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LA TROISIEME VAGUE...
... le plus grand Réveil
de l'Histoire de l'Eglise?
Maison de la Bible
Christliche Literatur-Verbreitung
Diffusion Générale:
La Maison de la Bible
Le Trési 6, CH - 1028 Préverenges
Distribution en France:
La Maison de la Bible
B.P. 19, F - 69813 Tassin Cedex
Diffusion au Canada:
Service d'orientation biblique
Plaza Laval
2750 Chemin Ste Foy
Ste Foy
QUEBEC G1 VI V6
Canada
Titre de l'original allemand: «Dritte Welle... Gesunder Aufbruch?»
© 2ème édition augmentée 1992
Editions Christlische Literatur-Verbreitung, Bielefeld
©de l'édition française: Editions Christlische Literatur-Verbreitung,
Bielefeld
Traduction française: Antoine Doriath
Toutes les citations bibliques sont tirées de la Bible Segond,
Nouvelle Edition de Genève, 1979
Photocomposition: Dieter Otten, Bergneustadt
Imprimé en Allemagne: Ebner Ulm
ISBN 3-89397-707-4 (CLV • Bielefeld)
ISBN 2-8260-3259-3 (La Maison de la Bible)
Table des matières
Avant-propos 7
Introduction 9
Un survol des «trois vagues du Saint-Esprit» 13
La trosième vague: l'évangélisation de puissance 16
C. Peter Wagner 17
John Wimber 22
P.YonggiCho 52
R. Bonnke 68
«L'évangélisation de puissance»
à la lumière de la Bible 91
Récapitulation 101
L'alternative biblique 114
Appendice 1 : Ce que dit la Bible 128
Appendice 2: Le congrès de Nuremberg 163
Notes 181
5
Avant-propos
Dans le monde francophone, C.P. Wagner, J. Wimber,
P. Yonggi Cho et R. Bonnke ne sont plus des inconnus. Ils
figurent de plus en plus parmi les orateurs invités aux con-
grès et séminaires qui drainent de grandes foules. Il nous a
semblé opportun de présenter au public de langue française
le présent ouvrage qui est la traduction partielle du livre alle-
mand Die dritte Welle... gesunder Aufbruch?, de Wolfgang
Biihne, augmentée de certains chapitres tirés de l'excellente
étude Spiel mit dem Feuer, du même auteur.
Refusant délibérément tout esprit polémique, Wolfgang
Biihne désire aider le lecteur à examiner sa propre position
et ses pratiques à la lumière de la Parole de Dieu. Il l'invite
courageusement à réfléchir à l'alternative biblique, face aux
carences des différents milieux chrétiens.
Les éditeurs
7
Introduction
La «troisième vague»:
le plus grand réveil de l'histoire
de l'Eglise?
Je suis convaincu que nous assistons, en ce vingtième siècle,
à une effusion du Saint-Esprit sur l'ensemble de la chré-
tienté, plus importante qu'à aucun moment de son histoire.
Cette effusion contemporaine surpasse même celle du pre-
mier siècle, si ce n'est en qualité, du moins en quantité.»1
C.P Wagner
«Dieu est actuellement en train de réhabiliter la fonction de
prophète. Dans les années à venir, le prophète jouera un
rôle essentiel dans la naissance et l'extension du Réveil...
Dieu est aussi à l'oeuvre pour réintroduire la fonction apos-
tolique dans l'Eglise. Il se lèvera des hommes qui auront vu
le Seigneur Jésus et qui accompliront les signes et les
miracles caractéristiques d'un apôtre. Depuis le prem
siècle, nous n'avons plus connu de tels hommes. Mais si
Dieu en a suscité aux débuts de l'Eglise, pourquoi ne le
ferait-il pas à la fin?...
Il y aura également une nouvelle approche du surnaturel.
Les apparitions d'anges dans les réunions seront chose nor-
12
Un survol des «trois vagues
du Saint-Esprit»
Avant d'étudier la naissance, la théologie et la pratique de la
troisième vague, je voudrais donner un aperçu de l'histoire
de ce qu'on appelle «les trois vagues du Saint-Esprit» pour
souligner ce qu'elles ont en commun et ce qui les différen-
cie.
Les leaders actuels du mouvement charismatique et du
mouvement de la croissance de l'Eglise1 découpent l'histoi-
re de ces mouvements en trois grandes périodes qu'ils quali-
fient chacune de «vague du Saint-Esprit». Par ce terme de
«vague», ils entendent un mouvement extraordinaire qui
atteint une partie importante et particulière de la population
et qui en modifie profondément le climat spirituel.
La troisième vague
La troisième vague, connue sous le nom d'«évangélisation
de puissance», a surgi au début des années 80 à partir du
mouvement de croissance de l'Eglise, sous l'impulsion de C.
Peter Wagner et de John Wimber. Il est intéressant de noter
qu'à l'instar des deux vagues précédentes, celle-ci a égale-
ment son point de départ en Californie. Elle évite toute allu-
sion à l'étiquette «pentecôtiste» ou «charismatique» et vise
essentiellement les groupes épargnés par les vagues précé-
dentes: les fondamentalistes et les évangéliques conserva-
teurs, jusqu'à présent non charismatiques2.
14
«L'une des caractéristiques de la troisième vague est
l'absence d'éléments de discorde. Beaucoup d'églises qui
n'ont aucun arrière-plan pentecôtiste ou charismatique,
se mettent à prier pour les malades et font l'expérience de
la puissance guérissante de Dieu.»3
Cette troisième vague doit renverser la dernière digue qui a
résisté aux deux premières vagues.
En Allemagne, il s'agit principalement des communautés
rassemblées au sein du «Gnadauer Verband», de quelques
églises fondamentalistes libres et du mouvement des Frères
(les dispensationalistes); tous ceux-là sont particulièrement
réfractaires.
Résumé
L'histoire du mouvement pentecôtiste et charismatique se
décompose en trois grandes périodes:
1. la naissance et l'expansion des églises pentecôtistes à tra-
vers le monde, à partir de 1900 environ;
2. la naissance et l'expansion du mouvement charismatique
au sein des églises officielles et libres, à partir de 1960;
3. la naissance, à partir de 1980, de l'«évangélisation de
puissance» en liaison avec le mouvement de croissance
de l'Eglise, dans le but d'atteindre toutes les églises et
tous les groupes non encore charismatiques.
* On appelle dispensationalisme la doctrine des différentes dispensations de
l'histoire du salut, au cours desquelles Dieu se serait révélé de diverses
façons. Les dispensationalistes différencient très nettement l'Eglise de
Jésus du peuple d'Israël, alors que leurs adversaires voient dans l'Eglise le
prolongement d'Israël et lui appliquent toutes les promesses concernant le
peuple de la nouvelle alliance (notamment le royaume millénaire).
Parmi les représentants les plus connus du dispensationalisme, men-
tionnons: J.N. Darby, E. Sauer, CI. Scofield (la Bible Scofield), Ch.
Ryrie (Dallas Theological Seminary).
15
La troisième vague:
l'évangélisation de puissance
En 1980, le mouvement charismatique semblait avoir atteint
son point culminant. Certains parlaient déjà d'une «ère post-
charismatique», et David Watson, évangéliste, auteur
anglais bien connu et conférencier au Fuller Theological
Seminary sur les thèmes de l'évangélisation et du renou-
veau, indiqua en 1980 à John Wimber les signes suivants de
cette stagnation:
- le déclin de l'assistance aux grandes conventions, tant
aux Etats-Unis qu'en Grande Bretagne;
- de fréquentes divisions entre les leaders;
- un malaise général, marqué par le découragement et le
mécontentement.1
Précisément, l'année même où la vague du mouvement cha-
rismatique perdait de sa vigueur, se formait la «troisième
vague du Saint-Esprit» qui cherche à atteindre les églises
évangéliques conservatrices et non charismatiques, jusqu'à
présent réfractaires aux deux premières vagues.
L'histoire de cette «vague» est étroitement associée au
nom de deux hommes qui ont marqué ce mouvement: C.
Peter Wagner et John Wimber.
16
C. Peter Wagner
On présente souvent C.P. Wagner comme le «père» du mou-
vement mondial de croissance de l'Eglise. Il est membre
fondateur du mouvement de Lausanne, fut un certain temps
président du Comité de Lausanne et enseigne depuis 1971 au
Fuller Theological Seminary de Pasadena en Californie.
C'est après 16 ans passés en Bolivie comme missionnaire
qu'ilfit,en 1967, la connaissance de Donald McGavran, le
fondateur de «Fuller School of World Mission» ainsi que du
mouvement de croissance de l'Eglise. En survolant de
mémoire ses années au service de la mission, Wagner décla-
ra qu'il ne se souvenait pas avoir été une seule fois «le canal
emprunté par la puissance du Saint-Esprit pour guérir des
malades ou chasser des démons»2.
Il indiqua lui-même, outre le manque de foi et une
consécration insuffisante, quatre autres causes à son manque
de puissance:
1. «J'étais "dispensationaliste"... on m'avait toujours en-
seigné que, depuis la formation du canon des Ecritures,
les signes et les miracles n'étaient plus nécessaires pour
attirer l'attention des incroyants sur Jésus...
2. J'avais adopté une attitude anti-pentecôtiste. Dans les
cercles que je fréquentais, il était courant de considérer
les Pentecôtistes comme des imposteurs... la théologie
des Pentecôtistes nous semblait tout simplement trop
superficielle...
3. J'avais une conception très limitée de la puissance de
Dieu...
4. Ma vision du monde était marquée par l'humanisme
séculier... Je me souviens encore à quel point j'étais cer-
17
tain qu'une partie de mon travail missionnaire consistait à
persuader les indigènes, que les maladies étaient provo-
quées par des microbes et non par des mauvais esprits,
comme ils le croyaient dans leurs superstitions...»3
C.P. Wagner mentionne quatre raisons qui l'ont poussé à ne
plus être dispensationaliste et qui ont par conséquent modi-
fié son attitude à l'égard des Pentecôtistes:
1. Une rencontre avec Stanley Jones.
Vers le milieu des années 60, alors que Wagner était
encore un «fondamentaliste séparatiste», Jones, le célèbre
missionnaire parmi les Indiens, fut invité à se rendre en
Bolivie. A cette même époque, Wagner souffrait d'une
plaie post-opératoire qui suppurait et refusait de guérir.
Sceptique, il alla cependant écouter Jones, qui, à la fin de
son sermon, pria pour les malades présents. Le lendemain
matin, la plaie de Wagner était guérie.
2. L'observation d'églises qui croissaient rapidement.
De D. MacGavran, Wagner avait appris à connaître les
facteurs de croissance; à la fin des années 60, il étudia
l'extraordinaire développement d'une église pentecôtiste
au Chili, ce qui ébranla de plus en plus ses propres con-
victions. En 1971, il donna des cours au «Fuller Semi-
nary» et écrivit le livre «Spiritual Power and Church
Growth», comme résultat de ses recherches sur la crois-
sance de l'église.
3. Travail au sein d'une église de Pentecôte.
Au milieu des années 70, Wagner enseigna, pendant un
temps assez long, les principes de croissance de l'église
dans une église pentecôtiste classique (une Assemblée de
Dieu). Parmi les hommes et les femmes qu'il enseignait,
il discerna de nouvelles «dimensions de la puissance de
Dieu» auxquelles il aspirait tant. «Chaque fois que je sor-
18
tais de cette église et rentrais chez moi, j'étais spirituelle-
ment revigoré. Souvent, j'ai souhaité être un Pentecôtiste,
moi aussi!»4
4. John Wimber entre en scène.
En 1975, Wagner fit la connaissance de J. Wimber, alors
pasteur d'une église quaker, qui s'était inscrit pour suivre
les cours sur l'édification de l'église. Dès la fin de la deu-
xième semaine de cours, Wagner reconnut que Wimber
avait le don pour être leader et conseiller dans l'édifica-
tion de l'église. Il lui suggéra de quitter l'assemblée qua-
ker pour devenir son associé dans la direction du «Fuller
Institut of Evangelism and Church Growth» nouvelle-
ment fondé. Une solide amitié se noua entre les deux
hommes, amitié qui subsista même lorsque, deux ans plus
tard, Wimber mit fin à sa collaboration pour créer le
«Vineyard Christian Fellowship» à Anaheim.
En 1982, C.P. Wagner fut sollicité pour donner un cours
sur le thème «Signes et miracles» à «School of World
Mission». Sous sa responsabilité en tant que professeur,
Wimber donna les conférences. Ce cours fut mondiale-
ment connu sous le signe «MC510».
Wimber ne se borna pas à de simples exposés théoriques;
il fit suivre ses leçons d'exercices pratiques sur la maniè-
re de diriger des réunions de prières et de guérisons. Au
cours d'un de ces services, Wagner lui-même fut guéri de
sa tension artérielle trop élevée et se mit à imposer les
mains aux malades et à prier pour eux.
La troisième vague
Après s'être enfin débarrassé des préjugés «anticharisma-
tiques», C.P. Wagner enseigna un groupe d'adultes à l'école
du dimanche de l'église traditionnelle et non charismatique
«Lake Avenue Congregational Church». Avec deux disci-
19
pies de Wimber, il commença un «ministère de guérison
efficace» au sein de ce groupe.
«Je découvris les dons d'intercession, de relation d'aide,
de guérison, d'exorcisme, de prophétie, d'organisation,
de discernement des esprits, de parole de connaissance et
bien d'autres encore.»5
Comme on ne voulait pas apposer à ce groupe l'étiquette
«charismatique» et qu'il fallait quand même le caractériser
par l'oeuvre qui s'y déployait, on inventa l'expression
«troisième vague». «Par ces mots, nous exprimons que nous
aussi, comme le mouvement de Pentecôte (la première
vague) et le mouvement charismatique (la deuxième vague),
nous faisons l'expérience de la puissance surnaturelle de
Dieu, sans toutefois être ni vouloir être assimilés à ces deux
premières vagues.»6
Il est intéressant de voir comment C.P. Wagner considère
sa mission particulière et de quelle manière sa «vocation» lui
est apparue clairement:
«Seul l'avenir dira si le nom de "troisième vague"
s'imposera ou non. Mais le ministère qui lui est associé
fut confirmé en 1983 de différentes manières. Je reçus
cinq prophéties de personnes totalement indépendantes
les unes des autres, et toutes affirmaient quasiment la
même chose. Dieu m'a apparemment appelé à être son
messager. Pour que l'Eglise de Jésus-Christ puisse gran-
dir, je dois faire connaître la puissance de Dieu à ceux qui
ne l'ont pas encore expérimentée. Je dois le faire, cepen-
dant, d'une manière non-pentecôtiste et non-charisma-
tique. Mais les prophéties contenaient aussi une mise en
garde contre les agissements du Malin... Car le Seigneur
m'a fait savoir que j'étais placé comme une cible de
choix sur la liste noire de Satan. En janvier 1983, après un
entretien de relation d'aide avec John Wimber, je fus
20
délivré de la puissance d'un mauvais esprit qui m'occa-
sionnait, depuis de nombreuses années, des maux de tête
violents et très gênants. En mars, le diable essaya de me
tuer en retirant une échelle de dessous mes pieds... Cet
événement nous fit soupçonner l'ennemi d'avoir envoyé
des démons dans notre maison. Cette supposition fut con-
firmée plus tard, lorsque ma femme Doris aperçut ce gen-
re d'esprit mauvais dans notre chambre à coucher. Con-
duits par l'Esprit-Saint, George Eckart et Cathy Schaller
firent usage du don du discernement des esprits et exor-
cisèrent la maison de plusieurs démons. Depuis lors, nous
n'avons plus jamais été importunés.»7
En 1984, Yonggi Cho, le pasteur de la plus importante église
au monde (Central Gospel Church, à Séoul) et ami de longue
date de Wagner, fut invité à donner des conférences annuel-
les sur l'édification de l'Eglise. Cho avait entendu dire
qu'entre-temps, Wagner avait reçu le don particulier «par la
prière, de rallonger les jambes estropiées», et fut témoin
oculaire d'un tel miracle: pendant que Wagner priait, la jam-
be infirme d'un pasteur copte fut guérie. «Dieu agit avec
ténacité, la jambe s'allongea et, pour la première fois depuis
son accident, le pasteur put se tenir sur ses deux jambes.»8
Successeur de Donald McGavran, C. Peter Wagner a
publié une trentaine d'ouvrages qui traitent essentiellement
de la croissance de l'Eglise et de la mission. Dans les
milieux allemands de ce mouvement, il est considéré comme
«le chef de file du mouvement mondial de l'édification de
l'Eglise»9 par ses livres et par de nombreux articles.
21
John Wimber
Wolfram Kopfermann qui présente J. Wimber comme «une
figure marquante du christianisme occidental», décrit ainsi
le rôle qu'il voit jouer par Wimber:
«Il rassemble dans sa personne trois courants importants
pour l'avenir du protestantisme: le mouvement évangéli-
que dont Wimber est issu et auquel il se rattache, le mou-
vement de la croissance de l'Eglise dont il est aujourd'hui
encore l'un des représentants les plus célèbres aux Etats-
Unis, et le mouvement du Saint-Esprit dans les rangs
duquel il accomplit son ministère. Il pourrait donc deve-
nir, pour beaucoup, un personnage favorisant la fusion de
ces courants.»10
Wimber raconte lui-même qu'il a été élevé comme un païen
dans une famille qui vivait sans Dieu depuis quatre généra-
tions et qu'à l'adolescence, le seul but de sa vie était la musi-
que. Il entra donc dans ce monde particulier et fit carrière
comme musicien de jazz et de rock-'n roll. En 1962, il con-
nut une crise grave lorsque sa femme Carol se sépara de lui
avec leurs trois enfants et le menaça de demander le divorce.
Dans son désarroi, John se tourna vers Dieu à sa façon,
rechercha une expérience religieuse et se mit à prier. Sa fem-
me lui accorda alors une nouvelle chance, assortie d'une exi-
gence: étant catholique elle-même, elle lui demandait d'ac-
cepter une cérémonie de remariage à l'Eglise catholique.
Peu de temps après, John Wimber et sa femme vinrent à
la foi, grâce à des réunions de maison; ils se joignirent alors
à une assemblée quaker dont John devint rapidement le pas-
teur-assistant puis le pasteur associé, et Carol fut admise
dans le conseil d'Anciens.
Peu après sa conversion, John se mit à parler en langues,
mais sa femme, très réticente à l'égard de cette manifesta-
22
tion, le mit en garde. Dix-sept ans plus tard, Carol fit un rêve
dans lequel elle donnait un message contre l'utilisation des
dons de l'Esprit; arrivée au dernier point de sa prédication,
elle fut cependant envahie par une vague de chaleur:
«La vague de chaleur parcourut tout mon corps et sortit
par ma bouche. Je me réveillai et me mis à parler dans
une autre langue.»12
A cette époque, John était occupé au Fuller Institut pour
l'évangélisation et la croissance de l'Eglise.
En 1976, la famille Wimber créa à l'intérieur même de
l'église quaker une activité nouvelle: tenir des réunions dans
les maisons. Très rapidement, 125 personnes se joignirent à
lui. En 1977, avec environ 150 personnes, John Wimber
quitta l'église quaker et fonda une église qu'il nomma
«Vineyard Christian Fellowship» et dont il devint le pasteur.
En 1988, cette dénomination comptait déjà plus de 235 égli-
ses et environ 80 000 membres.
Dans les mois qui suivirent, John et Carol Wimber eurent
le sentiment que la puissance de Dieu leur faisait encore
défaut, et se mirent à prier pour l'obtenir.
Un jour, après avoir parlé du baptême de l'Esprit, et à la
demande du public, il se mit à prier en imposant les mains.
Voici ce que rapporte Carol:
«De ses mains sortait une puissance incroyable. Dès qu'il
touchait les gens, ceux-ci tombaient à la renverse. Pour
John, c'était comme si une force spirituelle jaillissait de
ses mains, une sorte d'énergie électrique. C'était la pre-
mière fois que John sentait qu'une force émanait effec-
tivement de lui.»12
Quelques jours plus tard, John fut témoin d'une guérison
suite à sa prière: la jambe trop courte d'une jeune fille se mit
à trembler et à s'allonger jusqu'à atteindre sa taille normale.
23
Rentré chez lui après ce miracle, John qui en discutait avec
sa femme, lui dit en se versant un verre de lait: «Je crois que
si on enseigne la Parole de Dieu, le Saint-Esprit...» Il n'alla
pas plus loin. Après avoir prononcé les mots «le Saint-
Esprit», ses jambes se dérobèrent sous lui et il put juste se
cramponner à un meuble. Il regarda Carol d'un air étonné et
lui dit en riant: «Je crois que nous verrons encore de grandes
choses, Carol.»13
2^
Les deux sources de révélation: la Bible
et l'expérience chrétienne
Pour se faire une opinion sur la troisième vague, il est impor-
tant de savoir que C.P. Wagner et J. Wimber ne considèrent
pas seulement comme source de révélation de la théologie «la
Bible et la tradition», mais aussi «la Bible et l'expérience».
John Wimber:
«Il est des vérités dans la Bible que nous ne pouvons
comprendre qu'après avoir fait certaines expériences. J'ai
constaté que cela s'appliquait aussi au domaine de la
"guérison". Tant que je n'avais pas fait l'expérience que
des gens pouvaient être guéris, beaucoup de passages bi-
bliques sur la guérison restaient pour moi incompréhensi-
bles... Dieu utilise donc nos expériences pour mieux nous
faire comprendre ce qu'il nous enseigne dans la Bible. Et
souvent il nous amène, par l'expérience, à rejeter par-
dessus bord ou à modifier certains aspects de notre théo-
logie ou de notre vision du monde.»24
C.P. Wagner:
«Au fond, la théologie n'est ni plus ni moins qu'un essai
humain pour expliquer d'une manière raisonnable et
systématique la parole et l'action de Dieu. Deux sources
lui sont essentielles: la Bible et l'expérience chrétien-
ne.»25
Cette conviction explique pourquoi, dans les écrits de ce
mouvement, il est souvent question «d'intime communion
avec Jésus», condition indispensable pour recevoir des
«révélations» particulières et des «paroles de connaissance».
