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PARETO (1848-1923) était un socio-économiste italien qui étudia la répartition des impôts
fonciers aux Etats-Unis. Il constata que 15% des contribuables payaient 85% des impôts fonciers. Il
en tira une règle, celle des 85-15, et plutôt celle des 80-20 qui peut s’appliquer partout :
20% des routes ou des voies ferrées assurent 80% du trafic,
20% des conducteurs provoquent 80% des accidents,
20% des articles vendus représentent 80% du chiffre d’affaires.
1
En d’autres termes : « une minorité des causes est responsable de la majorité des effets ». On
appelle loi de PARETO ou « loi des 80-20 » la règle de concordance que l’on trouve souvent entre :
le faible pourcentage d’éléments d’une population ou d’un échantillon donné,
le fort pourcentage que ces éléments représentent si l’on considère un de leurs caractères
particuliers ou un critère donné.
1.2 – Méthode ABC
Parmi la multitude de préoccupations qui se posent à un responsable maintenance, il lui faut
décider quelles défaillances doivent être étudiées et/ou améliorées en premier. Pour cela, il faut dé-
celer celles qui sont les plus importantes et dont la résolution ou l’amélioration serait le plus ren-
table, en particulier en terme de coûts d’indisponibilité. La difficulté réside dans le fait que ce qui
« est important » et que ce qu’il « l’est moins » ne se distinguent pas toujours de façon claire.
La méthode ABC apporte une réponse. Elle permet l’investigation qui met en évidence les
éléments les plus importants d’un problème afin de faciliter les choix et les priorités. On classe les
événements (pannes par exemple) par ordre décroissant de coûts (temps d’arrêts, coût financier,
nombre, etc..), chaque événement se rapportant à une entité. On établit ensuite un graphique faisant
correspondre les pourcentages de coûts cumulés aux pourcentages de types de pannes ou de défail-
lances cumulés. Sur le schéma figure 7.1, on observe trois zones.
1. Zone A : 20% des pannes occasionnent 80% des coûts ;
2. Zone B : les 30% de pannes supplémentaires ne coûtent que 15% supplémentaires ;
3. Zone C : les 50% de pannes restantes ne concernent que 5% du coût global.
Conclusion : il est évident que la préparation des travaux de maintenance doit porter sur les pannes
de la zone A.
Coûts
cumulés
C
100%
80 B
60
40
20
A
Nombre de
défaillances
0
20 40 60 80 100%
En maintenance cette méthode est très utile pour déterminer les urgences ou les tâches les plus ren-
tables, par exemple :
s’attacher particulièrement à la préparation des interventions sur les défaillances les plus
fréquentes et/ou les plus coûteuses (documentation, gammes opératoires, contrats, or-
donnancement, etc..),
rechercher les causes et les améliorations possibles pour ces mêmes défaillances,
organiser un magasin en fonction des fréquences de sortie des pièces (nombre de pièces
et emplacement),
décider de la politique de maintenance à appliquer sur certains équipements en fonction
des heures et des coûts de maintenance.
2
Attention toutefois : cette méthode ne résout pas les problèmes, mais elle attire l’attention du tech-
nicien sur les groupes d’éléments à étudier en priorité.
1.3 – Diagrammes de Pareto en N, Nt et t
Le service maintenance peut exploiter cette méthode en allant beaucoup plus loin :
on dresse un tableau regroupant les sous-ensembles, le nombre de défaillances N, les
temps d’arrêt par sous-ensemble Nt et la moyenne des temps d’arrêt t ;
on élabore les diagrammes en bâtons N, Nt et t ; ils permettront de déterminer la priori-
té de prise en charge des sous-ensembles par le service maintenance,
le graphe en N oriente vers l’amélioration de la fiabilité ;
le graphe en Nt est un indicateur de disponibilité, car Nt estime la perte de disponibilité
de chaque sous-ensemble ;
le graphe en t oriente vers la maintenabilité, c’est à dire l’amélioration de l’aptitude à la
maintenance.
1.4 – Application
Une machine comporte 10 sous-ensembles dont on a relevé l’historique des pannes.
