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Baroque sicilien 1

Baroque sicilien
Le baroque sicilien est une forme spécifique
d’architecture baroque apparue en Sicile aux
XVIIe et XVIIIe siècles. Ce style comporte d’une
part des caractéristiques typiquement baroques,
telles que la profusion de courbes et d’ornements,
mais se distingue aussi du courant européen par
l’utilisation de masques ou d’anges souriants (les
putti) et plus généralement par une flamboyance
qu’il n'est possible de retrouver nulle part ailleurs.
Jusqu’à récemment mal étudié, peu reconnu et
rarement apprécié malgré les recherches menées
par Anthony Blunt dans les années 1960, ce type
de baroque donne à la Sicile une forte identité
architecturale.

Le baroque sicilien vit le jour à la suite d’un


puissant tremblement de terre survenu dans la
région en 1693, qui imposa de reconstruire un
grand nombre de bâtiments. Avant cette date, le
baroque n'avait fait que discrètement son
apparition sur l’île et relevait en réalité d'un style
hybride et naïf qui trouvait davantage son
inspiration dans l’héritage architectural local que
dans l’œuvre des grands architectes baroques Illustration n° 1
Église baroque de la Collegiata, sur la Via Etnea à Catane
installés à Rome. Le séisme fournit aux jeunes
Construite vers 1768 par Stefano Ittar
architectes siciliens, dont beaucoup avaient été
formés à Rome, un terrain idéal pour reproduire le
baroque plus sophistiqué alors en vogue en Italie continentale. Leurs ouvrages, remplis d’innovations stylistiques,
inspirèrent les autres architectes locaux qui finirent tous par suivre le même exemple : dès 1730, les nouvelles
constructions en Sicile étaient entièrement supervisées par ces architectes natifs de la région et parfaitement rompus
au baroque, au point qu’ils développèrent ensuite une interprétation singulière et très localisée de ce courant
artistique. Le baroque sicilien tomba en désuétude à partir des années 1780, lorsque le néoclassicisme s’imposa
comme le nouveau style à la mode.

Le baroque sicilien, si riche en ornements et en décorations, reflète fidèlement l’histoire sociale de l’île à cette
époque, et symbolise le chant du cygne pour toute une caste de mécènes nobles, alors en perte d’influence. Le
phénomène du haut-baroque sicilien dura à peine un demi-siècle, mais a imprimé à l’île une identité architecturale
qui l’a accompagnée jusqu’à aujourd’hui.
Baroque sicilien 2

Caractéristiques du baroque sicilien


L’architecture baroque est un style européen apparu
dans l’Italie du XVIIe siècle et qui se caractérise
essentiellement par sa flamboyance, sa théâtralité, la
richesse des ornements sculpturaux et le recours
fréquent à des effets de clair-obscur (chiaroscuro) entre
la lumière et l’ombre dans un édifice.

Le baroque sicilien représente bien davantage que le


simple contingent d’ouvrages baroques qui se
trouveraient avoir été édifiés en Sicile, et s’est affirmé
comme un style autonome. Le baroque y a par exemple
la particularité d’avoir été confiné d’une part aux
bâtiments commandés par l’Église catholique et d’autre
part aux palazzi[1] , les résidences privées de
l’aristocratie sicilienne. Les premières apparitions du
baroque en Sicile étaient maladroites, mal
proportionnées et ne soutenaient en rien la comparaison
avec les réalisations grandioses de Rome, Florence ou
Naples. À partir du milieu du XVIIIe siècle, toutefois,
le baroque sicilien parvint à sa pleine individualité et se
distingua dès lors la plupart du temps par au moins
deux ou trois des caractéristiques suivantes : Illustration n° 2
L’université de Catane, construite selon les plans de Giovanni
1. Des mascarons et des putti, donnant volontiers dans Battista Vaccarini et achevée en 1752, est un exemple typique de
le burlesque, viennent souvent soutenir les balcons baroque sicilien : putti ornant les balcons, balustrades en fer forgé,
pierres de taille décorées et recours à des roches volcaniques pour les
ou décorer l’entablement d’un édifice. Ces faciès
teintes de noir et de gris.
souriants et très voyants sont une relique de
l’architecture maniériste. (illustrations n° 2 et 8)
2. Les balcons, à partir de 1633, sont fréquemment agrémentés de balustrades en fer forgé présentant des motifs
complexes (illustration n° 2), par opposition à la période précédente où les balustrades étaient de conception plus
simple (illustration n° 6).
3. Les escaliers extérieurs sont alors assez répandus dans les villas et les palazzi. La plupart de ces résidences sont
en effet dotées d’une entrée officielle conçue à l’origine pour les carrosses, et qui consiste en un arc percé dans la
façade donnant sur la rue et menant à une cour intérieure. C’est de là généralement que s’élève, jusqu’aux pièces
de réception du premier étage, un double-escalier aux entremêlements raffinés : les volées symétriques d’escaliers
peuvent changer jusqu’à quatre fois de direction. Les églises, quant à elles, ne sont souvent accessibles qu’au bout
d’un long escalier rectiligne rappelant la Piazza di Spagna à Rome (illustration n° 23).
4. Les façades, qu’il s’agisse des églises ou des palazzi, étaient fréquemment courbées de façon concave ou convexe
(illustrations n° 1 et 6). À l’occasion, le renfoncement ainsi créé par la courbe servait à implanter un escalier
extérieur.
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5. Le clocher, en Sicile, n’est pas installé sur un


campanile à côté de l’église, comme c’est souvent le
cas en Italie continentale, mais sur la façade de
l’édifice religieux lui-même, la plupart du temps
au-dessus du fronton central. Le clocher compte une
ou plusieurs cloches, chacune sous son propre arc
(voir ci-contre). Lorsque l’église est particulièrement
importante et qu’elle possède de nombreuses
cloches, les hauteurs de la façade principale
prennent la forme d’une arcade richement sculptée et
décorée, comme c’est le cas sur la Collegiata de
Catane (illustration n° 1). Le clocher constitue l’un
des éléments les plus typiques et permanents du
baroque sicilien.

6. L’intérieur des églises arbore une profusion de


marbres colorés, incrustés dans le sol comme dans
les murs (illustration n° 17).
7. Les colonnes, surtout au début de la période, ne sont
que très rarement agglomérées, mais plutôt
déployées individuellement. Par ailleurs, même si
Illustration n° 3 elles sont souvent ornées de dorures, elles ne
Un clocher couronne l’église San Giuseppe de Raguse, réalisée par soutiennent généralement que des arcs de facture
Rosario Gagliardi.
très simple, ce qui dénote l’influence encore forte de
la période normande, beaucoup moins sophistiquée
(illustration n° 4).
8. Les pierres de taille font l’objet d’un soigneux travail de sculpture et de décoration. Dès la fin du XVIe siècle, les
architectes siciliens ornaient la pierre de gravures représentant des feuilles, des écailles de poissons ou même des
coquillages. Ces derniers allaient s’imposer ensuite comme le motif dominant du style baroque. Parfois, ce travail
de la pierre était effectué sur les piliers plutôt que sur les murs (illustration n° 2), par pur désir de surprendre en
allant à l’inverse de ce qui est normalement attendu.
9. De nombreux bâtiments du baroque sicilien ont été construits à partir de la roche volcanique locale, étant donné
qu’elle était la plus aisément accessible. Ses nuances de noir et de gris sont régulièrement mises à profit pour créer
des effets de clair-obscur, accentuant ainsi la prédilection déjà forte du baroque pour l’ombre et la lumière.
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10. L’influence architecturale de l’Espagne, alors au pouvoir


sur l’île, peut souvent se faire ressentir (illustration n° 15),
bien que moins intensément que le Gothique normand. Le
style hispanique est particulièrement perceptible à l’est de
la Sicile : la monumentale Porta Grazia de Messine
(1680), par exemple, ne dépareillerait pas dans les autres
villes et citadelles de l’Empire colonial espagnol. Le
modèle de cette porte de ville en forme d’arc fut
abondamment copié par la ville de Catane après le
tremblement de terre.

