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OCP
Octobre 2019
MSF OCP
2019
PRÉFACE
La brûlure reste un problème de santé publique majeur, au 4e rang mondial des traumatismes,
notamment dans les pays à faibles ou moyennes ressources (80 à 90% des brûlures).
Cette pathologie, concernant majoritairement les femmes et les enfants (conditions de vie
et de travail précaires, accidents domestiques), peut induire une hospitalisation prolongée,
une invalidité, complications et conséquences socio-économiques pouvant influer sur la
qualité de vie à long terme.
Malgré l’attention portée à sa réalisation, des erreurs ont pu se glisser dans le texte. Les
auteurs remercient les utilisateurs, si tel est le cas, de bien vouloir les faire connaître afin
d’assurer à cet ouvrage l’évolution la plus proche des réalités du terrain.
Ce guide est également disponible sur le site https://mymsf.org. Les protocoles étant
en constante évolution, il est recommandé de consulter régulièrement ce site où sont
publiées les mises à jour de cette édition.
1
ABRÉVIATIONS UTILISÉES
2 3
TABLE DES MATIERES
Préface 1
Généralités 94
4 5
TABLE DES MATIERES TABLE DES MATIERES
6 7
TABLE DES MATIERES TABLE DES MATIERES
8 9
1
Généralités
1. Caractéristiques et niveaux de gravité des brûlures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
et sévères
10 11
1
Chapitre 1 - Généralités Généralités - Chapitre 1
La peau est primordiale et essentielle pour la thermorégulation et le maintien de l’équilibre Figure 1. Parties du corps divisées en pourcentage de surface corporelle selon l’âge
hydro-électrolytique. Elle constitue une barrière anti-infectieuse contre l’environnement,
apporte des informations sensorielles (ex : douleur/chaleur/sensibilité aux stimuli externes)
• 1 à 9 ans
et exerce une fonction endocrine dont la synthèse de la vitamine D (métabolisme osseux) Soustraire 1 % pour la tête pour
et de la mélatonine (sommeil, immunité…). chaque année
Soustraire 0,5 % aux membres
La brûlure est une destruction du revêtement cutané et/ou des structures sous-jacentes
inférieurs pour chaque année
par des agents thermiques, électriques, chimiques ou radioactifs. Elle entraîne toujours
une réaction inflammatoire locale, avec ou sans syndrome inflammatoire systémique • > 9 ans
associé. Utiliser les mêmes pourcentages
que pour l’adulte
C’est l’étendue des lésions (la surface corporelle brûlée) et la survenue des complications
secondaires qui peut engager le pronostic vital. En revanche c’est la localisation et la
profondeur qui déterminent le pronostic local (fonctionnel et esthétique).
Mineure SCB < 10 % SCB < 15 % Figure 2. Les trois zones de la lésion cutanée post brûlure
SCB ≥ 20 % SCB ≥ 25 %
12 13
1
Chapitre 1 - Généralités Généralités - Chapitre 1
• L’épiderme : couche fine et robuste qui constitue l’enveloppe extérieure du corps. C’est RÉSUMÉ DE LA CLASSIFICATION DE LA PROFONDEUR
une véritable barrière étanche qui assure la protection du corps contre l’environnement. Bien que moins nuancée/exhaustive que la classification traditionnelle en degrés,
Elle est renouvelée en continu par les kératinocytes (cellules souches épithéliales) qui différencier les brûlures superficielles des brûlures profondes est d’une réalisation facile
naissent au niveau de la jonction dermo-épidermique avant de migrer vers la surface. (même en urgences) et permet d’anticiper la capacité de cicatrisation spontanée des
Une brûlure qui concerne uniquement l’épiderme est dite du 1er degré (ex : coup de plaies.
soleil). Elle est superficielle et la cicatrisation de cette lésion est spontanée en moins de
5 jours. Tableau 2. Caractéristiques cliniques des brûlures superficielles et profondes
• Le derme : couche intermédiaire (sous l’épiderme) constituée des tissus conjonctifs
qui donnent l’élasticité à la peau. Elle est parcourue en profondeur par des vaisseaux BRULURES BRULURES
CARACTÉRISTIQUE
sanguins (coloration de la peau), des terminaisons nerveuses (sensibilité) et des follicules SUPERFICIELLES PROFONDES
pileux (origine et attache des poils). Douleur +++
Une brûlure qui atteint l’épiderme et le derme est dite du 2e degré superficiel ou profond. Sensibilité Parfois importantes et SCB < 15 %
La différence entre superficiel et profond est le niveau d'atteinte dermique. Les atteintes étendues
les plus superficielles laissent suffisamment de membrane basale 1 indemne et préservent
Parois épaisses
la capacité de régénération de l’épiderme. Elles cicatrisent en général en 2 à 3 semaines. Phlyctènes 15 % < SCB < 25 %
Rouge
Au contraire, si la membrane basale est largement détruite et les vaisseaux nourriciers
endommagés, la capacité d’épidermisation spontanée est réduite et doit se faire à partir Rouge Blanc, brun ou rouge
des plans profonds ou des berges. La cicatrisation nécessite alors plus de 30 jours, elle Blanchit à la pression Réagit peu ou pas à la
est de mauvaise qualité avec un fort risque de cicatrice hypertrophique et de séquelles Couleur
Reperfusion capillaire pression
fonctionnelles. Il s’agit du 2e degré profond, l’excision chirurgicale des tissus nécrosés et normale Reperfusion capillaire retardée
le recouvrement cutané (greffe de peau) s’imposent dans la majorité des cas.
Texture Souple ou ferme Ferme ou indurée « cuir »
Figure 3. Différences histologiques entre brûlures du 2 e degré superficielles et Présents Présents ou absents
Follicules pileux
profondes Ne se détachent pas Se détachent facilement
Potentiel Hémorragique à la Peu ou pas hémorragique
hémorragique scarification à l’incision
Spontanée, Pas de guérison sans
Guérison
en 5 à 15 jours excision-greffe
• L’hypoderme : tissu graisseux isolant qui fait la jonction avec les tissus profonds
comme les muscles et les tendons. Une lésion du 3e degré atteignant l’épiderme, le
derme et l’hypoderme, ne peut guérir spontanément car toutes les structures de la peau
sont perdues et ne peuvent pas se régénérer. La chirurgie est toujours nécessaire à la
guérison de ces brûlures.
1 La membrane basale est une membrane ondulée située à l’interface entre l’épiderme et le derme (entourant
aussi les follicules pileux). Elle sert d’ancrage aux kératinocytes, intervient dans leur nutrition et contrôle leur
renouvellement : elle est ainsi indispensable au processus de cicatrisation.
14 15
1
Chapitre 1 - Généralités Généralités - Chapitre 1
2 - Réponse physiopathologique systémique aux brûlures modérées et sévères 3 - Conséquences physiopathologiques des brûlures modérées et sévères
Les brûlures modérées entraînent une réponse catabolique 2 limitée, marquée par une La brûlure modérée ou sévère a des conséquences multiples et polymorphes sur
altération de la fonction immunitaire et des mouvements d’eau et d’ions entre les différents l’organisme, source de nombreuses complications. Des complications iatrogènes de
compartiments liquidiens. traitements peuvent se surajouter à l’état précaire du grand brûlé.
Les brûlures sévères déclenchent une réponse métabolique systémique, marquée et Tableau 3 : Conséquences de la brûlure sur les grandes fonctions en phase précoce
soutenue, avec des perturbations plus ou moins importantes des grandes fonctions et secondaire
vitales (hémodynamique, respiratoire, rénale, hépatique, hémato/immunologique…). Ces
perturbations s’intensifient proportionnellement à l’étendue de la brûlure, pour atteindre PHASE PRECOCE (J0-J3) PHASE SECONDAIRE (> J3)
un maximum vers 60 % SCB.
FONCTION
Complications Complications
Cette réponse métabolique se déroule en deux phases : Conséquences Conséquences
potentielles potentielles
• Phase précoce : hypo-métabolisme Hémodynamique • ↘ Débit •H
ypovolémie • ↗ Débit • Hypertension
- S’installe dans les 48 premières heures
cardiaque •H
ypoperfusion cardiaque artérielle
- S’estompe avant J3/J4 de la brûlure
• ↘ Contracti- •C
hoc hypo- • Cœur hyper- • Tachycardie
- Caractérisée par un métabolisme atténué, une hémodynamique précaire avec
lité myocar- volémique / kinétique • Tableau d’allure
hypovolémie et bas débit cardiaque, des pertes d’eau et de sodium, la formation
dique cardiogénique • ↘ Résis- « septique »
d’œdèmes
• Fuite capillaire •↗
Œdèmes tances sans infec-
• Phase secondaire : hypermétabolisme • Œdèmes (sur-remplis- Vasculaires tion (risque
- atteindre un plateau vers J5 généralisés sage) Systémiques de confusion
- Persiste pendant des mois, parfois jusqu’à 2 ans (RVS) / vaso- diagnostique)
- Caractérisée par un hyper-métabolisme, une circulation hyper-dynamique (tachycardie, plégie
hausse des besoins myocardiques en oxygène) avec débit cardiaque élevé, une • Résolution
hyperthermie et une immunodéficience. œdèmes
Les retentissements observés loin de la peau lésée s’expliquent en grande partie par le Respiratoire SELON • Détresse res- • ↗ Risque • Bronchos-
syndrome inflammatoire de réponse systémique (SIRS). C’est cette cascade inflammatoire MECANISME : piratoire aigüe, infection pasme
qui déclenche et entretient la phase hyper-métabolique en augmentant de manière • Agression hypoxie • Œdème aigu
persistante la sécrétion des cytokines (marqueurs inflammatoires) et des hormones thermique • Obstruction pulmonaire
cataboliques (catécholamines et corticostéroïdes). directe (gaz, voies aériennes • Pneumonie
La brûlure représente l’un des états d’hyper-métabolisme les plus importants parmi toutes vapeur, supérieures • Hypoxémie
les pathologies existantes. flamme) • Œdème aigu • Insuffisance
• Agression pulmonaire respiratoire
traumatique • Hypoxémie aiguë
(blast) • SDRA 3
• Agression
chimique
(gaz toxique)
• Compression
mécanique
(brûlures
circulaires
du thorax)
2 Catabolisme : Il fait partie du métabolisme, qui est l’ensemble des processus chimiques ayant lieu dans
les cellules d'un organisme. Le métabolisme est constitué par deux phénomènes : l'anabolisme, qui est la
transformation des nutriments en tissus vivants et le catabolisme, qui est la consommation d'éléments afin
de produire l'énergie nécessaire au fonctionnement de l’organisme. 3 Syndrome de détresse respiratoire aigue
16 17
1
Chapitre 1 - Généralités Généralités - Chapitre 1
PHASE PRECOCE (J0-J3) PHASE SECONDAIRE (> J3) PHASE PRECOCE (J0-J3) PHASE SECONDAIRE (> J3)
FONCTION FONCTION
Complications Complications Complications Complications
Conséquences Conséquences Conséquences Conséquences
potentielles potentielles potentielles potentielles
Métabolique • Hypométabo- • Hyperglycémie • Hyperméta- • Dénutrition Hépatique • ↘ Perfusion • Insuffisance • Hépatomé- • Perturbation
lisme bolisme aiguë 4 sanguine hépatique galie enzymes
• ↘ Consom- • Hyperthermie • Aggravation hépatique aigue hépatiques
mation • ↗ Consom- dénutrition • Stéatose
oxygène mation antérieure hépatique
oxygène • Perte masse
• ↗ Dépense musculaire Digestive • ↘ Perfusion • Translocation • Iléus
énergétique • Hyperglycémie sanguine mé- bactérienne 5 • Constipation
• ↗ Sécrétion • Hypertriglycéri- sentérique • Ischémie
hormones ca- démie digestive
tabolisantes • Déficits oli- • Syndrome 6 du
• Insulino-résis- go-éléments compartiment
tance • Déséquilibre abdominal
phosphocal-
cique Hématologique • Hémo- • Maladies • Anémie •A
némie grave
• Hypocalcémie concentration thromboembo- mixte (pertes, • B esoins
(enfant) • Thrombopé- liques inflammation transfusionnels
• Retard de nie transitoire chronique, importants
croissance carences, •M
aladie
(enfant) hémolyse) thromboembo-
• ↗ Risque lique
thrombogène
Rénale • ↘ Perfusion • Oligurie • ↗ Débit • Polyurie
sanguine • Insuffisance filtration transitoire Immunologique • Colonisation • Infection locale • Immuno- • Infection /
rénale rénale aiguë glomérulaire avant J5 bactérienne déficience sepsis
• ↘ Débit filtra- • Agression • Insuffisance des brûlures acquise
tion gloméru- toxique rénale aiguë
laire (sepsis • Infection Neuro/ • Peur, panique, • Etat psychique • Douleurs • Etat régressif
• Agression secondaire, urinaire psychiatrique anxiété régressif aiguës et persistant,
toxique (myo- médicaments • Troubles de • Etat confusion- chroniques état de stress
globine) néphro- la conscience nel aigu • Prurit de post-trauma-
toxiques) (étiologie • Troubles du cicatrisation tique, dépres-
• ↗ Risque indirecte : sommeil sion, idées
infection organique, suicidaires
métabolique, • Aggrava-
toxique, réac- tion troubles
tionnelle) psychiatriques
• Douleurs antérieurs
aiguës • Isolement
familial / social
4 Les conséquences de la dénutrition aiguë sont proportionnelles au pourcentage de la perte de poids : une
perte > 10 % du poids entraîne un déficit immunitaire ; > 20 %, un retard de cicatrisation et l’apparition
d’escarres ; > 30% favorise la survenue d’un sepsis ; enfin une perte > 40% du poids est corrélée au décès. 6 Elévation excessive et prolongée de la pression intra-abdominale (PIA) accompagnée des dysfonctions de
Un grand brûlé peut perdre 10 % de son poids par semaine sans stratégie nutritionnelle adaptée. différents organes (systèmes cardiovasculaire et respiratoire, rein, foie, intestins, cerveau). En l’absence de
5 Passage de bactéries à travers le tube digestif vers le système lymphatique et le sang, favorisé par la la diminution en temps opportun de la PIA, cette hypertension abdominale évolue vers le syndrome de
diminution des défenses immunitaires et l’augmentation de la perméabilité intestinale chez le grand brûlé. défaillance multi-viscérale.
18 19
Chapitre 1 - Généralités
2
4 - Séquelles cicatricielles et fonctionnelles
Chapitre 2 : Types de brûlures
De nombreuses séquelles sont consécutives au processus de cicatrisation : elles
apparaissent le plus souvent à la suite des brûlures profondes.
• Hypertrophie : cicatrice épaisse, prolifération conjonctive abondante lors de la
cicatrisation
Lésions d'inhalation
• Chéloïde : cicatrice très épaisse. Stade irréversible de l’hypertrophie 1. Physiopathologie et classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2. Manifestations cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
• Rétraction cutanée : mise en tension des fibres de collagène en zone mobile, la
3. Conduite à tenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
rétraction cutanée peut causer des gênes fonctionnelles majeures
4. Cas particulier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
• Déformation (luxation/fibrose articulaire, position vicieuse, scoliose…)
5. Séquelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
• Destruction tissulaire : amputation, perte de substance
• Coalescence : fusion anormale entre deux parties du corps Brûlures électriques
• Fragilité cutanée 1. Propriétés physiques de l’électricité - Facteurs de gravité . . . . . . . . . . . . 37
• Dyschromie : troubles pigmentaires 2. Classification des accidents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
• Prurit 3. Manifestations cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
• Hyperalgésie : réponse douloureuse accrue à un stimulus douloureux : le stimulus est 4. Conduite à tenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
ressenti comme d’intensité anormalement exagérée
• Allodynie : douleur ressentie suite à un stimulus habituellement non douloureux.
Brûlures chimiques
1. Facteurs de gravité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2. Classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3. Manifestations cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4. Conduite à tenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Brûlures oculaires
1. Anatomie de l'œil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
2. Classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
3. Evolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4. La prise en charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Gelures
1. Physiopathologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
2. Classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3. Manisfestations cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4. Prise en charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
20 21
Chapitre 2 - Lésions d'inhalation Lésions d'inhalation - Chapitre 2
2
Lésions d'inhalation Conséquences
• Erythème, œdème et ulcérations allant jusqu’à la nécrose des muqueuses
Le terme « lésions d’inhalation» décrit les différentes atteintes des voies aériennes et du
• Risques : obstruction aiguë des VAS, retard de la nutrition par dysphagie
parenchyme pulmonaire, suite au passage de la chaleur, de la fumée 1 ou des gaz chimiques
dans le système respiratoire. Ces lésions sont caractérisées par les phénomènes suivants: Présentation aiguë (≤ 12h, rarement jusqu’à 24h)
• Endommagement, voire nécrose des muqueuses
B - Lésions trachéo-bronchiques
• Réponse inflammatoire locale avec hyperémie, exsudation et œdèmes
• Hypercoagulabilité pulmonaire Mécanisme
• Hyper réactivé bronchique • Atteinte de nature chimique : il s’agit dans majorité des cas d’inhalation de fumées
d’incendie, provoquant une toxicité entraînée par les suies (composés micro-particulaires
• Obstruction due aux sécrétions tapissant la trachée et les bronches et formant des
polycycliques azotés et carbonés) et d’autres composés irritants dans la fumée (dérivés
« moules bronchique »
de l’azote, acides minéraux, vapeur d’eau…). Ces substances chimiques et corrosives
•
Apparition d’un shunt : zones dont le rapport entre la ventilation alvéolaire et à la seront disséminées le long de l’arbre trachéo-bronchiques, pouvant atteindre enfin les
perfusion sanguine capillaire est diminué. Les conséquences sont : des atélectasies, alvéoles.
des pneumopathies, un œdème pulmonaire, une hypoxémie qui n’est pas, ou
incomplètement, corrigible par l’administration d’oxygène. Plus rarement, l’atteinte se produit après :
Les agressions causées par les fumées et les produits chimiques peuvent se présenter Inhalation d’un gaz toxique (ex : chlore, phosgène)
seules ou en association avec des brûlures cutanées. Outre les atteintes locales, Fausses routes après ingestion de produits chimiques sous forme liquide
thermiques et/ou chimiques, des effets toxiques systémiques sont possibles après
l’inhalation de certains gaz asphyxiants (ex : monoxyde de carbone, acide cyanhydrique). • Atteinte thermique directe exceptionnelle (ex : exposition très prolongée, milieu ambiant
saturé de vapeur surchauffée)
La gravité et la typologie des lésions dépendent principalement des agents incriminés
• Facteurs aggravants : lésions respiratoires indirectes, non-fumeur (sensibilité accrue des
(flamme, gaz …), de la taille des particules et de la durée d’exposition. Dans les cas
muqueuses saines)
les plus graves, ces atteintes peuvent conduire à des surinfections respiratoires, à
l’hypoxémie voire une défaillance respiratoire aiguë. Conséquences : irritation chimique et réponse locale inflammatoire
La présence des lésions d’inhalation augmente le taux de mortalité chez le brûlé. • Hyperémie, œdème, ulcération, bronchoconstriction, exsudat protéique, bronchorrhée,
stase du mucus, défense mucociliaire affaiblie, nécrose et exfoliation des cellules
1 - PHYSIOPATHOLOGIE ET CLASSIFICATION épithéliales, hypercoagulabilité locale avec dépôt de fibrine et formation de moules
endo-bronchiques (amas de fibrine, protéines, sécrétions, cellules mortes…)
Selon la localisation des lésions : •
Risques : obstruction, bronchospasme, atélectasie distale, shunt, hypoxémie,
A - Lésions des voies aériennes supérieures (VAS) surinfection trachéo-bronchique et pulmonaire.
22 23
Chapitre 2 - Lésions d'inhalation Lésions d'inhalation - Chapitre 2
D - Intoxication systémique Tableau 1. Résumé des facteurs contribuant à l’hypoxie au cours d’une inhalation 2
• Mécanisme : inhalation des substances toxiques produites par combustion ou pyrolyse 4 CAUSE CONSÉQUENCE PRÉSENTATION
Les 2 principaux gaz incriminés sont le monoxyde de carbone (CO) et l’acide cyanhydrique Baisse FiO2 en milieu ambiant 6 Baisse de l’oxygénation sanguine Immédiate
(HCN)
Augmentation du CO2 en milieu Hyperventilation favorisant la pénétration Immédiate
Source de CO : combustion incomplète des hydrocarbures parmi lesquels des gaz ambiant (par la combustion) pulmonaire des autres gaz (en reflexe
naturels (méthane, propane…), des produits pétroliers et des composés carbonés (bois, aussi à l’hypoxie)
papier, charbon…) Hypoventilation si coma hypercapnique
Source de HCN : combustion incomplète des matériaux contenant de l’azote dont
Intoxication au CO Diminution du transport d’O2 Immédiate
des matériaux naturels (bois, laine, soie, coton, papier…) et synthétiques (plastiques,
caoutchouc, mousse, peintures…) Intoxication à l’HCN Diminution de l’utilisation cellulaire d’O2 Immédiate
• Fixation aux sites ferreux de l’hémoglobine avec une affinité 200 fois supérieure à celle
de l’oxygène, formant la carboxyhémoglobine (HbCO) : les molécules de CO prennent
2 - MANIFESTATIONS CLINIQUES
ainsi la place des molécules d’O2 empêchant celui-ci d’être transporté jusqu’aux tissus
• Fixation à la myoglobine (réduction des réserves en O2) La présentation clinique est polymorphe et d’apparition variable. L’association de plusieurs
composantes des lésions d’inhalation est possible.
• Fixation aux cytochromes (inhibition de la respiration cellulaire)
• Risques : hypoxie hypoxémique et cellulaire Le diagnostic se pose devant un contexte favorisant les lésions d’inhalation (cf. liste ci-
dessous) ET la présence de plusieurs signes cliniques évocateurs. Aucun signe isolé n’est
INTOXICATION À L’ACIDE CYANHYDRIQUE(HCN) prédictif: c’est l’association des signes et des facteurs de risque qu’il faut prendre en
• Inhibition de l’enzyme cytochrome c- oxydase dans la chaîne respiratoire mitochondriale, compte.
empêchant l’utilisation de l’O2 par les cellules, ce qui entraîne le passage en métabolisme Un diagnostic basé uniquement sur la clinique reste un diagnostic présumé : le diagnostic
anaérobie définitif repose sur l’examen direct des voies aériennes par fibroscopie bronchique souple.
•
Risques : hypoxie/anoxie cellulaire, acidose lactique sévère, éventuellement mort
cellulaire
A-S
uspicion de lésions d’inhalation à l’arrivée (toutes lésions
Présentation immédiate (retardée dans de rares cas 5) confondues)
Contexte favorisant
• Exposition aux flammes, à la fumée ou aux produits gazeux chimiques
• Incendie en espace clos
• Milieu ambiant saturé de vapeur surchauffée
• Perte de connaissance inexpliquée sur les lieux
Manifestations cliniques
• Présence de suies dans les VAS (nez, bouche, expectorations)
• Poils du visage brûlés (cils, sourcils, poils du nez)
• Brûlures étendues de la face
• Signes neurologiques : agitation, confusion, conscience altérée allant jusqu’au coma…
24 25
Chapitre 2 - Lésions d'inhalation Lésions d'inhalation - Chapitre 2
B - Suspicion de lésions des VAS (< 12h) Ensuite, les signes d’une intoxication plus importante comprennent :
2
Œdèmes, phlyctènes ou ulcérations au niveau des muqueuses buccales, Manifestations neurologiques : excitation, agitation, confusion, ataxie, état de
de la langue 7 conscience altéré, coma transitoire ou persistant ; rarement convulsions
Hypersialorrhée Manifestations cardiopulmonaires : tachycardie, ischémie myocardique, arythmies
ventriculaires, œdème aigu pulmonaire, syncope, hypotension, choc
Manifestations respiratoires :
• Dysphonie, voix enrouée Manifestations cutanées : couleur corporelle dite « rouge-cochenille » (soit rouge
cerise, signe rare chez < 5 % des survivants) secondaire au changement de la couleur
• Dyspnée, toux rauque, stridor, sifflement inspiratoire
de l’hémoglobine transportant du HbCO
• Détresse respiratoire
< ! > Cette rougeur cutanée associée à des brûlures thermiques peut fausser le diagnostic
Visualisation des œdèmes supra glottiques par laryngoscopie directe de profondeur des brûlures
Rappel : une Sp02 normale (sans ou avec O2 supplémentaire) n’exclut pas une obstruction
Bilan métabolique : acidose lactique, taux de HbCO > 10 %
grave des VAS
Rappel : l’oxymètre de pouls standard n’est pas capable de détecter l’hypoxie chez le
C-S
uspicion de lésions trachéo-bronchiques et / ou patient intoxiqué au CO faute de pouvoir différencier les molécules de carboxyhémoglobine
parenchymateuses (12-72h) et d’oxyhémoglobine : fausse toux de saturation sanguine satisfaisant
Manifestations respiratoires
E - Suspicion d’intoxication aiguë à l’acide cyanhydrique (HCN)
• Toux
• Expectoration de suies Plus rare que l’intoxication au CO, ce diagnostic doit être évoqué par l’anamnèse
(exposition à la fumée) et l’association des signes neurologiques, d’une hypotension ±
• Sifflement
une acidose métabolique inexpliquée (si analyse disponible). Ce tableau clinique peut
• Dyspnée, signes de lutte respiratoire, détresse respiratoire aiguë imiter celui de l’intoxication à d’autres gaz (CO, arsine, méthane…).
• Crépitants, râles bronchiques, bronchospasme ou signes de condensation pulmonaire
L’inhalation de faibles concentrations de HCN produit des manifestations non spécifiques :
(remplissage, comblement ou collapsus alvéolaire pathologique)
faiblesse générale, céphalées, vertiges, anxiété, agitation, nausées/vomissements, goût
• Hypoxémie métallique dans la bouche, vision floue, douleurs abdominales, gêne respiratoire.
Bilan radiologique à J1 : radio pulmonaire, TDM thoracique
L’inhalation des concentrations plus fortes entraînent :
• Atélectasies
• Infiltration interstitielle, opacités alvéolaires, condensation Manifestations neurologiques : confusion, dilatation pupillaire, convulsions, état
comateux
D - Suspicion d’intoxication aiguë au CO
Manifestations cardiovasculaires : stimulation sympathique brève (tachycardie,
Toute personne exposée à des fumées d’incendie est considérée comme atteinte hypertension) puis dépression cardio-circulatoire (hypotension, arythmies ventriculaires,
d’une intoxication oxycarbonée jusqu’à preuve du contraire. Le diagnostic est basé sur choc, arrêt cardiaque)
l’anamnèse (exposition à la fumée), l’interrogatoire et l’examen clinique 8.
Manifestations pulmonaires : tachypnée transitoire puis bradypnée voire apnée ;
Les principales manifestations de l’intoxication aiguë proviennent des organes les plus rarement, œdème aigu pulmonaire
dépendants de l’utilisation d'oxygène: le système nerveux et le cœur.
Les manifestations initiales, en particulier dans les accidents à faible exposition, sont Manifestations cutanées : coloration cutanée rose intense secondaire à l’accumulation
le plus souvent non spécifiques : céphalées, vertiges, faiblesse musculaire, nausées ou de l’O2 dans le sang, car l’O2 n’est plus consommé par les cellules
vomissements, troubles visuels, douleurs non liées aux brûlures cutanées.
Bilan métabolique : acidose métabolique, augmentation des lactates sériques
(> 8 mmol/l), diminution progressive de l’EtC02 (dioxyde de carbone expiré).
7 Toute tentative d’examen clinique des structures profondes du pharynx est contre-indiquée (risque de
précipiter une obstruction sévère des VAS voire un arrêt respiratoire) Le cyanure est un poison extrêmement toxique à action rapide. Son inhalation à forte
8 Diagnostic confirmé par un taux élevé de HbCO dans le sang, ce qui nécessite un analyseur possédant un concentration risque de provoquer apnée, convulsions, coma et arrêt cardiorespiratoire
carboxymètre capable de mesurer le monoxyde de CO dissous dans de l’hémoglobine. Ce type d’analyseur
est peu ou pas disponible dans les pays à ressources limitées : il faut quand même systématiquement traiter
et la mort en moins d’une minute. Des expositions moins importantes peuvent aussi
les patients sur un diagnostic clinique présomptif rapidement conduire au décès en l’absence d’antidote.
26 27
Chapitre 2 - Lésions d'inhalation Lésions d'inhalation - Chapitre 2
3 - CONDUITE À TENIR - TDM thoracique à 24h 9 (en fonction du plateau technique et de la stabilité du brûlé)
2
A - Prise en charge pré hospitalière - ECG si angor, suspicion d’intoxication aux gaz asphyxiants (CO, HCN)
Soustraire la victime de la source des fumées et/ou d’autres gaz toxiques : c’est le
geste de première urgence pour limiter la durée d’exposition et restaurer rapidement une D - Orientation
atmosphère à l’air frais (FiO2 air ambiant = 21 %). Avant la soustraction, les secouristes
doivent se protéger avec un dispositif de protection respiratoire afin d’éviter le risque de Tous les patients présentant des facteurs suivants doivent être hospitalisés :
contamination du personnel soignant. Piégeage dans un espace clos lors d’un incendie
Si possible, administrer de l’oxygène : utiliser la plus haute FiO2 possible en pré Perte de connaissance sur les lieux
hospitalier (masque O2 à haute concentration)
Suies dans des sécrétions oropharyngées ou des expectorations
Réanimation cardiopulmonaire (RCP) : en cas d’arrêt cardiorespiratoire, une RCP doit
être démarrée et poursuivie autant que possible. Sifflement/bronchospasme
En cas d’intoxication présumée au HCN, ne jamais pratiquer une ventilation assistée par Brûlures étendues de la face, du cou antérieur
la technique du bouche-à-bouche : le cyanure piégé dans les poumons de la victime Critères d’hospitalisation pour les brûlures cutanées ou les traumatismes non brûlés
initiale peut être transféré directement au secouriste, pouvant créer une deuxième victime. associés
Critères biologiques (en fonction du laboratoire sur place) : PaO2 ≤ 60 mm Hg,
B - Evaluation initiale rapide ABC acidose métabolique, lactates sériques > 8 mmol/l, HbCO > 15 %
Comme pour tout traumatisé, une évaluation brève des fonctions vitales et un L’orientation du patient (service, soins intensifs, centre de grands brûlés…) dépend du
interrogatoire sommaire sont indispensables. Les éléments importants de l’historique sont bilan lésionnel et de l’évaluation du risque de lésions d’inhalation établis aux urgences.
le mécanisme de l’accident (incendie, explosion, gaz chimique, espace clos ou ouvert…), La majorité nécessitera une admission en unité de soins intensifs dans un premier temps.
l’état neurologique et hémodynamique sur les lieux de l’accident et les gestes de premiers
La sortie à domicile après une surveillance médicale de 4-6 heures est envisageable si,
secours pratiqués.
malgré le contexte favorisant l’exposition aux fumées (ex : rescapé d’un incendie) :
Risque de lésions d’inhalation jugé négligeable (pas de manifestations cliniques ci-
C - Evaluation secondaire
dessus)
Interrogatoire complet
ET
Evaluation attentionnée des systèmes et régions suivants :
Paramètres vitaux stables
• Respiratoire : perméabilité des VAS, timbre de la voix (raucité), efforts respiratoires, bruits
pulmonaires surajoutés, aspect du crachat (suies) ET
• ORL : muqueuses buccales et nasales, aspect des sécrétions Absence de brûlures cutanées
• Cardiovasculaire : perfusion périphérique (TRC), fréquence et rythme cardiaque, TA
• Neurologique : score de Glasgow, pupilles, examen sensorimoteur E - Traitement spécifique
• Peau : brûlures Traitement initial :
Bilan Oxygénation par masque à haute concentration (FiO2 la plus proche de 100%) débutée
• Si l’hospitalisation jugée nécessaire et plateau technique disponible (cf. section D) dans le plus bref délai quelle que soit la SpO2 ou la PaO2, et sans attendre les résultats
- NFS, ionogramme sanguin, fonction rénale du bilan biologique. L’oxygénothérapie humidifiée à haut débit doit être poursuivie au
- Dosage de lactates, gazométrie artérielle minimum 6h. Le débit sera ensuite ajusté pour maintenir une SpO2 > 92 %.
- Dosage de l’HbCO (dépistage intoxication au CO)
• Au cas par cas :
- Radio pulmonaire (RP) si suspicion de traumatisme thoracique associé ou nécessité
d’avoir un cliché de base (ex : pathologie respiratoire préexistante). Autrement, la RP
initiale est normale dans la majorité des cas d’inhalation : elle est rarement contributive 9
La présence de condensation ou d’opacités pulmonaires « en verre dépoli » signale une gravité plus
au diagnostic en phase aiguë importante que la présence des trames interstitielles accentuées ou un scanner
28 29
Chapitre 2 - Lésions d'inhalation Lésions d'inhalation - Chapitre 2
3 objectifs visés : Sans moyen de ventiler pendant une période prolongée, la trachéostomie d’urgence n’est
2
• Corriger une potentielle hypoxémie infraclinique pas indiquée pour les troubles graves neurologiques ou cardio-circulatoires.
• Accélération de la dissociation du CO de ses sites de liaison (hémoglobine, myoglobine, Administrer l’antidote Hydroxocobalamine 10 (si disponible) (Cf. Fiche technique
cytochrome oxydase) et ainsi augmenter la quantité d’O2 dissous dans le sang Conduite à tenir devant des lésions d’inhalation) en cas d’intoxication cyanhydrique
évoquée, sans attendre les résultats du bilan biologique.
• Favoriser la clairance hépatique du cyanure
Ajuster la réanimation liquidienne selon les objectifs classiques : les apports doivent
Mise en œuvre : parfois être augmentés devant les lésions d’inhalation touchant l’arbre trachéo-bronchique
et les poumons.
Assurer la sécurité des voies aériennes supérieures
La restriction liquidienne chez un brûlé atteint de lésions d’inhalation n’est jamais indiquée :
• Position semi-assise (30 à 45°)
elle ne protège pas les poumons, et ne modifie pas le pronostic.
• Surveillance rapprochée dans une zone de soins appropriée (ex : zone rouge services
des urgences, soins intensifs, salle de réveil) Prise en charge après stabilisation initiale
Rappel : l’évaluation initiale n’est pas toujours un bon indicateur de la sévérité de Traitement symptomatique respiratoire :
l’obstruction, qui peut survenir plus tardivement. Maintenir une surveillance prolongée. La gestion des lésions d’inhalation, après la période initiale, repose sur des mesures
• Pas de corticoïdes (inefficace pour les œdèmes post brûlure et majore le risque de de soutien pulmonaire : traitement du bronchospasme, diminution des sécrétions
sepsis) bronchopulmonaires, désagrégation et clairance des moules endo-bronchiques,
• Pas d’examen de l’oropharynx au risque de majorer les lésions ou la détresse respiratoire recrutement alvéolaire, etc.
Ces mesures peuvent s’avérer nécessaires pendant les premiers 7 à 10 jours, voire plus
• Petites doses titrées d’analgésie morphinique sauf contre-indication absolue
longtemps en cas de survenue d’une complication infectieuse (trachéite, bronchite ou
• Eviter les médicaments sédatifs-hypnotiques (benzodiazépine, antihistaminiques…) qui pneumonie nosocomiale).
pourraient majorer l’hypoventilation
Mesures-clés :
Des aérosols d’adrénaline peuvent être indiqués (à court terme, pendant environ 30-60
Mesures pharmacologiques
minutes) afin de diminuer l’œdème des muqueuses.
• Bronchodilatateurs inhalés (ex : Salbutamol, Adrénaline 11)
• L’intubation endotrachéale précoce n’est pas obligatoire pour tous les cas suspects de
lésions d’inhalation. En contexte sanitaire sophistiqué, elle est classiquement indiquée • Héparine non fractionnée en aérosol 12 : l’héparine exerce un effet anticoagulant et
anti-inflammatoire dans les voies aériennes, conduisant à une réduction de la déposition
en cas de :
de fibrine et de la formation des microthrombi alvéolaire. L’administration doit démarrer
Signes d’obstruction imminente des VAS : stridor, aphonie, balancement thoraco- tôt (≤ 4h post exposition si possible) et continuer pendant 48-72h pour optimiser son
abdominal, signes de tirages (utilisation des muscles respiratoires accessoires), silence efficacité
auscultatoire… • N-acétylcystéine en aérosol : agent mucolytique capable de diminuer la formation des
bouchons de mucus et d’aider à l’expectoration
Œdèmes ou phlyctènes des structures oropharyngées (visibles à l’œil nu de l’extérieur
ou visualisés en fibroscopie du pharynx) Mesures mécaniques
• Kinésithérapie respiratoire primordiale. Faire tousser le malade +++
Œdèmes massifs ou rapidement progressifs de la face ou du cou antérieur
• Aspiration des sécrétions pharyngées encombrantes
Défaillance respiratoire aiguë
• Déambulation précoce
Altération importante de l’état de conscience (GCS ≤ 8) • Oxygène humidifié et chauffé à haut débit
Instabilité hémodynamique • Ventilation non invasive 13 (VNI)
30 31
Chapitre 2 - Lésions d'inhalation Lésions d'inhalation - Chapitre 2
A - Enfants
En pédiatrie, notamment chez le jeune enfant, de nombreuses particularités majorent les
risques d’obstruction des voies aériennes et de défaillance respiratoire aiguë en cas de
lésions d’inhalation :
• Mécanismes compensatoires efficaces (ex : tachypnée, auto-pression expiratoire
positive) ayant tendance à masquer les complications graves dont les signes ne se
manifestent qu’à un stade avancé
• Signes de détérioration souvent peu spécifiques
• Moins de réserve cardiorespiratoire : une fois les mécanismes compensatoires dépassés,
la dégradation de l’état général intervient très rapidement
•
Diamètre absolu des voies aériennes inférieur à celui d’un adulte: une obstruction
importante peut se produire après une réduction de diamètre relativement mineure.
Ainsi, une obstruction des VAS peut progresser en très peu de temps
• Risque d’hypoxémie élevé (réserves d’O2 diminuées, consommation d’O2 augmentée)
• Taux d’infection respiratoire communautaire non négligeable
• Différences physiopathologiques post lésions d’inhalation : risque augmenté d’œdème
pulmonaire, d’insuffisance du cœur droit
• Plus de vulnérabilité à l’intoxication aux gaz asphyxiants tels que CO et HCN (ventilation
alvéolaire augmentée, poids inférieur, voies métaboliques immatures…)
32 33
Chapitre 2 - Lésions d'inhalation Lésions d'inhalation - Chapitre 2
FICHE TECHNIQUE
2
Indications :
•S ignes d’obstruction VAS imminente (stridor persistant, gargouillement, aphonie,
INTOXICATION CYANHYDRIQUE
EVALUATION DU RISQUE À L’ARRIVÉE
EN CAS DE SUSPICION
• Perte de connaissance sur les lieux espace clos), vapeur surchauffée ou gaz d’emblée ou réponse clinique insuffisante)
toxique
•S uies dans les expectorations (crachat), Adulte et enfant : 70 mg/kg (max 5 g) en perfusion IV sur 15-20 minutes
le nez ou la bouche • roubles hémodynamiques inexpliqués
T
(syncope, hypotension, choc, arythmie…)
• roubles neurologiques inexpliqués
T < ! > NE PAS entreprendre de bouche-à-bouche
(agitation, confusion, convulsions, état • ysphonie/voix enrouée
D
comateux) • ysphagie/hypersialorrhée
D
• rûlures étendues de la face ou du cou
B • yperhémie conjonctivale
H
antérieur
• dèmes, phlyctènes ou ulcérations au
Œ
niveau des muqueuses buccales
• Stridor En présence de ≥ 1 facteur de risque majeur ou ≥ 2 facteurs de risque modérés
• Bronchospasme
• A partir de H6, continuer l’oxygénothérapie humidifiée à débit adapté pour maintenir la
• Hypoxémie/dyspnée inexpliquée SpO2 > 92%
• Faire tousser le malade /2h
En présence de ≥ 1 facteur de risque (quel que soit le degré du risque) • Kiné respiratoire /4h (cf. chapitre Physiothérapie - Particularités et traitement de la lésion
•O
xygène humidifié à 100 % par masque à haute concentration pendant 6h quelle que soit d’inhalation)
la SpO2. • Changement de position du patient /4h
Le débit suffisant est celui qui gonfle légèrement le sac réserve (le sac ne doit jamais être • Aspiration prudente des sécrétions encombrantes (bouche, nez)
collabé).
• Déambulation précoce si possible
TRAITEMENT DE SOUTIEN
Adulte, enfant > 12 ans : souvent ≥ 10 l/min
Enfant ≤ 12 ans (débit variable en fonction de l’âge) : débuter ≥ 5 l/min PLUS
PRISE EN CHARGE INITIALE
•O
ptimiser et surveiller la perméabilité des voies aériennes En présence de ≥ 1 des 4 facteurs de risque suivants : suies dans les expectorations,
- Position semi-assise (30 à 45°) toux persistent, bronchospasme, hypoxémie/dyspnée inexpliquée :
- Orientation vers zone de soins à surveillance rapprochée (Urgences, SI, SSPI)
- Réévaluation médicale répétée et systématique au moins /2h dans un premier temps
•N
ébulisation de Salbutamol (voir posologie ci-dessus) /4h : substituer nébulisation
d’adrénaline si le bronchospasme est réfractaire aux béta-2 agonistes
•E
nvisager des aérosols de Salbutamol (à renouveler toutes les 20 minutes si besoin selon
la tolérance : fréquence cardiaque) •N
ébulisation de N-acétylcystéine (NAC) : 3 ml de solution à 20% /4h (administrer en
Indications : bronchospasme parallèle Salbutamol pour minimiser le risque de bronchoconstriction secondaire au NAC)
Posologie : Adulte, enfant > 15 kg : 5 mg dilués dans 3 ml NaCl 0,9 %
•N
ébulisation d’Héparine non fractionnée
Enfant ≤ 15 kg : 2,5 mg dans 3 ml NaCl 0,9 % Adulte : 10 000 UI dans 3 ml NaCl 0,9 % /4h
•E
nvisager des aérosols d’adrénaline (à renouveler toutes les 20 minutes si besoin selon la Enfant : 5 000 UI dans 3 ml NaCl 0,9 % /4h
tolérance : fréquence cardiaque) Ces mesures doivent être poursuivies pendant au minimum 72 heures post brûlure.
Indications : stridor, dyspnée, bronchospasme réfractaire, voix altérée
Adulte, enfant > 10 kg : 5 mg dilués dans 3 ml NaCl 0,9 % En cas d’apparition retardée de signes de lésions d’inhalation (toux, expectoration de
suies, hypoxémie, dyspnée, crépitations/râles, bronchospasme), prolonger ce traitement
Enfant ≤ 10 kg : 0,5 mg/kg (max 5 mg) dans 3 ml NaCl 0,9 % de soutien (ou le démarrer s’il n’est pas encore en place) jusqu’à l’amélioration et la
• Envisager une trachéostomie d’urgence stabilisation des manifestations respiratoires (parfois 7-10 jours)
34 35
Chapitre 2 - Lésions d'inhalation Brûlures électriques - Chapitre 2
2
Brûlures électriques
EN CAS DE SURINFECTION
Antibiothérapie IV à spectre étroit pendant 7 jours
(trachéite, bronchite, pneumonie)
RESPIRATOIRE
Le risque d’accident électrique, dit « électrisation », est omniprésent dans tous les
domaines de l’activité humaine. Les tableaux cliniques de l’électrisation sont polymorphes,
allant d’expositions bénignes sans séquelle, jusqu’aux formes les plus graves, dont la
défaillance multiviscérale et l’électrocution (décès) 1.
Les brûlures électriques possèdent certaines particularités :
• Elles représentent peu de brûlures graves dans le monde (< 5-10% du total), mais
Oxygénothérapie humidifiée à débit nécessaire pour maintenir la SpO2 > 92% l’incidence est souvent plus élevée dans les pays émergents où l’usage de l’électricité
EN CAS DE DÉFAILLANCE
Vérifier la perméabilité des voies aériennes supérieures est peu ou pas sécurisé passage du courant dans le corps humain :
- destruction cellulaire par excitation membranaire (effet direct du courant électrique)
RESPIRATOIRE
36 37
Chapitre 2 - Brûlures électriques Brûlures électriques - Chapitre 2
• La tension du courant, exprimée en volts (V) : plus la tension est haute, plus la génération B - Brûlures cutanées isolées par électrisation 2
de chaleur le long du passage interne du courant sera importante. On distingue les
Il s’agit de brûlures en lien avec l’électricité mais sans contact direct avec une source
accidents à basse tension (< 1000 V. ex : courant domestique, usine) qui ont tendance à
électrique et sans passage interne du courant dans le corps.
provoquer des brûlures discrètes et superficielles, de ceux à haute tension (≥ 1000 V. ex :
alimentation ferroviaire, postes et sources de distribution, foudre) qui sont marqués par On distingue 2 types :
des brûlures profondes, des lésions délabrantes et des atteintes thermiques au niveau • Arc électrique : arc provoqué entre 2 points conducteurs qui se propage sur la peau
des téguments et des viscères. quand la victime est proche des 2 sources. Ce phénomène est favorisé par l’humidité,
• La résistance au passage du courant : peut enflammer les vêtements et génère des brûlures cutanées thermiques classiques,
de profondeur variable.
Elle dépend de plusieurs facteurs :
• Flash électrique : amorçage entre 2 points conducteurs à haute tension, créant un
Au niveau de la peau : fort phénomène lumineux et la libération de chaleur. Le dégagement de températures
• La surface de contact, le temps d’exposition prolongé par l’effet « collage » en cas de élevées (200 à 20 000°C) entraine des brûlures chez une personne à proximité. L’intensité
tétanisation musculaire qui maintient la victime collée à la source d’électricité. lumineuse peut causer une atteinte oculaire par radiation par rayons ultraviolets (risque
• L’humidité de la zone de contact : la peau humide favorise le passage du courant de de kérato-conjonctivite immédiate et/ou cataracte dans un deuxième temps).
400 %
• L’épaisseur de la couche cornée Dessin 1. Deux types de brûlures électriques cutanées isolées
A l’intérieur du corps : les tissus dotés d’une résistance élevée (os, graisse, tendons,
peau, muscles) ont tendance à surchauffer et se consumer plutôt que de transmettre le
courant. Au contraire, les tissus ayant une basse résistance (sang et nerfs) le conduisent
facilement, ce qui explique pourquoi le trajet interne du courant suit généralement les axes
vasculo-nerveux.
• Le type du courant : le courant alternatif (CA ou AC en anglais) est considéré comme plus
dangereux que le courant continu (CC ou DC en anglais)
3 L’absence de points d’entrée, de sortie et de brûlures cutanées visibles n’exclut pas le passage intracorporel
du courant, notamment en cas d’accident de basse tension.
38 39
Chapitre 2 - Brûlures électriques Brûlures électriques - Chapitre 2
3 - MANIFESTATIONS CLINIQUES 2
SYSTÈME MÉCANISME MANIFESTATIONS
A - Electrisation interne et foudroiement Musculo-squelettique Œdème lésionnel (sur 3-4 j) Contraction isolée/tétanisation immédiate
La présentation et les conséquences sont hétérogènes. Nécrose musculaire directe rhabdomyolyse, syndrome des loges
ou par brûlures thermiques Nécrose périoste/os
Thrombose/ Fracture (cause: tétanisation, chute,
Tableau 1. Eventuelles manifestations et complications extra-cutanées après dévascularisation projection, blast)
électrisation musculaire (sur 7 j) Fibrose musculaire/articulaire
Brûlures de l’os 6
SYSTÈME MÉCANISME MANIFESTATIONS Rénal Nécrose tubulaire Insuffisance rénale aiguë : 5-15 %
aiguë sur hypovolémie,
Cardiaque (30 %) 4 Dysfonctionnement Arrêt cardiaque par asystolie*, rhabdomyolyse, hémolyse
des tissus nodaux, fibrillation ventriculaire, hypoxie
Thrombose/nécrose directe
voies de conduction Arythmies bénignes (10-15 %) du parenchyme rénal
Spasme coronarien / Troubles de conduction
thrombose (ex : bloc AV, QT prolongé) Respiratoire Tétanisation des muscles Arrêt respiratoire*
Nécrose myocardique respiratoires, atteinte Pneumothorax
Contusion/ischémie myocardique : troubles
directe neurologique centrale et
de repolarisation fréquents et transitoires à Atélectasie
periph
l’ECG
Nécrose directe de la Infarctus pulmonaire
Rupture myocardique*
plèvre ou du parenchyme
pulmonaire
Vasculaire Fragilisation ± nécrose Thrombose artérielle/veineuse
des parois vasculaires Digestive/hépatique Nécrose directe Iléus, perforation digestive, cytolyse
Hémorragie secondaire
(évolution progressive (atteinte très rare) Ischémie mésentérique hépatique, nécrose vésicule biliaire
pendant 3-4 j) Rupture anévrysme
Neurologique (60 %) 5 Diminution Perte de connaissance * Complication rapportée plus souvent lors d’un foudroiement
du transport d’O2 Encéphalopathie anoxique
Hémorragie/ischémie cérébrale* B - Cas particuliers
Faiblesse motrice/paralysie
Dysfonction du système nerveux sympathique Femme enceinte : le liquide amniotique est fortement conducteur du courant électrique.
et parasympathique Il existe un risque systématique d’avortement et de mort in-utéro (même à bas voltage)
Troubles de mémoire, de l’équilibre lors de l’électrisation d’une parturiente. La grossesse est donc un critère systématique
Atteinte nerveuse (nerfs périphériques ou d’admission à l’hôpital pour une surveillance continue et la réalisation d’une échographie
crâniens) obstétricale systématique quel soit le type d’accident.
Lésion médullaire
Brûlure de la bouche chez l’enfant : ce type d’accident, particulièrement fréquent
Ophtalmique Anoxie Hyphéma* (sang dans la chambre antérieure chez les jeunes enfants, survient lors de la mise dans la bouche d’un fil dénudé. Cela
Traumatisme de l’œil) Hémorragie du corps vitré*, kératite occasionne des brûlures souvent profondes, à la commissure labiale et au bord de la
Démyélinisation Cataracte* précoce ou retardée (jusqu’à 2 langue, et induisent un risque d’œdème lingual, de microstomie 7 et d’hémorragie grave
ans)
par rupture de l’artère labiale (surtout à entre J5 et J15 : chute d’escarre).
Trouble de la vision des couleurs
Foudroiement : au-delà des lésions décrites dans le tableau ci-dessus, il existe des
* Complication rapportée plus souvent lors d’un foudroiement spécificités notamment :
• Prédominance des signes neurologiques (cf. tableau 2) ± pupilles dilatées, non réactives
(troubles du système nerveux autonome avec ou sans atteinte cérébrale grave associée)
• Lésions de blast (tympaniques, pulmonaires, digestives, osseuses, etc.)
4 Facteurs de risque favorisant les troubles cardiaques: trajet trans-thoracique (ex : main-main, tête-pieds),
tétanie, perte de conscience, peau humide, antécédents cardiaques. 6 Le passage du courant à travers l’os génère une quantité importante de chaleur en raison de sa haute
5 Les phénomènes et séquelles neurologiques sont fréquents et polymorphes après un accident dû à un résistance. Ainsi des lésions thermiques les plus graves se produisent dans les tissus avoisinants des os
courant à haute tension, caractérisés par une évolution imprévisible (résolution spontanée dans 2/3 des cas, longs (muscles, nerfs, vaisseaux).
parfois plusieurs mois plus tard). 7 Orifice buccal anormal (congénital ou acquis).
40 41
Chapitre 2 - Brûlures électriques Brûlures électriques - Chapitre 2
• Stigmates cutanés érythémateux en forme de feuille de fougère, nommés «figures de C - Evaluation secondaire 2
Lichtenberg» apparaissant dans l’heure puis disparaissant sous 24h après l’accident.
Des traumatismes indirects touchent environ un tiers des victimes, d’autant plus en cas
d’accident par courant haute tension ou foudroiement. De plus, la gravité et l’ampleur
Tableau 2. Sémiologie neurologique après foudroiement (classification de des lésions dues au courant électrique ne sont pas toujours évidentes au stade précoce.
Sherrington)
• Interrogatoire complet
• Evaluation attentive concernant
GROUPE MANIFESTATIONS - Peau : brûlures et points d’entrée/sortie (attention particulière aux plis, à la bouche,
aux organes génitaux)
Immédiates et transitoires (< 3 jours) « commotion passagère » : perte de conscience,
I -C ardiovasculaire : perfusion veineuse périphérique, rythme cardiaque
confusion, amnésie, paresthésies, céphalées
-N eurologique : score de Glasgow, pupilles, nerfs crâniens, examen sensorimoteur
Immédiates et prolongées : encéphalopathie hypoxique ou ischémique, hémorragie -M usculo-squelettique : tension des loges musculaires, rachis, signes de fractures
II intracrânienne, atteinte médullaire, syndrome de perte de sodium d’origine cérébrale -O RL, ophtalmologique : audition ± tympans, vision ± fond d’œil
(natriurèse inadaptée)
• Bilan
Syndromes retardés (jours à mois) : troubles sensitivomoteurs, tics, dystonie,
III - Electrocardiogramme systématique
syndrome Parkinsonien
- Si observation à court terme ou hospitalisation jugées nécessaires (cf. section D/
Trauma crânien indirect secondaire à une brusque accélération/décélération, une orientation)
IV rotation ou lors d’un blast. - Bandelette urinaire
- NFS, ionogramme sanguin, fonction rénale
- CPK-MM (marqueur spécifique d’une lyse musculaire), LDH (dépistage lyse cellulaire)
4 - CONDUITE À TENIR - Au cas par cas : imagerie (échographie, radios, scanner), bilan d’hémostase
42 43
Chapitre 2 - Brûlures électriques Brûlures électriques - Chapitre 2
E - Traitement Attention :
2
Traitement général -L
e bicarbonate de sodium n’a aucun bénéfice sur des pH urinaire > 6.5 et expose
à des complications multiples : aggravation d’une hypocalcémie ou d’un surcharge
La prise en charge des brûlures électriques est identique à celle des les brûlures volémique, hypernatrémie, alcalose métabolique.
thermiques (réanimation liquidienne, analgésie, nutrition, mesures de contrôle d’infection,
- Les
diurétiques de l’anse (ex : Furosémide) sont inefficaces pour prévenir une
surveillance, kinésithérapie, etc.) et adaptée à la gravité. Cependant, des victimes
insuffisance rénale aiguë. Ils risquent en plus d’aggraver l’hypovolémie et les
d’électrisation présentent quelques particularités :
perturbations électrolytiques. Leur utilisation est réservée aux cas de surcharge
• Surveillance du rythme cardiaque 10 hydrique.
- Contrôle ECG quotidien si accident à haute tension, arythmie suspectée ou documentée, - Le Mannitol : aucun bénéfice n’a été établi.
premier ECG anormal (sauf bradycardie ou tachycardie sinusale), maladie cardiaque
• Traitement des infections : en plus des germes classiques (S.aureus, BGN), les brûlures
préexistante
électriques peuvent se surinfecter à germes anaérobies (myonécrose profonde).
-
Scope en continu si perte de conscience, arrêt cardiaque observé ou instabilité Ces infections peuvent nécessiter des débridements chirurgicaux larges et une
cardiovasculaire (arythmie récurrente, hypotension, douleurs thoraciques, dysfonction antibiothérapie. (cf. chapitre Diagnostic et traitement de l'infection)
myocardique, troubles du système autonome)
Thromboprophylaxie : le risque thromboembolique est élevé. Une prophylaxie précoce est
• Réanimation liquidienne donc systématique (HBPM ou HNF selon la fonction rénale) 12.
En cas d’électrisation interne, la SCB ne suffit pas pour calculer les besoins hydro- Soins locaux
électrolytiques nécessaires. En effet, seuls les points cutanés d’entrée et sortie sont
visibles alors que les tissus brûlés en interne ne sont pas pris en compte (car invisibles) 11. Les soins locaux de ces lésions cutanées sont similaires aux soins des brûlures thermiques.
Les brûlures dues au courant électrique sont généralement très profondes et doivent être
Les apports doivent donc être majorés d’au moins 50% par rapport au % SCB et adaptés traitées par excision et fermeture des plaies.
en fonction de la diurèse. Utiliser un calcul de 6 à 9 ml x % SCB x poids pour la formule
de Parkland. Les greffes dermo-épidermiques classiques sont pratiquées pour les brûlures cutanées.
Des plaies délabrantes exigent souvent des débridements agressifs voire des excisions.
Si absence de myoglobinurie (sur bandelette urinaire) :
Traitement spécifique
- la diurèse doit être de 100 ml/h chez l’adulte et de 1,5 à 2 ml/kg/h chez l’enfant (voir
ci-dessous en cas de myoglobinurie). • Brûlures de la bouche chez l’enfant :
La répartition des liquides sur les 24 premières heures demeure inchangée. Les petites brûlures superficielles peuvent être gérées en ambulatoire avec les soins de
base et une hygiène buccale soigneuse.
Si présence de myoglobinurie (ou si présence de facteur de risque de rhabdomyolyse =
haute tension, arrêt cardiaque, brûlures profondes et étendues), la diurèse attendue est Les autres brûlures à cet endroit doivent être prises en charge chirurgicalement.
de : Le traitement de la commissure (lèvre, muqueuse buccale) est soit conservateur, en
- 200 à 300 ml/h chez l’adulte, 2-3 ml/kg/h chez l’enfant attendant les résultats de la guérison spontanée, soit chirurgical par excision-greffe ou
réalisation d’un lambeau afin d’éviter des séquelles fonctionnelles.
Le remplissage abondant requis impose de dépister les signes de surcharge hydrique, de
syndrome des loges ou du compartiment abdominal. Les brûlures de la langue sont traitées de manière conservatrice par cicatrisation dirigée.
10
Ni CK-MB sériques ni modification d’ECG ne sont utiles pour diagnostiquer ou suivre une atteinte
myocardique post électrisation : l’échocardiographie est probablement le meilleur outil disponible.
11 Les victimes de foudroiement atteintes des brûlures le plus souvent superficielles (même si l’étendue est
importante) nécessitent moins d’apports que les brûlures thermiques. 12 Cf . Toolbox médicale: protocole thromboprophylaxie
44 45
Chapitre 2 - Brûlures électriques Brûlures chimiques - Chapitre 2
2
Annexe 1 : Caractéristiques de l’électricité et des manifestations cliniques de
l’électrisation selon type d’exposition
Brûlures chimiques
Un grand nombre de produits chimiques (caustiques 1) provoquant des brulures se
HAUTE BASSE ARC
FOUDRE trouvent dans les milieux domestique, industriel, minier, agricole et militaire.
TENSION TENSION ELECTRIQUE
Il s’agit surtout d’acides forts, de bases fortes et de solutions organiques.
PARAMÈTRES DU COURANT ÉLECTRIQUE
Voltage (volts)
Les lésions se produisent par contact direct avec la peau et/ou les muqueuses, par
> 30 x 10 6 > 1000 < 1000 Normalement
< 1000 inhalation ou par ingestion.
Intensité (ampères)
Les brûlures chimiques possèdent certaines particularités :
> 200 000 < 1000 < 240 Normalement
< 240 • Elles représentent peu de brûlures graves (< 5-10 % du total), malgré l’omniprésence de
produits chimiques dans la vie quotidienne
Durée Instantanée Brève Prolongée Brève
• La destruction tissulaire se poursuit et s’approfondit tant que le produit chimique actif
Type du courant Continu (DC) Alternatif (AC) ou Continu (DC) Continu (DC) reste en contact avec le corps, d’où l’importance de l’enlever dans les plus brefs délais
continu (DC) • Elles résultent de la dénaturation des protéines biologiques par réaction chimique :
oxydation, réduction, corrosion, vésication, dessiccation et/ou cytotoxicité (mécanisme
MANIFESTATIONS CLINIQUES
différent des brûlures thermiques, où les protéines sont détruites de manière rapide et
Complications Asystolie Fibrillation Fibrillation Très rares définitive par la chaleur).
cardiaques graves ventriculaire ventriculaire
Cette dénaturation s’associe parfois à une réaction chimique exothermique 2, aggravant
Complications Atteinte centre Tétanisation des Tétanisation des Très rares les lésions Néanmoins, le résultat pathologique cutané final est identique aux brûlures
respiratoires graves respiratoire muscles respiratoires muscles respiratoires thermiques.
bulbaire
• Une lésion directe d’un ou plusieurs organes est possible, conditionnée par la voie de
Séquelles Fréquentes Fréquentes Rares Très rares
neurologiques
contamination :
Lésions oculaires
Contraction Unique Unique (DC), Tétanique Rare
musculaire tétanique (AC) • Inflammation / œdèmes / brûlures : cornée, conjonctive, paupières
Complications intraoculaires : perforation, surinfection, cataracte, glaucome
Brûlures Rares, Fréquentes, Normalement Fréquentes
jusqu’à la cécité transitoire ou permanente
superficielles normalement superficielles
profondes Lésions pulmonaires (inhalation de gaz ou vapeur)
Rhabdomyolyse Rare Fréquente Possible Rare • Pneumonie chimique
• Œdème pulmonaire aigu
Syndrome de loges Rare Fréquent Rare Très rare
Complications : surinfection, insuffisance respiratoire aiguë
Etiologie traumatisme Blast Fréquent Rare Rare
indirect Lésions du tractus digestif supérieur (ingestion de liquides)
Mécanique type Mécanique type
chute, projection contraction • Inflammation / œdèmes / brûlures : œsophage, de l’estomac jusqu’au grêle
musculaire excessive
Complications : perforation, sténose
Mortalité Très élevée Elevée Basse Très basse Lésions du carrefour aérodigestif (inhalation ou ingestion)
• Inflammation / œdèmes / brûlures : pharynx, larynx (trachée)
Complications : obstruction des voies aériennes supérieures
• Une toxicité systémique (à distance de l’organe atteint initialement) est possible
1 Un caustique est un produit corrosif capable de de détruire les tissus avec lesquels il entre en contact.
2 Réaction chimique qui dégage de la chaleur.
46 47
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Brûlures chimiques - Chapitre 2
• Les accidents sont en majorité bénins, néanmoins en cas d’exposition importante, une liquidiennes cutanées sont moins importantes que celle d’une brûlure thermique de même
2
hospitalisation prolongée et des interventions chirurgicales sont la norme : les brûlures étendue.
chimiques sont souvent profondes et leur cicatrisation est lente
Au niveau cutané, ces brûlures présentent un aspect sec parfois induré, de couleur variée
• Une évaluation complétée d’une observation hospitalière de ce type de brûlures est selon l’agent.
nécessaire, car :
Les effets locaux sont souvent difficiles à évaluer (latence d’apparition, aspect différent) B - Les bases
La destruction tissulaire peut continuer à évoluer malgré la suppression de l’agent Les bases « accepteurs de protons » libèrent des ions OH- et augmentent le pH. Plusieurs
(réaction exothermique) effets toxiques se produisent dans les tissus dont la saponification 4 de lipides avec
réaction exothermique, la dessiccation et une nécrose de liquéfaction. La capacité
Une toxicité systémique peut survenir de façon insidieuse. destructrice des bases présentent les caractéristiques suivantes:
1. FACTEURS DE GRAVITÉ - La destruction tissulaire risque de continuer malgré l’ablation du produit de la surface
cutanée
La sévérité des lésions dépend de plusieurs facteurs :
- Les brûlures apparaissent lentement et peuvent être invisibles pendant plusieurs
•
La durée d’exposition (facteur le plus important) : plus l’exposition dure, plus la heures avant que de graves lésions ne se manifestent
destruction tissulaire s’aggrave et plus la pénétration profonde est favorisée.
a profondeur de la brûlure est souvent sous-estimée lors de l’évaluation initiale
-L
• Le produit incriminé :
- La nécrose tissulaire cause des œdèmes et des pertes liquidiennes très importantes,
Nature du produit (acide, base, autre…) : les bases et les produits, responsables de identiques à ceux d’une brûlure thermique de même profondeur
nécrose de liquéfaction 3, sont plus destructeurs que les acides car ils facilitent (via cette - Au niveau cutané, ces brûlures présentent généralement un aspect humide, mou et
nécrose) la pénétration profonde de l’agent vulnérant. savonneux, de couleur variée selon l’agent en cause.
