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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES ET


POLITIQUES

DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES

COURS
DE
RELATIONS EXTERIEURES
DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Prof. TSHIMPANGA MATALA KABANGU

Année académique 2012-2013

1
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION

Objectif général du cours


Objectifs spécifiques

CHAPITRE PREMIER
DEFINITION DES CONCEPTS ET TENDANCES ACTUELLES DES
RELATIONS EXTERIEURES DES ETATS

I.- Les relations extérieures : Eléments de définition


1.- La caractère matériel et immatériel des relations extérieures
2.- L’acception polysémique du concept « relations extérieures »

II.- Les relations extérieures et les concepts connexes


1.- Les relations extérieures et les relations diplomatiques
2.- Les relations extérieures et la politique étrangère
3.- Les relations extérieures et la politique internationale
4.- Les relations extérieures et les relations internationales

III.- Les facteurs conditionnant les relations extérieures d’un Etat


1.- Le facteur économique
2.- Le facteur démographique
3.- Le facteur scientifique et technique
4.- La position géographique

IV.- Les tendances actuelles des relations extérieures des Etats


1.- Le caractère multisectoriel des relations extérieures
2.- La multipolarisation des relations extérieures
3.- L’uniformisation des pratiques dans la conduite des relations
extérieures
4.- L’interdépendance accrue entre les Etats

CHAPITRE DEUXIEME
LES RELATIONS EXTERIEURES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO

I.- La conduite des relations extérieures de la République : La politique étrangère


1.- La politique étrangère et l’intérêt national
1.1.- La conception réaliste de l’intérêt national
1.2.- La conception libérale de l’intérêt national
1.3.- La conception constructiviste de l’intérêt national
2.- Les institutions de politique étrangère en République Démocratique du

2
Congo
2.1.- Le Président de la République
2.2.- Le Ministère des Affaires Etrangères
2.2.1.- L’organisation centrale du Ministère des Affaires
Etrangères
2.2.2.- L’organisation extérieure du Ministère des Affaires
Etrangères
2.3.- Les Commissions des Affaires Etrangères du Parlement

II.- Le contenu de la politique étrangère de la République


1.- Les matières de politique étrangère de la République
2.- Les principes de politique étrangère de la République
2.1.- Les principes internationaux
2.2.- Les principes nationaux
2.2.1- Le principe d’ouverture au monde
2.2.2.- Le principe de bon voisinage

III.- La carte d’identité actuelle de la République et ses atouts dans un monde de plus
en plus interdépendant
1.- La situation sécuritaire
2.- La situation socio-économique de la République Démocratique du Congo
3.- Les atouts de la République Démocratique du Congo
3.1.- Les ressources économiques
3.2.- Le poids de la démographie
3.3.- La position géographique

CHAPITRE TROISIEME
LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET SES RELATIONS
BILATERALES

I.- L’état des relations bilatérales avec les pays voisins immédiats
1.- Les questions d’ordre sécuritaire
2.- Les questions relatives aux migrations et à la situation des réfugiés
3.- La coopération dans le domaine de l’énergie
4.- La coopération militaire

II.- L’état des relations bilatérales avec les autres pays de la région
1.- La Grande commission mixte RDC-Afrique du Sud
2.- La Grande commission mixte RDC-Nigéria

III.- L’état des relations bilatérales avec les autres Etats non africains

CHAPITRE QUATRIEME
LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET SES RELATIONS
MULTILATERALES

I.- La République Démocratique du Congo dans l’Union Africaine

3
II.- L’appartenance aux organisations d’intégration sous-régionale africaine
III.- La République Démocratique du Congo dans les autres espaces multilatéraux
1.- La République Démocratique du Congo et l’Organisation des Nations
Unies
2.- La République Démocratique du Congo et l’Union Européenne
3.- La République Démocratique du Congo avec le FMI et la Banque
Mondiale
4.- La République Démocratique du Congo et l’Organisation Internationale
de la Francophonie
5.- La République Démocratique du Congo et les traités internationaux et
régionaux
6.- La République Démocratique du Congo et la consolidation de la paix
dans les Grands Lacs
6.1.- La Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs
6.2.- La Tripartite Plus 1
6.3.- L’Accord cadre d’Addis-Abeba

CONCLUSIONS

BIBLIOGRAPHIE

4
4

INTRODUCTION

Le besoin crée la demande et celle-ci est satisfaite en puisant dans les à partir
des moyens immédiats et les ressources propres dont dispose celui qui l’éprouve. Le
défaut de ces moyens oblige à un recourirs à l’extérieur, et une telle cette démarche ne
peut que créer une relation. Là naissent des relations extérieures. Cette réalité
saisissable au niveau des individus est aussi extensible au niveau des Etats. Tous les
Etats modernes existent et satisfont les besoins qu’ils ressentent en faisant usage de
leurs ressources locales, et aussi et surtout par le biais des échanges qu’ils
entretiennent avec l’extérieur. Naissent ainsi les relations extérieures.

Les relations internationales contemporaines sont caractérisées par une forte


interdépendance entre les Etats. L’ère de l’autarcie semble révolue à jamais et a cédé la
place à une forte coopération entre les Etats, de manière que même les nations les plus
puissantes ont, aujourd’hui, besoin d’établir des relations avec d’autres les petites
nations, aussi petites soient-elles, desquelles elles tirent des dividendes.

Il est un fait que le bénéfice que rapportent ces relations extérieures ne sont pas
toujours d’ordre économique, mais peuvent se situer à d’autres niveaux et dans des
secteurs inattendusespérés. Des dividendes diplomatiques à travers des appuis sur de
grandes questions qui touchent aux intérêts de la nation, , des faveurs d’ordre
stratégique et sécuritaire, etc. configurent des arguments s qui justifient l’attitude des
poussent les Etats à ne plus minimiser à l’époque actuelle l’un ou l’autre acteur
étatique ère encore moins e lnt non seulement d’ordre économique, mais asste sdans
la projection de leurs relations extérieures. « On a besoin d’un plus petit que soi » a-t-
on dit.

5
Si les pays développés qui ont réussi à mettre en place des politiques capables
de satisfaire les aspirations de leurs peuples, ainsi que des infrastructures qui
garantissent aujourd’hui le bien-être de ceux-ci, continuent à intensifier leurs relations
extérieures pour préserver les acquis et enrichir davantage leur patrimoine, que dire des
pays sous-développés dont les carences dans de divers secteurs sont manifestes et
nécessitent les apports d’autres nations pour venir combler ces déficits.

Par conséquent, les relations avec les autres pays s’avèrent nécessaires surtout
si elles sont rationnalisées, c’est-à-dire, conçues afin que les dividendes qui en sont
tirés soient mis au profit du développement des peuples et du progrès de la nation. Et si
nous avons considéré la politique étrangère comme la conduite prudente, calculée et
rationnalisée de ces relations extérieures, l’importance de celles-ci pour les Etats sous-
développés confère encore un statut particulier à cette politique étrangère.

En effet, bien conçue, la politique étrangère peut amener l’Etat à nouer et


multiplier des relations extérieures qui l’aident à gagner des dividendes politiques et
diplomatiques, à accéder à des ressources économiques et financières, à créer des
plateformes d’échanges culturels et de tout genre, le tout pouvant l’aider à faire face à
de possibles vulnérabilités et à consolider encore davantage ses fondations1.

Les relations extérieures d’un Etat s’étendent sur un champ plus large et plus
complexe offrant un éventail aux ramifications difficilement saisissables surtout dans
un pays où les données essentielles ne sont toujours pas accessibles, ni mises
facilement à la portée des chercheurs. Il est un fait que les besoins de la République
Démocratique du Congo sont immenses tant par l’importance de sa démographie qui
met à découvert chaque jour un éventail assez ample de demandes et aspirations,
créant de ce fait, un marché de consommation étendu et attractif nécessitant des
apports extérieurs, que par sa superficie encore en friche convoitée par ses voisins, et
qu’il faut non seulement sécuriser, mais aussi mettre en valeur pour créer des
conditions de vie dignes d’un Etat moderne.

1
. NGOIE TSHIBAMBE, G., « « La politique de bon voisinage » : Analyse d’un principe de
politique étrangère de la RDC »., en Congo-Afrique, 412-413 (XLVII), février-mars 2007, p.
155.

6
Cette situation oblige le pays à diversifier ses relations extérieures pour tenter
d’atteindre tous ces objectifs. D’autre part, les pays avec lesquels ces relations sont
tissées appartiennent à des cultures politiques et des idéologies variées, et disposent
des économies aux niveaux de développement différents à telle enseigne que les
échanges que la République Démocratique du Congo finit par entretenir avec ces pays
au terme des accords de coopération, impriment à ces . De là, les relations extérieures
des aspects politiques et idéologiques sont multiformes et les éclatent dans des espaces
variés faisant de la multisectorialité un des traits caractéristiques de ces relationsl.

Objectif général du cours

C’est pour autant affirmer que ce cours sur « les relations extérieures de la
République Démocratique du Congo » n’a pas la prétention de présenter un
panorama exhaustif et complet sur ce thème, plutôt un survol toutefois riche des
références qui puisse aider l’étudiant en relations internationales à se faire une image
approximative des orientations fondamentales de ce ces relations extérieures du pays.

Dans ce sens, ce cours est conçu comme une présentation descriptive des
relations extérieures qu’entretient la République Démocratique du Congo tant avec les
autres entités étatiques qu’avec les institutions internationales dans de divers secteurs
de la vie nationale.

Son importance dérive du fait qu’il conduit :


- d’une part, à présenter la configuration, c’est-à-dire, les contours réels de la
carte géographique de ces relations extérieures, à l’instar et ce, à l’image d’une
toile d’araignée. Cette approche aidera tant que tissent ces relations de manière
àà identifier les partenaires privilégiés, permanents ou réguliers de l’Etat
congolais dans son action extérieure, qu’à comprendre dans quels secteurs ces
relations se concentrent elles se concentrent et insistent ainsi que et les
dividendes que l’Etat en tire.

- d’autre part, à apprécier la densité ainsi que la qualité de ces relations afin de
conclure si elles sont est superflues ou, au contraire, nécessaires en excédent

7
par rapport aux demandes et aspirations de la population congolaise à cette ère
’Etat à cette période de la mondialisation.

Objectifs spécifiques

L’étudiant en relations internationales est appelé à maîtriser les contours de


l’action extérieure de son pays afin d’en apprécier le contenu et la qualité. Pour autant,
il doit être préparé au moment de formuler des considérations ou des points de vue sur
cette action extérieure. Ce cours a cette prétention de servir d’instrument qui facilite
cet apprentissage et cette progressive préparation.

Il est un fait que tous les étudiants en relations internationales ne sont pas
appelés à être des acteurs « actifs » des relations extérieures du pays, toutefois, ils
peuvent émettre leurs jugements à partir de certaines plateformes où ils seront appelés
à évoluer. Ces contributions sont des apports non négligeables quant à l’amélioration
de nos relations extérieures et la rentabilisation de nos échanges avec les autres
nations. Ces considérations mettent à découvert la pertinence de ce cours dans le
programme relatif à l’enseignement des Relations Internationales.

8
CHAPITRE PREMIER
DEFINITION DES CONCEPTS ET TENDANCES ACTUELLES DES
RELATIONS EXTERIEURES DES ETATS

I.- Les relations extérieures : Eléments de définition

Dans un sens large, les relations extérieures d’un Etat embrassent toutes les
transactions réalisées à travers les frontières par les fonctionnaires publics o des
personnes privées résidant dans ledit Etat. Elles le sont aussi par des organisations
gouvernementales ou des organisations non gouvernementales.

L’interdépendance qui a fini par éliminer l’autarcie pour devenir un des traits
fondamentaux des relations entre les Etats et s’imposer même comme leur « modus
vivendi » a fait que les relations extérieures deviennent l’une des actions les plus
dynamiques dans la vie de tout Etat. C’est pour autant dire que tous les Etats du monde
contemporain, grand ou petit soit-il, établissent et entretiennent tissent des relations et
des échanges de coopération de tout genre tant avec d’autres entités étatiques les Etats
du dans le voisinage immédiat qu’avec celles ux situées dans des régions lointaines,
mais attirées pour des raisons politiques, économiques ou commerciales,
socioculturelles, … touchant à leurs intérêts, etc.

9
Les préoccupations d’ordre sécuritaire, la quête de la puissance pouvant
entraîner des conflits d’intérêts susceptibles de déboucher sur des guerres larvées ou
des affrontements armés, les inégalités dans le développement faisant que les carences
des uns soient comblées par les apports des autres à travers les politiques de
coopération, la nécessité toujours présente de satisfaire les besoins variés ou les
demandes sociales diverses…, toutes ces réalités qui caractérisent les relations
internationales contemporaines amènent les Etats à mener une action extérieure dans
des différents domaines. Cette action aux orientations diverses et parfois entrecroisées
forme ce que l’on appelle les relations extérieures d’un Etat.

Celles-ci sont devenues intenses et multiformes comme conséquence du


développement de la technologie surtout dans le domaine de communication et
télécommunication faisant que les sociétés qui jadis, étaient considérées comme
lointaines supposant une difficulté certaine dans les échanges, sont aujourd’hui
considérées comme proches dès lors que les distances ont été réduites et les ont
ramenées seulement à quelques encablures.

En effet, l’évolution du monde contemporain avec une énorme intensité des


échanges dans tous les domaines a fait que les relations extérieures des Etats se
déroulent suivant des cadres normalisés et formalisés, c’est-à-dire, suivant des règles
reconnues et respectées par tous les acteurs. C’est dans ce sens que ces relations
s’établissent le plus souvent au terme des négociations qui aboutissent sur des accords
à observer par les parties qui s’y engagent par leurs signatures.

Ces accords doivent être scellés suivant des normes ou des règles du jeu
convenues par tous. Concrètement, les échanges commerciaux ne se feraient que
suivant les principes établis par l’Organisation Mondiale du Commerce, l’intervention
ou l’usage de la monnaie des transactions, ne se ferait que dans le respect des normes
requises par le Fonds Monétaire International, l’établissement des relations
diplomatiques et l’échange même des ambassades ne se feraient qu’en conformité avec
les normes du droit diplomatique, etc.

1.- Le caractère matériel et immatériel des relations extérieures

10
Toutefois, les relations extérieures n’amènent pas nécessairement aux échanges
physiques des biens entre les Etats qui les établissent. Ces échanges peuvent aussi être
immatériels comme c’est le cas dans le cadre des échanges ou de transmission des
connaissances d’ordre scientifique ou des échanges d’expériences d’ordre culturel. Les
relations extérieures se prolongent aussi dans le champ immatériel à travers des
engagements pris par le pays à observer une conduite déterminée dictée par un groupe
de pays ou par la communauté internationale soucieuse d’asseoir une éthique ou une
coutume internationale dans un domaine précis. Ces engagements se prennent par la
signature des traités, des conventions ou d’autres instruments juridiques de la même
nature, lesquels assoient peu à peu une certaine culture internationale qui inspire
respect contribuant de la sorte à la stabilité internationale.

En effet, la signature par un Etat de la Convention Internationale pour le


Respect et la Protection des Droits de l’Homme oblige celui-ci à observer cet
engagement de respect et de protection sur son territoire. Cette attitude établit une
relation extérieure d’obligation envers le groupe d’Etats qui se sont aussi engagés dans
le même sens ramenant ainsi le respect et la protection des droits de l’homme à une
culture si pas universelle, du moins régionale et reconnue ainsi puisque les Etats l’ont
voulu et l’exigent à d’autres Etats pour une uniformité dans la marche du monde. Non
seulement la matérialité, sinon aussi l’immatérialité est positive et produit des effets
susceptibles d’uniformiser les politiques des nations afin de stabiliser la marche de la
société internationale.

En d’autres termes, ce type de relations extérieures, aussi immatérielles soient-


elles, loin de les confiner dans un certain statisme ou immobilisme, sont toutefois
teintées de dynamisme dès lors que le l’obligation à observer et à respecter
l’engagement, est présente et permanente dans l’attitude de l’Etat qui a apposé sa
signature. Ce dynamisme se reflète aussi par l’influence et l’insertion de cet ordre
juridique international dans l’ordre juridique interne.

Pour autant, les relations extérieures d’un Etat se situent à deux niveaux :
- Le niveau matériel où ces relations donnent lieu à des échanges des biens
matériels ;

11
- Le niveau immatériel où ces relations consistent en un échange d’expériences
ou de connaissances ; en l’observance d’une certaine conduite conforme aux
engagements bilatéraux ou multilatéraux, respectueuse d’une éthique régionale
ou internationale dictée par des traités régionaux ou internationaux sur une
matière déterminée et auxquels l’Etat a souscrit.

2.- L’acception polysémique du concept « relations extérieures »

Si nous saisissons les relations extérieures à partir du paradigme réaliste des


relations internationales, ces relations se limiteraient, par conséquent, aux
préoccupations politiques entre les Etats, lesquelles doivent nécessairement toucher au
domaine de la paix et de la sécurité, à la quête de la puissance. Cependant, si nous les
épinglons à partir du paradigme de l’interdépendance lequel reconnaît, non seulement
l’implication des Etats dans la scène internationale, mais aussi d’autres acteurs non
étatiques ou des organisations internationales, ces relations s’ouvrent et s’intensifient
élargissant leur contenu jusqu’aux actions de ces autres acteurs.

Pour répondre aux demandes de développement économique et social, l’Etat a


dû s’ouvrir de plus en plus aux échanges et s’engager dans une interdépendance de
plus en plus croissante, laquelle a réduit son autonomie d’action. En effet, le modèle de
développement qui émerge de cette nouvelle ère marquée par l’intensification des
échanges et l’émergence de nouvelles technologies surtout en matière de
communication et télécommunication, a imposé de nouvelles tâches sociales et
économiques à l’Etat, lequel s’est montré de moins en moins apte à satisfaire à lui seul
ces nouvelles exigences2. D’autres acteurs, surtout les sociétés multinationales, ont
émergé sur la scène internationale et limité la marge de manœuvre des Etats.

