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Cas du Maroc
EL OUAZZANI Hind
Université Hassan 1er, Settat
ROUGGANI Khalid, NABIL BOUAYAD Amine
Université Sultan Moulay Slimane
Faculté Polydisciplinaire de Khouribga
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Le Financement des petites et moyennes entreprises : Cas du Maroc
Résumé :
Les PME jouent un rôle crucial dans la croissance économique pour les pays en
développement mais aussi dans les pays développés. Dans toutes les économies, les petites et
moyennes entreprises (PME) représentent la plus grande part des entreprises et une part
énorme en termes de création d'emploi. Cependant, le rôle joué par des PME est contraint par
un financement insuffisant et un style management inadapté. Les gouvernements ont de plus
en plus attribués des rôles économiques principaux à de telles entreprises et à l’amélioration
de leur compétitivité. Le cas marocain ne fait pas l’exception. Plusieurs organismes ont été
dédiés à l’accompagnement des PME sur tous les plans et plusieurs programmes ont été mis
en œuvre, mais les résultats attendus sont loin d’être atteints.
Mots clés :
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INTRODUCTION
A croire aux chiffres officiels du récent rapport de Maroc PME (Maroc PME 2017), le tissu
économique marocaine est constitué de 3,5 millions auto-entrepreneurs, 2 millions de très
petites entreprises (dont le chiffre d’affaires est inférieur à 10 millions de DH), 35 000 PME
(dont le chiffre d’affaires est compris entre à 10 millions de DH et 200 millions de DH) et
enfin 800 grandes entreprises (dont le chiffre d’affaires dépasse les 200 millions de DH).
Les PME créent des offres d'emploi, participent à l'équilibre économique régional et
favorisent généralement l'utilisation efficace des ressources.
Le secteur informel présente l'un des plus grands défis de la promotion des PME, avec des
problèmes allant bien au-delà du volet financier. Dans le contexte du programme de
développement international, et compte tenu de l'importance cruciale de la création d'emplois
suite à la dernière crise financière, la promotion du développement des PME semble être une
priorité importante.
Le rapport de la banque mondiale (IFC World bank 2010) indique que les PME du secteur
formel contribuent jusqu'à 45% dans la c réation de l'emploi et contribuent à la hauteur de
33F% du PIB dans les économies en développement. Ces chiffres sont significativement plus
élevés en tenant compte des contributions estimées des PME opérant dans le secteur
informel.
Selon Fathi (2000), « le financement implique deux dimensions interdépendantes, d’une part
le type ou les caractéristiques de financement (bancaire, marchés financiers, financement par
les fonds propres, etc.), désigné souvent par le terme « choix d’une structure financière »;
d’autre part l’objet du financement (investissements immatériels, équipements, etc.) désigné
par le terme « choix d’investissement » (Fathi 2000). Le propriétaire-dirigeant qui peut être
considéré comme étant le pivot de la PME engage le devenir de l’entreprise ce qui rend le
fonctionnement de cette catégorie d’entreprises assez complexe.
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Dans le présent papier, nous allons essayer de montrer les raisons du déficit de financement
associées aux particularités des PME avant de présenter celles qui touchent à l’organisation
du système financier d’une manière générale et celui marocain d’une manière particulière.
Les origines de la problématique de financement des PME sera traité ainsi que les pratiques
de financement sans omette d’aborder le sujet de l’entreprenariat.
A. La définition de la PME
Il convient tout d’abord d’essayer de donner une définition au concept « entreprise» avant de
tenter de donner une définition de la PME.
Robe (1999) souligne que l’entreprise n’a pas d’existence juridique propre. « La manière la
plus simple de comprendre en quoi consiste ce que nous appelons la structure microjuridique
de l’entreprise consiste à partir de l’« entrepreneur», du créateur de l’entreprise (Robé
1999)».
Il existe une réelle confusion entre « entreprise » et « société ». Une « société » est une
personne morale diposant d’un nom, d’un patrimoine indépendant, de droits et de devoirs.
Par contre, c’est la société qui permet à l’entreprise de fonctionner sur le plan juridique.
L’entreprise est plus que jamais objet théorique en débat, que ce soit dans le champ du droit,
de l’économie ou de la sociologie.
