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LE TUBAGE

1. Rôle du tubage
Une fois foré, le puits est couvert par des tubes appelés tubage pour empêcher
les parois de s’effondrer et pouvoir continuer le forage sans problèmes.

Le choix du tubage est conditionné par plusieurs facteurs, dont les principaux
sont :
- la profondeur prévue,
- les pressions attendues,
- le type d'effluent attendu : huile ou gaz,
- les risques de corrosion.

2. Les différentes colonnes de tubage


Les colonnes de tubage sont (figure 1) :
- tube guide,
- colonne de surface,
- colonne technique,
- colonne de production,
- colonne perdue.

2.1. Tube guide


Installé à une profondeur de 5 à 15 mètres, il permet de :
- maintenir les formations de surface non consolidées (sables),
- canaliser la boue vers la goulotte,
- guider l'outil en début de forage.

2.2. Colonne de surface


Sert à :
- isoler les eaux contenues dans les couches supérieures,
- maintenir les terrains de surface,
- supporter les têtes de puits avec les colonnes suivantes ancrées dedans,
- supporter les équipements d’obturation du puits.

2.3. Colonne technique


De profondeur variable selon les difficultés rencontrées, elle permet :
- d'éviter de poursuivre un forage dans un découvert présentant des risques
(éboulements),
- d'isoler les formations contenant des fluides sous fortes ou faibles
pressions,
- d'éviter la rupture des terrains autour du sabot de la colonne de surface en
cas d'éruption.

La profondeur et le nombre des colonnes techniques dépend, entre autres, des


pressions rencontrées dans la phase suivante. La résistance des formations au
droit de son sabot doit être suffisante pour résister à ces pressions.

2.4. Colonne de production


Elle est indispensable dans le cas d'un puits producteur. Elle permet de :
- isoler la formation productrice des autres formations,
- mettre en oeuvre le matériel de production.
Elle devra présenter toutes les garanties d'étanchéité et de longévité.
Le choix des tubes et des connexions sera déterminé en fonction du type
d'effluent attendu (huile ou gaz).

2.5. Colonne perdue


Suspendue à la base de la colonne précédente, elle peut jouer le même rôle
qu'une colonne technique ou une colonne de production.
La descente de cette colonne est beaucoup plus économique que celle d’une
colonne complète, mais cette solution n'est pas réalisable dans tous les cas, en
particulier dans les puits à forte pression.

Tube guide

Colonne de surface

Colonne technique

Colonne de production

Figure 1 :
Colonnes de tubage

1. Caractéristiques des tubages


1.1. Fabrication
Les tubes sont fabriqués dans différents grades d'acier, d'épaisseurs différentes
selon les contraintes auxquelles ils seront soumis, lors de leur descente et durant
la vie du puits.
Les grades d'acier utilisés sont les suivants : H40 - J55 - K55 - C75 - N80 - C95 -
P110 - Q125 - V150.
La lettre représente la composition chimique de l'acier, et les chiffres la limite
élastique minimale, en milliers de PSI
Certains grades ne sont pas normalisés par l'API dans certaines dimensions.
Les tubes peuvent être fabriqués :
 par étirage sans soudure,
 par soudure électrique longitudinale sans apport de métal,
 par soudure par recouvrement.

1.2. Diamètre
Le diamètre nominal d'un tube correspond à son diamètre extérieur exprimé en
pouces. La tolérance admise est de ±0,75 %.
Le jeu entre corps de tube et trou varie généralement de 1"1/2 pour les petites
dimensions à 4"1/2 pour les plus grandes.
1.3. Epaisseur
Pour un même grade d'acier, l'épaisseur peut être différente en fonction des
efforts à subir.
La tolérance maximale admise par l'API sur l'épaisseur des tubes est de 12,5 %.
La plus grande dimension d'outil pouvant être descendue dans un tube est égale
au diamètre du mandrin, qui est inférieure au diamètre intérieur du tube.

1.4. Poids
Le poids nominal exprimé en lb/ft est uniquement donné dans un but
d'identification.
A chaque épaisseur dans une dimension de tube donnée correspond un poids
nominal qui ne peut par servir pour le calcul car il ne prend pas en charge le
poids des manchons.

