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Résumé :
La performance de l’université Marocaine est sévèrement critiquée. On lui reproche un
faible rendement, une gouvernance hésitante, souvent sans boussole ou soubassement
théorique. C’est dans ce contexte que s’inscrit notre travail de recherche. Pour ce, on va tenter
de faire le point autour de la gouvernance universitaire, en puisant dans la théorie des
organisations pour identifier quelles sont les approche adoptées à travers quelques modèles
organisationnels de l’université, ainsi qu’une proposition d’une typologie optimale des
conceptions des universités en vue d’en évaluer leur performance. Les éléments de la
gouvernance stratégique universitaire seront aussi exposés pour conclure avec quelques
problématiques majeures dans le cadre de la gouvernance universitaire au Maroc. Conscient
que le volet Humain constitue toujours la pierre angulaire dans la réussite de toute réforme, un
profil des compétences stratégiques indispensable pour les managers sera identifié
Mots clés :
Performance - gouvernance - université – modèle organisationnel –Maroc.
Abstract
The performance of the Moroccan university is severely criticized. It is criticized for
poor performance, hesitant governance, often without compass or theoretical basis.
This paper suggests an organizational model to enhance performance through
governance mechanisms. First of all, we will try to take stock of university
governance, drawing on the theory of organizations to identify what are the
approaches adopted through some organizational models of the university. Then, we
will suggest optimal typology conceptions of universities in order to evaluate their
performance. The elements of university strategic governance will also be exposed to
conclude with major issues of Moroccan universities. Aware that the Human aspect is
always the cornerstone in the success of any reform, a profile of strategic skills
essential for managers will be identified.
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Introduction
Le terme gouvernance est devenu très répandu dans notre vocabulaire quotidien, il
définit la manière dont s’exerce le pouvoir et s’applique à différents niveaux, à savoir le mode
de fonctionnement et les processus de prise de décisions des institutions étatiques à tous les
niveaux (régional, local), ainsi que les relations de l’Etat avec les citoyens / citoyennes et avec
le secteur privé. La gouvernance d’entreprise ou institutionnelle (« corporate governance »)
comprend les différents processus, politiques et habitudes, qui influencent la manière dont une
institution est gérée, dirigée et contrôlée. Cette notion inclut également les relations entre les
différents acteurs impliqués (management, staff, partenaires, bénéficiaires) et les buts de
l’institution elle-même. Les principes de redevabilité, de risques et d’efficacité sont au centre
de cette notion.1
Conscient que le volet Humain constitue toujours la pierre angulaire dans la réussite de
toute réforme, un profil des compétences stratégiques sera identifié pour les managers. Une
présentation sommaire de quelques modèles organisationnels de l’université sera suivie par un
traitement de la gouvernance et de la gouvernance universitaire. Quelques clés de la bonne
gouvernance universitaire dans le contexte marocain seront proposées.
1
Direction du développement et de la coopération (DDC) Département fédéral des affaires étrangères (DFAE),
La gouvernance comme thème transversal: guide d’orientation pour sa mise en œuvre, Berne, Suisse, 2007,
consulté en ligne sur www.deza.admin.ch/ressources/resource_fr_156840.pdf , le 13 janvier 2013 ; page 5 et 6.
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En pratique, le risque potentiel c’est que les dirigeants peuvent avoir d’autres objectifs et
d’autres intérêts. Ce conflit ou divergence d’intérêt entre actionnaire et dirigeants envoie à la
notion de propriété, du pouvoir et du contrôle. Suite à de grands efforts de réflexion et de
recherche, l’entreprise arrive à faire coïncider les intérêts des managers avec ceux des
actionnaires.
Toutefois, les principes de gouvernance d’entreprise se veulent comme moyen par lesquels les
dirigeants se conforment aux respects des objectifs des actionnaires externes et minoritaires.
