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CHAPITRE 1 : SYSTEME D’INFORMATION

Introduction :
Une entreprise crée de la valeur en traitant de l'information, en particulier dans le cas des sociétés de service.
Ainsi, l'information possède une valeur d'autant plus grande qu'elle contribue à l'atteinte des objectifs de
l'organisation. Un système d'Information (noté SI) représente l'ensemble des éléments participant à la
gestion, au traitement, au transport et à la diffusion de l'information au sein de l'organisation.

I. La Systémique :

La science des systèmes, appelée aussi systémique, est une discipline scientifique autonome récente,
puisqu’elle date de la fin des années 70. Elle prend ses racines principalement dans la théorie des systèmes,
la théorie de la commande, la théorie du contrôle, la cybernétique. La systémique a pour projet « la
modélisation des phénomènes perçus ou conçus complexes ». La science des systèmes a ainsi pour finalité
de proposer des modèles pour l’action ou la compréhension d’objets ou de phénomènes complexes, dans des
domaines les plus variés (biologie, sciences sociales, gestion...).

1. Hypothèses du paradigme Systémique :

Le paradigme systémique repose sur les trois hypothèses fondamentales suivantes :

 Hypothèse téléologique où l’objet à modéliser est supposé doté d’au moins un projet identifiable. Le
fonctionnement et l’évolution de cet objet peuvent être interprétés par des projets qui eux-mêmes
détermineront des structures possibles ;
 Hypothèse d’ouverture sur l’environnement où l’objet à modéliser est ouvert sur l’environnement
que l’on doit présenter, même s’il n’est pas descriptible de façon exhaustive ;
 Hypothèse structuraliste où l’objet à modéliser doit être décrit dans sa totalité, fonctionnant et
évoluant.

Ces hypothèses sont schématisées dans la figure ci-dessous :

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Figure 1.1: le paradigme systémique.

Appliqué à l’entreprise, ce paradigme met l’accent sur les interrelations entre sa structure, son activité, son
évolution et ses finalités, cela dans un environnement changeant.

2. Modélisation systémique de l’entreprise :

En nous proposant une modélisation progressive des objets, la systémique facilite la compréhension de
l’entreprise, objet complexe actif et organisé. Tout corps social organisé, en particulier les entreprises ou les
administrations, pourra être modélisé comme un système dont la complexité est bien définie. Nous situons
ainsi les fonctions et le rôle du système d’information de l’entreprise et ses relations avec les autres sous-
systèmes, le sous-système opérant et le sous-système de pilotage. La figure 1.2 illustre la modélisation
systémique de l’entreprise (ou organisation), avec ses trois sous-systèmes : système opérant (SO), Système
d’Information (SI) et système de pilotage (SP).

Figure 1.2 : Les trois sous-systèmes de l'entreprise.

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Décrivons de façon succincte le rôle de chacun de ces systèmes composant l’entreprise-système.

 Le système opérant est le siège de l’activité productive de l’entreprise. Cette activité consiste en une
transformation de ressources ou flux primaires. Ces flux primaires peuvent être des flux de matière,
des flux financiers, des flux de personnel, des flux d’actifs ou enfin des flux d’information.
 Le système de pilotage est le siège de l’activité décisionnelle de l’entreprise. Cette activité
décisionnelle est très large et est assurée par tous les acteurs de l’entreprise, à des niveaux divers,
depuis les acteurs agissant plutôt dans l’activité productrice de l’entreprise, à ceux dirigeant cette
dernière. Elle permet la régulation, le pilotage mais aussi l’adaptation de l’entreprise à son
environnement. C’est cette activité qui conduira l’évolution, décidera notamment de l’organisation et
de l’évolution des systèmes opérants et d’information.
 Le système d’information que nous considérons, pour l’instant, comme un système de
mémorisation dont le rôle est de permettre au système de pilotage d’assurer ses fonctions,
notamment en assurant son couplage avec le système opérant. Le paragraphe suivant traite en détail
des fonctions de ce système.
3. Les Fonctions du Système d’Information dans l’entreprise :

L’analyse systémique nous a permis de faire émerger la notion de système d’information comme une
représentation de l’activité du système opérant et/ou du système de pilotage, et de ses échanges avec
l’environnement, conçue à l’initiative du système de pilotage en fonction des objectifs à atteindre et de
l’organisation choisie. Ce système d’information est destiné :

 au système de pilotage pour pouvoir connaître et maîtriser le fonctionnement du système opérant,


 au système opérant lorsque les flux transformés sont de nature « information ».

