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LE
MAL MAGIQUE
J. DESPARMET
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Ln merveille), du microcasvie humain.
Ibn Khalduu.v.
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ALGER PAHIS
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liti|iriDirrir JI'I.RS l'AKBONFI Librairie Orleolallsle PAIX i.BI THNKH
11. RUI-: LIVINO&ÏONE
13, Rl'E JACOB (TI'|
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193S
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ETHNOGRAPHIE TRADITIONNELLE DE LA METTIDJA
LE MAL MAGIQUE
PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES D'ALGER
ANCIEN BULLETIN DE CORRESPONDANCE AFRICAINE
1"
SÉRIE TOME LXII1
6HJ20/tf3
ETHNOGRAPHIE TRADITIONNELLE DE LA METTIDJA
LE
MAL MAGIQUE
PAR
DESPARMET
Ibn Khaldouin.
ALGER PARIS
Imprimerie JULES CARBONEL Librairie Orientaliste PAUL GEUTHNER
11, RUE LIVINGSTO.NE 13, HUE JACOB (VI')
1933
A mon fils Jean-Paul
AVANT-PROPOS
sous des maîtres européens. Ils ont si bien adopté nos métho
élève de Pasteur.
Ceux-là oublient que leurs pères ont résisté à nos techni
ques presque autant que leurs arrière-grands-pères à nos ar
siècle n'en ail gardé aucune trace, car rien n'est moins sen
la limite,
reculé lels que Rhazès. El Madjoussi (le Mazdéen
Mi Ben Abbas) el Avicenne. Pour sa part, l'Andalousie en
a compté plusieurs, dont le plus célèbre esl Avenzoar Mais.
«le nos jours, dans les Villes musulmanes, il semble être
— ~
placer.
el l'Islam.
En effet, six siècles après Ibn Khaldoun, en i83o, nous l'a
vons trouvée établie au Maghreb ee de temps immémorial »,
nique.
Il
—
me de l'âme humaine, qui esl pur esprit, mais elle est iné
galement répartie, Il y a trois classes d'ànies (nofous;. dit
ee-
qui
à la limite inférieure du monde spirituel, aux perceptions
dans la révélation.
les voiles des sens s'écartent pour eux », dit Ibn Khaldoun.
ee
Cependant, ce n'est pas à la suite d'un dessein préconçu,
ceptions que ces voiles leur avaient cachées. (Ce sont les de
vins de toute catégorie). Ils ont eu recours, pour y parve
17 —
gard sur son 'monde, car le monde des Esprits esl le monde
quitte, lanLôl par la voie des songes, tantôt par les suggestions
en songe après avoir déclaré que les songes vrais sont procu
be médiéval.
meut les muscles slriés aussi bien que les muscles lisses,
règle les sécrétions et les fonctions d'organes que la conscien
qu'en les ouvrant. C'esl par celle voie que, d'après la croyan
jus-
à la discipline scientifique ; nous avons pu y observer
22
phe
y surprend sur le vif le fonctionnement de l'esprit hu
main à , un stade de développement intermédiaire entre la
vie sauvage et la vie civilisée. D'ailleurs la critique aurait tort
lion renie déjà, mais qui avail son charme de naïveté, son
prestige historique, sein inlérèl humain, son harmonie d'adap
tation, el que nous aurons vue brutalement, Iraginuement
emporlée. avec le milieu anachronique qui la sauvegardait,
par l'irruption violenle de- la civilisation européenne.
Chapitre 1
Rahma, sous des dehors imposants et lui dit : << Job n'a élé
Et
quel est le roi de la (erre ? demanda-t-e]le. —
C'est moi.
24
— —
maux.
—
Je vais lui en demander la permission. » Quand
elle lui eut formulé sa demande, Job lui répondit : « Je le
de qui je fais naître Ions les bonheurs. Tant pis pour celui
d'une chose qui n'est pas : e< Plût à Dieu qu'elle fût! » (Nozhat
elmadjalis, I, p. 091. Il n'y a pas eu de malfaçon dans la
création cl il n'y a pas d'injustice dans la conduite du mon
de.
C'esl un lieu commun de la lilléralure arabe que les actes
rerait. »
a
casse',
mi perdu : on se eonlente de prononcer le souhait
sonnes ! »
pris, sauf celui qui l'a dépouillé de ses péchés, ee Mon Dieu,
dois-je les lui rapporter ? —
l'atteint dans son corps, dans ses enfants ou dans ses biens et
ag
ce
j 'ai décidé de le soumettre à celte épreuve pour épie je
puisse i'v, élever. » Le Prophète, a dil : ee Quand Allah aime
Et comment le sau-
vcgarde-t-il ? —
malheur esl une grâce Mlah qu'il envoie à ses amis. « Aous
savez, dit le commentateur du Coran, Elklnizin, à propos de
Job (p. 270 du I. III de sou Comment.), qu'Allah accable
île maux les musulmans, les justes, les martyrs, les sainLs,
et que ces maux dont il les accable ne prouvent nullement
yeux, niais bien au contraire, qu'il veut leur faire une grâ
vois bien qu'il n'est pas sans affection pour toi. » Elghazali
raconte qu'Amar beu laser avant une épouse qui jamais n'é
ser une femme d'une grande beauté, comme on lui dit que
il. —
lonté de l'Etre qui est tout amour pour nous, d'un .abandon
de la vue
:' —
La volonté d'Allah, répondil-il, m'est plus chè
Allah n'a pas mis ici-bas une maladie sans lui joindre son
Et laquelle,
Envoyé d'Allah ? lui demanda-l-on. —
La désagrégation de
Lui qui rend malade .., dit Elkhazin, dans son commentaire
Quand la
maladie vient du ciel, répondit-il, tout remède perd ses ver
32 —
3
-
3/, -
v l'île de ténèbres ».
die »
—
Ibn Abbas :
Elghasiq est la nuit quand elle s'avance (ouaqaba)
avec ses lénèbres, venant de l'Est. On aurait appelé la nuit
Dieu sa protection contre elle parce que dans son sein s'égail
les
astres et leurs influences néfastes ; puis,
■>"
dre la lune dans une bassine d'eau ; et elles vendent cher cette
eau réputée pour les philtres amoureux et d'autres maléfices
ne doute pas des vertus de leur eau de lune, mais elles doi
vent en acheter l'efficacité, dit-on, par le sacrifice d'un de
leurs plus proches parents. Les Arabes de la campagne autour
mènes auxquels elle donne lieu, l'on cite ceux qu'elle provo
que dans les corps des animaux : ceux-ci sont plus vigoureux
dans les moments où la lune grandit et brille de lout son
38 —
sel et la semoule. —
I ee Salut à vous, gens des étoiles (ahl endjoum), tous tant que
vous êtes —
comptés,
—
faili's-le lever ; —
ges, fouettez-le ;
—
ne
aucune peine-
à croire'
le comnienlalcur du Coran qui leur
montrait un ennemi de leur santé dans la constellation des
Pléiades ou dans la Lune Celles-ci leur paraissaient des puis
sont, à nos yeux que des corps bruts. Nous ne pouvons tous
les passer en revue. Nous nous contenterons de montrer que
de netteté, les salamandres, les sylphes, les ondins -et les gno
pairie, celui qui esl assassiné pour son argent, celui qui suc
cents maladies. »
même litre que les oiseaux, les b-éles terrestres, les génies et
les hommes, ee Vous lui soumîmes le vent dégagé dans son
essor et, courant partout où il voulait (Cor. NWVHI, 36.) »
dait aussi prompt que l'éclair où il vendait... lit le- Vent d'Est
(le se tenait debout devant
çahti)
Salomon, el si quelqu'un
—
hl —
et ne pardonnent pas. »
pas des génies domestiques qui leur est offert par l'intermé
diaire des génies du foyer ; ils doivent être servis avant les
maîtres humains du gourbi. Dans tous les de Blida,
environs
ci'
qu'il a engendré. » L'auteur expliepie : ee celui qui habite
le pays, c'est le djinn (le génie du lieu), et l'on dit que le
44 -
à ce nom.
listes que nous possédons sur lui : les autres détails le ran
gent parmi les êtres fabuleux. Une des légendes, qui le con
phètes.
titieux, tous ceux en un mot qui dans notre siècle restent les
gardiens de la tradition maghrébine, ont une tendance à ex
pliquer les phénomènes naturels en général, et ceux d'ordre
nosologiquc en particulier, par les imaginations de l'animisme.