28
L'accomodation
La description que donne le théologien évangélique J.I.
Packer du mouvement charismatique, «une espèce de
caméléon qui s'adapte à la couleur de la théologie et de la
piété de son milieu ambiant, et qui est capable de changer de
couleur lorsque les facteurs environnants se modifient»26,
s'applique aussi fort bien à la troisième vague et en particu-
lier à J. Wimber. Pour atteindre les non-charismatiques con-
servateurs, Wimber se trouve dans des conditions très favo-
rables. Il connaît bien la façon de penser et d'argumenter des
évangéliques et des fondamentalistes, et se définit lui-même
comme «dispensationaliste»27, bien qu'il défende une idée
de l'église que la plupart des dispensationalistes rejettent, à
savoir: «Le Nouveau Testament identifie Israël à l'église de
Christ»28, et qu'il voie parmi les dispensationalistes les
adversaires les plus résolus de ces conceptions.
30
séance de guérison et d'exorcisme qui suit, séance qui se
déroule dans une ambiance beaucoup plus exaltée.
33
Greatlakes (mort en 1638), les Quakers, les Huguenots, les
Jansénistes, John Wesley (1703-1791), les miracles de Lour-
des, ainsi que le Réveil d'Azusa Street, à Los Angeles (1909).
Parmi les auteurs contemporains de signes et de miracles,
Wimber mentionne Reinhard Bonnke, Erlo Stegen, le prophè-
te noir Harris, Jacques Giraud, Tommy Hicks et Suba Rao.
On constate donc que Wimber inclut des personnes qui,
pour la guérison, prônent l'emploi des sacrements ainsi que
les reliques et les prières des Saints. A ce propos, il cite
Augustin:
«Pourquoi, demandent-ils, n'arrivent-ils plus de nos jours
ces miracles dont vous dites qu'ils ont eu lieu jadis?...
Même aujourd'hui, il se fait des miracles au nom de
Christ soit par les sacrements, soit par les prières et les
reliques de ses saints.»42
34
«Bien sûr, quand nous prions pour les malades, notre but
est qu'ils soient guéris et qu'il en résulte une extension du
royaume de Dieu.»45
Wimber raconte comment une vision a corrigé son ancienne
attitude réservée à l'égard des guérisons et a transformé sa
vie «plus que toute autre expérience»:
«Brusquement, dans mon esprit, je vis un banc de nuages
se surimprimer à l'horizon. Je n'avais jamais vu une for-
mation nuageuse comme celle-là, alors j'ai garé la voiture
sur le bas-côté de la route pour regarder de plus près. A ce
moment-là, j'ai pris conscience qu'il ne s'agissait pas
d'un banc de nuages, mais d'un rayon de miel dont le
miel gouttait sur des gens en-dessous. Ces gens étaient
dans toutes sortes de positions. Certains étaient émus, ils
pleuraient et tendaient les mains pour attraper le miel et le
goûter, invitant d'autres à prendre un peu de leur miel.
D'autres paraissaient irrités, essuyant le miel qui tombait
sur eux, rouspétant contre la saleté. J'étais ébahi. Ne
sachant qu'en penser, j'ai prié: "Seigneur, qu'est-ce?"
La définition de la maladie
En plein accord avec de nombreux pentecôtistes et charis-
matiques, Wimber enseigne que la maladie est une extension
et un effet du péché, ainsi qu'une arme utilisée par Satan et
ses démons:
«Dans le Nouveau Testament, la maladie est considérée
36
comme une extension et un effet du péché, donc d'origine
mauvaise, représentant le royaume de Satan.»51
«Les chrétiens du premier siècle voyaient dans la maladie
une oeuvre de Satan, une arme de ses démons, une maniè-
re pour le mal de régner sur le monde.»52
Mais, contrairement à beaucoup d'autres prédicateurs de la
guérison tels que Oral Roberts, K. Hagin et Kenneth Cope-
land, Wimber ne considère pas toute maladie comme étant
une conséquence directe d'un péché ou d'une désobéissance.
«Contrairement à l'Ancien Testament, de tous les cas de
maladie rapportés par le Nouveau Testament, seule une
minorité se trouve être le résultat du péché habituel dans
la vie d'un individu... il est aussi vrai que la maladie n'est
pas nécessairement le fruit d'un péché. Satan est la cause
de beaucoup de maladies.»53
Wimber, qui souffre lui-même de troubles cardiaques, d'une
tension artérielle trop élevée, d'ulcères d'estomac et de
surcharge pondérale54, avoue: «J'aimerais pouvoir écrire
que je suis maintenant complètement guéri, que je ne con-
nais plus de problèmes physiques, mais si je le faisais, je
mentirais.» Sa propre expérience l'amène à reconnaître:
«Les exemples d'Epaphrodite, Timothée, Trophime et
Paul - ainsi que mon propre état - sont des souvenirs
humiliants de ce que la plénitude de notre salut attend
encore d'être révélée au retour de Christ et de ce que,
malgré la guérison divine possible par l'expiation, nous
n'avons aucun droit de prétendre qu'en l'absence de
guérison divine, il y a forcément quelque chose qui ne va
pas avec notre foi ou avec la fidélité de Dieu.»55
«J'ai décidé, il y a bien longtemps, que si je prie pour cent
37
personnes et qu'une seule est guérie, cela vaut mieux que
si je ne prie pas du tout et que personne n'est guéri.»56
Malgré tout, Wimber est d'avis que, dans la plupart des cas,
la cause de la non-guérison réside dans le péché et le man-
que de foi. Il explique ainsi pourquoi tous ceux pour lesquels
on a prié ne sont pas guéris:
«J'en conclus que la guérison n'est pas incluse dans le
sacrifice d'expiation au même titre que le salut. Pourtant,
Dieu veut guérir; je propose donc de considérer qu'il y a
dans l'oeuvre du royaume de Dieu des moments de flux
et des moments de reflux. Cette explication permet de
comprendre pourquoi, à certaines périodes, tous ne sont
pas guéris; elle nous aiderait aussi à mieux saisir que
beaucoup, pour d'autres raisons, ne seront pas guéris.
Quand je regarde sur mon expérience passée de l'action
de Dieu, je constate qu'il y a eu des moments de flux et
d'autres de reflux. Il est des moments où la présence
guérissante de Dieu opère des choses incroyables, et
d'autres où il ne se produit aucune guérison. La guérison
est donc un phénomène secondaire de l'expiation; elle
s'explique beaucoup mieux dans le cadre de la théologie
du royaume de Dieu.»57
La pratique
Un service de guérison se déroule habituellement de la
manière suivante: Wimber, de préférence en présence
d'autres chrétiens «qui ont la foi», prie pour les malades,
pendant que lui-même ou ses collaborateurs posent les
mains sur ou à proximité des parties malades du corps.
Paroles de connaissance
Wimber entend par là des expériences et des pratiques que
d'autres chrétiens considèrent plus ou moins comme de la
clairvoyance.
L'exemple le plus connu à ce propos s'est produit dans
un avion. Wimber raconte:
«Sur le siège situé à la même hauteur que le mien, de
l'autre côté de l'allée, était assis un homme d'un certain
40
âge: homme d'affaires, à en juger par son allure. Il n'avait
rien d'inhabituel ou de remarquable mais, durant la frac-
tion de seconde où mon oeil se trouva tourné dans sa
direction, je vis quelque chose qui me fit sursauter. En
travers de son front, écrit en lettres claires et nettes, je
crus voir le mot "adultère". Je clignai des yeux, me les
frottai et regardai à nouveau. Il était encore là: "adultère".
Et je le voyais, non de mes yeux naturels, mais de ceux de
mon esprit... C'était l'Esprit de Dieu qui m'envoyait un
message.»61
Les paroles de connaissance jouent également un grand rôle
dans le ministère de guérison de Wimber. Parfois, il aperçoit
des boules de lumière étincelantes sur certaines personnes,
ce qui lui indique quelles sont celles qui doivent être guéries;
à d'autres moments, il ressent des douleurs qui l'informent
des maux dont souffrent les personnes qu'il doit guérir.
«Pendant l'une des rencontres (à Londres), Dieu me dit
qu'une personne de l'auditoire était aveugle et que la cau-
se de sa cécité était le diabète. Dans ce cas précis, j'avais
reçu la vision mentale des yeux de l'homme en même
temps que le mot diabète me venait à l'esprit. (Il m'arrive
parfois de ressentir dans une partie de mon corps une
souffrance qui correspond à la maladie de la personne
que Dieu veut guérir. D'autres fois, j'ai comme un éclair
d'intuition concernant quelqu'un...»62
J. Wimber définit ce don de la manière suivante:
«Il y a "parole de sagesse", lorsque Dieu révèle sa sages-
se ou sa façon de voir dans une situation particulière. Il y
a "parole de connaissance", lorsque Dieu révèle des faits
en rapport avec une situation sur laquelle la personne ne
savait rien auparavant. Par exemple. Dieu donne à quel-
qu'un des détails précis sur la vie d'une personne afin de
41
révéler un péché, de mettre en garde et d'offrir une sécu-
rité, de révéler les pensées, de donner la guérison ou de
fournir des instructions.»63
Le ministère de délivrance
A l'instar de nombreux non-charismatiques, Wimber estime
qu'il est de son devoir de chasser les démons qui ont élu
domicile chez des chrétiens ou des non-chrétiens. Il ne con-
sidère plus la rencontre avec les démons et la lutte contre
eux comme une chose exceptionnelle car, d'après lui, de tels
conflits sont inévitables dès lors que «le royaume de Dieu
affronte le royaume de Satan».
Le premier exorcisme pratiqué par Wimber remonte à
1978. Cette nuit-là, un jeune homme désespéré l'avait sup-
plié de venir au secours de Mélinda, son amie, qui se débat-
tait avec une rare violence et émettait des sons proches de
grognements bestiaux:
«La jeune fille (ou plutôt ce qui habitait la jeune fille)
parla: "Je te connais" furent les premiers mots qui
m'assaillirent - émis par une voix rauque, à vous dresser
les cheveux sur la tête - "et tu ne sais pas ce que tu dois
faire."
"Tu as raison", pensai-je.
Alors le démon dit au travers de Mélinda: "Tu ne peux
rien faire d'elle. Elle m'appartient."
"Tu as tort", pensai-je.
C'est alors que commencèrent dix heures de combat spi-
rituel, où j'ai invoqué les armées célestes pour vaincre
Satan. Pendant tout ce temps, il me fallut supporter des
odeurs fétides, des yeux révulsés, une transpiration abon-
dante, des blasphèmes et une activité physique sauvage...
J'étais horrifié et très effrayé.
Pourtant, j'ai refusé d'abandonner la partie.
Je pense qu'en fin de compte, le démon est parti parce
44
que j'avais réussi à l'épuiser, et non parce que j'avais
quelque aptitude à chasser des esprits mauvais. Depuis
lors, j'ai beaucoup appris sur ce genre de rencontre. Si
j'avais su à l'époque ce que je sais maintenant, je suis
certain que l'épisode n'aurait pas duré plus d'une heure...
La rencontre avec des démons m'est devenue une expéri-
ence courante.»66
Wimber enseigne que les chrétiens qui tombent et vivent
dans le péché peuvent, eux aussi, être assujettis à des
démons. C'est pourquoi le ministère de délivrance occupe
une place importante dans chacune de ses conférences.
«Mais les chrétiens peuvent être atteints et même con-
trôlés par des esprits mauvais s'ils persistent à vivre dans
une situation de péché grave non confessé... Le Nouveau
Testament enseigne que si des chrétiens vivent dans le
péché, ils risquent d'être livrés entre les mains de Satan...
Les chrétiens peuvent aussi être démonisés quand des
démons héréditaires (qui sont transmis de parents à
enfants) ou des démons qu'ils attrappent en cours de rou-
te par d'autres moyens ne sont pas chassés de leur vie.»67
D'après Wimber, le chrétien soumis à des puissances démo-
niaques peut soit procéder à une «auto-délivrance»68 en bri-
sant le lien tout seul, sans le secours de la prière des autres,
soit demander la «délivrance fraternelle» ou la «délivrance
pastorale».
47
puisque personne d'autre ne pouvait l'exercer dans
l'Eglise, des sentiments d'orgueil jaillirent en moi.
Alors Dieu me montra qu'il fallait que je transmette ce
don; c'est-à-dire qu'il fallait que j'impose les mains à
d'autres et prie pour qu'ils reçoivent ce don eux aussi. Je
n'avais qu'à prier: "Seigneur, veuille donner à cette per-
sonne des paroles de connaissance" et la plupart rece-
vaient des paroles de connaissance. Mais Satan com-
mença à me chuchoter à l'oreille que si je continuais à
distribuer ce don, je le perdrais. Aussi, je me suis arrêté
de prier pour que d'autres reçoivent le don... et pendant
les quatre mois qui suivirent, je ne reçus aucune parole de
connaissance. A la fin, je suis allé trouver quelques amis
et je leur ai demandé de prier pour moi, et j'ai à nouveau
reçu des paroles de connaissance.»71
50
tible. Wimber tranquillise: "Ne vous effrayez pas, c'est le
Saint-Esprit qui agit."... Le dernier soir, John Wimber
entraîne la plus grande partie de l'assemblée à s'égayer, à
faire l'expérience du "saint rire" - selon sa propre expres-
sion -, puis à donner libre cours à son exubérance et
finalement à danser. Pour ma part, cette réunion, comme
la plupart des autres lors de ce congrès, me laissa avec un
sentiment mitigé... Cela me gênait qu'on identifie cet
événement psychique, aux accents d'auto-suggestion
populaire, à une «descente» du Saint-Esprit. Dans ce
cadre, il est facile de faire de la manipulation des foules...
et des charismes!»75
51
Paul Yonggi Cho -
Pasteur de la «plus grande église
du monde», à Séoul (Corée)
Contrairement à C.P. Wagner et J. Wimber, P. Yonggi Cho
ne peut pas être considéré comme un des fondateurs de la
troisième vague. Mais, par l'extraordinaire croissance de son
église, par ses livres et ses conférences, Cho a exercé une
influence considérable sur le mouvement de pentecôte, sur
le mouvement charismatique et sur la troisième vague. C.P.
Wagner présente Cho comme «son ami de longue date»76 et
l'invite chaque année pour donner des exposés à la «Fuller
School of World Mission», à Pasadena. De nombreuses
théories de P. Yonggi Cho ont été reprises par les dirigeants
de la troisième vague.
P. Yonggi Cho, pasteur de 1'«église Yoido du Plein Evan-
gile» qui comptait plus de 700 000 membres en 1989, est
issu d'une famille bouddhiste.
A 18 ans, il tomba malade et on diagnostiqua une tuber-
culose au stade terminal. On ne lui donnait plus que 3 ou 4
mois à vivre. Sur son lit de mort, il reçut la visite d'une jeune
chrétienne qui l'exhorta à lire le Nouveau Testament, suite à
quoi il se convertit.
Il se remit de sa maladie, put quitter le lit six mois plus
tard, et ne connut jamais de rechute dans ce domaine. Y. Cho
se rattacha ensuite à une église pentecôtiste, à Busau. Après
avoir suivi les cours d'une école biblique, il fonda une église
dans la périphérie de Séoul, puis à Séoul même. C'est la
croissance extraordinaire de cette église qui a fait connaître
Cho dans tous les milieux chrétiens.
Beaucoup de spécialistes qui étudient la croissance de
l'église, voient, dans la vie de prière intense de cette com-
munauté, le secret de son prodigieux développement. Cho
déclare que, chaque année, environ 300 000 membres de son
52
église gravissent la «colline de la prière» afin d'y prier avec
ferveur pour différents sujets.
«Environ 60% s'y rendent pour demander le baptême du
Saint-Esprit et le don du parler en langues. Le deuxième
groupe, par ordre d'importance, y cherche la solution à
des problèmes familiaux, et le troisième va y prier pour la
guérison.»77
Dans sa vie personnelle, Cho attache une grande importance
au parler en langues:
«Je prie aussi beaucoup en langues. Le parler en langues
est la langue du Saint-Esprit et, lorsque je parle en lan-
gues, j'expérimente sa présence dans mon subconscient.
Dans ma vie de prière, je consacre plus de 60% de mon
temps à prier en langues. Je prie en langues en dormant.
A mon réveil, je prie en langues. Je prie en langues quand
j'étudie la Bible et encore dans mon culte personnel. Si je
devais perdre le don du parler en langues, je crois que
mon ministère serait amputé environ de moitié. Pendant
tout le temps où je prie en langues, je retiens le Saint-
Esprit dans mon subconscient... La prière en langues
m'aide donc à rester en contact permanent avec le Saint-
Esprit.»78
Entretemps, Y. Cho est devenu un conférencier très deman-
dé dans de nombreux pays et ses livres ont été traduits en
plusieurs langues. Fondateur du CGI (Church Growth Inter-
national), il est une personnalité influente, non seulement
dans les milieux pentecôtistes et charismatiques, mais aussi
dans le mouvement de croissance de l'Eglise.
Son église et le «World Mission Center» qu'il a fondé,
sont le but de nombreux voyages d'études de groupes chré-
tiens qui s'intéressent à la croissance de l'église.
Les sermons et les ouvrages de Cho abordent surtout
53
quelques thèmes particuliers qui caractérisent son ministère
et qui sont considérés comme le secret de son succès:
- la pensée positive, la motivation, le succès,
- la visualisation (rêves et visions) et la «quatrième dimen-
sion»,
- le pouvoir créateur de la parole exprimée.
Ses prédications et ses expériences prouvent que Cho parta-
ge des points de vue très proches de ceux de Wimber et
d'autres leaders de la troisième vague. Je vais d'abord tenter
de dégager, à partir de ses écrits, ce que Cho enseigne, sans
porter de jugement de valeur.
55
«L'Esprit ne cessait de me répéter: "Tu es un enfant du
roi, tu es une personne importante. Continue de te com-
porter comme la personne importante que tu es."»83
«"Cela ne peut pas se produire ici. Le terrain est trop
dur." Ces déclarations négatives doivent, une fois pour
toutes, disparaître de notre vocabulaire. Remplaçons-les
par la manière de parler du Saint-Esprit, et habituons nos
gens à penser en termes de réussite.»84
«Pour amener les autres à cultiver la confiance en soi,
nous devons nous-mêmes nous habituer à penser en ter-
mes de succès, et l'exprimer non seulement par nos paro-
les mais aussi par notre façon de vivre. Beaucoup d'égli-
ses stagnent du fait que leurs pasteurs n'ont pas une ima-
ge particulièrement positive d'eux-mêmes. Or, un
sentiment juste et sain de sa propre valeur est indispen-
sable pour assumer une fonction de direction. Il faut
rechercher l'absence ou la déformation d'une bonne ima-
ge de soi parmi les causes suivantes: une présentation peu
attrayante de sa personne, une formation intellectuelle
insuffisante, une discipline qui laisse à désirer, une origi-
ne modeste, un pouvoir limité et une santé déficiente. On
pourrait compléter cette liste, mais ces exemples sont
caractéristiques des excuses avancées par les personnes
qui n'ont pas une opinion favorable d'elles-mêmes.» 85
60
«La quatrième dimension agit de telle manière en Abra-
ham qu'elle rendit cet homme centenaire capable de
procréer de façon naturelle. Cela fut possible parce que
les lois qui régissent la quatrième dimension s'exercent à
fortiori dans l'univers physique à trois dimensions.»99
Cho voit d'autres exemples de ce principe dans la vie de
Jacob (lors de la multiplication de ses troupeaux), dans les
rêves de Joseph, dans la construction du Tabernacle dont
Moïse avait eu une «vision», dans l'histoire des prophètes et
dans celle de Pierre. A en croire Yonggi Cho, cet apôtre
serait devenu «Pierre», c'est-à-dire «Roc» parce qu'il en
avait la vision dans son coeur. Par contre - toujours selon
Cho -, Isaac a mené une vie banale et terne parce qu'il ne
rêvait pas.
63
3. La puissance créatrice de la parole exprimée
Cho part de la théorie suivante que lui inculqua un neuro-
chriurgien: le siège de la parole, dans le cerveau, règne sur
tous les autres nerfs. Le centre nerveux de la parole a un tel
pouvoir sur tout le corps que le seul fait de parler peut
permettre à une personne de contrôler son corps et de le
manipuler de la manière dont il le désire. Le savant lui
expliqua:
«Si quelqu'un persiste à dire: Je suis très âgé, je suis très
fatigué, je ne peux rien faire, alors, très vite, le centre de
contrôle du langage répond et donne des instructions en
conséquence. Les nerfs répondent: "Oui, nous sommes
vieux. Nous sommes prêts à descendre dans la tombe.
Préparons-nous à nous désintégrer." Celui qui se répète
toujours qu'il est vieux va bientôt mourir.»104
Cette rencontre a profondément marqué Cho, comme il le
reconnaît lui-même:
«Cette conversation a revêtu une grande signification
pour moi et a eu une grande influence sur ma propre vie.
J'ai compris depuis lors qu'il est important d'utiliser la
parole pour créer une vie réussie.»105
Cho prétend cependant que c'est Dieu lui-même qui lui
aurait révélé ce principe. Au début de son ministère, il avait
l'impression de regarder mentalement la télévision. Sur
«l'écran de son esprit», il voyait des tuberculoses guérir, des
tumeurs disparaître, des infirmes jeter leurs béquilles et se
mettre à marcher. Il avait interprété cela comme un obstacle
que Satan dressait sur son chemin. Aussi, chaque fois que ce
phénomène se reproduisait, disait-il: «O toi, esprit d'obsta-
cle, éloigne-toi de moi. Je t'ordonne de partir. Eloigne-toi de
moi.»106
64
«C'est alors que dans mon coeur, j'ai entendu le Seigneur
me dire: "Mon fils, cet obstacle ne vient pas de Satan.