Toute une série de transactions économiques, technologiques, culturelles et


sociales échappent, en partie au moins, aux Etats et s’établissent à travers les frontières
entre les divers groupes sociaux. Apparaissent dans ce cas des forces transnationales
qui tendent à restreindre la marge de manœuvre des Etats et à influencer les politiques

2
. BRAILLARD, P., et DJALILI, M-R., Les relations internationales, Paris, PUF, 7ème éd.,
2004, pp. 16-17.

12
publiques de ces mêmes Etats3. De ce fait, les autres acteurs non étatiques jouent aussi
un certain rôle dans les relations extérieures des Etats. C’est pout autant dire que les
relations extérieures dans leur sens le plus strict, se limitent aux relations entretenues
par les Etats à de différents niveaux de leur représentation, alors que dans le sens le
plus large de ce terme, ces relations peuvent aussi embrasser les actions de grande
envergure menées par d’autres acteurs, au-delà des Etats.

Dans ce sens, il existe une double diversité d’acteurs des relations extérieures 4.
D’une part, la société civile avec les ONG, les sociétés industrielles et commerciales
transnationales, les collectivités locales décentralisées et leurs actions de coopération
internationales…, et d’autre part au sein même du gouvernement et des services
centraux où les acteurs de l’action extérieure de l’Etat se sont également multipliés. De
la sorte, en matière des relations diplomatiques, l’Etat est seul ou presque sur le terrain
puisqu’il s’agit essentiellement de relations interétatiques. En effet, les actions privées
peuvent aussi se manifester à ce niveau essentiellement à des fins de médiation comme
c’est le cas de la Communauté San Egidio dans sa médiation et la recherche de la paix
qui a mis fin au conflit armé au Mozambique entre le FRELIMO et la RENAMO.

Par conséquent, les relations extérieures d’un Etat est « l’ensemble des
transactions d’ordre économique, politique, technique et culturel, matérielles et
immatérielles entretenues par un Etat avec les autres entités étatiques ainsi qu’avec
des organisations internationales auxquelles s’ajoutent aussi des actions formelles de
grande envergure pouvant influer sur les secteurs mentionnés, menées au-delà des
frontières dudit Etat par les autres acteurs non étatiques comme les grandes
entreprises nationales ou multinationales et les organisations non gouvernementales
sous le contrôle et le filtre dudit Etat ».

Le contrôle et le filtre supposent le droit de regard de tout ministère concerné


par l’action à entreprendre à l’extérieur, soucieux d’examiner la conformité de celle-ci
avec la législation en la matière, ainsi qu’avec l’intérêt général. Rien ne peut être
entrepris pour se démarquer de ces deux références d’importance capitale.

3
. KAISER, K., « Transnational Politics: Towards a Theory of Multinational Politics », en
International Organization, Vol., 25, 1971, pp. 790-817.
4
. PANCRACIO, J.-P., Droit et institutions diplomatiques, Paris, A. Pédone, 2007, p. 18.

13
Eu égard à ces considérations, les relations extérieures de la République
Démocratique du Congo peuvent être entendues comme des relations essentiellement
politiques. Toutefois, elles peuvent aussi être comprises comme cet ensemble des
rapports internationaux où non seulement intervient l’Etat congolais, mais aussi
d’autres acteurs non étatiques sous la vigilance du même Etat. Sous cette approche de
l’interdépendance, les relations extérieures vont au-delà des compétences du Ministère
des Affaires Etrangères pour impliquer d’autres Ministères dont les sphères d’action
ont des embranchements allant au-delà des frontières nationales. Toutefois, le
Ministères des Affaires Etrangères ou de la Coopération Internationale, s’il n’est pas
l’acteur principal, il en est le catalyseur.

Par conséquent, il doit, en principe, être informé de toutes ces transactions et en


être l’aboutissement logique dès lors que les relations diplomatiques qui s’établissent,
le sont non seulement pour refléter l’amitié entre les Etats, mais aussi pour la
protection des intérêts des Etats sur le territoire des autres Etats. Pour autant, il est
requis une information complète au Ministère des Affaires Etrangères ou de la
Coopération Internationale sur toutes les transactions de grande envergure entreprises
par les autres acteurs non étatiques en dehors des frontières de l’Etat.

II.- Les relations extérieures et les concepts connexes

1.- Les relations extérieures et les relations diplomatiques

Si les relations extérieures de l’Etat supposent ce faisceau complet d’échanges


pris depuis leur prisme multisectoriel et épinglés dans leur dimension publique et
privée, les relations diplomatiques sont, quant à elles, des relations de reconnaissance
mutuelle et d’amitié entre Etats teintées d’une forte connotation politique, et dont
l’expression solennelle repose dans l’ouverture des ambassades et l’envoi des
diplomates au sommet desquels se trouve un chef de mission. Ces relations font partie
du domaine irréductible que l’Etat ne peut pas partager avec un autre acteur et qui est
une composante de sa souveraineté internationale5.

5
. PANCRACIO, J.-P., op. cit. P. 18

14
Ces relations diplomatiques sont conçues comme des relations publiques que
les peuples, structurés en Etats : institutions dotées de la personnalité juridique
internationale, établissent entre eux pour se donner la capacité juridique de négocier et
de signer des traités, de créer des organisations internationales intergouvernementales,
de faire usage de la contrainte soit sous la forme de contre-mesures, le plus souvent
économique (embargo, gel des avoirs économiques, etc.) en réponse à un acte illicite
d’un autre Etat…

Les relations diplomatiques ne sont qu’une composante des


relations extérieures de l’Etat6. Elles balisent les pistes et facilitent
l’établissement d’autres types des relations. En effet, l’établissement des relations
diplomatiques entre Etats facilite le plus souvent un meilleur développement des
relations extérieures, dès lors que les missions diplomatiques, si elles sont efficaces et
bien outillées, servent non seulement des piliers pour la diffusion de la culture du pays
accréditant, mais aussi de canaux de propagande et d’information sur les atouts et les
possibilités d’investissement au profit d’opérateurs économiques ou d’autres acteurs
désireux d’opérer sur le territoire dudit pays.

En outre, ces relations diplomatiques sont à considérer comme des garde-fous


aux relations extérieures entretenues par ces Etats car, à travers leurs ambassades
respectives, les Etats peuvent procéder aux négociations ou échange des messages sur
des questions touchant à leurs relations extérieures, et ce, pour clarifier certaines prises
de décision. Le rôle de garde-fous aux relations extérieures joué par les relations
diplomatiques est plus explicite à travers l’une des missions fondamentales reconnues
à toute ambassade qui est celle de protéger les intérêts de l’Etat accréditant et ceux de
ses citoyens sur le territoire de l’Etat accréditaire. En effet, les relations diplomatiques
entre Etats s’entretiennent à travers leurs ambassades qui servent de cadre classique de
négociations préliminaires sur certaines questions intéressant les Etats concernés. Ces
relations évoquent la consolidation de l’amitié entre les Etats qui les établissent et sont
plus teintées d’aspect politique, alors que les relations extérieures n’ont pas une
couleur spécifique. Elles sont variées et multidimensionnelles.

6
. Idem., pp. 18-19.

15
Les relations diplomatiques peuvent s’inscrire dans un cadre bilatérale ou se
mouvoir dans un schéma multilatéral. Les relations diplomatiques bilatérales sont
celles qui s’établissent entre deux Etats. Elles sont la forme la plus ancienne de
manifestation d’amitié et de coopération entre les Etats. Cependant, ces relations
diplomatiques bilatérales qui sont permanentes représentent le plus souvent pour les
pays en voie de développement un poids budgétaire lourd à assumer à l’heure
d’entretenir un réseau large d’ambassades pour une présence plus étendue et une
représentation efficace.

Les relations diplomatiques bilatérales ont conduit à l’exercice de la diplomatie


bilatérale considérée comme classique, et dont la naissance remonte au XVIIème
siècle, période de sa grande splendeur qui s’est prolongée jusqu’à la première guerre
mondiale.

Les relations diplomatiques multilatérales conduisent inévitablement à la


diplomatie multilatérale. Ce concept évoque deux acceptions possibles. Il suggère,
d’une part, une activité diplomatique qui a pour cadre les organisations internationales
gouvernementales, par le biais des délégations permanentes que les Etats membres
entretiennent auprès de ces organisations. D’autre part, il signifie une activité de
négociation qui a pour cadre les grandes conférences internationales à caractère
universel et au sein desquelles sont adoptés soit des textes à vocation déclaratoire
destinés à orienter la conduite internationale des Etats dans un domaine déterminé, soit
des futures conventions multilatérales. Cette seconde acception évoque une diplomatie
multilatérale temporaire qui ne dure que le temps que dure la conférence internationale
alors que dans le cadre des organisations internationales, cette diplomatie multilatérale
est permanente comme l’est la diplomatie bilatérale.

La diplomatie multilatérale est devenue pour un grand nombre de pays, la


représentation diplomatique par excellence dès lors qu’elle offre un avantage de
rencontrer à tout moment les représentants d’autres pays accrédités auprès de
l’organisation lors des rencontres programmés au siège.

2.- Les relations extérieures et la politique étrangère

16
Souvent, il est fait une confusion entre relations extérieures et politique
étrangère. Les deux concepts évoquent des réalités bien différentes. Si les
relations extérieures d’un Etat sont considérées comme toutes les actions
entreprises par l’extérieure dudit Etat menée au-delà de ses frontières pour
obtenir un bénéfice, acquérir une richesse matérielle ou immatérielle comme il
peut en être le cas dans le cadre des échanges des expériences, ou encore pour
préserver ses intérêts ; la politique étrangère, quant à elle, se réfère plus
spécifiquement à la manière, le mode de conduire ces actions. Elle est l’ensemble
des voies et moyens ainsi que les modalités mises en place par le même Etat pour
l’accomplissement desdites actions.

En d’autres termes, « la politique étrangère est la partie de l’activité étatique


qui est tournée vers le « dehors », c’est-à-dire qui traite, par opposition à la politique
intérieure, des problèmes qui se posent au-delà des frontières »7. Elle est « l’art de
diriger les relations d’un Etat avec d’autres Etats »8. De ce fait, la politique étrangère
devient En effet, lcet instrument par lequel l’Etat tente de façonner son environnement
politique international afin de le rendre plus enclin à la protection et la promotion de
ses intérêts tout en restant conforme aux principes du droit international 9. Ces intérêts
reposent le plus souvent dans la sécurité du territoire et le bien-être ou le
développement de sa population.

Henri Berding considère la politique étrangère comme  la base et le cadre des
relations d’une nation avec les autres, fondés sur un ensemble de principes guidant la
conduite de cette nation dans ses rapports avec les autres, et poursuivant comme
objectif sa sécurité et sa prospérité10. Cet ensemble des principes sur lequel repose la
politique étrangère est façonné à partir des idées, des normes, des objectifs et de
l’éthique11.

7
. MERLE, M., La politique étrangère, Paris, PUF, Col. Perspectives Internationales, 1984, p.
7
8
. NOËL, L., « Politique et diplomatie », in Les affaires étrangères, Paris, Presses
Universitaires de France, 1959, pp 99.
9
. CHARILLON, F., “Introduction”, in CHARILLON, F., (dir.), Politique étrangère.
Nouveaux regards, Paris, Presses de Sciences Po, 2002, pp. 13-29.
10
. BERDING, H., Qui fait la politique étrangère américaine ?, Paris, Nouveaux Horizons,
1966, p. 9
11
. LIGHT, M, & SMITH, K. E., (dir), Ethics and Foreign Policy, Cambridge, Cambridge
University Press, 2001.

17
Etant donné que la distribution dans la société internationale n’est pas
égalitaire, et que chaque Etat a besoin de ressources, de biens économiques et
stratégiques, de la coopération et de la coordination avec tous les autres acteurs du
système, la politique étrangère devient un instrument indispensable pour un Etat qui
cherche à résoudre toutes ces questions en gardant des relations harmonieuses avec les
autres Etats. l’action du Ministère des Affaires Etrangères comme agence spécialisée
de l’Etat en cette matière.Eu égard à la nature anarchique des relations internationales,
la politique étrangère des Etats lancés tous à la quête de la survie et du bien-être de
leurs peuples, prétend assurer un certain ordre minimal, un équilibre dans les rapports
des forces de ces Etats, par la voie diplomatique. C’est dans ce sens que James
Rosenau considère cette politique étrangère comme l’exercice par lequel l’Etat tente de
préserver dans les relations internationales les situations qui lui sont favorables et d’y
modifier celles qui lui sont défavorables12.

… AAu même titre que la ’une politique en matière économique ou la qu’une


politique dans le secteur de la santé, de l’éducation, etc. la politique étrangère peut être
vue comme une politique publique, c’est-à-dire, une politique mise en œuvre par les
services de l’Etat avec des moyens précis, dans le but d’atteindre des objectifs bien
définis13. Toutefois, il s’agit d’une politique publique particulière, dès lors que son
rayon d’action dépasse le territoire national et prolonge ses ramifications jusqu’aux
limites lointaines où les intérêts de l’Etat qui la mène sont supposés être sauvegardés.

Le débat sur le cadre précis pouvant contenir les relations extérieures,


cherchant à savoir si celles-ci se limitaient aux seules actions politiques et
diplomatiques de l’Etat, ou mieux aux actions de tous ordres entreprises par l’Etat dans
sa projection vers l’extérieur, avait fini aussi par envahir la réflexion sur le concept de
« politique étrangère » d’un Etat. Doit-elle celle-ci être entendue et limitée aux seules
actions menées par les diplomates, ou être également étendue aux aspects des relations
internationales considérés aussi comme importants par l’Etat ?14 La réponse à cette
question dépend de l’approche à partir de laquelle les considérations de politique
12
. Lire ROSENAU, J., The Scientific Study of Foreign Policy, Londres, F. Pinter, 1980.
13
. CHARILLON, F. (dir.)., ., , Politique étrangère. Nouveaux regards, op. cit, p. 13.
14
. HILL, C., The Changing Politics of Foreign Policy, Londres, Palgrave Macmillan, 2003, p.
3

18
extérieure sont faites. Les défenseurs du réalisme ou du néo-réalisme réduisent ce
cadre aux seules actions politiques de l’Etat, alors que les théoriciens du libéralisme,
de l’interdépendance ou de la globalisation étendent ce cadre aux autres actions
entreprises tant par l’Etat que par d’autres acteurs non-étatiques, mais qui ont une
certaine envergure et susceptibles d’influer sur les relations entre Etats.

La politique étrangère embrasse donc des activités variées allant de la


médiation politique aux négociations sur des échanges commerciaux en passant par des
questions socioculturelles ou de protection des droits de l’homme. Dans ces activités,
est principalement impliqué l’Etat ou un acteur indépendant qui peut être une
organisation internationale (ONU, Union Européenne, Union Africaine, etc.).

La politique étrangère joue le rôle de coordonner les relations extérieures en


marquant les priorités par rapport aux objectifs de l’Etat et les intérêts à défendre dans
sa projection vers l’extérieur. Elle est à la fois dépendante des facteurs externes, les
rapports de force internationaux ou les stratégies des acteurs transnationaux, mais
également des réalités internes, faites des contraintes institutionnelles et culturelles et
de pressions émanant de différents groupes sociaux15.

3.- Les relations extérieures et leses relations internationales

Généralement, les relations internationales constituent un ensemble des


rapports politiques entre les Etats, dictés à la fois par les objectifs et les besoins
primordiaux de ces Etats, dans un contexte mondial anarchique, c’est-à-dire, un
contexte privé d’autorité centrale16. En d’autres termes, les Etats s’efforcent toujours
d’étendre leur influence politique à l’extérieur lorsque leur puissance relative
augmente. Cette tendance à l’expansion des intérêts et des activités à l’extérieur
provoque des interférences avec les zones d’influence d’autres Etats pour engendrer
une activité diplomatique, des médiations, mais aussi des crises avec possibilité de
guerre. Ce paysage décrit la dynamique des relations internationales selon les réalistes.

15
. SMOUTS, M.-C., BATTISTELLA, D., et VENNESSON, P., Dictionnaire des relations
internationales, Paris, Dalloz, 2006, p. 429.
16
. BIYOYA MAKUTU, Philippe. La théorie des relations internationales. Science politique
de l’International, Kinshasa-Lubumbashi, Institut Panafricain des Relations Internationales et
Stratégiques, 2009-2010, p. 58

19
Les relations extérieures des Etats vues sous cet angle n’en deviennent que des
composantes.

Epinglées à partir du paradigme de l’interdépendance, les relations


internationales deviennent un enchevêtrement des faits, des actions et des transactions
de toutes sortes entretenus, non seulement par des Etats dont le comportement et la
conduite dans toutes ces démarches changent et évoluent en fonction des enjeux,
comportement qui peut aller jusqu’à l’usage de la violence, mais aussi par les autres

acteurs non étatiques. Ces relations internationales deviennent la


somme des relations extérieures des Etats, c’est-à-dire, non
seulement des relations politiques et économiques propulsées
par les Etats, mais aussi celles menées par d’autres acteurs
non étatiques.

Il n’est pas à confondre cet entendement des relations internationales avec la


discipline scientifique versée dans l’étude de ce phénomène. En effet, les relations
internationales en tant que discipline scientifique, étudie ce phénomène
d’enchevêtrement des faits et actions ainsi que le comportement conséquent des Etats
avec une finalité de les théoriser pour les rendre saisissables et faciliter leur
compréhension objective. Eu égard à ce qui précède, les relations internationales
inspirent une approche holistique et ne se saisissent que dans une dimension
globalisante des relations entre les Etats alors que les relations extérieures sous
entendent des cadres réduits d’actions entretenues par ces mêmes Etats et renvoient, de
cette manière, à une approche non globalisante, sinon parcellisée des relations
internationales.

