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FACULTE DE MEDECINE
DEPARTEMENT DE PHARMACIE
INTOXICATION AU
MONOXYDE DE CARBONE
I/ Généralités
Le monoxyde de carbone de formule brute CO est un asphyxiant chimique. L’intoxication au CO est une
des principales causes de mort toxique. Elle responsable de nombreux cas de décès accidentel en milieu
domestique. L’incidence de l’intoxication au CO augmente pendant les mois d’hiver. Il constitue un
problème de santé publique en Algérie et dans le monde ;
Dans les conditions normales de température et de pression, le CO est un gaz: Incolore, Inodore,
Insipide, Non irritant. Ce qui implique un caractère insidieux des intoxications. Les principales
propriétés physico-chimiques sont :
2C + O 2CO
2
Mais également par une réaction du carbone incandescent en excès avec le CO2
C + CO2 2 CO
En milieu domestique l’étiologie la plus fréquente des intoxications résulte de l’utilisation des
systèmes à gaz ou au charbon installé dans des conditions défectueuses entrainant une combustion
incomplète dans un espace clos ou insuffisamment ventilé
A/ Absorption:
IL est absorbé exclusivement par les voies respiratoires, très liposoluble d’où une excellente diffusion à
travers la membrane alvéolo-capillaire (voisine de celle de l’oxygène)
• La quantité totale de CO absorbé dépend:
o Du rythme respiratoire (l’absorption augmente en cas d’hyperventilation).
o De l’État cardiovasculaire et respiratoire sous-jacents
o De la concentration en Hb (anémiques plus sensibles)
o De la Pression partielle de l’O2
o De la concentration ambiante en CO
o Et de la durée de l’exposition
B/ Distribution: Le CO va se fixer de manière stable mais réversible sur les structures héminiques:
o 80-85% : Hémoglobine (site de fixation majeur),
o 10-15% : Myoglobine surtout myocardique
o 5% : sur toutes enzymes contenant un hème (Métallo-enzymes, cytochrome-oxydases,
cytochromes P450 (CYP450), Hydro-peroxydases)
La concentration en HbCO augmente rapidement dès le début de l’exposition, ralentit après 3 heures
puis atteint un plateau stable à la fin d’une exposition de 8 heures. Le Plateau d’équilibre ne peut pas
dépasser les 2/3 de l‘Hb (dépend : [CO], duré d’exposition)
Le CO traverse facilement la barrière hémato-méningé, barrière placentaire et pourra se fixer sur l’Hb
fœtale.
C/ Métabolisme /Elimination:
Le monoxyde de carbone n’est presque pas métabolisé :<1 % de la dose absorbée est oxydée en
CO2
L’élimination du CO se fait par voie pulmonaire sous forme inchangée.
En air ambiant : ½ vie d’élimination= 4 heures (élimination complète en 12 h)
Sous oxygène normobare : ½ vie d’élimination = 80 min.
Avec oxygène hyperbare, ½ vie d’E du CO diminue mais les valeurs numériques varient selon
les auteurs
• 23 minutes à 3 atm.
• 27 minutes à 1.58 atm.
• 22 minutes à 2.5 atm
La demi-vie du CO dans le sang fœtal est d'environ 7 heures.
La ½ vie d’élimination peut augmenter avec l'âge et diminuer avec l'activité physique.
La toxicité du CO résulte des conséquences de sa fixation sur les hémoprotéine dont il entrave leur rôle
biologique ce qui entraîne des lésions tissulaires par différents mécanismes :
Hypoxie tissulaire dû a :
L’action sur le transport et le relargage périphérique d’O2(Hb)
Une diminution du débit cardiaque
Diminution de la production d’énergie cellulaire suite à la perturbation de la chaîne
respiratoire mitochondriale
Effets par stress oxydant suite à des lésions tissulaires comparables aux lésions d’ischémie-reperfusion
lors de la phase de ré-oxygénation
A/ Hypoxie tissulaire :
A. 1/ Action sur le transport et le relargage périphérique d’O2 (hémoglobine) :
CO déplace l’oxygène de son site de fixation sur l’Hb : dont l’affinité est 210 fois plus grande
Le CO se fixe sur un ligand entre le fer de l’hème et l’azote de l’histidine la plus proche de la globine
Diminution du transport de l’oxygène dans le sang entrainant une Asphyxie biochimique
Le CO augmente l’affinité de l’hémoglobine pour l’O « Effet HALDANE» ceci se traduit par un
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relargage périphérique de l'O vers les tissus plus difficile à partir du pigment et une déviation de la
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courbe de dissociation (saturation) vers la gauche provoquant une aggravation de l'hypoxie Tissulaire
(cellulaire) initiale
Le CO peut aussi se fixer sur le cytochrome P450 et sur l’hydro-peroxydase ayant pour conséquences une
modification du métabolisme de molécules endogènes et de xénobiotiques.
