu’elle rend difficile la circulation de l’air, et Federici, v., Cêtre-Sossah, C., Garros, C., 2014. the
donc leur utilisation en conditions d’élevage. emergence of Schmallenberg virus across Culicoides
Différentes études sont en cours pour évaluer si communities and ecosystems in europe. Prev. Vet.
l’imprégnation des moustiquaires par des pyré- Med., 116 (4) : 360-369.
thrinoïdes améliorerait leurs performances (de Barnard, D.r., 1980. effectiveness of light-traps for
telles études ont été menées avec des organo- assessing airborne Culicoides variipennis populations.
phosphorés il y a plus de 50 ans). il semble que Journal of Economic Entomology, 73 : 844-846.
l’imprégnation avec les substances actives testées Bellis, G., 2013. Studies on the taxonomy of Australian
ne diminue que peu ou pas le passage des species of Culicoides Latreille (Diptera: Ceratopogo-
Culicoides, mais leur inflige une mortalité très nidae), PhD thesis. in School of Biological Sciences,
importante, ce qui peut rendre l’emploi de Queensland, australia, University of Queensland.
moustiquaires imprégnées intéressant dans le Bishop, a.L., McKenzie, H.J., Barchia, i.M., Harris, a.M.,
cadre de mise en quarantaine d’animaux viré- 1996. effect of temperature regimes on the develop-
miques. Seule l’existence d’un effet knock down ment, survival and emergence of Culicoides brevitarsis
conséquent pourrait rendre leur usage utile pour Kieffer (Diptera: Ceratopogonidae) in bovine dung.
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de nouveaux territoires par les tsé-tsé. À l’inverse, mâles et femelles, ainsi que sur la répartition
il a été montré qu’au Burkina Faso, par une géographique et certains caractères bioécolo-
combinaison de facteurs humains (anthropisa- giques. D’autres caractères de morphologie
tion et dégradation des formations végétales) et externe interviennent également tels que la
climatiques (sécheresses des années 1970), la coloration, la présence de soies, etc.
distribution des tsé-tsé a été réduite de plus de On distingue ainsi 3 sous-genres, aussi appelés
70 000 km2 depuis 1949. Cette observation est « groupes » par les anglophones (tabl. 15.1).
extrapolable à l’ensemble des zones de savane
• Le sous-genre Nemorhina, ou groupe palpalis,
d’afrique de l’Ouest, où les tsé-tsé ne sont plus
encore appelé « glossines riveraines » comprend
présentes que le long de certains cours d’eau et
les principaux vecteurs de la trypanosomose
dans les zones où la végétation est conservée
humaine africaine, ou maladie du sommeil, que
(parcs nationaux, forêts classées) et disparaissent
sont G. fuscipes et G. palpalis. Les espèces de ce
hors de cette zone végétale tampon. Les cartes
sous-genre sont petites, ont les tarses des pattes
de répartition des tsé-tsé à l’échelle du continent
postérieures recouverts de grosses soies
disponibles en 2014 devraient ainsi être sérieu-
brun/noir, sont très liées à la végétation bordant
sement revues pour donner une situation plus
les formations aquatiques : galeries forestières
proche de la réalité.
des cours d’eau, chenaux de mangrove (fig. 15.2),
berges des lacs, niayes et bolons, etc. Ce sont
Critères d’identification également ces espèces qui s’adaptent le plus à
et de classification l’Homme et à son environnement immédiat : on
Les glossines sont des mouches allongées, peut encore les trouver dans les plus grandes villes
robustes, de coloration brune, sans aucun reflet d’afrique francophone (Dakar, abidjan, Conakry,
métallique. Leur longueur est comprise entre Kinshasa par exemple), le plus souvent dans les
6 et 16 mm selon les espèces, les femelles étant zoos ou des zones de végétation conservées, mais
toujours plus grandes que les mâles. au repos, surtout dans l’environnement immédiat des villes
les ailes sont croisées au-dessus de l’abdomen de petite ou moyenne taille où elles transmettent
qu’elles dépassent à l’extrémité postérieure. Trypanosoma brucei gambiense à l’Homme,
ainsi que d’autres trypanosomes pathogènes aux
Cette caractéristique « en lames de ciseaux »
offre un signe de reconnaissance aisée du genre
Glossina pour le profane. La trompe ou proboscis
est bien visible. elle est composée de 3 pièces
impaires : labre, hypopharynx et labium, et d’une
paire de maxilles atrophiées mais avec des palpes
maxillaires aussi longs que le proboscis qu’ils
recouvrent et protègent dorsalement. Le labre
est replié en gouttière et délimite le canal ali-
mentaire ; l’hypopharynx est traversé dans toute
sa longueur par un fin canal salivaire. toutes ces
pièces, longues et fines, sont insérées à la base de
la tête ; elles sont dirigées vers l’avant au repos
(voir fig. 9.4 b). Lors de la prise du repas de sang,
le labre et l’hypopharynx sont les seules pièces
vulnérantes qui pénètrent dans le tégument du
vertébré. Figure 15.2 – Débarcadère de pêche
dans la mangrove guinéenne, habitat typique
La classification au sein du genre Glossina est de Glossina palpalis.
principalement basée sur la forme des genitalia © irD/v. Jamonneau
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animaux domestiques (T. congolense, T. vivax, mais leur rôle vecteur s’amoindrit, car elles
T. simiae). elles prennent leur repas de sang disparaissent avec l’augmentation de la densité
sur un large spectre d’hôtes incluant l’Homme, humaine invariablement accompagnée par la
avec un grand opportunisme alimentaire. Ce disparition de la faune sauvage et des habitats
sous-genre renferme 7 espèces et sous-espèces. favorables, et par leur remplacement par des
• Le sous-genre Glossina sensu stricto, ou groupe zones cultivées. Ce sous-genre renferme 8 espèces
morsitans, encore appelé « glossines de savane » et sous-espèces.
comprend des espèces de taille moyenne, moins • Le sous-genre Austenina, ou groupe fusca,
inféodées aux cours d’eau que les précédentes. comprend les espèces les plus grandes. Ce sont
elles fréquentent essentiellement les savanes en général des espèces de forêt, à l’exception de
boisées et les fourrés denses, ainsi que les forêts G. brevipalpis (fourrés d’afrique orientale et
claires. Leur présence est particulièrement liée australe) et G. longipennis (savanes arides du
à la faune sauvage et au bétail sur lesquels elles Kenya). elles ont jusqu’ici un rôle vecteur peu
se nourrissent préférentiellement. Ce sont de connu, probablement peu important, et résis-
meilleurs vecteurs des trypanosomes animaux tent également très mal à l’anthropisation. Ce
que les espèces du sous-genre Nemorhina, sous-genre renferme 17 espèces et sous-espèces.
370
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Alimentation
L’adulte émergent, mâle ou femelle, prendra son
premier repas sanguin après 12 à 24 heures. Ce
premier repas est moins volumineux que les
suivants. C’est à l’occasion de ce premier repas que
les tsé-tsé sont les plus susceptibles de s’infecter
avec les trypanosomes (notamment T. brucei),
bien qu’elles puissent encore être infectées lors de
repas ultérieurs, notamment avec T. congolense
et T. vivax (voir ci-dessous). ensuite, les mâles
Figure 15.4 – Tsé-tsé émergeant de son puparium.
© Cirad/B. tchicaya
prennent un repas de sang tous les trois à quatre
jours, et les femelles se nourrissent trois fois
pendant chaque gestation : un repas immédia-
Chez les espèces riveraines (groupe palpalis), les tement avant la mue larvaire intra-utérine entre
sites de larviposition varient en fonction de la les stades L2 et L3, un second à un moment
saison : situés sur les berges des cours d’eau en variable de la gestation et le troisième immédia-
saison sèche, ils s’en éloignent en saison des tement après la larviposition. Ces intervalles
pluies, en fonction des crues et décrues. Chez varient selon les conditions climatiques, la
les espèces de savane, ces sites sont plus difficiles disponibilité en hôtes, et l’activité de l’individu.
à détecter car plus diffus. Dans tous les cas, ces en saison chaude, les taux de survie sont mini-
sites doivent combiner ombre et humidité, et maux (peu de réserves lipidiques, sensibilité à
peuvent également se trouver dans des terriers la chaleur et à la sécheresse), alors qu’ils sont
d’animaux ou à la base de certaines espèces maximaux en saison humide (augmentation des
végétales (fig. 15.5). Cette particularité est utilisée
réserves, conditions climatiques favorables).
également par des chercheurs qui, en mimant des
Lorsque les conditions sont très favorables,
terriers d’animaux (oryctéropes/phacochères) au
l’intervalle entre les repas peut augmenter
zimbabwe, arrivent à capturer plus efficacement
jusqu’à 8 à 10 jours. Lorsque les femelles subis-
que par les techniques de capture habituelle des
sent un stress, par exemple nutritionnel en ne se
femelles recherchant un lieu de larviposition
nourrissant qu’une fois par semaine, les pupes
(J. Hargrove, comm. pers.).
produites sont de plus petite taille, sont moins
chargées de réserves et possèdent moins de
défenses immunitaires. À l’état adulte, les indi-
vidus issus de pupes dont la mère a été stressée
sont plus susceptibles à une infection trypano-
somienne que ceux provenant de tsé-tsé non
stressées.
L’alimentation est un des moments les plus
dangereux pour une mouche tsé-tsé, puisqu’elle
peut être tuée par les mouvements défensifs de
l’hôte. Or, il faut rappeler que, en raison de leur
taux de reproduction bas, toute mortalité supplé-
mentaire pour les adultes représente une menace
pour la population. il n’est donc pas surprenant
Figure 15.5 – recherche de pupes que les tsé-tsé aient tendance à piquer leurs hôtes
dans un site typique de larviposition,
à la base d’un palmier (Elaeis guineensis). sur les parties où elles ont le moins de probabilité
© irD/P. Solano d’être atteintes par ces mouvements défensifs, par
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exemple sur les parties inférieures des membres recolonisation de zones précédemment traitées
antérieurs ou sur l’abdomen pour le bétail. contre les tsé-tsé se fait au rythme de quelques
L’observation de ce type de comportements a kilomètres par an, une quinzaine pour les
mené à la proposition de limiter l’application espèces du groupe morsitans et 5 à 10 km pour
d’insecticides à ces parties du corps des bovins celles du groupe palpalis. Certaines femelles
domestiques, dans un souci d’efficacité et de âgées sont manifestement capables de parcourir
rentabilité. Cela explique aussi probablement des distances plus longues et de traverser
l’affinité de certaines tsé-tsé pour des hôtes ne l’espace séparant deux bassins versants au point
se défendant que peu ou pas du tout (reptiles où ils sont le plus proches, et ce flux de gènes
notamment). explique l’absence de dérive génétique entre
populations de bassins versants différents. La
il doit être souligné que, contrairement à
différenciation génétique semble ainsi plus liée
d’autres diptères qui se nourrissent de sucres
à la distance géographique le long d’un cours
végétaux (les deux sexes de moustiques notam-
d’eau qu’à l’appartenance à des bassins versants
ment), les glossines sont considérées comme
différents pour G. tachinoides et, à un moindre
exclusivement hématophages chez les deux
degré, pour G. palpalis. Les mouvements des
sexes. Leur métabolisme ne serait donc pas basé
tsé-tsé riveraines se font majoritairement en une
principalement sur le métabolisme des glucides,
dimension, longitudinalement au cours d’eau, à
fait confirmé par l’analyse du génome (cf. supra),
l’exception de la saison des pluies durant
mais utilise des voies métaboliques basées sur
laquelle elles peuvent sortir de la galerie grâce
la consommation de l’alanine et de la proline
à l’augmentation de l’humidité relative. Les
pour l’initiation du vol, ainsi que l’oxydation des
glossines du groupe morsitans se déplacent plus
di- et triglycérides pour les autres phases néces-
dans un système en deux dimensions au sein
sitant de l’énergie. On peut toutefois se demander
des savanes leur offrant ces possibilités. enfin,
pourquoi les tsé-tsé n’utiliseraient pas du tout
l’importance des déplacements passifs des tsé-tsé
les sucres, qui demeurent très abondants dans
est peu connue et certainement sous-estimée.
les plantes de leurs habitats, d’autant qu’elles ont
elles peuvent en effet être transportées par leurs
la capacité de les digérer.
hôtes animaux (troupeaux de bovins transhu-
mants) ainsi que par les différents moyens de
Déplacements et cycle d’activité déplacement utilisés par l’Homme (pirogue
Les tsé-tsé sont peu mobiles. au cours d’une notamment, mais aussi vélo, véhicule, etc.).
journée, une femelle se déplace en moyenne
Les déplacements d’une tsé-tsé à la recherche
5 minutes par jour, tandis qu’un mâle se déplace
d’un hôte sont la résultante de mécanismes
de 5 à 50 minutes. Les vols sont effectués à très
complexes dépendants de plusieurs facteurs,
faible hauteur (0,5 m), rapidement, et sous forme
certains spécifiques à la tsé-tsé (espèce, âge,
de « sauts » très courts. Ce mode de déplacement
sexe, état physiologique), d’autres à l’hôte, ainsi
est lié à la source d’énergie peu efficace utilisée,
que des variables environnementales (saison,
la proline, qui nécessite des moments de récu-
heure de la journée). Les capacités visuelles et
pération pour la tsé-tsé. Les déplacements ont
olfactives des tsé-tsé sont très sollicitées pour la
pour objectifs la recherche d’un hôte pour le
recherche d’hôtes nourriciers, et elles ont fait
repas de sang ou de sites de repos favorables
l’objet d’études très poussées, qui ont notamment
(pour les 2 sexes), ainsi que la recherche de sites
permis de mettre au point des systèmes d’attrac-
de larviposition pour les femelles, et la recherche
tion et de piégeage remarquables d’efficacité et
de femelles pour les mâles.
de spécificité. Des différences existent à cet égard
Les marqueurs microsatellites utilisés en géné- entre les espèces du groupe morsitans et celles
tique des populations confirment les travaux du groupe palpalis, les premières étant beaucoup
de marquage-lâcher-recapture montrant que la plus attirées par les formes horizontales et de
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Tableau 15.2 – Principaux vecteurs et réservoirs des trypanosomes africains transmis par les mouches tsé-tsé.
376
Trypanosomes Hôtes principaux
Vecteurs Réservoirs
Sous-Genres Groupes Espèces Taille Impact socio-
(en um) economique
Transmission Espèces Développement Durée Homme Animaux Animaux Animaux de Maladie
domestiques sauvages laboratoire
G. morsitans, G. longipalpis,
T. vivax 20-26 ++ G. palpalis, G. tachinoides, Bovidés, ovidés, Ruminants Chèvres, (souris) TAA / nagana
vectorielle (glossines) G. pallidipes capridés, équidés et équidés (souma / gobiat)
Dutonella Vivax et mécanique Proboscis 1 semaine Non
Entomologie médicale et vétérinaire
(tabanidés et mucidés)
T. uniforme 12-20 + ? Bovidés, ovidés Ruminants ? TAA / nagana
et capridés
Nannomonas Congolense T. godfreyi 9-22 ? vectorielle ? Intestin moyen 2 semaines Non Suidés Suidés ? TAA / nagana
et proboscis chronique
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T. simiae 9-24 ? G. morsitans, G. brevipalpis Suidés Suidés et primates Lapins et singes TAA / nagana
aigü
Intestin moyen,
Picnomonas T. suis 13-19 ? vectorielle G. morsitans, G. brevipalpis glandes salivaires 3 semaines Non Suidés Suidés et primates ? TAA / surra
et proboscis chronique
G. morsitans, G. palpalis,
T. brucei brucei 11-39 ++ G. pallidipes, G. tachinoides, Non TAA / nagana
G. brevipalpis (aina / baleri)
Bovidés, ovidés,
capridés, équidés,
Groupe Morsitans : Intestin moyen, camélidés, suidés Bovidés, ovidés, Rats, souris,
Trypanozoon Brucei T. brucei rhodesiense 12-42 +++ vectorielle G. morsitans, G. swynnertoni, œsophage et 3 semaines 8% et canidés capridés, équidés, cobayes, lapins THA / maladie
G. pallidipes glandes salivaires des cas camélidés, suidés et Thamnomys du sommeil aigüe
et canidés
THA / maladie
T. brucei gambiense 12-35 +++ Groupe Palpalis : G. palpalis, 92 % ? du sommeil
G. fuscipes, G. tachinoides des cas chronique
À noter : T. vivax a également été précédemment connu sous les noms de T. cazalboui, T. caprae, T. angolense ou T. bovis ;
T. b. brucei a été connu comme T. togolense, T. elephantis, T. pecaudi, T. anceps, T. ugandae ou T. dukei.
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non détectés, en particulier dans les zones interactions avec la mouche tsé-tsé est d’une
rurales reculées ainsi que dans les zones de grande importance. Nous décrirons ici les trois
conflits. On estime qu’environ 70 millions de principaux types de cycles parasitaires corres-
personnes vivant dans les 38 pays d’afrique pondant aux trois espèces de trypanosomes les
subsaharienne infestés par les mouches tsé-tsé plus pathogènes, à savoir T. vivax, T. congolense
sont exposées à différents niveaux de risque à la et T. brucei.
tHa, notamment en république démocratique
du Congo, en angola, au Sud-Soudan et en
république centrafricaine.
Cycles parasitaires
des trypanosomes
D’autres trypanosomes africains causent de
graves maladies chez le bétail (cf. tabl. 15.2). Les Trois types de développement
trypanosomes ubiquistes T. vivax et T. congo-
lense sont les principaux agents pathogènes Une mouche tsé-tsé ingère des trypanosomes
des bovins et autres ruminants, tandis que des lors d’un repas de sang sur un mammifère
trypanosomes plus spécifiques tels que T. simiae, infecté. Ces trypanosomes sanguins suivent
T. godfreyi et T. suis peuvent provoquer une alors un cycle de développement obligatoire
mortalité élevée chez les porcs domestiques. La plus ou moins complexe selon les espèces de
taa limite toujours le développement agricole trypanosomes, composé de plusieurs étapes de
sur le continent africain en dépit de la disponibi- prolifération, de migration et de différenciation
lité des médicaments prophylactiques et curatifs : dans les différentes parties du tube digestif de la
malgré les 35 millions de doses de trypanocides mouche. au final, les parasites sont transmis via
administrées, près de 3 millions de têtes de la salive à un nouvel hôte mammifère sous forme
bétail succombent chaque année à la maladie, de trypanosomes métacycliques infectieux.
et les pertes agricoles directes et indirectes L’achèvement de ce cycle de développement
résultant de la présence des trypanosomes sont peut prendre de quelques jours pour T. vivax
évaluées à plus de 4 milliards de dollars par an. jusqu’à trois semaines pour T. brucei. Cela
De plus, il est inquiétant de voir l’efficacité de implique des adaptations spécifiques du parasite
ces traitements sérieusement menacée par une aux divers micro-environnements rencontrés,
augmentation de la résistance de certains trypa- notamment métaboliques, morphologiques et
nosomes. La sévérité des symptômes est corrélée antigéniques. trois programmes de développe-
au degré de susceptibilité immunogénétique de ment distincts ont été décrits en fonction de la
l’hôte à l’infection, ainsi qu’à son état physiolo- complexité de leur parcours dans le tractus
gique. digestif de la tsé-tsé (cf. tabl. 15.2 et fig. 15.7).
Le développement des parasites du groupe de
Les glossines mâles et femelles sont les vecteurs T. vivax (sous-genre Duttonella) est limité au
biologiques exclusifs des trypanosomes et on cibarium et au proboscis. Dans le sous-genre
peut supposer que toutes les espèces de Nannomonas, trois espèces, dont T. congolense,
glossines peuvent agir comme tels. en outre, et se développent successivement dans l’intestin
bien que ce phénomène soit difficilement quan- antérieur, l’œsophage et le proboscis. Le groupe
tifiable, une transmission mécanique directe T. brucei (sous-genre Trypanozoon) contient trois
(par piqûres successives) est possible par d’autres espèces de trypanosomes, dont les deux espèces
insectes hématophages tels que les tabanidés pathogènes pour l’Homme (T. b. gambiense et
et les stomoxes, en particulier pour T. vivax T. b. rhodesiense), qui se développent successi-
et T. evansi hors des zones à glossines. afin vement dans l’intestin postérieur, l’intestin
d’améliorer les mesures de contrôle de la trans- antérieur, l’œsophage et les glandes salivaires
mission des trypanosomes, la compréhension des glossines. il est admis qu’une tsé-tsé infectée
du développement des parasites et de leurs le restera toute sa vie.
377
Infection Développement
Organes Trajets Sang Intestin moyen Proventricule Proboscis et pharynx/
et/ou oesophage Glandes salivaires
378
Pr
Pharynx Proboscis
Hypopharynx FG Hx
Oesophage Pv
Proventricule PM
MG
T. vivax
Jabot SG
Intestin Glandes
moyen salivaires
HG
Intestin Tube
postérieur de Malpighi
Rectum R S* PC* EA* MT
Entomologie médicale et vétérinaire
Anus
Pharynx Proboscis Pr
Hypopharynx FG Hx
Oesophage Pv
Proventricule PM
Jabot MG
Glandes SG
Intestin
T. congolense
moyen salivaires
Intestin HG
Tube
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postérieur de Malpighi
Rectum R S* PC* MS MS EA* MT
Anus
Pharynx Proboscis Pr
Hypopharynx FG Hx
Oesophage Pv
Proventricule PM
MG
Jabot
SG
T. brucei
Intestin Glandes
moyen salivaires
Intestin HG
Tube
postérieur de Malpighi
Rectum R SL* ST PC* MS ED* EC EA* ET* pMT MT
Anus
Figure 15.7 – Les trois types de développement des trypanosomes africains dans la mouche tsé-tsé.
Les trajets effectués par les parasites dans le tube digestif des glossines sont schématiquement présentés dans les panneaux de gauche (adapté de HOare, 1972).
Les différentes formes successives de parasites observées dans les différents organes sont présentées dans l’ordre chronologique de leur apparition sur les panneaux de droite
(adapté de HOare, 1972 ; PeaCOCK et al., 2007 ; rOtUreaU et al., 2012). Les astérisques indiquent les étapes de prolifération et les points d’interrogation indiquent une
incertitude au sujet du type de division et/ou des formes de transition impliquées. Pr : proboscis ou trompe ; FG : œsophage ; Pv : proventricule ; PM : membrane
péritrophique ; MG : intestin moyen ; HG : intestin postérieur ; r : rectum ; Hx : hypopharynx ; SG : glandes salivaires ; SL : trypomastigote sanguin mince ; St :
trypomastigote sanguin trapu ; PC : trypomastigote procyclique ; MS : trypomastigote mésocyclique ; De : long épimastigote en division asymétrique ; Se : épimastigote
court ; ae : épimastigote attaché ; et : cellule en division épi-trypo ; pMt : trypomastigote pré-métacyclique ; Mt : trypomastigote métacyclique.
adapté de rOtUreaU et vaN DeN aBBeeLe (2013), montage de la figure : Brice rotureau, institut Pasteur.
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379
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la population de T. brucei se traduit en zone sont particulièrement complexes dans le vecteur.
d’endémie par des taux d’infection des glandes La population de T. brucei subit un effondre-
salivaires des glossines inférieurs à 1 %. Une fois ment lors de la différenciation et de la migration
dans les glandes salivaires, les épimastigotes de l’intestin vers les glandes salivaires. il résulte
courts s’attachent à l’épithélium via leur flagelle, de ce goulot d’étranglement que des variants
expriment un nouvel antigène de surface inva- rares peuvent éventuellement être amplifiés et
riant spécifique (BarP) et s’allongent. Deux par la suite transmis de façon efficace à un
modes de prolifération distincts se produisent nouvel hôte mammifère. De plus, pour T. brucei
alors simultanément dans les glandes salivaires. et T. congolense, des échanges génétiques intra-
Le premier cycle produit deux épimastigotes et inter-clonaux se produisent à des stades
identiques qui restent attachés à l’épithélium. Ce précis de leur développement dans le vecteur.
mode de prolifération est prédominant dans les Chez T. brucei, un évènement de type méiotique
étapes précoces de l’infection, afin d’assurer une suivi d’une fusion des gamètes se produit parmi
colonisation rapide des glandes. Le second mode certaines formes épimastigotes attachées dans
est plus fréquent à des stades ultérieurs de les glandes salivaires. Par conséquent, il est
l’infection et implique une autre division asymé- peu probable que ces parasites restent généti-
trique (cf. fig. 15.7). il produit une cellule fille quement inchangés après la transmission par la
qui mûrit en forme métacyclique infectieuse mouche. toutefois, l’importance d’un mécanisme
libérée dans la salive. Ces deux cycles cellulaires d’échange sexué si complexe reste énigmatique
alternatifs contribuent à la production continue en raison de l’infime probabilité que deux
de parasites infectieux et induisent une impor- souches de T. brucei différentes se rencontrent
tante modification de la composition de la dans le même vecteur et qu’elles parviennent
salive. Cela entraîne en particulier chez la toutes deux à se développer dans les glandes
tsé-tsé infectée une chute du potentiel anti- salivaires. Les événements de recombinaison
hémostatique et une réduction des performances issus d’accouplements intraclonaux pourraient
d’alimentation se traduisant par une augmen- être considérés comme un avantage évolutif,
tation des contacts vecteur/hôte, et par consé- car ils introduisent une certaine variabilité
quent par une augmentation des probabilités de génétique dans les trypanosomes métacycliques.
transmission des parasites présents dans la La probabilité d’échanges génétiques sexués pour
salive. T. congolense dans la mouche tsé-tsé pourrait en
revanche être plus élevée, bien qu’aucune pré-
Une coévolution ancienne cision ne soit disponible concernant les stades
des trypanosomes dans les glossines de développement concernés. enfin, la diversité
La complexité de ces cycles de développement génétique au sein des populations de T. vivax
témoigne de l’ancienneté de la coévolution des est apparemment très faible, ce qui pourrait
trypanosomes africains dans les glossines. Les favoriser la transmission non cyclique par
mouches tsé-tsé sont des hôtes vecteurs dou- d’autres diptères hématophages.
blement primordiaux pour les trypanosomes
africains, dans la mesure où elles assurent le
Transmission et épidémiologie
maintien et la transmission des populations de La transmission des trypanosomes repose
parasites à de nouveaux hôtes, à chaque repas principalement sur la présence simultanée et
sanguin et pendant toute leur durée de vie, et les interactions efficaces entre au moins trois
parce qu’elles sont le lieu d’échanges génétiques acteurs : le parasite, l’hôte mammifère et l’hôte
entre les populations trypanosomiennes. Le vecteur.
développement de T. vivax, bien qu’apparemment Sur les 31 espèces de glossines, seules une
plus simple, n’est pas complètement élucidé. Les douzaine, principalement des groupes palpalis
développements de T. brucei et de T. congolense et morsitans, sont des vecteurs efficaces des
380
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trypanosomes en raison de leur capacité vecto- climatiques (le risque augmentant généralement
rielle, de leur distribution et de leur comporte- avec la température jusqu’à un certain seuil) ;
ment (cf. tabl. 15.1 et 15.2). La survenue – l’espèce de tsé-tsé : G. morsitans, G. longipalpis,
d’infections par les trypanosomes africains et G. pallidipes présentent généralement des
est donc principalement gouvernée par la dis- taux d’infection par une ou plusieurs espèces de
tribution des glossines compétentes pour la trypanosomes supérieurs à 20 %, alors que le
transmission de ces parasites. toutefois, alors que taux d’infection de G. tachinoides ou G. palpalis
la taa survient apparemment sur l’ensemble est le plus souvent inférieur à 10 % ;
des territoires infestés de glossines, la tHa est
– l’espèce de trypanosome : dans les populations
transmise dans des foyers épidémiques limités
du groupe morsitans en zone d’endémie, en
dans l’espace, et ce, pour des raisons qui restent
moyenne au moins 20 % des mouches sont
inconnues à ce jour.
infectées par T. vivax, 10 % par T. congolense et
Pour être infectée, une mouche doit se nourrir moins de 1 % par T. brucei.
sur un hôte infecté avec des trypanosomes
sanguins. Un tel hôte mammifère constitue Compétence vectorielle des tsé-tsé
alors un réservoir de trypanosomes, une source L’aptitude des mouches à héberger un dévelop-
durable d’infection pour les mouches saines. pement parasitaire complet varie d’une espèce
La plupart des animaux domestiques et des et d’un individu à l’autre.
Hommes sont sensibles aux trypanosomes qui
déclenchent chez eux des infections létales à De nombreux facteurs biologiques déterminent
terme. Durant la phase chronique de la maladie, la compétence d’une glossine à transmettre les
ils constituent des réservoirs potentiels de trypanosomes : l’âge, le sexe, le statut nutrition-
trypanosomes. Cependant, certains animaux nel et la flore endosymbiotique. en lien avec la
domestiques (bovins Baoulé et N’Dama, mouton maturation du système immunitaire et la mise
Djallonke, chèvre naine d’afrique de l’Ouest) ou en place de la membrane péritrophique, une
sauvages (guib harnaché) ou certains Hommes glossine ténérale (i.e. jeune n’ayant pas encore
naturellement résistants constituent des pris de repas de sang) sera plus susceptible à
réservoirs essentiels aux trypanosomes. ils l’infection par les trypanosomes qu’une mouche
contribuent malgré eux (trypanorésistance ou adulte. De même, les taux d’infections augmen-
trypanotolérance) au maintien des populations tent avec le stress nutritionnel. La présence de
trypanosomiennes. l’endosymbionte Sodalis glossinidius et, vraisem-
blablement, d’une faune intestinale microbienne
en contrepartie, le risque d’infection pour adéquate participe également à la compétence
des populations humaines et animales saines vectorielle d’une tsé-tsé.
dépend : 1) du taux d’infection des mouches ;
2) de la compétence des mouches à permettre Le système immunitaire de la glossine joue
un développement parasitaire complet ; 3) des un rôle crucial dans le développement des try-
occasions d’inoculation des formes infectieuses panosomes. Les protéines reconnaissant les
du parasite au mammifère. peptidoglycanes (PGrP), les peptides antimi-
crobiens (aMP) produits par la voie iMD
Taux d’infection des tsé-tsé (immune deficiency pathway) du système immu-
nitaire, en particulier l’attacine, les lectines
Le taux d’infection des tsé-tsé varie selon : intestinales, les composés antioxydants, la
– la région : dans une région donnée, le taux protéine eP (riche en répétitions glutamate-
d’infection dépend du taux d’infection des hôtes proline) et la structure de la membrane péritro-
préférés présents, de l’âge moyen de la population phique sont autant d’éléments qui régulent la
de glossines (le risque augmentant avec l’âge pour nature des interactions entre les trypanosomes,
les trypanosomes animaux), des conditions la mouche tsé-tsé et ses symbiontes.
381
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a été principalement utilisé contre G. morsitans les densités auront préalablement été réduites
en zone de savane boisée. À faibles dosages, on par des méthodes conventionnelles (piégeage,
observe peu d’effets sur la faune non ciblée et traitements insecticides, etc.).
son coût est moins élevé que celui de l’hélicop- Plusieurs méthodes existent :
tère. toutefois, ce coût reste important pour une
– contact avec des agents chimiostérilisants
faible sélectivité. De plus, le pouvoir résiduel de
(tépa, métépa), des analogues hormonaux (pyri-
l’insecticide entraîne une pollution des eaux et
proxifène) ou des insecticides (triflumuron) : ces
des terres, et la stabilité des organochlorés
méthodes sont encore peu documentées et/ou
utilisés entraîne leur accumulation toxique dans
en cours de développement pour les tsé-tsé ;
les organismes.
– radiations ionisantes (rayons X, , neutrons) :
L’épandage aérien a récemment connu un les sources de rayons sont principalement le
progrès technique très significatif. L’insecticide Cobalt 60 et le Césium 137 qui provoquent des
est désormais préparé sous formulation à très lésions chromosomiques des spermatozoïdes
faible volume (ULv) pour être nébulisé et chez les mâles, entraînant le non-appariement
déposé sous forme de fines gouttelettes sur le des chromosomes mâles et femelles lors de la
sol. Plus de deux avions (4 à 5) volent alors fécondation de l’œuf, et par conséquent l’arrêt
simultanément pour pulvériser sur un rayon de plus ou moins précoce de l’embryogenèse. elles
10 km (5 km de chaque côté du cours d’eau). ont tendance à être remplacées par les rayons X ;
Les doses de deltaméthrine sont suffisamment
– combinaison de ces 2 méthodes : le « Boosted
faibles et ciblent essentiellement les glossines.
SIT » qui permet une stérilisation plus efficace
Le composé actif étant non rémanent et détruit
des femelles vient d’être proposé ;
par la chaleur et la lumière, l’épandage est effec-
tué la nuit ou très tôt le matin. entre 2006 et – transgenèse et paratransgenèse : les sym-
2013, cette méthode a été employée à plusieurs biontes des tsé-tsé peuvent être génétiquement
reprises au Botswana, au Ghana, au Burkina Faso modifiés afin, par exemple, de diffuser des
et en Éthiopie dans le cadre de la Pattec. molécules trypanocides et/ou de modifier la
compétence vectorielle ou la capacité de repro-
Lutte biologique duction des populations cibles. Ces méthodes
La lutte biologique est la manipulation des font l’objet de projets innovants dans plusieurs
ennemis naturels des insectes nuisibles, visant à laboratoires.
réduire les populations de ces derniers à des Pour la technique de l’insecte stérile (tiS), des
niveaux tels que l’impact en santé publique et glossines mâles nourries et stérilisées en insecta-
les pertes économiques qu’elles occasionnent rium sont lâchées dans les gîtes naturels pendant
soient négligeables. Des recherches sont en cours, les périodes favorables, et après réduction de la
mais la technique n’est pas encore opérationnelle population sauvage par les autres techniques,
(action non spécifique, élevage non réalisé). notamment chimiques. Les lâchers se font pen-
Lutte génétique dant la saison des pluies (conditions de survie
meilleures) et après retrait des écrans insecticides.
elle est aussi biologique mais autocide. elle il est nécessaire de lâcher 7 à 10 mâles stériles
« utilise toutes les conditions ou méthodes de pour 1 mâle sauvage, ce qui nécessite une pro-
traitement susceptibles de diminuer le potentiel duction massive de mâles, une stérilisation en
reproducteur de l’insecte nuisible par altération nombre et une connaissance parfaite de leur
ou modification du matériel héréditaire » comportement (compétitivité, longévité, disper-
(OMS, 2013). sion). La réduction de ce ratio de 1/10 à 1/7 est
C’est une technique très spécifique, non polluante, possible selon le planning d’extinction attendu.
d’autant plus efficace que la population visée est au Burkina Faso, par exemple, la technique du
plus faible, donc idéale pour les glossines dont lâcher de mâles stériles a été appliquée avec
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succès dans la zone pastorale de Sidéradougou toute la période d’activité des glossines. La lutte
entre 1981 et 1984. elle a ensuite permis l’élimi- par piégeage utilise des pièges ou leurs dérivés
nation de G. austeni de l’île d’Unguja à zanzibar. plus économiques, les écrans (simple morceau de
La tiS est en cours d’utilisation depuis 2013 tissu attractif par sa couleur) imprégnés avec des
dans les Niayes, au Sénégal, pour l’éradication substances toxiques telles que les insecticides.
de la population isolée de mouches tsé-tsé
Systèmes attractifs toxiques (SAT)
autour de Dakar. elle est envisagée à grande
échelle pour les zones d’intervention de la Les systèmes attractifs toxiques sont généralement
Pattec. des pièges ou écrans imprégnés d’insecticide
(deltaméthrine), et les pièges de capture ou de
Capture par piégeage lutte. Les quantités d’insecticides utilisées sont
très faibles, minimisant ainsi les risques de
Capture manuelle
pollution. Les procédés d’imprégnation sont
Le filet fut d’abord très employé au début du maintenant de longue durée, à l’instar des
siècle dernier. Puis en 1910-1915 ont eu lieu les moustiquaires imprégnées pour la lutte contre
premiers essais de lutte par captures manuelles, le paludisme. Les écrans sont fabriqués avec du
dans l’île de Principé dans le golfe de Guinée, tissu de couleur bleu au milieu, encadré par du
dirigés contre G. palpalis qui se nourrissait sur tissu noir ou de la moustiquaire sur les côtés. Le
les porcs et les humains. après abattage de tous coût de la suppression des vecteurs avec les
les porcs, des hommes portants des écrans noirs systèmes attractifs toxiques est à peu près équi-
enduits de glue parcoururent les lieux de valent à celui des pulvérisations terrestres la
concentration des glossines. alors que, en première année, soit la moitié du prix des épan-
janvier 1913, les captures effectuées par 139 per- dages aériens. La seconde année, le coût est
sonnes s’élevaient à 21 000 mouches, 200 hommes considérablement réduit par la possible réutili-
n’en capturèrent aucune en avril 1914. Ce n’est sation du même matériel. Lorsque la surface à
qu’en 1956, soit 42 ans après, qu’il y eut une couvrir est grande, il faut toutefois prévoir une
réinvasion. Divers pièges artificiels plus ou main-d’œuvre plus importante pour l’entretien
moins performants selon les espèces de glossines du réseau de pièges/écrans.
ont été mis au point. Le premier piège a été
réalisé par Harris en 1930. Le piégeage présente Traitement des animaux par acaricides/insecticides
plusieurs avantages (tabl. 15.3) : absence de pol- en application épicutanée
lution de l’environnement, facilité de fabrication Les produits utilisés sont les pyréthrinoïdes
du piège, donc d’emploi par les communautés, (cyperméthrine, alphacyperméthrine, flumé-
possibilité de laisser le piège sur place pendant thrine, deltaméthrine…). L’application peut être
Avantages Inconvénients
387
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effectuée par aspersion ou par épandage sur la Bouyer, J., Lefrançois, t., 2014. Boosting the sterile insect
ligne du dos de l’animal. La diffusion est rapide technique to control mosquitoes. Trends Parasitol.,
dans l’épiderme. Cette méthode présente de 30 (6) : 271-273.
nombreux avantages : Bouyer, J., Solano, P., Cuisance, D, itard, J., Frézil, J.L.,
– lutte à la fois contre les tiques, les glossines et authié, e., 2010. Control methods in trypanosomosis.
les autres insectes hématophages ; in Lefèvre, P.C., Blancou, r., Chermette, J.,.
Uilenberg, G. eds : Infectious and Parasitic Diseases
– facile à mettre en œuvre et rapide d’exécution ; of Livestock, chap. 131, 1927-1959, France, Lavoisier,
– intervalles de traitements espacés tous les 2 volumes, 1 967 p.
2 mois environ ; Bucheton, B., MacLeod, a., Jamonneau, v., 2011.
– très efficace ; Human host determinants influence the outcome of
– produits bien tolérés, pas de problème de T. brucei gambiense infections. Parasite Immunol.,
résidus ni de toxicité chez les manipulateurs ; 33 (8) : 438-447.
– excellent pouvoir mobilisateur chez les popu- Courtin, F., rayaisse, J.B., Serdebeogo, O., tamboura, i.,
lations, par l’amélioration rapide et visible de Koudougou, z., Solano, P., Sidibé, i., 2010. Updating
l’état de santé qu’elle entraîne sur le bétail. the northern tsetse limit distribution in Burkina Faso:
impact of global change. Int. J. Env. Res. Publ. Health,
Des campagnes de lutte réalisées avec cette 7 : 1708-1719.
approche au Burkina Faso à Satiri, Samorogouan
Dama, e., Cornelie, S., Camara, M., Somda, M.B.,
et Sissili se sont avérées très efficaces. Cette pra- Poinsignon, a., ilboudo, H., elanga, e., Jamonneau, v.,
tique est utilisée actuellement dans le cadre de Solano, P., remoue, F., Bengaly, z., Belem, a.M.G.,
la mise en œuvre de la Pattec au Burkina Faso. Bucheton, B., 2013. in silico identification of a candidate
Combinée à la pose des écrans imprégnés, synthetic peptide (tsgf118-43) to monitor human
l’application épicutanée des insecticides réduit exposure to tsetse flies in West africa. PLoS Negl.
aussitôt la densité glossinienne et le risque Trop. Dis., 7 (9) : e2455.
d’infection trypanosomienne. Dujardin, J.P., Kaba, D., Solano, P., Dupraz, M.,
Un autre moyen récent de protection des ani- McCoy, K.D., Jaramillo, N., 2014. Outline based
maux domestiques a été développé, constitué de morphometrics, an overlooked method in arthropod
filets moustiquaires imprégnés d’insecticide, studies? Inf. Genet. Evol., 28 : 704-714.
installés autour des parcs à animaux à moins de Geiger, a., Fardeau, M.L., Njiokou, F., Ollivier, B., 2013.
1 m de hauteur, ce qui correspond à la hauteur Glossina spp. gut bacterial flora and their putative role
de vol des tsé-tsé qui, attirées par les animaux, in fly-hosted trypanosome development. Frontiers in
cellular and infection microbiology, 3, 34.
sont interceptées par ces filets.
Hendrichs, J., vreysen, M.J.B., enkerlin, W.r.,
Cayol, J.P., 2005. Strategic options in using sterile
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389
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C HAPITRE 16
Stomoxyini
(Diptera : Muscidae : Muscinae)
Gérard Duvallet, Frédéric Baldacchino, Marc Desquesnes
après bien des modifications, on maintient, par activités d’élevage, les larves se développant dans
commodité, les stomoxes (Stomoxys spp.) et le fumier ou la matière végétale en décomposi-
genres voisins dans la tribu des Stomoxyini, tion. Les stomoxes constituent une nuisance
sous-famille des Muscinae, famille des Muscidae importante pour le bétail et jouent aussi un rôle
(Diptera). Une publication récente fait en effet dans la transmission mécanique d’agents de
disparaître les tribus dans la classification des maladies animales et zoonotiques. Une révision
Muscidae et regroupe donc les genres corres- importante de ce groupe a été effectuée par
pondants dans la sous-famille des Muscinae z UMPt (1973).
(HaSeyaMa et al., 2015). Les stomoxes ont une
morphologie générale qui rappelle celle des
mouches domestiques, mais avec des pièces
SYSTÉMATIQUE
buccales modifiées en un proboscis comparable La tribu des Stomoxyini comprend 10 genres
à celui des glossines (fig. 16.1). Chez ces insectes, et 51 espèces (tabl. 16.1) (zUMPt, 1973 ; PONt
les adultes des deux sexes sont hématophages. et MiHOK, 2000 ; PONt et DSOULi, 2008). Les
Le cycle de vie des stomoxes est dépendant des genres d’importance médicale et vétérinaire
Figure 16.1 – Stomoxys calcitrans P : vue dorsale à gauche, vue ventrale à droite.
© G. Duvallet
391
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2 mm
VI tg
VII spr
Tableau 16.1 – Liste des genres et nombre c
VII tg
d’espèces connues en 2014 dans la tribu VI spr
des Stomoxyini (Diptera : Muscidae). ep
VI st
s
Genres Nombre pg
d’espèces hs
ag
décrites
Rhinomusca Malloch (1932) 2 V st
Neivamyia Pinto & Fonseca (1930) 5
Bruceomyia Malloch (1932) 1
Parastomoxys zumpt (1973) 1
Prostomoxys zumpt (1973) 1 Figure 16.4 – Extrémité postérieure de l’abdomen
de S. calcitrans mâle.
Stygeromyia austen (1907) 2 (v st, vi st = cinquième et sixième sternites,
Haematobosca Bezzi (1907) 14 vi spr, vii spr = sixième et septième spiracles,
vi tg, vii tg = sixième et septième tergites,
Haematobia Lepeletier & Serville (1828) 6
ao = orifice anal, c = cerque, ep = epandrium,
Haematostoma Malloch (1932) 1 s = surstylus, hs = sclérite cornu, pg = postgonite,
ag = praegonite)
Stomoxys Geoffroy (1762) 18
D’après Patton in zUMPt (1973).
392
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393
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– le genre Haematobosca est présent en régions De plus, ces taxons montrent aussi des écologies
Holarctique, afrotropicale et Orientale ; différentes lors d’études menées au Gabon. elles
– le genre Haematobia est quasiment cosmo- devraient donc être considérées comme des
polite ; espèces différentes.
– l’espèce Haematostoma austeni (Malloch 1932) il faudrait valider ces résultats par des scénarii
(genre monotypique) n’est connue que de la région biogéographiques plausibles de liaisons entre
Orientale : Bornéo, Malaisie, Laos, Birmanie et régions Orientale et afrotropicale.
thaïlande (CHaNGBUNJONG et al., 2012) ; La phylogéographie, en faisant appel à diffé-
– enfin, le genre Stomoxys comprend 18 espèces, rentes disciplines (génétique moléculaire, géné-
dont 12 ne sont connues qu’en région afrotro- tique des populations, éthologie, démographie,
picale, 4 en région Orientale, une espèce, phylogénie, paléontologie, géologie, géographie
Stomoxys sitiens rondani 1873, présente dans historique), nous renseigne sur la distribution
les deux régions, et une espèce cosmopolite, des différentes lignées généalogiques. Dans le
S. calcitrans. genre Stomoxys, seule l’espèce S. calcitrans est
cosmopolite. DSOULi-ayMeS et al. (2011) ont
aujourd’hui, la classification a pour objectif de
cherché à comprendre les processus gouvernant
retracer l’histoire évolutive ou l’histoire de
la distribution géographique de cette espèce. en
spéciation des organismes en établissant des
étudiant 20 populations provenant de 6 régions
arbres phylogénétiques et en estimant le temps
biogéographiques, et en comparant les séquences
de divergence entre les organismes depuis leur
de 3 gènes mitochondriaux (COi, CytB et
dernier ancêtre commun. DSOULi et al. (2011)
ND1-16S) et 1 gène nucléaire (itS2), les auteurs
ont étudié les relations phylogénétiques entre
ont tenté de déduire les processus historiques
espèces du genre Stomoxys en considérant
ayant mené à la structuration génétique et géo-
conjointement des critères morphologiques et
graphique actuelle de S. calcitrans dans le monde.
moléculaires. Parmi les résultats principaux, il
Les résultats montrent une différence importante
faut retenir que :
entre les populations de la région Orientale et
– dans l’ensemble des arbres phylogénétiques celles des autres régions (afrotropicale, Paléarc-
obtenus, l’espèce asiatique Stomoxys indicus tique, Néarctique, Néotropicale et Océanienne).
apparaît comme la plus ancienne, toutes les Ces 2 lignées semblent s’être séparées au milieu
autres étant des espèces sœurs de celle-ci ; du Pléistocène. appartiennent-elles encore à la
– l’évaluation des temps de divergence indique même espèce ?
que le genre Stomoxys serait apparu il y a envi-
ron 30 millions d’années (Oligocène) dans la
région Orientale, et non en afrique comme on
BIOLOGIE – ÉCOLOGIE
le supposait jusqu’à présent. il y a donc eu des La plupart des informations disponibles ont été
migrations ultérieures entre asie et afrique ; obtenues par l’étude et l’observation de l’espèce
– l’espèce Prostomoxys saegerae apparaît dans cosmopolite S. calcitrans. très peu de données
tous les arbres au milieu des espèces du genre sont disponibles pour les autres membres de la
Stomoxys. Cela signifie que ce genre Prostomoxys, tribu des Stomoxyini.
créé par zumpt pour cette unique espèce en
raison d’un seul caractère morphologique (palpes Reproduction
maxillaires aussi long que le proboscis), devrait L’accouplement et la ponte de S. calcitrans ont
en fait être réintégré au genre Stomoxys ; pu être étudiés au laboratoire. L’accouplement a
– les sous-espèces S. niger niger Macquart et lieu en vol ou lorsque les femelles sont au repos.
S. niger bilineatus Grünberg montrent un temps Le temps moyen de copulation est d’environ
de divergence d’environ 16 millions d’années. 5 minutes, et le positionnement des ailes des
394
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femelles réceptives semble être un signal impor- Pour S. calcitrans, la matière organique végétale
tant pour les mâles. D’après HaFez et GaMaL- et en décomposition, éventuellement mélangée
eDDiN (1959 a), un même mâle peut s’accoupler à des déjections animales, constitue un site de
avec plusieurs femelles, mais une femelle ne peut ponte de prédilection : fumier, herbe ou autres
s’accoupler qu’avec un seul mâle. Ce dernier végétaux, feuilles d’arbres, refus d’aliment, balles
doit avoir digéré au moins un repas de sang de de foin stockées dans les champs (fig. 16.6) alors
vertébré avant d’être capable d’inséminer une que les déjections pures d’animaux sont moins
femelle avec succès. L’accouplement est plus attractives (zUMPt, 1973 ; FOiL et HOGSette,
fréquent lorsque les deux sexes sont âgés de 4 à 1994). idéalement, le milieu de ponte doit être
5 jours. friable, poreux, avec un fort taux d’humidité et
une température comprise entre 15 et 30 °C
Chez S. calcitrans, la maturation de la première
(HaFez et GaMaL-eDDiN, 1959 a). À la réunion,
ponte exige au moins trois repas de sang. en fait,
S. niger pond dans un substrat végétal en
5 à 6 follicules ovariens se développent simulta-
décomposition, notamment les amas de feuilles
nément. Quand le premier follicule a achevé son
de canne à sucre laissées sur le sol après la coupe.
développement (stade v), le second se trouve
Le développement des larves de stomoxes
déjà au stade iii et le troisième au stade ii.
dépend du microbiome bactérien présent dans
Chaque repas de sang permet d’augmenter d’un
le milieu, et les femelles sont capables de sélec-
degré le développement de la première série
tionner les sites de ponte les plus favorables
d’œufs et des follicules (LeCLerCQ, 1971). Un
d’après des stimuli d’origine microbienne
repas de sang est nécessaire à la production de
(rOMerO et al., 2006).
chaque nouvelle série d’œufs (FOiL et HOGSette,
1994), c’est pourquoi les femelles doivent se Les mouches des cornes, Haematobia irritans,
nourrir de sang plus fréquemment que les restent, quant à elles, en permanence sur le dos
mâles. des animaux (fig. 16.7). Lorsque les mouvements
péristaltiques du bovin annoncent la sortie
La durée de pré-oviposition est variable et prochaine d’une bouse, le groupe d’Haematobia
inversement proportionnelle à la température.
SUtHerLaND (1979) montre que la période de
pré-oviposition dure 4,3 jours à 30 °C et
11,7 jours à 20 °C. Les imagos de S. calcitrans
ont une longévité optimale pour une tempéra-
ture comprise entre 15 et 20 °C (SUtHerLaND,
1979 ; LySyK, 1998). La fécondité des femelles
de S. calcitrans dépend également de la tempéra-
ture (GiLLeS et al., 2005 a et 2005 b). Selon LySyK
(1998), les femelles pondraient au cours de leur
existence moins de 30 œufs à 15 °C et plus de
700 œufs à 25 °C.
Les sites de ponte et de développement larvaire
sont très variés, et sont souvent associés à de
mauvaises conditions sanitaires et à une mau-
vaise gestion des élevages (gestion des fourrages, Figure 16.6 – Sites de ponte de S. calcitrans :
des ensilages, des déchets alimentaires et des parc à veau à proximité de la zone de stabulation.
effluents). Les femelles de S. calcitrans et S. niger au premier plan, un piège vavoua transformé
se déplacent fréquemment pour déposer leurs en piège de lutte : la cage roubaud (cage de capture)
est remplacée par une cage en plastique
œufs en petit nombre un peu partout sur le où les mouches sont tuées par la chaleur.
milieu de ponte choisi (FOiL et HOGSette, 1994). © G. Duvallet
395
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Figure 16.8 – Cycle de développement des stomoxes avec les différents stades :
œuf (environ 1 mm), larves (jusqu’à 1 cm au stade L3), pupe (4 à 7 mm) et adulte ou imago.
396
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Tableau 16.2 – Agents pathogènes associés aux stomoxes (adapté de BALDACCHINO et al., 2013).
* L’association entre l’agent pathogène et les stomoxes est caractérisée de la façon suivante : isolement (l’agent a été isolé de sto-
moxes), développement (si les stomoxes sont des hôtes naturels intermédiaires), transmission expérimentale (transmission de l’agent
selon
un mode non naturel d’infection ou par un hôte non naturel) et transmission naturelle (transmission de l’agent depuis un hôte naturel
vers un autre par exposition aux stomoxes).
399
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Les stomoxes entraînent ainsi des pertes écono- evansi, T. vivax, T. brucei) en régions tropicales. De
miques importantes dans les élevages. aux même, plusieurs expériences et des observations
États-Unis, en 2012, ces pertes ont été évaluées épidémiologiques indiquent que les stomoxes
à 2,2 milliards de dollars par an (tayLOr et al., transmettent mécaniquement l’anaplasmose
2012). Dans les régions tempérées, ce sont les bovine due à la rickettsie Anaplasma marginale
effets directs qui prédominent. Le harcèlement et la besnoitiose due au protozoaire Besnoitia
des animaux par ces mouches pendant la période besnoiti (LiÉNarD et al., 2013). Les stomoxes ont
de pullulation les empêche de se nourrir correc- aussi été incriminés dans la transmission des
tement. Les chercheurs canadiens et américains virus de la leucose bovine enzootique, de la
ont estimé que 36 mouches présentes en moyenne dermatose nodulaire contagieuse, de l’herpès
(à tout instant) par patte avant sur les bovins bovin, de la peste porcine africaine, de la fièvre
entraînaient une baisse de 20 % du gain moyen de la vallée du Nil, de la stomatite vésiculeuse
quotidien (poids) ; de même une baisse de et de l’anémie infectieuse des équidés. toutefois,
production laitière de 0,7 % par mouche présente beaucoup d’incertitudes subsistent encore et des
a été enregistrée, avec des baisses pouvant aller recherches sont nécessaires pour mieux évaluer
jusqu’à 40 % (BaLDaCCHiNO et al., 2013). l’importance épidémiologique des stomoxes
Les stomoxes ont été associés à la transmission dans la transmission de ces virus (BaLDaC-
de différents pathogènes. Le tableau 16.2 CHiNO et al., 2013).
synthétise les données connues à ce jour. Pour MavOUNGOU et al. (2007) ont montré que
résumer, S. calcitrans est reconnu comme hôte l’espèce Stomoxys xanthomelas roubaud 1937,
intermédiaire de Habronema sp., nématode présente dans la canopée de la forêt de Makokou
(Spirurida) parasite des muqueuses de la lumière (Gabon), se nourrit sur singes, et parfois sur
intestinale des chevaux et occasionnant des humains, ce qui en fait un vecteur potentiel de
lésions caractéristiques « en larmes » sous l’œil pathogènes d’origine simienne, qui pourraient
du cheval lorsque les larves sont déposées aux être à l’origine de zoonoses émergentes.
marges de l’œil ; toutefois, seules les larves dépo-
Les Haematobia sont également soupçonnées de
sées par les stomoxes au niveau des naseaux et de
pouvoir transmettre mécaniquement les mêmes
la bouche peuvent être ingérées et entreprendre
agents pathogènes, toutefois leur faible taille et
un cycle de développement complet. Mais les
leur grande sédentarité sur un même animal y
stomoxes sont surtout reconnus comme vecteurs
sont peu favorables ; en revanche, elles sont les
mécaniques de trypanosomes (Trypanosoma
hôtes intermédiaires d’une filaire, Stephanofilaria
stilesi, qui provoque notamment des lésions de
conjonctivite et des lésions cutanées péri-ocu-
laires chez les bovins, très fréquentes en indonésie
(fig. 16.11).
SURVEILLANCE, PRÉVENTION
ET CONTRÔLE
Une bonne connaissance de la biologie et de
l’écologie de ces diptères est un préalable indis-
pensable pour la mise en place de méthodes de
surveillance, de prévention et de contrôle.
La surveillance des stomoxes peut se faire par
Figure 16.11 – Lésions péri-oculaires dues
à la filaire Stephanofilaria stilesi chez un bovin. piégeage ou par comptage direct sur animaux.
© M. Desquesnes Pour collecter des stomoxes, l’utilisation de
400
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pièges vavoua (LaveiSSière et GrÉBaUD, 1990) – les insecticides pour bâtiments d’élevage : la
ou Nzi (MiHOK, 2002) est recommandée. Leur pulvérisation de pyréthrinoïdes à l’intérieur et
attractivité est liée aux couleurs bleu et noir des autour des bâtiments peut s’avérer efficace avec
tissus qui les composent (GiLLeS et al., 2007). une action longue durée, mais elle a un effet
Pour estimer l’abondance des stomoxes, il est particulièrement néfaste sur la faune non cible,
aussi possible de compter les mouches sur les insectes pollinisateurs en particulier ;
pattes avant des animaux à l’aide d’une paire de – les écrans imprégnés d’insecticides : cette
jumelles (MULLeNS et al., 2006). méthode évite la pulvérisation non ciblée des
Un index de stress des animaux peut également bâtiments. elle consiste à utiliser des écrans de
être obtenu en comptant, sur un échantillon tissu de couleur bleue et noire imprégnés
d’animaux tirés au sort, le nombre de mouve- d’insecticides qui vont attirer et éliminer les
ments réalisés pour chasser les mouches (coups mouches qui s’y posent. Ces écrans sont très peu
de tête, coups de queue, coups de pied ou attractifs pour les insectes pollinisateurs. ils sont
trémulations de la peau) pendant 2 minutes par utilisés pour le contrôle des glossines en afrique
animal (MULLeNS et al., 2006). Ces réactions de et leur développement est à l’étude pour celui
défense sont liées non seulement aux stomoxes, des stomoxes ;
mais aussi aux taons et aux hippobosques. – les insecticides pour animaux : ils peuvent
être appliqués en pulvérisation ou en « pour-on »
Plusieurs méthodes ont été utilisées pour limiter
sur le dos des animaux. Les animaux servent
la nuisance des stomoxes :
alors eux-mêmes d’appâts pour les mouches, qui
– les mesures sanitaires : les gîtes larvaires au sont éliminées en se posant. Cependant, il a été
sein des élevages doivent être éliminés, c’est-à-dire montré que certaines populations de stomoxes
les végétaux en décomposition, le fumier et les étaient résistantes à de nombreux insecticides,
zones mal drainées ; ce qui limite leur efficacité en pratique (SaLeM
– les répulsifs : les répulsifs cutanés utilisés et al., 2012). Des recherches sont en cours pour
contre les moustiques peuvent être utilisés chez inventer des systèmes attractifs le plus sélectifs
l’Homme, associés à des vêtements protecteurs. possible afin d’éliminer ces insectes nuisibles
Pour protéger les animaux, différentes huiles tout en respectant l’environnement.
essentielles ont été testées sous forme de sprays
cutanés ou de granules à disperser au sol ; tou-
tefois, les répulsifs ne permettent le plus souvent
RÉFÉRENCES
que de retarder la prise du repas plutôt que de Baldacchino, F., Muenworn, v., Desquesnes, M.,
l’empêcher véritablement ; Desoli, F., Charoenviriyaphap, t., Duvallet, G., 2013.
– les parasitoïdes : les hyménoptères parasitoïdes transmission of pathogens by Stomoxys flies
(Diptera, Muscidae): a review. Parasite, 20 : 26-38.
comme Spalangia spp. pondent leurs œufs dans
les stades immatures des stomoxes, ce qui entraîne Berry, i.L., Campbell, J.B., 1985 - time and weather
effects on daily feeding patterns of stable flies (Diptera:
la mort des larves ou des pupes à la suite du
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développement des larves de parasitoïdes (lutte
biologique) ; Berry, i.L., Foerster K.W., Campbell J.B., 1978 -
Overwintering behaviour of stable flies in manure
– les pièges attractifs : les pièges utilisés pour mounds. Environmental Entomology, 7 : 67-72.
la surveillance des stomoxes (vavoua, Nzi,
Changbunjong, t., Weluwanarak, t., ratanakorn, P.,
Malaise, etc.) peuvent être installés en grand
Maneeon, P., apiwathnasorn, C., Sungvornyothin, S.,
nombre à proximité des élevages afin de réduire Sriwichai, P., Sumruayphol, S., ruangsittichai, J.,
la population de stomoxes (lutte mécanique). 2012. Distribution and abundance of Stomoxyini flies
Des pièges collants conçus à base de plastique (Diptera: Muscidae) in thailand. Southeast Asian
polyester ou de fibre de verre sont également Journal of Tropical Medicine and Public Health,
efficaces (tayLOr et BerKeBiLe, 2008) ; 46 (6) : 1400-1410.
401
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C HAPITRE 17
trois familles de diptères sont caractérisées par tropicales et subtropicales. elle a été divisée en
leur morphologie et leur biologie : les Hippo- 3 sous-familles :
boscidae (louse flies ou keds en anglais) sont des – la sous-famille des Ornithomyinae, qui com-
ectoparasites d’oiseaux et de mammifères, alors prend la majorité des espèces, principalement
que les Nycteribiidae et Streblidae (bat flies en parasites d’oiseaux, à l’exception de 7 espèces
anglais) sont ectoparasites exclusifs de chauves- (fig. 17.1) ;
souris. Les trois familles sont parfois regroupées
dans la superfamille des Hippoboscoidea. – la sous-famille des Lipopteninae, qui comprend
Certains auteurs en font des sous-familles des 34 espèces, toutes parasites de mammifères
Hippoboscidae. tHeODOr (1967) avait regroupé (fig. 17.2) ;
ces 3 familles sous le vocable Pupipares, en raison – la sous-famille des Hippoboscinae, qui com-
de leur caractéristique de reproduction. en fait, prend 8 espèces, dont 7 infestent les mammifères
ces insectes ne pondent pas des pupes mais des (fig. 17.3) et une les oiseaux.
larves au 3e stade, ils sont donc larvipares et non Une espèce fossile, Ornithomya rottensis (Statz),
pupipares. Par ailleurs, les similitudes entre a été observée dans des formations datant de
Hippoboscidae et les 2 autres familles sont l’oligocène supérieur en allemagne.
plutôt une convergence évolutive ; le groupe est
Les Hippoboscidae sont des mouches robustes,
maintenant considéré comme diphylétique, avec
aplaties dorso-ventralement, mesurant de 1,5 à
d’un côté les Hippoboscidae, apparentés aux
12 mm de long. La plupart des espèces possèdent
Glossinidae, et, de l’autre côté, les Nycteribiidae
des ailes permanentes relativement larges, mais
et les Streblidae, qui semblent avoir une origine
certaines perdent leurs ailes une fois l’hôte
commune. La systématique de ces trois familles
atteint ou ont des ailes très réduites. Les
n’est pas encore définitivement fixée.
antennes et les pièces buccales sont spécialisées
pour leur mode de vie ectoparasite et hémato-
SYSTÉMATIQUE phage. Les yeux composés sont séparés dans les
deux sexes et habituellement grands et allongés
Hippoboscidae horizontalement. ils sont bien développés chez
La famille des Hippoboscidae comprend, au les genres ayant des ailes fonctionnelles, alors
niveau mondial, 19 genres et 150 espèces qu’ils sont réduits chez les genres avec des ailes
décrites. elle est cosmopolite, mais la plus temporairement fonctionnelles ou non fonc-
grande diversité est observée dans les régions tionnelles. L’abdomen, particulièrement chez
405
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Nycteribiidae
La famille des Nycteribiidae (fig. 17.4) comprend
actuellement 17 genres et 298 espèces (Maa,
1975). elle a été divisée en 3 sous-familles :
– la sous-famille des Cyclopodiinae, qui com-
prend 4 genres et 70 espèces, dont la distribution
s’étend à l’ancien Monde, sauf l’europe ;
– la sous-famille des archinycteribiinae, avec
1 seul genre et 3 espèces de la région Orientale ;
– la sous-famille des Nycteribiinae, cosmopo-
Figure 17.1 – Ornithomya fringillina (Hippoboscidae, lite, qui comprend 7 genres et 225 espèces. Deux
Ornithomyinae), ectoparasite d’oiseaux.
Diptera info.
genres seulement sont représentés dans les
© roger thomason régions Néarctique et Néotropicale.
aucun fossile de Nycteribiidae n’est connu à ce
jour.
Les Nycteribiidae sont des mouches de 1,5 à
5 mm de long, jaunâtres ou brunâtres, aptères
mais pourvues d’haltères. Leur apparence les fait
communément appeler « mouches araignées ».
au repos, leur tête est repliée en arrière sur le
thorax et, lors du repas de sang, elle s’abaisse de
180°. Le thorax est aplati dorso-ventralement,
fortement sclérifié sur sa partie ventrale, et
plutôt membraneux sur sa partie dorsale. Les
pattes semblent fixées dorsalement. La plupart
des espèces ont des cténidies thoraciques
Figure 17.2 – Lipoptena cervi
(Hippoboscidae, Lipopteninae). et abdominales. HůrKa (1998 a) présente en
© irD/M. Dukhan détail la morphologie de cette famille.
406
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Streblidae
Figure 17.5 – Streblidae : Brachytarsina allaudi.
La famille des Streblidae comprend 32 genres et © irD/N. rahola
221 espèces décrites au niveau mondial
(WeNzeL et PeterSON, 1987). HůrKa (1998 b)
divise cette famille en 5 sous-familles :
– les sous-familles des Nycterophiliinae,
trichobiinae et Streblinae, qui sont présentes BIOLOGIE – ÉCOLOGIE
en régions Néarctique et Néotropicale, et qui Chez les Hippoboscoidea, les mâles et femelles
regroupent 25 genres et environ 151 espèces sont des hématophages solénophages. Certaines
décrites ; espèces se nourrissent exclusivement sur une
– les sous-familles des Nycteriboscinae (7 genres espèce hôte, d’autres sur des hôtes appartenant
et 70 espèces ou sous-espèces) et ascodipterinae à un même genre ou à des genres proches, et
(2 genres et 19 espèces), qui sont présentes en d’autres, enfin, plus généralistes, se nourrissent
régions Paléarctique, Orientale et afrotropicale. sur une plus grande variété d’espèces hôtes.
La majorité des espèces vivent en régions tropi- Les Hippoboscoidea se caractérisent par le fait
cales et subtropicales. Un catalogue des espèces que l’œuf et la larve se développent dans l’utérus
paléarctiques a été publié par HůrKa et SOOS de la femelle. Le développement comprend
(1986). 3 stades larvaires, qui sont nourris par une
Les Streblidae sont des mouches de 0,75 à 5 mm glande à lait. Les femelles ne déposent donc pas
de long, jaunâtres ou brunâtres, souvent cou- des œufs, mais directement une larve au dernier
vertes de nombreuses soies (fig. 17.5). Leur forme stade qui se transforme immédiatement en
est très variable d’une espèce à l’autre, souvent pupe (fig. 17.6).
convexe, mais aussi comprimée latéralement Les Nycteribiidae et la plupart des Streblidae et
ou aplatie dorso-ventralement. La plupart des des Hippoboscidae déposent les larves généra-
espèces ont des ailes développées, mais certaines lement à distance de leurs hôtes. De nombreuses
ont des ailes réduites en longueur (brachyptères) espèces d’Hippoboscidae pondent dans les nids
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Le stade pupal dure 19-23 jours en été Chaque femelle pond 10 à 15 larves
et 20-26 jours en hiver durant sa vie
La larve 3
se transforme en pupe
12 heures
après son expulsion
La durée de vie des adultes
varie de 2-3 mois pour les mâles
La larve 3 à 4-5 mois pour les femelles
est expulsée Oeuf
et fixée sur la laine dans l’utérus
de la femelle
Le développement larvaire
dure 7-12 jours
Larve 3 Larve 1
dans l’utérus de la femelle dans l’utérus de la femelle
Larve 2
dans l’utérus de la femelle
Figure 17.6 – Cycle de Melophagus ovinus.
des oiseaux qu’ils parasitent. au contraire, les Lipoptena et Neolipoptena) après s’être installées
femelles de Melophagus sp., Lipoptena sp. et sur leur hôte. Le mélophage du mouton
Neolipoptena sp. déposent leurs larves directe- (Melophagus ovinus) a des ailes rudimentaires
ment sur leurs hôtes. et pas d’haltères. Du fait de son développement
La majorité des Hippoboscidae (75 % des « pupipare » particulier, une femelle produit 7 à
espèces) parasitent essentiellement des oiseaux, 10 larves matures durant sa vie, et on observe
le reste des espèces parasitent des mammifères, généralement une seule génération par an.
principalement bovidés et cervidés. ils piquent tous les Nycteribiidae sont des ectoparasites de
quelquefois l’Homme, et leur piqûre est doulou- chauves-souris, et ils passent pratiquement
reuse. Certains attaquent les animaux domes- toute leur vie sur leur hôte. Les espèces de la
tiques, en particulier les moutons, et ils ont sous-famille des Nycteribiinae sont parasites de
alors un impact économique important. La Microchiroptères, alors que les Cyclopodiinae
plupart des espèces ont des ailes bien dévelop- et les archinycteribiinae sont parasites de
pées et volent parfaitement, mais d’autres ont Mégachiroptères. Les espèces paléarctiques
des ailes réduites ou en perdent une partie parasitent essentiellement des vespertilionidae
(genre Allobosca Speiser) ou la totalité (genres et des rhinolophidae. Chez la femelle, les
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ovinus (hippobosque du mouton) est le vecteur dans les tissus et le sang, agissent par voie
cosmopolite du trypanosome Trypanosoma systémique et sont actifs aussi contre certains
melophagium. enfin, parmi les Ornithomyinae, parasites gastro-intestinaux. toutefois, leurs
plusieurs espèces peuvent transmettre des produits de dégradation se retrouvent dans les
Haemoproteus et des trypanosomes (Trypanosoma déjections et peuvent avoir une action très
avium) aux oiseaux. HaLOS et al. (2004) ont néfaste sur la faune non cible, en particulier les
indiqué que les Hippoboscidae pouvaient jouer coléoptères coprophages.
également un rôle dans la transmission de
bactéries du genre Bartonella à des ruminants
sauvages et domestiques. Ces auteurs ont mis en
RÉFÉRENCES
évidence la présence de Bartonella chez tous les audy, J.r., radovsky, F.J., vercammen-Grandjean, P.H.,
spécimens étudiés de Melophagus ovinus, ainsi 1972. Neosomy: radical intrastadial metamorphosis
que sa transmission verticale. Cela laisse penser associated with arthropod symbioses. Journal of Medical
à une association symbiotique entre M. ovinus Entomology, 9 : 487-494.
et Bartonella sp. Baker, J.r., 1967. a review of the role played by the
Hippoboscidae (Diptera) as vectors of endoparasites.
Des recherches sont actuellement en cours pour
Journal of Parasitology, 53 : 412-418.
étudier leur rôle éventuel dans la transmission
de certains virus des oiseaux aux mammifères, Beaucournu, J.C., Beaucournu-Saguez, F., Guiguen, C.,
par exemple celui de la fièvre à virus West Nile. 1985. Nouvelles données sur les Diptères pupipares
(Hippoboscidae et Streblidae) de la sous-région Médi-
terranéenne occidentale. Annales de Parasitologie
SURVEILLANCE, PRÉVENTION humaine comparée, 60 : 311-327.
ET CONTRÔLE Dhiman, r.C., 1986. ecological studies on batfly
Brachytarsina sinhai (Diptera, Streblidae) at Jodhpur,
aucune technique particulière de contrôle n’a india. Věstník Československé společnosti zoologické,
été développée pour ces 3 familles de diptères. 50 : 22-27.
Les quelques espèces qui affectent les animaux Dhiman, r.C., rama rao, K.v., 1983. Host-parasite
domestiques et les oiseaux peuvent être combat- relationship between bats and batfly, Brachytarsina
tues à l’aide de biocides. Par exemple, des produits sinhai vazirani and advani (Diptera: Streblidae)
biocides en poudre pour les pigeonniers. C’est viewed from ecological angle and life cycle. Proc.
pour le mélophage du mouton que des méthodes Symp. Host. Environ. Zool. Surv. India, : 83-90.
de lutte plus spécifiques ont été développées Halos, L., Jamal, t., Maillard, r., Girard, B., Guillot, J.,
(LLOyD, 2002) : Chomel, B., vayssier-taussat, M., Boulouis, H.-J.,
– tonte des brebis avant l’agnelage, pour éviter 2004. role of Hippoboscidae Flies as Potential vectors
le transfert des mélophages des mères aux of Bartonella spp. infecting Wild and Domestic
agneaux ; ruminants. Applied and Environmental Microbiology,
70 (10) : 6302-6305.
– traitement insecticide après la tonte, par
Hůrka, K., 1998 a. Family Nycteribiidae. In: Papp, L.
aspersion, bains ou pour-on principalement à
and Darvas, B. (eds.) : Contributions to a Manual of
base de pyréthrinoïdes qui sont le plus utilisés Palaearctic Diptera, 3, Science Herald, Budapest :
actuellement. Ces produits sont actifs contre les 829-838.
adultes, mais pas contre les pupes, d’où la néces-
Hůrka, K., 1998 b. Family Streblidae. In Papp, L. and
sité de renouveler le traitement 4 semaines plus Darvas, B. (eds.) : Contributions to a Manual of
tard, après l’émergence de la génération suivante Palaearctic Diptera, 3, Science Herald, Budapest :
d’adultes ; 839-848.
– utilisation de lactones macrocycliques (abamec- Hůrka, K., Soos, a., 1986. Family Streblidae. In Soos,
tine, doramectine, ivermectine, moxidectine) en a. and Papp, L. (eds) : Catalogue of Palearctic Diptera.
pour-on ou en injections. Ces produits pénètrent akademiai Kiado, Budapest, vol. 11, : 234-236.
410
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Lloyd, J.e., 2002. Louse flies, Keds, and related flies theodor, O., 1967. an illustrated Catalogue of the
(Hippoboscoidea). In Mullen and Durden (eds) : rothschild Collection of Nycteribiidae in the British
Medical and Veterinary Entomology, academic Press, Museum (Natural History), with Keys and Short
USa : 349-362. Descriptions for the identification of Subfamilies,
Genera, Species and Subspecies. British Museum
Maa, t.C., 1975. On new Diptera Pupipara from the
(Natural History) Publication, 655 : 1-506.
Oriental region. Pacific Insects, 16 : 465-486.
Maa, t.C., Peterson, B.v., 1981. Hippoboscidae. In Wenzel, r.L., Peterson, B.v., 1987. Streblidae. In Mc
Mcalpine J.F. et al. (eds.) : Manual of Nearctic alpine J.F. et al. (eds) : Manual of Nearctic Diptera,
Diptera, 2, agriculture Canada, Ottawa : 1271-1281. vol. 2, agric. Can. Monogr., 28, Ottawa : 1293-1301.
411
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C HAPITRE 18
SYSTÉMATIQUE
La famille des Tabanidae comprend environ
4 400 espèces réparties en 144 genres. Elle est
composée de 4 sous-familles divisées en tribus :
Chrysopsinae (Bouvieromyiini, Chrysopsini et
Rhinomyzini), Pangoniinae (Mycteromyiini,
Pangoniini, Philolichini et Scionini), Scepsidinae
et Tabaninae (Diachlorini, Haematopini et
Tabanini). Les principales espèces d’importance
médicale et vétérinaire appartiennent aux tribus
Chrysopsini (genre Chrysops, angl. deerfly),
Haematopini (genre Haematopota, angl. cleg) et
Tabanini (genres Atylotus, Hybomitra, Ancala,
Tabanus…, angl. horsefly).
Les larves de tabanides sont fusiformes, géné- Figure 18.1 – Femelle Philipomyia aprica.
ralement blanchâtres avec parfois une teinte © F. Baldacchino
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marron ou verte (MuLLEnS, 2002). Les premiers appelées calli. Chez certaines espèces, les calli
stades larvaires sont de petite taille (1-3 mm) sont très réduits (Atylotus), voire absents
avec une cuticule transparente qui laisse voir les (Pangonius). Sur le vertex, certaines espèces
organes internes (fig. 18.2) ; les derniers stades possèdent trois ocelles distincts (Pangoniinae et
larvaires mesurent 15 à 30 mm de long (60 mm Chrysopsinae) (fig. 18.4), ou simplement un
pour les espèces les plus grandes). Aux stades tubercule ocellaire vestigial (Hybomitra). Les
larvaires, la tête est peu différenciée et possède antennes sont en trois parties : le scape, le pédi-
des crochets buccaux sclérifiés bien visibles ; celle et le flagelle, lui-même composé de 4 à
elle a la forme d’une capsule incomplète, par- 8 flagellomères. Le flagellomère basal est allongé
tiellement sclérifiée et équipée de mandibules chez les Chrysopsinae et les Haematopini, et
puissantes. Des stries longitudinales distinctes élargi avec une dent dorsale plus ou moins
sont présentes sur la cuticule larvaire, associées développée chez les Tabanini ; le scape et le
à des motifs pubescents utiles à l’identification flagelle seuls sont allongés chez les Haematopini,
des espèces. Les segments abdominaux possèdent tandis que les trois segments sont allongés
des appendices locomoteurs, ventraux et latéraux, chez les Chrysopsinae (cf. fig. 18.4). Le proboscis
les pseudopodes, dont la morphologie et la taille des tabanides est large et court, à l’exception des
sont reliées à l’habitat larvaire.
Les pupes sont arquées dorsalement et de couleur
marron clair ou foncé. Les segments abdominaux Scutum
Thorax Scutellum
sont postérieurement bordés d’épines et le dernier Vertex
segment possède des tubercules caudaux, les Front
asters, utiles à l’identification des espèces. Oeil Abdomen
est recouvert de courtes soies ou tomentum, sauf Figure 18.3 – Femelle Tabanus bromius.
sur certaines zones en conséquence brillantes F. Baldacchino, dessin original
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Figure 18.4 – Morphologie générale et antennes des genres Tabanus, Haematopota et Chrysops.