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Le terme PME couvre un large éventail de définitions et de mesures qui varient d'un pays à
l'autre. Malgré cette variance, un grand nombre de sources définissent une PME comme étant
une entreprise avec un seuil de 250 employés (Ayyagari, Beck, and Demirguc-Kunt 2007).
Le critère universellement retenu pour distinguer la PME par rapport aux autres types
d’entreprise est sa taille. L’univers des PME est très perplexe. Le choix d’une segmentation
des entreprises marocaines est plus difficile. En fait et jusqu’à l’heure actuelle, il n’existe pas
un consensus entre les chercheurs sur une définition standard de la PME. Ce sujet a fait l’objet
de nombreuses esquisses mais ont abandonné au profit des définitions propres à chaque pays.
Si le nombre de personnes employées a été considéré comme critère pour définir la PME, un
autre critère a été identifié est celui de la propriété du capital qui est le plus souvent censée
être détenue majoritairement par le gestionnaire.
La recherche académique sur les petites entreprises a été effectuée dans divers champs
disciplinaires. Les économistes étaient peut-être plus lents à contribuer à la compréhension
des entreprises de petite taille.
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3. Dans un contexte beaucoup plus récent, la PME commence à bénéficier d’une
attention particulière. A partir des années 1990, les autorités gouvernementales se sont
focalisées sur les PME et leurs capacités de création d’emploi après les réductions d’effectif
opérées par les grandes entreprises nord-américaines.
Malgré que les recherches académiques qui ont porté sur la gestion financière des PME s’est
remarquablement développée les dernières années, peu d’articles théoriques ont tenté
d’appréhender et de prévoir le comportement financier de cette catégorie d’entreprises. Les
connaissances développées jusqu’à présent sont embryonnaires et sont insuffisantes pour en
dégager des théories propres aux PME.
Malgré qu’il y ait plusieurs définitions des PME, plusieurs approches ont essayé de trouver
les caractéristiques essentielles qui pourraient différencier des PME de ceux de grandes
tailles. Elles ont retenu deux familles des critères pour décrire des PME, des critères
quantitatifs et des critères qualitatifs.
a) Critères quantitatifs
Les définitions qui prennent en considération des critères quantitatives présentent une réelle
difficulté. Les façons par lesquelles la taille d’une entreprise peut être quantifiée sont très
variées. Le nombre d'employés, le chiffre d'affaires, le total de l’actif sont des critères
généralement retenus (PHUNG 2009). L’approche quantitative fait référence aux aspects
représentatifs de la taille de l’entreprise. Ce sont généralement des indicateurs quantitatifs
relatifs par exemple à l’effectif global permanent, le chiffre d’affaires, l’endettement, le total
bilan, la valeur ajoutée, le capital social et la part de marché occupée par l’entreprise en
question. Dans les pays en développement, où le marché et la taille des entreprises sont
réduits, ce nombre est entre 100 et 150.
b) Critères qualitatifs
L’avantage le plus intéressant de diverses définitions des PME est qu’elles tentent de reflèter
fidèlemmet la vraie nature de ces entreprises de petite taille. Néanmoins elles représentent
l’inconvénient qu’elles sont adaptées à chaque pays à part entière (PHUNG 2009).
L’aspect humain est considéré comme étant l’élément fondamental de cette approche. Cette
dernière se base sur des outils théoriques et analytiques qui mettent en avant certains aspects
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de l’entreprise tels que le style de direction, la délégation des pouvoirs et la répartition des
tâches.
C’est le critère de la taille qui reste le plus souvent pris en considération dans la définition
d’une PME nonobstant la diversité des approches qui ont essayées de définir de la PME. En
fait, chaque pays dispose d’une définition distincte de la PME qui se base habituellement sur
« l’effectif employé ».
Aux États-Unis par exemple une entreprise qui emploie 500 employés est une PME tandis
qu’elle sera considérée faisant partie de la catégorie des grandes entreprises en Espagne. En
Europe, la PME est une entreprise indépendante qui emploie moins de 500 employés dont
l’actif immobilisé net est moins de 75 millions d'Euros et dont la part des capitaux
permanents détenue par une grande entreprise ne dépasse pas le tiers (Dyson 2005).