V. Symptomatologie
Les manifestations cliniques de l’intoxication au CO sont dominées par les signes neurologiques et
cardiovasculaires. Ces signes sont très polymorphes et variables d’un patient à l’autre
La toxicité de CO dépend de plusieurs facteurs:
la concentration de CO dans l’air et sa pression partielle.
la durée de l’exposition.
le degré de l’activité.
la perfusion et la surface de diffusion pulmonaire.
la tension partielle de l’oxygène.
A/ Intoxication aigue : L’intoxication aigue se caractérise par deux phases :
Le tube est gradué sur leur longueur en ppm de CO dans lequel on va faire circuler l'atmosphère à analyser.
En fonction de la teneur en CO, la coloration va se propager sur une certaine longueur du tube.
La mesure de la teneur en CO (en ppm) est donnée directement par la lecture de la graduation, c’est une
méthode qualitative et semi-quantitative
3-Méthodes électrochimiques :
Méthodes basée sur la mesure d’un courant généré par l’oxydation du CO (moins sensible, moins spécifiques)
Les dosages dans le sang veineux ou artériel (sur fluorure de sodium de préférence ou EDTA) peuvent être
regroupés sous deux méthodes :
-1
provoquant la libération du CO. Le CO dégagé est quantifié par l’absorption de la raie IR à 4600 cm . Il
s'agit d'une méthode rapide (10 à 15 minutes).
1. c / Chromatographie phase gazeuse : C’est une technique de référence en médecine légale:
-Libération du CO par chauffage du sang à 90° en présence de ferricyanure de potassium
-puis quantification du CO après sa réduction en méthane grâce à un détecteur à ionisation de flamme
FID
CO + 3H → CH + H O
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Interprétation des résultats : Ces méthodes donnent un résultat exprimé en mL de CO pour 100 mL de sang ; ils
ne renseignent pas sur le taux d’HbCO, pour cela il faut déterminer en parallèle le taux d’hémoglobine
Le pourcentage de carboxyhémoglobine étant donné par la formule suivante :
Coefficient d’empoisonnement= le coefficient
carboxyphorique [1,34 - 1,46]: 1 g d’hémoglobine saturée à
100% de CO fixe 1,39 ml de CO
2. Méthodes non destructrices : basées sur l'évaluation directe du le pourcentage de HbCO comme étant
un biomarqueur spécifique d’exposition
Ce sont principalement des méthodes spectrophotométriques basées sur les propriétés de l'hémoglobine, de
et de la l'oxyhémoglobine
ne qui présentent, carboxyhémoglobi
visible, des spectres dans la région
distinguant par le d'absorption se
positions des nombre et les
.d'absorption maximums
Méthode de WOLFF : Loi des 5: T°=55°C ; pH=5,35 ; temps=5 min
Basée sur la floculation différentielle de HbCO par rapport à HbO mettant en jeu le pH isotonique des
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deux :
• HbCO ne
commence à
floculer qu’à
pH = 4,5
• HbO
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commence à
floculer dès
pH=6
Si on amène le sang de son pH normal (pH=7,4) à un pH intermédiaire entre 6 et 4,5, l’HbO précipitera alors
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que HbCO restera en solution
VIII. Prévention des intoxications au CO : La prévention des intoxications au CO passe par :
Une meilleure information du public (Les campagnes d’information menées par les ministères de
l’Intérieur, de la Santé et du Travail devraient être plus nombreuses)
le respect de la loi ou des recommandations existant pour les locaux professionnels, et la Surveillance
régulière par le médecin du travail des sujets exposés (Une détermination périodique du taux de CO
pendant l'exposition).
L’entretien préventif régulier, par des professionnels, des appareils de chauffage, des chauffe-eau et des
conduites d’aération, et l’utilisation adéquate de certains autres appareils;
l’installation de détecteurs de CO près des sources potentielles.
Conclusion
- Les sources de CO sont nombreuses et variées, et le caractère insidieux de ce gaz en fait un toxique
redoutable.
- Les complications, essentiellement neurologiques et cardio-respiratoires, peuvent engager le pronostic
vital à court terme, et requièrent un traitement urgent, dont l’oxygène est la pierre angulaire.
- Le syndrome post intervallaire peut entraîner des
séquelles neuropsychiatriques sévères et
sa fréquence impose une surveillance prolongée au
décours de l’intoxication.
- La prévention est un élément indispensable de la prise en charge globale de ce type d’intoxication.