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Propos
1. Définition de l’entretien
2. Genèse de l’enquête par entretiens
3. Des paroles individuelles aux faits sociaux
4. Le guide d’entretien
5. Les techniques de passation
6. La retranscription des entretiens
7. L’analyse des entretiens
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Mise en situation :
tour de table autour de l’entretien
Décrivez vos expériences en matière d’entretien :
• tous genres confondus : entretien de recherche, interview
journalistique, focus group marketing, etc. ;
• les conditions de préparation et de passation ;
• les réussites, les facteurs-clés de succès ;
• les maladresses, les erreurs, les fautes à éviter.
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1. Définition de l’entretien
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Un principe et deux postulats
L’entretien consiste à solliciter une parole libre et spontanée, en vue de
saisir les systèmes de représentations à l’œuvre, le « comment » et le
« pourquoi » des attitudes, des comportements, des expériences.
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Les types d’entretien
L’entretien peut être :
• directif, semi-directif ou non-directif, selon le degré de liberté de
l’enquêté dans le contenu et les modalités de la discussion ;
• individuel ou collectif.
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Les usages séquentiels de l’entretien
L’entretien peut également être une méthode mobilisée en amont ou
en aval de l’enquête proprement dite :
• l’entretien exploratoire, antérieur à l’enquête, consiste à se
documenter et à formuler des hypothèses provisoires ;
• l’entretien complémentaire, postérieur à l’enquête, vise à compléter
ou à actualiser les données disponibles.
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La compréhension comme fin et moyen
Par définition, l’entretien sociologique est « compréhensif » :
• il vise une compréhension approfondie ;
• il suppose une « neutralité bienveillante » (Rogers, 1945) ;
• il veille à réduire l’asymétrie des positions respectives ;
• il impose de suspendre tout jugement de valeur.
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Les effets de la relation d’enquête
« Si la relation d’enquête se distingue de la plupart des échanges de
l’existence ordinaire en ce qu’elle se donne des fins de pure
connaissance, elle reste, quoi qu’on fasse, une relation sociale qui
exerce des effets (variables selon les différents paramètres qui peuvent
l’affecter) sur les résultats obtenus. »
Pierre Bourdieu, « Comprendre », in Pierre Bourdieu (dir.), La misère du
monde, 1993
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L’impératif de neutralité
« Soyez prêt à répondre à n’importe quelle question que vous pose
votre interlocuteur, mais n’acceptez pas de donner vos propres opinions
quant aux questions de l’entretien. En bavardant avec votre
interlocuteur, n’évoquez jamais des informations obtenues d’autres
personnes. Limitez autant que possible vos réactions émotives à de
simples expression de curiosité ou d’approbation modérée. […] Ne
discutez jamais avec votre interlocuteur, ne lui donnez pas de conseils et
ne marquez aucune désapprobation concernant le comportement ou les
attitudes dont il rend compte. »
Theodore Caplow, L’enquête sociologique, 1970
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Un entretien sur un scandale public :
un mariage de raison avec les raisons policières
Les représentations subjectives sont une chose aussi « réelle » que les
faits objectifs : « les structures mentales sont des structures sociales
intériorisées » (Bourdieu, 1984).
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Les domaines d’application
Les sciences humaines et sociales, selon des approches variées.
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2. Genèse de l’enquête
par entretiens
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L’acte de naissance de l’entretien
L’enquête dite de la « Western Electric », débutée en 1929 :
• un déplacement de la problématique et de la méthode ;
• sonder les attitudes des ouvriers vis-à-vis des agents de maîtrise ;
• le faible rendement des questionnaires.
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Les apports de la « méthode clinique »
L’entretien vise à recueillir une parole libre et spontanée, à l’exact
opposé d’un questionnaire standardisé.
« L’art du clinicien consiste, non à faire répondre, mais à faire parler
librement et à découvrir les tendances spontanées au lieu de les
canaliser et de les endiguer » (Piaget, 1926).
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Les enquêtes sociales :
de l’interrogatoire à l’écoute
Les enquêtes sociales visent à documenter les conditions matérielles et
morales des classes laborieuses.
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Les apports de l’anthropologie
L’enquête sociologique s’émancipe peu à peu de l’enquête sociale.
Elle emprunte pour cela les méthodes de l’anthropologie.
Des enquêtes pionnières sous forme de monographies.
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Des méthodes importées
« Les mêmes méthodes d’observation patiente que les anthropologues
comme Boas et Lowie ont mises en œuvre pour étudier la vie et la
manière d’être des Indiens d’Amérique du Nord peuvent s’appliquer de
façon encore plus fructueuse à l’étude des coutumes, des croyances, des
pratiques sociales et des conceptions générales de la vie qui règnent
dans le quartier de Little Italy ou dans le bas quartier du North Side de
Chicago ou encore pour relater les mœurs plus sophistiquées des
habitants de Greenwich Village ou du quartier de Washington Square. »
Yves Grafmeyer, Isaac Joseph, L’Ecole de Chicago. Naissance de
l’écologie urbaine, 1979
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Le récit de vie : à l’intersection
entre l’individuel et le collectif
Le « récit de vie » se concentre sur l’histoire biographique et la
trajectoire sociale des individus.
