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Script vidéo

Principes de conception
d’un bâtiment en terre crue

Dans cette vidéo, nous aborderons les principes de conception d’un bâtiment en terre.
Nous détaillerons d’abord la question de l’eau dans le bâti en terre puis les aspects
concernant la résistance mécanique. Nous terminerons par la thermique des bâtiments
en terre crue.

La grande simplicité d’utilisation de la terre réside dans le fait qu’elle durcit en séchant
et qu’il suffit de la mouiller pour pouvoir la remodeler et la réutiliser. Cet atout en
fait aussi sa vulnérabilité. En effet, l’eau rend la terre modelable et lui fait perdre sa
résistance mécanique. Mais l’eau met du temps à imprégner la terre sèche, aussi ce sont
seulement les concentrations d’eau prolongées qui sont à éviter. Par exemple, l’eau
de pluie sur une façade n’est pas destructive puisque la terre peut absorber cette
eau puis sécher à nouveau. En revanche, une fuite de toiture ou de chéneau concentre
une grande quantité d’eau en un point et peut mener à une érosion importante. D’autre
part les remontées capillaires dans un ouvrage en terre crue, fragilisent le bas de
mur. S’il repose directement sur un sol détrempé une saison entière, ses propriétés
mécaniques se dégradent. Il y a alors un risque de basculement sous son propre poids.

MOOC Construire en terre crue aujourd’hui | Séquence #4 - Module 1 - Script vidéo page 1 /3
Pour se prémunir d’une telle problématique, un soubassement suffisamment haut
et une barrière capillaire formé par un film étanche suffisent. Un toit bien conçu
protège les têtes de mur. D’où la source de l’expression « bonnes bottes, bon chapeau
».

La vapeur d’eau est aussi essentielle à prendre en compte dans un bâtiment en terre
crue. En effet, en plus d’être capillaire, la terre crue est perméable à la vapeur d’eau.
La terre reste cependant imperméable à l’air. La terre joue donc le rôle de régulateur
hydrique, apportant du confort aux usagers. Elle est capable de capter la vapeur d’eau
et de la relarguer soit vers l’extérieur, soit vers l’intérieur du bâtiment lorsque l’air
est trop sec. Mais la migration de cette vapeur d’eau doit être possible à travers
tous les matériaux qui composent le mur pour éviter sa condensation. Par exemple,
l’application d’enduits de ciment peu perméables, peut bloquer l’évaporation de l’eau.
La terre perd alors sa cohésion, ce qui engendre le décollement de l’enduit de ciment.

D’autre part, il est nécessaire de dimensionner et concevoir le bâtiment en gardant


en tête la bonne résistance en compression et la faible résistance en traction et
cisaillement du matériau. En effet, la terre est essentiellement composée de grains
qui travaillent très bien en compression. Ils sont collés par l’argile. Mais le pouvoir
collant de l’argile n’est pas suffisant pour résister à de fortes contraintes de traction.
Cela implique d’assurer une bonne descente verticale des charges. La terre est
alors considérée comme un matériau porteur dans un bâtiment. Cependant, les
franchissements doivent être renforcés par des matériaux résistants en traction.
Par exemple, une charpente bois en mauvais état dont l’entrait serait endommagé induit
des poussées horizontales en têtes de murs pouvant engendrer leurs basculements.

De plus les ouvertures doivent être suffisamment éloignées les unes des autres et
des angles. Ainsi, les poussées latérales induites par les ouvertures ne fragilisent pas
l’ensemble de la structure. La conception en murs trumeaux est une solution utilisée
dans l’architecture contemporaine. Ils permettent en effet de s’affranchir de toutes ces
problématiques d’un coup.

Au vu de sa faible résistance en traction et au cisaillement, la réglementation française


ne permet pas d’utiliser la terre seule comme système parasismique. Mais des
techniques mixtes comme le torchis démontrent de très bonnes caractéristiques
sismiques. Il existe tout un panel de dispositifs techniques parasismiques que l’on
retrouve dans la construction vernaculaire. Il est donc intéressant de les analyser,
les comprendre pour s’en inspirer et les utiliser dans la construction contemporaine.
Par exemple, les fruits de murs observés dans des régions moyennement sismiques
contribuent à la bonne stabilité aux murs. Ils sont eux-mêmes renforcés par des
typologies de bâtiment aux formes compactes avec des murs de refends régulièrement
espacés.

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L’utilisation de matériaux très rigides au contact de la terre crue doit être minutieusement
étudiée. En effet, des différences de rigidité mènent à des différences de déformations
sous charges. Par exemple, un précadre en acier dans un mur en terre peut provoquer
des fissures en moustaches partant des angles. Elles s’expliquent par un tassement
du mur différent de part et d’autre de l’ouverture par rapport à la partie centrale
supportée par le linteau.

Enfin, en ce qui concerne les propriétés thermiques du bâtiment, la terre est


intéressante pour l’inertie qu’elle apporte. Lourde et dense, la terre seule contribue
très peu à l’isolation du bâtiment. Mais elle engendre un stockage thermique
important, particulièrement intéressant pour le confort d’été. Cette capacité de
stockage permet aussi de valoriser l’irradiation solaire si la terre crue reste apparente.

Pour conclure, avec une conception adéquate, la terre peut être utilisée comme matériau
porteur, en remplissage ou comme régulateur hygrothermique. Elle peut aussi être
utilisée en franchissement à condition de former des arcs ou des voûtes travaillant en
compression. Enfin, l’esthétique de la terre crue en fait un très bon matériau de finition.

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