Chapitre III
La Kahina
préservatrices.
le trouver. <e Un juif, lui dit celui-ci, t'a jeté un sort ; il a noué
pu des liens. »
nies.
-49-
mens île. sa légende : nous avons sous les veux près de deux
cents pages de documents que nous croyons devoir résu
mer.
de devant les
massif. « Eddekna, la Noiraude, affectait prier
leurs linceuls. »
prit. Dans nos légendes sur les sorcières nous voyons des
excréments servir au baptême d'une kahina. ee La vieille Da'-
cière.
seule le sueur peut l'en laver, la sueur que son corps émettra
—
5i —
les. 11 paraît que l'on trouve parfois cette mode parmi les
vieilles femmes de Blida ; mais, pour celles-ci, elle n'est
dilection.
On croit que J'islidradj ne confère qu'une possession tem
ou tsemmerlha). »
pur la possession.
ment. »
même.
turgique esl illimité ; il s'étend aussi loin que celui d'Iblis sur
che, elle se gèle ; elle souffle sur un gourbi qui est empor
sur un chat qui grossit en bœuf, sur une jument de prix qui
Elle bâtissait une ville sur les dent d'un peigne. Il lui suffi
fin on-
vit ce balai pour ainsi dire devenir un cheval (l;elli re-
sultan des Saints). Elle lui fit revêtir un caftan de soie, coup"
58 —
le a prévues.
Dans une autre circonstance, ee elle jette sur les yeux des té
moins un bandeau magique que l'on appelle ee fiâmes », c'est-
calme l'opinion avec ces mots : « C'était une fille, elle aura
logie, il n'est rien qui plus que les choses de l'amour s'en
Toutes les légendes que nous avons recueillies sur les kahi-
sais ? »
Et, par ses enchantements, l'étranger l'enchaîne sans
de. »
lier tout vêtu de blanc qui s'arrêta près de Lemta et lui dit :
64 —
sent les faits, mais disent que Larbi, chef de la famille, agis
neuf morceaux,
—
ghrébins (voir mes Cmiles sur les <! fiouls). Enfin, le marabout
AIgé-
qu'a rapporté Malek, le fondateur du rite suivi par les
—
65 —
5
—
66 —
sances spirituelles. Elle est dans tous les cas l'Evocatrice, mais
on attribue son action à la collaboration des bons Génies,
quand elle esl favorable, et aux mauvais, quand elle est nuisi
l'opinion.
Il est mieux porté de jouir du pouvoir surnaturel du sorcier
de sa puissance'
que pour répandre autour de lui le bonheur
el la prospérité ; son influence porte alors le nom de baraka ;
-
67 -
ayant fait périr des troupeaux, le froid enfin ayant tué des
hommes dans la montagne, une vieille femme des Oulad Sul
tanvit en songe Sidi Ahmed elkebir qui lui déclara : ee An
1 apportée dans tous les cafés. Elle révéla que ces trois mys
formuler ainsi
| l'étal d'un pays dépend des dispositions dans
lesquelles se trouve à son sujet son saint topique. En parti
sa cure.
dans la ville avec deux pigeons blancs sur la lèle ; des gamins
—
7° ~
d'Em-
divan, à la suite duquel ils apparurent en songe au père
qu'il a causée ».
ble d'enlever le mal qui l'a donné, Nombre d'entre eux pos-
—
—
7a
Vous sommes
tentés, sous l'influence de nos idées européen
nes, de reléguer dans la légende et dans le passé les Saints
maghrébins avec leur baraka cl leur chouka. H ne faut pas
les attaches avec la langue arabe, esl très répandu dans l'Afri
que du Nord el lui est probablement particulier. H a pour
tuant aux leurs les garantit contre les peines légales et les
remords de la conscience. J
J'ai publié dans mes Coutumes, institutions, croyances (p.
178, Blida, Mauguin, 190.5), la pratique connue à l'époque sous
« Celui qui a fait son dieu de ses paxsions, celui que Dieu
fait errer sciemment, sur l'ouïe et le coeur duquel il a apposé
est agréée ».
Clé-
exemple, la théorie de la formule : au nom d'Allah, le
menl, le Miséricordieux : en dernière analyse son énergie sur
sels sacrés entre les anges, on lui attribue pour son lot par
moulé sur une jument, s'élança dans l'abîme ; dès que le che
Il
saisissons la
du commentateur, le bismillah prononcé
pensée
pas cités parce que nous ne les avons pas observés dans notre
lui tend une épée aiguisée (id. p. 21) ; Belhindi, dans son
79
ment sur celui des dénions, des génies, des saints el des anges,
être dans la nature qui puisse leur être comparé pour le nom
L'Œil
6
le mal que nous cause un envieux quand il nous envie ».
humain ; elle
s'avèrq efficace à tous les degrés : inconciente,
consciente, volontaire, active, organisée ; nous la retrouverons
vais œil.
84 -
mon mal. » « Les fils de Djaafar ben Abi Taleb étaient des en-
œil esl prompt à les atteindre: prononce sur eux une formule.
—
parmi les Arabes, qui restait sans manger deux ou trois jours,
io5). De
telles précautions prises contre la fascination sur une tombe
nous prouvent que, dans la Maurétanie romaine, on redoutait
les effets du mauvais œil, même dans l'au-delà. Or, les des
cendants de ces Maures éprouvent aujourd'hui la même crain
-
beau du défunt, le troisième jour après sa mort, comme le
veut la coutume, les parents trouvent le tertre affaissé ou
sculpte plus des phylactères sur les stèles, mais près d'elles on
ci, réputé aussi fort que les séismes qui arrachent les cadavres
de femmes,
verbe s'attaque même au
fumier'
où l'on jette les
cendres du foyer » ; qu'il s'en prend à toute
c'est-à-dire, mar
tront sans doute pas tels qu'ils se sont passés, mais ils sont
tels qu'ils ont été vus, compris et traduits par les Indigènes :
—
86 —
t-il ; elle est aussi haute que la clôture d'en face ». Il n'ajou
sur lui cl lui brûla les bras el les jambes si gravement qu'il
dut s'aliler et, à la longue, à cause de l'infirmité que lui
laissa l'accident, fut obligé de fermer son café ».
« Un joueur de kamrndja
d'Alger, Mamad Cheikh, embau
ché pour une soirée dans une ferme' chez les Saouda, montait
-87-
lant y monter, elle tomba dans les roues qui lui brisèrent la
jambe ». Toute parole marquant l'admiration, la surprise, l'en
tres, de sorte que tous les trois furent perdus. Furieuse, elle
courut chez la voisine et lui fit une scène violente, lui disant :
« Je te défends d'amener cette femme chez moi ; puisses-tu
dre ee des coups de canon ,., d'après les unes ; une vraie fusilla
de, d'après les autres ; mais, pour tous, la preuve fut faite que
tête que l'une des assistances l'a frappée du mauvais œil. L7ne
brodeuse arabe emporte un métier ; elle le couvre, l'enveloppe
avec soin, le dissimule ; elle tremble qu'une envieuse le voie :
qui travaille son fils, lui dil : <e Une femme malheureuse dans
ses enfants ou n'en pouvant avoir a fixé les yeux sur le tien
el a bramé de désir, « a brait dans son cœur (chaqct fi qel-
degré de tension chez les étrangers el que, par suite, leur jalou
à craindre.
gent pas. Et cette superbe jeune fille qui affronte tous les
regards à visage découvert. Ah ! si elle était musulmane, elle
serait vite frappée du mauvais œil et on l'aurait bientôt méta
morphosée (sekhkhtoiiba) ; pour son imprudence, elle serait
des sœurs de son mari ; et tout autant des amies de son âge
qui courent la même chance : <e Le mal œil pourrait lui des
sécher son fruit ; exactement, le lui durcir, le changer en
Non, se hàte-t-il
de répondre, je n'en ai qu'un, les autres sont à mon voisin ».
moins pour eux que les conséquences d'une trop vive admi
l'on loue pour l'aide (on les appelle des rouleuses de cous
elle doit porter sur les bonnes choses qui constituent le bien-
kheli'
d'eau dont elle esl l'abonnée ; et les gens à qui elle en pré
s'il plait »
croyances,
tion, Jourdan, 1913, p. 187). Ces souhaits el le nom d'Allah
rendent la jalousie inoffensive, si elle se produit. Mais, ce qui
bat, p. g'i) ».
tore qui, étant assis un jour avec des amis, vit passer un
même, dans son foie, dans ses reins et sur les créatures qui
Tu mens. » Et
Mahomet lui braqua sur les yeux ses deux doigts tendus. Le
(Nozhai-el-
lendemain, en se réveillant, il se trouva aveugle
deux doigts perforateurs ne peut que les aider clans leur fonc
tion magique.
titieux.
