I- Les sondages, un outil controversé : Comment réalise-t-on les sondages et à quoi
servent-ils ? les sondages reflètent-ils réellement l’opinion publique ?
A- Comment réaliser un sondage ? Objectif : Comprendre les principes et les techniques de sondage. 1- Un échantillon représentatif
Ce schéma permet de présenter les principes de construction des sondages et de montrer la
différence entre sondage probabiliste et sondage empirique (utilisant la méthode des quotas). 1. Alors qu’un recensement désigne une enquête dans laquelle toute la population est interrogée, un sondage désigne une enquête dans laquelle seul un échantillon (un sous-ensemble) de la population est interrogé. 2. Pour construire l’échantillon, on peut sélectionner de façon aléatoire, par tirage au sort, les personnes interrogées (sondage probabiliste) ou sélectionner les personnes interrogées en fonction de leurs caractéristiques pour reproduire, dans les mêmes proportions, les caractéristiques de la population dans son ensemble (sondage empirique). 3. On parle alors de sondage par quotas, car l’échantillon est constitué d’un certain nombre d’individus qui remplissent chacune des caractéristiques choisies (sexe, âge, profession, etc.). On parle de quotas pour désigner le nombre d’individus dans l’échantillon qui doivent remplir ces caractéristiques. Doc 1 et 2 p 234 Q 1 à 3 et 5 à 7 Doc 1 L’importance de la représentativité de l’échantillon 1. Certains journaux ont un positionnement politique particulier (par exemple en France L’Humanité est un journal plutôt de gauche, et Le Figaro plutôt de droite). De ce fait, les lecteurs du même journal ont des chances d’avoir des opinions politiques proches, ce qui ne les rend pas représentatifs de la population dans son ensemble. 2. Si on se contente d’interroger 10 personnes, il y a très peu de chances que l’avis de ces 10 personnes soit conforme à l’avis de la population dans son ensemble. En effet, ce chiffre est trop réduit pour pouvoir en tirer des conclusions. Parmi ces 10 personnes, certaines ont peut-être un avis très différent du reste de la population, ce qui fausserait l’interprétation. Pour avoir un échantillon représentatif, il faut donc interroger un grand nombre de personnes. 3. L’intérêt réside dans le fait de pouvoir effectuer des enquêtes à moindre coût, car le nombre de personnes à interroger avec la méthode des quotas est plus faible qu’avec le tirage aléatoire. 4. D’autres critères peuvent jouer un rôle important : par exemple, le fait d’habiter à la ville ou à la campagne, le niveau de diplôme, le niveau de revenu… Document 2 Mener l’enquête : méthodologie 5. Sexe, âge, profession, lieu d’habitation (région et catégorie d’agglomération). 6. Non, l’utilisation d’Internet diminue avec l’âge : les personnes âgées utilisent peu Internet. D’autres catégories de la population (en zone rurale par exemple) passent moins de temps sur Internet. De ce fait, ces catégories ont moins de chance de répondre à des sondages en ligne, ce qui peut en partie fausser les résultats. 7. Cette marge d’erreur correspond au fait que les résultats obtenus sur un échantillon réduit peuvent ne pas correspondre à ceux de la population dans son ensemble car les personnes interrogées peuvent avoir un avis assez différent de celui du reste de la population (même si la méthode des quotas a été respectée !). De plus, les personnes interrogées peuvent ne pas dire la vérité dans leurs réponses. 2- La formulation des questions Doc 3 p 235 Q 8 à 10 L’importance de la formulation des questions 8. Ces deux sondages ont abouti à des réponses très différentes car la formulation des questions est très différente. Suivant la manière dont on présente les choses à la personne interrogée, celle-ci peut avoir une opinion différente. 9. Formulation 1 : « Êtes-vous favorable à la peine capitale pour ceux qui ont commis d’horribles crimes ? » Formulation 2 : « Êtes-vous favorable à la peine de mort, sachant qu’il existe un risque que cette pratique barbare s’applique à des innocents ? » 10. Les instituts de sondage peuvent agir en essayant de formuler leurs questions de la manière la plus objective possible, en essayant de limiter au maximum les jugements de valeur. Ils pourraient aussi faire le même sondage avec des formulations différentes pour voir si les réponses divergent. Faire le point p 235 B- Les sondages et la mesure de l’opinion publique Objectif : Comprendre l’intérêt et les limites des sondages 1- Intérêt des sondages Doc 1 p 236 Q 1 à 3 et Doc 3 p 237 Q 10 à 12 Démocratie d’opinion : Contrôle permanent des dirigeants qui intègrent les résultats des sondages ds leurs décisions et leurs communications. Document 1 Les sondages : un outil indispensable et relativement fiable Le document 1 montre que les sondages nous permettent d’obtenir des informations importantes sur l’état de l’opinion publique. 1. Cela permet de voir si l’opinion publique évolue sur certains sujets au fil du temps. De plus, en posant exactement les mêmes questions, on évite les problèmes d’interprétation liés à la formulation des questions. 