L’entreprise, qui utilise cette machine, désire augmenter sa productivité en diminuant les pannes
sérieuses. Pour cela elle demande au service de maintenance de définir des priorités sur les amélio-
rations à apporter à cette machine. L’historique de la machine fournit le tableau suivant.
Sous-ensembles A B C D E F G H I J
Nombre d’heures d’arrêt 26,5 11 1 57 56,5 1 17 1,5 9,5 1
Nombre de pannes 4 15 4 4 3 8 12 2 3 2
Figure 7.2 – Historique d’une machine
Sous- Classement en Cumul des % des coûts Nombre de Cumul des % des pannes
ensembles coût (en h) coûts (en h) cumulés pannes pannes cumulées
D 57 57 31,3 4 4 7
E 56,5 113,5 62,4 3 7 12,3
A 26,5 140 76,9 4 11 19,3
G 17 157 87,2 12 23 40,3
B 11 168 92,3 15 38 66,7
I 9,5 177,5 97,5 3 41 71,9
H 1,5 179 98,3 2 43 75,4
C 1 180 98,9 4 47 82,4
F 1 181 99,4 8 55 96,5
J 1 182 100 2 57 100
3
Coûts
cumulés
100%
80
60
40
20
A B C Pannes
cumulées
0
20 40 60 80 100%
Sous-ensembles N Nt t
A 4 26,5 6,625
B 15 11 0,73
C 4 1 0,25
D 4 57 14,25
E 3 56,5 21.83
F 8 1 0,125
G 12 17 1,42
H 2 1,5 0,75
I 3 9,5 3,17
J 2 1 0,5
Figure 7.5 – Tableau en N, Nt et t
Le graphe en N (figure 7.6) oriente vers l’amélioration de la fiabilité : ici on constate que les
sous-ensembles B et G sont ceux sur lesquels il faudra agir prioritairement. Différentes actions sont
envisageables : modifications techniques (qualité des composants), consignes de conduite, surveil-
lance accrue (maintenance de ronde), actions préventives systématiques dans un premier temps,
conditionnelle ensuite.
Défaut de fiabilité
120,00
100,00
80,00
Taux
60,00 Taux de
panne
40,00
Cumul
20,00
0,00
B G F A C D E I H J
Sous-ensembles
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Le graphe en Nt (figure 7.7) est un indicateur de disponibilité, car Nt estime la perte de disponibilité
de chaque sous-ensemble. Il permet donc de sélectionner l’ordre de prise en charge des types de
défaillance en fonction de leur criticité (ici les sous-ensembles D et E).
Indisponibilité
120,00
100,00
80,00 Taux d'indispo
Taux
60,00
Cumul
40,00
20,00
0,00
D E A G B I H C F J
Sous-ensembles
Défaut de maintenabilité
120,00
100,00 Taux de non-
80,00 maint
Taux
60,00
40,00 Cumul
20,00
0,00
E D A I G H B J C F
Sous-ensembles
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Le diagnostic est « l’identification de la cause probable de défaillance à l’aide d’un rai-
sonnement logique fondé sur un ensemble d’informations provenant d’une inspection,
d’un contrôle ou d’un test ». La norme NF EN 13306 va plus loin, puisqu’elle indique
que le diagnostic d’une panne est « l’ensemble des actions menées pour la détection de
la panne, sa localisation et l'identification de la cause ». On va donc jusqu’à l’expertise1
de la défaillance.
Localisation de panne : actions menées en vue d'identifier l’équipement en panne au
niveau de l'arborescence appropriée2.
Faire un diagnostic, c’est déterminer la (les) cause(s) d’un trouble fonctionnel, à partir de
symptômes et/ou des observations :
le symptôme est le phénomène qui révèle une défaillance,
le diagnostic recherche l’origine des défaillances d’un système.
Un diagnostic est une action réfléchie. La figure 6.10 traduit parfaitement bien cette dé-
marche.