Forme du produit (solide, liquide, visqueuse, mousse, gaz/vapeur) : elle peut
conditionner les voies de contamination, le temps et l’étendue de contact et le potentiel
C- Les solutions organiques
de toxicité systémique Ce sont des substances chimiques ayant une structure à base de carbone et comportant
d’autres éléments naturels ou synthétiques. Ils exercent leurs effets toxiques en dissolvant
Concentration et quantité : les lésions sont d’autant plus graves que la solution est
les lipides membranaires et provoquant une cytotoxicité.
concentrée et sa quantité importante
pH : aux 2 extrêmes de pH (< 2 ou > 12), l’effet corrosif est majoré même en petite quantité
3. MANIFESTATIONS CLINIQUES
et sur une petite surface
• Les circonstances de l’accident : les agressions, les armes chimiques et les tentatives de Elles dépendent des sites touchés, des caractéristiques du produit chimique (type, forme,
suicide sont en général plus graves que les accidents dose, concentration...) et de la durée d’exposition.
• Les différences de peau (épaisseur, perméabilité…) en fonction de l’âge et de la zone Le délai d’apparition de signes cliniques peut être très court (dans les minutes qui suivent
cutanée (ex : la paume des mains et la plante des pieds sont plus résistants à la l’exposition à plusieurs jours).
pénétration des produits chimiques grâce à leur épiderme épais et riche en lipides).
Un seul ou plusieurs sites peuvent être atteints chez le même individu. Les lésions extra-
cutanées associées doivent être systématiquement recherchées. Dans un contexte de
2. CLASSIFICATION
guerre, l’association de lésions ophtalmiques, respiratoires et cutanées constatées chez
Voir annexe 1 pour un récapitulatif des produits les plus couramment incriminés à la fin plusieurs victimes doit évoquer la possibilité d’armes chimiques de type vésicant.
du chapitre.
Résumé d’éventuelles manifestations :
A - Les acides Manifestations cutanées :
Les acides, « donneurs de protons » libèrent des ions H+ et abaissent le pH, entraînant • Sensation de chaleur, de douleur brûlante (peut être ressentie très précocement, même
une nécrose ischémique de la peau et des muqueuses. En raison de la nécrose rapide avant l’apparition des signes cutanés)
de tissus superficiels (escarre sèche), la pénétration de l’agent est limitée et les pertes
4 Réaction chimique entre une base forte et des acides gras, ce qui produit les molécules détergentes
(savonneuses). Lors d’une brûlure chimique par base, le produit basique réagit avec les lipides dans
l’épiderme : la saponification résultant affaiblit la barrière naturelle aux liquides, détruit des membranes
3 Nécrose de liquéfaction : aspect de masse visqueuse liquide. cellulaires et produit de la chaleur.
48 49
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Brûlures chimiques - Chapitre 2
• Démangeaisons A - Protection 2
• Erythème Sur le site de l’accident :
• Phlyctènes plus ou moins importantes, allant des vésicules jusqu’aux bulles • Sauveteur : équipement de protection individuelle EPI 6 (vêtements de protection, gants,
• Brûlures bottes, lunettes/masque/écran facial, appareil respiratoire filtrant ou isolant…) adapté
- Intéressant principalement les mains, les membres supérieurs, le cou et le visage au risque
(exception : brûlures au ciment qui atteignent plutôt les membres inférieurs) • Victime : éloigner la victime du produit, sécuriser la source si possible sans se contaminer
-L ésions de forme irrégulière (configuration « éclaboussure » ou « cascade » si liquides soi-même
projetés ou coulant) et d’aspect homogène c’est-à-dire apparence identique sur toutes
A l’hôpital (ou dans l’unité de décontamination mobile) :
les zones de contact avec le produit (aspect différent des brûlures thermiques où les
lésions ont une apparence hétérogène) • Soignant :
- Changement de couleur de la peau : assombrissement, décoloration, teinture. AVANT décontamination du patient : EPI 6 adapté au risque (généralement niveau C-D)
APRES décontamination du patient : équipement comparable à celui de précaution
Manifestations oculaires :
gouttelette (casaque, masque chirurgical, lunettes/visière simple, gants médicaux)
• Douleurs, rougeur, larmoiement, photophobie, blépharospasme 5
• Victime : déshabillage et décontamination soigneux visant à minimiser la réexposition
• Baisse de l’acuité visuelle, cécité transitoire
à l’agent.
• Œdèmes palpébraux
• Brûlures : opacification cornéenne, ischémie de la conjonctive. B - Evaluation initiale rapide ABC
Manifestations respiratoires : Comme pour tout traumatisé, une évaluation des fonctions vitales et un interrogatoire
• Toux sèche ou avec expectorations sanguinolentes sommaire sont indispensables. Les éléments importants de l’historique sont les
• Dyspnée, stridor circonstances de l’accident, le type de produit chimique, la voie (ou les voies) de
contamination et les gestes de premiers secours pratiqués. L’existence d’autres victimes
• Détresse respiratoire
renvoie aux principes d’un afflux de patients.
Manifestations oro-digestives :
Cette première évaluation rapide ne doit pas retarder la décontamination plus que
• Douleurs oropharyngées / thoraciques / abdominales nécessaire.
• Sensation de suffocation
• Dysphagie, hypersalivation C - Décontamination cutanée = élimination du produit
• Nausées, vomissements
La décontamination est débutée sur les lieux si faisable, puis poursuivie à l’hôpital, de
• Hématémèse préférence dans une unité (douche) de décontamination extérieure à la salle d’urgence.
Manifestations systémiques : • Déshabiller le patient entièrement (si possible, découper les vêtements au lieu de les
enlever par la tête et les membres pour éviter une deuxième exposition de contact avec
• Cardiovasculaires : hypotension, arythmies, choc, arrêt…
un vêtement contaminé.
• Neurologiques : paresthésie, tétanie, hyperréflexie, faiblesse ou paralysie musculaire,
• Enlever tout bijou
conscience altérée, convulsions…
• Enlever tous les résidus d’un produit chimique sec sur la peau (à l’aide d’une brosse,
d’un bout de tissu sec) en brossant de haut en bas
4. CONDUITE A TENIR
• Rincer abondamment à l’eau courante toute zone atteinte pendant au moins 30
Les consignes suivantes ne concernent que les brûlures chimiques cutanées. minutes sans interruption : c’est le geste de première urgence pour éliminer le produit et
limiter l’approfondissement de la plaie
Cf. chapitres Brûlures oculaires et Brûlures caustiques digestives pour les stratégies
thérapeutiques ciblées.
6 EPI : équipement de protection individuelle : Il existe 4 niveaux d’EPI (A à D) pour les risques chimiques
5 Contractions répétées et involontaires des muscles des paupières qui entraînent la fermeture des paupières en fonction des risques d’exposition. Néanmoins aucun vêtement de protection n’assure une protection
de façon répétitive et incontrôlée. absolue contre la totalité des agents chimiques.
50 51
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Brûlures chimiques - Chapitre 2
D - Evaluation secondaire
• Interrogatoire complet : produit chimique (identification si possible, forme, concentration,
quantité), durée de l’exposition, traitement pré hospitalier, présence de symptômes
cutanés et extra-cutanés
• Evaluation des plaies cutanées : notoirement difficile, de gravité souvent sous-estimée,
leur réévaluation fréquente est essentielle au suivi de l’évolution. Jusqu’à preuve du
contraire il faut considérer ces brûlures comme au moins du 2e degré profond.
• Evaluation du risque de toxicité systémique :
• Signes systémiques (cf. manifestations systémiques)
- Ionogramme sanguin, bilan phosphocalcique (+/- gazométrie) en cas de :
• Signes évocateurs de troubles électrolytiques : instabilité hémodynamique, arythmie,
tétanie, convulsion…
• Forte suspicion d’un des produits suivants : acide fluorhydrique, phosphore blanc ou
vésicant
- Si indiqué : ECG, échographie cardiaque, radiographie pulmonaire 7 AHF : acide fluorhydrique
52 53
*O : oculaire ; P : pulmonaire ; D : digestif : TS : toxicité systémique
54
Annexe 1 : Les principaux agents chimiques responsables des brûlures
LÉSIONS NON
AGENT SOURCES BRÛLURES
GROUPE FORME MÉCANISME CUTANÉES
CHIMIQUE COURANTES CUTANÉES
O* P* D* TS*
Acides ACIDE Liquide Brûlures acides Batteries au plomb Couleur noirâtre/marron
SULFURIQUE Vapeur Nettoyant / déboucheur Aspect sec
Industrie
ACIDE
Chapitre 2 - Brûlures chimiques
LÉSIONS NON
AGENT SOURCES BRÛLURES
GROUPE FORME MÉCANISME CUTANÉES
CHIMIQUE COURANTES CUTANÉES
O* P* D* TS*
ACIDES ACIDE CARBOLIQUE Solide Brûlures acides Désinfectant Couleur marron clair/
Phénol Liquide Industrie grise/blanchâtre 12
Vapeur
ACIDE Solide Brûlures thermiques Fertilisant Couleur jaunâtre
PHOSPORIQUE Liquide (s’enflamme spontanément Feu d’artifice Aspect cireux
Phosphore blanc Vapeur en contact à l’air) Fumigène Douleurs sévères
Phosphore jaune ET Arme de guerre Nécrose progressive
Brûlures acides (acide - arme incendiaire 13
phosphorique formé - camouflage
par l’association du produit - éclairage/ciblage
de combustion et de l’eau) - arme chimique
BASES HYDROXYDE Solide Brûlures alcalines Nettoyant / déboucheur Brûlures cutanées
(alcalis) DE SODIUM Liquide Réactifs laboratoire Couleur blanchâtre
Soude caustique Industrie ++ Aspect humide,
savonneux, mou ±
nécrose 14
Brûlures muqueuses
Couleur blanchâtre/
noirâtres, escarre
profonde, ± nécrose
15 Base forte est active jusqu’à 8-14h après constitution du ciment frais
2
56
BASES AMMONIAQUE Liquide Brûlures chimiques alcalines Fertilisant Couleur jaunâtre/grise
(alcalis) Gaz ET/OU Industrie Aspect humide, mou,
Brûlures par engelure Synthèse parfois nécrotique
(liquide comprimé stocké à méthamphétamine
-33°C)
AGENT GAZ MOUTARDE Solide Mécanisme précis inconnu Arme chimique Phase précoce (6-24 h)
VÉSICANTS 17 Ypérite (< 13°C) - cytotoxicité Irritation, douleur,
Liquide - pro-inflammatoire érythème,
Vapeur (> - mutagénicité desquamation, ±
18
25°C) vésicules
Phase secondaire (> 12
h) Phlyctènes, brûlures,
nécrose
LÉSIONS NON
AGENT SOURCES BRÛLURES
GROUPE FORME MÉCANISME CUTANÉES
CHIMIQUE COURANTES CUTANÉES
O* P* D* TS*
AGENT LEWISITE Liquide Mécanisme précis inconnu Arme chimique Phase précoce
VÉSICANTS Rosée de la mort Vapeur - cytotoxicité (< 5 min) Irritation,
- pro-inflammatoire douleur, érythème,
- allergène taches grisâtres
- toxicité arsénique Phase secondaire 19
(2-18 h) Phlyctènes,
brûlures, nécrose :
lésions plus graves
qu’avec le gaz moutarde
19 Hypotension / choc, œdèmes généralisés, anémie hémolytique, diarrhées cholériformes, crampes, insuffisance hépatique/rénale
57
Brûlures chimiques - Chapitre 2
2
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Brûlures chimiques - Chapitre 2
FICHE TECHNIQUE
2
Premiers secours (lieu de l’accident, ambulance)
- Se protéger (EPI niveau A-B recommandé)
CONDUITE À TENIR - Retirer la(les) victime(s) de la zone contaminée
-S i possible, décontamination de base (déshabillage partiel, lavage à l’eau par éponge/
INTOXICATION PAR ACIDE FLUORHYDRIQUE (AHF) douche) avant le transfert à l’hôpital
TRAITEMENT DE SOUTIEN
EVALUATION DU RISQUE À L’ARRIVÉE
• AHF 20 à 50 % : 1-8 h - En cas d’échec : bloc de Bier avec du gluconate de calcium 2% < ! > Attention : seul
un anesthésiste peut pratiquer cette technique
• AHF < 20 % : retardée jusqu’à 24h • Manifestations locales Adulte : 10 ml de gluconate de calcium 10 % + Héparine 5000 UI + 40 ml de Ringer Lactate
• Atteinte cutanée : érythème, douleurs +++, œdème aboutissant à des phlyctènes, brûlures Enfant : 1 ml/kg de cette solution
superficielles blanchâtres, brûlures profondes argentées, ulcération, nécrose, lyse osseuse - En cas d’échec : excision chirurgicale
• Atteinte oculaire : irritation, photophobie, blépharospasme, œdème palpébral, chémosis, Exposition oculaire :
cécité transitoire aboutissant à une ischémie et opacification cornéenne Si douleur persistante après 1 h de lavage au NaCl : effectuer un lavage au gluconate de
• Atteinte trachéo-bronchique : toux, douleur pharyngée, sensation d’étouffement, dyspnée, calcium 1% (diluer la solution de 10 % avec du NaCl 0,9 %), puis administration de la
tachypnée, bronchospasme aboutissant à un stridor, une hypoxémie, une défaillance même solution en gouttes /3h pendant 2-3 jours.
respiratoire Ingestion :
• Manifestations systémiques - Rinçage de la bouche à l’eau ou au lait
• Désordres électrolytiques (↘ Ca2+, ↘ Mg2+, ↗ K+) - Minimiser le risque de vomissement (à jeun, pas de SNG ni lavage, pas de charbon
actif)
• Acidose métabolique
Inhalation :
• Hypotension/choc, arythmies >> arrêt cardiaque
Nébulisation avec du gluconate de calcium (4 ml de 2,5-5%)
• Tétanie, convulsions • Prévenir/corriger une hypocalcémie par administration IV de gluconate de calcium 10 %
Indications :
- Surface contaminée > 2,5 % surface corporelle
- Concentration HFA > 20 %
- Inhalation ou ingestion
- Signes évoquant l’hypocalcémie grave : hypotension, arythmie, tétanie, convulsions
- Hypocalcémie (calcium ionisé < 1,1 mmol/l)
1Privilégier le gluconate de calcium qui, à la différence du chlorure de calcium, ne se convertit pas en sel
d’acide
2 En l’absence du gel 2,5% commercialisé, mélanger 10 ml de gluconate de calcium 10% injectable et 30 ml
d’un lubrifiant neutre (ex. gel d’échographie)
58 59
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Brûlures chimiques - Chapitre 2
FICHE TECHNIQUE
2
Posologie :
Gluconate de Calcium 10 % en IV lente sur 5-10 min (bolus répété si nécessaire) :
Adulte : 1-2 g (= 10-20 ml) Enfant : 50-100 mg/kg (= 0,5-1 ml/kg) CONDUITE A TENIR
• AU PLAN GÉNÉRAL : INTOXICATION PAR YPERITE (GAZ MOUTARDE)
Corriger une hypomagnésémie : Sulfate de magnésium (MgSO4) 5% 50 mg/kg (= 0,1 ml/
kg) IV sur 30 minutes
Si état critique (quel que soit le taux de magnésium), administrer le Sulfate de magnésium
systématiquement en IV L’Ypérite (ou gaz moutarde) est un composé chimique cytotoxique et vésicant qui a
- Corriger les autres troubles électrolytiques (hyperkaliémie…) la capacité de former de grandes vésicules sur la peau exposée. Utilisé comme arme
- Analgésie morphinique chimique il vise à infliger de graves brûlures chimiques des yeux, de la peau et des
- Traitement général du patient brûlé (idem brûlures thermiques) muqueuses, y compris à travers les vêtements et à travers le caoutchouc naturel des
- Traitement symptomatique bottes et masques.
Sous sa forme pure et à température ambiante, c'est un liquide visqueux incolore et
• SURVEILLANCE
inodore qui provoque, après un certain temps (de quelques minutes à quelques heures),
CARACTÉRISTIQUES
- Surveillance rapprochée systématique (sig nes vitaux, ECG souhaitable) : pendant 24h des cloques sur la peau. Il attaque également les yeux et les poumons.
minimum quelle que soit la sévérité de la contamination
TRAITEMENT DE SOUTIEN
MANIFESTATIONS CLINIQUES
• Phase précoce (1-24 h)
• Nébulisation d’Héparine non fractionnée -A
tteinte oculaire (délai d’installation 1 à 4h) : irritation, photophobie, blépharospasme,
Adulte : 10 000 UI dans 3 ml NaCl 0,9%/4h œdème palpébral, chémosis, cécité transitoire. Signes cliniques : conjonctivite, ulcère
Enfant : 5 000 UI dans 3 ml NaCl 0,9%/4h cornéen
Ces mesures doivent être poursuivies pendant au minimum 72 heures post brûlure. -A
tteinte trachéobronchique (4 à 24h) : toux, douleur pharyngée, sensation
En cas d’apparition retardée de signes de lésions d’inhalation (toux, expectoration de suies, d’étouffement, dyspnée, tachypnée, bronchospasme, hémoptysie.
hypoxémie, dyspnée, crépitations/râles, bronchospasme, etc.), prolonger ce traitement Signes cliniques : hypoxémie, défaillance respiratoire
de soutien (ou le démarrer s’il n’est pas encore en place) jusqu’à l’amélioration et la -A
tteinte cutanée (6 à 24h) : érythème, prurit, douleur, parfois vésication débutante
stabilisation des manifestations respiratoires (parfois 7-10 jours) (zones moites très sensibles ex. aisselles, aines, périnée)
• Phase secondaire (12 - 48h)
Antibiothérapie IV à spectre étroit pendant 7 jours (trachéite, bronchite, pneumonie)
EN CAS DE SURINFECTION
60 61
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Brûlures chimiques - Chapitre 2
2
Premiers secours (lieu de l’accident, ambulance) Au plan cutané :
• Se protéger (EPI niveau A-B recommandé) - Ponctionner les phlyctènes volumineuses (le liquide de phlyctène n’est pas contaminé)
• Retirer la(les) victime(s) de la zone contaminée
TRAITEMENT DE SOUTIEN
- Pansement type brûlure (Sulfadiazine et tulle gras)
• Application d’une substance absorbante pendant 2-3 minutes si traces liquides sur la - Traitement général des lésions (idem brûlures thermiques)
peau (RSDL 1, moyens de fortune ex. poudre, farine, pain…) Au plan général :
• Décontamination simple (déshabillage avant tout, lavage à l’eau par éponge/douche) si - AUCUN antidote n’existe pour le gaz moutarde
transfert vers l’hôpital impossible ou retardé -A nalgésie : Morphine (cf. Fiche technique Morphine titration) + AINS (Diclofénac/
Conduite à tenir initiale (hôpital) Ibuprofen) l’absence de contre-indication (effet anti-inflammatoire bénéfique) +
• Protection de l’hôpital et du personnel Paracétamol (cf. Guide clinique et thérapeutique: traitement des douleurs aigues)
- Assurer un périmètre de sécurité, et installer une unité de décontamination à l’extérieur - Traitement général du patient brûlé (idem brûlures thermiques)
de l’hôpital : aucun malade n’entre dans une zone « propre » avant décontamination Surveillance
- Protéger l’équipe de décontamination (EPI niveau C recommandé) - Surveillance rapprochée (selon gravité des lésions)
- Interdire les zones d’accueil, de triage et de décontamination à quiconque d’autre que le - Contrôle régulier NFS jusqu’à J10
personnel soignant strictement nécessaire - Prélever les échantillons (sang, urines, cheveux) pour analyse toxicologique (H0 - H24
PRISE EN CHARGE INITIALE
Au plan respiratoire :
TRAITEMENT DE SOUTIEN
2 Salbutamol nébulisation :
Enfant < 5 ans ou < 15 kg : 2,5 mg (1,25 ml) / nébulisation à répéter toutes les 20-30 minutes si nécessaire
Enfant > 5 ans et adulte : 2,5 à 5 mg (1,25 à 2,5 ml) / nébulisation à répéter toutes les 20-30 minutes si
nécessaire
62 63
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Brûlures chimiques - Chapitre 2
FICHE TECHNIQUE
2
• Phase secondaire (heures à jours)
MANIFESTATIONS CLINIQUES 2
- Approfondissement et nécrose des lésions oculaires/cutanées
- Apparition différée d’OAP
CONDUITE A TENIR EN CAS D’INTOXICATION AU PHOSPHORE BLANC
- Toxicité systémique (présentation polymorphe)
Cardiovasculaire : arythmie, bloc de conduction, décalage segment ST, hypotension/choc
Système nerveux central : céphalée, état confusionnel aigu, conscience altérée, rarement
Le phosphore blanc est un explosif incendiaire. Le phosphore qui se consume forme un œdème cérébral
nuage corrosif (raison pour laquelle le phosphore blanc est classé arme chimique). Hépatorénal : ictère, hépatomégalie, oligurie
Lors d'utilisations offensives, les concentrations de phosphore sont si élevées que le nuage Autre : désordres phosphocalciques, acidose métabolique, dysglycémie, CIVD
blanc incriminé est souvent beaucoup plus meurtrier que l'explosion. • Phase tardive (jours)
Toxicité systémique : insuffisance rénale aiguë, insuffisance hépatique fulminante,
Etat physique : solide, liquide, vapeur suppression de la moelle osseuse (pancytopénie).
• Solide cristallin transparent, blanc ou jaune, d’aspect cireux. Extrêmement inflammable.
• Liquide incolore, car soluble dans l’eau ≥ 20°C. Persiste longtemps dans l’environnement
CARACTÉRISTIQUES CHIMIQUES
• Particules solides et acide phosphorique pénètrent dans les tissus biologiques (vêtements Conduite à tenir initiale (hôpital)
• Phase précoce (minutes à heures) • Toutes les victimes doivent être considérées comme des urgences vitales (zone rouge)
- Atteinte oculaire (particules, vapeur) : irritation, photophobie, blépharospasme, œdème • Déshabillage et décontamination
palpébral, chémosis, cécité transitoire pouvant aboutir à une conjonctivite, perforation, - Déshabillage total
endophtalmite - Si particules visibles sur la peau non brûlée : enlever les particules par brossage
- Atteinte trachéobronchique (vapeur) : céphalée, toux, douleur pharyngée, dyspnée, -L avage abondant (≥ 30 min) des zones cutanées atteintes à l’eau froide (les liquides ≥
tachypnée jusqu’à hypoxémie, OAP, défaillance respiratoire 20° favorisent la conversion de la forme solide en forme liquide, augmentant le risque
- Atteinte cutanée (particules) : brûlures cireuses parfois fumantes d’incendie et gênant l’identification des résidus particulaires dans les plaies)
- Lavage abondant et prolongé (≥ 30 min) au NaCl 0,9 % des yeux atteints (température
- Atteinte digestive 3 (liquide) : nausées/vomissements, douleurs abdominales, haleine/gaz
ambiante)
d’ail, vomissements/selles photoluminescentes, brûlures du tractus digestif supérieur
- Si disponible, utiliser une lampe de Wood 4 pour vérifier le diagnostic (particules
Signes cliniques : état de conscience altéré, rarement choc/arrêt cardiaque fluorescentes sous lumière ultraviolette)
- Toxicité systémique (voir ci-dessous)
3 risques sont inhérents à cette étape :
- Hypothermie +++
1 En cas d’arme incendiaire au phosphore, le « nuage blanc » produit est souvent plus meurtrier que l’explosion.
- Exposition aux vapeurs corrosives émises par le phosphore blanc, aux particules
2 Les données cliniques dans la littérature sont limitées, mais les symptômes ressemblent à ceux du gaz - Incendie
moutarde -R ecouvrement des plaies avec des compresses bien mouillées par l’eau (ou NaCl) froide
3 Une période « lune de miel » survient après la phase précoce de l’ingestion de phosphore blanc. La victime - Couvrir le malade
semble guérie pendant plusieurs jours (même jusqu’à 10 jours), puis se dégrade brutalement secondairement
à une défaillance multiviscérale due à l’absorption systémique du phosphore et ses dérivés.
64 65
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Brûlures chimiques - Chapitre 2
CARACTÉRISTIQUES
• Liquide huileux incolore ou ambré/vert, inodore
- Ininflammable, volatile ++ (vapeur active même en milieu froid)
CHIMIQUES
Au plan respiratoire : Oxygène si hypoxémie (Sp02 ≤ 94 %) - Persiste plusieurs jours dans l’environnement (eau, aliments, objets souillés, air) 1
Au plan oculaire : Traitement définitif selon examen ophtalmique approfondi (avis • Vapeur incolore, plus lourde que l’air, généralement inodore (sa forme impure possède
spécialiste si grade ≥ 3) (Cf. chapitre brûlures oculaires) une odeur de géranium). C’est la forme la plus souvent incriminée dans les intoxications.
- Pansement brûlé initial (Sulfadiazine et tulle gras) • Mécanisme de toxicité méconnu : cytotoxique, pro-inflammatoire, arsénique
- Réévaluation des plaies deux fois par jour à la recherche de nouvelles particules ou • Pénètre rapidement dans les tissus biologiques (à travers la plupart des textiles et le
TRAITEMENT DE SOUTIEN
MANIFESTATIONS CLINIQUES 2
- Douleurs cutanées ± oculaires quasi instantanées (secondes)
- AUCUN antidote n’existe pour le phosphore blanc
- Apparition rapide d’érythème, parfois de tâches grisâtres sur la peau (minutes)
- Analgésie (morphine) - Apparition rapide de blépharospasme (minutes)
- Traitement général du patient brûlé (idem brûlures thermiques) • Phase précoce (2-18 h) : symptômes proches de ceux du gaz moutarde, mais
- Autres traitements symptomatiques si nécessaires (ex. corriger les troubles d’apparition violente et plus précoce, avec des lésions souvent plus graves
électrolytiques, traiter un OAP) - Atteinte oculaire : idem gaz moutarde (risque ++ perforation, cécité permanente)
Surveillance - Atteinte trachéobronchique : idem gaz moutarde (risque ++ OAP, pneumonie)
- Surveillance continue (selon gravité des lésions) -E volution des lésions cutanées : idem gaz moutarde (risque ++ brûlures profondes,
nécrose)
- Si possible, réaliser un bilan : Ca2+, K+, Na+, Mg2+, phosphore, urée, créatinine, bilan
-T oxicité systémique : nausées/vomissement, diarrhées cholériformes, douleurs
hépatique, ECG
abdominales, fièvre, hypotension/choc 3, somnolence, crampes, convulsions, œdèmes
généralisés
• Phase secondaire
- Toxicité systémique : insuffisance rénale/hépatique, hémolyse
1 Le Lewisite, au contraire de l’ypérite, n’entre pas dans la chaine alimentaire, mais l’arsenic relargué par sa
décomposition n’est pas biodégradable, posant donc un danger environnemental
4 Outil diagnostique utilisé en dermatologie qui permet l’examen de la peau avec une lumière à Ultraviolets (UV) 2 Les données cliniques dans la littérature sont limitées, mais les symptômes ressemblent à ceux du gaz
5 L’application de sulfate de cuivre, traitement ancien, est désormais à proscrire (risque d’absorption moutarde
systémique avec hémolyse sévère, insuffisance rénale aiguë, choc, arrêt cardiaque…) 3 Le Lewisite endommage les capillaires sanguins, pouvant provoquer un état de choc distributif
66 67
Chapitre 2 - Brûlures chimiques Lésions caustiques digestives - Chapitre 2
2
- Réanimation et stabilisation Lésions caustiques digestives
- Administrer ANTIDOTE Dimercaprol ® (voir posologie ci-après)
- Compléter le déshabillage et la décontamination dans les plus brefs délais Une substance caustique ou corrosive cause des brûlures cutanéomuqueuses par
PRISE EN CHARGE INITIALE (hôpital)
(voir ci-dessous) destruction locale des protéines (acides) ou des lipides (bases), par dégagement de
- En raison de l’apparition précoce de la toxicité pulmonaire et systémique, un certain
nombre de malades exposés au Lewisite nécessite une médicalisation préalable.
chaleur ou par complexation massive et brutale de calcium. Les substances peuvent
Sinon, procéder au déshabillage, puis à la décontamination rigoureuse : exercer leur effet caustique sur différents tissus selon leur mode de contact : la peau et
- Déshabillage complet (découper les vêtements) PUIS les yeux, la bouche, le carrefour aéro-digestif, le tube digestifs et/ou l’appareil respiratoire.
- Décontamination minutieuse par douche (30 minutes minimum à l’eau tiède) L’ensemble de ces lésions est classé sous le terme de lésions chimiques caustiques. Il
• Si malade ambulant : il tient debout s’agit surtout d’acides forts, de bases fortes ou d’oxydants dont certains possèdent une
• Si malade non ambulant : il passe sous la douche en fauteuil ou sur brancard toxicité systémique en plus de leur toxicité locale. Très peu nombreux sont les caustiques
- Raser les cheveux contaminés possédant un antidote.
- Sécher et couvrir
3 risques sont inhérents à cette étape : En raison de leur réactivité chimique intrinsèque, les substances caustiques sont très
- Hypothermie utilisées dans l’industrie (soude caustique), la vie quotidienne comme produit d’entretien
- Transfert de contamination (eau de Javel), le bricolage (antirouille), l’agriculture, voire même comme armes chimiques.
- Exposition aux vapeurs toxiques émises du malade (poumons, peau) ou de ses
vêtements Les accidents d’exposition à ces produits sont fréquents dans les pays en voie de
développement. L’ingestion intentionnelle a habituellement des conséquences sévères,
Au plan respiratoire : nécessitant le recours à la réanimation et à des chirurgies lourdes. Elle est à l’origine
- Oxygène si hypoxémie (Sp02 ≤ 94 %)
- Aérosols de bronchodilatateurs (Salbutamol 4) si bronchospasme d’une mortalité assez élevée. Précoce par nécrose diffuse des organes de proximité
- Si possible, intubation et ventilation invasive si défaillance respiratoire (OAP, SDRA…) suite à l’ingestion massive d’un produit concentré et tardive liée la chute d’escarre
Au plan oculaire : cause d’hémorragie et de perforation, de pneumopathies d’inhalation, de séquelles ORL
- Lavage oculaire abondant (RL ou NaCl 0,9 %, 10-15 min) après gouttes d’anesthésiant au-dessus de toute ressources thérapeutiques. La gravité des produits industriels est
local (Oxybuprocaïne 5) généralement plus marquée que celle des produits domestiques car en milieu industriel
- Traitement définitif selon examen ophtalmique approfondi (avis spécialiste si grade ≥ 3)
le produit utilisé est le produit pur tandis qu’en milieu domestique c’est un produit dilué.
TRAITEMENT DE SOUTIEN
Au plan cutané :
Cette règle comprend cependant des exceptions.
- Ponctionner les phlyctènes volumineuses (le liquide de phlyctène non contaminé)
- Pansement de la brûlure (Sulfadiazine + tulle gras) La gravité des lésions chimiques est fonction de l’agent causal, de sa quantité déterminée
- Traitement standard des lésions (idem brûlures thermiques)
par son volume et sa concentration, par ses effets locaux et ses effets généraux s’il passe
Au plan général :
- Administrer ANTIDOTE Dimercaprol ® pour prévenir et traiter une toxicité systémique dans le sang. Une évaluation hospitalière de ce type de brûlures est la règle. La notion de
(pas d’effet exercé sur les lésions oculaires, cutanées, respiratoires) pH n’a de sens que pour un produit en solution, elle indique son caractère acide pH < 7.0,
Indications : Signes d’OAP, hypotension/choc, symptômes digestifs marqués basique pH > 7.0 ou neutre pH = 7. Le pH lors de la projection oculaire d’un caustique
Surface corporelle atteinte ≥ 5% (ou ≥ 1% si la décontamination > 15 min après détermine la suite thérapeutique.
l’exposition)
Posologie : Dose initiale : 3 à 4 mg/kg IM stricte /4h pendant 2 j
Dose d’entretien : même dose unitaire /6h à J3, puis /12 h entre J4 et J10
- Analgésie à la Morphine (cf. Fiche technique Morphine titration)
1. PHYSIOPATHOLOGIE
- Traitement général du patient brûlé (idem brûlures thermiques)
L’ingestion de produit caustique est une urgence diagnostique et thérapeutique, qui
Surveillance nécessite une prise en charge chirurgicale et de réanimation. Les enfants sont souvent
- Surveillance rapprochée (selon gravité des lésions)
- Contrôle régulier NFS jusqu’à J10 victimes d’une ingestion accidentelle. Chez l’adulte, la plupart des ingestions sont
- Prélever les échantillons (sang, urines, cheveux) pour analyse toxicologique (H0 - J1 - J7) intentionnelles (autolyse), parfois causées par un acte de violence (torture) et nécessitent
une prise en charge psychiatrique.
INCIDENT CHIMIQUE
Trier, recueillir, stocker et sécuriser les effluents et les déchets La mortalité est de 10 % et peut atteindre 20 % dans le cas de délai retardé ou de prise
SÉCURITÉ APRÈS
Décontaminer l’équipe soignante en charge initialement du patient et les lieux en charge inadéquate.
L’étendue et la sévérité des brûlures caustiques digestives dépendent de :
• La nature et la concentration du produit :
- les acides (pH < 2) entrainent surtout une nécrose de coagulation voire un risque de
4 Salbutamol nébulisation : perforation gastrique en cas d’ingestion massive1
Enfant < 5 ans ou < 15 kg : 2,5 mg (1,25 ml) / nébulisation à répéter toutes les 20-30 minutes si nécessaire
Enfant > 5 ans et adulte : 2,5 à 5 mg (1,5 ( à 2,5 ml) / nébulisation à répéter toutes les 20-30 minutes si
nécessaire
5 Oxybuprocaïne collyre : 3 gouttes dans le cul-de-sac conjonctival à renouveler après 2 minutes si nécessaire 1 Ingestion massive: ingestion de plus de 150 ml d’une substance caustique
68 69
Chapitre 2 - Lésions caustiques digestives Lésions caustiques digestives - Chapitre 2
Cas particulier :
2
Modifications de la numération formule sanguine
Formol / ammoniac = atteinte pulmonaire progressive
BIOLOGIQUES
(Hb, Gb, pH)
Antirouille = toxicité systémique importante Urée, créatinémie
Hémostase (TP, TCA, plaquettes)
- les bases (pH > 12) provoquent plutôt des brûlures œsophagiennes en coulée, très
Iono sang, Ca, Phosphore
profondes avec thrombose des vaisseaux aggravant la nécrose tissulaire importante. Bilan hépatique
Elles diffusent de façon extradigestive, médiastinale et/ou péritonéale proportionnelle- Gazométrie artérielle : acidose
ment au temps de contact.
- les oxydants provoquent une nécrose progressive dont la profondeur dépend de la Abdomen Sans Préparation Au stade de perforation : Pneumopéritoine (coupoles)
(ASP)
durée de contact avec la paroi digestive
• La quantité : une ingestion de plus de 30 ml peut être mortelle. Au-delà de 150 ml
(ingestion massive) les brûlures sont étendues à la totalité du tube digestif avec un risque Radio pulmonaire : Pneumomédiastin, emphysème sous cutané
de diffusion aux organes avoisinants < Attention > aux signes Epanchement pleural
perforation œsophagienne
• Le temps de contact avec la muqueuse conditionne la profondeur. Il dépend de la forme
COMPLÉMENTAIRES
du produit :
- Fluide : facilement dégluti, cause des brûlures de l’estomac à prédominance de l’antre Scanner TDM avec injection Permet d’évaluer le stade de la brûlure aussi bien qu’avec
à H6 de l’ingestion la fibroscopie
gastrique
Révèle des complications : Idem ci-dessus ± lésions
- Visqueux : adhère aux surfaces, cause des brûlures en coulées profondes de pulmonaires
l’œsophage et l’estomac
- Gel (ou présence d’agent tensioactif) : difficilement dégluti, adhère aux surfaces, cause Fibroscopie Visualisation des lésions oeso-gastroduodénales
des brûlures profondes des voies digestives hautes œsogastroduodénale
- Solide 2 (graines ou poudre) : cause plus souvent des perforations précoce < H24
- Les cristaux et les paillettes sont difficilement dégluti et donc à l’origine de lésions au
Fibroscopie Atteinte de la membrane suggérant une nécrose trans-
niveau pharyngé et trachéobronchique. trachéobronchique murale diffusant au médiastin (bronche souche gauche
- Mousseux : surtout irritants au niveau buccal et oropharyngé ++) voire perforation oeso-trachéale
+- Syndrome d’inhalation
•
Délai de la prise en charge : les brûlures s’étendent par contiguïté et touche
préférentiellement la queue du pancréas, la rate, le lobe gauche du foie, le colon
transverse. • Evolution des lésions digestives caustiques
Le duodénum et l’intestin grêle sont initialement protégés par une contracture du pylore Apres l’ingestion de substance caustique, l’évolution des lésions se fait selon le schéma
qui devient béant suite à la brûlure si elle n’est pas prise en charge. suivant :
2 Produit caustique solide : ce sont les sels d’acides ou de bases. 3 CIVD : Coagulation Intravasculaire Disséminée.
70 71
Chapitre 2 - Lésions caustiques digestives Lésions caustiques digestives - Chapitre 2
•C
omplet ABCD: recherche de signes de détresse vitale
Il faut surtout : •O
RL : ulcération ou nécrose buccales, sècheresse, langue dépapillée, odynophagie 4, trouble
de la déglutition, dysphonie, contracture, nécrose du pharynx ou de l'épiglotte
• Ne pas allonger le patient en décubitus dorsal
• Ne pas induire un vomissement (aggrave les lésions par 2e passage et risque •O
culaire : Cf. chapitre Brûlures oculaires
d’inhalation) •R
espiratoire: recherche d'œdème glottique, atteinte parenchymateuse trachéo-bronchique
par inhalation ou perforation secondaire, polypnée compensatrice d'acidose métabolique
• Ne pas faire boire des produits neutralisants le produit caustique (type eau, lait,
acide faible pansement digestif, charbon actif) •D
igestif: hypersialorrhée, douleur abdominale, douleur retrosternale ou épigastrique,
vomissement, hématémèse, défense voire contracture abdominale (ou absence des deux)
• Ne pas effectuer un lavage gastrique
•E
tat de conscience : une léthargie, une prostration peut traduire une nécrose trans-murale
• Ne pas poser de sonde nasogastrique (favorise le reflux gastrique et risque de
perforation) •U
rgence chirurgicale: hématémèse, défense abdominale, détresse respiratoire, douleur
thoracique, emphysème sous cutané, état de choc, arrêt cardio respiratoire = au-delà de
toute ressource thérapeutique
• Placer le patient en position semi assise à 45° pendant toute la prise en charge •R
adio poumon: recherche de pneumo médiastin, pneumothorax ou pneumopathie
- essuyer la bouche avec une compresse sèche en portant des gants en latex d’inhalation
- ôter les habits mouillés par la substance caustique •A
bdomen Sans Préparation (ASP) centrée sur les coupoles diaphragmatiques: recherche de
pneumopéritoine
- prodiguer des soins locaux en cas de brûlure chimique associée
•T
ransit œsogastroduodénal (TOGD) par produit hydrosoluble si signes radiologiques de
• Donner un médicament contre les vomissements : perforation pour en préciser le niveau. (il n'est pas indiqué pour l'évaluation initiale)
Enfant > 1 mois et < 50kg :
Ondansétron EXAMENS BIOLOGIQUES
IV : 0,1 mg/kg à renouveler toutes les 6h si besoin (maximum 4mg/injection et 12 • NFS, urée, créatinine
mg/24h) • Ionogramme sanguin, Calcium, Phosphore, Magnésium
PO : < 15kg = 2 mg 15 à 30 kg = 4 mg > 30 kg = 8 mg • Bilan d'hémostase (TP, PTT)
Adulte de plus de 50 kg : • Gaz du sang si dyspnée à la recherche d'une acidose et de signes d'hypoxie
Ondansétron : 4mg/8h (maximum 12 mg/24h)
Metoclopramide : 10 mg PO (maximum 3 fois/24h)
L'atteinte buccale et ORL ne sont pas corrélées avec l'atteinte digestive. De même,
• s’informer sur le contexte de l’ingestion (cf. Evaluation initiale ci-dessous)
des atteintes gastriques profondes peuvent être observées en l’absence de lésions
• évaluer l’état général du patient (méthode ABCD) œsophagiennes.
• orienter le patient vers une structure hospitalière qui dispose d’un service d’endoscopie
ou, par défaut, d’un hôpital ayant des capacités de réanimation et de chirurgie
• transport médicalisé sous oxygénothérapie si présence d'un signe de gravité : dyspnée,
emphysème sous cutané, syndrome péritonéal, état de choc, hématémèse, dyspnée, 4 Douleur pharyngée ou œsophagienne, lors de la déglutition, qui peut être due à des lésions dans l'œsophage,
troubles de conscience, convulsions. lors de la progression du bol alimentaire mais sans sensation de blocage.
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Chapitre 2 - Lésions caustiques digestives Lésions caustiques digestives - Chapitre 2
Détresse Vitale ?
NON OUI
Tableau 2 : La classification des lésions digestives en 4 stades
CLASSIFICATION ASPECT ENDOSCOPIQUE Prise en charge aux urgences Prise en Charge en Réanimation
Stade 0 Examen normal, absence de lésion
Stade 4 perforation
NON
Signes de perforation :
Réalimentation tolérée ? < H24 ou entre J7-J14
Les ulcérations circulaires sont graves même quand elles sont localisées car elles post ingestion
présentent un risque de sténose serrée.
OUI
OUI Chirurgie :
• Les critères de gravité Endoscopie pose de sonde
Sortie à domicile disponible ? gastrique per-op
74 75
Chapitre 2 - Lésions caustiques digestives Lésions caustiques digestives - Chapitre 2
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Chapitre 2 - Lésions caustiques digestives Brûlures oculaires - Chapitre 2
2
intensifs le plus souvent fourni (pas de ventilation mécanique post opératoire), la chirurgie
de sauvetage est contre-indiquée compte tenu des faibles chances de survie dans ces
Brûlures oculaires
conditions. Le patient sera transféré vers une structure offrant les capacités de prise en Les brûlures oculaires surviennent dans le cadre d’accidents industriels ou domestiques,
charge adéquate ou, en l’absence d’une telle opportunité, sera inclus dans une stratégie de loisirs, et moins fréquemment d’agression. Elles comprennent des brûlures thermiques,
de soins palliatifs (cf. chapitre Soins palliatifs). chimiques, et celles causées par rayonnement ultraviolet (UV) ou infrarouge (IR).
Pour les cas moins sévères, après mise au repos du tube digestif, si l’alimentation Ce type de brûlure constitue une urgence ophtalmologique.
entérale reste mal tolérée voire impossible, la mise en place d’une gastrostomie ou
La gravité des lésions dépend de l’agent causal, de la durée d’exposition et du délai avant
d’une jéjunostomie chirurgicale doit être envisagée. La stratégie nutritionnelle sera alors
de démarrer les premiers gestes d’urgence. Dans la grande majorité de cas, les lésions
appliquée selon le protocole (cf. Nutrition).
très superficielles vont guérir de façon spontanée et complète. Au contraire, les lésions
sévères et/ou profondes laissent des séquelles plus ou moins graves, pouvant au pire
aboutir à la perte fonctionnelle voire anatomique du globe oculaire.
1. ANATOMIE DE L’ŒIL
Schéma A : anatomie externe de l’œil
Paupière supérieure
Pupille
Conjonctive bulbaire
(transparente),
sus-jacente à la sclérotique
(membrane blanche)
Région limbique
Caroncule
lacrymale
Cornée (transparente)
sus-jacente à l’iris (coloré) Paupière inférieure
2. CLASSIFICATION
A - Selon l’agent causal
THERMIQUE
Mécanisme :
• Chaleur indirecte dégagée par combustion / explosion
• Chaleur directe : flamme, projection d’un liquide chaud, cigarette.
Pathologie :
• Le globe oculaire est généralement épargné (sauf en cas de contact direct avec des
objets chauds) en raison du clignement automatique de la paupière qui génère un film
de larmes protecteur et du phénomène de Charles Bel 1.
En cas d’atteinte, les lésions sont principalement épithéliales et superficielles (kératite,
conjonctivite) et de cicatrisation rapide et sans séquelles.
1 Le globe oculaire se porte en haut et en dehors lors de la fermeture forcée des paupières (clignement, geste
de défense)
78 79
Chapitre 2 - Brûlures oculaires Brûlures oculaires - Chapitre 2
Il existe des exceptions, comme les brûlures par contact où le risque de lésions profondes • Brûlures graves (risque élevé si acide fort, toutes les bases, vésicants)
2
n’est pas négligeable. - Œil plutôt blanc
- Ulcération cornéenne totale
• Contrairement au globe lui-même, les structures péri-oculaires (cils, sourcils, paupières)
- Opacification cornéenne modérée à sévère (aspect de porcelaine)
sont parfois gravement brûlées, conduisant à la formation de cicatrices rétractiles
- Segment antérieur peu ou pas visible
palpébrales. Environ 15 % des brûlures du visage sont associées à des brûlures péri-
- Ischémie / nécrose de la conjonctive bulbaire surtout dans sa portion au contact de
oculaires.
la cornée 3 (aspect blanc et œdémateux sans les habituels vaisseaux conjonctivaux)
Des annexes du globe (ex : voies lacrymales) sont aussi vulnérables aux brûlures
- Inflammation de la chambre antérieure (uvéite)
thermiques.
- Hypertonie du globe
3 La portion de la conjonctive bulbaire qui réalise un anneau de 3 mm de large autour de la cornée est
2 Atteinte inflammatoire non spécifique des couches les plus antérieures de la cornée : elle se traduit par responsable de la régénération de l’épithélium cornéen.
une ulcération de la cornée, un cercle périkératique (rougeur autour de la cornée) et une diminution de la 4 Instiller 1-2 gouttes de collyre de Fluorescéine 0,5 % dans le cul-de-sac conjonctival inférieur, puis demander
transparence cornéenne au patient de cligner des yeux pour bien répartir la fluorescéine.
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Chapitre 2 - Brûlures oculaires Brûlures oculaires - Chapitre 2
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Chapitre 2 - Brûlures oculaires Brûlures oculaires - Chapitre 2
- Collyre cycloplégique : Atropine 1 % 1 goutte /12h Technique : instiller préalablement 2-3 gouttes de collyre anesthésiant (ex. Oxybuprocaïne
2
- Collyre antibiotique à large spectre : Ciprofloxacine collyre : 1 goutte /6h 0,4 %). La douleur et le blépharospasme sont les principales contraintes à un lavage
efficace. Si besoin, administrer en complément des bolus titrés de morphine IV (cf.
- Tétracyclines par voie générale :
chapitre Gestion de la douleur- titration morphine).
Adulte (sauf grossesse) : Doxycycline 200 mg/j PO
Enfant : Doxycycline 2 mg/kg/j PO (max dose 100 mg/j) Etablir et maintenir une bonne rétraction des paupières pour que l’exposition de la surface
du globe (cornée et conjonctive) soit maximale pendant le lavage oculaire.
• Mesures favorisant la cicatrisation :
Utiliser une tubulure à perfusion suspendue 15-20 cm au-dessus de l’œil pour passer
- Larmes artificielles (ou à défaut du sérum physiologique)
environ 2 litres de solution de lavage sur 30 minutes à basse pression (éviter l’irrigation à
- Vitamine C par voie générale (cf. chapitre Nutrition : même doses que pour grand brûlé)
haute pression qui est susceptible d’enfoncer le produit dans l’œil).
• Antalgiques classiques Retourner les deux paupières afin de rincer soigneusement les culs-de-sac conjonctivaux.
Continuer le rinçage jusqu'à l’obtention de pH neutre (6,5 à 7,5) de la surface oculaire
- Traitement chirurgical
: contrôler le pH dans le cul-de-sac inférieur avec une bandelette urinaire toutes les 30
Gestes chirurgicaux de base minutes (5 minutes après la fin de chaque séance de rinçage). Des volumes importants
- Ablation d’éventuels corps étrangers s’avèrent parfois nécessaires, même jusqu’à 20 litres.
- Débridement des tissus nécrotiques de la conjonctive : réalisé précocement sous AG, < ! > Attention
se limite strictement aux tissus conjonctivaux (ne pas toucher les tissus scléraux et la
Le lavage initial effectué en dehors de l’hôpital n’est pas toujours efficace à cause de la
cornée même s’ils ont un aspect dévascularisé)
gêne à l’ouverture occasionnée par les douleurs et le spasme des paupières : redémarrer
- Prévention de la formation de symblépharons 9 par la libération régulière des adhésions
impérativement le lavage sous anesthésie topique une fois le patient arrivé en salle
situées au niveau de culs-de-sac conjonctivaux
d’urgences.
Gestes chirurgicaux avancés
La durée de rinçage nécessaire peut dépasser 2 heures en cas de brûlures chimiques
- Les gestes visant à restaurer les cellules souches limbiques détruites ou à traiter alcalines.
les cécités cornéennes définitives relèvent de la compétence d’un chirurgien
Une anesthésie générale ou sédation peuvent être requises chez l’enfant pour la réalisation
ophtalmologue ET d’un plateau technique hautement spécialisé. +/- occlusion oculaire
d’un lavage correct.
pendant 2-3 j
- Traitement des lésions graves des paupières (cf. chapitre Chirurgie- tarsorrhaphie Ne pas rincer les voies lacrymales (risques d’aggravation des lésions à l’orifice).
temporaire) Evaluation (cf. chapitre Brûlures chimiques - évaluation secondaire).
84 85
Chapitre 2 - Gelures Gelures - Chapitre 2
2
Gelures • Phénomène d’ischémie-reperfusion réaction inflammatoire
• Evolution des lésions endothéliales : vasoconstriction, hypercoagulabilité, thrombose.
La gelure est une lésion cutanée localisée, secondaire à la congélation des tissus (action
directe du froid). En général, elle survient après une exposition durable à un environnement C - Phase tardive
froid où les températures sont inférieures à 0°C, plus rarement, au contact direct avec un Cicatrisation, sinon évolution lente (60-90 jours) vers la gangrène sèche
objet (ou un liquide) froid.
Ces lésions touchent surtout les extrémités des membres et le visage (doigt, orteil, oreille, 2. CLASSIFICATION
joue, nez…), ou les parties moins bien perfusées et plus exposées. De rares cas de gelures
Les gelures sont reparties en lésions superficielles (stade 1 et 2) et profondes (stade 3
cornéennes et génitales ont été décrites.
et 4). La classification la plus pratique prend en compte l’évaluation topographique de la
Les lésions superficielles sont limitées à la peau (dites engelures). Dans les cas plus lésion cyanosée/violacée qui persiste après le réchauffement rapide 1 et la présence ou
graves, la destruction tissulaire s’étend jusqu’au muscle voire à l’os. Bien qu’elles puissent l’absence des phlyctènes.
associer des séquelles importantes (ex : amputation), une gelure seule ne mettra pas en
Tableau 1 : Classification des gelures
jeu le pronostic vital.
Les victimes sont principalement les pratiquants de loisirs d’hiver (alpinisme), les sans- STADE 1 STADE 2 STADE 3 STADE 4
abris, les militaires et ceux qui travaillent en milieu froid/frigorifié. Etendue Pas de lésion Lésion sur Lésion sur la phalange Lésion sur le carpe/
Un nombre de facteurs de risque sont bien codifiés : lésion après visible la phalange intermédiaire ou tarse
réchauffement distale proximale et au-dessus
• Durée et degré du froid rapide
• Conditions venteuses et/ou humides Phlyctènes Pas de Phlyctènes Phlyctènes Phlyctènes
à J2 phlyctènes translucides hémorragiques hémorragiques
• Vêtements mouillés, trop serrés, perméables, inadaptés Peu/pas d’œdèmes
• Comorbidité (épuisement, déshydratation, traumatisme, diabète, tabagisme, Scintigraphie Pas Hypofixation Zones de non-fixation Zones de non-fixation
alcoolisme…) osseuse 2 à J2 d’indication sur les doigts/orteils sur le carpe/tarse
• Hypoxie et polyglobulie d’altitude Pronostic à J2 Pas ± Débridement Amputation digitale Amputation des
• Antécédent de lésions dues au froid d’amputation Pas probable membres (parfois en
Pas de d’amputation (risque 20-30 % si urgence)
séquelles ± Troubles des intermédiaire, risque ± Surinfection
ongles 60-85 % si proximale ± Sepsis
1. PHYSIOPATHOLOGIE Séquelles Séquelles
fonctionnelles fonctionnelles et
Les gelures ne sont pas les brûlures (d’ailleurs il ne faut pas les traiter comme telles), mais trophiques
la trilogie « ischémie-inflammation-nécrose » est semblable. Evolution Guérison Epidermisation Escarre noirâtre Momification
naturelle spontanée spontanée (7-21 j) sèche avec bande
± (15-21 j) Chute d’escarre démarcation
A - Phase primaire desquamation tardive (< 10 j)
Phase de refroidissement-congélation caractérisée par la formation de cristaux de glace superficielle (30-60 j) Auto-amputation
(5-10 j) tardive (30-90 j)
dans les tissus biologiques, d’abord en milieu extracellulaire, puis intracellulaire. Ce «gel »
des tissus cutanés a plusieurs répercussions :
Graphique 1 : Stades d’engelures du pied
• Lyse cellulaire directe causée par les cristaux extracellulaires et/ou intracellulaires
• Endommagement cellulaire indirect : les cristaux extracellulaires créent un milieu hyper-
osmolaires provoquant l’installation d’une déshydratation intracellulaire
• Lésions de la microcirculation : stase, hyperviscosité, thrombose pouvant aboutir à une
ischémie.
B - Phase secondaire
Phase de réchauffement avec ou sans nécrose progressive caractérisée par :
1 Il est impossible de différencier les engelures superficielles de celles profondes avant le réchauffement
• Hyperhémie réactionnelle 2 La scintigraphie osseuse aide à prédire la viabilité des tissus de manière précoce (à partir de 48h post-
traumatisme). Cet imagerie n’est pas indispensable, mais peut raccourcir le délai chirurgical habituel avant
• Œdèmes évoluant sur 48-72 h la démarcation clinique
86 87
Chapitre 2 - Gelures Gelures - Chapitre 2
3. MANIFESTATIONS CLINIQUES • Si le réchauffement effectué en pré hospitalier (lors d’un temps d’évacuation > 2h) :
2
immerger la partie gelée dans l’eau chauffée à 37-39°C pendant au minimum 30 minutes 3
A - Phase primaire (avant réchauffement)
• Engourdissement, paresthésie, perte de sensibilité B - Traitement
• Peau blanche ou jaune grisâtre, cireuse, ferme au toucher Réchauffement rapide dans un bain d’eau à 37-39°C pendant 30 à 60 minutes 4 :
• Ne pas faire un réchauffement lent aux températures plus basses (les cristaux ont
B - Phase secondaire (réchauffement) tendance à s’amalgamer pour en former d’autres)
• Douleurs aiguës de plus en plus fortes, sensation de brûlure, démangeaisons • Ne pas utiliser les températures plus élevées (risque de brûlures thermiques)
• Peau érythémateuse, cyanosée, noirâtre ou blanche • Administrer une analgésie puissante 5 avant le réchauffement : la reperfusion des tissus
ischémiques est extrêmement douloureuse
• Œdèmes, parfois massifs
• Arrêter le bain lorsque les tissus sont rouges, roses ou violacés et souples au toucher
• ± Phlyctènes (de taille variable, contenu transparent / hémorragique)
Traitements médicamenteux visant à améliorer les lésions au niveau de l’endothélium
4. PRISE EN CHARGE Moyens de base :
La gestion de l’hypothermie et/ou des lésions traumatiques associées prime sur celle de • AINS (ASPIRINE, IBUPROFÈNE/DICLOFENAC 6) : effet antiplaquettaire et anti-
gelure. inflammatoire
• Topique hydratant type Cold Cream.
Les objectifs thérapeutiques devant une gelure sont :
Moyens avancés :
• Réchauffer rapidement la partie (ou les parties) intéressée(s) = urgence thérapeutique Ces thérapeutiques sont préconisées pour les engelures profondes (stade 3 et 4 7) à
• Lutter contre le vasospasme, l’inflammation, la thrombose condition de disposer d’un plateau technique adapté. Les traitements thrombolytiques et
• Assurer les soins locaux vasodilatateurs doivent être démarrés dans les 24 premières heures pour être efficaces
et leur durée doit être limitée à quelques jours. L’oxygène hyperbare peut être institué
• Traiter la douleur (morphine) dès la première semaine et se poursuivre plusieurs semaines.
• Rechercher et traiter les infections
• Thrombolytiques (ex. urokinase, rt-PA) en perfusion intra-artérielle
• Recourir à la chirurgie si nécessaire
Prérequis :
- Risque élevé d’amputation (stade 3 avec > 1 doigt/orteil affecté, stade 4)
A - Gestes de premiers secours - Déficit de perfusion (examen clinique ou démontré par angiographie/scintigraphie)
• Emmener la victime à un environnement chaud en toute urgence (protéger autant que - Pas de contre-indication à la thrombolyse
possible les zones atteintes avant le transfert (ex : rembourrage, attelles) Note : L’héparine, quelle que soit la voie d’administration, n’est pas bénéfique.
• Retirer les vêtements mouillés ou congelés, couvrir le patient • Vasodilatateurs (ex : prostacycline, iloprost) en perfusion IV
Attention à l’ablation soigneuse des vêtements/chaussures congelés : la rigidité leur • Oxygène hyperbare
donne un effet tranchant pouvant blesser les zones atteintes
Soins locaux
• Surélever et limiter l’activité de la partie atteinte
• PST tulle gras + compresses sèches dépliées en forme de bulles : pas de Sulfadiazine
• Ne pas essayer de réchauffer la partie gelée s’il existe une possibilité du regel avant (risque de macération), éviter aussi l’occlusion et la compression des plaies
d’arriver dans un endroit disposant des soins définitifs : la séquence décongélation / re-
congélation aggravera l’ischémie tissulaire
3 Si la mesure précise de la température de l’eau n’est pas possible, la bonne température est celle ressentie
• Eviter si possible de laisser marcher le malade sur les pieds portant des engelures (si la comme « tiède » par le bout du coude. L’eau ressentie comme « chaude » sera trop chauffée.
marche est nécessaire à l’évacuation, ne pas réchauffer ses pieds avant : il doit marcher 4 En cas d’hypothermie associée, ne pas commencer à réchauffer la gelure avant l’obtention d’une température
centrale au-dessus de 34°C
sur ses pieds gelés…) 5 cf. Guide clinique et thérapeutique: traitement des douleurs aiguës
6Diclofenac : Enfant > 1an : 1-3 mg/ kg /24h PO divisés en 3 prises
• Ne pas frotter la partie gelée (à la main, la neige…) dans une tentative de réchauffement : Adulte : Dose de charge 75 mg IM , SC ou PO
manœuvre inutile et susceptible de causer des microtraumatismes ou encore de geler Dose d’entretien 50 mg IM ou p.o. toutes les 8 heures (maximum 150 mg/24h
Ibuprofen : Enfant (6 mois à 15 ans) : sirop 10 mg/kg toutes les 8h (maximum 30 mg/kg/24h)
les tissus Adulte : (sirop ou comprimé) 400 mg toutes les 8h (maximum 1200 mg/24h)
7 Les traitements adjuvants semblent apporter un réel bénéfice pour les gelures de stade 2 et 3, notamment
• Ne jamais utiliser les sources de chaleur sèche radiante (feu, poêle…) pour une tentative une réduction du taux d’amputation ou des amputations moins agressives. Les résultats pour les lésions de
de réchauffement : les parties lésées sont insensibles, et risquent alors la brûlure stade 4 sont discutables.
88 89
Chapitre 2 - Gelures Gelures - Chapitre 2
• Gestion des phlyctènes, de préférence au bloc opératoire : Les complications à court terme sont l’hypersensibilité à la douleur (hyperalgésie), la
2
- Ponctionner et débrider les grandes phlyctènes séreuses si elles sont gênantes surinfection et la gangrène.