Au final, le baroque sicilien ne peut cependant pas se définir Illustration n° 4


par la simple présence d’un ou plusieurs des éléments Exemple de baroque sicilien précoce : la cathédrale Saint
Jean-Baptiste de Raguse (1694 – 1735).
susmentionnés, étant donné qu’aucun d’entre eux n’est exclusif
à l’architecture sicilienne. Une appréciation pleine et entière
du baroque sicilien impose certes d’identifier certaines de ces propriétés, mais aussi de juger de l’ensemble de
l’édifice et de son esprit, afin de déterminer si les courbes, les sculptures et les décorations arborent bien cette fluidité
si caractéristique de l’art de vivre sicilien.

Naissance du baroque sicilien


La Sicile, petite terre volcanique de la Méditerranée
centrale, a été colonisée par les Grecs, durement
administrée par les Romains, soumise à l’Empire
byzantin, conquise par les hordes barbares, érigée en
émirat musulman, puis en duché normand, avant d’être
cédée aux Hohenstaufen, gouvernée par les
Plantagenêts et enfin par l’Espagne. L’île passera
ensuite aux Bourbons napolitains, et ne sera finalement
unie au Royaume d’Italie qu’en 1860. Les Siciliens ont
ainsi absorbé de nombreuses cultures, ce qui se traduit
par une grande variété architecturale.

Une forme innovante d’architecture décorative et


classique, spécifique à la Sicile, avait commencé à
s’affirmer dès les années 1530. Fortement influencée
par les ruines des monuments grecs et par les
cathédrales normandes édifiées sur l’île, cette
émancipation passa notamment par l’adoption de motifs
architecturaux typiques de l’art de la Grèce antique, tels
que celui de la « clé grecque ». L’empreinte de l’art
normand, quant à elle, continuait à se faire sentir par
Illustration n° 5 l’utilisation d’arcs et par l’importance accordée aux
La Piazza Pretoria de Palerme. La fontaine (vers 1554), œuvre de ouvertures de fenêtres.
Francesco Camilliani, est le seul exemple d’art de la
Haute-Renaissance dans la cité. Elle est surplombée par l’église Cette architecture naissante est à plus d’un titre
Sainte Catherine (vers 1556) et par son dôme baroque plus tardif.
exceptionnelle : contrairement à celle de l’Europe
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continentale, en effet, elle ne trouvait pas sa source dans l’architecture de la Renaissance mais constituait en réalité
une forme évoluée de Gothique normand. L’art de la Renaissance toucha à peine la Sicile : même dans la capitale
qu’est Palerme, le seul ouvrage appartenant à la Haute-Renaissance est une fontaine apportée de Florence, où elle
avait été construite vingt ans plus tôt. (illustration n° 5)
Quelle que soit la raison pour laquelle le style de la Renaissance ne devint jamais populaire en Sicile, il ne s’agissait
en aucun cas d’ignorance. Antonello Gagini était engagé dans la construction de l’église Santa Maria di Porto Salvo
lorsqu’il trouva la mort en 1536. Il fut remplacé par l’architecte Antonio Scaglione, qui abandonna le style
Renaissance de son prédécesseur pour finir l’édifice dans un style normand. C’est donc bien cet art normand qui
semble avoir influencé l’architecture sicilienne pratiquement jusqu’au tremblement de terre de 1693. Même la
période du maniérisme semble avoir oublié la petite île. Au final, seule la ville de Messine[2] présente un réel
héritage de la Renaissance, en partie pour des raisons géographiques : Messine, si proche du continent que l’on peut
y apercevoir les côtes de l’Italie, a toujours été plus réceptive aux courants artistiques qui y fleurissaient. Les
mécènes de l’aristocratie locale faisaient souvent appel à Rome ou Florence pour leur fournir un architecte : un
exemple nous en est fourni par le Florentin Giovanni Angelo Montorsoli, qui importa à Messine un art typiquement
toscan vers le milieu du XVIe siècle. Toutes ces influences restèrent toutefois largement confinées à Messine et à ses
environs immédiats.
Cela ne signifie pas que la Sicile était indifférente à ce qui se passait ailleurs en Europe. Le paysage architectural des
principales villes siciliennes fut profondément influencé par la famille du sculpteur Domenico Gagini, qui arriva de
Florence en 1463. Cette fratrie de sculpteurs et de peintres commença à décorer les églises et les autres édifices de
sculptures très décoratives et figuratives. Entre 1531 et 1537 – moins d’un siècle après l’arrivée de sa famille –
Antonio Gagini acheva l’arc aux allures de proscenium de la Cappella della Madonna, dans le Santuario
dell'Annunziata de Trapani. Cet arc agrémenté d’un fronton est non pas gravé de décorations, mais lourdement orné
de bustes de saints en relief. Le fronton est quant à lui décoré de saints allongés, qui soutiennent une frise menant
jusqu’au bouclier qui couronne le fronton. Cette composition audacieuse fut le premier signe indiquant que la Sicile
développait sa propre forme d’architecture décorative. On retrouve un style très similaire sur la Chiesa del Gesù de
Palerme, édifiée entre 1564 et 1633, et qui montre elle aussi des signes précoces de baroque sicilien (illustration n°
15).
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On peut ainsi constater que l'architecture baroque avait


commencé à évoluer en Sicile bien avant le séisme de
1693. Il est cependant difficile d'évaluer et d'apprécier
pleinement la valeur architecturale de ces bâtiments
plus anciens, dont la plupart remontent aux années
1650, étant donné que beaucoup ont précisément été
détruits par le tremblement de terre. Souvent, même les
documents répertoriant ces constructions ont disparu,
effaçant ainsi toute trace de ces dernières. Les
informations ont été un peu plus brouillées par la suite
du fait de nouveaux séismes et des lourds
bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

L’exemple d'urbanisme baroque le plus précoce encore


subsistant sur l'île est la place du Quattro Canti à
Palerme, construite vers 1610, un carrefour réalisé par
Giulio Lasso où se rejoignent les deux principales
artères de la ville. Tout autour de l’intersection s'étend
une piazza (ou cirque) de forme octogonale. Aux quatre
espaces ouverts par les rues correspondent quatre
édifices dont les façades courbées épousent
harmonieusement la forme circulaire de la place. Ces Illustration n° 6
quatre grands bâtiments sont agrémentés de fontaines à La place Quattro Canti de Palerme, tracée vers 1610, est un bon
exemple de baroque sicilien précoce.
leur base, qui ne sont pas sans rappeler les Quattro
Fontane du pape Sixte V à Rome. Les trois étages des
édifices sont décorés de statues nichées dans de petites alcôves et représentant respectivement les quatre saisons, les
quatre souverains espagnols de la Sicile et les quatre saintes patronnes de Palerme : sainte Christine, sainte Ninfa,
sainte Olive et sainte Agathe. Bien que chacune des façades soit très plaisante à l'œil, l’ensemble est disproportionné
par rapport à la taille modeste de la place : comme la plupart des autres exemples de baroque sicilien précoce, le
Quattro Canti peut donc être taxé d'une certaine naïveté, d'une lourdeur excessive dans l'exécution, voire de
provincialisme, surtout en comparaison des ouvrages à venir[3] .

