Vous êtes sur la page 1sur 30

Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.

AHMEDCHEKKAT

CHAPITRE II : DISTILLATION


II. 1. Introduction
La distillation est une opération de transfert de matière ayant pour but de séparer les
constituants d’un mélange liquide, homogène ou hétérogène. Elle consiste en l’ébullition d’un
mélange liquide suivie de la condensation des vapeurs obtenues, en un liquide « pur » ou en
fractions liquides plus ou moins riches en constituants du mélange vaporisé. Elle se base sur
la différence de volatilité entre ces constituants. C'est une des opérations de séparation les
plus employées dans le domaine de la chimie et de la pétrochimie.

II. 2. Equilibre liquide-vapeur d’un mélange


Les différents mélanges de liquide peuvent être classés, d’après le nombre de leurs
constituants, en mélanges binaires, ternaires…
Les mélanges binaires, qui ont été les plus étudiés, seront seuls considérés.
II.2.1.Les mélanges zéotropes (idéaux): mélanges dits normaux qui n’ont pas de point
d’ébullition fixe donc une composition de la phase vapeur toujours différente de la phase
liquide. Dans le cas des mélanges homogènes, on aura les homozéotropes et dans le cas des
mélanges hétérogènes les hétérozéotropes.

Figure.1 : Equilibre isobare d’un mélange homozéotrope.

À gauche et à droite du graphe, une échelle de température est indiquée. L’échelle du bas
indique la composition du mélange de composés i (Légers) et j (Lourds). Ce graphe indique la
quantité de i et la quantité de j contenues dans la vapeur et leur quantité respective dans le
liquide quelle que soit la température donnée. Il existe deux courbes sur ce graphe. L’une
représente courbe de bulle donne la température d’ébullition d’une solution de titre molaire x,
1
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

l’autre représente la courbe de rosée donne la température de condensation d’une vapeur de


titre molaire y.
Ti: température d’ébullition du composé i(pour une pression donnée).
Tj: température d’ébullition du composé j (pour une pression donnée).
Considérons un mélange binaire de titre molaire xi, en le chauffant, le mélange sera liquide
jusqu’à la température T, correspondant au point L. Puis ce mélange entrera en ébullition à la
température T et la première bulle de vapeur émise à cette température correspondant au point
V aura pour titre molaire yi.
II.2.1.1. Lois fondamentales
Soit un liquide constitué de ni molécules du corps i et n j molécules du corps j; les fractions
molaires sont :
ni
x i= (1)
ni +n j
nj
¿ x j= =1−x i (2)
ni +n j
Pour une température donnée, la vapeur en équilibre au-dessus de ce liquide est un mélange
des deux corps i et j aux titres molaires yi et yj et la pression totale est, suivant la loi de Dalton
relative aux vapeurs parfaites :
P= pi + p j (3)
Avec pA et pB, les pressions partielles des constituants i et j.
pi
y i= (4)
P
pj
y j= (5)
P
Dans le cas d’un mélange, les pressions partielles ne représentent plus les tensions de vapeur
du corps pur, mais une fraction de celles-ci.
La pression partielle du constituant i dans la vapeur en équilibre avec le liquide ayant le titre
molaire x i, à température constante, est donnée par la loi de Raoult :
pi=x i . p°i (6)
Avec :
p°i et p°j les tensions de vapeur saturante des constituants pur i et j à la température
d’ébullition du mélange.
On obtient :

2
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

x i . p°i
y i= (7)
P
x j . p°j
y j= (8)
P
La pression de vapeur se calcule grâce à l’équation d’Antoine Eq (9) :
Bi
ln p°i =A i− (9)
Ci +T
Avec :
Ai , Bi , Ci :constante d ' Antoin esont disponibles pour de très nombreux corps dans la littérature
;
T : Température en °C et p°i en mmHg.

Coefficient de partage K
La concentration de tout corps présent dans la phase liquide peut être reliée à sa concentration
dans la phase vapeur par le coefficient de partage ou coefficient d’équilibre (k i ¿ ou volatilité
absolue (α i) selon la relation suivante :

3
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

yi
k i=α i= (10)
xi
Avec :
k i : Coefficient de partage ou coefficient d’équilibre ;
α i : Volatilité absolue.
Les corps les plus volatiles ont les k i ou α i les plus élevés.

