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Chapitre 2.

Etude de la déformation
d’un milieu continu

1
1. Définition

On appelle un milieu continu tout domaine de l’espace occupé par un solide réel
(ou un fluide) dont les propriétés physiques attachées à la distribution de
matière (masse volumique, chaleurs spécifiques, conductivité, …) sont des
fonctions continues et différentiables des trois coordonnées d’un point courant
du milieu.

En effet, la matière a une structure discontinue à l’échelle moléculaire. Dans ce


cours, on se place à l’échelle macroscopique (molaire) ou la matière apparaît
bien comme continue.

Dans ce chapitre, on va étudier la transformation géométrique qui fait


correspondre d’un état final à un état initial sans faire intervenir ni le temps, ni
la sollicitation responsable de cette transformation.
2
2. Etude géométrique de la déformation d’un milieu continu

 x1  x 0  u
x0  
P1  y1  y0  v

y 0  P0 z  z  w
 1
z 0 
0
Х Х

 x 0  dx Х
 Х
Q 0  y 0  dy  x 0  dx  u  du
 z  dz Transformation géométrique

 0 Q1  y 0  dy  v  dv
z  dz  w  dw
 0
Une particule P occupe à l’état initial une position P0 (x0, y0, z0) et à l’état final la position

P1 (x1, y1, z1). Les composantes du vecteur déplacement P0 P1 sont ( u, v, w).

Une particule Q voisine de P occupe, dans les états initial et final, les positions

Q0 (x 0  dx, y 0  dy, z 0  dz) et Q1 (x 0 . dx  u  du, y0  dy  v  dv, z 0  dz  w 3 dw)


u  du, v  dv, w  dw sont les composantes du vecteur déplacement Q0Q1

On peut écrire de la façon suivante :

 u u u
 u  du  u  x dx  y dy  z dz

  v v v
Q0Q1   v  dv  v  dx  dy  dz
 x y z
 w w w
 w  dw  w  dx  dy  dz
 x y z

4
Sous forme matricielle, le vecteur Q0Q1 s’écrit :

 u u u 
 x y z 
 u  du   u   dx 
     v v v   
 v  dv    v     dy 
 w  dw   w   x y z   
      dz 
w w w 
 
 x y z 

On a : Q Q   P P 
0 1 0 1 
 gradP0 P1  . P0Q0 
dx 
 
P0 Q0  dy 
avec :  dz 
 
5
La matrice grad P0 P1  se décompose en la somme d’un tenseur symétrique noté
  

et d’un tenseur antisymétrique noté 

On a alors :
gradP0 P1       
 

1 t
   grad P0P1   grad P0P1  
2 

1 t
   grad P0P1   grad P0P1  
2 
6
Sous forme matricielle, le tenseur symétrique  peut s’écrire sous la forme :

 u v u w u 
 2 x   
 x y x z 
1  v u v w v 
    2  
2  x y y y z 
 w u w v w 
   2 
 x z y z z 

Sous forme indicielle, le tenseur symétrique  peut s’écrire sous la forme : .

ij   u i, j  u j,i 
1
2
7
Sous forme matricielle, le tenseur antisymétrique  peut s’écrire sous la forme :

 u v u w 
  
z x 
0
 y x
1  v u v w 
   
2  x y
0 
z y 
, On constate que :   *
 w u w v 
   0 
 x z y z 

 1  w v  
 x    
 2  y z  
 1  u w   1
Avec,   y   
2  z x   2

   rotP0 P1 On peut écrire :   P0Q0   P0 Q0

 1  v u  
 z     
 2  x y   avec,  s’appelle pseudo vecteur adjoint au
tenseur antisymétrique  8
Le vecteur Q0Q1 s’écrit alors :

Q Q  P P   P Q   P Q 


0 1 0 1 0 0 0 0

Un domaine élémentaire entourant subit donc la somme des trois transformations


ponctuelles suivantes :

1) Une translation de vecteur directeur P0 P1

2) Une rotation autour de P0 d’un angle 

3) Une translation ponctuelle définie par l’opérateur symétrique  qui traduit une
déformation pure du domaine élémentaire entourant .
3. Etude du tenseur de la déformation pure

Dans la suite de ce chapitre, on va considérer seulement la troisième transformation


géométrique qui correspond à une translation ponctuelle définie par l’opérateur
symétrique  traduisant une déformation pure.