(sc. : scape, pe. : pédicelle, fl. : flagelle)
© M. Desquesnes.
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large que le thorax, légèrement aplati dorso- tachetés sont plus attractifs que ceux de couleur
ventralement et avec des motifs colorés plus ou claire, zébrés ou très tachetés (BLáHo et al.,
moins distincts. Sur différentes parties du corps 2012).
(yeux, ailes, pattes, abdomen), les tabanides
Les tabanides sont aussi capables de détecter les
adultes possèdent des couleurs et des motifs très
composés volatiles issus du métabolisme des
distincts qui sont un support à l’identification
hôtes vertébrés comme le dioxyde de carbone et
d’espèce.
l’octénol présents dans l’air expiré, ou encore
Plusieurs références taxonomiques sont dispo- certains phénols présents dans les urines et les
nibles pour les Tabanidae de différentes régions fèces. Ils utiliseraient plutôt les signaux olfactifs
du monde (MuLLEnS, 2002). En Europe, des à longue distance et les signaux visuels pour
clés d’identification existent pour les formes l’approche finale. Il semble exister des différences
adultes (CHváLA et al., 1972) et pour les formes interspécifiques de sensibilité visuelle et olfac-
immatures (AnDREEvA, 1990). Les larves sont tive, probablement en lien avec l’écologie des
plus difficiles à identifier que les adultes et n’ont diverses espèces (BALDACCHIno, 2013).
pas été décrites chez toutes les espèces.
Les femelles sont telmophages, c’est-à-dire qu’elles
cisaillent la peau de leur hôte et les capillaires
BIOLOGIE – ÉCOLOGIE cutanés pour créer un micro-hématome à partir
duquel elles sucent le sang (LEHAnE, 2005). La
Chez les Tabanidae, les femelles sont ordinaire-
taille du repas sanguin d’une femelle varie de
ment hématophages mais certaines espèces sont
20 µL à plus de 600 µL pour les plus grandes
non hématophages (ex. Pangonius), et d’autres
espèces. Les tabanides ont un comportement
hématophages autogènes (ex. Tabanus nigrovit-
trophique plutôt opportuniste. Les espèces
tatus, qui effectue sa seule première ponte sans
moyennes et grandes (Tabanus, Hybomitra,
repas sanguin préalable). Les mâles ne sont
Philipomyia…) se nourrissent préférentiellement
jamais hématophages. Les femelles, comme les
sur grands mammifères (cheval, vache, cerf). Les
mâles, se nourrissent aussi à partir du nectar et
espèces petites (Chrysops et Haematopota) se
du pollen des plantes, qui fournissent l’énergie
nourrissent sur une plus grande variété d’hôtes
indispensable au métabolisme de base, au vol et
(vache, cheval, cerf, porc, humain, oiseau, reptile).
à l’accouplement. Après l’accouplement, les
femelles hématophages recherchent un hôte Entre 7 et 11 jours après leur repas de sang, les
vertébré en adoptant deux types de stratégies, femelles déposent leurs œufs, en tas ou en
soit l’affût, soit la recherche active, qui est pro- masses allongées, fixés à des supports naturels
bablement privilégiée (GIBSon et ToRR, 1999). au-dessus du milieu de développement larvaire
En effet, les tabanides ont un vol puissant et (par exemple, herbes ou branches en bord de
rapide avec une grande capacité de dispersion mare ou de rivière). Le nombre d’œufs varie
(≈ 1 km par jour). Les femelles utilisent des entre 100 et 800, selon l’espèce et la taille du
signaux visuels et olfactifs pour localiser leurs repas de sang. Compte tenu de la diversité des
hôtes. Les tabanides étant des diptères essentiel- espèces et de leur grande capacité d’adaptation,
lement diurnes, ils sont très sensibles aux l’environnement est riche en milieux favorables
formes, aux couleurs, aux mouvements et à la à la ponte et au développement larvaire. La
lumière polarisée. Les mâles et les femelles sont majorité des larves de tabanides se développent
attirés par la lumière polarisée horizontalement, dans des milieux aquatiques et semi-aquatiques,
comme de nombreux insectes aquatiques par exemple sous les rochers d’un ruisseau, en
(HoRváTH et vARjú, 2004). Les femelles, elles, bordure d’étang ou dans la vase d’un marais.
détectent leurs hôtes en fonction du degré de Certaines larves se développent plutôt dans
polarisation de la lumière réfléchie par le vertébré. des milieux terrestres comme sous la litière
Ainsi, les animaux de couleur foncée ou peu d’une forêt. Si certaines espèces occupent des
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habitats peu variés, d’autres espèces, comme en saison fraîche et une activité bimodale (matin
Tabanus bromius ou Chrysops relictus, très et après-midi) en saison chaude (DESquESnES et
communes en Europe, montrent une grande al., 2005). Les conditions climatiques (tempéra-
capacité d’adaptation à de nombreux habitats ture, humidité relative, vitesse du vent, pression
(AnDREEvA, 1982). atmosphérique, précipitations) influencent
l’activité journalière des tabanides, mais il existe
Les larves de tabanides sont prédatrices de larves aussi des différences interspécifiques. D’une
de chironomes ou de tipules, voire cannibales. manière générale, les températures froides ont
Le développement larvaire est relativement long un effet inhibiteur sur le vol, et les vents violents
avec de nombreuses mues larvaires (6 à 13). En perturbent l’activité de vol et la détection des
milieu tempéré, les larves entrent en diapause odeurs présentes dans l’air.
pendant l’hiver et la plupart des espèces sont
univoltines, sauf les espèces très grandes qui
restent à l’état larvaire pendant 2 à 3 ans IMPORTANCE MÉDICALE
(MuLLEnS, 2002). En cas de conditions très ET VÉTÉRINAIRE
défavorables (froid, sécheresse…), le dévelop-
Les tabanides constituent une réelle nuisance
pement larvaire peut également se prolonger.
pour les humains et les animaux, principale-
En milieu tropical, les espèces sont généralement
ment les bovins et les chevaux, à cause de leur
bi-, voire tri-voltines, ce qui peut se traduire par
comportement de vol persistant et leur piqûre
un pic d’activité très élevé en fin de saison favo-
douloureuse. Dans des zones à fortes pullu-
rable (DESquESnES, 2004). La pupaison se fait à
lations, les tabanides peuvent perturber les
la surface du sol et les adultes émergent 4 à
activités agricoles (élevage ou culture attelée)
21 jours après, selon les espèces et la tempéra-
et la pratique de loisirs d’extérieur (équitation,
ture ambiante. L’émergence des adultes est très
randonnées, pêche, camping, golf…) (FoIL et
liée aux saisons. En milieu tempéré, la période
HoGSETTE, 1994). Certaines espèces très abon-
d’activité des adultes se limite aux mois les
dantes peuvent avoir un impact économique
plus chauds de l’année (fin du printemps et été).
local notable, comme Tabanus nigrovittatus et
En milieu tropical, le pic d’activité se situe le
Chrysops atlanticus dans les marais salants de la
plus souvent pendant la saison des pluies, ou
côte Est des États-unis, ou Tabanus importunus
juste après si elles sont trop abondantes. Dans
et Tabanus occidentalis var. dorsovittatus dans
la plupart des cas, on observe une apparition
les pâturages de Guyane.
successive des espèces et le pic saisonnier
d’activité ne dure pas plus de 2 à 3 mois. Les effets directs des attaques de tabanides sur le
bétail sont multiples. Le gorgement des femelles,
L’activité journalière des tabanides est liée au associé à l’écoulement de sang au niveau des
rythme nycthéméral. Les mâles sont actifs aux sites de piqûre, entraîne chez l’hôte des pertes
heures crépusculaires de la journée, se déplaçant de sang quotidiennes non négligeables. De plus,
seuls ou par petits groupes, et l’accouplement la présence de sang attire les mouches suceuses
s’effectue en vol, surtout au lever du soleil. Les et les mouches responsables de myiases. Enfin,
femelles ont souvent un pic d’activité unique en les piqûres de tabanides sont responsables de
milieu de journée ou en début d’après-midi, réactions cutanées locales (nodules dermiques ou
voire en fin d’après-midi ou en début de soirée. surinfections bactériennes). Mais l’effet direct
En milieu tropical, certaines espèces montrent le plus important est celui du stress, induit par
une activité bimodale, comme Haematopota spp. les attaques de tabanides et étroitement lié à
en ouganda et Cryptotylus unicolor en Guyane. l’abondance des populations. Les attaques de
D’autres espèces présentent un profil différent tabanides provoquent chez les animaux des
en fonction de la saison ; ainsi, au Burkina Faso, réactions de défense (mouvements des oreilles
Tabanus sufis a une activité unimodale (vers midi) et de la queue, de la tête, des pattes, ainsi que des
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Tableau 18.1 – Principales maladies dont les agents pathogènes sont transmis par les tabanides.
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niveau mondial, mais des foyers persistent dans BIGALKE (1968) a montré que des tabanides
de nombreux pays. La transmission expérimen- afrotropicaux pouvaient transmettre B. besnoiti
tale de B. anthracis a été démontrée chez des jusqu’à 24 heures après un gorgement sur bovin
chevaux et des buffles après transfert immédiat parasité. La transmission de B. besnoiti est favo-
ou retardé (48 heures) de plusieurs Tabanus risée à partir d’individus ayant des infections
rubidus d’un individu infecté à un individu sain. chroniques, porteurs d’un nombre important de
Des observations épidémiologiques ont égale- kystes cutanés riches en bradyzoïtes.
ment été réalisées, comme ce cas d’anthrax
cutané diagnostiqué chez un berger pendant Trypanosomoses animales
une épizootie dans le sud de l’Italie ; l’homme africaines ou Nagana
n’avait pas été en contact avec des animaux Trypanosoma brucei brucei, Trypanosoma vivax
morts, mais avait été piqué par des tabanides. et Trypanosoma congolense sont les principaux
protozoaires flagellés responsables des trypano-
Anaplasmose bovine somoses animales africaines. Ces trypanosomes
L’agent étiologique de l’anaplasmose bovine sont surtout transmis par différentes espèces de
est une rickettsie, Anaplasma marginale. glossines qui sont leurs vecteurs biologiques.
L’anaplasmose bovine est une maladie infec- Pour T. vivax, la transmission mécanique a été
tieuse non contagieuse présente dans les démontrée avec des tabanides néotropicaux
pays tropicaux. La transmission expérimentale (Tabanus nebulosus, T. importunus et Cryptotylus
d’A. marginale a été démontrée à plusieurs unicolor) et des tabanides afrotropicaux (Atylotus
reprises entre bovins infectés et sains par agrestis et A. fuscipes). En Amérique latine, la
l’intermédiaire de Chrysops et de Tabanus. transmission de T. vivax se fait principalement
Toutefois, SCoLES et al. (2008) ne sont pas par les tabanides et elle serait facilitée par
parvenus à transmettre la bactérie par l’inter- l’existence de souches différentes des souches
médiaire de Tabanus fuscicostatus à partir africaines. Pour T. congolense, la transmission
d’un bovin infecté avec une bactériémie mécanique a été démontrée dans les mêmes
240 fois supérieure à celle pour laquelle ils ont conditions que T. vivax avec A. agrestis, mais
obtenu 100 % de transmission avec des tiques l’efficacité de la transmission était plus faible
Dermacentor andersoni. Les tiques, hôtes inter- que pour T. vivax. En Afrique, il semble donc
médiaires d’A. marginale, sont, en effet, capables que la transmission mécanique de T. congolense
de multiplier et réinjecter la bactérie chez un soit limitée dans les conditions naturelles. En
hôte ; elles sont responsables de l’amplification revanche, l’épidémiologie de T. vivax implique
d’A. marginale, et donc souvent à l’origine de la aussi les tabanides, comme le montrent certaines
résurgence de cas cliniques. A contrario, les études de prévalence dans des régions situées en
tabanides transmettent de petites quantités de dehors de la zone de présence des glossines.
bactéries et jouent davantage un rôle dans la dis-
sémination d’A. marginale. Ils sont responsables Surra
d’épizooties dans des zones où les populations Le surra est une maladie causée par Trypanosoma
de tiques sont limitées. evansi qui affecte une grande diversité d’animaux
domestiques et sauvages, en particulier les
Besnoitiose bovine camélidés et les équidés, mais également les
Besnoitia besnoiti est un protozoaire Apicomplexa bovins, les buffles et les carnivores (DESquESnES
responsable de la besnoitiose bovine. Autrefois et al., 2013). Elle est présente en Afrique du nord,
cantonnée aux Pyrénées françaises et espagnoles au Moyen-orient, en Asie et en Amérique du
où la maladie est enzootique, la besnoitiose Sud. Elle a été introduite en Europe (France
bovine concerne de plus en plus de pays en et Espagne) en 2006 et 2008, à la suite de
Europe avec une multiplication des foyers. l’introduction de dromadaires provenant des
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îles Canaries. La transmission mécanique de la collecte des tabanides, a montré une grande
T. evansi a été démontrée avec différentes efficacité à travers le monde (Afrique, Amérique
espèces de tabanides chez différentes espèces du nord, Australie, Europe). L’attractivité de ces
hôtes et elle constitue la principale voie de pièges est basée sur la grande sensibilité des
contamination du surra chez le bétail. En Inde mouches piqueuses à une longueur d’onde
et en Somalie, de fortes prévalences de surra ont (~ 450 nm) proche de celle émise par le bleu
été associées à des populations abondantes de phtalogène.
tabanides, en accord avec leur rôle de vecteurs D’autres types de pièges ont été mis au point
mécaniques. en Amérique du nord, spécifiquement pour la
capture de tabanides (piège Malaise, piège
Autres agents pathogènes Manitoba, piège Canopy, piège Box, piège
transmis par les taons Greenhead et piège Epps). Ces pièges sont
Les taons sont les vecteurs biologiques d’un plutôt grands et peuvent être équipés d’une
trypanosome cosmopolite non pathogène des boule noire et brillante qui, sous l’exposition du
bovins, Trypanosoma theileri, qui effectue un soleil, dégage de la chaleur et réfléchit une
cycle de type stercoraria, c’est-à-dire avec lumière polarisée.
formes infectantes dans la partie terminale du La sensibilité des tabanides à une surface noire
tube digestif des insectes. La voie de pénétration et brillante est liée au degré de polarisation de la
chez l’hôte est probablement la voie orale, par lumière qui s’y réfléchit. Des panneaux collants,
ingestion d’insectes contaminants. L’impact noirs et brillants, disposés au sol verticalement
médical est considéré comme nul. et horizontalement, ont ainsi été testés ; ils réflé-
Les taons sont encore vecteurs mécaniques chissent une lumière polarisée horizontale qui
d’autres agents pathogènes tels que Pasteurella attire les mâles et les femelles, alors que les pièges
bollingeri (agent de la septicémie hémorragique conventionnels attirent surtout les femelles à la
du buffle en Asie), Francisella tularensis (respon- recherche d’un hôte. Le piège Tabanoid® est un
sable de la tularémie, notamment chez l’Homme, modèle commercialisé basé sur l’attractivité de
les rongeurs et les lagomorphes), mais égale- la lumière polarisée.
ment Listeria sp., Brucella spp., etc., sans que Certains pièges seraient plus attractifs pour
l’impact relatif de ce mode de transmission soit certains genres (BALDACCHIno et al., 2014).
véritablement établi. Ainsi, le piège vavoua semble plus efficace pour
les Chrysops, le piège Malaise pour les
Haematopota et le piège nzi pour les espèces de
SURVEILLANCE, PRÉVENTION plus grande taille (Tabanus, Hybomitra…).
ET CONTRÔLE
Prévention
Surveillance Les mesures de prévention visant les stades
La surveillance des tabanides est essentiellement immatures dans le but de limiter les populations
basée sur le piégeage des adultes, la recherche d’adultes sont difficilement réalisables à cause
des formes larvaires étant très compliquée de la forte dispersion des larves. Différents types
compte tenu de leur dispersion dans l’environ- d’intervention sur l’environnement ont été uti-
nement. Les pièges fabriqués à partir de tissus lisés, comme couper la végétation à proximité
noir et bleu phtalogène, initialement conçus des points d’eau afin de supprimer les sites
pour piéger les glossines, sont également effi- d’oviposition, drainer les zones humides afin
caces pour la capture des tabanides (piège de diminuer les habitats favorables aux larves
biconique, piège vavoua, piège F3, piège Epsilon, aquatiques ou encore inonder certaines zones à
piège pyramidal, piège nG2G, piège nzi et piège la période de pupaison afin d’inhiber l’émergence
Tetra). Le piège nzi (MIHoK, 2002), optimisé pour des adultes (FoIL et HoGSETTE, 1994). Mais l’effet
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de ces mesures reste très aléatoire, en particulier Mermithidae), certains parasitoïdes (hymé-
sur les espèces non cibles. En outre, la diversité noptères) ou certains prédateurs (Bembicinae,
des tabanides est telle qu’une mesure environ- Asilidae et Sphecidae). Seule la prédation des
nementale défavorable à une espèce peut être guêpes bembicines s’est révélée efficace pour
favorable à une autre, et aboutir à une substitu- réduire les populations de tabanides autour du
tion d’espèce plutôt qu’à l’élimination du fléau. bétail. Malheureusement, ces guêpes ont des
Les principales mesures de prévention consistent habitats larvaires très spécifiques et une période
à éviter les zones où les tabanides adultes sont d’activité réduite qui n’est pas toujours synchrone
les plus actifs et à utiliser des méthodes de pro- avec celle des tabanides.
tection contre les attaques. Les femelles tabanides L’application d’insecticides sur les animaux est
sont le plus actives à l’interface pâturage-forêt. actuellement la méthode de lutte la plus utilisée
De plus, en zone de montagnes, l’altitude est contre les tabanides et les autres diptères nuisi-
plutôt défavorable aux espèces les plus abon- bles. Cependant, les tests réalisés montrent des
dantes, comme Tabanus bromius et Philipomyia résultats variables en fonction de la molécule
aprica dans les Pyrénées (BALDACCHIno, 2013). active, de la méthode d’application et des
Ainsi, en période d’activité intense des tabanides, espèces de tabanides ciblées. Les pyréthrinoïdes
il vaut mieux privilégier des zones pastorales de synthèse comme la perméthrine, la cypermé-
très ouvertes, éloignées du milieu forestier et en thrine, la deltaméthrine ou le fenvalérate sont
altitude. relativement efficaces contre les tabanides, avec
des taux de mortalité observés supérieurs à
Les femelles tabanides sont exophiles, et des
50 %. L’application en spray sur les zones basses
abris, même sommaires, suffisent à limiter leurs
du corps de l’animal semble le mode d’applica-
attaques. Lorsque les femelles tabanides rencon-
tion le plus approprié. En effet, de nombreuses
trent une barrière physique, elles tentent de la
espèces de tabanides préfèrent se poser sur les
contourner plutôt que de la survoler. Ainsi, un
pattes et les mamelles des bovins (BALDACCHIno,
enclos entouré d’une moustiquaire imprégnée
2013). or, avec l’application en pour-on, les
d’insecticide pourrait suffire à réduire le nombre
concentrations les plus faibles en insecticides sont
des attaques de tabanides, comme cela a été
sur les pattes. L’utilisation de bains d’insecticides
montré contre d’autres mouches piqueuses
au niveau des zones de nourrissage pourrait
en Afrique.
également constituer un mode d’application
La fumée, utilisée dans les systèmes agro-pasto- efficace. Toutefois, le renouvellement des popu-
raux traditionnels, agit également comme une lations de taons est très rapide du fait de leur
barrière de protection contre les tabanides. Mais grande prolificité ; la reproduction de seulement
les animaux ont tendance à rester de longues 2 % des femelles d’une génération est suffisante
heures dans la fumée au lieu de pâturer, ce pour renouveler une population entière ; la pres-
qui entraîne une diminution de leur prise de sion de lutte doit donc être extrêmement élevée
nourriture quotidienne. Paradoxalement, il faut pour avoir un impact durable. En outre, en milieu
noter que la fumée attire certaines espèces de ouvert, une population éliminée par la lutte peut
Chrysops en Afrique, en lien probable avec un être remplacée par la migration d’individus
fort tropisme de ces espèces pour l’Homme. depuis un site voisin.
L’utilisation de répulsifs contre les tabanides a
Contrôle été peu explorée. Le DEET, testé à de fortes
Les méthodes de contrôle visent principalement concentrations, a montré une efficacité de courte
les adultes. Elles sont toutefois limitées et peu durée, et les animaux traités ont manifesté des
efficaces. Plusieurs méthodes de contrôle biolo- signes cliniques secondaires (dermatite, hyper-
gique ont été testées, comme certains patho- salivation…). L’oxamate 20 % pulvérisé sur
gènes (champignons, protozoaires, nématodes des vaches a montré un effet répulsif pendant
422
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12 heures. Des produits à base d’huiles essen- Baldacchino, F., Desquesnes, M., Mihok, S., Foil, L.F.,
tielles sont également utilisés mais, actuellement, Duvallet, G., jittapalapong, S., 2014. Tabanids:
aucune préparation à longue durée d’action neglected subjects of research, but important vectors
n’est disponible. of disease agents! Infection, Genetics and Evolution.
http://dx.doi.org/10.1016/j.meegid.2014.03.029
L’utilisation d’attractifs permet d’améliorer
l’efficacité des pièges utilisables dans la lutte Bigalke, R.D., 1968. new concepts on the epidemio-
logical features of bovine besnoitiosis as determined
contre les tabanides. Différentes substances sont
by laboratory and field investigations. Onderstepoort
attractives comme le Co 2, le 1-octén-3-ol, le
Journal Veterinary, 35 : 3-137.
4-methylphénol et le 3-n-propylphénol. Ces
composés peuvent être utilisés seuls, combinés Bláho, M., Egri, á., Bahidszki, L., Kriska, G.,
entre eux, ou associés à d’autres composés. Hegedüs, R., Akesson, S., Horváth, G., 2012. Spottier
Ainsi, l’ammoniac a un effet synergique sur targets are less attractive to tabanid flies: on the
l’attractivité des phénols, ce qui expliquerait en tabanid repellency of spotty fur patterns. PLoS One.
http://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0041138
partie la forte attractivité des urines d’ongulés
pour certaines espèces de taons. Si de nombreuses Chvála, M., Lyneborg, L., Moucha, j., 1972. The horse
études ont été menées sur l’efficacité des pièges, flies of Europe (Diptera, Tabanidae). Entomological
le contrôle des tabanides par piégeage a été peu Society of Copenhagen, Copenhagen, 499 p.
exploré et reste un défi. WILSon (1968) a montré
Desquesnes, M., 2004. Livestock trypanosomes and their
une réduction temporaire des populations de
vectors in Latin America. CIRAD-EMvT publication,
tabanides avec des pièges collants installés oIE, Paris, 174 p. http://www.oie.int/doc/ged/ D9818.
autour d’une pâture. Dans les années 1970, un PDF
programme d’éradication de T. nigrovittatus a
été mené à plus grande échelle dans les marais Desquesnes, M., Dia, M.L., Acapovi, G., yoni, W.,
salants de Cape Cod (États-unis) avec des pièges 2005. Les vecteurs mécaniques des trypanosomoses
animales. Généralités, morphologie, biologie, impacts
Box bleus. Si le niveau de nuisance a pu être
et contrôle. Identification des espèces les plus abon-
réduit, l’élimination de T. nigrovittatus n’a pu
dantes en Afrique de l’Ouest. Publication CIRDES,
être achevée, peut-être parce que cette espèce est 70 p.
autogène. Si l’attractivité et l’efficacité des pièges
ont été améliorées ces dernières années, l’utili- Desquesnes, M., Biteau-Coroller, F., Bouyer, j.,
sation pratique de ces outils pour la protection Dia, M. L., Foil, L., 2009. Development of a mathe-
du bétail doit encore être évaluée. L’association matical model for mechanical transmission of trypa-
de répulsifs et de pièges attractifs dans une nosomes and other pathogens of cattle transmitted
by tabanids. International Journal of Parasitology, 39 :
stratégie push-pull serait alors envisageable.
333-346.
423
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Horváth, G., varjú, D., 2004. Polarized Light in Mullens, B.A., 2002. Horse flies and deer flies
Animal Vision: Polarization Patterns in Nature. (Tabanidae). In Mullen, G., Durden, L. (Eds.) : Medical
Springer-verlag, Heidelberg - Berlin - new york, and Veterinary Entomology, Academic Press, San
447 p. Diego : 263-277.
Krinsky, W.L., 1976. Animal-disease agents transmitted Scoles, G.A., Miller, j.A., Foil, L.D., 2008. Comparison
by horse flies and deer flies (Diptera, Tabanidae). of the efficiency of biological transmission of Ana-
Journal of Medical Entomology, 13 : 225-275. plasma marginale (Rickettsiales : Anaplasmataceae)
by Dermacentor andersoni Stiles (Acari : Ixodidae) with
Lehane, M.j., 2005. The biology of blood-sucking mechanical transmission by the horse fly, Tabanus
in insects. Cambridge university Press, Cambridge, fuscicostatus Hine (Diptera : Muscidae). Journal of
321 p. Medical Entomology, 45 : 109-114.
Mihok, S., 2002. The development of a multipurpose Wilson, B.H., 1968. Reduction of tabanid populations
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of Entomological Research, 92 : 385-403. of Economic Entomology, 61 : 827-829.
424
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C HAPITRE 19
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• En considérant le site de développement chez (chez les dromadaires et chameaux), ainsi que les
l’hôte, on peut identifier : genres Cephenemyia, Pharyngobolus, Kirkioestrus,
– des myiases gastro-intestinales, lorsque les Gedoestia et Tracheomyia. Chez les humains,
larves se développent dans le tube digestif de les malades éprouvent un prurit intense, des
l’hôte. Ce sont soit des myiases accidentelles douleurs accompagnées de céphalées et des
(cf. ci-dessus), soit des myiases obligatoires éternuements fréquents. Chez les animaux, on
comme les gastérophiles (Gasterophilus sp.) qui note aussi des troubles respiratoires, une toux et
vivent fixés à la paroi de l’estomac des chevaux ; parfois la mort par asphyxie ;
– des myiases auriculaires, dues à l’invasion des
– des myiases intestinales et uro-génitales,
oreilles par des larves de Calliphoridae ou de
lorsque l’intestin ou les voies uro-génitales sont
Sarcophagidae ;
infestés. C’est le cas pour des hôtes très affaiblis,
sans réactions à l’attaque des mouches, ou lorsque – des myiases cutanées, dues à l’invasion de la
les voies uro-génitales sont infectées et produisent peau par des larves de Calliphoridae, de
un liquide attirant les mouches ; Sarcophagidae ou d’oestridae. Lorsque ces
myiases cutanées sont associées à des plaies
– des myiases oculaires, le plus souvent dues aux ouvertes ou des lésions « en poche », on évoque
larves d’Oestrus ovis (myiases conjonctivales), des myiases traumatiques.
d’Hypoderma sp. (myiases cutanées), de
Cuterebra sp., ou d’espèces voisines ; Superfamilles et familles
– des myiases naso-pharyngées, qui résultent La grande majorité des espèces myiasigènes
de l’invasion des fosses nasales ou de la cavité appartiennent à deux superfamilles et six
buccale par des larves de différentes espèces : familles : Muscoidea (Muscidae, Fanniidae,
Oestrus ovis, Rhinoestrus purpureus, Chrysomya Anthomyiidae) et oestroidea (Calliphoridae,
bezziana et Cochliomyia hominivorax chez les Sarcophagidae et oestridae). Les myiases dues
animaux et parfois chez les humains. Pour les à des oestridae sont obligatoires, celles dues à
animaux, il faudrait ajouter Cephalopina titillator des Calliphoridae ou des Sarcophagidae sont
Diptères myiasigènes
Nématocères Brachycères
Orthorrhaphes Cyclorrhaphes
Aschizes Schizophores
Acalyptères Calyptères
Tipulidae (A) Stratiomyidae (A) Syrphidae (A) Chloropidae (O) Muscidae (A/O)
Psychodidae (A) Therevidae (A) Phoridae (A) Drosophilidae (A) Anthomyiidae (A)
Ephydridae (A) Fanniidae (A)
Piophilidae (A) Calliphoridae (F/O)
Sarcophagidae (F/O)
Oestridae (O)
Figure 19.1 – Familles connues avec des espèces responsables de myiases
soit accidentelles (A), soit facultatives (F), soit obligatoires (O).
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Adultes
Les adultes des différentes familles se caractérisent
Ocelles
par quelques caractères généraux.
Oeil
composé Parmi les Muscoidea, on peut séparer les
Anthomyiidae des Muscidae par la longueur de
la nervure anale au niveau de l’aile ; celle-ci
atteint le bord de l’aile chez les premiers et
Suture s’arrête avant chez les seconds. La grande majo-
Antenne ptilinale rité des Muscoidea ont des pièces buccales de
avec arista
Lunule type suceur, sauf dans la tribu des Stomoxyini
Labre
(genres Stomoxys, Haematobia, Haematobosca,
Palpe etc.) où les pièces buccales sont de type piqueur.
maxillaire
Parmi les oestroidea, les Calliphoridae ont des
pièces buccales de type suceur, une rangée de
soies hypopleurales et un postscutellum petit.
Ces mouches sont de couleur métallique, bleue,
verte ou bronze. La distinction des sous-familles
Labelles
Chrysomyinae et Calliphorinae se fait sur la pré-
sence ou non de soies sur la base de la nervure
Figure 19.2 – Schéma de la face d’un diptère radiale. Les adultes de Sarcophagidae ont aussi
Muscoidea. des pièces buccales de type suceur, des soies
427
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BIOLOGIE – ÉCOLOGIE d’un hôte vivant, elles sont à l’abri des prédateurs
Le cycle de vie des Muscoidea et oestroidea suit et des parasites, mais doivent se protéger des
le schéma classique des diptères cyclorrhaphes. défenses immunes de l’hôte. Cette situation est
Ce cycle comprend 6 stades : œuf, 3 stades bien différente en comparaison d’autres espèces
larvaires, pupe et adulte (fig. 19.3). se développant sur des cadavres où il y a une
très forte compétition (voir fig. 9.14).
La longévité des adultes dépend des conditions
environnementales. Elle peut aller de un à plu- Au cours du 3 e stade, la larve atteint une taille
sieurs jours chez les Gasterophilinae, de une à critique minimum nécessaire pour la pupaison.
plusieurs semaines pour les autres oestridae, de Cette larve se déplace alors pour trouver un site
un à plusieurs mois pour les Muscoidea, ainsi favorable ; les Anglo-Saxons dénomment ce
que les Calliphoridae et Sarcophagidae. En stade wandering postfeeding larva (CATTS et
général, les oestridae ont une durée de vie MuLLEn, 2002). Cette période est influencée par
adulte courte car ils ne se nourrissent pas. la température, l’humidité et la lumière. Si la taille
Au moment de la ponte, les femelles déposent : critique minimum est atteinte assez tôt lors du
3e stade, et si la nourriture vient à manquer, la
– des œufs (oviposition). C’est le cas des
pupaison se fait aussitôt et les adultes en résul-
Muscoidea et de la plupart des oestroidea ; ces
tant seront alors de petite taille. quand un site
œufs nécessitent une période de développement
favorable est trouvé, la larve s’immobilise, se
embryonnaire avant l’éclosion ;
contracte et forme le puparium où se réalise la
– des larves au stade 1 (larviposition). Les métamorphose.
oestrinae et les Sarcophagidae retiennent en
effet les œufs fertilisés dans une poche jouant le Les adultes émergent du puparium en général
rôle d’utérus et déposent des larves actives qui tôt le matin par détachement d’un opercule.
sortent aussitôt de leur enveloppe. Après quelques heures, les adultes sont prêts à
s’envoler pour s’accoupler et rechercher une
Dans la plupart des cas, les œufs et les larves
source de nourriture.
sont déposés au contact du substrat nécessaire à
l’alimentation des larves. Celles-ci se nourrissent Chez les oestridae, le développement des ovules
alors en grattant le substrat avec leurs mandibules débute pendant les stades larvaires et continue
en forme de crochet ; les fragments sont digérés pendant la pupaison, si bien que les femelles
à l’extérieur par la salive, et le jus correspondant peuvent déposer des œufs très rapidement après
est absorbé. Lorsque les larves sont à l’intérieur émergence, dès la fin de l’accouplement. Ces
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femelles n’ont en général qu’un seul cycle de végétaux en décomposition, mais aussi sur des
ponte, résultat d’une vie courte sans prise de carcasses animales, elle peut être à l’origine de
nourriture. Au contraire, les Muscoidea ainsi myiases gastro-intestinales accidentelles. Cette
que les Calliphoridae et les Sarcophagidae ont espèce est de plus en plus utilisée dans des sys-
plusieurs cycles gonotrophiques. La fonction tèmes de compostage de résidus alimentaires
principale des mâles est la reproduction et ils (vermicompostage) et donnée ensuite comme
peuvent s’accoupler avec plusieurs femelles. aliment à la volaille. une augmentation des cas
normalement, les femelles ne s’accouplent qu’une observés de myiases accidentelles pourrait en
fois. La dispersion des descendants est assurée résulter.
par les femelles et par les hôtes mobiles. Dans le
cas des myiases obligatoires, les femelles atta- Piophilidae
quent généralement plusieurs hôtes, distribuant L’espèce la plus impliquée dans des myiases
ainsi leur descendance. Et lorsque les larves au gastro-intestinales dans cette famille cosmopolite
3e stade tombent des différents hôtes, elles peu- est Piophila casei. Ses larves sont connues sous
vent être dispersées sur une zone géographique le nom d’asticot sauteur du fromage. Les
relativement importante. femelles pondent plusieurs centaines d’œufs sur
des viandes séchées, fumées ou putrides, mais
PRINCIPALES MYIASES aussi sur des fromages. Les larves peuvent alors
se développer en 5 jours, lorsque la température
une importante contribution à l’étude des est favorable. Les asticots sont capables de se
myiases des régions Paléarctique, Afrotropicale replier sur eux-mêmes en formant un cercle
et orientale a été publiée par ZuMPT (1965). et, en se détendant brusquement, de sauter à
une revue générale, avec des exemples concer- près de 25 cm. Cette espèce est aussi celle qui
nant aussi les régions néarctique et néotropicale, est globalement la plus impliquée dans les
a été publiée par CATTS et MuLLEn (2002). myiases gastro-intestinales accidentelles chez
quelques familles dans lesquelles des espèces les humains.
sont connues pour provoquer des myiases sont
présentées ci-après. Autres familles de myiases
Syrphidae accidentelles
Des cas similaires de myiases accidentelles se
une des rares espèces impliquées dans des
rencontrent dans les familles suivantes :
myiases gastro-intestinales accidentelles dans
Drosophilidae, Anthomyiidae, Fanniidae,
cette famille est Eristalis tenax. Si l’adulte est
Muscidae. Ce sont le plus souvent des myiases
souvent confondu avec une abeille, la larve est
gastro-intestinales, parfois uro-génitales.
connue sous le nom de « larve queue-de-rat »
en raison du long siphon respiratoire à l’extré-
mité postérieure. Cette larve vit dans des milieux
Calliphoridae
liquides avec de la matière organique en décom- Dans cette famille très importante (plus d’un
position. Plusieurs cas humains ont été décrits, millier d’espèces), on observe à la fois des espèces
avec présence de larves vivantes dans les selles. saprophages (les plus nombreuses) à l’origine de
myiases facultatives et des espèces moins nom-
Stratiomyidae breuses (environ une centaine) à l’origine de
La seule espèce décrite dans cette famille comme myiases obligatoires. CATTS et MuLLEn (2002)
agent de myiase est Hermetia illucens. originaire regroupent les genres ainsi :
du nouveau Monde, elle est maintenant distri- – mouches associées aux cadavres : ce sont des
buée dans toutes les régions tempérées et tropi- mouches bleues, vertes ou noires qui appartien-
cales. Se développant sur des fruits ou des nent aux genres Calliphora, Chrysomya, Cynomya,
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fréquemment, les humains, d’où son nom. Elle 3 à 7 jours, les œufs éclosent et les larves L1 se
se rencontre plutôt en zones forestières le long déplacent à la base des poils où elles traversent
des cours d’eau. Son comportement de ponte est la peau en utilisant leurs pièces buccales en
tout à fait particulier. Au lieu de déposer ses forme de crochet et des enzymes protéolytiques.
œufs sur un hôte, la femelle capture d’autres Les larves cheminent alors dans les tissus de
insectes zoophiles ou anthropophiles, souvent l’hôte pendant 4 à 6 mois, et on retrouve les
des diptères, et colle ses œufs en paquets sur larves L1 d’H. lineatum dans la sous-muqueuse
leur abdomen. Il s’agit là d’un véritable phéno- de l’œsophage, et celles d’H. bovis dans le canal
mène de phorésie. Les « porteurs d’œufs » vont rachidien. Le printemps suivant, les larves L1
ensuite se poser sur un hôte vertébré, où, sous migrent vers le dos des animaux où elles conti-
l’effet de la chaleur, les œufs éclosent pendant nuent leur développement dans un nodule
que le porteur se nourrit. Parmi les porteurs les sous-cutané. Les larves L2 et L3 sont aérobies
plus fréquents, on trouve des moustiques (elles maintiennent ouvert un petit pertuis respi-
diurnes (Psorophora spp.) et des Muscidae ratoire). Arrivées à maturité, les larves L3 percent
(Sarcopromusca, Stomoxys, etc.). Les larves la peau et tombent au sol pour la pupaison. Le
pénètrent alors dans la peau soit par un site de stade pupe dure 1 à 3 mois.
piqûre, soit au niveau d’un follicule pileux, soit
par effraction dans des zones de peau fine. Elles Les Oestrinae
se développent sous la peau dans une poche en Cette sous-famille comprend 9 genres et
forme de furoncle. Ce développement dure de 34 espèces, qui parasitent principalement ovi-
5 à 10 semaines, parfois plusieurs mois. La larve dés, caprinés, bovidés, camélidés et équidés.
étire son extrémité postérieure pour amener les on en trouve aussi sur les éléphants et une
stigmates respiratoires à la surface de la peau. À espèce chez le kangourou rouge en Australie.
maturité, les larves sortent de la peau et tombent Ces espèces sont en majorité africaines et eura-
au sol pour la pupaison, qui dure de 14 à siennes. Le genre Cephenemyia a une distribution
24 jours. holarctique.
Les œufs d’oestrinae se développent dans un
Les Hypodermatinae utérus. Et ce sont des larves au stade L1 qui sont
Cette sous-famille est la vicariante de la précé- projetées sur le museau de l’hôte, ou parfois
dente pour l’Ancien Monde. Elle comprend dans l’œil, par les femelles en vol. Dans le cas
8 genres et 30 espèces, qui parasitent rongeurs, d’Oestrus ovis, les larves migrent alors dans les
cervidés, caprins et bovins. Les espèces les plus cavités nasales, l’ethmoïde (mue L1 – L2) puis
importantes sont dans le genre Hypoderma, qui dans les sinus frontaux (fig. 19.7) et cornuaux
comprend 7 espèces dont 5 sont agents de myiases
chez les cervidés et 2 chez les bovins.
Hypoderma bovis et H. lineatum, connues sous
la dénomination de varrons, sont présentes non
seulement en Europe, mais aussi sur le continent
américain et en Afrique du nord, à la suite des
échanges de bétail. Ce sont deux nuisances
majeures du bétail, en raison des dégâts sur les
cuirs et des blessures que s’infligent les animaux
en tentant d’échapper aux attaques des mouches
adultes. La biologie de ces deux espèces est simi-
laire. À la fin du printemps, les femelles collent
Figure 19.7– Larves d’Oestrus ovis
leurs œufs directement sur le pelage des hôtes, dans le sinus frontal d’un mouton.
en général sur les parties basses du corps. Après © j. P. Alzieu
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RÉFÉRENCES
Catts, E.P., Mullen, G.R., 2002. Myiasis (Muscoidea,
oestroidea). In Mullen & Durden (Eds) : Medical and
Veterinary Entomology, Academic Press, uSA : 317-
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437
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La tête porte deux yeux simples et deux antennes Immature : la phase immature comprend trois
de 5 articles. Le thorax possède une segmentation stades qui se différencient par leur taille ; l’aspect
peu distincte. Les pattes sont fortes et trapues. est identique à celui de l’adulte (Paurométaboles)
Le tibia antérieur porte, près de l’apex, une forte mais sans organes génitaux. Plusieurs repas
dent sur son bord interne, formant ainsi avec la sanguins et une mue sont nécessaires pour passer
griffe très puissante qui arme le tarse unique au stade suivant. Chaque stade dure environ 5 à
une pince très efficace. Les tarses des pattes 6 jours (vERACx et RAouLT, 2012).
médianes et postérieures sont munis de griffes
moins fortes, surtout au niveau des pattes
médianes (nuTTAL, 1919). L’abdomen est ovalaire
et constitué de 9 segments, dont 7 seulement sont
distincts ; les tergites des mâles présentent des
bandes transversales sombres et ceux des femelles
sont clairs. Les paratergites sont bien visibles sur
les marges latérales de l’abdomen, entourant les
spiracles. L’apex de l’abdomen est terminé par
deux lobes postérieurs chez la femelle. Chez le
mâle, le phallus est visible par transparence.
Pediculus humanus humanus
Les adultes mâles mesurent de 2,3 à 3,2 mm et Figure 20.5 – Femelle de Pediculus humanus humanus
les femelles de 2,4 à 4,0 mm (fig. 20.4). La et lentes.
© collection urmite
morphologie est identique à celle de P. h. capitis,
hormis l’abdomen qui possède des segments
moins découpés sur leurs bords latéraux.
œuf : l’œuf des Pediculidae est appelé lente
(nit en anglais) (fig. 20.5 et 20.6). Il est de forme
ovalaire, mesure 0,8 mm, est fixé sur un support
(poil, cheveu, tissu…) par la femelle lors de la
ponte, à l’aide d’une sécrétion collante enrobant
l’œuf avec le support. Au pôle supérieur de la lente
se trouve un opercule percé de pores permettant Figure 20.6 – Lente de Pediculus h. capitis.
la respiration de l’embryon. © collection urmite
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Figure 20.7 – Stade immature de Pthirus pubis. Figure 20.8 – Bovicola bovis (Mallophage).
© collection urmite © collection urmite
LES MALLOPHAGES
Les Menoponidae renferment les poux des
Les poux broyeurs ou Mallophages se nourris- oiseaux, avec une espèce importante, Menacan-
sent de débris épidermiques du tégument et des thus stramineus. Ils diffèrent de ceux des
phanères des mammifères ou bien du plumage mammifères sur plusieurs points : le tarse pos-
des oiseaux. sède deux griffes, la tête a une forme en chapeau
de gendarme et 2 rangées de soies dorsales sont
Systématique des Mallophages présentes sur les segments abdominaux.
Plus de 2 500 espèces ont été décrites, le plus
grand nombre comme ectoparasites d’oiseaux, Morphologie
les autres comme ectoparasites de mammifères. La tête, plus large que le thorax, porte des
Les Mallophages renferment trois groupes : les antennes souvent cachées de trois à cinq articles.
Amblycera, les Ischnocera et les Rhynchophthi- Les yeux ne sont pas toujours visibles. Les man-
rina. dibules crochues sont presque toujours dentées
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Canada Russie
UK
France
États-Unis Portugal
Algérie Népal
Mexique
Sénégal
Éthiopie
Brésil
RDC
94 Australie
Clade A
31
96
Clade B
0 Poux de corps
52 Clade C
97 Poux de tête
Clade D
72
Pediculus schaeffii
0,05
qui a récemment été identifié comme un géno- appartenaient finalement au même écotype
type purement américain retrouvé dans une « poux de corps » (DRALI et al., 2014).
population amazonienne de poux (BouTELLIS
et al., 2013 b). Ainsi, chaque clade possède une
distribution géographique qui lui est spécifique ; ORIGINE ET ÉVOLUTION DES POUX
le type B est surtout localisé au nord et au centre L’ultime association entre les poux et leurs hôtes
de l’Amérique (États-unis et Honduras), en peut expliquer pourquoi les poux présentent
Europe et en Australie. Le type C est présent une forte cospéciation ou une coévolution.
chez les poux de tête du népal, d’Éthiopie et du L’origine des poux reste obscure, car leurs fos-
Sénégal (BouTELLIS et al., 2012). Le type D a été siles sont très difficiles à retrouver ; les études
caractérisé en République démocratique du phylogénétiques ont montré que les Anoploures
Congo (DRALI et al., 2015) (fig. 20.10). et les Mallophages sont monophylétiques et ils
Des études récentes ont démontré la possibilité dérivent tous d’un ancêtre non hématophage qui
de croisement entre les poux appartenant aux a développé ses pièces buccales afin de s’adapter
différents clades et vivant en sympatrie. Ainsi, à un mode d’alimentation hématophage (REED
des génotypes identiques tirés des espaces inter- et al., 2007).
géniques hautement polymorphiques ont été
L’être humain est parasité par deux genres, Pedi-
observés entre les poux A3 et les poux B et entre
culus et Pthirus, appartenant aux Anoploures ;
les poux A2 et les poux C (vERACx et al., 2013).
l’un est partagé avec les chimpanzés (Pan spp.),
une autre étude génétique a permis de déceler
Pediculus schaeffi, et l’autre avec le gorille (Gorilla
des mutations au niveau du gène PHUM540560
gorilla), Pthirus gorillae (REED et al., 2007).
chez les deux espèces. Au cours de cette étude,
une PCR en temps réel multiplexe a été mise au Les poux ont probablement toujours été associés
point, permettant de différencier les poux de tête à l’Homme et à ses ancêtres, et se sont dispersés
et les poux de corps en une heure avec 100 % de à travers le monde grâce aux différentes migra-
sensibilité. Grâce à cette technique, les chercheurs tions qu’a effectuées l’être humain durant son
ont pu démontrer que, au sein d’une population existence. C’est pourquoi les poux peuvent être
de sans-abri doublement infestée à Marseille, en utilisés comme des marqueurs pour étudier
France, les poux de tête et les poux de corps l’histoire et l’évolution de l’humanité. une étude
444
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sur la diversité génétique (soit le nombre de injecte des protéines biologiquement actives
mutations) au niveau du gène cytb ainsi que de lors du repas sanguin. Certains antigènes
l’espace intergénique PM2 a montré qu’il existe provoquent une réaction allergique, ce qui
une grande diversité de l’ADn au niveau des déclenche un prurit. Les lésions de grattage
poux africains comparés aux poux non africains ; peuvent avoir comme conséquences des cica-
cela suggère que l’origine des poux A et C est trices définitives et des surinfections (RAouLT
africaine (vERACx et al., 2013). Pour connaître et Roux, 1999).
l’origine des poux B, des lentes appartenant à Les poux de corps sont vecteurs de 4 maladies
une momie précolombienne de la tribu des bactériennes chez l’Homme : le typhus épidé-
Camarones au Chili datant de plus de 4 000 ans mique, la fièvre récurrente à poux, la fièvre des
ont été analysées, et les résultats ont suggéré une tranchées et la peste.
origine américaine de ces poux B ; ainsi, leur
présence en Europe ou bien en Australie serait Le typhus épidémique
due aux différents déplacements effectués Cette rickettsiose est due à Rickettsia prowazekii,
depuis le xve et le xvIe siècles (BouTELLIS et al., bactérie intracellulaire stricte. L’épidémie la plus
2014). récente a été décrite lors de la guerre civile au
un Pediculidae particulier, Pediculus affinis, a Burundi dans les années 1990, considérée comme
été décrit pour la première fois par Mjoberg en la plus grande depuis la Seconde Guerre mon-
1910. Ferris (1916) le renommera Pediculus diale. Certains auteurs la considèrent comme
mjobergi. Cette espèce se rencontre sur certains une maladie européenne ancienne, qui a causé
singes sud-américains de la famille des Cebidae. ce que l’on a appelé la peste d’Athènes. Il existe
Plusieurs chercheurs ont pensé que ce pou un réservoir extrahumain américain chez des
était aussi parasite des humains à cause de sa écureuils volants, Glaucomys volans volans
grande similitude morphologique avec Pediculus (RAouLT et Roux, 1999).
humanus. Cependant MAunDER (1983), dans Le pou acquiert R. prowazekii après avoir piqué
son article The sucking lice, a émis l’hypothèse un Homme infecté, mais ne devient infectieux
que lorsque les humains ont migré vers les que 5 à 7 jours plus tard. quand les rickettsies
Amériques à travers le détroit de Béring, les sont ingérées par le pou avec le repas sanguin,
singes du nouveau Monde n’avaient pas de elles infectent les cellules épithéliales de la pre-
poux sur eux, et ce sont les humains qui les leur mière partie du tube digestif, puis se multiplient
ont transmis. Ainsi, Pediculus humanus se serait en entraînant l’éclatement des cellules infectées.
au fil du temps adapté aux singes pour devenir Les rickettsies sont alors libérées dans la lumière
P. mjobergi (MAunDER, 1983). Cette hypothèse de l’intestin puis éliminées dans les fèces, où
a été confirmée par l’analyse des gènes chromo-
somiques et mitochondriaux de P. mjobergi
(DRALI et al., 2016).
IMPORTANCE MÉDICALE
ET VÉTÉRINAIRE
Rôle vecteur
Les infestations par les poux de corps sont
connues sous le nom de « pédiculoses ». Le
nombre de piqûres par des poux peut être très
Figure 20.11 – Pou de corps rouge
élevé, car chaque pou pique cinq fois par jour. infecté par Rickettsia prowazekii.
Comme les autres insectes piqueurs, le pou © collection urmite
445
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elles peuvent rester infectieuses pendant au c’est une maladie très ancienne : elle a été identi-
moins 100 jours. Avec la rupture de l’épithélium fiée dans la pulpe dentaire d’une personne morte
digestif, le sang humain ingéré passe dans depuis 4 000 ans (DRAnCouRT et al., 2005). Elle
l’hémolymphe. Le pou prend alors une teinte a été décrite pour la première fois lors de la
rouge caractéristique et meurt peu de temps Première Guerre mondiale, et elle est classée
après. Ainsi, le typhus épidémique a également depuis 1990 parmi les principales maladies
été appelé « la maladie des poux rouges » réémergentes. Elle infecte essentiellement les
(fig. 20.11) (nIAnG et al., 1999). personnes vivant dans des conditions d’hygiène
Les êtres humains qui contractent le typhus détériorées, comme la population urbaine des
conservent des rickettsies pour le reste de leur sans-abri (BRouquI et RAouLT, 2006 ; BRouquI,
vie. Sous certaines conditions de stress, ils 2011).
peuvent rechuter et développer une forme Bartonella quintana se multiplie dans l’intestin
bactériémique plus modérée, appelée « maladie du pou, où elle a été identifiée par coloration.
de Brill-Zinsser » (BADIAGA et BRouquI, 2012). L’infection des êtres humains se fait probable-
La bactérie permet alors aux poux éventuelle- ment par les déjections des poux infectés, où
ment présents de s’infecter, ce qui peut être à B. quintana survit très bien et peut rester infec-
l’origine d’une nouvelle épidémie. tieuse pendant plus d’une année.
La fièvre récurrente L’infestation par le pou de corps est une parasi-
Borrelia recurrentis est l’agent de la fièvre récur- tose réémergente car associée au déclin des
rente, historiquement responsable d’épidémies conditions sociales et hygiéniques provoqué par
massives en Eurasie et en Afrique, et qui sévit les guerres civiles et l’instabilité économique
actuellement en Éthiopie et dans les pays avoi- dans le monde entier. D’après KIM et ses colla-
sinants. Lorsqu’un pou prend un repas sanguin borateurs (2011), la compétence vectorielle du
sur un patient, B. recurrentis passe de l’appareil pou de corps est due à la réduction de l’activité
digestif à l’hémolymphe où elle se multiplie. phagocytaire de son système immunitaire. un
Les glandes salivaires et les ovaires ne sont pas autre pathogène (Acinetobacter baumannii) a été
envahis. Il a été admis jusqu’à présent que identifié dans 21 % d’un échantillon de 622 poux
l’Homme s’infecte à la suite de l’écrasement de de corps collectés à travers le monde (LA SCoLA
poux infectés. En effet, B. recurrentis est fortement et RAouLT, 2004), cependant aucune infection à
contagieuse et extrêmement mobile. Elle est A. baumannii n’a été transmise par le pou de
capable de pénétrer la peau ou les muqueuses corps.
intactes, puis d’infecter un nouveau sujet. De La présence d’ADn de B. quintana a été détectée
plus, le pou infecté excrète B. recurrentis vivante dans les poux de tête, qui pourraient être vecteurs
dans ses fèces (HouHAMDI et RAouLT, 2005). de la fièvre des tranchées. La présence d’ADn
C’est pourquoi l’épidémie se développe très de Bartonella quintana a été détectée dans les
rapidement. poux de tête au Sénégal (BouTELLIS et al., 2012)
et l’ADn de Borrelia recurentis a été détecté
La fièvre des tranchées dans les poux de tête en Éthiopie (BouTELLIS et
De la même façon, une épidémie à Bartonella al., 2013 a) ; on pense que ces poux peuvent être
quintana se développe très rapidement suivant vecteurs de ces deux bactéries pathogènes.
le même schéma. Bartonella quintana est l’agent Cependant, l’infection des poux de tête par ces
de la fièvre des tranchées, responsable de bacté- bactéries survient dans des conditions bien
riémies chroniques, de l’angiomatose bacillaire, particulières : soit en association avec des poux
d’endocardites et de lymphadénopathies. Son de corps, comme ce fut le cas des poux de tête en
nom a été donné par les médecins de l’armée Éthiopie, ou dans des cas de conditions sociales
anglaise pendant la Première Guerre mondiale, très défavorisées (SAnGARE et al., 2014).
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complètement et régulièrement ses vêtements. Drali, R., Benkouiten, S., Badiaga, S., Bitam, I.,
Cependant, cela n’est pas toujours pratique ou Rolain, j.M., Brouqui, P., 2012. Detection of a
même acceptable. D’autres mesures simples, knockdown resistance mutation associated with
comme le lavage des vêtements avec de l’eau permethrin resistance in the body louse Pediculus
humanus corporis by use of melting curve analysis
chaude (> 50 °C), peuvent être efficaces. une
genotyping. J. Clin. Microbiol., 50 : 2229-2233.
autre méthode encore plus rapide pour réduire
le risque de réinfestation par les poux est le Drali, R., Sangare, A.K., Boutellis, A., Angelakis, E.,
saupoudrage des vêtements avec de la poudre veracx, A., Socolovschi, C., Brouqui, P., Raoult, D.,
2014. Bartonella quintana in body lice from scalp hair
de DDT à 10 % (interdit depuis 1972), ou de
of homeless persons, France. Emerg. Infect. Dis., 20 :
malathion à 1 % ou de perméthrine à 1 % 907-908.
(SAnGARE et al., 2014). Mais les poux peuvent
Drali, R., Shako, j.C., Davoust, B., Diatta, G.,
développer des résistances, comme avec la
Raoult, D., 2015. A new Clade of African Body and
perméthrine, qui se traduit par une mutation
Head Lice Infected by Bartonella quintana and Yersinia
du gène (Kdr) codant pour la sous-unité α du pestis – Democratic Republic of the Congo. Am. J.
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C HAPITRE 21
451
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Sternite 7
Palpes
maxillaires Spermathèque
Coxa
Trochanter
Antenne Tergite 9
Occiput Stigmates
Front Spinules
Peigne pronotal Phallosome
Mésosternum
Oeil
Sternite 8
Gena
(Cténidie)
Métépisternum
Fémur
Arc pleural
Tibia
Tarse
étaient appelées Aphaniptera, en relation avec segments munis chacun d’une paire de pattes
l’absence d’ailes visibles). Adaptées au parasi- articulées et un abdomen qui porte les organes
tisme, les puces sont très aplaties latéralement copulatoires. Ces trois parties sont en continuité
et protégées par une cuticule solide ornée de (fig. 21.1). La consultation de l’atlas histologique
soies et d’épines. En tant qu’insectes, les puces de RoTHSCHILD et al. (1986) permet une appré-
adultes présentent une tête, un thorax en trois ciation détaillée des structures internes des puces.
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A B
C D
E F
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Tableau 21.1 – Classification des Siphonaptera avec test des regroupements monophylétiques
(d’après WhiTiNG et al., 2008).
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australe, où elle est remplacée, respectivement, ses hôtes-rongeurs principaux Rattus rattus
par C. orientis et Ctenocephalides felis strongylus. et R. norvegicus sont eux en étroit contact avec
Cette dernière se trouve uniquement en Afrique l’Homme (fig. 21.7). Cette puce, d’origine
où elle est la puce principalement rencontrée africaine, a maintenant une répartition tropicale
sur l’Homme quand P. irritans est absente. et sud-méditerranéenne. Elle pique accidentel-
Ctenocephalides canis. Puce strictement parasite lement l’Homme et a un rôle important dans
des canidés sauvages et domestiques. Initialement l’épidémiologie de la peste bubonique actuelle
paléarctique, elle a élargi sa distribution en dehors et du typhus murin (voir plus loin).
de cette zone où elle est capturée uniquement Xenopsylla brasiliensis (fig. 21.5 D). D’origine
sur des chiens « domestiques ». L’infestation de afrotropicale, sa distribution s’est étendue avec
l’Homme est très accidentelle. La confusion avec les rats liés à l’Homme, notamment en Amérique
C. felix n’est pas rare (BEAuCouRnu et MÉnIER, du Sud. Elle peut être retrouvée dans les ports,
1998). sporadiquement. Son hôte habituel est R. rattus
Xenopsylla cheopis (fig. 21.5 C). Ce n’est pas à et elle a un rôle dans la transmission des agents
proprement parler une puce synanthrope, mais de la peste et du typhus murin.
A B
C D
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correspond à la paire de griffes terminales des – en biotope forestier, Synopsyllus estradei, autre
tarses. Chez les puces d’oiseaux, ces griffes sont puce endémique de rongeurs, ou Dinopsyllus
lisses, tandis qu’elles sont striées chez les puces brachypecten, parasite de tenrecs et de rongeurs,
de mammifères. De plus, l’espace entre les deux et plusieurs espèces de Paractenopsyllus, genre
« doigts » de chaque griffe est proportionnel au endémique, parasite de rongeurs ou de
diamètre des phanères de l’hôte : très étroit chez Tenrecidae.
les oiseaux et les mammifères à fourrure soyeuse,
et très élargi, voire avec un doigt absent, sur les une autre cause de capture peut être la dispari-
griffes de puces de phacochères, par exemple tion ou l’extinction de l’hôte et le passage in
(BEAuCouRnu et al., 2005). extremis de la puce sur un hôte alternatif
(BEAuCouRnu et LAunAy, 1990). Ces différents
Spécificité d’hôtes phénomènes aboutissent parfois à des spectres
apparemment incohérents, où les hôtes vont
L’association des puces avec des hôtes préféren- varier d’une espèce à l’autre au sein d’un même
tiels existe (BEAuCouRnu et LAunAy, 1990). genre : le genre Echidnophaga rassemble sept
Cependant, l’identification d’une puce ne peut espèces parasites de marsupiaux ainsi qu’une
se faire sur la seule identification de l’hôte espèce parasite de monotrèmes, en cohérence
porteur. D’une part, à cause de la spécificité très avec leur centre d’origine probable australien,
relative de nombreuses espèces de puces et, mais aussi une espèce parasite de chiroptères,
d’autre part, de la possibilité de rencontrer deux d’ongulés, deux de carnivores, quatre de
différentes espèces de puces sur le même hôte. rongeurs et une de lagomorphe. Il y a de
quand elle existe, cette spécificité d’hôtes peut nombreux exemples où la spécificité est plus
être reliée à une origine phylétique : c’est le cas facilement rattachée à l’écologie du milieu, par
évident des puces de chauve-souris, rassemblées exemple en fonction de l’altitude. Au total, il est
au sein des Ischnopsyllidae et séparées en deux très probable que les phases de vie larvaire et
sous-familles : Ischnopsyllinae, parasites de nymphale des puces, phases non parasites, ont
microchiroptères, et Thaumapsyllinae, inféo- eu une influence importante sur leur évolution
dées aux macrochiroptères, ou Pteropidae. et leur adaptation aux différents biotopes et
C’est aussi le cas des vermipsyllidae, liées aux hôtes.
carnivores et ongulés, d’origine commune. Des
phénomènes de capture sont fréquents chez les Phylogénie et hôtes
puces. La prédation va permettre aux parasites
de passer de la proie sur le prédateur, c’est le cas De nombreux événements ont permis un
de certaines puces d’oiseaux ou de rongeurs en transfert latéral des puces à partir de leurs hôtes
région Holarctique, qui passent sur la martre ou d’origine. Ces derniers sont très probablement
l’hermine. Ce phénomène de capture est aussi tous des mammifères. Seules 6 % des espèces
observé lors de la fréquentation d’un même actuelles parasitent des oiseaux. La majorité
biotope par des hôtes potentiels différents. À (74 %) des espèces de puces décrites parasitent
Madagascar, le rat noir Rattus rattus peut être des rongeurs. WHITInG et al. (2008) ont réalisé
trouvé porteur de différentes puces selon le une phylogénie moléculaire des puces et pro-
biotope (CHAnTEAu, 2006 ; DuPLAnTIER et al., posé que les deux clades principaux de puces
2005) : (les Tunga mis à part) soient originellement
liés : 1) aux marsupiaux, soricomorphes (en fait
– à l’intérieur des maisons, il héberge Xenopsylla
les eulipotyphles), carnivores, lagomorphes et
cheopis, « sa » puce ;
une grande variété de rongeurs incluant, entre
– dans les villages, mais à l’extérieur des maisons, autres les hystrichomorphes et les Cricetidae ;
Synopsyllus fonquierniei, puce endémique de 2) aux Muridae, avec des transferts vers les
rongeurs malgaches ; Cricetidae, carnivores, lagomorphes et oiseaux
462
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(voir aussi BITAM et al., 2010). Ce deuxième derme se trouve plus fréquemment au pied,
clade inclut aussi les puces inféodées aux dans les espaces interdigitaux, à la base du gros
chiroptères. Comme on le voit, cette hypothèse orteil ou en pleine voûte plantaire. Elle est cen-
d’origines est considérablement brouillée par les trée par un point noir (qui correspond à l’anus
événements de transferts latéraux survenus au et à l’orifice de ponte) et elle est entourée d’une
cours de l’évolution des puces. Enfin, il convient zone surélevée. Les bords de la lésion peuvent
de garder à l’esprit le biais potentiel de recense- être irréguliers et inflammatoires, témoins des
ment du spectre d’hôtes lors de la collecte des essais d’extraction du parasite. Le risque principal
micromammifères. Ces collectes ont souvent pri- est la surinfection. La vaccination antitétanique
vilégié les rongeurs lors d’études sur la peste. La doit être à jour, et la désinfection sera soigneuse
recherche systématique d’autres hôtes permettrait au moment de l’ablation du parasite. L’agent
peut-être de revoir le nombre et la fréquence responsable habituel est Tunga penetrans, mais
d’autres groupes mammifères parasités par les T. trimamillata a également été décrit chez
puces. l’Homme en Amérique du Sud (BEAuCouRnu
et al., 2012).
IMPORTANCE MÉDICALE La peste
ET VÉTÉRINAIRE La peste est causée par un bacille Gram négatif,
Yersinia pestis. Il circule dans des colonies de
Piqûres
rongeurs dans ses foyers naturels. Son caractère
La réaction à la salive injectée par la puce lors historique, dramatique pour l’humanité, ne doit
de la piqûre entraîne un prurit, suivie en général pas faire oublier que la peste reste active dans
d’une réaction locale, limitée. L’eczématisation plusieurs foyers.
ou la surinfection vont être d’autant plus fré-
quentes que les ectoparasites sont abondants ou Historique
qu’une sensibilisation aux allergènes de la salive Les trois pandémies
est observée. Des tableaux dramatiques peuvent Trois pandémies majeures ont été enregistrées
apparaître chez des grabataires. En pathologie dans l’histoire humaine (BRoSSoLLET et
vétérinaire, des lésions eczémateuses, plus ou MoLLARET, 1994 ; AuDoIn-RouZEAu, 2003). La
moins surinfectées chez des animaux de compa- première, dite de justinien, frappe le monde
gnie, sont à mettre en relation avec l’infestation antique du pourtour méditerranéen du vIe au
par des puces. Mais on décrit aussi des états vIIIe siècle. La navigation maritime joue un
graves, voire fatals chez de jeunes moutons ou grand rôle dans sa propagation et la pénétration
veaux à la suite de la pullulation de puces au sein à l’intérieur des terres reste limitée. Elle atteint
d’élevages en zone afrotropicale, méditerranéenne, néanmoins Reims et Trèves. La deuxième
et même européenne (MÉnIER et al., 1997). pandémie, ou Peste noire, en provenance d’Asie,
débute en 1346 sur les rives de la mer Caspienne.
Puces-chiques En 5 ans, elle envahit la Méditerranée et
Elles sont originaires d’Amérique du Sud. une l’Europe, de l’Écosse à Moscou. Pendant ces
espèce, Tunga penetrans, a été importée en 5 années, selon les localités, on estime que la
Afrique dans la deuxième moitié du xIxe siècle Peste noire tue de 30 à 50 % de la population
puis dans les îles du sud-est de l’océan Indien, mais européenne, faisant au total vingt-cinq millions
sa distribution reste limitée aux zones tropicales. de victimes. on sait qu’elle envahit également
Les régions à sols sableux (d’où le nom anglais l’Afrique, mais la datation précise reste inconnue.
sand-fleas) à proximité d’élevages de porcs ou Elle devient endémique et réactivée par plusieurs
de chèvres sont plus particulièrement à risque. réimportations, toujours en provenance d’Asie.
La lésion créée par la femelle enchâssée dans le Elle s’éteint finalement au xvIIIe siècle. Ses
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disparu, ou non encore retrouvé. D’autre biovars et il s’agira de peste pulmonaire, ou par l’inter-
sont strictement liés aux rongeurs. La technique médiaire de puces vivant en milieu domestique
des ribotypes a permis une approche plus ou péri-domestique, et il s’agira alors de cas de
précise de la classification des isolats. Elle est peste bubonique.
maintenant remplacée par des séquençages de
En présence d’un foyer enzootique, les causes
plus en plus complets du génome bactérien. une
de survenue de cas de peste sont nombreuses
nomenclature phylogénétique a été développée
(DuPLAnTIER et al., 2005) : déstabilisation
avec cinq embranchements majeurs, numérotés
d’origine naturelle (tremblement de terre, inon-
de 0 à 4 (CuI et al., 2013). Ces techniques ont
dations, sécheresse) ou d’origine humaine
permis de montrer que la diversité génétique de
(changement de type d’agriculture, déforesta-
Y. pestis est très limitée, du fait de son origine
tion, guerres) susceptible de modifier l’équilibre
récente, avec cependant des phases d’explosion
au sein des populations de rongeurs ou de
du taux de mutation coïncidant avec des phases
modifier les contacts entre les rongeurs sauvages,
d’expansion liées aux épidémies historiques
les rongeurs commensaux ou les Hommes.
(CuI et al., 2013).
Hôtes primaires/ secondaires
Épidémiologie
Certains auteurs défendent la notion d’hôtes
Principes généraux primaires, qui pourraient à eux seuls soutenir la
La peste est avant tout une zoonose affectant permanence de la peste dans un foyer. Les hôtes
les rongeurs. Le modèle de base, classique, ou secondaires vont amplifier la circulation ou
foyer enzootique, fait intervenir une population étendre sa dissémination de façon temporaire,
de rongeurs au moins partiellement résistants mais ne sont pas suffisants pour maintenir le
et des puces vectrices efficaces, avec blocage cycle. Ces notions ne sont pas contradictoires
proventriculaire (cf. travaux de Baltazard). La avec les principes de base.
peste y circule à bas bruit tandis qu’un contact
La peste endogée
avec une population de rongeurs sensibles va
déclencher un phénomène épizootique et Le modèle de base reste suffisant pour expliquer
amplifier la circulation du bacille. Cette phase les foyers enzootiques, les épisodes épizootiques
épizootique, avec son cortège de rongeurs et les cas sporadiques ou les petites épidémies
sensibles morts, déclenche un relâcher de puces humaines. néanmoins, il est difficile d’expliquer
infectantes qui peuvent infecter des hôtes la permanence de foyers dans certaines zones,
vertébrés de voisinage. avec réémergences épisodiques et en l’absence
de circulation continue. C’est à l’occasion des
Dans le cas de rongeurs pouvant vivre à proxi-
cas de peste au Kurdistan iranien que Mollaret
mité de l’Homme tels le rat noir Rattus rattus,
propose en 1963 l’hypothèse de la peste endo-
ce lien peut entraîner le déplacement du foyer
gée : le bacille survit dans le sol des terriers de
pesteux d’un foyer naturel, sauvage, vers le
rongeurs et est réactivé par l’exploration lors
milieu rural et atteindre une population de
de l’arrivée de nouveaux rongeurs colonisant
rongeurs péri-domestiques, puis déclencher une
les anciens terriers. Cette hypothèse est soute-
épidémie au sein d’une communauté villageoise
nue par des isolements de bacille à partir de
plus ou moins isolée.
sols de terriers et des données expérimentales.
Mais l’Homme peut aussi, dans ses déplacements La viabilité du bacille a été mesurée de
professionnels ou de loisir, rencontrer directe- 40 semaines à 16 mois (AyyADuRAI et al., 2008).
ment des puces provenant de rongeurs sauvages Les rongeurs s’infecteraient par inhalation
et s’infecter. Il s’agit alors de cas sporadiques. ou ingestion lors du fouissement des terriers
Par la suite, le cas humain index peut être suivi avant d’établir un nouveau cycle impliquant des
de cas secondaires humains par contact direct, puces.
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La déclaration à l’Organisation mondiale du nord est à part, car des foyers pesteux ont
de la santé (OMS) historiquement été décrits pendant la deuxième
Il est important de noter qu’un nouveau pandémie sur le pourtour méditerranéen.
Règlement sanitaire international a été adopté nous décrivons brièvement quelques exemples
en juin 2007 : il s’agit de notifier à l’oMS tout de foyers actifs actuels.
événement susceptible de constituer une
urgence de santé publique de portée internatio- Le foyer de Madagascar (DuPLAnTIER et al.,
nale, telle l’apparition de la peste dans une zone 2005 ; CHAnTEAu, 2006 ; AnDRIAnAIvoARIMA-
non connue pour être endémique. Auparavant, nAnA et al., 2013) se caractérise par une grande
la peste était une maladie quarantenaire à décla- complexité et l’association de plusieurs systèmes
ration obligatoire et les États étaient tenus de de transmission : le plus important en termes de
déclarer tous leurs cas. La peste est notoirement nombre de cas humains et d’endémisation des
sous-déclarée : la présentation clinique peut foyers est celui qui, dans les foyers ruraux, associe
être non spécifique, les capacités de diagnostic le rat noir, Rattus rattus, avec la puce endémique
biologique des pays peuvent être faibles et Synopsyllus fonquerniei et X. cheopis, importée
les systèmes de surveillance de la peste ont avec le rat. Dans la capitale Antananarivo, la
été démantelés, volontairement ou non, dans caractéristique épidémiologique principale est
plusieurs pays. En conséquence, les chiffres la faible occurrence de cas humains. Cela
actuels de peste dans le monde nécessitent d’être s’explique par un contact avec le rat d’égout
analysés avec prudence. moins étroit qu’avec le rat noir, mais aussi par
une plus grande résistance à la peste des popu-
Les foyers actuels lations de rats urbains que ruraux (RAHALISon
Les foyers actuels les plus actifs de peste et al., 2003). un autre foyer, dans le port de
(fig. 21.9) se situent : Mahajanga (CHAnTEAu, 2006), associe la musa-
– en Afrique : les plus importants en termes de raigne Suncus murinus au cycle habituel rat
cas sont Madagascar, la République démocra- noir/X. cheopis. Enfin, un certain nombre de cas,
tique du Congo et la Tanzanie ; sporadiques ou en très petites communautés,
font soupçonner des cycles forestiers, où ni
– en Asie, le vietnam est le pays qui a déclaré X. cheopis, ni S. fonquerniei ne sont présentes,
le plus de cas durant les 20 dernières années, mais où des puces endémiques sont associées à
mais les foyers de peste de rongeurs en Chine, des micromammifères insectivores endémiques
Mongolie et au Kazakhstan restent très actifs ; retrouvés porteurs de souches de Y. pestis ou
– en Amérique, les foyers des États-unis ne séropositifs (DuPLAnTIER et al., 2001 ; 2005).
concernent que très peu de cas humains, mais
Le foyer des États-unis (EISEn et GAGE, 2012) :
la circulation est régulièrement observée au sein
les foyers de peste sont limités à l’ouest des
de populations de chiens de prairie (rongeurs
États-unis et sont secondaires à la troisième
du genre Cynomys). Le Pérou constitue le
pandémie. Ils se traduisent essentiellement par
deuxième foyer des Amériques ;
des épizooties au sein de rongeurs très sensibles,
– en mettant à part le Kazakhstan, dont la tels que des écureuils terrestres ou des chiens
majeure partie du territoire est rattachée à l’Asie, de prairie, qui sont également des sciuridés.
l’Europe, après avoir payé un lourd tribut à la Les puces associées, du genre Oropsylla, présen-
peste, apparaît maintenant épargnée. tent rarement un blocage ventriculaire (EISEn
Les foyers actuels peuvent être considérés et al., 2006 ; EISEn et GAGE, 2012) et c’est cette
comme des foyers historiques (Asie) ou plus observation qui a amené à développer les
récents, contemporains de la dernière pandémie travaux sur la transmission précoce. néanmoins,
ayant débuté au xIxe siècle : c’est le cas des États- des données d’isolement et de sérologie rendent
unis, du Pérou et de Madagascar. L’Afrique envisageable l’intervention d’un campagnol
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(Cricetidé, Arvicoliné) résistant dans le maintien 60 ans de silence, 18 cas humains sont diagnosti-
des cycles. Les cas humains sont très rares et qués au sud d’oran, dans trois villages situés dans
sporadiques, en lien avec ces foyers sauvages. une zone large de 100 km (BERTHERAT et al.,
Le foyer algérien constitue une surprise après 2007). un an plus tard, des mérions (rongeurs,
60 ans de silence (BERTHERAT et al., 2007 ; gerbillidés) sont capturés dans la zone et des
BITAM et al., 2006). La peste a frappé l’Algérie puces X. cheopis, provenant de rats et souris, sont
lors de la deuxième pandémie à oran. C’est dans trouvées porteuse d’ADn de Y. pestis (BITAM et al.,
le port de Philippeville, maintenant Skikda, 2006). En 2008, une autre épidémie touche quatre
qu’elle réapparaît en 1899. Les derniers cas sont nomades, à 500 km au sud d’Alger. une capture
recensés à la fin de la dernière Guerre mondiale. de rongeurs retrouve 6 mérions sur 8 positifs en
Tous les cas, sauf deux, sont portuaires. Aucun PCR pour Y. pestis, et deux isolements confirment
foyer naturel n’est alors décrit. En 2003, après la circulation du bacille. La même année, un foyer
Déclaration à l’OMS
par pays
Jamais
1 - 5 ans
6 - 10 ans
11 - 16 ans
16 - 23 ans
Figure 21.9 – La peste, distribution mondiale des cas humains déclarés à l’OMS de 1987 à 2009.
En haut, le nombre de cas déclarés par pays sur la durée totale de 23 ans,
reflet de l’intensité de l’expression de la maladie ;
en bas, le nombre d’années pendant lesquelles les cas ont été déclarés, reflet de la chronicité des foyers.
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est détecté en Libye. Au total, une circulation du La définition des cas (CHAnTEAu, 2006) permet
bacille existe à bas bruit dans la région et semble de lancer des alertes sanitaires, de déclencher des
impliquer Meriones shawi ainsi que le couple interventions dans les communautés, mais aussi
R. rattus et X. cheopis, en environnement péri- de proposer un arbre décisionnel et thérapeutique
domestique. D’autres vecteurs sont probables, clair.
en relation avec les mérions, et l’implication des on définit les cas suspects par l’association d’un
hérissons et de leurs puces est envisagée. contexte épidémiologique favorable (mortalité
Surveillance épidémiologique murine, décès successifs dans une même famille,
foyer pesteux connu…) avec un tableau clinique
Ce dernier exemple souligne l’importance de la évocateur de peste bubonique ou pulmonaire.
surveillance épidémiologique. Il est extrêmement Ils justifient d’une thérapeutique anti-pesteuse.
difficile de mener des études de surveillance de La réalisation de tests biologiques permet classer
rongeurs et de vecteurs à moyen et long terme les patients comme :
(fig. 21.10). néanmoins, la connaissance des
systèmes de transmission doit être élucidée – cas confirmé, par l’isolement d’une souche ou
dès que possible. une stratégie de contrôle en la présence d’antigène F1 (bandelette rapide ou
réaction à des situations critiques doit être ELISA) ou une séroconversion ;
définie pour limiter au maximum le nombre de – cas probable, par un examen direct positif
cas humains. (bacille bipolaire en Gram) ou par une séropo-
Parallèlement à la surveillance des foyers sitivité sur un seul sérum ;
animaux, la surveillance de la peste humaine, – cas suspect clinique, si le bilan biologique est
notamment en zone d’endémie, est primordiale. négatif ou n’est pas réalisé.
