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LE SOI ET L’IDENTITE : DEFINITION ET PRINCIPES

Par Aiden P. Gregg,


Constantine Sedikides,
et Claire M. Hart

La nature du Soi
e Soi est un concept à la fois étrangement familier et difficile à

L saisir. Chaque personne amenée à lire ces mots possède un Soi, ou


peut être plus précisément, est un Soi ; toutefois, il s’avère somme
toute assez difficile de dire ce que cela signifie et représente, parce que,
contrairement à d’autres concepts, aussi objets de la curiosité
scientifique, le soi résiste assez bien aux tentatives de définition et
d’identification. Frustrés, quelques philosophes ont soutenus que le « je
intérieur » était une illusion (Nørretranders, 1998), le produit d’une
pensée dualiste dépassée (Dennett, 1992) ou encore un pronom
personnel qu’on interpréterait incorrectement (Kenny, 1989). Mais même
si l’on prend pour acquis que le Soi existe bel et bien (Searle, 2001;
Strawson, 1997), deux problèmes persistent à celui qui aspire à une
analyse empirique : le premier est d’arriver à définir le soi de facon
convaincante et définitive, au vu du potpourri de significations que l’on
peut trouver tout au long de son histoire ; le second est d’identifier des
manières utiles d’étudier le Soi, et en tenir compte du fait que les gens
sont généralement incapables de constater et d’exprimer les veritables
raisons de leurs jugements et actions (Nisbett & Wilson, 1977).

Pour faire face à ces défis, les psychologues scientifiques procèdent


généralement de manière pragmatique. Ils acceptent que la conscience
que l’on a de soi, pierre angulaire du Soi, résiste définitivement à toute
élucidation (McGinn, 1999), mais remarquent néanmoins, que quelle que
soit sa nature, la conscience de soi reste un point central vers lequel la
psychologie humaine se tourne. Ils maintiennent toutefois que même si
le Soi, dans la measure où il s’agit d’un locus transcendant, résiste à tout
test empirique, ses processus dérivés s’avèrent plus faciles à aborder
(James, 1890). Praxis, par exemple, montre que l’estime de soi peut être
conceptualisée de façon adéquate, mesurée de façon fiable et explorée
avec succès sans qu’il y ait besoin de spécifier exactement ce qui est
estimé (Sedikides & Gregg, 2003). Pour des raisons scientifiques, le Soi
peut donc être défini comme « la totalité des processus psychologiques
liés à la conscience de soi ». Ce n’est pas tant un objet d’étude qu’un
terrain d’enquête.
Les psychologues du Soi sont donc capables de mettre en œuvre un
large panel de méthodes pour étudier le Soi (Reis & Judd, 2000). Les
techniques expérimentales les plus communes incluent des manipulations
à court terme de variables liées au Soi, via la mise en scène de situations
sociales ou la présentation d’un faux feed-back (Aronson, Wilson, &
Brewer, 1998). Les techniques de mesure les plus communes incluent
quant à elles non seulement des questionnaires psychométriquement
valides, mais aussi des indices plus objectifs empruntés à d’autres
disciplines, comme les mesures implicites empruntées à la psychologie
cognitive (Wittenbrink & Schwarz, 2007) ou des techniques d’imagerie
mentales issues des neurosciences (Heatherton, Krendl, Macrae, &
Kelley, 2007).

L’anatomie du Soi
Nous pouvons conceptuellement disséquer le Soi en utilisant la
classification traditionnelle de la division de l’esprit en 3 capacités : savoir
(cognition/réflexion), ressentir (évaluation/émotion), et faire
(intention/action).
Le « Soi connaissant ».
Comparé au reste du règne animal, les êtres humains possèdent un
intellect sophistiqué, doté d’une capacité non égalée pour l’invention
langagière, l’abstraction théorique, et la representation explicite (Pinker,
1994; Sedikides & Skowronski, 2003; Tallis, 1991). De plus, cet intellect
se lie à la conscience de Soi pour créer un vaste univers de croyances sur