Le vecteur déplacement s’écrit de nouveau : Q Q   P Q 


0 1 0 0

Le vecteur Q Q  peut s’écrire aussi sous la forme suivante :


0 1

 du   x dx   xy dy   xz dz  x  xy  xz 
 
Q 0 Q1   dv   xy dx   y dy   yz dz avec       xy
 y  yz 
dw   dx   dy   dz   xz  yz  z 
 xz yz z 

 s’appelle tenseur ou matrice de déformation 10


3.1. Décomposition de la déformation en dilatation et glissement

Définition : Une particule Q du voisinage P de occupe dans les états initial et final
les positions Q0 et Q1 dans le repère  P, x, y, z  n1

Q1 g  n

P
Q0 n0
On définit alors en P et relativement à la direction de vecteur unitaire n :
1) La dilatation linéaire relative traduisant une variation de longueur :
P1Q1  P0 Q 0 PQ
e 
P0 Q 0 PQ
2) Le vecteur glissement traduisant une variation de direction : g  n1  n 0
Le module du vecteur noté g s’appelle taux de glissement g. Il est mesuré en radians
de l’angle Q0 PQ1 11
Calcul de la dilatation et du glissement :

On a : PQ  PQ.n

On peut écrire alors : PQ  PQ.n  PQ.n = PQ1  PQ0  Q0Q1

Ce qui donne : Q0Q1  e.PQ.n  PQ.g avec : Q Q   P Q 


0 1 0 0

On a alors :   P0Q0   e.P0Q0 .n  P0Q0 .g avec : P0Q0  P0Q0 .n

On peut écrire : P0Q0  n   e.P0Q0 .n  P0Q0 .g d’où :   n   e.n  g

Sous forme matricielle, nous pouvons écrire : n  e.n  g


Les vecteurs e.n g sont les projections sur n
et et sur le plan   normale
à n du vecteur déformation   n  12
La dilatation et le vecteur glissement se calculent en utilisant respectivement les
expressions suivantes :

  n
t
e n

et

g   *n  n 2

Le module du vecteur glissement appelé taux de glissement est donné par :

g  *n     n
2

13
Termes de la matrice déformation :

Soit
.
n est un vecteur unitaire qui correspond à l’axe  P, x 
Les cosinus directeur de n sont : 1,0,0
.
La dilatation est donnée par la relation suivante :

  x  xy  xz  1 
   
e 1 0 0  y  yz  0    x
sym  z  0 
x est la dilatation linéaire relative en  
P dans la direction P, x

. y et z sont les dilatations linéaires relatives en   et


P dans les directions P, y

 P, z 
.
14
Le vecteur glissement est donné par la relation suivante :

0 0 0    x  xy  xz  1   0 
2


g   0 0 1  y     
 yz  0     xy 
0 1 0  sym  z  0    xz 

 xy est la projection de g sur l’axe  P, y  et  xz est la projection de g sur l’axe  P, z 


On peut écrire :

  x   z   z    y    y


t t t
x  x z y

 y   x  x   y     z   y  y   z  


t t t t
 xy yx yz zy

  z   x  x   z  


t t
xz zx

Sous forme indicielle, on peur écrire ces relations de la façon suivante :

    x   x    x   
t t
ij  x j i i j ji
15
3.2. Distorsions
n2

0

P
n1

La distorsion  correspond à la variation algébrique de l’angle  lors d’une


déformation.

On a : n1.n 2  cos  On peut écrire :  


 n1.n 2   sin 

Ce qui donne :  

 n1.n 2 
 sin 
On peut écrire : n1 n 2  sin  Ce qui donne : sin   *n1 n 2 

16
Le vecteur déformation s’écrit :

  n   e n  n avec n  g

Pour le vecteur normal n1 , nous avons :

n   n   n .n  n 


t
1 1 1 1 1

n 
t
La multiplication de cette dernière relation par le vecteur normale transposé 2
donne:

n  .n   n  n   n  .n .n  n 


t t t t
2 1 2 1 2 1 1 1

Pour le vecteur normal n 2 , nous avons :


n   n   n .n  n 
t
2 2 2 2 2

n  donne :
t
La multiplication de cette dernière relation par le vecteur normale transposé 1

n  .n   n  n   n  .n .n  n 


t t t t
1 2 1 2 1 2 2 2
17
En sommant les deux équations précédentes nous avons :

    n    e  e n  .n 


t t
 n1.n 2  2 n1 2 1 2 1 2

 n     n  e  n    n 
t t
e1 1 1 2 2 2

La distorsion est donnée finalement par la relation suivante :

 

 n1.n 2

*n n 1 2

Dans le cas ou : n1.n 2 0 , nous avons :    n1.n, 2  

  n   2
t
On peut écrire :   2 n1 2 21  212

Avec 12 s’appelle demi taux de glissement. 18


3.3. Déformations principales et axes principaux

L’opérateur  étant symétrique, il existe une base propre  X, Y, Z ou moins dans


la quelle la matrice   est diagonale

,
On a :
 X 0 0
0 0 
 
  Y
 0 0  Z 
Avec X ,  Y et  Z s’appellent déformations principales

X ,Y et Z s’appellent axes principaux


du   X dX 
 
Le vecteur Q0Q1 s’écrit alors :
Q0Q1   dv   Y dY 
dw   dZ 
 Z  19
L’équation caractéristique associée au tenseur  est indépendante de la base choisie