2. Coefficients de sécurité
Trois efforts principaux sont à considérer pour le choix des colonnes de tubage :
2.1. Les efforts de traction :
Ils sont plus importants pour les tubes situés dans la partie supérieure de la
colonne, puisqu’ils supportent le poids des tubes se trouvant au-dessous.
Généralement, lors de la descente de la colonne, on prend un coefficient de
sécurité d'au moins 1,60 par rapport à la limite élastique du corps du tube, et on
s'assure que ce coefficient ne descendra par au dessous de 1,30 lors de la vie du
puits, la colonne étant supposée dans la boue.

2.2. Les efforts d'écrasement :


L’écrasement du tube est provoqué par la pression différentielle entre l’intérieur
et l’extérieur. Si la pression extérieure est plus forte, la pression différentielle a
tendance à écraser le tube. Le cas le plus défavorable survient lorsque la colonne
est descendue vide dans la boue, ou est amenée à être vidée.
Les efforts d’écrasement sont plus grands sur les tubes se trouvant vers le bas
de la colonne, puisque la pression hydrostatique est plus importante.
Le coefficient de sécurité est de 1,125 par rapport à la valeur de la résistance à
l'écrasement du tube, compte tenu de la traction (la colonne étant supposée vide
pour les puits d'exploration).

2.3. Les efforts d'éclatement :


Ils interviennent plus particulièrement dans le cas des colonnes de production,
pour l'exploitation de gisement de gaz.
L’éclatement survient lorsque la pression à l’intérieur de la colonne est
supérieure à celle à l’extérieur.
Le coefficient de sécurité est de 1,10 par rapport à la valeur de la pression
d’éclatement du tube ou du joint (l'annulaire étant supposé rempli d'eau).

3. Types de filetages
3.1. Filetages API
L'API a normalisé trois types de filetages :
 rond,
 buttress,
 extreme – line.

Filetage rond Filetage buttress

Les deux premiers sont utilisés pour le raccordement par manchon ; le troisième
pour raccordement par joint intégral.
Le filetage rond peut être court ou long (résiste à la traction ; ne se fait que dans
les grades d'acier supérieurs à H40 et pour des dimensions de tubes égales ou
inférieures à 9"5/8).
Le filetage rond assure généralement une résistance à la traction plus faible que
la limite élastique minimale du corps du tube (sauf quelques exceptions : tubes
les plus minces en grade inférieur dans les petites dimensions).
Les filetages buttress et extreme – line permettent une résistance des joints
supérieure ou au moins égale à la limite élastique minimale du tube.
Les avantages des joints intégraux par rapport aux joints à manchons sont :
 meilleure étanchéité,
 encombrement extérieur plus faible (meilleure introduction dans le puits),
 meilleure résistance à la traction que les joints à filetage rond.

3.2. Filetages non API


Ces filetages peuvent être réalisés sur des tubes normalisés par l’API.
Les plus importants sont :
 Les joints Hydril équipés de filetages constitués de deux étages de filets
décalés l'un pas rapport à l'autre (vissage plus rapide) :
 triple seal (joint intégral),
 EU (joint intégral dont les filetages sont usinés sur les extrémités
refoulées des tubes)
 Coupled Triple Seal (joint à manchon particulièrement prévu en grade
V150).
 Les joints VAM de Vallourec :
L’étanchéité est obtenue par un contact métal sur métal (chaque extrémité de
tube s'appliquant sur un épaulement conique usiné à l'intérieur du manchon) et
le raccordement se fait par un filetage de type buttress (6 filets par pouce pour
les tubes 4’’1/2 au lieu de 5 habituellement).
Ce joint peut être à :

 manchon normal,
 manchon à encombrement spécial de diamètre extérieur plus faible.
Le joint VAM a une résistance à la traction comparable à celle du joint API à
filetage buttress, mais il a l'avantage d'avoir une meilleure étanchéité, même
sous fortes pressions.