« Dieu nous garde des gens qui ne brandissent et n'assènent
97
empare et
y trouve sept piments de Cayenne, ou, suivant
l'expression arabe, ee sept cornes de, piments des Cuenaoua
Ce rili'
esl inspiré, de l'aveu de celles qui le pratiquent, « par
invités.
Ne nous laissons pas tromper par les métaphores que nous
tant le culte magique dont les astres sont l'objet. Nous ferons
remarquer seulement que le Prophète lui-jnème a signalé à
l'attention de ses fidèles les vertus dont jouit le Croissant
contre le mauvais œil. <e Le Musulman, a-t-il dit, qui, en
voyant la nouvelle lune, prononcera la formule : « Louange à
Dieu », puis bénira Dieu et récitera sept fois la Faliha, par
saints, une arme, contre les ennemis, une aide pour les infir
mes ; de plus, il met en fuite le Démon ; les pervers (fadjer,
malandrins et sorciers) se font humbles devant lui ; il est pour
l'amande amère sera protégé par Allah contre tout fauve nocif,
qu'il soit rentré parmi les siens chez lui ; et, jusqu'à son
dans le rile précédent à ceux d'entre eux qui sont les plus
redoutés.
rieure.
œil et la sorcellerie ».
fit » dans les services que leur rendra leur cheval et l'em
pêcher d'être atteint du mauvais œil.
ont ravi leurs forces, disent-elles. Après avoir passé pour les
leur métier en dégoût : elles sentent que ee l'œil est sur elle » ;
mains sonl alourdies. Moi qui regarde les gens d'un œil grand
certaines pratiques qui ont fait leurs preuves et qui ont été
recommandées par Celui sur qui soit la bénédiction et le sa
son corps ; puis, il verse l'eau dont il s'csl servi sur la tête
du fasciné; on l'invile à formuler une prière en faveur de sa
porain.
de) ee Maître des mondes, Créateur des êtres ,,. Mon Dieu,
Créateur, Maître des cieux et de la terre, Créateur de tout,
et pouvant tout, mon Dieu, garde ce coursier contre le mal
fendra ».
—
Que l'œil
—
—
106
ainsi en forme, par les vertus de tes noms de Maître des mon
entend (sami'), celui qui sait (allam), etc., tous noms tirés
œil, paraît-il, elles placent une jointée d'orge sens son oreiller
107
de son âme.
L'opposition entre les procédés féminins et la méthode mas
trice.
On peut noter, non seulement dans les livres mais dans les
à'
milieux les plus divers, une tendance faire du mauvais œil
effet que, lorsque le plat chancelle, c'est que ceux qui le regar
bien évident que pour ces auteurs, et pour les Indigènes, qui
nisme signale dans notre: vie morale. 11 faut donc voir dans
la <e nefs » noire âme appélilive et passionnelle, donl l'homme
a toujours senti la présence en lui. Instinctive et brutale, elle
d'un certain slaelc. Les livres en font foi. Voyez la prière que
-
Mon Dieu, assujettis-moi chaque mer el chaque montagne,
chaque fer el chaque venl. chaque démon d'entre les génies
Le Souffle
âme passionnelle.
flé ». pour dire : il nie l'a rav i ; nos vieux sermonaires se trans
mettaient l'expression biblique : « Dieu souffla sur les peu
souffle pas sur son bras met iensef chi ala dra'uuli. » Si nous
ng
inspire les songes mauvais, celui qui se pose sur les chaus
recommandable.
C'est elle aussi qui opère dans le cas qui nous occupe. S'il
n'intervient aucune passion, aucune intention précise, dans
le souffle cl la sputation, ce ne sont plus que des réflexes in
différents, qui relèvent de la respiration ou de l'expectoration.
Mais si la nefs se trouve en état d'exaltation ; si la folle du
logis a sa crise ; si, avec son illusionisme qui défigure et tru
que la nalure autour d'elle, l'âme passionnelle s'attache à ex
LA MAGIE PERSONNELLE
La parole
set s 9). »
tous les anges... et Dieu fit défiler tous les êtres devant les
Elmamoun en
827 ; mais la réaction religieuse fut si vive que,
quelques années après, en 85 1, un autre calife, Elmotaouakkil,
rétablit officiellement la doctrine chère aux orthodoxes ; et,
depuis lors, elle est restée un dogme acquis à l'Islam.
Ainsi donc, le Coran a été déclaré coéternel à Dieu et il
l'est resté pour ses sectateurs. Il s'ensuit qu'avec lui la pa
I. L'Incantation
chose soit, il lui dit : Sois ! et elle est. » Donc, l'homme pos
du verbe divin.
Ainsi se justifie, devant la logique populaire, la puis
de mal. 11 faut que celui d'entre vous qui peut rendre service
Compagnons. —
bin. Il faut noter que les simples, qui se servent de ces for
gique de la parole.
II. La Prière
128 —
par elle il influe Dieu et, sur son par lui, sur le monde. Le
naturaliste Eddamiri, dans l'article qu'il consacre à l'homme,
dans son livre de Haiat elhaïouan, après l'avoir proclamé le
roi de l'univers, continue en citant longuement les prières
qui lui permettent de réaliser tous ses désirs. Il est évident
que, pour ce zoologiste musulman, la supériorité de l'homme
lui vient de, l'ascendant que la prière lui donne sur Allah ;
consigner les diverses oraisons que lui fournit la tradition
sacrée, c'est dénombrer les ressources sur lesquelles il fonde
sa domination du monde.
une violation des droits du sang ; enfin tout fidèle tant qu'il
.ag
re. Elle sert contre les malheurs déjà arrivés en les dénon
çant et contre ceux qui ne sont pas encore arrivés en les ar
9
—
i3o —
elninioïil, p. 63).
La rêverie du Grand Vocable et d'autres étroitement unies
d'un des jours de malheur dont elle était, menacée ... Bond
clakhiar. p. (ji). \insi s'exprimait Mahomet : et. il ne dédai-
—
i3i —
noncez ce mot :
Khdirèn, du bien ! Les anges répondront :
le cadeau ? —
Noire maître ne vous envoie, rien que le sa
lut. —
Eh ! quel cadeau, répondit Salman, est plus riche
que le salut ? »
El, en effet, le Salam est ee la préservation
garde suprême.
IV. La Malédiction
i'
Craignez les mangonneaux des faibles, (cf. Boud. el akhiar,
p. 96) ». La grosse artillerie des petites gens, c'est leur ma
lédiction.
Mais, dans les malédictions, il se produit une complication
i33
— —-
gique.
lésé dans sa réputation ou, ses droits, il invile chez lui les
descendants du marabout, les traite à la mode antique avec
du couscouss -ou de la mahtimçu ou du berglicid ; puis, le
repas frugal terminé, il leur expose ses griefs et leur verse
à une injustice.
Il n'est pas rare de voir, dans une contestation, la partie
accusée'
à faux proposer à son adversaire » V unathcme parta
gé. Si c'esl moi qui suis le coupable, que Dieu nie punisse,
tion plane, quelque lemps, sur les têles de ceux qui ont été
maudils ; mais, quand elle ne liouve pas le coupable, elle
justifiées et imméritées ! »
i31
— —
mellri'
à Dieu le seiin de le justifier. Ne sais-tu pas que, lors
qu'un homme fait un serment il se produit une sorte de feu,
d'où s'élancent de terribles étincelles! Malheur à celui qu'attei-
i3û —
forci'
puissance spirituelle, une autonome. Elle prend je ne
V. Les Présages
se jette sur son maître, s'ii ne peut mordre celui contre qui
i36 —
né cet usage, ee
Laissez, a-t-il dit, les oiseaux où ils sont :
La parole favora
ble çâliha que l'on entend. » Dans une autre tradition, il au
i37
manda-t-il. —
Harb (Guerre).