Au-delà de ses mérites ou de ses défauts, il était évident dès le XVIe siècle que le baroque des architectes et
sculpteurs locaux commençait déjà à dévier du baroque de l’Italie continentale. La régionalisation du baroque n'était
d'ailleurs pas spécifique à la petite île, et se reproduisait dans d'autres contrées européennes telles que la Bavière ou
la Russie. Le baroque Narichkine, typique de la région moscovite, est par exemple aussi excentrique que son cousin
sicilien.
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Le baroque sicilien à partir de 1693


Ce mouvement atteignit son paroxysme au milieu du XVIIIe siècle.

Nouvelles villes : l'urbanisme baroque


À la suite du tremblement de terre, un vaste
programme de reconstruction fut rapidement
mis en place. Il nécessita au préalable la
prise de plusieurs décisions fondamentales,
qui allaient différencier l'architecture
sicilienne par rapport à celle des autres
grandes villes européennes. Le duc de
Camastra, au fait des innovations les plus
récentes en matière d'urbanisme, décréta que
le temps des petites rues étroites de l'ère
médiévale était révolu, et que la
reconstruction devrait permettre le tracé de
larges artères principales et de places
publiques, si possible selon un schéma
rationnel. En pratique, les nouveaux plans Illustration n° 9
des villes prirent souvent une apparence La Piazza del Duomo, à Syracuse. La cathédrale réalisée par Andrea Palma (plus
visible sur l'illustration n° 12) est entourée de palazzi baroques.
géométrique, sous la forme de carrés ou
d'hexagones, ce qui dénote une certaine
influence d’un classicisme à la française. L’urbanisme baroque s’en distingue néanmoins sous plusieurs aspects,
notamment par une division des quartiers selon des critères de hiérarchie sociale et par des perspectives
monumentales se centrant sur les lieux de culte, envisagés comme centres de la vie publique.

Ce concept était encore très novateur pour les années 1690, étant donné que peu de villes européennes avaient déjà
eu l'occasion d'être reconstruites de fond en comble. Le premier exemple nous en est peut-être fourni par la ville
nouvelle de Terra del Sole, construite en 1564 pour Cosme Ier de Toscane d'après les plans de Baldassarre Lanci,
originaire d'Urbin. Une autre des premières cités à avoir fait l'objet d'une planification rigoureuse et symétrique était
Alessandria, au sud du Piémont. Un peu plus tard, à partir de 1711, ce nouvel urbanisme baroque fut encouragé dans
les colonies espagnoles d'Amérique du Sud, ainsi que par les Portugais au Brésil ou à Lisbonne après le tremblement
de terre de 1755. Dans d'autres parties de l'Europe, les intérêts locaux et l'opinion publique se révélèrent trop
puissants pour permettre une réorganisation radicale après un désastre : c'est le cas de Londres après le grand
incendie de 1666, suite auquel la City fut reconstruite selon les anciens plans à l'exception de quelques nouveaux
quartiers à l'ouest. En Sicile, l'opinion des classes populaires n'avait aucune importance, ce qui laissa les mains libres
aux architectes locaux, porteurs de concepts révolutionnaires.

Les choix architecturaux effectués en Sicile n'étaient pas uniquement motivés par la mode et l'apparence, mais aussi
par le souci de minimiser les dégâts en cas de nouveau séisme. En 1693, l'entassement des maisons et des rues avait
conduit à un écroulement général, comparable à celui d'un château de cartes. D'un point de vue tant architectural
qu'esthétique, le grand avantage du nouvel ordonnancement urbain est de libérer de l'espace et de pouvoir replacer
les monuments dans un cadre digne de leurs proportions. À titre de comparaison, il est fréquent de rencontrer ailleurs
en Italie une église de la Renaissance, certes belle et imposante, mais coincée entre des bâtiments voisins à l'aspect
incongru. La sensation d'ouverture et de respiration est particulièrement sensible dans les villes reconstruites de
Caltagirone, Catane, Modica, Noto, Palazzolo Acréide, Raguse et Scicli.
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L'un des plus beaux exemples du nouvel urbanisme baroque peut être admiré à Noto (illustration n° 10), une ville
reconstruite à environ dix kilomètres de son site originel sur le mont Alveria. Les ruines de l'ancienne cité,
aujourd'hui appelée Noto Antica, peuvent toujours être visitées. Le nouveau site choisi était plus plat que le
précédent, et ce en vue de faciliter l'application d'un plan géométrique. Les rues principales vont d'est en ouest en
tenant compte de l'inclinaison du Soleil. Cet exemple de planification urbaine est attribué à un aristocrate sicilien
cultivé, répondant au nom de Giovanni Battista Landolina. Il aurait dressé lui-même les plans de la nouvelle Noto
avec l'aide de trois architectes. L'UNESCO a classé la ville et ses bâtiments baroques au patrimoine mondial de
l'humanité en 2002.
Au sein de ces nouvelles villes, on
alloua à l'aristocratie les quartiers
situés le plus en hauteur, où l'air était
meilleur et le point de vue plus
agréable. L'église était typiquement
érigée au centre de la cité (illustration
n° 9), pour la commodité de tous ainsi
que pour refléter le pouvoir essentiel et
central de l'Église catholique. Autour
de la cathédrale et de la résidence
épiscopale s'élevaient des couvents.
Les marchands et les commerçants,
quant à eux, pouvaient s'implanter le
long des larges artères conduisant aux
Illustration n° 10
places principales. Les plus pauvres,
La Via Nicolasi, à Noto.
pour finir, étaient autorisés à construire
leurs logis rudimentaires en briques
aux endroits dont personne d'autre ne voulait. L'urbanisme baroque en vint ainsi à symboliser puissamment l'autorité
politique. Ce style et cette philosophie se répandirent jusqu'à Annapolis au Maryland, Williamsburg en Virginie ou
Savannah en Géorgie, sans oublier bien sûr l'œuvre du baron Haussmann à Paris. L'environnement urbain était
désormais propice à la propagation de l'architecture baroque, qui devait perdurer en Sicile jusqu'au début du
XIXe siècle.

Plus tard, de nombreuses autres villes siciliennes qui n'avaient été que peu ou pas endommagées par le séisme,
comme Palerme, subirent également des transformations baroques à mesure que la mode se répandait. Les
aristocrates en vinrent en effet à désirer que leurs palazzi dans la capitale deviennent aussi opulents que ceux qu'ils
avaient fait construire à Catane. L'église Santa Caterina de Palerme, édifiée en 1566, fut par exemple entièrement
redécorée de l'intérieur au XVIIIe siècle, avec l'ajout de marbres colorés.
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Nouvelles églises et nouveaux palazzi


À l’aube du XVIIIe siècle, on eut de plus en plus
recours aux architectes locaux pour ériger de
nouveaux palais ou édifices religieux. L’évolution
des techniques permettait un style encore plus
sophistiqué que celui de la fin du XVIIe siècle.
Nombre des nouveaux artistes avaient reçu leur
formation en Italie continentale et en étaient
revenus avec une compréhension plus profonde
du baroque. Leurs travaux inspirèrent d’autres
architectes siciliens moins enclins aux voyages.
Mais surtout, ces jeunes créateurs purent
s’inspirer des livres écrits par Domenico de Rossi
sur la gravure, qui procuraient pour la première
fois les mesures et les dimensions exactes de la
plupart des principales façades de la Renaissance
et du baroque à Rome. La Renaissance finit ainsi
par toucher la Sicile de manière indirecte et
tardive.