Volatilité relative α
La volatilité relative exprime la possibilité de séparation d’un mélange, plus α est grand, plus
les courbes de rosée et de bulle sont écartés. La volatilité relative d’un corps i par rapport à un
corps j est définie par le rapport :
yi
α i ki xi
α ij = = = (11)
αj k j y j
xj
A partir des équations (7) et (8), on peut écrire :
y i p °i
k i= = (12)
xi P
y j p°j
k j= = (13)
xj P

Et à partir des équations (11) et (12), on peut écrire l’équation (14) comme suit :
k i p°i
α ij = = (14)
k j p °j
Pour un mélange idéal, il est possible d’écrire :

° ° ° ° ° p °i
P= p . x i+ p . x j = p . x i + p ( 1−. x i )= p . x i+ ( 1−x i )
i j i j i
α ij
Comme :
x i . p0i °
y i=
P
Il en résulte :
α ij . x i
y i= (15)
x i ( α −1 ) +1

II. 2.1.2. Courbe d’équilibre liquide-vapeur

4
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Elle peut s’obtenir soit :


 à partir des isobares d’ébullition et de rosée ;
α ij . x i
 à partir de la relation : y i=
x i ( α −1 ) +1
Si le mélange est homozéotrope, on aboutit à l’allure suivante de la courbe d’équilibre :

y
1

α ij>1

α ij<1

0
1 x

Figure.2 : Courbe d’équilibre d’un mélange homozéotrope en fonction de α ij .

Lorsque α ij>1, le graphe est une branche d’hyperbole équilatère passant par l’origine et par le
point de coordonnées (1,1) situé sur la diagonale.
Si α ij =1 ,la courbe représentative est alors la diagonale (y=x), c'est-à-dire la composition de la
phase vapeur est égale à celle de la phase liquide; on ne peut espérer séparer ces constituants
par distillation.
La séparation entre i et j est d'autant plus difficile que α ijest voisin de 1.

II.2.2. Les mélanges non idéaux :


Les mélanges non idéaux n’obéissent pas à la loi de Raoult, l’équation est alors modifiée par

un coefficient d’activité γ :

pi=γ i . x i . p°i (16)


p j=γ j . x j . p°j (17)
Avec :
γ i : coefficient d ’ activit é de ien phase liquide ;
γ j :coefficient d ’ activit é de jen phase liquide .

5
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Les équations Eq(12) et Eq(13) deviennent alors Eq(18) et Eq(19) :

γ i . p °i
k i= (18)
P
γ j . p °j
k j= (19)
P

Donc :

γ i . p °i
α ij = °
( 20)
γi . p j

On trouvera ci-après le diagramme de DePriester permettant la détermination des volatilités


d'hydrocarbures légers, sous différentes conditions de pressions et de températures.

6
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

7
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Les mélanges azéotropes: ces mélanges dits anormaux qui forment un azéotrope, c’est à
dire un liquide dont la composition de la phase liquide est identique à celle de la phase
vapeur, ce qui se traduit par un point d’ébullition fixe ne se situe plus entre celles des deux
constituants ; elles présentent des extréma (maximum ou minimum) ce qui ne permet pas sa
séparation par distillation ordinaire. A une pression fixée, le point qui correspond à un
extrémum définie la fraction molaire et la température d’ébullition de cette solution.

8
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Figure.3: Equilibre isobare d’un mélange azéotrope.


Dans le cas de mélange anormaux (présentant une azéotropie), les courbes d’équilibre liquide-
vapeur seront de la forme suivante :

y Azéotrope positif y Azéotrope négatif

1 1

xazéo 1 xazéo 1

Figure.4 : courbe d’équilibre d’un mélange azéotrope.

- Si la température d’ébullition de l’azéotrope est supérieure aux températures

d’ébullition des deux corps, on parle d’azéotrope négative.

- Si la température d’ébullition de l’azéotrope est inférieure aux températures

d’ébullition des deux corps, on parle d’azéotrope positive.