-—
Je n'en
certitude. »
—
i38 —
Fils de
De' El-
qui ? —
Chihub (Flamme). —
De quel pays ? —
De
harqa (Incendie). —
Où habites-tu P —
A Elharra (Chaleur).
—
certains mots : c'est ainsi que choum qui veut dire sinistre
seau.
ques de l'Islam,
On lire encore les sorts du Coran étfàt innétmcçhaf. ceim-
me chez nous jadis les sorts virgiliens, les sorts des apôtres
i3g
qu'il construisait fut achevé et qu'il n'y eut plus rien à ajou
dit-il ; mais c'est une chose, qui s'est présentée à moi et qui
post hoc ergo propler hoc, ce qui est une suite est déclaré
une conséquence. L'observation nous montre que l'augure
mauvais est redouté dans l'Afrique du Nord comme la cau
lisse 7'0/6a : elle connaît cet art délicat de la parole qui évite
innombrables susceptibilités superstitieuses
de choquer les
des auditeurs.
,
le béni ; le couteau -khoudmi par boutchaq, l'ins
avec le Présage (le fâl bien connu) ». Pour tous les Mellidjiens
ce mol de goudron est malfaisant. D'un homme persécuté par
Tant que le lion a gîté dans les fourrés de l'Atlas, les Bli-
—
i ',3 —
j ;
pa-
de la racine h'bs qui signifie emprisonner, immobiliser,
ralvser je crois bien que la composition lexicologique du
;
mot entre plus que l'idée exprimée par lui dans la répugnan
cé. Mais il est bien rare que celle-ci ne fasse pas précéder ses
à le bien 6c'/'-
e. Je me suis plainte vous avec cchtkil elkoinn
de bes-
khir » ou. autrement : ee avec le salut celte demeure
himai luid éddar ; ou bien : Que la protection divine te serve
khouanna Imesselmin ! »
10
—
i ',6 —
lectifs.
D'ailleurs la superstition populaire s'appuye sur la tradi
tion écrite. Des oulémas célèbres dans l'école ont pris acte
14?
fièvre ; bien des gens sont morts d'une parole qu'ils avaient
le concevoir.
Chapitre VIII
LA MAGIE PERSONNELLE
Le geste
Dans la gb"
beau des êtres et il n'est chose qui soit plus belle que lui ».
—
i5o —
en lui ».
Créa leur ».
front ».
Le-
comnienlalcur Echcherbini ajoute : « Les arabes,
Je son front esl dans la main d'un Tel. Quand ils rendaient
pour balayer mon bien ». Une telle femme est mal vue dans
la famille ; on l'appelle le balai de Mai, par allusion à la
croyance que l'introduction d'un balai neuf en Mai ruine une
seoir aussi, ee C'est assez joiier ; cessez de nous boire le sang ...
Il On dit de'
n'en es| rien. même à des adultes, même silen
loi —
de l'habitation (fi qouçi bâb elbil), lieu habité par les génies
de la maison, appuyer les mains à droite et à gauche sur les
montants et balancer un pied en faisant le mouvement du
pendule —
gique du gain
(tsqâf errezg) ... Hommes et choses, loul en
et réalise —
un événemenl triste.
S'affaler languissammenl sur le sol, dodeliner de la lèle, os
des gestes mous réveillent chez les témoins l'idée d'un cada
un objet en fer sera maudit des anges, lors même qu'il serait
i56 —
de l'enfant décompose-
rompt (iercha), le corps se (iercha) de
son côté el il finit par périr.
se consumer.
cordon, un ruban, une tresse, qui ait été en contact avec l'en
fant que l'on veut ensorceler. Il faut savoir que, dans une com
fant ne partira pas seul ; il entraînera avec lui celui dont elle
Elle
y jette la
expose en
ébullition, elle grenouille vivante.
gériens.
i;ig
lant sur cet objet le phénomène que l'on vise à produire sur
la personne.
le tout ; les
2"
la contigus
i°
se confondent ;
3°
la ressemblance autorise l'assimilation ;
h"
le symbole peut remplacer le symbolisé. Le caractère d'évi
dence qui fait le succès des pratiques de sorcellerie tient à
—
160 —
ce que les fait l'intention. Elles n'entendent pas par là, com
tions, mais que la volonté est le facteur direct des actes et des
choses. Elles appellent niïa la volition et en même tempsTil-
son idée fixe la lui masque ; sa vie mentale est toute la vie
sions ; elles
y voient leur rêve à la place du monde existant ;
la tradition aidant, leurs processus psychiques se substituent
11
—
162 —
qui est dans les cieux et sur la terre (XXXI, 19). D'après le
livre révélé, Dieu a dit aux anges en leur annonçant la créa
La Tâb'a
ici ne sont autres que des démons, comme e< celui qui suggère
les mauvaises pensées », car Allah lui-même nous a avertis
qu'il
y a des diables présentant l'extérieur des hommes et
d'
iGI
par'
ment dits et aussi aux démons et aux anges. D'après une tra
du chapitre XX, v.
27 du Livre Saint, Dieu créa les génies
avec le feu du Samoum. « Le samoum est un feu sans fu
mée qui produit les éclairs ; son foyer se situe entre le ciel
les voyons pas (Eddamiri, art. génie. Coran VII, 26). Us peu
1
porter le Coran ee aux -deux races de poids (tsaqateïn) ». ee Les
génies comptent des musulmans et des mécréants ; ils man
ans „.
Très-Haut créa les Djanns. Il fit des anges les habitant» des
eieux et des Djanns les habitants de la terre. Mais, quand les
Djanns y furent établis, ils entrèrent en guerre avec les Binns,
qu'ils exterminèrent jusqu'au dernier el qui ne laissèrent en
cline trace. Les Djanns restèrent seuls sur la terre. Us se
,6;
cien sans
trop de déchéance aux yeux de tous, c'est dans le do
maine de la médecine.
Beaucoup de ceux qui les rangent par
maladies.
l(jl)
qui sévissait dans la Mettidja, lui fut comparée ; elle eut nom
la petite Peste ; on la vit sous la même figure, sautant d'une
terrasse à l'autre, dressant sa maigre silhouette au dessus des
cours intérieures et criant : « Je suis votre mère, Petite Joie,
et suis venue vous apporter la toux et le rhume .4 fia iemma-
d'un
msâma'
qui semblait tendre vers lui ses lames comme des mains : à
la première il jela un morceau de sucre, à la seconde de l'am
bre, à la troisième un bonbon turc, puis une dragée ; enfin
chaque vague eut sa friandise, qu'elle engloutissait aussitôt,
pendant que l'officiant puisait un peu de son eau dans une
rons ici le reste des documcnls que nous avons recueillis sur
les récoltes ; je raréfie l'eau. » Plus que dans ses biens, elle
Mais, si la Tâb'a étend ses méfaits dans tous les lieux, elle
règne plus particulièrement dans le gynécée.Son spectre hante
surtout souverainement l'imagination des femmes. Sa malice
i73 -
171
—
terrée définitivement.
Dans un taudis insalubre du quartier des Oulâd Soltan,
vivait une pauvre femme qui se plaignait d'avoir perdu sept
bian ses rigueurs passées : quelle que fût sa haine, elle devait
être assouvie par la constatation de sa septuple vengeance.
ii
Moi, je ferai vivre. Les de Sidi Abdelqader, de Sidi
poussins
i7b —
ses frères aînés ; on les plie alors et on les garde sans jamais
les laver ni s'en défaire.