L’approche «stakeholder» (ou approche partenariale) est plus étendue que l’approche
Shareholder. En plus des actionnaires, les salariés, les clients, les fournisseurs, les créanciers
financiers, les pouvoirs publics, les communautés locales…sont aussi concernés par l’activité
de l’entreprise qui veille à la défense de leurs intérêts. Il s’agit de tous les acteurs qui sont
engagés contractuellement avec l’entreprise: celle-ci a besoin d’eux et ils entendent tirer de
leur engagement une rémunération ou une rente. Les stakeholders sont donc des acteurs
nécessaires à la création de valeur, il faut donc négocier avec chacun d’eux son apport et sa
rémunération.
Les spécificités de l’enseignement supérieur nous rendent plus attentifs dans l’utilisation des
concepts, théories, lois et méthodes. Notre souci principal est de ne pas les transposer
aveuglément dans ce système, surtout qu’ils sont généralement issus du monde de
l’entreprise. Une attitude attentive est alors fortement sollicitée.
Quant à l’institution, selon Ardoino3, c’est « un système de normes qui structure un groupe
social, règle sa vie et son fonctionnement ». Pour lui donc, l’institution universitaire peut être
perçue comme « un système qui a des règles propres régissant sa vie et son fonctionnement ».
Ces règles sont néanmoins fonction des missions qu’elles poursuivent, des besoins des
populations et aussi du temps (contexte actuel et tendance future).
Nous remarquons qu’il se limite à seulement deux missions et qui sont la formation et la
recherche. Nos différentes lectures nous ont permis de cerner la triple mission de
l’enseignement supérieur, et qui en plus des deux missions déjà citées, en rajoute le service à
la collectivité. Cette troisième mission vient étendre la raison d’être de l’enseignement supérieur
pour prendre en charge aussi le développement et la diffusion du savoir et de la science au profit
de l’ensemble des membres de la société.
2
S.W.BATIONO« La contribution des conseils d’administration à la gouvernance des universités: de
l’expérience de l’Université du Québec à Chicoutimi à la proposition d’un modèle efficace pour l’Université de
Koudougou au Burkina Faso », Université Senghor, Alexandrie, Egypte, 07 mars 2011.
3
J.ARDOINO, P.BOUMARD et J.SALLABERRY «Actualité de la théorie de l’institution» collection cognition
et formation, édition l'Harmattan, Page 30, Paris, 2003.
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Nos recherches dans la littérature des théories des organisations et du management ont
conduit à trouver une multitude d’approches qui peuvent être adoptées par l’université. Nous
exposons ici en bref quelques-unes d’entre elles:
P. LUCIER, «L’université québécoise: figures, mission, et environnements», les presses de l’université laval,
4
Canada, 2006.
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Raison d’être La mission, les objectifs, les valeurs et les politiques de l’université
Toute organisation comprend cinq parties: le centre opérationnel, un sommet stratégique, une
ligne hiérarchique, une technostructure et des services de support.L’université serait, à la
lumière de ce modèle, une bureaucratie professionnelle parce que l’essentiel du travail est
effectué par la « base opérationnelle », partie clé de l’organisation où se situent les
enseignants et professeurs.
Un essai de projection de ce modèle au système de l’enseignement supérieur marocain nous
donne le résultat illustré par le schéma suivant :
F.KAST et J.E. ROSENZWEIG, “Organization & Management”, New-York: McGraw Hill, 1985.
5
H. MINTSBERG, Structure et dynamique des organisations, Paris, Édition des organisations, 1998.
6
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Source: extrait adapté de la composante design organisationnel, projet PROCADEM, Mai 2007
C’est l’approche la plus récente et la plus en vogue pour ce qui est de l’université. Elle
s’inspire du modèle de gestion de l’entreprise et elle est très présente dans des pays comme le
Canada, les Etats - Unis d’Amérique. Ainsi, l’université est placée dans un contexte de
concurrence afin d’obtenir les ressources financières, technologiques ou humaines.
Cette conception considère le savoir comme une marchandise, une valeur ajoutée qui nourrit
un avantage concurrentiel, « la gouvernance apparaît comme un moyen de renforcer
l’efficience, un moyen d’éviter les conflits d’intérêts, un moyen d’atteindre la mission de
l’institution universitaire »7.