4. Préparation de la colonne de tubage


La préparation de la colonne de tubage est très importante. Il ne faut pas se
contenter du bon de livraison : les tubes doivent être vérifiés un par un pour
s’assurer que les caractéristiques correspondent bien à ce que l'on a demandé.
Un seul tube non conforme dans une colonne de tubage suffit à compromettre sa
résistance et provoquer sa rupture ; ce qui peut entraîner la perte du puits.

4.1. Contrôle du grade et de l’épaisseur


Les tubes sont marqués en usine au pochoir et à la peinture blanche, ce qui
permet le contrôle sur chantier.
Une estampille est disposée sur chaque tube à environ 0,40 m sous le manchon,
sert à vérifier la marque.
Il ne faut, en aucun cas, se fier aux inscriptions marquées à la peinture en
magasin, qui peuvent contenir des erreurs.

4.2. Marquage
Les tubes et manchons sont marqués par le fabricant comme suit :

4.2.1. Marques au poinçon


A moins de 305 mm du manchon et dans l'ordre suivant :
 nom ou marque du fabricant,
 monogramme API,
 poids par pied (ou par mètre),
 grade,
 procédé de fabrication :
 sans soudure : S,
 soudé électriquement : E,
 soudé par recouvrement : L.
 type d'acier,
 symbole U pour les tubes à refoulement intérieur.

4.2.2. Marques peintes au pochoir


A partir de 305 mm du manchon et dans l’ordre suivant :
 diamètre extérieur,
 poids par pied (ou par mètre),
 nuance d’acier,
 procédé de fabrication,
 type d'acier,
 symbole U pour les tubes à refoulement intérieur,
 pression d'épreuve hydrostatique (si non standard).
A partir de 610 mm du manchon :
 longueur du tube,
 poids total du tube.

4.2.3. Identification par couleurs


La couleur et le nombre de bandes seront comme suit :
 H40 : pas de marque ou noir,
 J55 : une bande verte,
 K55 : deux bandes vertes,
 C75 : une bande bleue,
 N80 : une bande rouge,
 C95 : une bande brune,
 P110 : une bande blanche.

Les bandes sont marquées à une distance du manchon femelle n'excédant pas
0,60 m. Elles même encercler le milieu du manchon, ou couvrir toute la surface
du manchon.

4.3. Contrôle des filetages


Les filetages doivent être nettoyés avant de contrôler visuellement leur état.
Si le filetage est abîmé, le tube doit être éliminé.
La cause d’élimination sur chantier d’un tube doit être marqué à la peinture sur
son corps, de sorte qu'à son retour à la base, il n’y ait pas confusion et qu'il ne
soit pas, plus tard, renvoyé sur le chantier.

4.4. Calibrage
Les tubes doivent être calibrés avec un calibre qui correspond aux normes API.
Chaque épaisseur de casing a son calibre correspondant. Les calibres eux-mêmes
doivent être vérifiés parce qu'ils s'usent et perdent du diamètre assez
rapidement.
Le calibre doit passer dans tous les tubes, car un seul tube oublié peut conduire à
la catastrophe. Par conséquent, cette opération est supervisée par un
responsable (en général : le second de poste).
Il arrive que le calibre ne passe pas dans un tube, simplement parce que celui-ci
est sale ; dans ce cas, il faut nettoyer le tube et recommencer l’opération.

4.5. Mesure et numérotage des tubes


Le tube n’est mesuré que si tous les contrôles sur lui sont faits et qu’on est sûr
de l’utiliser.
La mesure des tubes se fait de préférence avec un double décamètre métallique.
Les décamètres en toile sont déconseillés, parce que les mesures pourraient
varier suivant que le décamètre soit sec ou mouillé.
On mesure les tube depuis l’extrémité du manchon femelle jusqu’au premier filet
en haut du filetage mâle. Il faut veiller à ce que le décamètre soit bien tendu sur
le haut du tube.
Durant la première mesure, la longueur du tube est écrite à la craie sur chaque
tube. On fait ensuite une mesure de contrôle en sens inverse, puis on mentionne
la longueur définitive à la peinture sur le tube lui-même à un ou deux mètres du
manchon, de sorte que le marquage soit bien lisible.
Les tubes sont ensuite numérotés à la peinture à environ 3 ou 4 mètres du
manchon.
Le numéro et la longueur, ainsi que la longueur cumulée, sont répertoriés sur un
cahier de tubage.