Dans d'autres famille, on apporte à la femme enceinte qui
redoute la Tâb'a une poule noire, au début du septième mois
ramassée est serrée dans un pot que l'on glisse sous la çahfa
176 —
voyant sur le
d'accoucher, va chercher au
point marabout
femme emmaillotte cette pierre; elle lui peint deux yeux avec du
koheul et lui rend les mêmes soins qu'à l'enfant véritable ; la
mère lui présente le sein aux mêmes ihoments qu'à son petit.
garde ton frère qui a tété avec toi. Voilà ton frère de lait
(khou mnélhlîb). »
i77
a toujours été heureuse dans ses enfants ou qui n'en a pas et,
bioua'
D'après une aulre version que l'on trouve dans le Badaïa es-
T79
moment critique, qui esl l'âge où ses frères aînés sont morts.
une <e boucle de vie » qui les protège contre la mort person
de d'Alger, 96)
que celle plante est personnifiée. Dès lors, il esl bien certain que
les tolba leur clientèle, les forces agissantes dans leurs écri
et
sent aucune douleur quand on lui tire l'oreille, c'est qu'il est
dans mon livre sur l'Enfance (Ed. igi3 p. 52), une sage-
faire iJ je
penses-tu me Me tuer ? tu ne le peux pas ; suis im
mortelle. Je n'en continuerai pas moins à donner la baston
nade aux enfants el à leur mettre le corps en lanières. Salo
fils de Là-
mon, David, lui-même n'a rien pu contre moi. »
dessus, elle lui glisse des mains, ee Ses yeux étaient bleus com
D'autres fois, le rôle joué ici par une soudanaise est tenu
par une de ces bohémiennes appelées Adisia qui rôdent, in
quiétantes, dans les quartiers indigènes, la figure découverte
et la ceinture ornée d'un miroir de deux sous et d'une fiole de
koheul. La Tâb'a se -dissimule aussi sous les habits d'une
montagnarde au châle de laine rouge bourrue, ou d'une voi
formes.
Ce protéisme des génies ne nuit pas peu à la netteté de leur
représentation dans la croyance collective. De même, la ca
à l'imagination is-
rence des arts plastiques ne permet guère
i81
— —
jaune, jeune aussi, et qui n'ai pas encore fait le mal (ma
qbâh chi) ; égorge-le, recueilles-en le sang dans un vase que
tu porteras au fumier auprès duquel tu as contracté ta mala
die (entendez d'où la djânnia est sortie pour entrer en toi). Tu
mangeras tout ce que tu pourras du volatile et tu laisseras le
reste sur les lieux. N'invite personne à le partager avec toi
les yeux. Le poulet qu'il avait immolé s'en vint tourner sept
fois autour de ce
coq ; puis, s'évanouit ; et le grand coq noir
iS7
jeu cruel ; elle se plaît à vous alarmer plus qu'à vous déses
pérer avec des raffinements de tortionnaire. Dans les années
implore pour lui le secours des génies. Après quoi, elle pré
i89
A Blida, on le
à Sidi Bou neçla, de Douira. On appelle
conduit
i9° ~
igi —
qui nous fournit cette tradition (T. I, p. 60), nous donni , dans
son tome 11, p. i3o, une figure féminine de la Fièvre, beau
coup plus populaire. Le Prophète, venant voir Aïcha un jour,
la trouva toute abattue ee Qu'as-tu pour que je te voie ainsi '•)■
—
d'un Tel ». Les malades qui v isitent les marabouts pour guérir
—
10.2 —
mis »
; on entendait par là que son aliénation mentale était
le résultat de sa voracité et que, dans l'une comme dans
l'autre, il fallait voir l'œuvre des génies.
I£> —
13
—
19I
—
de Sou-
endroit, il soit averti s'écarter ». Un jeune paysan de
ma qui avait négligé ces observances reçut sur ee la grenade
gatoire aux génies : elle est persuadée avec tout son milieu
190 —
un
coq et de le manger sur place, toutes choses auxquelles
prétexte que ses poules lui sont volées. Nous voulons notre
attribuée à un ee marabout »
comporte, par manière de re
que ce chef des milices célestes est tombé de son rang pour
"97
pendant une année, tout parfum, parce que les esprits qui
d'F.la-
moun elasoued, les servants d'Elahmar et les soldats
même parfois celle qui se lave ou lave ses effets (cf. Ibn
errer'
rinage à Sidi Moussa, elle ôla son haïk sur la roule et remplit
son orgueil.
appartiens-tu ? —■
199
retour ».
de soie sur les yeux, la porte ouverte, elle attendit une nuit
des esprits ; puis, elle détourne les yeux, par pudeur, devant
un spectacle scandaleux ; mais si la victime appartient à son
pas les moins occupés, car les petites gens gardent à Rhda,
et dans toute la Mettidja, une très vieille croyance, que les
explorateurs ont signalée dans maintes tribus nègres de
mourraient pas ».
Chapitre XI
THÉRAPEUTIQUE DE LA MALADIE-GÉNIE
ainsi que les points rouges d'un œil injecté de sang passent
pour les piqûres de Lettam, le génie frôleur, lequel a sa
station et son pèlerinage non loin d'Oued elalleug. Cette con
lement l'un de ses membres. Une fois dans la place, ils trou
n'est pas celle de leurs frères les anges, qui explique les phé
tre-
chose que leurs vertus matérielles et qu'on puisse leur attri
effet, sous les coups qu'elle assène, ses yeux prévenus voient
fuient.
Le brûlement (harq) —
des génies dans leurs hostilités avec l'homme. Après les agents
207
208 —
des sept sceaux que l'on attribue aux sept rois des génies ou
Seba'
2og
du feu ».
l'eut, e. S'il n'avait été plongé deux fois dans la mer, nous
'•"14
une dalle, sa chaleur ferait fondre les sept cieux el les sept
Ici res.
—
prendre ? —
Un atome, » répondit Allah. Djebraïl en prit
clame (v. 10) ee que ceux qui font le mal serviront de combus
pour ainsi dire, des arbres marabouts, voire des grottes, des
lui dit-il, n'est pas plus qualifié que nous pour prendre à
coeur ton affaire et nous avons plus besoin que lui de tes
2l1
aromates. Celui qui l'a frappée n'est pas d'ici, pas plus
pour rien que le Maître du puits dont nous avons parlé porte
est comme du verre pilé ... Le génie qui élail en lui parla :
Sous terre. —
trage. Ainsi les coups des génies, comme les inimitiés dans
la société, prennent fin souvent grâce à l'ordonnance d'un
juge et n'ont que faire de celle du médecin.
place en son prétoire est bien connu des Indigènes ; ils l'ap
pellent les Canons de Salomon (qouâiien Sidna Slîman) ; c'est
le code qui régit les devoirs et les droits des fils d'Iblis dans
leurs rapports avec les fils d'Adam, et, par suite, la charte
de sauvegarde octroyée à l'humanité par le Législateur du
2I7
—
2lg
—
les guérissenl (houa lii iahlek nuelli iberri) ... Les artisans
couramment Cupidon.
Tous les peuples n'ont pas reçu en partage la puissance
II
lions maladives. Elles y voient surtout le génie de la nym
bons termes avec son homme, fui délaissée par lui. Le voyant
deniers ; et, tant qu'elle vécut, elle sut empêcher son fils
de la répudier. Nous lisons dans les livres de médecine euro
15
22Ô
expérience personnelle ?
Son milieu partage sa conviction. Il n'est pas de femme
lette, si humble soit-elle, qui, transfigurée par la passion
:
par Magzâoua, le génie de la viande saignante, et les secondes
par Sidi Djatou, le démon des cabinets. Dans ces deux derniers
—
228 —
de personnalité mythique.
6, une bande
de ces esprits qui lorsqu'elle attaque une femme essaye de
l'élrangler ; celle-ci agile convulsivement les bras et les jam
bes el s'arrache les cheveux » ; dans le n°
229
dans le n°
pulaire.
j'ai entendu accuser, toutes les fois qu'il s'est agi devant
moi de femmes que la passion faisait délirer ou de filles que
Le djann a
beaucoup de nez (nif), entendez qu'il est fort
chatouilleux sur la fidélité de ses favorites. C'est pourquoi
—
23o —
ee
Beaucoup de femmes possédées du djann (élli mâlekhoum
leur lui ont été révélées en songe ou par une de ces inspira
tions où nous verrions une suggestion du subconscient et
'SA. —
dont on use avec les enfants, que nous avons appelé la lan
gue menue (klum rqîq), qui esl loul en onomatopées, di
minutifs, déformations puériles, et dont les mauresques se
les filles des hommes ? Qui sait les jouissances que réser
quotidienne) .