Dans cette perspective, nous considérons que la perception de l’université, comme une
entreprise, doit être nuancée, car contrairement à l’université, l’entreprise à l’obligation de
faire du bénéfice, du profit pour assurer sa survie. Cependant, il existe des similitudes entre
les deux dans leurs modes de gestion. Dans ce sens, l’institution universitaire peut emprunter
de l’entreprise des critères permettant de mesurer sa performance, tout en respectant les
particularités des institutions universitaires. L’évaluation constitue donc un axe de recherche
crucial dans le devenir du système de l’enseignement supérieur.
Une typologie optimale des conceptions des Universités en vue d’en évaluer leur performance
est exposée dans le tableau suivant :
Tableau 2. Typologie optimale des conceptions des universités en vue d’en évaluer leur
performance
7
J.M.Toulouse, Rapport du groupe de travail sur la gouvernance des universités du Québec, Institut sur la
Gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), Montréal, septembre 2007.Page 14.
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Le concept de gouvernance n’est pas nouveau. Très en vogue ces dernières années, il est
utilisé dans plusieurs contextes comme la gouvernance d’entreprise, la gouvernance
internationale, la gouvernance locale, la gouvernance universitaire.
Il a beaucoup évolué depuis son apparition dans les débats sur la problématique du
développement vers la fin des années 1980. Dans les premiers essais classiques en sciences
politiques sur le sujet, on parlait du concept de “gouvernabilité”, qui plaçait le “droit” et “
l'ordre” au centre du développement. A la fin de la guerre froide, le concept de gouvernance
s’est substitué à celui de “gouvernabilité”. Il a été défini comme le remodelage ou la
réinvention de la gestion publique pour faire face aux nouveaux défis du développement à
l’ère de la globalisation. La gouvernance aborde maintenant les questions reliées aux
mécanismes nécessaires à la négociation des différents intérêts dans la société. Elle est de plus
en plus perçue comme un concept englobant une série de mécanismes et de processus
susceptibles de maintenir le système, de responsabiliser la population et de faire en sorte que
la société s’approprie le processus (Johnson, 1997).
La gouvernance est souvent utilisée comme synonyme de gérer, c’est à dire administrer,
s’occuper de quelqu’un ou quelque chose de manière suivie et attentive. Gérer, terme au sens
élargi, il s’applique aussi bien au fait de diriger une administration, une banque mais aussi une
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- Participation : implique que tous les groupes de population doivent être associés aux
processus politiques et sociaux qui les concernent. Ceci signifie qu’il existe des espaces
ouverts de confrontation d’opinions et d’intérêts exprimés par différents groupes, et que
ces points de vue sont pris au sérieux pour les prises de décisions.
- Efficacité : implique que les ressources financières et humaines doivent être utilisées de
manière optimale (c’est-à-dire que le but est fixé en fonction des ressources ou que les
ressources sont adaptées au but fixé), sans gaspillage, ni corruption, ni retard.
8
Direction du développement et de la coopération (DDC) Département fédéral des affaires étrangères (DFAE),
La gouvernance comme thème transversal: guide d’orientation pour sa mise en œuvre, Berne, Suisse, 2007,
consulté en ligne sur www.deza.admin.ch/ressources/resource_fr_156840.pdf , le 13 janvier 2013 ; page 14.
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D’autre part, et à partir de la définition des qualités de la bonne gouvernance des institutions
publiques, édictées par l’ONU, nous exposons les caractéristiques majeures qualifiant la
bonne gouvernance et qui sont de l’ordre de Huit:
(1). La participation des hommes et des femmes dans une démocratie représentative, en
prenant en considération les membres les plus vulnérables de la société lors des
prises de décisions. Cela implique la circulation des informations, une bonne
organisation, et le respect de la liberté d'association et d'expression.
(2). Le respect de la loi, le respect des droits de l'homme, un système judiciaire
indépendant et une force de police impartiale.
(3). Le respect de la transparence dans la prise de décision et son application afin
d’obéir aux règles et aux réglementations. L'information doit être disponible,
accessible à tous ceux qui seront affectés par de telles décisions et leur application.
(4). La réactivité afin de permettre aux institutions et procédures de servir toutes les
parties prenantes dans un délai raisonnable.