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également possible d’injecter à la souris le maté- alternative, bien que le gain par rapport à la
riel suspect (intra-péritonéal). Le décès survient streptomycine ne soit pas évident, sauf pendant
en 3 à 10 jours, et le diagnostic est confirmé la grossesse. Du fait de sa bonne diffusion tis-
après isolement ultérieur (sang, rate). sulaire, le chloramphénicol peut être utilisé lors
Antigènes : l’antigène F1 provient de la capsule d’atteintes de la plèvre ou des méninges. Il peut
de Y. pestis, il est sécrété à 37 °C, thermostable remplacer l’aminoside ou y être associé. Les
et spécifique. une technique ELISA et surtout restrictions d’usage doivent être mises en
une bandelette de diagnostic rapide mises au balance avec le pronostic. Du fait de la gravité
point à l’institut Pasteur de Madagascar sont de la maladie, on associe aux aminosides un
maintenant largement utilisées en zones d’en- autre antibiotique tel que sulfamide, cycline ou
démie à partir de ponction de bubons ou de fluoroquinolone. on ne doit pas utiliser de
crachats. La bandelette permet un diagnostic pénicilline, céphalosporine ou de macrolide car
rapide (15 mn) au lit du malade, aussi bien pour leur efficacité est très variable, voire nulle. Pour
les formes buboniques que pulmonaires. Cette exemple, le protocole utilisé à Madagascar
technique est également utilisée sur les rats combine quatre jours de traitement par strep-
morts suspects (rate, sang). tomycine injectable et six jours d’association
sulfamethoxasole/trimethoprime per os à partir
Sérologie : elle est basée sur la détection d’anti- du troisième jour. Le traitement est mis en place
corps anti-F1. Elle est uniquement utilisée à titre rapidement dès la suspicion, une fois les prélè-
de diagnostic rétrospectif, à visée de déclaration vements réalisés. Parallèlement, le traitement des
ou dans le cadre d’études épidémiologiques de complications, et notamment du choc septique,
séroprévalence. Celles-ci peuvent viser l’Homme doit être rapide et adapté.
ou les rongeurs ou d’autres mammifères hôtes,
voire les chiens en tant qu’animaux sentinelles Plusieurs souches résistantes aux antibiotiques
de milieux anthropisés. ont été isolées, particulièrement à Madagascar.
Techniques moléculaires : plusieurs techniques Cette résistance est liée à la présence de plas-
moléculaires ont été développées pour détecter mides pouvant coder pour une résistance à
l’ADn de Y. pestis (PCR, RealTime PCR, lumi- plusieurs antibiotiques. néanmoins, les traite-
nescence). Des techniques de spectrométrie de ments habituels restent efficaces et le suivi de
masse (MALDI-ToF) ont aussi été mises au sensibilité des souches ne montre pas de
point. De fait, l’utilisation de toutes ces tech- tendance inquiétante.
niques en clinique est encore rare. Plusieurs de
Prophylaxie
ces techniques ont été définies dans un cadre de
recherche épidémiologique ou historique, ou Le vaccin : développé très tôt après la découverte
pour un diagnostic rapide et différentiel dans le du bacille, le vaccin tué n’est efficace qu’après
cas de bioterrorisme. La mise en place de telles plusieurs injections et procure une protection
techniques dans un cadre de diagnostic médical de quelques mois seulement, sans effet sur les
en zone d’endémie reste encore difficile. formes pulmonaires. En 1932, Girard développe
et utilise avec succès un vaccin vivant atténué à
Traitement Madagascar. L’arrivée des antibiotiques et ses
Des synthèses sur ce sujet ont été réalisées par effets secondaires le font retirer de l’arsenal du
CHAnTEAu (2006), DuCHEMIn et al. (2007) et contrôle de la maladie. néanmoins, certains
PoLAnD et DEnnIS (1999). vaccins sont encore disponibles. Ils ne protègent
pas contre la peste pulmonaire. Le personnel
Antibiotiques de laboratoire de référence ou les personnes
Les aminosides et plus particulièrement la travaillant intensivement sur des foyers de
streptomycine représentent le traitement de rongeurs peuvent faire l’objet d’une telle pro-
choix. La gentamycine peut être proposée en phylaxie.
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Sujets contacts : ils doivent être traités par anti- les céphalées intenses, les sueurs, les myalgies,
biotiques per os (cyclines, sulfamides, chloram- la faiblesse générale et les nausées. Le signe
phénicol) dans les six jours suivant l’exposition. pathognomonique est l’éruption cutanée (rash),
L’administration à des sujets avant toute expo- souvent décrite comme maculaire ou maculo-
sition est possible dans le cas d’un séjour court, papulaire, plus rarement pétéchiale, voire
avec un risque de contamination élevé, en morbilliforme. Habituellement, elle est située
mettant en balance le rapport risque/effets sur le tronc mais peut atteindre les extrémités.
secondaires. Les médecins pratiquant en zone d’endémie
doivent considérer le diagnostic en cas de
Infections bactériennes maladie fébrile sans source évidente d’infection.
autres que la peste Les patients réagissent rapidement aux cyclines
ou fluoroquinolones. Sans traitement, la maladie
Les rickettsies sont des bactéries Gram-négatif,
dure de 2 à 3 semaines. nombre de patients
intracellulaires obligatoires et associées aux
doivent être hospitalisés, dont jusqu’à 10 %
arthropodes (tiques, autres acariens, poux et
nécessitant des soins intensifs.
puces) (DuCHEMIn et al., 2006 ; BITAM et al.,
2010). Les principales rickettsies associées aux L’infection à Rickettsia felis,
puces sont les agents du typhus murin et de la
fièvre boutonneuse à puces. Du fait de leur
ou fièvre boutonneuse à puces
mode de transmission, on leur associe ici les
(cat-flea typhus)
bartonelloses. Cette rickettsiose émergente est due à une
rickettsie du groupe des fièvres boutonneuses.
Le typhus murin Elle a été d’abord décrite chez la puce du chat
Le typhus murin est une zoonose de répartition Ctenocephalides felis en 1918, mais elle peut être
mondiale ; il est aussi appelé typhus endémique, hébergée par plusieurs espèces de puces, dont
ou typhus tropical urbain, ou typhus de la puce. Pulex irritans. La transmission transovarienne
L’agent causal, Rickettsia typhi (auparavant a été rapportée chez C. felis, ainsi que l’infection
R. mooseri) est transmis d’un rongeur hôte à horizontale de puce à puce par voisinage lors
l’Homme par l’intermédiaire d’un arthropode de co-gorgements (EISEn et GAGE, 2012). La
(souvent X. cheopis). Il est considéré comme une présence de R. felis dans les glandes salivaires
maladie ré-émergente qui s’étend par l’intermé- soulève la possibilité de transmission par la
diaire des voyageurs revenant de zone d’endémie. piqûre, mais cela demande confirmation car la
Rickettsia typhi infecte les cellules endothéliales bactérie, du moins son ARn, peut être retrouvé
des hôtes mammifères et les cellules épithéliales dans les fèces de C. felis. L’isolement de la
de l’intestin moyen de la puce. Elle passe dans bactérie se fait en culture à basse température.
les fèces de la puce et la transmission au mam- Bien que peu de cas humains soient décrits,
mifère se fait par contamination dans la zone de cette affection est de distribution mondiale. Les
piqûre. Il est possible qu’une transmission cas sont plus nombreux en zone tropicale qu’en
transovarienne ait parfois lieu (EISEn et GAGE, zone tempérée.
2012). Les hôtes rongeurs les plus fréquents sont Les patients infectés peuvent développer des
Rattus rattus et R. norvegicus. Les rickettsies signes cliniques sévères, avec fièvre, céphalées
peuvent rester infectantes dans la litière des rats, et éruption cutanée à type de rash. on peut
et dans les déjections de puces pendant des retrouver une fatigue marquée, une myalgie,
années. L’incubation dure de 6 à 14 jours. photophobie, conjonctivite, des douleurs abdo-
Plusieurs de ses symptômes ne sont pas spéci- minales, vomissements et diarrhée, de même
fiques, et les cas peuvent être trompeurs en que des lésions cutanées isolées, noirâtres et
l’absence de diagnostic biologique. Les signes croûteuses, des douleurs musculaires, des
cliniques les plus fréquents sont la fièvre élevée, adénopathies et une lésion caractéristique à
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ou des champignons, entraînant une altération puces recherchées. Le principe est d’associer
de l’état général. Ces oiseaux nichent dans des l’appât physique ou biologique avec un plateau
buissons ou des terriers. Les puces sont là bas, placé au niveau du sol et rempli d’eau avec
encore supposées vecteurs mécaniques et une quelques gouttes de savon pour que les puces
dissémination directe par contact est aussi attirées par l’appât et qui auront sauté dans le
possible. récipient coulent rapidement. Le plus souvent,
Le Feline Calicivirus (FCv) induit une pathologie la collecte s’effectue durant la nuit et le matériel
respiratoire, la grippe du chat ; il est transmis est récupéré le matin, mais la mise en place de
directement par voie oro-nasale. néanmoins, collectes alternées peut être intéressante.
des expérimentations ont montré la possibilité L’utilisation d’appâts animaux doit intégrer la
d’infecter le chat par l’intermédiaire de sa puce, nécessité de récupérer ultérieurement les puces
le virus restant viable dans ses fèces. La conta- directement sur l’appât ;
mination peut se faire par ingestion de la puce – la collecte active : l’autre type de récolte
ou même lors de la piqûre (MEnCKE et al., implique une collecte active des spécimens
2009). présents dans le milieu (nids, terriers, pièce
Certains auteurs ont suspecté la possibilité de d’habitation) à échantillonner par balayage,
transmission du rétrovirus Feline Leukemia virus aspiration ou par la technique du drapeau
par sa puce. La présence d’ARn viral est vérifiée (comme pour les tiques) avec un tissu de flanelle
dans les fèces de la puce, mais sa transmissibilité claire (25 x 25 cm). une variante est exécutée
ne l’est pas encore. pour les espèces domiciliaires en marchant au
travers de la pièce chaussé de chaussettes blanches
montant jusqu’aux genoux. Les chaussettes ou
SURVEILLANCE, PRÉVENTION le carré de flanelle peuvent être placés dans un
ET CONTRÔLE sac plastique étanche et les puces comptées,
identifiées et testées après un temps au congé-
Techniques d’études des puces lateur. Pour les nids, une aspiration ou une
Échantillonnage collecte à la pince sont possibles. une collecte
Il dépend de la biologie des espèces visées, et de l’ensemble du nid est possible en fonction du
notamment de leur comportement par rapport statut de protection de l’hôte, de la taille, etc.
à l’hôte (puces nidicoles ou de fourrure). Pour les terriers, les mêmes techniques peuvent
être utilisées après adaptation à la taille et à
Puces libres l’accessibilité du terrier. Les plus utilisées sont
Ce sont des puces qui sont à la recherche d’un les techniques du drapeau, à l’aide d’une longue
hôte, par leur biologie habituelle, telles tige flexible ou rigide (raclette de Chiranovitch),
Ctenocephalides felis ou Xenopsylla cheopis mais composée de plusieurs segments se vissant
du fait de la disparition brutale de leur hôte les uns aux autres en fonction des besoins, et,
habituel (prédation, épizootie). on considère enfin, l’aspiration mécanique (batteries) à l’aide
deux principes généraux : d’un tuyau long et d’une poche pour récupérer
– l’utilisation d’un appât : il va permettre d’at- et trier le matériel aspiré.
tirer la puce à l’aide d’un stimulus, physique ou
chimique, voire appât vivant. Le plus simple est Puces de fourrure
le piège à bougie (lumière, chaleur, Co2) ou ses La technique la plus évidente pour capturer les
variantes (lampe à pétrole, LED + Co2…) mais puces est de les prélever directement sur l’hôte.
on peut aussi mettre une cage surélevée avec un Cela peut se faire directement sur l’hôte immo-
animal vivant (rongeur, poulets, etc.), en accord bilisé dans le cas de gros animaux domestiques.
avec les possibilités logistiques et éthiques d’uti- une anesthésie adéquate sera réalisée par un
lisation d’animaux vivants et la spécificité des vétérinaire dans le cas d’animaux sauvages de
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afin de ne pas entraîner un déplacement du très vite en relation probable avec des résistances
parasitisme et des repas de sang, potentielle- croisées avec les organophosphorés. Enfin, la
ment à risque, vers des hôtes plus vulnérables : deltaméthrine remplace tous les autres insecticides
populations humaines ou vertébrés sensibles, en 1987 et les premières résistances apparaissent
qui pourraient déclencher ou amplifier un 10 ans plus tard. La situation actuelle montre
phénomène épidémique. Ainsi, il est nécessaire une résistance quasi générale de X. cheopis à la
avant toute lutte anti-rongeurs de s’assurer deltaméthrine sur toute l’île (BoyER et al., 2014).
d’une décroissance notable de la population Au total, après environ 10 à 15 ans d’utilisation de
pulicidienne ou de son pouvoir infectant. tout nouvel insecticide, une résistance apparaît
qui oblige à l’utilisation d’une nouvelle classe.
Insecticides
Les insecticides sont les éléments les plus évidents Il est également possible de faire baisser l’index
d’une lutte anti-puces. Dans la plupart des cas, pulicidien dans les populations animales, comme
ils sont utilisés sous forme de poudre, à pulvériser il l’a été démontré par l’utilisation de deltamé-
dans les nids, terriers de rongeurs ou sur les thrine dans les terriers de chiens de prairies aux
traces habituelles de déplacement dans les mai- États-unis (SEERy et al., 2003). néanmoins, pour
sons, le long des murs par exemple. Dans un préserver l’efficacité des insecticides, il paraît plus
contexte de foyers pesteux par exemple, il est prudent de réserver cette option uniquement en
primordial de s’assurer régulièrement de la cas de risque de transfert de l’épizootie vers le
sensibilité des puces aux insecticides. Comme secteur humain.
dans toute stratégie insecticide, dans le cas
d’apparition de résistance ou de baisse de la sen- Lutte anti-rongeurs
sibilité, il est nécessaire d’utiliser les insecticides on le répète, la lutte anti-rongeurs dans un
en rotation ou en association. Les puces peuvent, contexte de circulation du bacille de la peste ne
selon les modes de vie de leurs hôtes, être en peut se faire sans lutte insecticide. Le principe
contact avec des insecticides d’origine agricole est de réduire le contact entre les rongeurs et les
et présenter des résistances semblant primaires populations humaines, soit en baissant le nombre
avant toute intervention de lutte dans un de rongeurs, soit en maintenant les rongeurs à
contexte épidémique. Les résistances croisées distance de l’homme (DuCHEMIn et al., 2006).
peuvent se rencontrer et restreindre le spectre Cette dernière intervention peut nécessiter un
des produits à utiliser. En dehors des essais changement d’habitudes agricoles, notamment
d’efficacité sur le terrain, parfois difficiles en concernant le stockage des grains ou le traitement
contexte épidémique, les laboratoires de réfé- des récoltes (battage traditionnel à proximité des
rence disposent de tests type oMS, avec des maisons). Des techniques traditionnelles telles
tests de survie in vitro de puces soumises à des que la construction de greniers ou silos peuvent
concentrations variables d’insecticides. Le être réutilisées. Les poisons anti-rongeurs à effi-
phénomène knock down peut être observé. La cacité retardée seront préférés à ceux d’action
situation de Madagascar (RATovonjATo et al., rapide qui pourraient entraîner une mort rapide
2000 b ; BoyER et al., 2014) est très illustrative. sur le site d’intervention et libérer in situ des puces
Le DDT y est introduit en 1947. Les pulvérisa- dangereuses. En effet, les rongeurs affectés par les
tions sont effectuées après chaque événement poisons d’action différée, tels les anticoagulants,
épidémique en milieu villageois ou urbain. Les vont mourir à distance des maisons, libérant les
premières résistances de X. cheopis apparaissent puces vectrices potentielles résiduelles (après le
en 1965, mais il n’est abandonné qu’en 1987. Le traitement insecticide) à distance. Plusieurs
malathion puis le fenitrothion sont utilisés à obstacles limitent la portée de ces techniques :
partir des années 1960 et des résistances appa- la dynamique des populations des rongeurs est
raissent en 1979. Le propoxur est alors utilisé en telle qu’en quelques mois, la population peut être
remplacement, mais les résistances apparaissent revenue à son niveau initial, avec une fréquence
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relative d’individus non immuns plus élevée. Il y de nombreuses situations à risque de peste
a augmentation de la résistance des populations (vietnam, Madagascar…). Mais il est préférable
de rongeurs aux anticoagulants. Enfin, avec le de les employer en dehors d’un contexte
temps, les rats tendent à éviter les poisons, d’épidémie active (fig. 21.11).
surtout ceux à action rapide. Il faut donc garder
en tête que les poisons peuvent être nécessaires Application en contexte vétérinaire
au contrôle ponctuel et prudent des rongeurs en (animaux domestiques)
contexte pré-épidémique, mais qu’ils ne peuvent Le traitement contre les ectoparasites des
permettre à eux seuls de réduire de façon durable animaux de compagnie est en plein essor et
le contact Homme-rats. Des interventions sur le représente une part majeure du marché des
milieu, l’amélioration de l’habitat ou l’adaptation médicaments vétérinaires. Le contrôle des puces
des conditions de travail agricole sont alors de chiens et chats permet d’améliorer les der-
nécessaires. matites allergiques aux piqûres de puces, plus
Pièges de Kartman fréquentes chez le chien, et de diminuer le risque
de la transmission de Dipylidium caninum, de
Les pièges de Kartman associent un insecticide,
Rickettsia felis et de bartonelles du chat. Le contrôle
sous forme de poudre ou micro-encapsulé,
des populations de puces, ici essentiellement
adhérant à la fourrure, avec un rodenticide
C. felis, se fait par plusieurs techniques.
d’action lente (anticoagulant) (RATovonjATo et
al., 2003). L’insecticide assure la baisse de l’index Le contrôle par insecticide
pulicidien et de la probabilité de survie des des puces adultes sur l’animal
puces, alors que le rodenticide abaisse la densité Les formulations insecticides peuvent être
des rongeurs à proximité des sites d’intervention. diverses : les poudres, aérosols, lotions et sham-
Ce type de pièges a montré son efficacité dans poings sont en général de courte durée d’action,
tandis que les colliers ou les formulations en
spot-on, représentant la majeure partie des trai-
tements actuels, ont une durée plus prolongée.
Les produits agissant par voie systémique, sous
forme de comprimés, peuvent avoir une durée
courte ou longue. En dehors des trois classes
historiques d’insecticides encore utilisés (orga-
nophosphorés, carbamates et pyréthrinoïdes),
de nombreux produits plus ou moins récents
sont en usage en médecine vétérinaire, citons les
néonicotinoïdes, phénylpyrazoles, semicarba-
zones, oxadiazines, lactones macrocycliques et
enfin les inhibiteurs de croissance (pour une
revue complète, voir BEuGnET et FRAnC, 2012).
Le contrôle des stades libres
dans l’environnement
Figure 21.11 – Le piège de Kartman.
Ce piège utilise un rodenticide d’action lente Il s’agit notamment des larves, des nymphes et
(les briquettes dans le compartiment central) des adultes libres, avec deux objectifs : l’abaisse-
et un insecticide d’action rapide (la poudre blanche ment rapide d’une population adulte et des autres
dans les compartiments d’entrée/sortie). stades présents, et la rémanence des produits
Le piège, ici avec le couvercle en position ouverte,
montre des crottes de rats, preuve qu’il a été visité dans l’environnement pour limiter toute nouvelle
par des rongeurs. prolifération. Pour cela, on associe un insecticide
© IRD et Institut Pasteur de Madagascar/v. Robert adulticide et un régulateur de croissance des
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insectes (Insect Growth Regulator – IGR), analogue en termes de génétique des populations, pour-
de l’hormone juvénile par exemple, contre les raient permettre d’envisager la possibilité, pour
stades larvaires et les œufs. Citons aussi les inhi- l’instant toute théorique, d’utilisation de puces
biteurs de la mue, flufenoxuron et cyromazine, génétiquement modifiées, au potentiel vectoriel
agissant sur le métabolisme de la chitine et actifs réduit.
sur les larves. Il convient, avant tout traitement,
de procéder à une aspiration soigneuse de la pièce
CONCLUSION
traitée ainsi qu’au lavage de la couverture ou
coussin sur lequel dort l’animal. Les puces constituent un groupe relativement
vaste qui mérite largement l’attention des bio-
Autres méthodes logistes. La détermination des puces reste basée
Comme pour d’autres groupes de vecteurs, il sur la morphologie classique, et cette expertise
pourrait être envisageable de modifier le pouvoir doit être maintenue. La taxonomie des
vectoriel des puces par l’intermédiaire de leur Siphonaptera peut apparaître encore instable,
faune symbiotique, d’origine ou modifiée, à mais elle bénéficie déjà des progrès de la biologie
l’exemple de Wolbachia chez Aedes aegypti. moléculaire. Les puces constituent un modèle
vingt souches différentes de Wolbachia ont été d’étude des relations hôtes-parasites. L’étroit
retrouvées chez différentes espèces de puces, contact que certaines espèces entretiennent avec
incluant C. felis, X. cheopis et P. irritans (DITTMAR l’Homme, les animaux domestiques ou les petits
et WHITInG, 2004). Ces différentes souches sont mammifères commensaux leur confère un
toutes monophylétiques, malgré la diversité des caractère tout particulier, qui se traduit dans la
espèces échantillonnées. Pour l’instant, il n’y a nécessité d’une recherche appliquée, avec un
pas de publication relatant une modification impact très positif pour la communauté. En
d’expression phénotypique liée à l’infection par effet, au-delà de l’inconfort, parfois dramatique,
Wolbachia chez les puces. Plusieurs études se que peuvent engendrer les piqûres de puces,
rapportent à la modification de la microflore c’est aussi leur redoutable statut de vecteurs et
des puces à la suite de l’infection par Y. pestis, les relations mises en jeu avec les pathogènes
R. felis ou B. henselae. Dans les trois cas, les et les hôtes qu’il convient d’élucider afin d’en
auteurs observent une baisse de la diversité supprimer ou diminuer l’impact.
microbienne concomitante avec l’infection avec
l’un des germes, mais aussi une interaction
positive entre Y. pestis d’une part et Wolbachia
RÉFÉRENCES
et Bartonella d’autre part (jonES et al., 2013). Andrianaivoarimanana, v., Kreppel, K., Elissa, n.,
L’étude des symbiontes de puces n’en est donc Duplantier, j.M., Carniel, E., Rajerison, M., jambou, R.,
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2014, aucune étude de génétique des popula-
Ayyadurai, S., Houhamdi, L., Lepidi, H., nappez, C.,
tions n’a utilisé de marqueurs microsatellites, et Raoult, D., Drancourt, M., 2008. Long-term persis-
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C HAPITRE 22
Les cimicides
(Hemiptera : Cimicidae)
Pascal Delaunay, Jean-Michel Bérenger
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Cimex lectularius
Temps d’un repas sanguin 10 - 20 mn
Temps entre 2 repas 3 - 15 jours
Extrêmement variable (jusqu’à 2 ans)
Espérance de vie d’un adulte 6 - 24 mois
nombre total d’œufs pondus par une femelle adulte 200 - 500 œufs
Rythme de ponte d’une femelle adulte 5 - 15 œufs/jour
Temps du cycle de vie (œuf à œuf) 40 - 70 jours
Délai de ponte après fécondation 3 - 10 jours
Temps d’éclosion des œufs 7 - 15 jours
Temps entre 2 stades larvaires (repas sanguin obligatoire) 3 - 15 jours
Figure 22.4 – Punaises de lit, juvéniles de stade 1, à jeun (à gauche) et gorgé (à droite).
© urmite/j. M. Bérenger
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génital secondaire). Cela constitue un système on retrouve également des phéromones dans
paragénital, car la femelle conserve un système les fèces, permettant probablement de marquer
génital normal utilisé pour la ponte mais délaissé les refuges où se concentrent les punaises et de
par le mâle pour l’accouplement. une femelle retrouver ces cachettes après le repas sanguin.
peut être inséminée par plusieurs mâles. Les Ces regroupements sont un moyen d’entretenir
mâles sont attirés par tout individu gorgé (mâle, une bonne humidité et d’éviter la déshydratation.
femelle, jeune) ; un volume abdominal impor- Les punaises de lit peuvent ainsi résister à la
tant déclenche le comportement d’accouplement sécheresse entre deux repas de sang et attendre
du mâle. Pour pallier cela, mâles, femelles et un hôte potentiel pendant plusieurs mois, voire
jeunes usent de leurs phéromones d’alarme pour plusieurs années. En revanche, un fort taux
stopper ces ardeurs. on ignore les avantages d’humidité peut être cause de surmortalité. La
d’un tel système, mais ce mode d’insémination température supérieure létale est 40-45 °C pour
traumatique n’est pas sans effet sur la femelle : tous les stades et les œufs, et, pour les basses
des agents pathogènes peuvent être introduits températures, une exposition même brève, 1 h
dans son organisme et réduire sa longévité et son à -16/-18 °C, est mortelle ainsi qu’un séjour
succès reproductif, voire causer sa mort. prolongé proche de 0 °C. Ces propriétés sont
exploitées pour la lutte.
Comportement La fréquence des repas sanguins dépend de la
En journée, les punaises de lit sont généralement vitesse de digestion, de la température et de la
peu actives et restent cachées dans tous les lieux disponibilité de l’hôte. En laboratoire, un repas
exigus que leur corps plat leur permet d’atteindre : est proposé tous les 7 jours ; dans la nature, il se
fentes de mur, sous une écaille de peinture, situe entre 3 et 7 jours. Le volume du repas
tapisserie décollée, derrière une plinthe, derrière représente entre 130 et 200 % du poids d’un
une prise électrique, jointure de bois (structure adulte à jeun.
de lit), cordon de matelas… on peut aussi les
L’Homme est bien sûr l’hôte privilégié de Cimex
trouver accumulées sur l’angle délimité par la
lectularius et C. hemipterus. Mais l’espèce Cimex
jointure du mur et du plafond. nocturnes et
lectularius a aussi été retrouvée sur 8 espèces
photophobes, les punaises de lit s’activent avec
d’oiseaux, 10 rongeurs et Mustellidae, 10 espèces
la fin du jour et piquent leurs hôtes durant le
de chauves-souris. L’Homme et les chauves-souris
sommeil, généralement après minuit lors du
restent les hôtes principaux et primaires.
sommeil le plus profond. La piqûre est indolore ;
ce sont des solénophages et la salive contient De nombreuses autres espèces sont inféodées aux
surtout des composés anticoagulants. Les subs- oiseaux, chauves-souris, autres mammifères.
tances vasodilatatrices comme l’histamine sont
responsables du prurit et des réactions allergiques Résistance aux insecticides
à la piqûre. L’utilisation massive du DDT après la Seconde
L’hôte est détecté grâce au dégagement de Co2 Guerre mondiale a entraîné des résistances à cet
de la respiration, son odeur et la chaleur du corps insecticide chez les punaises de lit. Actuellement,
(37 °C). Ce sont les mêmes attractants utilisés par les insecticides les plus utilisés pour les punaises
la plupart des arthropodes hématophages. Pour de lit sont les pyréthrinoïdes, qui possèdent un
cela, les punaises de lit utilisent leurs antennes mode d’action similaire au DDT. Les punaises
où sont concentrées les sensilles olfactives, qui de lit ont développé un mécanisme de résistance
constituent donc le « nez » des punaises de lit. commun au DDT et aux pyréthrinoïdes appelé
C’est également au niveau du dernier segment knockdown resistance (Kdr). Des résistances aux
antennaire que sont captées les phéromones carbamates ont aussi été décrites. Des études ont
d’alarme ; privées de cette partie, les punaises ne montré que, au sein d’une même population, les
répondent plus à cette hormone. voies métaboliques (enzymes) utilisées pour
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quantitativement, l’objectif d’une lutte contre les de lit peut se reconnaître assez aisément par son
punaises de lit est l’élimination totale de l’insecte aspect plat et son pronotum caractéristique.
du site infesté. Cet objectif est très ambitieux et une confirmation de l’identification par un
pourtant obligatoire. une seule femelle oubliée spécialiste est souhaitable (cf. Biologie-Écologie).
ou quelques œufs pourront générer une descen- Plus cette identification est précoce, moins l’in-
dance qui réinfestera le site. De cet objectif festation sera importante. La primo-infestation
résulte toute la difficulté de la lutte contre cet n’est pas corrélée à l’hygiène du site ou de
insecte capable de se cacher dans le moindre l’habitant. L’infestation par des punaises est sou-
interstice. La lutte sera d’autant plus efficace vent vécue comme un « coup de malchance ».
qu’une parfaite coordination entre occupant, Cependant, une hygiène précaire, la pauvreté,
propriétaire et désinsectiseur pourra se mettre un faible niveau de connaissances sont des
en place (PInTo et al., 2007 ; DoGGETT et al., causes de non-réactivité ou d’incompréhension
2012). d’une infestation qui deviendra majeure en
La lutte doit s’organiser en 7 étapes : quelques mois.
– 1) preuve de piqûre ;
Évaluation de l’infestation
– 2) identification de certitude ;
on ne lutte pas de façon identique s’il y a 5 ou
– 3) évaluation de l’infestation ;
5 000 punaises sur un site. L’organisation de cette
_ 4) lutte mécanique ; lutte doit être proportionnelle au nombre d’indi-
– 5) lutte chimique ; vidus détectés. Évaluer le nombre de spécimens
– 6) évaluation de la lutte ; présents sur le site et les différents emplacements
– 7) prévention. infestés est une phase indispensable dans le
processus de lutte mécanique et chimique qui
Preuve de piqûre va suivre. Différents moyens d’observation ou
La preuve de la piqûre peut paraître une évidence. outils permettent cette évaluation :
Cependant, certaines structures ou personnes, – l’emplacement des piqûres sur le corps de la
stressées et angoissées par cet insecte, se deman- personne piquée peut permettre de différencier
dent s’il n’est pas présent à leur insu. L’apparition les lieux contaminés ou de cibler les pièces
de piqûres d’arthropodes est généralement le infestées : chambre seule, pièce de vie… Pour de
premier élément à prendre en compte pour faibles infestations, si une seule zone du corps
suspecter sa présence. Pour des structures est piquée, par exemple, le seul bras gauche, on
d’hébergement, une prévention avant toute cherchera dans un premier temps sur le côté
piqûre peut être envisagée tous les 3-6 ou 12 mois gauche du lit ou du canapé ;
(cf. infra). – l’examen systématique de certains lieux sur
un site : certes, les punaises de lit peuvent en
Identification de certitude théorie se déplacer et explorer tous les sites d’un
L’apparition de lésions diagnostiquées comme logement. Cependant, les punaises de lit qui
des piqûres d’arthropodes après un voyage, piquent environ en 10-20 mn piquent exclusive-
l’achat d’un meuble ou de vêtements d’occasion ment leurs hôtes en phase de repos de celui-ci.
sont autant de données pouvant renforcer la Le lit (sommier, lattes, pied, matelas, tête de lit)
suspicion d’une infestation de punaises par le et le canapé habituellement utilisé pour regarder
médecin. Mais seule la mise en évidence de la télévision sont à examiner en tout premier
punaises sur le site ou apportées par le patient (fig. 22.5). À proximité de ces deux sites, il faudra
permet d’affirmer leur présence. Toute désin- ensuite examiner les rideaux (ourlet supérieur,
sectisation sans preuve est généralement vouée tringles du plafond), les plinthes et les prises
à l’échec, entraînant des dépenses inutiles et non électriques. Le reste de l’inspection se fera de
respectueuses de l’environnement. une punaise façon centrifuge à partir de ces 2 sites ;
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larve) ou un œuf sont parfaitement détectables. nettoyer le bac d’aspiration. Durant le temps de
Le dressage doit être spécifique à la punaise et la lutte, l’aspirateur peut lui-même être placé dans
constitue une affaire de spécialiste. Le maître- un grand sac-poubelle.
chien doit lui aussi recevoir un enseignement, nettoyage à la brosse : brosser à sec ou avec un
par le dresseur, pour détecter et comprendre les nettoyant de surface certains recoins ou tissus
réactions de son chien. Le chien doit être capable est un geste complémentaire pour supprimer les
de différencier des punaises de lit vivantes de œufs ou les jeunes insectes difficiles à mettre en
punaises mortes qui ne sécrètent pas la même évidence. Le brossage éjecte les punaises sans
odeur. Le maître-chien doit avoir une bonne toujours les tuer. Il faut s’assurer que les punaises
connaissance de la biologie de cet insecte et des projetées ne pourront pas contaminer d’autres
insectes piqueurs pour bien guider son chien et sites.
répondre de façon cohérente à la demande du
Restauration des locaux par un grand nettoyage
client. Cette méthode de détection canine peut
à l’eau et/ou peinture avec, si nécessaire, décolle-
être utile pour un particulier, elle peut s’avérer
ment des papiers peints, des peintures, du plâtre,
indispensable pour les structures d’hébergement
des plinthes, de la moquette… qui sont des sites
(hôtels, maisons de retraite, hôpitaux…) car une
de repos et de reproduction de ces insectes.
inspection humaine est longue et assez peu
sensible s’il faut examiner plusieurs dizaines de Suppression de l’ameublement : elle doit être
chambres. réfléchie et organisée pour ne pas contaminer
d’autres sites. Les matelas ou meubles contami-
Lutte mécanique nés ne doivent bien sûr pas être vendus, ni
déposés dans la rue : il faut s’assurer qu’ils aillent
La lutte, sans insecticide, est indispensable pour
directement à la décharge et qu’ils ne soient pas
diminuer au maximum le nombre d’insectes sur
récupérables. Plus le site est désencombré, plus
un site. Toutes les méthodes mécaniques peuvent
efficace sera l’action. Si l’occupant est d’accord,
être utilisées conjointement. Leur principal
les affaires de petite taille, le linge ou les objets
inconvénient réside dans l’absence de réma-
peuvent être jetés dans des sacs, en s’assurant
nence : toute punaise oubliée pourra continuer
que ces sacs ne seront pas ouverts et utilisés
son cycle de vie. Son avantage est qu’elle peut
ultérieurement.
être reproduite sans limite. Cette lutte doit faire
preuve d’organisation durant sa mise en œuvre nettoyage haute pression : dans les situations
qui peut durer quelques jours. Les affaires ou d’invasion extrême, les conduits d’aération ou
meubles sur lesquels les punaises ont déjà été de vide-ordures peuvent être nettoyés.
éliminées ne doivent pas être recontaminés Lavage à sec : le nettoyage de tissu par cette
par des affaires pas encore nettoyées. Des sacs- méthode en blanchisserie de ville est efficace,
poubelles de 100 litres peuvent aider à bien car les solvants et les conditions de nettoyage
compartimenter le sale et le propre. Cette lutte sont létaux pour les punaises.
mécanique se base sur 3 concepts : supprimer
l’insecte, ou l’éliminer par une température Température supérieure à 60 °C
supérieure à 60 °C, ou inférieure à -20 °C pendant De nombreux appareils ménagers permettent
3 jours. d’exposer une punaise de lit à une température
de plus de 60 °C. :
Suppression des punaises – lavage en machine à laver le linge ou la vaisselle ;
Aspiration des œufs, des larves et des adultes mis – sèche-linge ;
en évidence visuellement au préalable. utiliser – nettoyeur vapeur à 110 ou 180 °C. Les appa-
préférentiellement l’embout fin de l’aspirateur, reils bas de gamme émettent une température
qui est plus efficace. Puisque l’aspirateur ne tue d’environ 110 °C. Les plus onéreux émettent une
pas les insectes, il convient de jeter le sac ou de température de 180-210 °C. Ces températures
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sont efficaces. une température de 180 °C per- action méconnue sur les bronches. De nouvelles
mettra de passer un peu plus vite sur les points formulations associent la terre de diatomée à
spécifiques. Dans tous les cas, l’embout doit être un fixateur en aérosol, ce qui permet d’éviter
passé relativement lentement. La vapeur sèche sa diffusion dans l’air ambiant d’une pièce
semble plus efficace. Attention, le souffle de (AKHTAR et al., 2013).
l’appareil peut parfois expulser la punaise sans
la tuer ; Lutte chimique
– chauffage du mobilier. Il concerne les meubles Généralement utilisée d’emblée, elle n’est pour-
ou objets pouvant supporter une température tant que la 5e étape de cette lutte intégrée contre
supérieure à 60 °C à cœur. Cette température les punaises de lit. Cette étape est la seule qui ne
permet de tuer toute punaise présente. Certaines soit pas obligatoire puisque la lutte mécanique
entreprises disposent d’étuves permettant peut suffire pour éliminer toutes les punaises.
d’atteindre ces températures, de taille suffisante Elle peut être mise en place par un particulier
pour recevoir du mobilier. D’autres entreprises avec des produits grand public (insecticides
proposent de chauffer tout l’appartement à cette pour insectes rampants), mais de nombreuses
température. Le coût est très élevé. intoxications par excès de produit dispersé sont
rapportées. De plus, la mise en place de résis-
Température de -20 °C tances à la perméthrine est rapide et fréquente
Les punaises de lit meurent rapidement à la si les applications sont trop rapprochées.
température de -30 °C. À -20 °C, la mort de L’appel à des sociétés de désinsectisation agréées
l’insecte intervient plus lentement, en revanche par le ministère de l’Agriculture (Certiphyto -
cette température est accessible à la majorité des Certibiocides) est donc fortement souhaitable.
personnes, car elle correspond à la température La société devra intervenir au minimum 2 fois, à
des congélateurs grand public. Il est indispen- 2 semaines d’intervalle, afin d’éliminer les insectes
sable de maintenir une température de -20 °C ayant éclos entre-temps ou les quelques adultes
durant 3 jours. Cette méthode peut être utilisée non éliminés lors du premier passage. Le pro-
pour du linge délicat ou du petit électroménager fessionnel utilisera par aspersion ciblée un
résistant à cette température. « insecticide choc » sur les points fortement
infestés, et obligatoirement un « insecticide
Terre de diatomée rémanent » sur tous les recoins spécifiques des
Cette très fine roche provient de coques de punaises. Les bombes aérosol qui brumisent en
diatomées (micro-algues) accumulées il y a des quelques secondes tout un local ne sont pas
millions d’années. En contact avec un insecte, les conseillées, car le nuage créé ne pénètre pas ou
particules s’accumulent sur sa surface et entre peu dans les recoins de repos des punaises.
ses segments, provoquant des microcoupures. Les principaux groupes d’insecticides utilisés
De plus, la terre de diatomée absorbe les lipides sont les pyréthrinoïdes, les carbamates et, plus
à la surface cireuse de la cuticule, de telle sorte que récemment, les néonicotinoïdes. Les pyréthri-
l’insecte ne peut plus maintenir son humidité. noïdes sont les plus fréquemment utilisés.
Il en résulte une déshydratation de l’insecte et sa L’augmentation de la résistance des punaises vis-
mort en 2 à 10 jours. Le comportement grégaire à-vis de cette classe d’insecticide ne cesse d’être
des punaises augmente l’effet létal, car il favorise démontrée, surtout dans un objectif de réma-
le transfert de la terre entre individus de tout nence ou de traitement résiduel. L’imprégnation
stade. Cette poudre a donc une action mécanique de supports de type « housse de matelas » n’est
avec une rémanence de plusieurs mois ou donc pas efficace. L’ajout de produit synergique
années, car sans péremption. Cependant cette à la perméthrine (exemple : butoxyde de pipéro-
terre, proche de la silice, ne doit pas être inhalée nyle ou Phenoxybenzyl hexanoate) améliore son
par l’Homme ni par les animaux, de par son efficacité. Les carbamates sont fréquemment
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utilisés en 1re ou 2e ligne de lutte également. Ils Pour des hébergeurs : les structures d’héber-
sont beaucoup plus efficaces, cependant une gement, soucieuses d’une bonne prévention,
résistance à cette classe d’insecticides a déjà été peuvent programmer une inspection visuelle
détectée. Le groupe des néonicotinoïdes s’utilise tous les 3-6 ou 12 mois par un personnel formé,
préférentiellement en 3e ligne, mais là aussi, des tout comme la détection canine.
résistances existent.
Pour un voyageur : lors d’un séjour à l’hôtel ou en Reinhardt, K., Siva-jothy, M.T., 2007. Biology of the
bedbugs (Cimicidae). Annu. Rev. Entomol., 52 : 351-374.
gîte, ne pas hésiter en cas de piqûres à examiner
son lit et surtout son matelas. Au retour du séjour, Salazar, R., Castillo-neyra, R., Tustin, A.W., Borrini-
Mayorí, K., náquira, C., Levy, M.Z., 2015. Bed bugs
le lavage du linge (> 60 °C), la désinsectisation
(Cimex lectularius) as vectors of Trypanosoma cruzi.
de la valise (aérosol classique pour rampant) et une Am. J. Trop. Med. Hyg., 92 (2) : 331-335.
douche permettent de prévenir une infestation
Schaefer, C.W., Panizzi, A.R., 2000. Heteroptera of
du domicile. economic importance. CRC Press, 828 p.
Pour un particulier : il faut éviter de se procurer usinger, R.L., 1966. Monograph of Cimicidae
des matelas, du linge ou des meubles d’occasion (Hemiptera – Heteroptera). College park, Entomological
sans les examiner ou les nettoyer au préalable. Society of America, 520 p.
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C HAPITRE 23
Triatominae
(Hemiptera : Reduviidae)
Jean-Pierre Dujardin
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L’hypothèse de la monophylie, qui voyait dans Les premières études moléculaires impliquant
la sous-famille un groupe d’insectes dérivés des Triatominae et des représentants d’autres
d’une seule espèce de prédateur, se basait sur sous-familles, c’est-à-dire des prédateurs, ont
la morphologie et la biogéographie des soutenu l’hypothèse de la monophylie (HyPSA
Triatominae. Elle a été l’hypothèse la plus et al., 2002 ; WEIRAuCH et MunRo, 2009 ;
consensuelle, et jusqu’il y a peu, la mieux PATTERSon et GAunT, 2010). Mais une étude
démontrée. L’hypothèse de la polyphylie a récente incluant 18 sous-familles (sur 25) et
été défendue cependant par une minorité 8 outgroups (178 taxa) apporte des arguments
d’auteurs qui voyaient dans la morphologie décisifs contre l’hypothèse de la monophylie
des Triatominae, en particulier celle du rostre (HWAnG et WEIRAuCH, 2012) : elle révèle que
(fig. 23.3), une probable convergence morpho- le clade des Triatominae est partagé avec
logique due à l’hématophagie (SCHoFIELD, Opisthacidius pertinax (Reduviinae). Certes, la
1988 ; PAuLA et al., 2005 ; SCHoFIELD et GALvão, polyphylie n’est pas démontrée, il s’agit d’une
2009). paraphylie, mais la monophylie est rejetée. Il
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est intéressant de noter que, dans une étude espèces sont apparues, certains auteurs ont créé
antérieure basée sur la géométrie de l’aile, ou réhabilité de nouveaux genres, comme
l’arbre de classification incluait précisément ce Nesotriatoma et Meccus, pouvant porter à 19
genre, Opisthacidius, parmi les Triatominae le nombre total de genres. une nouvelle tribu
(SCHoFIELD et GALvão, 2009). (Linshcosteini), non retenue ici, a même été
proposée.
Distribution géographique Avertissement : la liste des espèces (tabl. 23.1)
Les Triatominae se rencontrent dans tous les est présentée dans le souci d’informer le lecteur
pays d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale, sur les dernières publications parues, mais elle
et en Amérique du nord (au Mexique et aux ne correspond pas pleinement à la vision de
États-unis). l’auteur sur la systématique des Triatominae
Bien que la plupart des espèces de Triatominae (DujARDIn et al., 1999). En effet, les Triatominae
se rencontrent exclusivement dans le nouveau présentent une morphologie instable (faible
Monde, quelques espèces sont recensées dans canalisation de la forme) (DujARDIn et al.,
l’Ancien Monde. Ces dernières appartiennent à 2009). Leur profil de couleurs ainsi que leurs
deux genres, Linshcosteus et Triatoma. Les six dimensions peuvent répondre rapidement aux
espèces du genre Linshcosteus sont rencontrées changements environnementaux, et cela avant
exclusivement en Inde, habituellement sous les que ne s’installent d’éventuelles barrières repro-
pierres, associées à de petits rongeurs ou aux ductives (BARGuES et al., 2010). La classification
chauves-souris. Les Triatoma de l’Ancien Monde, de LEnT et WyGoDZInSKy (1979) avait créé des
principalement de l’Asie orientale, représentent espèces là où il y avait plutôt des variations
un petit groupe de 8 espèces (rassemblées locales, par exemple P. herreri et P. lignarius
dans un complexe dit « rubrofasciata »), dont la (MARCILLA et al., 2002 ; DoS SAnToS et al., 2003),
biologie est très mal connue. L’une d’elles, ou probablement aussi P. chinai et P. howardi.
T. rubrofasciata, ne se rencontre pas seulement Aujourd’hui, l’analyse moléculaire révèle aussi
en Asie, elle est signalée dans les régions côtières l’identité entre genres pourtant morphologique-
tropicales ou subtropicales de tous les continents ment distincts tels Rhodnius et Psammolestes
(sauf l’Australie). (MonTEIRo et al., 2000), ou Linshcosteus et
Triatoma (HyPSA et al., 2002) – du moins certains
Triatoma, ce genre étant probablement poly-
LISTE COMMENTÉE phylétique (HWAnG et WEIRAuCH, 2012).
DES TRIATOMINAE La classification des Triatominae est donc basée
Les Triatominae (jeannel) sont regroupés en sur des critères morphologiques, avec les restric-
5 tribus et 17 genres : Alberproseniini (1 genre), tions que cela impose. Elle est contestée par un
Bolboderini (4 genres), Cavernicolini (2 genres), certain nombre d’études génétiques et morpho-
Rhodniini (2 genres) et Triatomini (8 genres). métriques (BARGuES et al., 2010), mais elle reste
Les trois genres épidémiologiquement les plus utilisée pour des raisons pratiques d’opérations
importants se reconnaissent aisément par de contrôle ou de surveillance.
l’anatomie de la tête (cf. fig. 23.3). nous passons ici en revue et commentons les
Les subdivisions taxonomiques de cette sous- différentes tribus. notre classement en termes de
famille se basent sur le travail incontournable capacité vectorielle, quand il est mentionné, se
de LEnT et WyGoDZInSKy (1979). Depuis cette réfère à l’importance de l’adaptation de l’insecte
description, basée parfois sur seulement 5 spé- aux structures domestiques, étant entendu que
cimens, une plus grande variété de couleurs seuls les vecteurs dits « domestiques » sont les
et de tailles a conduit certains taxonomistes à vecteurs « importants », c’est-à-dire significatifs
de nouvelles descriptions. Ainsi, de nouvelles du point de vue de la santé publique. Les autres
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utilisée par l’Homme. C’est une espèce agressive un ensemble complexe. on distingue 8 genres :
pour l’Homme, mais elle se nourrit préférentiel- – Dipetalogaster usinger 1939 (1 espèce) ;
lement sur les lézards. En Colombie et au – Eratyrus Stål 1859 (2 espèces) ;
venezuela, R. neivai Lent 1953 est une espèce – Hermanlentia jurberg et Galvão 1997
qui se distingue par une coloration générale noire. (1 espèce) ;
Enfin, R. dalessandroi Carcavallo et Barreto 1976
– Linshcosteus Lointain 1904
en Colombie, R. paraensis Sherlock, Guitton et
(6 espèces asiatiques) ;
Miles 1977 au Brésil et en Guyane Française sont
des espèces rares. Décrites sur un petit nombre – Mepraia Mazza et al. 1940 (3 espèces) ;
d’individus, R. amazonicus Almeida, Santos et – Paratriatoma Barber 1938 (1 espèce) ;
Sposina 1973 en Guyane française, R. barretti – Panstrongylus Berg 1879 (> 13 espèces) ;
Abad-Franch, Palomeque et Monteiro 2013, – Triatoma Laporte 1832 (> 72 espèces).
R. milesi Carcavallo, Rocha, Galvao et Gurberg Tous, sauf Linshcosteus (et les Triatoma d’Asie),
2001, R. montenegrensis Rosa et al. 2012 et ont été trouvés infectés par T. cruzi dans la
R. zeledoni jurberg, Rocha et Galvao 2009 nature, mais seuls les deux derniers genres,
sont peu connues. Panstrongylus et Triatoma, contiennent des
vecteurs majeurs de T. cruzi.
Psammolestes Bergroth 1911
(3 espèces) Dipetalogaster Usinger 1939
Ce genre comprend trois espèces de taille (1 espèce)
moyenne (12-15 mm). Morphologiquement, il
La seule espèce, D. maxima (uhler 1894), vit au
se distingue du genre Rhodnius par un fémur
Mexique (Basse Californie). Elle est célèbre
aplati latéralement et une tête courte et plate, à
pour sa taille qui peut dépasser 4 cm chez les
l’opposé de la tête longue et cylindrique des
adultes : c’est de fait la plus grande espèce de
Rhodnius. Du point de vue physiologique, ce
Triatominae. Contrairement à la plupart des
genre se distingue aussi du genre Rhodnius
autres Triatominae, elle s’alimente en plein jour,
par la stratégie de reproduction : les œufs sont
préférentiellement sur des lézards. Mais elle
pondus par paquets et non individuellement
peut coloniser le milieu péridomestique.
comme chez Rhodnius. Les deux genres de la
tribu sont arboricoles. on observe une asso- Eratyrus Stål 1859
ciation stricte du genre Psammolestes avec les (2 espèces)
nids de Furnariidae et Psittacidae, contrairement
au comportement plus opportuniste du genre Les deux espèces de ce genre, E. cuspidatus Stål
Rhodnius. 1859 et E. mucronatus Stål 1859, sont sylvestres,
situées de part et d’autre de la Cordillère des
Malgré les caractéristiques morphologiques et Andes, et peuvent héberger T. cruzi. La première
biologiques qui ont conduit à leur classement est rencontrée en Amérique centrale, puis, plus
dans un genre distinct, les espèces de au sud, à l’ouest de la Cordillère des Andes. La
Psammolestes constituent une branche de la seconde est rencontrée à l’est de cette chaîne de
diversification évolutive du genre Rhodnius, montagnes. Toutes deux présentent des spicules
un point de vue qui pourrait conduire alors à défensifs sur le corps. Le genre Eratyrus est
considérer la tribu comme un genre. hématophage, mais les nymphes peuvent avoir
un comportement prédateur (BARRETT, 1991).
Tribu Triatomini Jeannel 1919 L’infection par T. cruzi est signalée, mais
(99 espèces) E. mucronatus peut être trouvée également
Alors que les quatre tribus précédentes semblent parasitée par des grégarines au Brésil (BARRETT,
être de simples groupes, dont certains pourraient 1991), de même qu’en Bolivie (T. Chavez, comm.
être monophylétiques, les Triatomini forment pers.). Comme la plupart des Triatominae
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sylvestres, ces espèces sont attirées par la lumière proche de M. spinolai, a été décrite sur la base de
et peuvent ainsi s’introduire dans les structures l’examen des chromosomes, de la morphologie
domestiques. E. mucronatus a même été captu- et de l’isolement reproductif en laboratoire. Plus
rée dans un environnement péridomestique, récemment, une troisième espèce a été décrite :
en Bolivie, où la présence de larves suggère M. parapatrica Frias-Laserre 2010. Dans ce
que cette espèce est capable de développer des genre, il faudrait peut-être associer deux autres
colonies intradomiciliaires (noIREAu et al., espèces auparavant classées dans le « groupe
1995). spinolai », même si elles n’en partagent pas les
caractéristiques alaires : T. breyeri Del Ponte
Hermanlentia Jurberg et Galvão 1997 1929 et T. eratyrusiformis Del Ponte 1929.
(1 espèce)
Auparavant classée dans le genre Triatoma, la
Paratriatoma Barber 1938
seule espèce connue, H. matsunoi jurberg et (1 espèce)
Galvão 1997, une espèce endémique du Pérou, Ce genre monospécifique vit dans une région
a été ensuite élevée au rang de nouveau genre, qui couvre le nord-ouest du Mexique et le sud-
monospécifique. ouest des États-unis. Il fait partie des quelques
Triatominae manifestant une nette préférence
Linshcosteus Distant 1904 d’hôte (en l’occurrence les rats du genre
(6 espèces) Neotoma). Sa piqûre peut provoquer des
Les six espèces de ce genre vivent en Inde, sous réactions d’hypersensibilité.
les pierres. Leur biologie est peu connue. Elles Panstrongylus 1879
hébergent Trypanosoma conorhini, un parasite (> 13 espèces)
également transmis par l’espèce pantropicale
Ce genre, sauf deux espèces sylvestres – P. lutzi
T. rubrofasciata, mais jamais décrit chez l’Homme.
(neiva et Pinto 1923) et P. diasi Pinto et Lent
La distribution géographique des Linshcosteus
1946 –, héberge T. cruzi en conditions natu-
et leurs particularités morphologiques exception-
relles. Il comprend 14 espèces, dont l’une,
nelles (rostrum anormalement court, absence
P. megistus (Burmeister 1835), est le vecteur
de sillon stridulatoire, abdomen très large) ont
identifié par C. Chagas lui-même.
conduit certains auteurs à suggérer un statut
tribal indépendant pour ce genre. Toutefois, Vecteurs importants
malgré le caractère spectaculaire de sa morpho- Panstrongylus megistus présente une impor-
logie et la localisation géographique excentrée tance historique autant qu’épidémiologique.
du genre, les séquences ADn explorées l’incluent C’était un vecteur abondant dans le centre du
dans le genre Triatoma et le rapprochent de Brésil avant d’être « déplacé » hors des maisons
l’espèce pantropicale T. rubrofasciata, suggérant par T. infestans, mais il est encore rencontré dans
un dérivé local, très spécial certes, des espèces un environnement domestique dans le nord du
asiatiques de Triatoma (HyPSA et al., 2002). Brésil. Trois autres espèces colonisent l’habitat
humain, au moins dans certaines régions, et
Mepraia Mazza et al. 1940 peuvent donc jouer un rôle significatif dans la
(3 espèces) transmission du parasite à l’Homme : P. chinai
Mepraia est un genre revalidé par LEnT et al. (Del Ponte 1929), P. herreri Wygodzinsky 1948
(1994) en se basant sur les caractéristiques et P. rufotuberculatus (Champion 1899).
des organes génitaux mâles. L’espèce Mepraia Panstrongylus chinai est limitée au Pérou et en
spinolai (Porter 1934) se démarque des autres Équateur, elle serait la forme « domestique »
Triatominae car toutes les femelles sont aptères. de P. howardi (neiva 1911), une espèce plus
Les mâles peuvent ou non avoir des ailes. une péridomestique localisée plus au nord, dans la
seconde espèce, M. gajardoi Frías et al. 1998, province de Manabi (Équateur).
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Panstrongylus herreri est une espèce péruvienne « groupes », Protracta et Rubrofasciata. Cette
qui colonise l’environnement domestique : il subdivision, sans prétention phylogénétique, est
s’agirait, quant à elle, de la forme « domestique » basée principalement sur un caractère de la
d’une espèce sylvestre répandue, P. lignarius larve du premier stade. Le groupe Protracta est
(Walker 1873). limité aux espèces du nord de l’Amérique, il
comprend une dizaine d’espèces réparties en deux
Candidats vecteurs
complexes (lecticularia et protracta). Le groupe
Panstrongylus howardi, localisée dans la pro- Rubrofasciata est très abondant, il contient
vince de Manabi (Équateur), peut être citée ici ; toutes les autres espèces d’Amérique du Sud,
quoique P. chinai, citée parmi les vecteurs d’Amérique centrale et d’Asie. Il est lui-même
importants, pourrait en représenter une popu- subdivisé en deux grands « sous-groupes »
lation géographique. (Infestans et Rubrofasciata) sur la base, cette fois-
Panstrongylus rufotuberculatus (Champion 1899), ci, d’un caractère de la larve du cinquième stade.
largement distribuée en Amérique du Sud, en Sans entrer dans les nombreuses subdivisions
Amérique centrale et au Mexique, a conquis le taxonomiques faites dans cette classification,
milieu péridomestique dans certaines régions nous allons garder plutôt l’idée de la séparation
de Bolivie et d’Équateur. du genre Triatoma selon les sous-continents
une autre espèce également largement répandue américains. En effet, la subdivision entre les
en Amérique du Sud et en Amérique centrale, espèces d’Amérique du nord et d’Amérique du
P. geniculatus (Latreille 1811), s’adapte à l’habitat Sud recouvre une réalité phylogénétique plu-
humain, en particulier au venezuela. C’est une sieurs fois confirmée par des études moléculaires.
espèce amazonienne très attirée par les lumières Àl’intérieur de cette classification biogéogra-
des maisons, même au centre de grandes villes phique, nous présenterons les espèces en fonction
comme Cayenne ou Saint-Laurent-du-Maroni de leur adaptation à l’habitat domestique, donc
(Guyane française). de leur importance vectorielle (voir plus bas).
Vecteurs potentiels Les espèces américaines de Triatoma
nous avons déjà cité P. lignarius. Parmi les Amérique du Nord
espèces sylvestres plus rarement attirées par les Il s’agit ici de la région du sud-ouest des
lumières, ou simplement plus rares, on compte États-unis. Beaucoup de Triatoma de cette
P. guentheri Berg 1879 en Argentine, au Paraguay région sont étroitement associés à des rongeurs,
et en Bolivie, P. humeralis (usinger 1939), située en particulier du genre Neotoma (en anglais
au Panama, P. tupynambai (Lent 1942) au Brésil packrats), d’autres se nourrissent aussi de
et en uruguay et P. lenti Galvão et Palma 1968 marsupiaux comme Didelphis marsupialis, de
au Brésil. une nouvelle espèce a été récemment petits mammifères comme le tatou, ou de
décrite en Guyane française à la frontière du chauves-souris. Ils peuvent héberger T. cruzi, et
Surinam, P. mitarakaensis Bérenger et Blanchet certaines espèces peuvent coloniser le domicile,
2007. De très récentes descriptions d’espèces ou le péridomicile.
demandent encore confirmation, comme P. mar- Les espèces associées spécifiquement aux rats
tinezorum Ayala 2009. Citons aussi une espèce ont une salive très irritante, comme Paratriatoma
décrite dans un morceau d’ambre : P. hispaniolae hirsuta, capable de provoquer des réactions
Poinar 2013. graves d’hypersensibilité (RyCKMAn, 1962). Ce
caractère irritant de la salive varie, et certaines
Triatoma Laporte 1832 espèces s’adaptent ainsi aux animaux domestiques
(> 72 espèces) et, moins efficacement cependant, à l’Homme.
C’est le genre le plus diversifié (72 - 81 espèces). Toutes représentent un danger de transmission
LEnT et WyGoDZInSKy (1979) ont proposé du parasite, ne fût-ce que parce qu’elles peuvent
une division du genre en deux principaux voler jusqu’à l’intérieur des maisons.
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Lent 1950, T. venosa Stål 1872, T. carrioni l’effet du transport passif de l’insecte par l’Homme
Larrousse 1926 et récemment T. boliviana lors des transhumances qui ont accompagné le
Martinez et al. 2007. Cet ensemble d’espèces développement économique du sous-continent,
s’étend du Pérou (Amérique du Sud) au au xIxe siècle (SCHoFIELD, 1988).
Costa Rica (Amérique centrale) et présente un
Vecteurs importants
aspect morphologique général assez typique.
on retrouve aussi cet aspect caractéristique Dans les sept pays qui constituent ce qu’on
chez une espèce située au nord des chaînes appelle, au sens large, le « Cône Sud », et si on y
montagneuses du venezuela, T. nigromaculata inclut le Pérou, on trouve donc T. infestans, le
(Stål 1872). Triatoma carrioni joue un rôle vecteur le plus important de T. cruzi. Cette
vecteur en Équateur. espèce est exclusivement domestique dans ces
pays, à l’exception de quelques foyers décrits en
Au nord de la forêt amazonienne : outre l’espèce
Bolivie, au Chili ou dans le Chaco argentin
T. nigromaculata, citée plus haut, on n’y trouve-
(CEBALLoS et al., 2011). C’est aussi dans cette
rait qu’une seule autre espèce du genre Triatoma,
région aride du Chaco, sur des terres couvrant
T. maculata (Erichson 1848). C’est une espèce
la Bolivie, le Paraguay et l’Argentine, que l’on
importante de par son extension territoriale :
trouve des variants mélaniques de T. infestans
Colombie, venezuela, Guyana, Surinam, Guyane
au comportement sylvestre (noIREAu et al.,
française et Brésil. Importante aussi car visitant
1997) et dont une espèce, synonymisée depuis,
les habitations, voire occupant le milieu péri-
s’appelait justement T. melanosoma (GuMIEL et
domestique, elle joue sans doute un rôle vectoriel
al., 2003).
dans certaines localités.
Signalons qu’il existe ici aussi une proximité Triatoma brasiliensis neiva 1911 est un autre
morphologique importante avec une espèce vecteur important, mais beaucoup plus localisé,
située au sud de la forêt amazonienne (voir dans le nord-Est brésilien. on lui décrit des
paragraphe suivant) : T. pseudomaculata (Brésil, sous-espèces (donc des populations allopa-
Bolivie). triques) comme T. b. brasiliensis neiva 1911,
T. b. macromelanosoma Galvão (1956), dont des
Enfin, remarquons qu’une troisième espèce de formes plus sylvestres comme T. b. melanica
Triatoma a été identifiée dans une localité neiva & Lent (1941) (CoSTA et al., 2003 ; 2009).
portuaire (venezuela) au nord de la forêt ama-
zonienne sans toutefois être confirmée : Candidats vecteurs
T. rubrofasciata De Geer 1874. Elle a aussi été Après T. infestans, l’espèce la plus répandue en
mentionnée il y a quelques dizaines d’années Amérique du Sud est sans aucun doute T. sordida
en Guyane française, dans le centre de Cayenne (Stål 1859). Elle occupe principalement des foyers
(FLoCH et ABonnEnC, 1942), sans être retrouvée sauvages mais colonise avec succès l’environne-
ensuite (BÉREnGER et al., 2009). ment péridomestique au Brésil et en Argentine,
Au sud de la forêt amazonienne : la plupart des et même l’habitat de l’Homme dans certaines
espèces de Triatoma d’Amérique du Sud occu- régions de l’est de la Bolivie (n oIREAu et al.,
pent un ou plusieurs des cinq pays suivant : le 1997). En dépit de son adaptation à l’habitat
Brésil, la Bolivie, le Paraguay, l’uruguay et humain, incomplète il est vrai car l’espèce est
l’Argentine. plus péridomestique que domestique, T. sordida
La distribution géographique de T. infestans n’est pas encore considérée comme un vecteur
(Klug 1834), le vecteur majeur de T. cruzi, couvre efficace de la maladie de Chagas. Par ailleurs,
tous ces pays avec en plus le Chili et le sud du elle recèle des espèces cryptiques (noIREAu et
Pérou. Dans le cas de ce vecteur majeur, proba- al., 1998).
blement natif de la Bolivie (DujARDIn et al., 1987 ; Triatoma guasayana Wygodzinsky & Abalos 1949
1998 b), cette distribution géographique serait est souvent associée à T. sordida en Argentine,
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Larousse 1924, T. cavernicola Else & Cheong de premier stade sont capables de prendre leur
1977, T. leopoldi (Schouteden 1933), T. migrans, premier repas de sang, jusqu’à 8-9 fois leur
T. pugasi Lent 1953 et T. sinica Hsaio 1965. propre poids, ce qui les transforme en « petite
Toutes ces espèces, morphologiquement proches boules » (fig. 23.4). La prise de nourriture (sang)
de T. rubrofasciata, sont rarement signalées et peu peut durer jusqu’à 20 minutes pour un adulte ou
connues. La morphométrie détaillée de la tête une larve de dernier stade. Si la quantité de sang
les rapproche des Triatoma typiques d’Amérique est suffisante, la mue est déclenchée (réflexe
du nord (DujARDIn et al., 2002). pariétal) ; si la quantité de sang est insuffisante,
la mue est retardée. on comprend ainsi qu’une
population domestique peut ralentir sa croissance
BIOLOGIE DES TRIATOMINAE
quand l’accès au sang est réduit. Par ailleurs, si
Les vecteurs principaux de l’agent de la maladie la quantité de sang est insuffisante, la défécation
de Chagas, à savoir les espèces de Triatominae peut ne pas avoir lieu sur la peau de l’hôte. De
dites « domestiques », ont fait l’objet de nombreux fait, la difficulté d’accès au sang se traduit par
travaux. Ce qui suit concerne donc surtout les une perte d’efficacité vectorielle. on verra que
espèces domestiques et péridomestiques les la croissance des populations et la capacité
mieux étudiées. Les espèces sylvestres, les plus vectorielle dépendent en effet de la densité des
abondantes, sont peu connues et, du fait de leur populations domestiques, car cette dernière
attraction pour l’habitat humain, méritent plus détermine la disponibilité en sang.
d’attention de la part des biologistes. En moyenne, la durée d’un cycle de l’œuf à
l’adulte peut aller de quelques mois (R. prolixus)
Développement et métamorphose à une ou deux années (T. dimidiata, P. megistus,
Le cycle des Triatominae est hémimétabole et D. maxima). Bien entendu, des paramètres
exoptérigote. Il comprend l’œuf, cinq stades extérieurs – comme la température – influencent
larvaires et l’imago. Les œufs sont operculés, aussi la durée du cycle. La durée de vie d’un adulte
blancs au moment de la ponte, pour devenir d’un peut excéder 2 ans.
rose foncé à mesure que se développe l’embryon.
L’éclosion a lieu en moyenne 10 à 40 jours après Accouplement, ponte
la ponte. Deux à trois jours plus tard, les larves La copulation chez les punaises américaines
n’est pas une copulation traumatique. Elle se
fait en position dorso-latérale du mâle sur la
femelle, et dure 5 à 15 minutes. Les œufs sont
pondus individuellement 10-30 jours plus tard,
de manière plus ou moins continue durant toute
la vie de la femelle, en particulier dans les
espèces rencontrées dans les terriers ou sous
les pierres. Dans la tribu Rhodniini, tribu arbo-
ricole, les œufs peuvent être placés en série
(Rhodnius) ou en paquets (Psammolestes arthuri)
et, propriété importante pour la dispersion
passive, ils adhèrent au substrat. En fonction de
Figure 23.4 – Triatoma infestans, le vecteur la densité de la population, une femelle de
le plus important de la maladie de Chagas. T. infestans dépose une centaine ou plusieurs
Extension abdominale d’une larve de dernier stade centaines d’œufs dans sa vie. En effet, la fertilité
après le repas, possible grâce au connexivum. des triatomes est densité-dépendante : une seule
Le volume de sang peut approcher un demi-millilitre.
L’extension pariétale déclenche la mue. femelle dans un récipient fait beaucoup plus
© M. Gumiel d’œufs que plusieurs femelles ensemble, à apport
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de sang constant. En fait, comme nous le verrons l’espèce pantropicale T. rubrofasciata est presque
plus loin, la quantité de sang disponible et la systématiquement associée aux rats domestiques.
fertilité sont directement liées. Des observations citent cependant son associa-
tion aux poules et, dans certaines régions (Brésil,
Hématophagie vietnam, Philippines, Inde), son intérêt pour
C’est souvent l’hématophagie stricte qui est avan- l’Homme.
cée comme caractère distinctif des Triatominae
parmi les Reduviidae. Chez la plupart des espèces, Habitat
tous les stades et les deux sexes se nourrissent de En général, l’habitat d’un Triatominae présente
sang de vertébrés. Certaines espèces cependant, les caractéristiques suivantes : une certaine
et cela dans différents genres (Belminus, Eratyrus, stabilité dans le temps, une certaine protection
ou Triatoma), montrent moins de dépendance à vis-à-vis du climat extérieur (et vis-à-vis des
cette source de nourriture et peuvent se nourrir prédateurs) et un accès facile à l’approvisionne-
de l’hémolymphe d’autres insectes (blattes). Ces ment en sang. Dans la plupart des cas, pour les
comportements rappellent l’origine probable espèces arboricoles, il s’agit de nids d’oiseaux,
des Triatominae parmi les Reduviidae préda- de troncs d’arbres creux (chauves-souris), de
teurs. Parmi les Reduviidae, les Triatominae ne plantes aux feuilles engainantes (broméliacées),
sont pas les seuls attirés par le sang des vertébrés. etc., alors que, pour d’autres espèces il s’agit de
on trouve des espèces capables d’hématophagie terriers de petits mammifères, d’abris sous les
aussi parmi les Emesiinae, les Harpactorinae, les pierres ou les rochers, etc. Là non plus, la spéci-
Peiratinae et les Reduviinae. Des formes inter- ficité n’est pas très stricte. Ce qui semble le plus
médiaires d’hématophagie existent, comme la important, c’est la disponibilité de sang, donc
cleptohaematophagie (comportement des petites la permanence de l’hôte. À ce titre, l’habitat
larves qui piquent l’abdomen de leurs congé- de l’Homme est idéal : il offre : 1) la stabilité,
nères adultes pour s’alimenter du sang qu’il 2) la protection vis-à-vis des prédateurs et
contient), qui rappelle encore l’origine évolutive 3) l’abondance et la permanence de l’approvi-
supposée des Triatominae puisqu’il s’agit d’un sionnement en sang. Chaque être humain adulte
comportement à la limite de la prédation. possède 5 litres de sang et occupe sa maison
néanmoins, l’hématophagie des Triatominae, souvent pendant des années.
si elle n’est pas tout à fait stricte, ni tout à fait À l’intérieur de la maison, le triatome recherche
exclusive parmi les Reduviidae, est un caractère un contact étroit avec un support (thygmotro-
majeur de leur biologie, et le moteur de leur pisme) : il se réfugie ainsi dans les anfractuosités
comportement. Dans la nature (BREnIèRE et al., les plus profondes des murs, ou entre les cou-
2004) ou en laboratoire, tous les animaux à sang vertures du lit, entre le sommier et le matelas,
chaud semblent appropriés, mais, en insectarium, etc. Dans son antre, l’insecte ne bouge pas au
le sang d’oiseau (pigeon et poule) est préférable cours de la journée (ataxie). Il se déplace la nuit
puisque les oiseaux sont réfractaires au trypano- pour se nourrir. Dans certains cas, il se nourrit
some. Il y a peu ou pas du tout de spécificité d’hôte. quand même le jour, mais dans un endroit
Les quelques exceptions sont observées chez les obscur de la maison (obs. pers.).
espèces du genre Psammolestes (Rhodniini),
chez T. platensis et T. delpontei, toutes associées
Insectes sylvestres, domestiques
à certaines espèces d’oiseaux. La spécificité d’hôte
est aussi observée en association avec des ron- et péridomestiques
geurs dans le genre Paratriatoma, chez certains La plupart des Triatominae peuvent héberger la
Triatoma de l’Amérique du nord ou d’Asie. une totalité de la phase extrinsèque du parasite
préférence d’hôte est encore observée dans la (T. cruzi) dans la lumière intestinale. Tous
tribu Cavernicolini (Cavernicola pilosa). Enfin, peuvent donc être des vecteurs. Le facteur qui
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incapables de rivaliser par la course avec les en dehors des pluies. L’insecte est stimulé par la
prédateurs à l’affût. une population domestique, recherche de nourriture. Des captures réalisées
qui se trouve donc dans un milieu à peu près au piège lumineux en Guyane française ont
dépourvu de prédateurs, ne présente plus ce obtenu en une dizaine d’années deux fois plus de
comportement : une fois surpris dans son antre, mâles que de femelles, suggérant une aptitude au
l’insecte se déplace immédiatement, presque vol supérieure chez les mâles ou, peut-être aussi,
tranquillement, vers une autre cache (obs. pers.). un stimulus sexuel chez les mâles (recherche du
À l’exception de quelques espèces (comme partenaire ?) (Peneau, comm. pers.).
Parabelminus yurupucu ou Microtriatoma trini- La distance de vol, au moins pour T. infestans
dadensis), les triatomes semblent donc incapables (fig. 23.7), est de l’ordre de quelques centaines
de prendre leur envol en réponse immédiate à de mètres à quelques kilomètres (LEHAnE et
une situation de stress : le vol est le résultat d’une SCHoFIELD, 1981 ; 1982).
préparation physiologique, souvent une réponse
aux difficultés d’alimentation quand la densité La dispersion passive
de population est trop grande par rapport au La dispersion passive semble être l’explication
nombre d’hôtes. des grandes conquêtes territoriales de certaines
L’orientation du vol serait complètement aléatoire espèces, conquêtes qui ont pu être suivies par
à son début, mais il semble qu’ensuite l’insecte les entomologistes de différents pays au fur et à
en vol puisse s’orienter et être ainsi attiré par une mesure de leur progression. Il semble que toutes
source de lumière ou par la chaleur résiduelle les espèces dites « domestiques » (T. infestans,
des matériaux (CATALá, 2011). Les lumières des R. prolixus, T. dimidiata, T. rubrofasciata) ont
habitations le soir semblent bien attirer certaines connu (ou connaissent encore) une expansion
espèces, et le vol semble plus fréquent au cours de territoriale passive avec l’Homme. C’est la consé-
la nuit, en particulier dans les périodes chaudes, quence logique de leur excellente adaptation à
l’Homme (DujARDIn, 1998). Il s’ensuit que les
territoires les plus périphériques de l’espèce
sont occupés par des populations incapables ou
difficilement capables de s’adapter à un autre
environnement que domestique. L’espèce pré-
sente une faible hétérogénéité génétique et ses
populations répondent de façon homogène aux
mêmes mesures de lutte, en particulier aux
mêmes insecticides. Ainsi, il a été observé que les
populations de R. prolixus en Amérique centrale
étaient moins variables génétiquement, et de taille
plus petite qu’en Amérique du Sud (DujARDIn
et al., 1998 a). L’hypothèse de l’invasion de
l’Amérique centrale par R. prolixus, une espèce
domestique, a d’abord été attribuée à un oiseau,
Mycteria americana, dans le plumage duquel les
œufs gluants de R. prolixus avaient été observés
Figure 23.7 – Triatoma infestans : (au venezuela). Cette hypothèse séduisante
complexité de l’appareil alaire de l’insecte, n’expliquait pas pourquoi en Amérique centrale
et déploiement du rostre dans l’acte de piquer. R. prolixus, qui aurait été ainsi transporté par
Dans les vieilles colonies de laboratoire, les ailes un oiseau sauvage, était une espèce exclusive-
peuvent être présentes alors que les muscles alaires
ont à peu près disparu. ment domestique sans foyer sylvestre connu.
© M. Gumiel L’hypothèse d’un transport passif par l’Homme
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a été plus convaincante car soutenue aussi par de démoustication. En revanche, les Triatominae
des arguments historiques (ZELEDon, 1996 ; comme T. infestans ont besoin de 180 à 220 jours
DujARDIn et al., 1998 a). La dispersion passive pour compléter une génération, au cours de
est aussi décrite chez les espèces sylvestres, en laquelle le nombre d’individus n’augmentera
particulier celles dont les œufs adhèrent au que de 10 à 30 fois dans le meilleur des cas. un
substrat. moustique femelle peut théoriquement générer
une famille d’un milliard d’individus en un an,
La dynamique des populations tandis que, dans le même temps, une femelle
Les expériences de laboratoire ont montré que T. infestans ne produira pas 1 000 descendants.
les populations de T. infestans avaient le pouvoir En général, les stratèges « r » sont plutôt petits,
de croître d’un facteur 25 d’une génération à car une même biomasse comprendra plus
l’autre. Pourtant, dans les conditions extérieures, d’individus. Mauvais compétiteurs, ils peuvent
les populations naturelles de ce vecteur ont une être rapidement déplacés par une espèce mieux
taille à peu près constante. Des études menées au adaptée. Face aux prédateurs, ils n’opposent que
Brésil entre 1976 et 1978 sur des maisons infes- des taux élevés de fécondité, un degré élevé de
tées ont montré que, en moyenne, il n’y avait pas synchronisation et une grande mobilité. En
de changement de la densité des populations revanche, les stratèges « K » investissent dans de
d’une année à l’autre, même si on intervenait nombreux mécanismes de défense (grande
pour améliorer l’état des murs ou des plafonds taille, épines, spicules, vibrations, production
dans la moitié de la maison. En fait, de très d’acide, etc.). En cas de perturbation du milieu,
nombreuses études de laboratoire et de terrain lors de campagnes de lutte par exemple, les
ont montré qu’une espèce domestique comme stratèges « K » augmentent temporairement leur
T. infestans maintenait ses populations de façon fécondité et réduisent le temps de maturation
stable dans le temps. Mise en équation, la crois- des stades juvéniles.
sance de la population s’approchait ainsi du type
« K », plutôt que « r », terminologie née des Il a été démontré de diverses façons que le facteur
symboles utilisés dans l’équation de croissance principal limitant la taille des populations (un
(DujARDIn et al., 2002 ; DujARDIn et SCHoFIELD, niveau « K ») est la quantité de sang disponible.