Elle est donnée par : det     I  0


Ce qui donne :
 X   Y   Z     0
On a alors :

3  2  X  Y  Z     YZ  ZX  XY   XY Z  0

Les trois invariants scalaires de  sont :

 X   Y   Z  e1  tr

  Y  Z   Z X   X  Y  e2
     e  det 
 X Y Z 3
20
3.4. Représentation plane de Mohr

Pour une particule Pà chaque direction de vecteur unitaire n , correspond un


couple  e,g 
, ,  sont les composantes du vecteur unitaire n dans une base principale de la
matrice déformation 

Dans cette base principale, la dilatation est donnée par la relation suivante :

  n   
t
e n X
2
   
Y
2
Z
2

D’après le théorème de Pythagore, on peut écrire :

2X 2  2Y 2  2Z  2  e2  g2


Pour un vecteur unitaire n , on a :

    1
2 2 2
21
Les trois équations précédentes donnent les relations suivantes :

g 2
  e  Y  e   Z  g 2
  e   Z  e   X 
 
2
 
2

 X  Y  X  Z   Y  Z  Y  X 
g   e   X  e   Y 
2

 
2

 Z  X  Z  Y 
Dans la suite on suppose que : X Y Z

Pour vérifier que  2  0; 2  0 et 2  0 on a les inéquations suivantes :

 e2  g 2   Y   Z  e  Y  Z  0
 2
 e  g    Z   X  e   Z X  0
2

e 2  g 2       e     0
 X Y X Y
22
g

g Max


M  e, g 

 
 z O y  x

M  , 
M, de coordonnées e et g, appartient au domaine D.

23
Cas particuliers : g

1) X  Y  Z
D

 Z
0  
Y X
e

Le domaine D se réduit au demi-cercle

e e 
2) X  Y   Z  : Le domaine D se réduit au point  ,0
3 3 

24
3) On suppose que le vecteur unitaire n appartient au plan  P, X, Y 
X et Y sont les axes principaux

dn
d
n

e.n
   n 
X
P
g

25
On peut écrire : n  cos X  sin Y

 est l’angle polaire de n dans le plan  P, X, Y 


dn
On appelle g la mesure algébrique de g sur l’unitaire 
d
dn n
est perpendiculaire au vecteur unitaire
d
On a :  n   e n  g  e n  g
dn
d
  
 e cos X  sin Y  g  sin X  cos Y 
On peut écrire :   
  n   e cos   g sin  X  esin   g cos  Y 
On sait que :
 X 0 0  cos 

 n
 0
 Y
 
0   sin   = X cos X  Y sin Y
 0 0  Z   0  26
Par identification, on a :

X cos   ecos  gsin  et Y sin   esin  gcos 

d’où :  X  Y X  Y
e   X cos    Y sin    cos 2
2 2

2 2

 X  Y
g    X   Y  sin  cos   sin 2
 g 2

 
M e, g

2

 Z
0  Y C  X e


Le glissement est maximal pour   
4
Le domaine D est un cercle de centre C  (   ) / 2,0 et de rayon ( X   Y ) / 2
X Y
3.5. Equations de compatibilité des déformations

La déformation est caractérisée par le tenseur symétrique 


c'est-à-dire par  ij les six composantes .

Si on donne arbitrairement ces six fonctions , il n’y a aucune raison pour qu’elles soient
les composantes d’un tenseur déformation puisque le tenseur symétrique  ainsi
obtenu n’est pas, en générale, la partie symétrique d’un tenseur gradient.

On voit sur le plan mathématique les six composantes  ij doivent satisfaire à un


ensemble de conditions dites conditions de compatibilité des déformations.