Une autre difficulté existe et réside dans le fait que divers définitions coexistent dans un
même pays et parfois pour sous même autorité gouvernementale (Allali 2003). Les PME au
Maroc ne font pas l’exeption, et la première difficulté recontrée par les chercheurs qui
entament des études qui ont trait aux PME marocaines est de délimiter les critères de
définition de la PME au Maroc faute d’une définition unique et officielle.
Selon le « Livre blanc de la petite et moyenne entreprise PME », réalisé par le Ministère
Délégué auprès du Premier Ministre Chargé des Affaires Générales du Gouvernement
(1999). Il n’est pas facile de définir le terme PME. « La notion de «petitesse» se conçoit
essentiellement par rapport à un comportement économique et organisationnel (“Livre Blanc
de La Petite et Moyenne Entreprise PME” 1999) ».D’une part, le comportement économique
de la petite entreprise se caractérise par l’incapacité d’exercer une influence significative sur
son marché. D’autre part, le comportement organisationnel se définit par la présence d'un
entrepreneur, qui marque la PME par sa personnalité.
Au Maroc, il n’y a pas une seule définition de la PME. En fait, il existe plusieurs définitions
selon les critères pris en considération. Dans la définition officielle de la PME, trois critères
sont pris en considération selon la Charte des PME. Le premier est relatif à la gérance de
l’entreprise qui doit être assurée d’une manière directe par des personnes physiques
(propriétaires, ou actionnaires). Le deuxième critère est relatif à la propriété du capital ou au
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droit de vote qui ne peut pas être détenu à plus de 25% par une entreprise ou un ensemble
d’entreprises qui ne correspondent pas à la définition des PME. Le troisième critère est celui
de la taille avec une distinction entre les entreprises existantes (plus de deux ans et celles qui
sont nouvelles.
Pour être qualifiées de PME, les sociétés existantes doivent obligatoirement avoir un effectif
inférieur à 200 employés permanents, avoir un chiffre d’affaires annuel hors taxe qui ne
dépasse pas 75 millions DH, et/ou un total bilan limité à 50 millions DH. Cependant, la
définition de la PME élaborée par l’ANPME tient compte uniquement du critère du chiffre
d’affaires et fait abstraction de l’effectif de l’entreprise. Selon cette dernière définition, trois
types d’entreprises sont distingués :
Plusieurs études ont démontré qu’une PME ne recherche pas forcément la croissance et se
contente le plus souvent d’une certaine taille à partir de la quelle elle ne va pas ambitionner
d’accroître. Le dirigeant joue un rôle central dans une PME. Ceci constitue une spécificité
envres leur logique financière. Les fonctions de propriété et celles de décision et de contrôle
sont confondues. La politique de financement se trouve alors influencé par la difficulté de
séparer entre ces fonctions stratégiques qui sont concentrées entre les mains du même acteur
qui est le dirigeant.
Les caractéristiques des petites firmes ainsi que celles de leurs propiétaires produisent des
contraintes sur la gestion et sur les ressources financières de cette catégorie d’entreprises.
Bien que les PME puissent être différentes les unes des autres, elles partagent de nombreuses
caractéristiques qui les différencient profondément des grandes entreprises.
Hétérogénéité et rationalité
Il faut reconnaître que les PME ne sont pas homogènes. Ce constat touche plusieurs
dimentions telles que la taille, le taux de croissance, le secteur d’activité d’une PME. Cette
hétérogéniété est plus fort chez les PME que chez les grandes entreprises.
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L’ouvrage en langue anglaise intitulé : « The Economics and Management of Small
Business: An International Perspective » est parmi les rares ouvrages qui ont essayé
d’aborder le sujet des petites entreprises. Dans cet ouvrage, Bannock (2005) avance que dans
un sens non économique, la «personnalité» d'une petite entreprise, refléte les idées de son ou
de (ses) propriétaire (s) qui sont également susceptibles de varier vu que les individus
diffèrent les uns des autres.(Bannock 2005).
Les PME sont très vulnérables et par conséquance ils ne peuvent pas se permettre trop de
fautes succeptibles d’engendrer la disparition de l'entreprise et éventuellement à la ruine de
ses propriétaires.