C'est le désir même du Saint-Esprit. C'est la parole de
sagesse et de connaissance. Dieu veut guérir ces gens-là,
mais il ne peut le faire si tu ne parles pas.»107
Après cette «révélation», Cho s'est mis à proclamer la guéri-
son de toutes les maladies qu'il voyait apparaître dans son
esprit. «Pendant que je suis debout, en chaire, le Seigneur
me montre les guérisons qui ont lieu, et je les nomme. Je me
contente de fermer les yeux et de les proclamer. Dès qu'ils
savent qu'ils sont guéris, les gens se lèvent.»108
Ces expériences ont conduit Cho à formuler quelques
exhortations:
«Revendiquez et parlez le langage de l'assurance car vos
paroles sont appelées à créer. Dieu a parlé, et le monde
entier a été créé. Votre parole est la matière dont l'Esprit
se sert pour créer.»109
Mais Cho fait un pas de plus et enseigne que par la puissance
de nos paroles, nous pouvons appeler «la présence de
Christ» et libérer «la puissance de Jésus»:
«Jésus est lié à ce que vous proclamez. Comme vous pou-
vez libérer la puissance de Jésus par le moyen de la paro-
le que vous prononcez, vous pouvez aussi créer la présen-
ce du Christ. Si vous ne proclamez pas clairement la
parole de la foi, le Christ ne peut pas être libéré.»110
«Soyez audacieux. Recevez le don de la hardiesse, puis
proclamez la parole. Proclamez hardiment la parole et
créez la présence de Jésus-Christ. Libérez cette présence
particulière de Jésus-Christ dans votre assemblée, et vous
en verrez les fruits.»111
«Enfin, il convient de souligner que votre parole façonne
65
votre vie car le siège de la parole contrôle tous les nerfs.
C'est pourquoi, le parler dans une autre langue est le
signe initial du baptême dans le Saint-Esprit. Lorsque ce
dernier prend le contrôle du centre du langage, il contrôle
les nerfs et tout le corps. Ainsi donc, lorsque nous parlons
en d'autres langues, nous sommes remplis du Saint-
Esprit... Donnez votre parole au Saint-Esprit afin qu'il
puisse s'en servir pour créer. Puis libérez la présence de
Jésus-Christ par l'intermédiaire de la parole... Rappelez-
vous que le Christ dépend de vous et de votre parole pour
libérer sa présence.»112
Nous devons, en conclusion, fortement souligner que Y.
Cho se réclame beaucoup de «la révélation de Dieu» mais
qu'il ne cite aucun verset pour étayer ses théories.
Afin de ne pas sortir du cadre de cet ouvrage, je renonce à
faire l'examen critique, appuyé sur la Bible, des enseigne-
ments et des pratiques de P. Yonggi Cho. Je renvoie le lec-
teur aux chapitres intitulés «Positives Denken» (La pensée
positive), «Visualisierung» (La visualisation) et «Evangeli-
um und Wohlstand» (Evangile et prospérité) de mon livre
«Spiel mit dem Feuer».
Toutes les déclarations précédentes montrent à l'évidence
que Cho a, de la «foi», une conception radicalement dif-
férente de celle de la Bible. La foi, au sens biblique, est une
ferme assurance dans les déclarations et les promesses divi-
nes. Cho, quant à lui, affirme que la foi est une «force de la
quatrième dimension», une force que l'on peut développer
en soi, grâce au procédé de visualisation, afin de créer des
objets, de les influencer ou de les modifier.
P. Yonggi Cho reconnaît que les bouddhistes et les adep-
tes du yoga utilisent l'énergie de cette «quatrième dimen-
sion». Il maintient cependant que cette énergie est un don de
Dieu. Cho est certainement de bonne foi mais cela n'ôte rien
au fait qu'il participe, malgré lui, à la propagation de pra-
tiques occultes en les revêtant d'un vernis «chrétien». La
66
croissance extraordinaire de son église et les vues justes
qu'il défend dans d'autres domaines, ne doivent pas voiler
nos yeux devant cette triste réalité.
Les théories de P. Yonggi Cho sur la «quatrième dimen-
sion» déforment la foi biblique. C'est pourquoi nous consi-
dérons Cho comme un faux docteur.
67
Reinhard Bonnke:
La «moissonneuse-batteuse de Dieu»
R. Bonnke naquit en 1940 dans la famille d'un prédicateur
pentecôtiste du Schleswig-Holstein. Il se convertit à l'âge de
neuf ans. Un an plus tard, au cours d'une rencontre d'un
groupe de maison, une dame eut une «vision»: elle voyait un
petit garçon qui rompait le pain pour des milliers d'hommes
noirs. Elle se tourna alors vers Reinhard qui se tenait près de
son père, et dit: «C'est ce petit garçon qui était là dans ma
vision.»1
Déjà à l'âge de onze ans, sa décision était prise: il devien-
drait missionnaire en Afrique. Encore jeune adolescent, il vit
dans un rêve une carte d'Afrique où ressortait le nom d'une
ville: Johannesburg. A quinze ans, R. Bonnke fit sa première
expérience des «flots de puissance de Dieu»:
«Pendant une réunion de prière en petit groupe, brusque-
ment les flots de puissance de Dieu m'ont traversé.
C'était comme si j'avais mis les doigts dans une prise
électrique. Dans mon coeur, j'entendis très distinctement
ces paroles: "Lève-toi et impose les mains à la soeur qui
est derrière toi. Elle se trouve dans une grande détresse."
Une panique affreuse s'empara de moi: qu'allait penser
mon père, prédicateur de cette assemblée? Mais le Sei-
gneur renforça les flots que je ressentis encore plus
intensément. Finalement, je me levai d'un bond et impo-
sai les mains à cette femme. Je sentis les flots de puis-
sance sortir de mes mains et passer en elle.»2
69
d'huile ne tarira pas.» - «Eh bien d'accord, Seigneur, répon-
dit Bonnke, le pot c'est une chose, et la cruche en est une
autre. Ma tâche sera de verser et Toi, Tu vas te charger de
toujours les remplir.» Depuis lors, ajoute Bonnke, dans
l'accomplissement des tâches que Dieu m'a confiées, je ne
me suis jamais retrouvé dans le rouge. Si parfois j'ai mis un
compte à découvert, j'ai pu ensuite constater que les dons
correspondants au débit avaient été versés entre-temps.6
C'est à peu près à cette époque que se situe aussi la cam-
pagne d'évangélisation où Bonnke fit l'expérience des pre-
mières guérisons. Il avait invité un évangéliste réputé à pren-
dre la parole dans sa tente de 400 places. Mais en pleine pré-
dication, cet «homme de Dieu» abandonna la partie en
demandant à Bonnke de continuer. Et lorsque le lendemain,
Bonnke se mit à prêcher, «la puissance de Dieu» vint sur lui,
sur son traducteur et sur ses auditeurs:
«Je pus à peine continuer à parler. Une voix distincte
pénétra en mon coeur et j'entendis des paroles que je
n'avais jamais entendues auparavant. Le Seigneur dit:
"Mes paroles dans ta bouche ont la même puissance que
mes paroles dans ma bouche."7
Et de nouveau, la voix du Saint-Esprit le pressa: "Appelle
tous ceux qui sont complètement aveugles et prononce la
parole d'autorité..." Il regarda ces pauvres aveugles et,
prenant courage, il déclara: "Je vais maintenant m'adresser
à vous avec l'autorité de Dieu et vous allez voir un homme
blanc dressé devant vous. Vos yeux vont s'ouvrir."»8
Lorsque Bonnke se fut écrié: «Au nom de Jésus-Christ, que
les yeux fermés s'ouvrent!», une femme aveugle depuis qua-
tre ans recouvra la vue et un enfant estropié fut guéri.
Cette expérience amena Bonnke à la conclusion que Dieu
lui avait confié un ministère de dimension supérieure, et il
quitta le Lesotho pour Johannesburg. C'est à cette période
qu'il forgea son «cri de guerre», dénué de tout fondement
70
biblique mais souvent répété: «Nous allons piller l'enfer et
peupler le ciel!»9 Plus tard, il y ajouta encore un complé-
ment: «.. et tondre le diable à ras».
A partir de 1975, le travail missionnaire de Bonnke prit
pour dénomination «Christ pour toutes les nations» (Christ
for ail Nations, CfaN en abrégé).
Evangélisation de niasse
Après la campagne d'évangélisation à Garborone, Bonnke
eut le sentiment de «devoir évangéliser les masses». Dès
lors, les gros chiffres jouent un rôle important dans ses
comptes-rendus.
72
«Les grands nombres le fascinent. Pas pour lui-même,
cependant, mais pour la cause de Dieu et celle de la mis-
sion que Dieu lui a confiée. 11 déclare: "L'opinion publi-
que ne s'intéresse pas à des photos ne présentant qu'une
poignée de gens. Ce sont les grandes masses qui impres-
sionnent. Le jour où les gens ne viendront plus à nous en
foule, nous devrons commencer à nous poser de sérieuses
questions."»14
En 1976, au cours d'une réunion d'évangélisation sous tente,
une pluie torrentielle s'abattit et des trombes d'eau eurent tôt
fait de traverser la tente; Bonnke cria alors à Dieu: «S'il te
plaît, donne-nous donc un toit correct sur nos têtes.» En un
éclair, la réponse fut donnée à son coeur: «Fais-moi confian-
ce pour une tente de 10 000 places!» Bonnke répondit: «Je te
fais confiance, Seigneur.»15
Deux ans plus tard, la tente arriva en Afrique du Sud où
entre-temps, le nouveau bâtiment administratif avait été éri-
gé à Witfield.
Mais bien vite, cette tente se révéla à son tour trop petite,
et après que Dieu lui «eût dit d'une manière très précise: "Le
temps de la faucille est révolu, voici venu le temps de la
moissonneuse-batteuse"», il exprima le désir d'avoir une
autre tente capable de contenir 34 000 personnes, la tente la
plus vaste du monde.
«Avec cette tente, nous voulons en priorité atteindre
l'Afrique du Sud, mais Dieu a récemment révélé à notre
équipe qu'il voulait aussi l'utiliser sur tout le continent.
"Je vais multiplier la moisson par trois, car le temps est
court. Mais je répandrai aussi une triple onction de
l'Esprit-Saint sur vous."»16
Bonnke crut tout d'abord qu'il pourrait disposer de cette ten-
te pour l'Afrique en 18 mois, mais il dut attendre cinq ans. Il
ne put l'inaugurer qu'en 1984.
73
En 1981, R. Bonnke participa aux «Journées de confession
de Berlin», organisées suite à une vision de V. Spitzer. Il fut
enthousiasmé et rapporta ce qui suit:
«...Il se produit des signes et des miracles, comme au
temps des Actes des apôtres. En Allemagne, un opticien
est venu me voir et m'a dit: "J'aimerais faire un don pour
l'Afrique." Bien sûr, je m'en réjouis vivement car nous
avions un pressant besoin d'argent. Mais il continua:
"J'aimerais vous donner 3 000 paires de lunettes à emme-
ner en Afrique et à distribuer parmi les Noirs démunis."
Des lunettes? Lors de nos campagnes d'évangélisation,
nous ne distribuons pas de lunettes, nous en collectons!
Que de fois n'avons-nous pas vu Dieu ouvrir des yeux
aveugles! Vous voyez le tableau: d'abord nous prions
pour les aveugles, ils sont guéris et ensuite, nous irions
distribuer des lunettes? Cela ne va pas ensemble.»17
(Depuis lors, R. Bonnke porte lui-même des lunettes et a dû
certainement adopter une attitude plus souple à l'égard
d'éventuelles offres de ce genre!)
En 1982, R. Bonnke répondit à l'invitation de Y. Cho à
Séoul pour visiter son église. Bonnke posa «mille questions»
à Cho et «retourna en Afrique du Sud avec une foi plus forte».
«Lorsque j'ai vu ce que Cho fait et comment Dieu le bénit,
j'ai dit: "Seigneur, j'ai attendu beaucoup trop peu de toi"».18
A cette époque, R. Bonnke passait déjà pour être le «Billy
Graham de l'Afrique»; «il a été reconnu dans le monde ent-
ier comme l'une des figures de proue dans le domaine de
l'évangélisation»19, et a reçu des invitations en provenance
de presque tous les pays du monde. Hors des frontières de
l'Afrique, ses campagnes d'évangélisation furent également
accompagnées de «signes et de miracles», et, à Helsinki en
1983, il arriva même qu'un homme «tomba à terre sous la
puissance de Dieu», après avoir tiré sur un pan de la veste de
R. Bonnke.
"4
Il allait donc de soi qu'il se rende, lui aussi, au «Congrès
Billy Graham» organisé à Amsterdam en 1983 à l'intention
des évangélistes.
«Les espoirs de Reinhard étaient immenses. Non seule-
ment parce qu'on lui donna l'occasion de prendre la paro-
le mais aussi parce qu'il comptait y faire la connaissance
d'un maximum d'évangélistes d'Afrique. II voulait ren-
contrer des hommes qui pensaient comme lui, partager sa
vision avec eux, gagner leur confiance et s'assurer leur
collaboration.»20
Là, il eut son premier entretien avec Billy Graham «qui sur-
prit Reinhard par sa bonne connaissance de l'oeuvre
CfaN».21
Cette année-là, il rendit également visite à T.L. Osborn,
évangéliste guérisseur extrémiste bien connu mais rejeté par
la plupart des communautés pentecôtistes.
Osborn, par exemple, fournit à ses collaborateurs des
camionnettes, des projecteurs, des films montrant les
miracles qu'il a opérés, des prédications enregistrées, et les
envoie à travers le monde pour annoncer son message. Ces
voitures ainsi équipées, Osborn les appelle les «moissonneu-
ses-batteuses». Osborn est encore connu pour expédier, con-
tre des dons en argent, des cartes et des foulards «bénis»,
réputés capables de protéger de malheurs ou de maladies.
Voici ce que Karl Hutten écrit à son sujet:
«Osborn a atteint un sommet du mauvais goût lorsqu'en
novembre 1976, il a diffusé un petit carré de bois. Celui-
ci provenait, disait-il, d'une vieille estrade où il s'était
tenu pendant une rencontre et sur laquelle de nombreux
miracles se seraient produits pendant son service de
guérison. Sur cette estrade était resté étendu pendant deux
heures le cadavre d'un auditeur tombé d'un arbre et
ensuite "ressuscité des morts". Comme Dieu lui avait soi-
75
disant révélé que "la puissance qui reposait sur l'estrade
reposait aussi sur chacun des morceaux constituants", il
envoya un petit morceau de cette estrade à tous ceux qui
faisaient des dons, en leur disant: "N'en fais pas cadeau,
ne le perds pas, mais conserve-le précieusement car il
n'est destiné qu'à toi personnellement et ne pourra être
remplacé"! On a comparé les morceaux de bois et on a
constaté qu'ils étaient d'origine différente et ne pouvaient
pas provenir d'un seul et même plancher» (Hutten: Seher,
Griibler, Enthousiasten, p. 370).
Bonnke profita de l'occasion pour «échanger» avec Osborn
«ses espoirs et projets d'avenir» pendant deux heures.
«Les deux hommes se quittèrent dans un esprit d'amour
et de partenariat. Avant de sortir du bureau d'Osborn.
Bonnke demanda au célèbre évangéliste de prier pour lui.
"Non, frère, répondit Osborn, c'est à toi de prier pour
moi." L'Américain était impressionné par son frère
évangéliste allemand et par la grandeur de sa vision pour
l'Afrique».22
Cette même année, Bonnke rencontra aussi Pat Robertson, le
fondateur et directeur de CBN, la plus grande chaîne de
télévision chrétienne américaine (P. Robertson fut d'ailleurs
candidat aux élections présidentielles américaines en 1988).
Robertson «promit à la CfaN une importante somme
d'argent pour 1984 et une autre somme non négligeable fut
remise à l'instant même»23, de sorte que Bonnke put retour-
ner en Afrique avec des dons et des promesses de dons con-
sidérables.
Avec le temps, l'attitude de R. Bonnke à l'égard des
appels de fonds a bien évolué. A la fin des années 70, il con-
cluait une prédication en ces termes: «Nous vivons un
miracle après l'autre. Sans jamais solliciter de crédit, nous
avons pu honorer toutes nos factures. Et les choses n'ont pas
76
changé jusqu'à ce jour. Jamais encore nous n'avons payé un
seul centime d'intérêts. Je ne demande jamais d'argent aux
hommes, je le demande à Dieu.»24 En 1983, il déclarait
encore: «Dieu paie tout ce qu'il commande et la grande tente
n'est pas mon affaire, c'est la sienne.»25 Mais à partir de ce
moment, les appels de fonds directs et indirects se sont faits
de plus en plus précis.
1985: «Le Seigneur m'a montré qu'il va inciter les coeurs
comme nous ne l'avons jamais vu faire, et que l'argent va
bientôt rentrer sous forme de miracles en réponse à la prière.
Le versement de l'argent doit être effectué le 15/1/1986...»
1987: «Mais il nous reste toujours 1,65 millions de DM
de dettes (environ 5,5 millions de F) qui nous oppressent -
moi surtout; il me suffit de penser aux intérêts... Il y a eu des
campagnes d'évangélisation suspendues à un fil...D'avance,
je vous remercie pour toute intercession et toute forme
d'aide concrète, si modeste soit-elle...»26
1988: «Mais nous avons un pressant besoin de soutien
financier accru, si nous voulons maintenir ce rythme. Il nous
faut d'urgence trouver plus de PARTENAIRES ACTIFS!
Des partenaires qui soient prêts à intercéder sérieusement et
à aider financièrement.»27
1989: «...De nombreux destinataires du REPORTAGE
MISSIONNAIRE ne se sont pas manifestés pendant toutes
ces années, ne serait-ce qu'une seule fois. Par ce message, je
leur tends la main: nous avons besoin, entre partenaires,
d'une relation qui engage davantage. Il nous en coûtera
beaucoup de prières communes mais aussi de sacrifices
communs, si nous voulons atteindre le butfixépar Dieu.»28
Depuis lors, bien rares sont les rapports missionnaires ou
les circulaires dans lesquels on ne demande pas, plus ou
moins ouvertement, de l'argent.
C'est le 18 Février 1984 que fut inaugurée la grande
tente. A cette occasion, des visiteurs venus de nombreux
pays firent le voyage. Le culte d'inauguration fut présidé par
N. Bhengu et Paul Schoch. Bonnke apporta le message cen-
77
tral. 5000 personnes répondirent à l'appel lancé pour rece-
voir Jésus comme Sauveur. Mais le 6 mai, à peine onze
semaines après la première mise en service, tandis que R.
Bonnke participait à Calcutta à un congrès des «Hommes
d'affaires du plein évangile», une tempête déchiqueta le toit
de la nouvelle tente dressée au Cap.
«La plus vaste tente d'évangélisation du monde n'existait
plus. A sa place, il ne restait qu'un squelette de mâts,
d'acier et de cordes. Quelques pans du toit de la tente
pendaient encore lamentablement mais la majeure partie
des quelque dix tonnes de bâche avait été balayée par le
vent à travers les rues et les jardins de Valhalla... Cinq
années de travail venaient d'être anéanties en quelques
heures. C'était incroyable.»29
Celui qui était parti «tondre le diable à ras» dut, à son retour
d'Inde, affronter une dure réalité: «les mâts d'acier poin-
taient nus et raides vers le ciel. A côté d'eux, traînaient des
morceaux de toile déchirée qu'on avait roulés et ficelés en
ballots»30. A Calcutta, le 6 mai, jour de la catastrophe,
Bonnke avait encore loué et glorifié le Seigneur «parce que
cela faisait vingt-cinq années, jour pour jour, qu'il était au
service du Seigneur»31 (On arrive à ces 25 ans si on compte
comme «service» les deux années de formation à l'école
biblique). Après la destruction de la tente, Bonnke se posa la
question: «Cette attaque contre la tente, était-elle le cadeau
d'anniversaire du diable?»
Pourtant, à son retour en Afrique du Sud, il déclara coura-
geusement: «Ce n'est qu'un début. Le diable a franchi la li-
mite qui lui était fixée. Dans mon coeur, je sais qu'une chose
formidable se prépare. Notre service est fait de miracles.»32
Dix-huit mois plus tard, la tente put être remontée, Ken-
neth Copeland, un disciple de K. Hagin et propagateur de
1'«Evangile de la prospérité» ayant promis de payer le nou-
veau toit.
78
«La somme nécessaire pour le nouveau toit m'a été
donnée par le célèbre et bien-aimé prédicateur américain,
Kenneth Copeland. Le montant s'élevait à 2,53 millions
de DM exactement»33 (soit plus de 8 millions de F).
Déménagement en Allemagne
En 1985, année «considérée comme la plus traumatisante pour
Reinhard et son équipe», CfaN décida de transférer son bureau
central de Witfield à Francfort (Allemagne) où, à la fin de
l'année, Bonnke put acquérir un terrain avec des bureaux
et des logements. Ce transfert eut pour conséquence la dé-
mission d'un grand nombre de collaborateurs de longue date.
83
«"Feu sur l'Europe" de Francfort a été un souffle mugis-
sant, majestueux, loin d'être timide. La tragique division
du pays en deux n'a pas été passée sous silence. L'écho
dans les médias a été grand et bien plus positif que prévu.
Les églises et les communautés ont dressé l'oreille et sont
impatientes de voir ce que Dieu va entreprendre désormais.