III.- Les facteurs conditionnant les relations extérieures d’un Etat

Beaucoup de facteurs peuvent conditionner les relations extérieures d’un Etat,


intensifier ou réduire leur éventail. Ces facteurs vont des ressources naturelles
supposant imprimer un certain dynamisme à l’économie, jusqu’à la position
géographique en passant par la démographie, la science ou la culture.

20
1.- Le facteur économique

Les échanges internationaux se développent aujourd’hui à un rythme sans


précédent, allant même plus vite que la production. Cette évolution de l’économie a
rendu de plus en plus interdépendants les systèmes économiques des Etats faisant que
le sort des pays producteurs soit lié à la capacité de consommation et de solvabilité des
pays consommateurs. Ces besoins permanents et de plus en plus extensifs ont ouvert
davantage le faisceau des relations extérieures entre les Etats 17. D’autre part, les
ressources naturelles supposent l’existence des matières premières tant agricoles que
minières, lesquelles peuvent faciliter la production d’une panoplie des produits
manufacturés. Ces ressources concèdent au pays de provenance un statut particulier
dès lors qu’elles sont un facteur générateur des relations extérieures.

En effet, les échanges entre les Etats laissent aujourd’hui une place de choix
aux ressources naturelles ou aux produits manufacturés, le tout considéré comme une
importante source des revenus nécessaires pour l’accumulation de la richesse nationale
et pour la reconstruction de l’Etat qui en possède, soucieux de combler les carences
nationales et restaurer les équilibres recherchés.

Les ressources naturelles sont un atout majeur pour une économie forte pouvant
se convertir en l’un des facteurs de puissance. Un principe fondamental des relations
internationales établit que « moindres sont les capacités économiques d’un Etat,
grandes seront ses difficultés dans ses relations extérieures pour maintenir des options
politiques propres et exercer son indépendance dans le système international »18. Par
conséquent, des ressources naturelles bien exploitées pour conférer à l’économie une
stabilité et une puissance économique à l’Etat, finissent par imprimer aux relations
extérieures dudit Etat une autre dynamique et une autre envergure. La Charte des droits
et des devoirs économiques des Etats adoptée par l’Assemblée Générale de l’ONU le
12 décembre 1974 est assez significative à ce sujet en ce sens qu’elle reconnaît que
chaque Etat détient une souveraineté entière et permanente sur toutes ses richesses,
ressources naturelles et activités économiques. En ce domaine, le droit national a la
. MERLE, M., La politique étrangère, op. cit., p. 42
17

. KNORR. K., « The nature of national economic power », Perspectives on world politics
18

(Little y Smith eds.), Londres, Longman (2è éd.), 1991, pp. 84-90.

21
primauté sur le droit international qu’il s’agisse d’expropriation, de nationalisation ou
de la réglementation des activités des sociétés transnationales19.

2.- Le facteur démographique

Le facteur démographique exerce un poids sociopolitique important dans la vie


d’un Etat et influe, pour autant, sur les différentes orientations des relations extérieures
En d’autres termes, la population d’un Etat, si elle est bien préparée, exploitée et
orientée vers des objectifs bien définis, est un élément de la puissance et un paramètre
clé des relations extérieures20. Les peuples qui peuvent avoir la puissance d’invention
et de science et capables de se créer une puissance industrielle sont prêts à dérouter
tous les autres21.
D’autre part, plus une population est importante en termes numériques, plus
l’éventail de ses besoins est large. Et la satisfaction de ces besoins appelle à une
diversification des relations extérieures si l’Etat accuse des faiblesses pour les
satisfaire à partir des ressources internes. En outre, la même importance
démographique attire aussi l’extérieur qui voit dans cette taille imposante de la
population un marché de consommation aux bénéfices inattendus.

Une population importante imprime une autre dynamique aux mouvements


migratoires, lesquelles reconfigurent les relations extérieures entre l’Etat d’origine et
l’Etat d’accueil des migrants. Ces Etats se voient appelés à concevoir des stratégies
pour la gestion responsable et la maîtrise de ces flux migratoires entre leurs territoires
respectifs et peuvent même procéder à des signatures des accords fixant les quotas de
ces flux migratoires.

L’Afrique s’est affichée ces dernières années comme une région de


concentration des flux migratoires de toutes sortes, dus à la pauvreté, la répression ou
la guerre. Tant les déplacés internes que les réfugiés gangrènent de différentes sous-
régions du continent. L’Afrique Centrale avec la région des Grands Lacs ou le
19
. CALVERT, P., The Foreign Policy of New States, Brighton, Wheatsheaf Books Ltd., 1986,
pp. 111-124. Lire aussi, COLARD, D., Les relations internationales de 1945 à nos jours,
Paris, Masson, 1991, pp. 270-271.
20
. GARCIN, T., Les grandes questions internationales depuis la chute du mur de Berlin, Paris,
Economica, 2001, p. 140.
21
. KNORR, K., op. cit., pp. 84-90.

22
Darfour ; l’Afrique de l’Est avec la Corne de l’Afrique, etc.,.,. comptent des milliers
des déplacés internes et des réfugiés. Viennent s’ajouter à ce fléau des expulsions ou
des rapatriements forcés. Toute cette dynamique engendre des relations extérieures
nouvelles entre les Etats de toutes ces sous-régions, ou entre ceux-ci et certains Etats
développés ou certaines institutions internationales, relations où abondent des aides
humanitaires et d’urgence.

3.- Le facteur scientifique et technique

Le progrès technique affecte sous toutes ses formes le jeu des relations
internationales, et par conséquent, les relations extérieures entre les Etats. Les
avancées scientifiques et le progrès technique ont tellement révolutionné le monde
pour rendre les relations internationales encore plus intenses et dynamiques. Le secteur
des communications et télécommunications en est l’exemple le plus illustratif. Les
innovations dans les communications aériennes, terrestres et maritimes n’ont pas
manqué d’influer sur les relations extérieures des Etats en contribuant à l’essor de leurs
échanges commerciaux22.

D’autre part, l’internet, la téléphonie mobile, le fax, la télévision et la radio ont


bouleversé les habitudes diplomatiques pour accélérer le rythme dans la circulation de
l’information nécessaire à l’autorité impliquée dans la prise des décisions. Les Chefs
d’Etat et de Gouvernement ont pris l’habitude de se téléphoner directement ou de se
déplacer personnellement pour traiter eux-mêmes en tête-à-tête les questions les plus
délicates. Si les décisions prises sont liées au domaine des relations extérieures, elles
ne peuvent qu’affecter celles-ci positivement. Le gain dans le temps facilité par la
multiplication de tous ces instruments de communication et l’amélioration technique
de leur fonctionnement supposent l’accroissement et l’intensification des relations
extérieures contemporaines. Aujourd’hui, l’ambassadeur et ses collaborateurs se
sentent de plus en plus frustrés dès lors qu’une grande partie du pouvoir de négociation
qui leur était reconnu ne l’est plus23. En résumé, le facteur scientifique et technique a
accentué l’interdépendance des Etats et favorisé l’unification de leur champ d’action 24.
Il en résulte un changement dans les pratiques diplomatiques et une conduite plus
22
. CALVERT, P., op. cit., pp. 107-111.
23
. MERLE, M., La politique étrangère, op. cit., p. 40
24
. MERLE, M., Sociologie des relations internationales, Paris, Dalloz,1988, p. 185

23
dynamique des relations extérieures. Les missions ad hoc et la diplomatie itinérante
doublent le système diplomatique traditionnel25.

4.- La position géographique

La position géographique d’un Etat est aussi un facteur important qui influe
considérablement sur ses relations extérieures. Un Etat enclavé ou insulaire ne va
jamais offrir les mêmes conditions d’accès à ses frontières en comparaison avec un
Etat non enclavé, ou non insulaire. Une position géographique d’ouverture est un atout
non négligeable à l’heure de multiplier des transactions ou de concevoir des
orientations pour une politique extérieure efficace présente dans tous les secteurs de la
vie nationale et capable de valoriser ces secteurs à partir des apports extérieurs.

Napoléon disait au début du XVIème siècle que « la politique des Etats était
dans leur géographie ». De là, l’importance accordée depuis la fin du XIXème siècle
aux recherches sur le rapport entre la position géographique des Etats et la politique
des gouvernants, lesquelles ont engendré le concept de « géopolitique »26, se
convertissant celui-ci en une théorie qui cherche l’explication de la politique dans la
géographie, c’est-à-dire, dans les conditionnements physiques qui s’imposent aux
Etats27. Dès lors, la géopolitique constitue une méthode d’analyse des relations
internationales et cherche à expliquer des comportements politiques en fonction des
variables géographiques telles que la dimension du territoire, sa localisation, la
topographie, les ressources naturelles, le climat, etc. C’est dans ce sens que la
géographie devient nécessaire à l’heure même de la conception des doctrines et des
stratégies sécuritaires et de défense militaire. De là, le concept de « géostratégie ». Par
conséquent, la géopolitique et la géostratégie influent considérablement dans la
conception, l´établissement et la dynamique même des relations extérieures des Etats.

25
. COLARD, D. op. cit., p. 72
26
. A la fin du XIXème siècle, précisément en 1899, le géographe suédois Rudolf Kjellen
inventait ce terme de « géopolitique » qui fut enrichi et approfondi par d’autres géopoliticiens
tels que Friedrich Ratzel, Karl Haushofer en Allemagne, Halford Mackinder en Grande
Bretagne, etc. pour devenir une science qui prétend expliquer la politique internationale des
Etats par le déterminisme des facteurs naturels, essentiellement la géographie. Lire Klaus
DODDS, Geopolitics. A very short introduction, Oxford, Oxford University Press, 2007, pp.
24-38.
27
. Lire Pierre CELERIER, Géopolitique et géostratégie, Paris, PUF « Que sais-je ?», 1969

24
Non seulement la position géographique influe sur les relations extérieures,
mais aussi l’espace. Certains espaces sont tellement importants du point de vue de leur
position qu’ils conditionnent la politique étrangère et les relations extérieures de
certains Etats préoccupés de leur sécurité, de leurs échanges économiques, etc. Ces
Etats n’hésitent pas à entrer en compétition pour contrôler stratégiquement ou
économiquement des espaces situés en dehors de leurs propres territoires. Le maintien
à des distances lointaines des bases militaires terrestres ou navales vient en appui de
ces considérations. Il en est de même de certaines voies de communication tels que les
canaux (Suez, Panama), les détroits (Gibraltar dans la Méditerranée entre l’Espagne et
le Maroc) (Bosphore et Dardanelles à la sortie de la Mer Noire vers la Méditerranée)
(Ormuz dans le Golfe arabo-persique entre l’Iran, les Emirats Arabes Unis et l’Oman).
Ces voies de communication sont d’une telle importance que leur asphyxie peut influer
négativement sur les relations extérieures de certaines Etats et entamer la santé
économique de leurs économies respectives.

IV.- Les tendances actuelles des relations extérieures des Etats

1.- Le caractère multisectoriel des relations extérieures

L’intensification croissante des relations entre les Etats suppose aujourd’hui


leur diversification et leur technicité accrue. Ce ne sont pas seulement des questions de
caractère politique, ou d’ordre économique et financier qui font l’objet des discussions
permanentes entre les Etats, s’y affichent aussi des problèmes relevant de secteurs tels
que l’industrie, les transports, l’éducation, la santé, le travail, l’agriculture et dont la
solution ne peut venir que par le biais de la coopération interétatique28. Ces
considérations démontrent à suffisance que les croissante des relations entre les apports
relations extérieures deviennent de plus en plus multisectorielles. Elles couvrent des
domaines variés allant de la politique à l’économie et la culture. Toutefois, il est fait
constat de la primauté des considérations politiques sur les autres secteurs sans
minimiser les échanges d’ordre économique. la quête du bien-être et par devenues de
plus en plus

. MERLE, M., La politique étrangère, op. cit., p. 45


28

25
Certes, les préoccupations pour les pays sous-développés d’éradiquer la
pauvreté et de réaliser le développement de leurs peuples, d’une part, et la recherche
effrénée pour les pays développés du mieux-être pour leurs populations, d’autre part,
appellent à des échanges économiques de tout genre capables de contribuer à
l’accumulation de la richesse nécessaire pour atteindre ces objectifs légitimes.
Cette situation laisse comprendre le fait que beaucoup d’organisations
internationales ou régionales aient consigné dans leurs actes constitutifs une part
importante contenant des objectifs versés dans les matières économiques telles que la
régulation des échanges commerciaux, la libre circulation ou la circulation contrôlée
des biens, des capitaux ou des services.

2.- La primauté des échanges d’ordre économique

2.3.- La multipolarisation des relations extérieures

Les relations extérieures des Etats ne gardent plus leurs habituelles


configurations. Elles sortent aujourd’hui de leurs cadres traditionnels pour prendre de
nouvelles orientations dictées par les nouveaux besoins et les nouveaux intérêts. Pour
autant, les pays africains qui ont longtemps gardé des relations de privilège avec leurs
anciennes métropoles remettent aujourd’hui en question ces anciens schémas. Bien que
ces liens persistent,  d’une part; d’autre partnaissent et se consolident de plus en plus
des tendances nouvelles vers une collaboration avec d’autres pôles comme c’est le cas
aujourd’hui avec la Chine, la Corée du Sud, l’Inde ou le Brésil.

La disparition de l’antagonisme idéologique qui a caractérisé la période de la


guerre froide, les innovations technologiques ainsi que le processus actuel de
mondialisation expliquent, dans une large mesure, ces tendances nouvelles et laissent
même présager leur consolidation pour des années à venir. Le fait important à relever

26
dans ce nouvel élan est la tendance vers des relations sud-sud. Au-delà de la Chine,
beaucoup des pays africains sont aujourd’hui attirés par l’Inde ou le Brésil et croient
trouver dans ces pays des interlocuteurs à même de les écouter et de mieux les
comprendre dès lors qu’il est supposé qu’ils émettent tous sur la même onde par le fait
d’être situés au même diapason.

34.- L’uniformisation des pratiques dans la conduite des relations extérieures

Les relations extérieures entre Etats s’établissent et se mènent suivant des


règles et des normes reconnues par tous ces Etats. En d’autres termes, ces règles et
normes ont réussi à harmoniser et uniformiser les pratiques obligeant les Etats à s’y
conformer pour une meilleure réalisation des échanges, c’est-à-dire, une conduite
transparente, aisée et harmonisée de ces relations extérieures. Les négociations, la
signature des traités ou autres types d’instruments juridiques internationaux tels que la
Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, la ratification de ces instruments
par les gouvernements, l’établissement des commissions mixtes, etc., sont des us et
coutumes qui ont vécu et qui survivent encore aujourd’hui pour s’imposer comme des
pratiques reconnues par des Etats dans l’établissement et la conduite des relations
extérieures.
4.- L’interdépendance accrue entre les Etats

Désormais, la frontière qui sépare les affaires étrangères des affaires intérieures
devient imprécise. Certains faits qui, jadis étaient considérés comme totalement
locaux, exercent aujourd’hui des répercussions allant au-delà des frontières pour
susciter des préoccupations d’autres Etats. Le rapprochement de plus en plus accusé
entre les Etats a fait aujourd’hui de l’interdépendance un des traits caractéristiques de
la société internationale. Bien que cette idée d’interdépendance prétend faire croire que
tous les Etats ont la même capacité de peser sur la scène internationale, il y a tout de
même de réserve à émettre car cette interdépendance n’est qu’asymétrique ou
inégale.29 Mais l’idée fondamentale qui en est tirée est que des faits majeurs ne sont

29
. SMOUTS, M-C., BATTISTELLA, D.,VENNESSON, P., dictionnaire des relations internationales,
Paris, Dalloz, (2ème éd.), 2006, p. 297.

27
plus des faits locaux, ils sont devenus internationaux du fait de leurs répercussions
positives ou négatives sur la vie des populations mêmes éloignées.

L’actuelle crise financière en est l’illustration parfaite. L’essentiel de la théorie


des biens publics mondiaux est tirée de cette réalité. Il se fait que ce qui est précieux
pour tous les peuples du monde, bien que localisé en un lieu précis, n’appartient plus à
ce lieu, il est un bien de tous.

CHAPITRE DEUXIEME
LES RELATIONS EXTERIEURES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO

I.- La conduite des relations extérieures de la République : La politique étrangère

En rapport avec le degré de développement de chaque société ou de chaque


système politique, la conception de la politique étrangère peut donner lieu à des
interactions multiples, résultat d’une confrontation d’influences procédant tant
d’organismes publiques que d’entités privées cherchant à faire triompher une
orientation politique ou une ligne de conduite en conformité non seulement avec
l’intérêt général, mais aussi des intérêts privés en jeu. Dans la définition de la politique
étrangère de la République, l’autorité compétente se trouve confrontée à cette réalité. Il

28
est un fait que les affaires étrangères sont, pour l’essentiel, du ressort exclusif du
pouvoir exécutif, où elles sont traitées au plus haut sommet de la hiérarchie politique.
Dans ce sens, dans le processus de prise de décision, c’est le dernier maillon se
trouvant au bout de la chaîne à l’échelle supérieure qui doit trancher. En d’autres
termes, la dernière décision revient au Président de la République.