(5). La gouvernance requiert une médiation entre les différents intérêts de la société
pour atteindre un large consensus sur ce qui est dans le meilleur intérêt de toute la
communauté et la manière dont il convient de l'atteindre. Elle exige aussi d'avoir
une perspective à long terme pour un développement humain durable.
(6). L’équité et l’absence d'exclusion pour atteindre le bien être dans la société. Ceci
implique que tous les groupes aient l'opportunité d'améliorer ou de maintenir leur
bien-être.
(7). L’efficacité pour produire, avec des ressources utilisées au mieux et dans le respect
de l’environnement, des résultats répondant aux besoins de la société.
(8). La responsabilité des institutions gouvernementales, du secteur privé et des
organisations de la société civile vis-à-vis du public mais aussi vis à- vis de leurs
parties prenantes institutionnelles. L’organisation ou l’institution est responsable
devant ceux qui sont affectés par ses décisionsou ses actions.
9
http://www.leaders.com.tn/article/quelles-geostrategies-pour-l-enseignement-superieur-en-tunisie?id=9257 ,
consulté en ligne le 27 Avril 2013.
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En parallèle, des compétences stratégiques s’imposent pour pouvoir répondre à ces questions.
C’est dans ce sens qu’une étude dans le cadre du projet maroco-canadien « PROCADEM »10 a
identifié un profil des compétences stratégiques attendues dans la perspective d’une nouvelle
culture managériale. Ce profil comprend dix compétences stratégiques:
10
Projet de renforcement des capacités institutionnelles du système éducatif marocain dans la mise en œuvre de
la décentralisation/déconcentration de l’éducation au Maroc
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Conclusion
En fin, autres que le volet organisationnel et législatif, nous restons convaincu que le
développement des capacités managériales des cadres dirigeants du système marocain de
l’enseignement supérieur public reste une étape capitale dans le grand chantier d’instauration
de la bonne gouvernance de ce système. Pour ce, nous prévoyons étendre la présente
recherche par une autre jugée complémentaire ; dont l’objectif serait une proposition
méthodologique de quelques clés managériaux jugées indispensables pour la bonne
gouvernance universitaire au Maroc.
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Catherine Larouche, « la validation d’une typologie des conceptions des universités en
vue d’évaluer leur performance », Thèse présentée à la Faculté des études supérieures
de l‘Université Laval dans le cadre du programme de doctorat en administration et
évaluation en éducation pour l‘obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.),
Laval, canada, 2011.
Direction du développement et de la coopération (DDC) Département fédéral des
affaires étrangères (DFAE), « La gouvernance comme thème transversal: guide
d’orientation pour sa mise en œuvre », Berne, Suisse, 2007, consulté en ligne sur
www.deza.admin.ch/ressources/resource_fr_156840.pdf , le 13 janvier 2015.
F.KAST et J.E. ROSENZWEIG, « Organization & Management », New-York:
McGraw Hill, 1985.
H. MINTSBERG, « Structure et dynamique des organisations », Paris, Édition des
organisations, 1998.
http://www.leaders.com.tn/article/quelles-geostrategies-pour-l-enseignement-
superieur-en-tunisie?id=9257, consulté en ligne le 27 Avril 2015.
https://whc.unesco.org/
J.ARDOINO, P.BOUMARD et J.SALLABERRY «Actualité de la théorie de
l’institution» collection cognition et formation, édition l'Harmattan, Paris, 2003.
J.M.Toulouse, Rapport du groupe de travail sur la gouvernance des universités du
Québec, Institut sur la Gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP),
Montréal, septembre 2007.
P. LUCIER, «L’université québécoise: figures, mission, et environnements», les
presses de l’université laval, Canada, 2006.
Projet de renforcement des capacités institutionnelles du système éducatif marocain
dans la mise en œuvre de la décentralisation/déconcentration de l’éducation au Maroc
S.W.BATIONO« La contribution des conseils d’administration à la gouvernance des
universités: de l’expérience de l’Université du Québec à Chicoutimi à la proposition
d’un modèle efficace pour l’Université de Koudougou au Burkina Faso », Université
Senghor, Alexandrie, Egypte, 07 mars 2011.
www.enssup.gov.ma
www.men.gov.ma