Propriété multiple
Il n'est pas vraiment surprenant que les propriétaires de la PME réussissent à utiliser leur
expertise et leurs fonds pour aider ou investir dans d'autres entreprises. Si la propriété de
plusieurs entreprises a été négligée par les chercheurs, il être peut suggérer que l'unité
d'analyse dans la recherche des PME soit l'individu plutôt que l'entreprise. Un phénomène
connexe de la propriété multiple est « l'entrepreneur en série » : il démarre une entreprise, la
développe, la vend et recommence de nouveau.
Forme juridique
La plupart des PME sont des entreprises individuelles. Du point de vue économique, la forme
juridique a peu d'importance et dépendra en grande partie des considérations fiscales
contrairement aux grandes entreprises où la capacité de recueillir des capitaux et d'autres
considérations peuvent être plus importantes.
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Productivité et rentabilité
Il y a eu un certain temps un débat sur l'efficacité relative des PME et des grandes entreprises.
La production par personne employée est généralement corrélée positivement à la taille de
l'entreprise : en général, plus l'entreprise est grande, plus la valeur ajoutée par employé est
élevée. La productivité du travail est plus élevée dans les grandes entreprises parce qu'elles
sont plus exigeantes en capital que les petites entreprises.
Risque et survie
Les petites entreprises sont particulièrement vulnérables au cours des trois premières années
suivant le démarrage de leurs activités. Néanmoins, il semble y avoir des différences dans les
taux de «naissance» et de «décès» au fil du temps et entre régions, et probablement entre les
pays. La croissance, voire la survie des PME sont entravées par une panoplie de difficultés,
dont la plus apparente est liée aux problèmes de financement.
Exportations et internationalisation
La majorité des PME sont locales dans leurs opérations et sont enracinées dans les
communautés territoriales. Les petites entreprises contribuent également indirectement aux
exportations en fournissant des biens (y compris des composants) et des services aux grands
exportateurs directs.
Selon Lecointre (2006), la particularité de l’organisation des PME est le lien spécifique et
particulier entre ses employés, son dirigeant-propriétaire et elle même. Ce lien se traduit par
un sentiment d’appartenance à un ensemble, un attachement, une implication, une solidarité
interpersonnelle et envers l’entreprise qui sont très uniques. Ceci crée un tissu social
particulier qui peut constituer le socle d’une mobilisation et d’une énergie très importantes au
sein de la petite et moyenne entreprise (Lecointre 2006).
Les objectifs d’un entrepreneur ne sont pas ceux d’un gérant « professionnel » d’une grande
firme.Tandis que les dirigeants des grandes firmes essayent de maximiser le valeur
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marchande de leur entreprise, la fonctin « finance » n’est même pas bien appréhendée par le
dirigeant d’une PME et il a tendance a avoir un comportement financier plus risqué.
La réalité des PME est très complexe. Les contraintes financières des PME sont
principalememt dues aux spéficités mêmes de celles-ci. Les solutions de financement
offertes par le système financier sont caratérisées par un déficit de financement. « Ce déficit a
un caractère structurel plus que conjoncturel. Il est global et n’est donc pas attaché à telle
ou telle forme de financement (Dietsch and Mahieux 2014) ».
- L’obtention de l’information sur la valeur des PME et leur potentiel de croissance est
onéreuse et souvent difficile à obtenir.
- Le manque de bonnes incitations pour choisir de croître et atteindre une taille
économiquement optimale et financièrement stable.
- La réduction de l’appétence des investisseurs au risque et ce particulièrement depuis la
crise.
Il est souvent affirmé que les PME sont plus difficiles à analyser que les autres entreprises.
Cette idée n’est pas nouvelle. L’opacité informationnelle des PME ne date pas uniquement de
la crise financière. En Economie bancaire, il est très apparent que l’analyse des PME est plus
ardue que celle des grandes entreprises. Une des raisons possible est peut être que le
rendement des crédits PME est moindre que celui d’autres activités.
Nous entendons toujours que les PME jouent un rôle déterminant sur le dynamisme du tissu
économique et social et contribuent à la croissance du PIB, à l’emploi et à l’investissement.