"Feu sor l'Europe" de Birmingham s'est, de même, forte-
ment fait ressentir et entendre. Là aussi on a crié de joie,
on a ri, dansé, mais aussi pleuré de tristesse, sur le péché
et la culpabilité, ou pleuré de joie. Pourtant, tout était plus
doux, plus naturel et même, d'une certaine façon, plus
détendu. Les médias n'y ont pas vu le grand événement.
Mais les chrétiens, originaires de tant d'églises et de com-
munautés - même ceux qui n'étaient pas là - y ont vu un
signe de Dieu. C'est bien là ce qui compte et qui atteindra
l'Europe continentale à son tour!»39
La «quatrième dimension»
Cette doctrine de Yonggi Cho transparaît, elle aussi, dans le
ministère de R. Bonnke:
«Il nous est impossible de servir Dieu sur le terrain de la
seule intelligence humaine. Je m'étonne toujours à pro-
85
pos des gens qui s'imaginent pouvoir expliquer logique-
ment la puissance miraculeuse de Dieu. Comment vou-
lez-vous, par exemple, expliquer logiquement que Jésus
ait marché sur la mer? Tout cela n'a rien à voir avec la
logique mais seulement avec la quatrième dimension,
avec la capacité de Dieu d'opérer des miracles. Là, nous
nous mouvons sur un autre plan, celui de Dieu.»42
86
«Prospérité et succès»
L'influence de Y. Cho, les relations suivies avec Kenneth
Copeland, le fameux promoteur de l'évangile de la pros-
périté, la collaboration avec Robert Schuller, les contacts
étroits avec «Paroles de foi» en Allemagne, la coopération
de plus en plus fréquente avec Ray Me Cauley, ces dernières
années, ont laissé des traces dans la vie et dans le ministère
de Bonnke. Me Cauley, ancien culturiste et actuel pasteur de
la communauté Rhema à Randburg en Afrique du Sud, est
un disciple et un ami intime de K. Hagin; il entretient égale-
ment des relations amicales avec K. Copeland. Or, Me Cau-
ley prêche, sans ambiguïté, un évangile de la prospérité; il a,
entre temps, intégré l'équipe des conseillers de CfaN.
A propos de la collaboration de Reinhard Bonnke avec
Ray Me Cauley, leur biographe commun, Ron Steele, écrit:
«Au fur et à mesure que le ministère de Reinhard Bonnke
prenait de l'ampleur, les liens avec Me Cauley se resser-
raient. Ray apporta non seulement son concours au Con-
grès de feu organisé par Bonnke en avril 1986 à Harare
(Zimbabwe), mais il partagea aussi la chaire avec lui en
août de la même année, lors du deuxième Congrès de la
foi à Munich. En 1987, Ray fut invité à participer au Con-
grès de feu de Francfort comme l'un des orateurs princi-
paux, et il y a de bonnes raisons de penser que Ray et
Bonnke lanceront ensemble de grandes actions d'évangé-
lisation ces prochaines années en Europe. Les deux hom-
mes ont pris conscience des signes avant-coureurs d'un
renouveau spirituel en Europe et voient là une nouvelle
moisson arrivée à maturité qu'il faut maintenant récolter
pour le Seigneur Jésus-Christ.»45
87
Transmission de «dons spirituels» par l'imposition
des mains
Tout comme John Wimber, Reinhard Bonnke est persuadé
de pouvoir transmettre des dons spirituels par imposition des
mains. Lors du Congrès de feu de Harare, en 1986, il a
imposé les mains aux délégués, après avoir fait les promes-
ses suivantes:
«Quelque chose de merveilleux va se produire mainte-
nant, et cela ne concernera pas seulement cette campagne
d'évangélisation. Ecoutez la parole de Dieu: vous allez à
présent recevoir une onction de sanctification et vous
sentirez vos mains brûler comme si elles contenaient du
feu. Si, ensuite, vous allez de l'avant et posez vos mains
sur les malades incurables, la puissance de Dieu se
répandra comme du feu à travers eux et ils seront guéris.
Le royaume de Dieu s'en trouvera édifié et les oeuvres de
Satan détruites.»46
Le «don de l'audace»
Au point où nous sommes arrivés, l'esquisse biographique
de Reinhard Bonnke montre que cet homme nourrit de
grands projets et des visions audacieuses. Mais beaucoup de
ses affirmations pourraient laisser croire que les vertus de
prudence et d'humilité ne font pas partie du fruit de l'Esprit
de Dieu:
«L'Afrique tout entière va être sauvée par le sang de
Jésus.»
«Sans crainte d'exagérer, nous osons affirmer qu'en tant
qu'équipe, nous avons vu un pays entier être secoué par
la puissance de Dieu. Quelques centaines de milliers
SS
d'âmes précieuses ont accueilli Jésus-Christ comme
Sauveur.»
«Le Seigneur a promis que des nations entières se tourne-
raient vers le Christ si nous partons à la conquête des pays
situés entre le Cap et le Caire.»
«Je me tenais là et je parlais comme un commandant
investi du Saint-Esprit, comme le porte-parole du Dieu
Tout-Puissant.»
«Dans une certaine mesure et parfois comme dans une
vision, je me vois comme prêtre néo-testamentaire qui
apporte le sang de Jésus aux peuples de ce grand et
magnifique continent.»
«Dieu va réaliser une oeuvre en Europe. Ce continent va
être ébranlé par la puissance de Dieu. Une vague de feu
du Saint-Esprit, une vague de la gloire de Dieu va défer-
ler sur ces pays.»
«Dieu va opérer des signes et des miracles. Un jour nou-
veau se lève sur l'Europe.»
«Dans certaines réunions, nous avons fait cette expérien-
ce unique de voir 70 à 90% des auditeurs se convertir à la
suite de l'appel. Des proportions vraiment gigantesques!»
Bien des affirmations de R. Bonnke ont amené ses propres
collaborateurs à lui demander s'il n'en rajoutait pas un peu.
Il est cependant possible que ces phrases ne soient pas le
résultat d'une folle surestimation de soi-même, mais les
fruits d'une tragique méprise sur soi et d'une terrible illu-
sion: «Mes paroles dans ta bouche ont la même puissance
que mes paroles dans ma propre bouche».
Il est indéniable que Bonnke est animé par la passion
89
d'amener des hommes à Christ. S'il n'y a pas de doute qu'il
a reçu de Dieu un prodigieux talent d'orateur et un don pour
l'évangélisation, en revanche, on ne trouve pas chez lui la
modestie et l'humilité. Le culte de la personnalité que d'au-
tres organisent autour de lui et auquel il ne s'oppose pas, ris-
que de devenir un piège pour lui. Lorsqu'un homme possède
le don d'évangéliste et qu'en plus il maîtrise tous les regis-
tres de la rhétorique, lorsqu'il met en oeuvre, consciemment
ou non, les lois de l'hypnotisme et de la dynamique de grou-
pe, sans négliger la stimulation par la musique et la danse, il
risque grandement de devenir «le séducteur des foules».
Malheureusement, R. Bonnke est pratiquement inaccessible
à la mise en garde: «Ceux qui me critiquent, je m'en balan-
ce», dit-il. En outre, il voit en toute personne qui le critique
«l'ennemi qui sort de son trou et se lance à l'attaque». On
peut donc craindre qu'il ne lui arrive ce qui est arrivé ces
derniers mois à plus d'un évangéliste «rempli de l'Esprit»:
«Jamais encore un saint ne s'est enflé d'orgueil pour la
beauté de ses plumes sans que le Seigneur ne les lui ait
ensuite toutes arrachées, une à une.» (CH. Spurgeon).
90
«L'évangélisation de puissance»
à la lumière de la Bible
Avant de tenter d'apporter une réponse biblique, résumons
brièvement l'enseignement de C. Peter Wagner et de John
Wimber - les prédicateurs les plus connus de «la troisième
vague du Saint-Esprit» - sur les signes et les miracles:
- Les signes et les miracles sont la «carte de visite» du
royaume de Dieu; ils ne sont pas limités à l'époque de
Jésus et des apôtres.1
- Dans quelques cas seulement, on peut attribuer la crois-
sance de l'église à la seule prédication.2
- L'évangélisation de puissance rend sensible la grandeur
de Dieu, triomphe des préjugés et de la résistance des
incroyants, de telle sorte que beaucoup se convertissent.3
91
Signes et miracles dans l'Ancien Testament
Quand Dieu voulut arracher son peuple à l'esclavage de
l'Egypte et inaugurer ainsi une nouvelle étape dans l'histoire
du salut d'Israël, il accomplit des signes et des miracles afin
d'accréditer l'homme qu'il avait choisi pour conduire le
peuple, à savoir Moïse, «afin qu'ils croient que l'Eternel, le
Dieu de leurs pères, t'est apparu...» (Ex 4:5).
En évoquant le passé, Moïse déclara peu avant sa mort:
«L'Eternel nous fit sortir d'Egypte, à main forte et à bras
étendu, ... avec des signes et des miracles» (Dt 26:8). Ces
signes devaient convaincre Pharaon et son peuple de la gran-
deur et de la puissance de Dieu (Né 9:10; Ps 135:9).
Ces signes étaient donc:
- un jugement contre l'Egypte,
- une confirmation que Dieu avait choisi Moïse pour être le
guide et le prophète dont les paroles devaient susciter la
foi du peuple d'Israël.
Dans l'histoire subséquente, nous ne constatons plus que
quelques miracles isolés opérés par Josué (Jos 10:12-14),
par l'homme de Dieu cité dans 1 Rois 13, par les prophètes
Elie et Elisée et, enfin, dans le livre de Daniel.
93
Cependant, il faut remarquer qu'après la venue du royau-
me de Dieu, le nombre de signes et de miracles diminue
régulièrement. Quand les apôtres eurent rédigé leurs épîtres
et que le Nouveau Testament fut complet, les miracles ne
furent plus chose commune.
Dans Hébreux 2:3-4 il est dit que l'évangile du salut, reçu
du Seigneur lui-même par les apôtres et annoncé par ces der-
niers, a été confirmé, «Dieu appuyant (au temps passé en
grec!) leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers
miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa
volonté.»
2 Corinthiens 12:12 laisse clairement entendre que «les si-
gnes, les prodiges et les miracles» étaient la marque caracté-
ristique des apôtres; ils étaient donc valables pour leur époque
et confirmaient leur légitimité: c'était leur «carte de visite».
Mais aux Corinthiens, apparemment enthousiasmés par
quelques «super-apôtres», Paul présente une autre «carte de
visite»! A la différence de ces faux apôtres trop sûrs d'eux-
mêmes qui prêchaient déjà une espèce d'«evangélisation de
puissance» et qui, en tout cas, impressionnaient les croyants
par leur esprit dominateur, Paul énumère quelques-uns des
signes de son apostolat, signes qui n'ont rien à voir avec
«l'évangélisation de puissance» ni avec «l'évangile de la
prospérité»: coups, emprisonnement, lapidation, naufrage,
faim, soif, froid, dénuement, etc. (2 Co 11:23-33).
Les références suivantes montrent en outre que, même
dans le livre des Actes des apôtres, la prédication de l'évan-
gile n'était pas toujours accompagnée de signes et de
miracles:
Actes 8:26-40 la conversion d'un haut dignitaire éthiopien
Actes 9:22-30 les premières prédications de Paul
Actes 11:19-21 la prédication des disciples disséminés en
Phénicie, à Chypre et à Antioche, où «un
grand nombre de personnes crurent et se
convertirent au Seigneur».
94
Actes 13:13-52 Paul et Barnabas à Antioche de Pisidie
Actes 17:1-9 Paul et Silas à Thessalonique
Actes 17:10-15 Paul et Silas à Bérée, où «beaucoup devin-
rent croyants».
Actes 17:16-34 Paul à Athènes
Actes 18:1-17 Paul à Corinthe
Actes 18:24-28 Apollos à Ephèse
Actes 22:1 -30 Paul à Jérusalem
Actes 24:1 -27 Paul devant le gouverneur Félix
Actes 26:1 -29 Paul devant Festus et Agrippa
Actes 28:16-31 Paul à Rome
Quand on compare les différents récits, on s'aperçoit que les
prédications accompagnées de signes et de miracles ne pro-
duisaient pas plus de conversions authentiques que les prédi-
cations seules.
96
mes (Ac 14:8-19)! Ni les signes et les miracles opérés en
Egypte ni ceux accomplis pendant la traversée du désert
n'ont changé le coeur des Israélites. Les miracles réalisés par
Elie et Elisée n'ont pas eu plus de succès.
Dans le Nouveau Testament, le récit de Lazare et de
l'homme riche dans la géhenne prouve à l'évidence que mê-
me la résurrection d'un mort ne dissiperait pas les préjugés et
l'incrédulité des hommes: «S'ils n'écoutent pas Moïse et les
prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si quel-
qu'un des morts ressuscitait» (Le 16:31). La résurrection de
Lazare et celle du Seigneur Jésus ont-elles réussi à triompher
du parti pris des docteurs de la Loi et des pharisiens?
A l'origine de tout réveil authentique et durable, on trou-
ve généralement des hommes qui obéissent aux commande-
ments de Dieu et qui prêchent sa Parole clairement et sans
rien lui retrancher. Dans l'Ancien Testament, les réveils
sous Josaphat, Ezéchias, Josias, Esdras et Néhémie, par
exemple, le prouvent indubitablement. De même, les réveils
de ces cinq cents dernières années témoignent que seule
l'annonce intégrale de l'Evangile peut changer les coeurs.
Le principe énoncé dans l'Ecriture reste valable: «Ainsi la
foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la
parole de Christ» (Rm 10:17).
Certes, il est arrivé dans l'histoire des missions que
l'envoûtement dû aux idoles soit parfois réduit à néant grâce
à un miracle retentissant, ce qui eut pour effet d'accréditer
l'évangile et de faciliter son acceptation. Cela se produit
encore ici et là, lorsque des missionnaires se trouvent dans
certaines situations tout à fait particulières. Mais en général,
la plupart des missionnaires et des pionniers tels que H. Tay-
lor, C.T. Studd, A. Judson, J. Paton et d'autres ont exercé un
ministère béni parmi les païens sans avoir opéré le moindre
signe miraculeux. Dans 1 Co 1:21-23, Paul déclare sans
ambages qu'il a plu à Dieu de ne pas convaincre les hommes
de leurs péchés par le moyen de miracles retentissants ni par
les arguments de la haute philosophie:
97
«Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point connu
Dieu, il a plu à Dieu dans sa sagesse de sauver les
croyants par la folie de la prédication. Les Juifs deman-
dent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse: nous,
nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et
folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse
de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grcs.»
(1 Co 1:21-24).
Les signes et les miracles ne balaient pas les préjugés.
«Malgré tant de miracles qu'il avait faits en leur présen-
ce, ils ne croyaient pas en lui» (Jn 12:37).
Jésus proclame «heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont
cru» (Jn 20:29) et prononce une malédiction sur la philoso-
phie qui sous-tend l'évangélisation de puissance:
«Une génération méchante et adultère demande un
miracle; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui du
prophète Jonas» (Mt 12:39).
Les récits bibliques montrent bien que les signes et les
miracles ne produisent, chez le public, qu'un engouement
superficiel et passager, capable même de se transformer en
haine si la soif du miraculeux n'est pas aussitôt étanchée, ou
si les spectateurs entendent des paroles qui dévoilent leur
égoïsme ou les mauvais desseins de leurs coeurs.
Malheureusement, les comptes rendus élogieux publiés
par les promoteurs de l'évangélisation de puissance ne font
jamais état des déceptions et de l'endurcissement du coeur
de tous les malades venus aux réunions de guérison avec le
fol espoir de bénéficier d'un miracle et qui, malgré toutes les
paroles de connaissance et les impositions des mains, sont
repartis tout aussi malades et souvent plus amers! Combien
de fois cet aspect de l'évangélisation de puissance n'a-t-il
pas nourri le cynisme et les préjugés des incroyants!
98
Les personnes qui se laissent facilement impressionner
par ces manifestations spectaculaires s'exposent à un très
grand danger: celui d'être fascinées par les signes et les
miracles qu'opéreront les faux prophètes et les antichrists
annoncés pour la fin des temps.
Les trois textes bibliques suivants devraient nous rendre
extrêmement prudents et critiques à l'égard de toutes les
manifestations qui s'appuient sur les signes miraculeux:
«Car il s'élèvera de faux Christ et de faux prophètes; ils
feront de grands prodiges et des miracles, au point de
séduire, s'il était possible, même les élus» (Mt 24:24).
«L'apparition de cet impie se fera, par la puissance de
Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de pro-
diges mensongers» (2 Th 2:9).
«Elle opérait de grands prodiges, jusqu'à faire descendre du
feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. Et elle sédui-
sait les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était
donné d'opérer en présence de la bête...» (Ap 13:13-14).
Résumé
1. Comme par le passé, Dieu peut encore, aujourd'hui,
accomplir des miracles selon sa volonté, et généralement
en réponse à la prière humble et persévérante de ses
enfants.
2. Mais l'intervention surnaturelle de Dieu, comme par
exemple la guérison des malades ou l'assistance matériel-
le providentielle, ne saurait être interprétée comme un
signe au sens de Me 16:17 et 20 et de 2 Co 12:12 (les
«marques de l'apôtre»).
99
3. Nous n'avons pas le droit d'adresser à Dieu un ultimatum
pour qu'il opère un miracle, comme c'est souvent le cas -
en vain - dans de nombreuses tentatives de résurrection
de morts; nous ne pouvons que le supplier humblement
de le faire, si c'est conforme à sa volonté.
4. Le contexte général de la Bible et l'histoire de l'Eglise
montrent clairement que les signes miraculeux n'apparti-
ennent pas à toutes les époques. Ils ont été donnés dans
certaines circonstances et au commencement de chaque
nouvelle phase dans l'histoire du salut. C'est pourquoi
l'affirmation, selon laquelle les signes et les miracles
devraient encore accompagner notre evangélisation, doit
être rejetée comme étant non biblique.
5. Les signes et les miracles ne constituent pas le moyen
employé par Dieu pour amener les gens à la foi vivante;
le seul moyen reste la prédication de sa Parole. C'est
pourquoi nous nous en tenons au principe énoncé dans
Rm 10:17.
100
Recapitulation
La troisième vague a l'intention de familiariser les évangéli-
ques non charismatiques avec «l'action du Saint-Esprit en ce
siècle». Le spécialiste David B. Barrett évalue le nombre de
ceux qui, de par le monde, se réclament de la troisième
vague à environ 35 millions (chiffre de 1990). Ce mouve-
ment s'est efforcé de refuser en son sein les «éléments fau-
teurs de divisions», de manière à faire tomber les préjugés à
son encontre. Il en résulte que de nombreux responsables de
ce mouvement cultivent une mentalité que l'on pourrait qua-
lifier de «non seulement... mais aussi», et qui permet, à J.
Wimber, par exemple, de se définir comme un «dispensatio-
naliste», bien qu'il considère les doctrines dispensationa-
listes typiques comme fausses. On évite, du moins chez les
leaders du mouvement de croissance de l'Eglise, d'utiliser
des mots qui détonnent ou de professer des doctrines extré-
mistes, ou bien on les relativise. Néanmoins, des doctrines et
des pratiques plutôt douteuses telles la visualisation, la
pensée positive, etc.. sont reprises, ou en tout cas tolérées,
par des charismatiques ultras chez qui un arrière-plan occul-
te n'est pas toujours exclu.
102
dans le pays et de préparer et former de nouvelles "outres"
pour le réveil qui va se produire»4.
Comment se présente une «prophétie»? La réponse nous
est donnée dans l'extrait suivant, tiré d'une «parole pro-
phétique» de Rick Joyner:
«Renversez les murs et les barrières qui nous séparent les
uns des autres et de Dieu!
Notre relation avec Jésus doit s'approfondir, de même
que nos relations mutuelles. L'orgueil spirituel et la glori-
fication de l'homme, certaines doctrines et oeuvres de
division seront sévèrement châtiés par Dieu et ne seront
bientôt plus considérés que comme "un feu étranger".
Celui qui continue à pratiquer ces choses sera rejeté de
son ministère avec un grand coup de tonnerre, de telle
sorte que tout le corps de Christ sera saisi d'une pure et
sainte crainte de Dieu...
Une extraordinaire révélation de la foi authentique est
encore à venir... Certains seront appelés à s'engager dans
des domaines que les anges eux-mêmes craignent
d'affronter... En ces jours-là, beaucoup vivront les signes
miraculeux au quotidien. Cela deviendra, pour eux, aussi
«normal» que l'était la manne pour les Israélites, dans le
désert.
Le Seigneur accomplira pour son peuple des miracles
sans précédent, qui surpasseront de loin les prodiges rap-
portés dans la Bible...
Celui qui abandonne tout et se dépouille entièrement, fait
fi de son orgueil personnel, est prêt à perdre sa réputation
et supporte patiemment le rejet et l'incompréhension,
celui-là va bientôt bouleverser le monde avec le message
du Roi.»5
103
De nombreux piétistes réagiraient favorablement à une «pro-
phétie» de ce genre, parce qu'elle exprime le contenu de
l'évangélisation de puissance sous une forme qui est, à pre-
mière vue, humble, spirituelle et taillée sur mesure pour la
mentalité piétiste.
Le danger de telles «prophéties» réside dans l'amalgame
d'affirmations justes et importantes et de déclarations faus-
ses et non bibliques. Rick Joyner a évidemment raison
quand il dit que notre relation avec le Seigneur Jésus doit
s'approfondir!
Les exposés de Wimber, sur la nécessité d'entretenir une
relation intime avec le Seigneur Jésus afin d'être protégé
contre la puissance de Satan, font une forte impression et
sont tout à fait justes. Sans aucun doute, une relation person-
nelle vivante avec le Seigneur Jésus-Christ est absolument
déterminante. Mais la voie que trace Wimber pour y parve-
nir devrait faire dresser l'oreille.