Parmi les cures les plus simples, il faut citer tout d'abord
celle qu'emploient encore certains ruraux de la Mettidja et
(kherredjt tek) ce djann qui était sur ton épaule ... Jusqu'à
quel point ce langage est-il ironique ? Le mari esl fondé à
l'
l'épaule pour lui faire lâcher prise. On cite telle malade qui
233 —
—
Dans quoi veux-tu sortir ? lui dis-je. Dans de la cendre;
—
dans celui des génies nosogènes que nous avons étudiés. C'est
le pur exorcisme classique ; ce qui prouve que les lolba, les
représentants de la médecine savante, à l'exemple des femmes
du peuple, considèrent Celui qui est sur l'épaule, bien qu'ils
des veuves.
236 —
tionnelle, quand elle n'en est pas avertie par quelque cancan,
—
des cris et qu'elle chante une sorte d'hymne, dit mdah comme
238 —
par la variété.
que ee Sidi Ali était dans sa tête fi rasha Sidi Ali ». Les dé
votes de ce Seigneur, ou, comme on disait encore, celles qui
sem, c'est-à-dire cinq fois par an, aux quatres fêtes canoniques
sai! finirent par choquer l'opinion, qui déclara que les ser
239
être délivrée; ou bien elle s'y sent poussée par une inspiration,
à laquelle ne prennent part ni sa raison ni sa volonté. Il n'est
mitif de la danse sacrée ; elle n'est pas une artiste, mais elle
tel est
itla'
son nom —
16
2^2
rante accourut. Elle trouva Bent Bou Mezoued dans les con
Et, par ainsi, grâce au djedib, son djann attiré dans sa tête,
au lieu de la tourmenter, lui assura considération et profit.
îkk —
produit cet engorgement offre les mêmes effets que les révul
dernier réduit, elle allume l'une après l'autre ses sept mèches
EN d ZIARA »
la manie erratique.
faire acte de soumission devant lui et, lui apporter les offran
toires pour elle. D'ailleurs, si elle les oubliait, Celui qui est
sa dernière chemise.
Mon
'
<<
enfant est de celles que prend Celui qui est sur l'épaule :
2,'ig
jeune mariée. —
Amenez-la elle-même en personne auprès du
chait à elle sans vouloir la quitter d'un pas. Cela fait, elle
fille ? —
Si tu veux que tout s'accomplisse aujourd'hui, offre-
leur le festin qu'ils aiment : le sang d'un coq et des œufs durs.
—
prits ; elle ouvrit les yeux, mais resta frappée d'aphasie. Quand
le gallinacé fut plumé et cuit et que le couscous fut prêt, la
femme s'avança et dit: ee Pèlerins, venez voir comment je
fais ... Elle prit dans un plat un peu de couscous et de poulet,
comme avanl son attaque. Elle se rhabilla et, voyant près d'elle
l'étrangère, elle recula, fuyant maintenant celle qu'elle em
Je ne la connais pas, ré
rul, sans qu'on pût dire si elle s'était envolée ou enfoncée sous
devant ses yeux des vases d'or et une cassolette également en or.
service. »
et votre encens. Voici ce qui vous est dû, cette fois. Soula
gez-la ! »
voyait que les Génies ; quant aux humains, ils n'existaient plus
pour elle ; elle était sourde aux appels, insensible aux contacts ;
on la porta comme un cadavre dans la coubba de Sidi Moussa
que la famille se mit à prier. Enfin, la respiration lui revint.
eu peû'r ? —
Il m'a semblé, répondit-elle, que quelqu'un venait
—
253 —
Si elle est morte, il y paraîtra bien et, aussi, si elle est vivante.
Remettez-la où elle était et vous verrez ». Les femmes la sou
ne s'était pas rassasié de cette eau. Celui qui est en elle, mes
local des Génies. C'est la manière des hommes ; mais les fem
mes n'en usent que comme d'introduction ou de recom
la pudeur le veul —
celles de leurs compagnes : ee Regardez-
chant plus délicates, leur ont consacré les sept parfums (seba
bkhourât) ; sous ce nom on entend toutes les substances odo
mates sous ces trois formes, parce que, pour faire parvenir
anima pro anima, que l'on relève dans le Corpus des inscrip
de la Mauritanie (Cf. 4468). Les
n°
recherchées. Elles ont préparé une çefra, mot à mot une nap
pe, c'est-à-dire un service de trois ou quatre ragoûts à la
mode du jour. Elles ne manquent pas d'y ajouter une friture
d'aubergines et de poivrons, les meilleurs fruits de la saison,
comme melons et pastèques, et des gâteaux de leur main,
surtout des kaaks qui sonl nos-
gimblettes, les cherchelas ita
liennes, les roliets espagnols. Tel était le panier d'une famille
pauvre vers rgoo. Elle tenait évidemment à se ménager un
17
2.58
— —
eaux ? Remarquons que L'on trouve dans les légendes, les plus
2i)g
I. —
réclame.
II. —
J'ai fait frire de l'aubergine, et j'ai fait frire des pi
ments. —
O Maître de la Cascade, garde-loi d'avoir l'esprit
ailleurs.
III. —
mencerai.
VI. —
.le me suis hissé sur ma mule. J'ai fermé la porte de la
maison. —
me fera arriver ?
X. —
NT. —
NIL —
Les pèlerines qui récitent ces vers, assez anodins pour nous,
semblent observer une tradition. Elles les psalmodient d'un
air grave, dolent, en dodelinant de la tête, comme
presque
dans une sorte d'ivresse, les yeux mi-clos et d'une voix éteinte
et altérée. Insensibles aux choses de l'extérieur, elles semblent
déclarent délivrées.
L'auteur de la guérison ne fait pas de doute : c'est le Maître
de la cascade, c'est-à-dire l'âme du saint préposé au comman
nommé dans chacune des petites pièces données, sauf les deux
dernières. Dans celles-ci paraît percer une croyance différente.
Nous y voyons le baigneur stimuler la paresse de la cascade
26 1 —
tique.
Le folklore mettidjien ne note pas ici, que je sache, un effet
siège d'or qu'elle suspendit avec des cordes de soie aux bran
ches d'un vieil arbre sacré. Elle enseigna par la même occasion
taouàf ,
le tahouâf du printemps du tahouâf el'arous ou
vagues-
entre les deux espèces. Chaque femme entonne son
I. —
IL —
Mon salut à cette maison, mon salut à ces arcades. —
III. —
vous. —
Je tournerai votre moulin à bras, et encore je vous
^ V. —
Mon cœur aime les jardins, il aime l'escarpolette ;
et il l'aime haut perchée au sommet d'un olivier. —
Et il aime
VI. - —
Aïcha est au milieu des vignes et le vent joue avec
elle.
—
sées. —
Son père a passé près d'elle et lui a remis une couffe
de gâteaux.
tK. VIL —
v VIII. —
chagrins.
IX. —
Comme
votre cou est blanc et long I Et comme la poire d'or (de votre
v/^ XL —
Chante des tahouâf s, je chanterai avec toi. —
Pousse
des iouiou, je te répondrai. Tu —
Lève-toi, va
vlV. —
XVI. —
XIX. —
XXI. —
le sol.
XXII. —
Seigneur Bonheur, Seigneur Ronheur (Sidi Fredj),
laisse-moi me livrer à la joie. Nous passerons celte nuit sous
Le'
dernier tahouâf se chante également à Alger, d'où il
semble originaire, comme le montrel'invocation à Sidi Fredj,
qui n'est autre que notre Sidi Ferrueh. On entrevoit l'identité
des tahouàfs en vogue dans toute la région. Bien plus, si l'on
veut comparer noire numéro I el II avec le numéro XX des
haufi publiés par W. Marçais (dans le Dialecte arabe parlé à
llenicen) ; noire numéro XI avec son numéro XVI ; enfin,
noire \XI avec son XXII, en eoncluera qu'il existe un fond
commun de tahouàfs dans la partie occidentale de l'Algérie.