À ce stade de son développement, il manquait


encore au baroque sicilien la chaleur, la joie et la
liberté qu’il devait acquérir plus tard. Giovanni
Battista Vaccarini était le principal architecte
sicilien de l’époque. Il arriva sur l’île en 1730, Illustration n° 11
La cathédrale San Giorgio de Modica.
apportant avec lui l’influence mélangée de
Bernini et de Borromini : Vaccarini profita de sa
liberté créatrice pour introduire des courbes très marquées, ou d’autres éléments dont l’audace aurait été jugée
inacceptable à Rome, bien que ses ouvrages n’aient été que les prémices de ce qui allait suivre[4] . Parmi les
réalisations les plus remarquables de cette période, on compte les ailes du Palais Biscari de Catane, ainsi que l’église
Sainte Agathe, située dans la même ville. Pour cette dernière, Vaccarini s’est très clairement inspiré des principes
établis par Camillo-Guarino Guarini dans son Architettura Civile : la copie répétée de styles déjà solidement établis
explique que l’architecture de cette époque, bien que déjà opulente, témoigne toujours d’une discipline un peu
académique. Le style de Vaccarini domina Catane pendant plusieurs décennies.

Un autre obstacle au plein épanouissement des architectes siciliens provenait du fait que le travail s’effectuait encore
souvent sur des bâtiments endommagés ou partiellement détruits, qu’il fallait donc reconstruire en tenant compte du
style précédent. La cathédrale San Giorgio de Modica en est un bon exemple : déjà sévèrement endommagée par le
séisme de 1613, reconstruite en 1643 dans un style mi-baroque mi-médiéval, puis à nouveau touchée par le séisme
de 1693, sa reconstruction fut entamée en 1702 par un architecte inconnu. C’est finalement Rosario Gagliardi qui
supervisa l’achèvement de la façade principale en 1760[5] , mais les compromis qui durent être faits avec la structure
précédente sont évidents. Malgré l’utilisation des mêmes techniques qui avaient tant réussi à l’église San Giorgio de
Raguse (illustration n° 13), la cathédrale de Modica souffre d’une certaine lourdeur, et n’a pas cette légèreté ni cette
liberté dans la touche qui font le talent de Gagliardi.
D’autres influences ont joué à cette époque : de 1718 à 1734, la Sicile fut dirigée depuis Vienne par l’empereur
Charles VI, d’où de nombreuses similitudes avec l’architecture autrichienne. De nombreux bâtiments insulaires ne
sont alors que de pâles imitations des réalisations de Fischer von Erlach[6] . Un architecte sicilien en particulier, le
Baroque sicilien 10

moine Tommaso Napoli, se rendit deux fois à Vienne au début du siècle, revenant à chaque fois avec de pleins
chargements de dessins et de gravures. Il érigea plus tard deux villas de campagne typiques de cette période,
remarquables pour leur murs concaves et convexes ainsi que pour l’entremêlement de leurs escaliers extérieurs.
L’une d’entre-elles, la Villa Palagonia, entamée en 1705, est sans conteste la plus complexe et la plus ingénieuse de
toutes les villas du baroque sicilien : son double escalier extérieur aux volées droites mais changeant fréquemment de
direction devint un modèle en la matière pour toutes les constructions à venir.
Par la suite une nouvelle génération d’architectes, conscients que les intérieurs de style rococo commençaient ailleurs
à prendre l’ascendant sur le baroque, s’inspireraient de ces évolutions pour développer encore davantage la
flamboyance, la liberté et le mouvement que l’on associe aujourd’hui au baroque sicilien.

Le haut-baroque sicilien
Vers 1730, le baroque sicilien commença peu à peu à
s’émanciper du baroque en vigueur à Rome, et affirma
ainsi une individualité encore plus forte. Deux raisons
expliquent ce phénomène : à cette époque, d’une part,
l’urgence de la reconstruction n’était plus d’actualité, et
l’activité architecturale devint plus apaisée et plus
réfléchie. Une nouvelle vague d’architectes siciliens,
nés et formés sur l’île elle-même, arriva d’autre part à
pleine maturité. Cette jeune génération avait assisté à la
fin de la reconstruction baroque, et avait complété sa
formation par l’étude des gravures, des livres dédiés à
l’architecture et des traités qui ne cessaient d’arriver
depuis le continent. À la différence de leurs
prédécesseurs formés au goût de Rome, ils furent en
mesure de développer de nouveaux styles
profondément individualisés. On compte parmi eux
Andrea Palma, Rosario Gagliardi et Tommaso Napoli.
Tout en tenant compte du baroque tel qu’il se pratiquait
à Naples ou à Rome, ils adaptèrent désormais leurs
projets aux traditions et aux besoins locaux.
L’utilisation des matériaux, tout comme la mise en
Illustration n° 12
valeur des sites choisis, révèlent une grande inventivité. La Piazza del Duomo de Syracuse et la façade de la cathédrale,
Le recours aux escaliers extérieurs, déjà popularisé par commencée par Andrea Palma en 1728 et inspirée d’un arc de
Vaccarini, fut porté à un degré inégalé : des églises triomphe à l’antique. Les colonnes massives, qui découpent la façade
en plusieurs compartiments, ont un certain effet théâtral.
situées au sommet d’une colline deviennent par
exemple accessibles par une fantastique volée
d’escaliers évoquant les « Escaliers espagnols » de la Piazza di Spagna à Rome.

Les façades des églises, quant à elles, ressemblèrent de plus en plus à des gâteaux de mariage plutôt qu’à des lieux de
culte, au fur et à mesure que les architectes gagnaient en confiance, en compétence et en stature. L’intérieur des
édifices religieux, jusque-là de facture simple, en vint à arborer une orgie de marbres incrustés et polychromes,
surtout à Palerme. Anthony Blunt admet que cette décoration peut être « soit fascinante, soit repoussante. Mais
au-delà de la réaction personnelle du spectateur, ce style est une manifestation caractéristique de l’exubérance
sicilienne, et doit être classé parmi les créations les plus importantes et les plus originales de l’art baroque sur l’île ».
Telle est la clé de ce mouvement artistique : le baroque est le reflet idéal de la personnalité de la Sicile, et c’est la
Baroque sicilien 11

raison pour laquelle il y connut des évolutions si spectaculaires, en particulier à Raguse et Catane.