Défaillance
3 : J'agis
1 : Je vois
2 : Je réfléchis
1
Identification du mécanisme de défaillance
2A partir d’une défaillance, il est possible de construire un arbre des causes par niveaux successifs (quelles sont les
causes de cette cause ?). Par approfondissement progressif, on va ainsi du diagnostic jusqu’à l’expertise.
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Les symptômes peuvent être observés in situ, sans démontage, par les utilisateurs de
l’équipement ou par le maintenancier : VTOAG, mesures, défauts de qualité. Le VTOAG est
l’utilisation naturelle des cinq sens de l’individu. Il ne faut jamais les négliger, car ils sont capables
de contribuer à l’établissement d’un diagnostic.
a) La vue (V) : c) L’odorat (O) :
détection de fissures, fuites, dé- détection de la présence de pro-
connections, duits particuliers,
détection de dégradations méca- «odeur de brûlé», embrayage
niques. chaud,...
b) Le toucher (T) : d) L’auditif (A) :
sensation de chaleur, de vibration, détection de bruits caractéristiques
estimation d’un état de surface. (frottements, sifflements).
e) Le goût (G) :
identification d’un produit (fuite).
Attention cependant ! Il faut rester très prudent lors de ces démarches, qui peuvent exposer
l’individu à de graves dangers : brûlure; électrocution, intoxication, empoisonnement, etc..
Les symptômes peuvent aussi s’observer après démontage : mesures, observations de rup-
ture, d’état de surface, contrôles non destructifs, etc..
Zone mémoire
1,5% A2 E2
Chaîne P3 A3 E3
Unité de Sorties d'action
Traitement
3% 5% 60%
Capteur 1 Capteur 2 Capteur 3
0,5%
Entrées Chaîne
d'acquisition
3 – Expérience
Lorsqu’il aborde un problème de défaillance sur un matériel, le maintenancier ne peut pas se
permettre de naviguer à vue. Il connaît déjà les probabilités d’apparition de défaillance sur un maté-
riel. Par exemple, sur un SAP (Système Automatisé de Production), on sait que c’est la partie opéra-
tive qui occasionnera le plus de pannes (figure 7.10). Il est donc inutile de commencer son investi-
gation par l’API !
4 – Savoir-faire
Le diagnostic est construit comme une enquête policière : le maintenancier part des informa-
tions et symptômes, et à partir de son expérience, il formule des hypothèses affectées d’un niveau
de probabilité plus ou moins important, teste ces hypothèses afin de se construire une certitude. Il
dispose pour cela d’outils de diagnostic. Les plus utilisés sont :
le GRAFCET (recherche des discordances),
le diagramme ou Tableau Causes – Effets,
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l’arbre des causes,
l’organigramme de diagnostic et/ou la fiche de diagnostic
les systèmes experts.
Le GRAFCET est un outil bien connu des automaticiens : il permet en particulier la re-
cherche de dysfonctionnement sur une chaîne fonctionnelle et d’identifier l’équipement défaillant
d’un SAP. Mais tous les systèmes sont loin d’être automatisés : lorsqu’on a un appareil électromé-
nager qui ne démarre pas quand on en a besoin, il faut d’autres outils ! C’est ce que nous allons es-
sayer de voir maintenant.
Dans l’apparition d’une défaillance, on peut distinguer trois phases la cause, le mode et
l’effet.
Exemple :
Cause Mode Effet
Les phares de la voiture sont La batterie est déchargée Le moteur ne démarre pas
restés allumés toute la nuit
Vu de l’utilisateur, une défaillance se manifeste donc par son effet. Si on veut résoudre le
problème, il faut d’abord localiser l’élément en cause afin de le réparer ou de l’échanger. Puis, si on
veut que la défaillance ne se reproduise plus, .il faut rechercher les phénomènes ou les circonstances
en cause.
Dans ce paragraphe, on appellera recherche des causes la localisation des éléments dont
l’état anormal a entraîné la défaillance. Pour aider l’homme de maintenance dans cette recherche,
on dispose du Tableau Cause – Effets qui débouche ensuite sur l’organigramme de diagnostic. Le
Tableau Cause – Effets permet :
de faire un bilan des défaillances,
de rechercher des causes à partir d’un effet.