9
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Pour tracer la courbe d'équilibre liquide-vapeur à partir des isobares d'ébullition et de rosée, il
suffit de tracer un nombre suffisant de points M à partir de couples (L,V). Pour cela:
 Reporter sur une verticale la valeur de x (point L) sur l'axe ox de la courbe d'équilibre
liquide-vapeur, ce qui donne l'abscisse du point M (x)
 Reporter la valeur de y (point V) par une verticale jusqu'à la bissectrice puis par une
horizontale jusqu'à l'axe oy de la courbe d'équilibre liquide-vapeur, ce qui donne
l'ordonnée du point M (y)
 Recommencer pour une dizaine de points pour obtenir y=f(x).

Figure.5 : Traçage de la courbe d’équilibre à partir de l’isobare de bulle et de rosé.

10
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

II.3. Principe de la distillation


Chauffons un mélange binaire homozéotrope M. Au point L 0 le liquide entre en ébullition, et
la vapeur émise est V0. Si on condense cette vapeur elle donnera un liquide de même
composition : x1=y0. Ce liquide entrera en ébullition au point L 1, et donnera une vapeur V1 de
titre y1 > x1. La condensation de cette dernière vapeur, donnera un liquide L 2 de même
composition :x2 = y1. On voit que si on continue cette série de vaporisation-condensation, le
liquide condensé s’enrichit en composé le plus volatil.

Figure.6 : schéma illustre le principe de la distillation.

II.4. Différents modes de distillation


II.4. 1. Distillation simple
On appelle distillation simple la séparation des constituants d'un mélange d'alimentation (binaire
A+B) par vaporisation partielle à l'ébullition de ce mélange, et obtention d'une phase vapeur (ou
distillat) et d'une phase liquide (ou résidu), les deux phases étant en équilibre liquide-vapeur. Les
vapeurs issues du mélange en ébullition sont en général condensées.
V

condenseur

Charge (F, xF) Distillat (D,xD)

Rebouilleur (ɸB)

Résidu (W, xw)

Figure.7 : Schéma de la distillation simple (Bouilleur avec chauffage électrique).

11
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Bilan matière global: F = W + V = W + D


Bilan matière partiel : F.xF = W.xw + V.xD
Bilan énergétique: F.hF + ɸB = W.hw + V.hv
Où hF, hw et hv désignent respectivement les enthalpies molaires de la charge, le résidu et le
distillat. ɸB représente la puissance de chauffe du bouilleur.

II.4. 2. Distillation discontinue étagée (rectification discontinue)


La rectification est une technique qui utilise une distillation répétée dans une colonne de
manière à provoquer des échanges entre les phases vapeur montant et liquide refluant dans la
colonne. L'alimentation à traiter est chargée en une fois dans le bouilleur. Elle est ensuite
portée à l'ébullition. Les vapeurs de tête obtenues sont condensées, et une partie des
condensats sont renvoyés en reflux dans la colonne. L'autre partie des condensats est soutirée,
constituant ce que l'on nomme le distillat. L'opération est poursuivie jusqu'à épuisement du
bouilleur en constituant le plus volatil. Le résidu est alors soutiré du bouilleur après
refroidissement éventuel.

Figure.8 : Schéma de la rectification discontinue.

n
Bilan matière global: F=W + ∑ D i
i=1

n
Bilan matière en constituant volatil: F . x F =W . x w + ∑ D i . xi
i =1

II.4. 3. Distillation continue étagée


En rectification continue, l'alimentation (ou charge) est introduite en continu entre les zones
de rectification (partie supérieure de la colonne) et d'épuisement (partie inférieure). La

12
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

colonne est parcourue par un débit de liquide descendant du haut vers le bas et un débit de
vapeur montant de bas en haut. Ces deux flux sont mis en contact l'un avec l'autre dans la
colonne afin qu'ils se rapprochent de l'équilibre liquide-vapeur. La mise en contact du liquide
et de la vapeur peut être assurée par des plateaux ou par du garnissage.

Figure.8 : Schéma de la rectification continue.