Pour autant, le Président de la République jouit de l’indépendance d’esprit et


d’une autonomie de décision qui puissent l’aider à privilégier l’intérêt national
considéré comme le seul principe logique qui doit guider l’action de l’Etat vers
l’extérieur, c’est-à-dire une conduite soucieuse de garantir toujours la sécurité de l’Etat
à des degrés divers. Un pays qui agit conformément à son intérêt national est celui qui,
après avoir examiné les exigences de sa sécurité, essaie de les satisfaire. Ses exigences
de la sécurité qui pèsent pour la survie des congolais ne supposent pas seulement la
sécurité physique du territoire national, allusion faite à la sauvegarde et la préservation
de cet espace, mais aussi la sécurité économique, sociale et culturelle. Ses exigences ne
donnent pour autant lieu à aucune concession.

1.- La politique étrangère et l’intérêt national

La notion de l’intérêt national a suscité un débat intense qui a divisé les


théoriciens en trois groupes défendant chacun sa conception : La conception réaliste, la
conception libérale et la conception constructiviste de l’intérêt national. En analysant
certains faits saillants de la politique étrangère de la République, il est fait constat de la
présence à des degrés divers de ces trois conceptions.

1.1.- La conception réaliste de l’intérêt national

Les éléments qui font le contenu de la politique étrangère d’un Etat ou ses
composantes fondamentales doivent être en rapport avec les exigences de sécurité.
Cette sécurité n’est pas seulement militaire, elle est aussi économique, politique et

29
socioculturelle. En d’autres termes, la sécurité d’un Etat au-delà de la survie physique,
inclut l’intégrité territoriale, l’indépendance politique, l’identité culturelle, dépendant
tous ces éléments de la position que l’Etat occupe dans le système international face
aux autres acteurs.

Par conséquent, la sécurité d’un Etat étant la condition sine qua non de la
possibilité pour ses citoyens de survivre et de poursuivre leurs propres intérêts privés,
la satisfaction de l’intérêt national doit se faire au détriment des intérêts particuliers.
Cet intérêt national est une donnée objective
, existant en dehors des décideurs politiques et s’imposant à eux. C’est dans ce sens
qu’il faut comprendre le continuum existant dans la politique étrangère américaine,
britannique, française ou russe quelles que soient les motivations, les préférences et les
qualités morales et intellectuelles des hommes d’Etat qui se sont succédé 30. La sécurité
et la grandeur de l’Etat doivent être les objectifs de l’homme politique, quelle que soit
l’idéologie qu’il brandit31. L’Etat doit être placé au-dessus de tout dès lors que la
garantie de sa survie est une garantie pour la survie de toutes ses composantes. Dans
une société internationale reconnue anarchique, est fondée toute préoccupation pour
une politique étrangère qui impose l’Etat dans le concert des nations. Dans la
conception de la politique étrangère de la République, cette dimension est prise en
compte.

1.2.- La conception libérale de l’intérêt national

La conception libérale en relations internationales considère l’individu, seul ou


en coalition, comme acteur fondamental de la politique de manière que, placé devant
des enjeux importants, ce même individu cherche à satisfaire de façon rationnelle ses
intérêts. Pour autant, les libéraux trouvent que l’intérêt national que l’Etat poursuit sur
la scène internationale n’est finalement que la somme des intérêts particuliers ou, plus
exactement, la somme des intérêts des acteurs sociétaux qui ont réussi à accéder au
pouvoir politique et à y imposer comme légitimes leurs propres préférences. Dans ce
sens, la politique étrangère devient évolutive et changeante en fonction de changement
30
. SMOUTS, M.-C., BATTISTELLA, D. et VENNESSON, P., op. cit., pp. 299-300. Lire
également KRASNER, S., Defending the National Interest, Princeton, Princeton University
Press, 1978.
31
. ARON, R., Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 1984, p. 101.

30
des différents acteurs sociétaux qui, à tour de rôle, font prévaloir au sein de l’appareil
étatique leurs préférences respectives ou leur conception de l’intérêt national.

En d’autres termes, l’intérêt national devient ce que les décideurs, c’est-à-dire,


les individus ou groupes majoritaires veulent qu’il soit, faisant que la politique
étrangère devient la combinaison des variables relatives à la puissance, la sécurité, le
bien-être, l’éthique, selon les demandes et les valeurs exprimées par ces groupes
majoritaires. Dans ces conditions, la politique étrangère varie et devient évolutive en
fonction des décideurs qui accèdent au pouvoir et qui conçoivent l’intérêt national
selon leurs considérations propres. Aussi, l’ouverture actuelle affichée par la politique
étrangère de l’Etat sortant des cadres traditionnels pour se frayer des voies nouvelles
ouvertes vers la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, etc. entrerait-elle dans cette conception
libérale. Certes, les décideurs de la politique étrangère de la République, sans négliger
les partenaires traditionnels, se sont actuellement tournés vers ces pays combinant bien
la poursuite de l’intérêt général et la consolidation des sympathies personnelles.

Certes, les relations sud-sud comptent et semblent gagner de nos jours du


terrain, laissant convaincre parfois par leurs résultats. Mais, elles ne le seraient pas
plus, si au départ, certains liens nouveaux entre décideurs, teintés d’un autre sens
d’amitié ne se seraient pas noués. L’humeur et les prédispositions de ces décideurs
politiques vers tel ou tel autre Etat déterminent aussi l’orientation des relations
extérieures de la République.

1.3.- La conception constructiviste de l’intérêt national

Selon les constructivistes, l’intérêt national d’un Etat, lequel doit guider sa
politique étrangère, n’est pas une donnée objective qui doit s’imposer aux décideurs de
par la configuration des rapports de force comme disent les réalistes. Il n’est pas non
plus la somme des préférences exprimées par les acteurs sociétaux majoritaires au
pouvoir comme le prétendent les libéraux. Au contraire, l’intérêt national est ce
construit façonné par les normes et les valeurs internationales qui, partagées entre les
nations, structurent la vie politique internationale et lui donnent une signification 32. Ces

. FINNEMORE, M., National Interests in International Society, Ithaca, Cornell University


32

Press, 1996.

31
considérations conduisent à croire que l’intérêt national peut changer, se régénérer ou
se transformer selon que changent aussi ces normes ou ces valeurs internationales.

Dans ce sens, la structure internationale, toute anarchique qu’elle soit, du fait


d’afficher une absence d’autorité au-dessus des Etats, n’imposerait une définition
égoïste et agressive de l’intérêt national en termes de puissance que tant que les valeurs
constitutives de la culture internationale sont de nature hobbesienne, c’est-à-dire
lorsque les Etats se perçoivent comme des ennemis et nient à autrui le droit
d’existence.

La diminution constante du nombre de recours à la force pousse à croire que le


monde tend aussi vers une culture anarchique kantienne, facilitée par
l’interdépendance grandissante entre les Etats, culture au sein de laquelle l’existence
des défis communs et l’homogénéisation des pratiques politiques et économiques font
que les Etats s’identifient les uns aux autres et sont amenés à définir leur intérêt
national en termes altruistes concevant, de la sorte, une politique étrangère qui puisse
satisfaire en même temps l’intérêt national et les intérêts altruistes des autres Etats
amis. Chez les constructivistes, la culture internationale restructure l’intérêt national
des Etats faisant de celui-ci une variable évolutive et téléologique loin de la conception
réaliste que rendait cette notion figée dans le temps la convertissant en une donnée
objective et constante devant dicter les orientations essentielles de la politique
étrangère des Etats.

Il est vrai que la politique étrangère de la République prend en considération les


données de l’éthique internationale pour rester conforme à la morale imposée par le
concert des nations et se garder de ne pas porter préjudice aux intérêts des autres Etats.
Il est un fait que si la conception réaliste de l’intérêt national en politique étrangère est
souvent l’apanage des grandes puissances, les conceptions libérale et constructiviste,
quant à elle, sont les plus en vue dans le processus de prise de décision des pays en
voie de développement.

2.- Les institutions de politique étrangère en République Démocratique du Congo

2.1.- Le Président de la République

32
La politique étrangère en République Démocratique du Congo est conçue par le
Président de la République et le Gouvernement. En d’autres termes, en concertation
avec le Président, le gouvernement définit la politique de la Nation et en assume la
responsabilité33. Il est supposé que cette politique de la Nation inclut la politique
étrangère et l’alinéa 3 de l’article 91 de la Constitution explicite mieux cette idée dès
lors qu’il stipule que « la défense, la sécurité et les affaires étrangères sont des
domaines de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement ».

Les deux principales actions du Président de la République dans ce domaine


des Affaires Etrangères reposent, d’une part, dans la définition et la conduite des
Affaires Etrangères, et d’autre part, dans la nomination des personnes appelées à
assumer des fonctions relatives à l’administration et la conduite des Affaires
Etrangères. Dans le premier cas, l’allusion est faite au traitement des dossiers les plus
importants de politique étrangère. Ce traitement revient au Président de la République
qui cherche à s’entourer dans cette tâche des personnes de son choix sélectionnées sur
base de leur expertise et la maîtrise qu’elles ont desdits dossiers. Ces personnalités
parmi lesquelles sont comptées le Premier Ministre, le Ministre des Affaires
Etrangères, les Conseillers les plus proches, ainsi que les représentants de certains
services administratifs ou spéciaux qui manipulent des dossiers touchant à certains
domaines des affaires étrangères, constituent des rouages dont le rôle est d’approfondir
les matières évoquées et de présenter au Président les orientations les meilleures à
même de conduire vers la prise des décisions les plus efficaces et les plus rationnelles.
Dans le deuxième cas, il s’agit de la nomination des ambassadeurs et autres envoyés
extraordinaires. Ceux-ci sont nommés et relevés de leurs fonctions ou révoqués par le
Président de la République qui, en outre, a le pouvoir d’accréditer ces hauts
fonctionnaires de l’Etat auprès des Etats étrangers et des organisations internationales.
Les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires des Etats étrangers sont accrédités
auprès de lui.

2.2.- Le Ministère des Affaires Etrangères, Coopération Internationale et


Francophonie

. Art. 91 de la Constitution de la République. Alinéa 1.


33

33
La gestion de la politique étrangère entre dans les compétences du Ministère
des Affaires Etrangères, Coopération Internationale et Francophonie. Il est
l’interlocuteur attitré et l’unique représentant de l’Exécutif en cette matière. Il en est
ainsi dans les us et les coutumes de nombreux Etats. En effet, si la politique étrangère a
comme objet le règlement des problèmes qui se posent au-delà des frontières, il est
logique que les représentants de la puissance publique n’aillent pas en ordre dispersé
face à leurs interlocuteurs étrangers. Pour autant, le Ministère des Affaires Etrangères
est l’outil par excellence de la mise en œuvre de la politique étrangère. Cependant,
comme nous l’avions déjà mentionné, la diversification des matières qui configurent
aujourd’hui les relations extérieures du pays fait que la politique étrangère se prolonge
jusqu’aux espaces qui ne sont pas nécessairement de la compétence exclusive du
Ministère des Affaires Etrangères, mais qui relèvent de domaines d’autres ministères.
En effet, la diversité des relations extérieures a fait intervenir, au-delà du Ministère des
Affaires Etrangères, d’autres Ministères dont les domaines recoupent celui des Affaires
Etrangères. Parlant du noyau dur des Affaires Etrangères, touchant à la politique et la
sécurité, c’est le cas du Ministère de la Défense. Dans le sens le plus large de l’action
étrangère versant surtout dans le domaine de la coopération internationale, c’est le cas
du Ministère des Finances, Ministère des Transports, Ministère de la Santé, Ministère
du Commerce Extérieur, Ministère du Travail34, etc.. Ces Ministères trouvent un
prolongement naturel de leurs activités dans la sphère internationale de telle manière
qu’ils se voient obligés de collaborer dans une certaine mesure avec le Ministère des
Affaires Etrangères sur des questions qui se recoupent. Leurs titulaires interviennent
dans les négociations autrefois réservées aux diplomates professionnels. Cette
diplomatie parallèle peut porter préjudice à la politique étrangère dès lors qu’elle est
susceptible de faire émerger des positions contradictoires et de rompre, par conséquent,
l’unité d’action. Dans la conception et l’élaboration de la politique étrangère de la
République, les avis techniques de ces Ministères ne sont pas négligeables. Ces
Ministères ne veulent pas perdre leur protagonisme à côté du Ministère des Affaires
Etrangères. Aussi, faudrait-il comprendre la présence dans certaines ambassades des
agents techniques (conseillers ou attachés) avec spécialités dans certains domaines et
34
. La Défense avec la négociation et la signature de différents accords de coopération militaire,
les Finances avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale ainsi que d’autres
institutions financières internationales ou régionales, les Transports avec l’Organisation de
l’Aviation Civile Internationale (OACI), la Santé avec l’Organisation Mondiale de la Santé, le
Commerce Extérieur avec l’Organisation Mondiale du Commerce, le Travail avec
l’Organisation Internationale du Travail.

34
prestant service à côté des diplomates de carrière. La meilleure coordination de l’action
extérieure pour une politique étrangère cohérente a appelé à la constitution des
commissions interministérielles.

Toutefois, le Ministère des Affaires Etrangères est le seul à pratiquer la


diplomatie et à s’impliquer sans réserve dans tous les dossiers touchant aux relations
internationales. Il est responsable de l’administration des Affaires Etrangères. Il
applique le programme du gouvernement relatif aux Affaires Etrangères sous la
direction et la coordination du Premier Ministre. En d’autres termes, le ministre des
Affaires Etrangères a dans ses compétences l’exécution des directives reçues du
gouvernement, notamment, la négociation des traités internationaux ainsi que la
gestion ordinaire des relations extérieures par le biais des organes centraux et des
organes extérieurs de l’administration des affaires étrangères. Avec ses différentes
directions et ses services, le Ministère des Affaires Etrangères est l’autorité attitrée
pour l’exécution de la politique étrangère de l’Etat.

2.2.1.- L’organisation centrale du Ministère des Affaires Etrangères

L’agencement de l’administration du Ministère des Affaires Etrangères est


copié sur le modèle qu’établissait l’Ordonnance 82-027 fixant l’organisation et le cadre
organique des départements du Conseil exécutif et du Commissariat au Plan35, mais
adapté à l’évolution et aux réalités actuelles. L’autorité centrale du Ministère est le
ministre des Affaires Etrangères, secondé dans son travail par le vice-ministre des
Affaires Etrangères et celui de la Coopération internationale et Régionale. Son action
est essentiellement politique et sert de liaison entre l’administration du Ministère et le
gouvernement central. Certes, l’administration du Ministère des Affaires Etrangères est
assurée par le Secrétariat Général dirigé par le Secrétaire Général dont la mission
principale est de garantir le fonctionnement harmonieux de différentes directions
générales du Ministère et servir de charnière entre le Ministre et ces directions. En
effet, le Secrétariat Général assure la liaison entre le Ministre et les services
administratifs ; l’unité de la jurisprudence administrative et la coordination de tous les
services administratifs du Ministère ; la sauvegarde de la tradition administrative et de

. Voir Journal Officiel de la République du Zaïre, nº 8, 15 avril 1982, p. 9.


35

35
la discipline du Ministère ; l’organisation des services ainsi que le contrôle de
l’exécution des instructions reçues du Ministre36.

En sa qualité d’autorité hiérarchique la plus élevée de tous les agents du


Ministère, le secrétaire général décide dans toutes les matières de sa compétence et
donne des avis pour celles qui ne le sont pas, notamment dans le domaine du
recrutement, de la situation des agents en cours de carrière (nominations, promotions,
sanctions, etc.) et à la fin de celle-ci.

Le Ministère des Affaires Etrangères dispose de quatorze directions qui font


l’échafaud de son administration et facilitent son action centrale et à l’extérieur: Ces
directions sont les suivantes :
- Direction des Services Généraux
- Direction du Protocole d’Etat
- Direction de Chancellerie
- Direction des Affaires juridiques
- Direction de l’Inspection des Postes Diplomatiques ;
- Direction des Etudes, Recherches et Planification ;
- Direction Académie Diplomatique Congolaise
- Direction de la Francophonie
- Direction des Congolais de l’Etranger
- Direction Organisations Internationales ;
- Direction de Transmission
- Direction Afrique et Moyen-Orient 
- Direction Europe ;
- Direction Amérique, Asie et Océanie ;

2.2.2.- L’organisation extérieure du Ministère des Affaires


Etrangères

a) Les ambassades et les représentations diplomatiques

. Lire Ordonnance 82-027 du 19 mars 1982, in Journal Officiel de la République, nº 8, op.


36

cit.

36
La République Démocratique du Congo dispose aujourd’hui de 61 ambassades
et représentations diplomatiques établies pour la plupart en Afrique, en Europe
occidentale et en Amérique du Nord. Le Moyen-Orient, l’Asie et L’Amérique Latine
sont les parents pauvres des relations diplomatiques du pays eu égard à l’éventail
réduit de représentations diplomatiques avec les pays de ces régions. En Amérique
Latine, les relations diplomatiques ne sont établies qu’avec le Brésil et l’Argentine.
L’Uruguay, sans représentation diplomatique à Kinshasa, est pour le moment dans le
champ d’intérêts de l’Etat en raison de son bataillon d’appui à l’action de la MONUC
dans son œuvre de pacification du pays.

b) Les consulats

Les consulats viennent compléter l’action des ambassades de la République et


sont généralement versés dans des matières d’ordre économique. Pour autant, ils sont
des instigateurs attitrés des relations extérieures commerciales de la République avec
d’autres nations. La République compte quelques consulats à l’étranger, notamment,
un consulat général en Belgique (Anvers), Tanzanie (Kigoma), Angola (Luena) et en
Zambie Ndola). Certains Etats en ont aussi établi à Kinshasa et dans certaines villes du
pays, notamment à Lubumbashi, Bukavu et Matadi. (Belgique, Angola, République
Centrafricaine, Côte d’Ivoire, etc.).