Raguse
Raguse subit des dégâts importants en 1693. La ville
comprend deux quartiers, Ragusa Ibla (ville-basse) et
Ragusa Superiore (ville-haute), séparés l'un de l'autre
par un profond ravin appelé le Valle dei Ponti.
Ragusa Ibla déploie un impressionnant éventail
d'architecture baroque, avec par exemple l'église Saint
Georges, œuvre de Rosario Gagliardi conçue en 1738
(illustration n° 13). Au cours de la construction de
l'édifice, Gagliardi sut tirer parti des difficultés du
terrain en pente : l'église domine un escalier de marbre
particulièrement massif, composé de quelque 250
marches. Cette caractéristique du baroque se retrouve
fréquemment en Sicile, en raison de la topographie très
capricieuse de l'île. La tour de l'édifice semble se
propulser depuis la façade, un effet encore accentué par
les colonnes et les piliers adossés aux murs en courbe.
Au-dessus des ouvertures de portes et de fenêtres, des
frontons se déroulent et se courbent avec un sens de la
liberté et du mouvement qui aurait été impensable
quelques décennies auparavant, lorsque le style de
Bernini et Borromini était encore de rigueur. Le dôme,
d'inspiration néoclassique, ne fut pas ajouté avant 1820.
Illustration n° 13
C'est le long d'une allée reliant Ragusa Ibla à Ragusa
L'église Saint Georges de Ragusa Ibla, œuvre de Rosario Gagliardi.
Superiore qu'a été édifiée l'église Santa Maria delle
Scale. Le bâtiment, bien que gravement endommagé par le séisme, présente de l'intérêt. La moitié détruite du lieu de
culte fut reconstruite dans un style baroque, tandis que la partie subsistante d'inspiration gothique et normande fut
conservée. L'église constitue ainsi le symbole concret de toutes les subtilités et les contradictions du baroque sicilien
par rapport aux autres pays européens. La cathédrale Saint Jean-Baptiste de Ragusa Superiore, quant à elle, a été
construite entre 1718 et 1778. Sa façade principale, ornée de sculptures et de gravures finement ciselées, relève du
plus pur baroque (illustration n° 14). L'édifice comprend un clocher très en hauteur, répondant au même style.
L'intérieur (illustration n° 3), richement décoré, est séparé en trois ailes par deux rangées de colonnes.
Baroque sicilien 12

Le Palazzo Zacco est l'un des bâtiments


baroques les plus remarquables de la ville :
ses colonnes de l'ordre corinthien
soutiennent des balcons en fer forgé d'un
raffinement exceptionnel, tandis que les
putti apportent la touche désirée de
burlesque afin de choquer ou d'amuser les
passants. Le palais fut érigé au cours de la
seconde moitié du XVIIIe siècle par le baron
Melfi di San Antonio. La famille Zacco en
fit l'acquisition un peu plus tard, lui donnant
son nom définitif. Deux des façades donnent
sur la rue, chacune arborant six grands
balcons portant les armoiries des Melfi (des
feuilles d'acanthe où un chérubin s'est Illustration n° 14
allongé). Les supports de balcons intriguent Façade principale de la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Ragusa Superiore.

en raison de la grande variété de leurs


décorations (joueurs de musique, putti, créatures diverses et variées…). La façade principale attire surtout l'œil grâce
à ses trois balcons centraux, séparés par des colonnes de style corinthien. Les balcons y sont soutenus par des effigies
de musiciens aux visages comiques.

Ragusa Superiore, le quartier le plus endommagé de la ville, a été entièrement repensé après 1693 selon un plan
centré autour de la cathédrale, et montre une certaine originalité par rapport au reste de la Sicile. Les palais y ont
quelques spécificités, comme la limitation à deux étages ou une longueur inhabituelle, probablement en vue de
limiter les dégâts en cas de nouveau séisme.

Catane
De toutes les grandes villes de Sicile, Catane fut
celle qui subit le plus de dégâts en 1693 : seuls le
château d'Ursino et quelques éléments de
l'ancienne cathédrale avaient résisté au séisme. La
cité entière fut donc repensée et reconstruite : le
nouveau plan sépara la ville en plusieurs
quartiers, délimités par deux rues se rejoignant sur
la Piazza del Duomo (Place de la Cathédrale).

La reconstruction fut supervisée par l'évêque de


Catane et par le seul architecte ayant survécu à la
catastrophe, Alonzo di Benedetto. Benedetto prit
la tête d'une équipe de jeunes architectes venus
spécialement de Messine, et se concentra tout
Illustration n° 15
La cathédrale de Catane. La façade principale de 1736, réalisée par
d'abord sur la Piazza del Duomo. On y trouve
Giovanni Battista Vaccarini, trahit l'influence de l'architecture espagnole. trois palais imposants, dont celui de l'évêque et le
séminaire de la ville. Tous les architectes
œuvrèrent en parfaite harmonie, et il est impossible de distinguer les ouvrages directement attribuables à Benedetto.
Le travail, sans être exceptionnel, témoigne d'une grande compétence : la sculpture des pierres de taille est soignée et
Baroque sicilien 13

typique du XVIIe siècle sicilien, mais la décoration des étages supérieurs est souvent superficielle, ce qui est typique
du baroque sicilien immédiatement postérieur au tremblement de terre.
En 1730, Vaccarini s'installa à Catane en tant qu'architecte officiel
de la ville, et imprima tout de suite au style local un tournant vers
un baroque plus romain : les piliers perdent leurs gravures et
soutiennent des corniches et des entablements typiques de la mode
de Rome, les frontons sont courbés et des colonnes isolées servent
de support aux balcons. Vaccarini tira également profit de la roche
volcanique locale, de teinte noire, mais en fit davantage un
élément décoratif ponctuel et intermittent plutôt qu'un matériau de
construction : il l'utilisa par exemple pour la spectaculaire
obélisque de la « fontaine de l'éléphant », située en face de l'hôtel
de ville et symboliquement soutenue par le dos de l'animal.

La façade principale de la cathédrale de Catane (illustration n°


15), dédiée à Sainte Agathe, comporte par ailleurs une forte
influence espagnole, et ce malgré l'individualité bien affirmée du
baroque sicilien de cette époque. La ville abrite également l'église
dite de la Collegiata (illustration n° 1), œuvre de Stefano Ittar
réalisée aux alentours de 1768. Elle est un bon exemple de Illustration n° 16
baroque sicilien particulièrement simple et dépouillé. La « fontaine de l'éléphant » et son obélisque, à Catane.
L'éléphant est le symbole héraldique de la ville.

Intérieurs
Baroque sicilien 14

Églises
L'intérieur des églises siciliennes avait fait l'objet de
décorations soignées dès le premier quart du
XVIIe siècle, ce qui passait par une profusion de
sculptures, de stuc, de fresques et de marbre
(illustration n° 17). Au fur et à mesure que les églises
postérieures au séisme furent achevées, vers les années
1720, les intérieurs se mirent à évoluer vers une
décoration plus lumineuse et moins intense (comparer
les illustrations 17 et 18) : de petites sculptures
ornementales s'imposèrent peu à peu sur les colonnes,
les corniches et les frontons, la plupart du temps sous la
forme de putti ou d'éléments de la faune et de la flore.
Les marbres multicolores incrustés dans le sol et les
murs, en revanche, restèrent aussi populaires qu'au
siècle précédent. Les motifs ornementaux en porphyre
sont souvent dérivés de motifs typiques des cathédrales
gothiques, révélant ainsi une fois encore les origines
normandes de l'architecture sicilienne. L'autel du lieu
de culte est en règle générale la « pièce de résistance »
de tout cet effort décoratif : dans de nombreux cas, il
est constitué d'un unique bloc de marbre coloré, orné de
Illustration n° 17
La chiesa del Gesù de Palerme (1564 - 1633) arbore une abondance volutes dorées et serti de pierres précieuses comme
de marbres polychromes, tant sur le sol que sur les murs. l'agate ou le lapis-lazuli. Les marches menant à
l'estrade de l'autel sont fréquemment courbées de façon
concave ou convexe et incrustées, elles aussi, de marbre. L'un des plus bels exemples peut en être admiré à l'église
Sainte Zita de Palerme.