Bilan matière global: F = W + D


Bilan matière en constituant volatil: F . x F =W . x w + D . x D
On obtient :
x F −x w
D=F
x D−x w
x D −x F
W =F
x D −x w
Bilan énergétique sur la colonne: F . h F +Ф B=W h w + D hD +Ф c

13
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

ɸB : flux fourni au bouilleur par le moyen de chauffage.


ɸC : flux cédé par les vapeurs de tête au condenseur.

Condenseur

D, xD
V1 ,y1 L0,xD

Vn-1 ,yn -1 Ln-2,xn-2 Zone d’enrichissement

n-1

Vn ,yn Ln-1,xn-1

Vn+1 ,yn+1 Ln,xn


F, xF
Va ,ya La, xa

V’m ,y’m L’m+1, x’m+1

V’m-1 ,y’m-1 L’m, x’m Zone d’épuisement

m-1

V’1 ,y’1 L’2,x’2

V’0 ,y’0 L’1,x’1

Rebouilleur W, xw

Bilan sur le condenseur :V 1=L0 + D


On définit le taux de reflux en tête de la colonne: R=L0 /D
14
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

V 1=L0 + D=RD + D=D(R+1)


Bilan partiel sur le condenseur (total):V 1 y 1=( L0 + D ) x D , puisque : y 1 ¿ x D
Bilan énergétique sur le condenseur (total):V 1 hv =¿ ¿
Фc =V 1 h v −¿ ¿
Фc =¿ ¿
Фc =¿ ¿
Фc = ( R+ 1 ) D(hV −hD )
Bilan sur le rebouilleur : L ' 1=V ' 0 +W
Bilan partiel sur le rebouilleur :L ' 1 x=V ' 0 y '0 +W x w

II.5. Construction de Mac Cabe et Thiele


Nous admettons l'hypothèse de Lewis, selon laquelle le débit molaire de chaque phase
(liquide ou vapeur) reste constant d'un plateau à l'autre, à l'intérieur de chaque section de la
colonne. Nous appellerons L et V ces débits dans la section d’épuisement, L' et V' ces débits
dans la section d'épuisement.
Les hypothèses:
 les chaleurs molaires de vaporisation des deux constituants sont identiques
, ∆ H A =∆ H B
 la colonne est adiabatique (pertes calorifiques négligeable).
 la condensation des vapeurs de tête de colonne est totale
Elles permettent de déterminer, pour une séparation donnée (xF , xw et xD):
 le nombre minimum d'étages théoriques (NETmin à reflux total),
 le taux de reflux minimum (Rmin à nombre de plateaux infini),
 le nombre d'étages théoriques NET requis pour un taux de reflux R.
Le taux de reflux R est en général choisi tel que 1,2 Rmin < R < 2 Rmin. Il représente un
compromis entre le nombre de plateaux (coût d'investissement) et le taux de reflux (coût
énergétique associé, c-à-d coût de fonctionnement).
La méthode de Mac Cabe et Thiele consiste à considérer que les débits molaires de liquide et
de vapeur dans la colonne sont constants, ce qui implique que :
Ln+1 =L n= Ln-1=…………..=L
Vn+1 =V n= Vn-1=…………=V
L’n+1 =L’ n= L’n-1=…………..=L’
V’n+1 =V’ n= V’n-1=…………=V’

15
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Zone d’enrichissement
Soit (n) un plateau dans la section d’enrichissement. Considérons le système composé des
plateaux : (condenseur) à n (système entouré dans le graphique ce dessus). Ce système reçoit
de la vapeur à partir du plateau (n+1) situé juste en dessous de (n), et cède de la matière à
travers le distillat et le liquide quittant le plateau (n). Nous pouvons écrire des bilans matière
sur ce système :
Bilan global : Vn+1=Ln+D
Bilan partiel : Vn+1.yn+1=Ln xn+D xD
Ln D
D’où : y n+ 1= xn + x
Ln + D Ln + D D
L D
Ou bien : y n+ 1= xn + x
L+ D L+ D D
En faisant intervenir le taux de reflux R=L/D, on aboutit à :
R xD
y n+ 1= xn +
1+ R R+1

C’est l’équation de la droite opératoire d’enrichissement :