Le système d’information (SI) assure dans l’entreprise, vue en tant que système, les fonctions primaires
présentées ci-dessous :

 La génération des informations : Comme nous venons de le voir, le système d’information est
conçu à l’initiative du système de pilotage. Le système de pilotage doit alors faire preuve
d’imagination dans la définition de l’information nécessaire à l’émergence du système d’information
et de ses fonctions. La génération de l’information est ainsi une fonction indispensable que le
système de pilotage doit exercer pour permettre la conception du système d’information. Cette
génération est un préalable nécessaire à toute mémorisation de l’information, elle permettra toute
saisie future de l’information et elle est propre à chaque organisation.
 La mémorisation des informations (transfert des informations dans le temps) : La fonction de
mémorisation (collective) des informations a un rôle central car sans mémoire et pas d’apprentissage,

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pas d’intelligence. La nature et la signification des informations à mémoriser seront des éléments
essentiels de la conception d’un système d’information.
 La communication et la diffusion des informations (transfert des informations dans l’espace) : Le
système d’information assure les échanges (acquisition et restitution) d’informations avec le système
opérant et le système de pilotage. L’organisation de l’acquisition et de la restitution des informations
constituera un autre élément important de la conception.
 L’exécution de traitements (transfert des informations dans la forme) : Par référence à l’approche
système, les traitements sont soit des activités de transformation d’information-matière première
(relevant donc du système opérant), soit des activités de décision, élémentaires ou complexes
(relevant du système de pilotage). Le système d’information accueille, pour le compte du système de
pilotage ou du système opérant, les traitements suffisamment formalisés et répétitifs. Ce qui était une
décision-réflexion au niveau du système de pilotage devient un réflexe au niveau du système
d’information.

Ces fonctions primaires du système d’information peuvent être représentées comme dans la figure ci-
dessous :

Figure 1.3 : Les fonctions du système d'information dans l'entreprise.

Ainsi défini, le système d’information ne fait aucune hypothèse sur les moyens le supportant ; le système
d’information existe indépendamment (et bien avant l’apparition) des techniques informatiques. Toutefois,
ces techniques informatiques vont permettre d’amplifier les fonctions de mémorisation, de communication
et de traitement des informations.

L’informatisation du système d’information comporte ainsi deux préoccupations majeures ; d’une part la
compréhension et l’explicitation du système d’information (activité, information, organisation), et d’autre
part la construction de logiciels (fichiers, programmes), support du système d’information.

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II. Informatisation d’un Système d’Information :

Dans ce qui précède, nous avons vu que les fonctions de mémorisation, communication et traitement du
système d’information pouvaient être amplifiées par les techniques informatiques. L’informatisation du
système d’information conduit à distinguer dans la conception d’un système d’information deux niveaux
d’étude différents (voire figure ci-dessous) :

Figure 1.4 : Système d'Information Organisationnel et Informatisé.

 Le niveau du système d’information organisationnel (SIO) qui exprime l’activité organisée associée
au fonctionnement du système d’information (signification des informations, tâches
humaines/informatisées),
 Le niveau du système d’information informatisé (SII) qui ne concerne que le contenu informatisé
(logiciel, fichiers ou bases).

Cette distinction se traduira par des préoccupations et des raisonnements différents lors de la conception du
système d’information. Le système d’information organisationnel est essentiellement tourné vers les
utilisateurs et fera appel à des disciplines des sciences de la gestion. Le système d’information informatisé
est plus l’affaire des informaticiens et fera appel aux disciplines du génie logiciel. Cependant, le système
d’information informatisé doit s’inscrire dans le système d’information organisationnel ; la conception du
système d’information informatisé s’appuie donc sur celle du système d’information organisationnel.

III. Différents types de Systèmes d’Information :

Plusieurs typologies de systèmes d’information ont été proposées. Notre typologie distinguera tout d’abord
une première famille : les systèmes d’information de production, où l’information est destinée au système
opérant (SO). Ils sont souvent très proches du système opérant de l’entreprise.

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Une seconde famille sera celle des systèmes d’information destinés au système de pilotage de l’entreprise
(SP) avec ses sous-systèmes de décision, d’imagination-conception et de finalisation. Nous ajouterons trois
autre sous-types de systèmes : les systèmes d’information opérationnels associés au contrôle opérationnel,
les systèmes d’information de pilotage associés à la planification et au contrôle managérial (pilotage), et
enfin les systèmes d’information stratégiques associés à la planification stratégique.

1. Systèmes d’Information de Production :

Les systèmes d’information de production constituent une première famille de systèmes d’information. Dans
ces systèmes, l’information est presque exclusivement destinée au système opérant (SO) de l’entreprise, au
point que ces systèmes sont très souvent assimilés au système opérant (SO) même de l’entreprise, comme
l’illustre la figure ci-dessous.

Figure 1.5 : Système d’information de production et système opérant.

Ce type de systèmes d’information se retrouve principalement dans le secteur tertiaire, car les flux
transformés dans le système opérant sont en quasi-totalité des informations. C’est le cas par exemple des
secteurs de l’assurance, de la banque, des administrations, etc.

Citons aussi d’autres types de systèmes d’information de production :

• les systèmes bureautiques (traitement de texte, courrier…),


• les guichets électroniques (cartes de crédit, banques, points de ventes…).

La structure de ces systèmes d’information de production est d’une très grande stabilité.

2. Systèmes d’Information Opérationnels :

Les systèmes d’information opérationnels sont très directement tournés vers une représentation, une
coordination opérationnelle de l’activité du système opérant. Notons que ce système opérant peut être un

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système d’information de production comme présenté précédemment. Il y aura alors un recouvrement
très important entre ces deux types de systèmes d’information.