Il prétend que la Bible elle-même ne saurait nous mettre à
l'abri de la puissance de Satan, car celui-ci pourrait déformer
notre compréhension des Ecritures. Wimber dissocie donc la
marche fidèle avec le Seigneur de l'attachement à la Bible!
D'un côté, il souligne l'importance d'une communion per-
sonnelle avec le Seigneur, mais d'un autre côté, il enseigne
que cette communion résulte de l'action du Saint-Esprit,
indépendamment de la Bible.
D'après Wimber, la relation intime avec Jésus n'est pas
quelque chose que Dieu accomplit en nous lorsque nous nous
tournons vers Christ; la communion avec le Seigneur ne peut
pas non plus, toujours selon Wimber, s'établir et s'approfon-
dir seulement par un contact familier avec l'Ecriture. Il s'agi-
rait plutôt d'une relation qui se tisse à partir de révélations
nouvelles de Dieu et s'en nourrit. Wimber enseigne que nous
devons prier pour avoir une plus grande passion pour Jésus et
apprendre à écouter sa voix à n'importe quel moment.
Mais les responsables de ce mouvement deviennent de
faux prophètes lorsqu'ils affirment:
104
- qu'une relation intime avec Jésus peut s'établir grâce à de
«nouvelles révélations» et à des inspirations du Saint-
Esprit, indépendamment de la Parole de Dieu. Cette doc-
trine provoque un glissement du «Jésus de l'Histoire et de
la croix», à un «Jésus de l'intuition»; de plus, elle nous
expose à nous fonder sur le sol mouvant de nos états
d'âme.
En affirmant cela, nous n'exagérons nullement. En effet,
bien que John Wimber et son équipe lisent la Bible, ce sont
leurs expériences subjectives qui sont décisives pour inter-
préter l'Ecriture, et non une réflexion objective.
Le chemin est ainsi ouvert à l'homme pour façonner Dieu à
son image car la voix intérieure est terriblement sujette à
caution. Même Jack Deere, un très proche collaborateur de
Wimber, souligne le fait que la «voix intérieure» pourrait
être inspirée par Satan, ou par autrui, ou simplement prove-
nir de nos propres pensées.
Ils soutiennent encore:
- que «Dieu accomplira pour son peuple des prodiges qui
surpasseront de loin ceux mentionnés dans la Bible»;
- que «l'orgueil spirituel et la glorification de l'homme,
certaines fausses doctrines et les oeuvres de division»
seront bientôt sévèrement châtiés par Dieu;
- qu'«une extraordinaire manifestation de la foi authen-
tique est encore à venir».
105
A ces assertions, le Nouveau Testament oppose ceci:
- L'apparition du grand séducteur de la fin des temps
(l'antichrist) se fera «par la puissance de Satan, avec tou-
tes sortes de miracles, de signes et de prodiges menson-
gers» (2 Th 2:9);
- «Mais les hommes méchants et imposteurs avanceront
toujours plus dans le mal, égarant les autres, et égarés
eux-mêmes» (2 Tm 3:13);
- «Plusieurs faux prophètes s'élèveront et ils séduiront
beaucoup de gens. Et parce que l'iniquité se sera ac-
crue, l'amour du plus grand nombre se refroidira» (Mt
24:11-12).
Les «prophéties» de ce genre risquent de discréditer l'auto-
rité et l'actualité de la Bible et d'ouvrir la voie à cette situa-
tion décrite dans le livre du prophète Jérémie:
«J'ai entendu ce que disent les prophètes qui prophétisent
en mon nom le mensonge, disant: J'ai eu un songe! j'ai eu
un songe! Jusqu'à quand ces prophètes veulent-ils pro-
phétiser le mensonge, prophétiser la tromperie de leur
coeur? Ils pensent faire oublier mon nom à mon peuple
par les songes que chacun d'eux raconte à son prochain,
comme leurs pères ont oublié mon nom pour Baal. Que le
prophète qui a eu un songe raconte ce songe, et que celui
qui a entendu ma parole rapporte fidèlement ma parole.
Pourquoi mêler la paille au froment? dit l'Eternel» (Jé
23:25-28).
Après avoir lu les ouvrages des auteurs de la troisième
vague, assisté, au moins partiellement, à des conférences et
discuté avec plusieurs responsables nationaux de ce mouve-
ment, je suis arrivé aux conclusions suivantes:
106
1. Les thèses de C.P. Wagner et J. Wimber à
propos des «signes et miracles»
et de r«évangélisation de puissance» ne résistent
pas à un examen biblique sérieux.
Les signes et les miracles ne sont pas automatiquement et
dans tous les cas des preuves infaillibles d'approbation divi-
ne. Le Nouveau Testament enseigne clairement que, dans les
derniers temps, de faux apôtres et le faux prophète (l'anti-
christ) opéreront des signes et des miracles afin de séduire
beaucoup de gens. Ces signes visibles influenceront la
«théologie» au point que les hommes ne croiront plus la
parole de Dieu mais s'attacheront aux mensonges (cf. Mt
24:24; 2 Th 2:9; Ap 13:13-14).
Au cours d'entretiens privés. John Wimber a récemment
montré qu'il a pris quelque distance avec ses principales thè-
ses sur l'évangélisation de puissance, telles qu'il les avait
précédemment exposées et propagées dans ses livres et dans
ses conférences.
Mais il a jusqu'ici refusé de faire connaître publiquement
son revirement de pensée, de telle sorte que ses opinions,
bien que désavouées ou relativisées entre temps, continuent
à faire des adeptes.
107
classique qu'en comptant sur un hypothétique «miracle»
lors de réunions de guérisons organisées par la troisième
vague.
Les signes et les miracles qui, dit-on, surpassent en nom-
bre et en éclat ceux du livre des Actes des apôtres, en fait
n'existent que sur le papier dans l'évangélisation de puis-
sance.
Il vaudrait mieux reconnaître qu'aujourd'hui, nous
n'avons pas l'autorité des apôtres et encore moins celle du
Seigneur. Faire croire que nous avons cette autorité occa-
sionne beaucoup de dégâts.
111
Celui qui, en dépit des faits précédents, considère la troi-
sième vague comme le plus grand réveil de toute l'histoire
de l'Eglise et parle de «la plus grande et étonnante moisson
d'âmes que l'Histoire ait jamais connue»15, montre bien
qu'il n'a étudié attentivement ni la Bible ni l'histoire des
réveils.
Dans sa préface du nouveau livre de R. Bonnke «Wenn
das Feuer fallt» (Quand le feu tombe), C.P. Wagner écrit:
«Seuls quelques ergoteurs à l'esprit borné osent encore
refuser de reconnaître le mouvement pentecôtiste et le
mouvement charismatique comme une oeuvre authen-
tique du Saint-Esprit, de laquelle tout le corps de Christ
peut et doit apprendre.»16
Mais quiconque a lu les ouvrages de C.P. Wagner sait que
celui-ci porte facilement des jugements à l'emporte-pièce
sans se soucier de la vérité. Il se peut, malgré tout, que ceux
qui ne sont pas d'accord de marcher la main dans la main
avec les adeptes de la troisième vague, soient de plus en plus
minoritaires et tournés en dérision comme des «ergoteurs à
l'esprit borné».
Les informations contenues dans ce livre n'arrêteront cer-
tainement pas la troisième vague! Le déferlement de celle-ci
sapera probablement encore le fondement biblique sous les
pieds de nombreux évangéliques.
Pourtant, j'invite instamment les sympathisants intègres
et sincères de ce mouvement à bien vouloir examiner les
doctrines et les pratiques de la troisième vague à la lumière
de la Bible et dans un esprit de prière. Ensuite ils se décide-
ront, sans aucun doute, pour un christianisme purement bi-
blique.
Je suis convaincu que, partout où des chrétiens reconnais-
sent toute la Parole de Dieu comme seule norme et suprême
autorité en matière de foi et de vie, et recherchent de toutes
leurs forces la gloire du Seigneur, le bien de son peuple et le
112
salut des perdus, Dieu peut susciter, au milieu de l'apostasie
générale, un réveil produit par le Saint-Esprit et portant ses
fruits.
113
L'alternative biblique
Ce qui précède a mis en évidence des égarements au sein de
la chrétienté; hélas, certaines fausses doctrines ont parfois
pour origine l'infidélité et les inconséquences des enfants de
Dieu. L'histoire du peuple d'Israël, dans l'Ancien Testa-
ment, est là pour rappeler que l'infidélité, la désobéissance
et l'idolâtrie entraînaient les défaites, la sécheresse et les épi-
démies. Dans 2 Ch 7:13, Dieu déclare à Salomon:
«Quand je fermerai le ciel et qu'il n'y aura point de pluie,
quand j'ordonnerai aux sauterelles de consumer le pays,
quand j'enverrai la peste parmi mon peuple, si mon peuple sur
qui est invoqué mon nom s'humilie, prie et cherche ma face,
s'il se détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des
cieux, je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays.»
Lorsque Dieu châtie ainsi son peuple en empêchant que
poussent les produits de la terre, en livrant aux sauterelles la
nourriture restante et en envoyant la peste, ce terrible fléau,
pour décimer le peuple, il le fait dans le but de ramener les
Israélites à la raison, à l'humilité et à la repentance.
Toute détresse, toute maladie spirituelle au sein du peuple
de Dieu est donc un châtiment de Dieu, qui doit nous pous-
ser à la repentance.
Certains développements doctrinaux au sein du christia-
nisme en général et des «trois vagues» en particulier, de-
vraient nous convaincre de la nécessité de procéder à un
examen personnel, honnête et sérieux. Il est possible que ces
mouvements n'eussent jamais vu le jour, si nous n'avions
pas négligé certaines doctrines importantes du Nouveau
Testament et méprisé les exhortations claires du Seigneur.
Ce fait nous interdit de porter un jugement sur nos frères et
soeurs du mouvement charismatique en nous cantonnant
dans une attitude de propre justice et d'auto-satisfaction.
L'histoire du mouvement pentecôtiste et du mouvement
114
charismatique nous oblige à nous poser quelques questions
que nous ne voulons pas esquiver. Je voudrais, dans les
pages qui suivent, énumérer et commenter brièvement quel-
ques-uns des thèmes bibliques que nous sommes coupables
d'avoir négligés.
L'adoration
Il est malheureux et regrettable que ce soit le mouvement
charismatique qui ait dû attirer l'attention des évangéliques
sur ce qui est, à la fois, une exigence fondamentale de Dieu
et la pièce maîtresse de notre vie spirituelle. Certes, il existe
aussi des milieux dits «non charismatiques» qui accordent
une grande place à l'adoration de Dieu dans leurs cultes.
Mais, même dans ces communautés, on a une fausse idée de
l'adoration; on pense avoir adoré Dieu quand on s'est réuni
une heure dans la semaine pour prier et chanter des can-
tiques abordant plus ou moins le thème de l'adoration.
Le culte, ou service religieux, n'est pas, comme on le pen-
se trop souvent dans les milieux évangéliques, l'occasion pour
Dieu de «nous servir» une prédication. C'est nous qui servons
Dieu, c'est nous qui lui rendons un culte en lui offrant notre
vie, en le louant, en l'adorant et en lui rendant grâces du plus
profond de notre coeur, par nos lèvres et par nos mains.
Dans sa première épître, Pierre nous décrit comme des
prêtres à la fois «royaux» et «consacrés à Dieu», qui exer-
cent donc un double sacerdoce:
1. Notre état de prêtres saints définit notre vocation envers
Dieu. Nous devons lui offrir:
- des sacrifices spirituels (1 P 2:5);
- le fruit de nos lèvres (He 13:15): louange, reconnaissance
adoration;
- le sacrifice de nos corps (Rm 12:1 -2).
115
«Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de
Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint,
agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte rai-
sonnable» (Rm 12:1).
2. Notre rôle de rois-prêtres définit notre mission envers les
hommes:
- l'annonce de l'évangile (1 P 2:9; Rm 15:16);
- la bienfaisance et l'entraide (He 13:16) à l'égard des
nécessiteux;
- l'assistance aux personnes dans la détresse et la solitude
(Je 1:27).
Il est manifeste que nous avons négligé notre premier devoir
envers Dieu et que les milieux charismatiques insistent
beaucoup sur l'adoration, même si ce qu'on appelle géné-
ralement «adoration» est souvent très différent de ce que la
Bible entend par ce mot. L'adoration n'est certainement pas
une ambiance religieuse que l'on crée à coups de «musique
d'adoration», de «danses d'adoration» sous l'animation
d'une «équipe d'adoration»! Adorer véritablement, c'est
reconnaître qui est Dieu; l'adoration jaillit du coeur et de la
façon de vivre de celui qui a pris conscience de la grandeur
et de la splendeur de Dieu.
116
liques ont à leur tête un pasteur ou un prédicateur «con-
sacré» ou laïque qui doit incarner tous les dons spirituels. Y
a-t-il un seul verset biblique qui justifie cette pratique? Les
mouvements des «trois vagues» font une grande place au
thème des dons spirituels. De nombreux ouvrages ont été
écrits pour apprendre aux chrétiens à découvrir leurs dons et
à les développer. Même s'il faut souligner avec raison que
ces mouvements prônent souvent les dons spectaculaires et
négligent les autres, il n'en reste pas moins qu'ils ont remis à
l'honneur la question des charismes, alors que, dans de nom-
breux milieux non charismatiques, ce sujet est généralement
passé sous silence.
117
(Tite 1:10-11). Dans ce domaine aussi, il est très important,
pour une vie communautaire saine, que nous nous laissions
guider par la Parole de Dieu et que nous apprenions à discer-
ner lucidement et bibliquement, les directives de l'Esprit.
118
i
«Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la
patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la
maîtrise de soi» (Ga 5:22).
Un chrétien rempli de l'Esprit manifestera, par sa vie, les
caractéristiques du Saint-Esprit:
«Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il
vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de
lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il
vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, car il
prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera» (Jn
16:13-14).
De nombreux chrétiens, jeunes et moins jeunes, aspirent à
mener une vie dynamique parce que remplie de l'Esprit.
Cette vie leur est apparemment proposée de manière
attrayante par les charismatiques, bien que ces derniers con-
fondent souvent «plénitude de l'Esprit» avec «enthousias-
me». La question posée est de savoir si ces frères charisma-
tiques voient réellement en nous l'action du Saint-Esprit.
Dans ce domaine, nous avons certainement tous à nous frap-
per la poitrine pour notre tiédeur, notre médiocrité et notre
peu de spiritualité. La Bible dans une main et le droit dans
l'autre, nous sommes capables de dévoiler maintes incom-
préhensions et fausses doctrines charismatiques sur le Saint-
Esprit mais toute notre argumentation restera sans effets, si
notre façon de vivre n'offre pas une alternative biblique atti-
rante et convaincante.
119
L'amour envers Jésus-Christ
L'amour pour le Seigneur ne saurait se dissocier de la pléni-
tude de l'Esprit. Un chrétien rempli de l'Esprit au sens bibli-
que du terme ne parle pas beaucoup du Saint-Esprit et enco-
re moins de lui-même; il parle volontiers de Jésus-Christ
qu'il aime et qui remplit sa vie. Comme un jeune homme
amoureux saisit toutes les occasions pour orienter la conver-
sation sur la jeune fille qui remplit son coeur de bonheur et
dont il est épris, de même nous devrions avoir pour le Sei-
gneur un amour qui irradie notre visage. Mais où trouve-t-on
aujourd'hui des chrétiens, de fraîche date ou d'expérience,
qui n'ont pas encore perdu leur «premier amour»? Lequel
d'entre nous, à la question: «M'aimes-tu?» que le Seigneur a
posée à Pierre, pourrait répondre comme l'apôtre:
«Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime»
(Jn 21:17)?
Que de fois nous citons 1 Co 13! Que de sermons nous
avons entendus sur le reproche adressé à l'église d'Ephèse
(Ap 2:4)! Mais combien de fois nous sommes-nous vraiment
et profondément repentis pour notre indifférence à l'égard
de celui qui a sacrifié sa vie pour nous? Il intercède continu-
ellement en notre faveur et recherche l'amour de son épouse
à qui il a tout donné. Celle-ci semble, hélas, porter plus
d'intérêt à d'autres personnes et à d'autres choses qu'à son
céleste époux. Les grandes campagnes d'évangélisation, un
travail social exemplaire et le combat pour maintenir la saine
doctrine ne doivent pas nous faire oublier l'essentiel
qu'attend Christ de son Eglise: un coeur aimant.
L'étude de la Bible
Pour grandir dans une foi saine et avoir l'énergie nécessaire
à nos devoirs de chrétiens, il nous faut aimer profondément
120
la Parole de Dieu et être avide de l'étudier. Malgré tous les
cours dispensés, les séminaires organisés et les sessions
ouvertes à tous dans les écoles et instituts bibliques, recon-
naissons que notre connaissance de la Bible est très, très
limitée. Nous devrions prier ardemment pour que Dieu sus-
cite des hommes remplis de l'Esprit, capables d'expliquer
les Ecritures et d'en dévoiler les incomparables richesses.
Une solide connaissance biblique constitue une digue sûre
contre la marée montante des fausses doctrines et des héré-
sies. Le mouvement charismatique et, malheureusement
aussi, une grande partie des évangéliques, pèchent par le fait
qu'ils tolèrent dans leur sein une théologie libérale et cri-
tique à l'égard de la Bible. On peut donc craindre qu'à la
longue, ne se développe un christianisme qui n'aura plus
grand-chose de commun avec le christianisme néotestamen-
taire mais qui s'identifiera de plus en plus à une «vague reli-
gieuse». Georg Huntemann l'a très bien décrit dans son étu-
de sur Bonhoeffer:
121
sances, elle insiste sur les événements spectaculaires, qui
restent néanmoins des produits de consommation instan-
tanée et n'ont, par conséquent, qu'une valeur très relative
pour le cours de la vie, ne revêtant aucune signification
pour le monde moderne. La nouvelle vague religieuse con-
sidère la religion comme un produit de consommation. El-
le se révèle comme un moyen de salut égoïste. Que cette
religion n'ait rien, mais vraiment rien de commun avec le
christianisme, ressort du fait que le Nouvel-Age propose,
pour répondre à la demande de ce marché du «besoin reli-
gieux», des religions radicalement différentes, des pra-
tiques orientales de méditation et des mythologies.»1
Pour être préservé d'un tel danger, il faut rester fermement
attaché à l'autorité des Ecritures, les étudier régulièrement et
dans une attitude de prière. Elles seules nous éclaireront sur
toutes les questions de foi et de vie pratique, et nous don-
neront la force nécessaire pour mener une vie conséquente,
centrée sur Dieu et non sur nous-mêmes.
La prière
«Il faut avoir une vie de prière intense.» Tel est le slogan que
nous brandissons tous. En effet, depuis notre plus tendre
enfance, nous savons que la prière est la clé du réveil. Pour-
tant, si quelque chose caractérise notre vie spirituelle per-
sonnelle et communautaire, c'est bien notre pauvreté et nos
lacunes dans ce domaine! C'est par là que devrait commen-
cer notre revirement. Les temps ont beau être difficiles, et
l'ombre de l'antichristianisme a beau se profiler de plus en
plus nettement, chaque fois que des églises reconnaissent
sincèrement leurs manquements et leur responsabilité, Dieu
suscite un réveil car il est fidèle à sa Parole. Si nous nous
abandonnons à lui, nous constaterons qu'il accomplit tou-
jours ses promesses.
122
Style de vie modeste
Si les propagateurs de l'évangile de la prospérité attirent le
regard de l'homme sur lui-même, sur les choses de la terre,
la considération, le succès et la puissance, nous devrions,
quant à nous, prouver par notre mode de vie simple l'hon-
neur de qui nous recherchons et où s'attache notre coeur.
«Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur» (Le
12:34).
Que la manière dont nous menons notre vie quotidienne
soit un appel à la repentance, silencieux mais incontourna-
ble, cela, même si se multipliaient les voix de ceux qui cri-
tiquent l'absence d'ambition de l'église, qui considèrent cet-
te attitude comme «négative» et qui rêvent de la «domina-
tion du monde».
«Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées. Et
vous, soyez comme des hommes qui attendent que leur
maître revienne des noces...» (Le 12:35-36).
123
vivante en Jésus-Christ et entrent dans l'église, elles lui
apportent un sang nouveau, bienfaisant à tous points de vue.
Une église dans laquelle s'opèrent de nombreuses conver-
sions est protégée contre le conformisme et contre la sclérose.
Les jeunes croyants qui ne s'attachent pas à une piété tradi-
tionnelle particulière, obligent les aînés à se remettre en ques-
tion et à réfléchir à la forme de leur propre piété. Une église
qui est activement engagée dans l'évangélisation risque
moins de se perdre dans les dédales de la spéculation théolo-
gique. Le travail d'évangélisation l'oblige à coller à la réa-
lité quotidienne et maintient ses membres dans l'humilité.
Cela reste le meilleur rempart contre le perfectionnisme et le
légalisme.
Il ne s'agit pas essentiellement d'organiser de grandes
campagnes d'évangélisation mais de développer, parmi les
membres de l'église, une façon naturelle d'évangéliser ceux
qui vivent dans leur entourage immédiat. Cette evangélisa-
tion par le moyen des contacts personnels est particulière-
ment nécessaire et efficace aujourd'hui.
124
et rétribués par une société missionnaire procède de bonnes
intentions et présente de nombreux avantages, mais elle ne
correspond pas à la pratique et à l'enseignement du Nouveau
Testament. Un ouvrier du Seigneur est, avant tout, respon-
sable vis-à-vis du Maître qui l'a envoyé dans son champ. Il
ne doit en aucun cas se rendre dépendant des hommes, ni
pour ce qui est de son service ni pour ce qui est de la maniè-
re dont il l'accomplit. Cela ne signifie pas qu'il échappe à
tout contrôle biblique justifié, sous prétexte qu'il est «libre»
à l'égard des hommes.