 Passe par le point de coordonnées ( x D , x D ¿
R
 De coefficient directeur (pente) =
1+ R
xD
 Ordonnée à l’origine =
R +1
Bilan énergétique : Vn+1.hvn+1=Ln hLn+D hD

Zone d’épuisement 
Nous pouvons effectuer un calcul analogue dans la section d'épuisement de la colonne (en
dessous de l'alimentation) en délimitant un système formé par les plateaux m au rebouilleur de
la colonne.
Bilan global : L ' m +1=V ' m +W
Bilan partiel :L ' m +1 x 'm+1 =V ' m y 'm+ W x w
V ' m y 'm=L ' m+1 x 'm+1−W x w

' L ' m +1 ' W


ym= x m+1− x
V 'm V 'm w
L' m+1 W
y 'm = x 'm +1− x
L ' m +1−W L' m+1−W w

16
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

L' W
y 'm = x 'm+1 − x
L '−W L ' −W w

En faisant intervenir le taux de rebouillage r=L’/W, on aboutit à :


' r ' xw
ym= x m+1−
r −1 r −1
C’est l’équation de la droite opératoire d’épuisement :
 Passe par le point ( x ¿ ¿ w , x w ) ¿
r
 De coefficient directeur (pente) =
r−1
 Croise la droite opératoire de rectification en un point d'abscisse xF

Bilan énergétique :L ' m +1 h Lm+1=V ' m h vm+ W hw +Q R


II.5.1. Nombre d'étages théoriques NET pour un taux de reflux fixé R
Soit à séparer par rectification continue un mélange de deux constituants de titre molaire
xF en un résidu de titre molaire xw et un distillat de titre molaire xD, à un taux de reflux fixé
R. Le nombre d'étages théoriques permettant cette séparation est donné par la construction
de McCabe et Thiele s'appuyant sur la courbe d'équilibre et les droites opératoires
suivantes:
 De xD à xF , sur la droite opératoire d'enrichissement passant par le point (xD , xD )
et coupant l'axe des ordonnées en xD /(R+1)
 De xF à xW, sur la droite opératoire d'épuisement passant par le point (xw , xw ) et
coupant la droite d'enrichissement en x= xF.

xD/R+1

0
xw xF xD x

17
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Figure.9 : Détermination du nombre d’étages théoriques à reflux fixé par la méthode de


Mac Cabe et Thiele.

II.5.2. Reflux total, NETmin


La relation entre le taux de reflux et le nombre d'étages nécessaires à une séparation donnée
peut être facilement visualisée grâce à la construction de MacCabe et Thiele.
En effet, augmenter le taux de reflux revient à éloigner les droites opératoires de la courbe
d'équilibre, jusqu'à les confondre avec la première bissectrice. On trouve alors le nombre
minimum d'étages, correspondant à un taux de reflux infini (colonne à reflux total).
Le nombre minimum d'étages théoriques pour réaliser cette séparation est déterminé par la
construction de McCabe et Thiele à reflux total, qui consiste à tracer des escaliers (ou étages)
entre la courbe d'équilibre et la bissectrice, de xw à xD.

xw xD

Figure.9 : Détermination du nombre d’étages théoriques (à reflux total ) par la méthode


de Mac Cabe et Thiele.

II.5.3. Reflux minimum


Le taux de reflux minimum pour réaliser une séparation donnée en rectification continue est
déterminé par l'ordonnée à l'origine de la droite passant par les points suivants:
 le point (xD , xD), situé sur la bissectrice ;
 le point de la courbe d'équilibre ayant pour abscisse xF.

18
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

xD
Cette ordonnée, déterminée graphiquement, vaut : y min = , ce qui permet d'en déduire
R min +1
Rmin.
y

xD
R min +1

0 xF xD x

Figure.10 : Détermination du reflux minimum par la méthode de Mac Cabe et Thiele.