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3. Des paroles individuelles
aux faits sociaux
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Des entretiens singuliers et comparables
L’entretien est doté d’une relative plasticité :
• le questionnement se précise au fur et à mesure de l’enquête ;
• il évolue au gré des entretiens.
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Un questionnement ouvert et flexible
« La classique enquête par questionnaire dépend de l’efficacité et de la pertinence
de questions choisies une fois pour toutes en fonction de l’hypothèse posée au
début de la recherche. Elle est donc paralysée par toute découverte qui remettrait
en question ses propres termes. Mais la méthode des récits de vie est fondée sur la
combinaison d’exploration et de questionnement, dans le cadre du dialogue avec
l’informateur ; dialogue qui signifie que le chercheur est prêt à recevoir l’inattendu,
et, plus encore, que le cadre d’ensemble lui-même au sein duquel les informations
sont recueillies n’est pas déterminé par le chercheur, mais par l’informateur ou
l’informatrice, plus exactement par la façon dont il/elle perçoit sa propre vie. C’est
le questionnement du chercheur qui doit s’insérer dans ce cadre et non l’inverse
[…]. [L’]on peut, au fur et à mesure que l’enquête progresse, s’intéresser à des
questions nouvelles, voire déplacer le centre de l’attention, sans pour autant mettre
en danger la cohérence de l’enquête. »
Paul Thompson, « Des récits de vie à l’analyse du changement social », Cahiers
internationaux de sociologie, vol. LXIX, 1980
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L’entretien comme « rencontre »
« S’entretenir avec quelqu’un est, davantage encore que questionner,
une expérience, un événement singulier, que l’on peut maîtriser, coder,
standardiser, professionnaliser, gérer, refroidir à souhait, mais qui
comporte toujours un certain nombre d’inconnues (et donc de risques)
inhérentes au fait qu’il s’agit d’un processus interlocutoire, et non pas
simplement d’un prélèvement d’information. »
Alain Blanchet, Anne Gottman, L’enquête et ses méthodes : l’entretien,
1992
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Les « pensées construites »
(Blanchet, Gottman, 1992)
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Les « faits expériencés »
L’entretien donne accès à la réalité telle qu’elle est pensée et vécue
par les individus, à la traduction personnelle de faits sociaux.
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4. Le guide d’entretien
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Le plan d’entretien
Le plan d’entretien précède le guide d’entretien. Il se situe à l’interface
entre la conceptualisation de la recherche et sa mise en œuvre.
Il comprend :
• les concepts-clés et les hypothèses de travail ;
• la population concernée ;
• les thèmes à étudier ;
• le cœur du questionnement ;
• les stratégies de recrutement et de passation ;
• le calendrier de l’enquête.
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Fonction et structuration
du guide d’entretien
Le guide d’entretien structure le questionnement d’un entretien à l’autre.
Il comprend :
• les consignes de passation adressées aux enquêtés ;
• l’ensemble des questions à poser, regroupées par thèmes ;
• les éventuelles relances ;
• les stratégies d’écoute et d’intervention.
Il est un mémento, préalablement mémorisé et facilement consultable.
Le degré de structuration du guide, plus ou moins faible ou forte, dépend de
l’objet d’étude, de l’usage de l’entretien et du type d’analyse.
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Du bon usage du guide d’entretien
Le guide d’entretien est évolutif. Mais le cœur du questionnement
reste commun à tous les entretiens, pour leur comparabilité.
Le « guide » oriente le questionnement, mais il ne détermine pas la
discussion : « La meilleure question n’est pas donnée par la grille : elle
est à trouver à partir de ce qui vient d’être dit par l’informateur »
(Kaufmann, 1996).
L’ordre des thèmes répond à la logique. Mais il reste subordonné à la
dynamique d’interlocution, selon une « improvisation réglée ».
Le questionnement privilégie le « comment » sur le « pourquoi ».
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Les tentations du guide d’entretien
« J’ai essayé de poser le moins de questions possible. De laisser dériver
lentement le monologue vers le fantasme, ou les souvenirs, ou la
colère… Mais, parce que je m’affolais parfois – non sans ignorance ou
maladresse – craignant que la confession s’égarât si longtemps dans
des histoires de chiens et de chats, ou qu’elle se butât dans le silence, je
me raccrochais, dans des moments les plus angoissants, à ma sacro-
sainte grille : le prototype de l’interview idéale que, grâce au Ciel je ne
réaliserai jamais. »
Jacques Frémontier, La vie en bleu. Voyage en culture ouvrière, 1980
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Mise en situation :
le guide d’entretien
Lisez attentivement les guides d’entretien suivants :
• enquête sur l’amitié ;
• enquête sur le rituel de l’invitation ;
• enquête sur les conditions de travail des ouvriers.