La première question à laquelle il convient de répondre est la suivante : Les PME souffrent-
elles, en pratique, d'une problématique d'accès au financement ?
Beaucoup de chercheurs ont opté pour une approche sectorielle et se sont focalisés sur divers
industries afin de fournir plus d'informations sur les difficultés des PME.
Pissarides (1999) a prouvé que le manque de financement est devenu une barrière à la
croissance de PME des économies transitoires où se sont les grandes entreprises qui
bénécicient des prêts bancaires en raison de marchés financiers peu développés (Pissarides
1999).
Pissarides et al. (2003) ont pu analyser les données de 437 de PME en Russie et en Bulgarie
pour identifier les obstacles les plus importants à la croissance des PME. Ils ont constaté que
les quatre contraintes principales étaient : défaillance des fournisseurs, problèmes de
financement externe, accès aux terrains et d'autres contraintes de production (Pissarides,
Singer, and Svejnar 2003).
Selon (Dietsch and Mahieux 2014) , il existe trois grands obstacles susceptibles de freiner
l’accès des PME au financement en crédit et en fonds propres et pénaliser ainsi leur
croissance .Tout d’abord, l’information sur la valeur des PME et leur potentiel de croissance
est trop coûteuse et difficile à obtenir. Ensuite, les PME font face à trop de contraintes ou ne
disposent pas des bonnes incitations pour choisir de développer et atteindre une taille
économiquement optimale et financièrement stable. Enfin, les investisseurs ont réduit à des
degrés divers leur appétit pour le risque PME depuis la crise, ce qui constitue aujourd’hui un
obstacle majeur à leur financement.
Les PME cherchent à éviter le recours au financement externe pour préserver leur
indépendance. Ce dilemme pose un problème d'organisation des systèmes financiers pour
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tenter de conserver les bénéfices des différents types de finance et de réduire leurs
inconvénients (Aglietta 2005).
Pour Ekpu (2016), les facteurs qui influencent la disponibilté des crédits pour les PME
peuvent être classés, d’une manière générale à 2 types de contraintes :
• Les contraintes de la demande : les résultats révèlent généralement que c’est la taille
d'un emprunteur d’un côté, et d’un autre côté la réputation du crédit, la disponibilité, le
coût de l'information exclusive et la taille de la banque jouent tous un rôle majeur dans
le choix de la source de financement.
• Les contraintes de l'offre : la structure organisationnelle de la banque, l'appétit du
risque et les facteurs de coût, la structure du marché et le type de prêt adopté sont
autant de facteurs dominants. Les déterminants de la prime de risque sur les prêts aux
PME sont en grande partie liés à des facteurs qui soulignent l'opacité informationnelle
et le risque des PME telle la taille de l'entreprise, son âge, la notation de crédit de
l'entreprise, la disponibilité des garanties et la qualité des relations entre les banques et
les emprunteurs.
La moitié des PME formelles (11-17 millions) dans les marchés émergents n'ont pas accès
aux prêts formels. Le gap de financement serait bien plus important en prenant en considérant
les micros et les entreprises informelles qui représentent 65% à 72 % de toutes les MSMEs
(240-315 millions). Le constat est que les grandes institutions financières financent les PME
qui sont plus transparentes sur le plan informationnel. Tandis que les petites banques
accordent des prêts relationnels aux PME qui sont caractérisées par une opacité
informationelle. Il convient alors d’accorder une importance à la demande des PME qui sont
opaques sur le plan informationnel (Berger and Udell 2004).
La différence entre les petites et les grandes entreprises est plus importante pour la première
catégorie concernant certains obstacles spécifiques de financement, tels que les conditions
collatérales, les frais, le taux d’interêt bancaire et les besoins en ressources de financement
(Beck 2007).
Le rapport de la banque mondiale (Rocha et al. 2010) indique que les pays ayant les parts les
plus élevées d'entreprises ont tendance à être les pays qui ont le plus haut pourcentage de
prêts accordés aux PME dans le total des prêts comme le Maroc, le Liban et le Yémen.