4.6. Rangement des tubes sur le rack


Les tubes doivent« être stockés sur le pipe rack rangée par rangée, dans l'ordre
de descente.
Entre les rangées, ils sont calés en quatre points pour le range 3 et en trois
points pour range 2, de préférence avec des madriers de 20 cm de largeur. Les
tubes sont déconseillés pour le calage des tubages surtout si l'on stocke plusieurs
rangées les unes sur les autres, parce que la surface portante est insuffisante.

5. Vissage et descente
5.1. Manutention et vissage
Les tubes doivent être manipulés avec précaution. On utilise des protecteurs
pour les filetages mâles appelés klampon. Ces protecteurs sont mis en place sur
le pipe rack, avant que le tube ne soit monté au plancher ; ils sont équipés d'un
système de verrouillage rapide. Si l'on ne dispose pas de protecteurs klampon,
on peut utiliser les protecteurs métalliques.
Les tubes sont amenés sur le plan incliné avec un treuil à air, disposé de manière
à ce que la personne qui opère ce treuil à air puisse voir le pipe rack et le bas du
plan incliné.

Le klampon

Le tube est posé sur le plan incliné, puis est pris au moufle avec l'élévateur de
manœuvre, relié au moufle par une élingue de 5/8’’ de diamètre munie d'un
émerillon. Cette élingue est fixée au crochet du moufle ; elle doit avoir une
longueur suffisante pour que, lorsque l'élévateur est à quatre ou cinq mètres au-
dessus du plancher, on puisse accrocher le tube qui est sur le plan incliné avec
l'élévateur de manoeuvre sans difficultés.
L’élévateur (ou collier) de manoeuvre

Le tube est ensuite monté avec le moufle, en position verticale, une corde de
retenue est installée en haut du plan incliné pour éviter que le tube percute la
table de tubage sur le plancher.
Le tube est amené à la verticale de celui qui est déjà engagé dans la table ; le
protecteur est enlevé à ce moment là.
Au début de la descente tant qu'il n'y a pas beaucoup de poids, il est
recommandé de mettre un collier de sécurité sous le manchon du tube calé dans
la table de tubage (pour les huit ou dix premiers tubes).
Le tube est descendu lentement pour engager le filetage mâle dans le femelle
sans à coups.

Table de tubage Clé automatique

La clé de retenue est placée sous le manchon du tube calé dans la table. Ne
jamais mettre la clé de retenue sur le manchon parce qu'il arrive que celui-ci se
bloque en même temps que le tube.
L'accrocheur saisit les poignées de l'élévateur de manoeuvre, puis le maître
sondeur descend le moufle pour relâcher la tension sur l'élévateur de
manoeuvre. A ce moment là, l'accrocheur doit tenir le tube en position verticale
et ne plus bouger pendant le début du vissage. L'opérateur de la clé hydraulique
ne doit commencer le vissage que lorsque l'accrocheur lui a fait signe qu'il
pouvait le faire. Le début du vissage se fait lentement en observant l'indicateur
de couple ; si celui-ci ne monte pas quand le tube a fait deux ou trois tours, c'est
qu'il est bien engagé, on peut alors visser en grande vitesse. Le blocage se fait
en petite vitesse jusqu'à ce que soit obtenu le couple suffisant. Lorsque le
blocage est terminé, l'accrocheur doit avoir déjà décroché l'élévateur de
manœuvre, puis il accroche le tube avec l'élévateur principal.
Elévateur principal

Quand le maître sondeur dégage la colonne, la table de tubage doit être


ouverte ; il n'y a plus qu'à descendre le tubage.
Il est très important que le câble de retenue de la clé de vissage ait une longueur
adéquate ; il faut que lorsqu'il est en tension, il forme avec le manche de la clé
un angle de 90°. Sinon, l'indicateur de couple donnerait de mauvaises
indications.
Lorsque, en début de vissage l'indicateur de couple monte anormalement, c'est
que le tube est mal engagé, il faut lé dévisser jusqu'à ce qu'un à-coup soit
perçu ; ça signifie qu'il est complètement dévissé.
On examine alors le filetage, si rien d'anormal n'est constaté, c'est que le tube
n'était pas tout à fait en position verticale ou que les filets avaient chevauché ;
on recommence l'opération en s'assurant que le tube est bien vertical. Pour cela,
il faut regarder le nombre de filets engagés en quatre points opposés ; s'il est le
même partout, on peut refaire une tentative de vissage.
Si au bout de plusieurs essais, le tube refuse toujours de se visser, c'est que
probablement il est légèrement ovalisé ; il faut le remplacer.