Le deuxième principe est celui de la responsabilité de l'é-
glise: celle-ci doit reconnaître ceux que le Seigneur a qualifiés,
elle doit les encourager, les aider à développer harmonieuse-
ment leurs dons, les corriger et les soutenir. L'église peut
avertir et reprendre un ouvrier du Seigneur, elle peut expri-
mer des voeux et faire des recommandations, mais elle ne doit
jamais s'interposer entre le serviteur et son Maître. Elle n'a le
droit et le devoir d'intervenir et de pratiquer la discipline
ecclésiastique, à l'encontre d'un serviteur de Dieu, qu'en cas
de déviation doctrinale ou de grave péché contre la morale.
De son côté, l'ouvrier n'a aucun droit à revendiquer la recon-
naissance de ses dons ou son soutien financier si, pour quel-
que raison que ce soit, celui-ci lui faisait défaut. L'église peut
se ranger derrière un serviteur de Dieu, lui imposer les mains
(Ac 13:3) et s'identifier à lui dans son travail. Mais elle peut
aussi adopter une position d'attente et laisser ainsi au candi-
dat l'occasion de manifester ses aptitudes. Elle peut encore
refuser de reconnaître l'appel d'un frère et, par conséquent,
également refuser de le soutenir, préférant laisser à Dieu le
soin de s'occuper de son serviteur. Il ne faudrait jamais que
des questions financières ou des liens administratifs soient un
obstacle sur le chemin de celui qui veut répondre à l'appel de
Dieu. Inversement, il ne faut pas non plus qu'une église se
sente obligée de soutenir un ouvrier dont la vocation et les ap-
titudes sont sujettes à caution. Il n'est certes pas facile de re-
venir à une pratique plus saine et plus biblique. Cela aurait
125
l'avantage pourtant de nous faire mieux prendre conscience
de notre propre responsabilité, de nous obliger à prier avec
plus de ferveur pour être conduits par Dieu dans notre servi-
ce, et donc de faire ainsi des expériences bénéfiques dans le
domaine de la foi. La plupart des pionniers et des prédicateurs
de réveils ont accompli leur mission non sur l'ordre d'une
société missionnaire ou d'une église mais en obéissance à un
ordre qu'ils avaient clairement reçu de Dieu. C'est pourquoi
ils ont expérimenté des délivrances extraordinaires, ce qui,
hélas, n'est pas notre cas.
Evidemment, lorsque l'église ne lui accorde pas sa confi-
ance, le serviteur de Dieu devrait se demander sérieusement
s'il a réellement reçu un appel du Seigneur et, si tel n'est pas
le cas, accepter avec reconnaissance toute mise en garde.
Quand l'ouvrier et l'église sont dans de bonnes dispositions
spirituelles à l'égard du Seigneur et l'un vis-à-vis de l'autre,
ils travaillent harmonieusement ensemble, et le Seigneur
bénit cette collaboration.
Jim Elliot, un jeune missionnaire assassiné par les Aucas
en 1956, écrivit dans son agenda cette phrase particulière-
ment appropriée à notre contexte:
«Ne te mets pas, vis-à-vis d'autrui ou vis-à-vis d'un grou-
pe, dans une situation telle que ceux-ci pourraient te pres-
crire ta conduite dans des circonstances où tu sais perti-
nemment que seul un examen personnel devant Dieu te
permettrait de prendre une décision sage. Ne permets
jamais à une organisation humaine de te dicter la volonté
de Dieu.»2
127
Appendice 1 - Ce que la Bible dit
1. Sur le «baptême dans l'Esprit»
Il est important de faire remarquer que l'expression «baptê-
me de (ou dans) l'Esprit» ne se trouve nulle part dans les
Ecritures: celles-ci mentionnent cependant le fait d'être
«baptisé dans l'Esprit» et «baptisé d'Esprit».
Sur les sept mentions de ces mots ainsi associés, quatre sont
de la bouche de Jean-Baptiste:
En résumé:
1. L'expression «baptême de ou dans l'Esprit» n'apparaît
pas dans la Bible.
2. La Parole de Dieu ne parle pas d'une «deuxième expéri-
ence» ou d'une «deuxième bénédiction» qu'elle nomme-
rait «baptême de l'Esprit».
3. Beaucoup d'hommes et de femmes des mouvements de
réveil, des mouvements de guérison et des groupes de vie
communautaire ont connu une expérience spirituelle pro-
fonde après leur conversion, expérience qu'ils qualifient
malheureusement de «deuxième bénédiction» ou de
«baptême de l'Esprit».
4. Quiconque croit au Seigneur Jésus est ajouté au corps de
Christ, il est scellé du Saint-Esprit (Ep 1:13) et son corps
devient le «temple du Saint-Esprit» (1 Co 6:19).
5. Tous les passages bibliques relatifs au baptême dans le
Saint-Esprit concernent la première Pentecôte, ce
moment unique de l'Histoire où les croyants ont été ras-
semblés en un seul corps; depuis lors, ce corps est la
«demeure» ou le «temple» (1 Co 3:16) du Saint-Esprit.
Ouvrages recommandés:
A. Kuen: «Le Saint-Esprit: baptême et plénitude», éditions
130
Emmaùs. (Bien qu'étant en désaccord avec son auteur sur
quelques points, je recommande vivement la lecture de cet
ouvrage.)
John Stott: «Du baptême à la plénitude». Editions Emmanuel.
Ralph Shallis: «Le miracle de l'Esprit», Editions Telos.
2. Le parler en langues
Il faut remarquer d'emblée que dans tous les passages bibli-
ques où il est question de parler en langues, il s'agit de lan-
gues ayant cours et non d'un balbutiement incompréhensible
ou d'une succession de sons inintelligibles. Il est important
de rappeler à ce propos le grand principe biblique qu'«aucun
passage de l'Ecriture ne peut faire l'objet d'une interpréta-
tion personnelle». On ne peut comprendre généralement le
sens d'une expression biblique qu'en examinant où et dans
quel contexte elle intervient pour la première fois. Genèse
11:1-9 montre clairement que la multiplicité des langues est
le résultat d'un jugement divin porté contre l'orgueil de
l'homme. Dans un certain sens, le parler en langues men-
tionné dans le Nouveau Testament annule cette malédiction.
Dans l'Ancien Testament, nous ne trouvons qu'un texte pro-
phétique relatif au parler en langues, et Paul le cite dans 1 Co
14:21-22:
133
mieux adorer Dieu, serait plus efficace pour l'intercession
ou permettrait de puiser des forces insoupçonnées. De telles
affirmations sont absurdes. En effet, d'après les Ecritures,
un don spirituel ne change en rien notre relation avec Dieu
car il est accordé «en vue du bien commun» des saints et
pour l'édification du corps de Christ (1 Co 12:7; 14:4, 26).
S'il n'en était pas ainsi, celui qui ne possède pas ce don
serait défavorisé dans sa relation avec Dieu. Or, dans aucune
épître pastorale - ces lettres qui traitent surtout de la vie spi-
rituelle du croyant et de la communion vécue avec le Sei-
gneur -, il n'est fait mention une seule fois du parler en lan-
gues. Alors, quand on dit que celui qui parle en langues pré-
sente un meilleur «psychogramme», c'est-à-dire un meilleur
tracé psychique, que d'autres chrétiens (je connais aussi le
cas contraire!), cela pourrait tout au plus s'expliquer psychi-
quement, mais pas du tout bibliquement.
En résumé:
1. Aucun passage du Nouveau Testament n'enseigne que le
don du parler en langues soit un signe ou le sceau du
«baptême de l'Esprit».
2. 1 Co 14 envisage le parler en langues comme un signe
pour ceux qui ne croient pas. Désormais, la bonne nou-
velle du salut est accessible aux hommes de toutes na-
tions et de toutes langues; elle n'est plus limitée au seul
peuple d'Israël.
3. Le parler en langues constitue aussi un signe du jugement
de Dieu contre les Juifs incrédules (1 Co 14:21).
4. Aucun texte biblique ne vient étayer les affirmations que
le parler en langues est un moyen de mieux prier, qu'il est
le «langage des anges» ou qu'il permet de puiser à des
134
sources d'énergie spirituelle. La nature et l'oeuvre du
Saint-Esprit qui ne déconnecte jamais notre intelligence
(1 Co 14:19, 20, 32), ainsi que la nature et le but des dons
spirituels s'inscrivent en faux contre de telles assertions.
Ouvrages recommandés:
R. Shallis: «Le miracle de l'Esprit», Editions Telos.
R. Shallis: «Le don de parler diverses langues», Editions
Centre Biblique, 46500 Gramat, 1982.
136
Pour ce qui est des maladies qui résultent d'un péché ina-
voué, nous devons appliquer la recommandation de Je 5:15-
16. Un tel péché doit être confessé afin que la guérison puis-
se intervenir. «Confessez vos péchés les uns aux autres et
priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La
prière agissante du juste a une grande efficacité» (Je 5:16).
Mais si, après un examen attentif, nous ne découvrons aucun
péché particulier qui puisse expliquer notre maladie, nous
devons demander à Dieu la force de pouvoir le glorifier et de
supporter patiemment l'épreuve.
137
étaient pour lui aussi une détresse...» Le Seigneur a donc
souffert des conséquences visibles du péché. La compassion
qu'il a éprouvée et la peine qu'il a partagée n'ont rien à voir
avec la substitution ou avec l'expiation. Bien que le Seigneur
soit mort sur la croix pour les péchés du monde (Jn 1:29; 1 Jn
2:2), préparant ainsi le jour où la malédiction du péché - avec
la maladie et la mort comme conséquences - sera définitive-
ment effacée, la «rédemption de notre corps» (Rm 8:23) est
encore à venir; notre corps est encore «misérable» (Ph 3:21),
«mortel» (Rm 8:11) et en voie de «destruction» (2 Co 4:16).
Le propre vécu des guérisseurs dément leur enseignement. La
plupart d'entre eux portent des prothèses dentaires ou des
lunettes, et sentent bien que les conséquences du péché n'ont
pas entièrement été éradiquées de leur corps.
En résumé:
1. La maladie et la mort sont la conséquence de la chute.
2. La maladie peut être la conséquence d'un péché particu-
lier, mais elle ne l'est pas toujours.
3. Dieu peut guérir de manière surnaturelle; il peut aussi se
servir des médecins et des traitements médicaux. Un
Evangile et le livre des Actes ont été écrits par Luc, «le
médecin bien-aimé» (Col 4:14).
4. Le Nouveau Testament mentionne plusieurs croyants
fidèles qui ont été malades et n'ont pas été guéris par des
procédés surnaturels. Tous les exemples de malades
guéris miraculeusement concernent des gens qui n'étaient
pas croyants.
5. Nous pouvons et devons prier pour les malades, mais
nous ne pouvons nous appuyer sur aucune promesse bi-
138
blique formelle qui nous garantirait la santé physique et
la guérison.
6. Il faut considérer comme non biblique la doctrine selon
laquelle nous pourrions revendiquer, au même titre que la
rédemption, la guérison «par la foi», car nous attendons
encore la rédemption de notre corps (Rm 8:23).
7. Nous devons considérer toute méthode de guérison qui
s'appuie sur la «visualisation», sur la «puissance de la
parole exprimée» etc., comme une méthode occulte et
non biblique et, par conséquent, la rejeter.
- Ac9:17
Ananias impose les mains à Paul: celui-ci recouvre alors
la vue et est rempli du Saint-Esprit. Par cette imposition
des mains, Ananias devait attester que l'ancien persécu-
teur des chrétiens était devenu leur frère en Christ.
- Ac 13:3
Les prophètes et les docteurs d'Antioche imposent les
mains à Paul et à Barnabas avant que ceux-ci n'entre-
prennent leur premier voyage missionnaire en Europe.
Par ce geste, ils expriment leur plein accord, leur soutien
et leur communion avec les deux apôtres.
141
- Ac 19:6
Après avoir baptisé les douze disciples de Jean-Baptiste,
Paul leur impose les mains et ceux-ci reçoivent le Saint-
Esprit. L'imposition des mains doit attester visiblement
l'unité des groupes autrefois séparés. Désormais, ces
hommes ne sont plus des disciples de Jean-Baptiste mais
des disciples de Jésus.
c. L'imposition des mains dans les épîtres
L'imposition des mains n'est mentionnée que dans les deux
lettres à Timothée.
«Ne néglige pas le don qui est en toi, et qui t'a été donné
par prophétie avec l'imposition des mains de l'assemblée
des anciens» (1 Tm 4:14).
«N'impose les mains à personne avec précipitation, et ne
participe pas aux péchés d'autrui» (1 Tm 5:22).
«C'est pourquoi je t'exhorte à ranimer la flamme du don
de Dieu que tu as reçu par l'imposition de mes mains»
(2 Tm 1:6).
Timothée avait donc reçu un don par l'imposition des mains
de l'apôtre Paul, don reconnu ou confirmé par l'imposition
des mains des responsables de l'Eglise. A ma connaissance,
c'est le seul exemple d'un don spirituel communiqué par
l'imposition des mains d'un apôtre.
Timothée est d'ailleurs vivement exhorté à ne pas impo-
ser trop hâtivement les mains à qui que ce soit, c'est-à-dire à
ne pas trop rapidement reconnaître officiellement les dons
ou le ministère de quelqu'un et de ne pas s'identifier à lui
par l'imposition des mains. Il risquerait de se tromper et de
participer ainsi au péché d'autrui.
Tous les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament qui
parlent de l'imposition des mains, montrent donc que ce
142
geste symbolise la communion, l'identification ou le trans-
fert. Il n'y a aucun verset qui nous commande d'imposer les
mains en vue de la guérison, de la communication de dons
spirituels ou de la bénédiction. Au contraire, la Parole de
Dieu nous met en garde contre toute légèreté dans ce domai-
ne: à vouloir imposer les mains trop vite, on peut se rendre
coupable de péchés.
d. Expériences tirées de la relation d'aide
Il est établi que certains chrétiens, à qui on a imposé les
mains, ont sombré ensuite dans la dépression ou ont nourri
des pensées impures. D'autres ont perdu le goût de la prière
ou de la lecture biblique. D'autres encore ont été victimes de
pensées obsessionnelles et, lorsqu'ils priaient, ils ne pou-
vaient s'empêcher de voir devant eux la personne qui leur
avait imposé les mains. Ces exemples, et bien d'autres encore,
soulignent le danger réel lié à une mauvaise compréhension
et à une mauvaise pratique de l'imposition des mains; ce
geste peut soumettre une personne à des influences et des
puissances mauvaises et démoniaques. C'est surtout le cas
lorsque l'imposition des mains est pratiquée, non pour
reconnaître officiellement le ministère de quelqu'un ou pour
s'identifier à lui, mais pour lui communiquer des «énergies».
L'avertissement de Paul de ne pas imposer trop vite les
mains à quelqu'un reste valable pour notre temps; il signifie
aussi que nous devons être très prudents et refuser de nous
laisser imposer les mains à la légère.
En résumé:
1. L'imposition des mains est une pratique biblique, attestée
dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament.
2. En comparant les différents passages bibliques, on
s'aperçoit qu'imposer les mains, c'est déclarer être en
143
communion avec quelqu'un, s'identifier à lui ou lui
reconnaître un ministère particulier. Dans quelques cas
du livre des Actes, l'imposition des mains - signe de
reconnaissance et d'identification - est suivie de la récep-
tion du Saint-Esprit.
3. Deux passages bibliques font suivre l'imposition des
mains d'un bien-être corporel (Me 16:18) et de la com-
munication d'un don spirituel (2 Tm 1:6). Comme il
s'agit, dans les deux récits, d'une imposition des mains
pratiquée par un apôtre, on peut considérer que ces cas ne
sont pas applicables à notre époque. Les épîtres du Nou-
veau Testament n'exhortent jamais à imposer les mains
mais plutôt à faire preuve de beaucoup de retenue dans ce
domaine (1 Tm 5:22).
4. La pratique contemporaine d'imposer les mains, pour
guérir, communiquer des dons spirituels ou de la puis-
sance, doit être dénoncée comme étant non biblique.
5. Parfois, l'imposition des mains aboutit à des résultats
comparables à ceux de certaines pratiques occultes de
guérison. Cette constatation incite à la prudence et à la
vigilance.
144
ils vacillent en rendant la décision»). Dieu leur annonce qu'ils
trébucheront à la renverse et se briseront, et qu'ils seront pris
au piège et capturés (Es 28:13). Même ceux qui voulurent se
saisir de Jésus «eurent un mouvement de recul et tombèrent
par terre» (Jn 18:6), après que le Fils de Dieu eut dit: «C'est
moi». Dieu montrait ainsi leur impuissance.
Les personnes qui, saisies par la splendeur et la sainteté
de Dieu, tombent par terre en adorant, tombent toujours sur
leur face et non sur le dos. Ils cachent leur visage devant la
gloire du Seigneur ou se voilent la face:
Abram:
«Abram tomba sur sa face; et Dieu lui parla, en disant...»
(Gn 17:3).
Moïse:
«Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu»
(Ex 3:6).
Le peuple d'Israël:
«Tout le peuple le vit; ils poussèrent des cris de joie, et se
jetèrent sur leur face» (Lv 9:24).
Balaam:
«.. il s'inclina, et se prosterna sur son visage» (Nb 22:31).
Elie:
«Quand Elie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son man-
teau et sortit...» (1 R 19:13).
Ezékiel:
«A cette vue, je tombai sur ma face...» (Ez 1:28).
Daniel:
«Comme il me parlait, je restai frappé d'étourdissement, la
face contre terre» (Dn 8:18). 145
Le lépreux guéri:
«Il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, et lui rendit grâces»
(Le 17:16).
Les anges, les anciens et les quatre êtres vivants:
«Ils se prosternèrent sur leur face devant le trône, et ils
adorèrent Dieu...» (Ap 7:11).
Paul envisage même la possibilité pour un non-croyant,
entré dans une assemblée de chrétiens, d'être à ce point con-
vaincu par l'Esprit de Dieu que «tombant sur sa face, il ado-
rera Dieu, et publiera que Dieu est réellement au milieu de
vous"»(l Co 14:25).
Ces quelques versets montrent qu'en présence de Dieu,
les gens tombent sur leur face et non, comme dans de nom-
breuses réunions charismatiques, sur leur dos où ils se
retrouvent parfois dans des attitudes si indécentes que des
chrétiennes sont requises pour rabattre les jupes et les robes
de celles qui sont tombées à la renverse. Cela est-il nécessai-
re là où l'Esprit Saint agit?
Dans un article intitulé «Comment justifier bibliquement
le fait de tomber à la renverse?», A. Seibel révèle un aspect
qu'il est bon de rappeler dans le contexte de notre étude:
«Le diable "singe" Dieu et agit souvent à l'inverse du
Saint-Esprit. Il est notoire que, dans les milieux sataniques,
les autels sont souvent formés par des personnes (générale-
ment des femmes) couchées sur le dos. Elles montrent ainsi
leur nudité devant Dieu. Dans l'Ancien Testament, on ne
devait jamais gravir des marches pour monter à l'autel: "Tu
ne monteras pas à mon autel par des marches, afin que ta
nudité ne soit pas découverte" (Ex 20:26). L'homme qui,
devant Dieu, tombe sur sa face, cache sa nudité. Celui qui
tombe sur son dos la découvre. C'est l'esprit de l'adversaire
qui encourage les gens à dévoiler leur nudité (Ap 16:15);
cela n'a jamais été et ne sera jamais l'oeuvre du Saint-
Esprit.»5
146
Résumé
1. Le «repos dans l'Esprit», tel qu'il est pratiqué, ne trouve
aucune justification biblique. Au contraire, les quelques
exemples de personnes qui sont tombées à la renverse ont
tous une connotation négative, et évoquent un jugement
de Dieu.
2. Si ce phénomène n'est pas produit par l'Esprit de Dieu,
on peut l'imputer:
- aux effets de l'autosuggestion, de la manipulation ou de
la dynamique de groupe,
- à un désir conscient de "spectaculaire", et cela relève
donc de la malhonnêteté,
- à des puissances occultes qui profitent de la passivité de
l'homme pour le maîtriser et le contrôler. Il convient cer-
tes d'être très prudent et de ne pas parler trop rapidement
de possession lorsque des gens tombent à la renverse. Mais
on peut cependant penser que Satan tire aussi avantage des
lois de la suggestion et de la dynamique de groupe.
On sait que le premier grand réveil, en Allemagne, fut
déclenché par la lecture d'un écrit de Spener, «Pia deside-
ria», qui commence par cette citation du prophète Jérémie:
«Oh! Si ma tête était remplie d'eau, si mes yeux étaient
une source de larmes, je pleurerais jour et nuit les morts
de la fille de mon peuple!» (Je 8:23).
Aujourd'hui, on ne pleure pas sur ceux que l'Esprit «terras-
se»; au contraire, on en fait un signe de l'action bénéfique du
Saint-Esprit. N'est-ce pas la preuve que nous sommes loin
d'un réveil vraiment biblique?
147
Ouvrage recommandé:
A. Seibel: «Die sanfte Verfiihrung der Gemeinde» (L'insi-
dieuse séduction de l'Eglise), publié par la société évangéli-
que de Wuppertal.
6. L'évangile de la prospérité
Sommes-nous au bénéfice de la bénédiction promise à Abra-
ham?