(mobilisation restreinte, réalisation difficile des pansements, douleur), rompues ou
Dans les mois qui suivent l’accident, on peut observer les répercussions de l’atteinte
infectées
neuro-vasculaire :
- Ponctionner (sans débrider) les grandes phlyctènes hémorragiques idem
- Laisser intacte toute autre phlyctène • Vasospasme (notamment à la réexposition au froid)
• Troubles sensitifs (hypo- ou hyperesthésie, douleurs chroniques…)
• Bains chauds (37-40°C, 30-35 min) 1-2 fois/j : laisser bien sécher à l’air libre avant la
réfection du PST • Hyper- ou anhidrose
• Troubles des phanères (ongles, poils…)
• Surélévation des parties atteintes tant que les œdèmes persistent
La guérison complète d’une gelure profonde peut prendre 6 à 12 mois. Les séquelles à
Contrôle infection
long terme concernent la peau (problème de cicatrisation, atrophie), l’os (ostéoporose,
• Prophylaxie antitétanique systématique séquestration, anomalies de la croissance chez l’enfant) et/ou les articulations (ankylose,
• Dépistage précoce des infections (cellulite, abcès, ostéomyélite, sepsis) : une arthrite…). La physiothérapie est recommandée.
antibiothérapie ultérieure doit être systémique et capable de couvrir les staphylocoques
et streptocoques ainsi que le Pseudomonas. Une hypersensibilité au froid peut durer des années même à la vie.
Chirurgie
• Excision des tissus nécrosés : si nécessaire pour stade 2 ou 3
• Amputation : nécessité fortement probable pour stade 3, quasi inévitable pour stade 4
- Amputation retardée : type minimale ou désarticulation, effectuée lorsque la gangrène
sèche s’installe avec une limite clairement démarquée (1 à 3 mois).
- Amputation d’urgence : pratiquée exceptionnellement en raison des complications
graves (infection locale, septicémie)
Le moignon sera fermé secondairement (granulation, greffe cutanée, lambeau)
• Autres : le syndrome œdémateux (parfois très impressionnant) peut exiger des incisions
de décharge voire une fasciotomie.
90 91
Niveaux de soins et orientation - Chapitre 3
Généralités
1. Niveaux des soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
2. Orientation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
92 93
Chapitre 3 - Niveaux de soins et orientation Niveaux de soins et orientation - Chapitre 3
Les capacités de prise en charge initiale de patients brûlés en centre de santé sont limitées NIVEAU CONNAISSANCES
CAPACITES EQUIPEMENT
DE SOINS COMPETENCES - RH
aux brûlures mineures qui ne nécessitent ni acte chirurgical ni hospitalisation, et dont les 3
pansements peuvent être réalisés sans anesthésie générale. Primaire Premiers secours Gestes d’urgence Matériel : stéthoscope,
(niveau I) Premiers soins au brûlé Evaluation de la brûlure tensiomètre, saturomètre
Les brûlures sévères sont des urgences vitales. Sans action immédiate, elles peuvent
• Evaluation initiale ABCD (surface, profondeur, critères de pouls
s’étendre en surface et en profondeur et donner lieu à des complications précoces et/ de gravité) Dossier médical
ou tardives : déshydratation, hypothermie, dénutrition, infections, sepsis. De plus le • bilan primaire de la
brûlure Mise en condition du patient Antalgiques (PO et IV)
patient risque de garder des séquelles fonctionnelles lors de la cicatrisation (cf. Chapitre pour un potentiel transfert
• analgésie Premier pansement :
Physiopathologie). Suivi ambulatoire (OPD*) gants stériles, solution
• premiers soins locaux saline, antiseptiques,
Les patients atteints de brûlures aux stades modérés ou sévères doivent être référés et généraux Infirmier(s)
Sulfadiazine, tulle gras,
rapidement vers des structures hospitalières si c’est disponible. • transfert documenté compresses, bandages,
vers un centre de niveau ciseaux stériles
La majorité des brûlures étant mineures, une évaluation initiale de la gravité de la brûlure supérieur (II ou III) Sondage divers (urinaire,
et la réalisation de premiers soins adéquats ont un impact important sur le pronostic du si nécessaire gastrique, veineux)
patient et permettent de limiter les réactions secondaires à la brûlure. Cette évaluation doit
être faite dès l’arrivée du patient au centre de santé (cf. chapitre Prise en charge initiale).
EN PLUS DU NIVEAU PRECEDENT
1. NIVEAUX DE SOINS Secondaire Gestion des voies Niveau I avec en plus : Protocole spécifiques aux
(niveau II) aériennes et réanimation brûlés
Médecins
Les niveaux d’offre de soins pour un patient brûlé diffèrent à plusieurs échelles (locales, Sans bloc cardiopulmonaire Oxygène
Psychologue
régionales, nationales et internationales. En général, trois catégories d’établissements de opératoire Réanimation liquidienne Conditionnement du
santé 1 peuvent être définis: selon le protocole Kinésithérapeutes
patient (cathéters intra-
Pose de voies d’abord Salle de déchoquage osseux/veineux, urinaires)
• Niveau I ou primaire = centre ou clinique de soins de santé primaire (ou consultations (IV/IO*) Gestion et prévention des Hémoglobine capillaire
externes) qui constituent la base des soins de santé dans les zones rurales de pays à Nutrition entérale et infections
Glycémie
ressources limitées. Dans beaucoup de cas, ces établissements sont le premier point compléments Plan de prévention et de
d’accès pour les patients au système de santé. santé publique Antalgiques et
Gestion de brûlures médicaments IV (dont
infectées et présentation Ressources humaines morphine et kétamine)
• Niveau II ou secondaire = hôpital général avec ou sans un bloc opératoire tardives formées à la prise en charge
des brûlés Monitorage en continu
• Niveau III ou tertiaire = hôpital disposant d’une large gamme de soins spécialisée, Physiothérapie et (Dinamap®)
réhabilitation
notamment d’une unité spécialisée dans le traitement des brûlés. Espace spécifique dédié
Santé mentale aux pansements de
Ces différents établissements de santé joueront des rôles différents dans le traitement Soins palliatifs brûlure
global du patient brûlé. C’est le « parcours patient ». Par exemple : un patient initialement Buanderie et stérilisation
pris en charge en centre de santé pourra être référé dans un centre de niveau II ou III Surveillance des
pendant la phase aigüe puis redirigé vers le centre de santé pour des soins de suivi paramètres vitaux
ambulatoire. Dans ce parcours il faut intégrer la télémédecine qui permet d’avoir un avis Espace géographique
d’expert. dédié aux brûlés
Banque du sang
1 Inspiré de la classification « Gamme des établissements de santé » de l’OMS, mais spécifique aux projets
MSF 2 Inspire de “Setting standards for burn cares services in low and middle income countries”, Interburns, 2013
94 95
Chapitre 3 - Niveaux de soins et orientation Niveaux de soins et orientation - Chapitre 3
BRÛLURE
débridement) Electrique
Excision/greffe de peau Manement des équipes
Débridement spécialisées (gestion des Appareil photo =
données) ordinateur pour le suivi
Gestion periopératoire des plaies Chimique
Soins intensifs Ressources humaines
formées à la prise en charge Laboratoire
SCB ≥ 10%
chirurgicale des brulés Radiologie (rayons X, ET < 10 ans
Gestion du programme échographie)
ou > 70 ans
opératoire adaptée aux
brûlés Suspicion
Thermique de lésions
d'inhalation
RÉFÉRENCE
EN PLUS DU NIVEAU PRECEDENT
Tertiaire Prise en charge des Niveaux I et II avec en plus : Bloc opératoire Trauma grave
(Niveau III) grands brûlés et des Chirurgien plasticien Microbiologie associé*
complications majeures de
la brûlure Médecins spécialistes pour Accès veineux central
Centre dédié les pathologies chroniques Atteinte de zones
Unité de soins intensifs
au traitement fonctionnelles*
dédiée quelle que soit
des brûlés la SCB
Gestion des lésions
d’inhalation majeures Brûlures
Techniques avancées circonférencielles
de recouvrement cutané
(derme artificiel)
Signes d'évolution
± nutrition parentérale défavorables**
Chirurgie reconstructrice * les traumas graves : plaie
des séquelles de brûlures pénétrante d’une cavité
(thoracique, abdominale), fracture Comorbidités
Long séjour et d’os long (fémur, tibia), trauma
graves†
réhabilitation à long terme crânien ou du rachis, lésions de
blast suite à une explosion
** les signes d’une évolution
*IO = intra osseuse; OPD (Out Patient Department) = consultations externe/ambulatoire défavorable : SCB ≥ 15%
Retard de cicatrisation: ET 10 à 70 ans
•A bsence de signes
d’épidémisation au-delà de 10 -15
2. ORIENTATION jours de suivi
•P laie bourgeonnante ou non épidermisée à 21 jours
A - CRITERES DE REFERENCE Signes d’infection locale de la plaie :
• Approfondissement des lésions
L’organigramme ci-dessous permet d’identifier les patients brûlés qui nécessitent • Pansement sale et odeurs nauséabondes
une référence vers une structure hospitalière de niveau II ou III selon les ressources • Dégradation des zones cicatrisées
• Développement de nouvelles zones de nécrose
disponibles : • Réaction inflammatoire périphérique (rougeur et œdème des berges)
• Cellulites des tissus adjacents
Syndrome septique (généralisé) : hyperthermie, tachycardie, tachypnée, somnolence, irritabilité constante
chez les enfants, diminution de l’appétit, diminution du débit urinaire, prolongation du temps de reperfusion
capillaire, hypotension.
† : Malnutrition sévère, épilepsie, diabète, maladies cardiaques
96 97
Chapitre 3 - Niveaux de soins et orientation Niveaux de soins et orientation - Chapitre 3
L’orientation du patient (ambulatoire, service, soins intensifs, unité spécialisée) dépend B - REFERENCE POSSIBLE
du contexte de traumatisme, du bilan lésionnel, de l’âge et parfois du milieu social ou La prise en charge dans les premières heures suivant la brûlure aura un impact important
environnemental (cf. schéma 1). sur le pronostic du patient. Il faut initier le traitement et effectuer le transfert pour des
Les cas qui peuvent être pris en charge dans un centre de santé sont les suivants : soins hospitaliers dans les meilleurs délais pour limiter les complications secondaires 3
de la brûlure.
La déshydratation peut approfondir la brûlure, il faut donc la prévenir. Le traitement de
Entre 10 et 70 ans :
la douleur est incontournable : en limitant le stress du patient, l’analgésie limitera aussi
SCB < 15% ET ne touchant pas de zones fonctionnelles ET sans complications associées
la réaction inflammatoire généralisée.
Ces éléments sont à prendre en compte en organisant le transfert rapidement. S’il n’est
Patient < 10 ans ou > 70 ans : pas possible de le faire le jour même (raisons de sécurité ou absence de transport
SCB < 10 % ET ne touchant pas de zones fonctionnelles ET sans complications associées
médicalisé ce jour-là), il sera organisé le jour suivant.
Que le transport soit immédiat ou différé, les principes sont les mêmes :
La prise en charge est détaillée ultérieurement dans le chapitre suivant : Prise en charge
initiale.
En cas de brûlure mineure sans signe de gravité, et après une surveillance horaire
pendant 6h, la sortie à domicile peut être envisagée avec des antalgiques PO adaptés • Interrompre la brûlure et protéger les personnes d’une potentielle exposition
avec une convocation pour les soins locaux en ambulatoire 3. (chimique)
• Bilan des fonctions vitales selon méthode ABCDE
Transférer le brûlé vers un centre de soins approprié (dans la mesure des ressources
locales): •
Traitement des détresses et des traumatismes associés menaçant le
pronostic vital
• Vers une structure ayant un plateau technique médicochirurgical (niveau II): • Administration d’une analgésie : paracétamol toutes les 6h et, morphine
- SCB de 10 à 20 % (< 10 ans et > 70 ans) ou SCB 15 à 20 % (de 10 à 70 ans) toutes les 4h (à défaut, Tramadol toutes les 6h)
• Bilan de la brûlure :
ET
- Surface corporelle brûlée
- Pas d’atteintes des zones fonctionnelles
- Paramètres de gravité associés
- Pas facteurs de gravité ni de signes d’évolution défavorable (cf. ci-dessus)
- Pas d’électrisation • Pansement occlusif de la brûlure : Nettoyage à l’eau claire puis protection
des brûlures avec un drap propre / champs ou compresses stériles si les
• Vers une structure ayant un plateau technique disposant les soins des grands brûlés soins locaux ne peuvent être réalisées sur place (à défaut de matériel
stérile la plaie peut être emballée dans du film alimentaire). Si le matériel
(service dédié au traitement des brûlés, hôpital avec capacité chirurgicale et soins est disponible réalisé un premier pansement à la Sulfadiazine comme décrit
intensifs – niveau III) : dans le chapitre Soins locaux et pansement.
- SCB ≥ 20 % • Surélever les membres brûlés
- Brûlures importantes niveau face, mains, périnée, organes génitaux, articulations • Protection contre l’hypothermie : pièce à l’abri des courants d’air, couverture
de survie, draps ± couverture, vêtements secs
- Facteurs de gravité et signes d’évolution défavorable (cf. ci-dessus)
• Hydratation orale : SRO, 150 ml/kg sur les premières 24h
- Brûlure électrique à haut voltage
• Prophylaxie antitétanique (SAT-VAT)
En cas d’évolution défavorable des lésions, il est conseillé de référer le patient pour un • Position semi assise si suspicion de lésion d’inhalation et administration
avis chirurgical. Même si le transfert n’est pas possible, il est indispensable de consulter d’O2 pour SpO2 > 95%
un expert (télémédecine/courrier électronique/référent médical). • Mobilisation des membres brûles et changement de position/2h pour éviter
les ischémies par compression
• Pas d’antibioprophylaxie
• Surveillance horaire des paramètres vitaux pendant 6h (FC, FR, SpO2, T°,
diurèse, douleur)
3 Contre-indication à l’ambulatoire : •
Transférer le patient avec la fiche d’admission rempli qui servira de
- Patient ne pouvant pas se rendre à la consultation : âge, handicap, mobilité réduite, contexte sécuritaire, transmission et traçabilité médicale (bilan, soins, contacts)
éloignement géographique
- Conditions de vie défavorables (manque d’hygiène, sans domicile
- Patient hyperalgique
98 99
Chapitre 3 - Niveaux de soins et orientation Niveaux de soins et orientation - Chapitre 3
Selon la SCB : Il est primordial de renseigner la prise en charge du patient avec un document de
transmission d’information vers le lieu de référence. Pour cela la fiche de prise en charge
• Si SCB entre 20 et 40%
du patient brûlé à l’admission doit être complétée (cf. annexe chapitre prise en charge
- Transport médicalisé si possible (personnel médical à bord)
- Hydratation : orale par SRO si possible sinon par IV
initiale). 3
• Si SCB > 40%
- Transport médicalisé accompagné d’un soignant C-S
I LA REFERENCE VERS UN AUTRE ETABLISSEMENT DE SANTE
- Hydratation en IV avec Ringer Lactate : volume en 24h de 4 ml/kg/% SCB, à EST IMPOSSIBLE
administrer la moitié sur les premières 8 heures après l’accident et le restant sur les
En cas d’impossibilité de référer le patient (par manque de structure de référence,
16h suivantes
impossibilité pour une ambulance de circuler, refus du patient ou de son entourage…),
- Vitamine C 4 selon le poids, administration par voie orale de : 250 mg pour les < 1an,
le patient brûlé devra alors être géré localement, en fonction des moyens de la structure
500 mg entre 1 et 8 ans et 1g au-delà de 8 ans
de santé.
- Evaluer le besoin d’une prophylaxie de lésions d’inhalation (Cf. chapitre
Physiopathologie/lésions d’inhalation) Les risques de complications infectieuses, systémiques, et fonctionnelles deviennent
majeurs.
Surveillance horaire des signes vitaux (T°, TA, pouls, FR) et surveillance : Les soins cibleront le confort du patient, soulageant ses douleurs et/ou ou bien une
• Voies aériennes : Libres, pas d’œdème, respiration non laborieuse. prise en charge palliative:
Si œdème : placer le cou en extension • Prise en charge initiale du patient brûlé (cf. Fiche Technique Prise en charge initiale du
patient brûlé – 0 à 24 h post brûlure)
• Etat de conscience : une altération peut être signe d’œdème ou de saignement
• L’accompagnement du patient et de ses proches (cf. Chapitres approche psychosociale
intracrânien si trauma crânien, d’une hypoglycémie ou d’une hypo perfusion cérébrale
et prise en charge palliative)
due à la déshydratation
• Expliquer au patient et à la famille les limites des soins du centre de santé.
En cas d’altération : contrôler la TA et la glycémie :
- Si TA Basse : Surélever les membres inferieures et augmenter le débit de la perfusion • Expliquer les risques encourus par le patient en fonction du type et de la sévérité des
- Si TA élevée : position semi – assise et évaluer le niveau de la douleur brûlures : conséquences fonctionnelles, risque infectieux, risque de décès
- Si hypoglycémie : G50% 1ml/kg en une fois per os (ou par SNG), puis réévaluer. Si le
patient est inconscient passer le G50% en IV, dilué 5.
• Urines
Pose d’une sonde urinaire si brûlure étendue ou brûlure du périnée
S'assurer de la présence d'urines claires
Si peu ou pas d’urine : administrer un bolus de liquide (20 ml/kg) par voie orale si
conscient, IV si inconscient.
3 Vitamine C : l’administration de Vitamine C permet de réduire les besoins de remplissage vasculaire chez
le brûlé.
4 Diluer 1 volume G50 + 4 volume NaCl 0,9% pour obtenir une solution isotonique. Objectif glycémique : 5 à
10 mmol/L (0,9 à 1,8 g/L)
100 101
Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
4
Chapitre 4 : P
rise en charge initiale et
réanimation liquidienne
102 103
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Prise en charge initiale et réanimation - Si SCB > 20% ou si voie orale impossible : perfusion en débit libre de Ringer Lactate
ou sérum physiologique : bolus initial (10 ml/kg) sur une heure puis réanimation
liquidienne liquidienne selon les recommandations standard (cf. Réanimation/remplissage
vasculaire et/ou fiche d’admission du patient brûlé en annexe de ce chapitre).
L’évaluation, le triage, l’identification des lésions associées, la mise en condition et les
traitements initiaux sont des éléments incontournables de la prise en charge hospitalière
immédiatement après une brûlure. L’essentiel de la prise en charge d’un patient brûlé en << ATTENTION >>
structure hospitalière dans les 24 premières heures est dans la fiche d’admission d’un
patient brûlé et fiche technique de prise en charge initiale (cf. en annexe du chapitre).
•N
e pas mettre de produit colorant sur la plaie éosine, violet gentiane, dentifrice ou autre
qui vont perturber l’apparence de la brûlure en cas de référence du patient
4
•N
e pas mettre de produit non médical (type beurre, dentifrice, produit traditionnel,
1. EVALUATION ET PREMIERS SECOURS vinaigre) qui vont agresser et infecter la plaie
•H
ygiène rigoureuse
A - Premiers secours
• Interrompre l’action de l’agent brûlant (thermique, chimique, électrique). En cas de
vêtement enflammé : mettre la victime à terre et la faire rouler (ou l’envelopper dans
B - Bilan initial
une couverture) pour éteindre les flammes.
Sécuriser les lieux tout en assurant la sécurité des personnes. Vérifier les fonctions vitales selon la méthode ABCDE, rechercher les lésions ou les
Appeler le service de secours si brûlures importantes, contexte à haut risque (explosion, traumatismes associés pouvant menacer le pronostic vital. Tout traumatisme associé
AVP, électrisation, accident chimique, incendie). devra être traité en priorité par rapport à la brûlure car la brûlure est considérée comme
stérile dans les 6 premières heures après l’accident (ex: traumatisme orthopédique,
• Pour tout brûlé :
détresse respiratoire ou circulatoire).
- Oter les vêtements non adhérents à la peau brûlée et les bijoux.
- Refroidir la brûlure pour diminuer l’approfondissement et apporter une analgésie
Tableau 1 : Récapitulatif des critères d’évaluation selon la méthode ABCDE
avec de l’eau ou des compresses imbibées d’eau.
(Basic DHS)
C’est la règle des « 15 » :
- Refroidir à l’eau à 15°C Airways et Contrôle des voies aériennes et du rachis cervical
- Pendant 15 minutes stabilisation VAS perméables (obstruction, sécrétions). Libération des VAS au besoin
- A une distance de 15 cm au-dessus de la brûlure (moins douloureux que directement du rachis Protection du rachis cervical au besoin.
sur la brûlure).
Breathing + Contrôle de la respiration et administration O2
Remarque : Oxygénation Evaluation de la mécanique ventilatoire (amplitude thoracique, FR, symétrie,
- Inutile de réaliser ce geste si le délai dépassant 1 heure post-brûlure thermique cyanose, auscultation pulmonaire)
- Faire attention à faire couler l’eau fraîche uniquement sur les zones brûlées pour O2 haut débit QSP SpO2 > 95%.
refroidir la brûlure et non le brûlé : risque d’hypothermie
Circulation Contrôle de la circulation et d’une potentielle hémorragie
- Ne jamais utiliser de glace Recherche d’un pouls (FC, frappé ou filant, TA)
- Interrompre le refroidissement en cas de sensation de froid, de température corporelle Recherche et contrôle d’une hémorragie
< 35,5°C. Qualité de la perfusion tissulaire périphérique (TRC > 3 sec)
• En cas de brûlures chimiques Conscience (altération si hypotension artérielle)
- Rincer toute zone atteinte abondamment à l’eau courante (non glacée) pendant au Mettre en place une voie veineuse et procéder immédiatement
moins 15 minutes sans interruption : c’est le geste de première urgence pour éliminer à un bolus de Ringer Lactate ou NaCl 0,9% pour restaurer une volémie
optimale si hypotension artérielle
le produit et limiter l’approfondissement de la plaie
Bolus initial : Adulte 500 ml IVD - Enfant 10 ml/kg
• Protéger les brûlures avec un drap propre/ champs ou compresses stériles ou, à
Déficit Recherche d’un déficit neurologique central
défaut, du film alimentaire si les soins locaux ne peuvent être réalisés sur place Evaluation score de Glasgow et score EPDA/AVPU
neurologique
• Prévenir l’hypothermie : ne pas laisser le patient découvert ni mouillé : couvertures Contrôle de la taille/mobilité pupillaire.
± réchauffement actif Exposition Exposition complète et déshabillage puis protection des lésions
Oter bijoux et vêtements non adhérents à la plaie
• Hydratation :
Bilan des lésions (brûlures et lésions autres) sur l’ensemble
- Si SCB < 20% : donner de l’eau, ajouter SRO si besoin environ 20ml/kg sur une
du corps
heure (à défaut de SRO : 1 L d’eau + 6 cuillères à café rases de sucre + 1 cuillère à
Evaluation de la brûlure (cf. ci-dessous).
café rase de sel)
104 105
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
• Evaluer la douleur selon l’échelle d’évaluation de la douleur adéquate (EVS, FLACC) 2. Surface Corporelle Brûlée (SCB)
puis administrer analgésie par voie PO ou IV de préférence, car l’absorption après
Les conséquences d’une brûlure augmentent proportionnellement selon l’étendue : les
administration SC/IM est souvent inefficace ou imprévisible.
pertes
liquidiennes par exsudation de la plaie, la réaction inflammatoire, les besoins nutritionnels
Paracétamol 15 mg/kg x 4/jour et les risques d’infection.
PLUS La Surface Corporelle Brûlée (SCB) s’exprime en pourcentage par rapport à la surface 4
corporelle totale et se calcule selon 2 méthodes au choix :
Morphine : IV : > 6 mois : 0,1 mg/kg ou < 6 mois : 0,05 mg/kg
PO : > 6 mois : 0,4 mg/kg ou < 6 mois : 0,2 mg/kg • selon la règle de 9 de Wallace (rapide mais approximative = contexte afflux massif)
Il faut déshabiller le patient afin d’évaluer la SCB. Pour les patients au-delà de 15 ans,
le corps est divisé en parties représentant des multiples de 9% de la SCT (schéma ci-
< ! > Les brûlures provoquent des douleurs très intenses nécessitant une analgésie dessous). Chez les enfants, la tête est proportionnellement plus grosse : elle représente
importante. 18% de la SCT chez un enfant de 1 an. Pour des raisons de simplicité, nous utiliserons
pour l’évaluation de la SCB en centre de sante la paume de la main du patient qui
Si la morphine n’est pas disponible : Tramadol 2 mg/kg x 3/jr dès l'âge de 6 mois (contre représente 1% de la SCT.
indiqué en cas d’épilepsie) (cf. Chapitre Gestion de la douleur : Fiche technique Prise en
charge de la douleur à l’admission aux urgences)
Pas d’anti inflammatoire non stéroïdien (Diclofénac/Ibuprofène) car risque d’infection Schéma 1 : Méthode d’évaluation de la SCB selon la règle des 9 de Wallace
majoré.
C - Bilan secondaire
1. Anamnèse
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Tableau 2 : Evaluation de la SCB selon la méthode de Lund -Browder Schéma 2 : Localisation anatomique des zones brûlées
COU postérieur 1 1 1 1 1
TRONC antérieur 13 13 13 13 13
TRONC postérieur 13 13 13 13 13
PERINEE 1 1 1 1 1
MAIN gauche 2,5 2,5 2,5 2,5 2,5 Le pourcentage de la Surface Corporelle Brûlée (SCB) par rapport à la surface corporelle
totale permet de définir
MAIN droite 2,5 2,5 2,5 2,5 2,5
3 catégories de gravité : mineure, modérée et sévère. L’absence ou la présence de
CUISSE gauche entière 5,5 6,5 8,5 8,5 9,5 facteurs aggravants complètent l’évaluation.
PIED gauche 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 Mineure SCB < 10 % SCB < 15 %
PIED droit 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 Modérée 10 % < SCB < 20 % 15 % < SCB < 25 %
108 109
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
• Brûlure par flamme : risque accru de lésions d’inhalation. < ! > ATTENTION < ! >
• Brûlure thermique par eau ou huile bouillante, ou par matériel brûlant (casserole, fer à •H
ygiène très rigoureuse
repasser, pot d’échappement). •N
e pas mettre de produit colorant sur la plaie (éosine, violet gentiane, …) qui vont
perturber l’apparence de la brûlure en cas de référence du patient
• Explosions : des lésions traumatiques causées par le souffle de l’explosion (plaie •N
e pas mettre de produit non médical (type beurre, dentifrice, produit traditionnel,
pénétrante, fracture, trauma crânien…) aggravent également le pronostic. En pratique, vinaigre) qui vont agresser et infecter la plaie 4
une telle lésion additionne 10% à la SCB estimée. •P
as d’antibiotiques en prophylaxie.
• Courant électrique : les brûlures électriques sont toujours graves malgré des lésions
cutanées apparentes parfois minimes. Les dégâts les plus critiques sont internes. Le Quelle que soit la structure de soins, la prise en charge initiale est la même :
courant électrique cause des brûlures profondes, des nécroses des muscles et des nerfs,
une arythmie cardiaque, des thromboses, une insuffisance rénale par rhabdomyolyse. A - En centre de santé primaire (niveau i)
•
Brûlure chimique : ces brûlures dépendent de l’agent en cause. Elles continuent Rappel des cas pouvant être pris en charge dans un centre de santé :
d’évoluer tant que le produit reste en contact avec la peau. Elles peuvent être profondes,
douloureuses et provoquer des troubles électrolytiques et être mortelles même sur une Entre 10 et 70 ans :
SCB réduite. Leur cicatrisation est plus difficile. SCB < 15% ET ne touchant pas de zones fonctionnelles ET sans complications associées
Patient < 10 ans ou > 70 ans :
Tableau 5 : Récapitulatif des critères de gravité associés à la brûlure SCB < 15 % ET ne touchant pas de zones fonctionnelles ET sans complications associées.
Evaluation du patient (cf. Evaluation et premier soins ci-dessus)
- Interrompre la brûlure et protéger les personnes d’une potentielle exposition (chimique)
Critères d’évaluation de la brûlure Facteurs de gravité - Bilan des fonctions vitales selon méthode ABCDE et traitement des détresses et des
traumatismes associés menaçant le pronostic vital
Extrême d’âge < 10 ans ou >70 ans
- Bilan de la brûlure.
Patient malnutri sévère ou modéré
Terrain du patient
Maladies sous-jacentes : diabète, épilepsie, SOINS GÉNÉRAUX
maladie cardiaque,immunodéficience
• Compléter la fiche d’admission qui guidera la prise en charge et servira de transmission
Brûlure thermique : eau, huile, flammes, et traçabilité médicale (bilan, soins, traitements, contacts)
récipients • Analgésie : les brûlures sont des lésions extrêmement douloureuses
Brûlure électrique : courant de haut voltage - Débuter dès que possible et poursuivre en fonction de la douleur du patient au moins
Circonstances de la brûlure Brûlure chimique par caustique fort 3 jours
Brûlure par flammes dans un milieu clos avec - Paracétamol + Morphine PO ou à défaut Tramadol (cf. Fiche technique Analgésie à
dégagement de fumée l’admission)
Brûlure par explosion -N ote : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ibuprofen/Diclofenac) sont contre
SCB > 20 % indiqué après 48h de la brûlure (favorise l’infection)
Brûlures profondes (2e degré profond et 3e - Administrer des antalgiques 1h avant le pansement et en systématiquement au cours
degré) de la journée.
Présentation de la brûlure
Brûlures de zones fonctionnelles et plis • Apports hydroélectrolytiques :
articulaires - Si signes d’hypovolémie : poser un seul accès veineux périphérique si possible en
Brûlures circulaires peau saine et commencer le remplissage vasculaire en bolus initial 10 ml/kg (enfant)
ou 500 ml (adulte) avec RL ou NaCl 0,9% en débit libre
Lésions d’inhalation PUIS
Présence de lésions associées Traumatisme grave associé
Signes d’infection - Si SCB <10% : besoins de base (eau, jus, lait, aliments liquides voire SRO 1) par voie
PO
La suite de la prise en charge du patient brûlé dépendra des ressources disponibles (cf. 1 Utiliser une solution SRO standard. A défaut, composer une solution de réhydratation : 1L d’eau + 1 petite
Chapitre Niveaux de soins et orientation). cuiller de sel (5 gr) + 8 c.a.c (40 gr) de sucre.
112 113
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Brûlure du 1er degré type « coup de soleil » : guérison spontanée en 4-5 jours ; en cas de
léger prurit ou sensation de tiraillement, hydrater la peau avec de l’oxyde de zinc ou une 2 Retard de cicatrisation :
. Absence de signes d’épidémisation au-delà de 10 -15 jours de suivi
crème hydratante type Cold Cream®). . Plaie bourgeonnante ou non épidermisée à 21 jours.
Signes d’infection locale de la plaie :
Brûlure du 2e degré superficiel : . Approfondissement des lésions
. Pansement sale et odeurs nauséabondes
• Le pansement est réalisé stérilement (gants + matériel). La salle de pansement doit être . Dégradation des zones cicatrisées
très propre afin d’éviter les contaminations de la plaie . Développement de nouvelles zones de nécrose
. Réaction inflammatoire périphérique (rougeur et œdème des berges)
• Refaire toutes les 48h suivant la technique recommandée, jusqu’à cicatrisation complète . Cellulites des tissus adjacents
Syndrome septique (généralisé) : hyperthermie, tachycardie, tachypnée, somnolence, irritabilité constante
• En cas de signes d’évolution défavorable 2 ou de signe de syndrome septique : pas chez les enfants, diminution de l’appétit, diminution du débit urinaire, prolongation du temps de reperfusion
d’antibiothérapie par voie systémique mais référer à l’hôpital de niveau II/III si possible. capillaire, hypotension.
114 115
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Brûlure isolée dans une Cicatrice et rétraction Rétraction du segment articulaire • Pas d’effort physique pendant la période d’inflammation (de 6 mois à 1 an au minimum).
articulation (zone de plis) du derme (flexion) et malformation Cela risque d’entretenir l’inflammation et favorise la formation de brides et les raideurs
cutanées. Limiter les efforts en force et proscrire la musculation de la zone concernée
jusqu’à stabilisation de la cicatrice (après 2 ans minimum).
116 117
4
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Evaluation du patient (cf. Evaluation et premiers soins ci-dessus) Les documents en annexe (fin du guide) vous guideront pour le calcul de la réanimation
• Bilan primaire et secondaire liquidienne :
• Anamnèse idem à centre de santé PRESCRIPTION REANIMATION LIQUIDIENNE GRAND BRULE
<< ! >> Importance de l’heure du dernier repas et laisser à jeun jusqu’à avis chirurgical AJUSTEMENT REANIMATION LIQUIDIENNE 0-24H POST-BRULURE
si exploration de la plaie au bloc opératoire
SUIVI REANIMATION LIQUIDIENNE 0-24H POST-BRULURE
Appel de l’anesthésiste/réanimateur ou du médecin sénior en cas d’urgence vitale
• Bilan sanguin : hémoglobine et glycémie capillaire, groupe sanguin, bandelette urinaire • Si signes d’hypovolémie : poser un seul accès veineux périphérique si possible en peau
saine et commencer le remplissage vasculaire en bolus initial 10ml/kg (enfant) ou 500 4
• Si traumatisme associé et selon les ressources :
ml (adulte) en débit libre. Ce remplissage vasculaire immédiat devra être inclut dans le
- Radio, échographie en fonction du mécanisme de traumatisme
bilan hydrique/24h.
- ECG
(+/- gazométrie/lactates si électrisation ou suspicion d’intoxication CO/HCN).
PUIS
SOINS GÉNÉRAUX
• Réanimation liquidienne (cf. Fiche technique Réanimation hydroélectrolytique du grand
• Compléter la fiche d’admission qui guidera la prise en charge et servira de transmission brûlé)
et traçabilité médicale (bilan, soins, traitements, contacts) => plan de soins • Si SCB <10% : besoins de base (eau, jus, lait, aliments liquides voire SRO) par voie PO
• Mise en condition • SCB 10 à 15% : besoins de base x 1,5 par voie PO ou à défaut IV
-B ilan sanguin complémentaire si grand brûlé : NFS, iono, fonction rénale • Si SCB > 15% :
- +/- voie veineuse périphérique pour analgésie en zone saine de préférence (à défaut
voie intra osseuse pour 48h le temps de stabilisation) • Par voie IV : Indication : SCB ≥ 15 % ET matériel-consommables IV disponibles
- s onde urinaire si : SCB > 20%, brûlures électriques à haut voltage, brûlures périnée/ Adulte, enfant > 30 kg
fesse/organes génitaux Cristalloïde de réanimation selon la Formule de PARKLAND :
-S NG si : SCB > 20 %, voie PO impossible, conscience altérée
-V oie veineuse centrale si : SCB > 15 % et capital veineux limité, SCB > 40 % 4 Ringer Lactate [4 ml x poids (kg) x % SCB x poids] / 24h
1re moitié administrée sur les 8 premières heures post-brûlure
•
Analgésie : Les brûlures sont des lésions extrêmement douloureuses = titration de 2re moitié administrée sur les 16 heures restantes.
morphine incontournable
Enfant ≤ 30 kg
Selon la Formule de CARVAJAL 5 (cristalloïde de réanimation + apports de base
RAPPEL : la morphine est le traitement antalgique de référence pour tout brûlé hospitalisé
compris) :
Ringer Lactate [5000 ml x m2 SCB] + [2000 ml x m2 surface corporelle] / 24h
- Débuter immédiatement et poursuivre au moins 72h en fonction de la douleur du
1re moitié administrée sur les 8 premières heures post-brûlure
patient (EVA-EVS 3/jr)
2re moitié administrée sur les 16 heures restantes
- Administrer les antalgiques 1h avant le pansement et systématiquement au cours de
la journée + Apport glucidique en dérivation pour l’enfant < 5 ans
• Apports hydroélectrolytiques : Glucose 10% : 1,25 ml/kg/h (= 2 mg/kg/min) si 3 mois à 5 ans
2,5 ml/kg/h (= 4 mg/kg/min) si < 3 mois
La réanimation liquidienne (eau + électrolytes ± glucose) pendant 24h est une pierre
angulaire de la gestion des grands brûlés. • Par voie PO/SNG : Indication : SCB 15 à 40 % ET Matériel-consommables IV non
disponibles ou plan afflux massif brûlés
• Contre-indications : choc, score de Glasgow < 10, chirurgie/traumatisme digestif
<< ! >> La prescription des solutés au cours des 48 premières heures n’est qu’un • Formule pour tous les âges : Solution de réhydratation orale (SRO) 6 : 150 ml x poids
schéma de départ qui doit être réévalué et le débit de perfusion systématiquement (kg) / 24h 7
adapté selon les 2 objectifs paracliniques principaux : la diurèse/h et la tension
artérielle.
5 Cf. Fiche technique Formule de CARJAVAL
6 Utiliser une SRO commercialisée, à défaut préparer une SRO « faite maison » : ajouter 1 cuiller à café de sel
D’autres ajustements peuvent s’avérer nécessaire lors de cette période (bolus de (5 g) et 8 cuiller à café (40 g) de sucre dans 1L d’eau potable.
remplissage vasculaire, médicaments vasoactifs, dépistage et traitement des lésions 7 Les liquides doivent être administrés par petit volume toutes les 15 minutes : le patient peut boire plus s’il en
associées…). veut. Une stratégie mixte PO-IV peut être utile dans 2 situations : soit les volumes PO ne sont pas complète-
ment tolérés, soit la SCB dépasse 40%.
Note : le tube digestif est capable d’absorber beaucoup de liquides. Chez l’adulte, le grêle absorbe 9 L/j en
4 Technique réservée à certain projet spécifique moyenne et jusqu’à 20L/j si besoin, le côlon 2L/j et 9L/j respectivement.
118 119
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
8 Objectif de diurèse est plus haut (2-3 ml/kg/h quel que soit l’âge) en cas de risque élevé de rhabdomyolyse
(ex : électrisation à haut voltage, syndrome d’écrasement, blast). Signe paraclinique : bandelette urinaire 9 Cf. FR_2011 MSF Protocole Thromboprophylaxie
positive à la présence de sang. 10 Suture provisoire des deux bords libres des paupières (supérieure et inférieure) pour prévenir ou protéger
Attention : une rhabdomyolyse peut être présente malgré une BU normale. une plaie de cornée
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Si brûlures graves : réfléchir à la pertinence d’une prise en charge palliative (cf. Fiche
technique Conduite à tenir en cas de prise en charge palliative).
13 Contre-indication à l’ambulatoire :
- Patient ne pouvant pas se rendre à la consultation : âge, handicap, mobilité réduite, contexte sécuritaire,
éloignement géographique
11 Administrée précocement, la vitamine C à haute dose réduit la formation d’œdème post-brûlure. - Conditions de vie défavorables (manque d’hygiène, sans domicile)
12 Technique réservée à certain projet spécifique. - Patient hyperalgique.
122 123
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
14 Solution cristalloïde adulte (1L)= Ajouter dans 900 ml NaCl 0,9 % + 100 ml Glucose 50 % + ± 8 ml KCl 10 %.
15 Ajouter KCl 10% uniquement si : diurèse adéquate, pas d’insuffisance rénale, iono sanguin (K+) disponible,
pas d’hyperkaliémie (K+ > 5 mmol/l).
16 Solution cristalloïde pédiatrique (500ml) = Ajouter dans 450 ml NaCl 0,9 % + 50 ml Glucose 50 % ± 8 ml
KCl 10 %.
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Apports hydroélectrolytique
Psychosocial (cf. Chapitre Approche Psychosociale)
• SCB < 10 % : besoins de base PO
Idem
• SCB 10-20 % : besoins de base x 1,5 PO (à défaut IV)
• SCB > 20 % : réanimation liquidienne IV (à défaut PO)
- formule Parkland IV (si enfant > 30 kg, adulte)
17 Tous les laxatifs sont contre-indiqués dans les colopathies inflammatoires, un syndrome occlusif ou sub-oc- - formule Carvajal IV (si enfant ≤ 30 kg)
clusif ou un syndrome douloureux abdominal de cause indéterminée
18 Chez l’enfant : utiliser une seringue de 60 ml à embout conique. Chez l’adulte ; une poche urinaire adaptée
à une sonde urinaire ou à une sonde gastrique
19 Utiliser une seringue 60 ml à embout conique chez l’enfant, une poche urinaire adaptée à une SU/SNG
chez l’adulte.
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Stratégies préventives
• Prévention risque infectieux : pansement + topique adapté,
Orientation
antimicrobien, respect règles contrôle-infection
• Ambulatoire
• Prophylaxie anti-tétanos SAT (si brûlures profondes)
• Hospitalisation : observation, service, SI, soins palliatifs
• Transfert >> centre Niveau II ou III (hôpital ± bloc op.) • Thromboprophylaxie HBPM (si SCB ≥ 20 %, âge > 60 ans, alitement
envisagé > 3j, polytraumatisme, VVC fémorale)
Analgésie à poursuivre
• SCB < 10 % : Paracétamol + Tramadol +/- AINS
Surveillance
• SCB ≥ 10 % : Paracétamol + Morphine • Signes vitaux : FC, TA, SpO2, FR, T°C, EPDA (toutes les 1-2h en USI,
• Prise en charge analgésie-anxiété non médicamenteuse 4-6h dans le service)
• Glycémie et score de douleur /6h
• +/- Diurèse /1-2h (si grand brûlé, risque rhabdomyolyse)
• +/- Surveillance spécifique : VAS, neuro, vasc, abdo
Soins locaux • +/- Recontrôle bilan
• Premier pansement
- aux urgences sous morphine (si ambulatoire)
- au bloc sous AG (si hospitalisé)
• +/- Escarrotomie (si brûlures circulaires compressives)
• +/- Tarsorrhaphie (si brûlures oculaires graves)
20 à 40 kg CH 10-12 CH8 25 mm 5F
* En cas de sonde urinaire à ballonnet CH 6 non disponible : substituer une SNG CH 6 ou une poche de recueil
urinaire
† Code couleur aiguille EZ-IO® : 15 mm (rose), 25 mm (bleu), 45 mm (jaune).
* cf. Fiche technique Réanimation hydroélectrolytique du grand brûlé enfant > 30 kg.
** Technique projet spécifique.
128 129
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
POSOLOGIE ANALGESIQUES
SCB < 10 % >> MORPHINE SCB ≥ 10 % >> MORPHINE
Dose initiale PO Dose initiale IVD
FICHE D’ADMISSION DU PATIENT BRULE
< 6 mois 0,2 mg/kg < 6 mois 0,05 mg/kg
≥ 6 mois 0,3 mg/kg ≥ 6 mois 0,1 mg/kg
Analgésie PUIS PUIS
à l’arrivée Nom Prénom
Titration PO (2 prises max) si analgésie Titration IVD si analgésie insuffisante
insuffisante OU avant pansement réalisé (cf. Fiche technique Titration morphine IV) 4
aux urgences : 0,2 mg/kg/20 minutes Numéro de dossier
Sexe
< 6 mois 0,1 mg/kg
≥ 6 mois 0,2 mg/kg
Âge Poids habituel (kg)
Dose initiale SC (à défaut avant pose VVP)
SCB < 10 % (ambulatoire, service) SCB ≥ 10 % (SI, service) Taille (cm) si enfant
>> PARACETAMOL + TRAMADOL >> MORPHINE + PARACETAMOL
+/- AINS
Morphine
Paracétamol PO/IV
SI : IVSE/SC
IV uniquement si voie digestive
impossible
Service : SC/PO/SNG ANAMNÈSE DE LA BRÛLURE
Posologie SC
≤ 1 mo 10 mg/kg/6h < 6 mo (uniquement en SI) 0,1 mg/kg/6h
> 1 mo et < 50 kg 15 mg/kg/6h 6 à 12 mo 0,1 mg/kg/4h
Date Heure Agent
Analgésie ≥ 50 kg 1 g/6h
à poursuivre > 12 mo et < 50 kg 0,2 mg/kg/4h
Tramadol PO/SC ≥ 50 kg 5-10 mg/4h Agent vulnérant : Flamme Vapeurs Explosion Électrocution Brûlure chimique
≥ 6 mois et < 50 kg 2 mg/kg/6h Posologie PO/SNG (forme libération
≥ 50 kg 50-100 mg/6h immédiate : Sévrédol ®, solution orale)
Circonstances : Agression Espace clos Traumatisme Intoxication Autres
≥ 6 mo et < 50 kg 0,2 mg/kg/4h
En cas d’analgésie insuffisante :
- hospitaliser le brûlé (si patient ≥ 50 kg 10 mg/4h
ambulatoire)
- remplacer le Tramadol par la morphine Paracétamol PO/SNG/IV : idem gauche
- réévaluer douleur
Détails du traumatisme :
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Perfusions pour la réanimation hydro électrolytique 24 à 48 H : Apports hydro électrolytiques = apports de base quotidiens selon le poids de
A. Indications : SCB ≥ 20 % chez l'adulte, SCB ≥ 10 % l’enfant l'enfant (cf. ci-dessus)
Apports de base quotidiens comprennent les solutés IV (Ringer lactate et
Les brûlures moyennes ou modérées (SCB < 15 %) ne nécessitent que les apports hydro
Glucose 5% en alternance)
électrolytiques habituels par voie orale: dans la grande majorité de ces cas, les patients
+ Liquides absorbés par voie digestive (soupe, lait, jus de fruit, bouillie,
peuvent boire et manger sans limites à partir de 4H post brûlure s’il n’y a pas d’indication
préparation industrielle entérale, etc.)
chirurgicale (anesthésie générale).
Administrer [4 ml/kg entre 0 et 10 kg + 2 ml/kg entre 10 et 20 kg + 1 ml/kg au-dessus de 4
Adultes et enfants ≥ 12 ans 20 kg] x 24 = ml / 24 h
0 à 24 H : Apports hydro électrolytiques = solutés cristalloïdes de réanimation Remarques
Ringer lactate : 4 ml x (poids) kg x % SCB à perfuser
en 24 heures = ml / 24 h • Le remplissage vasculaire immédiat doit être compris dans le calcul
La moitié du volume calculé doit être passée dans les 8 premières heures • Augmenter les apports de 50 % (soit 6 ml/kg x % SCB) dans les cas suivants : lésions
après la brûlure : d'inhalation, électrisation, brûlé à haut risque de rhabdomyolyse
Perfuser ml de heures à heures (soit ml / h) • Chez le brûlé atteint ≥ 50 % SCB, limiter le calcul à 50 % SCB pour ne pas remplir le
Le restant doit être passé dans les 16 heures suivantes : brûlé en excès
Perfuser ml de heures à heures (soit ml / h) • Ajouter 20 ml de bicarbonate de sodium 8,4 % pour 1 litre de RL en cas de rhabdomyolyse
avérée ou suspectée selon:
24 à 48 H : Apports hydro électrolytiques = apports de base quotidiens - Histoire : brûlures profondes et étendues, électrisation, syndrome de compartiment ou
Soit 40 ml / kg / jour d'écrasement et/ou
Ces apports de base quotidiens comprennent les solutés IV (Ringer lactate et - Présence de myoglobinurie : urines rougeâtres ou « coca-cola » avec bandelette
Glucose 5% en alternance) positive pour l'hémoglobine
et les liquides absorbés par voie digestive (soupe, lait, jus de fruit, bouillie,
B. Adaptation du débit de la perfusion en fonction de l'évolution du brûlé
préparation industrielle entérale, etc.)
Administrer 40 ml x (poids) kg en 24 heures = ml / 24 h La prescription des solutés au cours des 48 premières heures n'est qu'un schéma de
départ qui doit être réévalué et adapté selon 2 objectifs thérapeutiques ; la diurèse (critère
Enfants < 12 ans de référence) et la PA.
0 à 24 H : Apports hydro électrolytiques = solutés de réanimation liquidienne (NaCl0,9% Le but de la réanimation hydro électrolytique est de :
ou RL) + apports de base quotidiens • Assurer un remplissage vasculaire adéquat (prévention de l'état de choc et de l'ischémie
des organes vitaux)
Cristalloïdes de réanimation selon la Formule de CARVAJAL 1 (cristalloïde de réanimation
• Eviter un excès de remplissage (responsable d’une aggravation de l'œdème interstitiel
+ apports de base compris) :
avec risques de syndromes de compartiment et de défaillance respiratoire)
• RL [5000 ml x m2 SCB] + [2000 ml x m2 surface corporelle] / 24h Objectifs du remplissage vasculaire chez le brûlé
La moitié du volume calculé doit être passée dans les 8 premières heures
PARAMÈTRE
après la brûlure : TYPE DE
AGE
BRÛLURES PRESSION ARTÉRIELLE
Perfuser ml de heures à heures (soit ml / h) DIURÈSE ADÉQUATE
ADÉQUATE
Brûlures non Enfant < 1 an 1 à 2 ml/kg/h ≥ 60 mmHg
Le restant doit être passé dans les 16 heures suivantes : électriques
Enfant 1 à 12 ans 1 à 1,5 ml/kg/h ≥ 70 mmHg
Perfuser ml de heures à heures (soit ml / h)
Enfant > 12 ans et adulte 30 à 50 ml/h ≥ 90 mmHg*
PLUS
Brûlures Enfant < 1 an 2 à 3 ml/kg/h ≥ 60 mmHg
• GLUCOSE 10% en dérivation pour l’enfant < 5 ans : électriques
si 3 mois à 5 ans : 1,25 ml/kg/h Haut risque de Enfant 1 à 12 ans 1,5 à 2 ml/kg/h ≥ 70 mmHg
si < 3 mois : 2,5 ml/kg/h rhabdomyolyse Enfant > 12 ans et adulte 75 à 100 ml/h ≥ 90 mmHg*
Perfuser ml/h soit gouttes/min de G10% en dérivation
* chez l'adulte et l'adolescent, il est préférable de calculer la pression artérielle moyenne (PAM) plutôt que sys-
tolique (PAS); la PAM traduit mieux la pression de perfusion adéquate des organes vitaux. La PAM adéquate
1 Cf. calcul surface corporelle (m ) à la fin du document
2
chez le brûlé au-dessus de 12 ans est de ≥ 60 mmHg (PAM = [PAS + {2 x PAD}] / 3)
136 137
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
Antalgiques
Schéma décisionnel de réanimation hydroélectrolytique de H0 à H48
La morphine est le médicament de référence pour tout patient brûlé quel que soit son âge.
Adulte et enfant ≥ 50 kg
perfuser le soluté à débit calculé surveillance horaire des signes vitaux Morphine 0,1 mg/kg en IV ou 0,2 mg/kg mg en SC toutes les 4 heures
PLUS
Enfant < 50 kg
Diurèse < limite inférieure Diurèse > limite sup. Diurèse adéquate Diurèse < limite inférieure
Morphine 0,1 mg/kg en IV ou 0,2 mg/kg en SC toutes les 4 heures
PLUS
Débit perfusion en cours Débit perfusion Ne pas modifier Débit perfusion en cours
de 25 % en cours de 25 % le débit de 50 % • Paracétamol 15 mg/kg en IV/6 heures
Si morphine indisponible, utiliser Tramadol 1 mg/kg en IVL toutes les 6 heures
S URVEILL ANCE HO RAI RE RÉÉVAL UER A P R È S 2 H E U R E S Rappel : en qu’à d’administration de Morphine ou de Tramadol, la surveillance de la
fréquence respiratoire devra être effectuée dans les 2 heures suivant le traitement.
138 139
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
140 141
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
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Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
A PARTIR DE 48 H POST BRÛLURE : administrer pour compenser les Perfuser Ringer Lactate selon prescription médicale
besoins de base + majoration pour hypermétabolisme Surveillance horaires de signes vitaux (FC, PA, FR, SpO2, EPDA)
Surveillance diurèse toutes les 2 heures
Besoins liquidiens (assurés de préférence par voie PO/SNG) à partir de 48 heures :
• Quantité théorique : 75 % besoins de base selon règle 4-2-1 + majoration pour hyper • PAS : < 1 mois : > 50 mmHg ; 1 mois-2 ans : > 60 mmHg
métabolisme < 1 mois : > 50 mmHg ; 1 mois-2 ans :> 60 mmHg NON
Quantité de liquides : . ≤ 10 kg : 4 ml/kg/h
• SpO2 95-98 %
- 10 à 20 kg : 40 ml/h + (2 ml/chaque kg > 10 kg) /h
- > 20 kg : 60 ml/h + (1 ml/chaque kg > 20 kg) /h
• Alerte ou réagit à la voix / au toucher
• Viser à administrer tous les liquides par voie digestive (PO/SNG) à 48-72h PUIS arrêter solutés par O 2 2 L/ MIN
OUI
voie intraveineuse
A P P E LE R MÉ D E CIN
• Surveiller signes vitaux, diurèse, score douleur, glycémie (fréquence de la surveillance selon EVALUER DIURESE / 2 HEURES
évolution clinique)
S A N S D É LA I
• Soustraire apports hydriques par voie digestive (SNG et/ou PO)* = ml
Quantité réelle à perfuser IV = ml / 24 h
Soluté : NaCl 0,9% +/- Glucose 5 % (ajouter glucose si apports glucosés entéraux insuffisants)
DIURESE DIURESE DIURESE
*dans la majorité de cas les apports hydriques et les objectifs caloriques devraient être assurés à 100 % par < ml / 2h < ml / 2h < ml / 2h
voie digestive au bout de 48 à 72 heures, permettant désormais l’arrêt des solutés IV
RE E VA LU E R D IU RE S E D A N S 2 H E U RE S
Contrôler la Contrôler la
Ne pas modifier le
perméabilité glycémie et la
débit perfusion
de la sonde urinaire bandelette urinaire
CONTINUER
PREVENIR MEDECIN PREVENIR MEDECIN
SURVEILLANCE
dans ≤ 30 mn dans ≤ 30 mn
144 145
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne Prise en charge initiale et réanimation liquidienne - Chapitre 4
RÉANIMATION HYDROÉLECTROLYTIQUE
FICHE DE SUIVI 0-24H
DU GRAND BRÛLÉ ADULTE
RÉANIMATION HYDROÉLECTROLYTIQUE
RÉANIMATION PAR VOIE INTRAVEINEUSE
DU GRAND BRÛLÉ ENFANT < 30 KG ET > 15 % SCB
PLUS
24-48H POST BRULURE
GLUCOSE Calculer quantité de liquides (besoins de base + compensation pertes exsudatives) selon la formule
10 % EN Enfant ≤ 3 mois : 2,5 ml/kg/h = ml PARKLAND
DERIVATION Quantité liquides : [2 ml x poids (kg) x % SCB] / 24h
Enfant < 5 ans Enfant > 3 mois : 1,25 ml/kg/h = ml 2. S oustraire les apports hydriques (ml) envisagés par SNG = 0,8 x quantité solution entérale
Hypoglycémie envisagée (ml)
(< 3 mmol/l) 3. P rescrire la quantité restante en soluté cristalloïde : NaCl 0,9% + Glucose 5 % +/- KCl* 10
mmol/l
Comment préparer 1000 ml de ce soluté : Retirer 100 ml de 1000 ml NaCl 0,9% (à défaut RL)
* Passer directement à la 2e colonne si délai de présentation est au-delà de 4 heures après la brûlure PUIS ajouter 100 ml Glucose 50% ± 8 ml KCl 10%
**N° microgouttes / min = [ml / h] / 3 (tubulure de perfusion pédiatrique)
dans le 900 ml restant
4. Surveiller signes vitaux /1-2h, diurèse /2-4h, score douleur /6h, glycémie /12-24h +/- écho
(fonction cardiaque, volémie…)
Cases blanches à remplir par médecin - Cases grises à remplir par infirmier(ère)
APRES 48H POST BRULURE
1.Calculer quantité de liquides (besoins de base + majoration pour hypermétabolisme)
Quantité liquides : 2000-2500 ml / 24h
Viser à administrer tous les liquides par voie digestive (solution entérale, boissons) à 48-72h PUIS
arrêter solutés IV
Attention de bien numéroter chaque poche de perfusion 2. Surveiller signes vitaux, diurèse, score douleur, glycémie (fréquence de la surveillance selon
évolution clinique)
* Ajouter KCl si - diurèse adéquate ET absence d’insuffisance rénale - absence d’hyperkaliémie (K+ > 5 mmol/l)
146 147
Chapitre 4 - Prise en charge initiale et réanimation liquidienne
RL n° ( ml) de h A h RL n° ( ml) de h A h
RL n° ( ml) de h A h RL n° ( ml) de h A h
RL n° ( ml) de h A h RL n° ( ml) de h A h
RL n° ( ml) de h A h RL n° ( ml) de h A h
RL n° ( ml) de h A h RL n° ( ml) de h A h
RL n° ( ml) de h A h RL n° ( ml) de h A h
Ajouter 20 ml
Bicarbonate de
sodium
8,4 % / 1 litre RL
si risque élevé Oui Non pH urinaire Oui Non pH urinaire
rhabdomyolyse
ET pH urinaire
< 6,5
**pour les solutés (hors produits sanguins) 1ml = 20 gouttes soit X ml/h = (20 x X) ÷ 60 = gouttes/min
(tubulure perfusion adulte)
Cases blanches à remplir par médecin - Cases grises à remplir par infirmier(ère)
148 149
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
Troubles électrolytiques (dyskaliemie - kaliurèse proportionnellement (et linéairement) plus importante, tandis qu’une baisse des
apports potassiques diminue l’excrétion urinaire. La kaliémie est donc étroitement liée à
dysnatremie) la fonction rénale.
Le potassium a de nombreux rôles à l’étage cellulaire: son équilibre intra/extracellulaire
1. POTASSIUM permet le maintien du potentiel de repos de la cellule. Le phénomène de conduction
nerveuse pour excitabilité et contraction musculaire (muscles squelettiques et myocarde)
A - Généralités
en est donc étroitement dépendant.
Le potassium est le principal cation de l’organisme. Il est situé à 98% en intracellulaire (en
Les dyskaliémies sont les troubles hydro-électrolytiques les plus fréquents et peuvent être
intramusculaire pour 80 à 90%) où sa concentration atteint 100-140 mmol/L 1.
responsables de troubles du rythme ou d’arrêt cardiaque.
Les 2% restants sont à l’origine de la kaliémie habituellement mesurée (normale = [3,5-5
mmol/L]). 5
B – Hyperkaliémie
L’ensemble de ce stock potassique est équilibré par des balances interne et externe
faisant intervenir le tube digestif, les reins, et le compartiment intracellulaire, avec pour Définition
principal objectif le maintien d’une kaliémie normale. • Kaliémie > 5mmol/L.
• Elle devient sévère si ≥ 6,5 mmol/L.
Apports exogènes Potassium total de l’organisme
(alimentation) Manifestations cliniques et ECG
Potassium Potassium •
Elles sont en général modestes si l’hyperkaliémie n’est pas sévère. La rapidité
extracellulaire intracellulaire
(2%) (98%) d’installation, le terrain sous-jacent, la cause de l’hyperkaliémie peuvent rendre la
Balance
interne
symptomatologie plus bruyante.
Plasma Muscles +++
Tube
[3,5-5] mmol/L
• Il s’agit le plus souvent d’asthénie, de faiblesse musculaire, voire de paralysie avec
digestif [K] 100 – 140
mmol/L abolition des réflexes ostéo-tendineux. Au niveau cardiaque, les troubles du rythme sont
Balance possibles.
externe Rein
• A l’ECG (figure 1) les anomalies suivantes de succèdent : ondes T amples, pointues.
Excrétion urinaire
Allongement de l’espace PR, disparition des ondes P, élargissement du QRS, et une
Excrétion fécale
possible fibrillation ventriculaire. Il faut néanmoins souligner que les signes ECG sont peu
sensibles ou spécifiques pour le diagnostic de l’hyperkaliémie ou sa gravité (possible FV
La balance interne est la première ligne de régulation de la kaliémie, en réalisant un sur ECG normal si hyperkaliémie sévère s’installant rapidement par exemple).
transfert transmembranaire du potassium. Elle permet une réponse immédiate, efficace
à court terme, mais consommatrice d’énergie. Elle est modulée par plusieurs facteurs, Figure 1
notamment l’insuline, les catécholamines béta-2 mimétiques, le pH… Le muscle, organe
le plus riche en potassium, joue un rôle majeur dans cette régulation à court terme et
des libérations même modérées de K+ peuvent entrainer des variations notables de la
kaliémie. La mise en jeu de la balance interne peut diminuer la kaliémie d’environ 0,5-1
mmol/L et peut donc être insuffisante.
Les entrées alimentaires de potassium sont d’environ 70-75 mmol/jour et sont quasiment
entièrement absorbées, au niveau de l’intestin grêle. L’excrétion fécale et cutanée est
faible (5-10 mmol/j). L’essentiel des sorties est donc faite au niveau rénal, avec, à fonction Diagnostic étiologique
rénale normale, plusieurs centaines de mmol filtrées, puis réabsorbées par jour (dans le • Eliminer une fausse hyperkaliémie : hémolyse du prélèvement, hyperleucocytose > 105/
tubule proximal, et la branche ascendante de l’anse de Henlé). Cette excrétion rénale est mm3 ou thrombocytémie > 106/mm3
dépendante de nombreux facteurs : concentrations concomitantes en sodium et chlore
(transferts par des canaux ou co-transporteurs communs), mécanismes hormonaux • Vérifier les apports exogènes : seuls, ils ne peuvent être incriminés que si apports
(aldostérone, corticoïdes). Une augmentation de la kaliémie > 4 mmol/L entraine donc une massifs et rapides, ou sur terrains particuliers (insuffisance rénale)
• L’hyperkaliémie ensuite ne peut résulter que d’un transfert transmembranaire, ou d’un
défaut d’excrétion rénale. Les 2 situations peuvent être initiées ou aggravées par des
1 Pour le potassium 1 mg/dL = 0.26 mmol/L 1 mmol/L = 3.91 mg/dL causes médicamenteuses.
150 151
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
• Le malade brûlé à tous les risques d’insuffisance rénale : Bicarbonate 150 meq (150 ml bicar Jamais comme seul traitement.
de sodium 8,4%) dans 500 ml de Ne pas mélanger avec calcium
- fonctionnelle à la phase aigüe ou tardive (hypovolémie vraie par pertes liquidiennes, G5% en 1h dans perfusion
hypovolémie relative par vasoplégie ou syndrome inflammatoire, sepsis, bas débit Efficacité dépend de la présence
cardiaque) d’acidose métabolique
- organique par rhabdomyolyse, hypoxie rénale secondaire à l’hypoxie générale Furosémide 20-40 mg IVD 1à4 Doses + élevées si insuffisance
(inhalation, intoxication), ischémie constituée si bas débit cardiaque prolongé 1-2 mg/kg IVD* heures rénale
-o bstructive éventuellement si lésions périnéales Remplissage (sérum salé) associé
si pas d’hypovolémie
Traitement
Résine 20-30g PO Après Pas si hyperkaliémie menaçante,
• Général échangeuse (1g/kg*) plusieurs plutôt si modérée. Attention si
- Arrêter les apports de potassium IV ou oraux (aliments riches en potassium = bananes, d’ions doses iléus, post opératoire abdo
légumes secs, pommes de terre, courges, chocolat)
-S topper les traitements aggravants : AINS, IEC, néphrotoxiques (aminosides) *doses pédiatriques
•
Manifestations neuromusculaires : fatigue musculaire, crampes, voire jusqu’à une
tétraparésie sans trouble sensitif, rhabdomyolyse
152 153
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
Figure 1 surveillance attentive du site de perfusion est impérative. Il ne doit JAMAIS être fait de
bolus et le potassium est dilué dans une solution de cristalloïde (type NaCl 0,9% et non
Onde U
pas glucosé). La concentration maximale recommandée sur une veine périphérique est
de 4 à 5g/L pour les adultes et de 3 g/L pour les enfants. Sur un cathéter central, en
cas d’hypokaliémie sévère menaçante, les concentrations peuvent être augmentées.