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5. Les techniques de passation
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La prise de contact
Présenter la recherche : le thème, les objectifs, le commanditaire.
Etre suffisamment clair pour informer et rassurer l’enquêté, sans entrer
dans les détails ni énoncer les hypothèses de travail.
Insister sur :
• la vocation universitaire de la recherche ;
• le caractère strictement anonyme de l’entretien ;
• la possible confidentialité de certaines informations.
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Les conditions de passation
Le moment : l’inscription de l’entretien dans l’agenda de l’enquêté.
Le lieu : le « décor », les rôles sociaux qu’il favorise, la liberté de parole
qu’il autorise, les comportements proxémiques.
L’entourage : les gens présents, les éventuelles interventions, les
interférences en tout genre.
Les propriétés sociodémographiques des interlocuteurs : sexe, âge,
niveau d’études, profession, lieu de résidence, couleur de peau, etc.
Ces propriétés instaurent une proximité ou une distance sociale, et
peuvent surdéterminer la relation d’enquête.
Tous ces paramètres sont à noter et à intégrer dans l’analyse.
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Le lieu de l’entretien : un paramètre majeur
« […] je me méfiais par-dessus tout de l’interview en bonne et due forme, accomplie
sur le lieu de travail, avec la bénédiction de l’entreprise et de ses dirigeants. Il suffit,
en effet, d’avoir un tant soit peu l’expérience de ce genre de situations, pour savoir
qu’elles ne sont pas favorables à l’instauration de relations confiantes et
fructueuses entre le sociologue et son informateur. […] Comment interpréter les
propos de cadres que ces travaux rapportent, si on oublie la situation formelle dans
laquelle ils ont été le plus souvent recueillis, entretiens réalisés sur le lieu même de
l’entreprise (et parfois en groupe) entre des agents de l’entreprise destinés à rester
sur place une fois l’enquête terminée et habitué par expérience à contrôler leurs
propos et des agents de l’extérieur qui, opérant avec l’accord de la direction, ne se
distinguent pas toujours de façon bien nette des "ingénieurs en organisation", des
"experts", des "conseillers" de toutes sortes que les cadres sont habitués à voir
surgir dans les périodes de réorganisation ou de crise ? »
Luc Boltanski, Les cadres. La formation d’un groupe social, 1982
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Enquêter auprès des enquêteurs
« […] les professionnels de l’interrogatoire, toujours sur la défensive,
ont à la fois le projet et les moyens de contrôler la situation d’enquête,
de tenter d’avoir prise sur la définition des problèmes et d’user de tous
les subterfuges ordinaires, secret, topiques conformes, superficielles
connivences et fausses confidences, etc. »
Rémi Lenoir, « Désordre chez les agents de l’ordre », in Pierre Bourdieu
(dir.), La misère du monde, 1993
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L’entretien auprès des journalistes
« L’interaction entre le sociologue et le journaliste lors d’un entretien doit être prise
au sérieux parce qu’elle porte sur une pratique commune aux deux professions —
l’entretien — et que ce terrain commun peut être l’objet de luttes de définition de la
part du journaliste comme du sociologue. […] Le "cas Mathieu" révèle d’une
certaine façon la complexité du rapport des journalistes à l’entretien et les
ambiguïtés qui peuvent naître sur ce sujet de la rencontre avec le sociologue. Pour
le journaliste, le contrôle de la situation d’entretien ne se joue par exemple pas au
niveau de l’exactitude du script produit (le plus souvent "relu" ou partiellement
coproduit avec la source) mais dans les questions posées et l’insistance mise pour
obtenir des réponses à ces questions. Le journaliste oppose donc au sociologue
dans le "cas Mathieu" un professionnalisme concurrent (comme en atteste dans les
échanges l’emploi du terme "déontologique"). »
Gilles Bastin, « Le "cas Mathieu" ou l’entretien renversé », Sur le journalisme [En
ligne], vol. 1, n° 1, 2012
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Les leçons de la précédente enquête
auprès des diplômés en journalisme
La familiarité des enquêtés avec l’exercice de l’entretien.
Des enquêtés aptes à contrôler leur discours, voire à diriger l’entretien, mais
généralement disposés au dialogue et à l’auto-analyse.
Les difficultés éprouvées pour renseigner les transitions d’une activité ou
d’un secteur à l’autre, leurs circonstances et leurs conditions précises.
Le recours à des généralités (les formations « reconnues » et le « réseau »
comme facteurs-clés d’insertion) qui, sans être fausses, tendent à occulter la
complexité et la singularité des carrières journalistiques.