Sous forme indicielle, on peut écrire : u i, j  ij  ij

On a :

dui  ui, jdx j   ij  ij  dx j 28


Ce système est intégrable, c'est-à-dire permet de déterminer les trois fonctions u i , si et
seulement si, les du i sont des différentielles totales :

u   u 
i, j ,k i, j, k  1, 2,3
i,k , j

        
On a alors :
ij ij ,k i, j, k  1, 2,3
ik ik, j
On peut écrire :
ij,k  ij,k  ik, j  ik, j
En utilisant la permutation circulaire, on peut écrire aussi :

 jk,i   jk,i   ji,k   ji,k  ki, j  ki, j   kj,i  kj,i


La somme des trois dernières équations, et en tenant compte de la symétrie de la
matrice de déformation  ij   ji  et l’antisymétrique de la matrice rotation  ij  ji 
nous donne :

 jk,i  ik, j  ij,k


29
En tenant compte de cette dernière équation, on peut écrire :

ij,k  ik, j   jk,i


Ce qui nous donne :
djk   ij,k  ik, j  dxi

Ces équations sont intégrables si et seulement si les fonctions  jk sont des

    
différentielles totales :
jk,i ,k jk,k ,i
On a alors :

 ij,k  ik, j    kj,k  kk, j 


,k ,i

Ce qui nous donne :

kk,ij   ki, j  kj,i  ij,k 


,k

Cette équation matricielle s’appelle équation de compatibilité. 30


En coordonnées cartésiennes, les équations de compatibilité des déformations
s’écrivent :


  x   yz  xz
2
 xy   2
 y    zx  yx  yz 
     ,     
yz x  x y z  zx y  y z x 
 z    xy  zy  zx    yz  z   y
2 2 2 2

     , 2  2 2
xy z  z x y  yz y z
  zx   x  z
2 2 2
  xy   y  2 x
2 2

2  2  2 , 2  2 2
zx z x xy x y

31
3.6. Déformation plane
Pour un problème de déformation plane, le vecteur déplacement P0 P1 , dans un repère
cartésien (O, x, y, z ), s’écrit sous la forme suivante :
u  u(x, y)
 C
P0 P1   v  v(x, y) où est une constante.

 w  Cz

La matrice déformation s’écrit de nouveau:

 u(x, y) 1 v(x, y) u(x, y) 


     (  ) 0 
x x y
xx xy
2
 
 1 v(x, y) u(x, y) v(x, y) 
   xy
    (  )   0 
x y y
yy
2
 
 0 0  zz  C 
 
 
32
Le vecteur rotation  s’écrit :

 
 
  x  0 
 
 y  0 
 
1  v
z     u 
 2  x y  

L’équation de compatibilité des déformations s’écrit :

 2  xy  2 y
 2 x
2  2  2
xy x y

33
3.7. Ecriture en coordonnées cylindriques

Le vecteur déplacement, en coordonnées cylindriques, s’écrit :

 u r  r, , z  
 
P0 P1  u   r, , z  
 u  r, , z  
 z 
Le gradient du vecteur déplacement, en coordonnées cylindriques, s’écrit sous la
forme :
 u r 1  u r  u r 
 r   u 
r    z 
 
 u  1  u   u  
grad P0 P1      u r  
 
 r r    z 
 u z 1 u z u z 
 
 r r  z 
34
Le vecteur rotation, en coordonnées cylindriques, s’écrit :
 1  1 u z u   
 r  2  r   z  
   
 1  u r u z  
      
 2  z r  
 1  u  1 u r 1  
z     u  
 2  r r  r  
La matrice déformation, en coordonnées cylindriques, s’écrit :

 u r 1  u  1 u r 1  1  u r u z  
 r    u    
 2  r r  r  2  z r  
 1  u   1  u  1 u z  
     u r    
 r    2  z r   
 u z 
symétrie 
 z  35
Les conditions de compatibilité, en coordonnées cylindriques, sont les suivantes :

 2 z  2 r  2  rz  2  1  r 2 
 2 2 0,   0
r 2
z rz r 2
r r r r
 2 2  rz 1  z  2  r  2  z 1  z
  0,   0
z 2
r z r r z 2
rz r z
 2  z  2  r 2  r 1  z 1  2  1   1  r
    2  z  0 ,   0
r 2
rz r z r r r rz r z r z

36
Pour un problème de déformation plane, le vecteur déplacement en coordonnées
cylindriques s’écrit :
 u r (r, )

P0 P1   u  (r, )
u  C z
 z

Pour un problème de déformation plane, le tenseur de déformation en coordonnées


cylindriques s’écrit :

 u r 1  u  1 u r 1  
 r   r     u    rz  0 
 r 2  r r  r  
      1  u   1 u r  1 u  1  u 
  

 ur 

 z  0 
   r 2  r r  r   r   
 
  rz  0  z  0 z  C 
 
 
37
Pour un problème de déformation plane, le vecteur rotation  en coordonnées
cylindriques s’écrit :

 
 r  0 
 
   0 
 u  1 u r u   
1
z  
  
 2  r r  r  

Pour un problème de déformation plane, l’équation de compatibilité en coordonnées


cylindriques s’écrit :

 2 1  2 r 2  2  r 1  2  r 1  r 2  2  r
 2      2 0
r 2
r  2
r r r r r r r r r 

38

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