Ces systèmes d’information opérationnels, parfois appelés systèmes d’information primaires, assurent
ainsi un couplage très fort système d’information-système opérant pour le système de pilotage afin que
son sous-système de décision puisse conduire la régulation générale du système opérant, comme
l’illustre la figure 1.6.

Figure 1.6 : Les couplages des Systèmes d'Information Opérationnels.

Dans ce type de systèmes d’information, on trouvera entre autres les diverses automatisations des
processus administratifs, qui furent les premiers objectifs de l’informatisation : gestion du personnel
(paie…), gestion du matériel (tenue des stocks…), gestion commerciale (suivi des commandes…),
comptabilité (comptes, journaux, grands-livres…), gestion de production (GPAO), etc.

3. Systèmes d’Information de Pilotage :

Les systèmes d’information de pilotage sont plutôt destinés à fournir les informations nécessaires à la prise
de décisions de type planification et contrôle managérial ; ils privilégient les échanges avec le système de
pilotage. On les appelle aussi des systèmes d’information secondaires.

Ces systèmes assurent ainsi un couplage très fort SI-SP principalement avec les sous-systèmes de décision et
d’imagination/conception du SP, comme l’illustre la figure 1.7.

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Figure 1.7 : Les couplages des Systèmes d'Information de pilotage.

Ces systèmes d’information de pilotage se caractérisent par une très grande variété d’informations, mais de
volumes généralement limités ; les informations sont, pour la plupart, élaborées à partir d’informations
primaires gérées par le système d’information opérationnel et parfois prises sur l’environnement ou
directement sur le système opérant. Les traitements sont souvent moins formalisés et plus aléatoires (à la
demande). Ces systèmes d’information de pilotage sont souvent assez évolutifs.

4. Systèmes Stratégique d’Information (SSI):

Les systèmes stratégiques d’information (SSI) peuvent en fait être assimilés à des systèmes d’information
opérationnels ou à des systèmes d’information de pilotage permettant d’informatiser une activité de
l’entreprise qui apparaît comme stratégique, « au sens où cette activité permettra, dans le cadre de la
stratégie retenue par l’entreprise, de procurer un avantage concurrentiel durable ».

5. Systèmes d’Information Stratégique (SIS) :

Ces systèmes sont plutôt destinés à fournir les informations nécessaires à la prise de décisions relevant de la
planification stratégique. Ces systèmes assurent ainsi un couplage très fort SI - SP principalement avec les
sous-systèmes de décision, d’imagination/conception et surtout de finalisation du SP, comme l’illustre la
figure 1.8.

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Figure 1.8 : Les couplages des systèmes d’information stratégiques.

6. De l’entreprise-système au système d’entreprises :

Les systèmes d’information ouverts ou globaux constituent une nouvelle famille de systèmes d’information
non plus associés à une seule entreprise, mais à plusieurs entreprises devenant partenaires. Ce passage de
l’entreprise-système au système d’entreprises sera associé à la définition de stratégies d’ouverture, de
partenariat, de coopération-coalition de plusieurs entreprises, voire de secteurs économiques entiers (voir
figure 1.9). Ainsi les entreprises productrices de biens ou de services sont confrontées à un marché global et
à la prise en compte d’une production centrée client. Ce contexte de production se traduit par une demande
de produits et de services de plus grande qualité, disponibles dans des délais minimaux, moins chers et
personnalisés

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Figure 1.9 : Systèmes d’information en coopération.

7. Echange de données informatisées :

L’EDI (échange de données informatisé) constitue un enjeu majeur de l’informatique stratégique dépassant
le simple fait de s’échanger des données. Enjeu majeur qui se situe aussi bien au niveau de partenaires
entreprises qu’au niveau d’une communauté de partenaires socio-économiques, voire par le biais de
l’informatique au niveau d’un ou de plusieurs secteurs économiques.

En management, d’importants moyens humains et matériels sont mobilisés pour le montage d’un dossier
commercial, le suivi d’une opération de logistique, l’enregistrement d’événements sur les plans comptable,
statistique, fiscal et douanier. L’ensemble des coûts de traitements et d’échanges d’informations est estimé
en moyenne à 7 % de la valeur des marchandises vendues. Ces coûts, répartis entre l’émetteur et le
récepteur, peuvent être considérablement réduits par la mise en œuvre de l’EDI. L’EDI permet d’échanger
des informations de système informatique à système informatique sans ressaisie.

Au niveau partenarial, un premier type d’avantages est lié à la dématérialisation des documents, c’est-à-dire
à la suppression de la chaîne traditionnelle du support papier. L’EDI présente aussi des avantages liés au

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management pratiqué par chacun des partenaires. Tout d’abord il apporte une amélioration de la qualité des
transferts d’informations, sur le plan de la sécurité et de la fiabilité. Il peut conduire à un recouvrement des
créances plus rapides permettant d’améliorer la trésorerie. L’EDI renforce les liens entre les partenaires
pouvant conduire ainsi à une certaine fidélisation. Enfin, il permet de réconcilier les flux physiques et les
flux d’information, apportant ainsi une meilleure réponse à l’événement, un suivi logistique de

bout en bout.

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