- L’apport par voie IV ne doit pas excéder 13,4 mmol/h = 1 g/h pour l’adulte, et 0,5 à
Hypokaliémie croissante 1 mmol/kg/h (0,04g = 40 mg/kg/h à 0,08g = 80 mg/kg/h) pour l’enfant (sans dépasser
13,4 mmol/h soit environ 1g/h). Concentration maximum 4g/L soit 53,4 mmol/L.
Diagnostic étiologique - Une supplémentation en magnésium (MgCl 1g) doit être assurée concomitamment,
surtout si l’hypokaliémie est sévère (pertes en magnésium associées dans les pertes
L’hypokaliémie peut être la conséquence d’un transfert transmembranaire, de pertes
excessives, ou d’une carence d’apports.
digestives, possible hypomagnésémie à l’origine de l’hypokaliémie) 5
- Le contrôle régulier de la kaliémie et de la diurèse et fonction rénale est indispensable
• Hypokaliémie de transfert : traitement par β2 mimétiques, insuline… Paralysie périodique
(d’autant plus fréquemment que l’hypokaliémie est profonde et que les apports se font
familiale hypokaliémique (maladie génétique)
par voie IV).
• Pertes excessives : - Voie IV (VVC) : une solution dont la concentration en potassium > 0,05 mmol/ml requiert
- d’origine rénale avec une kaliurèse restant haute de façon inappropriée une voie centrale*
• Avec HTA : hyperminéralocorticisme primaire (adénome surrénalien, Cushing), ou
secondaire (sténose de l’artère rénale) Tableau 2 : posologies approximatives de la supplémentation potassique
• Sans HTA : tubulopathies rénales, acidoses tubulaires, diurétiques (de l’anse ou
thiazidiques), polyuries osmotiques, hypomagnésémie (favorise les pertes rénales de 3-3,4
KALIEMIE FORME 2,5-2,9 MMOL/L < 2,5 MMOL/L
potassium) MMOL/L
- d’origine extra-rénale (pertes gastro-intestinales importantes). Gluconate Adultes Comprimé 3 2cp x 3/j 3 cp x 4/j 4cp x4/j
de Calcium
• Carence d’apport : jamais le seul mécanisme en cause, la kaliurèse pouvant s’abaisser 10% sirop 4 30 ml x 3/j 45 ml x 4/j 60 ml x 4/j
beaucoup pour compenser de faibles apports exogènes. Elle représente plutôt un Enfant sirop 2 ml/kg /jr 2 ml/kg/jr 2ml/kg x 3/j
facteur aggravant d’une autre cause d’hypokaliémie. Voie IV Adultes 0,15-0,3g/h 0,3-0,4g/h 0,4-1g/h
Enfants non Préférer PO mais si 40-80mg/kg/h
Spécificités du brûlé Injectable 5
applicable impossible : = 0,5 -1mmol/kg/h
Pas de particularités notables de l’hypokaliémie chez le brûlé 0,1-0,2 mmol/kg/h
Particularités en pédiatrie:
Traitement
• Apport quotidien usuel en pédiatrie: 2-3 mmol/kg/jour
Il vise à la fois à prévenir les complications vitales (troubles du rythme, tétraparésie,
• Hypokaliémie modérée (2,5-3 mmol/L) + mauvaise tolérance orale : solution d’entretien
rhabdomyolyse) par une supplémentation potassique appropriée, et à traiter la cause sous-
IV standard (cf. guide pédiatrie) ou 1L RL + 40 mmol KCl
jacente responsable de l’hypokaliémie. L’urgence du traitement dépend de la profondeur
de l’hypokaliémie, de sa vitesse de constitution, des comorbidités associées… • Pour des raisons de sécurité : correction par voie IV uniquement pour les hypokaliémies
sévères ou symptomatiques (< 2,5 mmol/l)
• La supplémentation :
• Voie PO : initier le traitement à 2 mmol/kg puis corriger par des doses répétées/12-24h
- orale et/ou IV, selon la gravité et la cause de l’hypokaliémie (une perte digestive haute
en fonction de l’évolution de la kaliémie (possible jusqu’à 3 à 4 fois/jour) .
par vomissements par exemple imposant une administration IV)
- voie orale : à privilégier autant que possible (plus sûre et plus progressive). Il existe • Voie IV (VVP): débit maximum à 0,5 mmol/kg/h sur 4 à 6h maximum puis vérifier à
une forme à libération immédiate et une à libération prolongée 2. L’administration doit nouveau la kaliémie
se faire en 3 ou 4 prises quotidiennes, lors des repas, avec de l’eau pour éviter les • Voie IV (VVC) : une solution dont la concentration en potassium > 0,05 mmol/ml requiert
ulcérations gastriques. une voie centrale*
-voie IV : peut être dangereuse, par l’apport accidentel d’une dose massive de
potassium si perfusion trop rapide, et par la veinotoxicité du potassium (douleur,
phlébite, extravasation et nécrose). Des apports IV majeurs ne peuvent se faire que sur 3 POTASSIUM chlorure, 600 mg, comprimé à libération prolongée (= environ 8 mmol/cp)
un cathéter central, et dans tous les cas, une veine périphérique de gros calibre et une 4 POTASSIUM chlorure libération immédiate, 7.5%, 1mmol K/ml, sol.orale, 500ml (440mg/15ml)
5 POTASSIUM chlorure, 100 mg/ml, 10 ml, ampoule
2 cf. guide Médicaments essentiels, 2018 *Technique réservée à certain projets spécifiques
154 155
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
Le traitement étiologique est associé à la supplémentation Au niveau du tube digestif, le sodium est excrété en grande quantité, et quasiment
• Arrêt des traitements médicamenteux favorisants (diurétiques, insuline, β2 mimétiques) intégralement réabsorbé.
• Traitement étiologique : chirurgical si occlusion, antiémétiques, traitement spécifique des Enfin, les pertes sudorales peuvent être plus ou moins concentrées en sodium, selon le
atteintes rénales primaires (acidose, tubulopathies…) débit sudoral (concentration de 10 à 80 mmol/L).
• Supplémentation associée en magnésium
Adultes : 2g en 20 min, à renouveler 2-3 fois/jour si hypomagnésémie première, ou B - Hypernatrémie
hypokaliémie réfractaire
Enfant : 25-50 mg/kg avec un maximum de 2g Définitions
• Natrémie > 145 mmol/L
2. LE SODIUM
• Elle entraine toujours une déshydratation intracellulaire. Le volume extracellulaire (VEC) 5
A - Généralités peut lui être normal, augmenté, ou diminué selon le mécanisme étiologique.
L’analyse des dysnatrémies ne peut se faire que conjointement à l’analyse des • La gravité de l’hypernatrémie est essentiellement liée à son retentissement sur le volume
compartiments liquidiens de l’organisme. cérébral et donc majoritairement à sa vitesse de constitution.
L’eau corporelle totale d’un adulte représente environ 60% de son poids. 2/3 de cette
eau est située en intracellulaire. Le 1/3 restant se répartit entre secteur intravasculaire Manifestations cliniques
(1/3) et interstitiel (2/3). La membrane cellulaire est semi-perméable et autorise donc des • Soif et sécheresse des muqueuses (si patient capable de s’exprimer et sans baisse de
transferts d’eau. Ceux-ci sont faits entre les secteurs intra- et extracellulaire de façon à la sensation de soif)
maintenir constante l’osmolarité plasmatique. Cette dernière dépend essentiellement de • Troubles neurologiques allant de la simple obnubilation, agitation, irritabilité au coma
la natrémie (osmolarité = ([Na] x 2) + [urée en mmol/L] + [glycémie en mmol/L] = 280-295 mOsm/L). profond
• Possible fièvre, dyspnée, rhabdomyolyse
Vaisseaux
Eau Eau
extracellulaire intracellulaire Eau Eau Diagnostic étiologique
(1/3) (2/3 eau totale) intracellulaire • 3 mécanismes peuvent être à l’origine d’une hypernatrémie : des pertes d’eau pure,
Intersticium
des pertes d’eau + de sodium hypotoniques (pertes de plus d’eau que de sodium
relativement), ou une rétention de sodium (entrainant à sa suite une rétention d’eau).
• L’analyse du volume extracellulaire, selon qu’il soit normal, déplété ou hypervolémique,
Eau totale (60% poids) permet de différentier ces 3 mécanismes :
156 157
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
• Le diabète insipide est lié à la non sécrétion (« central ») ou à l’inefficacité (« néphrogénique Ainsi pour un patient de 40 ans, pesant 60 kg, avec une natrémie à 160 mmol, le déficit
») de l’hormone ADH : les urines sont anormalement diluées avec des pertes d’eau hydrique peut être estimé à (0,6 x 60) x ((160-140)/140)) = 5,1L.
pures. S’ensuit une stimulation de la soif (syndrome polyuro-polydipsique), qui permet
• Il faut ensuite choisir la vitesse de correction (rapide/lente) avec une répartition de ce
de maintenir la natrémie à la fourchette haute. Mais, souvent, s’ajoute au diabète
déficit hydrique sur 24H en cas de troubles aigus ou 72h si chronique
insipide une altération de la sensation de soif, et/ou un accès à l’eau limité pour les
patients critiques. Ces 2 phénomènes expliquent l’hypernatrémie. Toutes les atteintes du • Il faut ajouter à ce volume les éventuelles pertes d’eau persistantes, et les besoins
système nerveux central peuvent induire un diabète insipide central. Le diabète insipide quotidiens standards
néphrogénique peut être héréditaire ou secondaire à des prises médicamenteuses
(lithium, antibiotiques) ou des troubles hydro-électrolytiques (hypokaliémie). • La natrémie est recontrôlée toutes les 4 à 6 heures les 24 premières heures pour éviter
notamment une sur correction (et son risque d’œdème cérébral). Ensuite, si la vitesse
• Les pertes hypotoniques d’eau et de sel expliquent l’hypernatrémie à VEC déplété. de correction d’une hypernatrémie chronique est satisfaisante et les pertes limitées, un
La diurèse osmotique (hyperglycémie, mannitol) ou des pertes extra rénales peuvent contrôle toutes les 12h est suffisant. 5
en être la cause. Ainsi une sueur abondante (fièvre, exercice, exposition à de hautes
températures) ou des pertes digestives peuvent entrainer une déshydratation globale • En cas d’hypernatrémie à volume extra cellulaire diminué, la restauration d’une volémie
(intra et extracellulaire). efficace est la priorité et peut se faire avec du sérum salé (de toutes façons relativement
hypotonique par rapport au plasma). La restauration de la volémie permettra également
• Enfin, la perfusion de solutés hypertoniques ou l’intoxication au sel peut entrainer une
de traiter l’hypernatrémie en rétablissant un débit rénal satisfaisant, et donc une capacité
hypernatrémie, souvent très brutale et donc très symptomatique sur le plan neurologique.
de concentration des urines accrue.
•
Pour les hypernatrémies à secteur extracellulaire augmenté, l’arrêt des perfusions
Spécificités du brûlé
hypertoniques suffit souvent à la correction des troubles si la fonction rénale est
• Accès à l’eau parfois limité (déplacement difficile voire impossible, expression verbale
préservée. Sinon, des diurétiques de l’anse peuvent être administrés.
limitée, douleur) et sensation de soif possiblement émoussée (sédatifs)
• Les patients brûlés peuvent avoir, en cas de traumatisme crânien associé, et/ou en post
opératoire et/ou de par les différents traitements (anti-infectieux notamment) des C - Hyponatrémies
stigmates de diabète insipide central.
• Les pertes hydriques liées aux brûlures sont normalement compensées par la Définitions
réhydratation IV. Mais, si cette dernière est insuffisante, une hypernatrémie peut
apparaitre • Natrémie < 135 mmol/L
158 159
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
OUI NON
Manifestations cliniques
Elles sont liées au mécanisme causal de l’hyponatrémie, et aux manifestations d’œdème
cérébral secondaires au mouvement d’eau vers le secteur intracellulaire. HypoNa aigue ET symptomatique
- S SH* 3%
L’encéphalopathie hyponatrémique est non spécifique. Initialement, l’on peut voir : 300ml/40min OUI NON
5
asthénie, nausées vomissement, céphalées. Secondairement apparaissent stupeur, Obj = [Na] de
5mmol/1re heure. HypoNa aigue peu symptomatique
obnubilation puis coma, convulsions, pouvant aboutir à la mort cérébrale. - Puis sérum salé
- SSH 3% 150
ml/30min
0,9% petit débit OUI NON
- Puis sérum salé
avec obj = [Na]
Diagnostic étiologique 0,9% petit débit
8-10 mmol/24h
avec obj = [Na] HypoNa
Les hyponatrémies vraies s’accompagnent d’une hyperhydratation intracellulaire. Selon -C ontrôle [Na] à
8-10 mmol/24h
- +/- bolus de
chronique
l’hydratation du secteur extracellulaire, on distinguera des mécanismes étiologiques H+20’, H6, H12, SSH 3% 150
- contrôle [Na] à H1,
H24 ml/30min
différents. -T tt étiologique
H6, H12
pour éviter
- Ttt étiologique
et arrêt facteurs majoration
• Volume extracellulaire normal : rétention d’eau pure, sans rétention sodée et arrêt facteurs VEC déplété
aggravants symptômes
aggravants
• Volume extracellulaire en déficit : pertes d’eau et de sel, prédominant sur le sel. - puis ttt
étiologique
L’hypovolémie qui en résulte stimule la sécrétion d’ADH, et la sensation de soif, et
entraine une hyponatrémie NON
• Volume extracellulaire en excès : rétention d’eau et de sel, prédominant sur l’eau. NON
- Perfusion sérum salé 0,9% à 0,5-1 ml/Kg/H
- Obj = [Na] 8-10 mmol/24h OUI
Spécificités du brûlé - ttt étiologique et contrôle [Na]/12h
- si état de choc la priorité sera le
Traitement remplissage vasculaire, la natrémie sera
traitée secondairement VEC inflaté
Il associe le traitement étiologique, et symptomatique, au sein duquel il faut séparer
OUI NON
• Le traitement en urgence, s’adressant :
-a ux hyponatrémies avec symptômes sévères (convulsions, coma) * Préparation sérum salé - Restriction
- et/ou aux hyponatrémies aigues et symptomatiques (quels que soient les symptômes) hypertonique : rajouter à une poche hydrique
- et/ou aux hyponatrémies hyper aigues (polydipsie psychotique) même asymptomatique de 250ml de NaCl 0,9% 30ml - Obj =
qui impose une remontée rapide de 4-6 mmol/L de la natrémie sur 4 à 6 heures, avant (3 ampoules) de sérum salé à 20% 6g [Na] 8-10
de reprendre un rythme de correction + lent de 8 mmol/24H de sel + 2,2g de la poche. mmol/24h
- ttt
• le traitement non urgent pour les patients peu symptomatiques : l’objectif sera de faire - Restriction
étiologique
doucement remonter la natrémie de 8-9 mmol/24h environ : et contrôle
hydrique
- pour les hyponatrémies à volume extracellulaires normal ou augmenté, une simple - Si Na < 129 et
[Na]/12h
échec seule :
restriction hydrique (< 1000 ml/24H) suffira association
- pour les hyponatrémies à volume extracellulaire déplété, l’hypovolémie sera corrigée diurétique
avec du NaCl 0,9 %. La restauration de la volémie supprimera le stimulus de sécrétion de l’anse et
d’ADH et contribuera à normaliser la natrémie. ingestion de sel
- Obj = [Na]
• Une remontée trop rapide de la natrémie fait courir le risque de démyélinisation osmotique 8-10 mmol/24H
avec des lésions du tronc cérébral important pouvant entrainer au pire une tétraplégie, - ttt étiologique
des troubles de la conscience. et contrôle
[Na]/12h
Algorithme de traitement des hyponatrémies chez l’adulte :
160 161
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
SURVEILLANCE :
INSULINOTHERAPIE EN IVSE (IV SERINGUE-ELECTRIQUE) • Une glycémie capillaire doit être réalisée systématiquement toutes les 2 heures et notée
EN SOINS INTENSIFS BRULE sur la fiche de surveillance spécifique.
• En l’absence de modification de la vitesse de perfusion après deux contrôles consécutifs,
ADULTE, ENFANT > 40 KG
le rythme de surveillance peut être espacé de 4 heures. Après chaque modification de
INDICATIONS : vitesse de perfusion, la surveillance doit à nouveau être faite toutes les 2 heures.
• Tout patient ≥ 40 kg hospitalisé en soins intensifs présentant une glycémie capillaire > • En cas d’apparition brutale de sueurs abondantes, pâleur, tremblements, agitation ou
140 mg/dl sur 2 mesures consécutives dans 6 heures avec : tout autre problème neurologique, une mesure de la glycémie capillaire doit être faite de
Une nutrition entérale OU Un apport glucosé continu en IV / SNG toute urgence.
• Patient diabétique avec traitement oral habituel arrêté ou traitement Insuline habituel CIRCONSTANCES PARTICULIERES : 5
insuffisant
• Jeûne pré opératoire :
OBJECTIF : -A rrêter la nutrition entérale (Sondalis Energy®, Sondalis HP®) 6 h avant le bloc
- Administrer les besoins de base liquidiens et glucosés (100 ml de Glucose 5 % toutes
Maintenir la glycémie entre 80 et 140 mg/l la majeure partie du temps sans provoquer les 2 heures par SNG ou soluté glucosé 5 % avec électrolytes en IV) jusqu’à 2 h avant
d’hypoglycémie le bloc
- Arrêter insuline et tous les apports entéraux/oraux 2 h avant le bloc
MISE EN PRATIQUE : - Le patient part au bloc avec son pousse-seringue d’insuline connecté mais éteint
Matériel :
• Introduction d’adrénaline :
• Pousse-seringue électrique
• Seringue 50 ml + prolongateur Le risque d’hyperglycémie est augmenté
• Seringue graduée de 1 ml en unités d’insuline - Surveillance des glycémies rapprochée toutes les heures pendant les 4 premières heures
• Insuline d’action rapide
• Reprise de l’insuline après hypoglycémie (avec accord médical)
• Glucomètre fonctionnel et calibré avec des bandelettes adéquates, des lancettes ou
- Contrôle de la glycémie capillaire après 30 min puis toutes les 2 h
aiguilles
- Reprendre l’insuline, dès que glycémie > 140 mg/dl, en diminuant la posologie
• Poche de 500 ml Glucose 10 % avec le matériel nécessaire pour l’injecter si besoin
antérieure de 50%
Ajouter 50 UI d’insuline rapide® dans 50 ml de NaCl 0,9 % pour obtenir une solution
• Rupture de matériel pour contrôle glycémie capillaire
de 1 UI/ml
- Arrêt du protocole
Débuter l’insuline au pousse-seringue électrique à 2 UI/h (soit 2 ml/h)
• Conduite à tenir en cas d’hypoglycémie :
• Utiliser une voie veineuse dédiée si possible pour éviter les bolus involontaires
En cas de glycémie < 70 mg/l, il faut de toute urgence :
Adaptation selon contrôle glycémie/2h (cf tableau 1)
- Arrêter la perfusion d’insuline
• Si 3 glycémies > 125 mg/dl successives à la baisse : ne pas changer le débit
- Avertir le médecin sans délai
• Pas de débit supérieur à 10 ml/h sans prescription médicale
- Administrer du G10% selon protocole par voie intraveineuse (G50% 1 ml/kg IV en 5
• Prévenir le médecin si glycémie < 70 mg/dl ou > 360 mg/dl
minutes)
- Recontrôler la glycémie capillaire 30 min après
Tableau 1 : Adaptation de l’insuline en IVSE chez l’adulte et l’enfant > 40 kg
- Répéter le bolus de Glucose 10 % toutes les 15 minutes jusqu’à la normalisation de
GLYCÉMIE (MG/ 126- 136- 146- la glycémie
< 40 40-50 51-70 71-80 81-90 91-125 > 210
DL) 135 145 210
• Critères de sortie du protocole insulinothérapie IVSE :
Débit insuline STOP STOP STOP de de MEME de de de de - Transfert en service ou dans un autre hôpital
(ml/h = UI/h) 1 ml/h 1 ml/h DEBIT 1 ml/h 1 ml/h 1 ml/h 2 ml/h
- Arrêt de la nutrition entérale pour relais par nutrition orale fractionnée ou
Administration - Glycémies stables depuis 48 h dans l’intervalle idéal (80-140 mg/dl)
bolus glucose 100 ml 50 ml - - - - - - - -
10% en urgence ET
Délai avant - Pas d’adrénaline
nouveau contrôle 30 min 30 min 30 min 2h 2h 2h 2h 2h 2h 2h - Pas de corticoïdes
de glycémie
- Pas d’alimentation parentérale
162 163
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
• Relais par protocole insuline rapide par voie sous-cutanée (cf. tableau 2) :
- Si nécessaire après la sortie du protocole IV
INSULINOTHERAPIE EN IVSE (IV SERINGUE-ELECTRIQUE)
- Glycémie capillaire avant déjeuner, dîner et souper si alimentation PO
EN SOINS INTENSIFS BRULE
OU
ENFANT < 40 KG
Glycémie capillaire/6h si nutrition entérale
INDICATIONS :
• Tout enfant ≤ 40 kg hospitalisé en soins intensifs présentant une glycémie capillaire >
Tableau 2 : Echelle d’insuline sous-cutanée chez l’adulte et l’enfant > 40 kg 140 mg/l sur 2 mesures consécutives avec :
Une nutrition entérale OU Un apport glucosé continu en IV / SNG
GLYCÉMIE (MG/DL) < 125 126-160 160-210 210-270 > 270
• Enfant diabétique avec traitement insuline habituel insuffisant
Dose Actrapid en SC (UI)
®
0 5 7 10 12
5
OBJECTIF :
Maintenir la glycémie entre 80 et 140 mg/l la majeure partie du temps sans provoquer
d’hypoglycémie
MISE EN PRATIQUE :
• Matériel :
ADAPTATION DE L’INSULINE RAPIDE EN IV PAR SERINGUE- - Pousse-seringue électrique
ELECTRIQUE (IVSE) - Seringue 50 ml + prolongateur
- Seringue graduée de 1 ml en unités d’insuline
ADULTE, ENFANT > 40 KG -Insuline d’action rapide Glucomètre fonctionnel et calibré avec des bandelettes
adéquates, des lancettes ou aiguilles
GLYCÉMIE
< 40 40-50 51-70 71-80
126-
81-90 91-125
136- 146-
> 210
- Poche de 500 ml Glucose 10 % avec le matériel nécessaire pour l’injecter si besoin
(MG/DL) 135 145 210
• Ajouter 50 UI d’insuline d’action rapide dans 50 ml de NaCl 0,9 % pour obtenir une
Débit insuline de de MEME de de de de
STOP STOP STOP 1 ml/h 1 ml/h DEBIT 1 ml/h 1 ml/h 1 ml/h 2 ml/h solution de 1 UI/ml
(ml/h = UI/h)
• Débuter l’insuline au pousse-seringue électrique au débit selon le poids et le gravité de
Administration l’hyperglycémie
bolus glucose 100 ml 50 ml - - - - - - - -
10% en urgence - 0,1 UI/kg/h (soit 0,1 ml/kg/h) si glycémie > 250 mg/l
- 0,05 UI/kg/h (soit 0,05 ml/kg/h) si glycémie de 140 à 250 mg/l
Délai avant - Utiliser une voie veineuse dédiée si possible pour éviter les bolus involontaires
nouveau contrôle 30 min 30 min 30 min 2h 2h 2h 2h 2h 2h 2h
de glycémie • Adaptation selon contrôle glycémie (tableau 1)
- Pas de débit supérieur à 0,4 UI/kg/h (soit 0,4 ml/h) sans prescription médicale
- Traiter sans délai si glycémie < 60 mg/dl ou > 360 mg/dl
Tableau 1 : Adaptation de l’insuline en IVSE chez l’enfant ≤ 40 kg
REMARQUE :
90-125
• Si 3 glycémies successives à la baisse (même si > 125mg/dl) : ne pas changer le débit GLYCÉMIE % changement par rapport glycémie précédente*
< 60 60-90 126-160 > 160
• Pas de débit supérieur à 10 UI/h (10 ml/h) sans prescription médicale (MG/DL) Baisse Baisse Baisse Pas de changement
• Médicaments compatibles avec l’insuline : Ceftazidime, Magnésium, Imipénème, > 50 % 25-50 % < 25 % ou plus élevée
* % changement par rapport glycémie précédente = [(glycémie précédente – glycémie actuelle) / glycémie
précédente] x 100
164 165
Chapitre 5 - Troubles électrolytiques Troubles électrolytiques - Chapitre 5
SURVEILLANCE :
• Une glycémie capillaire doit être réalisée systématiquement à l’intervalle appropriée (de ADAPTATION DE L’INSULINE EN IVSE (IV SERINGUE-
15 minutes à 2 heures en fonction de la glycémie) et notée sur la fiche de surveillance ELECTRIQUE)
spécifique
• En l’absence de modification de la vitesse de perfusion sur deux contrôles consécutifs, L’ENFANT ≤ 40 KG
le rythme de surveillance peut être espacé de 4 heures de temps
• En cas d’apparition brutale de conscience altérée (agitation ou somnolence), hypotonie, 90-125
tremblements, céphalées, convulsion, apnées ou transpiration abondante, une mesure GLYCÉMIE % changement par rapport glycémie précédente*
< 60 60-90 126-160 > 160
de la glycémie capillaire doit être faite de toute urgence. (MG/DL) Baisse Baisse Baisse Pas de changement
> 50 % 25-50 % < 25 % ou plus élevée
CIRCONSTANCES PARTICULIERES : de de
Débit insuline
(ml/h = UI/h)
STOP STOP STOP de
50 %
de
25 %
Même débit 0,05 ml/ 0,1 ml/ 5
• Jeûne pré opératoire : kg/h kg/h
- Arrêter la nutrition entérale (Sondalis Iso®, Nutrini Max Energy®) 6 h avant le bloc Administration
bolus glucose 5 ml/kg - - - - - - -
-Administrer les besoins de base liquidiens et glucosés (Glucose 5 % toutes les 10% en urgence
2 heures par SNG ou soluté glucosé 5 % avec électrolytes en IV) jusqu’à 2 h avant le bloc
Délai avant
- Arrêter insuline et tous les apports entéraux/oraux 2 h avant le bloc nouveau contrôle 15 min 30 min 30 min 1h 2h 2h 2h 2h
- Le patient part au bloc avec son pousse-seringue d’insuline connecté mais éteint. de glycémie
• Introduction d’adrénaline : * % changement par rapport glycémie précédente = [(glycémie précédente – glycémie actuelle) / glycémie
- Le risque d’hyperglycémie est augmenté précédente] x 100
- Surveillance rapprochée des glycémies toutes les heures pendant les 4 premières
heures • Pas de débit supérieur à 0,4 UI/kg/h (0,4 ml/kg/h) sans prescription médicale
• Reprise de l’insuline après hypoglycémie (avec accord médical) • Médicaments compatibles avec l’insuline : Ceftazidime, Magnésium, Imipénème,
- Contrôle de la glycémie capillaire après 30 min puis toutes les 2 h Vancomycine, Midazolam, Morphine
- Reprendre l’insuline, dès que glycémie > 140 mg/dl en diminuant la posologie antérieure • Médicaments incompatible avec l’insuline : Dopamine, Noradrénaline, Phenobarbitone,
de 50 % Phénitoïne
166 167
Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
Chapitre 6 : D
iagnostic et traitement
de l’infection
168 169
Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
Diagnostic et traitement de l’infection 1. hygiène générale : l’hygiène générale est l’affaire de tous et reste de premier outil de
réduction de l’infection. Toute personne en contact avec le patient brûlé, et le patient
L'infection est l’une des complications les plus fréquentes chez le patient brûlé. L’absence lui-même doit être sensibilisée et éduqué aux notions d’hygiène de base. 1
de couverture cutanée et/ou les effets systémiques de la brûlure majore les déficiences 2. qualité des soins
immunitaires. En parallèle les plaies initialement stériles sont contaminées en quelques • hygiène des mains : c’est le moyen le plus simple et le plus efficace pour prévenir les
jours. Elle peut mettre en jeu le pronostic vital, particulièrement chez les grands brûlés infections. Il doit être réalisé avant et après tout contact avec le patient ou un élément
(> 20% SCB). de son environnement.
Les brûlés constituent un groupe à risque d’infections généralisées, il est donc important • tenue vestimentaire :
de conserver un seuil de suspicion d’infection très bas pour assurer un dépistage -une blouse dédiée à chaque patient reste une mesure souhaitable contre les
précoce : transmissions croisées.
- port et d’un masque de gants lors des soins
• Contrôle des signes locaux d'infection des brûlures, des sites de prise de greffe et des • organisation des soins
zones greffées - techniques aseptiques: lors de la réfection de pansement, de sondage vésical, choix
• Examen clinique journalier du patient brûlé à la recherche d’un changement de l’état des dispositifs médicaux (ex : voie centrale ou périphérique, latex ou silicone etc...).
clinique et des signes évocateurs précoces d’une infection systémique. Recherche - indications des soins : changer ou enlever le dispositif invasif en cas de doute 6
active d'éventuelles anomalies des paramètres vitaux, de l'état de conscience, de d’infection.
l’appareil digestif, de la fonction rénale, de la glycémie et de l’hémostase. Evaluer le bénéfice/risque pour le patient des procédures de soins et des dispositifs
invasifs pouvant majorer la contamination bactérienne (réfection des pansements,
• Suivi régulier de la numération formule sanguine (NFS) chez les grands brûlés (toutes les protocoles des soins locaux, stratégies chirurgicales et anesthésiques, etc.)
48 heures pendant les 10 premiers jours si possible) - respect des protocoles et bon usage des antiseptiques
- organisation des soins : planifications des soins dans la journée, circuit des matériels
•
Recherche d’autres foyers d’infection : poumon, urine, cathéters (IV centraux et
et personnes
périphériques, urinaires), infections non liées aux brûlures (ex : paludisme, infection liée
au VIH) 3. environnement
• bionettoyage quotidien de l’environnement selon les recommandations en vigueur
1. HYGIÈNE ET RÉDUCTION DU RISQUE INFECTIEUX • linge corporel et draps changé après la réfection des pansements
• les déchets/résidus alimentaires/éléments souillées sont éliminées rapidement selon
L’infection associée aux soins est soit d’origine exogène (germes présents dans
le circuit adéquat
environnement, visiteurs, personnel soignant) soit d’origine endogène (le patient est
• organisation de l’espace : 8m2 autour de chaque lit, point de lavage de mains à
porteur des germes). Elles contractées par contact direct (interhumaine, auto-infection,
proximité de la zone de soins
animale) ou indirect (matériel, gouttelettes, linge).
• mesures complémentaires lorsqu’un patient est infecté pour éviter la contamination
La stratégie du contrôle des infections a pour objectif de réduire le risque de survenue des autres patients (isolement septique, emballage et élimination des déchets issus
d’infections associées aux soins (IAS) (anciennement appelées infections nosocomiales), des soins, planification des soins)
pour le patient, le(s) accompagnant(s) et le personnel. Elle comprend un ensemble de 4. hygiène du patient
mesures préventives et correctives. • hygiène corporelle (corps, bouche, yeux ++) et traitement antiseptique des plaies
L’hygiène hospitalière repose sur : • nutrition enrichie pour favoriser la cicatrisation et les défenses immunitaires qui
participent à la lutte contre l’infection.
• Des mesures générales qui s’attachent à limiter la contamination croisée et donc le
risque exogène d’IAS
2. INFECTIONS LOCALES DES BRULURES
précautions standards : s’appliquent par tous (soignants et visiteurs), pour tout patient
(quel que soit son statut infectieux), tout le temps Une infection peut être localisée sur le site de la brûlure. L’antibiothérapie prophylactique
précautions complémentaires : s’appliquent en complément des précautions n’est pas recommandée, ni à l’admission, ni avant une réfection de pansement. En
standards lorsqu’un risque infectieux particulier a été identifié. Elles se déclinent en revanche si l’infection est généralisée, la prise en charge est une urgence thérapeutique
isolement septique (le patient brûlé est infecté par un germe et la contamination de basée sur l’antibiothérapie et les soins locaux.
l’environnement doit être évitée) ou isolement protecteur (le patient brûlé doit être
protégé d’une contamination exogène).
1 Cf Guide « hygiène dans les structures de soins – OCP- 2013- Partie I : gestion du risque infectieux dans
Des mesures techniques qui s’attachent à limiter l’auto-contamination et donc le risque les services de soins » et guide « Soins infirmiers OCP – 2014 » les précautions « standard »/désinfection
endogène d’IAS (cf. chapitre Organisation des soins) : des mains, p. 9 à 11
170 171
Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
Les infections chez les brûlés sont exceptionnelles dans les 48 premières heures post Graphique 1 : Fréquence des sites infectés chez le patient brûlé 2
brûlure. Une infection généralisée en phase hyper aiguë (≤ 48h) est susceptible d’avoir
pour origine une infection préexistante (ex : broncho-pneumopathie).
Différencier ces manifestations d’un état septique est souvent difficile. La réponse
inflammatoire systémique des premiers jours entraîne fièvre, tachycardie, et élévation des
globules blancs mais ce tableau clinique n’est pas forcément témoin d’un statut septique.
Le diagnostic d’une infection systémique repose sur une modification de paramètres
préalablement stabilisés, tels que l’apparition ou l’augmentation de la fièvre chez un brûlé
précédemment stable, une défaillance hémodynamique inattendue, une altération de
l’état de conscience ou encore une intolérance à la nutrition.
• Rechercher une éventuelle infection généralisée • Bronches : facteurs de risques : Facteurs de risques
• Considérer l’identification de l’organisme en cause si des examens microbiologiques
peuvent être effectués (écouvillonnages de la surface brûlée ou biopsie profonde du
tissu brûlé) 2 Cremer et al. Ann Fr Anésth Réanim 1995
172 173
Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
- Lésions d’inhalation de fumée • Pression artérielle systolique (PAS) < 90 mm Hg ou chute de la PAS > 40 mm Hg
- Intubation • Etat de conscience altéré (somnolence excessive, confusion, délire, agitation)
- Aspirations trachéales • Troubles digestifs (distension abdominale, vomissements répétés, diarrhée, intolérance
- Décubitus à l’alimentation)
Mobilisation, kinésithérapie respiratoire, hygiène • Glycémie > 110 mg/dl (> 6,1 mmol/l) en l’absence de diabète
• Hyperleucocytose > 12 x103/ mm3 OU leucopénie < 4 x103/ mm3
En résumé l’antibiothérapie précoce est indispensable mais elle est associée à une
• Thrombopénie < 100 x103/mm3 après 72 heures post brûlure
augmentation des résistances et doit être restreinte aux patients présentant une
infection invasive de la brulure ou des symptômes systémiques.
Enfant brûlé
• Les antibiotiques doivent être utilisés dans:
• T°C > 39°C OU < 36,5°C
- les infections systémiques/généralisées
- les infections invasives de brulures • FC > 2 fois supérieure à la valeur moyenne de la norme selon âge
- les infections de brûlures greffées et/ou un site de prélèvement de greffe • FR > 2 fois supérieure à la valeur moyenne de la norme selon âge
• Pression artérielle systolique < 2 inférieure à la valeur moyenne de la norme selon âge
• Les antibiotiques ne doivent pas être utilisés dans : • Etat de conscience altéré (idem adulte)
- Les colonisations (quel que soit l’organe) • Troubles digestifs (idem adulte) 6
- Les infections locales. L’infection locale des brûlures non greffées sans signes • Glycémie < 60 mg/dl (< 3,3 mmol/l) OU > 110 mg/dl (> 6,1 mmol/l) en l’absence de
d’infection généralisée ne relève que d’un traitement local. diabète
- Pas d’antibiothérapie préventive • Taux de globules blancs > 2 norme supérieure OU inférieure à la valeur moyenne de la
norme selon âge
• Taux plaquettaire < 100 x103/mm3 après 72 heures post brûlure
La température corporelle d’un brûlé peut être légèrement augmentée par :
(cf. Fiche technique Identification du sepsis grave et du choc septique chez l’adulte/
. L’état hypermétabolique chez l’enfant).
. Après l’administration de Paracétamol
. Dans les 4h suivant la réfection d’un pansement
Tableau 2 : normes des valeurs pédiatriques des paramètres vitaux selon âge
Ainsi on considère une réaction thermique pathologique (hyper ou hypothermie)
secondaire à une infection si la température (T°C) > 39°C OU < 36,5°C FC FR PAS LEUCOCYTES
AGE
(BATTEMENTS/MIN) (RESPIRATIONS/MIN) (MM HG) (N° X 103/MM3)
< 1 mois > 180 > 50 < 50 > 19,5 ou < 5
3. INFECTION GENERALISEE
1 à 12 mois > 160 > 40 < 70 > 17,5 ou < 5
A - Définition 1 à 5 ans > 140 > 30 < 70 + (âge x 2) > 15,5 ou < 6
Etat clinique altéré caractérisé par une réponse inflammatoire systémique ± défaillance 5 à 12 ans > 120 > 25 < 70 + (âge x 2) > 13,5 ou < 4,5
d’organe(s) survenant dans un contexte évoquant une infection généralisée. Devant ce
> 12 ans > 110 > 25 < 90 > 12 ou < 4
tableau, le démarrage d’une antibiothérapie systémique dans les plus brefs délais est
impératif.
Le diagnostic repose en grande partie sur la cinétiques des paramètres vitaux c’est- à-dire Signes d’alerte :
la dégradation progressive des paramètres vitaux au préalablement stabilisés.
• Signes d’hypo-perfusion tissulaire : extrémités froides, marbrures, cyanose
périphérique, allongement du temps de recoloration capillaire (TRC > 3 secondes)
B - Diagnostic • Apparition récente ou majoration des œdèmes en zone non brûlée après 72
Un sepsis est évoqué en présence d’au moins 3 des critères suivants 3 : heures post brûlure
• Oligurie : diurèse < 1 ml/kg/h chez l’enfant ; < 0,5 ml/kg/h chez l’adulte
Adulte brûlé
• Chute de > 30 % de la concentration des plaquettes ou de TP lors de 2
• Température (T°C) > 39°C OU < 36,5°C prélèvements successifs
• Fréquence cardiaque (FC) > 110/min • Troubles cliniques de l’hémostase : purpura, saignement des sites de ponction
• Fréquence respiratoire (FR) > 25/min • Chez l’enfant < 1 an : apnées, cri anormal, hypotonie, inconsolabilité, convulsion
174 175
Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
• Pression artérielle normale (un sepsis et même un choc septique peuvent • Anamnèse rigoureuse
survenir sans hypotension) • Examen physique complet
• Tenter d’identifier l’organisme en cause si des examens microbiologiques peuvent être
C - Prise en charge réalisés en urgence :
- Hémocultures (1-2 flacons) : ponctionner stérilement pour chaque flacon 2-3 ml de
1. Réanimation
sang chez l’enfant ou 10 ml chez l’adulte
• Entreprendre une réanimation précoce et agressive en cas de sepsis grave, de choc - Bandelette urinaire ± uroculture
septique (cf. Annexe Conduite à tenir initiale devant sepsis et Algorithme Evaluation - Radio pulmonaire ± crachat (les enfants sont rarement capables de fournir un crachat
réponse clinique et adaptation du traitement 48H du sepsis chez brûlé) de qualité)
• Administrer de l’oxygène à 5-10 L/min (par masque à haute concentration si possible) - Prélèvement profond/peropératoire de la zone brûlée infectée
pendant la durée de la réanimation, puis modifier le débit en fonction de la SpO2 (objectif
6
SpO2 > 95%) D - Traitement étiologique
• Mettre en place, sans délai, une voie d’abord vasculaire de bon calibre et démarrer un 1. Commencer une antibiothérapie probabiliste DES QUE POSSIBLE sans attendre
remplissage vasculaire rapide en cas d’hypovolémie ou de choc : les résultats bactériologiques
Enfant : 10 à 20 ml/kg de NaCl 0,9 % ou RL le plus rapidement possible
Les antibiotiques doivent être démarrés dans l’heure qui suit l’identification du sepsis,
Adulte : 500 à 1000 ml de NaCl 0,9 % ou RL sur 20-30 minutes
après le prélèvement des échantillons appropriés pour la culture (si possible) et vise le
• Répéter ce bolus si nécessaire en fonction de : foyer infectieux suspecté.
-
la réponse (FC, pression artérielle, perfusion tissulaire, état neurologique, diurèse)
• Si une infection systémique de brûlure est suspectée, prescrire une association de 2
ET
antibiotiques à spectre élargi 6 : l’association cible les principaux germes responsables
-
l’absence de signes de surcharge volémique (dyspnée par surcharge pulmonaire,
des bactériémies chez les brûlés Pseudomonas, E.coli, Klebsiella, Acinetobacter,
hypertension artérielle, tachycardie, œdème périphériques, bilan liquidien positif, prise
S.aureus.
de poids)
• Démarrer, sans délai, un traitement vasoactif (type Dopamine ou Adrénaline 4) en cas 2. Contrôler un éventuel foyer infectieux anatomique après la réanimation initiale et une
de : fois le patient stabilisé, pouvant impliquer :
- Hypotension artérielle d’emblée profonde : les vasopresseurs sont associés au 1er
• En cas de suspicion de brûlures infectées :
remplissage
- Débridement voire excision d’urgence des brûlures infectées si patient suffisamment
- Hypotension ou hypoperfusion persistant malgré l’expansion volémique initiale ≥ 30
stable
ml/kg
- Changement de l’agent topique : remplacer la Sulfadiazine par l’Acétate de Mafenide
• Administrer les corticostéroïdes IV pour compenser une réponse surrénalienne en cas de suspicion à Pseudomonas uniquement.
insuffisante si le malade : • Retrait ou changement des dispositifs invasifs (cathéters IV, sondage urinaire ou
- Présente une instabilité hémodynamique persistante, nécessitant des vasopresseurs à nasogastrique) selon rapport bénéfice/risque et les options possibles
doses croissantes malgré un remplissage approprié
• Kiné respiratoire pour faciliter le désencombrement de l'arbre trachéobronchique
- Posologie Hydrocortisone IV:
Enfant : 2mg/kg/jour réparties en 4 prises (max 50mg/dose)
3. Evaluer systématiquement la réponse aux antibiotiques à 48h :
Adulte : 50 mg toutes les 6 h
• Si le diagnostic est correct et les antibiotiques administrés sont adaptés, une réponse
• Transférer le patient en soins intensifs dans les 15 minutes avec son dossier complété et partielle est attendue dans les premières 48 à 72 heures : obtenir une réponse complète
une transmission entre soignants va prendre plus de temps
• Instaurer une surveillance rapprochée des fonctions vitales (1 fois/h pendant 3h puis • Si le patient ne répond pas aux antibiotiques, évaluer si :
adaptée selon avis médical) Le patient a vraiment reçu l’antibiothérapie prescrite ET la prescription est
• Pose dispositif de recueil des urines si absent (sonde urinaire / poche externe adhésive correcte
de recueil des urines type Urinocol®) obj diurèse: 0,5 à 1 ml/kg/h
4 Cf. guide Médicaments essentiels : Dopamine / Adrénaline 6 Cf. Posologie et administration des anti-infectieux
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
IDENTIFICATION DU SEPSIS GRAVE ET DU CHOC SEPTIQUE CONDUITE A TENIR INITIALE DEVANT UN SEPSIS
CHEZ L’ENFANT CHEZ L’ENFANT BRULE
I. SEPSIS GRAVE : état septique associé à une ou plusieurs dysfonctions d’organes Modification des paramètres auparavant stabilisés
ET/OU
(≥ 1 dysfonction d’organe autre que celle directement en rapport avec le foyer infectieux. Apparition nouveaux signes inexpliqués
cf. tableau 2) ET/OU
•T
°C > 39°C OU < 36,5°C Anomalies biologiques ( / glycémie, / leucocytes, plaquettes)
ET/OU
•F
C > 2 fois supérieure à la valeur moyenne de la norme selon âge
Survenue détresse vitale
•F
R > 2 fois supérieure à la valeur moyenne de la norme selon âge
•P
AS < 2 inférieure à la valeur moyenne de la norme selon âge
•T
roubles digestifs (idem adulte) SUSPICION SEPSIS
•G
lycémie < 60 mg/dl (< 3,3 mmol/l) OU > 110 mg/dl (> 6,1 mmol/l) en l’absence de
diabète 6
•T
aux de globules blancs > 2 norme supérieure OU inférieure à la valeur moyenne Rechercher les critères de sepsis (anamnèse, examen physique complet, bilan)
de la norme selon âge RAPPEL
Sepsis peut
•T
aux plaquettaire < 100 x103/mm3 après 72 heures post brûlure T° > 39°C ou < 36,5°C exister avec :
Contrairement aux adultes, il n’est pas indispensable qu’une dysfonction autre que celle FC > 2 supérieures à la norme - Normo- ou
FR > 2 supérieures à la norme hypothermie
directement en rapport avec le foyer infectieux existe pour porter le diagnostic de sepsis PA systolique < 2 inférieures à la norme - Pression
grave. Etat conscience altéré artérielle
Troubles digestifs normale
Les organes ou fonctions vitales les plus rapidement symptomatiques sont : Glycémie < 60 mg/dl ou > 110 mg/dl - SpO2
Leucocytes < 2 inf. ou > 2 sup. à la norme normale
1. La fonction circulatoire : Plaquettes < 100 x103/mm3 après 72 h
Malgré un remplissage vasculaire ≥ 40 ml/kg en 1 heure :
- Hypotension artérielle < 2 norme pour l’âge
- OU nécessité d’agents vasoactifs
- OU deux signes d’hypo perfusion parmi les suivants : Présence de ≥ 3 critères DIAGNOSTIC SEPSIS Présence de 1 à 2 critères
- Hyperlactatémie > 2 x la normale ET
- Acidose métabolique avec base déficit > 5 mmol/L Forte suspicion de sepsis
- Oligurie < 0,5 ml/kg/h (Basée sur des signes d’alerte)
- Temps de recoloration cutané allongé > 3sec Traiter l’infection Bilan infectieux
2. La fonction respiratoire : Antibiotiques IV en urgence Détresse vitale ? Réanimation
- PaO2/FiO2 <300 en l’absence de cardiopathie cyanogène et de maladie respiratoire antérieure sans délai Sepsis grave ?
Oxygène 5-10 l/min
- OU une PaCO2 > 65 mm Hg ou >20 mm Hg par rapport à la PaCO2 de base - dans l’heure 1-2 hémocultures Choc septique ?
- OU une FiO2 > 50% pour maintenir une SpO2 ≥ 92 % suivant (Avant ATB si Remplissage vasculaire
- OU la nécessité d’une ventilation mécanique diagnostic possible) Agents vasoactifs
- avant le bilan EN PARALLELE Prévenir réanimateur
3. Les fonctions supérieures si impossibilité en urgence
- Encéphalopathie ou syndrome confusionnel aigu (parfois traduit par un score de Glasgow d’effectuer tests
< 11) en urgence
- OU une altération de la vigilance avec diminution > 3 par rapport au score de base - sans attendre Transfert en Si Vasoactifs à haute dose
résultats labo dès que possible d’emblée
4. La fonction rénale : OU
- Oligurie < 1 ml/kg/h, persistante pendant 3 heures malgré le remplissage Instabilité
- Créatinine ≥ 2 x la normale (ou x 2 par rapport à la valeur de base) hémodynamique
5. La coagulation : Mesures complémentaires persistante malgré
-Thrombopénie < 80 000/mm3 ou chute > 30 % des plaquettes lors de 2 prélèvements Surveillance rapprochée vasoactifs
successifs à 3 jours d’écart Bilan biologique +/- imagerie
- OU INR > 2 Maintien glycémie 80 à 140 mg/dl
Corriger troubles électrolytiques
6. La fonction hépatique : Nutrition entérale précoce
- Bilirubine totale > 78 µmol/l (non applicable au nouveau-né) Dépistage et PEC anémie < 7 g/dl Stratégies PEC insuffisance
préventives (ex : thrombose veineuse surrénalienne
profonde) Corticostéroïdes
2. CHOC SEPTIQUE : sepsis grave défaillance circulatoire, isolée ou non.
ATTENTION : L’hypotension artérielle n’est PAS indispensable au diagnostic. Le
diagnostic de choc septique doit être AUSSI retenu en cas de suspicion d’infection Le pronostic dépend de la rapidité de mise en route des mesures thérapeutiques
associés à une tachycardie et à des signes d’hypo perfusion tissulaire. Chaque heure écoulée sans antibiotiques = 10 % de mortalité en plus
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
IDENTIFICATION DU SEPSIS GRAVE ET DU CHOC SEPTIQUE CONDUITE A TENIR INITIALE DEVANT UN SEPSIS
CHEZ L’ADULTE CHEZ L’ADULTE BRULE
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
Solution reconstituée :
1 Calcul du poids idéal (homme) = H−100−((H−150)/4) / Poids idéal (femme) = H−100−((H−150)/2,5) stable 24 h < 25°C ;
2 Cf. Définition des catégories de risque en cas de grossesse à la fin de ce document 3 j à 4°C
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
CEFTRIAXONE ENFANT RECONSTITUTION : Complications majeures CLOXACILLINE ENFANT RECONSTITUTION : Complications majeures
(Rocéphine®…) 50 mg/kg IV 1 g Ceftriaxone + 10 ml •R
éactions allergiques (Orbénine®…) 50 mg/kg IV 500 mg Cloxacilline + 5 •R
éactions allergiques
250 mg et 1 g, toutes les NaCl 0,9 % (éosinophilie et hypersensibilité 500 mg, poudre, toutes les 6 h ml NaCl 0,9 % (éosinophilie et hypersensibilité
poudre, flacon 12 h solution reconstituée médicamenteuse systémique flacon solution reconstituée médicamenteuse systémique)
100 mg/ml •T
roubles hépatobiliaires : stase ADULTE 100 mg/ml •N
eurotoxicité : convulsions,
ADULTE Dilution : NaCl 0,9 % - biliaire, hyper bilirubinémie, 2 g IV toutes Dilution : NaCl 0,9 % - encéphalopathie
2 g IV toutes G5 % pancréatite les 6 h G5 % •P
hlébite au point d’injection
les 24 h Concentration finale Concentration finale
max : 40 mg/ml Précautions max : Précautions
Posologie •É
viter si : allergie aux •p
our IVD : 100 mg/ml •É
viter si : allergie aux pénicillines/
idem pour ADMINISTRATION : céphalosporines, femme enceinte •p
our perfusion IV : 50 céphalosporines
voie IM perfusion IV en 30 min 3e trimestre mg/ml •A
juster dose si insuffisance rénale
Ne pas mélanger •A
dministrer avec prudence si Administrer en IVD sur 5 sévère
avec une solution IV allergie aux pénicillines min OU
contenant du calcium
(ex : RL)
en perfusion IV sur 30
min
6
ADMINISTRATION IM : Solution reconstituée :
Concentration 250 mg/ stable 4 j < 23°C ou
ml si flacon de 250 mg ; 7 j à 4°C
350 mg/ml si flacon
de 1 g
Reconstituer avec 1% COLISTINE TOUS LES RECONSTITUTION : Complications majeures
lidocaïne (Colomycine®…) AGES 1 million UI Colistine + •N
eurotoxicité : convulsions,
1 million UI (80 62 500 IU/ 10 ml NaCl 0.9% encéphalopathie
Solution reconstituée mg) et kg (5 mg/kg) 2 million UI Colistine + •N
éphrotoxicité
IV : stable 2 j < 25°C ; 2 million UI (160 IV dose de 20 ml NaCl 0,9%
10 j à 4°C mg), charge solution reconstituée Précautions
poudre, flacon 100 000 UI/ml •R
éserver aux infections BGN
PUIS Dilution : NaCl 0.9% - hautement résistantes avec
CIPROFLOXACINE ENFANT Ne pas administrer Complications majeures
1 mg de colistine 62 500 IU/kg sensibilité conservée à la colistine
(Ciflox®…) 30 mg/kg/j simultanément avec anti •A
llongement de l’intervalle QT G%
250 mg et 500 mg, PO à répartir acides, fer, zinc •T
endinite, arthropathie base = 12 500 UI /j IV Concentration finale •A
juster dose si insuffisance rénale
divisé en max: 40 000 IU/ml sévère
comprimé en 2-3 prises ou calcium (la
ciprofloxacine doit être Précautions
2 prises •A
rrêter si fonction rénale en baisse
(max dose/j : ADMINISTRATION :
ADULTE administrée au moins •É
viter si hypokaliémie non corrigée perfusion IV en 60 min
6 million UI)
500 mg PO 2h avant et 6h après) •A
juster dose si insuffisance rénale
Solution reconstituée :
toutes les 8 h •G
rossesse catégorie C
stable 48 h à 4°C
En cas de nutrition
entérale en cours,
arrêter la nutrition 1 h FLUCONAZOLE ENFANT Prise pendant ou entre Complications majeures
avant la prise, puis la PO 12 mg/kg PO les repas •R
éactions cutanées exfoliatives
recommencer 2 h après (Triflucan®…) dose unique •R
éactions allergiques
50 mg, 100 mg et PUIS Solution orale se •A
llongement de l’intervalle QT
CLINDAMYCINE ENFANT PAS DE Complications majeures 200 mg, gélule 6 mg/kg/j PO conserve 15 j •H
épatotoxicité
(Dalacine®…) 10 mg/kg IV RECONSTITUION •C
olite parfois sévère (colite 50 mg / 5 ml en une prise
300 mg/ml, 2 ml, toutes les 6 h Prélever dose calculée pseudomembraneuse) solution orale Précautions
ampoule puis diluer •R
éactions allergiques ADULTE •A
rrêter si : réaction cutanée ou
ADULTE Dilution : NaCl 0,9 % - (éosinophilie et hypersensibilité Le fluconazole PO 800 mg PO allergique, troubles hépatiques
600 mg IV G5 % médicamenteuse systémique) a autant d’efficacité dose unique •A
juster dose si insuffisance rénale
toutes les 6 h Concentration max : 12 que le fluconazole PUIS •G
rossesse catégorie D : risque
mg/ml Précautions injectable tératogène
200 mg, poche 400 mg PO/
•A
rrêter si diarrhée ± traiter colite jour en une
ADMINISTRATION : à Clostridium difficile 100 ml Surveillance
perfusion IV en 30 min prise •F
onction hépatique si douleur
PUIS sous-costale D, ictère, nausée
Solution restant dans le persistante
flacon se conserve 24 h 6 mg/kg/j
Solution diluée : stable IV en une
48 h < 25°C perfusion
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
FLUCONAZOLE IV ADULTE Concentration finale : Complications, précautions, MEROPENEM ENFANT RECONSTITUTION : Complications majeures
(Triflucan®…) 800 mg IV 2 mg/ml surveillance idem au Fluconazole (Meronem®…) 20 mg/kg IV 500 mg Méropénème + • Neurotoxicité (risque <<
200 mg, poche dose unique PO 500 mg, poudre, toutes les 8 h 10 ml NaCl 0,9% Imipénème)
100 ml ADMINISTRATION : flacon solution reconstituée • Réactions allergiques
PUIS perfusion IV en 1-2 h Le Fluconazole IV est réservé ADULTE 50 mg/ml
400 mg/j aux patients pour lesquels un 1 g IV toutes Dilution : NaCl 0,9 % - Précautions
IV en une Ne pas ajouter d’autres traitement par voie digestive est les 8 h G5 % • allergie type 1 (ex : anaphylaxie)
perfusion médicaments à la poche impossible Concentration finale aux pénicillines/céphalosporines
max : • Ajuster dose si insuffisance rénale
Jeter la solution Prendre le relais PO/SNG dès que 20 mg/ml
restante dans la poche possible
Solution prélevée : ADMINISTRATION :
stable 24 h < 25°C perfusion IV en 30 min
Solution reconstituée :
GENTAMICINE TOUS LES PAS DE Complications majeures
stable 4 h < 25°C ; 6
(Gentalline®…) ÂGES RECONSTITUTION • Néphrotoxicité 24 h à 4°C
40 mg/ml, amp 2 ml 6-7 mg/kg/j Prélever dose calculée • Ototoxicité
IV en une puis diluer
perfusion Dilution : NaCl 0,9 % - Précautions
G5 % • Adapter si insuffisance rénale METRONIDAZOLE ENFANT PAS DE Complications majeures
Concentration max : • Grossesse catégorie D (Flagyl®…) 10 mg/kg IV RECONSTITUTION • Troubles digestifs : nausées,
NE PAS 5 mg/ml, poche toutes les 8 h NI DE DILUTION diarrhée, douleur
dépasser 1 mg/ml
Surveillance • Colite parfois sévère
3 jours de ADULTE ADMINISTRATION :
traitement ADMINISTRATION : • Créatinémie 2x / semaine
perfusion IV en 30 min 500 mg IV perfusion IV en 30 min Précautions
toutes les 8 h • Ajuster dose si insuffisance rénale
Jeter la solution restant Ne pas ajouter
dans l’ampoule d’autres médicaments
Solution prélevée : à la poche
stable 24 h < 25°C Jeter la solution
restante dans la poche
Solution prélevée :
IMIPENEM ENFANT RECONSTITUION : Complications majeures stable 24 h < 25°C
(Tienam®…) 20 mg/kg IV 500 mg Imipénème + • Neurotoxicité : convulsions, ou 10 j à 4°C
500 mg, poudre, toutes les 6 h 10 ml NaCl 0,9 % encéphalopathie
flacon solution reconstituée • Nausée/vomissement :
ADULTE 50 mg/ml prémédication antiémétique peut PIPERACILLINE/ ENFANT RECONSTITUTION : Complications majeures
500 mg IV Dilution : NaCl 0,9 % - être nécessaire TAZOBACTAM Pipéracilline 2 g/250 mg + 10 ml • Réactions allergiques
toutes les 6 h G5 % - G10% - RL • Anémie, thrombocytose (enfant) (Tazocilline®…) composante NaCl 0,9% (éosinophilie et hypersensibilité
Concentration finale 2g / 250 mg, 80 mg/kg IV ou 4 g/500 mg + 20 ml médicamenteuse systémique)
max : Précautions poudre, flacon toutes les 8 h NaCl 0,9 % • Céphalées, insomnie
5 mg/ml • allergie type 1 (ex : anaphylaxie) 4g / 500 mg, solution reconstituée
aux pénicillines/céphalosporines poudre, flacon ADULTE Pipéraciline composante Précautions
ADMINISTRATION : • Ajuster dose si insuffisance rénale
perfusion IV en 60 min
Pipéracilline 200 mg/ml • Éviter si : allergie aux pénicillines/
• Grossesse catégorie C composante Dilution : NaCl 0,9 % - céphalosporines
Solution reconstituée :
4 g IV toutes G5 % • Ajuster dose si insuffisance rénale
les 8 h Concentration finale
stable 3 h < 25°C ;
max : 200 mg/ml
24 h à 4°C
ADMINISTRATION :
perfusion IV en 60 min
Solution reconstituée :
stable 24 h < 25°C
ou 7 j à 4°C
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
CEFTRIAXONE 50 mg/kg/j en RECONSTITUTION : Complications majeures CLOXACILLINE Age postnatal RECONSTITUTION : Complications majeures
(Rocéphine®…) une perfusion 1 g Ceftriaxone + 10 ml • Réactions allergiques (Orbénine®…) ≤7j: 500 mg Cloxacilline + • Réactions allergiques
250 mg et 1 g, IV NaCl 0,9 % (éosinophilie et hypersensibilité 500 mg, poudre, 50 mg/kg IV 5 ml NaCl 0,9 % (éosinophilie et hypersensibilité
poudre, flacon solution reconstituée médicamenteuse systémique) flacon toutes les solution reconstituée médicamenteuse systémique)
Posologie 100 mg/ml • Trouble hépatobiliaires 12 h 100 mg/ml • Neurotoxicité centrale
idem pour Dilution: NaCl 0,9 % - Dilution : NaCl 0,9 % - • Phlébite au point d’injection
voie IM G5 %
Précautions Age postnatal G5 % • Ictère choléstatique, hépatite
• Eviter si : allergie aux 8-20 j : Concentration finale
Concentration finale céphalosporines, ictère, co-
max : 40 mg/ml 50 mg/kg IV max : Précautions
administration d’une perfusion IV toutes les 8 h •p our IVD : 100 mg/ml • Eviter si : allergie aux pénicillines/
ADMINISTRATION :
contenant du calcium (risque de •p our perfusion IV : 50 céphalosporines
perfusion IV en 60 min
précipitation Ceftriaxone-calcium Age postnatal mg/ml • Ajuster dose si insuffisance rénale
dans les urines, le poumon, la 21-28 j : Administrer en IVD sur sévère
Ne pas mélanger vésicule biliaire)
avec une solution IV 50 mg/kg IV 5 min OU en perfusion
• Administrer avec prudence si toutes les 6 h IV sur 30 min
contenant du calcium allergie aux pénicillines
(ex : Ringer Lactate) • Ajuster dose si insuffisance Solution reconstituée :
hépatorénale stable 4 j < 23°C ou
7 j à 4°C
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Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
COLISTINE 62 500 IU/ RECONSTITUTION : Complications majeures GENTAMICINE Age postnatal PAS DE Complications majeures
(Colomycine®…) kg (5 mg/kg) 1 million UI Colistine + • Neurotoxicité : convulsions, (Gentalline®…) ≤7j: RECONSTITUTION •N
éphrotoxicité
1 million UI (80 mg) IV dose de 10 ml NaCl 0.9% encéphalopathie 40 mg/ml, amp 2 ml 5 mg/kg IV en Prélever dose calculée •O
totoxicité
et 2 million UI charge 2 million UI Colistine + • Néphrotoxicité une perfusion puis diluer
(160 mg), 20 ml NaCl 0,9% toutes les Dilution : NaCl 0,9 % - Précautions
poudre, flacon PUIS solution reconstituée Précautions 36 h G5 % •E
viter si insuffisance rénale
62 500 IU/kg 100 000 UI/ml •R éserver aux infections à BGN Concentration max :
1 mg de colistine /j IV divisé Dilution : NaCl 0.9% - hautement résistantes avec Age postnatal 1 mg/ml Surveillance
base = 12 500 IU en 2 prises G% sensibilité conservée à la colistine 8-28 j : •C
réatinémie 2x / semaine
(max dose/j : Max final concentration : • Ajuster dose si insuffisance rénale 5 mg/kg/j ADMINISTRATION :
6 million UI) 40 000 IU/ml sévère IV en une perfusion IV en 30 min
ADMINISTRATION : • Arrêter si fonction rénale en baisse perfusion
perfusion IV en 60 min Jeter la solution restant
NE PAS dans l’ampoule
Solution reconstituée : dépasser Solution prélevée :
stable 48 h à 4°C 3 jours de stable 24 h < 25°C 6
traitement
FLUCONAZOLE Age postnatal Prise pendant ou entre Complications majeures
PO ≤7j: les repas • Réactions cutanées exfoliatives IMIPENEM Age postnatal RECONSTITUION : Complications majeures
(Triflucan®…) 12 mg/kg PO • Réactions allergiques (Tienam®…) ≤7j: 500 mg Imipénème + •N
eurotoxicité : convulsions,
50 mg, 100 mg et en une prise Solution orale se • Allongement de l’intervalle QT 500 mg, poudre, 20 mg/kg IV 10 ml NaCl 0,9 % confusion
200 mg, gélule toutes les conserve 15 j • Hépatotoxicité flacon toutes les solution reconstituée •P
hlébite au point d’injection
50 mg / 5 ml 48 h 12 h 50 mg/ml
solution orale Précautions Dilution : NaCl 0,9 % - Précautions
Age postnatal • Arrêter si : réaction cutanée ou Age postnatal G5 % - G10% - RL •A
llergie type 1 (ex : anaphylaxie)
Le Fluconazole PO 8-28 j : allergique, troubles hépatiques 8-20 j : Concentration finale aux pénicillines/céphalosporines
a autant d’efficacité 12 mg/kg /j • Ajuster dose si insuffisance rénale 20 mg/kg IV max : 5 mg/ml •A
juster dose si insuffisance rénale
que le Fluconazole PO en une toutes les 8 h
injectable prise Surveillance ADMINISTRATION :
• Fonction hépatique si douleur Age postnatal perfusion IV en 60 min
sous-costale droite, ictère, nausée 21-28 j :
persistante 20 mg/kg IV Solution reconstituée :
toutes les 6 h stable 3 h < 25°C ou
FLUCONAZOLE IV Age postnatal PAS DE Complications, précautions 24 h à 4°C
(Triflucan®…) ≤7j: RECONSTITUTION NI surveillance Idem au Fluconazole PO
200 mg, poche 12 mg/kg DE DILUTION
MEROPENEM 20 mg/kg IV RECONSTITUTION : Complications majeures
100 ml IV en une Ne pas utiliser si liquide Le Fluconazole IV est réservé aux
(Meronem®…) toutes les 8 h 500 mg Méropénème + •N
eurotoxicité (risque
perfusion trouble patients pour lesquels un traitement
500 mg, poudre, 10 ml NaCl 0,9% << Imipénème)
toutes les Concentration finale : par voie digestive est impossible
flacon solution reconstituée •R
éactions allergiques
48 h 2 mg/ml
50 mg/ml
Prendre le relais par voie PO/
Dilution : NaCl 0,9 % - Précautions
Age postnatal ADMINISTRATION : entérale dès que possible
G5 % •A
llergie type 1 (ex. anaphylaxie)
8-28 j : perfusion IV en 1-2 h
Concentration finale aux pénicillines/céphalosporines
12 mg/kg/j Ne pas ajouter d’autres
max : 20 mg/ml •A
juster dose si insuffisance rénale
IV en une médicaments à la poche
perfusion
ADMINISTRATION :
Jeter la solution
perfusion IV en 60 min
restante dans la poche
Solution prélevée :
Solution reconstituée :
stable 24 h < 25°C
stable 4 h < 25°C ou
24 h à 4°C
194 195
Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
196 197
Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Diagnostic et traitement de l'infection - Chapitre 6
CEFAZOLINE CLcr > 70 ml/min : Pas CLcr > 54 ml/min : Pas d’ajustement ≥71 500 500 mg 250 mg 250 mg 250 mg
d’ajustement nécessaire mg/6h 8h 6h 6h 8h
CLcr 40-70 ml/min : 60 % CLcr 35-54 ml/min : Dose unitaire normale 41-70 500 250 mg 250 mg 250 mg 125 mg
de dose journalière normale, / 8-12 h mg 8h 6h 6h 8h 6h
divisée en 2 prises CLcr 10-34 ml/min : 50 % de dose unitaire
CLcr 20-40 ml/min : 25 % normale / 12 h 21-40 250 250 mg 250 mg 250 mg 125 mg
de dose journalière normale, CLcr < 10 ml/min : 50 % de dose unitaire mg 6h 8h 8h 12h 8h 6
divisée en 2 prises normale / 18-24 h 6-20 250 mg 250 mg 250 mg 250 mg 125 mg
CLcr ≤ 20 ml/min : 10 % de 12h 12h 12h 12h 12h
dose journalière normale en
une seule prise ≤5 Ne pas administrer sauf chez le patient
dialysé
CEFTAZIDIME CLcr > 50 ml/min : Pas CLcr > 50 ml/min : Pas d’ajustement CLcr > 50 ml/min : Pas d’ajustement
MEROPENEM CLcr > 50 ml/min : Pas
d’ajustement nécessaire nécessaire
d’ajustement nécessaire
CLcr 30-50 ml/min : 50 mg/kg CLcr 31-50 ml/min : 1 g / 12 h CLcr 10-50 ml/min : Dose unitaire normale
CLcr 30-50 ml/min : 20-40 mg/
toutes les 12 h CLcr 16-30 ml/min : 1 g / 24 h / 12 h
kg toutes les 12 h
CLcr 10-29 ml/min : 50 mg/kg CLcr 5-15 ml/min : Dose de charge de 1 g, CLcr < 10 ml/min : Dose unitaire normale /
CLcr 10-29 ml/min : 10-20 mg/
toutes les 24 h puis 500 mg/24 h 24 h
kg / 12 h
CLcr < 10 ml/min : 50 mg/kg CLcr < 5 ml/min : Dose de charge de 1 g,
CLcr < 10 ml/min : 10-20 mg/
/ 48 h puis 500 mg /les 48 h
kg /24 h
CEFTRIAXONE Pas d’ajustement nécessaire à l’exception des patients qui présentant aussi METRONIDAZOLE Pas d’ajustement nécessaire
une insuffisance hépatique
PIPERACILLINE/ Nouveau-né : CLcr > 50 ml/min : Pas d’ajustement
CIPROFLOXACINE CLcr > 30 ml/min : Pas CLcr > 50 ml/min : Pas d’ajustement TAZOBACTAM CLcr > 50 ml/min : Pas nécessaire
d’ajustement nécessaire nécessaire d’ajustement nécessaire CLcr 20-50 ml/min : Pipéracilline
CLcr 10-29 ml/min : 10-15 mg/ CLcr 31-50 ml/min : 250-500 mg / 12 h CLcr 20-50 ml/min : composante 2 g / 6 h
kg / 18 h CLcr 5-29 ml/min : 250-500 mg / 18 h Pipéracilline composante 35 CLcr < 20 ml/min : Pipéracilline composante
CLcr < 10 ml/min : 10-15 mg/ mg/kg / 6 h 2g/8h
kg /24 h CLcr < 20 ml/min : Pipéracilline
composante 35 mg/kg / 8 h
CLINDAMYCINE Pas d’ajustement nécessaire
Enfant > 1 mo :
CLcr > 50 ml/min : Pas
CLOXACILLINE Réduire la dose de moitié si CLcr < 10 ml/min d’ajustement nécessaire
CLcr 20-50 ml/min :
COLISTINE CLcr > 30 ml/min : Pas CLcr > 50 ml/min : Dose de charge de 270 Pipéracilline composante 40
d’ajustement nécessaire mg, puis 135 mg /12 h mg/kg / 6 h
CLcr 10-29 ml/min : 10-15 mg// CLcr 20-50 ml/min : Dose de charge de 270 CLcr < 20 ml/min : Pipéracilline
18 h mg, puis 135 mg /24 h composante 40 mg/kg / 8 h
CLcr < 10 ml/min : 10-15 mg/ CLcr < 20 ml/min : Dose de charge de 270
kg / 24 h mg, puis 135 mg / 48 h
RIFAMPICINE Pas d’ajustement nécessaire
FLUCONAZOLE CLcr > 50 ml/min : Pas CLcr > 50 ml/min : Pas d’ajustement
d’ajustement nécessaire nécessaire
CLcr 10-50 ml/min : 50 % de CLcr < 50 ml/min : 50 % de dose unitaire
dose unitaire normale /24 h normale / 24 h
CLcr < 10 ml/min :50 % de
dose unitaire normale /48 h
198 199
Chapitre 6 - Diagnostic et traitement de l'infection Nutrition du brûlé - Chapitre 7
8. Bien qu’il est d’autres actions, Ceftazidime ne doit être employé uniquement
aureus. Il doit être employé uniquement en association avec une bêta-
4. Métronidazole n’est pas efficace contre le Peptostreptococcus
5. Teicoplanin n’est pas efficace contre le Enterococcus faecium
Chapitre 7 : N
utrition du brûlé
lactame
• > 12 ans et adulte, SCB > 20%
• supplémentation en micronutriments
7.