2.3.- Les Commissions des Affaires Etrangères du Parlement

Ces commissions qui oeuvrent, l’une au sein de l’Assemblée Nationale et


l’autre au Senat, jouent un certain rôle, bien que réduit, dans l’élaboration de la
politique étrangère de la République par leurs avis et leurs observations. Elles sont les
dépositaires de toutes les questions, les demandes, les suggestions faites dans le
domaine de politique étrangère et de la coopération internationale. Toutefois, il faut
reconnaître l’amenuisement de l’action parlementaire dans le domaine des affaires
étrangères face à la prépondérance du gouvernement. C’est dans ce sens que les
réalistes considèrent que la politique étrangère d’un Etat est avant tout la politique
étrangère du « prince », chef de l’Etat ou du pouvoir exécutif 37. La contrainte

. BATTISTELA, D., Théories des relations internationales, Paris, Presses des Sciences Po,
37

2009, p. 362.

37
parlementaire dans la conception et la conduite de la politique étrangère de la
République n’exerce pas de véritable pesanteur. Le grand moment qui fait sentir le
poids de l’organe législatif dans les affaires étrangères se découvre lors du débat
qu’organise cet organe, en vertu de son droit de regard, pour analyser les traités
internationaux conclus par le gouvernement. Ces traités ne peuvent être ratifiés pour
entrer en vigueur sans une autorisation préalable du Parlement. Au-delà de ce moment,
le Parlement reste un parent pauvre des Affaires Etrangères. Le phénomène de
l’affaiblissement du contrôle parlementaire sur les questions de politique étrangère est
senti dans plusieurs Etats et se justifie, entre autres causes, par le développement de la
diplomatie multilatérale, laquelle échappe par sa complexité au contrôle du
Parlement38.

Il est à noter que dans le processus de prise de décision, d’autres interlocuteurs


tels que les groupes de pression et l’opinion publique essaient d’apporter leur voix au
chapitre. Figurent ainsi dans ce processus des « acteurs majeurs (senior players) », ce
sont les décideurs au plus haut sommet de l’Exécutif, détenteurs des responsabilités
officielles en matière de politique étrangère au sein du gouvernement, et des « acteurs
mineurs (junior players) » constitués de l’opinion publique, des médias, des groupes de
pression, (églises, associations de droits de l’homme et autres), voire du pouvoir
législatif39. Ces demandes et ces pressions provenant de la société politique et civile
émises sur des questions diverses touchant aux relations extérieures constituent des
inputs dans la conception de la politique étrangère de l’Etat, et dont l’exécution se
traduit par des réponses données à travers une série d’outputs ou des résultats.

II.- Le contenu de la politique étrangère de la République

1.- Les matières de politique étrangère de la République

La croissance du nombre des acteurs tels que les partis politiques, les groupes
de pression, les associations de la société civile, les individus par leurs opinions, a
intensifié les demandes pour allonger la liste des matières qui font le plus souvent le
contenu de la politique étrangère de la République. En effet, cette multitude d’acteurs
. MERLE, M., La politique étrangère, op. cit., p. 60
38

. ALLISON, G., et HALPERIN, M., « Bureaucratic Politics. A Paradigm and Some


39

Implications », in World Politics, 24 (3), avril 1972, pp. 40-79.

38
entraînent logiquement une diversité de thèmes nouveaux qui entrent en considération
en rapport avec le contenu de la politique étrangère de l’Etat. Si, d’une part, subsistent
les thèmes traditionnels, notamment les préoccupations sécuritaires, la promotion du
bien-être des populations à travers la prospérité économique, le rayonnement culturel,
d’autre part, les questions migratoires, le développement technologique, la protection
de l’environnement comme éveil de conscience face au changement climatique, sont
des thèmes inscrits à l’ordre du jour d’autres ministères, mais qui gagnent de plus en
plus de la place dans l’agenda de la politique étrangère de la République.

Les matières qui font le contenu de la politique extérieure ne procèdent pas


seulement des préoccupations d’ordre interne, la culture internationale en fournit
d’autres. C’est ainsi que la politique étrangère de la République devient le résultat de
l’interaction entre les préoccupations internes de l’Etat et le système international dans
un processus de constante influence réciproque40. Marcel Merle proposait un schéma à
partir de plusieurs cercles concentriques pour évaluer le degré de pénétration entre
activités internes et politique internationale41. Le premier cercle interne est considéré
comme le noyau dur ou de la compétence réservée des dirigeants politiques de l’Etat. Il
est souvent de l’apanage du Président de la République et est constitué des relations
diplomatiques et les matières qui affectent de forme directe la sécurité nationale. A ce
cercle, Marcel Merle ajoute aussi la politique de coopération et de développement. Le
deuxième cercle concernerait les activités économiques et financières en relation avec
l’extérieur. Cet espace constitue une zone d’entrecroisement continu des différents
acteurs. Le troisième cercle inclut les activités qui, par leur nature, sont moins
dépendantes des influences extérieures. Ce qui fait que le gouvernement dispose d’une
large marge de manœuvre bien qu’il existe des traités internationaux touchant à ces
matières. Ces activités sont, notamment, la culture (UNESCO), la santé (OMS), les
questions touchant à l’emploi et aux conditions de travail (OIT).

40
. RUSSETT, B. et STARR, H., World Politics. The menu for Choice, New York, Freeman
and Co. (5è éd.), 1996. p. 163.
41
. MERLE, M., Sociologie des relations internationales, Paris, Dalloz (4è éd.), 1988, pp.. 374-
376.

39
Christopher Hill établit une liste des matières qui, le plus souvent, reviennent
dans les relations extérieures des Etats42. A la lecture de ces matières, la République
Démocratique du Congo n’en fait pas exception. Ces matières sont :
- Le maintien de l’intégrité territoriale et de la paix sociale contre les menaces
extérieures. C’est l’une des missions principales de l’Etat dans son action
extérieure. Pour autant, la promotion des relations pacifiques et de bon
voisinage avec les pays frontaliers est l’une des orientations fondamentales de
la politique étrangère de l’Etat.
- La protection des citoyens vivant à l’étranger à travers les ambassades afin que
ceux-ci puissent vivre en paix, jouir de leurs droits et remplir dûment leurs
obligations dans les différents territoires où ils sont installés. Cette
préoccupation justifie la présence dans l’administration centrale de la Direction
des Congolais de l’Etranger qui, durant un moment, fut élevée au rang du vice-
ministère.
- La promotion de la prospérité et du bien-être de la population. C’est dans ce
sens que les ressources économiques et mêmes humaines jouent un rôle très
important pour relever ce défi. La politique étrangère cherche comment mettre
à profit ces atouts en identifiant les acteurs les mieux offrant pour des échanges
plus profitables et bénéfiques pour la réalisation de ce bien-être et du
développement de la nation.
- Les négociations pour la promotion d’un ordre international stable.
L’appartenance à des organisations internationales comme l’ONU, ou
régionales comme l’Union Africaine est une expression nette de cette matière.
Les matières traitées par ces organisations, lesquelles sont politiques,
économiques et culturelles entrent dans l’analyse et le traitement régulier de la
politique étrangère de l’Etat.
- La projection de l’identité culturelle à l’étranger à travers des échanges
culturels avec des Etats amis ou l’organisation programmée des manifestations
culturelles, et ce, pour faire connaître l’identité et la culture du pays. Il faut
reconnaître que c’est une matière peu exploitée, mais qui, dans l’avenir, devrait
retrouver le format qu’elle requiert pour occuper la place qui lui revient dans
l’échelle des préoccupations de la politique étrangère de la République.

. HILL, C., op. cit., pp. 44-45.


42

40
- Les interventions à l’étranger. Dans le cadre d’une action multilatérale
légitimée par le droit international, l’Etat peut décider d’intervenir seul ou en
coalition pour apporter une assistance humanitaire ou pour une action militaire
contre un autre Etat en train de violer le droit international.
- La protection du patrimoine commun de l’humanité qui demande des
engagements non seulement au niveau de la communauté internationale, mais
aussi au niveau de la République. C’est le cas de l’environnement dont la
détérioration provoque aujourd’hui le changement climatique qui affecte le
monde. Cette question gagne de plus en plus du terrain dans la politique
étrangère de l’Etat.

En résumé, la paix et la sécurité, le progrès et la promotion du bien-être


économique et social, la consolidation de la culture nationale ainsi que la promotion et
le respect des normes et des valeurs internationales, c’est-à-dire, la culture
internationale imposée par la communauté des Etats.. tous ces points touchent aux
différentes préoccupations de la politique étrangère de la République et entrent comme
matières dans le traitement lors du processus de prise de décision par l’autorité
compétente de l’Etat.

2.- Les principes de politique étrangère de la République

La politique étrangère de la République Démocratique du Congo est basée sur


certains principes. Ces principes sont internationaux, d’une part, dès lors qu’ils
relèvent de la culture internationale et s’imposent aux Etats en tant qu’acteurs
primaires des relations internationales ; et nationaux, d’autre part, car pensés et conçus
par chaque Etat en rapport avec les objectifs qu’il poursuit et cherche à atteindre.

2.1.- Les principes internationaux

Généralement, la Résolution 2625 (XXV) adoptée par l’Assemblée Générale de


l’ONU en 1970, portant déclaration relative aux principes de droit international
touchant les relations amicales et la coopération entre les Etats constitue le document
de référence et d’inspiration pour les Etats dans la conduite de leurs relations

41
extérieures. Cette Résolution promeut les principes d’égalité des Etats, la non-
ingérence dans les affaires d’autres Etats, la promotion et la recherche de la
coopération et de la paix internationales ainsi que la coexistence pacifique. Membre de
l’ONU depuis le 20 septembre 1960, la République Démocratique du Congo mène son
action extérieure en conformité avec ces principes.

A cette résolution viennent en appui ces idées qui se sont imposées au fil des
années dans les relations extérieures des Etats pour finir par servir de corpus d’une
culture internationale devenue comme référence dans les attitudes des Etats. Ces idées
sont : le maintien de la paix et la sécurité internationales ; la solution pacifique des
conflits ; l’accomplissement des obligations internationales ; la promotion du progrès
économique ainsi que le respect et la protection des droits de l’homme43.

2.2.- Les principes nationaux

Toutefois, le pays a voulu doter sa politique étrangère des principes qui lui sont
spécifiques, nous pouvons citer, entre autres :

2.2.1.- Le principe d’ouverture au monde

Le principe d’ouverture au monde suppose l’établissement des relations


extérieures avec tous les Etats, toutes tendances confondues, sans distinction faite de
leurs idéologies, leurs convictions politiques ou leurs tendances culturelles.
L’ouverture aujourd’hui de plus en plus prononcée vers la Chine Populaire confirme ce
postulat.

L’ouverture au monde est une conséquence logique de la liberté dont jouit


chaque Etat d’opter pour des orientations politiques et économiques de son choix et
d’asseoir sa souveraineté par des actions compatibles avec ses intérêts. Aujourd’hui, la
République Démocratique du Congo échange tant avec ses anciens partenaires du bloc
occidental qu’avec ceux de l’ancien bloc communiste. Elle entretient des relations
diplomatiques tant avec les Etats-Unis d’Amérique, la France, la Belgique,

. PEREZ GIL, L. V., Elementos para una teoría de política exterior, Valencia, Tirant Lo
43

Blanch, 2012, pp. 121-122.

42
l’Allemagne…qu’avec la Fédération de Russie, la Chine Populaire, la Lybie, le Cuba,
etc.

Le principe d’ouverture au monde dans la politique étrangère de la République


Démocratique du Congo rejoint la résolution 2625 précitée dès lors que ce principe
suppose aussi l’adoption par le pays d’une attitude solidaire face aux exigences de la
communauté internationale, c’est-à-dire, d’un comportement conforme aux normes du
droit international contribuant de la sorte à consolider un des objectifs fondamentaux
de l’ONU : asseoir la paix et la sécurité internationales.

Le multilatéralisme dans lequel le pays s’est engagé et dont l’expression réside


tant dans son adhésion à des diverses organisations internationales, régionales ou sous-
régionales que dans la signature de différentes conventions prouve à suffisance
l’observance de ce principe d’ouverture au monde dans l’application de sa politique
étrangère.

2.2.2.- Le principe de bon voisinage

Ce principe est dicté par la nécessité de garantir la sécurité du territoire à ses


frontières. La vulnérabilité du pays est facilement perceptible dès lors qu’il partage sa
frontière avec neuf voisins. En effet, les frontières du pays qui s’étendent sur plusieurs
kilomètres sont une source de vulnérabilité si les rapports avec les pays voisins ne sont
pas bien soignés. De là, la prise en compte du principe de bon voisinage 44. Entretenir
de bonnes relations d’amitié et de coopération avec ces voisins est moins coûteux que
d’engager une politique d’affrontement ou de confrontation à la quête d’un improbable
statut de puissance régionale ou sous-régionale.

Le bon voisinage reste un vieux principe de la politique extérieure du pays qui


a été mieux mis à profit durant la deuxième République. Celle-ci avait réussi à établir
avec tous les pays voisins des relations diplomatiques et commerciales dans le but de
promouvoir non seulement la coopération dans la sous-région, mais aussi de garantir la

. NGOIE TSHIBAMBE, Germain, « « Le bon voisinage » : Analyse d’un principe de la


44

politique étrangère de la RDC », in op. cit., p. 167.

43
sécurité de l’immense territoire de la République45. La création en 1976 de la
Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) intégrant le Rwanda, le
Burundi et le Zaïre, participait de cette finalité.

III.- La carte d’identité actuelle de la République et ses atouts dans un monde de


plus en plus interdépendant

1.- La situation sécuritaire

La grande préoccupation que ressent le pays en ce moment est sa sécurité aux


frontières, principalement, dans sa frontière orientale. L’histoire récente a laissé une
instabilité dans la partie est du pays avec la présence de certains groupes rebelles qui y
sèment la terreur pour ne pas y faciliter la consolidation de la paix. Cette question a
conduit le gouvernement central à maintenir un dialogue tant avec le Rwanda qu’avec
l’Ouganda pour une collaboration sur le plan des stratégies capables de pacifier la
région.

S’inscrit dans les mêmes préoccupations la Conférence Internationale sur la


Région des Grands Lacs (CIRGL) dont l’initiative provenait de l’idée faite au Conseil
de Sécurité à travers la Déclaration présidentielle du 14 octobre 1994.
2.- La situation socio-économique de la République Démocratique du Congo

Selon le rapport sur le développement humain élaboré par le PNUD en 2011, la


République Démocratique du Congo occupe la 187 ème position en ce qui concerne
l’indice de développement humain et fait partie des pays les plus pauvres du monde
avec 71% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire, avec
moins de 1 dollar par jour. L’embellie socio-économique tarde à venir. De nouveaux
foyers de pauvreté apparaissent de plus en plus.

Beaucoup d’indicateurs d’ordre économique et social sont en dessous de la


moyenne. Dans le domaine de l’habitat, huit ménages sur 10 occupent un logement
rudimentaire dont le sol est en terre battue et les murs en pisé, en planches ou en

. LIBOIS, Gérard., « Les relations extérieures du Congo, 1960-1970 », in Revue Française


45

d’Etudes Politiques Africaines, nº 58, octobre 1970, pp. 43-44.

44
feuilles. L’accès à l’eau potable pose de sérieux problèmes pour plus de la moitié de la
population congolaise.

Dans le secteur sanitaire, la situation est encore plus préoccupante. L’espérance


de vie à la naissance est en moyenne de 49,9 ans. 126 enfants sur 1000 meurent avant
l’âge d’un an et 213 enfants sur 1000 avant l’âge de 5 ans. 1290 mères décèdent sur
100.000 naissances vivantes. Au-delà de l’épidémie du SIDA dont le taux de
prévalence est estimé à plus ou moins 5%, et des maladies telles que le paludisme et la
tuberculose, le pays est exposé à une résurgence de plusieurs autres épidémies jadis
contrôlées ou éradiquées comme la rougeole, la coqueluche, la peste, la poliomyélite,
le choléra, etc.

Dans le secteur de l’éducation, le taux d’alphabétisation est estimé actuellement


à 65% de la population. Toutefois, la qualité de l’enseignement a fortement baissé, non
seulement en raison des contraintes budgétaires, mais aussi en raison de la dégradation
des conditions de prestation et d’apprentissage. En effet, la plupart des infrastructures
dans ce domaine de l’éducation se sont considérablement délabrées.

Tout ce paysage a provoqué l’insertion du pays sur la liste de 49 Etats les plus
pauvres et les moins avancés du monde. Ces dures conditions de sous-développement
obligent le pays à diversifier ses relations extérieures. Ces conditions le placent
directement en position de demandeur d’apports extérieurs et d’aide de la communauté
internationale pour un environnement voulu paisible et sécurisé. Néanmoins, les atouts
dont dispose la République Démocratique du Congo doivent la différencier de
beaucoup de pays sous-développés placés dans les mêmes conditions et lui servir de
moyens pour relever le défi.

3.- Les atouts de la République Démocratique du Congo

3.1.- Les ressources naturelles

La République Démocratique du Congo est un scandale géologique. Le pays


regorge des ressources naturelles variées, abondantes et parfois renouvelables tant dans
le secteur agricole que dans le domaine minier. Cet atout offre la possibilité de

45
subvenir aux besoins de la population si l’exploitation de ces ressources naturelles est
faite de manière rationnelle. Toutefois, le secteur agricole connaît encore de désordre.
Mais il représente un atout majeur pour l’économie du pays grâce à la pluviométrie et à
l’immensité de l’espace cultivable encore en friche.

Dans le domaine de l’exploitation forestière, la République Démocratique du


Congo compte parmi les dix pays au monde qui possèdent une « méga-biodiversité »
grâce à ses 112 millions d’hectares de forêts, soit plus de la moitié des forêts denses
d’Afrique.