19
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Chapitre III : Absorption et désorption


III.1 Généralités
L’absorption consiste à un transfert d’un ou plusieurs constituants d’un gaz (ou d’une
vapeur) dans un liquide. La récupération, souvent nécessaire, de la substance qui s’est
dissoute dans le liquide est appelée désorption.
L’absorption se réalise en mettant en contact le gaz contenant le soluté et le solvant pendant
tout le temps nécessaire au transfert, c’est à dire jusqu’à ce que le temps d’équilibre de
concentrations entre les deux phases soit atteint.
Les processus de dissolution d’un gaz dans un liquide sont de nature physique ou chimique.

Absorption physique : C’est une dissolution physico-chimique faisant appel aux


phénomènes de solubilité gaz-liquide sans qu’il y ait aucune transformation chimique de
constituants.

Absorption chimique : elle correspond à la dissolution d’un soluté dans un liquide avec
formation d’un composé chimique plus ou moins stable

III.2 Terminologie
Le soluté ou absorbât : est le gaz (ou vapeur) contenu dans le gaz porteur, que l’on doit
extraire par dissolution dans le liquide.
Le diluant ou inerte : est le gaz (ou vapeur) mélangé au soluté. Il est souvent insoluble ou peu
soluble dans le solvant.
Gaz riche : le mélange diluant-soluté.
Gaz épuisé : le gaz dépourvu du soluté.
L’absorbant ou solvant : est le liquide destiné à dissoudre le soluté.
Solution riche : est la solution obtenue par dissolution du soluté dans le solvant.

III.3 Notions théoriques

Loi d’HENRY : «  A l’équilibre, la pression partielle d’un gaz au dessus d’un liquide dans
lequel le gaz est soluble est proportionnelle à la teneur du gaz dans le liquide ».
p=H c . C ou p=H x . x

20
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

p : pression partielle du soluté dans la phase gazeuse (atm) ;


C : concentration du soluté dans la phase liquide ;
x : titre molaire du soluté dans la phase liquide ;
H c ou H x : Constante d’HENRY .
En tenant compte de la loi DALTON :
p= y . Pt
Cette relation est valable pour les gaz parfaits.
p : pression partielle du soluté dans la phase gazeuse (atm) ;
y : titre molaire du soluté dans la phase gazeuse ;
Pt  : pression totale du système.
En égalant les deux expressions de la pression partielle, on a :
Hx . x
H x . x= y . Pt d ' où y=
Pt
Hx
En posant : m=
Pt
On obtient : y=m. x

C’est une droite de pente m passant par l’origine, elle est utilisée parfois pour tracer la courbe
de distribution.
m : joue le même rôle que le coefficient de partage dans l’extraction liquide-liquide.
Cette loi s’applique à des solutions très diluées de gaz dans un liquide et à de faibles pressions
partielles de gaz.

Loi de RAOULT : « A température constante, pour un gaz parfait en équilibre avec une
solution idéale, la pression partielle du soluté dans la phase gazeuse est égale au produit de
la pression maximale de vapeur du soluté par son titre molaire dans la solution ».

p=x . P 0

En tenant compte de la loi DALTON, la formule se transforme en :

P0
  y= . x
Pt
P0
Cette formule permet de tracer la courbe de distribution, laquelle est une droite de pente
Pt
passant par l’origine.

21
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

La loi de RAOULT est une loi limite valable pour les mélange parfaits ou idéaux (constitués
de corps de structures voisines).

III.4 Absorption à contre courant


Cette opération est très utilisée industriellement. Il existe plusieurs manières de réaliser un
système d’absorption à contre courant.

III.4.1 Différents mode d’absorption à contre courant


III.4.1.1 Absorption discontinu à contre courant
Consiste à faire cheminer dans l’absorbeur le gaz riche en absorbant en sens inverse du
liquide. Le gaz à traiter arrive ainsi à une extrémité de l’appareil où sort la solution riche en
soluté tandis que le gaz épuisé quitte l’autre extrémité de l’absorbeur par laquelle pénètre
aussi le solvant. Lorsque le solvant est saturé en composants absorbables, en le remplace avec
un solvant neuf.

Gaz épuisé Solvant

Gaz riche Solution riche

Figure III.1 : colonne d’absorption à contre courant discontinu.