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soi (Higgins, 1996). Ces croyances sur soi, dans leur totalité, constituent
le concept de soi. Les psychologues étudient, non seulement le contenu de
ces croyances, mais aussi les propriétés qui lui sont associées (e.g.
exactitude, consistence, accessibilité, et importance; Dunning, Heath, &
Suls, 2004; Markus, 1977; McGuire, & Padawer-Singer, 1976; Thibodeau
& Aronson, 1992), les représentations diverses de ces croyances en
mémoire (Klein, Loftus, & Kihlstrom, 1996), et l’organisation
structurelle de ces croyances (McConnell & Strain, 2007).
Le contenu des croyances du Soi importantes pour nous est ce qui
constitue l’identité (note: ceci est une définition psychologique, qui diffère
des définitions philosophiques, qui essayent au contraire de répondre à la
question de ce qui sous tend l’individualité ou la continuité de la
personne, e.g. Shoemaker & Swinburne, 1984). L’identité est donc aussi
variée que le contenu des croyances sur le Soi. Par ailleurs, une attention
spéciale a été portée à la flexibilité avec laquelle les personnes se
catégorisent eux-mêmes. En particulier, les psychologues ont exploré
l’emergence de ces auto-catégorisations, non seulement à un niveau
individuel (e.g. « Je suis cette personne »), mais aussi à un niveau collectif
(« Nous faisons parties de ce groupe ») (Searle, 1995; Sedikides &
Brewer, 2001), et ont montré que l’un ou l’autre de ces niveaux
prédominait en fonction du contexte situationnel ou culturel (Markus &
Kitayama, 1999; Turner, Hogg, Oakes, Reicher, & Wetherell, 1987). Cela
étant dit, certaines auto-catégorisations, telles que celles qui ont à voir
avec l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, semblent avoir des
racines biologique : elles sont en parties héritées, commencent très tôt
dans la vie, et résistent aux changements (Stein, 1999; Wilson & Rahman,
2005). De plus, contrairement à ce qu’avancent les modèles
sociologiques tels que le « Soi Miroir » (Cooley, 1902), les croyances des
individus sur leur Soi seraient bien moins déterminées par ce qu’autrui
pense réellement que par ce que ces individus s’imaginent qu’autrui pense
d’eux (Shrauger & Schoenman, 1979). Ces recherches suggèrent ainsi que
l’auto-catégorisation n’est pas déterminée seulement par contexte.
Attention toutefois ici. Le terme « Soi » peut être et est d’ailleurs
souvent utilisé comme un raccourci « d’auto-catégorisation ». L’utilité de
ce raccourci ne devra cependant pas conduire à inférer que le Soi est
dans son ensemble réductible au contenu des croyances sur le Soi.
L’auto-catégorisation est l’un des aspects du Soi et non sa caractéristique
principale (comme l’illustre ce qui suit).

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Le soi « ressentant ».
Les individus ne traitent pas l’information sur le Soi d’une manière
détachée comme n’importe quel androïde indifférent ; au contraire, ils y
réagissent affectivement, livrant des évaluations positives ou négatives, et
exprimant des émotions agréables ou aversives (Tracy & Robins, 2007 ;
Sedikides & Gregg, 2003). De plus, les réactions qui en découlent (e.g.
profiter de la gloire d’autrui, souffir de la honte d’autrui) dépendent de la
personne à qui on se compare et de la façon dont cette personne réussit
ou échoue dans différents domaines plus ou moins importants pour le
Soi (Tesser, 1988). De plus, l’information capable de provoquer ces
réactions affectives n’a pas besoin d’être directement dirigée vers la partie
individuelle du soi mais peut aussi l’être vers d’autres entités auxquelles le
soi s’identifie : dit autrement, nous féliciter ou nous critiquer revient au
même que de me féliciter ou me critiquer moi. Comme signalé plus haut,
les individus sont capables de s’auto-catégoriser de manière flexible à un
niveau collectif; Il est également frappant qu’ils entretiennent certaines
préférence pour certains groupes plutôt que d’autres (Tajfel, Billig,
Bundy, & Flament, 1971; Greenwald, Pickrell, & Farnham, 2002). Le
niveau d’engagement collectif des individus, qui défie souvent l’analyse
utilitaire, modère alors la force et la nature de leurs réactions face aux
menaces collectives (Ellemers, Spears, & Doosje, 2002).
L’ensemble des réactions affectives que les individus ont envers eux-
mêmes - qui peut favoriser ou dériver de leur identification sociale
(Cialdini & al., 1976; Tajfel & Turner, 1986)— correspond à leur estime de
soi. Si avoir une estime de soi élevée rend subjectivement la vie meilleure,
la question de savoir si et dans quelle mesure elle apporte des avantages
objectifs ou interpersonnels fait l’objet de davantage de débats
(Baumeister, Campbell, Krueger, & Vohs, 2003). Malgré cela, il peut être
intéressant de connaître non seulement le niveau d’estime de soi des
individus, mais aussi la qualité de cette estime de soi (par exemple dans
quelle mesure celle-ci est stable à travers le temps; Kernis, 2003).