Bien souvent, la construction d'une église en Sicile n'était pas seulement financée par un ordre religieux en
particulier, mais aussi par une famille de l'aristocratie. Contrairement à une croyance largement répandue, la plupart
des nobles siciliens ne choisissaient pas comme dernière demeure les catacombes capucines de Palerme, mais étaient
inhumés fort conventionnellement dans des caveaux sous leurs églises de famille. Il n'en demeure pas moins vrai,
comme l'a récemment écrit un chercheur, que « les funérailles d'un aristocrate sicilien constituaient l'un des plus
grands moments de sa vie »[7] . Les enterrements étaient en effet un signe extérieur de richesse essentiel : l'une des
conséquences de cette ostentation est que les pierres tombales qui couvrent les caveaux, aujourd'hui, fournissent de
précieuses informations sur le progrès des techniques de décoration du marbre année après année. Les tombes de la
première moitié du XVIIe siècle, par exemple, sont faites d'un marbre blanc très simple présentant les armoiries
familiales, le nom, la date, etc. À partir de 1650, de petites quantités de marbres colorés apparaissent et forment des
motifs : il est possible d'examiner l'épanouissement progressif de cette mode jusqu'à la fin du siècle, lorsque les
blasons et la calligraphie finissent par être entièrement en couleurs. Bien après que le baroque est tombé en
désuétude dans les années 1780, ce type de décoration continua à être jugé plus adapté aux exigences du rite
catholique que la nouvelle mode « païenne » du néoclassicisme.
Baroque sicilien 15

Illustration n° 18 Illustration n° 19
L'église Saint-Benoît, à Catane, contient des Le chœur des religieuses à l'église
fresques de Giovanni Tuccari. Saint-Benoît de Catane.

L'église Saint-Benoît de Catane (illustrations 18 et 19) offre un bel exemple d'intérieur, réalisé entre 1726 et 1762, à
l'époque où le baroque sicilien avait atteint le sommet de sa popularité et de son originalité. Les plafonds sont ornés
de fresques de l'artiste Giovanni Tuccari, mais l'élément décoratif le plus spectaculaire est le chœur réservé aux
religieuses (illustration 19), achevé vers 1750. Il fut conçu de telle manière que les chants des religieuses pouvaient
être entendus pendant la messe, sans pour autant qu'elles soient aperçues de l'extérieur et exposées aux regards des
profanes.

Palais
À quelques rares exceptions, les intérieurs des palazzi restèrent moins élaborés que ceux des églises. Beaucoup de
ces palais furent même construits sans aucune ornementation spécifiquement baroque à l'intérieur, tout simplement
parce que les délais de construction étaient déjà très longs. Par ailleurs le baroque, entre-temps, passa de mode, si
bien que les salles principales de nombreux palais baroques furent finalement décorées dans le nouveau style
néoclassique, dit « pompéien ». Il n'est pas rare enfin de rencontrer un mélange des deux styles, comme dans la salle
de bal du Palazzo Aiutamicristo de Palerme, construit par Andrea Giganti en 1763 : le plafond y est décoré de
fresques aux contours dorés, représentant des scènes allégoriques dans un baroque très affirmé. Ce plafond, en
réalité, était déjà démodé à l'époque où il fut achevé, et le reste de la pièce fut agrémenté avec bien plus de
simplicité. Les évolutions de ces 250 dernières années ont encore renforcé la banalisation des intérieurs de palazzi :
les rez-de-chaussée sont devenus des boutiques, des banques ou des restaurants, tandis que les étages supérieurs ont
été divisés en appartements, ruinant ainsi la décoration initiale.
Une autre raison expliquant l'absence de décorations baroques vient du fait que la plupart des pièces n'avaient tout
bonnement pas vocation à en recevoir. Les palazzi étaient bien souvent très vastes et conçus pour accueillir un grand
nombre de personnes. Le foyer d'un aristocrate sicilien, outre son épouse et ses enfants, était fréquemment composé
de parents plus pauvres ou éloignés, qui disposaient tous de petits appartements dans la maison. La demeure
comptait aussi des domestiques divers et variés, tels que l'aumônier, le majordome, les gouvernantes, le secrétaire,
l'archiviste, le comptable, le bibliothécaire et d'innombrables hommes à tout faire, sans oublier le sonneur de cloches,
qui devait adapter le nombre de sonneries à l'importance du visiteur. Parfois même, les domestiques habitaient le
palais avec les membres les plus âgés de leurs familles. Tous ces lieux de vie au quotidien, même chez le maître et la
maîtresse de maison, étaient fort naturellement décorés de façon très sobre. Des pièces vides de tout occupant étaient
considérées comme une marque de mauvaise éducation, car elles montraient que le propriétaire préférait faire
Baroque sicilien 16

coucher ses connaissances à l'auberge. Tout visiteur étranger, en particulier anglais, était un trophée à la gloire
sociale de son hôte. On comprend, dans ces conditions, que les résidences de l'aristocratie sicilienne aient été
rarement calmes ou désertes.
La plus belle partie du palais était généralement le
piano nobile, une salle de réception réservée aux
invités et aux divertissements, où l'on accédait par les
double-escaliers extérieurs. L'endroit consiste en une
succession de grands et de petits salons, dont une salle
particulièrement vaste servant de pièce principale à la
demeure et, occasionnellement, de salle de bal. Les
piano nobile qui eurent le temps d'être décorés pendant
la période baroque en ont hérité un style très chargé :
les murs sont souvent recouverts de miroirs,
eux-mêmes encadrés de dorures, et alternant parfois
avec des peintures ou des portraits de famille. Les
plafonds, hauts et remplis de fresques, soutiennent des
lustres massifs en verre de Murano dont les lumières se
reflètent partout dans les miroirs. La célèbre Galerie
des Miroirs du Palazzo Gangi, à Palerme, en offre
l'exemple le plus remarquable. Cette pièce[8] décorée de
fresques est l'une des seules salles baroques
subsistantes du palais, qu'un nouveau propriétaire
étendit et transforma à partir de 1750 dans un style
néoclassique.
Illustration n° 20
La Galerie des Miroirs du Palazzo Gangi, à Palerme. (XVIIIe siècle)
L'ameublement de la période baroque était assorti au
style, avec des décorations raffinées, des dorures et
même l'utilisation de marbre pour le dos des tables. Les meubles étaient constamment en transit dans la maisonnée,
déménagés d'une pièce à l'autre selon les nécessités, laissant au besoin certaines salles vides. Parfois, certains étaient
spécialement commandés pour une pièce, par exemple pour qu'une console s'insère exactement dans le cadre doré du
mur. Les meubles étaient d'ailleurs toujours disposés le long des murs et jamais au centre d'une pièce, afin de ne pas
cacher les décorations du sol en marbre ou en céramique.