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Tandis que les pays ayant les parts les plus faibles d'entreprises ayant un prêt ont tendance à
avoir des parts plus petites en termes de prêts accordés aux PME comme la Syrie, l’Egypte et
la Palestine (la corrélation entre les deux variables est de 0,5 et la corrélation de classement
est de 0,6).
Au Maroc, les PME disposent d’une importance significative dans le tissu économique dans
lequel elles représentent plus 95% selon les statistiques de la confédération marocaine de la
PME.
La promotion de la PME rencontre plusieurs entraves. Celles-ci sont liées d’un côté à
l’environnement externe non approprié à savoir le financement, la lourdeur et complexité
administrative, la réglementation non adaptée…etc. ; et de l’autre côté des contraintes
internes inhérentes aux capacités managériales expliquées principalement par le manque de
formation tant à l’esprit d’entreprise qu’à l’absence d’accompagnement en termes
d’assistance et de conseil.
L’accès au crédit est considéré particulièrement difficile au Maroc, comme l’a montré le
dernier rapport de Doing Business en 2014 où le Maroc occupe la 109ème position sur 189
pays. Ceci concerne en particulier les petites et moyennes entreprises, qui trouvent l’accès au
financement plus difficile. Cela est du au manque d’une forte rentabilité et à l’incapacité à
répondre aux exigences des institutions financières.
Dans la plupart des cas, les PME recontre une réelle difficulté pour trouver un financement
approprié pendant les différentes phases de leur développement. Au delà du capital initial
requis pour développer leurs activités, toutes les PME ont fait face pendant les premières
années de leurs vies à un besoin de financement. C'est principalement cette étape qui
représente le défi principal pour les PME.
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dues à plusieurs facteurs. Probablement, le premier est lié à la prudence des banques pour
financer des PME dans un contexte de manque de liquidité, particulièrement pendant la phase
de création ou d'expansion. Le deuxième facteur est lié à l'ignorance des entrepreneurs et des
dirigeants des PME de la palette des produits financiers. Un troisième facteur peut être le
manque d'adaptation de ces produits financiers aux besoins d'une grande population de PME.
Un autre facteur est lié à l'existence d'une asymétrie forte de l'information entre l'investisseur
et le problème d’accès au fiannacement par les PME marocaines revêt deux aspects. Le
premier aspcet est dû au manque d’information sur de produits de financement qui leur sont
dédiés. Le deuxième aspect a trait à l’absence ou l’insuffisante des conditions pour pouvoir
bénéficier de ces offres (HAMIMIDA and KHIHEL 2016).
Le financement par le marché reste boursier est très timide, et ne dépsse pas environ 2,5 %
du total des investissements entrepris. Le capital investissement quand à lui est utilisé plutôt
par les entreprises qui sont porsitionnées dans des phase de maturié et non celles qui sont en
phase de lancement, et ce selon lle rapport 2011 de l’Association Marocaine des
Investisseurs en Capital (AMIC), toujours selon l’article de (HAMIMIDA and KHIHEL
2016)la PME et le manque de transparent de cette dernière.
Selon (Ekpu 2016), les facteurs qui influencent la disponibilité du crédit pour les PME
peuvent être classées en deux catégoris:
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caractéristiques de ses propriétaires, les relations entre les banques et les emprunteurs
déterminent également la disponibilité du crédit pour les PME.
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B. Le système bancaire marocain
Banques Côtées 6
Non ôtées 13
Crédit bail 6
Crédit immobilier 2
Cautionnement 2
Affacturage 2
Autres sociétés 3
Autres établissement 2
La plupart des organismes officielles parle maintenant des TPME et non des PME. Cette
approche vise à mettre en exergue les toutes petites entreprises qui représentent la majorité
des PME.
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Dans le but de soutenir davantage le financement bancaire aux très petites, petites et
moyennes entreprises (TPME), la banque centrale a mis en place un nouveau dispositif de
refinancement à terme ou bien les «prêts garantis».
Il est destiné à cofinancer en parallèle au crédit bancaire classique les opérations qui visent la
pérennité de l’équilibre financier des TPME qui connaissent des difficultés passagères.