Vouloir inclure le bien-être matériel dans les bénédictions
du Nouveau Testament, c'est démontrer qu'on n'a pas com-
pris l'essence de l'évangile. Le peuple de Dieu de l'ancienne
alliance pouvait, lui, s'appuyer sur des promesses de pros-
périté matérielle liées à la possession du pays de Canaan. La
richesse, la santé, une longue vie, une postérité nombreuse et
la victoire sur les ennemis étaient des signes de la bénédiction
divine, tandis que la pauvreté, les mauvaises récoltes, la ma-
ladie et la stérilité étaient les preuves d'un châtiment de Dieu.
Il n'en est plus de même pour l'Eglise, le peuple de la nou-
velle alliance, qui met l'accent sur les bénédictions spirituelles
et célestes. Notre richesse, c'est la personne de Jésus-Christ.
«Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les
lieux célestes en Christ» (Ep 1:3).
Certes, Dieu a aussi promis de pourvoir à notre nourriture, à
notre vêtement et à tout ce qui est nécessaire à notre vie
quotidienne, si nous cherchons d'abord son royaume et sa
justice (Le 12:31). Dans Ep 6:1-2, le commandement d'ho-
norer son père et sa mère est accompagné de la promesse
d'une vie longue et heureuse.
Mais il ne faut pas confondre bonheur et prospérité! Con-
trairement au peuple de l'Ancien Testament qui devait ten-
148
dre vers la possession du pays promis, nous sommes exhor-
tés, nous, à détourner notre regard des biens d'ici-bas pour le
fixer sur notre héritage céleste:
«Si donc vous êtes ressuscites avec Christ, cherchez les
choses d'en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu.
Attachez-vous aux choses d'en haut, et non à celles qui
sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est
cachée avec Christ en Dieu» (Col 3:1-3).
Tout ce qui, avant sa conversion, était pour lui avantageux et
signe de bien-être, Paul le considéra ensuite comme une per-
te, à cause de Christ:
«Mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai
regardées comme une perte, à cause de Christ. Et même
je regarde toutes choses comme une perte à cause de
l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon
Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout; je les regarde
comme de la boue, afin de gagner Christ...» (Ph 3:7-8).
Paul n'hésitait pas à qualifier d'«ennemis de la croix» ceux
dont les pensées étaient orientées vers les choses de la terre
(Ph 3:18). C'est cette prise de conscience d'avoir été comblés
de bénédictions spirituelles et célestes qui a poussé des chré-
tiens, dès les temps apostoliques et à travers toutes les époques
de réveil, à se détacher des biens matériels pour subvenir aux
besoins des missions ou des nécessiteux. Ils avaient compris ce
qu'étaient les richesses de Christ, et, comparés à celles-ci, les
biens de ce monde avaient perdu tout leur attrait et leur influ-
ence. A l'image du modèle suprême, Jésus-Christ, les chré-
tiens se réjouissaient de vivre dans la simplicité, voire dans la
pauvreté. Ils jouissaient, comme l'a déclaré Hudson Taylor,
«du luxe d'avoir peu de choses qui causent des soucis.»
S'imaginer ne pouvoir honorer Dieu que dans des édifices
somptueux, c'est méconnaître le sens véritable de la maison
149
de Dieu du Nouveau Testament, ou l'avoir oublié. La maison
de Dieu n'est pas constituée de magnifiques vitraux ou de
superbes blocs de marbre, mais de «pierres» vivantes (1 Co
3:16; 1 P2:5).
David Wilkerson, l'un des leaders pentecôtistes les plus
connus aux Etats-Unis, nous pose quelques questions cruciales:
«Combien parmi nous continueraient à servir Dieu, s'il
ne nous offrait rien que lui-même? Plus de guérison, plus
de succès, plus de prospérité, plus de bénédictions
matérielles, plus de signes ni de miracles... Comment réa-
girions-nous si nous n'étions plus heureux, mais miséra-
bles, tristes et tourmentés, si le seul bien qui nous soit
encore préservé, c'était Jésus?»6
L'exemple du Seigneur
La vie et les enseignements du Fils de Dieu devraient consti-
tuer la référence absolue pour tous les chrétiens. Nous
devons «vivre comme le Christ lui-même a vécu» (1 Jn 3:6).
Notre Seigneur est né dans la pauvreté; ses parents étaient
des gens pauvres, ce qu'atteste leur offrande (Le 2:24). Plus
tard, en parcourant le pays en compagnie de ses disciples, il
n'a jamais sollicité de faveurs particulières, si bien qu'il a dû
faire venir un poisson pour pouvoir s'acquitter de l'impôt du
temple. A un jeune homme enthousiaste qui déclara vouloir
le suivre sur-le-champ, Jésus répondit:
«Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont
des nids; mais le Fils de l'homme n'a pas un lieu où il
puisse reposer sa tête» (Le 9:58).
Le soir, quand les autres rentraient chez eux, le Seigneur se
dirigeait vers le mont des Oliviers où il passait la nuit
(Le 21:37; Jn 7:53). Il n'avait aucune demeure ici-bas. Lors-
150
qu'il fut crucifié, on lui ôta les derniers biens matériels qu'il
possédait: ses vêtements.
C'est ainsi que notre modèle suprême est mort, dans de
grandes souffrances et dans le plus grand dénuement. En
examinant la vie de Jésus selon les critères habituels de
l'Ancien Testament, on serait tenté de dire que la bénédic-
tion de Dieu ne reposait pas sur elle. A la lumière du Nou-
veau, elle nous apprend que nous n'avons aucun droit aux
biens terrestres, à la prospérité et à la santé. Si Dieu accorde
cependant à la plupart d'entre nous plus que le nécessaire,
c'est uniquement en vertu de sa grâce.
On ne peut se méprendre sur le sens des paroles pronon-
cées par le Seigneur à propos des richesses et de la pro-
spérité:
«Ne vous amassez pas des trésors sur la terre où la teigne
et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et déro-
bent; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la
teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne
percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi
sera ton coeur» (Mt 6:19-21).
«Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes.
Faites-vous des bourses qui ne s'usent point, un trésor
inépuisable dans les cieux, où le voleur n'approche point,
et où la teigne ne détruit point. Car là où est votre trésor,
là aussi sera votre coeur» (Le 12:33).
Serions-nous des «sceptiques, des incrédules, des rabat-joie
et des colporteurs de doute» (K. Hagin) parce que nous pre-
nons au sérieux la vie et les paroles de notre Seigneur Jésus?
Les apôtres
Au mendiant posté devant la porte du temple, Pierre déclara:
«Je n'ai ni argent ni or; mais ce que j'ai, je te le donne: au
151
nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche!» (Ac
3:6). Dans ses lettres, il n'est pas question de prospérité mais
plutôt de souffrances et d'épreuves, par motif de conscience
et à cause de la justice. Pierre nous exhorte à placer nos
pieds dans l'empreinte des pas de Jésus et énumère les si-
gnes qui font reconnaître les faux prophètes: la débauche, la
cupidité, les paroles mensongères, les yeux pleins d'adultè-
re, l'autoritarisme (2 P 2).
L'évangile que Paul a prêché est tout, sauf un évangile de
la prospérité et du succès! Il n'était pas imbu de lui-même,
mais il se sentait bien faible et tremblait de crainte (1 Co
2:3). Aux Corinthiens fascinés par les «super-apôtres», il
indiqua quels étaient les véritables signes du ministère apos-
tolique:
- «à la dernière place, comme des condamnés à mort...
- fous à cause de Chri st...
- faibles et méprisés...
- souffrant la faim et la soif...
- mal vêtus, errant de lieu en lieu...
- épuisés à travailler de leurs propres mains...
- insultés..., persécutés..., calomniés...
- déchets du monde... rebut de l'humanité...»
Paul conclut cette énumération par ces mots: «Je vous en
conjure donc: Soyez mes imitateurs» (1 Co 4:9-16).
Dans 2 Co 6:4-10, il complète la liste précédente:
- détresses, privations, angoisses,
- coups, prisons, émeutes,
- fatigues, veilles, jeûnes;
- soit honorés, soit méprisés,
- pris pour des imposteurs, quoique disant la vérité,
- pris pour des inconnus, quoique bien connus,
- pris pour des mourants, quoique toujours en vie ,
- pris pour des condamnés, quoique non exécutés,
152
- pris pour des affligés, quoique toujours joyeux,
- pris pour des pauvres, quoique faisant beaucoup de
riches,
- pris pour des dépourvus de tout, quoique possédant tout.
Enfin, dans 2 Co 11:23-30, Paul, après avoir décrit les traits
caractéristiques du faux apôtre (esprit despotique, orgueil et
cupidité), dresse la dernière liste des expériences que vit un
apôtre au service du Seigneur: faim et soif, froid et nudité. Il
termine par ces mots:
«S'il faut se glorifier, c'est de ma faiblesse que je me glo-
rifierai» (2 Co 11:30).
Comparez ce témoignage de l'apôtre avec les paroles sui-
vantes de Robert Schuller:
«Vous devez croire qu'en vertu de vos propres forces et
avec l'aide des autres, vous finirez coûte que coûte par
atteindre l'objectif le plus élevé que vous vous êtes fixé.
Vous devez croire que vous méritez le succès. Vous
devez croire que vous pouvez obtenir tout ce que vous
désirez.»7
Propriétaires ou gérants?
Le Nouveau Testament affirme que les chrétiens sont des
gérants ou des administrateurs qui ne possèdent rien en pro-
pre, mais à qui le Christ confie des biens matériels.
«.. et ceux qui usent du monde vivent comme n'en usant
pas. Car la figure de ce monde passe» (1 Co 7:31).
La Bible nous recommande de vivre, non dans l'abondance,
mais dans le contentement:
153
«C'est, en effet, une grande source de gain que la piété
avec le contentement; car nous n'avons rien apporté dans
le monde, et il est évident que nous n'en pouvons rien
emporter; si donc nous avons la nourriture et le vêtement,
cela nous suffira» (1 Tm 6:6-8).
Plus loin, l'apôtre déclare que ceux qui veulent à tout prix
s'enrichir «s'exposent à la tentation et tombent dans le piège
de nombreux désirs insensés et pernicieux» car «l'amour de
l'argent est une racine de tous les maux» (1 Tm 6:10).
Lorsque des prédicateurs de l'évangile de la prospérité,
au lieu de prêcher le retour de Jésus et l'enlèvement de
l'Eglise, déclarent qu'il faut envahir le monde et que le «corps
de Christ finira pas posséder tout l'or du monde, parce que
Dieu veut la prospérité» (K. Copeland), ils montrent bien,
par de telles assertions, que ce ne sont pas les chrétiens qui
ont conquis le monde mais le monde qui a conquis les chréti-
ens.
David Wilkerson, qui connaît depuis longtemps les prédi-
cateurs de l'évangile de la prospérité et a analysé leur messa-
ge, arrive à la conclusion suivante:
«Une fois de plus, je tiens à souligner que les prophètes
de la prospérité sont responsables d'avoir introduit
l'esprit de l'église de Laodicée dans nos communautés.
Ils induisent les chrétiens en erreur; ils les détournent de
la nécessité de renoncer à tout péché et à toute conformité
avec le monde... Ils ont eux-mêmes goûté au fruit du
succès et de la prospérité, et empoisonnent maintenant
tout le troupeau avec leur évangile frelaté. Certains d'en-
tre eux seraient presque tentés de remplacer le mot "sanc-
tification" par "prospérité"...
Je me suis beaucoup penché sur la doctrine de l'évangile
de la prospérité avec l'espoir de trouver des idées aux-
quelles je pourrais souscrire, une base minimum commu-
ne. En vain. On m'a rétorqué que l'évangile de la pros-
154
périté serait la bonne nouvelle pour les temps de la fin. Je
ne peux que me réfugier dans ma chambre et prier mon
Père céleste: "Comment peut-on être aveuglé à ce point?
Comment des hommes de Dieu peuvent-ils inclure un tel
message dans leur prédication?" On ne trouve plus chez
eux de souffrance pour les âmes qui se perdent, plus
d'allusion au sang de Jésus, plus de renoncement, plus de
sacrifice; il n'est plus question de se charger de sa croix
ou de dénoncer le péché et l'injustice. Plus d'exhortation
à mener une vie sainte, séparée du monde, plus d'appel à
la repentance; pas un mot sur le brisement, sur la confes-
sion des péchés, sur l'intercession en faveur des perdus
ou la compassion envers eux.»8
Au siècle dernier, le grand philosophe danois Sôren Kierke-
gaard (1813-1855) a déjà mis la chrétienté en garde contre le
danger d'un évangile de la prospérité, dont il pressentait la
venue. Il a laissé ces dernières paroles comme un testa-
ment - ô combien actuel - aux chrétiens:
«Si j'avais le pouvoir de prononcer un seul mot ou une
seule phrase qui puisse s'incruster au point de n'être
jamais oublié, je dirais: Notre Seigneur Jésus-Christ s'est
"anéanti" (Ph 2:7): penses-y, ô christianisme!»9
Comment pourrions-nous ne pas évoquer notre modèle
suprême?
«Tendez à vivre ainsi entre vous, car c'est ce qui convient
quand on est uni à Jésus-Christ. Lui qui, dès l'origine, était
de condition divine, ne chercha pas à profiter de l'égalité
avec Dieu, mais il se dépouilla lui-même, prenant la con-
dition du serviteur. Il se rendit semblable aux hommes en
tous points, et tout en lui montrait qu'il était bien un hom-
me. Il s'abaissa lui-même en devenant obéissant, jusqu'à
subir la mort, oui, la mort sur la croix» (Ph 2:5-8).
155
Résumé
1. Les prédicateurs de l'évangile de la prospérité ne font pas
de distinction entre les bénédictions principalement ter-
restres et matérielles de l'Ancien Testament, et celles sur-
tout célestes et spirituelles accordées à l'Eglise du Nou-
veau Testament.
2. La prédication de l'évangile de la prospérité conforte de
nombreux chrétiens dans leur attachement aux choses
matérielles et terrestres. Elle passe sous silence les exem-
ples et les enseignements clairs du Nouveau Testament
sur la vie du disciple, le renoncement à soi, le mode de
vie simple et le contentement.
3. L'évangile de la prospérité prive le christianisme de la
crédibilité et de la force qui se développent particulière-
ment dans les temps de persécution, de pauvreté et de
souffrance, et qui sont nécessaires pour la survie spiritu-
elle.
4. Les prédicateurs de cette doctrine non biblique risquent
de plonger dans l'amertume et dans de graves crises spiri-
tuelles les chrétiens qui traversent la maladie, la pauvreté
ou la persécution, et les faire douter de l'amour et de la
providence de Dieu. Cette doctrine entretient l'esprit de
l'église de Laodicée au sein du christianisme de la fin des
temps et, par ses promesses de bénédictions matérielles,
prive ses adeptes de l'essentiel de l'Evangile.
7. Le ministère de délivrance
Le Nouveau Testament ne mentionne aucun exemple de
possession démoniaque chez des chrétiens, et donc aucun
exemple d'exorcisme pratiqué sur eux.
156
Un chrétien peut certes être influencé, voire séduit et
trompé par des démons ou par le diable - de nombreuses
personnes et églises du Nouveau Testament en sont des
exemples -, mais il est contraire à l'Ecriture de prétendre
qu'un chrétien qui est le «temple du Saint-Esprit» (1 Co
6:19) et se trouve sous la seigneurie de Christ, puisse être
possédé par Satan, et doive en conséquence être exorcisé.
Lorsqu'un chrétien est tombé dans les pièges du diable, il
doit être instruit (2 Tm 2:24-26). Il n'est pas question de le
libérer d'un démon. Les textes fréquemment cités de Mt
16:19 et 18:18 («délier et lier au nom de Jésus») n'ont rien à
voir avec des démons. Il s'agit simplement d'accueillir dans
l'Eglise ou d'exclure par mesure disciplinaire, comme le
contexte le prouve clairement.
Comme de nombreux exorcistes le reconnaissent hum-
blement, il s'est développé actuellement une théologie
expérimentale qui ne trouve aucun fondement biblique. Pour
avoir une idée des aberrations auxquelles on peut aboutir, il
suffit d'évoquer l'exemple du Jésuite Rodewyk qui. pour
accomplir son ministère de délivrance, se sert d'eau bénite,
d'un chapelet, d'une représentation de l'archange Michaël,
des sacrements et de reliques.10
Du succès qu'obtient Rodewyk, devrait-on déduire que le
diable craint l'eau bénite et que les sacrements libéreraient
une force insoupçonnée? Satan ne se servirait-il pas plutôt
de ces expériences pour maintenir les hommes dans leurs
superstitions? Satan est menteur (Jn 8:44); aussi ne faut-il
jamais croire ce que les démons disent ou feignent.
Que de mal a-t-on fait en interrogeant les démons et en
accordant trop de crédit à leurs réponses et à leurs réactions!
Même lorsque les démons expriment quelque chose qui a
toute l'apparence de la vérité, il faut s'en méfier. Paul,
devant une telle situation (Ac 16:17), a refusé le témoigna-
ge - pourtant véridique - d'un démon.
A cela s'ajoutent quelques problèmes de vie chrétienne et
de cure d'âme. Il est plus facile de se soumettre à une séance
157
de «délivrance» de prétendus démons que de reconnaître son
propre péché, de le confesser, de le condamner et de le reje-
ter. Très souvent, on rejette la responsabilité du péché ou
d'un mauvais comportement sur des démons immanents à
soi ou sur des ancêtres, ce qui rend plus difficile, voire
impossible, la repentance biblique.
Il est manifeste également qu'entre la personne délivrée
et celui qui l'a exorcisée, se tissent des liens très forts, au
point que des gens parcourent parfois pendant des années
des distances considérables pour rencontrer celui auquel ils
doivent leur guérison et se soumettre encore à des séances de
délivrance. Cette pratique va à rencontre du principe bibli-
que qui veut que la relation d'aide s'effectue localement, et
qui empêche une trop forte dépendance entre la personne
aidée et le responsable spirituel.
La délivrance biblique suit toujours le schéma: confesser
son péché, le regretter, le condamner et y renoncer. Les
chrétiens d'Ephèse qui avaient pratiqué l'occultisme avant
leur conversion étaient venus «avouer et déclarer publique-
ment les pratiques auxquelles ils s'étaient livrés» et firent
brûler, aux yeux de tous, leurs livres de sorcellerie (Ac
19:18-20). Pas un mot au sujet d'exorcisme ou de «ministère
de délivrance» accompli par les apôtres.
8. La «tactique spirituelle»
Nulle part dans le Nouveau Testament il n'est demandé aux
chrétiens de lutter dans les lieux célestes contre la domination
territoriale de Satan sur des villes, des régions ou des pays.
A pratiquer cet exercice et donc à vouloir interroger les dé-
mons et maudire le diable, on côtoie dangereusement le spi-
ritisme. L'archange Michel manquait-il de perspicacité dans
sa «tactique spirituelle» lorsqu'il contestait avec le diable et
lui disputait le corps de Moïse? Toujours est-il qu'il «se garda
bien de porter contre lui un jugement injurieux» (Jude 9).
158
Le combat spirituel dont parle Ep 6 n'a rien à voir avec le
fait de rechercher et d'interroger des démons etc.. Ce passa-
ge encourage les chrétiens à être vrais et justes, à évangéliser,
à se servir de la Parole de Dieu, à exercer leur foi et à prier.
En résumé
1. Le Nouveau Testament ne donne pas d'exemple d'exor-
cisme de chrétiens et n'exhorte jamais à le pratiquer.
Nous devons donc rejeter cette forme de relation d'aide
comme non biblique.
2. Puisque le diable est le père du mensonge, il convient de
considérer les signes qui accompagnent les exorcismes et
les paroles prononcées par les soi-disant démons comme
des manoeuvres de diversion pour induire les inter-
venants en erreur.
3. Les nombreux chrétiens qui, dans leur ignorance, ont
161
cherché en vain du secours dans des réunions de délivran-
ce et l'ont trouvé grâce à une relation d'aide biblique,
sont là pour attester que ce ministère de délivrance est
une voie d'erreur.
4. La prétendue autorité sur le diable est en fait une tragique
erreur d'appréciation qui conduit soit à l'orgueil déme-
suré, soit, en cas d'insuccès, à la dépression et à la rési-
gnation.
5. Ce que les groupes charismatiques prennent pour de la
«tactique spirituelle» contre les démons qui auraient pris
possession de certains territoires, n'est qu'une déforma-
tion de ce que le Nouveau Testament enseigne sur le
combat spirituel, et se cantone au spiritisme.
6. Chaque fois que notre intérêt et notre regard se détour-
nent de notre Seigneur Jésus-Christ pour se fixer sur
d'autres personnes, sur d'autres puissances ou sur d'au-
tres choses, nous sommes victimes d'une séduction et
nous perdons de notre force spirituelle. Nous ne devons
pas faire le jeu du diable en lui accordant plus de crédit
que nécessaire.
162
Appendice 2
Naissance d'une nouvelle entité
religieuse?
Le Congrès pour le réveil et l'édification de l'Eglise, tenu à
Nuremberg du 7 au 10/11/91
I. Déroulement et ambiance
Sur le Parc moderne des expositions de Nuremberg,
s'ouvrait, le 7 novembre 1991, la première conférence com-
mune entre le mouvement de croissance de l'Eglise et le
Renouveau spirituel de l'Eglise Protestante, conférence que
certains qualifièrent de «mariage d'éléphants»!
Au cours des mois qui précédèrent l'événement, de nom-
breuses invitations furent lancées. Des journaux évangéli-
ques publièrent de grands encarts pour annoncer la Con-
férence. Malgré le prix élevé de 200 DM (soit environ
660F), 4620 personnes s'inscrivirent au congrès, auxquel-
les il convient d'ajouter celles qui n'y assistèrent que la
journée.
94% des participants venaient d'Allemagne, les autres
principalement d'Autriche et de Suisse. La tranche, d'âge la
plus représentée - 1807 inscrits - était celle des 26 à 35 ans,
suivie par les plus de 65 ans (!) avec 804 présents.