Le point commun aux intérieurs d'églises et de palais était le recours au stuc. Ce dernier est un élément essentiel du
style et de la philosophie baroques, étant donné qu'il permet la combinaison de l'architecture, de la sculpture et de la
peinture murale. Son utilisation, jointe à des plafonds et des murs en trompe-l'œil, crée une confusion entre l'art et la
réalité. Tandis que le stuc, dans les églises, peut figurer des anges ou des putti reliés par des fleurs, il représente plus
volontiers dans les résidences privées les mets ou les instruments de musique préférés des propriétaires.
Baroque sicilien 17

Déclin
Comme pour tout style architectural, le public finit par
se lasser du baroque. Dans certaines parties du
continent européen, une métamorphose s'opéra vers le
Rococo, mais ce ne fut pas le cas en Sicile. L'île, à
partir de 1735, n'est plus dirigée par l'Autriche mais par
le roi des Deux-Siciles Ferdinand Ier, qui règne à la fois
sur le royaume de Naples et sur le royaume de Sicile.
Palerme se mit ainsi à entretenir des rapports
privilégiés avec la capitale du royaume, Naples, où
justement commençait à se manifester un retour à des
formes d'architecture plus classiques. En outre, une part
croissante de la noblesse sicilienne se prit de passion à
cette époque pour tout ce qui était français, qu'il
s'agisse d'art, de mode ou d'architecture. Beaucoup
d'aristocrates se rendirent à Paris pour y affiner leurs
goûts, et en revinrent avec les toutes dernières gravures
et les traités théoriques les plus avancés. L'architecte
français Léon Dufourny accomplit un séjour en Sicile
de 1787 à 1794 afin d'y étudier les anciens temples
grecs. Il permit à de nombreux Siciliens de redécouvrir
leur passé antique et classique, lequel s'imposa donc
Illustration n° 21
vite comme la nouvelle mode incontournable. Mais Le Palais Beneventano del Bosco, à Syracuse, construit entre 1779 et
l'évolution des goûts ne se fit pas du jour au lendemain. 1788, est d'un baroque sicilien tardif et très discret. Les balcons en
Le baroque conserva encore une certaine popularité sur fer forgé et certaines courbes, néanmoins, tempèrent la nouvelle
mode néoclassique.
l'île, et les colonnes au classicisme sévère de l'époque
côtoient bien souvent des balcons plus fantaisistes que
jamais. Dufourny travailla quelque temps à Palerme, et son « Temple d'Entrée » aux Jardins Botaniques de la ville fut
le tout premier bâtiment de Sicile relevant de l'ordre dorique. Le temple respecte en effet un style purement
néoclassique, tel qu'apparu en Angleterre vers 1760, et annonce pour l'île une tendance lourde des décennies
suivantes.

C'est sans doute le grand ami et collègue de Dufourny, Giuseppe Marvuglia, qui contribua le plus au déclin
progressif du baroque sicilien. Il acheva en 1784 le palais Riso-Belmonte[9] , qui constitue le plus bel exemple de
cette période en matière de transition architecturale. L'édifice combine habilement des éléments baroques et
palladiens, et s'organise autour d'une cour intérieure en arcade jouant sur le clair-obscur des matériaux. La façade
principale, ponctuée de pilastres massifs, présente également des aspects baroques mais a des contours très réguliers.
Les pilastres, d'inspiration ionique, font l'objet d'une décoration très simple, et soutiennent un entablement tout aussi
sobre. Au-dessus des fenêtres peuvent s'apercevoir des frontons classiques et réguliers : le baroque sicilien bat en
retraite.

Une autre des raisons de ce lent déclin est que l'argent vint progressivement à manquer. Au XVIIe siècle,
l'aristocratie vivait principalement sur ses terres, qu'elle entretenait et rentabilisait, d'où un niveau satisfaisant de
revenus. Au cours du XVIIIe siècle, cependant, la noblesse se mit à migrer vers les villes, en particulier à Palerme et
Catane, afin d'y profiter des plaisirs de la cour du vice-roi. Les palais situés en ville gagnèrent en taille et en
splendeur, au détriment de terres rurales que l'on abandonnait peu à peu mais dont on attendait toujours une rente
confortable. Le personnel laissé sur place pour gérer les domaines cultiva l'incompétence et la corruption, ce qui fit
Baroque sicilien 18

chuter les revenus fonciers. Certains aristocrates eurent alors recours à l'emprunt, sans hésiter à hypothéquer leurs
biens, jusqu'à ce que la valeur de leurs domaines se dégrade au point de ne plus pouvoir couvrir les sommes
engagées. La Sicile elle-même, par ailleurs, était devenue instable : administrée depuis Naples par le faible
Ferdinand Ier et son épouse autoritaire, l'île était entrée dans une irrémédiable phase de déclin bien avant 1798 et
1806, lorsque le roi fut obligé à deux reprises de fuir Naples et les troupes françaises pour se réfugier en Sicile. Seul
un corps expéditionnaire britannique de 17000 hommes, qui s'assura au passage la domination officieuse de l'île, put
empêcher les Français de débarquer. Le roi Ferdinand tenta ensuite en 1811 de lever des impôts, s'aliénant par ce
seul fait toute son aristocratie. Le XIXe siècle, de manière générale, se caractérisa par la montée en puissance de la
bourgeoisie : les classes aisées s'écroulèrent inexorablement, entraînant avec elles leurs extravagances architecturales
d'un autre temps. (Voir Histoire de la Sicile)
Néanmoins l'influence britannique fit naître
en Sicile une dernière embellie baroque.
Marvuglia, toujours attentif aux évolutions
architecturales du Royaume-Uni,
approfondit le style hybride qu'il avait
prudemment initié avec le Palazzo
Riso-Belmonte en 1784, et combina de plus
en plus librement des éléments baroques et
palladiens. Le baroque sicilien tardif
présente ainsi des similitudes avec le
baroque qui est alors popularisé en
Angleterre par Sir John Vanbrugh et par des
édifices tels que le palais de Blenheim.
L'église San Francesco di Sales[10] édifiée
Illustration n° 22 par Marvuglia, presque exclusivement
Le Palazzo Ducezio de Noto, œuvre de Vincenzo Sinatra, mélange le baroque au britannique dans son interprétation du
rez-de-chaussée et le néoclassicisme à l'étage supérieur.
baroque, en constitue un excellent exemple.
Mais cette mode ne constitua qu'une brève
parenthèse, et bientôt le néoclassique s'imposa partout. Peu d'aristocrates pouvaient encore se permettre de
construire, ce qui fait que le nouveau style fut essentiellement appliqué à des bâtiments publics et civils, comme ceux
des Jardins Botaniques de Palerme. Les architectes siciliens, y compris d'anciens maîtres baroques tels qu'Andrea
Giganti, se mirent à la mode du néoclassique, mais cette fois d'inspiration française. La Villa Galletti de Giganti à
Bagheria, par exemple, s'inspire ouvertement des réalisations d'Ange-Jacques Gabriel.

Tout comme aux premiers jours du baroque sicilien, les bâtiments néoclassiques les plus précoces présentent un
mélange avec le style précédent. Le Palazzo Ducezio de Noto (illustration n° 22) fut ainsi entamé en 1746, et son
rez-de-chaussée, garni d'arcades jouant sur l'ombre et la lumière, relève du pur baroque. L'étage supérieur, ajouté
quelques années plus tard, trahit une influence néoclassique française très prononcée, et ce malgré l'utilisation de
frontons irréguliers au-dessus des fenêtres et la courbure de la baie centrale. Cet édifice est le signe que le baroque
sicilien cédait progressivement la place au néoclassicisme français.
Baroque sicilien 19

Postérité
Le baroque sicilien est aujourd'hui reconnu comme un
style architectural à part entière. Cela est dû en grande
partie aux travaux d'Anthony Blunt, qui est l'un des
seuls chercheurs à s'être intéressé spécifiquement au
sujet.
La plupart des palazzi baroques restèrent des propriétés
privées tout au long du XIXe siècle. Ils changèrent en
revanche souvent de mains, au fur et à mesure que la
vieille aristocratie tissait des liens matrimoniaux avec
la bourgeoisie ou s'enfonçait dans l'endettement. Seules
quelques rares familles ont pu conserver leurs demeures
ancestrales jusqu'à aujourd'hui. Quant aux églises, la
grande piété dont continue à faire preuve la population
sicilienne leur permet de perpétuer leur vocation
originale et de ne pas devenir de simples pièces de
musée.