Dans le secteur minier, le pays compte un dixième des réserves mondiales de


cuivre et 34% de celles de cobalt. Il regorge d’importants gisements de diamant et de
colombo-tantalite (coltan). Avec l’appui de la Banque Mondiale, le gouvernement a
réformé ce secteur avec un nouveau code minier et une réorganisation du cadastre
minier. Ses ressources variées exercent une forte attraction sur une gamme élargie des
industries modernes allant de l’électronique jusqu’aux alliages complexes. Cette donne
fait du pays une plateforme de laquelle s’alimentent des relations extérieures de toute
sorte.

La structure du PIB du pays s’échafaude de la manière suivante : l’agriculture


et les forêts représentent 42,5%, les services 30,4% et l’industrie 25%. Le principe qui
régit les relations extérieures dans ce secteur de l’économie où le pays dispose des
atouts pour non seulement améliorer le bien-être de sa population, mais aussi prétendre
aspirer vers une puissance régionale en se convertissant en un poumon économique
dans l’Afrique centrale, réside dans l’établissement des relations de coopération basées
sur un partenariat sincère et un respect mutuel sous l’impulsion d’une diplomatie qui se
veut agissante et développante.

3.2.- Le poids de la démographie

La République Démocratique du Congo compte 70 millions d’habitants et se


place, de par cette démographie, en quatrième position en Afrique. Cette Cimportance
démographique constitue pour le pays un vaste marché de consommation, mais aussi
niveau fune main d’œuvre bon marché pour l’investisseur. Toutefois cette même

46
démographie augmente les charges du gouvernement et alourdit ses responsabilités
l’obligeant à promouvoir des relations extérieures rentables qui puissent répondre aux
besoins essentiels de cette démographie, surtout lorsqu’il est fait constat de déficits
énormes et de la dégradation de la situation socioéconomique dans laquelle vit la
population. En d’autres termes, ces relations extérieures doivent être établies avec
finalité de tirer d’importantes dividendes afin de relever les défis et résoudre les
problèmes économiques et sociaux.

Toutefois, cette démographie est un atout de premier rang en termes des


ressources humaines s’il y est investi une réelle valeur ajoutée. C’est dans ce sens que
les relations extérieures orientées vers des échanges dans le domaine de recherche, le
secteur scientifique, technique, éducationnel et culturel garantiraient un gain à moyen
ou long terme. Des congolaises et congolais mieux préparés représenteraient une sûre
et meilleure relève de la République qui pourra, de la sorte, répondre mieux à sa
vocation au sein du continent africain et dans le concert des nations.

3.3.- La position géographique

La République Démocratique du Congo occupe la deuxième place en Afrique


par sa superficie. Elle partage des frontières avec 9 pays, la dixième étant maritime
avec l’océan atlantique. Avec ces 9 frontières et sa position centrale, le pays s’impose
comme un pivot pour le continent et sert de charnière entre l’Afrique australe et
l’Afrique septentrionale.

Cette position géographique donne à la République un statut de privilège pour


tisser des relations extérieures tous azimuts. Elle oblige ainsi la République à une
complexe interdépendance avec les autres Etats et les autres marchés dès lors qu’il se
convertit naturellement en pont de liaison entre l’Afrique australe et les autres régions
du continent. Cet atout fait que la République Démocratique du Congo attire autant les
autres acteurs qu’elle s’en approche aussi. Cette centralité géographique au niveau de
l’Afrique confère au pays ne certaine vocation au sein du continent, voire du monde.
Situé au cœur de l’Afrique, le Congo est appelé à harmoniser et à canaliser les activités
des autres Etats en donnant ainsi au continent une certaine vitalité politique et
économique. Cette position géographique concède à la République un atout majeur

47
d’être le chef de file des Etats africains et de remplir cette mission particulière pouvant
le convertir en un enjeu important du monde. En effet, subcontinent qu’il est, le Congo
peut devenir facilement l’Etat le plus prospère et le plus puissant de l’Afrique 46 pour
marcher en tête des Etats africains. Aussi, serait-il temps que la classe politique
devienne consciente de cette mission assignée à cette terre des ancêtres pour donner
une nouvelle dynamique à la politique extérieure et imprimer des orientations efficaces
et conséquentes à la politique en générale afin de replacer le pays au rang qui lui
revient47. En résumé, le Congo peut constituer un trait d’union entre plusieurs pays de
l’Afrique. Il est entouré des pays francophones, anglophones, lusophones et
arabophones. Il peut jouer à la convergence de toutes ces cultures pour en sortir un
microcosme qui sert de cadre de référence pour une entente, pour de relations
d’échanges et de coopération entre tous les Etats africains qui partagent ces mêmes
données culturelles.

D’autre part, la difficile croissance de l’économie ne pouvant pas dégager des


dividendes nécessaires capables de faire face aux besoins de plus en plus pressants de
la population, fait que le pays soit obligé de se projeter vers l’extérieur pour en
acquérir des apports nécessaires susceptibles d’éliminer les carences locales et
d’améliorer les conditions de vie des populations.

CHAPITRE TROISIEME
LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET SES RELATIONS
BILATERALES

46
. KI-ZERBO, J., Histoire de l’Afrique noire, d’hier à demain, Paris, Hatier, 1972, p.518.
47
. YEZI, Pyana-Fumu, La géopolitique internationale du Zaïre, Lubumbashi, Editions Africa, 1979, p.
36.

48
Les relations bilatérales de la République, au-delà du cadre diplomatique
classique, sont entretenues et encadrées à travers de Grandes Commissions mixtes
instituées avec d’autres Etats. Ces Commissions sont des plateformes, c’est-à-dire, des
cadres de rencontre entre la République et l’un ou l’autre Etat avec lequel il existe ces
relations bilatérales, cadres établis pour débattre, échanger et donner des solutions aux
problèmes qui affectent leurs intérêts réciproques. Au terme des travaux de toutes ces
Commissions, un communique final est rédigé et informe l’opinion sur les principales
options ou orientations adoptées.

I.- L’état des relations bilatérales avec les pays voisins immédiats

Les questions débattues au cours de dernières Grandes Commissions entre la


République et les différents pays voisins ont tourné autour des préoccupations
suivantes :

1.- Les questions d’ordre sécuritaire

Sur ce point, il peut être évoqué le pacte de non agression signé entre la
République Démocratique du Congo et le Congo le 29 décembre 1998, lequel
consacrait les relations de bon voisinage entre les deux pays. Ces questions d’ordre
sécuritaire ont été aussi évoquées durant la Grande Commission mixte entre la
République Démocratique du Congo et le Rwanda. En effet, les deux pays cherchent
toujours à normaliser leurs relations perturbées depuis de longues années à cause des
rébellions ayant élu domicile dans les zones frontalières de leurs territoires respectifs.
Restée en veilleuse depuis 21 ans, la Grande Commission mixte RDC-Rwanda a été
finalement relancée.

Concrètement, du 5 au 6 août 2009 à Rubavu (ex-Gisenyi) au Rwanda, une


réunion ministérielle s’était tenue pour préparer le lancement de cette Grande
Commission mixte RDC-Rwanda. Les travaux proprement dits de la Commission ont
eu lieu à Kinshasa le 18 décembre 2009 traitant les questions relatives à la sécurité
entre les deux pays et le tracé des frontières communes. Aujourd’hui, les relations qui
se voulaient dynamiques entre les deux pays se sont refroidies à cause du conflit à l’est
relancé par la rébellion du M23 soutenu par le Rwanda.

49
La question sécuritaire fut aussi l’un des points inscrits à l’ordre du jour de la
dernière Grande Commission mixte entre la RDC et l’Angola. En effet, La République
Démocratique du Congo et la République de l’Angola ont depuis 1997 donné un autre
ton à leurs relations de coopération perturbées durant de longues années par l’appui
qu’apportait le régime de la deuxième République à l’UNITA opposé dans un conflit
armé au gouvernement du Président Eduardo Dos Santos.

La 3ème République opta pour un réel changement d’attitude pour améliorer


l’état des relations avec l’Angola. C’est dans ce sens qu’une Grande Commission
Mixte entre les deux pays a été instaurée depuis le début des années 2000, et jusqu’à ce
jour, neuf sessions se sont déjà déroulées attestant la volonté entre les deux pays de
débattre des questions d’intérêts communs qui touchent à leurs relations bilatérales.
Ainsi, la 9ème Grande Commission RDC-Angola qui s’est tenue du 15 au 17 décembre
2009 à Luanda insérait dans son ordre du jour la question sécuritaire reflétant des
préoccupations autour des frontières communes terrestres et fluviales ainsi que la
délimitation de la frontière maritime dans le cadre de l’extension du plateau
continental.

Il faut souligner que cette 9ème Grande Commission mixte intervenait 5 ans
après la 8ème Grande Commission mixte qui s’était tenue en 2004 et depuis, les deux
pays ne s’étaient plus rencontrés. Pour autant, les délégués de ces deux pays à la 9 ème
Grande Commission mixte décidaient de procéder à une concertation permanente pour
résoudre tous les problèmes de nature à affecter leurs relations.

La question de la sécurité affecte aussi les relations bilatérales du pays avec


l’Ouganda. En effet, ces relations sont teintées tantôt de prédispositions à la
coopération, tantôt des tumultes. Les deux problèmes importants qui assombrissent
actuellement ces relations sont, d’une part, la présence des rebelles ougandais de
l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) dans le voisinage frontalier entre la RDC, le
Soudan et l’Ouganda, semant la terreur dans les populations qui vivent dans ces lieux,
et également celle du M23 soutenu aussi par l’Ouganda, et d’autre part, la découverte
d’un important gisement du pétrole dans le sous-sol du lac Albert et de la rivière
Semliki qui séparent les deux pays.

50
Des études sismiques et des forages faits par l’Ouganda ont révélé l’existence
des gisements pouvant atteindre 2,2 milliards de barils, une quantité supérieure aux
réserves prouvées de la Guinée Equatoriale estimées à 1,7 milliard de barils ou encore
du Congo-Brazzaville évaluées à 180 millions de barils. Les deux pays ont mis chacun
en place une Commission pour étudier cette situation et rendre des rapports avec des
propositions sur le tracé de la frontière. Toutefois, il s’avère indispensable la signature
d’un accord entre les deux pays pour une exploitation commune des gisements qui se
trouveraient à cheval sur leur frontière commune.

2.- Les questions relatives aux migrations et à la situation des réfugiés

Le désordre qu’expérimente le pays principalement dans sa frontière orientale


et récemment dans le nord-ouest et le sud-ouest fait de ces questions une préoccupation
exprimée au cours de différentes rencontres auxquelles le gouvernement a dû
participer, notamment lors de la dernière session de différentes Grandes Commissions
mixtes entre le gouvernement congolais et le Rwanda, le Burundi, le Congo
Brazzaville, la République Centrafricaine et l’Angola.

3.- La coopération dans le domaine de l’énergie

La dernière Grande Commission mixte entre la République Démocratique du


Congo et le Rwanda a traité cette question de l’énergie insistant sur l’exploitation
commune du gaz méthane dans le lac Kivu.

Il en a été aussi le cas lors de la dernière Grande Commission mixte entre le


pays et l’Angola. Au cours de cette Commission, les deux pays s’engageaient à
procéder à l’exploitation du pétrole dans la Zone d’Intérêt Commun (ZIC).

4.- La coopération militaire

Les efforts pour normaliser davantage les relations entre la République


Démocratique du Congo et le Rwanda se sont manifestés surtout lors de la décision
prise le 20 janvier 2009 par les deux gouvernements de lancer une opération militaire

51
conjointe menée par les FARDC et les APR dans la Province du Nord-Kivu. Baptisée
« Umoja Wetu », cette opération avait comme finalité de traquer les membres des
Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) composées de quelques 6.500
rebelles refugiés à l’Est de la République Démocratique du Congo.

Terminée en février 2009, cette opération a été suivie par une autre offensive
militaire dénommée « Kimia II » lancée en mai avec le soutien de la MONUC et
achevée en décembre 2009. En janvier 2010, l’opération « Amani Leo » prenait le
relai. Ces opérations ont contribué au rapatriement au Rwanda de quelques 2000
membres de FDLR. Mais, ces efforts déployés par les gouvernements de la région ne
se sont pas fait accompagner des résultats escomptés. En 2006, il existait déjà la
Tripartite Plus 1 qui a révélé aujourd’hui ses faiblesses.

II.- L’état des relations bilatérales avec les autres pays africains

1.- La Grande Commission mixte République Démocratique du Congo-Afrique


du Sud

Les relations de coopération entre la République Démocratique du Congo et


l’Afrique du Sud ont expérimenté une embellie depuis les travaux du Dialogue inter-
congolais tenus à Sun City pour s’intensifier à l’avènement de la 3 ème République. Ces
relations ont mené à la signature d’une vingtaine d’accords de coopération.

En effet, l’Afrique du Sud a joué un rôle très important dans le processus de


pacification de la République Démocratique du Congo. Des négociations menées par
des congolais eux-mêmes sur le territoire de ce pays, précisément à Sun City avaient
abouti sur la signature en 2003 à Pretoria de l’accord de paix sous les auspices du
Président Thabo Mbeki. L’Afrique du Sud a déployé près de 2000 casques bleus sur
les presque 20.000 que comptaient les forces de la MONUC.

Ce rôle politique joué par l’Afrique du Sud ne peut que supposer l’existence
des intérêts économiques importants que maintiennent les deux pays. Il est évident
que ces deux géants de l’Afrique ne peuvent pas cheminer isolés l’un de l’autre sans
entrevoir un cadre au sein duquel peuvent être discutées de grandes questions

52
d’intérêts communs. Pour autant, l’existence d’une Grande Commission mixte entre
les deux pays a été mise sur pied en janvier 2004 pour instaurer une coopération
efficiente et agissante pouvant avoir des répercussions positives sur les économies de
l’Afrique centrale et l’Afrique australe, et partant, de l’Afrique tout entière. Pays du
NEPAD, l’Afrique du Sud ne pouvait que se rapprocher de la République
Démocratique du Congo afin de maximiser les chances de voir accomplis les objectifs
de cet important projet de développement du continent inspiré par elle-même.

Grâce à ce cadre, 28 accords ont été signés dans les différents domaines,
notamment, l’éducation, les infrastructures, la sécurité, les mines, l’énergie 48 ainsi que
les hydrocarbures, l’agriculture, les flux migratoires. Cependant, la plupart de ces
accords n’ont pas encore connu un début d’exécution. Il est un fait que les trois
premières sessions de cette Commission se sont tenues sans avancée majeure.

La quatrième session ordinaire de la Grande Commission mixte RDC-RSA


ouverte le 16 août 2007 à Kinshasa avec la réunion des experts, s’était clôturée le 21
du même mois avec la signature de deux protocoles d’accord par les deux Chefs d’Etat
et d’un communiqué conjoint qui exprimait les intentions de deux pays. Les deux
protocoles portaient l’un sur le développement et la coopération dans le secteur du
transport, et l’autre sur l’amélioration des services hospitaliers. Une référence toute
particulière était faite à la réforme des forces armées. En effet, l’Afrique du Sud est en
partenariat militaire avec la République Démocratique du Congo aux termes d’un
accord signé en 2004 dans lequel le premier s’engage à intervenir au niveau de la
formation, du financement, de la fourniture des équipements militaires.

La cinquième session ordinaire de la Grande Commission mixte RDC-RSA


s’était tenue à Pretoria du 31 mars au 5 avril 2008 et était revenue sur des questions
évoquées en 2007 essayant d’évaluer l’évolution dans la démarche entreprise pour
leurs solutions ainsi que la planification de la coopération entre les deux pays.

48
. L’Afrique du Sud tient beaucoup à l´électricité produite par le barrage hydro-électrique
d’Inga afin d’alimenter ses entreprises et leur permettre de tourner à plein rendement. C’est
dans ce sens que ce pays cherche à réhabiliter une partie des turbines de ce barrage. Les
travaux de cette réhabilitation ont été confiés à la société sud-africaine MagEnergy et leur
finalisation pourrait permettre que les deux centrales réhabilitées disposent d’un potentiel de
production de 40.000 à 45.000 Megawatts, capables de fournir de l’électricité à toute l’Afrique
australe.

53
La sixième session de la Grande Commission mixte avait ouvert ses travaux le
27 octobre 2009 à Pretoria et s’était préoccupée à son tour de faire une évaluation
exhaustive des actions de coopération menées entre les deux pays. Cette démarche
avait révélé que beaucoup de progrès avaient été accomplis dans certains domaines tels
que la coopération en matière de défense, notamment l’assistance apportée aux Forces
Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et de la Sécurité,
l’assistance apportée à la Police Nationale Congolaise (PNC), la coopération en
matière de formation des diplomates congolais par le biais de l’Académie
Diplomatique, la coopération en matière d’administration publique avec la formation
future des fonctionnaires congolais à travers l’ENA ainsi que le recensement des
fonctionnaires, la coopération entre les services douaniers de deux pays.

2.- La Grande Commission mixte République Démocratique du Congo-Nigeria

La coopération avec le Nigéria revêt une importance capitale dès lors qu’il
s’agit aussi d’une des colosses de l’Afrique avec un potentiel à même d’aider les deux
pays, et encore mieux l’Afrique, à réaliser beaucoup de projets économiques et
sociaux. En effet, les deux pays pourraient constituer des pools au niveau de leurs
sous-régions respectives et servir de foyer de rayonnement du développement.

Pour autant, une Commission mixte RDC-Nigéria a été constituée et les


problèmes importants qui sont débattus au sein de cette Commission concernent, d’une
part, le projet de connexion Inga-Catabar qui pourrait servir aussi de passage de
transport de l’énergie électrique au Gabon et au Cameroun, et d’autre part, la livraison
du pétrole brut à la République Démocratique du Congo par le Nigeria.