Outre les réunions plénières qui se tenaient dans la grande
halle, les participants avaient la possibilité d'assister à l'une
des douze conférences sur les thèmes: «L'armure spirituel-
le», «La prière», «Le ministère prophétique», «Les nouvelles
formes communautaires», «Les groupes de maison», etc.
Les sujets du ministère prophétique et de l'armure spiri-
163
tuelle attirèrent le plus de monde avec respectivement 675 et
608 personnes, alors que le sujet de l'évangélisation n'inté-
ressa que 124 participants.
But de la conférence
La création de nouvelles églises n'était pas au programme.
Cette conférence se voulait plutôt être une aide et un moyen
d'encouragement pour les églises existantes, notamment
pour l'église officielle luthérienne.
Néanmoins, l'objectif essentiel était d'établir un pont en-
tre les évangéliques et les groupes pentecôtistes et charisma-
tiques. En somme, il fallait réaliser l'unité à tout prix, com-
me le résume si bien cette parole prononcée par Klaus Eick-
hoff pendant sa conférence de presse: «Tout ce qui freine
l'unité vient d'en-bas!», ce que j'ai personnellement consi-
déré comme une attaque contre la «Déclaration de Berlin»
de 1909, au cours de laquelle un grand nombre de respon-
sables d'églises et de l'Alliance avaient estimé que le
mouvement naissant du pentecôtisme «ne venait pas d'en
haut, mais d'en bas».
Intervenants
Pour atteindre le but fixé, une quarantaine de conférenciers
venus des milieux évangéliques, luthériens et charisma-
tiques se sont rencontrés à ce congrès.
Parmi les orateurs évangéliques, quelques-uns m'ont
expressément déclaré qu'en participant à cette conférence,
ils ne cautionnaient pas du tout le mouvement charismatique
mais voulaient, par leur collaboration, apporter une vision
plus équilibrée, voire correctrice.
Cela a malheureusement donné lieu à de nombreux
malentendus.
164
L'orateur principal était C. Peter Wagner, le leader mon-
dial du mouvement de croissance de l'Eglise et l'un des
pères de la troisième vague. Il se définit lui-même comme
quelqu'un qui établit des ponts entre les évangéliques, les
pentecôtistes et les charismatiques; en outre, suite à une
«parole prophétique» récente, il estime devoir agir comme
un «catalyseur» pour rassembler en un seul courant les ten-
dances charismatiques, évangéliques et libérales (!) du chris-
tianisme. Cette «prophétie» lui fut donnée par Dick Mills
qui cita Ecc. 4:12: «... et la corde à trois brins ne se rompt
pas facilement.»
J'ai noté avec intérêt qu'à ma connaissance aucun orateur
pentecôtiste ne se trouvait parmi les intervenants, alors que
d'autres églises indépendantes, telles les églises baptistes,
libres, nazaréennes et d'autres encore avaient toutes man-
daté des conférenciers pour les représenter.
Exposition
L'exposition, qui regroupait environ 120 stands - oeuvres
chrétiennes, écoles bibliques, maisons d'édition, etc. -
reflétait bien toute la palette des activités chrétiennes. S'y
côtoyaient des catholiques conservateurs et fervents mario-
lâtres, des représentants d'écoles bibliques fidèles et des
membres de groupes charismatiques extrémistes tels que les
«Hommes d'affaires du Plein Evangile» et l'«Eglise de Phi-
ladelphie» de Wolfhard Margies.
L'ambiance
L'organisation, bien préparée, fut parfaite. Malgré le grand
nombre de participants, il n'y eut aucun incident notoire.
La conférence s'est déroulée dans une ambiance joyeuse,
empreinte d'affection et très familiale. La note charisma-
165
tique fut modérée, du moins dans les réunions plénières. On
y a beaucoup chanté, applaudi, exulté de joie et ri. On y a
prié les mains élevées; de temps en temps, le public se
balançait au rythme des chants. On y a entendu de nombreux
chants en langues, mais en revanche peu de parler en lan-
gues. L'atmosphère était détendue, et contrairement à ce qui
s'était passé au congrès Wimber de Francfort, on y a peu
remarqué de phénomènes extatiques.
Il faut cependant souligner que relativement peu de parti-
cipants sont venus aux réunions plénières avec leurs Bibles.
Cela tient sans doute au fait qu'à l'exception des deux con-
férences de Klaus Vollmer, solidement étayées avec des
arguments bibliques, les autres réunions principales étaient
plutôt consacrées au partage d'histoires et d'expériences.
«Allemagne, Allemagne...»
J'ai trouvé intéressant ce que Loren Cunningham (le direc-
teur de Jeunesse en Mission) et C.P. Wagner ont maintes
fois répété: l'attention de Dieu et de tous les responsables
charismatiques du monde serait, paraît-il, focalisée sur
l'Allemagne.
L. Cunningham raconta par exemple qu'en avril 91,
«Dieu était venu sur lui» et que, «le coeur brisé», il aurait
pleuré sur l'Allemagne. Dieu lui aurait également confié
qu'il répandrait à nouveau son Esprit à condition que les
chrétiens soient enfin unis.
Cunningham conclut l'exposé qu'il fit le soir de l'ouver-
ture par une prophétie dont je rapporte ici la substance:
«Dieu vous aime en tant que nation, votre temps de
sécheresse est passé. Si vous, les chrétiens,
levez, il donnera à nouveau à votre pays la suprématie
sur les nations, et Jésus répandra son Esprit une fois d
plus. Un jour nouveau se lève...»
Le public applaudit vigoureusement à ces paroles.
Dans son premier exposé, C.P. Wagner avait déclaré, lui
aussi: «Après ce congrès, le cours de l'histoire de l'Allema-
gne sera modifié.»
Lors de la conférence de presse, il précisa, en réponse à
une question, le contenu du changement:
«Le pays sera guéri, des personnalités se convertiron
Jésus, la pornographie, la corruption, le nombre des
avortements et F immoralité diminueront... L'un des plus
grands miracles accordé à l'Allemagne a été la destruc-
tion du mur de Berlin. L'arrière-plan spirituel qui a ren-
du cet événement possible, c'est un changement dans les
lieux célestes.»
170
C.P. Wagner rendit également compte du congrès de Manil-
le organisé en 89 par le Mouvement de Lausanne. 4500 res-
ponsables chrétiens du monde entier ont été témoins qu'à
Manille, les évangéliques ont travaillé main dans la main
avec les pentecôtistes et les charismatiques. La participation
à tous les niveaux de la conférence des pentecôtistes et des
charismatiques a permis à Dieu d'accomplir une oeuvre
extraordinaire. Les seules réticences étaient venues d'Alle-
magne et du Japon, de sorte qu'à Manille, on eut l'impres-
sion que l'Allemagne était «fermée» au Saint-Esprit.
Mais désormais la page était tournée, et C.P. Wagner était
persuadé que le Seigneur se servirait des chrétiens alle-
mands pour enseigner la «tactique spirituelle» à toute la
chrétienté.
Ce qui précède explique pourquoi, au cours du congrès de
Nuremberg, les responsables ont souvent fait allusion à la
Déclaration de Berlin de 1909. De nombreux chrétiens
croient en effet qu'à cause de cette Déclaration, une malé-
diction repose aujourd'hui encore sur l'Allemagne et
s'oppose à l'action universelle du Saint-Esprit.
Il est intéressant de faire remarquer que le compte rendu
de Wagner sur le congrès de Manille est contredit par celui
de Klaus Teschner, paru dans «Idea-Documentation 22/89»
où l'on peut lire ceci: «J'ai été frappé de voir le nombre rela-
tivement élevé de délégués des pays autrefois sous tutelle
communiste et des pays en voie de développement quitter la
salle au moment de la méditation du soir présidée par les
charismatiques... Je ne peux désormais plus considérer le
problème charismatique comme n'intéressant que les théo-
logiens allemands.»
172
«Tactique spirituelle»
Au slogan: «Pas de réveil sans baptême de l'Esprit!» lancé
des années auparavant par l'un des orateurs de ce congrès,
C.P. Wagner substitua: «Pas de réveil sans tactique spiri-
tuelle!»
Qu'entend-on par «tactique spirituelle»? L'identification
nominative, par le moyen de la prière ou des visions, des
démons qui ont pris possession de certains territoires (mai-
sons, rues, villes, pays) et le fait de les lier au nom de Jésus.
Cette action est alors normalement suivie d'un réveil et
d'une percée de l'évangile. Ce thème visait donc à mettre en
lumière les démons, anges et autres êtres spirituels qui occu-
paient des territoires et dont certains - au dire des responsa-
bles - avaient même été aperçus dans la salle de réunion.
175
III. Essai d'évaluation
176
12:12). Pour ce qui est de la «prophétie» et de la «tactique
spirituelle», on ne peut que souscrire à la Déclaration de
Berlin qui disait:
«L'esprit de ce mouvement consiste à puiser des idées
dans la Bible, mais ensuite à les déformer par de prétendues
"paroles de connaissance".» C'est ce qui s'était déjà produit
au temps de Jérémie: par leurs visions et leurs songes, les
faux prophètes avaient entraîné le peuple d'Israël à négliger
et à oublier la Parole de Dieu. Relisez Jérémie 23!
Une amitié non biblique avec ceux qui acceptent des com-
promissions
Bien que Wagner soit au premier abord amical, tolérant,
conscient de ses fautes, il est surtout, à mon avis, un stratège
décidé à tous les compromis pour promouvoir, coûte que
coûte, l'unité et le réveil du monde. Mais je suis persuadé
que tous ses efforts aboutiront à l'égarement.
Dans son dernier exposé au congrès de Nuremberg, Wag-
ner déclara que Dieu lui aurait ordonné, dès 1980, de renon-
cer dorénavant à toute polémique. Depuis, il bannit toute
polémique de ses écrits.
Pourtant, dans un ouvrage paru en 1991, Wagner n'hésite
pas à traiter d'«ergoteurs obstinés» ceux qui critiquent le
mouvement charismatique. Le Nouveau Testament nous
exhorte à «polémiquer» (le sens original du mot est encore
plus fort: il s'agit de «faire la guerre») contre les fausses
doctrines et contre les faux docteurs. (Cf., entre autres, Jude
3-4; Jn 9-11; Ga 2:11-14; Col 2:18; 2 Co 10:4-6). Par consé-
quent la voix qu'a entendue Wagner en 1980 ne peut, en
aucun cas, être celle de Dieu.
Dieu se contredirait s'il avait confié à Wagner la mission
d'unifier le courant libéral du christianisme avec celui des
évangéliques.:
«Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étran-
ger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité?
Ml
Ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténè-
bres? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial? Ou
quelle part a le fidèle avec l'infidèle?» (2 Co 6:14-15).
Il faut que les libéraux deviennent d'abord croyants; dès
qu'ils accorderont foi à toute la Parole de Dieu, ils ne seront
plus libéraux! La soi-disant «prophétie» de Dick Mills selon
laquelle Wagner devait être le catalyseur pour unir en une
seule corde les trois brins du christianisme, à savoir les
évangéliques, les charismatiques et les libéraux, est en totale
opposition avec la Parole de Dieu.
Les évangéliques qui considèrent effectivement Wagner
comme un leader évangélique de premier plan, sont sur le
point d'être victimes d'une séduction tragique et lourde de
conséquences.
Le congrès de Nuremberg et la nomination de Friedrich
Aschoff au sein du comité directeur du mouvement de Lau-
sanne ont confirmé mon impression que ce mouvement
pousse, à leur insu, les évangéliques d'Allemagne en direc-
tion de la troisième vague.
Ignorance et frustration
J'ai été frappé de constater qu'au congrès de Nuremberg, plu-
sieurs des conférenciers auxquels j'ai pu parler n'avaient
qu'une connaissance superficielle, voire aucune connaissance
du tout des théories de la troisième vague. Quelques-uns des
responsables ont même reconnu qu'ils ne s'étaient jusque-là
pas intéressés à la théorie de la «tactique spirituelle».
De nombreux pasteurs ont exprimé leur désarroi devant
les querelles qui les opposent à certains anciens de leur égli-
se ou à des collègues incroyants. Ils étaient reconnaissants
d'avoir trouvé parmi les charismatiques des frères et des
soeurs animés de préoccupations évangéliques et dont l'en-
thousiasme était stimulant pour eux.
178
Pour autant que je puisse en juger, quelques orateurs, par-
mi lesquels Klaus Eickhoff, ont manifesté un intérêt pas-
sionné pour un réveil authentique. Eickhoff n'hésita pas à
fustiger publiquement et sévèrement l'Eglise Protestante
avec son «baptême-fétiche». En discutant avec lui et en
l'écoutant, j'ai senti en lui une réelle aspiration à une unité
spirituelle et le désir ardent d'un réveil dans notre pays.
A Nuremberg, j'ai rencontré de nombreux chrétiens frus-
trés par leur église et déçus d'eux-mêmes; ils aspiraient à
une vie spirituelle authentique et épanouie, à un engagement
sans réserves au service du Seigneur et à un amour fraternel
sans hypocrisie au sein des communautés. Pourquoi n'ont-
ils pas trouvé ces choses chez nous, les soi-disant «non-cha-
rismatiques»?
179
Une prédication radicalement évangélique, un amour
brûlant pour le Seigneur, pour sa Parole et pour les perdus,
les attireraient bien mieux que n'importe quelle théorie sur
l'enchaînement des démons territoriaux dans les lieux céles-
tes.
Si, dans notre vie quotidienne, nous étions reconnus com-
me disciples de Christ, les défilés pour Jésus et leur côté
spectaculaire, organisés périodiquement, n'auraient qu'un
impact négligeable.
Bref, si nous, chrétiens fidèles à la Bible, traduisions
davantage dans la vie pratique ce que nous écrivons dans nos
livres et dans nos exposés, je suis convaincu que la troisième
vague disparaîtrait d'elle-même.
(Toutes les citations proviennent de notes prises lors des
exposés et restituent le sens de ce qui a été dit.)
180
Notes
Introduction
1. C.P. Wagner: «Der Gesunde Aufbruch», Simson, Lôrrach, p. 15
2. Transcription d'un message enregistré de J. Wimber en janvier
1990; cité dans «Watch». Cristian Research Institute, avril-juin 1990,
pp.4-5
3. C.P. Wagner: «Der Gesunde Aufbruch», p.24
181
18. op. cit., p.29
19. op. cit.,p.234
20. op. cit., p.233
21. op. cit., p.29
22. «Der Gesunde Aufbruch», de C.P. Wagner, Simson, Lorrach 1989,
p.24
23. «Die Dritte Welle» de J. Wimber et K. Springer, p.30
24. op. cit., p.93
25. «Der Gesunde Aufbruch», de C.P. Wagner, p.22
26. «Auf den Spuren des Heiligen Geistes» de J.I. Packer, Brunnen (Bâle)
1989,p.228
27. «Idea», Suisse, 21/88
28. J. Wimber/K. Springer, «Vollmàchtige Evangélisation», p.20
29. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, éd. Menor, Rouen
(1989), p.28
30. op. cit., pp.37-38
31. op. cit., p.38
32. op. cit., p.38
33. «Power Healing», de J. Wimber, Manuskriptdruck, Hochheim 1988,
p.8
34. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p.l 13
35. op. cit., p. 12
36. op. cit., pp.47-48
37. op. cit., p. 123
38. op. cit., p.33
39. op. cit., pp.21-22
40. op. cit., p.36
41. op. cit., p. 122
42. op. cit., p. 166
43. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p.64
44. op. cit., p.59
45. op. cit., p. 17
46. op. cit., p.69
47. op. cit., p.250
48. «Beauftragt zu heilen», de F. MacNutt, Styria, Graz/Wien/Koln 1985,
p.12
49. «La Séduction de la chrétienté», de D. Hunt, éd. Parole de Vie, Codo-
gnan(1989), p. 138
50. op. cit., pp. 138-139
51. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p.53
52. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p. 105
53. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p.56
54. op. cit., p. 159
55. op. cit., p. 169
182
56. op. cit., p. 16
57. «Power Healing», de J. Wimber, p.94
58. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p. 155
59. op. cit., p.49
60. op. cit., p. 195
61. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p.45
62. op. cit., p.72
63. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, pp.202-203
64. op. cit., p.223
65. «Die Dritte Welle», de J. Wimber et K. Springer, p. 176
66. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, pp.29-30
67. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, pp. 128-129
68. op. cit., p. 136
69. op. cit., p. 191
70. «Die Dritte Welle», de J. Wimber et K. Springer, p.41
71. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p.201
72. op. cit., p. 199
73. op. cit., p.200
74. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p. 150
75. S. Grossmann dans «Die Gemeinde» 50/87
76. «Der Gesunde Aufbruch... de C.P. Wagner, p.50
77. «Erfolgreiche Hauszellgruppe». de Y. Cho, Christl. Gemeinde Koln
1987, p. 125
78. op. cit., p. 124
74. «Riickkehr zum biblischen Christentum», de D. Hunt, CLV Bielefeld
1988, pp.l48-149
80. «La Séduction de la chrétienté», de D. Hunt, p. 13
81. op. cit., p. 12
82. «Erfolgreiche Hauszellarbeit», de Y. Cho. pp. 147-148
83. «La quatrième dimension», de Y. Cho, éd. Vida (1990), p.123
84. «Nicht nur Zahlen», Verlag Information und Kommunikation, Bad
Homburg 1986, p.22
85. op. cit., p.23
86. «Die Vierte Dimension», de Y. Cho, Bd 2, p.69
87. «Nicht nur Zahlen». de Y. Cho, p.95
88. op. cit., p.35
89. «Die Vierte Dimension», de Y. Cho. Bd 2, p.69
90. «Glaube in Aktion». de Y. Cho, Weg zur Freude, Karlsruhe, p. 10
91. «La Séduction de la chrétienté», de D. Hunt, p. 155
92. op. cit., p. 146
93. «La quatrième dimension», de Y. Cho, p.36
94. «Erfolgreiche Hauszellarbeit», de Y. Cho. pp. 154-155
95. «La quatrième dimension», de Y. Cho, p.36
96. «Nicht nur Zahlen». de Y. Cho, p. 16
183
97. «La quatrième dimension», de Y. Cho, p.39
98. op. cit., p.43
99. «Die Vierte Dimension», de Y. Cho, Bd 2, p.64
100. «Nicht nur Zahlen», de Y. Cho, p. 100
101. «Der Schlussel zum sieghaften Leben», Weg sur Freude, Karlsruhe,
pp.8-9
102. op. cit., p. 10
103. «La quatrième dimension», de Y. Cho, p. 19
104. op. cit., pp.59-60
105. op. cit., p.60
106. op. cit., pp.62-63
107. op. cit.,p.63
108. op. cit., p.64
109. op. cit., p.29
110. op.cit.,p.70
111. op. cit., p.72
112. op. cit., pp.73-74
184
21. op. cit.. p. 147
22. op. cit.. p. 146
23. op. cit., p.153
24.1. Birkenstock, «Weiss zur Emte», p.24
25. R. Steele, «Die Hôlle plundem», p. 148
26. Lettre circulaire du 26.3.87
27. Lettre circulaire du 18.4.88
28. Lettre circulaire du 15.2.89
29. R. Steele, «Den Himmel bevôlkern», Leuchter, Erzhausen 1988, p. 19
30. op. cit., p.24
31. «Missions Reportage» du 22.5.84
32. R. Steele. «Den Himmel bevôlkern», p. 16
33. «Missions Reportage» du 25.1.85
34. op. cit., 6/86
35. R. Steele, «Den Himmel bevôlkern», p. 134
36. «Missions Report» 5/87
37. op. cit.
38. op. cit., 2/88
39. op. cit., 5/88
40. op. cit., 1/89
41. op. cit.. 2/89
42.1. Birkenstock, «Weiss zur Emte», pp. 106-107
43. R. Steele, «Die Hôlle plundem», pp.35-36
44. op. cit., p.37
45. R. Steele. «Zum Sieg bestimmt», Wort des Glaubens, Feldkirchen 1988,
p. 129
46. Enregistrement vidéo «Ein Blutgewaschenes Afrika»
47. Lettre circulaire du 20.10.88
Récapitulation
1. «Der Gesunde Aufbruch». de C.P. Wagner, Simson, Lôrrach (1989).
p.20
2. Charisma. Dusseldorf 76/1991, p.5
185
3. op. cit., p.4
4. op. cit., p.5
5. «Das Zukiinftige wird er euch offenbaren», Bernard, Lùdenscheid,
pp.25-27
6. Reformation Banner, Singapour, 1990, p. 13
7. Cité dans F. Holmes: «R.C. Chapman, CVD, Dillenburg 1989, p. 103
8. «Der Gesunde Aufbruch», de C.P. Wagner, p.59
9. op. cit., p.75
10. C-Magazin, Ravensburg 1/1989, p.l
11. Gemeinde-Erneuerung, Hamburg 39/1991, p.32
12. Charisma, Dusseldorf 55/1987, p.l 1
13. Reformation Banner, p.30
14. «Vollmàchtige Evangélisation», J. Wimber et K. Springer, Projektion J,
Hochheim, 1986, p. 161
15. C.P. Wagner dans «Wenn das Feuer fàllt», de R. Bonnke, Erzhausen
1991, p.5
16. op. cit., p.4
L'alternative biblique
1. G. Huntemann, «Der andere Bonhoeffer», Brockhaus, Wuppertal, p.96
2. E. Elliot, «A l'ombre du Tout-Puissant», éditions Farel
3. op. cit.
186
10. W. Nietsche/B. Peters, «Dàmonische Verstrickungen - Biblische
Befreiung», Schwengler, Bemeck, p. 110
U.K. Hagin. «Die Autoritât des Glàubigen», Verlag Lebendiges Wort,
Hohenschàftlam, 1982, p.47
12. op. cit., p.45
13. op. cit., p.31
187