5.2. Descente
Une bonne descente de tubage doit se faire sans vitesse excessive mais d'une
façon régulière. La vitesse de descente est souvent conditionnée par l'état du
puits.
L'essentiel est d'être prudent pour amener le tubage au fond dans de bonnes
conditions.

5.3. Couples de serrage


Il est important de bloquer les joints de tubage aux couples recommandés.
Les joints VAM réclament des couples de serrage plus élevés que les joints API.
Sur les filetages buttress, il existe une marque en forme de triangle au sommet
du filetage mâle ; cette marque doit descendre jusqu'au ras du manchon en fin
de vissage, avec une tolérance de ±2 à 4 millimètres.

5.4. Précautions avant et pendant la descente


 Les trois ou quatre premiers joints sont vissés au bakerlock pour éviter
qu'il y ait dévissage au moment du reforage des équipements. Pour les
tubages de surface en gros diamètre, on peut faire quatre points de
soudure pour assurer le blocage, à condition d'avoir des aciers mous, tels
les grades J55 ou K55. Il est déconseillé de souder sur des tubes de grade
N80 et P110.
 La manoeuvre doit se faire sans à-coup. Il faut respecter les vitesses de
descente, surtout si l'on a affaire à des formations fragiles.
 Quand la colonne est équipée de clapets anti-retour, il faut remplir
régulièrement en cours de descente.
 Tant que le tubage descend normalement, il vaut mieux éviter les
circulations intermédiaires ; ce n'est que si les frottements deviennent très
importants qu'il y aura lieu de circuler.
 Quand la colonne est engagée dans le découvert, il faut éviter les arrêts
prolongés. Le changement d'élévateurs doivent se faire quand le tubage
n'est pas encore dans le découvert.
 En début de descente, tant qu'il n'y a pas trop de poids, on utilise de
préférence un élévateur à porte qui prend le tube sous le manchon. Il est
plus sûr qu'un élévateur à coins qui risque de s'ouvrir intempestivement
tant que le poids est insuffisant. D'autre part, ces élévateurs sont
relativement légers, donc plus faciles à manier, mais leur capacité est
insuffisante pour descendre des colonnes lourdes.
 L'élévateur à coins doit être mis en œuvre tant que la colonne est dans le
tubage précédent, avant de s'engager dans le découvert, ou pour les
colonnes très lourdes quand le poids devient important, même si l'on est
encore loin du découvert.
 Le retour de boue dans les bassins doit être surveillé ; si des pertes sont
constatées, il faudra ralentir la vitesse de descente. La tête de circulation
doit toujours être sur le plancher, prête à être vissée si nécessaire. En cas
de circulation en cours de descente, on utilisera le flexible d'injection de
secours, ou un flexible 2" haute pression prévu pour cela ; les chiksans
sont déconseillés, parce qu'ils sont peu pratiques pour manoeuvrer la
colonne.
 Si la colonne est équipée d'un dispositif à remplissage différentiel, il faut
surveiller le remplissage. Il arrive que ces équipements se bouchent, le
remplissage ne se fait plus, on peut collapser la colonne par pression
différentielle entre l'extérieur et l'intérieur.
 Il faut établir des courbes de poids avant la descente, avec différents
pourcentages de remplissage ; le maître sondeur pourra ainsi se rendre
compte si le système fonctionne normalement.
 Quand la colonne arrive au fond, sauf s'il est nécessaire de circuler avant
de toucher le fond, il faut compléter le remplissage pour éviter de piéger
de l'air dans la colonne, puis on installe la tête de cimentation. On peut
mettre les bouchons dans la tête à ce moment là ou après la circulation ;
on branche les liaisons de surface.
 Le démarrage de la circulation se fait lentement tant que la boue est gelée
pour éviter de fracturer les formations fragiles. Le débit est augmenté
progressivement jusqu'à une valeur raisonnable pour ne pas détériorer les
équipements ; on s'en tiendra au débit choisi pour la chasse. Circuler ainsi
tout le volume annulaire et noter les pressions ; s'il y a du gaz il faut
circuler jusqu'à ce qu'il soit complètement évacué.