Enterobacter, Serratia, Citrobacter freundii, Hafnia, Acinetobacter/
Les micro organismes à BLSE sont insensibles à la majorité des
antibiotiques bêta-lactame : les carbapénèmes restent l’agent antiinfectieux
2.
200 201
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
La réponse hypermétabolique déclenchée par les brûlures graves 1 est caractérisée par 1. OBJECTIFS DE LA PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE
une circulation hyper dynamique (tachycardie, hypertension…), une tachypnée, un état
A-A
ssurer (mais sans dépasser) les demandes imposées
d’hypercatabolisme protéique et lipidique, et l’insulinorésistance. Des conséquences qui
par l’hypermétabolisme
en dérivent comprennent :
• Apporter les besoins énergétiques calculés
• Une dépense énergétique augmentée
• Limiter les pertes de la masse musculaire maigre :
• L’hyperthermie
-D émarrage précoce (≤ 24h post brûlure) de la prise en charge nutritionnelle
• L’hyperglycémie -R égime avec 50-60 % d’apport énergétique total (AET) en glucides
• Un bilan azoté négatif et une fonte musculaire 2 - Régime avec 20-25 % d’AET en protides soit un apport hyperprotéique
• 2,5 à 3 g/kg/j chez l’enfant
• La libération augmentée des hormones cataboliques (catécholamines, glucocorticoïdes,
• 1,5 à 2 g/kg/j chez l’adulte
glucagon)
- Kinésithérapie active et précoce
• La stimulation de la synthèse des protéines de phase aiguë 3
• Limiter l’accumulation de graisse dans le sang et le foie :
Cette réponse démarre à partir de 24 à 36 heures post brûlure puis s’intensifie pendant - Régime avec 15-20 % d’AET en lipides
les 5 premiers jours avant d’atteindre un plateau, parfois à un niveau supérieur à 200 %
• Compenser les déficits acquis en micronutriments (cf. Annexe 5 en fin de chapitre)
du taux de métabolisme de base. Elle peut se prolonger longtemps (jusqu’à 9 à 12 mois)
après l’accident, typiquement en forme atténuée après la cicatrisation complète des 7
B - Atténuer la réponse hypermétabolique
plaies. Elle est majorée par la douleur, l’anxiété, une température ambiante trop basse
(<28-30°C), la persistance des plaies non greffées ou cicatrisées et la survenue d’infections. Des mesures d’atténuation visant à altérer l’environnement physiologique et biochimique
du grand brûlé doivent être respectées :
En l’absence d’apport nutritionnel approprié et de traitements d’appoint, les répercussions
de cet hypermétabolisme sont la dénutrition sévère, une dépression immunitaire, • Mesures non pharmacologiques
des retards de cicatrisation, un taux élevé d’infection, l’hospitalisation prolongée et -S upport nutritionnel précoce, de préférence par voie digestive
l’augmentation de la mortalité. Chez l’enfant brûlé, on observe aussi des retards de - Excision-greffe précoce avant le développement du tissu bourgeonnant (J5 à J12 post
croissance et de développement. brûlure) si brûlures profondes
-E nvironnement chaud (28 à 33°C) pour limiter les pertes thermiques
Le support nutritionnel chez le grand brûlé a autant d’importance que les autres soins
-R éduction optimale de l’anxiété (communication, ambiance, soutien psychologique)
médicochirurgicaux et paramédicaux. C’est un des piliers essentiels de l’atténuation
-A ctivité physique progressive dans le cadre de la kinésithérapie
de la réponse hypermétabolique (cf. ci-dessous). Les recommandations qui suivent ne
-P révention et traitement des infections
remplacent pas la valeur que pourrait ajouter la visite d’un expert nutritionniste/diététicien
sur les projets prenant en charge des brûlés. • Mesures pharmacologiques
- Bonne analgésie (Morphine systématiquement en phase aiguë (cf. Gestion de la
Les patients moins gravement brûlés (SCB < 15 % chez l’enfant, < 20 % chez l’adulte) ne
douleur)
nécessitent un support nutritionnel spécifique qu’en cas de :
- Anxiolytiques ± sédatifs si nécessaire (type Midazolam)
• Malnutrition sévère (MAS) préexistante
- Substances anaboliques :
• Apports oraux impossible d’emblée (ex : brûlures péribuccales, lésions d’inhalation,
• Insulinothérapie si glycémie > 140 mg/dl : l’insuline corrige l’hyperglycémie et exerce
troubles de déglutition post trachéostomie)
de nombreux effets anaboliques et anti-inflammatoires bénéfiques (cf. Réanimation
• Apports oraux insuffisants à 72h après l’admission (ex : refus alimentaire, anorexie, et soins intensifs/protocole insulinothérapie IVSE)
nausées/vomissements répétés)
• établoquants non sélectifs : ils modèrent les effets catécholaminergiques,
B
• Sepsis intercurrent
conduisant à une réduction de la dépense énergétique, de la fonte musculaire et du
taux d’infection
Ex : Propranolol 10 à 20 mg x3/j chez l’adulte /4 mg/kg/j (max 60 mg/j) chez l’enfant
1 Ce phénomène apparaît dès lors que la surface corporelle brûlée dépasse 15-20 %, prenant de l’ampleur en
fonction de l’étendue croissante de la brûlure : l’hypermétabolisme devient très important au-delà de 40 %
SCB et atteindra un pic autour de 60 % SCB C - Adapter la stratégie nutritionnelle
2 Les muscles squelettiques deviennent le principal substrat énergétique après les brûlures graves, car ces Le calcul énergétique initial sert à démarrer et à augmenter par paliers le support
brûlures réduisant la capacité de l’organisme d’utiliser les lipides et les cétones comme sources d’énergie.
Du coup, on constate une diminution marquée de la masse musculaire maigre à partir des premiers jours du nutritionnel dans les premiers 3-5 jours. L’adaptation des apports est ensuite essentielle
traumatisme. Au début, cette perte musculaire est peu visible en raison des œdèmes et des pansements : au succès de la prise en charge nutritionnelle et à l’absence des complications de la
pourtant elle commence très tôt et s’aggrave progressivement. Plus qu’elle s’installe sans mesures permet-
tant de l’amortir, plus la fonte musculaire sera difficile de rattraper
sous-alimentation. Elle est basée sur le suivi nutritionnel (voir § VII) et l’évolution clinique
3 Une classe de protéines synthétisées par le foie dont la production est stimulée en réponse à une inflamma- (couverture cutanée, chirurgies itératives, épisodes septiques, insuffisance d’organes,
tion ex. protéine C-réactive, ferritine, certains facteurs de coagulation et de complément… activité physique).
202 203
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
204 205
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
C - Préciser la composition du support nutritionnel (Cf. Fiche technique et protocole nutrition entérale du brûlé adulte/enfant/bébé ≥ 20%
SCB à la fin du chapitre)
• Macronutriments : répartition spécifique aux grands brûlés
- Glucides 50-60 % d’AET : principal substrat énergétique Indications :
- Protéines 20-25 % d’AET : gonfler l’apport protidique pour atténuer le catabolisme
• SCB < 20 % : rarement indiqué, réservé aux cas suivant
protéique et promouvoir la synthèse protéique
- Apports oraux impossible d’emblée : NE exclusive (24/24h) jusqu’à ce que la prise
- Lipides 15-20 % d’AET : limiter l’apport lipidique pour éviter l’hyperlipidémie, la
orale devienne faisable et efficace
stéatose hépatique et la perturbation immunitaire
- Apports oraux insuffisants à 72h après l’admission : soit NE exclusive soit NE nocturne
• Micronutriments : complémentaire en fonction de la cause de l’inadéquation de l’AO
- Vitamines : A, B1, C, D, E
- Oligo-éléments (zinc, sélénium, cuivre, fer, potassium) • SCB ≥ 20 % : administration systématique 24/24h pendant au moins 3 jours post
brûlure, puis en complément nocturne jusqu’à ce que les apports oraux journaliers
Indications :
soient suffisants.
- SCB ≥ 20 % : assurer les apports élevés (cf. annexe 2 en fin de chapitre) pour
compenser les pertes cutanées et urinaires et la surconsommation due à la réponse
hypermétabolique et à la cicatrisation
-S CB < 20 % associée à : < ! > ATTENTION < ! >
• Nutrition parentérale exclusive : assurer les apports journaliers recommandés (AJR) 8 (cf.
Chez les brûlés graves, une alimentation orale seule n’est jamais suffisante dans 7
les premiers jours pour de nombreuses raisons (inappétence, douleur, fièvre,
annexe 2 en fin de chapitre)
somnolence, alitement, anesthésies itératives). Il est impératif de démarrer
• Carences préexistantes (cf. posologie guide vert MSF) rapidement une NE c'est à dire. sans dépasser un délai de 24h post brûlure.
Durée de supplémentation :
- SCB ≥ 20 % : au minimum un mois (prolonger la durée si couverture cutanée non • Secondairement, à n’importe quel moment de l’hospitalisation et quelle que soit la SCB,
réalisée) si les apports oraux ne couvrent pas les besoins nutritionnels (ex : sepsis, anorexie,
- SCB < 20 % : jusqu’à la reprise d’une alimentation complète par voie digestive ou la problèmes psychologiques)
correction suffisante des carences
Voie intraveineuse= voie parentérale
D - Sélectionner la voie d’administration Le recours à la nutrition parentérale (NP) exclusive 11 est indiqué à titre exceptionnel pour
Voie digestive = voie entérale certains grands brûlés en soins intensifs ayant une pathologie intra-abdominale évolutive,
porteurs d’une voie veineuse centrale (cathéter central ou PICC line)
L'apport de nutriments par voie entérale est systématiquement privilégié si le tube digestif
est fonctionnel, l’hémodynamique est stable ou stabilisé, enfin s’il n’existe pas d’autre ET
contre-indication. • Objectifs caloriques et protidiques entéraux/oraux non atteints (apports < 60% des
• Alimentation orale (AO) : apports ingérés par la bouche (ex : repas 9, lait maternel/ besoins) à J3
maternisé, compléments alimentaires oraux 10 tels que boisson hyper énergétique
OU
protéinée et BP5)
Indications : • Nutrition entérale/orale contre-indiquée pour une durée prévisible ≥ 3 jours
- SCB < 20 % : AO seule suffira pour la majorité des cas Les situations les plus courantes sont les brûlés présentant :
- SCB ≥ 20 % : AO commence en parallèle à la nutrition entérale dès que le patient
• Une intolérance digestive complète : persistance d’iléus, de vomissements ou de
a l’appétit, puis prendra le relais de la NE diurne à partir de J4-5 post brûlure si les
diarrhées incoercibles ou de distension abdominale importante après l’initiation de la NE
apports oraux correspondent au calcul des besoins
• Un tube digestif non fonctionnel (ex : résections digestives étendues associées,
• Nutrition entérale (NE) : apports directement versés dans le tube digestif haut par
syndrome de compartiment abdominal)
l’intermédiaire d’une sonde (ex : produits NE commercialisés, lait maternel/maternisé,
laits thérapeutiques) • Des brûlures qui empêchent l’accès à l’estomac ou à l’intestin grêle (ex : œsophage
caustique)
8 Apports quotidiens qui fournissent les besoins en vitamines et minéraux pour avoir une alimentation équili-
brée, sans carence, chez la plupart des membres d'un groupe donné, défini en fonction de l'étape de la vie
et du sexe
9 Cf. Suggestions de menus sur Mymsf/toolbox medical/brulures/nutrition 11 L’association d’une nutrition parentérale complémentaire avec une nutrition orale et entérale insuffisante
10 Compléments hyper énergétiques et protidiques ajoutés pour compléter les apports oraux quand les ali- comporte un risque élevé de mortalité : utiliser la NP exclusive jusqu’à son remplacement par la nutrition
ments naturels sont incapables de fournir les besoins caloriques entérale/orale.
206 207
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
Avant d’instaurer une nutrition parentérale, toutes les options de nutrition orale et entérale - Tolérance biologique si NE : glycémie/6h au début, puis 2x/jour si glycémie normalisée
doivent avoir été explorées et/ou éliminées. Les mesures permettant d’augmenter la et stable
tolérance digestive doivent avoir été prises : administration en débit continue, traitement - Pas de nécessité de mesurer le volume des résidus gastriques sauf si : chirurgie
antiémétique ou prokinétiques, position proclive digestive récente, suspicion d’une stase gastrique (régurgitation, vomissements,
Une alternative, y compris chirurgicale, doit être recherchée à la SNG si besoin (ex : sonde ballonnement)
naso-jéjunale ou jéjunostomie) (Voie intraveineuse : cf. protocole nutrition parentérale sur MyMSF/Toolbox médicale/
Brûlure/Nutrition)
3. RÉALISATION PRATIQUE • Introduire des mesures complémentaires :
- Systématiquement : laxatifs émollients (ex : Lactulose) ± stimulants (ex : Bisacodyl)
• Instaurer le régime alimentaire oral/entéral adapté pour chaque brûlé dans les 24 devant un transit intestinal le plus souvent ralenti
premières heures de l’admission (cf. fiches techniques nutrition brûlé en fin de chapitre). - Si indiqué : prokinétiques, antiémétiques, antispasmodiques, fibres
La présence des bruits intestinaux et le passage des selles ou du gaz ne sont pas • Surveiller l’efficacité de l’alimentation
nécessaires à l’initiation de la nutrition par voie digestive.
Le suivi nutritionnel permettra de dépister l’apparition d’un déficit protéino-énergétique
En cas de contre-indications absolues (ex : état de choc non contrôlé, troubles profonds de avant qu’il ne devienne important et d’agir en conséquence. De même, il aide à dépister
la vigilance) : retarder l’instauration jusqu’à stabilisation des paramètres hémodynamiques des complications de la suralimentation.
et/ou au rétablissement de l’état de conscience minimal (Score de Glasgow > 8). 7
Composants :
En cas d’utilisation de la NE :
-
Surveillance de l’adéquation besoins/apports: il faut suivre la réalité des apports
- Le choix du mode d’administration (continu vs. bolus intermittent) dépend de la
administrés car il y a souvent une différence entre ceux qui sont prescrits ou
disponibilité des produits, des pompes à nutrition et l’état du patient. En règle générale,
commandés et ceux qui sont reçus :
la NE continue est préférable chez les brûlés très graves, dans les états de sepsis ou
si mauvaise tolérance au bolus. • Quantité réelle administrée de la NE
- La sonde est nasogastrique est à favoriser : c’est le moyen le plus facile et le plus sûr, • Quantité prise de repas (ex : totalité, moitié ou quart d’un plateau repas)
permettant l’initiation rapide de la nutrition, la minimisation du risque de gastroparésie • Quantité prise de compléments alimentaires
et de gastrite.
- Surveillance de l’état nutritionnel :
Le placement de la sonde en site jéjunal (sonde naso-jéjunale ou jéjunostomie) présente
plus de difficulté technique et comporte plus de risque de déplacement, mais peut s’avérer • Pesée régulière : tous les 2 jours en soins intensifs ; 2 fois par semaine dans le service
utile en cas de gastroparésie réfractaire aux prokinétiques. • Prise de MUAC hebdomadaire chez les enfants de 6 mois à 5 ans
• Augmenter progressivement les apports selon tolérance, visant à atteindre l’objectif • Calcul d’IMC hebdomadaire chez l’adulte
calorique dans les 48-72 heures 12 • Evolution locale des plaies : une guérison des plaies retardée ou moins bonne qu’attendue
- Les aliments liquides (soupe, bouillie) et les produits commerciaux buvables et est parfois un indicateur de la dénutrition. Observer la cicatrisation spontanée des
entérales 13 doivent être compris dans les apports hydriques d'entretien à partir de brûlures superficielles, la prise de greffe et la cicatrisation des zones de prélèvements
24 h post brûlure. Ne pas dépasser les apports hydriques maximaux : le volume d'eau
• Capacité d’endurance et puissance musculaire lors des séances de kinésithérapie
apporté par la nutrition est parfois le facteur limitant des objectifs caloriques
- La nutrition doit être le moins possible interrompue : devant les interventions itératives Les marqueurs nutritionnels classiques (ex : albumine, pré albumine, transferrine) sont
sous AG, continuer la nutrition jusqu’au dernier moment autorisé selon les consignes de peu utiles voir inutiles chez les grands brûlés parce que les modifications physiologiques,
- Envisager de basculer vers une nutrition parentérale si apports nettement insuffisants notamment l’état inflammatoire, les rendent ininterprétables.
à J3 malgré toute tentative d’optimisation de la tolérance digestive
• Réévaluer régulièrement la cible calorique et l’évolution clinique, puis modifier la stratégie
• Surveiller la tolérance à l’alimentation
nutritionnelle si nécessaire (ajustement max 1-2 fois par semaine).
Voie digestive :
- Tolérance digestive : régurgitation, nausées, vomissements, ballonnement, douleur 4. CAS PARTICULIERS
abdominale, bruits hydro aériques, transit
A - Enfants
• Particularités :
-T aux métabolique de base plus élevé
12 En cas de brûlés présentant MAS à l’entrée, les débits et volumes administrés dépendent des objectifs
caloriques du protocole MAS et des apports hydriques autorisés, afin d’éviter à la fois le syndrome de
-M oins de réserves énergétiques
renutrition inapproprié et la surcharge volémique (potentiellement létaux). - Refus alimentaire plus fréquent (incompréhension, hospitalisation, changement des
13 Les solutions de NE sont toutes constituées d’environ 80 % d’eau. habitudes alimentaires, absence de la famille, peur et anxiété majorées)
208 209
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
• En pratique :
- Prescrire un soutien nutritionnel à un seuil de brûlure plus bas (SCB 15 % pour l'enfant)
- Envisager une NE nocturne complémentaire plus fréquemment (parfois même < 15 %
SCB) et d’une durée souvent plus prolongée
14 Association d'une série de problèmes de santé (obésité, HTA, hyperglycémie et/ou dyslipidémie) qui dé-
signe un mauvais métabolisme corporel avec risque élevé de diabète et d’accidents cardiovasculaires
210 211
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
• L’évaluation de l’état nutritionnel antérieur à la brûlure est primordiale. PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE DU PATIENT BRÛLÉ
• L ’évaluation des besoins énergétiques chez le brûlé dépend de nombreux facteurs : âge,
absence/présence d’une réponse hypermétabolique, la SCB, la rapidité de la couverture
cutanée, la température ambiante, l’efficacité de l’analgésie, l’activité physique, la
AGE < 1 AN, SCB < 20 %, ABSENCE DE MALNUTRITION SÉVÈRE AIGUE
survenue des infections. PRÉEXISTANTE
• U ne nutrition adéquate est incontournable pour tous les brûlés : les groupes à risque
comprennent les brûlés atteints de > 20 % SCB, les âges extrêmes et les patients septiques.
• L e tube digestif post brûlure cutanée est à priori fonctionnel mais pas toujours efficace, VOIE ALIMENTATION ORALE DÈS L’ARRIVÉE
notamment si le démarrage de la nutrition est retardé au-delà de 48 heures :
- Privilégier la voie d’administration digestive Accès digestif Per os J0
- Instaurer la nutrition dès l’admission (dans les 24 premières heures sauf cas exceptionnel) Aucune difficulté envisagée
- Utiliser la nutrition entérale une fois la SCB dépasse 20 % pour s’alimenter
- Privilégier la sonde nasogastrique pour la nutrition entérale
- Optimiser la tolérance digestive avec des mesures complémentaires. Cible calorique SCB < 15 % SCB 15-19 %
• Au niveau des apports du grand brûlé : initiale 90-100 kcal/kg/j 2100 kcal/m2 SC +
- Apporter 50-60 % d’AET en glucides et 15-20 % en lipides 1000 kcal/m2 SCB
- Apporter 1,5-2 g/kg/j de protéine pour l’adulte et 2,5-3 g/kg/j pour l’enfant 7
- Apporter les micronutriments essentiels (vitamines A, B1, C et D, zinc, cuivre, sélénium)
• M aintenir la glycémie inférieure à 140 mg/dl la plupart du temps, si nécessaire avec Source nutritive Lait + repas Dès J0
insuline. ± Compléments alimentaires Si alimentation orale insuffisante
• M ettre en œuvre d’emblée des moyens non nutritionnels (environnement chaud, Solution nutritive Solution standard : Dès J0-3 si nécessaire
analgésie, contrôle infection, bêtabloquants, excision-greffe précoce) pour atténuer Lait maternel ou lait 1er âge
l’hypermétabolisme.
• L e maintien du poids, de la masse musculaire et la bonne évolution des plaies sont les Débit NE Débit initial 1 ml/kg/h
mesures les plus utiles de l’efficacité de la prise en charge nutritionnelle mode continu Progression en fonction de la tolérance Paliers de 1 ml/kg/h toutes les 24h
Jeûne préop 6h
212 213
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
FICHE TECHNIQUE
VOIE NUTRITION ENTÉRALE DÈS L’ARRIVÉE
AGE < 1 ANS, SCB ≥ 20 %, ABSENCE DE MALNUTRITION GRAVE OPTION Si tube digestif non fonctionnel Dès J0
Nutrition parentérale d’emblée Dès J3 si nécessaire
PRÉEXISTANTE (spécifique à certains Si apports entéraux
projets seulement) + oraux insuffisants
VOIE NUTRITION ENTÉRALE DÈS L’ARRIVÉE Arrêt NP Arrêt complet Dès que apports entéraux + oraux
couvrent ≥ 60 % besoins
Accès digestif Sonde nasogastrique J0
Sonde jéjunale ou gastrostomie Dès J2-3 si échec SNG
AO : alimentation orale ; LTSD : lait thérapeutique spécifiquement dilué ; IV : intraveineux ; NE : nutrition
Cible calorique 2100 kcal/m2 SC + 1000 kcal/m2 SCB Atteindre cible à J3 entérale ; NP : nutrition parentérale ; PO : per os ; SC : surface corporelle ; SCB : surface corporelle brûlée ;
SNG : sonde nasogastrique
initiale
Insuline IV continue : cible glycémie 100-160 Dès J0 si glycémie > 140 mg/dl
mg/dl sur 2 mesures dans 6h
214 215
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE DU PATIENT BRÛLÉ PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE DU PATIENT BRÛLÉ
AGE 1-12 ANS, SCB < 20 %, ABSENCE DE MALNUTRITION AIGÜE SEVERE AGE 1-12 ANS, SCB ≥ 20 %, ABSENCE DE MALNUTRITION AIGUE SÉVÈRE
PREEXISTANTE PRÉEXISTANTE
VOIE ALIMENTATION ORALE DÈS L’ARRIVÉE VOIE NUTRITION ENTÉRALE DÈS L’ARRIVÉE
OPTION Si prise alimentaire par la bouche Dès J0 Laxatifs PO ≤ 8 ans : > 8 ans : Dès J0
Nutrition entérale impossible au début Jusqu’à prise alimentaire possible Lactulose 10 ml/j Lactulose 20 ml/j Interruption si diarrhée
exclusive et AO couvre ≥ 60 % besoins
Prokinétiques IV En cas de gastroparésie Jusqu’à fin de la stase
OPTION Si apports oraux insuffisants (souvent le Dès J3 Jeûne Site gastrique : 6h ; post pylorique : 3h
Nutrition entérale cas lorsque la SCB dépasse 15 %) Jusqu’à AO couvre ≥ 60 % besoins préopératoire
complémentaire INTRODUCTION En parallèle à la NE Dès que le patient à l’appétit
(nocturne) Alimentation orale Remplacement NE diurne Dès J3
(repas + lait +
AO : alimentation orale ; IV : intraveineux ; NE : nutrition entérale ; PO : per os ; SC : surface corporelle ; SCB : compléments)
surface corporelle brûlée ; SNG : sonde nasogastrique
216 217
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
AO : alimentation orale ; IV : intraveineux ; NE : nutrition entérale ; NP : nutrition parentérale ; PO : per os ; SC : VOIE NUTRITION ENTÉRALE DÈS L’ARRIVÉE
surface corporelle ; SCB : surface corporelle brûlée ; SNG : sonde nasogastrique
Accès digestif Sonde nasogastrique J0
Sonde jéjunale ou gastrostomie Dès J2-3 si échec SNG
FICHE TECHNIQUE
Cible calorique 12-16 ans : > 16 ans : Atteindre cible à J3
initiale 1500 kcal/m2 SC + SCB 20-50 % : 35
1500 kcal/m2 SCB kcal/kg/j
PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE DU PATIENT BRÛLÉ SCB 51-70 % : 40
kcal/kg/j
SCB > 70 % : 50
7
AGE > 12 ANS, SCB < 20 %, ABSENCE DE MALNUTRITION SÉVÈRE AIGUE kcal/kg/j
PRÉEXISTANTE
Solution nutritive Solution standard : Sondalis HP J0
Insuffisance rénale : Sondalis Iso
VOIE ALIMENTATION ORALE DÈS L’ARRIVÉE
Débit NE mode Débit NE mode continu 40 ml/h (≈ 1000 ml/24h)
Accès digestif Per os J0 continu Paliers de 20-40 ml/h toutes les 24h
Aucune difficulté envisagée de s’alimenter Débit NE mode Bolus initial 200 ml/4-6h (≈ 1000 ml/24h)
bolus Progression en fonction de la tolérance Paliers de 100-200 ml/bolus toutes
Cible calorique 12-16 ans : > 16 ans :
initiale les 24h
40-50 kcal/kg/j 2000 kcal/j
Source nutritive Repas Dès J0 Oligo-éléments IV Solution mixte Nutryelt : 2 amp/j Dès J0
± Compléments alimentaires Si alimentation classique Calcium gluconate 10 % : 2 g/j SCB 20-40 % : 7 jours
insuffisante SCB > 40 % : 15 jours
Laxatifs PO En cas de morphiniques > 48h, Interruption si diarrhée Oligo-éléments Zinc : 40 mg/j Relais IV
de constipation PO Jusqu’à cicatrisation
Lactulose 30-45 ml/j en 1 prise
Vitamines PO Vitamine A : 200 000 UI/15j Dès J0
Prokinétiques IV En cas de gastroparésie Jusqu’à fin de la stase Vitamine B1 : 100 mg/j Jusqu’à cicatrisation
Vitamine C : 1 g/j
Jeûne préop 6h Vitamine D : 50 000 UI/15j
OPTION Si prise alimentaire par la bouche Dès J0 Insuline IV continue : cible glycémie 120-160 mg/ Dès J0 si glycémie > 140 mg/dl
Nutrition entérale impossible au début Jusqu’à prise alimentaire possible dl sur 2 mesures dans 6h
exclusive et AO couvre ≥ 60 % besoins
Oxandrolone PO 10 mg x2/j Dès J3
OPTION Si apports oraux insuffisants Dès J3 Jusqu’à cicatrisation
Nutrition entérale Jusqu’à AO couvre ≥ 60 % besoins
complémentaire Laxatif émollient Lactulose 30-45 ml/j en 1 prise Dès J0
(nocturne) PO Interruption si diarrhée
Ajouter laxatif stimulant si inefficace
Solution nutritive Solution standard : Sondalis Iso Dès J3
Jusqu’à AO couvre ≥ 60 % besoins Prokinétiques IV En cas de gastroparésie Jusqu’à fin de la stase
Débit NE mode Débit initial 40 ml/h (≈ 1000 ml/24h)
continu Progression en fonction de la Paliers de 20-40 ml/h/j Jeûne préop Site gastrique : 6h ; post pylorique : 3h
tolérance
INTRODUCTION En parallèle à la NE Dès que le patient à l’appétit
Débit NE mode Bolus initial 200 ml /4-6h (≈ 1000 ml/24h) Alimentation orale Remplacement NE diurne Dès J3
bolus Progression en fonction de la tolérance Paliers de 100-200 ml/bolus/j (repas +
compléments)
AO : alimentation orale ; IV : intraveineux ; NE : nutrition entérale ; PO : per os ; SCB : surface corporelle brûlée
218 219
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
Arrêt NE Arrêt NE diurne Dès J3 si AO fournit ≥ 1000 kcal/j Annexe 2 : Supplémentation en micronutriments
Arrêt NE nocturne Dès que AO couvre ≥ 60 % besoins Tableau 3 : Besoins journaliers en micronutriments chez le brûlé
OPTION Si tube digestif non fonctionnel d’emblée Dès J0
Nutrition Si apports entéraux + oraux insuffisants Dès J3 si nécessaire MICRONUTRI- SCB < 20 % (AJR) SCB ≥ 20 % (APPORTS ÉLEVÉS) *
parentérale MENT
< 1 an 1-8 ans > 8 ans < 1 an 1-8 ans > 8 ans
Arrêt NP Arrêt complet Dès que apports entéraux + oraux
couvrent ≥ 60 % besoins Vitamine A 1300 UI 1300 UI 2500 UI 2000 UI 2500 UI 10 000 UI
AO : alimentation orale ; IV : intraveineux ; NE : nutrition entérale ; NP : nutrition parentérale ; PO : per os ; SC : Vitamine B1 0,3 mg 0,5 mg 1-2 mg 25 mg 50 mg 100 mg
surface corporelle ; SCB : surface corporelle brûlée ; SNG : sonde nasogastrique
Vitamine C 50 mg 50 mg 80 mg 250 mg 500 mg 1g
* La posologie de certains micronutriments (vitamine A et C, zinc) chez le grand brûlé a fait l’objet d’un
consensus parmi les experts. Au niveau des autres micronutriments, l’apport maximal tolérable (AMT) est
recommandé. L’AMT est l’apport quotidien continu le plus élevé qui ne comporte vraisemblablement pas de
Exemple risque d'effets indésirables pour la santé chez la plupart des membres d'un groupe donné, défini en fonction
pratique dans de l'étape de la vie et du sexe.
le texte
Tableau 4. Prescription de micronutriments du brûlé > 20 % SCB avec un tube digestif
Taille = 80 cm
fonctionnel
Poids = 11 kg
SC = 0,5 m2
AGE
MICRONUTRIMENT VOIE
< 1 an 1-8 ans > 8 ans
VITAMINES PO
Vitamine A
PO 2 gouttes/15 j 4 gouttes/15 j 1 cap/15 j
Gélule 200 000 UI
Vitamine B1
PO 25 mg/j 50 mg/j 100 mg/j
Cp 10-25-50 mg
Vitamine C
PO 250 mg/j 500 mg/j 1 g/j
Cp 50-250-500 mg - 1 g
Vitamine D
Cp/gél. 50 000 UI PO 1 ml/15 j 4 ml/15 j 1 cp/15 j
Sirop 10 000 UI/ml
220 221
Chapitre 7 - Nutrition du brûlé Nutrition du brûlé - Chapitre 7
Fer Si nécessaire (carence martiale en l’absence d’une indication PRODUIT FORMULATION COMPOSITION VOIE REMARQUES
transfusionnelle)
Fe sulfate Cp 200 mg PO ½ cp/j 1 cp/j 3 cp/j Cernevit ®
Flacon, poudre VITAMINES Perfusion IV AMM 15
(BAXTER) pour sol injectable A B1 B2 B3 B5 B6 B12 > 11 ans
Venofer ®
ou pour perfusion C D E folate biotine Pas de Vit K
Fer inject®
< 1 mois : 1 mg/kg en perfusion IV
1 g dose unique
Fer injectable IV ≥ 1 mois : 5-7 mg/kg (max 100 mg) Per flacon
À renouveler x1
en perfusion IV Vitamine A : 3500 UI
si besoin
À renouveler/48h si besoin Vitamine B1 : 3,5 mg
Vitamine C : 125 mg
* Il est recommandé d’administrer les oligo-éléments en IV dans un premier temps si SCB ≥ 20 %, car les
déficits importants surviennent dans la phase hyperaiguë et leur absorption entérale est médiocre. A défaut, Vitamine D3 : 220 UI
commencer avec de la voie orale. Vitamine E : 11 UI
222 223
Chapitre 8 : S
oins locaux et pansements
1 - Organisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226
2 - Produits cutanés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
3 - Protocoles de nettoyage des plaies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
4 - Techniques de pansements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
5 - Techniques de pansements spécifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
• main
• jambe
• visage
• cou
• thorax ± épaules
• périnée
• zones de greffe
8
6 - Positionnement des membres et mobilisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
7 - Dossier de soins et suivi de pansement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
8 - Fiche technique : organisation du chariot pansement . . . . . . . . . . . . . . . 255
224 225
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
Soins locaux et pansements La brûlure génère une grande quantité d’exsudat (plasma) les premières 72 heures. Celui-
ci est considéré comme propre et n’impose pas le changement du pansement en entier
Quelle que soit l’origine, l’étendue et la profondeur de la brûlure, les soins de brûlures mais seulement le changement du bandage : enlever la couche superficielle des bandages
respectent les mêmes principes. Ils doivent assurer des phases de cicatrisation dans de et renforcer avec des bandes neuves.
bonnes conditions : détersion, granulation et épidermisation.
Distinguer l’exsudat physiologique d’un écoulement infecté (liquide sale, nauséabond)
Les soins de plaies et la réfection des pansements sont très douloureux. Ils doivent être est primordial pour dépister des infections locales. Il est important d’adapter la prise en
précédés de l’administration d’antalgiques efficaces 30 à 60 minutes avant la réfection charge en cas d’écoulement suspect.
du pansement.
B - Personnel
OBJECTIFS DES SOINS DE PLAIE OBJECTIFS DES PANSEMENTS Pour favoriser le respect des règles d’asepsie et aider à la mobilisation du patient, la
réalisation du pansement nécessite 2 soignants : un opérateur portant des gants stériles
1- Prévenir et/ou traiter l’infection 1- D
iminuer les pertes thermiques et hydriques et un assistant pour servir le matériel stérilement.
2- Favoriser la granulation et l’épidermisation Réduire l’évaporation
Nettoyage soigneux et doux Absorber l’’exsudat Les brûlures étendues nécessitent parfois une équipe de 3 personnes, dont 2 opérateurs
Utilisation de topiques appropriés. 2- F
avoriser la cicatrisation en milieu humide
3- Limiter les facteurs approfondissant la 3- D
iminuer la douleur et favoriser le confort qui porteront des gants stériles.
brûlure 4- Protéger la plaie
Par des produits trop décapants 5- L
imiter les séquelles en respectant les Pour les enfants, lorsque le pansement est réalisé au lit, la présence d’un parent
Par des gestes agressifs positions de fonction, les immobilisations, apportera une aide psychologique pour rassurer et distraire l’enfant (cf. chapitre Approche
4- Préparer la zone à la chirurgie en cas de et en évitant les coalescences 1. psychosociale). Cependant leur présence nécessite des précautions d’hygiène strictes,
brûlure profonde identiques à celles des soignants, comme le port d’une sur-blouse et d’un masque (cf.
5- Noter l’évolution des plaies à chaque soin, < ! > Les pansements doivent être occlusifs
prendre des photos si possibles chapitre Organisation des soins). De plus, il faut limiter autant que possible le nombre
et solidement fixés !
d’accompagnant : 1 personne au maximum pour limiter les risques de contamination.
8
Selon les possibilités de la structure et la décision médicale, les soins peuvent être
réalisés en salle de pansements, au lit du patient ou au bloc opératoire. Les principes et C - Préparation
procédures de soins sont identiques. En fonction du lieu, les contraintes d’environnement • Patient : prévenir le patient et/ou son accompagnant, expliquer le déroulement du soin
changent (matériel, espace, tenue des soignants, stratégie antalgique). en tenant un discours encourageant et administrer l’analgésie prévue 30 à 60 minutes
En raison du risque infectieux majeur, les règles d’hygiène et d’asepsie doivent être avant le soin.
rigoureusement respectées lors des soins. C’est une des clés de la guérison d’une brûlure. Le protocole d'analgésie est défini par le médecin (cf. Gestion de la douleur : protocole
Si la structure dispose d’un bloc opératoire, il est préférable que le premier pansement y d’analgésie pour pansement au lit). Il doit être adapté à chaque patient et réadapté à
soit réalisé pour une évaluation approfondie sous anesthésie générale. Les pansements chaque pansement. La morphine est l’analgésique de référence. Dans la planification des
suivants sont réalisés au bloc, au lit du malade ou en salle de pansement en fonction de soins, il est indispensable de respecter le délai d’action des médicaments (cf. chapitre
l’étendue et l’évolution des plaies, de l’âge et des comorbidités. Organisation des soins).
Certains patients sont pris en charge en ambulatoire d’emblée, si la brûlure et superficielle Pour les enfants, la présence des parents peut également être un moyen non
et peu étendue. pharmacologique de diminuer l’anxiété pendant le soins.
• Environnement :
1 - ORGANISATION
-A ssurer un espace de travail suffisamment large autour du patient pour permettre les
A - Généralités soins sans risque de contamination (cf. chapitre Diagnostic et traitement de l’infection)
La fréquence et le lieu de renouvellement des pansements relèvent de la prescription du - Autant que possible, faire sortir les autres personnes de l’environnement immédiat ou,
médecin ou du chirurgien responsable : à défaut, installer un paravent.
• Toutes les 48h pour les pansements à la Sulfadiazine - Dans la mesure du possible un espace au sein même du service sera dédié à la
réfection des pansements. Cette mesure, notamment pour les enfants, permettre que
• Autant de fois que nécessaire si le pansement est souillé (selles, urines, sang), en
le lit reste un espace « de sécurité ».Elle permet aussi de diminuer le stress et l’anxiété
changeant le bandage et la première couche externe de compresses, en laissant intact
chez les autres patients aux alentours.
si possible le tulle gras et le premier voile de compresses.
• Matériel :
1 Union, fusion anormale de deux parties normalement séparées suite au processus de cicatrisation de la
brûlure. Elle est nuisible quand elle s’applique à deux parties qui doivent rester physiologiquement séparées •
préparer le matériel nécessaire à la réalisation du pansement (cf. Fiche technique:
(ex : espace interdigital, bords des paupières) car elle réduit la capacité fonctionnelle. organisation du chariot de pansements à la fin de ce chapitre)
226 227
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
228 229
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
230 231
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
232 233
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
BRÛLURE SUPERFICIELLE
s’échangent Brûlure de la main (2-3 mm) (Acticoat®)
avec les ions + 1 couche tulle gras puis Durée max 15 jours
Ca2+ Sulfadiazine en couche épaisse
d’ALGOSTE- (2-3 mm)
RIL® ce qui
permet la Granulation Hydrocortisone 1% en couche mince (< 0,5 mm)
gélification et hypertrophique + 1 couche tulle gras couvrant intégralement la zone brulé en
le retrait indo- (cf. chapitre dépassant d’1 cm autour de la plaie.
lore d’ALGOS- Physiothérapie)
TERIL®.
Brûlure infectée PVI 10% : Pansement enduit d’argent
Crème solaire Barrière Indications : Dès la (cf. chapitre Diagnostic - forme solution aqueuse : nanocristallin
très haute anti UV - Zones brulées moindre et traitement de diluée tamponnée puis Durée max 15 jours
protection réépidermisées exposition au l’infection) Sulfadiazine
(indice UV 50) et cicatrisées soleil de la + 1 couche tulle gras
- Zone de zone brûlée - forme gel : mélanger les
écran total prélèvement de (même 2 antiseptiques 8
greffe cicatrisée)
Brûlure non infectée Idem brûlure superficielle Idem brûlure superficielle
BRÛLURE PROFONDE
étendue tant que la plaie infectée
n’est ni cicatrisée
ni bourgeonnante
Greffe
"puis emballer le membre Tulle gras
dans un champ stérile Pansement / 48h selon état de
• Application directe du topique recommandé (pas de PVI 10% sur les brûlures simples) la plaie
Postopératoire :
Après l’application de l’antiseptique topique (gel, crème, solution, pansement enduit), ALGINATE ALGOSTERIL®
recouvrez-le de compresses sèches et terminer le pansement avec des bandages de laisser en place 5 jours sauf si
crêpe. infection / exsudat excessif/
saturation du pansement
6 L’incision de décharge est une incision chirurgicale qui se fait en zone brûlée afin de lever la compression
provoquée par l’œdème sur les structures vasculonerveuses profondes. L’indication se pose systématique-
ment devant les brûlures profondes circulaires ou quasi-circulaires des membres, supérieur et/ou inférieur,
du thorax et du cou.
234 235
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
ADULTE < ! > Cas particulier sur de la pulpe des doigts : percer la phlyctène mais laisser
TYPE DE BRULURE ENFANT < 2 mois la peau en place afin de ne pas déclencher les douleurs intenses.
et ENFANT > 2 mois
Zone receveuse PANSEMENT J0 PANSEMENT jour 0 - Phlyctène rompue : ôter la peau de la phlyctène
(Zone greffée) (dans le même temps (dans le même temps
opératoire que la greffe) : opératoire que la greffe) :
Tulle gras tamponné avec PVI Tulle gras tamponné avec
B - Conduite à tenir :
10% solution aqueuse diluée Chlorhexidine 0,5% solution Toute personne à proximité du patient pendant le pansement, parent ou soignant, doit
aqueuse porter une sur-blouse dédiée aux soins du patient (1 patient = 1 blouse/jour) ainsi qu’une
PANSEMENT jour 5
(1er pansement post greffe) : PANSEMENT jour 5 charlotte et un masque.
Ne pas ôter le tulle gras (1er pansement post greffe) :
Tamponner avec PVI 10% Ne pas ôter le tulle gras • Ablation du pansement précédent :
GREFFE
solution aqueuse diluée Tamponner avec Chlorhexidine - Interposer une alèse absorbante entre le malade et le lit pour éviter de souiller les draps
Puis pansement 2-3 fois/ 0,5% solution aqueuse et de refroidir le malade
semaine (selon confort
du patient mais pas tous les - Se laver les mains : lavage simple puis friction avec solution hydro-alcoolique (SHA).
jours) Respecter le temps de séchage du SHA
- Avec des gants propres non stériles couper les bandes aux ciseaux non stériles et ôter
Le tulle gras doit se décollé
tout seul au fur et à mesure des
les bandages et les couches supérieures de compresses (les compresses en contact
pansements. Ne pas essayer avec le tulle gras et le tulle gras lui-même restent en place).
de l’enlever de force au risque
< ! > Il est fort probable que le pansement adhère à la plaie. Ne pas hésiter à
de compromettre le greffon.
irriguer abondamment les couches de compresses avec de l’eau stérile / NaCl
Incision de décharge Combler les incisions avec des compresses humidifiées au NaCl
0,9% pour que l’ablation soit plus facile et moins douloureuse.
0,9% tiède puis traiter le reste de la brûlure de manière classique
AUTRE
- Jeter le pansement ET les gants puis réaliser une nouvelle friction des mains avec SHA
selon l’âge
en respectant le temps de séchage.
8
Ne pas mettre l’antiseptique topique dans les incisions (risque de
saignement) -E nfiler les gants stériles et ôter la dernière couche de compresses et de tulle gras. Si
celui-ci est adhérent, appliquer de la vaseline et attendre quelques minutes avant de
le retirer afin de ne pas dégrader les zones en cours de cicatrisation.
- Changer l’alèse et installer le patient sur un champ stérile. La peau brûlée ne doit pas
entrer en contact avec une surface non stérile
4 - TECHNIQUES DE PANSEMENTS - Si disponible, pulvériser sur la plaie la solution diluée de Lévobupicaïne pour l’analgésie
A - Généralités de la plaie (cf. chapitre gestion de la douleur - fiche technique Lévobupicaïne).
Respecter le temps d’action.
Les pansements de brûlures nécessitent des gestes particulièrement précautionneux
(sans frottement) en rapport à la fragilité des tissus. Ils doivent être complétés par un • Nettoyage antiseptique de la plaie :
accompagnement psychologique renforcé en raison des douleurs engendrées par ces Si besoin, procéder aux prélèvements bactériologiques avant le nettoyage de la plaie.
soins (cf. chapitre approche psychosociale). Ces prélèvements se font en passant l’écouvillon, une seule fois, sur la surface de la
plaie sans toucher les berges, ni la peau saine.
Les gestes requis lors du premier pansement, et plus tard si nécessaire sont les suivants : - Nettoyer la plaie avec des compresses imbibées de PVI 4% diluée (Bétadine Scrub®)
•
Dépilation systématique des zones pileuses (aisselles, aine, pubis, crâne, etc.) des et faire mousser le produit. Ce geste a pour double but d’effectuer une détersion
brûlures et/ou des zones avoisinantes mécanique douce et d’aseptiser la brûlure. Ne pas frotter les tissus brûlés qui ne partent
• Tonte systématique du cuir chevelu en entier si les brûlures sont localisées sur le crâne pas facilement. En effet il s’agit peut-être d’une plaie qui nécessite d’un débridement
chirurgical complémentaire.
• Coupe des ongles avec des ciseaux stériles si les brûlures concernent les doigts (et
systématiquement chez les enfants pour limiter le risque d’infection secondaire au
grattage). L’excision des zones brûlées ne fait pas partie de la réfection des pansements.
• Gestion des phlyctènes : Ce geste relève de la chirurgie et doit être fait au bloc, sous anesthésie générale
- Phlyctène intacte : (douleur + geste hémorragique et asepsie stricte.).
236 237
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
< ! > En cas de brûlures sur plusieurs localisations : réaliser le pansement de chaque - Remplir la fiche de surveillance de pansement (cf. dans ce chapitre dossier de soins
zone dans leur totalité, les uns après les autres, afin de ne pas transporter des et suivi des pansements) en veillant à préciser l’évaluation de la douleur (cf. chapitre
germes d’un site à l’autre. gestion de la douleur) et l’évolution de la plaie.
• Réfection du pansement : • Surveillance :
Le pansement de brûlure doit être occlusif 7 pour favoriser une cicatrisation en milieu Surveillance générale :
humide, protéger des germes extérieurs et limiter les pertes hydriques et thermiques.
- Douleur : effectuer une évaluation minimum 3 fois/par jour selon l’échelle d’évaluation
La plaie est recouverte de l’antiseptique topique (Sulfadiazine) recouvert de tulle gras puis de la douleur adéquate (EVENDOL, EVA)
de compresses stériles et enfin de bandages. Le pansement a ainsi un effet antalgique
- Température (il est possible que le patient soit subfébrile au 1h après le pansement)
tout en permettent la mobilisation du patient.
- Saignements ou suintements à travers le pansement
- Changer le champ stérile sur lequel est installé le patient après la phase de nettoyage
de la plaie - Intégrité des pansements
- Appliquer la Sulfadiazine (ou autre topique selon les recommandations médicales (cf. - Evolution des brûlures
tableau 4) en couche épaisse (2-3 mm) sur toute la surface brûlée (excepté paupières, - Signes d’infection locale ou systémique (cf. chapitre Diagnostic et traitement de l'infection)
yeux, lèvres, conduit auditif et muqueuses). Il est nécessaire d’avoir une épaisseur
suffisante et uniforme afin que l’efficacité antimicrobienne soit durable et que le < ! > Appeler le médecin si : analgésie inadéquate, mauvaise évolution des
pansement adhère moins aux tissus lors de la réfection du pansement. plaies, apparition des signes d’infection ou que la plaie n’est pas été évaluée
médicalement depuis plus d’une semaine.
- Appliquer par-dessus une seule épaisseur de tulle gras
-
Recouvrir ensuite de compresses stériles, disposées « en voile » (dépliées) pour la < ! > Il est impératif que le médecin soit prévenu avant les pansements, afin de
première couche, puis pliées pour les couches supérieures. visualiser la plaie au moins 1 fois par semaine. Si cela est possible, prendre une
- Recouvrir l’ensemble par des bandes qui doivent fermer le pansement mais conserver photo à chaque pansement (date + nom du patient) permet au médecin d’évaluer
la mobilité du patient et le travail du kinésithérapeute. Les bandes sont fixées sur elles-
8
l’évolution de la plaie s’il n’est pas présent (dater la photo). Cette photo sera
mêmes avec du sparadrap. stockée sur un ordinateur avec un dossier au nom du patient.
Surveillance spécifique : dans les 48 premières heures, les complications principales
L’usage d’adhésif directement sur la peau est à éviter autant que possible car il est sont :
susceptible d’endommage l’épiderme fragilisé par la brûlure. Néanmoins dans un - Ischémie distale d’une extrémité, favorisée par l’évolution des œdèmes, l’excès de
souci de confort du patient et afin d’assurer un bon maintien des pansements, le réanimation liquidienne, une brûlure circulaire, un syndrome de Loges coexistant
sparadrap peut être collé sur la peau mais après s’être assurer que la peau sous- (atteinte musculo-nerveuse), un pansement trop compressif.
jacente est saine.
Signes neuro-vasculaires d’ischémie à rechercher :
- Signes précoces : douleurs intenses des extrémités (doigts, orteils), tension tissulaire
- Eviter les pansements trop épais, notamment ceux des mains (cf. dans ce chapitre élevée ou évolutive (rigidité) dans le membre intéressé se traduisant par un œdème et
Pansement de la main) une mauvaise perfusion sanguine
- A la fin des soins, après un lavage des mains (simple ou SHA) désinfecter le matelas et -
Signes tardifs : troubles sensitifs et/ou moteurs des extrémités, cyanose, pâleur,
mettre du linge de lit propre. froideur…
• Phase finale : - Détresse respiratoire causée par « étouffement mécanique » en cas de brûlure circulaire
du cou ou du thorax (restriction de l’amplitude thoracique)
-
Installer le patient dans la position de sauvegarde fonctionnelle (cf. chapitre
Physiothérapie) Signes d’alerte :
- Surélever les extrémités brûlées (membre supérieur ou inférieur, tête) pour favoriser le - Signes d’obstruction des voies aériennes : bruits anormaux, rétractions, balancement
drainage et limiter les œdèmes thoraco-abdominal.
- Se laver les mains à la fin du soin (lavage simple ou au SHA) - Signes d’insuffisance respiratoire : tachypnée, dyspnée, mouvements thoraciques
- Nettoyer le sol et/ou le paravent avec du Surfanios® réduits ou anormaux, hypoxémie, cyanose, transpiration, mise en jeu des muscles
accessoires de la respiration.
L’apparition d’un ou plusieurs des signes d’ischémie distale ou de détresse respiratoire
7 Pansement fermé et bien fixé qui isole et protège les zones brûlées non cicatrisées de l’environnement : il
est imperméable à l’eau mais perméable à l’oxygène, limite la sortie des exsudats et conserve l’antiseptique nécessite l’ouverture du pansement (au moins la couche de bandage) et un avis médico-
topique en contact direct avec la plaie. chirurgical urgent.
238 239
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
240 241
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
B - Jambe
TECHNIQUE (cf. schéma 5a-b)
• Suivre la procédure de nettoyage antiseptique
• Après application de la Sulfadiazine, positionner le tulle gras en séparant chaque orteil
en commençant par la face plantaire et le rabattre « en cravate » sur la face dorsale du
pied
• Procéder de même façon sur tous les orteils brûlés (schéma 5a fig. 1)
• Séparer les orteils les uns des autres en positionnant une feuille de tulle gras dans
l’espace interdigital pour limiter le risque de coalescence
• Recouvrir les faces dorsale et plantaire du pied avec deux feuilles de tulle gras distinctes.
Ne pas faire de circulaire avec le tulle gras (schéma 5a fig. 2)
• Appliquer une feuille de tulle gras sur la face antérieure du mollet et une feuille sur la face
postérieure sans faire de circulaire (schéma 5a fig. 3)
242 243
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
Schéma 5a : Positionnement du tulle gras pour le bandage de la jambe • Recouvrir les orteils avec la bande
• Remonter sur la face dorsale du pied, puis redescendre sur la face plantaire
• Passer la bande autour de la cheville, afin de faciliter la mobilisation (schéma 5b fig. 3)
• Lors de la fermeture du bandage, il est important de partir du pied pour terminer vers le
haut de la jambe (favorise le retour veineux et lymphatique)
• Pour les enfants, prendre une bande de crêpe de 5 cm pour le pied et de 10 cm pour la
jambe
• Fermer avec de l’adhésif
• Prévenir le kinésithérapeute avant le passage au bloc pour l’éventuelle confection d’une
attelle
• Glisser entre chaque orteil une compresse sèche et dépliée pour limiter le risque de
coalescence
• Déplier une compresse en deux et la poser sur chaque orteil séparément, depuis la face
plantaire vers la face dorsale du pied. Ne pas appliquer le tulle gras de façon circulaire
complète pour éviter le risque de compression vasculaire.