III.- 2L’Etat des relations bilatérales avec les autres Etats non africains

Les relations bilatérales de la République Démocratique du Congo avec les


Etats non africains sont plus orientées dans l’histoire vers ses partenaires européens
traditionnels qui sont la la Belgique, la France et l’Allemagne. Il faut souligner que sur
les 27 Etats membres de l’Union Européenne, 12 ont une représentation diplomatique
en République Démocratique du Congo et 8 sont allés plus loin cherchant à intensifier

54
leurs relations extérieures par la mise en œuvre chacun des programmes de coopération
au développement. Ces programmes sont propulsés à travers leurs agences de
coopération dont les bureaux de représentation sont installés à Kinshasa. Il s’agit de la
Belgique avec CTB (Coopération Technique Belge), la France, le Pays Bas,
l’Allemagne avec GTZ (Coopération Technique Allemande), le Royaume Uni avec
DFID (Department for International Development), la Suède, l’Italie et l’Espagne avec
l’AECI (Agence Espagnole de Coopération Internationale).

En dehors du continent européen, la République Démocratique du Congo


entretient des relations d’échange intenses avec les les Etats-UnisEtats-Unis dont
l’Agence de Coopération et de Développement International (USAID) joue un rôle
important dans le domaine de l’aide et de l’assistance humanitaire et avec le Japon
dont la présence dans le pays est assurée par son organisme de coopération « Agence
Japonaise de Coopération Internationale » (JICA).

Au-delà des relations commerciales entretenues par des entreprises privées dans
le domaine de l’électronique et de l’automobile, le Japon maintient des relations de
coopération avec le gouvernement congolais en matière de renouvellement ou
réhabilitation des infrastructures comme c’est le cas aujourd’hui avec la réhabilitation
du Pont Maréchal Mobutu dans la Province de Bas-Congo et de certaines artères à
Kinshasa. Il en est de même avec la dotation de l’Institut National de Préparation
Professionnel en instruments de technologie de pointe dans l’électronique, la
mécanique auto ainsi que d’autres secteurs. Récemment, la , et vers Chine, l’Inde et la
Corée du Sud (KOICA) gagnent aussi du protagonisme49.

Restée longtemps renfermée sur elle-même, l’ouverture de la Chine Populaire


au monde durant ces dernières années comme une des conséquences de la fin de la
guerre froide et la consolidation du processus de mondialisation fait de plus en plus de
ce pays une puissance émergente qui prétend se hisser au plus haut sommet.
L’immensité de son marché de consommation qui garantit une demande permanente de
certains produits d’importation, d’une part ; et son industrie naissante avec une
production de plus en plus compétitive et bon marché, d’autre part, font que la Chine
. L’Agence coréenne pour la coopération internationale (KOICA) a un bureau à Kinshasa
49

pour la supervision des projets, principalement dans le secteur du développement rural et le


domaine de la santé.

55
intensifie aujourd’hui ses échanges avec beaucoup de pays d’autres continents, et
principalement les pays africains.

Dans cette nouvelle dynamique s’est inscrite aussi la République Démocratique


du Congo qui, en fin 2007, a signé avec la Chine un prêt cadre d’un montant minimum
de 5 milliards de dollars pour financer les cinq chantiers inscrits dans le programme du
gouvernement.

Ces relations tant avec les pays européens qu’avec ceux d’autres continents,
Ces relations portent plus sur les échanges commerciaux à travers dans lesquels la
République écoule sur leurs marchés respectifs des matières premières pour en tirer
des devises nécessaires à l’obtention des produits manufacturés dont il a besoin pour
satisfaire les demandes locales. Ces relations portent aussi sur les échanges dans divers
domaines tels que portla promotion de la ant essentiellement sur la culture et
l’amélioration de l’éducation, les recherches scientifiques, la santé, l’agriculture, les
questions relatives aux migrations, au changement climatique, au transport et à
l’énergie, etc.

21.- Les relations extérieures avec la Belgique

Les relations entre la République Démocratique du Congo et la Belgique datent


depuis les temps des explorations et des découvertes pour finalement se formaliser lors
de la Conférence de Berlin de 1884-1885 au cours de laquelle le Congo fut cédée au
Roi belge, Léopold II, comme propriété privée avant de passer comme colonie belge
en 1908.

Le 30 juin 1960, le pays se libérait du joug colonial et accédait à sa


souveraineté nationale et internationale. L’acquisition de ce nouveau statut obligeait le
jeune Etat à établir de nouvelles relations de coopération fondée sur le respect mutuel
et un partenariat au bénéfice de deux nations.

Les relations de coopération entre la République Démocratique du Congo et la


Belgique sont essentiellement concentrées dans les échanges commerciaux, d’une part,
et de l’aide à la coopération de la Belgique vers la République Démocratique du

56
Congo, d’autre part. Cette aide est multiforme et multisectorielle. Elle est concentrée
dans les secteurs de la technique, de la culture avec l’octroi des bourses d’études aux
congolais, et de l’aménagement des infrastructures.

2.- 2.2.- Les relations extérieures avec la France

Le partage de la langue française a créé entre la RDC et la France un


rapprochement non seulement d’ordre culturel, mais qui est allé au-delà pour couvrir
des secteurs de l’économie, de la politique et des échanges d’ordre technique.

3- Les relations extérieures avec la République Fédérale d’Allemagne

Les relations entre la République Démocratique du Congo et la République


Fédérale d’Allemagne sont basées principalement sur la coopération. Dans ce
domaine, la lutte contre la pauvreté, le maintien de la paix et la stabilisation de
l’écosystème ont occupé une place de choix dans les différents programmes consentis
par les gouvernements de deux pays.

Nonobstant, le secteur de la santé avec un accent mis sur la lutte contre le


VIH/SIDA ainsi que l’assainissement et la potabilisation de l’eau constituent aussi des
chapitres importants de ces programmes.

2.3.- 2.4.- CHAPITRE QUATRIEME


LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET SES RELATIONS
MULTILATERALES

I.- La République Démocratique du Congo dans l’Union Africaine

57
La République Démocratique du Congo est membre de l’Union Africaine. Son
influence au sein de cette organisation régionale a considérablement diminué ces
dernières années à cause du retard dans le paiement de ses contributions. Toutefois, le
pays occupe une place de choix dans ce forum et ses points de vue importent dans les
questions qui touchent aux intérêts de l’Afrique Centrale.

II.- L’appartenance aux organisations d’intégration sous-régionale africaine

La République Démocratique du Congo est membre de la Communauté


Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), de la Common Market of
Eastern and Southern Africa (COMESA) et de la Communauté de Développement de
l’Afrique Australe (SADC). Un fait important à souligner en ce qui concerne cette
dernière organisation a été la tenue du 02 au 08 septembre 2009 à Kinshasa de son
29ème sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement. Au cours de cette rencontre, le
Chef de l’Etat congolais fut élu pour une année Président en exercice de
l’Organisation.

Ces organisations régionales d’intégration entretient chacune une dynamique de


développement propre et sujette à la somme des dynamiques imprimées par les
économies des pays membres.

L’immensité du territoire de la République fait qu’il y ait des provinces qui


sont connectées plus à une organisation qu’à une autre. Le Katanga qui est dans
l’orbite de l’Afrique australe est plus tourné vers la SADC, alors que les provinces du
Nord-Kivu, Sud-Kivu et la province orientale évoluant dans l’orbite de l’Afrique de
l’Est, se sentent mieux dans le COMESA. Le Bas-Congo, Kinshasa, Bandundu et la
province de l’Equateur sont mieux connectées à la Communauté Economique des Etats
de l’Afrique Centrale (CEEAC). 

Tout en n’étant pas membre de la Communauté Economique et Monétaire de


l’Afrique Centrale (CEMAC), mais suite à un décret présidentiel pris en décembre
2005, la République Démocratique du Congo rejoignait le groupe de négociation de
l’accord de partenariat économique en ce qui concerne les pays de l’Afrique Centrale.

58
Ce groupe est représenté par la CEMAC dont les pays membres sont le Cameroun, le
Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, la République du Congo
et le Tchad. La République Démocratique du Congo et Sao Tomé et Principe ne sont
pas membres, mais évoluent dans ce groupe dans l’unique cadre des négociations de
l’accord de partenariat économique.

L’accord de partenariat économique est la suite logique de l’exigence faite à


tous ses membres par l’Organisation Mondiale du Commerce créée en 1994 à
Marrakech qui leur demande de procéder à la libéralisation du commerce afin d’éviter
des traitements discriminatoires envers d’autres acteurs.

D’autre part, lors d’une réunion tenue à Gisenyi le 17 avril 2007, les ministres
des Affaires Etrangères de la République Démocratique du Congo, du Rwanda et du
Burundi avaient exprimé leur volonté de relancer les activités de la Communauté
Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) dont les objectifs seraient de garantir
la sécurité aux frontières des Etats membres et de promouvoir des projets d’intérêts
communs dans des différents secteurs, particulièrement celui de l’économie.

III.-
La RDCongo dans les autres espaces multilatéraux

1.- La République Démocratique du Congo et l’Organisation des Nations Unies

La République Démocratique du Congo est membre des Nations Unies depuis


le 20 septembre 1960. Les crises politiques réitérées qu’a connues le pays, précisément
en 1960 dès son accession à l’indépendance et en 1996 avec la chute de la deuxième
République ont fait que l’ONU joue un rôle important dans la pacification du pays et
que des relations de collaboration s’intensifient avec cette institution.
La mission de maintien de la paix avec l’ONUC en 1960 et celle de la
pacification du pays avec la MONUC à partir de 1999 ont fait consentir à l’ONU des
sacrifices énormes pour la République Démocratique du Congo. En effet, aucune
mission de l’ONU n’avait jamais atteint l’envergure de la MONUC que ce soit en
termes de matériels ou de la logistique (90 bases réparties sur l’ensemble du territoire

59
dont 60 dans le Nord-Kivu et dans le Sud-Kivu), de ressources humaines (20.000
hommes de 50 nationalités différentes) ou des apports financiers.

La MONUC engloutit plus d’1 milliard de dollars par an depuis qu’elle s’est
installée en République Démocratique du Congo. Son budget est surprenant. 3,5
milliards de dollars ont été programmés pour la seule période allant de juillet 2009 à
fin mai 2010.

Pour autant, la MONUC a découpé le territoire congolais en trois types de


zone de défense: zone 1 et 2 non affectées par les conflits, à l’instar de deux Kasaï et le
Katanga, et la zone 3 comme l’Est de la République, perturbée par les conflits.

Conformément à la Résolution 1906 (2009) du Conseil de Sécurité de l’ONU,


le mandat de la MONUC est arrivé à terme le 30 mai 2010. Aujourd’hui, le
gouvernement de la République souhaite un désengagement progressif de cette
mission, surtout dans les zones de défense 1 et 2. Les discussions se poursuivent avec
objectif de définir le calendrier et les conditions à remplir pour que les différentes
forces militaires de la MONUC puissent partir, c’est-à-dire, procéder à une nouvelle
reconfiguration de cette force et son progressif désengagement. Cette évolution a
poussé au changement de mandat qui porte plus désormais sur la stabilisation du pays.
De là, la nouvelle MONUSCO.

2.- La République Démocratique du Congo et l’Union Européenne

La substance des relations entre la République Démocratique du Congo et


l’Union Européenne se déroule actuellement dans le cadre de l’Accord de partenariat
de Cotonou signé le 23 juin 2000 entre les pays de l’Union Européenne et ceux du
Groupe ACP, lequel inclut les pays de l’Afrique, du Caraïbe et du Pacifique et l’accord
révisé signé à Luxembourg le 25 juin 2005. Ces relations ont été régies bien avant par
d’autres accords tels que les accords de Yaoundé qui ont cessé d’être en vigueur en
1973 pour céder la place en 1975 aux conventions de Lomé auxquelles les parties
mirent un terme en 2000.

60
L’objectif principal de l’accord de partenariat de Cotonou signé entre les 27
pays de l’Union Européenne et les 77 du Groupe ACP, dont la République
Démocratique du Congo, est de promouvoir une approche commune de la réduction de
la pauvreté compatible avec le développement durable ainsi que l’intégration
progressive des pays ACP dans l’économie mondiale.

Conformément à l’accord de Cotonou et à l’accord de Luxembourg, un


document de stratégie pays et un programme indicatif de l’aide communautaire en
faveur de la République Démocratique du Congo, ont été établis, et ce, suivant les
dispositions des articles 2 et 4 de l’annexe IV de l’accord de partenariat de Cotonou.

Pour la période allant de 2008 à 2013, il est prévu, d’une part, un montant de
514 millions d’euros constituant ce qui est convenu d’appeler enveloppe A. Cette
enveloppe est destinée au soutien macroéconomique, aux projets en appui aux
domaines de l’assistance communautaire, aux politiques sectorielles avec une
référence spéciale à l’amélioration de la gouvernance, aux infrastructures de transport
et à la promotion du secteur sanitaire, et d’autre part, un autre montant de 47,7 millions
d’euros constituant ce qui est convenu d’appeler enveloppe B destinée à couvrir des
besoins imprévus, tels que l’aide humanitaire ou l’aide d’urgence lorsqu’une telle aide
ne peut être financée par le budget de l’Union Européenne, des contributions à des
initiatives d’allègement de la dette convenues au niveau international ainsi qu’un
soutien destiné à atténuer les effets négatifs de l’instabilité des recettes d’exportation.

Ces enveloppes ne constituent pas des droits dès lors qu’elles peuvent être
retouchées par la Communauté européenne. Des décisions de financement peuvent
également être prises par la Commission européenne à la demande du gouvernement
de la République Démocratique du Congo dans les limites des enveloppes
susmentionnées.

Il est à noter que la Banque Européenne d’Investissement opère aussi en


République Démocratique du Congo dans divers secteurs économiques en finançant
des investissements promus par le secteur privé et en soutenant les grands projets
d’infrastructures générateurs de revenus essentiels au développement économique.

61
D’autre part, l’UE s’intéresse aux politiques énergétiques du pays, notamment
par des interventions dans le secteur hydroélectrique avec la réhabilitation d’Inga et
d’autres barrages comme celui de Ruzizi.

3.- La République Démocratique du Congo avec le FMI et la Banque Mondiale

Les relations entre la République Démocratique du Congo et les institutions de


Bretton Woods remontent depuis de longues dates et se sont de plus en plus
intensifiées à partir des années 1970 quand le pays est entrée dans une crise profonde,
conséquence non seulement des perturbations à l’échelle de l’économie internationale
avec la crise monétaire en 1971 et celle de l’énergie en 1974, mais aussi de l’échec de
la politique de l’appropriation de l’initiative en matière de gestion de l’économie
traduite dans la politique de nationalisation de certaines unités productives, politique
dénommée : « zaïrianisation ».

L’inflation galopante qui s’ensuivit et la modification des paramètres de la


dette extérieure du pays déterminaient le gouvernement de l’époque d’approfondir ses
relations de collaboration avec les institutions de Bretton Woods lesquelles
s’engageaient à gérer la dette du pays en mettant sur pied des politiques d’ajustement
structurel.

En effet, la croissance vertigineuse de cette dette qui était il y a peu de quelques


10,9 milliards de dollars US, selon les dernières statistiques, et devenue un fardeau
pour l’économie obligeait cette coopération avec les institutions de Bretton Woods,
plus particulièrement le FMI dont le rôle classique de réguler les relations monétaires
internationales se doublait de celui de gérer la dette extérieure des pays en voie de
développement éprouvant de sérieuses difficultés dans leurs balances de paiement.

La croissance jugée lente de l’économie congolaise face à l’extension des


foyers de pauvreté appelle aujourd’hui à de nouvelles approches dans ces relations de
collaboration entre le FMI et les pays pauvres fortement endettés. C’est dans ce sens
que l’initiative PPTE a été conçue en 1996 par ces institutions pour tenter d’alléger le
fardeau de la dette des pays pauvres et leur permettre d’utiliser les revenus de leurs

62
économies non seulement au profit du service de la dette, mais aussi pour satisfaire les
demandes des populations de ces pays fort endettés.

En effet, l’initiative PPTE suppose une action concertée de la communauté


financière internationale, incluant ainsi les institutions multilatérales œuvrant en la
matière et les autorités étatiques, en vue de ramener à un niveau supportable la charge
de la dette extérieure de la plupart des pays pauvres fortement endettés.

Deux options accompagnent l’initiative PPTE : le point de décision et le point


d’achèvement. Si le point de décision est considéré comme l’étape intermédiaire qui
appelle à une évaluation à mi chemin tant de l’évolution du processus que des résultats
jusque là obtenus par le pays depuis son engagement à l’initiative PPTE, le point
d’achèvement représente la ligne d’arrivée au terme de laquelle la décision de réduire
considérablement la dette, c’est-à-dire, une annulation à la hauteur de 80%, doit
intervenir. Ceci suppose que le chiffre de 10,9 milliards de dollars US calculé avant le
point d’achèvement, devait tomber à 2,3 milliards de dollars. Le service de la dette
ayant été estimé à 922 millions de dollars, devait passer à 104 millions de dollars.

Le processus qui devait conduire au franchissement du point d’achèvement de


cette initiative s’articulait autour de la réalisation de 7 déclencheurs. En d’autres
termes, l’atteinte du point d’achèvement et l’obtention de la réduction substantielle de
l’allègement de la dette de la part des créanciers extérieurs passaient par
l’accomplissement de 7 déclencheurs suivants :

- l’élaboration du DSCRP et sa mise en œuvre satisfaisante. Ce document a été


élaboré en 2003, révisé et finalisé en 2006. Son élaboration a connu le concours
de plusieurs acteurs économiques et sociaux, ainsi que l’appui des partenaires
internationaux, tels que le PNUD et l’Union Européenne.
- le maintien de la stabilité macroéconomique
- la bonne utilisation des ressources provenant des allègements intérimaires
obtenus après l’atteinte du point de décision, et la République Démocratique du
Congo a atteint son point de décision en juillet 2003
- la bonne gestion des finances publiques
- l’amélioration du fonctionnement des services sociaux face à la population

63
- l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies des secteurs prioritaires :
éducation, santé, agriculture et développement rural.
- L’amélioration de la gestion de la dette.