2004). Les populations naturelles sont régulées par la
disponibilité en sang. La température externe,
Dans un environnement donné, tandis que les
ou d’autres facteurs climatiques, l’activité de
stratèges « r » recherchent une exploitation
prédateur ou l’existence de parasites jouent un
maximale des ressources disponibles, les
rôle secondaire. Même la dispersion active, un
stratèges « K » en recherchent l’exploitation
facteur évident de régulation des populations,
optimale, celle qui permet l’utilisation durable
est déterminée par l’accès au sang. En effet, ce
des ressources. Par définition, les stratèges « r »
sont les insectes n’ayant pas pu se nourrir qui
se caractérisent par un taux de natalité élevé
finiront par s’exiler du milieu devenu pour eux
et un temps de génération court, tandis que
inhospitalier. Les triatomes capturés en vol par
c’est l’inverse pour les stratèges « K », qui par
les pièges lumineux sont des insectes à jeun
ailleurs ont une capacité de dispersion moindre.
(noIREAu et DujARDIn, 2001). Ainsi, un autre
Des stratèges « r » typiques sont par exemple
facteur de régulation de la densité de la popula-
les moustiques. Anopheles gambiae ou Culex
tion, la dispersion, dépend également de facteurs
quinquefasciatus peuvent multiplier la taille de
nutritionnels.
leurs populations par 60 ou 70 en une seule
génération (de 30 à 45 jours). Leurs populations L’accès au sang n’est pas gagné simplement parce
sont donc en mesure de se restaurer rapidement, que le triatome introduit ses pièces buccales dans
même après une mortalité catastrophique causée l’épiderme. Chaque prise de sang signifie en effet
par un événement naturel ou par un programme que l’insecte injecte de sa salive dans l’épiderme.
515
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Il a été montré que des réactions allergiques mais se comporte plutôt comme un réservoir en
locales de la peau avaient pour effet de repous- Argentine (GüRTLER et al., 1991).
ser l’insecte avant qu’il ne puisse s’alimenter. Beaucoup moins important, T. rangeli, un trypa-
L’irritation de l’hôte dépend de deux facteurs : nosome infectant lui aussi une large gamme de
1) la taille des pièces buccales (une plus grande mammifères en Amérique centrale et du Sud, est
taille augmente la probabilité de contact avec transmis par la salive de l’insecte. non pathogène
des terminaisons nerveuses) ; 2) la composition pour l’Homme, le parasite est fréquent dans le
de la salive. En fait, les pièces buccales en action genre Rhodnius.
dans la prise de sang sont très fines, leur ouver-
ture est de 10 microns, ce qui autorise le passage jamais signalé chez l’Homme, T. conorhini est
d’un seul globule rouge à la fois. Cela implique fréquemment identifié dans les populations
que, en l’absence d’anticoagulants puissants, ce asiatiques de T. rubrofasciata. D’autres parasites
canal serait vite bloqué. Il faut des anticoagulants de Triatominae sont parfois observés, qui sont
puissants, et aussi peu allergènes que possible des parasites d’insectes tels que des Blastocritidia
(DujARDIn et al., 2002). Tous les Triatominae et des grégarines.
ne sont pas égaux à cet égard. Ainsi, la densité
maximum de triatomes supportés par un hôte
Mécanisme de transmission
dans un environnement donné (la valeur de de T. cruzi
« K ») dépend de l’espèce de triatome impliquée. Ce trypanosome est dit postérograde (le mot
latin « stercoraria » est utilisé par les anglo-
phones) : le vecteur transmet le parasite dans ses
LES PARASITES TRANSMIS déjections. En effet, T. cruzi se développe dans
Les Triatominae transmettent divers parasites la lumière intestinale de l’insecte. Le repas de
à l’animal et à l’Homme. Le plus important, sang d’un triatome refoule le contenu intestinal
Trypanosoma cruzi, l’agent causal de la maladie vers le rectum et stimule la défécation. Comme
de Chagas, est transmis non pas par la piqûre ce repas dure de longues minutes, la défécation
de l’insecte, mais par ses déjections en contact survient alors que le triatome est encore dans
avec la peau de l’hôte. Il s’agit d’un stercoraria, l’acte de piquer, et les déjections tombent sur la
par opposition au salivaria comme T. rangeli peau de l’hôte. Le parasite présent dans ces
(cf. infra). déjections pénètre alors activement la peau de
l’hôte, à la faveur d’abrasions dues au grattage,
Trypanosoma cruzi a été rapporté dans l’ensemble
ou de lésions, dont celle de la piqûre. Il traverse
des mammifères d’Amérique du nord et du Sud,
cependant facilement les muqueuses (bouche,
mais pas chez les amphibiens et les oiseaux. Ces
conjonctive, etc.).
derniers sont réfractaires à ce parasite mais
peuvent être des hôtes nourriciers de triatomes. Ce mécanisme de transmission semble peu
Les espèces qui servent de réservoir au parasite efficace, mais il est compensé par un taux
sont très nombreuses (150 espèces dans 7 ordres d’infection souvent élevé. Chez T. infestans, le
différents de mammifères), mais d’autres espèces taux d’infection par T. cruzi dépasse volontiers
animales ne constituent pas un réservoir : à les 40 % dans de nombreuses populations.
l’instar de l’Homme, elles sont victimes de T. cruzi
et peuvent en mourir de façon brutale. Il est Parasitose humaine
difficile cependant d’établir des règles dans le cas Après quelques jours de reproduction dans les
d’une parasitose dont l’agent causal présente une cellules du système réticulo-endothélial du
très grande variabilité génétique (T IBAyREnC derme, le parasite détruit les macrophages qui
et al., 1986). Le chien, par exemple, paie un l’emprisonnent, passe dans la circulation san-
lourd tribut à la maladie de Chagas au venezuela guine (trypomastigotes) et envahit les cellules
et en Guyane française (C. Aznar, comm. pers.), de l’organisme, en particulier les cellules du
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muscle cardiaque et les cellules musculaires 5 mg/kg/jour chez les adultes et 5-10 mg/kg/jour
lisses du tractus digestif. pour les enfants âgés de plus de deux mois. La
Les lésions typiques de la maladie de Chagas nouveauté de ce schéma est venue d’études lon-
touchent principalement ces organes. Leur aspect gitudinales montrant des résultats favorables
est celui de dilatations (dilatation ventriculaire), chez l’enfant en phase chronique ou indéter-
de mégaorganes (mégaœsophage, mégacôlon), minée (SoSA et al., 1998). Cette découverte
d’anévrismes (anévrisme de la pointe du cœur), importante permet d’accompagner les mesures
avec les dysfonctionnements qu’on peut aisément de lutte antivectorielle par le traitement médi-
imaginer tels que la décompensation cardiaque, camenteux des enfants de moins de 14 ans
les arythmies cardiaques, la mort subite par (DujARDIn et al., 2002).
fibrillation ventriculaire, l’occlusion intestinale,
la constipation chronique, le volvulus, etc. Ce sont LUTTE ANTIVECTORIELLE
des lésions qui se développent progressivement
en dix à vingt ans. En l’absence de traitement de masse efficace, de
vaccin ou de prophylaxie médicamenteuse, la
on a montré que le tropisme du parasite vers les
lutte contre la maladie de Chagas est centrée sur
tissus musculaires d’organes creux perturbe
l’interruption de la transmission à l’Homme du
l’activité autonome de ces organes, car il conduit
parasite soit par la transfusion de sang (surveil-
à la destruction des ganglions nerveux intrapa-
lance des banques de sang), soit par transmission
riétaux ; ainsi, la maladie de Chagas a pu être
vectorielle. Cette dernière étant responsable de
assimilée à une neuropathie. Mais il est généra-
plus de 80 % des cas humains, la lutte contre la
lement admis aussi que la réponse immunitaire
maladie de Chagas est assimilée le plus souvent
du patient joue un rôle important. une troisième
à la lutte contre les vecteurs de T. cruzi. Des
cause, plus mécanique, à l’origine possible de
modes de transmission moins fréquents existent
certaines lésions pourrait être la formation de
cependant, comme la transmission congénitale,
tissu cicatriciel post-inflammatoire susceptible
la transmission orale (accidentelle) ou, plus
de modifier progressivement l’oxygénation des
rarement, l’accident de laboratoire. La prise en
tissus musculaires.
compte de ces mécanismes de transmission ne
Traitement rentre pas dans le cadre de la lutte antivectorielle
proprement dite.
de la maladie de Chagas
Les médicaments antiparasitaires ayant des L’amélioration de l’habitat est une option
effets directs sur les formes sanguines de T. cruzi coûteuse mais souvent citée pour lutter contre
ont été identifiés depuis 1960. Parmi eux on la présence de colonies intradomiciliaires de
citera le nifurtimox (Bayer) et le benznidazole triatomes. Elle a fait l’objet d’essais, parfois à
(Roche). Les premiers essais cliniques ont été grande échelle (venezuela). Elle n’est plus rete-
développés après 1970. Classiquement, l’effet nue comme justificatif d’une lutte contre les
thérapeutique est meilleur si le médicament est vecteurs de T. cruzi, en partie pour des raisons
administré dans la phase aiguë, c’est-à-dire liées à la biologie de ces vecteurs, comme nous
approximativement dans le mois qui suit l’in- l’expliquons plus bas. Par ailleurs, étant donné
fection, parce que le parasite est alors libre dans l’abondance du réservoir animal de T. cruzi,
le sang. Dans la phase chronique, c’est-à-dire l’option théorique d’une stérilisation du réser-
pendant toute la vie de la personne infectée, le voir n’est pas envisagée.
taux de réussite, tel que vérifié par le xénodia- Dans la mesure où la résistance aux insecticides
gnostic et la sérologie, est presque nul parce n’a jamais été qu’anecdotique, quoique observée
que le parasite est intracellulaire. Actuelle- ces dernières années en Bolivie (L ARDEux et al.,
ment, seulement le benznidazole est disponible 2010 ; GoMEZ et al., 2014), le schéma d’interven-
sous le nom de Rochagan. La posologie est de tion contre les vecteurs principaux (R. prolixus
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et T. infestans) est d’une grande simplicité. Il est espèces ont été examinées sur ce point dans le
basé sur une seule phase d’attaque (pulvérisation but de comparer leur dangerosité, en montrant
d’insecticides intra- et péridomiciliaires, le plus par exemple que les espèces nord-américaines
souvent des pyréthrinoïdes comme la deltamé- étaient les moins dangereuses. Toutefois, ces
thrine), suivie d’une phase de consolidation comparaisons ont perdu de leur valeur quand on
(dans les quelques cas de réinfestations), puis de s’est aperçu que ce délai dépend aussi, et surtout,
surveillance entomologique. de la densité des populations, et, comme nous
venons de le voir, cette densité dépend de la
La biologie des Triatominae a servi de base à ce quantité de sang disponible.
schéma, ce qui mérite ici quelques explications.
En effet, la disponibilité et la quantité de sang quand la densité de la population domestique
non seulement régissent la régulation des popu- est faible, chaque insecte peut prendre le temps
lations domestiques de triatomes, mais elles de se nourrir complètement, et donc de déposer
interviennent directement aussi dans le choix ses déjections sur la peau de l’hôte. quand cette
des stratégies de lutte. on a vu que le facteur densité augmente, non seulement les insectes
déterminant de la capacité vectorielle d’un tria- entrent en compétition pour la surface de peau
tome est son adaptation à l’habitat, et toute disponible, mais aussi l’hôte commence à réagir
stratégie de lutte doit d’abord combattre cette du fait de la quantité accrue de salive dans son
adaptation. Cela signifie, d’une part, l’élimina- épiderme. Il en résulte que des insectes ne se sont
tion des populations colonisant les structures pas nourris complètement, et n’ont donc proba-
humaines, dans les villages comme dans les villes, blement pas déféqué, que d’autres sont restés à
et, d’autre part, une surveillance entomologique jeun, de sorte que la probabilité de transmission
permanente face à la tendance domestique affi- a diminué. Ainsi, dans les conditions de fortes
chée par de très nombreuses espèces de la sous- densités, les bons vecteurs deviennent de mauvais
famille. Mais il y a un autre aspect de la biologie vecteurs. Dans les villages de Bolivie les plus
de ces grandes punaises hématophages qui a infestés, là où les maisons recelaient d’abondantes
été mis en avant dans les options stratégiques, colonies de triatomes, pourtant infectés pour la
et qui explique le choix d’un mot particulier à plupart, la moitié des habitants pouvait être
l’initiation des grandes campagnes internatio- indemne de l’infection (obs. pers.). Inversement,
nales de lutte : le mot « éradication ». Il faut bien on peut craindre que, dans des conditions de
entendu comprendre qu’il s’agit d’élimination très faible densité, un mauvais vecteur devienne
complète des seules populations domestiques, un bon vecteur. Ainsi, le risque de transmission
car il est illusoire de prétendre à l’éradication du fait d’un seul spécimen sylvestre qui pénètre
d’une espèce profitant de l’environnement une maison, attiré par ses lumières, est élevé.
humain. Comme on l’a dit, l’insecte qui vole est à jeun,
affamé, il prendra du sang dès que possible, et
Cet objectif, « éradication » plutôt que « réduc- sans compétition aucune, puisqu’il est seul, il
tion » des populations domestiques, est dû au prendra le temps d’un repas complet, le temps
caractère densité-dépendant du temps mesuré de déposer ses déjections avant de quitter l’hôte.
entre la prise de sang et la défécation. Ce délai a Par conséquent, une lutte antivectorielle qui
souvent été présenté comme le facteur le plus diminuerait l’abondance des triatomes domes-
important de la capacité vectorielle. on comprend tiques pourrait avoir pour effet d’augmenter le
en effet que si l’insecte dépose ses déjections risque de transmission à chaque prise de sang.
après avoir quitté son hôte pour rejoindre ses Pour cette raison, la seule amélioration de
refuges, le risque de transmission est nul. un l’habitat, même si elle est toujours souhaitable,
repas de sang complet peut durer une vingtaine n’est pas une mesure suffisante ; elle est par ail-
de minutes, et l’excrétion peut en effet démarrer leurs trop coûteuse pour de grands programmes
très vite, ou plus tard, ou « trop » tard. Ainsi, les internationaux (GoRLA et al., 2010). L’objectif de
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la lutte antivectorielle dirigée contre les vecteurs sanguine et celui de la transmission vectorielle.
de l’agent de la maladie de Chagas n’est pas de Le risque représenté par la transfusion sanguine
réduire la présence de vecteurs dans les maisons, fait l’objet de réglementations concernant l’im-
l’objectif est de les éliminer (« éradiquer ») des migration en provenance de régions d’endémie
habitations. chagasiques (surveillance des donneurs de sang,
etc.). La possibilité d’une transmission vectorielle
Les grandes campagnes de lutte antivectorielle
en dehors du nouveau Monde est peu probable,
ont suivi ce principe. Du fait des bénéfices éco-
mais elle est théoriquement envisageable si l’on
nomiques attendus, elles ont été financées par
imagine un transport passif, intercontinental,
les pays de la région d’endémie, unis dans un
d’un vecteur adapté à l’Homme. Cette éventualité
même effort ; elles ont eu pour nom « L’initiative
est prise en compte depuis peu à la suite de la
Cône Sud », contre T. infestans (SCHoFIELD et
découverte en Asie d’une domiciliation de
DIAS, 1998), puis « L’initiative andine », contre
T. rubrofasciata sur de grands territoires, dans
R. prolixus, et enfin « L’initiative Amérique
les zones urbaines et dans les campagnes
centrale » (financée aussi par la coopération
(TRuonG xuAn et DujARDIn, 2013).
japonaise), également contre R. prolixus. Elles
ont été efficaces, réduisant la prévalence de la
maladie de deux tiers sur tout le continent amé- RÉFÉRENCES
ricain, et sont relayées aujourd’hui par la mise en Abad-Franch, F., Monteiro, F.A., jaramillo-o, n.,
place de réseaux de surveillance entomologique Gurgel-Gonçalves, R., Dias, F.B., Diotaiuti, L., 2009.
(GoRLA et al., 2010). Ecology, evolution, and the long-term surveillance of
vector-borne Chagas disease: a multi-scale appraisal
Cependant, des campagnes plus localisées restent
of the tribe Rhodniini (Triatominae). Acta Tropica,
nécessaires. Il faut penser en effet à développer 110 (2-3) : 159-177.
des stratégies plus adaptées au cas des espèces
Aznar, C., La Ruche, G., Laventure, S., Carme, B.,
(ou populations) domiciliées qui gardent loca-
Liegeard, P., Hontebeyrie, 2004. Seroprevalence of
lement un contact permanent avec leurs foyers Trypanosoma cruzi Infection in French Guiana.
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en sont de bons exemples. Il faut enfin prendre Bargues, M.D., Schofield, C., Dujardin, j.P., 2010. The
en considération de nouveaux scénarios épi- phylogeny and classification of the Triatominae. In
démiologiques de la transmission vectorielle Telleria, j.,Tibayrenc, M., Eds : American Trypanoso-
dans les régions nouvellement colonisées par miasis: Chagas disease. One hundred years of research :
l’Homme. Par exemple, dans la région amazo- 117-148.
nienne, des espèces sylvestres natives visitent Barrett, T.v., 1991. Advances in triatomine bug
sporadiquement les structures domestiques qui ecology in relation to Chagas disease. Advances in
se construisent. Si ces espèces sont infectées, Disease Vector Research, 8 (6) : 142-176.
elles peuvent transmettre le parasite soit lors Bérenger, j.M., Pluot-Sigwalt, D., Pagès, F., Blanchet,
d’un repas de sang, soit en souillant de leurs D., Aznar, C., 2009. The triatominae species of
déjections la nourriture ou les boissons. Il s’agit French Guiana (Heteroptera: Reduviidae). Memorias
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et subtropicales du monde, et non seulement patterns of Triatoma longipennis usinger (Hemiptera,
dans le nouveau Monde, le danger existe d’une Reduviidae) in peridomestic habitats of a rural com-
introduction de la trypanosomose américaine. munity in jalisco State, Mexico. Journal of Medical
Il existe à deux niveaux, celui de la transfusion Entomology, 41 (6) : 1015-1020.
519
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C HAPITRE 24
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aux dépens de l’organisme. Dans ce dernier cas, Couverte de dents rétroversées, cette expansion
les acariens responsables présentent encore une de l’hypostome contribue à la fixation de l’acarien
large variété dans l’intimité de la relation à la lors du repas sanguin. Les chélicères se terminent
victime : certains sont des ecto- ou des endopa- chez la plupart des acariens par des pinces
rasites, d’autres encore des microprédateurs (chelae). Elles sont constituées de trois segments :
(voir infra). un segment basal, un segment dont la portion
Les pathologies dont sont responsables les acariens distale forme le doigt fixe de la pince, et un
touchent l’Homme et à peu près tous les groupes segment plus petit, articulé sur la portion distale
d’animaux élevés par l’Homme (mammifères, du second segment, formant le doigt mobile
oiseaux, reptiles, abeilles), hormis les poissons. (fig. 24.1 a). Ces pièces ont une morphologie qui
D’une manière générale, si l’on exclut les patho- varie beaucoup d’un groupe à l’autre, notamment
logies induites par les agents que peuvent trans- chez les acariens hématophages : par exemple,
mettre certains acariens, le siège des dommages dans le genre Dermanyssus, le second segment
directs ou indirects est principalement la peau est fortement allongé, aminci (fig. 24.1 b) et
et les voies respiratoires, ainsi que le conduit prend une section en croissant, ce qui permet
auditif. Signalons enfin que, chez l’Homme, les aux deux éléments symétriques de s’associer
acariens parasites font partie des principaux pour former un tube à travers lequel le sang est
agents imaginés dans les cas d’illusion d’ectopa- aspiré, le troisième segment s’avérant atrophié
rasitose ou syndrome d’Ekbom (cf. chap. 2). (fig. 24.1 c) ; chez les tiques, les chélicères sont
fortement modifiées, l’apex portant plusieurs
éléments vulnérants qui lui permettent de
MORPHOLOGIE dilacérer l’épiderme de l’hôte (fig. 24.1 c). Les
Contrairement à la structure de la plupart des pédipalpes (fig. 24.2) sont essentiellement des
arthropodes, aux insectes en particulier (tête, organes sensoriels, quoique chez certaines
thorax, abdomen), mais aussi à de nombreux espèces ils puissent participer à la capture des
autres arachnides (céphalothorax, abdomen des proies ; ils ont en général une segmentation bien
araignées et scorpions), la métamérie est indis- visible, souvent similaire à celle des pattes (dont
tincte chez les acariens ; il convient donc d’éviter ils dérivent).
ici les termes suivants : tête, thorax, céphalothorax, L’idiosome porte dorsalement une plaque (ou
abdomen. Les ensembles reconnus dans le corps scutum), dont la taille et la forme varient très
d’un acarien typique sont, d’une part, vers l’avant, largement, éventuellement scindée en 2 portions
le gnathosome (ou capitulum des tiques), qui ou davantage. ventralement s’insèrent les pattes :
porte les pièces buccales, d’autre part, l’idiosome, 3 paires chez les larves et 4 paires chez les
dont la région antérieure, où s’insèrent les pattes, nymphes et les adultes. Le schéma de base des
est désignée par le terme de podosome, et la pattes d’acariens comporte 6 articles (coxa, tro-
région postérieure par celui d’opisthosome. chanter, fémur, genou, tibia et tarse), mais leur
Le gnathosome est constitué de la bouche nombre peut être réduit par fusion, ou augmenté
(aboutissement du tube gnathosomal) et porte par la division des tarses en plusieurs articles.
deux appendices buccaux pairs, les chélicères et Les coxae s’articulent sur le tégument de l’idio-
les pédipalpes. Le tube gnathosomal est encadré some (Parasitiformes) ou sont fusionnées avec
au-dessus par l’épistome, latéralement par les le tégument de la région ventrale du podosome
coxae (hanches) élargies des pédipalpes, et au- (Acariformes), et associées ou non à des pla-
dessous par le subcapitulum, formé par l’extension quettes sclérifiées allongées, nommées épimères
et la coalescence des portions ventrales desdites (apodèmes coxaux antérieurs des Astigmates).
coxae. Le subcapitulum comprend une pièce ventralement encore, chez la femelle adulte,
impaire nommée hypostome, qui produit une s’ouvrent l’ovipore, entre les coxae des pattes 2
expansion antérieure chez les tiques (Ixodida). à 4, et l’orifice anal, plus postérieur. Les stigmates,
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per
a
ped
b
Article I (base)
Article II (dont l’apex forme le doigt fixe de la pince)
Article III des chélicères (= doigt mobile)
c
20 µm tr tr
hyp
hyp
ped
ped
ped
ped
20 µm
ouvertures du système respiratoire, sont plus ou possèdent des stigmates localisés légèrement
moins visibles, en position latérale générale- au-dessus de l’intervalle entre les coxae 3 et 4,
ment, et leur position relative le long du corps en position médiane par rapport à l’idiosome,
a servi de base aux premières classifications et tandis que les Astigmates possèdent des stig-
a laissé des traces dans les éléments de la mates très difficilement visibles (d’où le préfixe
nomenclature : notamment, les Mésostigmates a- privatif).
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pa
pe
pe
pa
a b pe : pédipalpes
pa : patte I
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Tableau 24.1 – Principales familles d’acariens non tiques contenant des espèces d’importance médicale
et vétérinaire.
Familles comportant Principaux groupes Habitudes des espèces
des espèces d’importance d’organismes affectés d’importance médicale/vétérinaire
médicale et/ou vétérinaire et relation à l’organisme affecté
DERMAnySSIDAE oiseaux et rongeurs microprédateurs et ectoparasites
SuPER-oRDRE PARASITIFoRMES
hématophages
oRDRE MESoSTIGMATA
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ac
per
st
per per
st
a 10 µm b 2 µm c
st : stigmate
per : péritrème
ac : acidules (petits éléments tapissant l’intérieur du péritrème)
an
ep
gen
a b
ep : épimères
gen : orifice génital
an : orifice anal
Figure 24.4 – Face ventrale de Sarcoptiformes (Acariformes).
a) Acarus siro L, 1758 (Astigmate). noter la disposition des pattes en deux groupes distincts (I+II en avant,
III+Iv en arrière) et la présence d’épimères (apodèmes de muscles des coxae formant de minces plaquettes
sclérifiées).
© Museum of Zoology, university of Michigan/B. M. oconnor
b) oribates. noter la présence de plaques sclérifiées bien visibles de chaque côté des orifices anal et génital
(femelle adulte).
© université Claude-Bernard Lyon 1/B. Kaufmann
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Encadré 24.1 – Clé simplifiée des principaux ordres d’acariens d’importance médicale
et vétérinaire (caractères imaginaux).
1. Hypostome* formant une excroissance antérieure recouverte de plusieurs rangées de dents nettes,
dirigées vers l’arrière. Stigmate situé en arrière de la coxa de la 4e paire de pattes, entouré d’une
plaque péritrématale plus ou moins ronde. Présence d’un organe de Haller sur le tarse de la patte 1.
Taille supérieure à 5 mm au stade adulte. .......................................................... IXODIDA ou TIQUES
Hypostome lisse, ne formant pas de “rostre” denticulé, ou absent. Stigmates soit situés entre la 3e et
la 4e coxa et prolongé vers l’avant par un péritrème** en tube fendu (fig. 24.3), soit situés ailleurs et
peu visibles. Taille variant de 0,2 à 2 mm, parfois moins ..................................................................... 2
2. Hypostome lisse, bien visible (fig. 24.4), porteur à sa base d’un tristosternum***, pédipalpes bien
développés. Stigmates situés entre les pattes 3 et 4 et associés à un péritrème** dirigé vers l’avant
(sauf chez les formes parasites des voies respiratoires). En général, présence de plaques dorsales et
éventuellement ventrales sclérifiées. Cylindres formés par les coxae bien dessinés, articulés sur le
tégument du podosome .................................................................... MÉSOSTIGMATES ou GAMASES
Hypostome absent (partie antérieure du subcapitulum ne formant pas un plancher bien net),
tristosternum absent, chélicères généralement très courtes et massives. Pédipalpes souvent peu
développés. Stigmates peu ou non visibles. Tégument généralement peu sclérifié (sauf chez les
oribates). Coxae fusionnées avec la paroi du corps….......................................................................... 3
3. Chélicères se terminant rarement en pince, le plus souvent avec un doigt fixe régressé et un doigt
mobile de forme diverse (crochet, dague, stylet…). ............................................TROMBIDIfORMES
(anciennement PROSTIGMATES)
Chélicères courtes et larges se terminant en pinces fortes, mais souvent difficiles à discerner en
microscopie optique (imbriquées dans le bloc des pièces buccales) ............ SARCOPTIfORMES 4
4. Épimères à la base des pattes formant de minces plaquettes transverses. Pattes groupées en
2 ensembles séparés (I et II / III et Iv) (fig. 24.4 a)......................................................... ASTIGMATES
ouvertures anales et génitales protégées par des plaques paires bien délimitées (fig. 24.4 b).
L’ensemble du corps de l’imago peut être très sclérifié. Communs dans les sols ............. ORIBATES
*Hypostome : partie antérieure de la face ventrale du gnathosome ou subcapitulum (hypo-, sous ; stoma, bouche),
propre aux Parasitiformes.
**Péritrème : structure cuticulaire sclérifiée qui s’organise autour (péri-) de l’ouverture (-tréma) stigmatique où viennent
déboucher les trachées.
***Tritosternum : structure généralement biflagellée située ventralement, à la base du gnathosome, entre les pattes I,
des Mésostigmates (apex visible fig. 24.1 c).
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tions morphologiques leur permettant d’agripper aoûtats (car fréquents en août), rougets (du fait
les poils (LABRZyCKA, 2006). Ces familles ren- de leur couleur rouge orangé) ou encore chiggers,
ferment peu d’espèces d’importance vétérinaire red-bugs et harvest mites par les anglophones,
ou médicale en Europe. sont responsables des trombidioses humaines et
animales.
Poux rouges ectoparasites
Elles mesurent 150 à 300 µm et vivent en para-
Le genre Ornithonyssus (Macronyssidae) contient
sites permanents pendant la seule durée de la
quelques espèces ectoparasites et des espèces
vie larvaire, tandis que les nymphes et les
microprédatrices. Ornithonyssus sylviarum, plutôt
adultes vivent libres, au sol et se nourrissent de
ectoparasite typique, se rencontre en élevage de
petits arthropodes et de leurs œufs (MuLLEn et
volailles et dans l’avifaune sauvage dans les
oConnoR, 2009). La phase parasitaire constitue
régions tempérées. Ces acariens pondent et
une part très réduite du cycle complet, puisque
réalisent les différentes étapes de leur dévelop-
la vie larvaire dure 3 à 5 jours, alors que la phase
pement sur l’hôte, si bien que les plumes et les
libre (nymphes et adultes) dure 1 à 2 ans. Les
zones de peau infestées apparaissent souillées par
larves se nourrissent de lymphe et de débris
les exuvies et les excréments des acariens (à la
tissulaires, digérés extra-oralement grâce à une
différence des infestations par le microprédateur
portion de salive émise environ 1 jour avant le
Dermanyssus gallinae, qui ne laisse pas beaucoup
début de la prise de nourriture sensu stricto
de traces sur l’hôte). Ils sont capables de survivre
(SHATRov et al., 2014) ; ainsi, leur activité maxi-
jusqu’à 35 jours dans l’environnement (CHEn et
male se situe 24 à 48 heures après leur installa-
MuLLEnS, 2008). Ornithonyssus sylviarum, équipé
tion. Le prurit, qui correspond à une réaction de
comme tous les Macronyssidae de pièces buccales
sensibilisation à la salive injectée pour la digestion
légèrement modifiées (amincies et allongées),
extra-orale, peut durer jusqu’à 5-6 jours.
produit des lésions cutanées marquées chez les
volailles parasitées, consistant généralement en En Europe, les hôtes commuément recensés de
des papules érythémateuses accompagnées de Trombicula autumnalis sont l’Homme, les chats
prurit (jAnSSon et al., 2014 ; oWEn et al., 2009). et les chiens, les moutons, chèvres, vaches,
Curieusement, alors qu’O. sylviarum est présent chevaux et lapins ; de nombreux animaux sau-
dans l’avifaune sauvage à la fois en Europe et en vages ont été trouvés porteurs : campagnols,
Amérique du nord, cette espèce pose d’impor- mulots, hérissons, belettes, écureuils, etc. ; ainsi
tants problèmes en élevage de pondeuses aux que des oiseaux (quoique plus rarement) :
États-unis, beaucoup moins en Europe, et aucun volailles, perdrix, faisans…
en France (jusqu’en 2010 au moins, Roy et al.,
2010). Aujourd’hui, bien qu’encore absente en Les acariens microprédateurs
pondeuses françaises en 2010, l’espèce commence hématophages à tous les stades
à être signalée dans des élevages de pondeuses
Macronyssidae et Dermanyssidae (Mesostigmata :
du nord de l’Europe (jAnSSon et al., 2014). Les
Dermanyssoidea) sont souvent regroupés dans la
souris, rats, hamsters et l’Homme sont des hôtes
littérature, du fait de leur hématophagie stricte
accidentels.
commune et de leur ressemblance morpholo-
Microprédateurs et prédateurs gique superficielle. Les deux familles contiennent
à la fois des espèces ectoparasites typiques et des
Acariens à adulte prédateur espèces microprédatrices. Parmi les Dermanys-
et à larve parasite lymphophage : sidae, les espèces d’importance économiques
aoûtats, agents des trombidioses sont toutes microprédatrices. En revanche, chez
Les larves d’une cinquantaine d’espèces du genre les Macronyssidae, certaines sont plutôt des
Trombicula (Trombiculidae, Trombidiformes), ectoparasites typiques (voir O. sylviarum plus
appelées couramment trombidions, leptes, haut), d’autres des microprédateurs.
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Article I
a Article II
c d e
Figure 24.8 – exemples de caractères des chélicères rétractées, observables dans la région intercoxale
(ici, femelles adultes).
a) Dermanyssus gallinae (Dermanyssidae) ; b) idem, zoom sur bases des chélicères ;
c) idem, chélicères étendues ; d) Ornithonyssus bacoti (Macronyssidae) ;
e) Phytoseiulus longipes (Mésostigmate libre, pour comparaison chélicères partiellement rétractés).
Les chélicères sont modifiées pour l’hématophagie chez les Dermanyssidae (a-c) et Macronyssidae (d),
mais différemment : chez les Dermanyssidae, l’article II, qui s’amincit brutalement près de sa base, prend
une forme de fouet ; chez les Macronyssidae, l’article II est légèrement allongé mais moins aminci
et sans étranglement.
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La forme des chélicères présente une impor- autres espèces, rencontrées exclusivement dans
tance fonctionnelle. L’ultrastructure particulière l’avifaune sauvage, sont spécifiques à une famille
des chélicères des Dermanyssidae (nymphes et ou un genre d’oiseau en général (ex. D. hirundinis
femelles adultes, voir supra, Morphologie) chez les hirondelles, D. apodis chez les martinets).
permet l’appariement entre les deux éléments Les habitudes microprédatrices semblent être
homologues, en forme de gouttière, pour associées à une mauvaise tolérance de la tempé-
former un tube, fonctionnellement proche du rature de l’hôte, ce qui explique sans doute que
proboscis des moustiques, à travers lequel le maintenir l’acarien en permanence sur le corps
sang complet est aspiré (fig. 24.1 c). Cela permet de l’hôte aboutisse à une mort accélérée (ARKLE
à ces acariens la réalisation de repas sanguins de et al., 2010).
type solénophage (du latin solen, « tuyau »). En
revanche, les chélicères des Macronyssidae, bien Dermanyssus gallinae
que relativement amincies et allongées en Dermanyssus gallinae, le pou rouge des poules,
comparaison avec les espèces prédatrices appa- se développe aux dépens d’oiseaux domestiques
rentées, sont inaptes à former un tuyau à travers et sauvages (Roy et al., 2010). Ponte et méta-
lequel le sang serait aspiré (elles conservent des morphoses ont lieu dans l’environnement
pinces fonctionnelles et demeurent chacune de (litière, nid, fientes sèches, structures d’élevage),
forme cylindrique). Par conséquent, la prise de et non sur l’hôte. La larve ne se nourrit pas et
nourriture par des Macronyssidae ne se produit se transforme en protonymphe en 2-3 jours.
pas par simple piqûre, mais s’accompagne géné- Les stades juvéniles suivants (protonymphes,
ralement de lésions cutanées superficielles. Les deutonymphes) ont besoin d’un repas de sang
Macronyssidae génèrent des réactions inflam- pour réaliser leur métamorphose et passer au
matoires beaucoup plus marquées que les stade suivant. Le mâle adulte ne se nourrit pas,
Dermanyssidae. une étude sur Chiroptonyssus la femelle prend un repas de sang par cycle
robustipes (Macronyssidae parasite de chirop- gonotrophique (jusqu’à 8 cycles par femelle
tères, exceptionnellement capable de piquer selon WooD, 1917). La station sur l’hôte vivant
l’Homme), mettant à profit la possibilité d’ob- concerne donc exclusivement les protonymphes,
server de près le comportement des acariens sur deutonymphes et adultes femelles, et est de
une aile de chauve-souris trans-illuminée, a courte durée, alors que tous les stades colonisent
montré que les jeunes stades étaient en fait lym- rapidement et peuvent peupler abondamment
phophages, absorbant la lymphe qu’ils font le corps (peau et voies respiratoires) des cadavres
sourdre en produisant des lésions superficielles refroidis. Dermanyssus gallinae supporte en outre
par abrasion de l’épiderme (L AvoIPIERRE et des jeûnes de longue durée (jusqu’à 9 mois),
BECK, 1967). l’effet du vide sanitaire entre deux bandes est
par conséquent limité (une bande désigne la
Les Dermanyssidae période pendant laquelle les volailles sont pré-
Avec les genres Dermanyssus et Liponyssoides, les sentes dans l’élevage, encadrée par deux
Dermanyssidae constituent une famille princi- périodes de vide sanitaire).
palement composée d’acariens microprédateurs
L’espèce prolifère dans les élevages, alors qu’elle
hématophages, inféodés respectivement aux
semble présente sporadiquement et en faible
oiseaux et aux rongeurs. Dans le genre
densité dans l’avifaune sauvage (Roy et
Dermanyssus, le groupe Hirsutus est ectopa-
BuRonFoSSE, 2011). Elle se dissémine large-
raiste et exclusivement présent dans l’avifaune
ment au cours des échanges commerciaux, en
sauvage.
particulier par l’intermédiaire des cages et
La spécificité d’hôte est variée au sein du genre autres éléments inertes transportés par les
Dermanyssus : D. gallinae est relativement géné- camions. Le rôle des oiseaux sauvages dans la
raliste (au moins neuf ordres d’oiseaux) ; les circulation des souches infestant les élevages
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vertébrés et LESnA et al. (2009) ont montré T. mercedesae. Ces acariens ont un cycle et un
qu’elle ne cherchait pas à se nourrir de sang, sur mode de vie comparables à celui de Varroa, à ceci
les poules au moins. En cas d’ingestion d’un pou près que les adultes sont incapables de se nourrir
rouge fraîchement gorgé, la cuticule transpa- sur abeilles adultes et ne peuvent pas survivre
rente du prédateur laisse apparaître la coloration plus de quelques jours en l’absence de couvain
rouge du contenu digestif, ce qui explique sans (AnDERSon et RoBERTS, 2013). Responsables
doute la confusion. Androlaelaps casalis est de dégâts importants en Asie, les espèces du
d’ailleurs aujourd’hui commercialisé comme genre Tropilaelaps sont pour l’heure réputées
auxiliaire de lutte contre le pou rouge en absentes des ruches d’Europe et constituent des
pondeuses. organismes de quarantaine, très surveillés en
Europe.
Varroa destructor
Varroa destructor (Mesostigmata : varroidae) Acariens endoparasites
est un acarien hémolymphophage (se nourrit
de l’hémolymphe), qui affecte les abeilles. quelques espèces sont adaptées pour vivre dans
Importé involontairement d’Asie du Sud-Est le conduit auditif de divers mammifères : antilopes
vers la fin du xxe siècle, Varroa jacobsoni a rapi- et bovins (genre Raillieta : Raillietiidae : Mesos-
dement envahi les ruches d’Europe. Les femelles tigmata), buffles et éléphants (genres Otonoetus
fécondées se laissent transporter par les abeilles et Loxanoetus : Anoetidae : Astigmata).
ouvrières : il s’agit de la phase phorétique, durant La plupart des acariens endoparasites vivent dans
laquelle l’acarien se comporte en ectoparasite, les voies respiratoires des vertébrés, et parfois
se nourrissant de l’hémolymphe de l’abeille. d’insectes (abeilles). Cette forme de parasitisme,
Elles pénètrent ensuite, généralement indivi- très répandue chez les vertébrés, s’observe chez
duellement, dans les cellules avant operculation : les batraciens, les serpents, les mammifères et
il s’agit alors de la phase de reproduction, durant surtout chez les oiseaux. Ce sont les fosses
laquelle l’acarien se comporte plutôt en micro- nasales qui hébergent le plus grand nombre
prédateur. Dans la cellule, la femelle Varroa d’espèces, mais ces acariens se rencontrent éga-
pond un œuf non fécondé qui donnera nais- lement dans le cul-de-sac conjonctival (chez les
sance à un mâle, et plusieurs œufs fécondés qui chauves-souris), dans l’arbre trachéobronchique
donneront naissance à des femelles. Le mâle et les poumons (singes, rongeurs, carnivores,
fécondera, à maturité, chacune de ses sœurs. Au oiseaux, serpents) et dans les sacs aériens des
sein de la cellule, une organisation remarquable oiseaux.
de ces acariens a été observée par DonZÉ et
GuÉRIn (1994) : notamment, la mère réalise un Les principaux genres affectant les mammifères
petit trou dans la cuticule de la larve/nymphe appartiennent aux Halarachnidae (Mesostig-
d’abeille, par lequel les jeunes viennent tour à mata) : Halarachne dans le pharynx des pinni-
tour prélever l’hémolymphe. En outre, une aire pèdes, Pneumonyssus dans les poumons des
d’accumulation fécale est organisée sur une singes et des damans, Pneumonyssoides des
portion étroite de la paroi de la cellule, qui sert fosses nasales du chien. Les Rhinonyssidae
à la fois de « toilettes » et de lieu d’accouplement. (Mesostigmata) vivent en parasites des fosses
En hiver, lorsque le couvain n’est pas disponible, nasales des oiseaux, et parfois dans les trachées,
les femelles adultes survivent en se nourrissant les bronches et les sacs aériens. Les Entonyssidae
sur les abeilles adultes. (Mesostigmata) se développent dans les trachées
et les poumons des serpents. Les Ereynetidae
Tropilaelaps (Trombidiformes) colonisent les trachées de
Plusieurs espèces du genre Tropilaelaps (Mesos- batraciens, oiseaux et mammifères. Certains
tigmata : Laelapidae) sont susceptibles d’infester Trombiculidae (Trombidiformes) ont comme
les colonies d’abeilles domestiques, notamment leurs cousins du genre Trombicula (voir supra)
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des habitudes libres aux stades nymphaux et considérée comme une maladie sexuellement
adultes, mais se développent durant leur vie lar- transmissible (CHoSIDoW, 2006). La transmission
vaire dans les cavités nasales de reptiles, oiseaux est favorisée par une charge parasitaire élevée.
et mammifères. on considère qu’il y a environ 5 à 15 acariens
Acarapis woodi (Mesostigmata : Tarsonemidae) femelles sur un sujet en cas de gale ordinaire et
envahit les trachées constitutives du système plusieurs centaines, voire milliers, d’acariens en
respiratoire des abeilles. cas de gale croûteuse. Dans les hôpitaux, les
services de gériatrie en particulier, la gale est
parfois responsable d’importantes épidémies
PRINCIPALES PATHOLOGIES nosocomiales (SToEvESAnDT et al., 2012). La
ASSOCIÉES transmission s’effectue également de manière
indirecte, par l’intermédiaire d’objets contaminés :
Affaiblissement général les serviettes et gants de toilette, les vêtements,
consécutif aux piqûres la literie, les fauteuils et autres. Sur ces objets,
par des acariens microprédateurs les sarcoptes peuvent survivre plusieurs heures
Poux rouges microprédateurs à plusieurs jours, à température ambiante et
humidité moyenne (ARLIAn et al., 1984). Cette
En élevage de pondeuses, D. gallinae s.s., par les
transmission indirecte est souvent liée à un
piqûres réalisées surtout pendant le repos des
manque d’hygiène (MAKIGAMI et al., 2011).
volailles, peut provoquer nervosité, stress,
picage, et, selon l’ampleur de l’infestation, peut La physiopathologie
aboutir à une baisse de rendement, une baisse
La physiopathologie se caractérise par une érup-
de ponte, une anémie régénérative et une hausse
tion cutanée. Elle est liée à la fois à une réaction
plus ou moins marquée de la mortalité
inflammatoire due à la présence de l’acarien et à
(KILPInEn et al., 2005).
une réaction d’hypersensibilité à l’acarien, notam-
Varroa ment aux protéines contenues dans sa salive
et ses déjections (WALTon et al., 2010). Cette
Varroa jacobsoni affaiblit les larves et les nymphes
réaction allergique donne à distance des lésions
d’abeilles par spoliation durant la phase de
ne contenant pas de sarcoptes. Elle apparaît trois
reproduction. À l’échelle de la colonie d’abeilles,
à six semaines après l’infestation primaire, mais
une forte infestation à l’automne est susceptible
ce temps de latence peut être réduit de un à trois
d’aboutir à l’effondrement de la ruche en sortie
jours en cas de réinfestation (MIKA et al., 2011).
de période hivernale (vAn DooREMALEn et al.,
2012). Formes cliniques
Dermatites et irritations cutanées Plusieurs formes cliniques peuvent être obser-
vées.
induites par les acariens
ectoparasites et microprédateurs La forme simple s’observe habituellement chez
l’adulte jeune et le grand enfant immunocompé-
Gale sarcoptique tents (CHoSIDoW, 2006 ; HEnGGE et al., 2006).
La transmission L’incubation, habituellement silencieuse, dure
La transmission s’effectue d’un patient à l’autre 2 à 3 semaines lors de l’infestation primaire et
essentiellement par contact cutané direct, peau seulement 2 à 3 jours en cas de réinfestation.
contre peau. Plus le contact est prolongé et intime, Lorsque les premiers symptômes apparaissent,
plus le risque de transmission est élevé. C’est le le sujet est déjà contagieux. Le premier symp-
cas notamment entre la mère et le nourrisson. tôme est le prurit. Il est souvent localisé aux
C’est également le cas entre deux partenaires espaces interdigitaux. Il devient rapidement
lors de rapports sexuels ; la gale est d’ailleurs intense, féroce, exacerbé la nuit. Le sujet se
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Figure 24.12 – Forme croûteuse de la gale sarcoptique. a) Pavillon de l’oreille ; b) paume de la main.
© A. Izri
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par le vIH ou traité par voie systémique ou consensuel. Les médicaments le plus souvent
locale par des corticostéroïdes ou recevant un utilisés sont la tétracycline, le métronidazole et
traitement immunosupresseur (ASHACK et al., l’ivermectine. Les résultats sont variables d’une
1989 ; MoRRAS et al., 2003). Mais, elle affecte étude à l’autre, souvent décevants, et les lésions
également le sujet immunocompétent (RuSIECKA- récidivantes (RuSIECKA-ZIółKoWSKA et al., 2014).
ZIółKoWSKA et al., 2014 ; jARMuDA et al., 2012 ;
BHATE et WILLIAMS, 2014). La maladie s’observe Autres gales
également chez le sujet diabétique, la femme Gale psoroptique
enceinte et à l’occasion de divers cancers La gale psoroptique (bétail, lapin) est une gale
(RuSIECKA-ZIółKoWSKA et al., 2014 ; SönMEZ humide, associée à une exsudation de couleur
et al., 2013). L’âge est considéré comme un jaune citron, responsable d’un prurit très impor-
facteur favorisant, la démocidose s’observe tant. Elle est très contagieuse (contact direct ou
surtout chez les sujets âgés de plus de 40 ans, indirect par objet interposé – ex. clôture où se
mais elle est également rapportée chez le sujet frottent les bêtes).
jeune et chez l’enfant (GuERRERo-GonZáLEZ et Gale chorioptique
al., 2014). Elle se présente comme une acnée du
La gale chorioptique (bétail) est une gale sèche,
visage, avec télangiectasie, papules et pustules
squameuse, accompagnée d’un prurit modéré.
plus ou moins nombreuses, plus ou moins
volumineuses, donnant parfois un aspect Gale knémidocoptique
franchement disgracieux de rosacée surinfectée Knemidokoptes mutans creuse sous les écailles
(fig. 24.16) (RuSIECKA-ZIółKoWSKA et al., 2014 ; de la peau des pattes des oiseaux infectés, ce qui
jARMuDA et al., 2012). Les lésions peuvent engendre des irritations, une inflammation, une
s’étendre au cou, au thorax et aux épaules. Le hyperkératinisation, avec épaississement de la
patient, fortement affecté psychologiquement, couche cornée et soulèvement des écailles.
en est handicapé dans sa vie sociale (BHATE Peuvent s’ensuivre une déformation des pattes
et WILLIAMS, 2014). Le diagnostic est établi et des difficultés motrices. Knemidokoptes pilae
par la mise en évidence du parasite dans les produit des lésions croûteuses partant de la base
prélèvements cutanés, pustules et croûtes de la partie supérieure du bec, pouvant s’étendre
examinés entre lame et lamelle au microscope à à la tête et aux pattes. Les lésions des pattes, sur-
faible grossissement. Il n’y a pas de traitement tout au début, peuvent être confondues avec
celles induites par K. mutans. Neocnemidocoptes
gallinae a tendance à rester confiné dans la strate
cornée. Cet acarien génère une hyperkératose,
une peau épaissie et fripée. Les plumes situées
dans la zone affectée se cassent ou tombent.
Les acariens des familles Epidermoptidae et
Dermationidae sont responsables de démangeai-
sons, de dermatites squameuses ou croûteuses et
d’autres lésions cutanées superficielles.
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sont consécutifs à des contacts aériens répétés nodules pulmonaires, une congestion des pou-
avec des composés protéiques plus ou moins mons, voire la mort de l’hôte. Pneumonyssoides
volatils issus principalement des exuvies, excré- caninum se développe dans les sinus nasaux des
tions et sécrétions séchées des acariens vivants chiens dans de nombreuses zones du Monde,
et de leur cadavre. Ces dermatites, parfois dont l’Europe du nord. Généralement non
abusivement dénommées « gales végétales », pathogène, rarissime en France, cette espèce peut
ainsi que les allergies respiratoires associées, parfois être responsable d’affaiblissement, perte
guérissent en quelques jours à l’arrêt des contacts d’appétit, larmoiement, toux, rhinite ou sinusite
avec les substrats sur lesquels se développent les (MuLLEn et oConnoR, 2009).
acariens. Elles peuvent être considérées comme Les effets des infestations à Entonyssidae (ser-
des maladies professionnelles. pents), Ereynetidae (amphibiens, mammifères)
Des allergies par ingestion d’acariens des denrées et larves endoparasites de Trombiculidae (reptiles,
stockées sont aussi signalées chez des animaux oiseaux, mammifères) semblent être relativement
de compagnie (MuLLEn et oConnoR, 2009). réduits. Tout au moins, peu d’effets délétères
Chez l’Homme comme chez les autres animaux, sont connus aujourd’hui.
les dommages causés par les ectoparasites et les Les infestations à Acarapis woodi (trachées, voies
microprédateurs peuvent être aggravés par des respiratoires des abeilles) semblent être respon-
réactions de sensibilisation (à des composés sables de dommages généralement limités. Elles
cuticulaires ou produits par excrétion ou sécrétion peuvent cependant entraîner une réduction de
telle la salive). C’est le cas notamment des agents l’activité de la colonie, avec diminution de la
de gale sarcoptique, qui peuvent ainsi produire production de miel et de la collecte de pollen.
des lésions à distance de la zone infectée. Des cas sévères d’infestation apparaissent
plutôt en fin de saison apicole (fin d’été) et sont
Pathologies respiratoires alors suivis par la mort de la colonie en sortie
dues aux acariens d’hivernage.
La présence d’acariens des voies respiratoires de Rôle de réservoir et transmission
vertébrés est généralement asymptomatique.
Les Rhinonyssidae, qui se développent princi-
d’agents pathogènes
palement dans les cavités nasales des oiseaux, Acariens vecteurs de bactéries et virus
peuvent éventuellement en cas d’infestation sévère Aoûtats et espèces apparentées
entraîner rhinites ou sinusites. Sternostoma tra- En Extrême-orient, plusieurs espèces de Trom-
cheacolum constitue une exception car il occupe bicula transmettent une rickettsie, Rickettsia
les trachées, bronches et sacs aériens, et entraîne tsutsugamushi (= R. orientalis), responsable du
une inflammation et le développement de lésions typhus oriental ou typhus des broussailles ou
nodulaires contenant des masses d’acariens fièvre fluviale au japon (en anglais « scrubty-
morts, ainsi que des exsudats purulents et phus »). Bien qu’une antibiothérapie appropriée
fibreux (MuLLEn et oConnoR, 2009). Les assure un traitement efficace et rapide du typhus
infestations sévères, typiquement chez des des broussailles, l’importance de l’affection a
oiseaux d’élevage, tels les canaris et perruches, conduit à des études épidémiologiques (TRAuB
engendrent trachéite et broncho-pneumopathie et WISSEMAn, 1974). on connaît bien maintenant
qui peuvent entraîner un affaiblissement impor- les espèces d’acariens vectrices, les réservoirs
tant, voire la mort de l’hôte. vertébrés ainsi que les conditions climatiques et
Les infestations par des Halarachnidae (mammi- de végétation qui sont les plus favorables. Six
fères) demeurent en général asymptomatiques, espèces sont vectrices : Trombicula akamushi au
bien qu’elles puissent entraîner dans certains cas japon, ainsi que T. pallidum également au japon,
une inflammation des voies respiratoires, des mais aussi en Corée et dans la région de Primorye
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(Russie orientale) ; T. deliense et T. fletcheri dans Chez les serpents, Ophionyssus natricis est un
le Sud-Est asiatique et l’Indonésie, le premier est vecteur de la bactérie Aeromonas hydrophila,
en outre vecteur au Pakistan et en Australie, le responsable de septicémie hémorragique. Elle
second en nouvelle-Guinée ; T. arenicola est produit des hémorragies internes chez les
vecteur en Malaisie, T. pavlovskyi en Sibérie serpents infectés qui meurent souvent dans les
et région de Primorye. D’autres espèces sont trois ou quatre jours suivant l’infection.
considérées comme des vecteurs probables :
Dermanyssidae
T. scutellare, T. palpale, T. tosa, T. orientale…
Le réservoir est constitué en grande partie par Le rôle de réservoir et de vecteur au moins méca-
les rongeurs, essentiellement des Muridae et nique de D. gallinae vis-à-vis des salmonelles en
des Microtidae, plus accessoirement par des élevage de volailles a été démontré par la mise en
Cricetidae, des Gerbillidae et des Sciuridae et, évidence d’une colonisation massive des organes
chez les insectivores, des Soricidae. Les marsu- de poulets par des salmonelles après ingestion de
piaux, les primates et les animaux domestiques poux rouges contaminés (vALIEnTE MoRo et al.,
sont également trouvés naturellement infectés 2009). Sachant que les poules picorent et ingèrent
de R. tsutsugamushi. régulièrement des poux rouges dans les élevages
très infestés, même si le rôle de vecteur biologique
on considère également les acariens vecteurs n’a pas encore été démontré (FISHER et WALTon,
comme d’importants réservoirs des rickettsies 2015), le rôle de cet acarien dans les infestations
dans la nature, car ils perpétuent le cycle naturel à salmonelles pourrait ne pas être négligeable.
par transmission transovarienne des germes
pathogènes d’une femelle infectée à la génération Liponyssoides sanguineus (= Allodermanyssus
suivante (RAI et BAnDoPADHyAy, 1978). sanguineus), qui vit aux dépens des souris, rats
et autres rongeurs domestiques, est le vecteur
La maladie se rencontre partout où les vecteurs naturel de Rickettsia akari, agent de la rickett-
et les hôtes vertébrés réservoirs coexistent ; le siose varicelliforme (ou fièvre vésiculeuse ou
plus souvent dans des biotopes transformés par rickettsial-pox) (FISHER et WALTon, 2014).
l’Homme (plantations, berges de fleuves…) et Cette rickettsiose est une maladie bénigne de
où les conditions de température et d’humidité l’Homme qui sévit surtout sous forme d’épidé-
correspondent à celles d’un climat tropical et mies en milieu urbain (new york) et existerait
subtropical ; ainsi la maladie est très répandue, également dans des régions de Russie et peut-être
toute l’année, dans les zones géographiques tro- d’Afrique. La transmission transovarienne a été
picales et subtropicales, tandis que dans des zones observée par des auteurs soviétiques, de sorte
plus chaudes, équatoriales (nouvelle-Guinée, que l’acarien constitue vraisemblablement une
Indonésie…) ou au contraire dans les zones partie du réservoir naturel.
plus froides (japon…), elle n’existe qu’au niveau
de certaines zones d’altitude ou seulement à Laelapidae
certaines périodes favorables de l’année. Laelaps echidnius est un vecteur d’Hepatozoon
muris (Apicomplexa), parasite sanguin de rats.
Macronyssidae
Ornithonyssus bacoti peut expérimentalement Varroa
transmettre l’agent du typhus murin Rickettsia Varroa destructor est un réservoir et un vecteur
typhi (= mooseri), mais son rôle épidémiolo- de plusieurs virus dont certains sont pathogènes
gique est vraisemblablement très faible, les pour l’abeille, en particulier les virus SPv (Slow
grands vecteurs du typhus murin étant les puces Paralysis Virus) et DWv (Deformed Wing Virus)
(Xenopsylla cheopis). En revanche, il semble bon (SAnTILLAn-GALICIA et al., 2010). Ces virus sont
vecteur de Litomosoides carinii, filaire parasitant suspectés de jouer un rôle dans les pertes de
divers rongeurs sauvages. Il peut piquer l’Homme colonies d’abeilles observées au cours des
et les animaux domestiques. dernières décennies aux États-unis et en Europe.
546
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Contre les acariens microprédateurs qui affec- Anderson, D.L., Roberts, j.M.K. 2013. Standard methods
tionnent les élevages de production, le traitement for Tropilaelaps mites research. In v Dietemann, j D
doit concerner l’ensemble dela zone fréquentée Ellis & P neumann (Eds) : The CoLoSS BEEBooK,
par les animaux de rente. La régulation des vol. II - Standard methods for Apis mellifera pest and
pathogen research. J. Apic. Res., 52 (4) :
populations sera visée plutôt que l’élimination.
http://dx.doi.org/10.3896/IBRA.1.52.4.21
Dans le cas de D. gallinae, les zones où les oiseaux
séjournent immobiles (ponte et repos) sont à Arlian, L.G., Runyan, R.A., Achar, S., Estes, S.A.,
prioriser. L’application locale de substances 1984. Survival and infectivity of Sarcoptes scabiei var.
canis and var. hominis. j. Am. Acad. Dermatol., 11 :
huileuses dans les interstices où séjournent le
210-215.
plus les acariens (ex. les points de jonction entre
les éléments constitutifs des perchoirs) permet Ashack, R.j., Frost, M.L., norins, A.L., 1989. Papular
de limiter leur prolifération. Des moyens de pruritic eruption of Demodex folliculitis in patients
with acquired immunodeficiency syndrome. J. Am.
lutte biologique par inoculation d’auxiliaires
Acad. Dermatol., 21 (2 Pt 1) : 306-307.
(principalement acariens prédateurs) en élevage
de volailles sont actuellement utilisés dans Bellanger, A.P., Bories, C., Foulet, F., Bretagne, S.,
Botterel, F., 2008. nosocomial dermatitis caused by
certains élevages commerciaux, principalement
Dermanyssus gallinae. Infect. Control Hosp. Epidemiol.,
Andreolaps casalis, associé ou non à Cheyletus
29 (3) : 282-283.
cruditus. Des traitements thermiques durant
le vide sanitaire (i.e. en absence de volaille) Bhate, K., Williams, H.C., 2014. What’s new in acne?
An analysis of systematic reviews published in 2011-
se développent dans certains pays européens
2012. Clin. Exp. Dermatol., 39 (3) : 273-277.
pour augmenter significativement l’efficacité
de cette étape. Enfin, des compléments alimen- Cafiero, M., Camarda, A., Circella, E., Santagada, G.,
taires à base de composés d’huiles essentielles Schino, G., Lomuto, M., 2008. Pseudoscabies caused
by Dermanyssus gallinae in Italian city dwellers: a new
peuvent être administrés aux poules de manière
setting for an old dermatitis. J. Eur. Acad. Dermatol.
à les rendre moins attractives vis-à-vis de Venereol., 22 : 1382-1383. doi: 10.1111/j.1468-3083.
l’acarien. 2008.02645.x
En ce qui concerne les infestations humaines à Chen, B.I., Mullens, B.A., 2008. Temperatures and
D. gallinae L1 consécutives à la présence de nids humidity effects on off-host survival of the northern
de pigeons, la destruction du ou des nids et des fowl mite (Acari: Macronyssidae) and the chicken
modifications locales visant à empêcher la sta- body louse (Phthiraptera: Menoponidae). J. Econ.
tion des oiseaux et/ou la réinstallation de nids à Entomol., 10 : 637-646.
proximité de l’habitation sont à recommander Chosidow, o., 2006. Scabies. N. Engl. J. Med., 354 :
en premier lieu. 1718-1727.
Enfin, pour ce qui concerne les acariens aller- Chouela, E.n., Abeldano, A.M., Pellerano, G., et al.,
gisants, lorsque c’est possible, il suffit de faire 1999. Equivalent therapeutic efficacy and safety of
cesser tout contact avec la source de contami- ivermectin and lindane in the treatment of human
nation ; il convient donc en tout premier scabies. Arch. Dermatol., 135 : 651-655.
lieu de procéder à l’identification précise de Clayton, R., Farrow, S., 1975. norwegian scabies
l’acarien qui cause l’allergie, et ainsi du substrat following topical steroid therapy. Postgrad. Med. J.,
en cause. 51 (599) : 657-659.
Currie, B.j., McCarthy, j.S., 2010. Permethrin and
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C HAPITRE 25
Les tiques sont toutes des parasites hématophages embranchement des Mandibulates. En effet, les
obligatoires, au moins pendant une partie de leur tiques font partie de la classe des Arachnides et
cycle de vie. Elles ont une répartition mondiale sont ainsi plus apparentées aux scorpions et aux
– des zones les plus chaudes du globe aux régions araignées (LECoInTRE et LE GuyADER, 2001).
les plus froides. Deux groupes majeurs de tiques Elles sont membres de la sous-classe Acari, qui
sont susceptibles de parasiter l’Homme, les ani- est divisée en deux ordres : les Acariformes – la
maux domestiques et une large gamme d’hôtes plupart des acariens – et les Parasitiformes, qui
sauvages : les tiques dures (Ixodidae) et les tiques rassemblent les espèces hématophages dont les
molles (Argasidae). Leurs piqûres exercent des tiques (fig. 25.1). Les tiques sont donc des
effets directs importants sur leurs hôtes : anémie, acariens de grande taille, jusqu’à 3 cm de long.
surinfection des piqûres, injection de toxines Elles sont toutes regroupées dans le sous-ordre
causant la paralysie, la dyshidrose tropicale ou Ixodida (environ 900 espèces). Ce sous-ordre se
des réactions allergiques. Les tiques transmettent divise en trois familles : environ 700 espèces
aussi de nombreux agents infectieux – bactéries, pour la famille Ixodidae (les tiques dures),
virus et parasites –, certains d’importance sani- 200 espèces pour la famille Argasidae (les tiques
taire et socio-économique majeure (tabl. 25.1), molles) et une seule espèce connue pour la famille
si bien que les tiques sont actuellement parmi nutalliellidae (GuGLIELMonE et al., 2010). Cette
les vecteurs les plus importants en médecine dernière espèce, Nuttalliella namaqua (non
humaine et vétérinaire. L’émergence de plusieurs présentée sur la figure 25.1), est relativement
pathologies transmises par les tiques ainsi que peu connue, mais elle présente la particularité
l’observation de changements importants dans d’emprunter des caractères aux deux autres
l’abondance et la distribution de plusieurs familles de tiques ; elle est considérée comme
espèces a fait progresser la recherche sur ces l’espèce la plus proche de l’ancêtre commun de
arthropodes ces dernières années. toutes les tiques (MAnS et al., 2012).
Si la systématique au niveau des familles et
SYSTÉMATIQUE au-delà reste relativement stable, elle change en
revanche aux niveaux inférieurs d’une manière
Les tiques appartiennent à l’embranchement des importante en fonction de l’école de pensée. De
Euarthropodes, et au sous-embranchement des nombreux groupes font actuellement l’objet de
Chélicérates. Au cours de l’évolution, elles ont débats entre systématiciens (GuGLIELMonE et
divergé des insectes, qui eux font partie du sous- al., 2010 ; ESTRADA-PEñA et al., 2013) et des
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Virus (arbovirus)
Méningo-encéphalite Flavivirus Ixodes ricinus Mammifères sauvages, Asie, Europe
à tiques I. persulcatus vecteurs
Fièvre hémorragique Nairovirus Hyalomma Mammifères sauvages, Europe, Asie,
Crimée-Congo marginatum vecteurs Afrique
Bactéries
Fièvre q Coxiella burnetii Rhipicephalus spp. Mammifères Cosmopolite
ou coxiellose Dermacentor spp.
Borréliose de Lyme Borrelia Ixodes spp. Rongeurs, oiseaux, Hémisphère nord
burgdorferi sensu insectivores
lato
Fièvres récurrentes Borrelia spp. Ornithodoros spp. Rongeurs Principalement
à tiques Ixodes spp. en zones tropicales
et subtropicales
Fièvre boutonneuse Rickettsia conorii Rhipicephalus Chiens, rongeurs Afrique, Asie,
méditerranéenne sanguineus Europe
Fièvre africaine Rickettsia africae Amblyomma spp. Mammifères Afrique
à tiques subsaharienne
TIBoLA (Tick-borne Rickettsia slovaca Dermacentor spp. Moutons, cervidés Europe
lymphadenopathy)
Tularémie Francisella Plusieurs genres Lièvres, lapins, Cosmopolite
tularensis de tique Ixodidae rongeurs
Anaplasmoses Anaplasma Ixodes ricinus nombreux Europe, Amérique
phagocytophilum I. pacificus mammifères du nord, Russie
I. scapularis
A. marginale Ixodes spp. et Bovins et ruminants Europe et Afrique
Rhipicephalus spp. sauvages
Ehrlichioses E. chaffeensis Amblyomma spp. Cervidés Amérique du nord
E. ruminantium Bétail Afrique, Caraïbes
Parasites
Babésioses Babesia divergens Ixodes ricinus Bovins Europe
B. microti I. scapularis Rongeurs Amérique du nord
Theilérioses Theileria annulata Hyalomma spp. Bétail Europe, Asie
T. parva Rhipicephalus spp. Bétail Afrique
révisions majeures sont prévisibles, notamment dessous ainsi que les différences majeures dans
à la lumière de la biologie moléculaire. Dans ce leur biologie (tabl. 25.2). À ce jour, l’identifica-
chapitre, nous suivons la classification de tion des espèces de tiques est surtout basée sur
GuGLIELMonE et al. (2010). La systématique des critères morphologiques, sur la connais-
actuelle des deux familles principales de tiques, sance des hôtes et sur l’origine géographique
tiques molles et tiques dures, est présentée ci- (PEREZ-EID, 2007).
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Embranchement : Euarthropodes
Sous-embranchement : Chélicérates
Classe : Arachnides
Sous-classe : Acari
Ordre : Parasitiformes
Sous-ordre : Ixodida
Prostriata Metastriata
Tableau 25.2 – Différences majeures concernant l’anatomie et la biologie des tiques molles et des tiques dures.
555
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Tableau 25.3 – Caractères des principaux genres de tiques dures à la stase adulte.
encore de proposition claire pour modifier la pour leur identification sont complexes et peu
nomenclature en fonction de cette structure d’efforts de recherche ciblent cette famille par
évolutive. En effet, GuGLIELMonE et al. (2010) comparaison aux tiques dures. La classification
soulignent qu’un consensus doit encore être éta- de GuGLIELMonE et al. (2010) synthétise l’état
bli pour au moins 133 espèces de tiques molles. actuel de la taxonomie des argasidés, cependant
Il faut aussi considérer que le nombre d’espèces une révision majeure de la famille qui associe la
actuellement décrites pour cette famille reste taxonomie et la parenté évolutive des espèces
sûrement faible par rapport à leur vraie biodi- serait nécessaire pour obtenir une classification
versité, car les critères morphologiques utilisés systématique.
557
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Pulvilles Chélicères
A
Pédipalpes Gnathosome
Tarse ou capitulum
H
G
Podosome :
zone d’insertion
C des pattes
Prosome
et opisthosome
fusionnés = idiosome
A
S
Festons
B C
PP
GO GO
AN
AN
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Ixodae
Scutum
Scutum
Gonopore
Anus
A B A B
Mâles Femelles
Argasidae Camérostome
Gonopore
Anus
A B
559
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20 mm pour les plus grosses (Amblyomma spp.). mâle. Sur la face ventrale, le pore génital est une
L’idiosome porte à la partie postérieure les fente transverse, qui prend des formes diverses.
stigmates qui servent à la respiration, situés Il se situe entre la deuxième et la quatrième coxa
latéro-ventralement après la 4e paire de pattes selon les espèces. Le mâle présente un scutum
et entourés d’une plaque stigmatique, de taille qui couvre entièrement la partie dorsale et la
et de forme variables (PEREZ-EID, 2007). Le rigidifie (cf. fig. 25.4) ; de ce fait, les mâles se
capitulum dans sa partie basale peut prendre nourrissent peu ou pas sur les hôtes. quand les
différentes formes, plus ou moins triangulaires, yeux sont présents, ils se trouvent sur la face
rectangulaires ou hexagonales, avec deux dépres- dorsale au niveau de la patte II (BouRDEAu,
sions : les aires poreuses. Ces aires servent à la 1993 ; PEREZ-EID, 2007).
détection des mâles et à la communication entre
Les nymphes
tiques, et elles ont une activité sécrétoire lors
de la ponte des œufs (PEREZ-EID, 2007). Elles Les nymphes sont généralement de même
peuvent constituer un critère de classification. forme que les adultes femelles, mais de taille
La partie distale du capitulum porte le rostre, plus petite ; elles mesurent typiquement 2 à
longirostre ou brévirostre selon les genres 3 mm. Elles ne possèdent pas de pore génital,
(fig. 25.5). Le rostre est constitué d’un hypo- mais, comme chez l’adulte, il existe une paire de
stome, pièce impaire ventrale, denticulée en stigmates en position latéro-ventrale pour la
forme de harpon qui sert à l’ancrage sur l’hôte, respiration. La cuticule est moins épaisse que
et de deux chélicères, organes pairs dorsaux chez l’adulte, ce qui rend cette stase plus sensible
(cf. fig. 25.3). Les chélicères sont contenues dans à la dessiccation.
une gaine ; la partie terminale est denticulée et Les larves
permet la dilacération de la peau de l’hôte. Deux D’une taille variant de 0,5 à 1 mm, les larves ne
pédipalpes, constitués de quatre segments peu possèdent que trois paires de pattes. Pas de pore
ou pas mobiles, se trouvent de chaque côté du génital, ni d’aires poreuses à cette stase. Il y a
rostre et servent d’organes sensoriels pour le une absence de stigmates ; la respiration des
repérage de l’hôte. La base des pédipalpes est larves se fait directement à travers la cuticule.
utilisée dans l’identification. De par leur petite taille et une cuticule peu
Le dimorphisme sexuel est en général marqué. épaisse, elles sont encore plus sensibles à la
La femelle est typiquement plus grosse que le dessiccation que les nymphes.
Les différences morphologiques entre les genres
les plus fréquemment rencontrées sont indiquées
Longirostres dans le tableau 25.3.
Aires
poreuses Tiques molles
outre un tégument chitinisé mais non sclérifié
(d’où l’appellation de tiques molles ou « soft
Ixodes Amblyomma Hyalomma tick » en anglais), la caractéristique distinctive
Brévirostres des adultes et des nymphes des tiques molles est
la position ventrale du capitulum qui se trouve
dans une cavité de l’idiosome, le camérostome
(cf. fig. 25.4). Cependant, chez les larves, le capi-
Haemaphysalis Rhipicephalus Dermacentor tulum est en position terminale comme chez les
tiques dures. Les tiques molles possèdent des
Figure 25.5 – Morphologie générale
de la face dorsale des différents types de capitulum glandes coxales qui sécrètent l’excès d’eau et les
ou gnathosome chez les tiques ixodidae. sels pendant le repas sanguin rapide, ce qui leur
D’après RHoDAIn et PEREZ (1985). permet de concentrer le sang alors que, chez les
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Intestin
Tubes
de Malpighi IP
GS Anus
Ovaire
RS
Épiderme
V
Go
Derme
Vaisseau sanguin
P
Figure 25.6 – Anatomie interne d’une tique dure femelle, avec un mâle en position ventrale.
GS, glandes salivaires ; Go, gonopore ; IP, intestin postérieur ; H, hémocèle ; RS, réceptacle séminal ;
v, vagin (d’après MEHLHoRn, 2001).
Les glandes salivaires la sécrétion d’un cément chez les tiques dures,
qui entoure les pièces piqueuses et ancre la tique
Elles sont multilobées et formées d’acini de trois
efficacement dans la peau de l’hôte (cf. infra).
types chez les femelles et quatre types chez les
Pour éviter le dessèchement, le genre Ixodes
mâles pour les tiques dures. Le type I est impliqué
sécrète sur ses pièces piqueuses une salive riche
dans l’osmorégulation, les types II et III dans le
en sels et donc hygroscopique pour lutter contre
transport de l’eau, la synthèse et la sécrétion de
la déshydratation. L’eau qui s’y condense est
protéines. Le type Iv chez les mâles est associé
alors réabsorbée et permet la réhydratation de
à la lubrification et au transfert du spermato-
la tique.
phore à la femelle lors de l’accouplement
(ALARCon-CHAIDEZ, 2014). Chez les tiques
Le système excréteur
molles, les glandes salivaires sont plus compactes
avec uniquement trois types d’acini. Pour les Pour les deux groupes de tiques, une paire de
deux familles de tiques, ces glandes sécrètent tubes de Malpighi recueille les produits de
une salive particulièrement riche en substances dégradation provenant de l’hémolymphe
pharmacologiquement actives et immunomo- (notamment des cristaux de guanine) et les
dulatrices qui facilitent la prise du repas sanguin achemine vers l’anus pour être excrétés.
avec des propriétés cytolytiques, vasodilatatrices,
anticoagulantes, anti-inflammatoires et immu- Le système respiratoire
nosupressives (KAZIMíRová et ŠTIBRánIová, Il est constitué de trachées et s’ouvre par des
2013). Chez les tiques dures, elles sont aussi spiracles chez les adultes et les nymphes. Les
responsables de l’excrétion de l’eau en excès du larves respirent à travers la cuticule sans appareil
repas sanguin. La salive participe également à particulier.
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A B
1 mm
Figure 25.7 – A) Les différentes stases d’une tique dure Ixodes ricinus : femelle, nymphe et larve ;
B) nymphe d’Ixodes ricinus, gorgée et non gorgée.
© n. Boulanger
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aussi varier en fonction de la température et de Après chaque repas sanguin (jusqu’à 6), la
la qualité et la quantité du sang ingéré lors du femelle pond ses œufs dans les habitats des hôtes
repas sanguin. Le repas larvaire est habituelle- (APAnASKEvICH et oLIvER, 2014). La durée de
ment le plus long, plusieurs jours pour la plupart vie peut être longue, 10 à 20 ans.
des espèces, mais certaines larves peuvent muer
directement en nymphe sans gorgement en Les ixodidés ont aussi trois stases de vie, avec un
utilisant les ressources accumulées dans l’œuf seul stade nymphal, se nourrissant typiquement
(APAnASKEvICH et oLIvER, 2014). C’est le même une fois dans chaque stase (fig. 25.9). Ce repas
processus pour certains stades nymphaux qui va durer entre 3 et 12 jours selon les stases
peuvent ne pas se nourrir et passer au stade (~3 jours pour les larves, 5-6 pour les nymphes
suivant : le stade n1 d’Ornithodoros amblus et et 6-12 pour les adultes femelles). Chaque repas
d’O. capensis ne se nourrit pas. Aux stases sanguin est donc suivi par la transformation en
nymphales et adultes, les repas sanguins sont stase suivante, ou par la ponte d’œufs en grande
nombreux et de courte durée (15 à 30 minutes). quantité par la femelle qui va ensuite mourir.
Après un nombre variable de repas et de mues, Pour finir son repas sanguin (qui se déroule en
qui semble dépendre de la taille de la tique, une deux phases, une lente et une rapide), la femelle
nymphe va muer en adulte. Le nombre de repas des tiques dures doit obligatoirement être fécon-
d’une nymphe qui se transformera en mâle est plus dée. Elle se laisse alors tomber au sol pour y
faible que pour celle qui se transformera en femelle pondre ses œufs d’où les larves émergeront en
(SonEnSHInE, 1991). Des espèces d’Antricola et 4 à 28 jours suivant les conditions environne-
d’Otobius ne se gorgent pas à la stase adulte. mentales et l’espèce considérée.
Figure 25.8 – Le cycle de vie d’une tique molle polyphasique, monotrope (ex. Argas reflexus du pigeon).
La femelle pond plusieurs fois des œufs à chaque repas qui donnent naissance à la stase larvaire hexapode.
Après un repas sanguin de plusieurs jours, la larve donne naissance à la stase nymphale (n) octopode.
Il existe plusieurs stades chez les nymphes avant la mue vers la stase adulte.
Le dimorphisme sexuel des adultes est peu marqué. Plusieurs repas sanguins sont pris par la femelle
qui pond des œufs après chaque repas (d’après MEHLHoRn, 2001).
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Type de cycle
on peut distinguer différentes catégories de tiques
en fonction du nombre d’hôtes intervenant lors
du cycle de vie : monophasique (un même indi-
6 vidu hôte pour tous les repas), diphasique (deux
individus hôtes) ou triphasique (trois individus
hôtes) (fig. 25.10). Les tiques dures sont princi-
1 palement triphasiques avec un repas à chaque
stase sur un hôte différent comme pour le genre
4 Ixodes. que ces hôtes appartiennent à une même
5 espèce ou à plusieurs espèces différentes, trois
2
vertébrés sont nécessaires pour achever la totalité
du cycle, la tique se laissant tomber au sol entre
Mue au sol chaque repas pour y effectuer sa transformation
en stase suivante ou la ponte pour les femelles.