III.4.1.2 Absorption à recirculation de liquide


Comme pour les extractions, l’absorption à contre –courant exige moins de solvant que
l’absorption à co-courant surtout lorsqu’on recycle une partie de la solution. Dans ce genre de
système, la solution riche en absorbant s’écoulant de la colonne est mélangée à du solvant

22
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

d’appoint et constitue une solution peu riche en absorbât ; celle-ci est réintroduite en partie
dans la colonne (figure III.2).

Gaz épuisé

Solution peu riche


Gaz riche solution riche
Appoint de solvant

Figure III.2 : Colonne d’absorption avec recirculation de liquide.

La fraction non recyclée de solution peu riche peut être rejetée, ou régénérée. On peut encore
envoyer cette solution dans une autre colonne où elle sert de solvant (figure III.3). Le
dispositif correspondant à recirculation de solution avec plusieurs colonnes, réalise une
absorption méthodique avec le minimum de solvant.
Gaz épuisé

Gaz riche

solution riche
Appoint de solvant

23
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Figure III.3 : Absorption à plusieurs colonnes avec recirculation de liquide.

III.4.2 Relations opératoires générales

VS, yS LE, xE
Gaz épuisé Solvant

z
V VL L

y x

VE, yE Ls, xs
Gaz riche Solvant riche

Figure III.4 : Schéma du bilan de matière dans la colonne d’adsorption.

On considérera pour cette étude que le diluant ou inerte est insoluble dans le solvant et qu’il
n’ya pas de solvant entraîné dans la phase gazeuse
Bilan matière global : VE+ LE= Vs+Ls
Bilan matière global aux frontières : VE+ L= V+Ls
Bilan partiel soluté  : VE.yE+L.x= V.y+Ls.xs
L VE Ls
Équation de la droite opératoire : y= x+ yE − xs
V V V

Faible concentration :
Dans le cas des faibles concentrations, on peut considérer que les débits de gaz et de liquides
sont constants tout au long de la colonne d’absorption. Donc on a: VE=VS=V et LE=LS=L
La droite opératoire devient donc :
L L
y= ( x −x s ) + y E ou bien : y S = ( x E −x s ) + y E
V V

24
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Pour le tracé de la droite opératoire, il suffit de connaître les caractéristiques des courants
liquides et gazeux entrant et sortant.
Si l’on suppose le débit du gaz V et sa composition (y E ,ys) connus ainsi que la composition
du solvant xE connue, la position de la droite est définie soit par le débit L , soit par xE.

y
L
yS = ( x −x ) + y E yE
V E s
B

Courbe d’équilibre

ys H

xE xs x
Figure III.5 : Diagramme d’équilibre et droite opératoire pour l’adsorption.

Le point B, caractérisant le bas de la colonne a pour coordonnée (xS,yE), et le point H


caractérisant le haut de la colonne a pour coordonnée (xE,yS).
Pour les valeurs

Détermination du taux de solvant minimum :


Le débit de solvant n’est pas connu, alors on passe par le taux de solvant minimum pour
déterminer ensuite le taux de solvant optimal.
Pour les valeurs V, yE, ys et xE fixées, la valeur de xs augmente quand le débit de solvant
diminue. Le rapport L/V ne peut pas s’abaisser sous une valeur minimum correspondant à la
pente de droite opératoire qui coupe la courbe d’équilibre.
y
L
( ( )
  y s=
V min
( x E −x m ) + y E ) :

yE B’

ys H

25
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

xE xs xm x

Figure III.6 : Détermination du taux de solvant minimum.

Le point B’ est l’intersection entre la courbe d’équilibre et l’horizontale qui passe par le titre
molaire d’alimentation gazeuse yE. xm est l’abscisse du point B’.

A partir du point x m, on en tire par l’équation de la droite opératoire le taux de solvant


minimum :

ys =( VL )
min
( x E−x m ) + y E

L y s− y E
D’où : ( )
V min
=
x E− xm
A partir de ce taux de solvant minimum, on calcule le taux de solvant optimal par la relation

suivante : ( VL )opt
=K. ( VL ) min

De la droite opératoire, on trouve, le titre molaire du liquide en sortie xs


y S− y E
x S =x E −
( VL )
opt

Ainsi on peut placer le point B (xs, yE), et tracer la droite passant par les points H et B, puis il
est possible de déterminer graphiquement le nombre de plateaux théoriques :
y

yE B

ys H 1

xE xs x
Figure III.7 : Détermination du nombre d’étage théorique.