Depuis 2011, la dette du pays a été réduite dans le cadre de cette initiative
PPTE. En résumé, l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE qui devait se
négocier en Conseil d’Administration du FMI, a été obtenue grâce aux conclusions
satisfaisantes de la première revue du Programme Economique du Gouvernement 2009
(PEG2), à l’état détaillé de réalisation de sept points déclencheurs ci-haut énumérés
ainsi qu’à l’étude sur la viabilité de la dette même du pays, étude qui devrait permettre
au FMI et à la Banque Mondiale de se fixer sur le montant réel de la dette à effacer une
fois atteint ce point d’achèvement.

4.- La République Démocratique du Congo et l’Organisation Internationale


de la Francophonie

La République Démocratique du Congo est membre de l’Organisation


Internationale de la Francophonie (OIF) depuis 1977. L’OIF se compose de tous les
Etats ayant choisi le français comme langue officielle de l’administration de l’Etat.
Elle a été créée curieusement en terre africaine, précisément à Niamey le 20 mars 1970
comme agence de coopération culturelle et technique, et fête ainsi sa journée le 20
mars de chaque année.

Aujourd’hui, l’OIF constitue un espace francophone composé de 77 Etats 50 qui


hébergent 810 millions d’habitants dont 200 millions qui parlent français et la moitié
d’entre eux se trouvant en Afrique. Cette situation place la langue française comme
9ème langue au monde.
Le partage en commun de la langue française appelle aux Etats membres de
l’OIF à plus de solidarité et d’échanges afin de promouvoir non seulement des projets
d’ordre culturel, mais aussi d’autres valeurs et initiatives dans le domaine de
l’économie, de la politique, du social, pouvant contribuer au développement intégral de
tous les peuples habitant ledit espace.

. Soit 57 Etats membres et 20 Etats avec statut d’observateurs.


50

64
L’organisation célèbre des sommets biannuels au cours desquels les problèmes
touchant à l’espace francophone sont abordés 51. Le 13ème sommet de l’OIF tenu à
Montreux (Suisse) du 22 au 24 octobre 2010 et qui coïncidait avec le 40ème anniversaire
de la création de l’OIF, avait connu la participation de 38 Chefs d’Etat et de
Gouvernement. Placé sous le thème : «  Défis et visions d’avenir pour la
Francophonie », ce sommet avait traité de différents problèmes, notamment :
- la question de la représentation de l’Afrique au sein du Conseil de Sécurité par
certains de ses Etats comme membres permanents,
- la Francophonie et les défis de l’innovation et l’éducation comme facteur de
développement,
- le rôle et la place de la Francophonie dans la gouvernance mondiale, la
promotion de la démocratie, des libertés ainsi que des droits de l’homme,
- la Francophonie et la consolidation des solidarités dans la sécurité alimentaire
et la lutte contre le changement climatique, etc .

Au cours de ce sommet, le Secrétaire Général de l’Organisation, Mr. Abdou


Diouf, ancien Président de la République du Sénégal, avait été réélu pour un mandat de
4 ans et quelques demandes d’adhésion ont étés enregistrées52.

La République Démocratique du Congo avec son imposante démographie


supposée encline à la langue française joue avec cette pesanteur au sein de l’OIF. Le
pays a accueilli du 12 au 14 octobre 2012 les travaux du 14 ème sommet de l’OIF à
Kinshasa. Placé sous le thème « Francophonie : Enjeux environnementaux et
économiques face à la gouvernance mondiale », ce sommet a traité des questions
relatives à :
- la gouvernance mondiale et les droits de l’homme ;
- la paix et la sécurité ;
- la diversité culturelle et l’éducation ;
- la préservation de l’environnement ;

51
. Le 1er sommet s’était célébré à Versailles en France en 1986 ; le 2ème au Québec en 1987 ; le 3ème à
Dakar en 1989 ; le 4ème à Paris en 1991 ; le 5ème à Grand-Baie (Maurice) en 1993 ; le 6ème à Cotonou en
1995 ; le 7ème à Hanoï (Vietnam) en 1997 ; le 8ème à Moncton (Canada-Nouveau-Brunswick) en 1999 ; le
9ème à Beyrouth en 2002 ; le 10ème à Ouagadougou en 2004 ; le 11ème à Bucarest en 2006 ; le 12ème au
Québec en 2008, le 13ème à Montreux en 2010.
. Les demandes des Emirats Arabes Unis, Estonie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et la
52

République Dominicaine.

65
- la croissance économique.

5.- La République Démocratique du Congo et les traités internationaux et


régionaux

La République Démocratique du Congo est signataire de nombreux traités


internationaux ainsi que des traités régionaux. Néanmoins, l’application de la plupart
de ces traités n’est toujours pas effective et leur mise en œuvre dans la législation
congolaise est jugée incomplète.

Toutefois, le 11 avril 2002, le pays a ratifié le statut de Rome qu’il avait signé
le 08 septembre 2000. En outre, le gouvernement de transition a signé un accord
spécial autorisant la Cour Pénale Internationale à mener des activités sur le territoire de
la République jusqu’à l’entrée en vigueur de l’ensemble de la législation.

Parmi les conventions internationales et régionales signées par le pays, nous


pouvons citer :

a) Conventions internationales :

- Le Traité de non prolifération des armes nucléaires signée le 04 août 1970 et


ratifiée le 28 mars 2001 ;
- La Convention Internationale sur l’élimination de la discrimination raciale
ratifiée le 21 avril 1976 ;
- La Convention sur l’élimination de la discrimination contre les femmes ratifiée
le 17 juillet 1980 ;
- La Convention sur les Droits de l’Enfant ratifiée le 20 mars 1990 ;
- La Convention contre la torture ratifiée le 18 mars 1996 ;
b) Conventions régionales

- La Convention Africaine sur les réfugiés signée le 10 septembre 1969 et


ratifiée le 14 février 1973 ;
- La Convention Africaine sur la conservation de la nature et des ressources
naturelles signée le 15 septembre 1968 et ratifiée le 29 mai 1976 ;

66
- La Convention sur l’élimination du mercenariat en Afrique signée le 20 mars
1979 et ratifiée le 13 septembre 1979 ;
- La Charte Africaine des droits de l’Homme signée le 23 juillet 1987 ;
- Le Traité faisant de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires signé le 11
avril 1996 ;
- La Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme signée le 09
septembre 1999 ;
- Le Pacte de Paix, de Stabilité et de Développement dans les Pays des Grands
Lacs signé le 15 décembre 2006.
- Le traité d’adhésion à l’Organisation pour l’Harmonisation Africaine des Droits
des Affaires (OHADA) en 2010.

6.- La République Démocratique du Congo et la consolidation de la paix dans les


Grands Lacs

6.1.- La Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs


(CIRGL)

Les questions sécuritaires ont conduit à l’organisation de la Conférence


Internationale sur la Région des Grands Lacs, dénommée dans ses débuts « Conférence
Internationale sur la Paix, la Démocratie et le Développement dans la Région des
Grands Lacs ». L’initiative d’organiser une Conférence Internationale sur la paix dans
la Région des Grands Lacs remonte à 1994 quand le Conseil de Sécurité des Nations
Unies, devant les risques de plus en plus accentués d’un conflit à grande échelle dans
cette partie de l’Afrique, proposa l’idée de convoquer ladite Conférence à travers la
Déclaration présidentielle faite le 14 octobre 1994 sur le Rwanda.

67
En outre, le Dialogue Intercongolais célébré à Sun City recommandait dans ses
résolutions nº 14/DIC/AVRIL/2002 et nº 19/DIC/AVRIL/2002 au gouvernement de
transition de solliciter une totale implication de la communauté internationale dans
l’organisation de ladite conférence. Les différentes consultations menées auprès des
pays de la région débouchèrent sur le lancement à Nairobi du 23 au 24 juin 2003 du
processus préparatoire de la Conférence à travers une réunion à laquelle participaient
les délégués de différentes coordinations nationales établies dans chacun des pays
constituant la Région des Grands Lacs, notamment la République Démocratique du
Congo, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie.

Tous ces pays consultés avaient approuvé l’idée de convoquer la Conférence.


Afin de favoriser le rapprochement entre ces pays, une conférence a été instituée. Cette
Conférence dont le format initial était circonscrit aux six pays de la région, s’est
aujourd’hui élargie à d’autres pays de l’Afrique centrale dès lors que les questions
inscrites à l’ordre du jour, notamment la paix, la stabilité et la sécurité, intéressent
aussi tous les pays de cette région de l’Afrique Centrale. De six pays la Conférence est
passée à onze pays concernés. Ces onze pays 53 avaient fini par adhérer au Pacte sur la
sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs et s’étaient
engagés à revitaliser la Communauté Economique des pays des Grands Lacs (CEPGL).

Le Pacte prévoit la restauration des relations de bon voisinage, la recherche des


stratégies qui puissent favoriser un climat de stabilité, de paix et de sécurité, la
promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance comme modèle de gestion
politique et instrument d’attrait des investissements étrangers favorables à la
croissance de l’économie, ainsi que la promotion du développement social au profit de
tous les peuples de la région.

6.2.- La Tripartite Plus 1

Au-delà de la Conférence, il a existé aussi la Tripartite Plus 1. Celle-ci était


considérée comme un forum de rencontre entre la République Démocratique du
Congo, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Elle était conçue sur initiative des Etats-
. Ces Etats membres sont : Angola, Zambie, Tanzanie, Rwanda, Burundi, République
53

Centrafricaine, Ouganda, Kenya, République du Congo, Soudan et République Démocratique


du Congo.

68
Unis en 2006 avec finalité de rétablir la confiance et l’entente entre les quatre pays.
Progressivement, elle était devenue un cadre de dialogue dont la Commission
Conjointe avait pris l’habitude de se réunir chaque année pour passer en revue tous les
problèmes d’intérêts communs, principalement d’ordre sécuritaire, susceptibles de
brouiller les relations de bon voisinage entre les quatre pays.

Le but ultime de la Tripartite Plus 1 était d’éliminer toute menace à la sécurité


et à la paix entre les pays de la région. Et les stratégies pour accomplir cet objectif
résidaient dans :
- le désarmement, la démobilisation et la réintégration de toutes les forces
négatives opérant dans la région.
- la conception et la prise des mesures économiques susceptibles de réduire le
pouvoir financier de ces forces négatives et d’autres réseaux illégaux. En
effet, ce pouvoir confère à ces forces négatives l’habileté à financer la
violence à l’Est du pays.

Les quatre Etats concernés par la Tripartite Plus 1 semblent aujourd’hui s’être
éloignés de ce cadre. L’instabilité dans la Région des Grands Lacs avec une multitude
des rébellions qui se proclament comme des forces de libération, laisse convaincre de
la nécessité d’innover et de trouver d’autres pistes qui puissent amener à la mise à
terme de ce fléau.

6.3.- L’Accord cadre d’Addis-Abeba

Sous l’initiative du Secrétaire Général de l’ONU, un accord cadre pour la paix,


la sécurité et la coopération a été signé le 23 février 2013 à Addis-Abeba par onze pays
de l’Afrique centrale et australe à la recherche des solutions efficaces pour mettre fin à
des violences armées dans la région des Grands Lacs et stabiliser définitivement et
durablement cette partie du continent. Des décisions et des recommandations étoffent
cet accord, dont notamment, l’envoi d’une force internationale neutre composée des
troupes armées en provenance des pays de la région, lesquelles devraient en principe
être sous le commandement de la MONUSCO (la Tanzanie, le Zimbabwe et l’Afrique
du Sud se sont déjà portés comme candidats) et dont l’essentiel de la mission

69
consisterait à nettoyer l’Est du pays de toutes les forces négatives ou groupes rebelles
qui s’y sont installés.

2.5.- Les relations extérieures avec la République Fédérale

Les relations entre la République Démocratique du Congo et la République


Fédérale d’Allemagne sont basées principalement sur la coopération. Dans ce
domaine, la lutte contre la pauvreté, le maintien de la paix et la stabilisation de
l’écosystème ont occupé une place de choix dans les différents programmes consentis
par les gouvernements de deux pays.

Nonobstant, le secteur de la santé avec un accent mis sur la lutte contre le


VIH/SIDA ainsi que l’assainissement et la potabilisation de l’eau constituent aussi des
chapitres importants de ces programmes.

CONCLUSIONS

L’ouverture d’un pays vers le monde et l’intensification de ses relations


extérieures ne dépendent pas seulement de sa puissance économique et de ses
ressources naturelles, mais aussi de la sécurité, la stabilité politique et l’assainissement
du climat des affaires qu’il affiche, de la modernisation de ses infrastructures dans tous
les domaines, lesquelles doivent faciliter l’accès à son territoire et aider à accéder aux
territoires des autres.

La République Démocratique du Congo a des atouts pour devenir une


puissance au sein de l’Afrique. Cependant, beaucoup de défis sont encore à lever. Les
problèmes d’insécurité et de la violence à l’Est du pays n’aident pas le pays à ouvrir
l’éventail de ses relations extérieures. Il en est de même du climat des affaires pour
lequel les différents rapports « Doing Business », publiés par la Banque Mondiale,
rapports qui évaluent l’environnement des affaires dans les différents pays du monde,
classent la République Démocratique du Congo dans les dernières positions. Cette

70
situation a déterminé le gouvernement à adhérer au traité de l’Organisation pour
l’Harmonisation Africaine des Droits des Affaires (OHADA).

Dans le cas des communications et des télécommunications, ce secteur revêt


aussi une importance capitale comme l’un des catalyseurs dans cette dynamique
d’ouverture du pays et d’intensification de ses relations extérieures. La République
Démocratique du Congo présente un paradoxe fondamental dans ce sens. En effet, il
est fait ce constat selon lequel les énormes potentialités et la dimension territoriale de
l’Etat, capables de le hisser au rang d’une puissance régionale, n’ont pas suffi pour
l’obliger à créer des voies de communication qui lui faciliteraient une ouverture à la
mesure de sa taille.

Ce déficit affaiblit l’Etat dans sa dynamique de diversifier ses relations


extérieures. Il réduit considérablement les flux d’importations et d’exportations et
limite également la portée des politiques en matière de tourisme. Concrètement, le
réseau routier de la République Démocratique du Congo couvre seulement 152.000
Km dont plus de 95% reste impraticable. Le transport aérien qui est devenu
aujourd’hui le seul moyen de relier les différents chefs lieux de provinces et les villes
du pays traverse une situation difficile. La vétusté des aéronefs ne garantit pas la
sécurité aérienne. Pour autant la Commission européenne a interdit aux aéronefs
enregistrés en République Démocratique du Congo le survol du territoire de l’Union
Européenne.

Le secteur de télécommunications n’est pas non plus épargné malgré la


multiplication des opérateurs privés et étrangers en matière de téléphonie mobile. Bien
que le réseau de télécommunication ait connu ces dernières années une croissance
rapide, il n’a pas cependant rattrapé le retard accumulé par rapport à d’autres pays
africains. La télé-densité54 dans le pays est de 1,05% contre une moyenne africaine de
11,3%.

Toutes ces carences réduisent considérablement l’action de la République vers


l’extérieur et ne l’aident pas à répondre dument à sa vocation africaine. Par
conséquent, des efforts considérables doivent être déployés au niveau du

. Nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants.


54

71
gouvernement pour une meilleure politique de gestion des ressources naturelles qui
puissent procurer un plus des dividendes pour renflouer davantage le Trésor de l’Etat
capable de l’aider à initier une politique des grands travaux qui doivent donner à l’Etat
l’image de puissance qui lui manque. Tout ceci doit se faire par le biais d’une nouvelle
politique de gestion rigoureuse et transparente des deniers publics et de réforme et
rationalisation de la diplomatie du gouvernement tant au niveau de son contenu
théorique que de ses praticiens.

BIBLIOGRAPHIE

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QUESTIONNAIRE

75
1.- Expliquez le caractère matériel et immatériel des relations extérieures d’un
Etat ?

2.- Quel distinguo faites-vous entre « relations extérieures » et « relations


internationales » ?

3.- Quels sont les différents facteurs qui conditionnent les relations extérieures
d’un Etat ? Faites-en un commentaire.

4.- Quelles sont les tendances actuelles des relations extérieures des Etats ?

5.- Quels sont les principes de la politique étrangère de la République


Démocratique du Congo ?

6.- Quels sont les thèmes les plus souvent évoqués dans les commissions mixtes
entre la République Démocratique du Congo et les pays voisins ?

7.- Qu’entendez-vous par Tripartite Plus 1 ?

8.- Expliquez le concept des relations extérieures épinglé depuis le paradigme


réaliste des relations internationales et le paradigme de l’interdépendance ?

9.- Quel rapport établissez-vous entre les relations extérieures et la politique


étrangère ?

10.- Qui définit et conduit la politique étrangère en République Démocratique du


Congo ?

11.- Faites ressortir les éléments distinctifs de ces trois conceptions : réaliste,
libérale et constructiviste de l’intérêt général ?

12.- Quelles sont les matières qui, le plus souvent, reviennent comme
préoccupations dans l’action extérieure de la République Démocratique du
Congo ?

13.- S’il vous était demandé un avis technique sur le contenu à donner à la
politique étrangère de la République (RDC), de quels principes vous inspireriez-
vous ?

76

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