• Recouvrir les jambes avec des compresses dans le sens de la longueur du membre
• Positionner la bande de crêpe de 10 cm dépliée sur le pied, en commençant par la face
dorsale (schéma 5b fig. 1) puis faire le tour en passant par la face plantaire (schéma 5b
fig. 2)
244 245
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
REGLES DE SECURITE : • Suivre la procédure de nettoyage antiseptique (cf. II- tableau 1 : topiques pour brûlures)
• Ne pas mettre trop de compresses (risque d’entraver la mobilité de la jambe et la • Couper une feuille de tulle gras en son milieu en faisant une entaille dans laquelle passer
kinésithérapie) le pavillon de l’oreille (cf. schéma 7). Veiller à ce que la fente soit suffisamment large pour
• Ne pas mettre les compresses/bandages de façon circulaire autour des orteils ou du ne pas appuyer sur les bords de l’oreille (risque de cisaillement)
pied • Glisser une compresse sèche roulée sur elle-même derrière le pavillon de l’oreille, entre
• Ne pas serrer les compresses/bandages (risque de douleur intense et de nécrose des l’oreille et la peau du crâne
orteils) •
Recouvrir l’oreille par la deuxième feuille de tulle gras qui sera changée à chaque
• Si pas d’attelle, le pansement doit permettre la mobilisation par le kinésithérapeute et pansement
le patient
• En cas d’attelle : vérifier le bon positionnement, ne pas appliquer à même la peau (risque Schéma 7 : Technique de pose du tulle gras sur l’oreille brûlée
d’escarre), avertir le kinésithérapeute si l’attelle n'est plus adaptée ou détériorée
C - Visage
Pansement de l’oreille :
Ne jamais laisser les oreilles brûlées (même superficiellement) à l’air libre.
L’application de tulle gras avec un topique antiseptique est nécessaire pour limiter le
risque d’infection du pavillon de l’oreille (périchondrite) et de nécrose du cartilage. Il faut
privilégier l’acétate de Mafenide comme antiseptique topique lorsque les oreilles sont
gravement brûlées (meilleure pénétration du cartilage par rapport à la Sulfadiazine). 8
Pansement fermé pour brûlure du visage :
246 247
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
Schéma 8 : Pansement fermé pour brûlure du visage Les brûlures du cuir chevelu doivent aussi être recouvertes de tulle gras, de Sulfadiazine
et de compresses.
D - Cou
248 249
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
Schéma 10 : Technique de pansement de cou • Sur ce champ, superposer 3 épaisseurs de bandes de crêpe de longueur égale à 1,5 fois
la circonférence thoracique (schéma 10 fig. 1). Faire de même avec 2 ou 3 autres bandes
(bandes n° 1 à 4) selon la taille du patient, puis les poser sur le lit en les chevauchant
légèrement, du bas vers le haut (schéma 11 fig.1)
• Si les épaules sont brûlées, plier deux autres bandes (bandes n° 5 et 6) et les placer
par-dessus les 3-4 premières bandes afin de former un « Y » qui sera positionné sous
les épaules
• Recouvrir toute la surface des bandages de compresses sèches dépliées puis les couvrir
d’une épaisseur de tulle gras (schéma 11 fig. 1)
• Recouvrir les brûlures du patient du topique prescrit et du tulle gras puis l’allonger sur
le pansement préparé en veillant à ce que toutes les surfaces brûlées soient enduites
• Rabattre les compresses et les bandages sur les épaules et sur les flancs (schéma 11
fig. 2)
• Fixer les bandes avec du sparadrap
• Placer ensuite le jersey tubulaire si disponible
• S’assurer que le bandage ne présente pas de plis dans le dos
E - Thorax ± épaules
Préparer le pansement en avance permet un gain de temps et de confort pendant le soin.
La préparation, comme la réfection du pansement, doivent être réalisées avec des gants
stériles.
Matériel nécessaire :
• 2 grands champs stériles
• 2 petits champs stériles
• 7 bandes de crêpe (largeur 20 cm) découpées suffisamment longues pour faire le tour
du thorax
• 20 compresses stériles 15 x 15 cm
• 1 paire de ciseaux stériles
• Tulle gras en quantité adéquate
• Topique selon la prescription médicale
• Demander au patient s'il peut s'asseoir et placer une alèse propre derrière lui
250 251
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
F - Périnée
TECHNIQUE (cf. schéma 12)
• Demander au patient de s’allonger sur le dos, jambes repliées et écartées avec les pieds
posés à plat sur le lit
• Glisser une alèse propre et un bassin sous les fesses du patient
• Préserver la pudeur et recouvrir les jambes avec un drap replié
• Oter le pansement en humidifiant abondamment les compresses. Si le tulle gras adhère,
le décoller progressivement avec de la vaseline.
• Réaliser une toilette périnéale : nettoyer avec de la PVI 4% diluée (Bétadine Scrub®) de
la partie la plus propre à la plus sale et de haut en bas c'est-à-dire du pubis vers l’anus,
soit :
- La région du périnée externe autour de la vulve ou base de la verge vers la face interne 8
des cuisses (les bourses/la verge ou les grandes lèvres)
- Les petites lèvres
- Le vestibule et méat urinaire
- Terminer par l’anus
• Réaliser les soins de sonde urinaire (cf. guide soins infirmiers)
G - Zones de greffe
• Rincer selon le même ordre (NaCl 0,9% ou eau stérile)
1. ZONE DE PRELEVEMENT (zone donneuse)
• Réaliser ensuite un pansement à base de :
Préparation cutanée du site la veille:
- Sulfadiazine + tulle gras sur la peau
- Tulle gras seul sur les muqueuses génitales • Doucher le patient en protégeant les zones brulées
• Positionner les compresses sèches sur le périnée (cf. schéma 10) : veiller à ce que • Il est recommandé de réaliser un pansement Sulfadiazine/compresses sèches/bandage,
l’évacuation des selles ou des urines soit possible. dans le but d’aseptiser la peau à prélever
• Si la première technique n’est pas réalisable, réaliser le matin de l’intervention : lavage
• Changer uniquement la partie supérieur du pansement (compresses non adhérentes à la
de la zone à prélever avec de la PVI (protocole en 4 temps : PVI 4% Scrub diluée,
plaie) si celui-ci est souillé et autant de fois que nécessaire. Garder le tulle gras en place
rinçage, séchage, PVI 10%) puis emballage la zone nettoyée dans un champ stérile
autant que faire se peut.
fermé hermétiquement par un adhésif
• En cas de troubles du transit (diarrhée) positionner une sonde rectale si elle est disponible.
Pansement immédiatement après le prélèvement (J0 au bloc opératoire) : la zone de
prise de greffe est une plaie chirurgicale propre.
• Assurer une bonne hémostase à l’aide des compresses imbibées de sérum adrénaliné 8
temporairement appliquées sur la plaie (cf. chapitre anesthésie – gestion de l’hémoglobine
et prise en charge transfusionnelle)
252 253
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Chapitre 8
• Recouvrir la zone prélevée avec un pansement Algostéril ®/alginate, qui peut rester posé - Refaire les pansements suivants toutes les 48 à 72 heures, soit au bloc opératoire soit
10 jours. Si l’Algostéril® n’est pas disponible, appliquer du tulle gras, tamponner avec au lit du patient si la prise en charge analgésie est suffisamment adaptée et efficace
de la PVI 10 % diluée, poser une épaisseur de compresses sèches puis fermer avec une (morphine par voie orale sur prescription médicale)
bande de crêpe.
< ! > ATTENTION < ! >
Pansements suivants : LES PANSEMENTS DE ZONES DONNEUSES NE DOIVENT Les greffes ne sont pas toujours isolées des autres brûlures. Elles peuvent être
PLUS ÊTRE TOUCHÉS DURANT 7 JOURS JUSQU’À CICATRISATION COMPLETE SAUF disséminées au milieu d’autres zones brûlées traitées avec de la Sulfadiazine. Il
SAIGNEMENT OU SIGNES D’INFECTION est essentiel de réaliser le pansement de la zone greffée avant les autres zones, en
• Si pansement au tulle gras : Refaire le pansement à J5 en douceur sans détersion respectant strictement les règles d’asepsie.
mécanique (frottement). Enlever uniquement les parties de tulle gras qui se décollent
6 - POSITIONNEMENT DES MEMBRES ET MOBILISATION
spontanément, en les découpant aux ciseaux stériles. Laisser en place le tulle gras qui
adhère à la plaie. Les pansements sont toujours réalisés en prenant en compte les besoins de mobilisation et /
d’immobilisation des segments brulés, notamment l’immobilisation dans les 3 premières
• Il doit y avoir un début de cicatrisation. Refaire le pansement à J7 selon la même
semaines qui suivent la greffe. Le rejet de greffe peut être dû à une mobilité excessive
procédure. Utiliser de la vaseline pour décoller le tulle gras. Renouveler le pansement
de la zone greffée (effets de cisaillement) et doit être prévenu par une immobilisation du
jusqu'à réépidermisation (délai normal < 10 jours).
segment greffé (plâtre, attelle). Les instructions seront données par le chirurgien et le
• Si pansement avec Algostéril® : ne changer que les bandages et compresses mais laisser physiothérapeute.
en place Algostéril® durant 10 jours jusqu’à cicatrisation complète. La rééducation fonctionnelle des zones greffées commence dès J5 (cf. chapitre
• Si présence de signes évocateurs d'une infection du site de prélèvement : les pansements physiothérapie).
seront réalisés toutes les 48 heures au minimum.
7 - DOSSIER DE SOINS ET SUIVI DE PANSEMENTS
2. ZONE DE GREFFE (zone receveuse) Il est primordial de transmettre sur le dossier de soins les observations faites lors des
Les cas de rejet du greffon sont souvent liés à une infection : les règles d’asepsie doivent pansements concernant l’évolution de la plaie. L’information doit donc être consignée
8
donc être rigoureusement respectées durant les soins. clairement et précisément dans le dossier de soins, à l’aide de la fiche de suivi de
pansement et peut être illustrée par des photos si cela est réalisable.
ansement immédiatement post greffe (J0 au bloc opératoire) : pansement au tulle gras,
P
(cf. Annexes – dossier de soins).
réfection à J5.
Pansements suivants : 8. FICHE TECHNIQUE : ORGANISATION DU CHARIOT DE PANSEMENT
Le premier pansement post-greffe est réalisé au bloc opératoire à J5, le deuxième a lieu
en salle à J7. Les fils ou agrafes mis sur la zone greffée sont ôtés lors de cette intervention MATÉRIEL POUR PANSEMENT STANDARD
ET ORGANISATION DU CHARIOT DE PANSEMENT
(J5 ou à J7 si la greffe de peau est fragile). Bien vérifier à terme que toutes les agrafes
ont été enlevées (pas uniquement sur les pourtour de la plaie mais également reparties 1 chariot à pansement Compresses stériles en quantité suffisante
Solution hydro alcoolique (SHA) pour pour le nettoyage de la brûlure et pour le
inégalement sur l’ensemble du greffon). Elles sont souvent enfouies profondément dans la pansement
peau et engendrent des complications à distance (infection, douleur, esthétique). Gants non stériles à usage unique (pour ouvrir
Sulfadiazine
le pansement)
-
Une précaution toute particulière sera apportée lors du retrait des compresses Compresse imbibée de corps gras
positionnées sur la greffe. Il est impératif d’humidifier abondamment l’ancien pansement 3 paires de gants stériles à usage unique
(Jelonet®/tulle gras®/ compresse avec vaseline
pour faciliter l’ablation et ainsi ne pas décoller la greffe de peau. Surblouse, masque, charlotte pour chaque stérile)
personne participant au pansement Bandes type Velpeau
- Analgésie PO administrée au préalable selon la prescription médicale (cf. gestion de la (y compris l’accompagnant le cas échéant)
douleur : Fiche technique analgésie pour Pansement au lit) Sparadrap
2 champs stériles adaptés à la taille Container à aiguille (si usage d’une lame de
- Nettoyer largement le pourtour de la zone de greffe sans frotter avec de la PVI 4% diluée des zones brûlées bistouri)
- Découper uniquement les parties de tulle gras qui se décollent spontanément. Ne pas 2 champs stériles pour poser le matériel stérile Bassin réniforme pour recueillir le NaCl/eau
toucher au tulle gras qui adhère à la plaie. stérile
Polyvidone iodée, solution moussante (PVI 4%)
- Retirer les croutes, le sang séché et la partie morte du greffon qui n’a pas pris (leur lors de l’humidification du pansement
Eau stérile ou NaCl à 0,9% souilléTopique spécifique selon prescription
présence pose un risque d’infection) médicale : Polyvidone 10% (PVI 10%) (zone
Ciseaux stériles ou à défaut lame de bistouri donneuse de greffe), acétate de Mafenide
- Rincer (NaCl 0,9% ou eau stérile) et sécher par tamponnement très précautionneux
stérile (infection à Pseudomonas).
- Positionner le tulle gras puis tamponner doucement avec de la PVI 10% diluée (1 volume Poubelle
de PVI 10% + 4 volumes de NaCl 0,9%). (cf. chapitre Gestion de la douleur)
254 255
Chapitre 8 - Soins locaux et pansements Gestion de la douleur - Chapitre 9
256 257
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
Généralités • Concerne les pansements réalisés en chambre, au bloc ou en ambulatoire ainsi que
les autres soins infirmiers (prélèvement sanguin, pose KT et sondes, réfection du lit,
La prise en charge de la douleur est un des piliers thérapeutiques des soins aux patients toilette…) et la kinésithérapie (mobilisation, lever, installation/retrait des attelles, kiné
brûlés. respiratoire…)
Il existe des variations individuelles dans le vécu de la douleur. Néanmoins, tous les
• L’intensité est très élevée, de manière ponctuelle
patients brûlés, quel que soit l’âge, le sexe, l’ethnie et le statut socio-économique
souffrent de douleurs aigües intenses et sont également susceptibles de développer des • Douleur aigüe, prévisible, transitoire et liée au soin = douleur pouvant être anticipée
douleurs chroniques. • Majorée par l’angoisse, la peur (lieu, bruits, séparation, inconnus…), la faim
Un patient sur deux ressent encore des douleurs importantes de nombreuses années • Peut augmenter l’intensité de la douleur continue au repos et est un facteur de risque de
après une brûlure grave. survenue des douleurs chroniques
Traiter la douleur prévient aussi certains effets délétères (dénutrition, hyper métabolisme,
• Le contrôle est plus difficile en raison de son intensité élevée, de sa variabilité individuelle
complications de l’immobilité, refus de soins)
et sa dépendance du geste, des moyens limités en cas de soins réalisés en chambre
Chez l’enfant brûlé, la douleur non traitée entraine une altération du schéma corporel, des
régressions, un retard d’acquisition, des difficultés de coordination et d’initiative motrice, • Le traitement doit être systématique, anticipé et administré avec respect du délai d’action
une rupture de la sensation de bien-être, responsable d’une déstabilisation émotionnelle efficace des antalgiques (il faut attendre le pic d’effet antalgique avant de démarrer les
et physique durable. soins).
1 Etat de douleur intense ou durable dans lequel le malade cesse d’exprimer sa souffrance, se désintéresse
des autres et de son environnement, ne bouge plus ou très lentement. En restant immobile et inexpressif, le 2 Type de trouble anxieux sévère qui se manifeste à la suite d'une expérience vécue comme traumatisante
malade essaie de « se détacher » de son corps douloureux. (accident, mort violente, agression, attentat, guerre…) avec une confrontation à des idées de mort.
258 259
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
A - Douleur aigue • Forte prépondérance des enfants < 5 ans (tranche d’âge pour laquelle l’évaluation est
• Installation dès le traumatisme difficile)
•
Caractérisée par des douleurs aiguës dans un premier temps, puis évolution vers Cette évaluation, réalisée à l’aide d’outils validés (cf. echelles standards d'evaluation de
l’hyperalgésie 3 une fois la sensibilisation 4 installée. C’est alors une douleur que l’on la douleur), est une étape incontournable à la prise en charge, tout comme l’évaluation de
peut qualifier de « aigue chronicisée ». l’anxiété et de la dépression.
• La gravité des brûlures et les défauts dans la prise en charge (notamment l’analgésie L’adaptation des thérapeutiques tout au long du parcours du patient est guidée par ces
insuffisante et inadaptée, les excisions-greffes tardives des brûlures profondes) sont des évaluations réalisées de manière régulière.
facteurs favorisant l’hyperalgésie.
4. PRISE EN CHARGE MÉDICAMENTEUSE
Figure 1. Schéma de la douleur aiguë pouvant conduire à l’hyperalgésie
La stratégie thérapeutique dépend de la phase d’évolution des douleurs et de leur
Brûlure symptomatologie :
Inflammation
• Phase aiguë chronicisée
Chirurgie
Douleur au
Pansements repos
Sensibilisation • Phase chronique
centrale +/- HYPERALGESIE
Douleur liée
périphérique • Douleur en ambulatoire
aux soins
Prurit • Prurit
Cicatrisation
Rééducation L’approche privilégie l’analgésie multimodale simple avec les protocoles disposant d’une
marge d’adaptation
(cf. Fiches techniques en fin de chapitre).
B - Douleur chronique
• Délai d’instauration variable de quelques jours à plusieurs mois A - Douleur aiguë (patient hospitalisé)
• Syndrome(s) douloureux persistant au-delà de la guérison : 1. Douleur continue au repos
- Douleurs neuropathiques séquellaires (lésions nerveuses périphériques par les brûlures → Utilisation de l’échelle de douleur adaptée au patient :
profondes, douleurs fantômes post-amputation…) Objectif :
- Douleurs chroniques non neuropathiques (cicatrices, rétraction/bride, moignon…) 9
Adulte : Echelle verbale simple (EVS) < 2 ou Echelle verbale analogique (EVA) < 4
- Souffrance psychique Enfant : Echelle EVENDOL < 3
- Prurit chronique Nourrisson : NFCS < 1
• Retentissement sur le quotidien (le jeu chez l’enfant), les relations, l’appétit, le sommeil → Traitement systématique pour tout brûlé hospitalisé avec PARACETAMOL +
• Faisant souvent appel aux thérapeutiques spécifiques MORPHINE
• Double objectif thérapeutique : diminution de l’intensité des douleurs et amélioration Le paracétamol seul ne suffit pas.
fonctionnelle avec reprise des activités La morphine est le traitement de référence et doit être systématiquement administrée.
• La prise en charge de la douleur chronique neuropathique et chronique non neuropathique • Voie d’administration de la morphine :
n’est pas spécifique. (cf. protocoles d’analgésie conventionnels) - Urgences :
- Titration IV selon protocole (à défaut SC avant la pose d’une voie veineuse)
3. EVALUATION
Soins intensifs :
L’évaluation de la douleur chez le brûlé est un défi particulier, qui dépend des facteurs - perfusion continue en IVSE (seringue électrique) selon protocole (à défaut SC, si
suivants (liste non exhaustive) : technique IVSE impossible)
• Nature évolutive : intensité et typologie variable dans le temps pour le même individu - Systématique pendant les premières 48 heures post brûlure PUIS
• Répétition prolongée d’actes nociceptifs - Relais per os une fois l’absorption digestive assurée.
• Accoutumance 5 aux médicaments analgésiques et sédatifs
Hospitalisation : PO (à défaut SC, si prise orale impossible)
3 Un stimulus antérieurement douloureux devient encore plus douloureux. • Pour les brûlés aux âges extrêmes :
4 Hyperactivité des neurones nociceptifs au niveau de la corne postérieure de la moelle épinière associé ou Enfants < 6 mois : la morphine n’est pas contre-indiquée, elle doit être prescrite comme
non à une hyperactivité des nocicepteurs périphériques secondaire à une stimulation nociceptive répétée.
pour tous les autres patients. Quelle que soit la voie d’administration, ces enfants
5 Affaiblissement progressif de l’activité d’un médicament à la suite de son administration répétée. C’est un
phénomène d’adaptation physiologique qui induit généralement la nécessite d’augmenter les doses pour doivent rester hospitalisés en soins intensifs jusqu’à ce que les douleurs soient faibles
obtenir l’effet initial. ou absentes 24h après l’arrêt de la morphine.
260 261
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
Personnes âgées : la morphine n’est pas contre-indiquée mais la posologie est → Pansements :
généralement réduite (souvent d’un tiers à la moitié) notamment en présence • Soit sous AG au bloc opératoire
d’insuffisance chronique rénale, cardiaque, respiratoire, ou d’autre fonction.
• Soit dans le service avec systématiquement :
• Surveillance du patient sous morphine : - Morphine + anxiolytique +/- antalgiques adjuvants (cf. Fiche technique analgésie pour
- Analgésie (échelles d’évaluation) Pansement au lit)
- Effets indésirables des morphiniques (nausées/vomissement, prurit, constipation, PLUS
somnolence, détresse respiratoire)
- Retrait de pansement en douceur : utiliser l’eau pour l’ablation des compresses collées
- Prévention et traitement des effets secondaires (en particulier constipation)
et un corps gras (vaseline) pour le tulle gras adhérent. (cf. soins locaux – ablation du
• Contre-indications à la morphine : pansement)
- Etat de conscience altéré (P ou U sur l’échelle EPDA 6) PLUS
- Trauma crânien modérée à sévère - Pulvérisation topique de la LEVOBUPIVACAINE (cf. fiche technique Levobupivacaine
- Détresse respiratoire importante spray)
- Service inadapté (insuffisance de ressources humaines, matériel, surveillance, absence
PLUS
de Naloxone)
- Si enfant : solution sucrée (G 50%) sur tétine 2 min avant et pendant le soin (cf. fiche
→ Associer la GABAPENTINE ou la PREGABALINE contre l’hyperalgésie : technique solution sucrée)
• Systématiquement en préventif à J5-J6 si brûlures profondes → Autres soins infirmiers et kinésithérapie : regrouper les soins et planifier l’analgésie
• En curatif, en cas de survenue de douleur neuropathique quelle que soit la gravité de adaptée
la brûlure Exemples (liste non exhaustive) :
Prévenir et/ou traiter l’hyperalgésie ce n’est pas analgésier, c’est limiter la sensibilisation du - Gel de Lidocaïne pour la pose d’une sonde urinaire/gastrique
système nerveux en utilisant des molécules « anti hyperalgésique » telles que la kétamine - Analgésie avant kiné : dose supplémentaire de morphine, inhalation de protoxyde
ou des molécules agissant via le neurotransmetteur GABA (Gabapentine, Prégabaline). d’azote (MEOPA) si disponible…
→ Le TRAMADOL ne doit jamais remplacer à la morphine en phase aiguë. - Chez l’enfant porteur d’une voie veineuse centrale, réaliser les prélèvements sanguins
autant que possible par cette voie (éviter de piquer en périphérie) (cf. protocole 9
Secondairement, il peut être utilisé associé au paracétamol en relai de la morphine PO si :
gestion VVC 7)
• Age ≥ 3 mois
• Douleur d’intensité faible (EVA<2) 3. Douleur post-opératoire
• Besoins en morphine PO ≤ 60 mg/jour (adulte) ou ≤ 1 mg/kg/jour (enfant) Objectif sur l’échelle d’évaluation de la douleur aigue :
• Pas de gestes invasifs programmés EVS < 2, EVA (réglette) < 4, EVENDOL < 3, NFCS < 1
• Absence de contre-indications La morphine est le traitement de référence après les excisions-greffes et toute autre
intervention majeure
Les AINS sont très rarement utiles et souvent contre-indiqués chez les grands brûlés
(population à risque d’infection des tissus mous, d’insuffisance rénale aiguë, de → Poursuivre et adapter le traitement de fond préopératoire :
saignement lors des gestes hémorragiques) Si patient déjà sous morphine :
- Rajouter la dose suffisante pour traiter la douleur liée à l’acte (prévoir en moyenne une
2. Douleur procédurale
augmentation de 30 % de la dose quotidienne)
→ Objectif (pendant et après le soin) : - Nécessite :
EVS < 2, EVA (réglette) < 4, EVENDOL < 3, NFCS < 1 Une modification de la voie d’administration (ex. SC ou IV pendant 24-48h)
OU
→ Le traitement nécessite l’identification des soins potentiellement douloureux et la mise
en place de protocoles ayant un objectif préventif (ex : administration d’un antalgique- - Une modification de la formulation de la morphine PO (ex. forme à libération immédiate
sédatif avant une réfection de pst, installation du gel de lidocaïne avant de poser une (Sévrédol®, Actiskenan®) substituée (ou ajoutée) à la forme à libération prolongée
sonde urinaire...) (Skenan®)
6 Echelle EPDA : E = Eveillé, P= réponse à la simulation par la Parole,, D = réponse à la Stimulation Doulou-
reuse, A = Aréactifobtenir l’effet initial. 7 Mymsf/toolbox medical/VVC_INF [Fr]
262 263
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
La forme à libération prolongée seule n’est pas adaptée aux situations où les besoins - Si soins infirmiers associés : profiter de l’analgésie administrée pour la réfection du
en morphiniques sont fluctuantes (ex. phase postopératoire aiguë, phase précoce pansement
post brûlure, sepsis intercurrent…) - Si kiné seule : repérer les patients douloureux et planifier la prochaine séance avec une
-
Peut nécessiter un changement d’unité de soins (envisager passage en soins analgésie-sédation préalable
intensifs si âge < 2 ans, terrain compliqué, excision-greffe de 10 %, complications
peropératoire…) D - Prurit 8
Si patient est traité avec palier I ou II : Le prurit a une grande prévalence chez les brûlés, pouvant dépasser 85% des patients
- Prescrire de la morphine pour traiter la douleur liée à l’acte (à substituer au Tramadol) brûlés. Très désagréable, le prurit a des répercussions importantes sur la qualité de vie et
risque de compromettre la cicatrisation voire la guérison des brûlures (grattage entrainant
→ Si pertinent (surtout au niveau des sites de prélèvement) réaliser une anesthésie infection, lésions cutanées…).
locorégionale en salle d’opération
→ Pour les amputations : Il faut rechercher systématiquement le prurit quelle que soit la phase d’évolution de la
-Respecter la stratégie préventive de la douleur fantôme (cf. protocole douleur brûlure, et le traiter selon un arbre décisionnel (cf. fiche technique Traitement Prurit).
neuropathique)
4. PRISE EN CHARGE NON MÉDICAMENTEUSE
- Envisager un traitement IV si douleur fantôme non maîtrisée
Cette prise en charge est complémentaire et indissociable de la prise en charge
B - Douleur chronique (patient hospitalisé) : médicamenteuse quels que soient la phase d’évolution et le lieu de traitement (hôpital,
→ Continuer et adapter le traitement de fond en cours (PARACETAMOL + MORPHINE centre de rééducation, ambulatoire).
OU PARACETAMOL + TRAMADOL) Elle potentialise l’action des médicaments.
→ Adapter ou démarrer un traitement pour douleur chronique (cf. protocole douleur
Les événements traumatiques y compris la brûlure laissent des traces dans la mémoire.
chronique)
Les expériences vécues, les informations reçues et les gestes subis sont stockés dans la
C - Douleur en ambulatoire : mémoire. Ce phénomène de mémorisation participe à l’hypersensibilisation du système
nerveux central et contribuent à la souffrance psychique.
La planification de l’analgésie en fonction des soins (réfection pst, kiné…) est impérative.
L’environnement doit être approprié : idéalement un endroit calme à température Il est indispensable d’impliquer le psychologue aussitôt que possible et de prendre en 9
confortable, avec des jouets et/ou des distractions. compte ses recommandations.
De plus, la présence des parents au chevet du patient en bas âge est primordial pour
Si une analgésie - sédation est envisagée, instaurer un climat rassurant.
il faut respecter le délai d’action des antalgiques/anxiolytiques administrés :
30 minutes après prise en gouttes ou suspension, 60 minutes si comprimé/gélule A - Mieux communiquer
Utiliser les outils de la communication thérapeutique pour que le patient sorte de son état
→ Pansements : d’anxiété :
- Antalgique palier II ou III +/- anxiolytique +/- antalgiques adjuvants (cf. fiche technique • Langage verbal : adapté à l’âge et à l’individu, mots simples et positifs, éviter négations
anesthésie ambulatoire) (ex : dans les phrases « n’aies pas peur », « tu n’auras pas mal », le patient entend juste
PLUS « peur », « mal »). Positiver les messages « cela te fera tu bien, regarde comme ça guérit
bien, tu es détendu, etc»
- Retrait de pansement en douceur : utiliser l’eau pour l’ablation des compresses collées
et un corps gras (vaseline) pour le tulle gras adhérent (cf. soins locaux – ablation du • Langage non verbal : gestes appropriés, position basse (s’installer au même niveau que
pansement). le patient), respect de la sphère intime, s’assurer que le contact physique est autorisé
PLUS • Langage para verbal : voix lente et posée et timbre bas, rythme calé sur le niveau
émotionnel du patient (ex : parler plus vite si le patient est excité, s’il pleure ou crie),
- Pulvérisation topique de la LEVOBUPIVACAINE (cf. fiche technique Lévobupicaïne essayer de parler sur la phase expiratoire du patient
spray)
PLUS
- Si enfant : solution sucrée (G 50%) sur tétine 2 min avant et pendant le soin (cf. fiche
technique solution sucrée)
8 Le prurit post brûlure est définit comme des démangeaisons des zones brûlées et/ou celles en train de cica-
→ Kinésithérapie triser (parfois aussi ressenties sur la peau avoisinante) qui provoquent un besoin irrépressible de se gratter.
264 265
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
Enfant < 6 mois 0,2 mg/kg Enfant < 6 mois 0,05 mg/kg
si impossibilité de prendre per os : SOUS A défaut SOUS CUTANEE avant pose de VVP
CUTANEE
PUIS
266 267
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
PRISE •A
ntalgique +/- anxiolytique (cf. Tableau stratégie selon l’âge *Utiliser la forme injectable de Midazolam (1 mg/ml) avec un peu de Glucosé 50% pour le goût.
EN CHARGE ci-dessous) 9
MÉDICAMENTEUSE
•S
ystématique pour le premier pansement (prescription médicale)
•A
adapter en fonction de l’évaluation de la douleur et de l’évolution
locale de la brûlure
•P
eut être prescrite pour un acte de kinésithérapie seul
•D
oit respecter le délai d’action des médicaments utilisés :
minimum 30 minutes (gouttes/sirop) à 60 minutes (cp/gélule) avant
le soinEnvisager
si nécessaire le recours à d’autres antalgiques (Néfopam, protoxyde
d’azote (MEOPA)…) en fonction de l’environnement, de la formation
du personnel, des moyens de surveillance et de la disponibilité
268 269
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
PRISE •A
ntalgique +/- anxiolytique systématique (cf. tableau stratégie selon
EN CHARGE l’âge ci-dessous)
MÉDICAMENTEUSE
•A
adapter en fonction de l’évaluation de la douleur et de l’évolution
locale de la brûlure •S
i analgésie suffisante -> même prescription d’antalgiques pour le prochain pansement 9
•D
oit respecter le délai d’action des médicaments utilisés minimum
30 minutes (gouttes/sirop) à 60 minutes (cp/gélule) avant le soin •S
i analgésie insuffisante -> prochain pansement sous AG au bloc
•E
n fonction de l’environnement, de la formation du personnel, des
moyens de surveillance et de la disponibilité envisager si nécessaire
le recours à d’autres antalgiques (Néfopam, protoxyde d’azote =
MEOPA…)
270 271
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
FICHE TECHNIQUE
EFFETS La sédation excessive est le premier signe de surdosage -> la
INDÉSIRABLES surveillance continue du niveau de sédation est incontournable
MAJEURS
Arrêt de la titration si le score de sédation est S3 ou S4 :
PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR DU PATIENT BRÛLÉ S0 Eveillé
S1 Somnolent par intermittence, facilement éveillable
S2 Somnolent la plupart du temps, éveillable par une stimulation
MORPHINE : TITRATION IV verbale (appel)
S3 Somnolent en permanence, difficilement éveillable par une
OBJECTIF Selon l’échelle d’évaluation de douleur utilisée : stimulation tactile
Pendant et après le soin EVS < 2, EVA < 4, EVENDOL < 3, NFCS < 1 S4 Non éveillable
POSOLOGIES
Tranche
Dilution Bolus IVL titré
d'âge
Dilution : 1 mg 0,05 mg/kg (= 0,5 ml/kg) IVL puis
< 6 mois Morphine + 9 ml de 0,05 mg/kg (= 0,5 ml/kg) toutes
NaCl 0,9% = 0,1 les 5 minutes si nécessaire
mg/ml
Préparation : 0,1 mg/kg (= 1 ml/kg) IVL puis
≥ 6 mois
seringue de 10 ml 0,05 mg/kg (= 0,5 ml/kg)
et < 10 kg
toutes les 5 minutes si nécessaire
Dilution : 10 mg (=1ml) 0,1 mg/kg (= 0,1 ml/kg) IVL puis
10 à 49 kg Morphine + 9 ml de 0,05 mg/kg (= 0,05 ml/kg) toutes
NaCl 0,9% = 1 mg/ml les 5 minutes si nécessaire
Préparation :
Enfant ≥ < 20 kg : seringue de
3 ml ≥ 20 kg : seringue 3 mg IVL puis 3 mg
50 kg
de 10 ml toutes les 5 minutes si nécessaire
Adultes
272 273
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
FICHE TECHNIQUE
POSOLOGIE
Perfusion
Tranche d'âge Dilution Bolus IVL
continue
10 μg/kg/h (= 0,5
PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR DU PATIENT BRÛLÉ < 6 mois 20 μg/kg/ml 10 μg/kg
ml/h)
(= 0,5 ml)
20 μg/kg/h Max 2 fois / h
MORPHINE : PERFUSION CONTINUE IV EN SERINGUE ELECTRIQUE 6 mois – 1 an 20 μg/kg/ml
(= 1 ml/h)
274 275
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
FICHE TECHNIQUE
EFFETS Traitement des nausées / vomissements
INDÉSIRABLES •P
rescrire un antiémétique
MINEURS
→ Ondansétron IVD en première intention
→ Si échec, Prométhazine IVL ou IM PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR DU PATIENT BRÛLÉ
Traitement d’un prurit gênant
•P
rescrire un antihistaminique NALOXONE
→ Chlorphéniramine PO en première intention
→ Si échec, Prométhazine IVL ou IM PRÉAMBULE • L a sédation excessive est le premier signe de surdosage en morphine
Prévention de la constipation systématique •T out patient recevant des morphiniques doit avoir une surveillance de
(cf. protocole médical constipation) la sédation et de la respiration (FR, SpO2)
• L es premiers gestes devant un surdosage sont :
EN CAS •V
érifier le contenu de la seringue (Morphine, concentration correcte), - Arrêt des morphiniques (si titration ou IVSE)
D’ANALGÉSIE l’étanchéité du système d’administration, la perméabilité de la voie - Stimulation verbale (« appel du nom », « respirez ! »)
INSUFFISANTE veineuse - Stimulation tactile
•A
dministrer un bolus (si pas de bolus dans les 15 minutes avant) - Oxygénothérapie
•R
éévaluera rapidement (< 1h) - Dégagement des voies aériennes en cas d’obstruction
- Ventilation assistée au masque et ballon Ambu si nécessaire
- Appel du médecin en structure hospitalière
• L a Naloxone (NARCAN®) est un antagoniste de la Morphine
• L a Naloxone est indiquée chez le patient impossible à réveiller et/ou
présentant une dépression respiratoire importante (pauses, apnées)
persistante après stimulation.
•E
n parallèle entreprendre la réanimation cardiopulmonaire si
nécessaire
POSOLOGIES
Tranche
Préparation Posologie
d'âge
9
Nouveau- 1 ampoule de 0,4 mg 10 µg/kg (0,5 ml/kg) IVD*
né de Naloxone + 19 ml de toutes les 2 minutes jusqu’à
NaCl 0,9% = 0,02 mg/ml FR > 20
= 20 µg/ml ET patient éveillé
PRÉPARATION • Ne pas dépasser une dose totale initiale de 100 µg/kg
• La demi-vie d’élimination de Naloxone (20 à 60 minutes) est plus
courte de celle de Morphine IV (3 à 4 heures) : si les signes de
surdosage réapparaissent après une bonne réponse initiale
•R
épéter la dose initiale efficace de Naloxone
•E
nvisager une perfusion continue de Naloxone à 10 µg/kg/h (à défaut
10 µg/kg en IM ou SC chaque heure) jusqu’à l’élimination suffisante de
la Morphine
276 277
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR DU PATIENT BRÛLÉ PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR DU PATIENT BRÛLÉ
INDICATIONS •T
ous les âges INDICATIONS •P
édiatrie
•P
laies non cicatrisées •S
oins douloureux (soins infirmiers, pose de cathéters, pose de sonde)
•P
ansements réalisés : •P
ansements réalisés :
-A l’admission - A l’admission
-D ans le service d’hospitalisation - Dans le service d’hospitalisation
- En ambulatoire
- En ambulatoire
278 279
Chapitre 9 - Gestion de la douleur Gestion de la douleur - Chapitre 9
PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR DU PATIENT BRÛLÉ PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR DU PATIENT BRÛLÉ
Pommade émolliente
Analogue GABA PO** A prendre en systématique jusqu’au prochain rendez-vous pour pansement en
(Cold Cream®)
(Gabapentine / Prégabaline)
+ Massage doux (séance > 10 min) ambulatoire :
Essai 7 jours PARACETAMOL :
Si échec, ajouter
Analogue GABA PO
(Gabapentine / Prégabaline)
antihistaminiques • Solution buvable 120mg/5ml : 1 dose par kilo, 4 fois par jour
OU
Antihistaminique H1 + H2 PO** Antihistaminique H1 + H2 PO** • Comprimé 500 mg ou 1000 mg : 1 comprimé, 4 fois par jour
(Chlorphéniramine + Cimétidine) (Chlorphéniramine + Cimétidine)
280 281
Chapitre 10 : O
rganisation des soins
10
282 283
Chapitre 10 - Organisation des soins Organisation des soins - Chapitre 10
Une structure médicale qui accueille des patients brûlés doit prévoir quelques adaptions.
En effet, le patient brûlé présente des spécificités : c’est un patient extrêmement TABLEAU N°2 UNITÉ NON SPÉCIFIQUE UNITÉ SPÉCIFIQUE
fragile, sujet aux infections. Il peut nécessiter une hospitalisation longue, ponctuée de Optimiser le confort lors Partitionné (cloison amovible, paravent lavable)
très réguliers passages au bloc opératoire. Les pansements peuvent être fastidieux et des soins et limitation Si plusieurs brûlés : rassemblés dans même espace
requérir du matériel spécifique. La physiothérapie précoce est indispensable. Enfin la de la transmission Espace tampon faisant office de sas* avant l’accès au(x) patient(s)
prise en charge spécifique de la brûlure nécessite des compétences et une collaboration infectieuse de « voisinage » Lit à l’écart pour isoler brûlé//autres patients et brûlé//brûlé
par un espacement Sas hygiène avant l’entrée dans l’unité
transversales importantes (santé mentale, nutrition, physiothérapie, analgésie…). des lits/chaises pour Point d’eau dédié au lavage de mains
accompagnants.
Ces spécificités ont un impact sur l’espace nécessaire, les règles d’hygiène et sur le
nombre et les compétences du personnel. Personnel soignant Staff dédié au patient brûlé dans Staff dédié à l’unité
la mesure du possible Compétent dans la prise en
L’adéquation des ressources est préparée puis monitorée grâce à des indicateurs Si pas possible : rigueur dans la charge des brûlés
spécifiques. planification des soins
(cf ci-dessous)
Organisation des soins Programmer les soins
1. ORGANISATION DES SOINS ET PARCOURS DU PATIENT d’un patient brûlé en premier
limiter le nombre de
Un patient brûlé, dépourvu de la barrière naturelle que constitue l’épiderme, est contact et donc le risque Regrouper les soins d’un même patient par un même soignant,
de transmission les programmer si possible au même moment (toilette, constantes,
particulièrement exposé au risque d’infection exogène, aéroportée et manuportée. Il est infectieuse pansement…)
considéré comme fragile et présente une sensibilité accrue aux infections (cf. chapitre Asepsie rigoureuse
Diagnostic et traitement de l’infection).
Matériel de soins Asepsie rigoureuse : Matériel dédié à chaque patient
L’ensemble des procédures d’hygiène comporte alors : stéthoscope, brassard, Désinfection avant Désinfection
drastique / stérilisation ad hoc
• les précautions standards thermomètre
après utilisation
• + asepsie des soins drastique (dont le lavage des mains rigoureux et régulier)
Matériel d’isolement Surblouse dédiée au patient
• + des précautions complémentaires à type d’isolement protecteur à l’entrée du sas Charlotte / Calot
Gants UU
En pratique, voici les précautions requises lors de situations différentes, selon la structure Masque chirurgical
et le type de patients : SHA
Information Affichage récapitulatif soignant/ accompagnant(s)
Situation N°1 : le patient ne nécessite pas d’être hospitalisé => OPD
règles de vie et d’hygiène :
284 285
Chapitre 10 - Organisation des soins Organisation des soins - Chapitre 10
286 287
Chapitre 10 - Organisation des soins Organisation des soins - Chapitre 10
Ce cas de figure est peu fréquent chez MSF, le modèle le plus commun étant une réserve - La réglementation du travail en vigueur dans le pays (durée quotidienne/mensuelle du
générale pour une unité entière. travail)
De plus, en fonction de la structure (généraliste ou spécialisée), un sas à l’entrée d’un - Les modalités de prise en charge du patient (soins intensifs, hospitalisation, ambulatoire)
service/espace dédié est nécessaire afin de : - Le contexte architectural et environnemental ainsi que la capacité de l’unité de soins.
Par exemple si dans l’unité un ou plusieurs patients sont en isolement septique ou
• Prendre conscience de l’entrée dans la zone « sensible » : habillage (surblouses soignant gravement brûlé, il faudra réfléchir à renforcer les ressources humaines pour s’adapter
et visiteurs), mesures d’hygiène, lavage de mains à la charge de travail.
• Décartonner et/ou stocker du matériel Voici quelques recommandations à titre informatif sur les besoins offre de soins et en
• signalisation visuelle renforcée pour inciter les différents acteurs au respect des règles ressources humaines potentiellement nécessaires à une unité de soins dédiées aux
du service (horaires, hygiène, habillage, etc.) grands brûlés :
Un sas est également nécessaire lorsque des patients sont identifiés comme BMR pour
limiter la transmission infectieuse (cf note tableau 2 ci-dessus). Offre de soins spécifique à l’unité Brulés Ressources humaines
Quelle que soit la configuration du service, il est impératif d’intégrer les schémas de circuit
(matériel, personnes, patient) afin d’optimiser l’organisation spatiale (cf. annexe schéma Zone d’accueil et de mise en condition du • 1 m
édecin compétent en réanimation et
patient (urgences) en prise en charge médicale du brûlé étant
de circuits unité de brûles). Secteur d’hospitalisation temps complet disponible en astreinte médicale 24h /24H
dont un espace individuel dédié à l’isolement
Les documents en fin de chapitre énoncent les spécifications, le circuit des personnes septique pour diminuer le risque de • 1 superviseur dédié à l’unité
et matériel, ainsi que des plans repères et le type de patient (infectés ou non pour une contamination microbienne par voie aérienne
• 1 physiothérapeute
structure non dédiée à la brûlure. Ces informations sont énoncées à titre informatif. Elles (service)
demeurent néanmoins un objectif devant devenir un standard. un secteur de prise en charge réanimatoire • 1 psychologue
(soins intensifs) Jour : 2 infirmier/ 5 patients
• Environnement consultations et soins externes (ambulatoire)
rééducation fonctionnelle Nuit : 2 infirmiers / 7 pmatients
- Les surfaces sont lessivables (carrelées ou peintes avec une peinture de type nutrition Hygiéniste
EPOXY permettant de lessiver les murs, mobilier en plastique/inox pour favoriser le santé mentale
bionettoyage (prévoir au moins 1 chaise/lit + accompagnants : visite et mise au fauteuil
du patient)
- L’espace nécessaire aux soins de patients brûlé est de 8m² par lit
- Les points d’eau
- Dans l’idéal le service est équipé de fenêtres vitrées closes
Température recommandée autour de 30°C 10
Hygrométrie recommandée entre 40 et 60 %
Sinon, les fenêtres sont équipées de rideaux, changés 1/mois (ou dès que souillures
constatées) avec une traçabilité de lavage.
But : limiter les courants d’air qui augmentent le risque d’hypothermie
- Installation de tuyaux de PVC pour fixer les moustiquaires au lit qui seront changées
entre chaque patient, ou au besoin si souillées ou déchirées.
• Matériel
- Caisse (ou à défaut deux cuvettes retournées l’une sur l’autre) en plastique pour ranger
la vaisselle)
- Linge : quantité conséquente de :
• chemise/tunique patient (taille adaptée adulte/enfant) pour mettre à l’écart les habits
personnels qui pourraient être vecteur de germes
• Pagnes /couches en nombres suffisant qui doivent être maintenus propres et
changés à chaque nouveau pansement (ex, au niveau des cuisses, les pst doivent
être changés chaque fois que nécessaire)
• Personnel
Le lien entre niveaux de dotation en effectifs et qualité des soins infirmiers reste difficile
à établir et dépend des paramètres propres à chaque structure. Ces paramètres sont :
288 289
SPECIFICATIONS UNITE DE BRÛLES Voir aussi le document Plan Repère .
290
INCENDIE : Prévoir mesures contre incendies adaptées aux services et prendre en considération l'accessibilité au bâtiment. Sortie de secours < 30 m distance
du point plus éloigné.
ENERGIE
MINIMUM TEMPERA- REVÊTEMENTS
ESPACE ACTIVITE COMMENTAIRES DE SURFACE EQUIPEMENT Prises PLOMBERIE TURE VEN-
Eclairage Hauteur
AU SOL *** TILATION Faux
1,10 m Sol Mur Plafond Paillasse
Zone Hospita- Zone de soins pour 6,00 - Mobilier en 3 W/m² collectif Lavabo + robinet Rideaux Non
de lisation les patients. 9,00 m²/lit plastique (1 chaise + 1/lit col de cygne + lavables 1/ poreux,
soins Rideaux / paravent + 1 cuvette pour commande pied/ mois aux lessivable
entre lits pour chaque lit) genou/coude fenêtres Exemple: Non
l’intimité des Vaisselle en Ou porte SHA (diminuer Carrelage. poreux,
patients pendant plastique (Minimum 4) les cou- lessivable
les soins. Espace Moustiquaire - Vestiaire per- rants d’air Exemple:
suffisant autour du changée entre sonnel (majore Carrelage
lit pour l'équipement chaque patient - Vestiaire famille l’hypo- 2,10 m
biomédical et Linge en quantité - Sanitaires thermie et hauteur +
personnel. (draps, blouse - Espace de favoriser Peinture à
visiteur, tunique soins l’intimité) l'huile.
Capacité Espace pour les 6,00 - patient) 3 W/m² 2
d'isole- patients qui ont 9,00 m²/lit Armoire pour les collectif Sanitaires
ment besoin d'être isolés produits d’hygiène + 1/lit Douche dédiée
car ils ont des Porte SHA ou point aux patients 22-30 °C
conditions plus d’eau brûlés ou appro-
faibles ou ils ont une visionnement en
infection (BMR) Blouse, masque eau chaude
chirurgical, gants Vidoir
Salle de non stériles, Local hygiène
Dépendant de la 9,00 m² 5 W/m² 2
physio- poubelles, porte
taille du service il y
thérapie SHA
aura une salle dédiée
aux exercices de
réhabilitation des
patients.
10
ENERGIE
292
MINIMUM TEMPERA- REVÊTEMENTS
ESPACE ACTIVITE COMMENTAIRES DE SURFACE EQUIPEMENT Prises PLOMBERIE TURE VEN-
Eclairage Hauteur
AU SOL *** TILATION Faux
1,10 m Sol Mur Plafond Paillasse
Zone Poste de Optimisation de la 12,00 - Réfrigérateur 5 W/ 1 évier
de soins surveillance visuelle 15,00 m² Bureau, tables, m² double métallique pour
soins et auditive (open chaises +1 désinfection
space) (idéal mobilier réfri- (71x40x20 cm)
plastique) géta- + robinet col
Espace de travail Rangement matériel, teur de cygne +
et plan de soins Dossiers de soins, commande pied/
(idéal inox) pour le Armoire pharmacie genou/coude.
personnel.
Chapitre 10 - Organisation des soins
ENERGIE
MINIMUM TEMPERA- REVÊTEMENTS
ESPACE ACTIVITE COMMENTAIRES DE SURFACE EQUIPEMENT Prises PLOMBERIE TURE VEN-
Eclairage Hauteur
AU SOL *** TILATION Faux
1,10 m Sol Mur Plafond Paillasse
Per- Bureau / Zone administrative 9,00 m² / 5 W/ 2 / /
sonnel Salle de et salle pour faire m²
réunion les réunions du
(à proxi- personnel. Salle de
mité) discussion entre
le personnel et les
familles des patients. Non
poreux,
lessivable.
Sup- Salle de Salle destinée 9,00 m² 3 W/ 2 / / Exemple:
port repos pour le repos du staff. m² doubles Peinture à
personnel l'huile 2,10
(à proxi- m hauteur
mité) + Peinture
à l'eau
Stock Stockage matériel, 4,00 m² 3 W/ 1 / / Non
jusqu'au
linge, produits m² niveau
poreux,
d’hygiène plafond.
lessivable
Exemple:
Stockage Stockage du matériel 2,00 m² 3 W/ 0 / / Carrelage.
matériel médical propre. m²
propre
10
ENERGIE
294
MINIMUM TEMPERA- REVÊTEMENTS
ESPACE ACTIVITE COMMENTAIRES DE SURFACE EQUIPEMENT Prises PLOMBERIE TURE VEN-
Eclairage Hauteur
AU SOL *** TILATION Faux
1,10 m Sol Mur Plafond Paillasse
Espace Prévoir espace / 3 W/ 0 / / Non
poubelle Non
pour le transit des m² poreux,
poreux,
poubelles, définir lessivable
lessivable
besoins selon activité Exemple:
Exemple:
du service. Carrelage.
Carrelage
Dimensionner avec
2,10 m
l'équipe logistique.
hauteur +
Peinture
Chapitre 10 - Organisation des soins
à l'huile.
SPECIFICATIONS LIT BRÛLES DANS UNE UNITE D'HOSPITALISATION EXISTANTE Voir aussi le document Plan Repère.
INCENDIE: Prévoir mesures contre incendies adaptées aux services et prendre en considération l'accessibilité au bâtiment.
Sortie de secours < 30 m distance du point plus éloigné.
Zone Hospita- Zone de soins pour les 6,00 - idem 3 W/ 2 gé- 22-30 °C Non poreux,
de lisation patients. 9,00 m²/lit m² néral lessivable
soins Rideaux / paravent entre lits + 1/lit Exemple:
pour l’intimité des patients Carrelage
pendant les soins. Espace 2,10 m
suffisant autour du lit pour hauteur +
l'équipement biomédical et Peinture à
personnel. l'huile.
Capacité Espace pour les patients 6,00 - idem 3 W/ 2 gé-
d'isole- qui ont besoin d'être isolés 9,00 m²/lit m² néral
ment du reste car ils ont des + 1/lit
conditions plus faibles ou ils
ont une infection (BMR).
Point habillage, surblouse
individualiséé
295
Organisation des soins - Chapitre 10
***ECLAIRAGE en W/m² type de lampe LED, table de conversion lampe incandescente, lampe fluorescente, ampoule à économie d'énergie.
10
ENERGIE
296
MINIMUM TEMPERA- REVÊTEMENTS
EQUIPE-
ESPACE ACTIVITE COMMENTAIRES DE SURFACE Prises PLOMBERIE TURE VEN-
MENT Eclairage Hauteur Faux
AU SOL *** TILATION Sol Mur Plafond Paillasse
1,10 m
Zone Soins Zone d'hospitalisation des 6,00 - idem 5 W/ 4/Lit Lavabo + robinet 22-30 °C Non Non poreux,
de intensifs patients plus gravement 9,00 m²/lit m² Prévoir col de cygne + poreux, lessivable
soins malades. Patients référés arrivée commande pied/ lessivable Exemple:
au service des soins clim genou/coude. Exemple: Carrelage
intensifs de l'hôpital. UPS Clapet anti-retour Carre- 2,10 m
dans les canali- lage. hauteur +
sations contre la Peinture à
retro contamina- l'huile.
Chapitre 10 - Organisation des soins
10
Chapitre 10 - Organisation des soins Organisation des soins - Chapitre 10
INCONTOURNABLES
1. Espace indépendant dédié aux brûles
2. Création d'espace tampon SAS + point lavage mains
3. Capacité d'isolement
PATIENT MATERIEL STAFF
Physiotérapie proximité
Pansement
Bureau
Poste de soins médical
AVANT APRÈS
Hospitalisation Soins intensifs Isolement Toilettes
patients
PATIENT
STAFF
MATERIEL
SALLE 1 IPD Cloison + SAS SALLE 2 BRÛLES
ACCEPTABLE: une seule salle à diviser en deux
298 299
Chapitre 10 - Organisation des soins
SITUATION B
Plusieurs patients brûlés. Capacité d'isolement
Chapitre 11 : A
nesthésie
300 301
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
Les principaux aspects qui vont conditionner le choix d’une anesthésie pour le 1. CONSULTATION PRÉ-ANESTHÉSIQUE :
patient brûlé sont :
A - Anamnèse
• Le type de brûlures : étendue et localisation, agent causal, lésions associées (lésions
d’inhalation, lésions d’électrisation internes traumatismes non brûlés...) Les éléments clés de l’interrogatoire chez le brûlé sont :
• L’état du patient : stabilité clinique, présence de défaillances d’organes, de complications, • Poids habituel) et actuel
de comorbidités • Détails de la brûlure : gravité, mécanisme, lésions associées, délai post brûlure
• La phase du traitement, qui détermine le degré d’urgence et le type de geste • Zone d’hospitalisation : chaque secteur de soins (urgences, USI, service, ambulatoire…)
représente une différente phase d’évolution des brûlés et soulève des défis particuliers
Phase aiguë (période immédiatement après le traumatisme) :
• Anesthésies antérieures
Phase initiale avant 48h (≥ 20% SCB = phase hypovolémique) :
• Comorbidités
- 1er passage au bloc (évaluation approfondie, pansement…)
- ± Chirurgie d’urgence (lésions associées, incisions de décharge…) • Traitements en cours
• Complications post brûlure
Phase secondaire après 48h (≥ 20% SCB = phase hypermétabolique) :
- Reprises au bloc pour réfection pansement • Stratégie chirurgicale : installation, actes, durée, si greffe : % excision, sites de
- ± Chirurgie des zones brûlées (détersion, excision, greffe…) prélèvement
- ± Autres gestes réalisés au bloc (kinésithérapie, pose d’accès veineux central…)
Tableau 1. Spécificités pendant l’évolution des patients brûlés
Phase tardive (> 1 an) : chirurgie de reconstruction
- Les impératifs anesthésiques
- Trouver le juste équilibre entre le bénéfice attendu de l’intervention et les techniques ORIGINE TYPE DE BRÛLÉ SPÉCIFICITÉS
anesthésiques les moins invasives et délétères possibles Urgences Tous les brûlés Douleurs aiguës sévères
-Assurer une analgésie multimodale et efficace Anxiété, peur
- Faciliter la mobilisation du malade en toute sécurité lors de différents soins réalisés ± Estomac plein
au bloc ± Lésions associées
Risque d’obstruction VAS
- Maintenir l’homéostasie (normothermie, normovolémie, équilibre sanguin…)
Grand brûlé Réanimation en cours (modifier selon
• Les impératifs chirurgicaux évaluation profondeur/SCB après le
1er pansementt au bloc)
• Les facteurs logistiques (personnel, équipement, charge de travail) Rarement choqué ou très œdémateux
(sauf si présentation retardée)
Les particularités anesthésiques des brûlés comprennent :
• Nécessité des anesthésies fréquentes, souvent rapprochées (tous les 2 jours) Soins intensifs Grand brûlé en phase aiguë, Etat instable, défaillance d’organes
nécessitant une surveillance Prise en charge lourde
• Maintien délicat de l’homéostasie rapprochée : Œdèmes
• Environnement difficile (chaleur, aspect sensoriel des brûlures, installation, conditions - lésions d’inhalation suspectées Douleurs aiguës, chronicisées, 11
- extrêmes d’âge (< 10 et > 70 ans) chroniques
d’hospitalisation…) - post-opératoire lourd
• Difficultés techniques (gestion des voies aériennes, abord vasculaire, monitorage…) - Brûlé septique
• Fort potentiel hémorragique des gestes chirurgicaux Service Grand brûlé en phase secondaire Douleurs aiguës, chronicisées,
• Douleurs intenses, évolutives, mixtes chroniques
Complications de la phase secondaire
•
Fréquence élevée de complications lors du traitement (anémie, dénutrition, sepsis (dénutrition, anémie, problèmes
nosocomiale…) psychiques…)
• Composante psychologique majeure
Brûlé hospitalisé pour risque Douleurs
• Modifications pharmacologiques fonctionnel Complications de l’hospitalisation
prolongée
< ! > ATTENTION < ! > Domicile Brûlé en phase tardive Séquelles (rétractions, brides…)
Douleurs chroniques
Les actes décrits dans ce chapitre doivent être réalisés exclusivement par un
Dénutrition
personnel d’anesthésie Retentissements psychologiques
302 303
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
304 305
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
• Gestion des anticoagulants type héparine de bas poids moléculaire (HBPM) : administrer C - Répercussions de l’anesthésie sur les grands brûlés
la dernière dose ≥ 12h avant le bloc
Tableau 3. Conséquences anesthésiques chez le grand brûlé
• Bilan préopératoire si nécessaire :
< 48 H POST BRÛLURE > 48 H POST BRÛLURE
- Bilan biologique : NFS, ionogramme, fonction rénale SYSTÈME Conséquence/
Complication Complication Conséquence/risque
- Autre : imagerie, ECG risque
Cardio- Hypovolémie Hypotension Hyper- tension Accès hypertensif
vasculaire Bas débit cardiaque Accès vasculaire artérielle Tachyarythmies
2. PRÉREQUIS À L’ANESTHÉSIE Œdèmes difficile Tachycardie Accoutumance 2
Hypo ou hyper réanimation Sensibilité Débit cardiaque élevé aux médicaments
A - Programmation liquidienne aux agents
hypnotiques
Dans un programme chirurgical mixte (cas brûlés et non brûlés), l’intérêt des brûlés
doit être une priorité afin de limiter la durée du jeûne et de profiter d’une salle de bloc Respiratoire Obstruction VAS Voie aérienne Effet shunt 3 Hypoxémie
opératoire à température ambiante. Parmi les patients brûlés, les groupes suivants sont Œdème pulmonaire difficile Hyperréactivité Bronchospasme
de préférence programmés en premier : Intoxication CO/HCN* Hypoxémie bronchique Défaillance respiratoire
Carcan thoracique Bronchospasme Infection pulmonaire
• Grands brûlés en phase aiguë Défaillance respi-
ratoire
• Brûlés précaires autres (dénutrition, comorbidité, extrêmes d’âge…)
Rénal/ Oligurie Elimination altérée Augmentation débit Elimination altérée des
Les brûlés porteurs de BMR sont souvent pris au bloc en fin de programme pour des hydro- Myoglobinurie des médicaments filtration glomérulaire médicaments
raisons de contrôle-infection hospitalier. La période de jeûne pré opératoire doit être électrolytique Insuffisance rénale Dysfonction tubulaire Arythmie
Hyperkaliémie
adaptée. Les précautions de contact doivent être respectées tout le long du circuit patient
peri-opératoire, y compris en salle de réveil. Digestif/ Estomac plein Sepsis Hyper métabolisme Troubles glycémiques
métabolique Translocation bactérienne Résistance insuli- Encombrement pulmo-
digestive nique naire par inhalation
Syndrome compartiment Dénutrition
< ! > ATTENTION < ! > abdominal Iléus
Un brûlé porteur de BMR appartenant en plus à l’un des groupes ci-dessus, mérite Stéatose hépatique
lui aussi de passer au début du programme. Un bio nettoyage correct (comme pour
Hématolo- Hémoconcentration Choc anémique Anémie Anémie décompensée
tous les malades) assure alors la continuité du programme sans majorer le risque gique Hémolyse Hémorragie Déficience en fer (mauvaise tolérance)
d’infection croisée. Thrombopénie Etat pro coagulant Risque hémorragique
Poly transfusion Risque thrombotique
Risque transfusionnel
2 Phénomène métabolique entraînant la nécessité d’augmenter les doses d’une substance active pour en
obtenir l’effet habituel. Cela entraine, chez les patients brûlés, un besoin en anesthésiques qui augmente
progressivement, jusqu’à des doses parfois très élevées.
3 En cas d’effet shunt, les échanges pulmonaires gazeux alvéolo-capillaires sont réduits (alvéoles collabées ou
remplies de pus, de sang, ou d’œdème par exemple). C’est la cause physiopathologique la plus fréquente de
l’insuffisance respiratoire hypoxémique.
306 307
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
Chez le grand brûlé, les effets de médicaments sont altérés à cause des modifications • Blocs régionaux ± sédation ou AG
cinétiques et dynamiques. Ainsi, la modification dépend des phases post brûlure : - Indication limitée en phase aiguë (sites concernés par les actes médico-chirurgicaux
• Phase hypovolémique : souvent multiples). Indication plus large en phase tardive
- Diminution du débit cardiaque, flux sanguin hépatique et rénal - Blocs à visée anesthésique envisageables pour des gestes chirurgicaux froids bien
circonscrits (ex : excision-greffe ou geste de reconstruction pratiqués sur le même
- Absorption aléatoire voies PO, SC, IM : distribution et élimination ralentie
membre, amputation) lorsque l’état cutané le permet, car nécessité de ponction dans
- Délai et durée d’action retardés, effet accentué, risque d’accumulation une zone cutanée indemne de brûlure ou d’œdème.