Forte concentration :

26
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Dans ce cas les éléments qui restent constant tout au long de la colonne sont :
Le débit de solvant pur S, lié au débit de solvant par :

S= LE ( 1−x E )=L ( 1−x )=L s ( 1−x s )

Le débit de diluant D, lié au débit de gaz par :

D=V E ( 1− y E ) =V (1− y )=V s ( 1− y s )

En effectuant les changements possibles dans l’équation de la droite opératoire, on obtient :

s (1− y) (1− y) S (1− y )


y= . . x+ yE − . .x
D (1−x) (1− y E ) D ( 1−x s ) s
Ou encore :
y s x yE S xs
= . + − .
(1− y) D (1−x) (1− y E ) D ( 1−x s )

En remplaçant les titres molaires par les rapports molaires, l’équation de la droite opératoire
devient:
s S
Y= . X +Y E − . X s
D D
Ou bien  :
s
Y= ( X− X s ) +Y E
D
On trace la droite opératoire de la même manière précédente mais dans un repère (X,Y)

III.5 Désorption
Dans la pratique industrielle, l’absorption est généralement suivie par l’opération de
désorption, laquelle est destinée à la récupération du soluté dissous dans le solvant et à la
régénération de celui-ci afin de le faire entrer à nouveau en service.
La désorption est généralement réalisée par chauffage de la solution ou par injection de
vapeur dans celle-ci circulant dans le désorbeur.
Appoint de solvant
Gaz épuisé air riche en soluté
Réfrigérant

Échangeur
27
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Absorbeur Désorbeur

Solution riche vapeur

Gaz riche air

Figure III.8 : Processus d’absorption et désorption.

LE, xE Vs, ys
Solvant riche air riche en soluté

vapeur

LS, xs VE, yE
Solvant pauvre air

Figure III.4 : Schéma du bilan de matière dans la colonne de désorption.

On considérera que le diluant est insoluble dans le solvant


Bilan matière global : VE+ LE= Vs+Ls

Bilan partiel soluté  : VE.yE+LE.xE= VS.yS+Ls.xs

LE V L
Équation de la droite opératoire : y s = x E + E y E− s x s
VS VS VS

Dans le cas des faibles concentrations, on peut considérer que: VE=VS=V et LE=LS=L

L V L
La droite opératoire devient donc : y s = x + y − x
V E V E V s

L
ys = ( x −x ) + y E
V E s

28
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

s
Dans le cas des fortes concentrations, la droite opératoire devient:Y s = ( X − X s ) +Y E
D E

Dans le cas de la désorption, la droite opératoire se trouve sous la courbe d’équilibre.

Le débit massique du soluté désorbé est :LE xE - Ls xs

Le rendement de la désorption R= (LE xE - Ls xs)/( LE xE)

ys H

yE B

xs xE x
Figure III.9 : Diagramme d’équilibre et droite opératoire pour la désorption.

III.6. Influence de quelque paramètre sur l’absorption


1. Choix du solvant
Sélectivité de l’absorbât la plus grande possible
Faible volatilité : pour ne pas être entraîné
Faible viscosité : augmentation de la vitesse d’absorption, écoulement plus rapide
Peu corrosif
Non inflammable
Bas point de congélation
Prix peu élevé
2. Température : la solubilité d’un gaz décroît quand la température augmente.
3. Pression : la solubilité augmente avec la pression partielle du soluté.

Références bibliographiques
Cours de génie des procédés alimentaires 1, Twaila Zakaria, Motri Samia ,(2009 – 2010)

29
Cours opérations unitaires (LGP) Dr. F.AHMEDCHEKKAT

Distillation et extraction (volume1), Leçons commentées en ligne sur http://www.grandjean-


bpa.com/distil,(2013)

Procédés de séparation (tome 2),J-P.Wauquier,Editions technip (1998).

30

Vous aimerez peut-être aussi