M M
Hôte 1 Hôte 2 Hôte 3
3 Larve Nymphe Adultes
565
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Cependant, certaines espèces sont diphasiques, des mois voire des années. Elles chassent quand
comme R. bursa et R. evertsi. Enfin, certaines l’hôte est disponible dans le nid ou le terrier.
espèces de tiques dures, comme Rhipicephalus Chez I. arboricola, une tique dure nidicole qui
(Boophilus) australis, R. (Boophilus) annulatus et exploite des oiseaux nichant en cavité naturelle,
R. (Boophilus) microplus, ne tombent pas au sol les tiques gorgées attendent que l’hôte soit de
entre les stases et restent sur le même individu retour dans son abri avant de se détacher, même
hôte pour les trois repas (B ouRDEAu, 1993) ; on si cela prend plusieurs jours post-réplétion
dit qu’elles sont des tiques monophasiques. (WHITE et al., 2012). Autre exemple, I. uriae,
quant aux tiques molles, elles sont quasiment une tique dure des oiseaux marins polaires,
toutes polyphasiques, à quelques exceptions attend que son hôte revienne chaque année
prés : O. lahorensis, qui a un cycle diphasique pour prendre son repas sanguin et peut avoir un
avec la larve et les nymphes sur un hôte et les cycle de vie qui dure jusqu’à 7 ans (EvELEIGH et
adultes sur un autre, et Otobius megnini, qui THRELFALL, 1974).
utilise un seul individu hôte (monophasique) Les tiques exophiles, qui vivent en espace ouvert,
pour les repas larvaires et nymphaux, les stases sont sensibles à la dessiccation. Ce sont surtout
adultes ne se nourrissant pas (APAnASKEvICH et les tiques métastriates (Ixodidae). Elles sont les
oLIvER, 2014). plus répandues à travers le monde. Elles se
retrouvent dans des habitats très variés et géné-
Préférences trophiques
ralement ouverts : forêt, savane, prairie, où elles
Certaines tiques sont opportunistes en termes se cachent dans la litière des feuilles, l’humus…
de préférence d’hôtes, surtout pour les phases on les trouve même en zone périurbaine voire
immatures (larves et nymphes) des tiques urbaine (RIZZoLI et al., 2014). Chez ces tiques
exophiles. D’autres sont sélectives dans leur exophiles, la recherche de l’hôte se fait selon
choix. Les tiques monotropes (ou monoxènes) deux stratégies : à l’affût ou en chasse active. Les
utilisent le même type d’hôte pour toutes les tiques à l’affût se tiennent sur des herbes ou
stases. C’est le cas pour beaucoup d’espèces dans la litière en attendant qu’un hôte passe
endophiles et pour certaines tiques exophiles à proximité. Le temps et la hauteur de l’affût
(ex. Rhipicephalus sanguineus). Chez les tiques dépendent des conditions environnementales et
ditropes, les stases immatures se nourrissent de la sensibilité des différentes stases à la dessic-
sur un type d’hôte et les adultes sur un autre cation. Par exemple, les larves sont en général
(ex. Dermacentor reticulatus). Les tiques télo- plus près du sol, car elles sont fortement sensibles
tropes se nourrissent sur des types d’hôtes très à la dessiccation. Les tiques qui cherchent acti-
variés. Chez les tiques molles, on connaît peu vement leur hôte sont souvent enterrées dans le
leurs préférences trophiques et une spécificité sol hors période de chasse ; dès qu’elles sentent
apparente pour certaines espèces de vertébrés leur hôte ou voient son ombre, elles attaquent.
pourrait simplement refléter une spécificité Celles qui vivent dans le désert sont dites xéro-
pour un microhabitat et la disponibilité des philes et ont une cuticule avec une cire impor-
hôtes liés à ce microhabitat (vIAL, 2009). tante qui leur permet de mieux résister à la
dessiccation. Cela est particulièrement le cas pour
Mode de vie Hyalomma dromedari et Amblyomma hebraeum.
Les tiques endophiles ou pholéophiles, appelées Ces tiques sont très sensibles aux vibrations et
aussi tiques nidicoles, se retrouvent dans des attaquent leur hôte plutôt que d’attendre son
habitats très spécialisés comme les nids, les passage. Cela leur permet de réduire leurs pertes
terriers… où l’hôte fait son habitat et les tiques hydriques. Les tiques exophiles sont rares dans
se reproduisent. Ce sont surtout les argasidés et la famille Argasidae, mais il en existe quelques
certaines ixodidés. Ces tiques sont adaptées pour exemples comme Ornithodoros savignyi qui vit
survivre sans hôte pendant de longues périodes, dans le sable.
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La durée totale du cycle de vie des tiques peut tique est bloqué par des molécules de la salive
varier fortement, d’un an ou deux, voire d’une qui empêchent l’hémostase, le remodelage de la
dizaine d’années, suivant la disponibilité des matrice extracellulaire et l’épithélialisation (voir
hôtes et les conditions de l’environnement abio- ci-dessous). Au niveau cellulaire, le recrutement
tique (température, humidité et luminosité ; de mastocytes avec libération d’histamine et
voir infra). Les tiques peuvent alors observer l’afflux de neutrophiles devraient permettre à
des diapauses comportementales : aucun hôte l’hôte de bloquer la piqûre, mais, à ce niveau
n’est recherché par les tiques à jeun (ex. Ixodes aussi, la salive neutralise la migration cellulaire
et Haemaphysalis). Les diapauses morphogé- (WIKEL, 2013). Ces processus permettent à la
nétiques ont lieu pour les stases gorgées et tique de passer inaperçue et de rester en place
correspondent à des retards dans la métamor- dans la peau pour la période du repas.
phose, dans l’ovogenèse ou l’embryogenèse
Chez certains hôtes, les piqûres répétées de tique
(APAnASKEvICH et oLIvER, 2014).
peuvent induire des manifestations cutanées
Le repas sanguin plus ou moins importantes et, dans certains cas,
provoquer des phénomènes de résistance asso-
Mécanisme ciés à la production d’anticorps anti-protéines
La recherche de l’hôte se fait grâce aux organes de salive. Cela s’observe notamment chez les
sensoriels (pédipalpes, organe de Haller…) qui cochons d’Inde et certaines races de bovins
détectent les odeurs, les gaz, la chaleur dégagée (WIKEL, 2013). Ce phénomène de résistance
par l’hôte… Les tiques se fixent en général sur réduit l’exposition de l’hôte à certaines infections
les zones cutanées à peau fine dans les zones en empêchant la tique d’accomplir son repas
protégées de frottement où elles vont souvent se sanguin, bloquant ainsi la transmission d’agents
regrouper sous l’effet de phéromones. une fois pathogènes. Cela a été notamment suggéré
que la tique est sur l’hôte, l’hypostome et les pour la tique Ixodes scapularis, qui transmet la
chélicères s’enfoncent dans la peau : la tique borréliose de Lyme (BuRKE et al., 2005).
pique plutôt qu’elle ne mord, car c’est l’hypostome
Chez les ixodidés, un cément se forme au point
qui rentre dans la peau. on n’observe qu’un
de la piqûre ainsi que, progressivement, une
point d’impact dans la peau après piqûre,
poche d’inoculation. Les glandes salivaires vont
contrairement à l’araignée qui mord avec ses
participer à l’osmorégulation en concentrant le
deux chélicères, laissant deux points d’impact.
sang et en rejetant l’excès d’eau dans la poche
La piqûre est telmophage : les pièces piqueuses
d’inoculation. Le repas sanguin comporte deux
dilacèrent les tissus qui induisent un microhé-
phases : une phase lente et progressive, puis une
matome qui permet à la tique de se gorger.
phase rapide durant laquelle la tique grossit très
L’hypostome sert d’ancrage et les chélicères
rapidement. Si une femelle n’est pas fécondée,
coupent les tissus jusqu’à former une poche de
elle reste en phase lente du gorgement et elle ne
lyse autour des pièces piqueuses, cela surtout
peut pas produire une ponte (cf. infra). Pendant
chez les Ixodidae (SonEnSHInE et RoE, 2014).
le repas, la cuticule (et notamment l’endocuticule)
Les tiques longirostres (Ixodes, Amblyomma et
est à nouveau synthétisée pour s’adapter à l’aug-
Hyalomma) induiront des lésions plus impor-
mentation de taille induite par la prise du repas
tantes car elles pénètrent plus profondément
sanguin. Les mâles se nourrissent peu ou pas et
dans le derme que les tiques brévirostres
sur de brèves périodes. À la fin du repas sanguin,
(Dermacentor, Rhipicephalus, Haemaphysalis)
la tique se laisse typiquement tomber au sol
(cf. fig. 25.4). Cela va induire chez l’hôte une
pour muer ou pondre des œufs. Après une mue,
réponse inflammatoire plus ou moins importante
la tique devra à nouveau rechercher un hôte.
qui, dans le cas d’une blessure normale, conduirait
à la cicatrisation. Mais ici , le processus de cica- Chez les argasidés, le repas sanguin est plus
trisation de la blessure induite par la piqûre de court, souvent quelques dizaines de minutes. Il
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y a donc moins de phénomènes adaptatifs – pas ont également été décrites : elles clivent des
de cément au site de la piqûre, une salive moins protéines du complément de l’hôte, inhibent la
riche en molécules bioactives, une endocuticule prolifération des lymphocytes T CD4+ et la
qui s’étire au lieu d’être synthétisée, et une production des anticorps (fig. 25.11) (FonTAInE
concentration rapide du sang via l’élimination et al., 2011; KAZIMíRová et ŠTIBRánIová, 2013).
d’eau par des glandes coxales. En fonction de la
quantité et de la qualité de sang pris, plusieurs Salive et effets toxiques
repas sur l’hôte peuvent être nécessaires pour Certains auteurs n’hésitent pas à parler des tiques
induire une mue. Les mâles se nourrissent comme d’animaux venimeux (CABEZAS-CRuZ
comme les femelles. et vALDÉS, 2014). Il existe en effet des pathologies
associées directement aux tiques et non liées à
Rôle clef de la salive l’inoculation d’agents infectieux. Lors de la piqûre,
La salive joue un rôle essentiel dans la piqûre de des toxines contenues dans la salive sont injec-
la tique et elle facilite la transmission des agents tées à l’hôte et induisent des manifestations qui
infectieux (BERnARD et al., 2014). Elle est riche peuvent être mortelles. La tique du genre Argas,
en substances pharmacologiquement actives par exemple, est bien connue en Europe pour
qui facilitent la prise du sang telles que l’apyrase provoquer chez certaines personnes sensibilisées
comme anticoagulant, des anesthésiques comme des chocs anaphylactiques. La tique Argas reflexus
la prostaglandine, des antihistaminiques qui est habituellement inféodée aux nids de pigeons.
induisent une vasodilatation, de la bradykinine Compte tenu du rôle de ces oiseaux dans diffé-
qui supprime la sensation de douleur… un cer- rentes pathologies humaines et des dégradations
tain nombre de molécules immunosuppressives qu’ils occasionnent aux bâtiments publics, des
Pharmacologie Immunité
Vasodilatation Complément
Prostacycline, tHRF, IRS-2, Omcl, Isac, Salp20, IRACI, II
prostaglandines Isac
–
+
Lymphocyte B
–
BIP, BIF
–
Agrégation
plaquettaire –
Apyrase, moubatine, variabilin,
savignygrine, IRS-2… Lymphocyte T
Salp15, IL2-binding protein, Iris,
– P36
–
Coagulation
Ornithodorine, TAP, Ixolaris, Salp14, Autres cellules
variegin, longistatin, microphiline, immunitaires
BmAP, Ir-CPI… – – IrLBP, Hyalomine, SHBP, …
Cicatrisation Cytokines
Métalloprotéase, Salp15, Evasin
haemagenine
Figure 25.11 – Principaux effets de la salive de tique sur la pharmacologie et l’immunité de l’hôte vertébré.
Les protéines identifiées sont en italique ; leur liste n’est pas exhaustive
(d’après KAZIMIRovA et STIBRAnIovA, 2013).
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campagnes de lutte limitent leur prolifération. par les piqûres de tique sur la peau des animaux
quand les nids sont abandonnés, les tiques ont également un impact économique majeur
rentrent dans les habitations pour trouver un sur l’industrie du cuir (GHoSH et al., 2006).
hôte et peuvent donc piquer l’Homme, surtout
la nuit. La protéine de salive de tique respon- Reproduction
sable de l’allergie a été identifiée (WECKESSER
Les cycles de reproduction varient d’une manière
et al., 2010) ; elle est homologue à la lipocaline
importante entre les deux familles de tiques,
d’Ornithodoros savignyi, connue pour être
notamment en fonction de leurs préférences
pharmaco- et immuno-modulatrice (CABEZAS-
trophiques.
CRuZ et vALDÉS, 2014).
D’autres toxicoses dues à des piqûres de tique L’accouplement des tiques dures peut avoir lieu
ont été relevées (MuLLER-DoBLIES et WIKEL, avant ou pendant le repas de la femelle. Les
2005). Les toxines de tiques peuvent notamment mâles et les femelles sécrètent de nombreuses
provoquer des paralysies (vEDAnARAyAnAn et phéromones d’attraction et de copulation qui
al., 2004) ; 69 espèces de tiques sont connues sont plus ou moins spécifiques à chaque espèce
pour induire des paralysies, parmi lesquelles et qui stimulent le gorgement de la femelle. La
55 tiques dures et 14 tiques molles. Décrite femelle doit être fécondée pour passer de la
en 1912 au Canada (Colombie Britannique), la phase lente de gorgement à la phase rapide et
paralysie à tiques est cosmopolite, mais certaines finale du repas sanguin ; ce passage nécessite un
zones géographiques sont plus touchées que facteur de gorgement produit par le mâle et
d’autres, comme la côte est de l’Australie et la transmis à la femelle via le spermatophore
région nord-ouest de l’Amérique du nord. C’est (KAuFMAn, 2007). La durée du transfert du
surtout la tique Ixodes holocyclus qui est décrite spermatophore est relativement longue, cepen-
pour ce phénomène en région australe, et dant la fécondation multiple est avérée chez
Dermacentor andersoni et D. variabilis en plusieurs espèces d’Ixodidae (MCCoy et TIRARD,
Amérique du nord. La paralysie due à la piqûre 2002 ; HASLE et al., 2008). une fois le repas
de tique est un problème vétérinaire important, achevé, les glandes salivaires de la femelle dégé-
qui demeure rare chez l’Homme. Si la tique n’est nèrent et la vitellogenèse est initiée. La femelle
pas retirée, la paralysie progresse et l’hôte meurt de la tique dure pond jusqu’à 20 000 œufs selon
par arrêt respiratoire. Lorsque la tique est retirée l’espèce, une seule fois dans sa vie, puis elle
à temps, la paralysie est rapidement réversible meurt.
et l’amélioration est observée après 24 heures À l’inverse, chez les tiques molles, chacun des
(EDLoW, 2010). multiples repas des femelles stimule un cycle
gonotrophique. jusqu’à 6 cycles gonotrophiques
Autres effets de la piqûre peuvent être observés chez certaines espèces
La salive provoque une immunosuppression (FARKAS et al., 2013). La femelle produit entre
locale qui peut entraîner une surinfection des 20 et 150 œufs de grande taille à chaque ponte,
plaies, notamment par des bactéries avec une production totale en fonction du
Dermatophilus congolensis responsables de la nombre de repas qui peut aller jusqu’à un
dermatophilose. Bien que cosmopolite, cette millier d’œufs (RHoDAIn et PEREZ, 1985).
infection cutanée peut revêtir une forme très L’accouplement se fait toujours en dehors des
sévère chez certaines races (exotiques) de hôtes ; les femelles peuvent s’accoupler plusieurs
bovins, sous certaines conditions climatiques fois, mais un seul accouplement est suffisant
(chaleur, humidité). Ce sont surtout les tiques pour féconder les œufs. L’accouplement d’une
Amblyomma variegatum (ou certaines espèces femelle ne modifie pas la quantité de sang
du même genre) qui en sont responsables ingéré, mais peut changer le temps de digestion
(LLoyD et WALKER, 1995). Les dommages créés (KAuFMAn, 2007).
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Pour les deux familles de tiques, les œufs sont et leur rôle dans la transmission des agents
recouverts d’une substance protectrice lipidique infectieux. De la même manière, la connais-
produite par l’organe de Gené et les aires sance des écosystèmes dans lesquels le couple
poreuses, qui les protège de la déshydratation vecteur-hôte interagit et celle de la dynamique
(PEREZ-EID, 2007). de leurs populations représentent des données
clés pour prévoir les risques acarologiques. Cela
Distribution et abondance est d’autant plus vrai actuellement que de
des tiques nombreuses études mettent en évidence le rôle
Les 900 espèces de tiques identifiées se répartissent majeur de l’Homme dans la modification des
sur l’ensemble des continents, incluant les régions écosystèmes : culture de la forêt, désertification
les plus chaudes et les plus froides du monde des zones rurales, modifications socio-écono-
(tabl. 25.4). En tant qu’ectoparasites non perma- miques, chasse… (LÉGER et al., 2013 ; PFäFFLE
nents, les tiques doivent aussi bien exploiter leur et al., 2013). Différents facteurs abiotiques et
environnement biotique que leur environnement biotiques peuvent donc conditionner la présence
abiotique. En effet, les tiques sont souvent et l’abondance des tiques et leur distribution
considérées comme plus adaptées pour vivre dans les biotopes variés du globe.
dans le milieu où se trouvent leurs hôtes (tiques
pholéophiles) que sur les hôtes eux-mêmes,
Facteurs abiotiques
mais cela ne fait pas consensus (MCCoy et al., Climat et diapause
2013). une compréhension de leur évolution et Les conditions climatiques et écologiques vont
de leurs interactions avec leurs différents hôtes fortement influencer la présence et le dévelop-
est alors nécessaire pour prédire leurs capacités pement des tiques. Des changements globaux de
à s’adapter aux changements environnementaux température, d’humidité et de pluviométrie sont
Tableau 25.4 – répartition des différents genres de tiques avec indication du nombre approximatif
d’espèces par continent ou région biogéographique.
À noter que certaines espèces se trouvent dans plusieurs régions.
Distribution d’après PLAnTARD et al. (2015).
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en effet à l’origine de modifications majeures assure leur survie (PFäFFLE et al., 2013). C’est
dans la distribution des tiques (LÉGER et al., pourquoi la tique I. ricinus préfère les forêts
2013). Certaines espèces sont relativement bien d’arbres à feuilles caduques ou mixtes plutôt que
adaptées pour gérer des changements de tem- les forêts de conifères. L’étude de la végétation
pérature de courte durée. Par exemple, Ixodes est aussi un élément clé pour déterminer la
uriae, une tique à distribution circumpolaire qui présence des hôtes associés aux tiques. Par
exploite des oiseaux marins coloniaux, peut exemple, l’introduction récente du chèvrefeuille
tolérer une gamme de températures entre aux États-unis a augmenté la densité locale des
+ 40 °C et - 30 °C sans changement physiolo- cerfs qui s’en nourrissent. Les cervidés étant les
gique majeur (LEE et BAuST, 1987), mais module hôtes majeurs de la tique Amblyomma america-
son activité d’exploitation d’hôte en fonction de nium, ces tiques prolifèrent là où la plante est
ces changements (diapause comportementale). présente (ALLAn et al., 2010). Enfin, pour les
Il existe aussi des diapauses développementales tiques qui recherchent leur hôte à l’affût, la
chez les tiques qui induisent des modifications couverture végétale représente aussi un substrat
métaboliques. Elles sont déclenchées quand les qui permet d’attendre l’hôte à une hauteur où
températures sont trop basses (ou trop hautes), la probabilité de contact est maximale. Par
ou quand il y a une diminution importante exemple, dans le sud des États-unis, la tique
de l’humidité ambiante (voir ci-dessus). Dans I. scapularis quête plus souvent près du sol où
les régions tempérées et froides par exemple, ses hôtes locaux, les lézards, se trouvent. En
beaucoup de tiques effectuent une diapause revanche, dans la partie septentrionale de sa
hivernale. Cela leur permet de résister aux aléas distribution, la disponibilité des hôtes change et
climatiques et de conserver leurs réserves. La les tiques montent plus haut sur la végétation
plupart des tiques non nidicoles ont une activité pour augmenter leur chance de contact avec les
saisonnière qui leur permet d’échapper aux mammifères de taille intermédiaire à grande
températures qui menacent leur survie. un des (GInSBERG et al., 2014).
meilleurs exemples pour illustrer ce phénomène
est représenté par les tiques du complexe Ixodes Facteurs biotiques
ricinus, qui observent une diapause hivernale avec Les tiques étant des ectoparasites hématophages,
une tendance à deux pics d’activité au printemps leur interaction avec l’hôte vertébré est primor-
et à l’automne (KuRTEnBACH et al., 2006). En diale. C’est la faune sauvage qui représente la
zone tempérée, l’impact de l’humidité relative source majeure d’hôtes, secondairement les
est associé à la température, en revanche en animaux domestiques, l’Homme constituant un
zone tropicale, c’est la pluviométrie qui est déter- hôte accidentel (BAnETH, 2014). Si l’interaction
minante pour le déroulement du cycle de vie des tiques avec les animaux domestiques est
(PFäFFLE et al., 2013). relativement bien documentée, celle avec la faune
sauvage reste largement méconnue en raison
Couverture végétale
des difficultés de l’échantillonnage des animaux.
La végétation est importante pour plusieurs or, comprendre l’interaction avec la faune sau-
raisons. D’abord, elle reflète les facteurs clima- vage s’avère essentiel, étant donné que la plupart
tiques ainsi que la nature du sol. Pour les tiques des maladies à tiques sont des zoonoses. Pour
sensibles à la dessiccation et qui sont libres beaucoup d’espèces de tiques, nous ne possédons
pendant 90 % de leur vie, la couverture végétale pour l’instant qu’une liste d’espèces de vertébrés
est essentielle à la survie. La canopée des arbres, sur lesquelles une espèce de tique a été observée,
par exemple, aide à maintenir l’humidité au mais sans informations ni sur l’abondance relative
sol, ce qui permet aux tiques de pratiquer l’affût de la tique sur chaque type d’hôte au sein de la
de façon plus sûre, et la couverture produite par communauté, ni sur la dynamique de l’interaction
les feuilles crée un microclimat constant qui hôte-tique.
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A B
Figure 25.12 – Circulation des agents infectieux selon l’utilisation des hôtes par le vecteur.
A) un vecteur généraliste exploite divers hôtes sans discrimination selon leur abondance locale. Dans ce cas,
la circulation et l’évolution de l’agent infectieux sont dépendantes de la compétence de chaque type d’hôte
vertébré. un suivi de la prévalence au sein de la population du vecteur est un bon indicateur du risque
acarologique. B) Chaque type d’hôte vertébré est exploité par sa propre population de tiques (ex. il existe
plusieurs races d’hôtes), ce qui entraîne plusieurs cycles indépendants ou quasi indépendants de transmission
du pathogène. Le risque acarologique pour l’Homme ou ses animaux sera alors fonction des signaux d’attraction
des tiques (ex. : l’Homme peut être exposé uniquement à des tiques qui se spécialisent sur des rongeurs).
Dans ce cas, un suivi de la prévalence d’un pathogène dans la population globale de tiques peut induire
un biais important dans l’estimation du risque acarologique si la prévalence varie d’une manière importante
entre races de tiques (d’après MCCoy et al., 2013).
aux tiques que d’autres. Par exemple, chez la souris l’hôte pour compléter son repas. Chez d’autres
à patte blanche, l’absence de basophiles sécréteurs espèces, il peut également y avoir des limitations
d’histamine fait que les tiques sont peu ou ne sont pour piquer la peau de l’hôte, dues notamment
pas rejetées par ces hôtes (WIKEL, 2013). à la taille de l’hypostome des stases juvéniles,
Les contraintes physiques peuvent également trop court pour pénétrer la peau épaisse de
limiter le spectre d’hôtes exploités par une tique. certains hôtes.
Par exemple, chez I. ricinus, toutes les stases peu-
Dynamique des populations
vent se nourrir sur les mammifères de moyenne
et dispersion des tiques
et de grande taille (WoDECKA et al., 2014), mais
on ne trouve que rarement la stase adulte sur C’est la disponibilité des hôtes et leurs mouve-
les rongeurs, les lézards et les oiseaux. Cela est ments entre habitats plus ou moins favorables
probablement lié en partie au fait que les stases pour la survie de la tique durant leur phase libre
adultes sont trop grandes pour être supportées qui déterminent localement la distribution et
physiquement par un hôte de petite taille, la l’abondance des tiques. La stabilité des habitats
tique n’étant pas suffisamment protégée sur et leurs compositions végétales conditionnent la
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présence ou l’absence des espèces de vertébrés. alternatif pour les tiques aux stases juvéniles.
En Europe, les cervidés comme Cervus elaphus Cependant, elle est peu compétente pour les
et Capreolus capreolus sont des hôtes de choix bactéries de la maladie de Lyme ; les piqûres de
pour les ixodidés. on observe une forte aug- tique à la stase larvaire sur ces hôtes vont alors
mentation dans la taille de leur population, en réduire la présence du pathogène dans la pro-
lien avec la reforestation et la baisse des quotas chaine génération des nymphes à l’affût. on parle
de chasse. Les zones où ces hôtes prolifèrent alors d’effet de dilution de l’agent infectieux par
représentent donc des zones à risque de mala- ces hôtes (LoGIuDICE et al., 2003 ; KEESInG et
dies dont les agents sont transmis par les tiques. al., 2006). De même, en zone tropicale, l’intro-
Le même phénomène est observé aux États-unis duction de la tique invasive Rhipicephalus
avec le cerf de virginie Odocoileus virginianus australis (précédemment nommée Boophilus
(PFäFFLE et al., 2013). Ces hôtes de grande taille microplus) a permis à cette tique habituellement
peuvent supporter de fortes infestations par des inféodée au bétail de s’établir sur un nouvel hôte,
tiques et peuvent facilement les transporter lors le cerf Rusa timorensis, lors de son importation
de leurs mouvements saisonniers. Les oiseaux (DE MEEûS et al., 2010).
migrateurs jouent un rôle majeur dans la dis-
persion des tiques sur de grandes distances,
même si leur rôle d’amplificateur local est plus IMPORTANCE MÉDICALE
faible (KRAKoWETZ et al., 2011). Dans les deux ET VÉTÉRINAIRE
cas, le mouvement des hôtes et/ou des vecteurs
Les tiques sont des vecteurs majeurs d’agents
infectés peut entraîner le transport et l’introduc-
infectieux (MouTAILLER et al., 2016). Sur un
tion d’agents infectieux dans de nouvelles aires
plan vétérinaire, elles sont les vecteurs les plus
de distribution. Du fait de leur mode de vie plus
importants, avant les moustiques ; en médecine
exophile et de la longueur de leurs repas, les
humaine, les tiques se placent après les mous-
tiques dures devraient avoir une distribution
tiques. La connaissance des maladies à trans-
plus large et une dynamique à plus grande
mission vectorielle a largement progressé ces
échelle que les tiques molles.
dernières années grâce aux progrès réalisés en
Par ailleurs, l’introduction de nouvelles espèces biologie moléculaire et cellulaire, en diagnostic
de vertébrés dans certaines zones géographiques et en épidémiologie environnementale. Le panel
peut largement modifier la circulation des d’agents infectieux transmis par les tiques est très
agents infectieux, soit en amplifiant la popula- varié : il va des bactéries (spirochètes, Rickettsia,
tion de tiques, et ainsi la circulation des agents Ehrlichia…) jusqu’aux virus (flavivirus,
infectieux, soit en les limitant par un effet de nairovirus…) et aux parasites (Babesia spp.,
dilution (KEESInG et al., 2006). L’introduction Theileria spp.) (cf. tabl. 25.1). Les pathologies
délibérée par l’Homme du Tamia de Sibérie associées à ces organismes sont en majorité des
(Tamias sibiricus barberi), d’abord utilisé comme zoonoses dans lesquelles l’Homme constitue
animal de compagnie, représente un bon exem- un hôte accidentel et une impasse pour l’agent
ple d’un hôte amplificateur. Cet écureuil est infectieux. Il contracte ces pathologies en
particulièrement apprécié par les tiques comme fréquentant les biotopes infestés par les tiques
source de repas sanguin, mais il est également (sylviculture, chasse, activités récréatives…). La
compétent pour les bactéries du complexe Borrelia transmission intervient ordinairement par piqûre
burgdorferi sensu lato, responsables de la maladie hématophage, mais également par exposition à
de Lyme (MARSoT et al., 2013). À l’opposé, du matériel infecté pour la tularémie, par trans-
l’arrivée de l’écureuil gris (Sciurus carolinensis) fusion sanguine pour Babesia… (PIESMAn et
dans un nouvel habitat peut réduire (ou diluer) EISEn, 2008). Chez les tiques, l’agent infectieux
le risque de transmission des pathogènes tels peut se transmettre de stase à stase (transmission
que Borrelia. Cette espèce représente un hôte transstadiale), de la femelle à l’œuf (transmission
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verticale) et/ou de tique à tique via l’hôte (trans- Les pathologies les plus fréquentes en santé
mission horizontale) selon le pathogène. Enfin le humaine et animale sont décrites ci-dessous.
phénomène de co-repas (en anglais, co-feeding) D’autres ouvrages de synthèse peuvent être
permet à certains agents infectieux, virus de consultés pour plus de détails et pour les
l’encéphalite à tiques et bactéries responsables de pathologies plus rares (GooDMAn et al., 2005 ;
la borréliose de Lyme par exemple, d’être transmis SonEnSHInE et RoE, 2014).
d’une tique infectée à une tique saine au site de
piqûre, en l’absence de virémie ou de bactériémie Infections bactériennes
chez l’hôte, et cela même chez un hôte résistant ; Les bactéries du genre Borrelia sont des
on parle alors de transmission par co-repas spirochètes, bactéries spiralées appartenant à
(RAnDoLPH et al., 1996 ; vooRDouW, 2015). l’ordre des Spirochaetales et à la famille des
Certaines maladies transmises par les tiques Spirochaetaceae. Ce genre se subdivise en deux
semblent en augmentation, d’autres sont quali- groupes : les Borrelia responsables de la borré-
fiées d’émergentes. Au plan mondial, les flux liose de Lyme, et transmises uniquement par
migratoires et la mondialisation ont augmenté des tiques dures du genre Ixodes, et celles
les échanges internationaux et de ce fait certaines responsables de fièvres récurrentes, transmises
pathologies sont apparues dans de nouvelles principalement par des tiques molles
zones géographiques (fièvre de Crimée-Congo, (Ornithodoros et Argas), voire par des poux de
peste porcine, maladie de Lyme), le plus souvent corps pour B. recurrentis ou des tiques dures
parce que le vecteur y a été introduit à la faveur pour le groupe des Borrelia « Relapsing-like »
de mouvements d’animaux (ex. Rhipicephalus (BARBouR, 2005 ; oGDEn et al., 2014).
[Boophilus] et babésiose) (DE LA FuEnTE et al.,
2008). En revanche, pour les émergences locales, Borréliose de Lyme
les raisons sont plus variées et souvent associées Les bactéries responsables de la maladie de Lyme
à des modifications socio-économiques et envi- appartiennent au groupe Borrelia burgdorferi
ronnementales dues à l’Homme (KILPATRICK et sensu lato (s.l.) avec environ 20 espèces identi-
RAnDoLPH, 2012). Par ailleurs, l’évolution des fiées, transmises par des tiques dures du genre
connaissances des cycles de ces maladies vec- Ixodes. La borréliose de Lyme est la maladie
torielles, l’amélioration des techniques de humaine de l’hémisphère nord la plus impor-
diagnostic, notamment par biologie moléculaire tante en ce qui concerne les maladies dues à des
(PCR), mais également des techniques de culture pathogènes transmis par tiques. Aux États-unis
permettent un meilleur diagnostic des personnes sur la côte est, le vecteur est I. scapularis, tandis
et des animaux touchés. Ces éléments, ainsi que I. pacificus sévit sur la côte ouest. En
qu’une meilleure formation des personnels de Europe, les vecteurs majeurs sont, d’une part,
santé et du public, expliquent que certaines de I. ricinus sur l’ensemble du continent et, d’autre
ces pathologies semblent en émergence. part, I. persulcatus en Europe de l’Est et en Asie.
Les modifications climatiques sont également En Amérique du nord, la seule espèce bacté-
évoquées pour expliquer l’augmentation de rienne pathogène reconnue pour l’Homme pour
l’incidence des maladies à tiques (GRAy et al., l’instant est B. burgdorferi sensu stricto (s.s.),
2009). Si, effectivement, les tiques sont retrou- même si d’autres espèces du complexe sont
vées dans des régions plus au nord du globe et présentes. En Europe, cinq espèces sont ren-
plus haut en altitude, elles peuvent également contrées en pathologie humaine : trois le sont
disparaître des régions plus au sud en fonction fréquemment (B. burgdorferi s.s., B. garinii,
de leurs capacités d’adaptation. L’impact réel du B. afzelii) et deux ne le sont que plus rarement
réchauffement climatique sur ces pathologies (B. spielmanii et B. bavariensis). La pathologie
est alors difficile à prévoir à l’heure actuelle d’autres espèces du complexe est encore en étude
(LÉGER et al., 2013). (B. lusitaniae et B. valaisiana) (STAnEK et al.,
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2012). Leur réservoir animal est très vaste, avec espèces de forte compétence ne deviennent des
notamment des rongeurs et des oiseaux (GERn, hôtes principaux des tiques, augmentant ainsi la
2009), mais il semble exister des spécificités prévalence locale du pathogène chez le vecteur
selon les espèces qui seraient liées, au moins en (LoGIuDICE et al., 2003). Les animaux domes-
partie, au système immunitaire de l’hôte tiques peuvent également être touchés par la
(KuRTEnBACH et al., 2006). Les hôtes incompé- borréliose de Lyme : les équidés, les canidés et les
tents comme les ongulés possèdent un système bovidés développent des arthrites, des atteintes
immunitaire capable de détruire les borrélies, rénales et cardiaques (KRuPKA et STRAuBInGER,
mais ils participent néanmoins au maintien 2010 ; WAGnER et ERB, 2012).
dans la nature de grandes populations de tiques
en tant qu’hôtes préférentiels pour les tiques Les fièvres récurrentes à tiques
adultes. Au cours du repas sanguin infectieux, Les tiques sont susceptibles de transmettre
les borrélies ne sont pas transmises dès le d’autres Borrelia, et notamment les agents de
début du repas sanguin. Initialement, elles sont fièvres récurrentes. Ce sont surtout les tiques
localisées dans l’intestin de la tique et attachées molles du genre Ornithodoros, ainsi que certaines
à l’épithélium via un récepteur (oHnISHI et al., tiques dures et des poux. un agent infectieux de
2001). Le repas sanguin sur l’hôte vertébré induit la fièvre récurrente de description relativement
leur migration vers les glandes salivaires via récente en pathologie humaine, B. miyamotoi,
l’hémolymphe. Elles seront co-inoculées avec la est notamment transmis par des tiques du
salive de la tique aux propriétés anticoagulantes, complexe I. ricinus (PLATonov et al., 2011). La
anti-inflammatoires et immuno-modulatrices transmission à l’hôte vertébré se fait principale-
(KAZIMíRová et ŠTIBRánIová, 2013). La bactérie ment par la salive lors du repas, mais également
est capable de modifier l’expression de certains par les glandes coxales. Il existe environ 16 espèces
gènes du vecteur codant ces molécules, aug- différentes de Borrelia de ce groupe, dont au moins
mentant ainsi la probabilité d’infection. Par 11 sont responsables de la maladie chez l’Homme
exemple, une protéine de salive, Salp15, voit sa (CuTLER, 2010). Contrairement aux bactéries du
synthèse spécifiquement augmentée par Borrelia, complexe B. burgdorferi s.l., les tiques peuvent
ce qui permet à la bactérie d’échapper à aussi jouer un rôle de réservoir pour les bactéries
la réponse immunitaire de l’hôte vertébré de ce groupe à cause de leur forte longévité et
(RAMAMooRTHI et al., 2005). Chez l’Homme, la d’une transmission verticale de la bactérie de la
première manifestation clinique la plus fréquente femelle à sa descendance grâce à une transmission
est une inflammation cutanée caractéristique, transovarienne (CuTLER, 2010).
l’érythème migrant (lésion inflammatoire centri- Les fièvres récurrentes à tiques sont des zoonoses
fuge d’au moins 5 cm). En absence de traitement communes à l’Homme et à de nombreux ani-
antibiotique, elle peut ensuite évoluer en stade maux, notamment en zones tropicales et sous-
secondaire ou disséminé précoce, puis en stade tropicales. Chaque région d’endémie a son
tertiaire ou disséminé tardif avec atteintes car- propre « couple tique/borrélie » (BARBouR,
diaques, articulaires, neurologiques ou cutanées 2005 ; oGDEn et al., 2014) (tabl. 25.5). Le symp-
en fonction de l’espèce infectante (STAnEK et al., tôme principal de la maladie est une succession
2012). Chez l’animal, le complexe d’espèces de pics fébriles dus à des modifications antigé-
I. ricinus étant susceptible de se nourrir sur niques de surface de la bactérie. Les fièvres
plus de 300 espèces d’animaux différents (petits récurrentes à tiques sont sous-diagnostiquées et
et gros mammifères, oiseaux et reptiles), souvent de découverte fortuite sur un frottis
B. burgdorferi s.l. peut être retrouvé chez de sanguin. Le diagnostic différentiel doit systéma-
nombreux animaux sauvages ou domestiques. tiquement prendre en compte le paludisme,
Le maintien de la biodiversité est considéré mais également les arboviroses, les leptospi-
comme essentiel pour éviter que certaines roses, les méningites infectieuses.
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Neorickettsia transmises par les helminthes et de tiques et peut infecter de très nombreux
Wolbachia qui est un endosymbionte d’inverté- mammifères, dont l’Homme, et également des
brés. Ce sont des organismes intracellulaires oiseaux (BAKKEn et DuMLER, 2000). L’AGH
stricts, obligés de se multiplier au sein de vacuoles semble être cosmopolite des régions tempérées,
dans le cytoplasme des cellules eucaryotes puisqu’elle est décrite au niveau animal et
(DuMLER et al., 2001). Chez les bactéries trans- humain aussi bien en Europe qu’en Asie, aux
mises par les tiques, un nouveau genre a été États-unis ou en Australie. Les prévalences de
récemment identifié, Candidatus neoehrlichia la bactérie varient d’un pays à l’autre et d’une
mikurensis. Cette bactérie infecte les cellules espèce de tique à l’autre, avec notamment des
endothéliales. Le principal réservoir est constitué taux compris entre moins de 1 % et 20 % chez
par les rongeurs et le vecteur est Ixodes spp. De I. ricinus en Europe de l’ouest, et entre 1,7 % et
rares cas humains d’infections ont été décrits 16,7 % chez I. persulcatus en Europe de l’Est
(RAR et GoLovLjovA, 2011). Ce pathogène, (STuEn et al., 2013). Après une période d’incu-
identifié en 1999 en Hollande, est considéré bation de 1 à 3 semaines après la piqûre d’une
comme émergent. Il provoque des symptômes tique infectée, la maladie se manifeste par une
atypiques, surtout chez les patients immunodé- fièvre, fréquemment accompagnée de frissons,
primés : fièvre, septicémie et perte de poids d’un état de malaise ou d’un syndrome polyal-
(GRAnKvIST et al., 2014). gique associé à des céphalées et des myalgies.
Il existe des formes sévères avec atteintes multi-
L’anaplasmose viscérales. De rares cas mortels ont été décrits
Différentes espèces posent des problèmes en aussi bien chez l’animal (ruminants domestiques
santé humaine et vétérinaire. Depuis 2001 et animaux sauvages) que chez l’Homme (moins
(DuMLER et al., 2001), différentes Ehrlichia ont de 1 % des cas) (STuEn et al., 2013).
été renommées Anaplasma. C’est le cas pour Anaplasma marginale touche les ruminants
E. equi et E. phagocytophila, qui sont regroupées domestiques et sauvages en zones tropicales et
sous A. phagocytophilum. De même, E. bovis et subtropicales, et peut aussi être retrouvée en
E. platys sont maintenant A. bovis et A. platys. Europe. Les ruminants sauvages (cervidés)
Toutes ces bactéries sont endocellulaires dans peuvent jouer le rôle de réservoir. Cette anaplas-
des cellules sanguines et sont responsables de mose provoque des fièvres, de l’anémie, une
fièvres avec des anomalies de la formule san- perte de poids, une réduction de la production
guine. Anaplasma phagocytophilum, responsable de lait et des avortements chez les femelles
de l’anaplasmose granulocytaire humaine (AGH) gestantes. Les pertes économiques sont impor-
et de l’ehrlichiose granulocytaire bovine (EGB), tantes au niveau mondial. La bactérie infecte les
est la plus importante au niveau mondial et la globules rouges. une immunité acquise peut se
seule espèce zoonotique des Anaplasma spp. développer chez les animaux en l’absence de
(KoEnEn et al., 2013). Cette bactérie infecte les manifestations cliniques. Les tiques impliquées
globules blancs (neutrophiles, monocytes et sont principalement celles appartenant aux
macrophages). Chez l’Homme, l’AGH a été genres Ixodes et Rhipicephalus. une transmission
décrite pour la première fois en 1994, sur la côte mécanique par des insectes (tabanidés, mouches
est des États-unis. Chez l’animal, la maladie a piqueuses, moustiques) via leurs pièces piqueuses
été décrite dès 1932 en Écosse chez le mouton a également été décrite (KoEnEn et al., 2013).
et s’appelle alors la « fièvre à tiques ». Elle Anaplasma centrale et A. bovis peuvent également
est ensuite décrite au niveau mondial chez se retrouver chez le bétail. Anaplasma centrale
différentes populations humaines et différentes est aussi intra-érythrocytaire et provoque des
espèces animales dont les chevaux, les cervidés et infections atténuées. une immunité croisée existe
les rongeurs (WoLDEHIWET, 2010). Cette bactérie avec A. marginale, ce qui a conduit à l’utilisation
est transmise par un grand nombre d’espèces d’A. centrale comme vaccin contre A. marginale.
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En revanche, A. bovis infecte les macrophages Les tiques sont également susceptibles de trans-
et les monocytes et provoque un affaiblissement mettre d’autres bactéries mais leur rôle vectoriel
des animaux. Les tiques vectrices appartiennent est moindre compte tenu de l’existence d’autres
aux genres Hyalomma et Rhipicephalus. Ces modes de transmission variés plus efficaces.
deux infections ont une répartition mondiale C’est le cas pour les bactéries des genres
(KoEnEn et al., 2013). Coxiella, Bartonella et Francisella…
Ehrlichiose Coxiellose
L’ehrlichiose monocytaire humaine est surtout Coxiella burnetii est une bactérie à Gram négatif,
due à Ehrlichia chaffeensis. Ce sont de petites à développement intracellulaire obligatoire dans
bactéries à Gram négatif, retrouvées sous forme les monocytes et les macrophages, responsable de
de morula dans les monocytes et les macro- la fièvre q. Cette bactérie est capable d’infecter
phages. Le réservoir principal est le cerf de un grand nombre d’espèces animales. L’Homme
virginie et le vecteur principal est la tique se contamine par voie respiratoire, directement
Amblyomma americanum. La bactérie a été au contact des animaux infectés, principalement
identifiée pour la première fois chez l’Homme des ruminants, ou par voie digestive après
dans les années 1990 aux États-unis. absorption de produits laitiers ou de dérivés
Actuellement, la bactérie est aussi détectée en non ou insuffisamment pasteurisés. Les tiques
Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. n’ont qu’un rôle secondaire dans la transmission.
D’autres espèces infectent les chiens (E. canis Coxiella burnetii infectant les vertébrés pourrait
transmis par R. sanguineus ou D. variabilis), les avoir évolué à partir de Coxiella, endosymbiontes
cervidés (E. ewingii transmis par A. americanum), de tiques par acquisition de nouveaux gènes de
les ruminants domestiques et sauvages (E. rumi- virulence (DuRon et al., 2015). Cette observation
nantium transmis par Amblyomma spp.), les peut entraîner une surestimation du rôle des tiques
rongeurs (E. muris transmis par Haemaphysalis dans les risques de transmission à l’Homme.
spp. et Ixodes spp.). Ehrlichia canis et E. ewingii La fièvre q est une zoonose de répartition
peuvent aussi provoquer des infections chez mondiale. Cliniquement, un syndrome pseudo-
l’Homme. grippal (fièvre, céphalées, arthralgies, myalgies),
Les manifestations cliniques chez l’Homme une pneumonie atypique ou une hépatite peu-
incluent surtout un syndrome fébrile avec vent se développer chez l’Homme. Sa gravité
myalgies et nausées. Des manifestations multi- potentielle est liée à la possibilité d’infection
systémiques peuvent apparaître avec atteintes chronique (notamment d’endocardites). Chez
neurologiques et un rash ; la mortalité peut l’animal, l’infection est souvent chronique, peu
exister dans 3 % des cas (Rar et GoLovLjovA, apparente, mais responsable d’avortements à
2011). répétition (RoEST et al., 2013).
Ehrlichia ruminantium ou Cowdria ruminantium
(ancienne appellation) est connue sous le nom Tularémie
de cowdriose (en anglais, Heartwater) chez les Francisella tularensis est une bactérie intracel-
ruminants. Cette ehrlichiose du bétail se lulaire à Gram négatif. La prévalence est faible,
retrouve surtout en Afrique mais également mais la bactérie est très virulente du fait de sa
dans les îles des Caraïbes. La dispersion des dissémination et de sa transmission facile par des
tiques Amblyomma par des oiseaux migrateurs aérosols. Francisella tularensis sévit dans diverses
fait craindre l’introduction de cette pathologie régions du monde, plus particulièrement dans
dans certaines régions, notamment dans le l’hémisphère nord, le plus souvent sous forme
bassin méditerranéen (PASCuCCI et al., 2007). de cas sporadiques (STEInER et al., 2014). Il s’agit
La plupart de ces bactéries se traitent très bien essentiellement d’une zoonose : les espèces les plus
par la doxycycline. réceptives sont les rongeurs et les lagomorphes.
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Tableau 25.6 – Principaux virus zoonotiques transmis par les tiques dures (d’après LANi et al., 2014).
mais aussi les animaux sauvages domestiques L’infection humaine est saisonnière avec un
(chèvres, vaches, moutons et chiens) (eCDC- pic de fréquence au printemps et en été, lié à
rapport TBE, 2012). En Europe les prévalences l’activité des tiques vectrices. Il existe un autre
de TBEv chez les tiques I. ricinus varient géné- mode de contamination par l’ingestion de
ralement entre 0,1 et 1,22 % selon les pays, les produits lactés consommés crus (fromages, lait)
zones étudiées et les stases de tiques analysées provenant d’animaux domestiques infectés
(LoMMAno et al., 2012). (MAnSFIELD et al., 2009).
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L’infection peut être asymptomatique. Après virus : ils sont virémiques pendant au moins une
incubation, dans sa forme classique, on note un semaine après la contamination et développent
syndrome pseudo-grippal. Après une améliora- des anticorps spécifiques dirigés contre le virus,
tion transitoire de quelques jours, des signes pouvant être détectés par un test sérologique.
méningés peuvent survenir de façon incons- La piqûre de tique reste la principale voie
tante, accompagnés, chez 50 % des patients, de d’infection de l’Homme, cependant les contacts
signes d’encéphalite ou, dans moins de 10 % avec des fluides corporels ou des tissus infectés
des cas, de signes de myélite. La mortalité est d’animaux virémiques peuvent engendrer un
comprise entre 0,5 et 3 % pour les sous-types risque d’infection (MERTEnS et al., 2013). La
européen et sibérien, mais atteint 35 % pour le CCHF est caractérisée par des poussées épidé-
sous-type extrême-oriental (MAnSFIELD et al., miques estivales chez l’Homme permettant
2009). un vaccin efficace existe pour cette l’identification de foyers. Il s’agit d’une infection
infection. de nature émergente. La clinique se caractérise
par un accès fébrile qui peut conduire à un syn-
Fièvre hémorragique de Crimée-Congo drome hémorragique mortel dans 50 % des cas.
Cette maladie a été décrite pour la première fois Dans l’épidémiologie de la CCHFv, la Turquie
dans les années 1940 dans la péninsule de occupe une place particulière. En effet, jusque-là
Crimée lors d’une épidémie de fièvres hémor- indemne de cette pathologie, elle a au cours de la
ragiques sévères. Puis le virus fut nommé virus dernière décennie pris la place d’un épicentre pour
de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo la maladie avec 1 000 cas par an. Probablement
(CCHFv) à la suite de l’isolement en 1956 du mal diagnostiquée auparavant, son implantation
virus Congo antigéniquement identique. Il est aussi due à des modifications des écosystèmes
appartient au genre Nairovirus de la famille et à l’occupation de terres agricoles abandonnées
Bunyaviridae. C’est un grand virus à ADn (BEnTE et al., 2013).
double brin enveloppé (groupe I).
La répartition du CCHFv reflète la répartition La peste porcine africaine
géographique des espèces de tiques vectrices, Cette infection virale des suidés est causée par
principalement celles du genre Hyalomma un virus à ADn double brin enveloppé, seul
mais également les genres Dermacentor et représentant de la famille des Asfarviridae et du
Rhipicephalus. Le virus se retrouve en Afrique, genre Asfivirus (DIxon et al., 2013). Elle a
en Europe et en Asie de l’ouest ; il est absent du d’abord été décrite au Kenya en 1921 chez des
nouveau Monde. Chez la tique, le virus persiste phacochères et des cochons domestiques, et le
par transmission transstadiale, transovarienne, virus a été isolé pour la première fois en
vénérienne (plus rarement) et même par co-repas Espagne dans les années 1960 chez le vecteur,
(BEnTE et al., 2013). Peu de données de préva- Ornithodoros erraticus. Le virus est enzootique
lence du virus chez les tiques ont été publiées, et en Afrique subsaharienne où le cycle selvatique
les résultats varient (0,7 à 33 %) selon la technique joue un rôle prépondérant dans le maintien de
de détection utilisée et selon l’espèce de tique l’infection (MARTínEZ-LóPEZ et al., 2009 ; vIAL
testée. Le virus circule dans la nature au sein et al., 2007). La maladie est aussi endémique en
d’un cycle enzootique comprenant un large Sardaigne et un risque d’endémisation existe
panel d’hôtes vertébrés chez qui la présence du ailleurs, notamment en Espagne et au Portugal
virus est asymptomatique ; seul l’Homme déve- du fait de la présence de la tique O. erraticus,
loppe la maladie. Les principaux hôtes vertébrés réservoir avéré (B oInAS et al., 2011). Sachant
du virus sont le lièvre, le hérisson, les rongeurs et que le commerce entre les zones nouvellement
des espèces domestiques (bovins, ovins, caprins, infectées et les pays de l’est de l’union européenne
cheval et porc). Les hôtes domestiques sont est en développement, le risque de dissémination
considérés comme des hôtes amplificateurs du du virus en Europe est élevé (KoEnEn et al., 2013).
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Le virus présente une forte spécificité pour les Pour les protistes, nous parlerons principalement
cellules porcines et ne peut infecter d’autres des babésioses et des theilérioses qui ont un
vertébrés. Il se maintient au sein d’un cycle impact majeur en médecine vétérinaire. Ces deux
selvatique faisant intervenir des suidés sauvages genres sont distincts à la fois par leur cycle chez
(phacochères, potamochères et hylochères en l’hôte vertébré et chez la tique vectrice. Les
Afrique) et des tiques ornithodores (Ornithodoros sporozoïtes de Babesia, présents dans les glandes
moubata, O. erraticus et O. porcinus en Afrique) salivaires du vecteur et injectés lors de son repas
jouant le rôle de vecteurs et de réservoirs. Chez sanguin, pénètrent directement dans les hématies,
le suidé sauvage, il est peu ou pas pathogène. En tandis que la phase érythrocytaire chez Theileria
revanche, l’infection des porcs domestiques est précédée d’une étape dans les macrophages
prend la forme d’hémorragies fébriles pouvant ou les lymphocytes avec développement d’un
provoquer jusqu’à 100 % de mortalité selon la stade schizonte. Chez le vecteur, le genre Babesia
virulence de la souche (BuRRAGE, 2013). Chez est caractérisé par l’existence d’une transmission
les hôtes domestiques, le virus se transmet sur- transovarienne en plus de la transmission trans-
tout par voie directe : par contagion entre porcs stadiale, qui, quant à elle, existe chez les deux
infectés (voie oro-nasale), par consommation genres.
d’aliments souillés ou par contact avec le milieu
contaminé. Le virus est extrêmement résistant Babesioses ou piroplasmoses
dans l’environnement. Ce sont des affections dues à la multiplication
La phase d’incubation est courte, de l’ordre de chez les hôtes vertébrés, mammifères et oiseaux,
quelques heures à 2 jours. L’infection est géné- de parasites sanguins obligatoires du genre
ralement foudroyante avec une évolution fatale Babesia. Plus de 100 espèces ont été décrites et
en 5 à 7 jours. Elle se caractérise par une hyper- classées en grandes ou petites Babesia. Les deux
thermie, une perte d’appétit, des difficultés espèces les plus importantes sont B. microti et
respiratoires, des diarrhées et des vomissements B. divergens. Les tiques Ixodidae sont les vecteurs.
parfois hémorragiques. Des formes subaiguës et La transmission du parasite au stade sporozoïte
chroniques peuvent être observées, certains porcs n’a lieu qu’après quelques jours de fixation, car
domestiques semblant pouvoir se comporter les parasites doivent d’abord maturer dans les
comme des porteurs sains (PEnRITH et al., 2013). glandes salivaires. Chez l’hôte vertébré, ils enva-
hissent les globules rouges. Les hôtes naturels
Infections parasitaires réservoirs de ces deux espèces sont respective-
Les tiques sont susceptibles de transmettre des ment les bovins et les rongeurs (vAnnIER et
helminthes et des protistes Apicomplexa (Babesia, KRAuSE, 2012).
Theileria, Hepatozoon). Les helminthes qui s’y Chez les animaux domestiques, peuvent être
développent sont des nématodes tissulaires du touchés : le chien (cinq espèces : B. canis,
groupe des filaires. La première description a B. rossi, B. vogeli, B. gibsoni, B. conradae) ;
été faite par Londoño en 1976 avec l’observation le cheval (B. caballi) (SCHnITTGER et al., 2012) ;
de Dipetalonema viteae (Filarioidea) chez la tique les bovins (B. bovis, B. bigemina, B. divergens et
molle Ornithodoros tartakowskyi (LonDoño, B. major). Seules quelques espèces de Babesia
1976). Puis d’autres descriptions de filaires sont zoonotiques, mais dans l’ensemble faible-
suivront chez les tiques dures du genre Ixodes ment pathogènes excepté chez les patients
(RAMoS et al., 2013), chez Amblyomma ame- immunodéprimés (SCHnITTGER et al., 2012).
ricanum, mais également chez Rhipicephalus quatre espèces zoonotiques de Babesia sont
qui transmet Cercopithifilaria chez le chien reconnues comme étant transmissibles à
(oTRAnTo et al., 2012). La transmission possible l’Homme : en Europe B. divergens, et dans une
de ces filaires à l’Homme ne semble pas claire- moindre mesure B. venatorum (Babesia sp. EU1)
ment établie. et B. microti, transmises par Ixodes ricinus ;
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aux États-unis, B. duncani et B. microti sont tropicale ou méditerranéenne transmise par le
transmises par I. scapularis. Les cas de babésiose genre Hyalomma) et T. parva (theilériose appelée
humaine dus à B. divergens sont rares (environ fièvre de la côte est (East Coast Fever) transmise
une quarantaine de cas connus), relevés princi- par le genre Rhipicephalus). Les autres espèces
palement chez les individus immunodéprimés, sont peu pathogènes (MAnS et al., 2015).
mais ils sont sévères (40 % de mortalité). La
babésiose humaine aux États-unis, plus fréquente Hépatozoonose
et surtout associée à B. microti, est de sévérité C’est une infection des animaux domestiques et
moyenne, chez des personnes immunodéprimées sauvages touchant les mammifères, oiseaux,
ou non. Homme et animal peuvent également reptiles et amphibiens. L’agent infectieux est un
être contaminés par la transfusion sanguine Apicomplexa du genre Hepatozoon ; plus de
(KoEnEn et al., 2013). La clinique dépend de l’état 300 espèces sont décrites. Son mode de trans-
immunitaire de l’hôte et de l’espèce de Babesia mission est particulier, puisque le parasite reste
impliquée. Les principaux symptômes de piro- dans l’hémocèle et n’envahit pas les glandes
plasmose chez les animaux sont l’anorexie, salivaires. La contamination du vertébré se fait
l’apathie, la fièvre, l’ictère, l’anémie et l’hémo- par ingestion de la tique infectée. Le parasite
globinurie. La mortalité liée à ces affections gagne le système lymphatique et envahit la rate,
dépend de l’espèce de Babesia, de l’âge de les ganglions lymphatiques, la moelle osseuse.
l’animal, mais aussi de la précocité de diagnostic Les jeunes chiens et les chiens immunodéprimés
et donc de mise en place d’un traitement. Le sont particulièrement touchés par ce parasite et
traitement des babésioses animales repose Rhipicephalus sanguineus est le vecteur principal
principalement sur l’utilisation de l’imidocarbe (KoEnEn et al., 2013).
ou l’acéturate de diminazène (MoSquEDA et al.,
2012). Chez l’Homme, le traitement est plus com-
pliqué selon l’état immunitaire du patient : une SURVEILLANCE, PRÉVENTION
combinaison d’atovaquone et d’azithromycine ET CONTRÔLE
chez l’immunocompétent, et clindamycine et
quinine en cas de babésiose sévère (vAnnIER et Surveillance
KRAuSE, 2012). La surveillance des populations de tiques est
essentielle pour cartographier des zones à risque,
Theilérioses réaliser des inventaires faunistiques, analyser
Les Theileria sont transmises par différents genres leur biologie et rechercher des agents infectieux.
de tiques dures : Hyalomma, Haemaphysalis, Cela peut être pratiqué selon deux approches,
Rhipicephalus et Amblyomma. Elles touchent soit dans leur biotope lors de leur vie libre, soit
une large gamme d’animaux sauvages et domes- sur les hôtes lors des phases de gorgement
tiques, principalement les bovins en Afrique, (PEREZ-EID, 2007). Chaque méthode de surveil-
Europe, Asie et Australie. Contrairement aux lance a ses spécificités et ses limites à prendre
Babesia, après inoculation des spororozoïtes à en compte, notamment si l’objectif est une esti-
l’hôte vertébré, les cellules cibles sont d’abord mation fiable de l’abondance locale des tiques
les globules blancs. Le parasitisme induit une (BoRD et AGouLon, 2016).
prolifération incontrôlée des lymphocytes B
et T. La transmission est transstadiale chez les Collecte directe dans le milieu
tiques. Les animaux qui survivent à l’infection Lorsque la biologie de la tique est bien connue,
sont immunisés, mais pas vis-à-vis des espèces la collecte peut se pratiquer dans l’habitat. Pour
hétérologues. les tiques endophiles comme R. sanguineus et
Les espèces les plus importantes économique- O. erraticus, la collecte se fait dans les anfrac-
ment chez les bovins sont T. annulata (theilériose tuosités des murs ou dans les nids d’animaux
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(ex. nids de pigeon pour la tique molle Argas Pièges à CO2 (GRAY, 1985)
reflexus). Pour les tiques exophiles comme Ixodes L’échantillonnage par piège à Co2 consiste à
ricinus ou pour les stases adultes de Dermacentor, attirer les tiques par l’émission de Co2 qui
on pratique la collecte sur la végétation. Plusieurs simule la présence d’un hôte à proximité par un
méthodes d’échantillonnage sont disponibles. leurre olfactif. Le Co2 est émis par de la glace
Méthode du drapeau (VASSALLO et al., 2000) carbonique ou à partir d’une bonbonne qui se
L’échantillonnage par la méthode du drapeau trouve dans un récipient placé au sol. un ruban
(en anglais, dragging method ou flagging adhésif double-face est collé au récipient. Les
method) est la méthode le plus fréquemment tiques attirées par le dégagement de Co2 se
utilisée et permet de prélever les tiques à l’affût dirigent vers la boîte et viennent se coller sur le
en simulant le passage d’un hôte. La collecte est ruban adhésif. Les tiques y sont alors collectées.
réalisée grâce à une pièce de tissu de couleur
claire de 1 m x 1 m (cette mesure permet de
Capture des tiques sur hôte
faire ensuite des calculs de densité) qui est soit L’échantillonnage des tiques à partir des hôtes
tirée par le collecteur (fig. 25.13), soit passée sur consiste à rechercher et prélever le nombre de
la végétation. Les tiques à l’affût s’y accrochent tiques présentes sur l’animal. Les animaux
et sont ensuite prélevées à la pince fine pour être sauvages observés sont capturés lors de sessions
identifiées et analysées. Cette méthode est évi- de piégeage (micromammifères, oiseaux...) ou
demment inopérante pour les tiques endophiles, tués lors de campagnes de chasse (sangliers,
et la collecte doit prendre en compte les activités grands ongulés...). Cet échantillonnage des tiques
diurnes et saisonnières des différentes espèces peut être réalisé directement sur le terrain, sur
de tiques. l’animal vivant ou anesthésié qui peut ensuite être
relâché. En focalisant sur des sites d’attachement
de prédilection, le collecteur peut optimiser sa
A récolte : examen de la tête pour les oiseaux et les
micromammifères, de l’aine ou des mamelles
pour les bovins, ou encore des pattes pour les
chevreuils. La collecte peut aussi être pratiquée
en laboratoire sur des animaux qui viennent
d’être euthanasiés. Les animaux morts sont
placés au-dessus de bacs d’eau qui permettent
de récupérer les tiques qui se détachent après
la mort de l’animal.
Après collecte, les tiques sont transférées vivantes
B dans des piluliers et maintenues en chambre
humide jusqu’au laboratoire. Ensuite, elles sont
éventuellement tuées par congélation ou conser-
vées dans des tubes contenant de l’alcool à 70°.
Prévention
Chez l’Homme
Dans le cas des tiques qui attendent leurs hôtes
à l’affût sur la végétation, les plus importantes en
régions tempérées, la prévention chez l’Homme
Figure 25.13 – A) Tiques à l’affût sur la végétation ;
B) collecte de ces tiques par la technique du drapeau. repose sur des mesures simples telles que porter
© n. Boulanger des vêtements longs et clairs, et glisser le bas du
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pantalon dans les chaussettes, voire mieux, porter citriodora. Les répulsifs de synthèse, dont le
des guêtres (fig. 25.14). Le contrôle corporel au DEET, sont utilisés depuis de nombreuses
retour de zones infestées est également essentiel, années chez l’Homme. D’après la littérature, le
puisque aucune mesure ne protège à 100 %. DEET est le plus largement employé depuis
Dans le cas des tiques endophiles, des mesures six décennies et serait le plus efficace contre
de prévention peuvent aussi inclure une modi- les tiques. Cependant, il altère certains tissus
fication des matériaux et techniques utilisés synthétiques et des matières plastiques (lunette,
dans la construction des habitations pour bracelet-montre). Deux molécules plus récentes,
réduire la présence des abris favorables pour les IR3535 (n-butyl,n-acétyl-3 éthylaminopro-
tiques, ou l’élimination des animaux sauvages pionate) et KBR3023 (également connu sous
qui vivent à proximité de l’Homme, comme les le nom de picaridine), pourraient être utilisées
micromammifères. comme répulsifs également contre les tiques
et seraient moins toxiques que le DEET. La
La prévention primaire picaridine est la molécule répulsive la plus
Contre les piqûres de tique, elle peut reposer sur utilisée dans les produits répulsifs contre les
l’utilisation de répulsifs cutanés, bien que cette arthropodes en Europe. Elle a peu d’odeur, n’est
approche soit davantage appliquée à la protection pas grasse et n’abîme pas les plastiques (PAGES
personnelle contre les piqûres de moustiques. et al., 2014).
Les répulsifs ne sont pas acaricides : ils ne tuent L’imprégnation vestimentaire peut être une
pas les tiques, mais ils perturbent leur olfaction alternative à l’utilisation de répulsifs cutanés.
(PPAv Working Groups, 2011). Le choix du La perméthrine est particulièrement utilisée
répulsif en médecine humaine et son efficacité dans ce but, mais c’est plus un insecticide de
dépendent de différents facteurs, dont l’âge de contact qu’un répulsif. De manière générale, le
la personne et les conditions dans lesquelles le produit peut être appliqué en pulvérisation et
produit est utilisé. Il convient de suivre un reste actif 6 semaines ; appliqué par immersion,
certain nombre de règles lors de son utilisation : il est actif pendant 6 mois. Il résiste au lavage
éviter le contact avec les yeux et les muqueuses, et au repassage. La perméthrine est la seule
ne pas l’appliquer sur des lésions cutanées molécule d’imprégnation proposée en France
étendues et éviter son utilisation en cas contre les arthropodes. L’utilisation de tissus
d’antécédents d’allergie cutanée. La fréquence pré-imprégnés dès la fabrication est possible et
d’application sera fonction de la concentration plus sûre.
en principe actif du répulsif choisi et des
conditions d’utilisation (transpiration, bain, La prévention secondaire
chaleur, frottement). Sa durée d’efficacité peut Malgré l’utilisation des mesures de prévention,
varier de façon importante en fonction du les tiques peuvent déjouer la protection vesti-
principe actif lui-même et de sa concentration, mentaire et chimique de l’Homme. Donc, en cas
mais également en fonction de l’activité du sujet de piqûre de tique, l’extraction mécanique est la
(transpiration, baignade…). une actualisation plus efficace et doit être pratiquée le plus rapi-
de l’utilisation des répulsifs est réalisée annuelle- dement possible. un « tire-tique », petit pied de
ment dans l’un des bulletins épidémiologiques biche en plastique, est particulièrement appro-
hebdomadaires (BEH - Conseils aux voyageurs) prié et son usage est recommandé (fig. 25.14).
édité par l’Institut de veille sanitaire (ministère L’utilisation de produits pour faciliter l’extraction
français de la Santé). tels que huile, éther, vernis… est inutile.
Les répulsifs actuels sont des molécules de
synthèse à application externe (cutanée ou Chez l’animal
vestimentaire). La plus naturelle est le Para- Dans les pays tempérés, le recours aux acaricides
menthane-3,8-diol, extrait d’eucalyptus Corymbia est fréquent, notamment pour les animaux de
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compagnie, chiens et chats. Différentes formes D’abord à base de dérivés arsenicaux puis
galéniques sont proposées, dont les spot-on. Les d’organochlorés comme le DTT, leur toxicité
principales molécules sont actuellement des environnementale et l’apparition de résistances
dérivés de l’ivermectine, des pyréthrines, l’imi- chez les tiques ont fait évoluer les pratiques. Les
daclopride et le fipronil, à utiliser selon les organophosphorés comme le malathion et, plus
recommandations strictes des fabricants. En récemment, les pyréthrinoïdes d’origine natu-
zone tropicale, la presque totalité des élevages relle ont ensuite été testés. Actuellement, ce sont
sont réalisés en plein air sur des pâturages et ils les pyréthrines de synthèse (perméthrine, delta-
peuvent être fortement impactés par les tiques. méthrine), plus stables, qui sont utilisées en
Différentes pratiques ancestrales sont mises en bain et en pour-on. Cependant, les pour-on
œuvre pour limiter l’exposition des animaux aux (produit à application topique dorsale) à base
tiques, telles que la rotation des pâtures prati- de pyréthrinoïdes de synthèse comme la flumé-
quée par les éleveurs ou le « détiquage » manuel, thrine sont souvent onéreux, notamment pour
mais l’utilisation des produits chimiques reste la les éleveurs traditionnels aux faibles revenus. Les
méthode de lutte la plus répandue (BouLAnGER acaricides sont donc généralement appliqués par
et STACHuRSKI, 2016). En effet, dès la fin du pulvérisation (Afrique occidentale ou centrale)
xIxe siècle, des bains acaricides ont été pratiqués ou par des bains (Afrique australe et orientale,
sur les animaux en Afrique et en Australie. Australie…).
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Le contrôle des tiques se heurte actuellement à Leur diminution dans des zones bien limitées
des problèmes de résistance aux différentes comme les îles semble efficace pour diminuer
familles d’acaricides (FERnánDEZ-SALAS et al., le nombre de tiques (RAnD et al., 2004) ; elle a
2012). Certaines plantes sont répulsives ou également été testée sur le continent américain
toxiques pour les tiques, et il a été suggéré de dans certaines zones géographiques de la côte
favoriser leur plantation pour éliminer une est (KILPATRICK et al., 2014). Cette approche
partie des tiques disséminées par les hôtes, mais peut être plus ou moins efficace selon les lieux
cette méthode semble difficile à réaliser en géographiques choisis, mais elle soulève des
pratique. De nouvelles alternatives de contrôle questions écologiques, sociologiques et poli-
des tiques sont donc nécessaires. Elles reposent tiques (PIESMAn et EISEn, 2008). La prolifération
notamment sur la sélection de races bovines des petits mammifères génère également des
résistantes aux tiques (MAPHoLI et al., 2014 ; populations de tiques importantes, notamment
DoMInGuES et al., 2014). Pour améliorer cette pour les larves et les nymphes. La disparition
approche, certains travaux se concentrent sur des prédateurs tels que les renards, les lynx ou
l’étude approfondie de la réponse immunitaire les loups peut favoriser cette situation. Cibler les
des hôtes à la piqûre des tiques. Par exemple, populations de rongeurs semble constituer une
Rhipicephalus microplus, une tique qui a envahi bonne stratégie pour réduire des populations de
de nombreuses zones tropicales avec le mouve- tiques (LEvI et al., 2012), mais nécessite un fort
ment de bétail, représente une menace écono- investissement dans le temps pour rester efficace.
mique majeure pour l’élevage des bovins d’origine
européenne (HuBER et CHEvILLon, 2016). Des Lutte chimique ciblée de la faune sauvage
études qui ciblent cette espèce de tique montrent En réponse aux préoccupations sur les impacts
que la réponse immunitaire en cytokines est res- environnementaux potentiels associés aux
ponsable des différences de susceptibilité entre applications d’acaricides dans l’environnement,
des races résistantes (Bos indicus) et des races plusieurs technologies de lutte ciblée contre les
sensibles (Bos taurus) (D oMInGuES et al., 2014). tiques ont été développées. L’objectif est de tuer
Le rôle de la réponse cellulaire, de l’interface les tiques sur les hôtes sauvages qui ont été
cutanée et des protéoglycanes présents dans la traités avec un acaricide. Cette approche requiert
peau a également été souligné dans ces processus une bonne connaissance du comportement de
de résistance (jonSSon et al., 2014). Simultané- l’hôte et de son écologie.
ment, d’autres études explorent de façon appro- Les petits mammifères peuvent être ciblés. La
fondie le génome de cette tique, notamment méthode consiste à mettre à disposition du coton
dans l’espoir que cela permettra l’identification imprégné de perméthrine qui servira à la nidi-
de gènes candidats pour des vaccins anti-tiques fication des rongeurs, le but final étant de
(DE LA FuEnTE et KoCAn, 2014). réduire la population de nymphes. Les premières
études conduites dans le Massachusetts aux
Contrôle ciblé États-unis ont montré une réduction significa-
des populations de tiques tive des charges de tiques I. scapularis sur des
souris. Cependant, des recherches ultérieures
Par réduction des hôtes dans le Connecticut et dans l’État de new york
Diminuer les populations de certains hôtes ne montrent aucune différence significative dans
indispensables aux cycles de développement des le nombre de nymphes et de tiques adultes entre
tiques pourrait limiter leurs populations dans les zones traitées et non traitées après plusieurs
l’environnement. Aux États-unis, l’impact de la années d’utilisation. De plus, la technique est
diminution des populations de cerfs de virginie, onéreuse (PIESMAn et EISEn, 2008) et, comme
Odocoileus virginianus, hôte important pour les pour le contrôle des populations d’hôtes, elle
tiques adultes I. scapularis, a ainsi été évalué. doit être appliquée en continu.
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Le cerf de virginie a également été ciblé par cette contre le cerf peut réduire considérablement
approche de traitement topique aux États-unis. l’abondance des tiques dans la propriété ainsi
un agrainage, basé sur la mise à disposition protégée.
d’un bac contenant du maïs pour des cervidés,
est mis en place. Des deux côtés du bac sont Vaccin anti-tiques
disposés des rouleaux permettant une applica- En raison des problèmes liés à l’utilisation des
tion verticale de 2 % d’amitraze ou de 10 % de acaricides (pollution, atteinte d’espèce non ciblée,
perméthrine. En se nourrissant de maïs, les apparition de résistance), les recherches sur
cerfs se frottent la tête, les oreilles et le cou un vaccin dirigé contre les tiques et les agents
contre les rouleaux acaricides et sont ainsi infectieux qu’elles transmettent se développent
traités. Le niveau de contrôle de la population de plus en plus (DE LA FuEnTE et KoCAn, 2014).
de tiques est très satisfaisant, mais le coût de Deux sortes de vaccins sont envisagés : ceux
cette technique est élevé. visant uniquement des protéines impliquées
dans la biologie des tiques (notamment dans la
Lutte biologique :
prise de repas sanguin), ou ceux combinant à
parasitoïdes, nématodes, champignons la fois des protéines de salive de tique et des
De nouvelles voies, biologiques, sont explorées protéines d’agents infectieux. En effet, ces agents
pour limiter la population de tiques dans l’en- infectieux sont co-inoculés avec la salive de
vironnement. Ces études se situent encore sur tique et sont beaucoup plus infectieux que ceux
un plan expérimental. L’utilisation de guêpes transmis à la seringue, ce qui souligne l’effet
parasitoïdes des tiques du genre Ixodiphagus a essentiel joué par la salive dans la transmission
été testée, de même que des nématodes parasites (KAZIMíRová et ŠTIBRánIová, 2013). Les études
de tiques et des champignons entomopathogènes sur les premiers vaccins anti-tiques ont été
tels que Metarhizium anisopliae et Beauveria réalisées sur Rhipicephalus (Boophilus) microplus
bassiana (SAMISH et GInSBERG, 2004). Ces (WILLADSEn et al., 1989). une protéine de
travaux ont été surtout réalisés en laboratoire et l’intestin de la tique, Bm86, a été identifiée.
des études sont nécessaires afin de voir si leur L’immunisation de bovins avec une forme
application est possible dans l’environnement et recombinante de cette protéine conduit à une
à grande échelle. diminution du temps de repas sanguin des
femelles et, par conséquent, à une très forte
Gestion de l’habitat diminution de l’oviposition. Ce vaccin est utilisé
Le contrôle des populations de tiques passe depuis dans le domaine vétérinaire, mais unique-
aussi par la gestion des habitats, l’objectif étant ment à Cuba et en Australie, une spécificité de
de rendre les habitats des tiques et/ou de leurs souche ayant été démontrée. une autre protéine,
hôtes inhospitaliers et/ou inaccessibles. Cela la subolésine ou 4D8, plus largement répandue
peut être accompli en utilisant une variété de chez plusieurs genres de tiques (DE LA FuEnTE
techniques. L’une des plus simples et des plus et al., 2006) produit le même effet sur les tiques
efficaces est la gestion de la végétation : tonte femelles. Dans différentes études expérimentales,
fréquente, taille des arbustes ou des branches il a été démontré qu’elle bloque la transmission
d’arbres et enlèvement de la litière de feuilles. de Babesia bigemina, Anaplasma marginale
une autre technique de modification du paysage (MERIno et al., 2011) et Borrelia burgdorferi s.s.
implique l’élimination ou la réduction des mam- (BEnSACI et al., 2012). Enfin, une autre approche
mifères et des sites de nidification. L’élimination vaccinale intéressante repose sur l’utilisation
des piles de bois, des tas de broussailles, des d’une protéine du cément, la 64TRP de
souches et des arbres tombés permet de main- Rhipicephalus, pour bloquer la transmission
tenir les populations de rongeurs à un niveau du virus de l’encéphalite à tiques dans un modèle
minimal. L’installation de clôtures efficaces murin (L ABuDA et al., 2006). La protéine de
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salive Salp15 d’Ixodes, spécifiquement aug- diversité représentée par ce groupe d’arthropodes
mentée chez la tique infectée par Borrelia, est et d’établir des cartographies des zones à risque
également un candidat vaccinal potentiel de tiques.
compte tenu de son effet immunosuppresseur Malgré leur importance en santé humaine et
puissant dans différents essais in vitro (DAI et animale, peu ou pas de vaccins sont disponibles
al., 2010 ; SCHuIjT et al., 2011). pour lutter contre les agents transmis par les
Actuellement, seul le vaccin anti-tiques Bm86 est tiques. Seul le vaccin contre l’encéphalite à tiques
disponible et utilisé dans le domaine vétérinaire, a prouvé son efficacité en santé humaine, pour
les autres candidats n’ayant été testés pour les autres, les recherches, mêmes avancées, n’ont
l’instant que sur un plan expérimental sur des pas encore abouti à la mise sur le marché de
animaux de laboratoire (DE LA FuEnTE et vaccins. Des vaccins existent en médecine
KoCAn, 2014). Aucun vaccin n’existe pour les vétérinaire contre la babésiose et la borréliose
tiques molles ou contre les agents infectieux de Lyme, mais la protection qu’ils confèrent est
qu’elles transmettent. incomplète (TöPFER et STRAuBInGER, 2007).
une alternative pourrait être l’approche vaccinale
visant le vecteur tique, qui permettrait de cibler
CONCLUSION l’ensemble des agents pathogènes transmis par
Grâce à l’intensification des recherches et aux une même tique, mais là aussi, malgré le nombre
progrès technologiques, notamment en biologie impressionnant de molécules identifiées dans
moléculaire et en protéomique, les connaissances la salive de tique (KAZIMíRová et STIBRánIová,
sur les tiques et les agents infectieux qu’elles 2013), aucun vaccin ne montre actuellement une
transmettent ont largement progressé ces réelle efficacité sur le terrain.
dernières années. Ces progrès ont permis Les populations de tiques sont en augmentation,
notamment de mieux connaître les tiques dans il y a plusieurs raisons à cela. Globalement, les
leur environnement ; ainsi que leur diversité, modifications climatiques influent sur les éco-
leur biologie, leur dynamique de populations et systèmes des tiques : elles gagnent du terrain
leurs interactions avec les hôtes vertébrés et les dans les régions du nord et en altitude (oGDEn
agents pathogènes qu’elles transmettent et al., 2013). À des échelles plus régionales, l’an-
(PATRAMooL et al., 2012 ; LIu et BonnET, 2014 ; thropisation a un effet direct sur les populations
MouTAILLER et al., 2016). Les mécanismes de de tiques. L’Homme impacte directement les
la transmission des pathogènes sont également écosystèmes des tiques en introduisant de
de mieux en mieux connus, notamment le rôle nouvelles espèces animales favorables à leur
de la salive lors de la transmission au niveau de multiplication, ou en modifiant les écosystèmes
l’interface cutanée (WIKEL, 2013 ; BERnARD et forestiers qui offrent des conditions favorables
al., 2014). La protéomique devrait apporter à la survie des tiques. La désertification rurale a
des approches diagnostiques innovantes, également modifié les paysages : la forêt a gagné
notamment avec la spectrométrie de masse du terrain et elle est proche des habitats, les sols
ciblée sur la peau piquée par des tiques infectées ne sont plus cultivés (fig. 25.16) ; tout cela influe
par différents agents infectieux (SCHnELL et al., directement sur la prolifération des tiques et
2015). Les techniques de biologie moléculaire l’émergence de nouveaux agents infectieux. Les
et de séquençage à haut débit sont par ailleurs outils de lutte environnementale utilisant des
de plus en plus performantes pour déterminer pesticides sont critiquables compte tenu de leur
les liens de parenté entres espèces, genres et impact sur l’environnement, mais aucun moyen
familles de tiques et pour caractériser les de lutte respectueuse de l’environnement n’a
micro-organismes dans les tiques (vAySSIER- pour l’instant été trouvé. La protection person-
TAuSSAT et al., 2013 ; BonnET et al., 2014). nelle mécanique reste donc actuellement pour
Ces progrès permettent de mieux cerner la bio- l’Homme le meilleur moyen de lutte pour se
590
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Figure 25.16 – exemple de la modification des écosystèmes dans une vallée vosgienne en 50 ans :
augmentation de l’espace forestier par plantation d’une monoculture de résineux (épicéas),
plus proches de l’habitat humain, et disparition des zones de prairies. Plus récemment, retour à la culture
et à l’entretien des prés par fauchage et réalisation de fossés pour l’évacuation de l’eau.