Il faut donc utiliser des doses plus faibles et une titration soigneuse, en faisant attention - Des blocs à visée analgésique, associés à une AG, sont indiqués pour les zones de
au risque de dépression cardio-circulatoire et respiratoire prélèvement 4 (ex : bloc de fascia iliaque pour prélèvement sur la cuisse antérolatérale
ou bloc caudale chez l’enfant pour prélèvement sur les membres inférieurs)
• Phase métabolique :
Inconvénients chez le brûlé :
- Hyper métabolisme
- Anesthésie régionale seule rarement indiquée (et jamais en pédiatrie)
- Augmentation du débit cardiaque, du flux sanguin hépatique et rénal
- Neurostimulation imprécise en cas de membres recouverts de pansements
-
Augmentation de la fraction libre et du volume de distribution des agents liés à
l’albumine - Nécessité de zone de ponction saine
- Dérégulation des récepteurs protéiques et pharmacologiques - Bloc locorégional peut potentiellement masquer la douleur témoignant de la constitution
d’un syndrome des loges musculaires si brûlure circulaire.
- Absorption plus fiable voies PO, SC, IM : distribution et élimination accélérée
- Délai et durée d’action réduits, effet émoussé ou imprévisible
B - Agents anesthésiques
- Accoutumance à la majorité de la classe de sédatifs-hypnotiques au bout de 7-10 jours
A l’exception du Suxaméthonium (curare dépolarisant), tous les agents classiques
Il faut donc en général utiliser les doses plus élevées, en prenant en compte les utilisés lors de l’anesthésie peuvent être administrés chez les brûlés quelle que soit l’étape
phénomènes d’accoutumance et de sevrage. d’évolution.
Ces réponses sont variées et patient-dépendant. De plus d’autres facteurs doivent Néanmoins, il existe des avantages et des inconvénients spécifiques à chaque agent,
être pris en compte (ex : effets accentués en cas de sepsis sous-jacent, d’âge avancé, qui sont de plus soumis aux modifications pharmacologiques chez les grands brûlés
d’insuffisance rénale ou d’hypothermie). (cf. Tableau 4)
Tableau 4. Agents utilisés lors d’une anesthésie chez les brûlés
3. DEROULEMENT DE L'ANESTHESIE
A - Techniques
• Anesthésie générale (AG)
-
Souvent incontournable, notamment pour le premier pansement et les excisions- 11
greffes
-P
rivilégier l’utilisation mixte des sédatifs-hypnotiques-analgésiques disponibles.
L’association d’un ou plusieurs hypnotiques (kétamine et/ou propofol et/ou halogéné)
+ opiacé (antalgiques pallier II) +/- benzodiazépine permet d’assurer les impératifs
anesthésiques
• Rachianesthésie (± sédation pour anxiolyse)
- Indication limitée car réservée aux gestes chirurgicaux froids de courte durée (< 1 h)
intéressant uniquement les membres inférieurs de l’adulte brûlé.
Inconvénients chez le brûlé :
- souvent peu tolérée sur le plan psychologique
- analgésie postopératoire éphémère (1 à 2h) 4 Stratégie alternative aux blocs régionaux pour analgésier les sites de prélèvement : ajouter de l’anesthésique
local dans les solutions utilisées par le chirurgien pour l’infiltration SC avant le prélèvement. Ex : ajouter 50
-
risque de décompensation hémodynamique en cas de saignement important ou mg de Lévobupivacaïne (= 10 ml de la concentration 0,5 %) dans 500 ml de soluté pour obtenir une solution
d’hypovolémie à 0,01 %. Ne pas dépasser une dose totale de 20 ml/kg.
308 309
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
UTILISATION / UTILISATION /
AGENT AVANTAGES INCONVÉNIENTS AGENT AVANTAGES INCONVÉNIENTS
PRÉCAUTIONS PRÉCAUTIONS
Propofol Manipulation facile Effets indésirables (dose Seul ou associé avec Halogénés Induction inhalée Effets indésirables : Induction inhalatoire en
• titration dépendant) Kétamine 5 pour induction (Isoflurane, Maintien d’une ventilation • h ypotension pédiatrie
•p erfusion continue IVSE • h ypotension Option pour entretien Sévoflurane) spontanée possible •d épression En absence de KT
• e ffets SNC et indésirables •d épression respiratoire par perfusion continue Bronchodilatation myocardique veineux
prévisibles selon dose Disponibilité limitée (réinjection envisageable Accumulation négligeable •d épression respiratoire Option pour entretien
Maintien d’une ventilation si geste court) Récupération rapide • irritabilité VAS CAM* ↘ en phase
spontanée possible Doses diminuées en •N VPO précoce = hypovolémie
Effet antiémétique phase hypovolémique CAM* ↗ en phase tardive
Pas d’accumulation Doses augmentées en = hypermétabolisme
Récupération rapide phase métabolique
Opiacés Analgésie puissante Dépression respiratoire Composant
Kétamine Manipulation facile : Effets indésirables : Seul ou associé avec palier 3 Accoutumance en incontournable de
• titration • s timulation Propofol 5 pour induction (Fentanyl, phase métabolique l’anesthésie
•p erfusion continue IVSE sympathique brouillant Doses antalgiques Morphine) Hyperalgésie induite par Doses augmentées en
• route IV, à défaut IM l’évaluation de la subanesthésiques (0,2-0,5 les opiacés 6 phase métabolique
Maintien d’une ventilation volémie mg/kg) mieux tolérées,
spontanée possible • s timulation associe moins de risque Midazolam Anxiolyse Effets indésirables : Prémédication PO/IR
Perméabilité VAS sympathique de tachyphylaxie Sédation • h ypotension Associé à l’agent
maintenue excessive en phase Option pour entretien par Amnésie • risque majoré anesthésique
Préservation CRF métabolique (accès réinjection prudente d’obstruction VAS, de à l’induction
Effet analgésique HTA, tachyarythmie) Doses augmentées en dépression respiratoire Adulte : prévention des
Prévention hyperalgésie • h ypersécrétion phase métabolique Accoutumance marquée effets psychomimétiques
Stabilité hémodynamique salivaire, Eviter l’administration en phase métabolique de la kétamine
en phase hypovolémique trachéobronchique prolongée en perfusion Traitement agitation au
(hors patient choqué), • n ausées continue réveil
lors des changements de vomissements post Eviter l’administration IM
position ou du saignement opératoires répétée Clonidine Anxiolyse, sédation Effets indésirables : Prémédication PO/IR
actif •m ouvements Eviter l’administration des Effet analgésique • légère diminution de la Associé à l’agent
Bronchodilatation involontaires doses anesthésiques > 2 Epargne agents fréquence cardiaque anesthésique
• a gitation/délire au fois d’affilée (utiliser une anesthésiques, opiacés ± TA à l’induction
réveil autre technique avant de Prévention hyperalgésie Traitement agitation au
• a ccumulation la réutiliser) ou ajouter un Pas d’accoutumance réveil
Anesthésie dissociative autre agent anesthésique Traitement syndrome de
(effets SNC plus (Propofol, Isoflurane) sevrage (opiacé, BZD,
difficiles à interpréter) afin d’assurer un niveau alcool, Tramadol)
Récupération lente adéquat d’anesthésie
Accoutumance Suxamétho- Curare de 1er choix Risque élevé Intubation < 24h post
après plus de 2 AG nium dans les 48 premières d’hyperkaliémie brûlure
successives à la heures post brûlure à partir de 24h après Contre-indication
kétamine brûlures graves absolue après 48h et
11
Conséquences (SCB > 20 %) 7 pendant 2 ans après
psychologiques ++ brûlures graves
si administration IM
répétée Curares Utilisable pour tout brûlé Difficulté de curarisation Doses augmentées (2-5x)
non dépola- dans toutes les étapes efficace après brûlures en phase métabolique
Thiopental Ni titration ni réinjection Effets indésirables : Réservé à l’induction risants graves après brûlures graves 8
Perfusion continue possible • h ypotension des cas spécifiques
•d épression respiratoire (ex : intubation du brûlé *CAM : concentration alvéolaire minimale
inévitable avec traumatisme crânien
• a ccumulation associé)
Pas de maintien d’une
ventilation spontanée
possible
6 Réponse aberrante aux opiacés qui produit une augmentation de la sensibilité à la douleur, aggravée par les
doses croissantes.
7 Les brûlures graves entraînent une prolifération des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine au niveau de
la jonction neuromusculaire : il en résulte à la fois une sensibilisation accrue aux curares dépolarisants et une
5 Co-induction Kétamine-Propofol nommée « Kétofol » permet de réduire les doses de ces deux agents anes- résistance accrue aux curares non dépolarisants.
thésiques et de contrebalancer mutuellement leurs effets indésirables 8 Phénomène déclenché après 3-7 jours, atteignant un pic à 5-6 semaines, pouvant durer jusqu’à 1 an
310 311
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
312 313
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
- Sauf urgence absolue (et en l’absence de la ventilation mécanique prolongée = SI Tableau 5. Guide à la perfusion des liquides IV intra-opératoires chez les brûlés
niveau 3) : ne pas prendre au bloc un patient atteint d’un dysfonctionnement important
de l’appareil respiratoire qui remettrait en cause la capacité de récupération de la 1ER PANSEMENT RÉFECTION PANSEMENT CHIRURGIE 11
ventilation spontanée efficace en post opératoire. Traiter d’abord une pathologie
SCB < 20 % : SCB < 20% : Liquides Tout brûlé
respiratoire, considérer même le transfert en soins palliatifs si l’état respiratoire du Liquides d’entretien d’entretien Liquides d’entretien
patient est grave et/ou irréversible SCB ≥ 20 % : OU +
Liquides
• Cas spécifiques de réanimation en
Pas de liquides si Compensation des pertes non
geste court, brûlé hémorragiques (exsudatifs) selon :
cours normovolémique et bien • é tat de perfusion périphérique
Brûlures du visage :
hydraté • é tat de volémie
- Envisager de retirer les premières couches d’un pansement volumineux au niveau du Ajuster débit en per •d egré du traumatisme tissulaire
visage/cou avant l’induction (mais après avoir administré l’analgésie) opératoire selon : SCB > 20% : liquides (2 ml/kg/h si mineur, 4 ml/kg/h si
• réévaluation SCB d’entretien modéré, 6-10 ml/kg/h si majeur)
- Privilégier la ventilation au masque à 2 personnes • tendance et valeur de l’hémoglobine
• objectifs
- Si intubé : fixation « chirurgicale » temporaire de la sonde endotrachéale par fil réanimation +
interdentaire, trans-labial ou trans-septal (diurèse, TA) Compensation pertes hémorragiques selon :
• c alcul pré opératoire
Brûlé intubé : • v olume soluté cristalloïde perfusé
- Fixation soigneuse de la sonde • tendance et valeur de l’hémoglobine
-
Prévenir des œdèmes péri-glottiques (choisir une sonde 0,5 mm plus petite
que d’habitude, pas de sur-gonflement du ballonnet 10, éviter la position déclive
(Trendelenburg) et les manipulations cervicales empêchant le retour veineux jugulaire…) Indications des solutés, de la transfusion sanguine :
10 Gonfler le ballonnet jusqu’à la disparition de la fuite autour de la sonde tout en ventilant à la main avec une 11 En cas de volumes liquidiens importants infiltrés en SC par le chirurgien pour faciliter la prise de greffe,
pression d’insufflation autour de 15-20 cm H2O. soustrayez-les des liquides perfusés
314 315
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
G - Gestion du risque hémorragique parfois longues et hémorragiques. Un grand brûlé peut perdre jusqu’à 1°C toutes les 15
Lors des interventions chirurgicales, le saignement important doit être prévenu et minutes dans un premier temps. Les groupes à risque très élevé comprennent les bébés
contrôlé. Les excisions tangentielles sont très hémorragiques (les incisions de décharge et jeunes enfants, les personnes âgés, les dénutris et les polytraumatisés.
et les excisions complètes saignent à un degré moindre). La mesure précise des pertes L’hypothermie peri-opératoire entraîne des conséquences néfastes : troubles de
sanguines n’est pas faisable pendant la chirurgie du brûlé (pas de système collecteur l’hémostase, augmentation de la consommation en oxygène, prolongation aléatoire des
possible, saignement en nappe, pertes sous les champs et dans les liquides de lavage, effets médicamenteux (ex. curares, hypnotiques), réveil lent et prolongé, enfin des risques
pertes dissimulées dans les pansements). augmentés d’accidents cardiovasculaires (poussées hypertensives, angor, arythmies…),
• Moyens à mettre en œuvre en préopératoire d’infection nosocomiale et d’échec des greffes.
- N’entreprendre l’excision chirurgicale que chez un patient stabilisé, sans anomalies de La prise en charge thermique consiste à :
l’hémostase
• Maintenir un environnement chaud tout au long de l’intervention : la température de la
- Administrer la dernière injection d’HBPM au minimum 12h avant le bloc salle d’opération doit être maintenue à 25-32°C, ne pas utiliser la climatisation
- Contrôler l’hémoglobine (Hemocue ± NFS) à la consultation pré-anesthésique
• Contrôler la température corporelle du patient au début de l’anesthésie et toutes les
- Précommander le sang et le disposer en salle avant que l’excision ne commence 30 minutes pendant le geste, à poursuivre en salle de réveil (thermomètre électronique
• Moyens de limiter le saignement en peropératoire sur muqueuses buccales -entre la gencive et l’intérieur de la joue : température proche
de température centrale).
-E
viter hypothermie T°< 35°C qui aggrave les troubles de la coagulation (par baisse
d’efficacité des facteurs de coagulation) • Réduire au maximum l’exposition à l’air libre :
- Eviter hypertension, surcharge volémique - Ne pas défaire tous les pansements au même moment : traiter les zones brûlées les
unes après les autres tout en recouvrant chaque zone brûlée/prélevée dès que possible
- Limiter strictement la superficie totale des zones excisées à ≤ 10 %
- Couvrir une tête non brûlée (bonnet)
- Appliquer les compresses imbibées d’une solution adrénalinée 1:50 000 (10 mg/500 ml
NaCl 0,9 % ou eau stérile = 20 mcg/ml) sur les zones à exciser ou à prélever. - Sécher et couvrir le corps entier une fois l’intervention terminée (drap, couverture)
- Garrot pneumatique en amont de la zone excisée d’un membre : moyen peu pratique • Entreprendre le réchauffement actif du malade dès l’arrivée et jusqu’à sa sortie du
chez le grand brûlé, risque d’ischémie, de saignement, de majoration de l’hyperkaliémie bloc opératoire :
à la levée de garrot). Dans tous les cas son usage doit être limité à 60 minutes. - Couverture à air pulsé : moyen le plus efficace de réduire les pertes thermiques,
-
Hémostase chirurgicale soigneuse pour certains gestes (excision complète, incontournable pour les excisions-greffes et autres gestes lourds. Déplacer la
amputation…) couverture sur la superficie cutanée disponible en fonction des gestes
- Pansement au tulle gras - Réchauffer les liquides perfusés (surtout le sang)
- Limiter la sulfadiazine sur les zones hémorragiques (excisions sans greffe, incisions de - Réchauffer les solutions (NaCl 0,9 % ou eau stérile) utilisées pour les lavages et les
décharge) car favorise le saignement pansements : immerger les solutions dans une bassine d’eau chaude. Il faut contrôler
- Si coagulopathie évoquée : contrôler taux plaquettaire et bilan d’hémostase si possible, la température de la solution (objectif 30 à 35°C) avant de l’appliquer sur le patient 11
envisager l’administration des PSL (sang total frais, PFC, plaquettes..), du calcium, (thermomètre ou contrôle sur la peau d’un soignant) pour ne pas le bruler
de l’acide tranéxamique 12 en fonction du tableau clinique et des résultats du bilan • Raccourcir/arrêter la chirurgie dans la mesure du possible en cas d’hypothermie sévère
d’hémostase (température corporelle centrale ≤ 34°C) ou progressive et non maîtrisable
H - Epargne thermique Le maintien d’une salle d’opération chaude et l’utilisation du dispositif à air pulsé sont les
2 moyens les plus efficaces car ils réduisent les pertes par radiation (responsable de 60 %
Les mécanismes de thermorégulation du brûlé sont perturbés. Ce phénomène est
de pertes thermiques pendant le geste chirurgical).
augmenté sous anesthésie générale et locorégionale : patient découvert dans un milieu
froid, atteinte de couche épidermique protectrice, pertes par évaporation et convection
majorées par lavages, compresses humides et perfusion de liquides froids, enfin, chirurgies I - Précautions pour la glycémie
Les troubles de la glycémie sont une complication fréquente chez le brûlé à cause des
troubles métaboliques induits, des phases de jeûne récurrentes, du sepsis.
12 Antifibrinolytique visant à diminuer les pertes sanguines periopératoires en chirurgie programmée (mymsf/ L’hyperglycémie (> 140 mg/dl) constitue un facteur de morbidité, notamment infectieuse,
français/anesthesie/médicamnets/antifibrinolytiques) et de surmortalité chez ces patients. L’insulinothérapie permet une amélioration du
Enfant de plus de 1 an : 15 mg / kg (max 1g) en IV lente ou perfusion sur 15 minutes à l’induction, à répéter
1 fois 3 heures après Adulte : 1g en IV lente ou perfusion sur 15 minutes à l’induction ; à répéter 1 fois 3
pronostic et une réduction des complications métaboliques, rénales et septiques (cf.
heures après. chapitre Soins intensifs, fiches techniques Insulinothérapie)
316 317
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
L’hypoglycémie peut être induite par les épisodes de jeûne répétitifs avant et après le bloc - Revue ± modification du traitement antalgique de fond préopératoire (cf. Gestion de la
opératoire, un surdosage en insuline ou un état septique. douleur)
Il est essentiel de mesurer la glycémie en peropératoire (norme 80 à 140 mg/dl) dans Rappel : la morphine est le traitement de référence après les excisions-greffes et toute
les cas suivants : enfant < 6 mois, grand brûlé, jeûne très prolongé, insulinothérapie ou autre intervention majeure. Pour les patients déjà sous morphine, il faut ajouter la dose
nutrition parentérale en cours, état de conscience altéré ou convulsions inexpliquées. suffisante pour traiter la douleur liée à l’acte (prévoir en moyenne une augmentation de 30
% de la dose quotidienne). Pour les patients traités avec palier 1 ou 2 en préopératoire,
J - Précautions d’hygiène et utilisation des antibiotiques ajouter de la morphine pour traiter la douleur liée à l’acte (à substituer au Tramadol)
Points-clés : • Poursuite de l’homéostasie : réchauffement actif (matelas à air pulsé) et passif si
hypothermie, transfusion si anémie grave/décompensée, remplissage vasculaire si
• L’hygiène est primordiale chez un patient déjà exposé à un risque infectieux majeur. Les
hypovolémie, correction des déséquilibres glycémiques et électrolytiques, etc.
précautions standard d’asepsie sont indispensables
• Transfert du patient vers le service approprié : prendre en compte le fait que le malade
• Les précautions renforcées contre les contacts, gouttelettes sont nécessaires au cas
pourrait être moins stable sur le plan physiologique après le geste. Une telle détérioration
par cas
est observée plus fréquemment chez les grands brûlés en phase aiguë et après les
• Antibioprophylaxie indiquée à l’induction, uniquement lors d’une excision greffe, avec interventions lourdes.
1 dose IV unique 13 (Céfazoline ou Clindamycine si allergique à la pénicilline).
4. PHASE DE RÉVEIL
Tout patient brûlé bénéficiant d’une anesthésie, quelle qu’elle soit, doit passer en salle de
réveil pour surveillance jusqu’à la récupération de ses fonctions vitales (hémodynamique,
ventilatoires, conscience, température), et de l’obtention d’une analgésie efficace.
Objectifs principaux :
• Surveillance classique malgré les contraintes (pansement, greffes, hypothermie, petit
enfant, membres amputés, rétractions, portage BMR…)
11
- Signes vitaux
- Score de douleur
- pansement
- Bilan entrées-sorties
- Contrôle Hemocue ± glycémie ± autres examens (radio, bilan labo…)
• Prise en charge de la douleur :
- Evaluation soignée et répétée de la douleur : EVS chez l’adulte, échelle adaptée à l’âge
chez l’enfant (cf. chapitre Gestion de la douleur)
- Morphine à doses titrées en IV si douleur cotée modérée ou sévère (cf. Fiche technique
Titration morphine IV)
318 319
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
FICHE TECHNIQUE
PRÉPARATION
Environnement Monitorage (adapté à l’âge et au poids)
DE LA SALLE
T° salle 25-32°C Scope
ANESTHÉSIE Couverture chauffante Bair Brassard PNI
Hugger®
Bonnet (si enfant) SpO2
ANESTHESIE POUR PANSEMENT DE BRULURE AU BLOC OPERATOIRE Surveillance points d’appui/ EtCO2
pression Température
DÉFINITIONS Grand brûlé : SCB > 20 % (< 10 ans ou > 70 ans) ou > 25 % (10-70 ans) Précautions hygiène standard Hémoglobine et glycémie capillaires,
Brûlures avec lésions d’inhalation Précautions hygiène contact glucomètre
(si BMR)
Electrisation au courant de haute tension
320 321
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
PRISE EN Installation En douceur (malade algique, souvent anxieux) COMPLICA- Problème Action
CHARGE TIONS
PEROPÉRA- Port de gants, de masque +/- précautions BMR POSSIBLES Apnée/bradypnée stimulation, ventilation manuelle MF 100 %
TOIRE Billot sous les épaules (petit enfant < 5 ans) O2, alléger anesthésie
Monitorage le plus complet que possible, minimum SpO2 + Obstruction VAS corriger position, alléger anesthésie, ±
scope + T°C dispositif (Guédel) ± intubation
Vérification points d’appui
Hypotension/hypertension gestion hémodynamique adaptée, rechercher
Induction Privilégier soit IV soit inhalée avant pose VVP (à défaut, IM) cause
“KETOFOL” co-induction : KETAMINE 0,5 mg/kg +
Analgésie insuffisante titration morphinique, interrompre/adoucir
PROPOFOL 1-1,5 mg/kg
geste
ou
KETAMINE 1-2 mg/kg (si IM 4-5 mg/kg) Tachyphylaxie aux assurer anesthésie et analgésie (↗ doses ±
médicaments changer agent(s) peropératoire)
ou
choix autre technique anesthésique au
ISOFLURANE ou SEVOFLURANE prochain passage au bloc
+ prescrire adjuvants en postop. (CLONIDINE,
MORPHINE 0,1 mg/kg ou FENTANYL 1 mcg/kg* GABAPENTINE/PREGABALINE)
+/-
Hypothermie réchauffer malade/liquides/salle, et raccourcir
MIDAZOLAM 0,05-0,1 mcg/kg ou CLONIDINE 1 mcg/kg geste dans le temps
* Morphine (morphinique puissant, durée d’action 3-4h) est
l’analgésique de choix pour les grands brûlés sauf CI (insuffisance Déséquilibre glycémique corriger hypo/hyperglycémie (objectif = 80-
rénale, risque élevé d’obstruction VAS…). Fentanyl n’est pas 140 mg/dl)
capable de fournir une analgésie postopératoire durable : il est
réservé à des petits brûlés, contextes particuliers
RÉVEIL Surveillance classique +/- Hemocue, glycémie capillaire
Entretien Si halogéné
Titration morphine IV selon niveau de douleur
KETAMINE 0,2 mg/kg (visée hyperalgésique) + réinjection
morphinique Correction/maintien homéostasie (normovolémie, normothermie, équilibre
sanguin)
Si anesthésie IV
Vérifier étanchéité pansement
KETOFOL : PROPOFOL 5-10 mg/kg/h IVSE (dose de
départ) +/- réinjection KETAMINE 0,5 mg/kg +/- réinjection
opiacé POST OPÉRA- Reprise boissons et alimentation précoce
KETAMINE : réinjection KETAMINE 0,5-1 mg/kg +/- TOIRE
Cathéter rincé ou perfusion de soluté selon stade d’évolution et clinique
réinjection morphinique
Morphine PO/SC/IVSE (à défaut Tramadol PO/SC) + Paracétamol selon
+ Paracétamol 15 mg/kg (< 50 kg), 1 g (≥ 50 kg) si protocole du service
administré > 6h pré opératoire
Stratégie transfusionnelle restrictive = pas de transfusion si Hb > 7-8 g/dl 11
+ Liquides IV : RL (apports d’entretien) sauf si geste court,
Programmation prochain pansement +/- excision-greffe
brûlé stable
322 323
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
FICHE TECHNIQUE
PRÉPARATION Environnement Monitorage (adapté à l’âge/au poids)
DE LA SALLE
T° salle 25-32°C Scope
(climatiseur éteint avant) Brassard PNI
ANESTHÉSIE
Couverture chauffante à SpO2
EXCISION +/- GREFFE DU PATIENT BRULE air pulsé
EtCO2
Excision tangentielle : exérèse progressive de couches minces de Réchauffeur de solutés,
DÉFINITIONS ou sérum tiède Température
tissus détruits, réalisée en passant de manière répétée une lame dirigée
tangentiellement à la plaie Bonnet ++ Hémoglobine et glycémie capillaires
Excision complète (avulsion) : excision chirurgicale classique visant à Surveillance points Moniteur de curarisation (si disponible)
ôter la totalité des tissus morts en un seul bloc, incluant graisse, fascia, d’appui/pression
tendons et/ou muscle Précautions hygiène
Excision-greffe* : réalisation dans le même temps opératoire de standard
l’excision de l’escarre + tissus brûlés et de la greffe de la zone excisée Précautions hygiène
(autogreffe dermo-épidermique) contact (si BMR)
* Excision-greffe précoce (J5+) est la technique d’excellence, néanmoins
l’excision sans greffe est parfois indiquée lorsqu’une greffe immédiate ne
Equipement (adapté à l’âge/au poids)
peut pas se faire (plus de sites de prélèvement disponibles, refus initial
du patient, réserves de sang insuffisantes…) Plateau VVP (si malade non perfusé)
Solutés : RL, NaCl 0,9%, Glucose 10% +/- sang précommandé
POINTS Geste programmé, à réaliser uniquement chez le malade stabilisé, sans et vérifié compatible
PERTINENTS - déséquilibre ou dysfonction d’organe importante Drogues d’urgence disponibles
RISQUES Risque hémorragique ++, aggravé si excision tardive après J15+, grande Solutions adrénalinées préparées pour l’hémostase locale
superficie excisée (> 5% de la surface corporelle TOTALE), brûlures
Pour imbiber des compresses : ADRENALINE 1:50 000 (10 mg
infectées
dans 500 ml NaCl 0,9 % ou RL)
Risque hypovolémique ++, instabilité hémodynamique
< ! > Etiqueter clairement toute solution adrénalinée, surveiller
Majoration des douleurs (sites prélèvement +++) effets absorption systémique
Déperdition thermique +++
Mise en condition si nécessaire
Monitorage difficile
Sonde urinaire (si superficie excisée > 5%, greffe niveau périnée/
Multiplicité des gestes par une équipe au complet
génital/fessier, geste long)
Durée intervention intermédiaire à longue
VVC si VVP impossible/inadéquate
IMPÉRATIFS Connaître précisément la physiopathologie des brûlures et les < ! > ATTENTION : utilisation dispositif VVC réservée aux projets
ANESTHÉ- répercussions anesthésiques spécifiques
SIQUES
Apprécier les complications liées aux brûlures profondes après J5
Vérifier au préalable la stabilité nécessaire au geste PRÉPARATION Voies aériennes Ventilation
DE LA SALLE
Disposer d’un bilan biologique de départ (Hb, Ht, groupage +/- iono, Source(s) d’oxygène Respirateur vérifié (tuyaux pédiatriques 11
hémostase) vérifiée(s) si poids < 15 kg)
Calculer les besoins transfusionnels en préopératoire +/- précommander le Dispositifs oxygénothérapie BAVU
sang simples
Cuve halogéné remplie
Prescrire prémédication PO : PARACETAMOL +/- MIDAZOLAM Masque facial, sonde IOT
(si > 1 an) ou GABAPENTINE (adaptée au poids + taille
Privilégier la ventilation mécanique contrôlée (VS envisageable si superficie en dessous si enfant)
limitée, installation adaptée, fonction respiratoire préservée, risque Laryngoscope et lames
d’inhalation négligeable, pas d’extrême d’âge) Mandrins
Disposer 1-2 accès veineux adéquats : si enfant sans accès IV, VVP à poser Sondes d’aspiration (si
après induction inhalée enfant :
Assurer une analgésie puissante, multimodale diamètre maximum = taille
Assurer l’homéostasie sonde IOT x2)
Mettre en œuvre d’emblée tous les moyens disponibles de limiter le Aspiration vérifiée
saignement periopératoire Salbutamol spray
Si SCB > 20 % : ne pas administrer SUXAMETHONIUM, prévoir doses Masque laryngé
élevées ATRACURIUM
324 325
Chapitre 11 - Anesthésie Anesthésie - Chapitre 11
326 327
Chapitre 11 - Anesthésie
11
328 329
Chapitre 12 - Chirurgie Chirurgie - Chapitre 12
Les brûlures aboutissent à la formation d’une plaque de nécrose cutanée (escarre) plus ou • Défis diagnostiques posés par la brûlure :
moins profonde. La chute spontanée de l’escarre peut prendre un certain temps, allant de -E xamen clinique limité dans certaines régions brûlées (cou, thorax, abdomen…)
quelques jours à plusieurs semaines. Une granulation vient alors combler l’espace laissé -E xamen échographique compliqué, parfois impossible sur peau brûlée
vacant. - Symptomatologie (douleur, anxiété, tachycardie…) perturbée par celle liée aux brûlures
Les délais nécessaires à ces étapes s’allongent avec la gravité de la brûlure. Plus le • Réduction des options chirurgicales (ex. pas de plâtre sur un membre brûlé alors que la
délai est long, plus les complications se multiplient et s’amplifient, y compris l’infection, mise en traction et la pose d’un fixateur externe sont possibles)
la dénutrition, la fibrose lésionnelle, la cicatrisation anarchique, la rétraction cutanée,
• Gestion de la voie d’abord chirurgicale :
l’hyperalgésie et les douleurs chroniques.
- L’abord chirurgical habituel peut (et doit) se faire à travers la zone brûlée s’il n’est pas
L’intérêt de la chirurgie est d’accélérer ce processus et de contrôler la formation du possible de l’éviter : cette démarche est d’autant plus légitime que les plaies sont
bourgeon. pénétrantes et dues à des projectiles.
-S i possible, l’excision des brûlures de 3e degré sur la voie d’abord doit être pratiquée
Elle permet d’obtenir :
avant la fermeture cutanée (sauf autour des broches de fixateur externe)
• Une épidermisation spontanée plus rapide et de bonne qualité
• Risque de sepsis élevé : plus la brûlure est proche de la lésion traumatique associée,
• Une couverture cutanée par autogreffe lorsque l’épidermisation cutanée spontanée
plus le risque septique est important. Ce risque doit être pris en compte dans la stratégie
est impossible : cette incapacité de régénération épidermique est caractéristique des
chirurgicale (ex. pour l’extrémité fracturée et brûlée, une amputation précoce pourrait
brûlures profondes
être salvatrice)
Pour minimiser la morbi-mortalité (notamment celle due à l’infection et à la dénutrition)
et optimiser le devenir fonctionnel des brûlés, il est impératif de pratiquer la chirurgie de • Risque de mortalité augmenté (en fonction de la gravité de lésions brûlées et non brûlées)
manière précoce et agressive. Quel que soit le lieu ou le cas pris en charge, il est possible • Lieu d’intervention chirurgicale : étant donné que la chirurgie traumatologique prime, le
de demander conseils par le biais de la télémédecine 1 ou par la consultation du référent geste initial s’effectuera dans n’importe quel plateau chirurgical adapté à la traumatologie.
chirurgien des brûlés pour ne pas retarder la prise en charge thérapeutiques et optimiser La prise en charge secondaire peut nécessiter une référence au centre de grands brûlés.
les chances de guérison.
L’objectif thérapeutique est de traiter le plus tôt possible les pathologies non brûlées
Cette chirurgie nécessite des ressources spécialisées : en termes de personnel mettant en jeu le pronostic vital (atteinte viscérale ou thoracique, hémorragie…) pour
(chirurgien, anesthésiste, infirmiers…), de matériel (outils chirurgicaux, pansements…),
12
pouvoir traiter la brûlure secondairement.
de médicaments, de banque de sang, de soins postopératoires,..). L’ensemble de ces
éléments est déjà présent sur les projets chirurgicaux et rend cette prise en charge Ne pas oublier pour autant que le traitement de la brûlure est urgent : le premier pansement
parfaitement réalisable. (et les gestes d’urgence vis-à-vis de la brûlure) doit être réalisé au bloc après les gestes
traumatologiques urgent, si possible dans le même temps opératoire.
330 331
Chapitre 12 - Chirurgie Chirurgie - Chapitre 12
©Rémy Zilliox
ultime étant la levée de l’effet garrot.
L’incision :
- S’étend en profondeur le plus souvent jusqu’à l’aponévrose, il faut souvent (en cas de
brûlures très profondes) même franchir l’aponévrose.
-S
’étend en longueur jusqu’à ce que la peau soit saine des 2 côtés (2-3 cm)
-E
st réalisée le long des axes vasculaires en obliquant l’incision sur les zones de flexion. Le pied : principes idem que pour la main
Schéma 1 : les incisions de décharge Le cou :
• Deux incisions latérales
• Eviter d’atteindre les structures au-dessous du muscle platysma (muscle peaucier)
• Efficacité objectivée par une amélioration de la perméabilité des voies aériennes, une
réduction du travail respiratoire et de la dyspnée
12
Le thorax :
• Deux incisions latérales suivant la ligne axillaire antérieure : compléter avec des incisions
transverses ou obliques si relâchement tissulaire insuffisant
• Efficacité objectivée par la diminution de la tachycardie, de la tachypnée et de la dyspnée,
associée à une amélioration de la SpO2
332 333
Chapitre 12 - Chirurgie Chirurgie - Chapitre 12
A-D
écapage de la lésion (ablation de la peau morte, des phlyctènes,
des croûtes…)
L’objectif est de stimuler la cicatrisation, l’épidermisation, et/ou de préparer le lit de greffe.
Technique :
• Antisepsie et nettoyage
• Décapage
• Pansement Sulfadiazine + tulle gras (cf. chapitre soins locaux)
B - Excision-greffe
Elle consiste à réaliser au cours du même temps opératoire l’excision de l’escarre et des
tissus brûlés, et à greffer la zone excisée par une autogreffe dermo-épidermique.
Elle concerne au maximum 10 % de la surface corporelle brûlée, car ce geste est très
• Tarsorraphie temporaire hémorragique : au-delà de 10 %, on court un risque d’instabilité hémodynamique,
d’anémie grave et d’hypothermie (cf. chapitre gestion du sang du patient brûlé).
C’est la suture temporaire des paupières entre elles pour les maintenir partiellement ou
entièrement fermées. En recouvrant ainsi le globe, l’objectif est soit de faciliter la guérison L’excision-greffe précoce (à partir de J5) est l’atout maître détenu par le chirurgien.
de la cornée, soit de protéger la cornée pendant une courte période d’exposition. Chaque journée de retard de prise en charge contribue lourdement à la mortalité et à
l’échec de la greffe.
Chez les brûlés, elle est indiquée en cas de brûlure profonde des paupières dont les œdèmes
empêchent la fermeture spontanée complète et le clignotement et/ou le larmoiement de Il existe 2 points-clés dans le chronogramme : J5 et J15
l’œil. Ces dysfonctionnements oculaires laissent la cornée et la conjonctive en proie à la • Pour les brûlures ayant un aspect indéniablement profond à J5 (au moment du 3e
sécheresse, à l’irritation, éventuellement à l’ulcération et à l’infection. L’œil est nettoyé 3
pansement), il est primordial de réaliser une excision-greffe dans le même temps
fois par jour au Nacl. La tarsorraphie est retirée dès que l’œdème est résorbé.
opératoire : ne pas repousser l’excision-greffe sauf si le malade est instable ou n’a pas
Une tarsorraphie est réalisée sous anesthésie locale ou générale. La technique consiste donné son consentement.
en un point de suture en « U » qui passe à travers les cartilages tarses 2, pour solidariser Rappel : penser à obtenir un consentement éclairé avant le 3e passage au bloc
les paupières supérieures et inférieures.
Si la SCB identifiée à greffer dépasse 10 %, l’excision-greffe sera réalisée en plusieurs
• Trachéotomie temps opératoires, selon l’état général et l’étendue de la brûlure à greffer. Les zones
ambiguës (profondeur indéterminée) avec un réel potentiel de cicatrisation spontanée
Une trachéotomie est indiquée en cas d’obstruction aérienne sévère ou qui s’aggrave dans les 10 jours à venir seront décapées et pansées de manière classique.
rapidement (le plus souvent dans les 6 premières heures) après une brûlure cervico-faciale
profonde. Une asphyxie peut également survenir en cas d’œdème interne au niveau du • Pour toutes les brûlures encore non épidermisées à J15, il faut également les exciser et
larynx et/ou de la glotte après atteinte thermique (vapeur surchauffée, liquide chaud) ou les greffer.
chimique directe.
Au cas où une greffe immédiate ne peut se faire (manque de sites de prélèvement
12
L’incision chirurgicale est possible en zone brulée. disponibles, refus initial du patient, réserves de sang insuffisantes…), il est toujours
préférable de réaliser l’excision précocement avant de pratiquer une greffe différée (dans
L’inhalation de fumée ne constitue pas en soi une indication de trachéotomie sur les
quelques jours) ou tardive (après granulation). En attendant, les zones excisées seront
terrains à ressources limitées, car les équipes ne disposent pas d’assistance ventilatoire
recouvertes par des pansements classiques.
avancée (ventilation mécanique, fibroscopie bronchique…).
Note : Laisser l’escarre se liquéfier et tomber spontanément est une option sans intérêt
car elle aggrave la morbi-mortalité. C’est une brûlure profonde, à traiter précocement.
Constats évidents :
•
La zone de prélèvement est une zone à vif qui contribue aux pertes hydriques et
sanguines déjà engendrées par les zones brûlés.
2 Les cartilages tarses sont des plaques de tissu fibreux dense localisés entre la couche musculaire et la face
interne conjonctivale des paupières. Ces cartilages donnent aux paupières leur rigidité et leur fermeté. • Plus la brûlure est étendue moins il y a de zones de prélèvement possible
334 335
Chapitre 12 - Chirurgie Chirurgie - Chapitre 12
• Il n’est pas toujours possible d’exciser et greffer toutes les zones profondément brûlées Image c : excision tangentielle
en même temps : il faut déterminer les zones à greffer en priorité (zones fonctionnelles et
esthétiques, articulations, membres supérieurs et visage).
EXCISION
L’excision superficielle, trop souvent réalisée, est insuffisante : elle doit concerner la
totalité des tissus nécrosés jusqu’à la zone saine.
Il existe 2 principales techniques d’excision dont le choix est conditionné par la profondeur
et la localisation des brûlures ainsi que par l’expérience de l’opérateur. Une excision
tangentielle est le plus souvent indiquée. La technique d’excision complète est réservée • Excision complète : excision chirurgicale classique visant à extirper la totalité des tissus
aux brûlures très profondes allant au-delà du fascia, ou plus rarement, aux brûlures des nécrosés en un seul bloc, jusqu’à la graisse, le fascia, les tendons et/ou le muscle.
zones peu abordables par l’excision tangentielle. Elle est pratiquée principalement devant les brûlures très profondes (électriques à haut
voltage, chimiques, parfois thermiques).
Type d’excision :
Technique :
•
Excision tangentielle : exérèse progressive des « tranches » minces de tissus morts
• Marquer les zones à exciser
réalisée en passant de manière répétée une lame dirigée tangentiellement à la plaie (le
geste ressemble un peu au maniement d’une tondeuse pour cheveux). L’excision est • Inciser toutes les marges de la lésion à travers l’escarre
suffisante quand tous les tissus nécrosés sont enlevés, ce qui implique que les tissus • Réaliser l’excision avec le bistouri à lame froide ou le bistouri électrique en mode section
restant ont été identifiés comme sains et viables (saignement capillaire libre, absence de (puissance réglée forte 3) tout en exerçant une contre traction à la pince de Kocher
thrombose des vaisseaux sanguins, graisse jaunâtre et humide…). L’excision tangentielle
L’association « électrochirurgie + traction » est la technique la plus performante au
peut s’étendre du derme superficiel jusqu’à la graisse sous-cutanée saine.
niveau de l’hémostase et de la qualité de sous-sol obtenu.
Technique : • Vérifier l’adéquation de l’excision (profondeur et largeur), poursuivre l’excision si
• Marquer les zones à exciser sur la peau aide à la planification. nécessaire
• Réaliser les excisions successives avec un dermatome électrique ou un dermatome • Assurer l’hémostase au bistouri électrique, puis avec un packing dans la plaie aux
manuel de type Lagrot (réglé sur 0,9 à 1) compresses imbibées de sérum adrénaliné
• Exercer une traction douce des zones excisées à la pince de Kocher (la traction excessive • Une excision tangentielle peut être nécessaire aux marges de l’excision complète
augmentera la profondeur) • Greffer immédiatement si le sous-sol obtenu par l’excision est entièrement sain et viable
• Vérifier l’adéquation de l’excision (profondeur et largeur), poursuivre l’excision si et la disponibilité des sites donneurs suffisante. Si greffe impossible on peut utiliser un
nécessaire pansement enduit d’argent nanocristallin type Acticoat® ou Aquacel Ag) dans l’attente
d’une greffe différée
• Assurer l’hémostase par l’application sérum adrénaliné : compresses imbibées (10 mg
d’Adrénaline dilué dans 500 ml de NaCl 0,9 %) ± bande compressive (pendant au moins • La fermeture définitive des excisions très profondes pose parfois problème. Les options
15 min si saignement important) et par bistouri électrique si nécessaire comprennent une greffe différée, une fermeture secondaire simple (si taille et localisation
appropriées), exceptionnellement un lambeau cutané locorégional.
• Pratiquer la greffe immédiatement sur les zones excisées, une fois l’hémostase
acceptable. Avantages : 12
Avantages : • Pertes sanguines limitées et hémostase mieux assurée
• Rapidité du geste • Certitude du plan anatomique sain
• Préservation des tissus profonds viables (derme profond, graisse sous-cutanée) • Sous-sol bien défini
• Adaptée aux zones difficilement abordables
Inconvénients :
• Peut engendrer des pertes sanguines importantes en raison de la haute densité capillaire Inconvénients :
en superficie et de la nature hyperhémique des brûlures • Degré de destruction tissulaire potentiellement mutilant
• Viabilité des tissus parfois difficile à juger • Autogreffe immédiate pas toujours faisable
• Moins facile dans les zones difficilement abordables (petite, exiguë, irrégulière,
vallonnée…) 3 L’escarre présente une résistance importante au courant, nécessitant un réglage de la puissance vers le haut
336 337
Chapitre 12 - Chirurgie Chirurgie - Chapitre 12
-Z
ones non détergées avec reliquat d’escarre ± infection locale Plus les mailles sont larges, plus on augmente la surface excisée couverte.
-Z
ones épidermisées en périphérie MAIS
• Stratégie chirurgicale : Plus les mailles sont larges, plus le greffon sera fragile (moins de chance de survie) et plus
l’aspect définitif sera inesthétique.
-
Mise à plat (décapage, excision, ébourgeonnage) de la totalité des lésions non
épidermisées Le facteur de maillage utilisé le plus souvent permettra de couvrir 3 à 4 fois la surface
du greffon d’origine. Une épidermisation centripète se produit secondairement dans les
-G
reffer immédiatement si le malade n’est pas septique, gravement dénutri ou dans un
espaces entre les mailles. La greffe en filet est efficace, mais l’aspect esthétique final
état général précaire pour d’autres raisons.
est moins bon (effet patch, résille, dyschromie) et reste toujours reconnaissable. Ils sont
-S
i greffe impossible pour des raisons médicales, renouveler les pansements à quelques utilisés sur les grandes superficies et les zones peu fonctionnelles.
jours d’intervalle pendant que les facteurs limitants la greffe sont explorés, stabilisés
et traités. Zone donneuse
• Habituellement les membres (surtout cuisses) et d’autres zones discrètes (cuir chevelu,
Pratiquer une greffe différée dès que l’état général du malade la permet.
fesses…). D’autres sites (thorax, abdomen) peuvent être exploités en cas de brûlures très
• En cas d’infection locale : graves où la surface de peau saine est souvent réduite. Eviter les zones de décubitus si
- Si infection purement locale : pas de contre-indication à la mise à plat des lésions, au possible (ex. le dos est utilisé en dernier recours)
contraire, il faut soigneusement exciser tous les tissus infectés et/ou nécrosés. Elle ne •
Très douloureuse en post opératoire (les terminaisons nerveuses du derme sont
présente pas non plus une contre-indication à la greffe immédiate. exposées à vif)
- Si infection locale et systémique : mise à plat nécessaire des zones infectées dès que • Epidermisée entre J10 et J20
le malade est suffisamment stable pour tolérer l’anesthésie et l’intervention (rappel : le • Une fois cicatrisée, la zone donneuse pourra être réutilisée à partir de la troisième
contrôle de la source infectieuse est un élément-clé de la gestion du sepsis). La greffe semaine pour un nouveau prélèvement (soumis à évaluation en fonction de la qualité de
sera différée jusqu’à ce que le malade soit stabilisé. la ré-épidermisation).
D - Couverture de la zone excisée En cas d’échec de cicatrisation de la zone donneuse après 21 jours (jour du premier
pst) il faut également greffer cette zone (ce cas est révélateur d’une erreur technique du
Le nombre de moyens de recouvrement est limité en situation précaire. Comme partout,
prélèvement)
l’autogreffe mince est la technique de référence tant qu’il reste suffisamment de peau
saine à prélever. Technique de prélèvement :
• Couverture définitive = autogreffe mince • Raser la zone au besoin (cuir chevelu, peau poilue)
C’est le recouvrement de la zone préalablement excisée, par un prélèvement de peau • Infiltrer largement au NaCl 0,9 % avec +- anesthésie locale (cf. chapitre anesthésie) si
mince du même patient. Le prélèvement est réalisé sur une surface de peau saine à l’aide possible, indispensable dans les zones convexes (cuir chevelu, tronc)
d’un dermatome. On ne prélève que l’épiderme et la partie superficielle du derme pour • Huiler / appliquer un corps gras sur la zone donneuse ainsi que la lame/le sabot du 12
que la zone donneuse puisse se ré-épidermiser spontanément. dermatome
Le chirurgien dispose de 2 types de greffe mince : • Régler l’épaisseur du prélèvement du dermatome en tenant compte de l’âge, de l’endroit
prélevé, de la qualité de la peau (ex : la peau est très mince chez le jeune enfant, s’épaissit
Greffe de peau pleine 4 avec l’âge puis s’amincit à nouveau en période de vieillesse).
Le greffon dans sa forme originelle est appliqué directement sur l’endroit à couvrir. Il • Privilégier le dermatome manuel pour les petites surfaces et le dermatome électrique
n’est pas extensible, mais donne le meilleur résultat esthétique (couleur et texture). pour les grandes surfaces.
On privilège la peau pleine dans les zones fonctionnelles et esthétiques (visage, cou, Si dermatome manuel : le réglage est plus difficile et le verrouillage doit être soigneusement
seins, mains, plis de flexion) contrôlé. (Réglage 0.2 mm, attention ++ à la profondeur de la première coupure)
(cf. chapitre Anesthésie: Gestion du risque hémorragique)
4 Peau pleine : Greffe dermo épidermique non amplifiée en filet Si dermatome électrique : réglage précis, épaisseur de coupe réglée de 2 à 3/10e de mm
Peau totale : Greffe d’épiderme, derme et hypoderme. Utilisée en chirurgie de reconstruction. (soit 0,2 à 0,3 mm)
338 339
Chapitre 12 - Chirurgie Chirurgie - Chapitre 12
• Tendre la peau (aide opératoire) autant que possible - Fixer le greffon en quelques points périphériques et au centre dans les parties concaves
pour assurer une bonne adhésion du greffon, idéalement par agrafage mécanique
• Réaliser le prélèvement :
(rapide) en cas de grandes surfaces. Des fils résorbables peuvent remplacer les
- Commencer par la partie du membre la plus en hauteur pour ne pas être gêné par le agrafes (points de suture séparés) bien que cette technique soit plus fastidieuse et
suintement sanguin qui coule vers le bas dans le champ opératoire moins rapide. Eviter les agrafes pour les sites tels que les paupières, les lèvres et les
-M
anipuler le dermatome électrique ou manuel à un angle de 45° par rapport au plan oreilles, ainsi que chez les enfants. Penser à planifier l’ablation des agrafes.
cutané, par petits mouvements au départ, puis mouvements réguliers en horizontalisant L’adhérence et la réussite de la greffe ne sont pas corrélées au nombre d’agrafes
un peu, puis « décollage » pour sectionner le greffon (en imitant « un avion qui atterrit (fils). Mettre trop d’agrafes (fils) est non seulement inutile, mais allonge le geste, ajoute
puis redécolle après avoir roulé au sol »). plus de matériel étranger et augmente la douleur (surtout à l’ablation).
- Vérifier d’emblée le plan cutané atteint : la prise d’un bon greffon (mince et homogène) La greffe « colle » sous l’effet de la fibrine en une vingtaine de minutes. Ce qui
est signalée par un piqueté hémorragique fin et diffus, et un greffon plutôt translucide. prime après, c’est de se servir du pansement et des techniques d’immobilisation
La présence des lobules graisseux témoigne d’une prise trop profonde. locorégionale post-greffe pour minimiser les mouvements de cisaillement et réduire
- Tenir le greffon sortant du dessus du dermatome (aide opératoire) avec une pince sans l’espace mort entre le site receveur et le greffon
appliquer la moindre traction
• Une fois la greffe posée : faire un pansement gras recouvert par des compresses sèches
• Garder le greffon en attente dans une cupule contenant du NaCl 0,9 % qui absorbent les exsudats et puis bande de crêpe et/ou filet tubulaire.
Il existe des pansements particuliers en fonction de la zone greffée dont :
•
Assurer l’hémostase (aide opératoire) de la zone donneuse par l’application des
- Pansement type Bourdonnet pour les petites greffes dans les sites convexes ou exigus
compresses imbibées de sérum adrénaliné 5 + une bande compressive Ce « Pansement
(visage, tête, plis…)
hémostatique » temporaire doit être maintenu en place pendant au moins 15 minutes
- Pansement avec compresses rembourrées (fixés à la plaie) ou utilisation d’une couche
•
Une fois l’hémostase acceptable, faire un pansement à base d’alginate de type étirée de Surgifix® par-dessus pour les grandes greffes du torse
Algostéril® (à défaut tulle gras) couvert par des compresses sèches et une bande de
crêpe légèrement compressive • Renouveler le Pansement à J5 post opératoire (au bloc) : la date et le lieu du prochain
pansement dépendront de l’aspect de la greffe.
• Pas de réfection (sauf signe d’infection) : ce pansement se décollera tout seul vers J10-
Si elle est adhérente avec une couleur proche de la peau normale, la cicatrisation est
15 après la cicatrisation spontanée
en bonne voie 6. Au contraire, si la greffe est décollée, de couleur blanchâtre ou grisâtre,
Pose de greffe : croûteuse, en train de se lyser ou produit un exsudat purulent, le pronostic est réservé.
• Soit on utilise la greffe telle quelle (peau pleine) : réaliser quelques perforations à lame Ces signes témoignent souvent d’un début de nécrose, d’infection, de perte de greffe…
froide avant la pose pour laisser évacuer les sérosités. Si la greffe est décollée par un sérome (exsudat séreux) : la greffe peut encore prendre si
Soit on fait une extension en filet par amplificateur de greffe la sérosité est évacuée, car cet exsudat a pu nourrir le greffon par imbibition.
Si elle est décollée par un hématome postopératoire : la greffe est probablement morte.
Technique d’expansion du greffon :
• Placer le greffon bien étalé sur la plaque « porte-peau » de silicone, le coté épiderme • Prévoir éventuellement une attelle de positionnement pour limiter les frictions sur le
étant en contact avec la plaque greffon qui réduiraient les conditions favorables à la prise de greffe.
• Régler la taille de la maille entre 1/3 et 1/4 (= facteur d’expansion de 3 à 4) • En cas d’échec partiel de cicatrisation de la greffe : compléter la greffe par petits filets
• Passer la plaque chargée du greffon dans l’amplificateur et récupérer le greffon étendu d’autogreffe mince et/ou appliquer une cicatrisation dirigée pour sauver les inclusions
épidermiques encore présentes.
12
à la sortie de la machine : garder ce greffon trempé dans le NaCl 0,9 % (si plusieurs
greffons à mailler) ou sur la plaque (si pose immédiate) hydraté avec du NaCl O, 9 %
Complications et séquelles
• Une fois la greffe prête :
• Echec (lyse, défaut d’immobilisation, cisaillement, sérome/hématome, infection…)
- Poser le greffon sur le site receveur en respectant impérativement le sens d’application
• Aspect inesthétique
anatomique, coté épiderme vers l’extérieur.
• Alopécie en zone donneuse, pilosité en zone receveuse
- Eviter de traumatiser, tracter ou tordre le greffon
• Rétraction
• Peu ou pas de sensibilité
6 La cicatrisation complète se fait en moyenne 10 jours après une greffe de peau pleine ou en filet peu étendu.
5 Adrénaline : 10 mg dilués dans 500 ml de NaCl 0,9%. Elle peut prendre jusqu’à quelques semaines pour les greffes en filet très étendu.
340 341
Chapitre 12 - Chirurgie
• Couverture temporaire :
- Allogreffe : greffe par prélèvement cutané d’un donneur humain différent du patient.
Dans les 2 à 3 semaines avant son rejet immunitaire, cette greffe va couvrir, protéger et
accélérer la guérison de la zone excisée.
Indications :
Chapitre 13 : P
hysiothérapie
• Recouvrement temporaire des zones excisées en attendant que les autogreffes
soient faisables
Physiopathologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 345
• Protection d’une autogreffe en filet à mailles très larges : une allogreffe à mailles
serrées est superposée sur l’autogreffe = « greffe en sandwich » Phase aigue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352
Dermes artificiels 7 type Integra® (réservé à certains projets très spécifiques) : matrice Phase secondaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367
dermique d’origine biologique qui remplace le derme brûlé et comble les pertes de
Chronologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 382
substances profondes en attendant la superposition d’une autogreffe mince).
Fiche mémo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383
Indications :
• Autogreffe non disponible Positionnement et attelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 384
• Autogreffe techniquement impossible ou présentant un risque important d’échec (ex.
les zones comportant des structures neuro-vasculaires, des tendons ou des os à nu
sont impropres à la réalisation d’une greffe dermo-épidermique)
• Des brûlures profondes du visage ou des mains
3. CHIRURGIE RECONSTRUCTRICE
Pendant un an, une surveillance régulière s’impose sous l’angle de la physiothérapie, pour
la qualité de peau et la mobilité fonctionnelle.
En cas de mauvaise prise en charge ou d’évolution défavorable, brides et palmures
peuvent s’organiser, et sont des indications de chirurgie reconstructrice.
Sauf cas exceptionnel, la chirurgie de reconstruction n’est pratiquée qu’après la maturation
cicatricielle des plaies (à partir de 12 à 15 mois post-brûlure).
La seule chirurgie de reconstruction d’urgence est l’ectropion, qui implique une
reconstruction des paupières inférieures et/ou supérieures, dans un délai de deux mois
suivant la brûlure.
La chirurgie de reconstruction post brûlure fait appel à des greffes de peau totale, des
plasties locales, des lambeaux.
13
342 343
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
La brûlure peut avoir sur le patient des conséquences fonctionnelles (limitations des 1. PHYSIOPATHOLOGIE
mouvements, brides, gêne à réaliser des activités de la vie quotidienne) et esthétiques
(hypertrophies, chéloïdes…) à long terme. La physiothérapie permet d’éviter ou de limiter
A - Tension de la peau
ces complications. C’est une prise en charge contraignante qui peut durer plus de deux La peau est organisée en lignes de tension, appelées lignes de Langer, qui sont définies
ans. en fonction de l’orientation du collagène dans le derme. Elles sont prises en compte lors
des incisions chirurgicales et du travail du physiothérapeute.
La mise en place de certaines techniques comme le positionnement et les exercices
de mobilisation cutanée est simple et permet de diminuer de manière conséquente les Lignes de Langer
complications cicatricielles.
L’ensemble des techniques est régulé par la gestion de la douleur du patient. Il est essentiel
pour le physiothérapeute de travailler avec les équipes soignantes (infirmiers, médecins
et chirurgiens) et la famille pour adapter au mieux la prise en charge et s’accorder sur les
grandes étapes de la rééducation (reprise de la marche, reprise des activités de la vie
quotidienne).
La compréhension des techniques de physiothérapie par l’ensemble du personnel de
soins, ainsi que l’application des différents protocoles, permettent la continuité des soins
et une meilleure prise en charge. Chacun est acteur de la rééducation du patient afin de
l’accompagner et de l’encourager dans son processus de guérison.
344 345
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
Jeune patiente présentant une brûlure par flamme datant de 2 mois. Elle a été traitée par des
greffes de peau sur les deux avant-bras et les faces dorsales des mains. La patiente n’a ensuite pas
pu suivre son traitement en physiothérapie. On observe la limitation fonctionnelle, générée par le
manque d’extensibilité de la peau, l’empêchant de fermer sa main.
3. Définitions et concepts
BRIDE : cicatrice rétractile en regard d’une articulation empêchant la réalisation complète
du mouvement.
CAPACITE CUTANEE MAXIMALE (CCM) : extensibilité maximale de la peau lors de
l’amplitude complète d’un mouvement
CHELOÏDE : Formation fibreuse de la peau, prenant généralement la forme d'un bourrelet
induré et ramifié en pinces de crabe », pouvant provoquer parfois des démangeaisons ou
des élancements douloureux, et ayant tendance à récidiver après ablation chirurgicale
ELASTICITE : capacité de la peau à revenir en position après étirement
EXTENSIBILITE : capacité de la peau à s’étirer
Mesure initiale en position de Mesure finale à 180°
départ à 40° d’abduction latérale. d’abduction latérale. HYPERTROPHIE : complication réversible caractérisée par l’augmentation du volume
cicatriciel
La perte d’extensibilité et de mobilité de la peau entraine une limitation des mouvements RETRACTION : raccourcissement de la cicatrice qui peut limiter l’amplitude des
et donc de la fonction (ex : une brûlure du membre supérieur ou du thorax peut empêcher mouvements
l’élévation du bras). ZONE FONCTIONNELLE A RISQUE (ZFAR) : zone du corps qui, si elle est affectée par
La peau forme un ensemble qui s’organise en chaines : une brûlure, risque de générer des limitations d’amplitudes
• La chaine antérieure est étirée lors de l’extension du cou, du rachis, des hanches, lors
de l’élévation des bras et de la flexion des genoux et la flexion plantaire des chevilles.
• La chaine postérieure est étirée lors de la flexion du cou, du rachis et des hanches, lors
de l’extension des genoux et la flexion dorsale des chevilles.
• Les deux chaines latérales qui sont étirées en abduction du bras, inclinaison du rachis,
adduction homolatérale (du même côté) et abduction controlatérale (du côté opposé) 13
des hanches.
En fonction de la localisation de la brûlure, ces chaines nous donnent une indication sur la
façon dont les exercices doivent « étirer » la peau lésée.
346 347
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
On note quelques hypertrophies au niveau de l’avant-bras, sur le maillage de la greffe de peau (1). B - Cicatrisation pathologique
Cette brûlure touche deux ZFAR : le creux axillaire et le coude. On observe la rétraction de la peau
brulée formant une bride axillaire (2) et une bride au niveau du coude (3). Les brûlures superficielles cicatrisent spontanément (15 à 21 jours) et ne laissent pas
La peau du patient est ici en capacité cutanée maximale (CCM).On observe les conséquences de la de séquelles. C’est la cicatrisation physiologique qui passe par les étapes d’hémostase,
perte d’élasticité de la peau sur le mouvement d’élévation et d’extension totale du bras. d’inflammation locale, de prolifération et d’épidermisation.
4. Concept HARA (Hypertrophie, Adhérence, Rétraction, Attraction) Les brûlures profondes subissent une cicatrisation pathologique. Toutes les phases
Le concept HARA permet de comprendre les complications cicatricielles et leurs sont prolongées et suivies d’une phase de remodelage. L’ensemble du processus de
traitements. cicatrisation peut durer jusqu’à 2 ans.
1. Modification de la cicatrisation des brûlures profondes
L’inflammation prolongée et la perméabilité augmentée des vaisseaux conduisent à la fuite
massive du plasma dans l’espace interstitiel, entrainant des œdèmes liquidiens massifs
en phase aigüe. Dans un deuxième temps, la destruction des canaux lymphatiques
superficiels entraine l’apparition d’œdèmes lymphatiques.
La présence prolongée des cytokines inflammatoires et la production massive de facteurs
de croissances augmentent l’activité des fibroblastes 1 et des myofibroblastes 2
• La synthèse de collagène massive et désorganisée donne un tissu de granulation, non
contrôlé, qui est à l’origine des hypertrophies cicatricielles.
Dans une brûlure profonde, la totalité du derme peut être touchée :
• Les fibroblastes dermiques ont disparu. Ceux du tissu adipeux sont sollicités. Ils
synthétisent davantage de collagène (protéine responsable de la cohésion des tissus) et
se différencient plus facilement en myofibroblastes.
• La membrane basale est détruite y compris au niveau des follicules pileux, des
glandes sudoripares et sébacées. La ré-épidermisation, limitée aux berges de la plaie,
COMPLICATION TRAITEMENT
devient impossible sur des lésions étendues sans chirurgie (greffe de peau). Lorsque
HYPERTROPHIE PRESSION l’épiderme est reformé, il envoie des informations au derme pour inhiber l’activité des
C’est l’épaississement excessif du tissu L’hypertrophie sera traitée par la thérapie myofibroblastes, d’où l’intérêt de la greffe précoce.
cicatriciel induit par la surproduction de compressive.
collagène et l’hyper-vascularisation. L’hypothèse dominante est que la pression
• Tant qu’un épiderme n’est pas reformé, l’activité des myofibroblastes se poursuit. Elle
diminuerait le flux sanguin entrainant une alimente le cycle de formation de collagène et du tissu de granulation. Cette période
hypoxie tissulaire et donc la dégénérescence inflammatoire peut durer 6 mois.
des fibroblastes.