Des entretiens délicats lorsque le parcours des enquêtés se caractérise par
une précarité chronique ou le deuil de leur vocation journalistique.
Les effets de l’« illusion biographique » (Bourdieu, 1986) ou la tentation de
lisser et de rationaliser a posteriori les parcours professionnels.
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Expliciter les implicites de l’entretien
Expliciter le « contrat » de l’échange, entendu comme « l’ensemble des
savoirs partagés des interlocuteurs sur les enjeux et les objectifs du
dialogue » (Blanchet, Gottman, 1992).
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Les techniques d’écoute
L’enregistrement est obligatoire, la prise de notes est recommandée.
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Les techniques d’intervention (2)
Les reformulations (« miroir ») : reformuler un énoncé et soumettre
cette reformulation à l’appréciation de l’enquêté :
• pour tester la compréhension ;
• éventuellement, pour obtenir des précisions.
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6. La retranscription
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L’épaisseur du discours : le dit et le dire
Une retranscription au mot près, attentive à la fois :
• au contenu verbal et non-verbal de la discussion ;
• à l’énoncé (le « dit ») et à l’énonciation (le « dire »).
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De la retranscription à l’imprégnation
Toute retranscription engage un arbitrage entre fidélité et lisibilité.
Elle suppose une légère stylisation du discours, à des fins de lisibilité.
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Mise en situation :
l’entretien avec un journaliste renommé
1. Lisez l’extrait d’entretien auprès du journaliste Edwy Plenel.
2. Commentez à tour de rôle :
• la retranscription de l’entretien ;
• le discours de l’enquêté ;
• la relation d’enquête.
3. Analysez le discours de l’enquêté à la lumière de ses propriétés
sociodémographiques, de sa trajectoire professionnelle, de sa position
et de ses prises de position dans le champ journalistique.
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7. Le travail d’analyse
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Le statut du discours
Par l’entretien, on accède non pas à la relation, mais à « la relation
(compte rendu) de la relation » à une réalité donnée.
Le discours obtenu matérialise un regard subjectif, mais il reste attaché
à ses conditions d’énonciation.
Il n’est pas une « donnée » brute mais un « construit », dans et par le
travail d’enquête.
Il est une reconstruction (un exercice de réflexivité) et une co-
construction (une dynamique d’interlocution), dans une situation
d’énonciation particulière (l’entretien).
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Les facettes du discours
Le discours de l’enquêté est analysable sous trois angles :
• Que me dit-il des choses dont il parle (référentiel) ?
• Que me dit-il de ce qu’il en pense (modal) ?
• Que me dit-il de ce qu’il cherche à accomplir comme acte à mon
égard (illocutoire) ?
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Contenu et énonciation
Un discours trouve sa cohérence interne dans son contenu (le « dit »),
mais aussi dans son énonciation (les « modalités du dire »).
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L’analyse verticale
On distingue l’analyse « verticale » (unitaire et approfondie) et
l’analyse « transversale » (globale et comparative) des entretiens.
L’analyse verticale consiste à mettre en relation :
• les expériences et les pratiques déclarées ;
• les points de vue subjectifs ;
• les conditions et les positions sociales objectives.
Le contexte particulier de l’entretien fait partie intégrante de l’analyse.
Commencer par une lecture intégrale de la retranscription, pour
s’approprier le discours de l’enquêté.
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Croiser les perspectives et les données
Conjuguer analyse interne et externe :
• les éléments saillants du discours ;
• le discours considéré dans son entier ;
• la relation d’enquête et la dynamique de l’entretien ;
• les univers de référence et les propriétés sociales de l’enquêté.
Articuler ces niveaux d’analyse, croiser et confronter les données.
Expliquer un fait social par un autre fait social. Ex. : une opinion (subjective)
liée au parcours biographique ou au statut social (objectif) de l’enquêté.
Contrôler les données les unes avec les autres, et les interpréter avec
prudence, pour éviter toute surinterprétation.
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L’analyse transversale thématique
Une analyse de contenu (parmi d’autres méthodes), centrée sur le sens des
discours obtenus et les systèmes de représentations sous-jacents.
Une analyse comparative, à partir d’un découpage thématique des discours.
Elle dé-singularise les entretiens en vue d’observer, thème par thème, les
régularités et les variations d’un entretien à l’autre.
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Mise en situation :
un exemple d’analyse d’entretien
1. Lisez l’analyse d’entretien suivante :
« Bernard ou "La librairie de quartier" », in Accardo Alain (dir.),
Journalistes précaires, journalistes au quotidien, Agone, 2007, p. 383-
403.
2. Commentez :
• le parcours et le discours de l’enquêté ;
• le contenu et l’argumentation de l’analyse ;
• le rôle et la place des verbatim dans l’analyse.
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