© n. Boulanger
prémunir des tiques et des agents infectieux Apanaskevich, D., Walker, j., Heyne, H., et al., 2013.
qu’elles transmettent. Pour les animaux domes- First description of the immature stages and
tiques comme le bétail, le recours aux acaricides redescription of the adults of Cosmiomma hippopota-
reste largement pratiqué, surtout en zones tro- mensis (Acari: Ixodidae) with notes on its bionomics.
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596
Entomo-P3B.qxp_Mise en page 1 12/04/2017 11:22 Page597
C HAPITRE 26
Les crustacés
(Crustacea : Copepoda et Pentastomida)
Jean-Philippe Chippaux
Les crustacés (Crustacea) sont considérés comme Leur taille adulte est généralement de 0,3 à
un sous-embranchement des Euarthropodes 2 mm, mais certaines espèces parasites peuvent
et forment un vaste ensemble de plus de dépasser 15 cm, comme Pennella balaenopterae
50 000 espèces. La plupart des espèces sont (Pennellidae Siphonostomatoida), parasite de
aquatiques (marines ou dulçaquicoles), baleine (BoxSHALL, 2005).
quelques-unes mènent une vie partiellement Le corps de ces microcrustacés à l’exosquelette
ou totalement terrestre. on compte dans leurs généralement transparent est constitué de
rangs de nombreuses espèces parasites. Les 11 segments, et comprend 2 parties : a) le
espèces d’intérêt médical et vétérinaire appar- prosome, lui-même composé du céphalosome
tiennent essentiellement à deux groupes : les portant les appendices céphaliques et buccaux
copépodes et les pentastomes. ainsi que l’œil nauplien, médian, généralement
rouge orangé, et du métasome portant les pattes
natatoires et b) l’abdomen ou urosome, mince
LES COPÉPODES et étiré ; ce dernier se termine par une furca
Les copépodes (Copepoda) constituent une sous- prolongée par de longues soies. Cette morpho-
classe de crustacés aquatiques de la super-classe logie est plus ou moins modifiée chez les formes
des Multicrustacea. Elle contient une dizaine parasites.
d’ordres représentés par plus de 14 000 espèces Les sexes sont séparés. Le mâle dépose son
qui sont libres, symbiontes ou parasites (externes spermatophore au niveau du double somite
ou internes) de presque chaque phylum vivant génital de la femelle, dans la partie proximale
en milieux d’eau douce et salée. Ils présentent ventrale de l’abdomen. Les œufs fécondés sont
des formes variées en relation avec leur mode généralement portés dans un ou deux sacs
de vie, même si la morphologie générale, dite ovigères qui sont alors situés de chaque côté
« cyclopiforme », est relativement constante, de l’abdomen (fig. 26.2). Le nombre d’œufs (de
notamment chez les espèces d’eau douce hôtes quelques-uns à plusieurs dizaines voire centaines)
intermédiaires de parasites (fig. 26.1). varie en fonction de l’espèce, de la saison et de l’âge
Cependant, quelques espèces parasites adoptent de la femelle. La reproduction est permanente
une forme vermineuse comme les Kroyeriidae, ou saisonnière selon l’espèce et l’environnement.
les Pennellidae ou les Lernaeidae. Les copépodes La température du milieu et l’accès aux ressources
sont considérés comme les animaux pluricellu- alimentaires semblent les facteurs les plus
laires les plus nombreux sur Terre. importants pour la stabilité des populations. La
597
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Oeil nauplien
0,5 mm
Céphalosome
Nauplie Réceptacle Antennes Prosome
Nauplie séminal
stade 1 Métasome
stade 6
Copépodite
stade 1 Sacs
ovigères Urosome
Spermatophore
Furca
Copépodite
stade 5 Soies
furcales
Adultes
Figure 26.1 – Morphologie générale d’un copépode.
larve nauplienne subit 11 ou 12 mues avant de surface et souterrains, ou même humides. Les
se transformer en adulte (cf. fig. 26.1). Le déve- espèces libres constituent une partie importante
loppement passe par deux cycles larvaires du plancton et, à ce titre, jouent un rôle primor-
successifs : les nauplies (6 stades), caractérisées dial dans l’équilibre des milieux aquatiques.
par un corps non segmenté et 3 paires d’appen- Trois raisons expliquent l’importance médicale
dices fonctionnels dès le premier stade nauplien, et vétérinaire des copépodes : a) le mode de vie
puis les copépodites (5 stades, parfois 6) dont le parasite de nombreuses espèces, marines
corps se segmente et acquiert au fil des mues les notamment ; b) le rôle d’hôte intermédiaire
appendices de l’adulte. dans la transmission de plusieurs helminthes ;
Les copépodes sont ubiquistes, planctoniques, c) la prédation de larves de moustiques par
mais aussi benthiques, et ont colonisé tous les quelques espèces de copépodes carnivores.
milieux aquatiques, marins et continentaux, de
Copépodes parasites
Les copépodes sont les crustacés présentant la plus
forte proportion de parasites (B oxSHALL, 2005).
Deux ordres principaux (Poecilostomatoida,
parfois classé avec les Cyclopoida, et Siphonos-
tomatoida) regroupent plus d’une centaine de
genres et plusieurs centaines d’espèces parasites.
La diversité est remarquable, tant par les modifi-
cations morphologiques induites que par le type
de parasitisme, allant du commensalisme à
l’endoparasitisme, que par le cycle de développe-
ment (holoxène ou hétéroxène) et la diversité des
hôtes invertébrés (mollusques, éponges, cnidaires,
Figure 26.2 – Copépode femelle du genre annélides) ou vertébrés (poissons, cétacés).
ermocyclops au Bénin, avec des sacs ovigères
bien développés. Les copépodes induisent de lourdes pertes dans les
© D. Heuclin élevages de poissons, notamment de Salmonidae
598
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(CoSTELLo, 2006), ce qui entraîne des déficits poissons (CoSTELLo, 2006). une période de
commerciaux importants (CoSTELLo, 2009 a). jachère, organisée en retirant tous les poissons
Récemment, il a été montré que les copépodes des bacs d’élevage pendant 1 à 2 mois, évite le
parasites échappés des élevages de saumons développement des peuplements de copépodes.
pouvaient entraîner des épizooties dans les Des poissons nettoyeurs (Labroides sp.) intro-
populations de saumons sauvages avec une forte duits dans l’élevage régulent les populations
mortalité (CoSTELLo, 2009 b). d’ectoparasites. Des traitements antiparasitaires
sont ajoutés à l’eau des bassins ou à l’alimenta-
L’ordre des Siphonostomatoida est sans doute le
tion des jeunes poissons. Les insecticides (orga-
plus représentatif, avec une quarantaine de
nophosphorés, pyréthrinoïdes ou peroxyde
familles. Les plus importantes sont les Caligidae
d’hydrogène) administrés en bain semblent
(32 genres et environ 800 espèces, parasites de
moins efficaces que les insecticides systémiques
poissons, notamment de Salmonidae), les
(benzoylurées et autres perturbateurs de mues)
Eudactilinidae (une douzaine de genres et plus
consommés par le poisson. Cependant, ces
de 70 espèces, parasites d’Elasmobranches), les
derniers nécessitent de respecter un délai
Lernaeopodidae (une cinquantaine de genres,
d’élimination plus long avant que le poisson
plus de 800 espèces), les nicothoidae (une
puisse être consommé.
vingtaine de genres, plus de 150 espèces), les
Pennillidae (une vingtaine de genres et près de D’autres ordres de copépodes, comme les
200 espèces, parasites de poissons) et les Poecilostomatoida, parasitent des poissons ou des
Lernanthropidae (8 genres et plus d’une invertébrés marins, notamment des mollusques
centaine d’espèces parasites de poissons). La et des échinodermes.
plupart des espèces relevant de ces familles sont
ectoparasites. Copépodes hôtes intermédiaires
Les Caligidae, également appelés « poux de Les copépodes sont hôtes intermédiaires de plu-
mer » infectent leur hôte au stade copépodite sieurs helminthoses : nématodes (dracunculose
et y demeurent jusqu’à la fin de leur vie et gnathostomose) et cestodes (diphyllobothriose
(CoSTELLo, 2006). Ils se fixent sur la peau ou et sparganose), qui peuvent infecter l’Homme
les muqueuses de l’hôte grâce à leurs antennes (n ITHIuTHAI et al., 2004 ; SCHoLZ, 1999).
et leurs maxillipèdes, généralement au niveau
de la tête et plus particulièrement sur les ouïes Nématodoses
ou les branchies, localisations peu accessibles à La dracunculose
un nettoyage mécanique par le poisson. De plus,
Maladie « historique » à plus d’un titre, la
la pression de l’eau, consécutive de la nage, les
dracunculose (encore appelée dragonneau, filaire
plaque sur la surface de leur hôte. Leurs pièces
de Médine, ver des pharaons, fil d’Avicenne ou ver
buccales exercent un frottement continu,
de Guinée) est une helminthose dermique due à
comme une râpe, sur les téguments, provoquant
un nématode vivipare Dracunculus medinensis.
irritation, inflammation et excoriation. Les
Elle se traduit cliniquement par une ulcération
complications habituelles sont des hémorragies,
cutanée d’où émerge le ver femelle qui expulse ses
des nécroses et des infections. En outre, le
larves dans le milieu extérieur, généralement une
poisson cherche à se débarrasser de l’intrus en
mare où se baigne le patient. L’hôte définitif peut
s’agitant anormalement, ce qui lui coûte en
héberger plusieurs vers (jusqu’à une quarantaine)
énergie et attire les prédateurs. La croissance du
qui formeront autant d’ulcères de sortie doulou-
poisson et sa longévité sont significativement
reux, inflammatoires et fréquemment surinfectés
altérées.
(fig. 26.3 et 26.4). En outre, des émergences
Plusieurs stratégies permettent de limiter les aberrantes (langue, articulation, scrotum, voire
populations de parasites dans les élevages de organes creux comme le poumon, le cœur, les
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Figure 26.3 – examen d’une patiente atteinte Figure 26.4 – extraction d’un ver de Guinée
de dracunculose au Bénin en 1987. par enroulement progressif du ver autour
© D. Heuclin d’un bâtonnet.
© D. Heuclin
intestins, l’utérus, les ventricules cérébraux, etc.) harienne, probablement depuis l’Antiquité
constituent des sources importantes de compli- (CHIPPAux, 1994). En revanche, bien qu’intro-
cations (CHIPPAux, 1994). duite en Amérique à l’occasion du commerce
jusque dans les années 1980, la maladie était triangulaire, elle n’a jamais réussi à s’y établir
distribuée dans le sud du Bassin méditerranéen durablement.
et jusqu’en Inde et en Asie centrale (fig. 26.5). non mortelle – en dehors de complications
Elle était également présente en Afrique subsa- infectieuses peu fréquentes – mais fortement
Régions endémiques
Foyers historiques
Figure 26.5 – Distribution de la dracunculose vers 1980, avant la mise en œuvre du programme mondial
d’éradication.
600
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invalidante, la dracunculose était une affection peut survivre plusieurs mois dans l’abdomen
rurale très répandue dans les communautés et, éventuellement, s’accoupler avec une autre
s’approvisionnant dans les points d’eau de sur- femelle de la génération suivante.
face, particulièrement les mares et les puits à ciel La femelle inséminée cheminera ensuite sous
ouvert (céanes, puits à gradins indiens, etc.). le derme vers la partie inférieure du corps –
L’impact socio-économique était considérable, généralement les membres inférieurs mais
en raison du très grand nombre de personnes parfois le bassin ou les bras – pour expulser ses
temporairement handicapées (BRIEGER et GuyER, embryons. Elle percera un ulcère à travers lequel,
1990 ; CHIPPAux et LARSSon, 1991 ; CHIPPAux lors d’un contact de l’hôte avec de l’eau, elle
et al., 1992), le plus souvent pendant les travaux libérera ses larves par une violente contraction
agricoles. de son utérus.
FEDCHEnKo (1870), parasitologue russe, décrit De nombreuses espèces de copépodes ont été
le cycle parasitaire dans la région de Samarcande reconnues comme responsables de la transmis-
(ouzbékistan) et établit la responsabilité des sion. La plupart appartiennent aux genres de
copépodes dans la transmission de D. medinensis. Cyclopidae : Mesocyclops, Thermocyclops et
Le copépode ingère une larve de stade I libérée
dans l’eau par la femelle du parasite. Cette larve
subira deux mues avant de devenir une larve de
stade III (fig. 26.6). Le copépode, lui-même
avalé avec l’eau de boisson, libérera la larve
infectante qui accomplira son cycle – en 8 à
12 mois – chez l’hôte définitif (fig. 26.7). Après
avoir activement traversé la paroi du duodénum,
les larves circulent dans les mésentères puis
dans les muscles thoraciques ou abdominaux
pendant 2 semaines. Elles rejoindront par le tissu
conjonctif les espaces axillaires ou inguinaux où
s’effectuera l’accouplement entre la femelle, qui Figure 26.6 – Copépode infecté par une larve
mesure de 30 à 120 cm, et le mâle, beaucoup plus de Dracunculus medinensis (avec l’autorisation
petit (sa taille est inférieure à 4 cm). Le mâle de l’OMS).
de stade III
En buvant de l’eau, Cyclopide
y cl
l’Homme se contamine ia
sans s’en apercevoir. éd Au bout de quatorze jours,
rm
inte les embryons se transforment
H ôte en larves de stade III
infectantes pour l’Homme.
Figure 26.7 – Cycle biologique de Dracunculus medinensis.
601
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Metacyclops et, peut-être Macrocyclops (BIMI, (CHIPPAux et al., 1991), en raison de la dispersion
2007 ; CHIPPAux, 1991), copépodes libres vivant des points d’eau susceptibles d’être infectieux.
en eau douce. Trois facteurs jouent un rôle Les programmes de lutte privilégient donc la
essentiel dans le développement des popula- contention des cas (pansement occlusif des
tions de copépodes hôtes intermédiaires de ulcères dracunculiens pour éviter la dissémina-
D. medinensis et expliquent les variations sai- tion des larves dans le milieu aquatique),
sonnières de transmission entre les régions de l’approvisionnement en eau par des puits à
savane sèche (transmission en saison des pluies) margelle ou des forages, ou la filtration de l’eau
et humide (transmission en saison sèche). de boisson lorsqu’elle provient d’une source
Le plus important est sans doute le type de point d’eau non protégée. L’éducation pour la santé
d’eau. La densité de copépodes doit être élevée reste une mesure essentielle.
et leur mobilité limitée pour assurer la transmis- quoique la dracunculose soit endémique dans
sion. Cela disqualifie les points d’eau de grand une grande partie de l’Ancien Monde depuis
volume, où la dispersion des copépodes peut être l’Antiquité, son éradication est programmée
importante, et ceux traversés par un courant, pour les prochaines années. À la fin des
même faible, qui emporte les hôtes intermé- années 1980, l’oMS, appuyée par le CDC et le
diaires. En conséquence, les réservoirs de faible Centre Carter, a lancé le programme mondial
volume présentant une tendance à l’eutrophisa- d’éradication de la dracunculose. La principale
tion semblent les meilleurs sites de transmission difficulté rencontrée concerne les zones de
(CHIPPAux, 1994). conflits où les mesures de contrôle sont inappli-
La température de l’eau varie significativement cables (CAIRnCRoSS et al., 2012). néanmoins,
en fonction de la saison et du nycthémère dans les de plus d’un million au début des années 1980,
collections d’eau de petit volume. Les préférences le nombre de cas annuels est passé à 143 en
spécifiques apparaissent déterminantes, avec 2013 dans 4 pays : Sud-Soudan (avec 111 cas),
des espèces ubiquistes, abondantes malgré de Éthiopie, Mali et Tchad (AL-AWADI et al., 2014).
fortes différences thermiques, et d’autres plus La dracunculose pourrait être ainsi, après la
spécialisées, dont la saisonnalité est marquée et variole, la deuxième maladie éradiquée. Cepen-
la persistance limitée (CHIPPAux, 1991). dant, il existe d’autres espèces de Dracunculus
qui parasitent des animaux domestiques (chiens)
Enfin, la résistance à l’assèchement des mares
et sauvages (antilopes, serpents), dont le cycle
favorise leur repeuplement rapide par les
est identique et qu’il faut prendre en compte lors
copépodes (CHIPPAux et LoKoSSou, 1992). Au
de la surveillance de la maladie humaine. Ils
moment de l’assèchement de la mare, les copé-
constitueraient un réservoir infectieux dans la
podes au stade copépodite s’enfoncent dans la
mesure où la spécificité d’hôte est controversée ;
boue où ils demeurent en diapause plusieurs mois
la réémergence de la maladie chez l’Homme
en attendant les premières pluies abondantes qui
deviendrait possible (EBERHARD et al., 2014).
se traduiront par une efflorescence planctonique
entraînant la recolonisation du point d’eau et La gnathostomose
parfois de véritables épidémies de dracunculose.
La gnathostomose est due à un nématode
En revanche, la composition physico-chimique ovipare du genre Gnathostoma (G. spinigerum,
de l’eau semble un facteur relativement secon- G. hispidum) mesurant de 1 à 6 centimètres.
daire, quoique les terrains argileux et les eaux Elle est relativement fréquente en Asie du Sud-
riches en matières organiques soient plus favo- Est mais a également été observée au Mexique.
rables au développement des copépodes Les œufs sont émis dans les selles de l’hôte
(CHIPPAux et LEnoIR, 1992). définitif (généralement un canidé ou un félin,
La lutte contre les copépodes s’est avérée rapi- parfois un porcin) et sont embryonnés dans le
dement peu efficace et surtout peu rentable milieu extérieur. L’éclosion des œufs libère une
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larve qui est avalée par un copépode chez lequel Certains genres, comme Proteocephalus dont le
elle subira une mue (larve de stade II) pour cycle est similaire, ont pour hôte définitif un
devenir infectante. Ingérée par un poisson, un poisson carnivore (SCHoLZ, 1999).
batracien ou un reptile, la larve se transformera
La sparganose
après migration dans les muscles en larve de
stade III. Celle-ci infectera l’hôte définitif lors de La sparganose est due à un ténia appartenant à
l’ingestion de l’hôte intermédiaire secondaire. une espèce du genre Spirometra dont l’hôte défi-
Parfois, un hôte intermédiaire tertiaire (poisson, nitif est un canidé ou un félidé. Les œufs sont
canard, serpent, grenouille) jouera le rôle d’hôte émis dans les selles et éclosent dans l’eau pour
paraténique dans lequel la larve de stade III donner un coracidium qui sera ingéré par un
attendra d’être avalée par un prédateur suscep- copépode. Le coracidium donnera une larve
tible qui sera l’hôte définitif. procercoïde chez le copépode puis une larve
plérocercoïde chez le vertébré qui aura consommé
L’Homme peut s’infecter soit en consommant un copépode infecté. Le cycle peut comporter
de la viande crue ou insuffisamment cuite d’un plusieurs hôtes paraténiques successifs avant
hôte paraténique contenant une larve de que la larve infectante soit finalement avalée
stade III, soit en buvant de l’eau contenant des par un animal susceptible qui deviendra l’hôte
copépodes infectés par une larve de stade II. Les définitif.
gnathostomes sont en impasse parasitaire chez Chez les hôtes paraténiques, dont l’Homme
l’Homme et la maladie est liée à la migration de fait partie, la sparganose se traduit par des
la larve immature vers divers organes : téguments, symptômes inflammatoires pendant la migra-
œil, organe profond, tissu nerveux. tion de la larve dans les tissus, puis tumoraux
lorsqu’elle s’enkyste. La sparganose cérébrale
Cestodoses peut entraîner des épilepsies (REnGARAjAn et
La diphyllobothriose ou bothriocéphalose al., 2008). Le nombre de cas déclarés est faible
(quelques centaines au total) mais près de 2 % de
La diphyllobothriose, ou bothriocéphalose, est
la population coréenne présentent des anticorps
cosmopolite. Elle est due à l’infection par un
spécifiques suggérant une infection asympto-
cestode ovipare. Plusieurs espèces peuvent
matique ou bénigne (KonG et al., 1994). La
infecter l’Homme : en Europe, il s’agit de
chirurgie reste souvent le seul recours efficace.
Diphyllobothrium latum (bothriocéphale). Les
œufs sont excrétés avec les selles de l’hôte défi- Utilisation des copépodes
nitif dans l’eau où ils éclosent pour libérer un
coracidium. Ce dernier est avalé par le copépode
comme agents de lutte biologique
(en Europe, une espèce du genre Cyclops) dans La découverte ancienne de l’appétence de certains
lequel il se transformera en larve procercoïde. copépodes carnivores pour les larves aquatiques
Le copépode infecté sera à son tour ingéré par d’insectes (DAnIELS, 1901) a permis d’envisager
un poisson qui jouera le rôle d’hôte intermé- leur utilisation dans la lutte contre les mous-
diaire secondaire. La larve procercoïde migrera tiques (HuRLBuT, 1938 ; LInDBERG, 1949).
vers le foie ou les muscles pour se transformer Cependant, la démonstration de leur potentiel
en larve plérocercoïde. Le cycle s’achèvera dans prédateur a été faite plus tardivement par
les intestins de l’hôte définitif – un mammifère RIvIèRE et THIREL (1981) en Polynésie française.
(un Homme ou un carnivore) ayant consommé une vingtaine d’espèces de copépodes libres
le poisson infecté cru ou insuffisamment cuit – Cyclopidae, dont la taille atteint ou dépasse
chez qui le bothriocéphale deviendra adulte. La 1,5 mm (Mesocyclops sp., Macrocyclops sp.,
femelle, un ténia mesurant plusieurs mètres, Megacyclops sp., Acanthocyclops vernalis et
émet ses œufs dans la lumière intestinale d’où Diacylops navus particulièrement), sont intéres-
ils seront expulsés avec les fèces. santes en raison de leur capacité prédatrice et
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de leur résistance. Elles s’attaquent au 1er stade nucléotidique du RnA ribosomal 18S, les
larvaire du moustique et un cyclops peut élimi- pentastomes ont été placés parmi les
ner jusqu’à 40 larves par jour (MARTEn et REID, Crustacea, sous-classe des Maxillopoda
2007). Les larves d’Aedes sont les plus sensibles (ABELE et al., 1989). une étude phylogénétique
puis, en ordre décroissant, celles d’Anopheles et incluant 47 caractères morphologiques suggère
de Culex. La prédation est supérieure dans les au contraire de considérer les pentastomes
réservoirs de faible capacité. La population de comme un groupe de transition entre les
larves d’Aedes peut être réduite de 99 %, alors arthropodes et certains nemathelminthes tels
que la mortalité des larves de Culex n’excède pas que nematoda et nematomorpha (ALMEIDA
50 %. et al., 2008). quoi qu’il en soit, les pentastomes
Contrairement à de nombreuses espèces de sont ici présentés avec les crustacés.
copépodes dont les populations sont saison- Les pentastomes regroupent 130 espèces
nières, plusieurs espèces de Mesocyclops environ, réparties au sein de quatre ordres :
(M. longisetus, M. aspericornis, M. woutersi) et Cephalobaenida, Porocephalida, Raillietiellida
Macrocyclops albidus se maintiennent par et Reighardiida.
renouvellement continu des générations tant Les pentastomes ont un aspect vermiforme,
que le réservoir contient de l’eau. plus ou moins segmenté ou annelé, et sont
Les premières études de terrain à large échelle recouverts d’une cuticule chitineuse (DouCET,
ont été effectuées par RIvIèRE et al. (1987), puis 1965). Les adultes mesurent de 2 à 15 cm.
LARDEux et al. (1992) à Tahiti en introduisant L’extrémité antérieure présente 5 protubérances,
M. aspericornis dans des terriers de crabes héber- la centrale porte la bouche et les autres des
geant Ae. polynesiensis et Ae. aegypti, vecteurs crochets qui ont été considérés comme d’autres
de la dengue. Malheureusement, malgré les ouvertures, d’où le nom « pentastome » (qui a
résultats encourageants, l’assèchement pério- cinq bouches). Le tube digestif est tubulaire.
dique des terriers met un terme à l’efficacité des Les pentastomes sont hématophages et vivent
interventions. Par la suite, de nombreuses autres en parasites obligatoires dans l’appareil respira-
études ont été menées avec des succès divers toire des reptiles, oiseaux ou mammifères. Fixé
(MARTEn et REID, 2007). La remarquable réussite sur l’épithélium par ses crochets, l’individu
de la lutte antivectorielle au vietnam (nAM et al., aspire le sang par sa bouche dont la musculature
2005) a permis l’élimination de la population est modifiée en pompe aspirante (fig. 26.8). La
d’Ae. aegypti grâce à 6 espèces locales de femelle pond des œufs qui sont expulsés soit
Mesocyclops, se traduisant par le contrôle de la par voie haute, soit par voie digestive après
dengue dans toute une région isolée de ce pays.
L’utilisation des copépodes pour la lutte anti-
vectorielle dans de nombreux autres pays,
notamment en Australie et en Amérique latine,
où des programmes communautaires permettent
d’en réduire le coût tout en maintenant une
efficacité suffisante (LARDEux et al., 2002 ;
MARTEn et REID, 2007 ; nAM et al., 2005).
LES PENTASTOMES
La position systématique des pentastomes
Figure 26.8 – Adulte de pentastome (Armillatus sp.)
(Pentastomida) a fait l’objet de nombreux parasitant un poumon de serpent (Bitis rhinoceros).
remaniements. En se basant sur la séquence © IRD/j.-P. Chippaux
604
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C HAPITRE 27
Les principaux arthropodes vecteurs de patho- vétérinaire, comme les mallophages ou des
gènes ou agents de myiases ont été étudiés dans lépidoptères, des insectes ou d’autres arthro-
les chapitres précédents. nous étudierons dans podes transporteurs passifs de pathogènes, des
celui-ci les arthropodes qui sont pathogènes par arthropodes hôtes intermédiaires de parasites,
eux-mêmes, qu’ils soient venimeux, allergisants, des insectes dont les pullulations peuvent être
urticants, vésicants ou nuisants. des freins aux déplacements et à l’activité
économique.
Les arthropodes venimeux injectent du venin par
piqûre ou morsure (RoLLARD et al., 2015). Parmi
les insectes, c’est le cas des hyménoptères (abeilles, ARTHROPODES VENIMEUX
guêpes, frelons, bourdons, fourmis, etc.), parmi
Les espèces réellement dangereuses ne sont pas
les arachnides, celui des araignées, des scorpions
très nombreuses. Cependant, des accidents aller-
et de quelques espèces de tiques, et parmi les
giques ou d’envenimation graves, parfois mortels,
myriapodes, celui des scolopendres.
sont fréquents. Chez les humains, la mortalité
Les arthropodes allergisants sont souvent des due aux arthropodes venimeux en France est bien
arthropodes hématophages (insectes et tiques) plus importante que celle liée aux morsures de
dont l’injection de salive, lors de la piqûre, peut serpents. on compte en France métropolitaine
entraîner des phénomènes d’ordre allergique. moins d’un décès annuel par morsure de vipère
Mais des accidents allergiques sont aussi possibles (DuCLuZEAu, 2000 ; CHIPPAux et al., 2013). Pour
en réaction au venin de certains hyménoptères les abeilles, il faut distinguer les accidents aller-
ou à la suite de l’exposition de personnes sensi- giques (chocs anaphylactiques) responsables de
bilisées à un allergène élaboré par un arthropode la totalité des décès par hyménoptères en France
(acariens des poussières, blattes, etc.). (une vingtaine en moyenne par an) des enveni-
mations stricto sensu par piqûres multiples (plus
Les arthropodes vésicants ou urticants entraînent
de 500 pour l’enfant ; 1 000 pour l’adulte) des
des réactions parfois violentes à des substances
abeilles africanisées en Amérique du Sud (et dans
qu’ils sécrètent. La plupart des ordres d’insectes
une moindre mesure, centrale ou septentrionale).
peuvent être incriminés.
Au Brésil, cela représente plus d’une centaine de
Les arthropodes nuisants regroupent des espèces décès par an sans que l’on sache vraiment si ce
qui n’entrent pas dans les catégories précédentes. sont des chocs anaphylactiques (probablement
on y retrouve des insectes hématophages dont majoritaires) ou des envenimations (FERREIRA
on ne connaît pas l’importance médicale ou et al., 2012 ; CHIPPAux, 2015).
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Les venins d’arthropodes sont des mélanges cétoniques ou alcooliques, souvent assez proches
complexes de toxines et de composés variés qui de ceux du venin. La morsure de certaines
facilitent la diffusion et l’efficacité des toxines. espèces est douloureuse et entraîne un prurit
Celles-ci comprennent généralement des amines prolongé.
(histamine, catécholamines, sérotonine, etc.), Les vespidae regroupent 860 espèces au niveau
des peptides spécifiques et des enzymes (phos- mondial. Ce sont celles qui posent le plus de
pholipase, hyaluronidase, estérases, etc.), qui problèmes en termes de santé, notamment les
varient suivant les groupes taxonomiques. espèces sociales. C’est le cas pour les frelons
Suivant les types de cellules ou de tissus affectés, (fig. 27.1) et les guêpes (sous-famille des
les venins peuvent être caractérisés de neuro- vespinae), mais aussi les polistes (sous-famille
toxiques, cytotoxiques ou hémotoxiques. Les des Polistinae).
symptômes induits sont : douleurs, prurit,
inflammations, rougeurs, hémorragies ou
ampoules, dont la sévérité dépend du type et
de la quantité de venin injecté.
Hyménoptères
Chez les hyménoptères aculéates, l’organe de
ponte des femelles est transformé en un
aiguillon. La plupart des espèces dangereuses
sont des espèces sociales qui défendent leurs
stocks de nourriture et leurs colonies. Si l’ordre
des hyménoptères comprend 115 000 espèces
connues, le sous-ordre des aculéates en compte
environ 60 000, regroupées en 8 superfamilles.
Figure 27.1 – Frelon asiatique Vespa velutina,
Les espèces qui posent le plus de problèmes en introduit récemment en europe où il s’attaque
termes de santé sont regroupées dans 3 familles : notamment aux abeilles ouvrières.
Formicidae, vespidae et Apidae. © opie-MP/D. Pelletier
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douleur, des neurotoxines et des composés comme les plus dangereux pour les humains sont la
les kinines induisant de la douleur ; le principal melittine et les phospholipases, dont la diffusion
peptide du venin d’abeille est la mélittine, qui dans l’organisme est favorisée par la hyaluroni-
représente plus de 50 % de la composition du dase. Certains individus peuvent être sensibilisés
venin (FERREIRA et al., 2012) ; à ces produits et faire ensuite des réactions aller-
– des protéines plus grosses et des enzymes giques très violentes. Mais certains composants
de poids moléculaires supérieurs à 10 000, qui du venin d’abeille diminuent les réponses
facilitent la diffusion et l’activité des autres com- inflammatoires chez certaines personnes, ce
posés du venin, comme la hyalurodinase. Cette qui explique que ce venin soit utilisé parfois
catégorie comprend aussi des phospholipases dans le traitement de certaines affections rhu-
qui sont toxiques, qui détruisent les membranes matismales et arthritiques chroniques, certaines
cellulaires et qui facilitent le relargage d’agents maladies inflammatoires comme les tendinites
causant la douleur. et les bursites, ainsi que la sclérose en plaques
(apithérapie).
Les venins de guêpes solitaires provoquent la
Au niveau mondial, plusieurs millions de per-
paralysie des insectes, araignées ou autres
sonnes sont piquées chaque année par des
arthropodes, dont elles sont prédatrices. Ces
hyménoptères. Cela n’entraîne habituellement
venins agissent directement sur le système
qu’une réaction inflammatoire locale : douleur
nerveux et entraînent une baisse très impor-
vive, œdème, rougeur durant quelques heures.
tante du métabolisme général. L’objectif est
Cependant, des cas graves peuvent être obser-
simplement de paralyser ces proies, tout en les
vés :
maintenant en vie, pour en faire une source de
nourriture pour les larves. Les composés prin- – dans le cas de piqûres bucco-pharyngées ;
cipaux sont des histamines, des polyamines et – dans le cas de piqûres multiples ;
des bradykinines qui entraînent la contraction – ou chez des enfants ou des individus sensibi-
des muscles lisses. Certains venins contiennent lisés (< 1 % de la population).
parfois des quantités importantes d’acétylcholine.
on peut alors observer des complications allant
En général, les venins de guêpes solitaires n’en-
d’un simple syndrome bénin d’hypersensibilité
traînent qu’une douleur légère et temporaire
(malaise, anxiété, paresthésies, éruption urtica-
chez les humains.
rienne localisée, vomissements, vertige), à des
Les venins de fourmis sont injectés par piqûres. tableaux cliniques beaucoup plus sévères, voire
Mais certaines espèces n’ont pas d’aiguillon et mortels (en plus des signes précédents : dyspnée
pulvérisent de l’acide formique sur leurs agres- asthmatique, dysphagie, urticaire géante, œdème
seurs (cas des Formicinae). Les venins des fourmis de quincke, confusion, état de choc anaphy-
piqueuses sont très semblables à ceux des autres lactique, collapsus, coma). Cela nécessite une
hyménoptères. Cependant, ceux des fourmis hospitalisation d’urgence dans une unité de soins
de feu (Solenopsis spp. et Wasmannia spp.) intensifs ; la plupart, heureusement, évoluent
contiennent surtout des alcaloïdes (95 %) et moins favorablement avec un simple traitement anti-
de 1 % de produits protidiques. Ces alcaloïdes, histaminique. Certaines, cependant, nécessitent
comme les solenopsines et la piperidine, sont à l’administration en urgence d’adrénaline, main-
l’origine des réactions locales, qui aboutissent à tenant disponible en dispositif auto-injectable.
une nécrose au niveau du derme. Ils sont cyto-
toxiques, hémolytiques, fongicides, insecticides Arachnides
et bactéricides. Après les hyménoptères, les arthropodes le
Le venin de l’abeille domestique est aussi un plus souvent impliqués dans les envenimations
mélange complexe de protéines, peptides et d’au- humaines sont les arachnides : araignées
tres molécules organiques. Mais les composés (fig. 27.4) et scorpions (fig. 27.5).
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Araignées
Toutes les familles, à l’exception des Symphy-
tognathidae et des uloboridae, possèdent des
glandes à venin et des chélicères, utilisés pour
la capture des proies. Mais, lorsqu’elles sont
menacées, elles peuvent se défendre en mordant
et en injectant du venin dans la peau d’un verté-
bré. Dans la plupart des cas, le venin ne produira
qu’une réaction loco-régionale plus ou moins
violente, ne nécessitant pas d’intervention
médicale. Mais d’autres araignées ont un venin
beaucoup plus puissant, entraînant des réactions
sévères, voire la mort. Au niveau mondial, une
soixantaine d’espèces sont considérées comme
potentiellement dangereuses. La plupart des
espèces dangereuses pour les humains se ren-
contrent en régions tropicales ou subtropicales,
mais également en régions méditerranéennes.
on désigne par aranéisme les états pathologiques
secondaires aux morsures d’araignées. Et des
noms particuliers sont donnés aux symptômes,
souvent caractéristiques, associés aux morsures
Figure 27.4 – Mygales, Bouna, Côte d’ivoire.
© G. Duvallet
des araignées les plus dangereuses : l’atraxisme
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est l’envenimation par les araignées du genre moindre d’envenimations. Des sérums antive-
Atrax, le latrodectisme pour le genre Latrodectus, nimeux sont disponibles pour ces deux espèces.
le loxoscelisme pour le genre Loxosceles et le
phoneutriisme pour le genre Phoneutria. Phoneutriisme : dû à des araignées du genre
Phoneutria, présentes en Amérique du Sud.
Pour la taxonomie, un catalogue de la faune Ce sont des araignées grandes, agressives, qui
mondiale des araignées, mis à jour régulièrement, chassent la nuit des invertébrés et de petits ver-
est disponible sur internet (PLATnICK, 2008). Il tébrés. Leur venin est fortement toxique pour
regroupait 45 330 espèces différentes à la date les humains, agissant à la fois sur les systèmes
du 13/04/2015. Pour une revue des principales nerveux central et périphérique, entraînant
familles ayant une importance médicale ou un syndrome caractéristique. Les deux espèces
vétérinaire, nous renvoyons à MuLLEn et vETTER les plus dangereuses sont P. nigriventer et
(2009). P. keyserlingi, avec de nombreux cas d’enveni-
Les venins d’araignées diffèrent en fonction des mation. Leur venin contient de nombreux
espèces en termes de composition chimique et composés incluant histamine, sérotonine et des
d’effets sur les animaux mordus. Ces venins neurotoxiques. La morsure est très douloureuse
comprennent des protéases, des estérases, des et produit salivation, transpiration, spasmes
polyamines, des acides aminés, de l’histamine et musculaires, priapisme et troubles visuels. Les
d’autres substances toxiques caractéristiques de mortalités sont rares et dues à des paralysies
chaque taxon. Certains venins sont principale- respiratoires.
ment cytolytiques, entraînant la lyse des cellules
Loxoscelisme : résultant de la morsure des arai-
et des tissus, d’autres agissent comme des
gnées du genre Loxosceles. Environ 100 espèces
neurotoxines ou bien perturbent les fonctions
de Loxosceles ont été décrites, la majorité en
sanguines normales. Les symptômes principaux
Amérique, le reste en Europe et en Afrique. Les
sont les suivants (MuLLEn et vETTER, 2009).
espèces les plus importantes d’un point de vue
Atraxisme : dû à des araignées des genres Atrax médical sont L. reclusa en Amérique du nord,
et Hadronyche, qui vivent dans la partie orientale L. laeta en Amérique centrale et du Sud, et
de l’Australie et en Tasmanie. Atrax robustus se L. rufescens en région méditerranéenne. Ces
rencontre autour de Sydney, où elle peut installer araignées fréquentent l’intérieur des maisons.
son nid dans les jardins des zones suburbaines. La morsure est rapidement suivie par une
Cette araignée peut atteindre 25 cm de longueur, cloque, une douleur locale, un malaise général,
les mâles étant les plus grands et les plus agres- des hémorragies locales, et surtout par une ulcé-
sifs. La morsure produit une douleur immédiate ration et une nécrose étendue des tissus cutanés
et des symptômes neurologiques : agitation, et sous-cutanés (fig. 27.6). Ces phénomènes
anxiété, hypertension, tremblements musculaires, nécrotiques, caractéristiques du loxoscelisme,
tachycardie, œdème pulmonaire et coagulation nécessitent parfois le recours à des greffes.
sanguine intravasculaire. Des cas mortels ont été Chez l’enfant, un état de choc peut s’installer,
rapportés, surtout chez des enfants. Le composé avec hémolyse, hémoglobinurie et ictère. Mais
toxique du venin a été nommé atraxotoxine. Il agit on observe d’importantes variations dans la
au niveau des synapses nerveuses en stimulant toxicité du venin suivant les régions. La totalité
la libération d’acétylcholine. Les effets sont des symptômes du loxoscélisme est due à la
réversibles. Hadronyche formidabilis se rencontre sphyngomyélinase du venin, ce qui a permis de
dans les zones forestières du Sud-Est australien. mettre au point un antivenin spécifique remar-
Les effets de sa morsure sont similaires à ceux quablement efficace (arrêt de la douleur en une
d’A. robustus, mais la toxicité de son venin est quinzaine de minutes et régression rapide de la
plus forte. Cependant, elle est plus rarement nécrose). Cet antivenin est préparé à partir de
rencontrée que la précédente, d’où un nombre sphyngomyélinase recombinante administrée à
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par la survenue d’un état de choc, surtout chez pas de danger pour l’Homme, plusieurs espèces
l’enfant, avec altération de l’état général, agitation, du genre Heterometrus en Asie peuvent entraîner
anxiété, délire, vomissements, oligurie, parfois des lésions sérieuses avec altération des tissus,
coma. La mort est surtout à redouter chez l’en- cloques et hémorragies locales.
fant : au Brésil, les piqûres de Tityus serratulus sont
Les venins de scorpions sont un mélange com-
mortelles dans 0,8 à 1,4 % des cas chez l’adulte et
plexe qui varie entre taxons, et parfois entre
15 à 20 % des cas chez les jeunes enfants. Dans
individus de la même espèce. Les toxines sont
certains cas, des complications peuvent survenir :
des protéines de petit poids moléculaire, com-
hypersialorrhée, contractures musculaires, convul-
parables aux toxines de certains serpents. L’effet
sions, fièvre, troubles de la vision, photophobie,
des venins dépend aussi de la quantité injectée
hémorragies digestives, etc. Dans certains pays,
et des caractéristiques de la victime (âge, poids,
des sérums antivenimeux spécifiques ont été
état de santé).
préparés ; ils doivent être administrés dans les
deux heures suivant la piqûre. Les piqûres de la plupart des scorpions ne
requièrent aucun traitement, si ce n’est l’appli-
Les espèces les plus dangereuses appartiennent
cation de glace sur le site de piqûre pour atténuer
à la famille des Buthidae (tabl. 27.1). Cette famille
la douleur. Il ne faut jamais pratiquer d’incision
comprend plus de 700 espèces et elle est présente
au niveau de la piqûre et la plupart des médica-
sur tous les continents. Leur plus grande diver-
ments habituels (antihistaminiques, analgésiques,
sité est observée dans la région Afrotropicale et
calmants, anti-inflammatoires) sont sans effet.
dans le sud de la région Paléarctique. À noter
aussi, dans la famille des Hemiscorpiidae, Dans les cas sévères avec des réactions systé-
l’espèce Hemiscorpius lepturus dont le venin est miques, il faut rechercher aussitôt une assistance
hémorragique et qui est à l’origine de décès en médicale. un traitement symptomatique sera mis
Iran et au Kurdistan ; dans la famille des en place. Des sérums antivenimeux existent,
Scorpionidae, où l’on retrouve des espèces de mais leur emploi nécessite des précautions par-
grande taille comme Pandinus imperator en ticulières et l’identification précise de l’espèce
Afrique (18 cm de longueur), lequel ne présente de scorpion en cause.
Tableau 27.1 – Liste des espèces de scorpions les plus dangereuses avec indication de la toxicité
de leurs venins. Toutes appartiennent à la famille des Buthidae (d’après MuLLeN et STOCKWeLL, 2009).
espèces Dose létale* Distribution géographique
(DL50)
Leiurus quiquestriatus 0,25 Turquie, Israël, Égypte, Algérie, Libye, Soudan
Androctonus mauretanicus 0,31 Maroc
Androctonus australis 0,32 Maroc, Algérie, Libye, Tunisie, Égypte
Androctonus crassicauda 0,40 Turquie, Israël, Irak, Péninsule arabique
Tityus serrulatus 0,43 Brésil
Centruroides limpidus 0,69 Mexique
Androctonus amoreuxi 0,75 Moyen-orient
Buthus occitanus 0,90 Maroc, Algérie, jordanie, sud de l’Europe
Centruroides exilicauda 1,12 États-unis, nord du Mexique
Parabuthus transvaalicus 4,25 Afrique du Sud
Hottentotta tamulus — Inde
* Dose létale exprimée en mg/kg de venin nécessaire pour tuer 50 % des souris après injection sous-cutanée.
Plus cette dose létale est faible, plus le venin est toxique.
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Autres arachnides
Hormis araignées et scorpions, d’autres arach-
nides sont venimeux et peuvent entraîner des
troubles plus ou moins graves chez les humains.
C’est le cas des uropyges, ordre d’arachnides
que l’on rencontre dans les régions tropicales
humides du Sud-Est asiatique, d’Amérique
centrale et du Brésil, et d’Afrique de l’ouest. Les
uropyges ont l’apparence d’un scorpion mais
n’ont pas de glande à venin (fig. 27.7). Ils ont
cependant des glandes anales, situées à la base
Figure 27.8 – Solifuge, Sénégal oriental.
du flagelle de chaque côté de l’anus. Ces glandes © IRD/v. Robert
sont leur organe de défense contre les prédateurs ;
elles peuvent projeter de fines gouttelettes com-
posées d’acides acétique, octanoïque, formique pas de glande à venin et leurs morsures sont
ou chlorhydrique (MILLoT, 1968), à plus de généralement bénignes. Les grandes espèces
30 cm de distance. peuvent néanmoins provoquer des plaies qui
s’infectent et entraînent inflammation locale,
nécrose des tissus autour de la morsure et
parfois gangrène.
Myriapodes
Parmi les quatre classes de myriapodes, deux
peuvent poser des problèmes de santé :
– les diplopodes (iules) (fig. 27.9), dont certains
sécrètent des quinones, de l’acide cyanhydrique,
des phénols et des alcaloïdes pour se défendre.
Ces sécrétions élaborées par une paire de
glandes présentes dans chaque anneau peuvent
brûler la peau et entraîner des décolorations
Figure 27.7 – uropyge. (RADFoRD, 1975) ;
© M. Gaymard
617
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– les chilopodes, dont les grandes espèces des qui peut se surinfecter. Scolopendra cingulata est
régions méditerranéennes et tropicales peuvent répandue sur tout le pourtour méditerranéen.
entraîner des envenimations lors de morsures Scolopendra gigantea, rencontrée en Amérique
infligées avec leurs forcipules (crochets veni- du Sud, est l’espèce la plus grande, pouvant
meux qui sont l’homologue d’une première atteindre 40 cm de long.
paire de pattes très modifiée) reliés à des Les scolopendres chassent la nuit, moment où
glandes à venin. Les scolopendres (fig. 27.10) elles peuvent entrer dans les maisons. Il arrive
font partie de ce groupe, et leurs morsures, dou- qu’elles se dissimulent dans des draps ou des
loureuses, sont responsables de troubles tels que vêtements, et même qu’elles passent sur une
céphalée, anxiété, douleur vive, vomissements personne pendant son sommeil. Craintives, elles
durant quelques heures. Les accidents graves mordent pour se défendre lorsqu’elles se sentent
semblent très rares. À noter cependant que la menacées. Mais si l’on prend la précaution de
réaction locale, érythémateuse et œdémateuse, prévenir, en secouant par exemple le linge de
est accompagnée parfois d’une zone de nécrose maison avant son utilisation, on peut éviter les
morsures très désagréables.
Pour s’en protéger, on peut aussi éviter de leur
procurer des refuges (objets traînant dans la
maison, jardin encombré à proximité des murs)
ou utiliser une légère dose d’insecticide contre
les rampants, quelques traces sur le sol suffisent
parfois à les tuer. Dans des zones où elles sont
très abondantes, des produits non toxiques,
respectueux de l’environnement et efficaces, ont
été mis au point en Guadeloupe, comme une glu
à base végétale avec laquelle on trace une ligne
tout autour de la maison. Les scolopendres ne
peuvent la franchir et restent dans le jardin ou
A s’y engluent.
ARTHROPODES ALLERGISANTS
Des phénomènes d’ordre allergique peuvent
être causés par la plupart des arthropodes
hématophages lors de l’injection de salive au
moment du repas de sang. Certains de ces syn-
dromes ont été bien observés et individualisés,
comme le montrent les exemples suivants.
Poux
Certaines personnes développent une allergie
B aux poux, sous forme d’une dermatite générali-
sée en réponse à un petit nombre de piqûres,
Figure 27.10 – Scolopendres : voire à une seule. une forme de bronchite
A) Mahé, Seychelles.
© IRD/v. Robert asthmatique a aussi été observée en réponse à
B) Maroc. l’allergie aux infestations de poux (DuRDEn et
© j. C. Streito LLoyD, 2009).
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allergiques sont principalement dues à la famille d’espèces, essentiellement parmi les hétérocères,
des Pyroglyphidae (genres Dermatophagoides et peuvent causer des problèmes de santé aux
Euroglyphus). humains et aux animaux.
En Europe, l’espèce la plus fréquemment ren- Dans la plupart des cas, c’est le stade larvaire
contrée dans les cas d’allergie à la poussière des (chenille) qui est impliqué. Les chenilles de
maisons est Dermatophagoides pteronyssinus. nombreuses espèces sont couvertes de soies ou
Ces acariens survivent uniquement dans une d’épines associées à des glandes à venin. Leur
atmosphère relativement humide (humidité contact avec la peau déclenche une sensation de
relative supérieure à 65-70 %), mais, en cas de piqûre et de brûlure. Des animaux domestiques
sécheresse prolongée, les larves peuvent se peuvent aussi ingérer ces chenilles, ce qui
transformer en protonymphes résistantes à la déclenche des problèmes gastro-intestinaux. Les
dessiccation pendant plusieurs mois. syndromes résultant d’un contact avec les
Les acariens des poussières sont reconnus comme chenilles sont connus sous le terme d’érucisme
la principale source d’allergènes à l’origine des (du latin eruca, « chenille »).
allergies liées à la poussière, surtout chez les Mais des papillons adultes peuvent être aussi à
enfants et adolescents. Les manifestations l’origine de problèmes de santé. L’inhalation
cliniques principales sont : asthme bronchique d’écailles ou de soies de ces papillons peut
avec respiration difficile, inflammation des entraîner des réactions allergiques. Il faut ajou-
voies respiratoires et conjonctivite. De l’eczéma ter à cela le cas particulier de ces papillons
atopique peut s’ajouter chez certaines personnes. adultes qui se nourrissent sur les sécrétions
L’apparition des symptômes est souvent saison- lacrymales, ou sur le sang au niveau de plaies,
nière, en lien avec la taille de la population ou qui peuvent même piquer à travers la peau
d’acariens. De même, la gravité des symptômes pour prélever du sang (voir ci-dessous). Les
est liée au nombre d’acariens présents. syndromes résultant d’un contact direct avec
le papillon, ou avec les soies ou les écailles
présentes dans l’air, sont connus sous le terme
ARTHROPODES URTICANTS de lépidoptérisme.
ET VÉSICANTS Parmi la centaine de familles de lépidoptères
La plupart des ordres d’insectes et d’acariens connues, 14 comprennent des espèces liées à des
comprennent des espèces urticantes ou vési- problèmes de santé ; 12 sont des hétérocères et
cantes. Deux ordres principaux sont retenus 2 des rhopalocères. Cela représente environ
ici : les lépidoptères et les coléoptères. 60 genres et 100 espèces au niveau mondial. Six
familles comprennent des espèces dont les adultes
Lépidoptères se nourrissent sur le sang ou les sécrétions lacry-
L’ordre des lépidoptères est classiquement divisé males : Geometridae, noctuidae, notodontidae,
en deux sous-ordres : Pyralidae, Sphingidae et Thyatiridae.
Pour les érucismes, les familles les plus fréquem-
– les hétérocères, correspondant globalement
ment en cause sont :
aux papillons de nuit (moths en anglais) ;
– Megalopygidae, en Amérique tropicale, dont
– les rhopalocères, correspondant aux papillons les chenilles sont couvertes de longues soies.
de jour (butterflies en anglais). Leur contact déclenche brûlure, inflammation
Beaucoup d’espèces de lépidoptères sont recon- locale, œdème, nausée et parfois vomissement ;
nues comme des pestes en agriculture en raison – Thaumetopoeidae, connus sous le nom de
des dégâts que leurs chenilles occasionnent aux chenilles processionnaires (fig. 27.11). Deux
végétaux, aux denrées stockées et à des produits espèces sont impliquées en Europe : Thaumeto-
d’origine animale. Mais un certain nombre poea pityocampa, la processionnaire du pin, et
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Suragina sont hématophages et peuvent piquer figure parmi les mouches les plus étroitement
humains ou bovins, et celles du genre Atrichops liées à l’environnement humain (synanthropes).
prélèvent du sang sur des batraciens ; De nombreux micro-organismes pathogènes
– famille des Corethrellidae. Les femelles du peuvent être ingérés puis déposés avec les régur-
genre Corethrella sont hématophages et piquent gitations ou les déjections de ces mouches, ou
généralement des batraciens, chez lesquels elles simplement transportés au niveau des pièces
peuvent transmettre des trypanosomes. Mais du buccales et des pattes. Parmi les pathogènes
sang d’oiseaux et de mammifères a parfois été transportés, on cite : des virus (cocksakie,
trouvé chez certaines femelles ; hépatite A, etc.), des bactéries (salmonelles,
shigelles, vibrions, streptocoques, staphylo-
– famille des Muscidae. En dehors de la tribu des
coques, etc.), des protozoaires (amibes, Giardia,
Stomoxyini, mouches hématophages étudiées
Cryptosporidium, etc.), des helminthes (œufs
précédemment (chap. 16), et de l’espèce Musca
d’oxyures, d’ascaris, de trichocéphales, d’anky-
crassirostris, espèce également hématophage
lostomes, de tænias, etc.).
répandue dans le Bassin méditerranéen, en
Afrique et en Asie, qui peut être une nuisance Ces mouches sont, en outre, les hôtes inter-
très importante pour le bétail, la famille des médiaires pour les nématodes des genres
Muscidae comprend un très grand nombre Habronema, Thelazia et Stephanofilaria. À côté
d’espèces non piqueuses, plus ou moins synan- de Musca domestica, il faut citer également les
thropes. quelques-unes peuvent être d’ailleurs espèces suivantes :
agents de myiases (chap. 19). – Musca sorbens : complexe d’espèces très
Les espèces du genre Fannia, en particulier répandues en Afrique et en Asie et qui sont très
F. canicularis et F. scalaris, cosmopolites, fréquen- attirées par les humains. Elles se posent en grand
tent à l’état adulte les habitations humaines ; les nombre autour des yeux, des narines, de la
œufs sont déposés sur des excréments ou des bouche ou sur les plaies et sont responsables de
matières végétales en décomposition, et les conjonctivites, de blépharites, d’ulcères cornéens.
larves se développent sur les mêmes milieux. Elles ont été trouvées porteuses de l’agent du
Ces espèces peuvent être porteuses de bactéries trachome et de nombreuses bactéries, protozoaires
pathogènes ou de nématodes (par ex. Thelazia et helminthes ;
des glandes lacrymales et de la cavité orbitaire – Musca vetustissima : espèce australienne, très
de nombreux mammifères domestiques chez proche des précédentes ;
lesquels ils peuvent provoquer des ophtalmies). – Musca autumnalis : espèce de l’Ancien Monde,
Le genre Musca est sans doute l’un des plus qui a été introduite en Amérique du nord. C’est
importants, en raison en particulier de la proli- une nuisance importante et un transporteur de
ficité de l’espèce cosmopolite Musca domestica. nombreux agents pathogènes (moraxelles,
Le cycle de développement de cette espèce dure Thelazia, etc.) ;
de 10 jours à 30 °C à 30 jours à 16 °C ; la durée – familles des Calliphoridae et des Sarcopha-
de vie de l’adulte est d’environ 3 semaines. La gidae. Plusieurs espèces de ces familles sont des
descendance théorique d’une femelle (6 pontes agents de myiases (chap. 19) mais ce sont aussi
de 120 à 150 œufs chacune) serait en 4 mois de d’actifs transporteurs d’agents pathogènes.
191 x 1 018 individus ! Les larves se développent
dans des déjections ; on les trouve dans les Lépidoptères
latrines, le fumier, les litières, les auges des ani- Plus d’une centaine d’espèces d’hétérocères ont
maux domestiques, les matières végétales ou été observées se nourrissant sur les sécrétions
animales en décomposition et dans les dépôts lacrymales, en Thaïlande, en Malaisie et pays
d’ordures ménagères. La longévité des adultes voisins (BänZIGER et BüTTIKER, 1969). Ce sont
est de 2 semaines à 2 mois. Musca domestica principalement des Geometridae, des Pyralidae
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et des notodontidae, mais aussi quelques espèces Les blattes sont, à tous les stades, des insectes
de noctuidae, Sphingidae et Thyatiridae. La omnivores, s’attaquant, en ce qui concerne les
plupart se nourrissent sur zébus, buffles ou élé- espèces commensales de l’homme, aux subs-
phants, pouvant entraîner une irritation de l’œil. tances sucrées, au pain, aux grains et aux denrées
L’espèce Chaeopsestis ludovicae (Thyatiridae) alimentaires en général, et même au papier, aux
est connue pour se nourrir sur les humains : cadavres de leurs congénères et au sang frais ou
sécrétions lacrymales, transpiration, salive. Cette séché. Elles souillent l’environnement par leurs
espèce peut entraîner une irritation importante déjections. La plupart ont une activité nocturne,
de la conjonctive. restant cachées durant la journée dans les fentes
Enfin, certaines espèces de Geometridae et de des murs ou du sol, et dans tous les interstices
noctuidae sont attirées par des plaies ou des humides et obscurs.
lésions de la peau, où elles aspirent les liquides on distingue : 1) les blattes domestiques, qui
disponibles. Mais des espèces du genre Calyptra vivent exclusivement à l’intérieur des maisons et
(noctuidae) sont capables de percer la peau pour dépendent largement des humains (nourriture,
aspirer du sang, y compris chez des humains humidité) pour leur survie. Elles comprennent un
(BänZIGER, 1969 ; 1989). petit nombre d’espèces dont Blattella germanica
et Supella longipalpa, mais représentent le groupe
Dictyoptères (Blattaria) le plus important en termes de santé en raison de
leur proximité avec les humains ; 2) les blattes
Cet ordre, comprenant près de 4 000 espèces
péridomestiques, qui peuvent vivre aussi bien à
dans le monde, regroupe les blattes, souvent
l’intérieur qu’à l’extérieur des maisons. on
appelées cafards, dont une trentaine d’espèces
retrouve dans ce groupe toutes les espèces de
sont commensales de l’habitat humain et
Periplaneta : P. americana, P. australasiae,
peuvent présenter une grande importance
P. brunnea, P. fuliginosa, et aussi Blatta orientalis
médico-vétérinaire.
et Eurycotis floridana ; 3) les espèces sauvages,
Les blattes ont une taille comprise entre 5 et dont la survie est indépendante des humains.
40 mm, et un corps plus ou moins aplati dorso- Ce groupe contient près de 95 % de toutes les
ventralement. Leur cuticule est souple et espèces du monde. Elles peuvent se retrouver
présente une coloration allant du brun clair au accidentellement dans les maisons, mais n’y
noir. Les antennes, longues et fines, présentent séjournent pas durablement et jouent donc un
un grand nombre d’articles ; les pièces buccales rôle très secondaire en termes de santé.
sont de type broyeur. Les blattes se déplacent L’importance sanitaire des blattes est considé-
très rapidement et certaines peuvent voler. rable ; elle résulte de leur rôle de transporteurs
Le cycle de développement est à métamorphose d’agents pathogènes, ou d’hôtes intermédiaires
incomplète. Les œufs (20 à 50) sont groupés dans pour certains parasites. Le fait que ces blattes
une oothèque portée par la femelle pendant puissent fréquenter successivement des milieux
quelques jours avant d’être déposée dans un contaminés (matières fécales par exemple) et de la
endroit propice au développement des œufs. nourriture explique que ces insectes soient trouvés
Suivant les espèces, une femelle peut produire de porteurs de nombreux organismes pathogènes :
4 à 90 oothèques. L’embryogenèse peut durer des virus (coxsackie, poliomyélite, etc.), plus de
de 1 à 8 semaines. Les larves sont similaires aux 40 espèces bactériennes (shigelles, salmonelles,
adultes, quoique aptères. Le nombre de stades E. coli, klebsielles, staphylocoques, clostridies,
larvaires peut varier de 5 à 13 suivant les espèces etc.), des champignons (Aspergillus sp.), des
et les conditions climatiques. La durée totale du protozoaires (Balantidium coli, Entamoeba
cycle de développement s’étend de 2 mois à un histolytica, Giardia intestinalis, Trichomonas,
an. Et la durée de vie d’un adulte serait de l’ordre Toxoplasma gondii, etc.), des œufs d’helminthes
de 3 mois à près de 2 ans. (schistosomes, ascaris, tænias, ankylostomes, etc.).
624
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Certaines blattes peuvent être aussi les hôtes Des pullulations d’insectes non piqueurs
intermédiaires naturels d’helminthes (Hyme- comme les chironomes ont entraîné la ferme-
nolepis, Spirura, Oxyspirura, Gongylonema, ture par exemple de l’aéroport de venise, proche
Moniliformis, etc.). de la lagune, pendant quelques heures.
Hyménoptères
RÉFÉRENCES
Rappelons ici que des fourmis sont impliquées
comme hôtes intermédiaires dans le cycle naturel Bänziger, H., 1969. The extraordinary case of the
de la petite douve du foie Dicrocoelium dentriti- blood-sucking moth. Animals Magazine (London) :
cum, parasite habituel des herbivores domes- 135-137.
tiques, qui peut occasionnellement infecter les Bänziger, H., 1989. Skin-piercing blood-sucking
humains. Les métacercaires de ce trématode sont moths. v. Attacks on man by 5 Calyptra spp.
hébergées par différentes espèces de Formica. (Lepidoptera, noctuidae) in S and SE Asia.
Mitteilungen der Schweizerischen Entomologischen
Crustacés Gesellschaft, 62 : 215-233.
Parmi les Euarthropodes, en dehors des insectes, Bänziger, H., Büttiker, W., 1969. Records of eye-
frequenting Lepidoptera from man. Journal of
des arachnides et des myriapodes, certains
Medical Entomology, 6 : 53-58.
crustacés peuvent jouer un rôle sanitaire
comme les copépodes, hôtes intermédiaires de Chippaux, j.P., 2015. Epidemiology of envenomations
nématodes, trématodes ou cestodes pour les by terrestrial venomous animals in Brazil based on
case reporting: from obvious facts to contingencies.
humains et les animaux domestiques. Les
J. Venom. Anim. Toxins Incl. Trop. Dis., 21 : 13.
pentastomes sont également d’intérêt médical
et vétérinaire (voir chap. 26). Chippaux, j.P., Saz-Parkinson, Z., Amate Blanco,
j.M., 2013. Epidemiology of snakebite in Europe:
Autres nuisances Comparison of data from the literature and case
reporting. Toxicon, 76 : 206-213.
Le terme de nuisance recouvre ici les effets que
Ducluzeau R., 2000. Piqûres d’hyménoptères. Infotox,
peuvent avoir les arthropodes sur les humains
11 : 3-5.
ou les animaux, à l’exclusion de la transmission
ou du transport d’agents pathogènes ou des Durden, L.A., Lloyd, j.E., 2009. Lice (Phthiraptera).
In Mullen & Durden (Eds): Medical and Veterinary
effets directs de piqûres ou de morsures.
Entomology, Academic Press, uSA, 637 p; : 59-82.
Ces nuisances sont presque toujours en relation
Ferreira, R.S., Almeida, R.A.M.B., Barraviera, S.R.C.S.,
avec une grande abondance, localisée dans le Barraviera, B., 2012. Historical Perspective and
temps comme dans l’espace, des arthropodes Human Consequences of Africanized Bee Stings in
considérés. La pullulation soudaine d’insectes the Americas. Journal of Toxicology and
ou d’acariens peut être la cause d’une nuisance Environmental Health, Part B, 15 (2) : 97-108.
considérable, notamment s’ils sont piqueurs : Fet, v., Sissom, W.D., Lowe, G., Braunwalder M.E.,
moustiques, cératopogonides, simulies, punaises, 2000. Catalog of the scorpions of the world (1758-
acariens, mouches, etc. Les conséquences sont 1998). new york, The new york Entomological
parfois telles que certaines zones ou régions Society.
doivent être évacuées (certaines plages de jourdain, F., Girod, R., vassal, j.M., Chandre, F.,
Madagascar ou de Polynésie, certains abords Lagneau, C., Fouque, F., Guiral, D., Raude, j., Robert, v.,
des lacs victoria ou nicaragua, certaines zones 2012. The moth Hylesia metabus and French Guiana
du nord du Canada en été). La spoliation lepidopterism: centenary of a public health concern.
sanguine due à ces pullulations n’est pas négli- Parasite, 19 (2) : 117-128.
geable. La perte de sang des bovins au Krinsky, W.L., 2009a. True bugs (Hemiptera). In
queensland peut s’élever à 166 ml chaque nuit Mullen & Durden (Eds): Medical and Veterinary
à cause des moustiques. Entomology, Academic Press, uSA, 637 p. : 83-99.
625
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626
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Glossaire
Abréviations : adj. : adjectif ; angl. : anglais ; contr. : contraire ; ex. : exemple ; f. : féminin ; m. : masculin ;
n. : nom ; pl. : pluriel ; pr. : propre ; syn. : synonyme.
Abdomen (n. m.) : chez les insectes, 3e tagme, Aigu (adj.) : en médecine, épisode clinique
tagme postérieur. grave, d’apparition ordinairement soudaine et
de courte durée (contr. chronique).
Acaricide (n. m.) : substance ou procédé destiné
à tuer des acariens. Aile (n. f.) : organe externe pair spécialisé dans
le vol.
Acarologie (n. f.) : étude des acariens.
Allergie (n. f.) : réaction anormale et excessive
Adénopathie (n. f.) : état pathologique de
du système immunitaire face à une substance
ganglions, ordinairement hypertrophiés et
reconnue comme étrangère à l’organisme.
douloureux.
Adjuvant (n. m.) : additif qui renforce les effets Allopatrie (n. f.), allopatrique (adj.) : se dit de
de l’indication principale (médicament, vaccin, deux populations ou espèces qui ont des niches
insecticide). écologiques distinctes (contr. sympatrie).
Adulte/imago (n. m.) : chez les arthropodes, Amastigote (n. m.) : type cellulaire de
stade ultime du développement ; syn. insecte Leishmania ou de Trypanosoma, petit, rond,
parfait. non mobile, sans flagelle apparent.
Adulticide (n. m. ou adj.) : dont la finalité est Amplification (n. f.) : procédé multiplicatif ;
de tuer les stades adultes ; ex. un insecticide ex. amplification virale dans un organisme sus-
adulticide. ceptible.
Aédeage (n. m.) : organe de l’appareil phallique Analogue (n. m.) d’hormone juvénile : com-
des arthropodes mâles utilisé pour le transfert posé chimique dont les effets sont comparables
du sperme à la femelle. à ceux de l’hormone juvénile, utilisé comme
régulateur de croissance et par extension
Afrotropicale (adj.) : voir Région biogéogra-
comme insecticide ; syn. mimétique.
phique.
Anaphylaxie (n. f.) : réaction allergique paroxys-
Âge (n. m.) physiologique (adj.) : chez les
tique, parfois mortelle ; ex. choc anaphylactique
arthropodes, statut reproductif d’un adulte ;
par venin d’abeille.
ex. le nombre de cycles gonotrophiques effec-
tués par un moustique femelle. Anémie (n. f.) : niveau anormalement bas de la
quantité d’hémoglobine circulant dans le sang.
Agent (n. m.) infectieux (adj.) : tout organisme
(virus, bactérie, protozoaire, métazoaire), patho- Antenne (n. f.) : appendice céphalique articulé des
gène ou non, qui infecte un autre organisme. arthropodes, assimilable à un organe sensoriel.
627
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Anthroponose (n. f.) : maladie infectieuse Arolium (n. m.) : coussinet situé entre les deux
propre aux humains. griffes du tarse sous la patte de certains insectes
facilitant l’adhérence avec le support.
Anthropophilie (n. f.), anthropophile (adj.) :
appréciant l’Homme ou son environnement ; ex. Arthralgie (n. f.) : douleur articulaire.
anthropophilie de repos pour des insectes dans Arthropode (n. m.) : groupe d’animaux à corps
les maisons, de piqûre pour le repas sanguin segmenté et recouvert d’un exosquelette (voir
pris sur humains. Euarthropodes).
Anthropozoonose (n. f.) : maladie infectieuse Aspersion (n. f.) : projection de poudre ou
naturellement transmissible aux humains par liquide ; ex. aspersion d’insecticide (voir
des vertébrés, morts ou vivants, ou par leurs Pulvérisation).
produits.
Autogène (n. m.) : capable de développer des œufs
Anticoagulant (n. m. ou adj.) : substance inhi- sans prise de repas de sang (contr. anautogène).
bitrice de la coagulation sanguine ; ex. salive
anticoagulante d’arthropodes hématophages. Bacillus (n. latin) : genre de bactéries à Gram
positif, appartenant à la famille des bacillacées
Anticorps (n. m.) : protéine complexe utilisée
(Bacillaceae), capable de produire des
par le système immunitaire pour détecter et
endospores.
neutraliser les agents pathogènes de manière
spécifique. Bacillus sphaericus (n. latin) : nom d’espèce
d’un bacille, utilisé comme insecticide d’origine
Antigène (n. m.) : composé chimique reconnu biologique.
comme non-soi par le système immunitaire, et
capable de déclencher une réponse immune. Bacillus thuringiensis (n. latin) : nom d’espèce
d’un bacille, utilisé comme insecticide d’origine
Apex (n. m.) : partie terminale d’une structure biologique (voir Bti).
(contr. base) ; ex. apex de l’antenne d’un insecte.
Bactérie (n. f.) : organisme vivant microsco-
Apicomplexa (n. m.) : un phylum de proto- pique et procaryote.
zoaires parasites, avec un complexe apical aux
Barbacane (n. f.) : dans un mur de soutènement
stades invasifs de leur développement, et un
des terres, étroite fente verticale pratiquée pour
plaste contenant de l’ADn ; ex. Leucocytozoon,
faciliter l’écoulement des eaux d’infiltration.
Plasmodium, Toxoplasma.
Bifide (adj.) : divisé en deux parties.
Appât (n. m.) : produit qui attire, ordinairement
associé à un piège ; ex. la moustiquaire imprégnée Biocide (n. m.) : vaste ensemble de composés
est appâtée par le dormeur. chimiques regroupant pesticides (dont insecti-
cides), antiparasitaires, antibiotiques, désinfec-
Aptère (adj.) : sans aile. tants, etc.
Arachnide (n. m.) : une classe d’arthropodes Bivoltin (adj.) : voir univoltin.
chélicérates ; ex ; les araignées, les scorpions, les
acariens. Bouchon (n. m.) de fécondation : dans les voies
génitales de la femelle, bouchon introduit par le
Arbovirus (n. m.) : réduction de l’anglais mâle lors de la copulation.
Arthropode Born Virus, virus transmis par
Brachycera (n. latin), brachycères (n. m.) : un
arthropodes ; ex. le virus amaril.
sous-ordre de Diptera caractérisé par des
Arista (n. f.) : soie sensorielle caractéristique antennes courtes à 3 articles ; le dernier article
portée sur le 3e segment antennaire des diptères porte une longue soie, nommée arista, ou bien
brachycères. un style plurisegmenté.
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Glossaire
Bti : Abréviation de Bacillus thuringiensis israe- Chromosome (n. m.) : élément cellulaire,
lensis (anciennement BtH14). principalement composé d’ADn et d’histones,
Bubon (n. m.) : une adénopathie (ou ganglion qui porte les gènes, support de l’hérédité.
augmenté de volume), ordinairement inguinale Chronique (adj.) : persistant, au moins pendant
(pli de l’aine) ou crurale (haut de la cuisse) chez une longue durée (contr. aigu).
les cas de peste bubonique. Chrysalide (n. f.) : stade intermédiaire entre la
larve et l’adulte ; terme ordinairement réservé aux
Capitulum (n. m.) : chez les acariens, partie lépidoptères et, dans une moindre mesure, aux
basale du gnathosome.
hyménoptères et coléoptères (voir nymphe et
Capture-Marquage-Lâcher-recapture : en bio- Pupe).
logie, séquence expérimentale réalisée pour
Circadien (adj.) : relatif à un cycle de 24 heures ;
évaluer la taille d’une population, la capacité de
ex. rythme circadien.
dispersion, etc.
Clade (n. m.) : voir Cladistique.
Carbamates (n. m. pl.) : classe d’insecticides ;
ex. propoxur. Cladistique (n. f.) : étude des êtres vivants selon
leurs relations de parenté, dans un cadre évolu-
Cerque (n. m.) : chez les insectes, appendices à
tionniste, en respectant la construction de
l’extrémité de l’abdomen, à rôle sensoriel et lors
groupes monophylétiques ou clades.
de l’accouplement.
Classe (n. f.) : rang taxonomique intermédiaire
Cestode (n. m.) : une classe de plathelminthes
entre l’embranchement et l’ordre ; ex. classe des
parasites vivant dans le tube digestif des verté-
Insecta.
brés.
Clinique (n. f. ou adj.) : relevant de l’observation
Chaetotaxie (n. f.) : nomenclature et arrange-
directe des malades.
ment des soies sur la cuticule des arthropodes.
Clypéus (n. m.) : partie de la tête des insectes,
Chélicérate (n. m.) : sous-embranchement
en position médiane entre le front et le labre.
d’arthropodes ; ex. arachnides et mérostomes.
Coma (n. m) : état lié à la perte des fonctions
Chélicère (n. f.) : appendice pair, proche de la
de relation (conscience, sensibilité et motilité),
bouche, terminé par un crochet relié à une
résultant souvent de traumatisme ou de maladie.
glande à venin, caractéristique des chélicérates.
Commensalisme (n. m.) : relation symbiotique
Chimioprophylaxie (n. f.) : traitement médica-
entre deux espèces dans laquelle l’une (le com-
menteux préventif (voir Chimiothérapie).
mensal) est bénéficiaire et l’autre (l’hôte) est non
Chimiothérapie (n. f.) : traitement médicamen- affectée.
teux curatif (voir Chimioprophylaxie).
Compétent (adj.) : procure des conditions favo-
Chironomide (n. m.) : famille de diptères rables à la survie ou au développement d’agents
nématocères, voisine des moustiques. infectieux.
Chitine (n. f.) : polysaccharide azoté, résistant Complexe (n. m.) d’espèces : un groupe d’espèces
et souple, principal constituant de la cuticule jumelles.
externe des arthropodes (voir Sclérotine). Concordance (n. f.) gonotrophique : relation
Chlorpyrifos (n. m.) : composé organophos- entre l’activité trophique et le développement
phoré inhibiteur d’acétylcholinestérase, utilisé ovarien, lorsqu’un seul repas de sang permet le
comme insecticide. développement d’une ponte.
Chorion (n. m.) : enveloppe la plus externe de Congénital (adj.) : caractères de naissance, pouvant
l’œuf. résulter de cause génétique ou environnementale.
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Coprophage (n. m.) : se nourrissant d’excréments. Cytogénétique (n. f.) : étude génétique de
Co-repas (n. m.): repas de sang propre aux structures cellulaires, en particulier les chromo-
tiques qui se gorgent ensemble et à proximité somes.
immédiate sur le même hôte, partageant le
même bol alimentaire.
DDT (n. m.) : sigle pour
dichlorodiphényltrichloroéthane, un
Cosmopolitain (adj.) : à distribution mondiale, organochloré utilisé comme insecticide,
ou presque ; syn. ubiquiste. maintenant banni pour un usage agricole à
Costa (n. f.), costal (adj) : concerne le bord cause de problèmes environnementaux.
d’attaque de l’aile des insectes, généralement la DeeT (n. m.) : sigle pour n,n-diéthyl-3-
première veine longitudinale principale de l’aile. méthylbenzamide, répulsif contre de nombreux
Cowdriose (n. f.) : maladie animale, due à arthropodes.
Cowdria ruminantium transmis par des tiques. Définitif (adj.) : voir Hôte.