Les différences que l'on constate d'un pays à l'autre ne sont
2(i?
sance- Voîci les chants du Grand henné, tels que je les ai consi
On la recommande à sa belle-mère.
h Pour l'amour de Dieu, ô mère du marié, veille sur
belle-mère.
ee Monte (en mailresse du logis) dans la soupente aux provi
le prochain midi ? »
la beauté et l'adresse.
ee Mon fils, avec sa santé et sa chance, est monté sur la
jument blanche qui le rend plus beau. Sois heureuse, toi qui es
269
manifeste : c'est que ce Saint est obéi par sept tribus de Génies,
sept mahallas, et même par un beaucoup plus grand nombre.
*
* *
Hymne d'actions de grâce de Mohammed Elmsebbeb,
en l'honneur de Sidi Moussa.
ttefrain. —
Couplet I. —
Auprès de ce cheikh, de ce saint. —
Je suis
coulant en déluge. —
Il était
décidé dans les décrets du Très-Haut —
Couplet IL —
J'ai été à
lui et il a guéri tous mes maux, —
Couplet III. —
les génies ! —
maturgiques. —
y voit éclater
les mystères d'Allah —
Couplet IV. —
Couplet V. —
l'ami du Miséricordieux ! —
Son mar
citations.
Couplet VI. —
en. paix —
27I —
Couplet VIL —
consti
je suis
Couplet VIII. —
l'on suppliant ! ne m'oublie pas, oui, vrai
ment. —
Couplet IN. —
dans ta pensée ;
—
et de la
sueur coulant en torrents (jour du Jugement). —
Alors que
Couplet N. •
—
Djer, —
tu fis un signe
Couplet XL —
et en ressen
Couplet XII. —
Le monde
bienfaits. —
Accorde à ses enfants de nouveaux degrés (de
gloire),
—
Couplet NUL —
Couplet NIV. —
Mon hymne a été terminée, au mois de
ramadan,
—
—
et a célébré le favori de Dieu. —
UN MARABOUT GUÉRISSEUR
18
274
— —
thodoxe.
A gauche de la porte d'entrée du cimetière de Sid Elkebir,
on remarque, faisant saillie hors du mur d'enceinte, un gros
Le caractère'
sacré de ce monument mégalithique se mani
d' Echcheria'
feste dans le nom qu'on lui donne aussi qui veut
paraît trempée de, sang, parce que le sang répandu esl aussitôt
par
Irop payenne dont le peuple entoure ce vieux bétyle. Ce
qui l'a rendu sacré à la postérité, affirme-t-on, c'esl qu'il a été
en contact avec le corps du Grand Seigneur du lieu, Sid El
kebir. Celui-ci avait l'habitude de s'asseoir le dos appuyé sur
trade (derdja) sur laquelle il trônait, telle une statue sur son
thème
276 —
ty-
sous le nom de Halq Firaouu a élé arraché aux thermes du
îan égyptien Pharaon : elle est hantée par des Génies mécréants
s'étendait aussi loin que sa vue. Elle pénétra dans une cham
toilette, dit la vieille, ainsi qu'à tous ces petits qui sont
279
jambes se lassaient ».
and erroumaniïn) »•
Les mêmes rites sont observés aux mêmes fins dans deux
greittes du voisinage : l'Ermitage (kheloua) de Sid Elkebir et
—
282 —
remplissent la grotte »
; et, à son imitation, Tes fidèles quittent
Met-
également pour Ions les cas gynécologiques, comme la
mourra el la grotte de Sid Elkebir ; mais, de plus, les hommes
—
283 —
miraculeuses de celui-ci, en
y venant faire ses ablutions. » Tout
le monde sait qu'elle a des djanns à son service. Son père lui
a cédé en présent une de ses mahallas, une des tribus de ces
Lalla Nfissa ! Je suis sous votre protection ... Et elle allait d'une
284 —
a85 —
ture div ine. Les citadines égorgent des poules, les femmes
de la campagne des boucs noirs.
dans la montagne de Sidi Fodhil, qui leur fit don des eaux
de la Fontaine Fraîche. Us avaient dans leurs excursions à
travers la montagne découvert une belle source, sur les ber
ges de laquelle s'ébattait une foule de négrillons. Un jour,
il virent leur chef, Sid Elkebir, en conférence avec Sidi Tala
Izid, un saint, un Lion, qu'ils ne connaissaient que par ses
vit plus que Sid Elkebir debout tenant le bâton de Sidi Tala
Izid. 11 en frappa la montagne après avoir prié, et la source
dans les anciens temps, nombreux ont été les Génies qui fu
ient ainsi égorgés sur les points d'eau (kada men djann med-
parce qu'ils ont tous leur Génie. Mais l'Ançeur, quoique peu
plé de Génies, n'a plus son reptile originaire. La légende nous
287
mer continue sous la terre ferme, mer d'où l'on fait jaillir les
sources ophiaques, non par des puits artésiens comme les
que sous leur poids, vint chercher ses filles et les conduisit
mère sa bru.
289
cruche entière. Si les autres vous font, des libations d'un pot
âme humaine qui a conservé son autorité sur les déités que
âme, qui a la haute main sur les âmes que la pèlerine vient
19
—
290 —
sonl tous les trois égaux ». Autant que la colonie nègre, reste
âme la de facultés
20
adorateurs.
la (tedderkouh éloui-
vail piis eu peur, sainlelé l'aurait atteint
Une'
laï.a). nuil Sid Elkebir lui commanda d'annoncer qu'un
de'
hakma avec son cadi en fonction, chargé faire à chacun son
■>),* -
trois cents rouhanis ; mais celui qui les dépasse tous pour le
Abdel-
nombre qu'il en possède, c'est le Sultan des Saints, Sidi
kader, qui ne les- compte plus. Quand à Sid Elkebir, il en a
par la faveur dont ils jouissent auprès d'Allah. C'est par l'eliel
de leurs prières que les malades sont guéris, que la terre est
à peu près chez nous aux Puissances, aux Trônes, aux Domi
nations de notre théologie. Les rouhanis élant des archanges
de guerre.
« Autour de
pondit: grand-père, il y a toujours du monde, des
jeunes femmes blanches, des négresses, un grand nombre de
personnages dont on ne saurait dire d'où ils sortent. Et grand-
dimat). H faut y ajouter des saints (aoulid), qui sont ses lieute
nants ou ses subordonnés ayant avec lui des relations de feu-
ment). Leurs épouses pendant leur vie, ces fées sont restées les
maîtresses de leur harem après leur mort. Pour beaucoup de
croyants, Lalla Messaouda est une khedima, l'intendante du
Saint. Mais elle jouit d'une grande autorité. Elle assiste aux
la misère humaine.
e< 11 y avait chez les Béni Bou Çaïr une jeune fille de quinze
ans, d'une beauté qui faisait bénir son créateur à tous ceux qui
Son père était mort en lui laissant une large aisance. Chaque
fois épie les pèlerins partaient Sid Elkebir, ils lui
pour visiter
296 —
le plal : Sid Elkebir les avait reçues dans ses mains. 11 se fit
donner une écuelle, dans laquelle il les réunit et il dit à son
Et voilà yqu'elle vit aussi bien qu'on peut voir. Ses larmes
l'avaient guérie, par la vertu de Sidi Ahmed Elkebir, que Dieu
nous en fasse profiter ! »
297
retour ?
Chapitre XV
LE « QARINE »
extérieur.
soit précise, ee
Allah, d'après l'histoire sainte, a dit à Iblis :
3oi ■—
ration.
le
début du chapitre LXNNl du Coran, où est, décrit le Jugement
dernier jusqu'au passage : « les chamelles pleines s'égare
cl, en temps,
même elle est bien une maladie, une maladie
3o4 —
3o5 —
pulaire, non sans raison d'ailleurs, car elle ne fait que ratta
rante.
L'on dit et l'on croit que chaque homme a son génie (koull
ouâhad ou djennouh), et l'on entend par là que nous portons
20
3o6
307 —
de toilette —
milieu,'
3og —
cée de Sidi Moussa ben Naçeur, leur chair bleuit, leur esprit
perd la notion des choses ; les duègnes ont beau crier : Assez !