6. La colonne perdue
Une colonne perdue [liner] est une colonne de tubage utilisée pour couvrir le
découvert en – dessous d'un tubage existant ; sa hauteur s'étend depuis la cote
de pose jusqu'à entrer d’une certaine distance [overlap] à l'intérieur de la
colonne précédente.
Colonne précédente

Overlap

Ancrage et étanchéité

Liner

Ciment

Il est possible d’utiliser une colonne perdue, deux, ou même plus.


Il est possible de poser une colonne perdue de faible longueur sur le fond sans la
suspendre dans le tubage précédent, mais les tubes seront compressés et la
cimentation ne sera pas bonne, même si le centrage est bon. Cette technique
est utilisée surtout dans les puits fortement déviés et horizontaux, puisque le
liner est posé sur le flanc et les tubes situés en bas ne supportent pas le poids de
tous les tubes du dessus.

6.1. Avantages du liner :


Les principaux avantages d’un liner sont liés au nombre réduit de tubes. Ceci
entraîne la réduction des coûts et des risques sans pour cela porter atteinte à la
qualité de l’ouvrage.

6.2. Utilisation des liners :


Le liner peut être utilisé pour couvrir une partie du découvert comme une
colonne normale pour permettre la poursuite du forage (liner de forage), ou
couvrir le réservoir et le mettre en production (liner de production).

6.3. Différents types de liner


Le type de liner dépend du mode d’activation du hanger : le hanger d’un liner
mécanique est activé mécaniquement, en utilisant la translation et la rotation de
la garniture de forage, tandis que celui d’un liner hydraulique est activé par
l’augmentation de la pression de la boue emprisonnée entre une bille et des
garnitures d’étanchéité en tête de liner.
Le setting tool peut être activé mécaniquement ou hydrauliquement, quel que
soit le hanger utilisé. Ainsi, le setting tool du liner Nodeco est activé
mécaniquement alors que le hanger est hydraulique, tandis que celui de Baker
est hydraulique, tout comme le hanger.

6.4. Opérations de descente et cimentation 


- descente du tubage,
- raccordement de la tête du liner,
- descente du liner à l’aide des tiges de forage,
- lorsque le liner arrive au fond, l’ancrer dans le tubage précédent,
- relâcher le setting tool avant la cimentation,
- dégager le setting tool pour s’assurer de sa libération,
- reposer le setting tool sur le liner sans le visser,
- procéder à la cimentation selon le programme,
- remonter pour libérer les chiens d’activation du packer s’il existe,
- reposer pour ancrer le packer,
- dégager le setting tool du liner,
- faire une circulation inverse pour nettoyer les tiges du ciment,
- remonter le setting tool.

LE TUBAGE : CALCULS DE COLONNES

1. Les contraintes

1.1. Contraintes à l'écrasement

Elles sont dues à la pression hydrostatique exercée par le fluide présent dans
l'espace annulaire tubage – trou ; cette pression est contrebalancée par la
pression régnant à l'intérieur de la colonne.
Au cours des opérations de forage, tubage et cimentation, la colonne peut se
vider soit partiellement, soit complètement, et la pression intérieure diminue
notablement ou même s'annule.
Les contraintes à l'écrasement dues à la pression hydrostatique de l'espace
annulaire sont d'autant plus grandes que la profondeur est élevée.

1.2. Contraintes à l'éclatement

Elles ont pour origine la pression intérieure due aux fluides pouvant être produits
par le puits (eau, gaz ou huile) ainsi que leur pression. Cette pression intérieure
est contrebalancée par le pression hydrostatique du fluide présent dans l'espace
annulaire tubage – trou.
La pression hydrostatique augmente avec la profondeur, les contraintes à
l'éclatement sont donc plus élevées en tête de colonne.