Coxa (n. f.) : segment basal des pattes d’arthro- Démodécidose (n. f.) : ectoparasitose cutanée
podes. opportuniste, commune aux humains et à de
Coxal (adj.) [glande coxale] : structure excré- nombreux animaux, due à une infection par des
toire de certains acariens, dont le débouché est acariens du genre Demodex.
localisé sur la coxa ou à proximité.
Denticule (n. m.) : structure, petite ou micro-
Crépuscule (n. m.) : désigne ordinairement le scopique, en forme de dent.
moment du soir entre le jour et la nuit (contr.
Dermatite (n. f.) : inflammation de la peau ;
aube), rarement le crépuscule du matin entre la
ex. dermatite de contact due à une substance
nuit et le jour.
irritante ou allergène.
Cryptique (adj.) : caché, parfois impossible
à détecter (ex. complexe d’espèces cryptiques, Diapause (n. f.) : état physiologique de repos,
infection cryptique). génétiquement déterminé, pour un organisme
qui diminue l’intensité de ses activités métabo-
Culicidae (n. m.) : la famille des moustiques. liques ; vie ralentie sans croissance ni dévelop-
Cuticule (n. f.) : revêtement externe des arthro- pement ; souvent saisonnier (voir Dormance).
podes dont le composant majoritaire est la Diatomée (n. f.) [poudre de] : à base de tests
chitine. siliceux de diatomées, utilisée comme insecti-
Cycle (n. m.) : succession continue d’événements, cide par lésion abrasive de la cuticule, contre
avec retour en fin de cycle au point initial ; certains insectes marcheurs comme les punaises
ex. cycle biologique, cycle gonotrophique. de lit.
Cyclorrhaphe (n. m.) : infra-ordre de diptères Dichoptique (adj.) : chez les diptères, caracté-
brachycères, généralement caractérisé par rise des yeux composés non jointifs (contr.
l’ouverture circulaire à travers laquelle l’adulte holoptique).
s’échappe de la pupe ; au stade adulte, mouche
Dieldrine (n. f.) : un organochloré, utilisé
muscoïde aux antennes courtes portant une
comme insecticide.
arista sur le segment antennaire terminal.
Diflubenzuron (n. m.) : benzamide qui agit
Cysticerque (n. m.) : forme larvaire de certains
comme un régulateur de croissance d’insecte
vers parasites de la classe des cestodes formant
par inhibition de la formation de la cuticule
une vésicule dans laquelle est invaginé un (ou
après une mue ; utilisé comme insecticide.
plusieurs) scolex ; le cysticerque se trouve dans
le tissu d’un hôte intermédiaire, il se dévagine Dimorphisme (n. m.) [sexuel] : existant sous
pour se fixer dans l’intestin de l’hôte définitif. deux formes distinctes (ex. mâle ou femelle).
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Glossaire
Diploïde (adj.) : ayant deux jeux de chromo- empodium (n. m.) : chez certains insectes et
somes ; chez les organismes à reproduction acariens, structure habituellement en forme
sexuée, ordinairement un jeu d’origine maternelle d’une forte soie unique, à l’extrémité des pattes,
et un jeu d’origine paternelle (voir Haploïde). entre les griffes tarsales.
Diptera (n. latin) : ordre des insectes diptères. encéphalite (n. f.) : inflammation du cerveau.
Dispersion (n. f.) : mouvement d’individu(s) à endémie (n. f.) : en infectiologie, caractère
l’intérieur ou à l’extérieur de l’aire habituelle de d’une infection rencontrée de façon habituelle,
distribution (voir Migration). dans une zone donnée (voir Épidémie).
Diurne (adj.) : de la journée (contr. nocturne). endémique (adj.) : propre à une certaine zone
Domestique (adj.) : fréquentant la maison ou, géographique ; ex. espèce endémique, agent
par extension, toute habitation humaine (voir infectieux endémique.
Péridomestique). endoparasite (n. m.) : parasite vivant à l’intérieur
Domiciliaire (adj.) : se rapportant au domicile, du corps de son hôte (voir Ectoparasite).
à la maison. endophile/endophage (adj.) : avec une préfé-
Dormance (n. f.) : toutes les formes de vie ralen- rence marquée pour l’intérieur des maisons, des
ties, minimisant les risques en relation avec des terriers afin d’y séjourner (-phile) ou d’y prendre
conditions environnementales défavorables un repas (-phage) ; ex. endophilie de repos et
(voir Diapause et quiescence). endophagie de piqûre pour un insecte hémato-
phage.
Ecdysone (n. f.) : principale hormone de mue entomologie (n. f.) : étude des insectes.
des arthropodes.
entomopathogène (n. m.) : organisme patho-
Éclosion (n. f.) : libération de la jeune larve hors
gène pour des insectes ; ex. certains champi-
des enveloppes protectrices de l’œuf.
gnons, Bti.
Écotone (n. m.) : zone de transition entre deux
envenimation (n. f.) : troubles cliniques causés
communautés écologiques ou écosystèmes.
par l’injection d’un venin par piqûre, morsure
ectoparasite (n. m.) : parasite qui vit à la surface ou tout autre moyen.
de son hôte (voir Endoparasite).
enzootie (n. f.) : caractérise une maladie
eczéma (n. m.) : lésion inflammatoire de la strictement animale, habituellement présente
peau, non contagieuse, à contours irréguliers, mais avec une faible incidence dans une aire
qui s’accompagne de rougeurs, de fines vési- géographique donnée (voir Épizootie).
cules, de squames et de démangeaisons.
Épidémie (n. f.) : augmentation brutale de
Éléphantiasis (n. f.) : forme chronique extrême l’incidence d’une infection ; caractère d’une
et débilitante de la filariose de Bancroft, où le infection rencontrée de façon inhabituelle par
tissu conjonctif cutané et sous-cutané est hyper- rapport à la zone géographique, à la saison ou
trophié, en particulier au niveau des jambes, du au nombre de cas anormalement élevé ; événe-
scrotum et des seins, conséquence de l’obstruc- ment généralement défini dans le temps, avec
tion des canaux lymphatiques. une date de début et une date de fin ; concerne
eLiSA (n. m.) : sigle pour Enzyme-Linked principalement les humains (voir Endémie et
ImmunoSorbant Assay, test immunologique Épizootie).
utilisant une enzyme liée à un Ac ou à un Ag Épimastigote (n. m.) : stade de développement
pour détecter la présence d’une protéine. de protozoaire flagellé où le flagelle prend
embryogenèse (n. f.) : succession des phases de naissance au kinétoplaste et émerge à l’extrémité
développement d’un embryon. antérieure du protozoaire.
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Épine (n. f.) : chez les arthropodes, excroissance euryxène (adj.) : caractérise une espèce parasite
cuticulaire, pointue, multicellulaire et non se rencontrant chez des hôtes non apparentés
articulée (voir Soie). mais ayant entre eux une ressemblance écolo-
gique.
Épipharynx (n. m.) : chez certains insectes,
structure médiane positionnée sur la face ven- exophile/exophage (adj.) : avec une préférence
trale ou postérieure du labre ou du clypéus ; marquée pour l’extérieur des maisons, des terriers
sans relation avec le pharynx. afin d’y séjourner (-phile) ou d’y prendre un repas
(-phage) ; ex. exophilie de repos et exophagie de
Épiphyte (adj., n. m. ou f.) : caractérise un
piqûre pour un insecte hématophage.
végétal fixé sur la partie aérienne d’un autre
végétal, sans être parasite ; ex. certaines orchi- exosquelette (n. m.) : structure rigide à la
dées et broméliacées. périphérie d’un organisme ; ex. squelette
d’arthropodes (contr. endosquelette, ex. squelette
Épithélium (n. m.) : monocouche cellulaire des vertébrés).
orientée, reposant sur une lame basale acellu-
laire. exotique (adj.) : originaire d’une autre partie
du monde, étranger.
Épizootie (n. f.) : caractérise une épidémie
strictement animale, avec un grand nombre de extrinsèque (adj.) : caractérise la phase d’incu-
cas dans une aire géographique donnée (voir bation qui se déroule à l’intérieur de l’hôte
Enzootie et Épidémie). vecteur (contr. intrinsèque).
exuvie (n. f.) : chez les arthropodes, enveloppe
Érythème (n. m.) : rougeur de la peau causée
cuticulaire acellulaire que le corps de l’animal a
par la dilatation et la congestion des capillaires
quittée lors de la mue.
sanguins ; s’efface à la vitro-pression (applica-
tion d’une lame de verre sur la peau) (voir Famille (n. f.) : rang taxonomique intermédiaire
Pétéchie et Rash). entre l’ordre et le genre ; ex. famille des
Érythrocyte (n. m.) : globule rouge du sang de Ceratopogonidae.
vertébrés, contient principalement l’hémoglo- Fascicules (n. pl.) : chez les insectes hémato-
bine (voir Leucocyte). phages, ensemble de stylets vulnérants, juxtaposés
espèce (n. f.) : rang taxonomique intermédiaire en faisceaux, qui forment un canal alimentaire
entre le genre et la sous-espèce ; caractérisée antérieurement à la bouche ; ex. les fascicules
par un nom de type genre-espèce en latin, ex. d’un moustique femelle.
Musca domestica. Fémur (n. m.) : segment intermédiaire des
espèces jumelles (n. f. pl.) : concernant plu- pattes d’arthropodes ; chez les insectes, entre
sieurs espèces morphologiquement semblables. coxa et tibia ; chez les arachnides, ou bien entre
trochanter et patelle, ou bien entre trochanter et
estivation (n. f.) : voir Hivernation. tibia (selon les auteurs) ; (voir Tibia).
Étiologique (adj.) : cause d’une maladie, ex. un Filaire (n. f.) : un ver nématode ; les adultes
agent, une substance. parasitent les vertébrés et les larves de divers
euarthropode (n. m.) : taxon qui regroupe tous arthropodes.
les arthropodes actuels et qui exclut certains Filariose (n. f.) : maladie due à une filaire.
arthropodes fossiles (voir Arthropode).
Fission (n. m.) multiple (adj.) : multiplication
eurygame (adj.) : caractérise une espèce dont cellulaire asexuée, en deux temps : 1) multipli-
l’accouplement a lieu au cours d’un vol dans un cation des noyaux et des autres organites au sein
grand espace ; l’élevage en cage est donc difficile d’un syncytium commun ; 2) fragmentation du
voire impossible (voir Sténogame). cytoplasme par mise en place des membranes
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Glossaire
plasmiques et individualisation des cellules filles ; Genre (n. m.) : rang taxonomique intermédiaire
ex. de fission multiple chez les Plasmodium : entre la famille et l’espèce ; ex. genre Culex.
gamétogonie mâle, sporogonie et mérogonie.
Gnathosome (n. m.) : chez les acariens, partie
Flavivirus (n. m.) : important genre de virus à antérieure du corps, i.e. tout le corps à l’exclusion
RnA simple brin, transmis par moustiques ou de l’idiosome.
tiques ; ex : virus de la dengue.
Gnathostoma (n. latin) : nématode ovipare,
Follicule (n. m.) ovarien (adj.) : dans l’ovaire agent causal de la gnathostomose.
d’arthropodes, structure cellulaire dans laquelle
Gonotrophique (adj.) : relatif à la prise d’un
l’œuf se développe et dont il se libère à maturité.
repas et à l’élaboration d’une ponte (syn. tro-
Forme (n. f.) chromosomique (adj.) : rang taxo- phogonique) ; ex. cycle gonotrophique des
nomique non-linnéen inférieur à l’espèce, basé moustiques hématophages.
sur des polymorphismes chromosomiques ; des
Gravide (adj.) : désigne un insecte femelle prêt
exemples existent dans les espèces Anopheles
à pondre, ou portant une (ou plusieurs) larve(s).
gambiae et An. funestus.
Grégarine (n. f.) : Apicomplexa parasite du tube
Forme (n. f.) moléculaire (adj.) : rang taxono-
digestif d’arthropodes.
mique non-linnéen inférieur à l’espèce, basé sur
des polymorphismes de séquences nucléoti- Groupe (n. m.) externe (adj.) : en phylogéné-
diques ; des exemples existent dans l’espèce tique, groupe utilisé pour enraciner un arbre
Anopheles gambiae. (syn. extra-groupe).
Fossa (n. f.), Fossae (pl.) : cavité ou dépression Haltère (n. m.) : organe sensoriel des diptères,
de la cuticule, qui protège un appendice ou son dérivé des ailes postérieures, parfois absent.
insertion.
haploïde (n. m.) : organisme ou cellule ayant
Front (n. m.) : partie de la tête d’un insecte, un seul jeu de chromosomes ; ex. gamètes
au-dessus du clypéus. haploïdes d’un métazoaire diploïde (voir
Diploïde).
Gamète (n. m.) : cellule reproductrice (mâle ou
femelle) arrivée à maturité, capable de fusionner hématome (n. m.) : enflure localisée, emplie
avec un gamète de l’autre sexe, pour former un de sang à la suite d’une rupture de vaisseau(x)
œuf. sanguin(s).
Gamétocyte (n. m.) : prégamète. hématophage (n. m. ou adj.) : qui se nourrit
de sang.
Gamétogenèse (n. f.), Gamétocytogenèse (n. f.) :
processus de formation d’un gamète, d’un hémocèle (n. f.) : cavité générale du corps des
gamétocyte. arthropodes, emplie d’hémolymphe et d’organes.
Gamétogonie (n. f.) : en parasitologie, phase du hémolymphe (n. f.) : liquide circulatoire des
cycle biologique où se réalise la formation des arthropodes dont le rôle est analogue au sang et
gamètes. à la lymphe des vertébrés.
Gena (n. f.), Genae (pl.), Génal (adj.) : partie hémolyse (n. f.) : destruction des globules
latérale de la tête d’un insecte en dessous de l’œil rouges des vertébrés.
composé. hémorragique (adj.) [fièvre hémorragique] :
Genitalia (n. f. pl.) : chez les arthropodes, infection ordinairement d’origine virale, qui
ensemble des structures terminales de l’abdomen entraîne la rupture de vaisseaux sanguins et
des deux sexes, impliqué dans l’accouplement, d’abondants saignements ; ex. la dengue hémor-
ou la ponte pour la femelle. ragique.
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hépatomégalie (n. f.) : un foie anormalement hypognathe (n. m.) : chez les insectes, avec la
gros. bouche ouverte vers le bas, ou avec les pièces
hépatopancréas (n. m.) : organe d’arthropodes, buccales orientées de haut en bas.
participant à la digestion. hypopharynx (n. m.) : chez les insectes, struc-
ture médiane, antérieure au labium, héberge le
hétérométabole (n. m.) : catégorie d’insectes à
canal salivaire si celui-ci est présent.
développement direct, sans métamorphose
complète ; ex. les punaises (voir Holométabole). hypostome (n. m.) : chez les tiques, partie du
gnathosome impliquée dans l’attachement à
hivernation (n. f.), estivation (n. f.) : période
l’hôte lors de la morsure.
où les conditions environnementales (tempéra-
ture, hygrométrie) sont défavorables, pendant Idiosome (n. m.) : chez les acariens, région
laquelle certains arthropodes réduisent leur principale du corps, à l’exclusion du gnathosome.
métabolisme et puisent dans leurs réserves de
imago (n. m.) : syn. d’adulte chez les insectes.
graisse.
immunité (n. f.) : capacité (innée ou acquise)
holométabole (n. m.) : catégorie d’insectes dont
d’un organisme à résister à un agent infectieux,
le développement comprend une métamor-
à une maladie.
phose complète ; la larve diffère radicalement
de l’adulte ; ex. chenille versus papillon. immunomodulateur (n. m.) : agent chimique
qui modifie (amplifie ou bloque) la réponse et
holoptique (adj.) : chez les diptères, caractérise
le fonctionnement du système immunitaire ;
des yeux composés jointifs (contr. dichoptique).
ex. la salive de phlébotome.
holotype (n. m.) : le type original explicitement impasse (n. f.) parasitaire (adj.) : un animal
désigné par l’auteur du nom du taxon dans la infecté par un agent infectieux, mais qui n’est
publication originale (voir Type). pas source d’infection pour d’autres animaux.
homéostasie (n. f.) : tendance ou capacité d’un incidence (n. f.) : nombre de nouveaux cas d’une
organisme à maintenir son équilibre interne ; maladie pendant une période d’observation
ex. équilibre osmotique. donnée (voir Prévalence).
hormone (n. f.) juvénile (adj.) : chez les arthro- incubation (n. f.) : début d’infection asympto-
podes, oriente vers un développement larvaire matique avant de devenir infectieux et/ou
et s’oppose au développement vers l’adulte. symptomatique.
hôte (n. m.) : un organisme pouvant héberger infectieux (adj.) [stade infectieux] : stade de
un agent infectieux. Hôte définitif : en parasito- développement d’un agent infectieux capable
logie, caractérise l’hôte dans lequel s’effectue la d’infecter un vertébré.
reproduction sexuée du parasite. Hôte intermé-
infection (n. f.), maladie infectieuse : état résul-
diaire : un hôte dans lequel s’effectue le déve-
tant de la pénétration, la croissance et/ou la
loppement larvaire et/ou la multiplication
multiplication d’un agent infectieux pathogène
asexuée du parasite. Hôte secondaire : de
dans un organisme ; l’agent infectieux est ordi-
seconde importance pour le cycle biologique de
nairement un micro-organisme (virus, bactéries,
l’agent infectieux. Hôte accidentel : rare, à rôle
protozoaires, champignons, parasites).
négligeable dans le fonctionnement du système
infectieux. Hôte paraténique : hôte intermé- insecta (n. latin) : classe des insectes.
diaire supplémentaire et facultatif, qui favorise insecticide (n. m.) : pesticide ayant la propriété
la dispersion et permet l’accumulation de l’agent de tuer des insectes et autres arthropodes.
infectieux. intrinsèque (adj.) : caractérise la période d’in-
hyperendémie/hypoendémie (n. f.) : relatif à cubation qui se déroule à l’intérieur de l’hôte
une forte/faible endémie. vertébré (contr. extrinsèque).
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Glossaire
invasif (adj.) [espèce envahissante ou invasive] : Leucocyte (n. m.) : globule blanc du sang de
une espèce dont l’aire géographique est en vertébrés (voir Érythrocyte).
expansion. Ligula (n. f.) : chez certains insectes, lobe terminal
isoenzyme (n. f.) : deux isoenzymes sont des du labium.
enzymes chimiquement distinctes mais fonc- Litière (n. f.) : chez les mammifères domes-
tionnellement semblables. tiques ou utilisant des terriers, matériel divers
ivermectine (n. f.) : médicament utilisé en pour le confort du couchage, la réduction des
médecine humaine et vétérinaire comme anti- odeurs, l’absorption des déjections…
helminthique et contre d’autres parasitoses Longévité (n. f.) : durée de vie, ou, selon le
comme la gale. contexte d’un stade de développement, d’un
stade infecté.
Juvénile (adj.) [stade] : stades jeunes, autres que
nymphe et adulte. Lutte (n. f.) antivectorielle (adj.) : cette lutte vise
la protection des humains et des vertébrés
Kératine (n. f.) : chez les vertébrés, protéine contre les arthropodes (principalement insectes
fibreuse, principal constituant de la peau et des et acariens) vecteurs d’agents pathogènes ; elle
phanères (cheveux, poils, plumes, cornes, etc.) inclut la surveillance des vecteurs et la lutte
contre les insectes nuisants quand ces derniers
Kinétoplaste (n. m.) : ultrastructure cellulaire
sont des vecteurs potentiels ou lorsque la nui-
composée d’une grosse mitochondrie (conte-
sance devient un problème de santé publique ou
nant un ADn circulaire), à la base du flagelle de
vétérinaire.
certains protozoaires ; ex. les trypanosomes.
Lutte biologique : méthode de lutte par l’utili-
Labelle (n. m.) : différenciation terminale du sation d’organismes vivants antagonistes, qu’ils
labium, à rôle sensoriel ; présent chez certains soient parasites, parasitoïdes, prédateurs ou
insectes comme les moustiques, les mouches pathogènes de l’espèce cible.
muscoïdes. Lutte chimique : utilisant un composé ou une
Labium (n. m.) : chez les insectes, pièce buccale préparation chimique ; ex. insecticide chimique.
impaire, la plus postérieure ; ordinairement Lutte mécanique : utilisant une modification de
munie d’une paire de palpes labiaux. l’environnement, un brossage, un traitement
Labre (n. m.) : chez les insectes, pièce buccale thermique, mais n’utilisant pas de produit chi-
impaire, la plus antérieure. mique ; ex. congélation, assèchement de marais.
Lâcher (n. m.) inondatif (adj.) : en lutte biolo- Maladie (n. f.) : pathologie ordinairement
gique, libération d’un grand nombre d’agents de associée à un ensemble de signes et symptômes.
lutte pour réduire ou éliminer l’espèce cible.
Mammalophile (adj.) : apprécie les mammifères
Lacinia (n. f.) : lobe interne ou médian des (voir Anthropophile et ornithophile).
maxilles d’insectes ayant un rôle masticateur (pl.
Mandibule (n. f.) : chez les insectes, pièce buccale
lacinias ou laciniae).
paire, localisée entre le labre et les maxilles.
Larve (n. f.) : chez les insectes, stades immatures
Maxille (n. f.) : chez les insectes, pièce buccale
entre l’œuf (exclu) et la nymphe (exclue) ; chez
paire, localisée entre les mandibules et le labium ;
les acariens, stade à 6 pattes qui sort de l’œuf.
ordinairement munie d’une paire de palpes
Larvicide (n. m.) : un insecticide utilisé pour maxillaires.
tuer les larves. Méiose (n. f.) : division réductionnelle d’une
Larvipare/Ovipare (adj.) : porte ou pond des cellule mère diploïde en deux cellules filles
larves vivantes/des œufs. haploïdes.
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Mentum (n. m.) : partie distale du labium, qui Morbidité (n. f.) : état d’un individu malade ;
porte les palpes labiaux. état des malades dans une population.
Mermithidae (n. m.) : famille de vers néma- Morphogenèse (n. f.) : formation ou accroisse-
todes, endoparasites d’arthropodes. ment des structures externes et internes d’un
organisme.
Mérozoïte (n. m.) : chez les Apicomplexa, stade
libre dans un vertébré, produit par un méronte Morphologie (n. f.) : en biologie, structure
(ou un schizonte) mature ; ex. mérozoïte hépa- externe.
tique ou sanguin de Plasmodium. Morsure (n. f.) : chez les arachnides, processus
Métamère (n. m.) : un segment, une unité de pénétration et de fixation des chélicères et,
d’organisation du corps des arthropodes (ex. le chez les tiques, de l’hypostome.
thorax des insectes est composé de trois méta- Mue (n. f.) : chez les arthropodes, renouvellement
mères, l’abdomen d’une douzaine). de la cuticule ; le nombre de mues au cours du
Métamorphose (n. f.) : chez les insectes, ensem- développement est ordinairement propre à un
ble des transformations au cours du passage du groupe d’arthropodes ; ex. cinq mues chez les
stade larve au stade adulte ou imago. moustiques (avec trois mues larvaires, une mue
Métamorphose incomplète chez les hétéromé- nymphale, une mue imaginale).
taboles, métamorphose complète chez les holo- Multivoltin (adj.) : voir univoltin.
métaboles. Mutualisme (n. m.) : relation entre deux
Métazoaire (n. m.) : organisme animal multi espèces, non obligatoire, bénéficiaire pour les
cellulaire eucaryote ; ex. la souris. deux espèces.
Microfilaire (n. f.) : larve microscopique de Myalgie (n. f.) : douleur musculaire ; ex. myalgie
filaire, ordinairement libérée par la filaire adulte due à une arbovirose.
femelle larvipare, et poursuivant son dévelop- Mycologie (n. f.) : étude des champignons et
pement dans l’hôte vecteur. levures.
Microfilarémie (n. f.) : présence de microfilaires Myiase (n. f.) : l’ensemble des troubles provo-
dans le sang de vertébrés. qués par la présence dans un corps humain ou
Micropyle (n. m.) : chez les arthropodes, minus- animal de larves de diptères parasites.
cule ouverture dans la membrane de l’œuf Myiasigène (n. m.) : diptère dont les larves sont
utilisée comme passage par le spermatozoïde. endoparasites.
Microsporidia (n. f.) : champignon unicellulaire Myopathie (n. f.) : maladie neuro-musculaire se
parasite d’arthropodes et de vertébrés ; endocel- traduisant par une dégénérescence du tissu
lulaire et sporogène ; auparavant considéré à musculaire ; ex. cardiomyopathie dans la maladie
tort comme un protozoaire. de Chagas.
Migration (n. f.) : ordinairement, mouvement Naïf (adj.) : un individu jamais exposé à une
d’une population en boucle, avec aller-retour ; infection.
mais en génétique, synonyme de dispersion.
Nécrophage (adj.) : se nourrit de cadavres.
Mimétique (n. m.) [d’hormone juvénile] : voir
Néonicotinoïdes (n. m. pl.) : classe d’insecti-
Analogue.
cides ; ex. imidachlopride, thiaméthoxame.
Mitose (n. f.) : division d’une cellule mère en
Néosomie (n. f.) : du grec neos, nouveau, et
deux cellules filles.
sôma, corps ; en arthropodologie, modification
Monotypique (adj.) : avec un seul représentant, du corps au cours d’un stade de développement,
ex. une famille monotypique (à un seul genre). entre deux mues ou après la dernière mue.
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Glossaire
Néoténie (n. f.) : persistance de structures ou de Oothèque (n. f.) : structure de ponte, regrou-
comportements de l’immature chez l’adulte. pant de nombreux œufs ; ex. oothèque de blatte.
Neurotoxine (n. f.) : une toxine qui agit sur Opisthosome (n. m.) : chez les chélicérates (ex.
le tissu nerveux et perturbe la dynamique de arachnides), partie postérieure du corps.
l’influx nerveux.
Ordre (n. m.) : rang taxonomique intermédiaire
Nocturne (adj.) : relatif à la nuit (contr. diurne). entre la classe et la famille.
Nodule (n. m.) : tumeur de forme arrondie et Organe (n. m.) de haller : chez les tiques dures,
bien délimitée. organe sensoriel olfactif à l’extrémité des pattes
Nuisance (n. f.), Nuisant (adj.) : caractérise un antérieures.
fait perceptible, provoquant une souffrance ; Organe (n. m.) de Johnston : chez de nombreux
ex. les piqûres de moustique. insectes adultes, structure localisée dans le
Nullipare (adj.) : désigne une femelle qui n’a pas deuxième article antennaire (pédicelle), spécia-
encore pondu. lisée dans l’audition.
Nycthémère (n. m.), Nycthéméral (adj.) : l’en- Organochlorés (n. m. pl.) : classe d’insecticides ;
semble d’un jour et d’une nuit successive, cor- ex. DDT, dieldrine, lindane.
respondant à un cycle biologique de 24 heures. Organophosphorés (n. m. pl.) : classe d’insecti-
Nymphe (n. f.) : chez les insectes holométa- cides ; ex. malathion, fénitrothion, chlorpyrifos.
boles, stade intermédiaire entre le dernier stade
Ornithophile (adj.) : qui apprécie, qui est attiré
larvaire et le stade adulte, siège de la métamor-
par les oiseaux, ex. tique ornithophile.
phose (voir Pupe).
Outgroup (angl.) : voir Groupe externe
Ocelle (n. m.) : chez les arthropodes, organe Ovariole (n. m.) : chez les arthropodes, struc-
photosensible, assimilable à un œil primitif
ture de base, tubulaire, de l’ovaire.
(voir œil composé).
Œdème (n. m.) : gonflement d’un organe ou Paedotype (n. m.) : type pour un stade larvaire.
d’un tissu dû à une accumulation ou à un Palpe (n. m.) : chez les arthropodes, appendice
excès intratissulaire de liquides dans le milieu segmenté, pair, en relation avec la bouche, muni
interstitiel. de nombreux récepteurs sensoriels.
Œil (n. m.) composé (adj.) : chez les arthro-
Pandémie (n. f.) : maladie humaine concernant
podes, œil formé de nombreuses ommatidies,
une vaste zone géographique au moins conti-
capable de former une image visuelle élaborée.
nentale, épidémique (mais pouvant devenir
Œuf (n. m.) : en biologie, résultat de la féconda- endémique secondairement).
tion de deux gamètes, lors d’une reproduction
Papillonite (n. f.) : dermatite due au contact
sexuée.
direct ou indirect avec les soies et écailles urti-
Oocinète (n. m.) : lors du développement des cantes et allergènes de certains papillons de nuit.
Plasmodium, stade libre et mobile, entre le zygote
Papule (n. f.) : petite élévation de la peau,
et l’oocyste, passe de la lumière de l’estomac à la
ordinairement dure et inflammée, ne contenant
face basale de l’épithélium stomacal du moustique
pas de pus.
(en anglais ookinete).
Oocyste (n. m.) : lors du développement des Paramère (n. m.) : lobe ou diverticule latéral à
Plasmodium, stade intermédiaire entre l’oocinète la base de l’aédeage.
et le sporozoïte, extracellulaire, localisé sous la Paraphylie (n. f.), Paraphylétique (adj.) : en sys-
lame basale de l’épithélium stomacal du mous- tématique, un groupe est dit paraphylétique
tique, siège d’une schizogonie (sporogonie). quand il ne rassemble pas tous les descendants
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d’une espèce souche ; le groupe paraphylétique phages) ou par délamination à partir des cel-
est fondé sur une similitude héritée d’un ancêtre lules de l’épithélium stomacal (cas général des
commun (voir Polyphylie). nématocères hématophages).
Parasite (n. m.) : organisme vivant qui noue une Pétéchie (n. f.) : petite tache rouge, en nombre,
relation durable avec un autre organisme (hôte) sur la peau ou sur une muqueuse due à une
et qui vit aux dépens de ce dernier. hémorragie mineure de vaisseaux capillaires et
ne s’effaçant pas à la vitro-pression ; ex. éruption
Parasitoïde (n. m.) : un insecte dont la larve se
pétéchique (voir Érythème et Rash).
développe dans le corps d’un autre insecte, et
éventuellement létal pour ce dernier ; largement Phéromone (n. f.) : substance chimique compa-
utilisé comme agent de lutte biologique. rable aux hormones qui agit comme messager
entre les individus d’une même espèce ; ex. phé-
Pare/unipare/Multipare (adj.) : désigne une
romone sexuelle, d’alerte, d’agrégation.
femelle qui a déjà pondu/une fois/plusieurs fois
(voir nullipare). Phorésie (n. f.) : relation commensale entre
deux espèces où l’une transporte l’autre, au
Parenchyme (n. m.) : tissu principal d’un organe,
bénéfice de l’espèce transportée.
distinct des tissus associés ou de support.
Photopériode (n. f.) : durée relative du jour au
Parthénogenèse (n. f.) : mode de reproduction
cours du nycthémère.
monoparental où le développement débute avec
un gamète femelle non fécondé. Phylogenèse (n. f.), Phylogénie (n. f.) : étude
des relations de parenté entre les êtres vivants
PCr (n. f.) : sigle de Polymerase Chain Reaction,
(entre individus, populations ou espèces) ;
réaction de polymérisation en chaîne, procédé
souvent représentées sous forme d’un arbre
destiné à amplifier un segment d’ADn.
phylogénétique.
Pédicelle (n. m.) : chez les insectes adultes,
Pièces buccales (n. f. pl.) : chez les insectes,
2e article antennaire.
appareil buccal externe, porté par la tête.
Pédipalpe (n. m.) : chez les arachnides, appen-
Piège (n. m.) : en arthropodologie, tout appareil
dice buccal, postérieur à la chélicère, par paire.
conçu pour capturer des arthropodes.
Peigne (n. m.) [du 8e segment abdominal] :
Piqûre (n. f.) : en arthropodologie, pénétration
structure spécialisée, en position paire et laté-
d’un organe vulnérant permettant l’injection
rale, sur le 8e segment de l’abdomen des larves
de venin (ex. abeilles) ou la ponction de sang
de moustique.
ou lymphe associée à une injection de salive
Péridomestique (adj.) : relatif au voisinage de (ex. insectes hématophages).
la maison.
Plaquette (n. f.) : élément figuré dans le plasma
Périphérique (adj.) [sang ou circulation] : sang des vertébrés, de taille très inférieure à un éry-
circulant à proximité de la surface du corps, throcyte, dépourvu de noyau et d’hémoglobine,
accessible aux arthropodes hématophages. ayant un rôle essentiel dans la coagulation
Péritrème (n. m.) : chez les acariens, zone sclé- sanguine.
rotinisée de la cuticule entourant un spiracle. Pleurite (n. m.) : pièce d’un métamère de l’exos-
Péritrophique (adj.) [membrane (n. f.)] : chez quelette des arthropodes, en position latérale
les insectes, une enveloppe acellulaire chitinisée (voir Tergite et Sternite).
qui double intérieurement l’épithélium stomacal Pléomorphe (adj.) : avec des morphologies dif-
et qui contient le bol alimentaire, produite par férentes pour le même stade de développement,
sécrétion d’un anneau de cellules proventricu- dans certaines conditions ou sous des influences
laires (cas général des cyclorrhaphes hémato- déterminées (voir Polymorphe).
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Glossaire
Poïkilothermie (n. f.) : concerne un animal dont Prévention (n. f.) : intervention dont l’objectif
la température interne est celle de sa périphérie ; est d’empêcher l’infection d’une personne ou
tous les arthropodes sont poïkilothermes (contr. d’une population par un agent infectieux (voir
homéothermie). Prophylaxie).
Polyhématophagie (n. f.), Polyhématophage Proboscis (n. m.) : chez les insectes et d’autres
(adj.) : chez certains vecteurs, faculté de prendre arthropodes, trompe ou appendice en avant de
des repas sur des hôtes différents. la partie buccale, impliquant un nombre varia-
ble de pièces buccales, et formant un canal ali-
Polymorphe (adj.) : avec plusieurs morphologies mentaire par lequel transitent les aliments.
différentes.
Propagule (n. f.) : individu pionnier sortant de la
Polyphylie (n. f.), Polyphylétique (adj.) : en zone de distribution habituelle d’une population
phylogénétique, un ou plusieurs taxons corres- ou espèce, à l’origine de l’extension de cette aire
pondant à plusieurs clades ; il y a convergence si la colonisation réussit.
évolutive mais pas de parenté évolutive (ex. les
mammifères marins). Prophylaxie (n. f.) : processus ayant pour but
de prévenir l’apparition, la propagation ou
Polytène (adj.) [Chromosome] : chromosome l’aggravation d’une maladie ; ex. prophylaxie
polytène (ou polyténique) formé par plusieurs médicamenteuse du paludisme (voir Prévention).
copies (jusqu’à 1 024) des chromatides qui
restent soudées entre elles (la duplication des Prosome (n. m.) : chez les arachnides, partie
chromatides n’est pas suivie de fissuration antérieure considérée comme résultant de la
comme dans une mitose classique). fusion tête-thorax.
Protozoaire (n. m.) : organisme eucaryote unicel-
Porteur (n. m.) : un humain ou un animal
lulaire ; ex. Plasmodium spp. ou Trypanosoma spp.
infecté par un agent infectieux, ordinairement
asymptomatique (= porteur sain), mais capable Pseudotrachée (n. f.) : dans le labelle de diptères
de transmettre cet agent. muscoïdes, structure à l’aspect de trachée ayant
un rôle dans la récupération d’aliments et l’in-
Pour-on (n. m.) : formulation liquide, souvent gestion de nourriture liquide (voir Trachée).
visqueuse, d’un insecticide ou acaricide, destinée
à être épandue le long de l’échine d’un animal ; Ptéridine (n. f.) : pigment organique jaune,
de l’anglais pour-on. abondant dans la cuticule et les yeux composés
des arthropodes.
PPAV : sigle de Protection personnelle antivec-
torielle. Ptilinum (n. m.) : chez certaines mouches
(brachycères cyclorrhaphes) ténérales, structure
Prédiurèse (n. f.) : chez les insectes hémato- céphalique assimilable à une poche, dévaginée
phages, concentration du bol alimentaire avec sous la pression de l’hémolymphe pour permettre
excrétion d’une gouttelette liquide riche en eau l’émergence de l’adulte hors du puparium et/ou
par l’anus, effectuée en cours de prise de repas pour forer une voie d’accès dans le sol jusqu’à
sanguin ou peu après. la surface ; involue rapidement après la mue
Prémunition (n. f.) : immunité naturelle imaginale (voir Suture ptilinale).
acquise, partiellement protectrice, telle que Pulvérisation (n. f.) : projection en fines
développée contre les agents du paludisme. gouttelettes ; ex. pulvérisation d’une solution
aqueuse d’insecticide (voir Aspersion).
Prévalence (n. f.) : proportion de personnes
atteintes par une maladie à un instant donné, Pulville (n. f.) : chez certains insectes et tiques :
indépendamment de la date de l’infection (voir sorte de pelote à l’extrémité des pattes, toujours
Incidence). par paire.
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Puparium (n. m.) : chez certains diptères, régulateur (n. m.) de croissance : composé
enveloppe constituée par l’exuvie de la larve de chimique ou substance qui perturbe ou bloque
stade III, dans laquelle se déroule la pupaison. le développement normal (mue larvaire, méta-
morphose, mue imaginale, ovogenèse, sperma-
Pupe (n. f.) : chez les diptères, stade intermé- togenèse, etc.) des arthropodes.
diaire correspondant à la métamorphose, entre
la larve (asticot) et l’adulte. rémanence (n. f.) : durée pendant laquelle un
traitement avec une substance active (en parti-
Pygidium (n. m.) : chez les insectes, tergite du culier un insecticide) exerce une action supé-
dernier segment de l’abdomen. rieure ou égale au seuil d’efficacité acceptable.
Pyréthrinoïdes (n. m. pl.) : classe d’insecticides ; repas (n. m.) [de sang] : sang ingéré par un
ex. perméthrine, deltaméthrine. animal hématophage.
repas (n. m.) [interrompu] : chez un arthro-
Quiescence (n. f.) : en arthropodologie, phase pode hématophage, lorsque le repas de sang
de repos, dormance dépendant uniquement des
est incomplet, impliquant ultérieurement un
conditions environnementales (voir Diapause
comportement de l’arthropode pour prendre un
et Dormance).
ou plusieurs nouveaux repas.
Rash (n. m.) : apparition soudaine et passagère répulsif (n. m.) : substance ou formulation qui
d’une éruption cutanée qui survient au cours repousse (les arthropodes), indifféremment
d’une maladie fébrile, elle-même généralement inoffensive ou insecticide ; ex. un répulsif
causée par un virus ou un parasite, fréquente en d’application cutanée.
période d’invasion de l’infection, parfois par réservoir (n. m.) : en épidémiologie, toute
une allergie ; terme francisé de l’anglais éruption espèce dans laquelle un agent infectieux proli-
(voir Érythème et Pétéchie). fère de manière prépondérante et/ou séjourne
région biogéographique Australasienne : durablement, mais ne comporte pas de notion
écozone terrestre regroupant l’Australie, la de cycle de reproduction ; ordinairement, l’agent
nouvelle-Zélande, la nouvelle-Guinée et les infectieux n’est pas, ou est peu, pathogène pour
îles voisines. l’espèce réservoir.
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Glossaire
S.l. : raccourci pour sensu lato, sens large. Sinus (n. m.) : toute cavité à entrée relativement
étroite.
S.s. : raccourci pour sensu stricto, sens strict.
Siphon (n. m.) respiratoire (adj.) : chez les
Sauvage (adj.) : libre dans la nature, sans rela- larves aquatiques de Culicinae, tube impair dor-
tion commensale avec les humains ; contr. sal sur le 8e segment abdominal, qui joue un rôle
domestique. dans la circulation gazeuse entre l’air et la larve
(voir Trompette respiratoire).
Schizogonie (n. f.) : mode de multiplication
asexuée par fission multiple pour produire des Soie (n. f.) : chez les arthropodes, une fine struc-
mérozoïtes ; ex. schizogonie hépatique, schizo- ture, de forme très variée, pouvant ressembler à
gonie érythrocytaire de Plasmodium falciparum ; un poil (ex. soie uniramée) ou à un buisson (ex.
syn. mérogonie (voir Fission multiple). soie arborescente), projection d’une cellule de
la cuticule (voir Épine).
Sclérite (n. f.) : plaque dure et/ou sclérotinisée
Solénophage (n. m.) : un ectoparasite hémato-
de la cuticule.
phage qui se nourrit en insérant ses stylets
Sclérotine (n. f.) : protéine tannée, entrant dans perforants dans la peau de son hôte vertébré
la composition de la cuticule rigide des arthro- puis dans un vaisseau sanguin, d’où l’absence de
podes ; ex. cuticule sclérotinisée. sang/lymphe sur le tégument du vertébré au
point de piqûre (voir Telmophage).
Scutellum (n. m.) : chez les insectes, pièce de
l’exosquelette, en position thoracique dorsale, Sous-espèce (n. f.) : rang taxonomique inférieur
postérieure au scutum. à l’espèce.
Sous-genre (n. f.) : rang taxonomique intermé-
Scutum (n. m.) : chez les insectes et les tiques, diaire entre le genre et l’espèce.
pièce de l’exosquelette, en position dorsale, sur
l’idiosome des tiques et sur le thorax des insectes. Spécimen (n. m.) : exemplaire ou échantillon,
habituellement placé en collection de référence.
Selle (n. f.) : chez les larves de moustiques, Spermalège (n. m.) : chez des punaises hémato-
sclérite recouvrant les parties dorsale et latérale phages femelles dont l’insémination est réalisée
du segment anal, voire au-delà pour former une sur un mode traumatique, réceptacle abdominal
ceinture complète chez certains stades Iv. qui tient lieu de système génital secondaire ;
Selvatique (adj.) : forestier ; par extension sau- ex. les punaises de lit.
vage (voir Sylvatique). Spermathèque (n. f.) : chez les arthropodes,
structure de l’appareil génital femelle qui
Sensilium (n. m.) : chez les puces adultes,
emmagasine et préserve le sperme du mâle
groupe de structures sensorielles sur le tergite
après la copulation.
abdominal Ix ou x.
Spermatophore (n. m.) : une capsule ou une
Séroconversion (n. f.) : production d’anticorps enveloppe contenant le sperme du mâle, destinée
détectables dans le sérum sanguin de vertébré, à être introduit dans les voies génitales de la
conséquence d’une stimulation antigénique femelle.
infectieuse ou vaccinale.
Spiracle (n. m.) : une ouverture dans la cuticule,
Sérologie (n. f.) : étude du sérum, en particulier débouché d’un tronc trachéen ; capable de
le sérum sanguin des vertébrés et leurs anticorps. fermeture (voir Péritrème).
Séropositif (adj.) : avec un niveau significatif Spirochète (n. m.) : bactérie parasite plus ou
d’un anticorps, signant à la fois une exposition moins en forme spiralée ; ex. Borrelia.
antérieure à l’antigène correspondant et une Splénomégalie (n. f.) : une rate anormalement
séroconversion. grosse.
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Spore (n. f.) : chez des unicellulaires (bactéries, Susceptible (adj.) : incapable de résister à un
protozoaires), stade de résistance, ordinairement agent externe, un pathogène ; syn. sensible.
libre dans l’environnement, capable de donner
Suture (n. f.) : chez les arthropodes, une ligne
naissance à un nouvel individu sans fécondation
de contact et de jonction, une frontière, entre
lorsque les conditions sont devenues favorables.
deux plaques cuticulaires sclérotinisées.
Sporocyste (n. m.) : chez les protozoaires,
Suture ptilinale (adj.) : ligne au-dessus de la
structure délimitée par une paroi dans laquelle
base des antennes sur la tête des diptères
des formes de multiplication asexuée se déve-
cyclorrhaphes, indiquant l’insertion du ptili-
loppent ; ex. sporozoïtes.
num ; syn. suture frontale.
Sporogonie (n. f.) : mode de multiplication
Sylvatique (adj.) : sauvage, mais pas obligatoi-
asexuée par fission multiple pour produire des
rement en forêt (voir Selvatique).
sporozoïtes à partir d’une cellule unique qui peut
être une spore ; ex. sporogonie des Plasmodium Symbiose (n. f.) : tout type de relation intime et
dans le moustique vecteur. durable, à bénéfice mutuel, ordinairement obli-
gatoire entre deux espèces ; le plus petit des deux
Sporozoaire (n. m.) : protozoaire parasite de la
organismes symbiotiques (le symbionte) béné-
classe des Sporozoa ; ex : Plasmodium, Babesia.
ficie toujours de la relation (voir Mutualisme).
Sporozoïte (n. m.) : chez les Sporozoaires à hôte
Sympatrie (n. f.), Sympatrique (adj.) : se dit de
vertébré obligatoire, stade qui achève le déve-
deux populations ou espèces qui partagent la
loppement dans l’arthropode vecteur et qui est
même niche écologique et par conséquent se
infectieux pour le vertébré.
rencontrent fréquemment (contr. allopatrie).
Stade (n. m.), Stase (n. f.) : phase de développe-
Synanthrope (n. m.), Synantropique (adj.) :
ment entre deux mues successives chez les
type particulier de commensalisme liant cer-
insectes et la nymphe de tique molle/les acariens ;
tains animaux sauvages qui vivent à proximité
ex. stades larvaires de moustique, stase adulte
des humains, incluant les nuisibles (ex. rats,
d’une tique.
blattes), mais excluant les animaux domestiques
Sténogame (adj.) : caractérise une espèce dont et le bétail (voir Commensalisme).
l’accouplement a lieu dans un espace restreint ;
Synapomorphie (n. f.) : en phylogénétique, un
l’élevage en cage est donc envisageable (voir
caractère dérivé partagé par plusieurs taxons,
Eurygame).
qui détermine un groupe monophylétique strict
Sternite (n. m.) : pièce de l’exosquelette des ou clade.
arthropodes, en position ventrale (voir Pleurite
Syncytium (n. m.), Syncytia (pl.) : régions de
et Tergite).
cytoplasme contenant plusieurs noyaux.
Style (n. m.) : chez certains diptères adultes,
Syndrome (n. m.) : ensemble de signes ou
partie terminale, annelée, du 3e segment anten-
symptômes cliniques qui caractérisent collecti-
naire ; ex. Tabanidae ; également flèche terminale
vement une maladie ou un dysfonctionnement.
d’un coxite de l’appareil génital externe du mâle,
ex. gonostyle de Culicidae. Syndrome (n. m.) d’ekbom (n. pr.) : psychose
se manifestant principalement par un délire
Surveillance (n. f.) entomologique des vecteurs :
d’infestation cutanée ou délire de parasitose.
dispositif de recueil et de suivi des données
dans le temps et dans l’espace pour détecter des Synergisant (n. m. ou adj.) : un produit chi-
anomalies dans l’évolution des paramètres ento- mique ajouté aux pesticides pour accroître la
mologiques ; cette surveillance est envisagée en toxicité des principes actifs (ex. pipéronyle
réponse à un risque ou pour servir de support à butoxide est un synergisant de pyréthrinoïde) ;
diverses actions. syn. synergiste.
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Glossaire
Systématique (n. f.) : étude de la classification TiS : sigle pour Technique de l’Insecte Stérile
et de l’ordonnancement des taxons les uns par Trachée (n. f.), Trachéen (adj.) : chez les
rapport aux autres. groupes terrestres d’arthropodes, invagination
de l’exosquelette cuticulaire ; canal qui sert à la
Tagme (n. m.) : en arthropodologie, région de circulation de l’air (apport d’oxygène, évacua-
l’organisme morphologiquement distincte qui
tion du gaz carbonique) à l’intérieur des arthro-
résulte du regroupement de métamères voisins
podes (voir Pseudotrachée).
(ex. tête, thorax et abdomen des insectes).
Tarsomère (n. m.) : un segment d’un tarse Trachéole (n. f.) : fine trachée, à l’extrémité
multi-articulé ; ex. les 5 tarsomères du tarse des distale du système trachéen, ordinairement à
moustiques adultes. l’intérieur d’organes, qui assure le transfert des
gaz métaboliques depuis/vers les tissus.
Taxon (n. m.) : entité conceptuelle qui regroupe
tous les organismes vivants ayant en commun Transmission (n. f.) : en infectiologie, transfert
un ensemble défini de caractères (ex. la classe d’un agent infectieux d’un organisme à un autre.
Insecta, le genre Plasmodium) ; pl. : taxa ou Transmission aérienne (adj.)/ par aérosol (n.
taxons. m.) : transfert d’un agent infectieux par voie
Taxonomie (n. f.), Taxinomie (n. f.) : étude des aérienne.
taxons. Transmission horizontale (adj.) : tout transfert
Telmophage (n. m.) : un ectoparasite hémato- d’un agent infectieux d’un individu à un autre,
phage ou hématolymphophage qui se nourrit à l’exclusion d’un parent à sa descendance (voir
en dilacérant la peau de son hôte vertébré Transmission verticale).
avec ses pièces buccales, d’où la présence de Transmission sexuelle/vénérienne (adj.) :
sang/lymphe sur le tégument du vertébré au transmission d’un agent infectieux d’un sexe à
point de piqûre (voir Solénophage). un autre, lors de l’accouplement.
Ténéral (adj.) : chez les arthropodes, notamment Transmission transovarienne (adj.) : transmis-
chez les diptères cyclorrhaphes, un jeune adulte sion d’un agent infectieux d’une femelle à sa
sexuellement immature, encore mou et relative- descendance, au cours de l’ovogenèse à l’inté-
ment pâle, qui a récemment émergé de la pupe rieur de l’ovaire.
et ne s’est pas encore alimenté.
Transmission transstadiale (adj.) : transfert
Tergite (n. m.) : pièce de l’exosquelette des d’un agent infectieux d’un stade à un autre, pour
arthropodes, en position dorsale (voir Pleurite le même individu.
et Sternite).
Transmission vectorielle (adj.) : transfert d’un
Thérapie (n. f.) : traitement d’un malade afin de
agent infectieux par l’intermédiaire d’un vecteur.
l’aider à guérir, ou de soulager ses symptômes
(voir Prophylaxie). Transmission vectorielle biologique (adj.) :
transfert d’un agent infectieux par l’intermé-
2e
Thorax (n. m.) : chez les insectes, tagme,
diaire d’un vecteur, avec multiplication ou dif-
tagme intermédiaire entre tête et abdomen,
férenciation de l’agent infectieux dans le vecteur.
composé de trois métamères : prothorax, méso-
thorax, métathorax. Transmission vectorielle mécanique (adj.) :
Tibia (n. m.) : segment intermédiaire des pattes transfert d’un agent infectieux par l’intermé-
d’arthropodes ; chez les insectes, entre le fémur diaire d’un vecteur, sans multiplication ni diffé-
et le premier tarsomère ; chez les arachnides, renciation de l’agent infectieux dans le vecteur.
entre fémur et prétarse, ou bien entre patelle et Transmission verticale (adj.) : transfert d’un
tarse, ou bien entre fémur et métatarse (selon agent infectieux d’un parent à sa descendance
les auteurs) ; (voir Fémur). (ex. de l’adulte aux œufs chez les arthropodes).
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Tribu (n. f.) : chez les arthropodes, rang taxo- vertébré ; en entomologie médicale et vétéri-
nomique intermédiaire entre la sous-famille et naire, ordinairement un insecte hématophage
le genre. ou une tique.
Trochanter (n. m.) : chez les insectes et arachnides, Vecteur primaire/secondaire (adj.) : un vecteur
deuxième segment de patte, intermédiaire entre qui suffit pour assurer la transmission d’un
la coxa et le fémur. agent infectieux/qui ne permet pas la pérenni-
Trompette (n. f.) respiratoire (adj.) : chez les sation du cycle biologique d’un agent infectieux
nymphes aquatiques de Culicidae, appendice en l’absence du vecteur primaire.
pair sur le céphalotorax, qui joue un rôle dans Venin (n. m.) : une substance toxique synthéti-
la circulation gazeuse entre l’air et la nymphe sée par des animaux et ordinairement destinée
(voir Siphon respiratoire). à tuer ou paralyser leurs proies ; on réserve
Trou (n. m.) d’arbre (n. m.) : cavité ou réceptacle, ordinairement le terme « poison » aux végétaux
ordinairement d’origine naturelle, pouvant ou aux minéraux.
s’emplir d’eau pluviale et servir alors au déve- Vertébré (n. m.) : un animal qui possède des
loppement préimaginal de moustiques, cérato- vertèbres assemblées en une colonne vertébrale.
pogonides, etc.
Vertex (n. m.) : chez les insectes, partie du
Trypanosome (n. m.) : protozoaire parasite sommet de la tête, entre les yeux composés.
flagellé, faisant partie des kinétoplastidés.
Vésicant (adj.) : agent chimique qui entraîne
Tube (n. m.) de Malpighi (n. pr.) : chez les
une brûlure.
arthropodes, organes excrétoires débouchant
entre l’intestin moyen et l’intestin postérieur. Virémie (n. f.) : présence de virus dans le sang.
Tungiose (n. f.) : infection cutanée due à une puce Virus (n. m.) : organisme biologique, parmi les
femelle du genre Tunga. plus petits qui soient, nécessitant une cellule
(bactérie ou cellule eucaryote) pour se répliquer.
Type (n. m.) : un spécimen de référence, attaché
à un nom scientifique et utilisé en systématique, Xénodiagnostic (n. m.) : méthode diagnostique
habituellement déposé dans un musée (voir utilisée pour détecter la présence d’un agent
Holotype). infectieux chez un vertébré, en permettant à un
ULV : sigle pour Ultra Low Volume, en très vecteur sain de prendre un repas de sang sur le
faible quantité. vertébré puis en recherchant la présence de
l’agent infectieux chez le vecteur à un moment
univoltin/Bivoltin/Multivoltin (adj.) : à
favorable de son développement extrinsèque.
une/deux/plus de deux génération(s) par an ;
ex. une espèce bivoltine. Zoonose (n. f.) : une maladie ou infection
naturellement transmissible des animaux
Valve (n. f.) pylorique (adj.) : chez les insectes, vertébrés aux humains et vice-versa.
dispositif d’occlusion entre les intestins moyen
et postérieur. Zoophage (adj.) : qui mange des animaux, qui
Vasoconstriction (n. f.)/Vasodilatation (n. f.) : se nourrit de substance animale ; ex. un mous-
phénomène de réduction/d’accroissement du tique prenant un repas de sang sur bœuf.
diamètre interne d’un vaisseau sanguin. Zoophile (adj.) : qui apprécie, qui est attiré par
Vecteur (n. m.) : tout arthropode qui assure la les animaux ou leur proximité.
transmission active (mécanique ou biologique) Zygote (n. m.) : un œuf, une cellule produite par
d’un agent infectieux d’un vertébré à un autre l’union de deux gamètes lors de la fécondation.
