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Les besoins spécifiques des publics de FOS

L’analyse des publics de FOS ne peut se faire sans prendre en considération leurs
besoins spécifiques. Ceux-ci constituent une des particularités principales des apprenants de
ce type d’enseignement et permettent de les distinguer des autres apprenants du FLE.

La notion du besoin d’apprentissage

Le besoin permet à l’individu d’exprimer son manque dans un domaine donné afin
qu’il puisse s’épanouir au sein d’un groupe. Il lui donne la possibilité d’être en interaction
avec son environnement et détermine les moyens de le percevoir et le satisfaire. Il est à
souligner cependant que la notion de besoin est à la fois ambiguë et insaisissable. Stones
reflète l’ambiguïté de ce concept en précisant: « Ce terme qui ne fournit qu’une étiquette
verbale alors qu’en réalité, il faut bien le reconnaître, il n’explique rien » (Stones, 1973 : 39).
C’est la raison pour laquelle on fait appel à d’autres termes pour l’exprimer tels que
tension, manque, déséquilibre, tendance, pulsion, disposition, etc. Leur point commun
consiste à mettre l’individu en relation avec son environnement pour trouver les moyens
d’atteindre un objet-but. Mais le terme «besoin» a du mal à trouver un statut bien précis par
rapport aux autres termes qui lui sont liés. On en cite à titre d’exemple :
- Attente : « état psychique de celui dont l’activité mentale est comme en suspens jusqu’à ce

que se produise un événement prévu » (Foulquié, 1971 : 40),

- Désir : « tendance vers un objet que l’on se représente plus ou moins nettement, mais sans

le recours effectif, caractéristique du vouloir, aux moyens de l’obtenir» (Ibidem : 120). Dans
ce contexte, Radowski précise : « La fonction du besoin n’est pas de procurer au sujet un

« plus », un « mieux être » mais de prévenir chez lui l’irruption d’un « moins », d’un « pire

être », de parer à une déficience dont il aurait à pâtir » (Radowski, 1988 : 177)

- Demande : « désigne l’émergence à la conscience de l’éduqué d’un besoin d’apprentissage,

d’un besoin d’éducation » (Mialaret, 1979 : 150),

- Intérêt : « Lorsque j’évoque le thème des intérêts, je l’associe immédiatement à ce qui


m’attire et retient mon attention plutôt qu’à mes aversions et évitements»

(Dupont et al. 1979 : 15),

- Motivation : « ensemble des phénomènes dont dépend la stimulation à agir pour atteindre

un objectif déterminé» (De Landsheere, 1979 : 180)


Précisons que le mot « besoin » est souvent suivi d’une indication qui détermine sa
nature. Cette indication pourrait être un adjectif : on parle de besoin alimentaire, social,
personnel, spécifique, etc. Il peut être aussi complété par un substantif : besoin d’amour, de
sécurité, de livre, etc. Enfin cette indication peut intervenir sous forme de verbe : besoin de
manger, de dormir, de boire, de réussir, etc. Plusieurs théories ont essayé d’élaborer des
classifications des catégories du besoin. Brémond & Geledan (1981 : 31) mettent en relief
trois types de « besoins» :

-Besoins primaires : indispensables à la vie tels que la nourriture, l’eau, l’habillement,


etc.,

-Besoins secondaires : nécessaires mais non indispensables à la survie : lecture, loisirs,


etc.,

-Besoins tertiaires : ils comprennent tout ce qui est futile.

Pour Maslow. (1970), la personnalité de l’individu est fondée sur cinq types de besoins: les

besoins psychologiques, les besoins de sécurité, les besoins d’appartenance et d’affectation,

les besoins d’estime et les besoins de réalisation de soi.

En didactique des langues, le terme « besoin » est utilisé pour souligner l’aspect
utilitaire des méthodes et des matériels qui ont tendance à être fonctionnels. Richterich (1985)
souligne trois raisons qui sont à l’origine de cette utilisation au sein des milieux didactiques.
Premièrement, le besoin est lié à l’idée de la « nécessité » qui indique son aspect
indispensable dans la vie comme la nourriture, l’oxygène, etc. Remarquons également que
cette nécessité peut changer selon l’individu et ses relations avec son environnement.
Deuxièmement, le même besoin pourrait être ressenti et perçu différemment d’après l’usage
qu’en fait chaque individu, d’autant plus que la notion de besoin affirme la différence existant
entre l’apprenant et ses collègues. Troisièmement, le besoin est inséparable de l’idée de «
manque » qu’éprouve l’individu.

Les classifications des besoins d’apprentissage

Dans le cadre des langues étrangères, Richterich (1985) rapporte plusieurs


classifications faites dans le but de mieux cerner la notion du besoin. Ses classifications se
basent sur une série d’oppositions entre les différents besoins langagiers :
- Besoins individuels, sociaux ou institutionnels

Ils renvoient à ce qui manque à un individu à un moment donné pour faire usage de la

langue étrangère dans ses pratiques professionnelles ou sociales,

- Besoins subjectifs/objectifs

Les besoins subjectifs émanent de l’apprenant lui-même alors que les besoins objectifs

sont déterminés par les responsables ou les enseignants selon des critères neutres,

- Besoins prévisibles/imprévisibles

Il s’agit des besoins qu’on peut décrire à l’avance tant que la situation de
communication est stable et invariante. Par contre, quand le déroulement de la situation de
communication reste incertain et variable, les besoins sont difficiles à cerner et ne se prêtent
pas à une description.

- Besoins concrets/figurés

Il s’agit des besoins qu’on peut observer par des moyens objectifs, cependant les besoins

figurés restent cantonnés dans la sphère des représentations individuelles.

- Besoins exprimés/inexprimés

Besoins dont l’individu est conscient et qu’il peut expliciter mais les besoins inexprimés

sont ceux qui échappent à l’individu et qui par conséquent il n’arrive pas à formuler,

- Besoins identifiés

Ils peuvent être identifiés avant, pendant ou après l’enseignement/apprentissage.

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