La dégradation et l'actuel état désastreux de tant de


palazzi ne doivent pas être simplement imputés à des
propriétaires peu soigneux, mais aussi au manque de
volonté politique des gouvernements italiens qui se
Illustration n° 23
sont succédé au pouvoir. Certaines des plus belles
L'église Anime Del Purgatorio, à Raguse, fut construite dans la
villas ou des plus beaux palais, y compris le palais du seconde moitié du XVIIIe siècle.
prince de Lampedusa à Palerme, sont toujours en ruines
depuis les bombardements américains de 1943. Bien souvent, rien n'a été tenté pour les restaurer ou même pour
préserver ce qui en restait. Quant aux édifices qui ont survécu à la Seconde Guerre mondiale, ils connurent
fréquemment un cloisonnement en bureaux ou en appartements, ce qui impliqua le démantèlement, la division ou la
vente des intérieurs baroques.

À la différence de ce qui peut se voir au Royaume-Uni, les quelques représentants de l'aristocratie sicilienne habitant
toujours leurs palazzi se sont abstenus de dénaturer leurs jardins en y exposant par exemple des animaux sauvages
pour attirer les touristes. Les derniers princes, marquis et comtes de Sicile préfèrent souvent vivre dans un isolement
plein de superbe, entourés de beauté et de déchéance. Les propriétaires et les pouvoirs publics commencent toutefois
à vouloir assurer la sauvegarde de ce patrimoine de l'histoire sicilienne.
Les palais baroques de Sicile, profitant de l'essor touristique de l'île, ouvrent progressivement leurs portes à un public
curieux et aisé, pour l'instant davantage des Américains ou des Britanniques que des Italiens. Il y a encore quelques
années, la salle de bal du palais Gangi était la seule de la région à pouvoir s'enorgueillir d'avoir été le lieu de
tournage d'un film, tandis qu'aujourd'hui nombre de grands salons d'apparat et de salles de bal se mettent à accueillir
des événements publics ou privés. Quelques palazzi offrent même un service « Bed and Breakfast » aux visiteurs de
passage, renouant ainsi avec la grande tradition d'hospitalité pour laquelle ils avaient été conçus.
Baroque sicilien 20

Liste des principaux architectes du mouvement


• Antonello Gagini
• Rosario Gagliardi
• Andrea Giganti
• Camillo-Guarino Guarini
• Stefano Ittar
• Paolo Labisi
• Giulio Lasso
• Giuseppe Venanzio Marvuglia
• Tommaso Napoli
• Andrea Palma
• Vincenzo Sinatra
• Giovanni Battista Vaccarini

Référence de traduction
• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé «
Baroque Sicilian Baroque [11] » (voir [[|la page de discussion]]).

Bibliographie
• Anthony Blunt, Sicilian baroque, Weidenfeld and Nicolson Ltd., 1968
• Francesco Palazzolo Drago, Famiglie nobili sicilian, Arnaldo Forni, Palerme, 1927
• A J. Du Pays, Guide d'Italie et Sicile, Hachette, 1877
• Gérard Gefen, Sicily, Land of the Leopard Princes, Tauris Parke Books, 2001
• Pasquale Hamel, Breve storia della societa siciliana (1790-1980), Sellerio di Giorgianni, Palerme, 1994

Voir aussi

Liens internes
• Val di Noto

Liens externes
• (fr) « Noto, splendeur du baroque sicilien » [12]
• (en) Photos et description des églises de Raguse [13]
• (en) La reconversion des palazzi de Palerme au XXIe siècle [14]
• (en) Site officiel du Palazzo Biscari (Catane) [15]
• (en) Photos de quelques églises baroques siciliennes [16]
• (en) Portrait de l'aristocratie sicilienne sur www.bestofsicily.com [17]
• (en) Informations touristiques sur la vallée de Noto [18]
• (it) Photos d'intérieurs de palazzi, dont le Palais Gangi [19]

La version du 10 janvier 2006 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de
qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
Baroque sicilien 21

Références
[1] "Palazzo" (palazzi au pluriel) peut se traduire en français par le terme "Palais", même si ce dernier dénote une demeure de très grande taille.
Or un palazzo est souvent bien plus petit que ne le sous-entend le mot francophone, et fait référence à tout bâtiment public ou privé de taille
moyenne. Par ailleurs, bien que "palazzo" soit une appellation appropriée, aucun aristocrate sicilien n'aurait utilisé ce mot pour parler de sa
résidence, et lui préférait le terme "casa". "Palazzo" suivi du nom de famille était la formulation retenue par les pouvoirs publics, les
marchands et les livreurs.
[2] Messine, pour des raisons géographiques, est la ville sicilienne entretenant les liens les plus étroits avec l'Italie continentale. Elle abritait
autrefois quelques-uns des plus beaux édifices de l'île, mais l'histoire de la cité fut ponctuée de crises et de catastrophes qui affectèrent
durement son patrimoine. Des séismes successifs la touchèrent en 1693, en 1783 et en 1908, sans compter les bombardements de 1943. Quant
à la rébellion avortée de 1676 contre le pouvoir espagnol, elle eut pour suite des sanctions et des restrictions de privilèges municipaux qui
plongèrent la ville dans le déclin et l'obscurité. La Porta Grazia, ancienne entrée de la citadelle d'où les Espagnols organisaient leur politique
de répression, est l'une des rares reliques de la période antérieure à 1693.
[3] D'après Anthony Blunt, Sicilian baroque (9 & 31)
[4] D'après Anthony Blunt, Sicilian baroque
[5] Ibid (150)
[6] Johann Bernhard Fischer von Erlach avait entamé la reconstruction du palais de Schönbrunn en 1686 dans une forme simplifiée de baroque,
qui fut ensuite reproduite en Sicile dans les dernières années de l'ère baroque. Schönbrunn était d'ailleurs doté à l'origine d'un escalier
extérieur, enlevé en 1746, similaire à ceux qui émergèrent en Sicile.
[7] D'après Gérard Gefen, Land of the Leopard Princes
[8] Cette pièce servit au tournage d'une scène d'un film de Luchino Visconti, Le Guépard (Il Gattopardo).
[9] Le palazzo, gravement endommagé par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, n'est plus aujourd'hui qu'une coquille vide.
[10] Voir cette photographie (http:/ / www. palermoweb. com/ didattica/ apreleporte03/ siti/ Educandato - Cappella del Marvuglia/ default. htm)
de l'église San Francesco di Sales (1818).
[11] http:/ / en. wikipedia. org/ wiki/ Sicilian
[12] http:/ / www. italie1. com/ noto-splendeur-du-baroque-sicilien-1894. html
[13] http:/ / www. travelplan. it/ ragusa_guide_churches_museums. htm
[14] http:/ / www. antibes. co. uk/ holidays/ italy/ sicily/ princess. php
[15] http:/ / www. palazzobiscari. com/
[16] http:/ / www. initaly. com/ regions/ sicily/ raguchrc. htm
[17] http:/ / www. bestofsicily. com/ nobility. htm
[18] http:/ / www. valdinoto. com/ english/ ragusa. htm
[19] http:/ / www. travelsicilia. it/ Italiano/ Dimorestoriche. htm
Sources et contributeurs de l'article 22

Sources et contributeurs de l'article


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