» jamais celui qui est en elles ne peut se rassasier de l'eau
fihoum
chha'
voient de le combattre.
associe.1.-
se séparent : ee Mon génie el le lien, dit celui qui
Abbas-
général, dont l'épée assura l'empire à la dynastie des
sides, avait coutume de dire : « Il doit suffire à un homme
de céder au djinn (idjenn) une fois par an ,.. Il définissait
éldjima'
l'acte sexuel une crise de délire djinnique djnoun.
3n —
bouchi ». Pour qu'une femme plaise à son mari, elle doit lui
èlre « congéniale ». L'union est compromise, quand, après la
levée du voile nuptial, l'épousée « ne vient pas (ne se trouve
que ee celui qui est en elle lui monte (à la tête) contre son hom
tla'
une influence plus certaine que les génies sur notre génie
individuel ?
Chapitre XVI
lui prête, fait souvenir que la grande artère est appelée par
3i/, —
yeux, qui lui disent : ee Tu ne peux rien sur nous : avec nous,
il a contemplé les livres sacrés, les visages des savants, de
ses père el mère, des saints ». Quand l'âme abandonne le
ee Mon Dieu, ton prophète a promis que celui qui aura pleuré
3io
des parties qui leur étaient vouées. Ils avaient, des enchan
ques, cet auteur conclut : ee Tel esl le rôle d'un certain nom
trois cent trente rues, trois cent soixante canaux, onze portes.
etc. »
Allah, dit-il, a confié la construction de cette ville à
huit artisans (cm ma') ou entrepreneurs qui se prêtent mutuel-
(khedein) ; il a préposé à sa
cinq gardiens qui sont
sécurité
-3i7
tions qui prouvent que, pour nos indigènes, les divers organes
3i8 —
ges eju'ils s'agil d'expliquer. Celui qui sent palpiter son œil
quelque chose que vous n'avez jamais vu. L'œil gauche cligno-
œil droit cligne. Qui peut bien venir chez nous, quel hôte
venant d'une autre ville et qui jamais encore n'a franchi notre
seuil
:'
» La signification varie avec les individus ; chacun
reconnaît son œil favorable ou néfaste à l'expérience ; mais,
pour tous, les spasmes de l'appareil visuel annoncent l'avenir,
surtout un changement dans l'entourage.
Quand on a déterminé l'œil h du mal », il faut, comme
Les sourcils,
sièg"
de la menace, sont en relation avec la
réputation. Des démangeaisons au sourcil gauche vous annon
(Despar-
des bruits du Paradis et montre-toi satisfait de moi
exaltent l'amour-
il prédira des événements qui rabaissent ou
Allah ! Allah !
suppliant ainsi la main au nom de Dieu, ce qui prouve qu'on
berceau qui dort les mains ouvertes sera généreux ; celui dont
les mains sont ordinairement crispées sera ee un poulpe ».
enlevant ses souliers, les fait tomber l'un sur l'autre fera
un voyage, lequel sera long si la seconde chaussure recouvre
21
322
324 —
Les femmes racontent que les intestins onl une voix ; quand
3 25 —
326 —
qui fait une longue défense contre la mort : ee c'est qu'il a tant
de génies en lui kada men djann fih ! Enfin, ces génies lui
sonl connés ; on dit d'un enfant qui en souffre à deux ans,
à sept ans : il a été attaqué par ee des génies de deux ans, de
sept ans- » ; ils ont toujours l'âge de leur victime ; ce qui
sion est invoquée dans une expression courante que l'on appli
'
327 —
<e Elle s'est rendue coupable d'une foulée biha 'a/sa », dit-on ;
ce qui veut dire que la mère a marché sur quelqu'un de ces
328 —
329 —
Je ne veux pas que mon enfant ait des relations avec ces
crée ; '( Ce terme leur était, fixé ! ». Le sort des autres se décide
dans les huit jours qui suivent.
point), il faut lui psalmodier trois fois aux oreilles l'appel que
plus rien (libr. cil.) ». J'ai entendu souvent les gens du peuple
infantiles.
Mais cette thérapeutique coranique, commune à tous, pour
ment des enfants des génies voisins, d'ordinaire des petits des
génies domestiques. Beaucoup de femmes voient en eux des
qarines de l'enfant, c'est-à-dire des petits génies nés en même
334 —
quête ; elle s'est conservée jusqu'à nos jours dans les 'milieux
où notre influence n'a pas pénétré et elle recule devant nos
pour successeurs des êtres aussi grossiers que nous, ils auraient
336 —
tisme !
C'est sous l'influence de cette croyance que la théorie de
la maladie, que nous avons exposée s'est trouvée fondée sur
gieuse.
22
—
338 —
voulant voir dans les superstitions étudiées que les restes d'un
héritage exclusivement romain Le génie personnel était con
nu de Mahomet sous le
de qarine, comme
nom nous l'avons
vu, el avant lui des Pharaons sous le nom de ka ; la chouette,
en effet ; mais qui nous dit qu'au lieu de venir du Nord ils
ne sont pus venus plutôt de l'Est et qu'ils ne descendent pas
de folklore universel.
traire à lui prêter une figure concrète. Les sophistes, qui ont
ciens cet axiome : tout ce qui agit est, corps quiquiil fucit
corpus (Sénèque, Lettre à Lucilius CXVII).
est e< Tout ce qui
gie sur le modèle, de son moi idéalisé. <e D'après cette con
ce besoin
—
34o —
phes ont reconnu cette conception chez tous les peuples pri
rope, comme l'a dit Frazer dans son Rameau d'or, l'esprit
scientifique est par rapport à la superstition comme cette cou
est plus sûre que l'autre : « Voir avec les yeux de son intelli
gence vaut mieux que de voir avec les yeux de son visage
que l'on ne peut pas atteindre avec celle de ses yeux (id.) »
3/n —
de leurs coups sans savoir d'où ils lui v iennent et comme dans
la surprise d'une embuscade ». Cette note rationaliste aurait
34a —
l rations de civilisations-
voisines, survivances déracinées, idées
aberrantes, une poussière de formules et de pratiques empiri
ques que l'on ne voit pas cadrer avec leur mentalité et que l'on
ne saurait coordonner en corps de doctrine.
/ Leur système cohérent, vraiment indigène, repose sur un
que les Esprits sonl venus s'y établir, ee Joui endroit où vous
immanentes, les âmes des choses. Tout corps brut recèle son
nies.
tre chose que l'âme passionnelle. Celle-ci est douée d'un pou
345 —
génies.
346 —
Bref, notre système biologique est censé formé par une asso
tème, a élé rattachée par les maîtres qui en ont traité aux lois
de l'association des idées. L'association par ressemblance et
34 7 -
AVANT-PROPOS . .
• ■
;
7
Chapitre I. —
La Maladie devant la Théologie musulmane 23
Chapitre II. —
La Maladie et le Monde physique ,
. 33
Chapitre III. —
Le Mal et la Magie évocatoire : La Kahina 47
Chapitre IV. —
Le Mal et la Magie évocatoire (suite) : La
Medjnouna, le Boudali, lTqqach 63
Chapitre V. —
Le Mal et la Magie personnelle : L'Œil. ... 81
Chapitre VI. —
La Magie personnelle (suite) : Le Souffle 115
Chapitre VII. —
La Magie personnelle (suite) : La Parole 123
I. L'Incantation 126
IL La Prière.... •
••
127
V. Les Présages. . . •
• ■
135
Chapitre VIII. —
La Magie personnelle : Le Geste 149
Chapitre IX. —
Les Génies niorjjifères : La Tt'ito'a 163
Chapitre X. —
Autres Génies auteurs de Maladies 185
Chapitre XL —
Thérapeutique de le Maladie-Génie 203
Chapitre XII. —
Celui qui est sur l'épaule 221
Chapitre XIII. —
En ee Ziara » • 245
Chapitre XIV. —
Un Marabout guérisseur 273
Chapitre XV. —
Le <e Qarine » 299
Chapitre XVI. —
Le u Mal des Frères > 313
CONCLUSION 333
Alger —
Typographie Jules Carbonel —
Alger
r
i
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