Les spécificités de ce crédit conjoint résident dans le fait qu’il est remboursable sur une
durée maximale de 10 ans, accordé à un taux fixe correspondant au taux moyen pondéré
(TMP) des émissions des bons du trésor à 5 ans et avec un montant de prêt pouvant aller
jusqu’à 50 millions de dirhams. Pour ce qui est la part bancaire, le taux est alors librement
négociable, mais à condition de ne pas excéder le taux précité, majoré de 150 points.
1
Selon le site officiel de bank al Maghreb consulté le 8 Aout 2017
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2. Les programmes de soutien de Maroc PME (ex ANPME)
Le programme Imtiaz
L’objectif du programme « Imtiaz » est de soutenir les entreprises disposant d’un fort
potentiel qui projettent de réaliser des projets de développement. La croissance attendue
permettra d’augmenter le chiffre d’affaires des PME et de contribuer à la création de
l’emploi.
Le programme « Tatwir »
Le programme « Tatwir » vise l’encouragement de l’innovation principalement les secteurs
de l’industrie et des services. Les entreprises porteuses de projets de recherche&
développement exerçant dans le secteur industriel, des TIC ou des technologies avancées sont
également concernées.
Le financement Tatwir peut couvrir jusqu’à 50 % des dépenses engagées dans le cadre d’un
projet de développement dans le cadre de la recherche et développement à la hauteur de 4
millions DH (TTC).
Le programme « Moussanada »
Le programme « Moussanada » vise l’accompagnent des PME dans leurs stratégies de
modernisation et la mise à niveau de leur productivité et d’assurer leur compétitivité. Ce
programme table sur l’accompagnement de 700 entreprises par an.
Ce programme finance 60% à 80% des coûts de prestations de services à la hauteur d’un
million de DH notamment pour les plans de progrès tels la démarche qualité, les projets du
développement durable et le pilotage des performances, etc.
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Le programme « RAWAJ »
Ce programme est dédié au secteur du commerce surtout celui de proximité. Le financement
des frais d’équipement sont pris en charge à 75 % du montant projeté. Il vise l’émergence de
PME à fort potentiel de croissance à l’échelle nationale et internationale. La diversification
de l’offre des PME est parmi les préoccupations de ce programme afin de répondre aux
divers besoins des consomateurs.
L’analyse des réalisations par (HAMIMIDA and KHIHEL 2016) rèvèle l’existance des
défaillances propres de la structure de l’ANPME elle-même. Une insuffisance de suivi a été
constaté par la Cour des comptes relative aux programmes Imtiaz et Moussanada. En sus, les
s réclamations de la part des PME ne sont pas traitées. Un manquement est aussi observé au
niveau de la proximité des PME qui est dû à l’absence d’un réseau national.
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CONCLUSION
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont promordiales pour le développement de
n'importe quel pays. L'importance des PME dans la croissance globale et la stabilité
d'économique est extraîmement cruciale pour un pays en développement comme le Maroc,
où les PME sont la partie principale des entreprises. Malgré le fait que les PME souffrent de
plusieurs handicaps, la solution du problème de financement au Maroc contribuera sûrement
à boostrer l'économie de ce pays.
Les PME au Maroc peuvent jouer un rôle primordial en termes de création d’emploi, de
contribution aux exportations et de lutte contre la pauvreté. Conscient de ce rôle, l’Etat, à
travers un ensemble de programmes essaie depuis les années 80 de leur apporter soutien et
encouragement mais les résultats demeurent toujours dérisoires.
Plusieurs organismes ont été dédiés à l’accompagnement des PME sur tous les plans et
plusieurs programmes ont été mis en œuvre, mais les résultats attendus sont loins d’être
atteints.
Kersten, Harms, Liket, & Maas ont essayé de présenter plusieurs recommandations dans leur
artile intitulé : « Small Firms, large Impact? A systematic review of the SME Finance
Literature ».
Tout d'abord, ils ont insisté sur le fait que les programmes de financement des PME devraient
cibler les PME qui ont réellement un accès limité au financemnt à l’instar des petites
entreprises innovantes et de celles nouvellement créées.
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suffisamment élevé pour avoir des effets positifs et que les prêts à long terme pourraient être
plus adaptés à la plupart des besoins (Kersten et al. 2017).
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BIBLIOGRAPHIE
21
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