1.3. Contraintes à la traction

Chaque tube descendu dans le puits subit une contrainte de traction due au poids
de l'ensemble des tubes situés au dessous de lui.
On peut diminuer cette contrainte en faisant flotter la colonne (remplissage
partiel à la descente).

1.4. Influence de la traction sur la résistance à l'écrasement

La contrainte de traction exercée sur un tube l’allonge, diminuant ainsi son


épaisseur et, par conséquent, sa résistance à l'écrasement et à l’éclatement.
La réduction de la résistance à l'écrasement en fonction de la traction exercée
sur le corps du tube est donnée par l’ellipse de plasticité ci – dessous.

2. Coefficients de sécurité
2.1. Traction
Le coefficient de sécurité est au moins égal à 1.60 avec la colonne de tubage
supposée dans la boue. Ce coefficient ne doit pas descendre au – dessous de
1.30 lors de la vie du puits.

2.2. Ecrasement
Le coefficient de sécurité est de 1.125, compte tenu de la traction, le tubage
étant supposé vide et l'espace annulaire plein de boue (descente du tubage
complètement vide) ou le tubage plein de boue et l'espace annulaire plein de
ciment (fin de cimentation et avant prise de ciment). Prendre la valeur la plus
élevée.

2.3. Eclatement
Le coefficient de sécurité est de 1.10, l'annulaire étant supposé rempli d'eau.

SUIVI DESCENTE TUBAGE

Préalablement à la descente du tubage, certains documents doivent être


préparés.
Ces documents sont nécessaires pour éviter des erreurs d'appréciation en cas de
problème rencontré en cours de descente du tubage.
La feuille de composition de la colonne en fait partie.

1. Graphe "suivi du poids de la colonne"

Il donne l'évolution du poids de la colonne en fonction de la profondeur atteinte


pour 3 coefficients de remplissage différents (100%, 90%, 80%).
Ce graphe permettra de vérifier le remplissage du tubage en cours de descente
et de détecter éventuellement le mauvais fonctionnement du DFU.
Sur ce graphe on notera :
- les caractéristiques du tubage descendu,
- la densité de la boue dans le puits.

2. Fiche "tubage"

Cette fiche comporte des informations nécessaires pour la descente du tubage


dont :
Données sur le puits :
- cote du dernier tubage,
- cotes des réservoirs avec la densité équivalente correspondant à leur
pression,
- zones de pertes rencontrées en forage,
- cotes des principales zones de reforages ou tractions en cours de forage
ou contrôles.

Données sur le tubage :


- caractéristiques mécaniques,
- traction maximale applicable compte tenu du coefficient de sécurité,
- traction maximale applicable compte tenu des moyens et équipements
utilisés.
-
3. Utilisation de ces documents

Ces documents seront distribués aux personnes concernées par la descente du


tubage (le chef de chantier, le chef de poste, le responsable boue et le personnel
de vissage).
Le but de ces documents est de pouvoir détecter rapidement toute anomalie en
cours de descente de tubage et d'y remédier convenablement pour éviter
l'aggravation du phénomène ou l'apparition de nouvelles conditions pouvant
devenir plus dangereuses ou pénalisantes.
C'est ainsi qu'un mauvais remplissage non détecté à temps peut entraîner une
venue par l'annulaire.
Si le système du DFU se bloque en position fermée, la colonne de tubage va
s'alléger jusqu'à ce que la différence de pression entre annulaire et intérieur du
tubage soit suffisante pour l'ouvrir. A ce moment là, dû au phénomène de tube
en U, le fluide annulaire va remplir le tubage et son niveau dans l'annulaire
pourra baisser suffisamment pour créer une venue.
De même, le mauvais fonctionnement du DFU peut être à l'origine de
surpressions sur le découvert et entraîner l'apparition de pertes au niveau des
formations fragiles.
On notera aussi que, dans le cas de tubages de gros diamètres (18"5/8 ou 20")
posés à des profondeurs importantes, le mauvais remplissage peut entraîner des
problèmes d'écrasement du tubage.

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