2. Si un institut de sondage n’est pas assez rigoureux, alors ses études n’auront pas de grande valeur, et, progressivement, il perdra ses clients. 3. En 1997, 55 % de la population pensait (ensemble « d’accord » et « tout à fait d’accord ») que « l’immigration est une source d’enrichissement culturel ». Ce chiffre, en 2017, est passé à 70 %. On peut donc en conclure que l’opinion publique française est devenue plus tolérante avec l’immigration. Document 3 Les sondages contribuent à créer l’opinion publique 10. Certains sujets intéressent parfois assez peu la population, par exemple la question de savoir si tel président de région doit se représenter à l’élection. Pourtant, en commandant un sondage qui montre que 70 % de la population est favorable à cette candidature, puis en évoquant ce sondage dans la presse, il est possible de faire croire que l’opinion publique exprime un fort soutien au président de région et d’inciter les gens à se positionner. Sans le sondage, personne n’aurait évoqué ce sujet, alors qu’avec le sondage les gens en parlent. Voilà pourquoi les sondages « contribuent à produire ce qu’ils veulent mesurer » (à savoir l’opinion publique). 11. Certains dirigeants politiques, militants, chefs d’entreprise… peuvent avoir intérêt à « invoquer » l’opinion publique en prétendant qu’ils agissent dans le sens souhaité par la majorité de la population. Ce sont les mêmes qui peuvent avoir intérêt à manipuler l’opinion publique, pour essayer de faire croire que la population soutient leurs décisions. 12. L’opinion publique est d’abord une « opinion éclairée », qui provient des catégories les plus aisées de la population. À partir du xixe siècle, la population dans son ensemble prend part à cette « opinion publique » : on parle alors d’opinion « criée » car cela prend souvent la forme de protestations. 2- Limites des sondages Doc 4 p 235 Q 11 à 13 et Doc 2 p 236 Q 4 à 9 Document 4 La question de l’interprétation 11. Cet exemple met en évidence le fait qu’il faut faire preuve de prudence lorsqu’on interprète un sondage. Il ne faut pas lui faire dire ce qu’il ne dit pas. 12. C’est la Manif pour tous qui a commandé le sondage à l’IFOP. D’une manière générale, les instituts de sondage sont payés par des entreprises, des associations ou des médias pour réaliser des sondages. 13. Une association ou une entreprise peuvent commander un sondage pour essayer de mieux connaître l’état de l’opinion publique, afin par exemple d’améliorer ses techniques de vente (dans le cas d’une entreprise) ou bien ses modes d’action (dans le cas d’une association). La commande d’un sondage peut aussi se justifier par le désir de montrer que l’opinion publique soutient le travail de l’organisation (entreprise ou association). Document 2 « L’opinion publique n’existe pas » 4. Tout le monde n’a pas une opinion sur tous les sujets parce que certains sujets nécessitent un niveau de connaissance important, ou bien supposent au moins qu’on s’y intéresse. Par exemple, pour savoir s’il faut ou non fermer certaines centrales nucléaires, il faudrait savoir quel est le niveau réel de dangerosité de certaines centrales, ce qui est très difficile à savoir ! Pour avoir une opinion, il faut aussi s’intéresser à certains sujets : les gens qui ne s’intéressent pas à la politique (cf. chapitre 10) ne peuvent pas avoir une opinion sur tel ou tel candidat. 5. Le point de vue de certaines personnes sur certains sujets est plus important que d’autres, et il va avoir plus de poids. Par exemple, si un général de l’armée française prend la parole pour dénoncer la situation des militaires, il sera plus écouté par les pouvoirs publics que si c’est un militant pacifiste. Cela remet donc en cause l’idée sur laquelle reposent les sondages, à savoir que l’opinion publique est la somme d’opinions individuelles qui ont le même poids chacune. 6. Il n’existe pas de consensus car chacun a des préoccupations différentes en fonction de sa position sociale, de son parcours personnel (cf. chapitre 6 sur la socialisation), de ses opinions politiques ou de sa religion… 7. En posant la même question à des individus très différents, cela donne l’impression que tout le monde se pose cette question-là, même si ce n’est pas le cas. 8. Non, certains sont très concernés, et d’autres pas du tout. C’est la raison pour laquelle il faut proposer aux personnes interrogées de répondre « sans opinion », et tenir compte de ces réponses dans l’interprétation des sondages. 9. Pierre Bourdieu, célèbre sociologue français du xxe siècle, en arrive à la conclusion que l’opinion publique mesurée par les sondages n’existe pas, car elle est une construction qu’on ne trouve pas dans la réalité sociale. Faire le point p 237 1. Les sondages peuvent influencer l’opinion publique. 2. Deux réponses sont ici possibles : Les Français changent parfois d’opinion au cours du temps. Les Français expriment parfois une opinion claire sur certains sujets.
Savoir-faire : Réaliser une enquête par sondage auprès des lycéens : Les 5 étapes UNIQUEMENT À LIRE