Le « soi agissant ».
Les individus ne se contentent pas de se contempler et de réagir
émotionnellement ; ils agissent. En effet, les pensées et les sentiments

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que l’on éprouve dans cette activité réflexive influencent directement les
actions adaptatives. Et l’un des éléments clefs de ces actions adaptatives
est l’auto-régulation. Ceci dénote de la gestion exécutive des inclinaisons
mentales et comportementales, essentielles pour maintenir les buts à long
terme et préserver un équilibre psychologique. En conséquence, les
psychologues sociaux passent du temps à étudier les pièges et chausse-
trapes de ces auto-régulations (Vohs & Schmeichel, 2007), et à construire
des modèles heuristiques de l’ensemble du processus sous-jacent (Carver
& Scheier, 2000).
La recherche fondamentale pose aussi la question de savoir s’il y a
davantage dans cet exercice volontaire de l’action qu’une simple
attribution d’autorité envers le soi, lorsqu’une action est actuellement
provoqué par d’autres determinants inconscients (Wegner, 2002; Libet,
1985).
Remarquons que l’auto-regulation peut être directe ou oblique.
Lorsqu’elle est directe, nous essayons de gérer notre esprit de l’intérieur
(par exemple lorsque nous essayons de supprimer des sentiments de
dévalorisation) ; lorsqu’elle est oblique, nous essayons de gérer l’esprit de
l’extérieur (par exemple en essayant d’impressionner autrui pour nous
sentir mieux). L’auto-regulation oblique, comme dans l’exemple qui en
est donné, est souvent effectuée via une présentation de soi stratégique (Jones
& Pittman, 1982), une forme de gestion des impressions qui met en
lumière l’interaction entre le soi et la société. Mais les personnes varient
aussi selon leurs penchants pour une présentation de soi plus raffinée,
une différence individuelle appelée monitorage de soi (Gangestad & Snyder,
2000).

Les motivations du soi


Qu’est-ce relie ces trois domaines du Soi ensemble ? L’une des
réponses possibles est la motivation : lorsque les personnes s’efforcent
d’atteindre des buts non élémentaires, les pensées, les sentiments, et les
comportements dirigés vers le soi se fusionnent. Par exemple, Higgins
(1987) postule que la perception d’un écart entre le soi actuel et le soi
obligé ou le soi idéal (impliquant le soi connaissant) provoque
respectivement de l’anxiété et la dépression (impliquant le soi ressentant),
provoquant à leur tour des actions remédiatrices pour diminuer cet écart
(impliquant le soi agissant).

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Plusieurs théories importantes proposent l’existence de besoins
fondamentaux qui doivent être satisfaits afin de maintenir une stabilité
psychologique, de même que l’existence de systèmes motivationnels
destinés à satisfaire ces besoins. Par exemple, la théorie du sociomètre
propose qu’il existerait un besoin d’appartenir à des groupes sociaux
(Leary, Tambor, Terdal, & Downs, 1995), la théorie du management de la
terreur (Pyszczynski, Greenberg, & Solomon, 1997), un besoin de
construire des visions du monde signifiantes ; et la théorie de l’auto-
détermination (Ryan & Deci, 2002) des besoins d’agir de façon autonome,
de s’accomplir dans la réalisation de buts, et de s’affilier avec autrui. Tous
ces besoins sont théoriquement liés, d’une manière ou d’une autre, à
l’estime de soi. Ceci suggère alors que la motivation à rehausser le soi,
c'est-à-dire de maintenir une vision positive du soi, représente une
motivation essentielle, une hypothèse largement supportée par les
multiples façons, directes ou plus subtiles, qu’ont les gens de se défendre
et de promouvoir leur image positive d’eux-mêmes. (e.g., biais de positivité,
auto-handicap, et auto-attributions; voir Sedikides & Gregg, in press;
Sedikides & Strube, 1997). Toutefois, tous les individus ne réhaussent
pas forcément leur soi : quelquefois, d’autres motivations sont à l’œuvre
et prédominent telle que la motivation à trouver la vérité sur soi (Trope,
1982). Après tout, même les êtres humains les moins rationnels sont
guidés, hors nécessité pragmatique, par des contraintes de réalité. Des
facteurs dispositionnels et situationnels complexes détermineront
laquelle de ces motivations du soi prédominera dans une situation
particulière.
Une question reste néanmoins encore controversée est de savoir si les
individus souhaitent avant tout à (a) maintenir fermement leur identité et
cherchent à se rassurer sur la personne qu’ils se savent être, quelle qu’elle
soit (i.e., motivation à l’auto-vérification) ; ou (b) à maintenir une identité
positive et se rassurer sur la valeur qu’ils s’accordent (motivation à se
rehausser). Les recherches empiriques montrent qur lorsqu’on leur en
laisse le choix, des individus qui ont une vison négative d’eux-mêmes
choisissent préférentiellement des sources d’informations qui confirment
plutôt qu’infirment leur vision d’eux-mêmes. Ce résultat est interprété
comme l’indicateur que la motivation à l’auto-vérification est plus forte
que la motivation au réhaussment de soi (Swann, Rentfrow, & Guinn,
2003). Toutefois, une autre interprétation, tout aussi plausible, pourrait
être que les gens qui détiennent une vision négative d’eux-mêmes ne se

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sentent pas le droit de croire à un feed-back positif les concernant, et
donc le refusent malgré un fort désir de le croire juste (Gregg, in press).

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