On recense, de manière exhaustive dans l’historique d’un équipement, tous les évènements
relatifs à un sous-ensemble ou un composant d’un équipement posant problème (déterminé par
exemple par une analyse de Pareto). On détermine :
le nombre de fois où l’effet est apparu,
la moyenne des temps d’intervention (MTI),
la moyenne des temps de diagnostic.
L’ensemble de ces données est tout d’abord regroupé sur un tableau comme indiqué figure
7.11. Ne pas s’étonner si un effet peut être provoqué par plusieurs causes.
Effet constaté Elément en cause Nombre de fois MTI (min) MTD (min)
E1 C1 12 25 10
E2 C2 4 15 5
E1 C3 23 60 10
E3 C4 2 10 2
E2 C5 6 40 12
Cause
Cause
Cause
Cause
Cause C1 C2 C3 C4 C5
E1 12 23
E2 4 6
E3 2
Conclusion
Le tableau causes – effets est un outil de synthèse d’historique qui met en évidence :
les relations entre les causes connues et les effets constatés,
la fréquence d’apparition des causes,
les temps d’intervention et les temps de diagnostic.
Il va permettre de générer la fiche de diagnostic et l’organigramme de diagnostic.
Remarque
Ce tableau est mieux adapté à la maintenance que le diagramme d’Ishikawa (Figure 7.13) utilisé par
les qualiticiens pour identifier toutes les causes donnant naissance à un effet (un diagramme par
effet).
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2.32 – Organigramme de diagnostic
C’est un outil graphique décrivant la marche à suivre pour atteindre la cause d’une défail-
lance à partir de l’effet constaté. La recherche s’effectue à partir d’une suite d’actions et de tests à
réaliser. C’est donc le « mode opératoire » du diagnostic. La syntaxe utilisée pour tracer
l’organigramme de diagnostic est donnée figure 7.14.
Test batterie Début de l'organigramme
Action
non
Choix
oui
Les hypothèses de test sont toujours hiérarchisées de manière à aller du plus probable au
moins probable.
Exemple : un aspirateur tourne mais n’aspire plus. Il est clair qu’il y a des choses à faire avant de
mettre en cause le système d’aspiration.
Pas d'aspiration
Oui
Hypothèse 1 Suceur obstrué?
Déboucher
Non suceur
Mauvais Bon
Essais
Oui
Hypothèse 2 Sac plein? Changer le sac
Non
Mauvais Bon
Essais
Oui Déboucher
Hypothèse 3 Flexible obstrué?
flexible
Non
Mauvais Bon
Essais
Appeler le
technicien agréé
Fin
Bon
1 Suceur Visuel Passage libre d‘un tournevis
Mauvais
2 Bon
Sac à poussière Visuel Sac plat
Mauvais
3 Flexible Tactile Passer la soufflette Bon
Vérifier le passage de l’air Mauvais
C’est un diagramme déductif qui va de l’effet vers la cause et qui a pour objet de rechercher
toutes les combinaisons de défaillances élémentaires (primaires) pouvant déboucher vers une panne.
Cet outil utilise un symbolisme qu’on utilise également sur les circuits logiques. On parle
aussi de logigramme de dépannage. Ce symbolisme est donné figure 7.17.
Evènement élémentaire (défaillance primaire)
&
ou Porte ET
> 1
ou Porte OU
11
Définition du système à
étudier
Enoncer la défaillance à
analyser
Etudier le système
NON OUI
A-t-on une défaillance de
Porte ET composant ? Porte OU
Construire l’arbre de
défaillance
B– Application
Non conformité de la température
du fluide avec la valeur souhaitée
Chauffage Brassage
défectueux défectueux
Hélice
Réglage Chauffage Moteur
désaccouplée
défectueux défectueux défectueux
Thermostat 1
déréglé
Moteur
Résistance Alimentation bloqué Défaut
HS HS interne
Alimentation
HS
Un système expert est un logiciel qui simule les activités intellectuelles de l’homme avec
des moyens informatiques. Avec un système expert, on entre dans le domaine de l’intelligence arti-
ficielle (IA).
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