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Index
Abdomen, 22, 26, 28, 42, 170, 187, 191, 453, 627 Aedes aegypti aegypti, 275
Abeille/Apis, 24, 27, 38, 41, 42, 96, 125, 231, 429, 435, Aedes aegypti formosus, 275
524, 527, 538, 539, 546, 547, 609, 610, 612, 627 Aedes africanus/St. africana, 258, 273-275, 278-279
Abiotique (facteur), 110, 134, 324, 563, 567, 570-572 Aedes albopictus/St. albopicta, 14, 46, 56, 61, 65-66,
Abonnencius, 299-301 89, 93-94, 105, 134-135, 148-151, 155-157, 178,
245, 247, 252-253, 258, 260, 271-276, 279-280, 287,
Acalyptère, 175, 176, 426 289-292
Acanthocheilonema recondita, 475 Aedes atropalpus, 149
Acanthocyclops vernalis, 603 Aedes bambiotai, 246
Acarapis woodi, 539, 545, 547 Aedes bancoi, 246
Acari, 87, 523-596 Aedes bedfordi, 246
Acaricide, 93, 101, 113, 149, 228, 387, 537, 547, Aedes bevisi, 246
586-591, 627, 639
Aedes boneti, 246
Acaridae, 527-531
Aedes bromeliae, 66, 275
Acarien, 9, 13, 19, 29, 38, 42, 44, 50, 53, 57, 64, 100,
103, 105, 136, 140, 164, 228, 338, 472, 474, 523-596, Aedes caballus, 273, 282
609, 619-620, 627-635, 638, 642 Aedes caecus, 246
Acarien des poussières, 42, 527, 530, 531, 544, 609, Aedes campestris/Oc. campestris, 273, 280
619-620 Aedes caspius/Oc. caspius, 73, 257, 282
Acariforme, 523-530, 547, 553 Aedes cinereus, 254, 273, 282
Acarus siro, 528, 531 Aedes circumluteolus/Ne. circumluteolum, 257, 273,
Acceptabilité (de la lutte antivectorielle), 93, 100, 105, 281-282
113, 139-130, 288, 293 Aedes cooki/St. cooki, 274
Accouplement/accoupler/insémination, 54, 111, 171, Aedes cumminsii, 273, 281
192-194, 200-201, 204, 220, 233, 251, 263, 269, 292, Aedes dalzieli/Am. dalzieli, 273, 278-279, 282
324, 328, 349-352, 371, 380, 394, 408, 416-417, 428- Aedes dorsalis/Oc. dorsalis, 273, 280
430, 435, 440, 488-489, 510, 538, 562-563, 569, 601 Aedes dufouri, 65
Acétylcholinestérase, 96, 107-108, 226, 629 Aedes fijiensis/Fl. fijiensis, 257, 286
Ace2, 71 Aedes fowleri, 65
Acéphale, 287, 166, 173, 175 Aedes furcifer/Di. furcifer, 255, 273-275, 278-279, 282
Acide lactique, 83, 105-106, 177, 212, 531 Aedes harinasutai/Do. harinasutai, 256, 285
Acinetobacter baumannii, 446 Aedes hebrideus/St. hebridea, 274
Acinus/acini, 562 Aedes hensilli/St. hensilli, 278
Acroceridae, 170 Aedes japonicus/Oc. japonicus/Hl. japonica, 14, 61,
Adlerius, 295, 298-301, 308 149, 151, 273, 278, 289, 331
ADnr/rDnA, 71, 185 Aedes juppi, 273, 282
Adulticide, 229, 261, 290, 335, 480, 627 Aedes kochi/Fl. kochi, 257
Aedeomyia, 216, 244, 251, 253 Aedes koreicus/Oc. koreicus/Hl. koreica, 149, 151, 273,
Aedeomyiini, 244, 253 278, 289
Aedes aegypti, 63, 65-67, 94, 105, 113, 133-135, 148, Aedes lilii, 275
151, 183, 195, 247, 251, 254, 259, 272-275, 278, Aedes luteocephalus/St. luteocephala, 258, 273-275,
283, 290, 292, 481, 604 278-279
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Aedes mcintoshi/Ne. mcintoshi, 257, 273, 282 Allee (seuil de), 111
Aedes melanimon/Oc. melanimon, 273, 280 Allergie/allergisant, 10, 42-43, 85, 164, 178, 227, 308,
Aedes metallicus/St. metallica, 274 327, 345, 356, 409, 445, 480, 489-490, 516, 523,
Aedes niveoides/Do. niveoides, 255 527, 531, 539, 544, 548, 553, 569, 586, 609, 618-
Aedes niveus/Do. nivea, 256, 274 620, 627
Aedes novoniveus/Do. novonivea, 255 Allobosca, 408
Aedes oceanic/Fl. oceanic, 257, 286 Allotype, 30, 63, 67
Aedes ochraceus, 273, 282 Alloxacis, 622
Aedes opok/St. opok, 275, 278 Alphavirus, 48-49, 137-138, 222, 270-271, 279
Aedes pembaensis, 282 Amblycera, 442
Aedes poicilius/Fl. poicilius, 257, 285 Amblyomma, 50, 92, 101, 140, 149, 154, 554-557, 560,
565-571, 577, 579,583-584
Aedes polynesiensis/St. polynesiensis, 134, 221, 258,
273-274, 281, 286, 604 Amblyomma americanum, 557, 579, 583
Aedes pseudoscutellaris/St. pseudoscutellaris, 274, 286 Amblyomma hebraeum, 566
Aedes samoana/Fl. samoana, 257 Amblyomma variegatum, 92, 101, 149, 555, 557, 569,
577
Aedes simpsoni/St. simpsoni, 273, 275
Ambre (de la Baltique, du Liban, du Mexique), 302,
Aedes sollicitans/Oc. sollicitans, 273, 280 458, 506
Aedes taeniorhynchus/Oc. taeniorhynchus, 273, 278, 280 Amitraze, 96, 589
Aedes taylori/Di. taylori, 255, 273-275, 278-279 Amorce, 68, 70-71
Aedes togoi/Oc. togoi/Ta. togoi, 273, 278, 285-286 Amphibien, 51, 211, 288, 430, 516, 527, 545, 584
Aedes triseriatus, 149, 289 Amphibole venator, 499
Aedes vexans/Am. vexans, 254-255, 273, 278, 280, 282 Analgidae, 527, 533
Aedes vexans arabiensis, 273, 282 Anaphlebotomus, 298-302
Aedes vexans vexans, 282 Anaphylaxie/choc anaphylactique, 308, 333, 490, 568,
Aedes vigilax/Oc. vigilax, 273, 281, 286 609, 612, 619, 627
Aedes vittatus/Fr. vittatus, 251, 273, 275, 279 Anaplasma, 140, 399-400, 420, 554, 577-578, 589
Aedes/Ae., 14, 46, 48-49, 56, 61, 65, 67, 72-73, 89, Anaplasma bovis, 578-579
93, 97, 106, 110-112, 127-128, 133-137, 142, 145, Anaplasma centrale, 578
148-149, 155-156, 185, 188, 195, 204, 216, 221-222,
244-247, 251-252, 254, 256, 258-261, 267, 271-276, Anaplasma marginale, 140, 399-400, 420, 554, 578, 589
278-288, 481, 604 Anaplasma phagocytophilum, 554, 578
Aedimorphus, 244, 246, 254, 278-279 Anaplasma platys, 578
Aedini, 14, 47, 53, 243-244-247, 253-255, 265 Anaplasmataceae, 577
Aeromonas hydrophila, 546 Anaplasmose, 140, 400, 418, 420, 554, 578
Aérosol, 92, 100-101, 281, 291, 480, 494-495, 542, Anaplasmose bovine, 140, 400, 418, 420, 578
579, 581, 643 Anatomie, 188, 192, 306-307, 451, 498, 555, 558-562
Aethia, 572 Ancala, 413, 415, 418
AFLP/AFLP-PCR, 68, 70 Ancistropsyllidae, 457, 458
Afrocimicinae, 485 Androctonus amoreuxi, 616
Afrosoricide, 477 Androctonus australis, 616
Agame, 211, 288 Androctonus crassicauda, 616
Agriculture, 9-10, 33, 39, 55, 91-92, 101, 219, 229, Androctonus mauretanicus, 616
231, 291, 321, 329, 466, 494, 620 Androlaelaps, 537-538
Aiguillon, 42, 127, 487, 610-612, 615 Androlaelaps casalis, 537-538, 548
Aile, 25-29, 33, 63-66, 74-75, 82, 125-128, 148-149, Anémie infectieuse des équidés, 139, 399-400, 418-419
165-170, 174-175, 184, 191, 195, 199-200, 227, Anilomyia, 348
247-249, 257, 262, 292, 302-303, 317, 324, 346, Anoetidae, 527, 538
350, 371, 394, 405, 408-409, 413-416, 427, 451, Anomalohimalaya, 556, 570
498, 485, 500, 514, 530, 536, 627 Anopheles/anophèle/Anophelinae, 43-44, 51-52, 63-71,
Aino (virus), 357 75, 90, 95, 100, 102-106, 110, 112, 122, 125, 127-128,
Aire poreuse, 560, 570 134-136, 141-142, 153, 164, 172, 178, 181-241, 243,
Albendazole, 221, 286 246-249, 273, 281, 284, 285-290, 515, 604, 633
Alberprosenia goyovargasi, 501 Anopheles aconitus, 207, 285
Alberprosenia malheiroi, 501 Anopheles albimanus, 100, 109, 183, 206, 208
Alberproseniini, 500-502 Anopheles amictus, 222
Alectorobius, 556 Anopheles annularis, 207
Algue, 33, 47, 198, 324, 353, 494, 530 Anopheles annulipes, 222-223
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Index
Chironome/ Chironomidae, 64, 167, 172, 178, 417, 625 Compluriscutula, 556
Chlamydia, 335 Conicera tibialis, 178
Chloropidae, 179, 426-427 Connexivum, 498, 510
Chorioptes bovis, 533 Conopoidea, 175-176
Chromosome, 64, 67-68, 107, 112, 184, 187, 193, Conopostegus, 257
195-196, 214, 233, 245-247, 268, 323, 374, 386, Conservation, 18, 39, 63, 66-67, 74-75, 81-85, 315-319,
505, 629 477-478
Chromosome polytène, 64, 67-68, 184, 187, 193, 195, Contact (vecteur-vertébré), 38, 43, 45, 52, 55-56, 89,
245, 247, 323, 639 94, 103, 105, 133, 145, 150, 152, 154-155, 157-159,
Chrysanthemum cinerariifolium, 96 202, 212, 217, 226, 228-229, 234-235, 257, 271, 275,
Chrysomya/C. bezziana, 425-426, 429-430 288, 355, 361, 380, 382-384, 430-431, 436, 459-460,
Chrysomyinae, 427 478-481, 523, 527, 531, 541, 544-545, 571
Chrysops/Chrysopsinae, 51, 53, 135-136, 139, 142, Contamination (mode de), 136-139, 272, 419, 447,
413-422 470-476, 581, 584
Chrysops atlanticus, 417 Copal, 302
Chrysops dimidiata, 135, 419 Copépode/Copepoda, 44, 110, 164, 261, 291, 597-604
Chrysops relictus, 417 Copépodite, 598-599, 602
Chrysops silacea, 419 Coprophile, 177
Chrysopsini, 413 Coptopsyllidae, 457
Chytride, 338 Coquillettidia, 216, 244, 247, 251, 265, 273, 280
Cimex hemipterus, 485-486, 489-490 Coracidium, 603
Cimex lectularius, 485-486, 488-490 Cordylobia anthropophaga, 42, 96, 430, 436
Cimicidae/Cimicinae/Cimicomorpha/cimicide, Corethrellidae/Corethrella, 178, 623
485-495 Cornupalpatum, 556
Cittotaenia, 547 Corymbia citriodora, 586
Cladistique/Cladogramme, 29, 243, 297, 345, 456, 629 Cosmiomma/C. hippopotamensis, 556, 570, 572
Clasper, 171, 192 Cotocripus, 348
Claspette, 171, 250 Cowdria ruminantium/Ehrlichia ruminantium, 50,
Clé d’identification, 62-67, 170, 184, 246, 257-258, 355 149, 554, 579, 630
Climat, 9-11, 39, 55, 89, 123, 126, 133-135, 145, 151, Cowdriose, 50, 133, 140, 149, 579, 630
153-158, 164, 205, 219-220, 223, 259, 261, 264, 281, Coxa/coxae, 25, 53, 169, 452-453, 458, 524-525,
289, 304-305, 311, 349, 352-353, 368-369, 372, 528-529, 557-558, 560-561, 630
381-382, 398, 413, 417, 464, 475, 477, 511, 515, Coxiella burnetii, 49, 554, 579
545-546, 569, 570-571, 575, 590, 624 Coxiellose, 554, 579
Clindamycine, 584 Coxite, 26, 171, 300, 306, 351, 642
Clypéus, 23, 166-168, 249, 306, 498, 629 Cricetidae, 462, 546
Cnephia ornithophilia, 326, 331 CRISPR-Cas9, 112
Cnephia pecuarum, 326, 334 Crustacé/Crustacea, 19-22, 31-33, 44, 110, 127, 164,
Coagulation, 45, 192, 194, 200, 568, 614, 628 597-607, 625
Coccinelle, 41 Cryptotylus unicolor, 417, 420
Coccinellidae, 622 Ctenocephalides canis, 457, 459
Cochliomyia hominivorax, 90, 164, 425-426, 430 Ctenocephalides felis, 50, 457-460, 472-473, 476, 478,
Cochon, 322, 567, 582 480-481
Code international de nomenclature zoologique, 30, Ctenocephalides felis felis, 458
61, 63 Ctenocephalides felis strongylus, 459
Cœlomate, 22 Ctenocephalides orientis, 459
Coelomycidium simulii, 338 Ctenophtalmus, 474
Coleoptera/coléoptère, 21, 25-26, 28, 40-41, 57, 165, Ctenophthalmidae, 457-458
199, 231, 410, 530, 620-622 Cuilleron, 170, 175-176, 428
Collection (de référence), 18, 39, 63, 79-87, 296, 319, Culex, 48-49, 71, 73, 97, 106, 122, 134-138, 142, 155,
454, 503, 526, 641 185, 188, 195, 204, 216, 221, 243-247, 250-251,
Collection ARIM, 39, 63 261-264, 267, 272-273, 277-278, 280-282, 284,
Collembola/collembole, 32-33, 41, 57 287-288, 292, 604
Colobe, 275 Culex aegypti, 63
Coltivirus, 138, 581 Culex annulirostris, 273, 278, 281, 286
Compétence vectorielle, 18, 53, 55-56, 58, 61, 154, Culex antennatus, 273, 277, 282
209-210, 222, 255, 259, 268-269, 271, 274, 280, Culex australicus, 263-264, 277
292, 381, 386, 446, 465, 478, 580 Culex bahamensis, 273, 277
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Index
Deltaméthrine, 99, 101, 109, 231, 291, 386-387, 422, Dipetalonema viteae, 583
479, 518, 587, 640 Diphasique, 565-566
Demeillonius, 296, 299 Diphyllobothriose, 599, 603
Démodécidose, 532, 543-544, 630 Diphyllobothrium latum, 603
Demodex/ Demodecidae, 527, 532, 543 Diplopode, 32, 617
Demodex brevis/D. folliculorum, 532 Diplura/diploure, 32-33, 41
Dengue, 10, 13-14, 46, 48, 97, 100, 112-113, 133-136, Diptera/diptère, 15, 23, 25, 28, 41, 51, 57-58, 64, 82,
148, 156-157, 223, 245, 255-256, 259-261, 268, 87, 96, 102, 106, 140, 142, 165-437, 622-623
271-274, 292, 313, 357, 604 Dipylidium caninum, 447, 474, 480
Dermacentor, 50, 554-556, 560, 565, 567, 570, 580, Directive 98/8/CE, 93, 106
582, 585 Dirofilaria immitis, 142, 255, 287, 475
Dermacentor andersoni, 53, 420, 557, 569, 577, 581 Dirofilaria repens, 288
Dermacentor occidentalis, 555, 557 Dirofilaria ursi, 331, 335
Dermacentor marginatus, 557, 581 Dirofilariose, 142, 418
Dermacentor reticulatus, 102, 151, 557, 566, 581 Discordance trophogonique, 204, 262
Dermacentor variabilis, 557, 569, 577, 579 Dispersion (des vecteurs), 90-91, 100, 113, 182, 197,
Dermanyssidae, 525-527, 534-536, 546 204, 253, 261, 324-325, 332, 357, 384, 386, 416, 421,
Dermanyssus, 524, 536 429, 510, 513-515, 530, 573-574, 579, 602, 631
Dermanyssus apodis/D. hirundinis/D. hirsutus, 536 Dististyle, 171
Dermanyssus gallinae/D. gallinae L1, 100, 534-536 Ditrope, 566
Dermaptera, 41 Dolichopodidae, 175
Dermationidae, 527, 533, 544 Domestique (animal), 10, 38, 40, 52, 92, 96, 101-102,
Dermatobia/D. hominis, 419, 432, 435 122-123, 136, 139, 146, 150, 159, 178, 261, 263,
Dermatophagoïdes/D. farinae/D. pteronyssinus, 620, 271-272, 276, 278, 281, 304, 309, 327, 333-334, 353,
531, 620 357-359, 373, 376, 381, 408, 410, 420, 432-434, 439,
Dermatophilose, 569 459, 475-476, 480, 502, 506, 509, 533, 536-538, 546,
553, 571, 576, 578-579, 581-584, 591, 602, 612, 615,
Dermatophilus congolensis, 399, 569 623-624, 631
Dermatose nodulaire contagieuse, 399-400 Dorcadia, 461
Dermestidae, 57, 622 Douglas (virus), 357
Dessiccation, 145, 148, 185-186, 196, 198-199, 204, Douve du foie (petite), 45, 625
224, 229, 251, 253, 257-261, 276, 316, 350, 354,
560, 566, 571, 620 Downsiomyia, 244, 255, 274
Détoxification, 226, 291 Doxycycline, 473, 579-580
Détritiphage, 176, 178, 451 Dracunculose, 44, 599-602
Deutonymphe, 530, 536 Dracunculus medinensis, 599, 601
Diachlorini, 413 Drapeau (méthode du), 476, 585
Diacylops navus, 603 Dromadaire, 146, 420, 426, 434
Diapause, 145, 156-157, 198, 204, 259, 261, 289, 303, Drosophila/Drosophilidae/drosophile, 40, 72, 176,
349-350, 353, 396, 417, 451, 567, 570-571, 602, 630 178-179, 195-196, 318, 425-426, 429
Diatomée (terre de), 494, 630 Drosophila melanogaster, 284, 368
Diceromyia, 244, 255, 274, 279 Drosophila repleta, 179
Diceros bicornis, 572 Dufour (glande de), 611
Dichoptiques (yeux), 166, 176, 414, 630 Duttonella, 377
Dicrocoelium dentriticum, 625 Ecdysoïde, 96
Dictyoptera/dictyoptère, 41, 624 Echidnophaga, 456-457, 461-462, 475
Didelphis marsupialis, 506, 513 Echidnophaga gallinacea, 457, 461
Dieldrine, 230, 291, 385, 630 Éclaircissement (d’une préparation), 64, 83, 84, 317,
Diéthylcarbamazine/diethylcarbamazine 478, 530
citrate/DEC, 221, 286, 329 Éclaircissement (de la végétation), 95, 385
Digestion, 46, 68-69, 192, 202-203, 216, 455, 487, Économie (impact économique), 9, 39, 90-91, 93,
489, 534-535, 547, 561, 569 108, 112, 113, 122-123, 129, 147, 149, 157-159,
Diminazène (acéturate de), 584 234, 268, 288-289, 321, 327, 333-335, 357-359,
Dimorphisme, 27, 175, 188-190, 211, 220, 440, 375-376, 383, 386-387, 400, 408, 417, 430, 432,
559-561, 564, 630 434, 436, 439, 458, 490, 510, 531, 534, 553, 569,
Dinopsyllus brachypecten, 460, 462 575, 578, 584, 588, 591, 601, 609
Dipetalogaster maxima, 501, 504, 510 Écran imprégné d’insecticide, 95, 104, 383-388, 401
Dipetalonema dracunculoides, 409 ECSA (génotype), 279-280
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Ectoparasite, 165, 361, 405-409, 429-449, 461, 463, Encéphalite européenne à tiques, 48, 52, 54, 133-134,
474, 477, 480, 485, 527-534, 538-545, 563, 570-571, 138, 146, 152-153, 157-159, 475, 554, 575, 580-582,
599, 631 589-590
Écureuil, 150, 211, 279, 445, 458, 460-461, 467, 474, Encéphalite japonaise, 49, 135, 137, 148, 223, 255,
534, 574 264, 272-273, 277-278
EDEn et EDEnext, 145, 146, 151-152-153, 158 Encéphalite Powassan, 138
Édenté, 313, 458 Encéphalite Rocio, 272-273, 279
Ehrlichia, 50, 574, 577-578 Endocuticule, 21-22, 567-568
Ehrlichia bovis, 578-579 Endoparasite, 174, 409, 524, 527, 530, 538, 545, 631
Ehrlichia canis, 579 Endophilie/endophile, 100, 203, 206, 228, 230, 260,
Ehrlichia chaffeensis, 579 262, 288, 303, 309, 316, 319, 555-566, 584-586, 631
Ehrlichia equi, 578 Endoptérygote, 28, 41
Ehrlichia ewingii, 579 Endosulfan, 385
Ehrlichia muris, 579 Endosymbionte, 210, 374, 381, 487, 577-579
Ehrlichia phagocytophila Entamoeba histolytica, 624
Ehrlichia platys, 578 Enterobacter sakazakii, 399
Ehrlichia ruminantium/Cowdria ruminantium, 50, Entomologie agricole et forestière, 9, 38, 47
149, 554, 579, 630 Entomologie de conservation, 39, 79-87
Ehrlichiose, 50, 102, 554, 578-579 Entomologie de muséum, 39, 79
Ehrlichiose monocytaire humaine, 579 Entomologie médicale et vétérinaire, 9-16, 18, 37-59,
Ekbom (syndrome d’), 57, 524, 642 122, 125-132
Elaeis guineensis, 372 Entomologie médico-légale, 40, 56-57
Élan, 331 Entomologie militaire, 39, 104
Elasmobranche, 599 Entomologiste, 10-12, 14-15, 18, 58, 76, 122-123, 128,
Éléphant, 329, 353-354, 433, 538, 624 130, 151, 165, 193, 296, 345, 490,
Éléphantiasis, 10, 37, 220-221, 284, 631 Entomopathogène, 209, 232, 291, 589, 631
Élevage, 9-10, 55, 64, 89-90, 100, 109-110, 113, 127, Entomophage, 177, 485
135, 148, 150, 164, 209, 251, 277, 308, 314, 325, Entomophobie, 57-58
335, 353-356, 359, 361-362, 375, 386, 391, 395, Entonyssidae, 538, 545
400-401, 417, 430, 432, 436, 463, 477-478, 533-539, Environnement, 10, 13, 39, 44, 54-55, 57-58, 86, 90-96,
545-548, 587-588, 598-599 110-113, 122-123, 133, 145, 153-154, 157-159,
Élimination/suppression, 18, 42, 84, 90-92, 94-95, 101, 217-220, 223, 228-229, 253, 259-263, 271, 290,
109, 111-112, 135, 164, 205, 210-211, 221, 224-225, 335, 349, 369, 384, 387, 480, 588, 590
232-234, 275, 283, 286, 288, 338, 382-387, 422-423, Ephemeroptera/éphémère, 41
436, 487, 491, 493, 518, 537, 543, 547-548, 568-569, Ephemerovirus, 357
586, 589, 599, 604 Épicuticule, 21
Élimination/éradication, 11, 18, 91-92, 128-129, 211, Épilepsie, 327, 603
221, 228, 383-384, 387, 423, 436-447, 490, 518, Épimastigote, 378-380, 631
600, 602
Épimère, 25, 524, 528-529
Élytre, 25-26
Épingle, 82, 84-86
Embioptera, 41
Épipharynx, 24-25, 190, 306, 453, 632
Émergence/réémergence (d’une maladie, d’une espèce),
80, 89, 123, 145-161, 271, 274, 279, 295-296, 302, Épiphytes, 257
347, 358, 362, 466, 470, 553, 575, 590, 602 Épisterne, 25
Émergence (d’un imago), 105, 166, 171, 174-175, 178, Équidé, 50, 139, 146, 280, 358, 376, 397, 400, 418-420,
184, 189, 192-193, 199-202, 231, 258, 315, 322, 433, 440, 447, 533, 576
349-351, 355, 371, 396, 408-410, 417, 421, 428, Éradication/élimination, 11, 18, 91-92, 128-129, 211,
435, 451 221, 228, 383-384, 387, 423, 436-447, 490, 518,
Emesiinae, 499, 511 600, 602
Empodium, 25, 166, 250, 631 Eratyrus, 499, 504, 511
Encéphalite, 276, 281-282, 313, 580, 631 Eratyrus cuspidatus/E. mucronatus, 501, 504
Encéphalite asiatique à tiques, 49 Eretmapodites/Er. quinquevittatus, 244, 256
Encéphalite de Murray valley, 137, 272-273, 278 Ereynetidae, 527, 538, 545
Encéphalite de Saint Louis, 137, 272-273, 277-278 Eristalinus, 178
Encéphalite équine de l’Est, 137, 255, 270, 272-273, Eristalis tenax, 429
280, 327 Érucisme, 620
Encéphalite équine de l’ouest, 137, 270, 272-273, 280 Erysipelothrix rhusiopathiae, 399, 447
Encéphalite équine du venezuela, 137, 272-273, 280, Erythrocebus patas, 279
327 Escouade (d’insectes), 56-57
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Index
Espèce, 13, 18, 19, 29, 30-33, 61-78, 79, 81, 86-87, Fièvre de Ross River, 49, 137, 209, 222, 272-273, 280
127, 130, 149-150, 156, 164-165, 178, 182, 212, Fièvre des tranchées, 445-446, 473
246, 330, 632 Fièvre d’oroya/maladie de Carrion, 50, 140, 313
Espèces jumelles/cryptique, 30, 62, 67-68, 80, 183-184, Fièvre du Colorado, 138, 581
209, 246, 323, 349, 401, 507, 632 Fièvre du nil occidental, 10, 48, 122, 133, 135, 137,
Éthique, 43, 476-477 146, 263, 271-273, 276-277, 399, 410
Ethyl butyl acide aminopropionate/IR3535, 106, 226, Fièvre égyptienne, 50
289, 586 Fièvre équine africaine, 139
Euarthropode, 19-32, 553, 555, 597, 632 Fièvre éphémère bovine, 223, 357
Eucalliphora, 430 Fièvre hémorragique d’omsk, 581
Eucalyptus, 586 Fièvre hémorragique de Crimée-Congo, 46, 48, 138,
Eucéphale, 28, 166, 172, 175, 349 146, 149, 223, 554, 575, 580-582
Eudactilinidae, 599 Fièvre hémorragique épizootique, 359
Eulipotyphle, 462 Fièvre jaune, 10, 48, 53, 127-128, 133, 136, 148, 165, 222,
Eumelanomyia, 262 255, 257-258, 260, 266, 271-272-273, 274-276, 290
Euparal, 64, 84 Fièvre oropouche, 139, 357, 360
Euphlebotomus, 298-301, 313 Fièvre (peste) porcine africaine, 54, 80, 138, 150, 270,
Euproctis chrysorrhoea, 621 399-400, 447, 580, 582-583
Euroglyphus/E. maynei, 531, 620 Fièvre pourprée des montagnes Rocheuses, 50, 127,
Eurycotis floridana, 624 140, 577
Excito-répulsif (effet), 96, 103 Fièvre q, 49, 554, 579
Exocuticule, 21-22 Fièvre quarte/tierce, 127, 212
Exophilie/exophile, 100, 203, 228, 230, 265, 288, 303, Fièvre récurrente, 46, 577
422, 512, 555, 557, 565-566, 574, 585, 632 Fièvre récurrente à poux, 140, 445-446
Exoptérygote, 28, 41 Fièvre récurrente à tiques, 50, 140, 554, 575-577
Expert (système), 75 Fièvre simulidienne, 327
Expertise/expert, 14-15, 38, 62, 68, 79-80, 87, 128-129, Filaire, 47, 53, 122, 126, 135, 209, 222, 243, 254, 267,
147, 156, 229, 289, 347-348, 360, 383, 481, 492 284-288, 334, 356, 409, 418, 546, 583, 632
Exuvie, 27-28, 64, 174, 199, 303, 513, 534, 545, 632 Filaire de Bancroft/filariose lymphatique, 11, 37, 44, 51,
126, 133-134, 209, 220-222, 255-258, 264, 284-287,
Fannia/F. canicularis/F. scalaris, 425, 427, 623 290, 631
Fanniidae, 426-427, 429 Filaire de Malaisie, 142, 209, 265, 284-287
Fécondation/insémination, 194, 200-201, 211, 213-214, Filaire de Médine, 44, 127, 599-602
233, 286, 367, 371, 386, 409, 443, 457, 488, 531, 538, Filaire onchocerque, 47, 51, 97, 128, 135, 142, 327-330,
564, 567, 569, 597 356
Fécondité, 30, 113, 125, 200, 204, 209, 233-234, 283, Filaire de Timor, 209, 220, 284-287
371, 395, 515 Filariose des séreuses/Mansonellose, 51, 142, 321,
Fedchenko (Alexei), 127, 601 332-333, 356
Felicola subrostratus, 442 Filariose à Loa loa, 51, 53, 133, 135, 142, 418-419
Fémur, 25, 29, 189, 191, 248, 253, 257, 262, 452-453, Finlay (Carlos), 127, 290
504, 524, 632 Finlaya, 244, 256
Ficalbia/Ficalbiini, 244, 251, 264 Fiole de Sauvinet, 85
Fièvre à phlébotomes/à papatasi/de trois jours, 138, 312 Fipronil, 96, 587
Fièvre à tiques du Colorado, 138 Flagelle, 23, 127, 167, 175, 190, 211, 379-380, 414-415,
Fièvre africaine à tiques, 50, 554 420, 427, 529, 617
Fièvre akabane, 357 Flavivirus/Flaviviridae, 48-49, 136-138, 270-271, 554,
Fièvre biliaire/piroplasmose équine, 50 273-279, 580-581, 633
Fièvre boutonneuse à puces, 472 Fluméthrine, 387, 587
Fièvre boutonneuse à tique, 473 Foleyella, 288
Fièvre boutonneuse méditerranéenne, 47, 49, 140, Folmer (région), 71
554, 577 Forceps, 171
Fièvre catarrhale ovine/bluetongue/maladie de la Forcipule, 32, 42, 171, 192, 618
langue bleue/fièvre catarrhale ovine, 10, 18, 49, 80, Forêt/forestier, 103, 135, 141, 150, 152, 181-182, 196,
133, 138, 148, 155, 345, 347, 353, 357-362 201-202, 205-206, 213, 217, 245, 255-257, 259,
Fièvre de la Côte Méditerranéenne, 50 265-267, 274-278, 282, 288, 305, 315, 329-330, 333,
Fièvre de la vallée du Rift, 10, 48, 105, 133, 138, 146, 353-356, 368-370, 382, 384-385, 400, 416, 418-419,
209, 222, 255, 263, 272-273, 281-282, 335, 360, 422, 433, 458, 462, 467, 503, 507-508, 512, 566,
399-400 570-572, 581, 587, 590-591, 614, 617
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Index
Gorgement, 37, 54, 316, 355-356, 361, 417, 420, 472, Hématophagie/hématophage, 10, 37-42, 44-46, 48-54,
478, 486, 559, 561, 564, 567, 569, 584 96, 100, 105-107, 122, 134, 164, 165-424, 439-596
Gorille/Gorilla gorilla, 213, 444 Hémélytre, 25, 498
Grassomyia, 296, 298-299, 301-302 Hémicéphale, 28, 166, 172, 175
Grégarine, 474, 504, 516, 633 Hémimétabole, 28, 41, 510, 563
Griffe, 25, 50, 55, 166, 191, 250, 254, 265, 325, 440-443, Hemiptera/hémiptère, 28, 41, 77, 82, 199, 485-522
453, 458, 462, 473, 533, 580 Hemiscorpiidae, 616
Grillon, 41 Hemiscorpius lepturus, 616
Grippe du chat, 476 Hémocèle, 474, 561-562, 584, 633
Grus americana, 333 Hémoglobine, 174, 178, 211, 216, 627, 632
Grylloblatodea, 41 Hémorragie/hémorragique, 46, 48, 133, 138-139, 146,
Guêpe, 24, 33, 42, 164, 422, 589, 609-610, 612 149, 271-274, 281, 307, 327, 329, 359-360, 419, 421,
Guib harnaché, 141, 381 546, 554, 579-581, 582-583, 599, 610, 614-616, 633
Guillain-Barré (syndrome de), 278 Hémosporidie, 356
Guppy, 232, 291 Hennig (Willi), 29
Hépatite, 281, 327, 579, 623
Habitat, 39, 83, 89, 93-95, 103, 129, 204-205, 219, Hepatocystis, 356
228-229, 254, 316, 323, 330, 349-350, 353-355, 361,
369, 382, 414, 417, 474, 480, 485, 503, 505-510, Hepatozoon/hépatozoonose, 474, 583, 584
511-514, 517-519, 555, 564-566, 573-574, 589-591, Hepatozoon erhardovae, 474
622, 624 Hepatozoon muris, 546
Habronema/H. microstoma, 44, 399-400, 623 Hermanlentia/H. matsunoi, 501, 504-505
Hadronyche formidabilis, 614 Hermetia illucens, 178, 429
Haemagogus/H. janthinomys, 134, 136, 244, 257, 273, Hémocèle/cavité générale, 22, 29, 37, 53, 188, 194,
275-276, 281 221, 232, 269, 487, 561, 633
Haemaphysalis, 555-557, 560, 565, 567, 570, 579, 584 Hémolymphe, 176, 188, 194-195, 215, 287, 446, 511,
Haemaphysalis leporispalustris, 555, 557 538, 561-562, 576, 621, 633
Haemaphysalis longicornis, 557, 581 Herpes bovin, 399-400
Haemaphysalis punctata, 149, 557 Hertigia/ Hertigiini, 298-299, 305
Haemaphysalis spinigera, 581 Hétérocère, 620, 623
Haematobia/H. irritans, 392-397, 400, 427 Hétérométabole, 27-28, 41, 634
Haematobosca/H. stimulans, 392-394, 427 Heterometrus, 616
Haematopini, 413-414, 440 Hétéroptère, 25, 43, 485, 488
Haematopinus/Haematopinidae, 439-440, 447 Hexapode, 21, 32-33, 51, 559, 564-565
Haematopota, 413, 415-418, 421 Hibernation/hiberner, 199, 204, 253, 262, 289
Haematosiphoninae, 485 Hippobosca/H. equina/H. longipennis, 367, 406, 409
Haematostoma/H. austeni, 392, 394 Hippoboscidae/Hippoboscinae/Hippoboscoidea, 27,
Haemodipsus, 440 172, 176-177, 371, 405-411
Haemogamasus/H. liponyssoides, 537 Hippopotame/ Hippopotamus amphibius, 572
Haemoprotéose, 51 Hirondelle, 460, 485, 536
Haemoproteus, 51, 356, 410 Histoire, 9, 11, 29, 31, 39, 122, 125-132, 155, 224, 227,
Haemoproteus meleagridis, 356 290, 394, 439, 463, 497
Haemoproteus metchnikovi, 418 Hodgesia/Hodgesiini, 244, 247, 265
Halarachnidae/Halarachne, 527, 538, 545 Holométabole, 28, 41, 74, 166, 176, 185, 451, 456, 634
Haller (organe de), 105,529, 559, 563, 567, 637 Holoptiques (yeux), 166, 176, 414, 634
Haltère, 25, 165-166, 170, 174, 176, 191, 248-249, Holothyridae, 529
300, 406, 408, 633 Holotype, 30, 62-63, 67, 507, 634
Hanche, 25, 191, 524 Homme, 10-13, 37-58, 89, 94-95, 102-105, 122-131,
Hantavirus, 146, 475 133-142, 146-150, 197, 200-202, 209-231, 250-292,
295-338, 345-625
Haplostomate, 168
Harpactorinae, 499, 511 Homologie/homoplasie, 31
Haustellum, 168 Hopopleura/ Hopopleuridae, 440
Hectopsylla, 461 Hôte, 13, 18, 37, 42, 44-47, 53-56, 72-74, 94-95,
105-106, 127-129, 133-135, 145-150, 153-158,
Heizmannia, 244, 257 177, 202-203, 211, 213, 268-271, 276-280, 308-311,
Helminthe, 45, 135, 164, 337, 399, 474-475, 547, 578, 323-325, 370-375, 380-382, 397-398, 407-409,
583, 598, 623-625 416-421, 425-435, 439-447, 459-469, 472-478, 489,
Helminthose, 51, 599 510-513, 516-518, 530-534, 536-537, 547, 553-557,
Helodon decemarticulatus, 331 560, 563-576, 582-585, 588, 598-599, 601-603, 634
657
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Hottentotta tamulus, 616 Insecte/Insecta, 9-12, 13-15, 18-522, 609, 612, 620-625,
Hyalomma, 149, 154, 554-557, 560, 565, 567, 570, 634
579, 581-582, 584 Insecte allergisant, 10, 42-43, 85, 164, 548, 609, 618-620
Hyalomma dromedari, 566, 581 Insecte nécrophage, 56-57, 177, 431, 636
Hyalomma impeltatum, 149 Insecte transgénique, 112-113, 292
Hyalomma marginatum, 151, 554, 557 Insecte urticant, 10, 43, 164, 609, 620-622
Hyalomma marginatum marginatum/H. m. rufipes/ Insecte vésicant, 43, 164, 609, 620-622, 644
H. m. turanicum, 149 Insecticide, 14, 18, 39, 58, 61, 80, 85, 89-95-105,
Hyalomma nitidum, 149 107-112, 128-130, 134, 184, 196-203, 206, 223-228,
Hyalomma truncatum, 149 229-231, 260, 289-291, 316-319, 335, 361, 383, 385,
Hybomitra, 413-414, 416, 418, 421 387, 401, 410, 422, 436, 478-480, 489-490, 494,
Hylesia metabus, 43, 621 517, 543, 586, 599, 634
Hymenolepis/H. nana, 474, 625 Insectivore, 211, 282, 458, 467, 477, 537, 546, 554
Hymenoptera/hyménoptère, 10, 28, 41-42, 57, 401, Insémination/accouplement, 54, 111, 171, 192-194,
422, 609, 610-612, 625 200-201, 204, 220, 233, 251, 263, 269, 292, 324,
328, 349-352, 371, 380, 394, 408, 416-417, 428-430,
Hyoïde, 168, 176 435, 440, 488-489, 510, 538,562-563, 569, 601
Hypoderma/Hypodermatinae, 96, 426, 432-433, Interférence de couleurs, 18, 74-75
435-436
Intestin, 29, 45, 97, 178, 188-192, 269, 308, 335-336,
Hypoderma bovis/H. lineatum, 433 374, 376-380, 398, 426-431, 445, 454-456, 465,
Hyponeurien, 22 474, 516-517, 561, 576, 600, 603
Hypope, 530 Invasion (biologie de l’), 14, 80, 85, 89, 101-102, 156,
Hypopharynx, 25, 167-168, 173-174, 190-192, 369, 204-205, 223-225, 261, 289, 332, 334, 387, 514
378, 396-397, 415, 634 Inversion chromosomique, 67, 182, 195-196
Hypopygium, 171, 351 IR3535/aminopropionate, 106, 226, 289, 586
Hypostome, 29, 461, 524-525, 529, 558, 560-561, 567, Ischnocera, 442
573, 634 Ischnopsyllinae, 462
Hystrichomorphe, 462 Isoenzyme, 68, 635
Hystrichopsylla, 460 Isolutzomyia, 299
Hystrichopsylloidea/Hystrichopsyllidae/ Isostomyia, 244
Hystrichopsyllomorpha, 456-458
Iule, 617
IAEA, 233 Ivermectine, 96, 221, 286, 330, 333, 337, 410, 419,
437, 543-544, 587, 635
Identification (morphologique, moléculaire…), 18,
29-33, 61-76, 79-82, 170, 184, 246, 304, 317, 346-348, Ixodes, 48, 51-52, 55, 102, 106, 138, 140, 149-150,
369-371, 416, 462, 477, 486, 491, 548, 554-561, 616 153-154, 157-158, 554-562, 565, 567-570, 575-581,
Idiophlebotomus, 296-299, 301, 305 585
Idiosoma/Idiosome, 29, 524-525, 558-560, 634 Ixodes arboricola, 566
IGS, 71, 185 Ixodes hexagonus, 580-581
Ilhéus (virus), 276 Ixodes holocyclus, 569
IMD (voie), 283, 381 Ixodes persulcatus, 49, 151, 554, 557, 575, 578, 580-581
Imidaclopride, 587 Ixodes ricinus, 55, 102, 149-151, 153, 157-158,
554-557, 563, 565, 571-576, 578, 580-583, 585
Imidocarbe, 584
Ixodes scapularis, 554, 557, 567, 571, 575, 581, 584,
Immunité innée, 233, 561 588
Impasse parasitaire, 134, 276-277, 574, 603, 605, 634 Ixodes uriae, 557, 566, 571-572
Incompatibilité cytoplasmique, 113, 292, 374 Ixodida/Ixodidae, 48-50, 54, 72, 82, 87, 138-140, 524,
Incubation extrinsèque/phase prépatente, 52-53, 55-56, 526, 529, 553-596
154-155, 157, 213-215, 217, 221-222, 228, 233, 268, Ixodiphagus, 589
270, 277, 465, 490, 511, 632
Index pulicidien, 477, 479-480 JAK/STAT (voie), 283
Inflammatoire/anti-, 42, 45-46, 328, 356, 431, 463, 517, Johnbelkinia, 244
532, 536-537, 539, 562, 567, 576, 599, 603, 612, 616 juvénoïde, 96, 231
Ingestion, 45, 52-53, 56, 177, 191, 199, 214, 221,
230-231, 269-270, 308, 336-337, 379, 419, 421, 425, Kangourou, 281, 433
466, 474, 476, 538, 545-546, 581, 584, 603, 621-622 Karelian, 280
Ingramia, 264 Kasaulius, 296, 299-301
Inhibiteur de la mue, 480-481 KBR3023/picaridine/icaridine, 104, 106, 226, 289, 586
Insectarium, 43, 184, 192, 203, 209, 232, 253, 371, 374, Kdr/knock-down/Kdr resistance, 96, 107, 226-227,
386, 511 291, 362, 448-449, 479, 489
658
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Index
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Lophoceraomyia, 262 MALDI-ToF MS, 18, 62, 71-74, 80, 183, 471
Loup, 312, 588 Mallophaga/mallophage, 41, 439, 442-444, 609
Loxosceles laeta, 614-615 Malmignatte, 615
Loxosceles reclusa, 614 Mammalophile, 304, 325, 635
Loxosceles rufescens, 614-615 Mammifère, 33, 48-49, 96, 138-142, 146, 168, 192, 200,
Loxoscelisme, 614-615 202, 209-211, 216, 231, 262-266, 281-282, 325, 332,
Lucilia cuprina, 436 345, 354, 356, 367, 375, 380-383, 397, 405, 408-410,
Lucilia illustris, 435 416, 432, 439, 442, 451, 460-463, 471-474, 477, 485,
489, 503, 506, 516, 524, 527, 531-533, 538, 545, 554,
Lucilia sericata, 430 565, 572-573, 583-585, 588, 603-604, 623
Lucilie bouchère, 90, 111, 164, 425-426, 430, 436 Mandibulate, 19, 32, 553
Lumière (du tube digestif), 52, 214, 400, 445, 511, Mandibule, 19, 23-24, 167, 172-173, 190-191, 198, 304,
516, 603 306, 324, 414-415, 428, 431, 442-443, 447, 610, 635
Lunule, 166, 175, 427 Manson (Patrick), 11, 37-38, 126-127, 133, 284, 290
Lutte, 211-212, 233, 259, 288, 319, 360, 387, 410, 479, Mansonella, 51, 142, 311, 333, 356
490, 569 Mansonella ozzardi, 331-333, 356
Lutte antivectorielle, 12-15, 18, 37, 45, 61, 80, 85, Mansonella perstans, 142, 356
89-120, 123, 128-129, 205-206, 217, 221, 223-227,
245, 260, 274, 288, 290, 319, 330, 335-336, 362, 371, Mansonella streptocerca, 356
383, 385, 395, 447, 497, 517, 547, 602, 604, 635 Mansonellose, 51, 142, 321, 332
Lutte biologique, 164, 199, 209, 223, 231, 291, 338, Mansonia, 134, 142, 174, 216, 242, 251, 265, 273, 282,
386, 401, 436, 548, 589, 603, 635 284-286, 288
Lutte chimique, 225, 227, 229, 288, 290, 336, 385, 422, Mansonia africana, 273, 282
479, 494, 588 Mansonia uniformis, 273, 282, 285-286
Lutte génétique, 233, 291, 374, 386, 436 Mansoniini, 244, 265
Lutte intégrée, 290, 436, 491, 590 Maorigoeldia, 244
Lutte mécanique/physique, 228, 261, 290, 385, 401, Marc-André (liquide de), 83, 317-318
493, 635 Margaropus, 556, 570
Lutzia/L. tigripes, 199, 244, 251, 262 Marsupial, 49, 137, 211, 367, 458, 462, 5069, 513, 546
Lutzomyia, 49, 140, 216, 296, 298-299, 305 Mataemyia, 348
Lutzomyia gomesi, 313 Mattinglyia, 257
Lutzomyia longipalpis, 297, 304, 311-312 Maxille, 23-24, 167, 172-173, 190, 306, 369, 415, 453,
Lutzomyia noguchii/L. peruensis, 313 635
Lutzomyia. pescei/L. sanguinaria, 313 Maxillopoda, 604
Lycopsyllidae, 457 Mayaro (virus), 272-273, 276, 281
Lymantria dispar/Lymantriidae, 621 Mazzotti (test de), 329
Lymphe, 45, 52, 304, 531, 633-634, 536 Mecoptera, 41, 458
Lytta vesicatoria, 621 Mectizan®, 337
Megabothris, 474
Macfiella, 348 Mégachiroptère, 408
Macrocyclops/M. albidus, 602-604 Megacyclops, 603
Macronyssidae, 527, 534-536, 537, 546 Megalopygidae, 620
Macropsylla hercules, 455 Megaselia scalaris, 178
Macropsyllidae, 457 Megenberg (Konrad von), 125
Madaphlebotomus, 296, 300-301, 313 Melaleuca alternifolia, 543
Malacopsylloidea/Malacopsyllidae, 457-458 Melanargia galathea, 38
Maladie de Carrión/fièvre de oroya, 50, 140, 313 Melanoconion, 262
Maladie de Chagas, 44, 51, 105, 134, 141, 490, 497, Meloidae/méloïde, 621
516-517 Melophagus/M. ovinus, 367, 408-410
Maladie de la langue bleue/bluetongue, 10, 18, 49, 80, Menacanthus stramineus, 442
133, 138, 148, 155, 345, 347, 353, 357-362 Menoponidae, 442
Maladie des griffes du chat/lympho-réticulose Mepraia, 501, 504, 505
bénigne d’inoculation, 50, 55-56, 473, 580 Mepraia gajardoi/M. parapatricia/M. spinolai, 501
Maladie du sommeil, 10, 47, 51, 95, 102, 127-128, 133, Mercaptan, 177
141, 369, 375-377, 382 Mermithidae/mermithidé, 338-339, 422, 636
Maladie hémorragique épizootique (des cervidés), Mérostome, 19, 31-32
139, 359 Mesocyclops, 110, 291, 601, 603
Malathion, 99, 101, 230, 291, 448, 479, 587 Mesocyclops aspericornis, M. longisetus, M. woutersi,
Malaya, 243-244, 252, 266 604
660
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Index
Mésonotum, 25, 168, 248, 452-453, 461 Moustiquaire imprégnée d’insecticide, 92, 94, 102-104,
Mesophlebotomites, 302 108-109, 129-130, 202, 210, 221, 225-227, 229, 234,
Mésostigmate, 525-526, 528-529, 535 319, 362, 387-388, 422
Metacnephia lyra, 331 Moustiquaire longue durée, 103-105, 210, 227, 234-235,
Metacyclops, 602 387
Métamérie, 22, 523-524 Moustique/Culicidae, 64, 73, 82, 86, 168, 171-175,
181-320, 630
Métanotum, 25, 168, 249, 452-453
Mouton, 45, 138, 140, 332, 335, 345, 354, 358-359, 381,
Metarhizium anisopliae, 110, 209, 589 408-410, 433-434, 447, 463, 534, 554, 578, 581, 615
Métasome, 597-598 Mue, 22, 27-28, 64, 96, 174, 186, 197-198, 221, 231, 303,
Metastriata, 555-557 328, 372, 417, 433, 441, 443, 451, 481, 510, 532, 555,
Métazoaire, 13, 22, 47, 53-54, 58, 211, 659 559, 563-565, 568, 598-601, 605, 636
Méthoxychlore, 335 Mulot/mulot sylvestre, 150, 534, 580
Microbiome/microbiote, 206, 253, 284, 395, 572 Muridae, 462, 546
Microcéphalie, 278 Musca autumnalis/M. sorbens/M. vetustissima, 623
Microchiroptère, 408-409, 462 Musca crassirostris, 168,623
Microculex, 262 Musca domestica, 30, 44, 166, 168, 623
Microfilaire, 37, 128, 220-222, 284-287, 328-329, Muscidae/Muscinae, 56, 58, 82, 166, 171, 368, 391-403,
333-334, 337, 419, 475, 636 426-427, 429, 433, 623
Microfilarémie, 286, 636 Muscina, 425
Micropygomyia, 299, 302 Muscoidea/muscoïde, 166-168, 176, 367, 426-429
Microsatellite, 71, 196, 373, 383, 481 Mustellidae, 489
Microsporidie, 209, 338 Mutation, 12, 56, 107-108, 112, 134, 270, 276, 291,
Microtidae, 546 444-445, 448, 466
Microtriatoma/M. borbai, 501-502 Mutualiste, 338
Microtriatoma pratai, 499 Mycose, 47, 315
Microtriatoma trinidadensis, 501-502, 514 Mycteria americana, 514
Migrateur (oiseau), 149, 276, 574, 579 Mycteromyiini, 413
Miltogramminae, 431 Mygale, 613, 615
Mimomyia, 244 Myiase, 42, 96, 177-178, 417, 419, 425-437, 623, 636
Minutie, 63, 82, 84 Myiopsitta monacha, 509
MoDIS (capteur), 153 Mymomyia, 264
Mondialisation, 14, 575 Myobiidae, 527, 533
Moniliformis, 625 Myodes glareolus, 150
Monoculicoides, 355 Myriapode, 19, 21, 32, 609, 617
Monophasique, 565-566 Myriophyllum, 253
Monotrope, 564-566 Myrmicinae, 610
Monoxène, 566 Myxomatose, 47, 49, 139, 209, 222-223, 335, 475
Montage (technique de), 63-64, 82-86, 304, 318, 477
Moraxelle, 44, 623
Nabidae, 488
nagana, 126, 133, 141, 375-376, 420
Morphologie, 18, 21-22, 28, 31, 74, 166, 182, 185, 247, nairovirus, 48, 270, 554, 574, 581-582
302, 369, 379, 391, 406, 415, 440, 442, 451, 486, 501,
524, 528, 558-560,597-598, 636 Nannomonas, 376-377
Morphométrie géométrique, 62, 65-66, 183, 371, 383, nauplie/larve nauplienne, 598
500, 510 nécrophile/nécrophage, 56-57, 177, 431,636
Morsure, 42, 44, 46-47, 126, 138-142, 473, 580, nectar/nectarivore, 26, 178, 190, 199, 252, 324, 352,
609-610, 613-618, 636 396, 416
Mouche, 24, 28, 38, 40-44, 51-53, 56-58, 89, 100-104, Neivamyia, 392-393
125-126, 154, 175-179, 367-437, 621, 623 nématode, 19, 133, 179, 232, 327, 331-332, 335,
Mouche domestique, 24, 30, 58, 104, 165-167, 178, 391 338-339, 349-400, 418, 422, 475, 583, 589, 599,
Mouche du chien, 409 602, 623, 625
Mouche piqueuse, 101, 362, 421-422, 578 Nemorhina, 369-370
Neocnemidocoptes gallinae, 533, 544
Mouche tsé-tsé/glossine, 26-27, 47, 63-64, 70, 90-92,
95-97, 101-105, 110-112, 122, 128-129, 136, 141, Neoculex, 262
145, 154, 171-172, 176-177, 367-389, 401, 405, 409, Neolipopten, 408-409
420-421, 490 Neomelaniconion, 244, 257, 282
Moustiquaire non imprégnée, 92, 95, 102, 105, 109, neonicotinoïde, 480, 494-495, 636
127, 226-227, 289, 316, 336, 355, 362, 615 Neorickettsia, 578
661
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néosomie, 409, 456, 636 Ochlerotatus, 61, 244, 256-257, 273, 278, 280, 290
Neospora, 54 ockelbo, 280
Neotoma/N. mexicana, 505-507 oCP/onchocerciasis Control Programme/Programme
Neotunga, 456, 461 de lutte contre l’onchocercose en Afrique de l’ouest,
néotype, 30, 63, 67 108, 336-337
Nepenthes, 264, 266-267 octénol, 177, 292, 416
nervure/nervation (de l’aile), 25, 74, 170, 175, 191, octopode, 559, 564-565
257, 264, 266-267, 302, 321, 371, 393, 415, 427 Odocoileus virginianus, 359, 574, 579, 588-589
Nesotriatoma, 500-501, 507 odonata/odonate, 28, 41, 165, 199,
nevroptera/névroptère, 28, 41 Oeciacus vicarius, 485
nicothoidae, 599 oecophylle, 610
nidicole, 476, 566, 571 oedemeridae, 622
nil occidental (virus du), 10, 48, 122, 133, 135, 137, œil nauplien, 597-598
146, 155, 263, 271-273, 276, 399-400 œil/yeux, 23-24, 29, 32, 44, 166-167, 172, 179, 186, 190,
Nitella, 253 199, 248, 253, 322, 324, 329, 350, 392, 400, 414-415,
noctuidae, 620, 624 419, 427, 433, 435, 452, 487, 498, 603, 624, 637
nodule, 328-329, 334, 417, 433, 490, 540, 545, 637 oEPA/Programme d’élimination de l’onchocercose
pour les Amériques, 338
noix de coco, 266, 290
œsophage, 46, 192, 194, 376-379, 397, 433, 561, 563
Nosomma, 556, 570
oestridae/oestroidea/oestrinae, 167, 419, 426-428,
Nosopsyllus fasciatus, 146, 474 432-433,
Nothoaspis, 555-556, 570 Oestrus ovis, 96, 426, 433-435
notodontidae, 620, 624 œuf, 27-29, 37, 54,56, 63, 72, 129, 145, 148-149,
Notoedres, 533 176-177, 184, 185-186, 193, 198, 201-202, 203-204,
notum, 168 224, 232-233, 246-247, 249, 251, 253-255, 258-263,
nourriture, 45, 159, 189, 253, 291, 422, 425, 428, 488, 276, 303-304, 325, 348-349, 356, 371, 395-396,
510-511, 514, 519, 534, 536, 610, 612, 624 407-409, 416, 419, 425, 428, 430-433, 441-443,
novaluron, 98 451, 457, 474, 481, 487-489, 491-493, 502, 504,
nuisance/nuisant, 13-15, 18, 37-38, 40-43, 46, 58, 89, 510, 514, 531-534,538, 542-543, 547, 560, 564-565,
92, 97, 100, 126, 164-165, 178, 223, 226, 258, 263, 560, 597, 602-605, 611, 623-623, 637
288, 302, 307, 319, 325-326, 333, 345, 356, 391, 401, oGM/organisme génétiquement modifié, 111-113,
409, 417, 422, 433, 439, 447, 485, 490, 523, 530, 609, 231, 233, 260, 292, 374, 386, 481
622, 625, 637 oiseau, 33, 41, 44, 48, 51-52, 110, 136-142, 146,
nutalliellidae, 553, 555 149-150, 155, 210-211, 213, 216, 228, 253, 256,
Nuttalliella namaqua, 553 262-267, 271, 276-278, 280, 288, 325, 331-336, 345,
354, 405-408, 410, 430, 439, 442, 451, 456-462, 476,
nyando (virus), 222 485, 489, 503, 511, 514, 516, 527, 531, 533, 536,
nycteribiidae/nycteribiinae, 27, 172, 173, 177, 371, 538-539, 544-545, 554, 557, 565-568, 571-574,
405, 406-408, 458 576-579, 584-585, 619, 621
nycteriboscinae, 407 olfaction, 105, 177, 190, 374, 586
nycterophiliinae, 407 oligopneustique, 174
Nyctomyia, 244 oligopode, 28
nymphalidae, 38 ommatidie, 23-24, 190, 324
nymphe, 28, 63, 96, 150, 157, 166, 172, 174-175, 188, oMS/WHo, 38, 44, 91, 93, 98-100, 103, 106, 129, 135,
193, 197, 199, 232-233, 246-248, 252, 264-265, 210-211, 221, 225-229, 234-235, 284, 286-287, 310,
303-304, 322-324, 349-350, 356, 396, 451, 504, 523, 312, 375, 383, 386, 467-468, 479, 601-602
527, 530, 532, 534-539, 555, 559, 560-561, 563-566, Onchocerca caecuriens, 327
574, 588, 605, 637
Onchocerca cervipedis, 331, 334
Nyssomyia, 297, 299, 313
Onchocerca dewittei, 331
Nyssomyia intermedia, 305
Onchocerca dukei, 332, 334
Nyssomyia neivai, 297
Onchocerca gutturosa, 332, 334, 356
Nyssomyia trapidoi, 313
Onchocerca lienalis, 332, 334
Nyssomyia umbratilis, 313
Onchocerca ochengi, 332, 334
Nyssomyia ylephiletor, 313
Onchocerca ramachandrini, 332, 334
Nyssorhynchus, 181, 183, 191
Onchocerca skrjabini, 332, 334
Occiput, 23, 166-167, 248-249, 254, 306, 452-453 Onchocerca tarsicola, 332, 334
ocelle, 23-24, 166-167, 190, 414, 427, 453, 486, 498, Onchocerca volvulus, 47, 51, 97, 128, 142, 327-333, 338
502, 637 onchocercome, 328-329
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Index
onchocercose, 47, 51, 91, 128, 135, 142, 321, 327-329, ovoviviparité, 27
334, 336, 356, 419 Oxacis, 622
Onirion, 244 oxamate, 422
onychophore, 31-32 Oxycopis, 622
o’nyong-nyong, 137, 209, 222, 272-273 Oxyspirura, 625
Ophionyssus natricis, 537, 546
Opifex, 244, Paedurus/P. fuscipes, 622
opilioacariforme, 529 PAHo/Pan American Health organisation, 275
Opisthacidius/O. pertinax, 499-500 Palaeomyia burmitis, 302
opisthosoma/opisthosome, 22, 28, 524, 532, 558, 637 Palaeopsylla, 460
opossum, 281 Paleoleishmania proterus, 302
Palmier, 372, 503
Orbivirus, 49, 138-139, 270, 312-313, 357, 359
Palpe labial/maxillaire, 23-24, 167-168, 173-175, 184,
organochloré, 95, 99, 110, 226, 228, 230, 291, 361, 189-191, 247-249, 253-254, 256, 306-307, 346, 369,
385-386, 587, 637 392-394, 397, 414-415, 427, 443,
organophosphoré, 96, 98-99, 101, 105, 108-109, 226, 452-453, 557, 563, 637
230, 291, 362, 479-480, 587, 599, 637 Paludisme, 10, 13, 43, 51, 52, 56, 89, 92, 97, 100, 103,
oribate, 527-529, 547 109-110, 122, 127-130, 133-136, 141, 146, 150, 153,
Orientia tsutsugamushi, 50, 140, 545-546 164-165, 181, 185, 205, 206, 209, 210-212, 217-220,
ornithodorine, 568 224-229, 234, 334, 576
ornithodorinae, 555-556 Paludisme aviaire, 51, 228
Ornithodoros/ornithodore, 49-50, 54, 80, 138, 140, Paludisme d’aéroport, 150, 205, 224
150, 554-556, 563, 570, 575-576 Panama (canal de), 128, 290, 331, 333, 356-357, 436,
Ornithodoros amblus, 564 503, 506
Ornithodoros capensis, 555, 563 Pancrustacé, 32-33
Ornithodoros erraticus, 577, 582-584 Pandanaceae, 257
Ornithodoros lahorensis, 566 Pandémie, 122, 463-465, 467-468, 637
Ornithodoros moubata, 577, 583 Pandinus imperator, 616
Ornithodoros porcinus, 583 Pangonius/Pangoniinae/Pangoniini, 413-416
Ornithodoros savignyi, 566, 569 Panstrongylus,
Ornithomya fringillina, 406 Panstrongylus chinai, 500-501, 505-506, 513
Ornithomya rottensis, 405 Panstrongylus diasi, 501, 505
ornithomyinae, 405-406, 410 Panstrongylus geniculatus, 501, 506, 513
Ornithonyssus, 534 Panstrongylus guentheri, 501, 506
Ornithonyssus bacoti, 535, 537, 546-547 Panstrongylus herreri, 500-501, 505-506
Ornithonyssus bursa, 537 Panstrongylus hispaniolae, 501, 506
Ornithonyssus sylviarum, 534 Panstrongylus howardi, 500-501, 505-506
ornithophile/ornithophilie, 149, 202, 253, 256, 263, Panstrongylus humeralis, 501, 506
265, 288, 325, 334, 354, 503, 509, 637 Panstrongylus lenti, 501, 506,
oropouche (virus), 139, 357, 360 Panstrongylus lignarius, 500-501, 506
Orthobunyavirus, 222, 270, 282, 357 Panstrongylus lutzi, 501, 505
Orthopodomyia/O. reunionensis/orthopodomyiini, Panstrongylus martinezorum, 501, 506
65, 244, 265 Panstrongylus megistus, 497, 501, 505, 510, 513, 519
orthoptera/orthoptère, 28, 41, 165 Panstrongylus mitarakaensis, 501, 506
orthorrhaphe, 170, 174-176, 350, 413, 426 Panstrongylus rufotuberculatus, 501, 505-506, 513
osmorégulation, 562, 567 Panstrongylus tupynambai, 501, 506
Oswaldo filaria, 288 Papillon, 12, 24, 26, 28, 38, 41, 43, 620-621
Otobius, 555-556, 563-564, 570 Papio papio, 279
Otobius megnini, 566 Parabelminus, 501-502
Otonoetus, 538 Parabelminus carioca, 501-502
ours, 331, 335 Parabelminus yurupucu, 501, 514
ovaire, 54, 64, 68, 184, 191, 193, 195, 197, 203, 245, Parabuthus transvaalicus, 616
409, 446, 487, 562-563 Paraceras melis, 474
oviducte, 54, 193, 204, 487, 563 Paractenopsyllus gemelli, 452, 454-455
oviparité, 27, 29 Paractenopsyllus goodmani, 455
ovipore, 524, 530 Paractenopsyllus juliamarinus, 455
ovipositeur, 23, 171, 393, 610 Paralucilia, 430
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Index
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Population, 9-14, 30, 45-46, 54-56, 61, 65, 67-68, 70, Protection antivectorielle individuelle/personnelle,
89-91, 94, 102, 107-113, 129-130, 133-134, 145-159, 18, 39, 89, 92, 95, 103, 105-107, 226, 286, 289-290,
184, 195-196, 209-211, 218, 224, 227, 232-233, 247, 319, 388, 422, 586, 590, 639
259, 287-288, 290, 307, 323, 338, 352-354, 358, Protéobactérie, 51, 206, 284, 313, 487
360-361, 373-375, 380-384, 386, 394, 420-422, 436, Proteocephalus, 603
444, 446-447, 463-467, 479-481, 507, 510, 513-515, Protéomique, 67, 71-73, 136, 243, 246-247, 590
518-519, 547, 570, 572-574, 584, 588-590, 599,
604, 612, 619 Protocalliphora, 430
Porc, 104, 135, 137-138, 141, 150, 277-278, 313, 377, Protonymphe, 530, 536, 620
387, 416, 440, 447, 457, 463, 512, 582, 582, Protophormia, 430
Porc-épic, 211, 457, 461 Protostomien, 22,
Porocephalida, 604-605 Protoure, 32-33
Postnotum, 168-169, 248 Protozoaire/Protozoa, 9, 47, 52, 54, 58, 122, 126,
Potamogeton, 253 133-134, 164, 194, 209-210, 243, 331, 334, 338,
Potosi (virus), 212 346, 399-400, 418, 420, 623, 639
Pou, 25, 28, 38, 40-41, 47, 50, 53, 72, 81-82, 89, 122, Protracta, 506
136, 139-141, 228, 439-449, 464, 472, 576-577, 618 Protura, 41
Pou de corps, 440, 443-447, 575 Prurit, 308, 329, 356, 409, 419, 426, 439, 445, 447, 463,
Pou de mer, 599 489-490, 533-534, 537, 539-542, 544, 610-611, 619,
621
Pou de tête, 89, 440, 443-444, 446
Psammolestes, 500, 502, 504, 511
Pou des oiseaux, 41, 442
Psammolestes arthuri, 501, 510
Pou rouge, 446, 534, 537, 539, 546
Psammolestes coreodes/P. tertius, 501
Pou rouge des poules, 537
Psathyromyia/Pa. shannoni, 299, 313
Poule/poulet, 110, 213, 278, 331, 356, 476, 509,
511-512, 533, 536-538, 546, 548 Pseudolynchia canariensis, 409
Pour-on, 101-102, 336, 361, 401, 410, 422, 436, 587, Pseudoscorpion, 32, 523
639 Psittacidae/psittaciforme/perroquet/perruche, 504,
Prédateur, 32, 110, 112, 164, 199, 231-232, 245, 253, 509, 533, 545
261, 291, 338-339, 422, 428, 462, 498-499, 504, Psocoptera, 41
511, 514-515, 523-524, 527, 530, 534-538, 539, Psorophora, 244, 258, 272, 280, 433
544-548, 603, 605, 617, 621 Psorophora columbiae/P. confinnis, 273, 280
Prélarve, 530 Psorophora ferox, 273, 279
Prémandibule, 172, 175 Psoroptes, 533, 547
Prémunition, 129, 212, 219, 639 Psoroptidae, 527, 533
Préscutum, 25, 168-169 Psychoda, 425
Préstomale (dent), 168, 176 Psychodidae/Psychodinae, 50, 58, 64, 82, 87, 170,
Prévention, 11, 89, 91, 103, 107, 109, 130, 147, 151, 159, 295-320, 426
210, 223, 226, 228-230, 288-289, 335, 374, 382, Psychodopygus/P. lloydi, 296-299
384, 400, 410, 421, 436, 476, 490, 495, 584-585, Psychophaena, 348,
Prévention/préventif, Pterolichidae, 527, 533
Primate, Pteropidé, 462
Primicimex cavernis, Pthirus gorillae, 442, 444
Primicimicinae, Pthirus pubis, 442
Principe de précaution, Ptilinum, 166, 176, 639
Proboscis/trompe, 128, 168, 176, 190-191, 247-248, Puce, 25, 28, 38, 41, 47, 49-50, 53, 55, 63-64, 81-82,
255-256, 262, 266, 318, 350, 369, 376-379, 391-394, 96, 101, 122, 126-127, 136, 139-140, 146, 150, 164,
396-397, 414-415, 440, 498-499, 536, 639, 615, 639 447, 451-484, 546, 577, 580,
Procercoïde (larve), 603 Puceron, 27, 41, 44, 47
Proctophyllodidae, 527, 533 Puisard, 262,
Pronotum, 168, 249, 256, 452-453, 460-461, 486, 491 Pulex irritans, 457-460, 464, 472-473, 481
Prosimulium hirtipes, 331 Pulicidae/Pulicoidea, 456-457, 461
Prosimulium impostor, 331 Pulicomorpha, 456-457
Prosimulium mixtum, 326 Pullulation, 40, 43, 92-93, 178, 228, 271-272, 302, 307,
Prosimulium neomacropyga, 324 319, 397, 400, 417, 447, 463, 609, 621, 625
Prosimulium tomosvaryi, 332 Pulvérisation, 91-101, 109, 226, 228-229, 261, 291, 317,
Prosoma/prosome, 22, 28, 558, 597-598, 639 319, 385, 387, 401, 479, 497, 518, 586, 639
Prostomoxys/P. saegerae, 392-394 Pulville/Pulvilli, 166, 250, 254, 261, 555, 558-559,
Prostriata, 555-557 561, 639
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Index
Punaise, 24-25, 28, 40-41, 43-44, 51, 54, 81-82, 416-419, 431, 441, 443, 445-447, 460, 473, 486-489,
126-127, 164, 485-522, 619, 625 510, 516, 536, 555, 560-569, 574, 576, 580, 589,
Punaise de lit, 25, 89, 485-495 618, 640
Puparium, 28, 166, 174-176, 367, 371-372, 396, Repas sanguin interrompu, 52, 202, 398, 418, 640
427-428, 640 Reproduction, 22, 26, 30, 61, 96, 108, 129, 153, 155,
Pupe, 28, 101, 145, 166, 174-176, 368, 372, 396, 401, 194-195, 197, 204, 210, 233, 270, 283-284, 292,
405-410, 414, 425, 427-430, 433, 640 334-335, 357, 367, 371-374, 386, 394, 396, 405, 422,
Pupipare, 176, 367, 371, 405, 408-409 429, 443, 451, 474, 477, 487-488, 500, 504-505,
Purpura thrombocytopénique, 327 537-539, 559, 561, 569, 572, 597, 611
Pycnogonide, 32 Reptile, 33, 51, 136, 210, 211, 266-267, 288, 308, 345,
Pygiopsyllidae, 457 354, 356, 373, 375, 416, 485, 502, 524, 539, 545,
557, 576, 584, 603-604
Pygiopsyllomorpha/Pygiopsyllidae, 456-458
Répulsif, 85, 92, 94, 104, 105-106, 109, 177, 226-227,
Pyralidae, 620, 623 235, 289, 336, 361, 384, 401, 422, 547, 586, 640
Pyrèthre naturel, 230-231, 291 Réservoir (hôte), 11, 52-53, 55, 128, 136-142, 146,
Pyréthrinoïde, 85, 90, 96, 99, 101, 102-103, 105, 107, 213, 221, 274-275, 280, 295-296, 309, 312, 319, 333,
109, 212, 225-230, 261, 289, 291, 319, 336, 361-362, 337, 375-376, 381-382, 445, 516-517, 545-547, 554,
387, 401, 410, 422, 480, 489, 494, 518, 543, 587, 576-580, 582-583, 602, 640
599, 640 Résiline, 21, 453, 458
Pyriproxifène, 98, 105, 113, 261, 386 Résistance aux insecticides, 14, 18, 80, 89-90, 96-97,
Pyroglyphidae, 527, 530, 531, 620 107-109, 129-130, 134, 209, 219, 223, 225-228,
Quasi-espèce, 270 230-231, 260-261, 289, 291-292, 335-337, 361, 367,
448, 479, 485, 489, 494, 517, 542, 587-588, 640
quinine, 128, 584
Résistance comportementale/cuticulaire, 108, 226
Radeau (ponte en), 185, 247, 251, 262 Résistance métabolique/par modification de la cible,
Railletidae, 527 107, 226, 291
Raillieta/Raillietiidae, 538 Retroviridae, 419
Raillietiellida, 604 Retrovirus, 283, 476
RAPD/RAPD-PCR, 68, RFLP-PCR, 68-69
Rat, 42, 44, 47, 49-50, 146, 309, 376, 429, 457-462, Rhabdoviridae, 270, 312
464, 466-469, 471-472, 474, 478, 480, 502, 505-506, Rhagionidae, 178, 622
509, 511, 513, 534, 537, 546 Rhinoestrus purpureus, 426, 434
Rat musqué, 581 Rhinolophidae, 408
Rattus norvegicus, 459, 472 Rhinolophus, 407
Rattus rattus, 459-460, 462, 466-467, 469, 472, 509 Rhinomusca, 392-393
Ray (john), 126 Rhinomyzini, 413
Rdl/resistance dieldrin, 291 Rhinonyssidae, 527-538, 545
Réaumur (René-Antoine Ferchault de), 126 Rhipicentor, 556, 570
Recherche de l’hôte, 177, 194, 202, 230, 253, 292, 325, Rhipicephalus, 87, 142, 154, 554-557, 560, 565, 567,
352, 373, 382, 398, 416, 421, 428, 460, 463, 476- 570, 575, 577-579, 582-584, 589
477, 513, 565-567, 571 Rhipicephalus (Boophilus) annulatus, 557, 566
Recombinaison/réassortiment, 195, 214, 270, 380 Rhipicephalus (Boophilus) australis, 566, 574
Reduviidae, 82, 100, 485, 497-499, 511, 619 Rhipicephalus (Boophilus) microplus, 89-90, 95, 109,
Reduviinae, 499, 511 113, 149, 556-557, 565-566, 572, 574, 581, 588-589
Règlement uE n°528/2012, 93 Rhipicephalus bursa, 566
Régulateur/inhibiteur de croissance, 96, 98, 105, 113, Rhipicephalus evertsi, 557, 566
231, 260, 291, 335, 361, 480, 627, 640 Rhipicephalus sanguineus, 47, 49, 102, 554, 557, 566,
Régurgitation, 52-53, 397, 473, 623 577, 579, 584
Reighardiida, 604 Rhodniini, 500-501, 502, 510-511
Rémanence, 95, 97, 99-101, 105-106, 230-231, 361, Rhodnius, 40, 499-502, 503, 504, 507, 510, 516
385, 480, 493-494, 640
Rhodnius amazonicus/R. barretti, 501, 504
Renard, 142, 312, 457-458, 580, 588
Rhodnius brethesi/R. colombiensis, 501, 503
Renne, 332, 432
Rhodnius dalessandroi, 501, 504
Reoviridae, 49, 270, 312, 357, 359, 580
Rhodnius domesticus, 501, 503
Repas de sang, 37, 42, 45-46, 52-53, 55-56, 105-106,
129, 150, 177, 190, 193, 197, 200-201, 202-204, Rhodnius ecuadoriensis, 501, 503, 513
214-216, 219, 221, 252-253, 258, 263, 268-271, 287, Rhodnius milesi/R. montenegrensis, 501, 504
303-304, 308, 312-313, 321, 323, 325, 328, 333, 349, Rhodnius nasutus/R. neglectus, 501, 503
352, 354, 369-370, 372, 377, 380, 395, 397-398, 406, Rhodnius neivai, 501, 504
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Index
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Spécimen, 18, 29-30, 32, 39, 62-67, 70-76, 79-81, 81-86, Stomoxyinae/Stomoxyini, 391-401, 427, 623
184, 215, 253, 262, 318-319, 368, 410, 458, 476-478, Stomoxys, 391-394, 427, 433
491, 500-501, 513, 518, 641 Stomoxys calcitrans, 44, 94, 391-398, 400
Spectre d’hôtes, 146, 271, 304, 308, 370, 462-463, Stomoxys indicus, 394
572-573 Stomoxys niger, 395, 398
Spelaeomyia, 298-299, 301
Stomoxys niger bilineatus, 394
Spelaeophlebotomus, 296-299, 301
Stomoxys niger niger, 95, 394
Spermalège, 487-488, 641
Stomoxys sitiens, 394
Spermathèque, 27, 63-64, 82, 171-172, 193-194,
200-201, 251, 267, 297, 301-302, 307, 317, 319, Stomoxys xanthomelas, 400
346, 351, 443, 452, 454-455, 563, 641 Stratégie (K/r), 177-178
Spermatophore, 371, 562-563, 569, 597-598, 641 Stratification éco-épidémiologique, 92
Sphingidae, 26, 620, 624 Stratiomyidae, 172, 174, 178, 426, 429
Spilopsyllus cuniculi, 451, 461, 475 Streblidae/Streblinae, 27, 64, 172, 176-177, 371,
Spinosad, 98 405-410, 458
Spinosyne, 97-98 Strepsiptera, 41
Spirochète, 54, 574-575, 641 Streptococcus, 532
Spirochétose aviaire, 50 Stricticimex parvus, 486
Spirogyra, 253 Stygeromyia, 392-393
Spirometra, 603 Style, 24, 26, 167, 171, 250, 300, 306, 351, 427, 642
Spirura, 625 Stylet vulnérant, 46, 167, 174, 190, 192, 485-486, 529,
Splendidofilaria fallisensis, 332, 335 610
Spoliation sanguine, 42, 398, 413, 625 Subcapitulum, 524, 529
SPoT (satellite), 153 Subolésine, 589
Spot-on, 101, 480, 587 Sucre/alimentation sucrée, 33, 178, 190-192, 197,
SSCP-PCR, 70 199, 252, 324, 352, 373, 395-396, 416, 624
Staphylinidae, 622 Supella longipalpa, 624
Staphylococcus/S. aureus, 490, 532 Suragina, 623
Stase, 555, 557-567, 573-574, 581, 585, 642 Surra, 376, 418, 420-421
Stegomyia, 66, 244, 254, 258, 274, 279 Surveillance, 14, 61, 74, 108, 123, 150-151, 156, 221,
Stegomyia aegypti/Ae. aegypti, 63, 65-67, 94, 105, 113, 223-226, 260, 288-289, 338, 358, 360, 374, 382-384,
133-135, 148, 151, 183, 195, 247, 251, 254, 258, 400-401, 410, 421, 436-437, 467, 469, 476-478,
259-260, 268, 271-275, 278-280, 283-284, 289-292, 490-493, 498, 500, 512, 518-519, 584, 602, 642
481, 604 Survie, 52, 56, 94-95, 107, 113, 154-156, 178, 198, 210,
Stegomyia albopicta/Ae. albopictus, 14, 46, 56, 61, 65, 219, 231-232, 268, 283-284, 290, 350-353, 367-368,
89, 93-94, 105, 134-135, 148-149, 151, 155-157, 178, 372, 386, 396, 398, 464, 475, 477, 479-480, 487, 530,
245, 247, 252-253, 258-259, 260-261, 217-274, 276, 563, 571, 573, 590, 624
279-280, 287, 289-292 Suture, 22-23, 25, 168-169, 175-176, 199, 306, 427,
Stegomyia pia/Ae. pia, 66 453, 642
Stegomyia polynesiensis/Ae. polynesiensis, 134, 221, Symbiote, 253, 338, 487
258, 273-274, 281, 286, 604 Symphoromyia, 622
Stegopterna mutata, 338 Symphyle, 33
Stemmate, 23 Symphytognathidae, 613
Stephanocircidae, 457 Syndrome de choc, 271
Stephanocircus pectiniceps, 461 Syndrome de hochement de tête/nodding syndrome,
Stephanofilaria, 400, 623 327
Stephanofilaria stilesi, 400 Synganglion, 561, 563
Stercoraria, 421, 474, 516 Synopsyllus estradei, 462
Sternite, 25-27, 170-171, 191-192, 259, 307, 351, 392, Synopsyllus fonquerniei, 467, 478
452-454, 487, 642 Synphlebotomus, 298-301
Sternostoma tracheacolum, 545 Syntergite, 170
Stigmate, 169-174, 188, 191, 427, 431, 433, 440, 443, Syntype, 30, 63, 67
452, 524-529, 558, 560-561 Syrphidae, 174, 178, 426, 429
Stivaliidae, 457 Systématique, 9, 11, 14, 23, 25, 29-30, 80, 85-86, 90,
Stomatite vésiculeuse (virus de la), 54, 313, 335, 125, 166, 168, 170-171, 174, 188, 191, 211, 243,
399-400 255, 295-302, 322-323, 345-349, 368, 379, 383,
Stomoxe, 52, 94-95, 97, 104-105, 110, 141, 375, 377, 391-394; 405-407, 413-416, 440, 442, 456-460,
391-401, 419 485-487, 500, 553-557, 643
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Index
Système digestif, 22, 29, 52, 128, 188, 192-193, 251, Thaumapsyllinae, 462
268-269, 283, 308, 318, 377-378, 414, 421, 425-426, Thaumetopoea pityocampa, 621
445-446, 451, 454, 465, 517, 561, 604, 622 Thaumetopoea processionea, 621
Système excréteur, 191, 194, 251, 562 Thaumetopoeidae, 620-621
Système génital, 22, 26-28, 63-64, 84, 171, 188, 191-192, Thécostomate, 168
193-194, 200, 208, 220, 246, 248, 250-251, 261, 263, Theileria, 50, 142, 554, 574, 583-584
306-307, 323, 346, 350-351, 357, 369, 371, 406,
440-442, 454, 487-489, 498, 505, 528-530, 540, 558, Theileria annulata, 50, 142, 554, 584
560-561, 563, 597 Theileria equi, 50, 142
Système nerveux, 22, 96, 107, 109, 194, 230, 251, 375, Theileria parva, 554, 584
516, 561, 563, 603, 612, 614 Thelazia/T. callipaeda, 179, 623
Theilériose, 142, 554, 583-584
Tabanidae/tabanide, 51, 82, 95, 114, 141, 166, 170, Theilériose du cheval, 50, 142, 583-584
172-173, 177, 375-377, 413-423, 578 Thermocyclops, 601
Tabaninae/Tabanini, 413-414 Thermo-nébulisation, 100
Tabanus, 167, 413-422 Thorax, 22-23, 25, 28, 32-33, 65, 166, 168-169,
Tabanus bromius, 414, 417, 422 172-175, 186-192, 194, 199, 221, 248-250, 254,
Tabanus fuscicostatus, 419-420 259-260, 265, 307, 321, 350, 393, 406, 413-416,
Tabanus importunus, 417, 420 440-442, 452, 458, 487, 498-499, 524, 544, 558, 643
Tabanus nebulosus, 420 Thyatiridae, 620, 624
Tabanus nigrovittatus, 416-417, 423 Thysanoptera, 41
Tabanus occidentalis dorsovittatus, 417 Tibia, 25, 29, 189, 191, 248, 440-441, 452-453, 461,
524, 643
Tabanus rubidus, 414, 420
Tinaroo (virus), 357
Tachinaephagus stomoxicidae, 110
Tipulidae, 168-172, 174-175, 178, 426
Tagme, 22, 643
Tique, 29, 38, 40, 46-55, 63-64, 67, 72, 80-83, 87, 90,
Tahyna (virus), 282 92, 95-96, 101-103, 105-106, 109-110, 113, 126-127,
Tamias sibiricus barberi/tamia de Sibérie, 150, 501, 133-134, 136, 138-140, 142, 146-147, 149-154,
507, 574 157-159, 164, 177, 223, 388, 420, 430, 461, 472-476,
Tanyderidae, 170 529, 553-590, 609
Taon, 28, 41, 53, 401, 413, 419, 421-423 Tique dure/Ixodidae, 48-50, 54, 72, 87, 138, 140,
Tardigrade, 31-32 553-555, 556-584
Tarse/tarsomère, 25, 105, 166, 189, 191, 204, 248, 250, Tique molle/Argasidae, 46, 49-50, 53, 80, 140, 150,
257-258, 261, 265, 369, 440-442, 452-453, 462, 487, 553-555, 556-590, 642
502, 524, 529, 533, 558, 643 TIS/Technique de l’Insecte Stérile, 90, 111-112,
Tarsonemidae, 527, 539 232-233, 291, 371, 383, 386-387, 643
Tarsopsylla octodecimdentata, 460 Tissu imprégné, 92, 94-95, 102-106, 108-109, 129-130,
Tataguine (virus), 209, 222 202, 210, 225-227, 229-230, 234, 289, 291, 319, 362,
Taux de reproduction de base/R0, 153-155, 210, 383, 385, 387-388, 401, 422, 586
Taxonomie/taxinomie, 18, 29, 31, 76, 80, 86, 122, Tityus serratulus, 616
165, 174, 181, 184, 188, 243, 261, 322, 345, 481, Togaviridae, 48-49, 222, 270, 273, 279
526, 556-557, 614, 643 Toll (voie), 283-284
TBEv (virus de l’encéphalite à tiques), 48-49, 52, 54, Topomyia, 134, 244, 266
133-134, 138, 146, 152-153, 157-159, 475, 554, 575, Torrealbaia/T. martinezi, 499, 501-502
580-582, 589-590 Torrenticole, 172
Tégument, 21-22, 42, 46, 65, 84, 190, 221, 231-232, Torsalo, 419
253, 309-310, 369, 396, 427, 435, 442, 487-488, Torus, 167
524, 529, 535, 560, 599, 603 Toscana (virus), 48, 138
Telmophage, 304, 325, 416, 567, 643 Toxine, 57, 96-97, 231-232, 335-336, 361, 553, 569,
Télotrope, 557, 265-566 610, 612, 614, 616, 622, 637
Téméphos, 98, 108, 230, 261, 291, 337 Toxoplasma gondii, 624
Tenebrionidae, 622 Toxorhynchites/T. brevipalpis conradti, 199, 243-245,
Ténia, 603 247, 251-252, 266-267
Tenrecidae, 462 Toxorhynchitini, 244
Tergite, 25-26, 170-171, 188, 191-192, 255-256, 307, Trachée, 29, 33, 167, 173-174, 188, 193, 195, 198, 251,
351, 392, 414, 441, 452-454, 487, 643 414, 529, 538-539, 545, 561-562, 643
Termite, 41, 622 Tracheomyia, 426
Testicule, 194, 443, 487, 563 Trait d’histoire de vie, 283, 523, 530
Thamnomys rutilans, 213 Traitement épicutané, 92, 101-102, 109, 387-388
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Transfusion sanguine, 52, 216, 519, 574, 581, 584 Triatoma jatai, 501
Transgenèse/transgénique, 113, 233, 291-292, 374, 386 Triatoma juazeirensis, 501
Transmission horizontale, 269, 472, 575, 643 Triatoma jurbergi, 501, 509, 513
Transmission non vectorielle, 54 Triatoma klugi, 501
Transmission par co-repas/co-gorgement, 54, 157, Triatoma lecticularia, 501, 506-507
335, 472, 575, 580, 582, 630 Triatoma lenti, 501, 509
Transmission sexuelle/vénérienne, 54, 269, 539, 582, Triatoma leopoldi, 501, 510
643 Triatoma limai, 501, 509
Transmission transovarienne, 54, 312-313, 472-474, Triatoma longipennis, 501, 507
546, 576, 582-583, 643 Triatoma maculata, 501, 508
Transmission transstadiale, 54, 574, 582-584, 643 Triatoma matogrossensis, 501, 509
Transmission vectorielle biologique, 44-45, 52-54, Triatoma mazzottii, 501, 507
108, 223, 335, 356, 375, 377, 399, 409, 418-421,
465, 475, 546, 643 Triatoma melanic, 501, 508-509
Transmission vectorielle mécanique, 44-45, 47, 52-54, Triatoma melanocephala, 501, 509
140, 142, 223, 327, 335, 375-377, 391, 397-399, 400, Triatoma melanosoma, 508
418-421, 465, 475-476, 578, 643 Triatoma mexicana, 501, 507
Transmission verticale, 53-54, 269, 275, 282, 318, 410, Triatoma migrans, 501, 510
473, 576, 580, 643 Triatoma neotomae, 501, 507
Transphlebotomus, 299-301 Triatoma nigromaculata, 501, 508
Trape (jean-François), 212 Triatoma nitida, 501, 507
Triatoma/triatome, 53, 127, 134, 498-501, 504-511, Triatoma obscura, 501, 507
513, 515-516, 518 Triatoma oliveirai, 501, 509
Triatoma amicitiae, 501, 509 Triatoma pallidipennis, 501, 507
Triatoma arthurneivai, 501, 509 Triatoma patagonica, 501, 509
Triatoma baratai, 501 Triatoma peninsularis, 501, 507
Triatoma barberi, 501, 507 Triatoma petrochii, 509
Triatoma bassolsae, 501, 507 Triatoma phyllosoma, 501, 507
Triatoma bolivari, 501, 507 Triatoma picturata, 507
Triatoma boliviana, 501-502, 508 Triatoma pintodiasi, 501
Triatoma bouvieri, 501, 509 Triatoma platensis, 501, 509, 511
Triatoma brailovskyi, 501, 507 Triatoma protracta, 501, 506-507, 619
Triatoma brasiliensis, 501, 508-509, 513, 519 Triatoma pseudomaculata, 501, 508-509
Triatoma breyeri, 501, 505 Triatoma pugasi, 501, 510
Triatoma bruneri, 501, 507 Triatoma recurva, 501, 507
Triatoma carcavalloi, 501, 509 Triatoma rubida, 501, 507
Triatoma carrioni, 501, 508 Triatoma rubrofasciata, 500-502, 505-506, 508-514,
Triatoma cavernicola, 501, 510 516, 519
Triatoma circummaculata, 501, 509 Triatoma rubrovaria, 501, 509
Triatoma costalimai, 501, 509 Triatoma ryckmani, 501, 507
Triatoma deanei, 501, 509 Triatoma sanguisuga, 501, 507
Triatoma delpontei, 501, 509, 511 Triatoma sherlocki, 501
Triatoma dimidiata, 498, 501, 507, 510, 513-514, 519 Triatoma sinaloensis, 501, 507
Triatoma dispar, 501, 507 Triatoma sinica, 501, 510
Triatoma dominicana, 501 Triatoma sordida, 501, 508-509, 513
Triatoma eratyrusiformis, 501, 505 Triatoma tibiamaculata, 501, 509
Triatoma flavida, 501, 507 Triatoma vandae, 501
Triatoma garciabesi, 501, 509 Triatoma venosa, 501, 508
Triatoma gerstaeckeri, 501, 507 Triatoma vitticeps, 501, 509
Triatoma gomeznunezi, 501, 507 Triatoma williami, 501, 509
Triatoma guasayana, 498, 501, 509 Triatoma wygodzinskyi, 501, 509
Triatoma guazu, 501, 509 Triatominae, 82, 485, 497-519
Triatoma hegneri, 501, 507 Triatomini, 500-501, 504
Triatoma incrassata, 501, 507 Tribolium, 622
Triatoma indictiva, 501, 507 Trichobiinae, 407
Triatoma infestans, 105, 497, 501, 503, 505-506, Trichodectes canis, 442, 447, 457, 459
508-510, 513-516, 518-520, 619 Trichodectidae, 442
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Index
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Entomo-P3B.qxp_Mise en page 1 12/04/2017 11:23 Page674
Vaccin/vaccination, 18, 89, 113, 128, 157, 233-235, vol, 25-26, 44, 104, 112, 129, 148, 166, 191, 195,
197-202, 204, 222, 233, 253, 267, 292, 302, 324-325,
274, 358-359, 375, 383, 463, 471, 517, 578, 582,
589-590, 627 332, 350-353, 355, 368, 373, 388, 394, 398, 408-409,
vaccin 17D, 274 416-417, 422, 428, 433, 506, 513-515, 518, 624
vaccin anti-tique, 113, 588, 589-590 vulnérabilité, 45, 130
vagin, 172, 191-192, 194, 204, 454-455, 562-563 Wallaby, 281
variole, 126, 602
Wallace (ligne de), 33-34
Varroa, 538-539, 546, 547
Warileya, 296, 298-299, 302, 305
Varroa destructor, 538, 546, 550
Wasmannia, 612
Varroa jacobsoni, 538-539, 547
West nile (virus), 10, 48, 122, 133, 135, 137, 146, 155,
varroidae, 527, 538 160, 263, 271-273, 276-277, 282-283, 294, 399-400,
vasodilatateur/vasodilatation/vasodilatatrice, 45-46, 410
193, 200, 489, 562, 568, 644 Whataroa (virus), 335
Vattieromyia, 296 WHoPES/WHo Pesticide Evaluation Scheme, 93,
vBoRnET, 151, 155-156 98-99, 101
vecteur, 9-14, 18, 37-40, 43-45, 46, 47-56, 64, 79-82, Wigglesworthia glossinidia, 374
87, 89-424, 439-484, 497-596, 644 Wohlfahrtia/W. opac/W. vigil, 431
vecteur avéré/expérimental/naturel/potentiel, 43 Wohlfahrtia magnifica, 425, 431
vectornet, 151, 155-156
Wolbachia/W. pipientis, 51, 113, 208, 221, 233, 260,
végétation, 94-95, 97, 151, 153-154, 158, 228, 336, 284, 292, 333, 338, 368, 374, 481, 487, 578
352, 368-369, 385, 421, 435, 545, 555, 571, 585,
589, 622 Wuchereria bancrofti, 51, 134, 142, 209, 220, 255, 258,
265, 284-287, 290
venin, 33, 42-43, 609-622, 627, 629, 631, 638, 644
Wyeomyia, 244, 266
ventouse, 172, 453, 530
ver, 31, 38, 42, 220-221, 286, 328-329, 337, 354, 356,
419, 430, 436, 599-601, 606
Xénodiagnostic, 517, 644
Xenopsylla brasiliensis, 459
ver de Cayor, 42, 96, 430, 436
Xenopsylla cheopis, 49, 139-140, 146, 455-456, 459,
ver de Guinée, 44, 599-602, 606 462, 467-469, 472, 476, 478-479, 481, 546
vermiforme, 32, 172, 175, 349, 367, 451, 532, 604 Xenopsylla cunicularis, 475
vermipsyllodidea/vermipsyllidae/Vermipsylla, 457, Xerus erythropus, 279
461-462
Xiphiopsyllidae, 457
Verrallina, 244, 258
xylène, 84, 319
vertex, 23, 166-167, 249, 254-255, 257-258, 306, 392,
414, 644 xylophagidae, 175
Vesiculovirus, 270, 312-313,
Vespa velutina, 610
Yersin (Alexandre), 47, 464
Yersinia enterocolitica, 465
vespertilionidae, 408
Yersinia pestis, 47, 50, 140, 146, 447, 456, 463, 464-468,
vespinae, 610 471, 481
vêtement imprégné, 103, 226-227, 289, 319, 586 Yersinia pseudotuberculosis, 465
veuve noire, 615
Viannamyia, 299 Zeugnomyia, 244
Viannia, 308 Zika, 14, 133, 148, 157, 223, 256, 258, 260-261, 272,
Vibrio cholerae, 178 273, 275, 278
vipère, 42, 609 Zoonose, 10, 48-51, 142, 146, 287, 304, 309, 321,
virémie, 53, 146, 269-270, 274, 277-278, 280, 575, 334-335, 400, 466, 472-473, 571, 574, 576-577, 579,
580, 644 584, 644
virion, 269 Zoophilie, 55, 102, 104, 181, 233, 233, 255-257, 259,
virus de plantes, 44, 47 272, 274, 288, 330, 433, 644
vision, 24, 177, 330, 616 Zooprophylaxie, 290
viviparité, 27, 367 Zoraptera, 41
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Préface ........................................................................................................................................................ 9
François Rodhain
Avant-propos .......................................................................................................................................... 13
Gérard Duvallet, Didier Fontenille, Vincent Robert
PARTIE 1
CONCePTS eT MÉThODeS
Chapitre 1. Arthropodologie générale ................................................................................................... 19
Gérard Duvallet
InTRoDuCTIon .................................................................................................................................................... 19
MoRPHoLoGIE ET DÉvELoPPEMEnT ......................................................................................................... 21
Le tégument ........................................................................................................................................................... 21
La métamérie ......................................................................................................................................................... 22
Morphologie des insectes ..................................................................................................................................... 22
Morphologie et développement des Arachnides .............................................................................................. 28
noMEnCLATuRE, CLASSIFICATIon, IDEnTIFICATIon ........................................................................ 29
Taxinomie et systématique ................................................................................................................................... 29
Le concept d’espèce ............................................................................................................................................... 30
Comment décrire une nouvelle espèce ? ............................................................................................................ 30
La taxinomie numérique ...................................................................................................................................... 31
Classification des Euarthropodes ........................................................................................................................ 31
noTIonS DE BIoGÉoGRAPHIE ....................................................................................................................... 33
RÉFÉREnCES ........................................................................................................................................................... 34
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PARTIE 2
hiSTOire, SANTÉ PuBLiQue eT eNVirONNeMeNT
Chapitre 7. importance des maladies à transmission vectorielle dans le monde ........ 133
Didier Fontenille
LE SySTèME vECToRIEL .................................................................................................................................. 133
DES MALADIES PRÉSEnTES SuR TouT LE GLoBE ................................................................................. 134
LA PRISE En CoMPTE DE L’AIRE DE DISTRIBuTIon DES MALADIES .............................................. 135
L’APPoRT DES MÉTHoDES RÉCEnTES ....................................................................................................... 136
LES PRInCIPALES MALADIES À TRAnSMISSIon vECToRIELLE ....................................................... 136
RÉFÉREnCES ......................................................................................................................................................... 143
679
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PARTIE 3
LeS ArThrOPODeS D’iMPOrTANCe MÉDiCALe Ou VÉTÉriNAire
Chapitre 9. Généralités sur les diptères (Diptera) ......................................................................... 165
Gérard Duvallet
MoRPHoLoGIE ................................................................................................................................................... 166
Adultes ou imagos ............................................................................................................................................... 166
Stades préimaginaux ........................................................................................................................................... 172
TAxInoMIE ........................................................................................................................................................... 174
Sous-ordre des nematocera ............................................................................................................................... 175
Sous-ordre des Brachycera ................................................................................................................................. 175
BIoLoGIE ............................................................................................................................................................... 176
CoMPoRTEMEnT ............................................................................................................................................... 177
Recherche de l’hôte pour l’ingestion d’un repas de sang ............................................................................... 177
Recherche de lieux de ponte .............................................................................................................................. 177
Stratégies K ou r .................................................................................................................................................. 177
IMPoRTAnCE MÉDICALE ou vÉTÉRInAIRE ........................................................................................... 178
Familles nuisantes en raison de pullulations occasionnelles ......................................................................... 178
Familles avec espèces pouvant être hématophages ......................................................................................... 178
Familles avec espèces à l’origine de myiases .................................................................................................... 178
RÉFÉREnCES ......................................................................................................................................................... 179
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Dermatites et irritations cutanées induites par les acariens ectoparasites et microprédateurs ................ 539
Gale sarcoptique ............................................................................................................................................... 539
Gale démodécique ............................................................................................................................................ 543
Autres gales ....................................................................................................................................................... 544
Allergies causées par des acariens ..................................................................................................................... 544
Pathologies respiratoires dues aux acariens ..................................................................................................... 545
Rôle de réservoir et transmission d’agents pathogènes .................................................................................. 545
REMARquES SuR LA LuTTE ConTRE LES ACARIEnS ........................................................................... 547
RÉFÉREnCES .......................................................................................................................................................... 548
686
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Chapitre 27. Arthropodes venimeux, allergisants, urticants, vésicants et nuisants ..... 609
Gérard Duvallet
ARTHRoPoDES vEnIMEux ............................................................................................................................ 609
Hyménoptères ..................................................................................................................................................... 610
Arachnides ........................................................................................................................................................... 612
Myriapodes .......................................................................................................................................................... 617
ARTHRoPoDES ALLERGISAnTS .................................................................................................................... 618
Poux ...................................................................................................................................................................... 618
Phlébotomes ........................................................................................................................................................ 619
Moustiques ........................................................................................................................................................... 619
Triatomes .............................................................................................................................................................. 619
Acariens ................................................................................................................................................................ 619
ARTHRoPoDES uRTICAnTS ET vÉSICAnTS ............................................................................................ 620
Lépidoptères ........................................................................................................................................................ 620
Coléoptères .......................................................................................................................................................... 621
ARTHRoPoDES nuISAnTS ............................................................................................................................. 622
Diptères ................................................................................................................................................................ 622
Lépidoptères ........................................................................................................................................................ 623
Dictyoptères (Blattaria) ...................................................................................................................................... 624
Hyménoptères ..................................................................................................................................................... 625
Crustacés .............................................................................................................................................................. 625
Autres nuisances .................................................................................................................................................. 625
RÉFÉREnCES ......................................................................................................................................................... 625
687
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