Ensuite, la période de maturation cicatricielle peut durer jusqu’à 2 ans. Le derme est alors
ADHERENCE MASSAGE - MOBILISATION désorganisé, l’eau s’évapore plus facilement et la peau est déshydratée. Ce phénomène
Le derme cicatriciel est collé, ancré dans les Les techniques de massage cherchent relance et entretient la synthèse de collagène et les risques d’hypertrophies.
plans sous-jacents (os, muscles…), limitant la à retrouver la mobilité de la peau par rapport
mobilité de la peau. aux structures sous-jacentes. Une brûlure avec des zones intermédiaires où la membrane basale est partiellement
préservée (quelques invaginations au niveau des glandes et follicules persistent) peut
RETRACTION ETIREMENTS - POSTURES cicatriser spontanément (sans greffe) mais lentement, avec de grands risques de
La contraction des myofibroblastes devient L’attraction et la rétraction sont prévenues complications infectieuses et cicatricielles.
pathologique. La cicatrice se rétracte, la et traitées par étirements et postures des
rendant inextensible. On parle de bride lorsque parties du corps impliquées dans la brûlure. Il 13
celle-ci est en regard d’une articulation et gène faut lutter contre le raccourcissement cutané
ses mouvements. afin de préserver les amplitudes articulaires et
leurs fonctionnalités.
1 Les fibroblastes sont des cellules du derme qui synthétisent notamment le collagène. Elles participent au
ATTRACTION renouvellement des éléments de la matrice extracellulaire (collagène, élastine …).
la déformation de la peau saine attirée
2 Les myofibroblastes sont des fibroblastes qui expriment de l’actine α. Ils sont capables de se contracter
par la rétraction de la cicatrice. pour refermer la plaie en organisant le collagène en strie. Les myofibroblastes ne sont pas présents dans
(ex : de l’attraction des paupières empêchant le derme en dehors du processus de cicatrisation. Si celle-ci est physiologique, les myofibroblastes dispa-
leur fermeture sur une brûlure du visage) raissent. Si la cicatrisation est pathologique, ils restent en place et synthétisent trop de collagène sans le
réorganiser. Ce phénomène est à l’origine des hypertrophies et des rétractions.
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Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
2. Hypertrophie et rétraction
Selon la localisation de la brûlure, les complications cicatricielles seront préférentiellement Les myofibroblastes sont sensibles à la tension. En présence de mouvements
hypertrophiques ou rétractiles. L’hypertrophie est retrouvée sur des zones peu ou pas répétés, ils se contractent entrainant la rétraction cicatricielle donnant naissance à
mobiles, et est modérée et réversible en grande partie avec un traitement adapté. la bride. Ce phénomène peut entrainer des réductions de mobilité pouvant devenir
irréversibles si elles ne sont pas traitées. Cela explique l’intérêt en physiothérapie :
ne pas réaliser de mouvements répétés qui favorisent ce phénomène.
La coalescence est la fusion cutanée de deux plans de peau. Elle apparaît lorsque les
deux zones de peau non épidermisées sont maintenues en contact prolongé. Prévenir les
coalescences est le principe de base de la prévention de séquelles (comme les fusions
mento-sternale, thoraco brachiale…).
La palmure est un cas particulier de coalescence retrouvée notamment au niveau des
espaces interdigitaux.
La rétraction est retrouvée sur des zones mobiles du corps en regard des articulations, du
périnée et sur les zones mobiles du visage (bouche, œil, joue). Elle peut gêner les activités
de la vie quotidienne. Ces zones sont décrites comme des « Zones Fonctionnelles A
Risque » (ZFAR). La rétraction est également évitable et réversible avec un traitement
adapté.
Brûlure de la main chez une enfant de 6 ans, 3 mois après l’accident. L’enfant n’ayant
pu suivre son programme de physiothérapie présente des coalescences interdigitales
(palmures) l’empêchant de mobiliser correctement sa main.
3. Cicatrice chéloïde
La cicatrice chéloïde est une tumeur bénigne qui dépasse des berges de la cicatrice
et donne un aspect en chou-fleur. La physiothérapie permet au mieux de limiter sa
progression. La cicatrice chéloïde est irréversible après la phase de remodelage qui peut
durer plusieurs années.
Directions des rétractions de la main
13
Cicatrices chéloïdes de la main chez une patiente brulée par liquide chaud, 6 mois
Bride axillaire
après l’accident.
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Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
2. PHASE AIGUE
La phase aiguë correspond à la période entre l’accident et la ré-épidermisation de la peau.
La brûlure est sous un pansement. Cette phase n’est pas obligatoirement synonyme
d’hospitalisation.
Pendant la phase aiguë, le thérapeute a pour objectifs de :
• Diminuer les œdèmes : encourager précocement la déambulation et la réalisation des
activités de la vie quotidienne
• Assurer l’expectoration et améliorer la ventilation du patient en cas d’atteinte respiratoire
• Assurer le bon positionnement du patient : conserver la mobilité des zones touchées et
prévenir les limitations fonctionnelles. 1re évaluation cutanée-topographique (à gauche) et évaluation post-greffe (à droite)
d’un patient brulé au membre supérieur
A - Bilans
Le bilan de la brûlure en physiothérapie à la phase aiguë concerne 6 domaines :
Œdèmes
• cutané-topographique
L’évaluation identifie et quantifie les œdèmes constitués après la brûlure.
• trophique
L’œdème la conséquence de la fuite plasmatique due à l’augmentation de la perméabilité
• douleur des vaisseaux dans les jours suivant la brûlure. Le signe du godet est négatif. On le
différencie de l’œdème en phase secondaire dû à l’altération du réseau lymphatique, qui
• malpositions
montre un signe du godet positif.
• mobilité
Les œdèmes sont souvent recouverts par les pansements, empêchant leur évaluation.
• activités de la vie quotidienne et qualité de vie.
S’il persiste des zones découvertes concernées par l’œdème, des mesures centimétriques
Un bilan complémentaire spécifique est réalisé dans le cas de traumatismes associés. peuvent être réalisées (prise de mesure du périmètre des membres), afin de suivre
quotidiennement son évolution.
Si l’évaluation est impossible, il faut le préciser sur le bilan.
1. Bilan cutané-topographique
Profondeur 2. Douleur / prurit (cf. Chapitre Gestion de la douleur)
L’évaluation cutanée du patient rend compte de la profondeur et de la localisation des En physiothérapie, l’intensité de la douleur est évaluée pour
brûlures sur un schéma du corps. Elle doit être précise et indiquer la surface totale brulée.
• La douleur procédurale (lors d’un soin, pansement, traitement physio)
Le schéma est mis à jour régulièrement pour indiquer les greffes réalisées, leurs types et
leurs localisations. • La douleur continue au repos
Ces informations permettent d’apprécier le devenir fonctionnel du patient et de définir les • Le prurit (démangeaison cutanée) lié à l’inflammation et à la cicatrisation nerveuse.
positionnements à mettre en place pour éviter de futures rétractions. À noter : Le patient avec des brûlures profondes n’éprouve pas de douleur les premiers
jours car les terminaisons nerveuses cutanées ont été brûlées. La douleur survient après le 13
débridement des tissus nécrotiques. Les brûlures de 2ème degré superficiel sont les plus
douloureuses les premiers jours. L’anxiété liée à la peur et l’appréhension de la douleur
doivent aussi être évaluées. (cf. Chapitre Approche psychosociale)
3. Malpositions
Pour des raisons antalgiques et de confort, le patient peut adopter des attitudes vicieuses
au niveau des zones brulées. Les malpositions vont dans le sens du raccourcissement
cutané. A terme, elles engendrent des rétractions et des déformations.
352 353
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
MALPOSITION : Position dans laquelle le patient risque des complications cutanées Les malpositions doivent être étudiées dans les 3 plans de l’espace et des bilans
et/ou articulaires (enraidissement de l’articulation dans une position non fonctionnelle photographiques peuvent être mis en place. :
comme la triple flexion du membre inférieur : hanche, genou et cheville). • Horizontal : mouvements de rotation
POSITION ANTALGIQUE : Position de moindre douleur pour le patient. Position souvent • Frontal : mouvements d’abduction / adduction et d’inclinaisons
similaire à une malposition. • Sagittal : mouvements de flexion / extension
POSITION DE FONCTION : Position permettant le moins de gêne fonctionnelle possible.
4. Mobilité
(Cheville à 90°, poignet à 20° d’extension).
En phase aiguë, deux types de mobilités cutanées sont évaluées :
POSITION LIMITANT LES COMPLICATIONS CAPSULO-LIGAMENTAIRES : les
• La mobilité fonctionnelle étudie la capacité du patient à réaliser des gestes de la vie
ligaments sont en position allongée.
courante
Ex : genou en extension, position intrinsèque + de la main (métacarpo-phalangiennes en • La mobilité analytique étudie la capacité du patient à réaliser des mouvements
flexion, inter phalangiennes en extension) déterminés dans un seul plan de l’espace (exemple : flexion de coude, abduction de
hanche, extension de genou…)
POSITION D’ETIREMENT CUTANEE : Position évitant les rétractions de la peau inverse
à la brûlure. Ex : une brûlure antérieure du cou est positionnée en extension). Un bilan simple et hebdomadaire permet de détecter d’éventuelles limitations d’amplitudes.
Il est réalisé à l’admission du patient puis tout au long de sa prise en charge).
Patiente présentant plusieurs malpositions : a)La mobilité fonctionnelle : elle prend en compte les gestes de la vie courante comme
marcher, monter les escaliers, se coiffer, se brosser les dents ou attraper un objet en
• Position en coup de vent des membres
hauteur.
inférieurs :
Certains scores évaluent cette mobilité fonctionnelle. Ils rendent compte de l’évolution
- Rotation médiale hanche gauche
et des points à travailler chez un patient donné.
- Rotation latérale hanche droite
SCORES FONCTIONNELS utilisés dans le bilan en physiothérapie du patient brûlé à
• Flexion des genoux
retrouver en annexe :
• Flexion plantaire cheville gauche Membre supérieur : index UEFI (Upper Extremity Functional Index)
• Inclinaison latérale gauche du tronc Main : test fonctionnel de la main Sollerman (Sollerman Hand Function Test)
• Rotation tête à gauche Membre inférieur : le test “Timed Up and Go”, l’échelle LEFS (Lower Extremity Functional
Scale)
• Avant-bras en pronation
• Flexion coude droit b) La mobilité analytique active ou passive : correspond aux mouvements réalisés dans
un seul plan de l’espace. Ils sont étudiés pour chaque ZFAR touchées par la brûlure. La
mobilité analytique se mesure par l’intermédiaire d’une cotation spécifique ou avec un
goniomètre. (cf. Fiches techniques des différentes zones en annexe du chapitre)
En présence d’une malposition, la mesure de sa gravité permet de déterminer un
traitement adapté : • La mobilité analytique active : C’est la capacité du patient à réaliser les mouvements
• Est-elle réductible activement (0 pt) ou passivement (1 pt) ? analytiques seul et activement
• La correction est-elle totale (0 pt) ou partielle (1 pt) ? • La mobilité analytique passive : Les mouvements sont réalisés par une tierce
• La correction est-elle sans douleur (0 pt) ou difficile à réaliser (lente, douloureuse personne. On évalue l’amplitude maximale lorsque le patient est relâché. Cette
1 point) ? évaluation est optimale lors des soins infirmiers ou au bloc opératoire car la peau est
• S’agit-il d’une zone brûlée ? non (0 pt) / oui (1pt) ? à nu, le pansement ne gêne pas le mouvement, le patient ne subit pas de douleur et
n’altère pas le mouvement. Ce bilan est réalisé avec précaution (risque de réouverture
des plaies) et, dans la mesure du possible, accompagné de photographie pour rendre 13
0 pt : Surveillance compte de la mobilité passive.
1 pt : Surveillance + mobilisations actives Note : Les limitations d’amplitudes peuvent être influencées par des lésions
2 pts : Mobilisations actives et passives associées ou antérieures (neurologique ou traumatologique par exemple).
3 pts : Mobilisations et installation posturale
4 pts : Mobilisations + installation + mise en place d’attelle c) Activités de la vie quotidienne et qualité de vie
Le traumatisme, l’hospitalisation et les conséquences de la brûlure affectent la réalisation
Note : une brûlure profonde au niveau d’une ZFAR doit faire l’objet d’une installation des activités de tous les jours et la qualité de vie. Des indicateurs rendent compte de
préventive systématique, c’est-à-dire même s’il n’y a pas encore de limitations. l’évolution de la prise en charge du patient sous un aspect global et fonctionnel. Le score
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Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
FABS (Functional Assessment of Burn Score) est un score fonctionnel sur 35 points Le soignant accompagne le patient dans son autonomisation à la marche par de courtes
qui apporte des informations sur la capacité du patient à réaliser des activités de la vie périodes plusieurs fois par jour. Il peut être aidé d’un cadre de marche si besoin.
quotidienne comme la toilette, l’habillage, la marche etc…
Chez les patients touchés aux membres inférieurs :
Des bandes Biflex® sont posées par-dessus les pansements afin de favoriser grâce à la
d) Troubles associés
compression :
La brûlure peut être accompagnée d’autres lésions qui limitent, voire empêchent, certaines • Un effet hémostatique sur les plaies
mobilisations : • Un effet antalgique
• Amputation (brûlures électrique, infections) • Aident au retour veineux et limitent la chute de la tension par orthostatisme
• Fractures (explosion) • La contention des œdèmes.
• Troubles de l’équilibre À noter : L’utilisation du cadre de marche permet aussi de mettre les mains, si elles sont
• Atteintes neurologiques brûlées, dans une position proche de la position de fonction « intrinsèque plus » (poignet
Ces troubles doivent faire l’objet d’évaluations spécifiques. en extension, métacarpo-phalangienne en flexion, écartement du pouce).
• Le bras peut également être positionné à l’aide d’une potence ; il est en suspension au-
dessus du niveau du corps.
Patiente lors d’un 13
• Les œdèmes du cou et de la tête sont traités par l’élévation de 30° de la tête de lit. La changement de position
position assise est également encouragée. en semi-décubitus
latéral (30°) avec
2. Premier lever et déambulation présence d’un sur-
matelas anti-escarre.
Lors de l’hospitalisation, le patient doit retrouver sa mobilité et son autonomie le plus
rapidement possible.
Le premier lever est réalisé avec les soignants dès que l’état médical le permet pour éviter
une dégradation fonctionnelle.
356 357
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
2. Bilan
On suspecte une lésion d’inhalation chez le patient présentant les signes suivants :
• Des brûlures au visage, à la bouche, au nez et au pharynx
• Un œdème du visage
• Des sécrétions foncées et abondantes
• Une voix rauque.
A l’auscultation, l’encombrement se manifeste par le ronchus, et l’inflammation par des
sibilants. Le patient peut présenter un ronchus (crépitement) et des sibilants (sifflements).
Le patient est encouragé à réaliser ses changements de position et à se mouvoir. • Battement des ailes du nez
Dès que le lever est autorisé, le patient est progressivement amené en position assise, • Balancement thoraco-abdominal
jambes pendantes au bord du lit. Il doit être capable de rester dans cette position 5 à 10
Technique d’Augmentation du Flux Expiratoire (AFE) :
minutes sans chute de tension et sans étourdissement.
Si ce n’est pas le cas, le thérapeute doit l’aider à s’adapter à cette position en répétant
l’exercice plusieurs fois dans la journée. Une fois cette étape maitrisée, un premier lever
peut être envisagé.
La mise en place du premier lever en soins intensifs est réalisée avec les bandes Biflex et
la tension doit être prise à plusieurs reprises afin de surveiller une potentielle hypotension. Le physiothérapeute
accompagne le patient
C - Particularités et traitement de la lésion d’inhalation
en exerçant une
En complément du traitement médical, le patient a besoin de kinésithérapie respiratoire. pression manuelle sur
la cage thoracique et
1. La lésion d’inhalation sur l’abdomen lors de
Les poumons sont endommagés par la chaleur et les produits toxiques de la combustion. l’expiration
Ces lésions entrainent :
• Des expirations lentes et prolongées mobilisent les sécrétions distales dans l’arbre
• Une inflammation de la muqueuse trachéobronchique bronchique (bronchioles et petites bronches)
• L’accumulation de mucus, de fibrines et des débris cellulaires formant des pseudo- • Des expirations plus rapides et bouche ouverte mobilisent les sécrétions plus hautes 13
membranes qui engendrent une obstruction bronchique dans l’arbre bronchique. (Bronches de plus grand calibre, trachée)
• Une diminution de la compliance pulmonaire La technique ELTGOL : Expiration Lente Totale à Glotte Ouverte en infra-Latéral. C’est
• L’inactivation de la production de surfactant qui maintient l’ouverture des alvéoles. Elles une technique d’expiration lente à bouche ouverte, le patient étant en décubitus latéral.
se ferment sur elles-mêmes, provoquant de micro-atélectasies. Cette technique est utilisée pour désencombrer préférentiellement le poumon en appui.
Ces différents phénomènes peuvent amener de graves conséquences respiratoires Toux dirigée
comme l’apparition d’un œdème pulmonaire et/ou laryngé, d’une infection pulmonaire ou Une fois les sécrétions remontées dans l’arbre bronchique, l’expectoration est nécessaire
d’un Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë (SDRA). par la toux. (À faible intensité au départ puis de plus en plus fort).
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Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
Le Spiromètre
Il fait travailler le volume inspiratoire et l’ampliation thoracique (l’amplitude de mouvement
Il est possible d’aider de la cage thoracique). Le travail de l’inspiration aide la mécanique respiratoire et lutte
le déclenchement contre l’atélectasie.
de la toux à l’aide
d’une pression circulaire
au niveau supra- sternal.
C’est un réflexe
au déclenchement Le Spiromètre quantifie
de la toux. le volume inspiratoire (quantité
de volume d’air inspiré) et permet
de contrôler le débit inspiré.
Les ZFAR touchées par la brûlure doivent être placées dans des positions adaptées afin
de :
• Respecter l’alignement articulaire pour éviter des déformations
• Eviter les rétractions
• Distribuer la pression sur l’ensemble du segment de corps et éviter ainsi les points
d’hyper pressions sur des parties osseuses (exemple du talon, de la malléole, coude, 13
sacrum …)
• Protéger la peau et les greffes d’éventuels frottements
• Lutter contre l’œdème via la déclive. (cf. Physiothérapie des œdèmes).
Bubble thérapie ou therapy : Expirer le plus longtemps et doucement possible pour En pratique :
faire des bulles dans l’eau à travers la paille. Cet exercice peut remplacer la première La zone brûlée est placée en position de « non rétraction cutanée ». Il ne s’agit pas
phase du drainage autogène avec 5 à 10 expirations. Il est réalisé plusieurs fois par forcement d’un étirement maximal mais d’une position dans laquelle le patient ne
jour. Changer l’eau toutes les 24h ! développera pas de séquelle cutanée et fonctionnelle.
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Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
Le membre est positionné dans le sens inverse de la localisation de la brûlure. Exemple : 2. Mobilisations
• En abduction du bras pour la zone axillaire • Autonomie : Le patient est encouragé dès le début de sa prise en charge à utiliser
• En extension de genou pour la zone poplitée son membre brûlé dans les activités quotidiennes (les repas, la marche, la toilette etc.).
En plus d’entretenir ses amplitudes fonctionnelles, le patient retrouve son autonomie
• En flexion de coude pour les brûlures de l’olécrane.
rapidement.
Sur une brûlure intéressant • Douleur : Lors des mobilisations, le physiothérapeute est attentif à la douleur du
le creux axillaire : placer une patient. Si elle est négligée, l’inflammation risque d’être relancée favorisant brides et
épaule à 180° risque d’étirer hypertrophies. La répétition d’actes nociceptifs (mobilisations douloureuses) entraine
le plexus brachial et de une hyperalgésie secondaire qui diminue le seuil de tolérance à la douleur du patient. Le
limiter l’adduction de l’épaule patient risque alors de moins coopérer, ce qui peut compromettre gravement son avenir
(mouvement du bras vers fonctionnel.
le corps). • Rétractions cutanées : Des mobilisations lentes, contrôlées et non itératives sont
Un placement plus judicieux primordiales. En effet, sur une zone cutanée brûlée, un mouvement rapide, en force et
serait à 90° d’abduction avec répété entraine une tension mécanique importante des myofibroblastes. Leur contraction
une déclive (20° d’adduction importante favorise et majore la rétraction cicatricielle et donc l’apparition de brides. Ce
horizontale), protégeant risque augmente drastiquement chez le grand brulé supérieur à 40%.
ainsi l’épaule et évitant la • Etat général : Tout travail en force est interdit pendant les 6 premiers mois de la prise
cicatrisation du bras au corps en charge, et est limité pendant toute la phase de remodelage cicatriciel. En effet,
tout en drainant l’œdème. l’hypercatabolisme protidique des premiers mois peut aggraver les rétractions et
Si la zone brûlée est circulaire au niveau d’une articulation, les positionnements sont également l’amaigrissement du patient. Par exemple, des exercices comme les haltères
alternés toutes les 3 à 4h le jour. Par exemple, pour un coude brulé de manière circulaire, pour le membre supérieur ou le vélo pour les membres inférieurs sont à proscrire.
les positions de flexion et d’extension sont alternées.
Mobilisation active :
La nuit, si le protocole ne peut pas être respecté, il faut préférer la position de fonction de
Les premiers jours de la prise en charge, en phase d’œdème, si l’état de conscience
l’articulation car elle offre le moins de séquelles fonctionnelles. Par exemple :
du patient le permet, les mobilisations actives (par le patient lui-même) sont préférées
• En flexion dorsale de cheville (à 90°)
aux mobilisations passives (par le physiothérapeute), lui permettant de contrôler ses
• En position intrinsèque plus de la main (extension de poignet, flexion des métacarpo- mouvements en fonction de sa douleur.
phalangienne, et extension des inters phalangiennes)
Le patient apprend et réalise des exercices de mobilisations actives. Ces exercices sont
• En extension du genou
faits plusieurs fois dans la journée mais avec peu de répétitions et à faible vitesse.
Les mobilisations passives sont débutées après quelques jours quand l’œdème est
résorbé. Ces mobilisations sont lentes.
Installations posturales à alterner dans Le physiothérapeute amène progressivement le segment brûlé en Capacité Cutanée
les brûlures circulaires :
a. Installation en flexion : Maximale puis tient en posture quelques minutes (idéalement 5 à 10 minutes) en fin
1. abduction de l’épaule, 90° d’amplitude. Plusieurs séances de mobilisations sont réalisées par jour.
2. flexion du coude, 90-100°
3. flexion de la hanche, 60° Note : Chez le patient sédaté, les mobilisations passives sont débutées plus tôt mais avec
4. flexion du genou, 90°. prudence.
b. Installation en extension :
5. extension cervicale Les mobilisations sont contre-indiquées dans les situations suivantes : 13
6. adduction de l’épaule
7. extension du coude • Les 5 jours suivant la greffe de peau
8. extension du poignet, 20° - main
en position intrinsèque + et pouce en • Expositions/lésions tendineuses…
opposition
9. extension du genou • Lésions associées empêchant la mobilisation.
10. dorsiflexion de la cheville, 90°
11. abduction de la hanche, 20°.
3. Attelles
L’attelle place un segment de membre dans une situation d’étirement cutané. Elle est
confectionnée en plâtre,
362 363
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
en plastique thermoformable ou d’autres matériaux disponibles. L’attelle peut avoir Conseils sur la réalisation des attelles :
différents objectifs.
Attelles thermoformables :
a) Attelle de positionnement : c’est une immobilisation préventive qui place l’articulation • Placer le plastique dans une cuve d’eau chaude permet de le chauffer uniformément
dans une position de non rétraction cutanée. On utilise ce procédé lorsque l’on juge
• Le pistolet à air chaud peut être utilisé pour des retouches et des petites surfaces mais
que le simple positionnement ne suffira pas.
pas pour une attelle complète
Situations pour lesquelles une attelle de positionnement est posée : • Si le patient n’a plus de pansement, placer un jersey sur le patient pour protéger la
• Chez des patients hyperalgiques peau
• La nuit chez un patient qui n’arrive pas à garder le positionnement • Toujours tester sur soi le plastique chaud avant de l’appliquer sur le patient.
• Patient non coopérant, agité… Attelles en plâtre :
• Chez l’enfant • Environ 8 couches superposées sont nécessaires pour la réalisation d’une attelle plâtrée
• Aux soins intensifs chez le patient sédaté avec des brûlures profondes et étendues. • Un jersey est interposé entre la peau du patient et les couches de plâtre
• Bien lisser le plâtre une fois posé sur le patient pour éviter les rugosités.
Les attelles peuvent être confectionnées à l’aide d’autres matériaux comme de larges
tuyaux en PVC, des attelles de Krammer, du bois, de la mousse…
Enfant avec des attelles de positionnement :
E - Spécificité de l’enfant brûlé
- Thoraco-brachiale pour l’abduction La principale difficulté chez l’enfant est la prise en compte de sa croissance. Lorsque
du bras gauche l’enfant grandit, la cicatrice, elle, ne grandit pas.
- Lombo-pelviennes pour l’abduction
Deux principes sont à retenir pour la rééducation de l’enfant brûlé à cette phase :
des hanches
-D
es genoux en extension 1. L’enfant supporte mieux les attelles que les mobilisations. Il est plus facile d’immobiliser
un enfant en CCM que de le posturer manuellement
-D
es chevilles en dorsiflexion.
2. Les mobilisations sans aspects ludiques sont difficiles à maintenir chez l’enfant. La
mobilisation notamment de la main peut se faire par le jeu et apporte plus de résultats.
[29]
b) Attelle posturante : c’est une immobilisation corrective mise en place dès l’apparition Les jeux sont adaptés en fonction de la brûlure du patient, on privilégiera :
de limitations. La ZFAR est placée en position de CCM. Elles sont modifiées • Des jeux de prises et de fermeture pour les brûlures dorsales
régulièrement en fonction de l’évolution de la limitation.
• Des jeux de ballons pour les brûlures palmaires par exemple.
Ces attelles sont portées de quelques heures jusqu’à 23h par jour selon le besoin.
Il est important de varier les jeux (puzzle, constructions de petites tours en bois, pâte à
modeler, dessin, marionnettes…).
364 365
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
F - Spécifité du patient greffé • Inscription, sur des tableaux, des protocoles qui doivent être suivis par le patient et les
La zone greffée est immobilisée durant 5 jours après l’intervention, par une attelle, pour équipes
éviter les mouvements des ZFAR impliquées. Dans le cas d’une greffe au niveau des • Réunions d’informations et cercle de paroles avec la famille
membres inférieurs, le patient n’a pas le droit à l’appui. • Rencontre avec d’anciens patients brûlés
Cette immobilisation protège le greffon en évitant frottements et mouvements du segment • Feuillets d’explications sur les complications de la brûlure et le traitement en
receveur. physiothérapie.
La kinésithérapie est débutée après la levée de l’immobilisation par une reprise d’appui
progressive et des mobilisations douces, puis dans toute l’amplitude, après l’ablation des 3- PHASE SECONDAIRE
agrafes.
A - Introduction
La zone donneuse de greffe se situe dans des zones pas ou peu mobiles (cuisse, dos, cuir
chevelu) et n’a pas besoin d’être immobilisée. Elle est cependant très douloureuse car le La phase secondaire correspond à la période après épidermisation de la zone brûlée
prélèvement correspond à une brûlure de 2e degré superficiel. jusqu’à la fin de la maturation cicatricielle. Durant cette phase, l’inflammation cutanée se
poursuit et la période de remodelage débute. La cicatrice se modifie et différentes actions
Le patient avec des zones donneuses au niveau des membres inférieurs peut reprendre
thérapeutiques permettent d’en contrôler les complications.
la marche 24 à 48h après l’intervention. C’est un premier lever et l’utilisation de bandes
Biflex est nécessaire. Cette phase ne désigne pas seulement des patients en ambulatoire. La période secondaire
Cas spécifique du Derme Artificiel type Intégra : La zone concernée par le Derme Artificiel peut débuter alors que le patient est toujours hospitalisé. C’est le cas des patients atteints
est immobilisée pendant 3 semaines. L’immobilisation est prolongée encore 5 jours de brûlures étendues. En fonction des greffes successives certains segments sont déjà
après la greffe dermo-épidermique (Cf. Chapitre chirurgie), ensuite la mobilisation est ré-épidermisés alors que d’autres ne sont pas encore cicatrisés.
progressive.
La physiothérapie est pluri-hebdomadaire les 6 premiers mois au minimum et peut durer
deux ans. La qualité des premiers mois de physiothérapie conditionne l’état cicatriciel
G - Place du physiothérapeute au bloc opératoire
futur du patient. Une brûlure ne guérit jamais complètement mais se stabilise après son
Au bloc, le physiothérapeute peut profiter de la sédation du patient pour : remodelage deux à trois ans après l’accident.
• Réaliser des bilans en observant la réaction de la peau et voir si une limitation est réelle
L’enfant est suivi pendant sa croissance. On enseigne à son entourage les techniques
ou induite par la douleur et /ou les pansements
de massage, d’étirement et d’hydratation qu’il doit continuer à appliquer. Car lors de la
• Confectionner des attelles plus précises de posture ou de positionnement notamment puberté, la brûlure peut donner des déformations :
chez l’enfant
• Sur les membres : la cicatrice peut modifier la croissance osseuse
• Réaliser des mobilisations sans pansement, très lentes et progressives (pour ne pas
• Sur le développement des organes génitaux et de la poitrine.
léser la peau)
• Décider avec le chirurgien de la meilleure position à adopter pour la mise en place de L’enfant peut être revu au cours de sa croissance pour un bilan, et le physiothérapeute
la greffe et du type d’immobilisation qu’il doit confectionner pour assurer une prise peut le référer en consultation médico-chirurgicale si besoin.
optimale du greffon.
B - Cicatrice et bilans
H - Continuité du traitement et stratégie de communication 1. Cicatrice
Il est important que le patient, la famille et les autres soignants soient informés au mieux
Les propriétés de la peau des zones profondément brûlées restent altérées même après
du rôle de la physiothérapie sur la conservation des fonctions et de l’autonomie du patient.
cicatrisation :
Ils sont impliqués dans le processus le plus tôt possible. Ils pourront ainsi participer aux
exercices tels que : • La mobilité tangentielle est modifiée par les adhérences sous cutanées
• La peau perd sa capacité à s’étirer et peut limiter l’amplitude des mouvements du corps
13
• Protocole de mobilisation pour éviter les escarres
• Encourager la déambulation • Sa coloration peut être modifiée, hyper ou hypo pigmentée
• Encourager la réalisation d’exercices respiratoires • La capacité de barrière aqueuse de la peau est touchée, elle perd une partie de son taux
• Comprendre et appliquer les protocoles d’attelles et d’exercices. d’hydratation.
Cette sensibilisation peut avoir plusieurs formes : Ce phénomène joue un rôle important dans la formation des hypertrophies.
• Formations des équipes soignantes sur les positionnements et la mise en place des Ces notions vont apparaitre dans le bilan cicatriciel afin d’avoir une base de suivi de la
attelles zone brûlée et de son évolution au cours du temps.
366 367
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
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Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
La limitation d’un mouvement peut être due à différentes structures : les muscles, les Le massage graduel divergent :
tendons, les articulations, la peau etc… Si la peau n’est pas mobile (test de mobilité But : Retrouver la mobilité cutanée tangentielle
tangentielle) alors la cause de cette limitation est cutanée. C’est souvent le cas pour les
Principe : Une main reste fixe et l’autre main est mobile
patients brûlés.
Période : Première technique de massage à utiliser dès que la peau le permet. Cette
Par exemple, un patient avec une brûlure antérieure du genou est limité en flexion. Le genou
technique est utilisée tout le long de la période inflammatoire et de remodelage.
est alors positionné par le soignant en flexion maximale possible. Puis le physiothérapeute
exerce une pression-translation sur la peau brûlée au-dessus de la rotule. Si la peau est Description :
impossible à bouger, c’est que la limitation est imputable à la brûlure et pas à un autre 1 - Les mains du thérapeute sont disposées sur la
problème articulaire ou musculaire. La photographie est un bon complément du bilan. Elle zone brûlée
donne un aspect global de la zone brûlée à un instant T et permet au physiothérapeute et
2- Une main reste fixe sur la peau. Ce sont les doigts
au patient de suivre son évolution cicatricielle dans le temps.
(resserrés) avec la partie palmaire des dernières
Note : Le bilan cicatriciel est un bilan supplémentaire qui est commencé en phase phalanges qui appuient à plat sur la peau
secondaire. Il ne remplace pas le bilan des mobilités qui doit être effectué également lors
3 - L’autre main avec la partie charnue des doigts est
du passage en phase secondaire du patient.
posée à plat sur la peau et effectue des cercles.
Note : Lorsque les deux mains sont apposées sur
C - Traitement en phase secondaire
la peau, on effectue un léger étirement avant de
Massage graduel divergent à
commencer les cercles. Les doigts exercent une
1. Massage l’aide des 2 pouces.
pression suffisante pour adhérer à la peau et
a) Intérêts la mobiliser dans son ensemble. Les doigts ne
doivent ni glisser ni frotter.
Le massage mobilise le plan cutané par rapport aux structures sous-jacentes. Il a
différents objectifs : 4 - Cette manœuvre permet des cycles d’étirement-relâchement cutanés localement
• Il prévient et lutte contre les adhérences 5 - Il faut changer régulièrement les doigts de place pour ne pas majorer l’effet hyperémiant
du massage.
• Il rend sa mobilité à la peau, afin qu’elle s’étire davantage et permette les mouvements
• Il améliore certains aspects cicatriciels comme l’épaisseur, l’élasticité, le taux de Note : Sur des zones plus petites, ce massage peut se réaliser à l’aide des pouces ou des
mélanine, l’érythème deux index. Attention à bien utiliser la partie palmaire de la dernière phalange et non la 13
pulpe et l’ongle. Sur des zones plus larges, les paumes de mains sont utilisées.
et la perte d’eau trans-épidermique (TEWL)
• Il a aussi un rôle conséquent dans la prise en charge de la douleur et du prurit. Le massage multiaxial bi-manuel
But : Améliorer la mobilité cutanée tangentielle
Le massage est effectué sur la peau brûlée épidermisée. Un test de résistance de la
peau est pratiqué la veille du premier massage prévu : le physiothérapeute réalise Principe : Les deux mains sont mobiles
une mobilisation cutanée tangentielle en exerçant avec l’index une traction dans les 4 Période : Technique utilisée dans un deuxième temps avec un état
directions à 3 reprises. Si une phlyctène apparaît le lendemain, c’est qu’il est trop tôt pour inflammatoire léger. C’est une technique de choix tout le long de la
débuter les massages. prise en charge notamment pour les zones étendues.
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Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
Description : Description :
1. Les mains sont disposées de la même manière que la technique précédente 1- Réalisation d’un pli de peau selon la méthode précédente
2. Les deux mains sont mobiles et effectuent des cercles. (comme la main mobile de 2- Mise en torsion du pli de peau en déplaçant une pince (pouce-index) d’un côté
la 1re technique) (perpendiculairement au pli)
3. Les cercles d’une main sont en décalé par rapport aux cercles de l’autre main pour et l’autre pince du côté contraire puis inversement
optimiser les mobilisations 3 - Se déplacer le long du pli de peau puis recommencer la manœuvre.
en relâchement - étirement
Une composante de rapprochement - étirement peut être ajoutée à cette technique :
4. Lors du rapprochement des mains, la peau peut être capable de faire un pli
• Lors de la mise en torsion on cherche à étirer la peau en écartant les pinces pouce-index
5. Changer régulièrement d’endroit sur la zone brulée. l’une de l’autre
Décollement et réalisation d’un pli de peau • Lors du changement de côté de la torsion, on rapproche les deux pinces pouces-index
But : Permettre le décollement de la peau quand elles sont au même niveau puis elles s’écartent de nouveau lorsque la torsion est
réalisée.
Principe : Réaliser un pli de peau
Période : Technique utilisée dans un deuxième temps, en fonction Ces techniques sont les plus hyperémiantes et pro-inflammatoires. Il est essentiel de
de la douleur avec un état inflammatoire léger. changer de localisation après chaque manœuvre et de s’assurer de l’hydratation et de la
Description : mise de compressifs après la séance.
1- L
es deux mains cherchent à faire un pli de peau avec les pinces pouces - index Autres massages :
2 - Les pouces et index s’opposent par la face palmaire de leurs dernières phalanges • Techniques de désensibilisation de la brûlure avec prurit : utilisation de coton / pinceau
3 - Il ne faut pas glisser ni frotter sur la peau que l’on frotte légèrement sur la zone voulue. Utilisation d’un « stimulation sensitive
importante » pour diminuer la douleur de la zone
4 - Si la manœuvre est impossible sans glisser sur la peau alors revenir au massage
graduel divergent • Drainage Lymphatique Manuel : dans le cas d’œdèmes résiduels et lymphatiques. Ce
massage est spécifique et chronophage. Il est réalisable par un personnel formé. Les
5 - Commencer par des plis de peau larges puis au fil de la progression de plus en plus
manœuvres utilisées dans cette technique sont aussi un moyen de désensibilisation.
minces
6 - Garder le pli de peau entre les doigts et faire de petits mouvements lents de translation 2. Postures
7 - Cette technique est réalisée après le massage graduel divergent
a) Intérêt
8 - Cette technique étant très hyperémiante. Ne pas la faire plus d’une fois au même
Positionner la peau en CCM notamment au niveau des ZFAR pour prévenir ou lutter contre
endroit.
les limitations d’amplitudes.
b) Technique
Les postures manuelles sont réalisées par le thérapeute. Il positionne les articulations des
ZFAR concernées en amplitude maximale. La posture est tridimensionnelle, elle concerne
plusieurs plans, mouvements et zones fonctionnelles. La notion de chaine cutanée prend
alors tout son intérêt.
Par exemple une brûlure antérieure du membre supérieur et du pilier antérieur de l’épaule
se verra étirer en ouverture complète du bras (abduction de l’épaule, extension supination
du coude et de l’avant-bras, extension du poignet et des doigts.) (Figure à droite ci- 13
dessous).
Illustration de la réalisation du pli de peau. La mise en posture est lente et progressive. Une durée de 10 minutes par posture, tous
Décollement - Torsion les jours, est nécessaire pour garantir l’efficacité de la technique. Une mise sous attelle
en position maximale pendant 20 à 30 minutes peut être installée en fin de séance afin
But : Permettre le décollement de la peau et sa mobilité complète
d’optimiser l’effet.
Principe : Exercer des torsions sur les plis de peau
Période : Technique utilisée en dernier lieu sur une peau non inflammée
et sur des brides peu ou pas inflammées.
372 373
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
Des postures dites « en 3 points » sont réalisables : après la mise en posture,
le physiothérapeute peut appuyer sur la bride dans le sens de la concavité pour
augmenter la tension cutanée.
Mise en évidence de la bride du coude. Mise en évidence des brides des deux
c) Auto-postures L’enfant est en extension passive piliers de l’épaule. L’enfant est en élévation
maximale de son coude. passive maximale de son épaule.
Le patient apprend les postures à effectuer à domicile afin de poursuivre seul sa
rééducation. Ces postures durent au minimum 10 minutes et sont réalisées lentement et
progressivement.
3. Immobilisations
En phase secondaire, le recours à l’immobilisation est encore possible dans quelques cas
spécifiques :
a) Suivi de posture
Comme mentionné précédemment, après une posture manuelle un patient peut-être
immobilisé mécaniquement, soit à l’aide d’une attelle ou d’autres outils comme le plateau
canadien (table de positionnement pour la main) ou des bandes Biflex et des velcros.
b) Rétraction - limitation
Dans le cas de limitations fonctionnelles avérées notamment au niveau de la main, il est
possible d’immobiliser la zone touchée en Position Capacité Cutanée Maximale. L’attelle 13
est modifiée au fur et à mesure de l’amélioration fonctionnelle.
Mise en place d’un protocole Résultat après 4 jours Résultat après
c) Inflammation suraiguë quotidien de postures de physiothérapie 4 jours
L’inflammation suraiguë est un cas particulier d’inflammation massive, qui rend la manuelles, avec port d’une sur l’extension de physiothérapie
peau extrêmement sensible et douloureuse, au point de ne pas supporter le contact attelle d’élévation d’épaule du coude. sur l’élévation
(Hyperalgésie secondaire). Dans ce cas, la peau est hydratée plusieurs fois par jour et une et extension du coude, de l’épaule.
attelle est confectionnée pour immobiliser la partie concernée en CCM. Le massage est en dehors des séances
proscrit et les mobilisations sont évitées pendant cette période. d’étirements.
374 375
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
4. Applications cutanées la peau du patient pour ne pas créer de frottements et abimer le néo-épiderme. Il se
a) Vaseline distend avec le temps, et doit être réadapté tous les 3 - 5 jours.
La vaseline, bien qu’elle ne possede aucune propriétés hydratantes, est utilisée sur des
zones avec des petites plaies ou en fin de ré-épidermisation. Elle est utilisée pour son
effet de barrière mécanique (protection anti-frottement). Elle ne présente plus d’intérêt en
phase secondaire.
b) Émollient
Après une brûlure, la perte d’eau trans-épidermique (TEWS) est plus importante car le
néo-derme est moins efficace. II y a une déshydratation cutanée importante qui favorise
la production de collagène dermique. L’application de crème permet de pallier cette
déshydratation par son effet de barrière protectrice et diminue le prurit.
Les crèmes utilisées sont de type Cold Cream. Il est possible d’utiliser des huiles
végétales comme l’huile de noix de coco. L’application d’émollient est biquotidienne,
entre les temps de port de vêtements compressifs.
376 377
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
e) Compressions rigides
Peau épidermisée Toutes les parties du corps Biflex
Le visage peut faire l’objet d’une compression dite « rigide » avec la mise en place d’un sauf visage
conformateur facial.
Réalisé en plastique thermoformable à haute température, il permet de comprimer la peau Peau cicatrisée, résistante, Toutes les parties du corps Lycra
habituée à la compression
du visage. temporaire.
Les attelles moulées peuvent faire office de compressions localisées mais elles ne
remplacent pas les compressions souples comme le Lycra. Peau cicatrisée sans abrasions Visage Compressif rigide :
conformateur facial
6. Silicone
a) Intérêt
Le silicone est reconnu pour son efficacité dans le traitement cicatriciel. Il améliore
l’élasticité, l’épaisseur, la rougeur et diminue le prurit. Il est associé aux vêtements
compressifs ou aux attelles.
b) Mode d’action
Les mécanismes ne sont pas encore bien compris mais le silicone apporterait en plus
de la pression appliquée, une étanchéité qui permet de réguler la perte d’eau trans-
épidermique. De ce fait, les myofibroblastes et la synthèse de collagène sont moins
stimulés.
c) Techniques
Conformateur facial de la partie inférieure du visage. Le silicone est porté entre 12 à 24h par jour pendant un minimum de 12 semaines. Il est
placé sous les vêtements compressifs, un conformateur facial ou une attelle. 13
Il se présente sous différentes formes :
• En gel (à apposer sur des petites surfaces)
• En plaque (placer sous les vêtements compressifs)
• En pâte : Elle durcit lorsqu’elle est mélangée avec son activateur et prend la forme
voulue. Très utile pour les adjonctions sur attelles ou conformateurs.
Note : Le silicone a un meilleur effet en le combinant avec la thérapie compressive et les
attelles.
378 379
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
a) en fin de chapitre
• le bilan simplifié en phase aigue
• la synthèse de la chronologie de la physiothérapie
• la fiche mémo synthèse de la physiothérapie
380 381
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
PHYSIOTHERAPIE PHYSIOTHERAPIE
CHRONOLOGIE DE LA PHYSIOTHERAPIE
POSTURE OEDEME
DUREE / Pourquoi ? Lutte / prévient les rétractions en
THERAPIE QUAND BUT APPLICATION phase secondaire
FREQUENCE Période Traitement
Positionnement En phase aiguë Éviter les Positionner la Jours et nuits
à J0 rétractions partie brulée en en dehors des Où ? sur les Zones fonctionnelles brulées Phase aigue Positionnement déclive
position de non activités.
rétraction Comment ? 10 minutes positionnées dans le Phase Drainage lymphatique
Activités Dès que possible Autonomie Marcher, manger, À chaque mouvement inverse à la rétraction secondaire manuel / compression
fonctionnelles boire, faire sa activité de la vie
toilette … quotidienne
MASSAGE COMPRESSIFS
Mobilisations Dès que possible Autonomie Mouvements lents Quelques
actives Amplitude des sans résistance répétitions Pourquoi ? redonner la souplesse et la mobilité Pourquoi ? Lutte / prévient
mouvements plusieurs fois à la peau les hypertrophies
Diminuer l’œdème par jour
Vers J-4, Amplitude Où ? Toutes les zones brulées Où ? Toutes les zones brulées
Mobilisation Mobilisations 1 à 2 fois par jour
passives à la diminution des mouvements lentes dans toute
des œdèmes l’amplitude par le Comment ? selon l’état inflammatoire de la peau : Comment ? selon état cutané :
thérapeute inflammé moins inflammé peu inflammé non inflammé Épidermisée Épidermisée
peu / pas peu mobile mobile très mobile Abrasions non résistante et résistante
Immobilisations À J0-J1 pour les Éviter les Attelle en position Une heure jusqu’à mobile
brulures profondes, rétractions de non rétraction 23h par jour selon
enfants… Lutter contre les (phase aiguë) les besoins massage multi-axial
bi-manuel Velpeau / Nylex TUBIGRIP BIFLEX /
À l’apparition de brides Attelle en CCM massage graduel + LYCRA
limitations/brides divergent décollement - pli de peau
contre les décollement - Compresses
limitations. torsion
Postures Au cours de la Entretenir / gagner Par un thérapeute 10 minutes ATTELLE APPLICATION CUTANÉE
phase aiguë quand en CCM et autopostures par mouvement
la douleur le par jour Phase aigue pédiatrie
permet ÉTAT
la nuit sur les brulures profondes PRODUIT
CUTANÉ
des ZFAR
Compressions Dès l’arrêt Éviter / lutter contre Compressifs 23h / jour pendant
des pansements les hypertrophies temporaires puis 2 ans patient non compliant En cours
d’épidermi-
Vêtements en Lycra diminution de l’amplitude du VASELINE
sation / avec
mouvement abrasions
Massage Après Mobilité cutanée Mobilisation Tous les jours
épidermisation, Lutter contre les Phase diminution de l’amplitude du Peau EMOLIANT
de la peau par sur toute la surface secondaire mouvement - début de rétraction épidermique
sans abrasions adhérences, rapport aux plans brulée
sous- jacents 13
Applications À l’arrêt des Dès l’arrêt des Vaseline puis 1 à 2 fois par jour
cutanées pansements pansements émollients sur toute la surface
(après brulée
épidermisation)
382 383
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
FICHE TECHNIQUE
PHYSIOTHERAPIE
13
384 385
Chapitre 13 - Physiothérapie Physiothérapie - Chapitre 13
FICHE TECHNIQUE
BILAN CICATRICIEL
13
386 387
Chapitre 13 - Physiothérapie
FICHE TECHNIQUE
POSITIONNEMENT ET ATTELLE
Chapitre 14 : A
fflux massif de patients brûlés
Spécificité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 389
Triage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 389
Prise en charge initiale post premier triage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393
Prise en charge initiale post deuxième triage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 394
14
388 389
Chapitre 14 - Afflux de patients brûlés Afflux de patients brûlés - Chapitre 14
Un afflux de patients se caractérise par un évènement au cours duquel les capacités des 1. SPÉCIFICITÉ DU PLAN D’AFFLUX MASSIF « NOMBREUX BRÛLÉS »
structures de santé locales se retrouvent dépassées par un nombre de patients inhabituel
En général, un plan afflux massif comprend l’organisation du triage sur les lieux, la prise en
(accidents, épidémies, combats…). Une préparation spécifique est nécessaire (plan
charge pré-hospitalière, les soins dans les structures de santé et les éventuels transferts.
blanc, plan d’afflux de patients) afin de prendre en charge au mieux le plus grand nombre
de victimes possible. A - Eléments clés
Lors d’un afflux massif de patients, il se peut qu’il y ait de nombreux patients brûlés. 1. Délai et critères de déclenchement du plan d’afflux massif et de la spécificité « nombreux
Ces situations sont provoquées par des accidents graves, industriels, transport ou brûlés ». Le temps entre accident et la prise en charge, ainsi que le nombre de brûlés
transformation de produits pétroliers, rupture d’oléoduc, incendies de bâtiments, combats déclenchant le plan sont à définir dans chaque structure de soins)
avec engins explosifs, armes chimiques ou nucléaires, et peuvent provoquer des centaines 2. Commande et contrôle (donner l’alerte, déclencher le plan) sur site de l’accident et à
de patients blessés (bousculade dans une foule, blasts) et/ou brûlés. Une partie d’entre l’hôpital accueillant les patients
eux nécessite une hospitalisation.
3. Communication (pour l’organisation, le triage et l’orientation), entre les intervenants
Les catastrophes naturelles telles que les incendies de forêt ou les tremblements de terre et dès que possible avec le personnel d’un Centre de Grand Brûlés, à défaut, avec
engendrent généralement un nombre de victimes brûlées limité. d’autres personnes spécialistes. Leur concours, même non immédiat est à rechercher
– si possible dans les 48 premières heures). Les contacts sont pré identifiés (local,
Spécificités d’un afflux massif de patients brûlés : régional, national, international…).
• Le triage classique des patients lors d’un afflux massif (cf. protocole START+) ne suffit pas 4. Premier triage en pré hospitalier ou aux urgences des hôpitaux d’accueil de tous les
aux grands brûlés, en raison de la stabilité initiale de leurs signes vitaux. Un deuxième patients issus de l’accident, brûlés ou non (cf. protocole START+ tableau 1) puis triage
triage (basé sur l’âge, la SCB et les lésions associées), réalisé dans un deuxième temps, secondaire, spécifique aux brûlés
doit alors déterminer l’orientation de chaque patient brûlé.
5. Orientation et transport des patients (médicalisé ou non)
•
La présentation clinique des brûlures est souvent complexe (flamme +/- lésions
d’inhalation ou de blast, contamination chimique ou radioactive, lésions traumatiques 6. Stratégies thérapeutiques devant un afflux de brûlés (stabilisation, réanimation)
non brûlées associées…). Dans tous les cas, quels que soient le nombre de patients 7. Enregistrement centralisé des victimes et de leur destination
et les ressources disponibles, le premier pansement doit être fait dans les 72h (délai
d’installation dans la phase infectieuse). 8. Soutien psychologique pour le personnel, les familles, les patients, etc.
• Le risque de sous-estimation des lésions associées est grand (traumato en B - Prérequis
particulier), car l’attention des soignants peut être détournée par l’aspect impressionnant • Disposer d’une cartographie des services de santé dans la région
des brûlures.
• Connaître le plan d’afflux massif et ses spécificités « nombreux brûlés » ainsi que les
• Même si les patients brûlés représentent en général une petite partie des victimes capacités de(s) hôpitaux de référence
après une catastrophe (ex. seulement 5 à 25 % des blessés de combat), ils exigent une
• Organiser des formations et des simulations pour le personnel
quantité importante de ressources, pendant une période prolongée.
• Lorsque la capacité de soigner les grands brûlés est restreinte (nombre de lits, matériel, 2 - TRIAGE
équipes spécialisées…), le deuxième triage, adapté spécifiquement aux brulés doit
A - Objectifs du triage
prendre en compte la probabilité de survie des patients afin d’optimiser l’utilisation
des ressources. • Identifier les urgences vitales et les prendre en charge
• L’implication précoce (dans les 48 premières heures) de spécialistes des brûlés • Sélectionner les patients qui nécessitent des soins dans un centre possédant un plateau
(médecin, infirmier, chirurgien, anesthésiste-réanimateur, kiné…) est incontournable technique le plus adapté possible aux grands brûlés. Ce 2e tri se fera selon une grille de
pour l’évaluation, l’organisation et la prise de décisions thérapeutiques. Il peut s’agir probabilité de survie selon l’indice de Baux 1 (cf. tableau 2).
d’équipes mobiles, envoyées sur le site de l’accident ou les hôpitaux non spécialisés, ou Le triage initial lors d’un afflux massif START+ est déterminant pour le pronostic des
d’avis donnés à distance (téléphone, WhatsApp, internet…). La disponibilité de quelques patients, à l’échelle individuelle et collective. Il comporte des éléments et difficultés
experts auprès de soignants non spécialistes peut suffire à fournir des soins de qualité spécifiques aux brûlés : 14
acceptable à un grand nombre de brûlés.
• Le patient doit être entièrement déshabillé afin d’estimer la SCB
Ce document, avec ses échelles de triage, est applicable uniquement dans le cadre
d’un plan d’afflux massif comprenant de nombreux brulés. Il est un complément au plan 1 Score de Baux = % SCB + âge. Si le score indique > 50 cela indique une brûlure sévère. Si le score est > 100
d’afflux massif classique. le risque de décès du patient est de 50%.
390 391
Chapitre 14 - Afflux de patients brûlés Afflux de patients brûlés - Chapitre 14
• Cette estimation peut être imprécise si le soignant n’a pas l’habitude et cela risque de 2. Triage secondaire spécifique au brûlé : à entreprendre une fois l’urgence vitale
sous-estimer ou surestimer la SCB écartée et en intra hospitalier
• Réévaluer l’étendue de la brulure par la règle de Wallace, autrement appelée « Règle des
• Les traumatismes associés, parfois plus urgents et moins visibles, risquent d’être sous-
9», adaptée aux enfants (cf. ci-dessous)
estimés à cause de l’aspect visuel impressionnant des brulures, ainsi que des états de
douleur extrême et de panique du patient et de son entourage. Figure 1. Pourcentage de surface corporelle en fonction de l’âge selon la règle-des-9
modifiée
• En cas d’accident chimique ou radioactif, le risque de contamination des proches et
• 1 à 9 ans
du personnel est important en l’absence de mesures de protection et décontamination Soustraire 1 % pour la tête pour
adéquates chaque année
Soustraire 0,5 % aux membres
B - Conduite à tenir inférieurs pour chaque année
1. Premier triage lors d’un afflux massif • > 9 ans
Utiliser les mêmes pourcentages
Le protocole de triage MSF en cas d’afflux massif START+ consiste en une évaluation
que pour l’adulte
rapide des fonctions vitales du patient (mobilité, respiration, pouls, et conscience) mais
prend également en compte le type de blessures et les ressources disponibles. Ce
protocole de tri START+ évalue sommairement les brûlures, comme détaillé ci-dessous.
Tableau 1 : Protocole de triage MSF en cas d’afflux massif START+ adapté aux
patients brûlés
Noire > 60 chance de survie (cf. tableau 2) est minime selon les 14
ressources disponibles = pas de transfert
Décédé (transfert à la morgue)
* Tout traumatisme ou lésions d’inhalation doivent être prises en charge selon la méthode ABCD indépendamment de
la brûlure
392 393
Chapitre 14 - Afflux de patients brûlés Afflux de patients brûlés - Chapitre 14
2 A défaut de SRO : 1 L d’eau + 6 cuillères à café rases de sucre + 1 cuillère à café rase de sel
394 395
Chapitre 14 - Afflux de patients brûlés Afflux de patients brûlés - Chapitre 14
• L’incidence des lésions combinées est importante lors d’incendie suite à l’effondrement Figure 2 : ameliorer qualité
d’un immeuble, accidents de la voie publique avec explosion, chute lors d’une
électrocution, attentats et combats.
• Il s’agit surtout de fractures, de traumatismes des tissus mous et d’amputations. Plus
rarement, traumatismes crâniens, abdominaux ou thoraciques.
• La présence de peau brûlée n’empêche pas la réalisation de procédures et interventions
(ex. accès IV, manœuvres d’hémostase, fixation d’une fracture, chirurgie intra cavitaire…).
Une brûlure thermique est considérée comme stérile les 6 premières heures après
l’accident.
• En cas de brûlures profondes associées aux autres traumatismes, un transfert vers un
hôpital capable de fournir les soins spécialisés est recommandé dès les premières 24 à
48 heures. Au-delà de cette période où le patient est stabilisé et son traumatisme traité,
les brûlures deviennent prioritaires.
• S’assurer que les grands brûlés soient transférés (transfert médicalisé) dans les 24-72h • Demander des avis d’experts en brûlologie (en direct ou par téléphone, internet,
télémédecine)
si le transfert initial est impossible
• Evaluer et planifier les ressources exigées à court, moyen et long terme
• Maintenir le système de traçabilité des patients et des soins qui sert de transmission
pour les soignants (cf. chap 4: fiche d'admission du patient brûlé).)
14
3 Les couleurs ci-dessous font référence au tableau 2. C’est-à-dire à la chance de survie du patient (et non
pas à la catégorie lors du triage)
396 397
Chapitre 14 - Afflux de patients brûlés Afflux de patients brûlés - Chapitre 14
Surveillance
/ 6h Diurèse /2-4h Diurèse /4h /6h
Ambulatoire Hôpital sans Centre Grands Idem cat. 3 Hôpital sans Score douleur Score douleur /6h Score douleur /6h Score sédation
ou Centre de unité dédiée Brûlés si ressources (espace, unité de dédiée / 6h ± Bilan bio (NFS, ± Bilan bio (NFS, iono /6h
Santé aux brûlés À défaut Hôpital lits, staff, matériel, aux brûlés iono sang, Urée, sang, Urée, Creat) /24h
Orientation
Nutrition
cat 5-6 si ressources normaux normaux précoce du grand du grand brûlé normaux (si
insuffisantes brûlé (dès les premières 24h) tolérés)
(dès les premières
PO PO (boissons) PO ou IV PO ou IV PO (boissons) 24h)
Apports liquidiens
(boissons) ou IV
Apports PO (SRO) H0-24 : si SCB ≤ 40 % Avis Avis spécialiste Avis spécialiste Avis spécialiste brûlé Consignes
spécialiste brûlé dès que brûlé dès que dès que possible soins palliatifs
Autre
Apports d'entretien 150-200 ml/kg PO (SRO*) H0-24 : Apports
d'entretien IV (RL) : 150 ml/kg d’entretien brûlé si possible possible
Formule si SCB > 40 % nécessaire
PARKLAND ou IV (RL) : Formule
CARVAJAL selon PARKLAND ou * Se reporter à la Fiche technique de prise en charge initiale du brûlé (annexe chapitre 4)
âge CARVAJAL selon âge
ANALGÉSIE
Traitement standard de brûlés lors d’un afflux massif :
Paracétamol Morphine PO/ Morphine IV/SC Idem cat. 3 si PEC Morphine IV/
PO SC thérapeutique SC • La réanimation liquidienne par voie entérale par SRO (PO ± SNG) est une
+ (cf. protocole agressive (À défaut
A l’arrivée
398 399
Chapitre 14 - Afflux de patients brûlés
- Privilégier les pansements Sulfadiazine + tulle gras (cf. chapitre Soins locaux)
- Effectuer les pansements sous analgésie-sédation orale afin de ne pas surcharger le
bloc.
Après le triage, la réanimation et la stabilisation, la priorité est le traitement des blessures
hors brûlures, pénétrantes ou non. Les soins locaux des brûlures seront effectués dans Chapitre 15 : A
pproche psychologique
un deuxième temps (à l’exception de gestes d’urgence comme incisions de décharge,
trachéo, ou tarsorraphie). Les zones brûlées sont simplement recouvertes de film
plastique alimentaire transparent, ou drap propre, en attendant le moment de prise en
Facteurs de traumatisme psychologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 402
charge spécifique.
Etat psychologique dans les différentes phases de soins . . . . . . . . . . . . . . . 407
Pour les brûlures profondes, pratiquer les excisions assez rapidement. La réalisation de
la greffe de peau peut être différée, le temps d’avoir les ressources disponibles (stock de Psychologie de la douleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412
sang, place au bloc opératoire). Prise en charge des soignants travaillant auprès des patients brûlés . . . 415
Prévention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 417
Note d'information au patient et à sa famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 419
15
400 401
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
Les brûlures sévères peuvent avoir des conséquences psychologiques et sociales Tableau 1: Facteurs de traumatisme psychologique lors d'une brûlure
importantes. C’est un traumatisme qui affecte la peau de manière très douloureuse.
Problématiques Rôle du soignant
La peau porte des traces d’identité uniques à chacun (cicatrices, grains de beauté, rides, Contexte Accident traumatisant, violent, avec pertes Trouver des moments privilégiés pour
empreintes digitales, tâches de couleur, tatouages). La brûlure vient modifier les marques de physiques, matérielles ou humaines : écouter et discuter avec le patient ou/
et rôles de la peau, temporairement ou durablement. l’accident accident domestique ou de travail, guerre, et sa famille. Ne pas minimiser les
explosion, etc. circonstances de la brûlure.
La peau joue un rôle physique de limite avec l’extérieur, d’enveloppe protectrice qui
La brûlure auto-infligée : Protéger la confidentialité de
garantit la cohésion psychique et le sentiment d’unité de chaque individu. Tentative de suicide, épisode délirant +/- l’information donnée par le patient
sous l'effet d'alcool ou de drogues, acte par rapport à la famille / les proches,
C’est un également un organe de communication non verbale de relation avec les autres impulsif réactionnel … qui ne sont pas forcément dans la
par le toucher, les expressions faciales (sourire, grimace, sourcils froncés…) ou les En cas de doute, parler au patient seul. confidence.
réactions émotionnelles (joues qui rougissent, visage qui pâlit…). L'auto-immolation (réactionnelle ou lors d'un Orienter vers une prise en charge
épisode délirant) ou la tentative de suicide psychologique spécialisée
Enfin, elle possède des propriétés sensorielles (le toucher, la douleur, le ressenti du froid sont des actes parfois dissimulées par le Continuer à écouter, traiter, soutenir
ou du chaud, de pression…) et de régulation de la température corporelle. patient par honte ou peur d'être jugé comme comme les autres patients brûlés, ne
faible, lâche, malade mental ou drogué. pas stigmatiser
En plus du traumatisme de l’accident, toujours violent, la douleur liée à la brûlure et à ses Person- Personnalité pré-incident : Ecouter l’entourage exprimer ce qu’il
soins est extrême et génère un stress intense. Elle peut être atténuée et contrôlée, en plus nalité du Caractère habituel (optimiste, catastrophiste, pense du caractère habituel de la
des analgésiques, par un soutien adapté au patient et à sa famille. patient fataliste, faisant face aux situations difficiles personne, afin de mieux comprendre
ou fuyant, etc.) la façon dont le patient gère
Les soins médicaux et chirurgicaux qui permettent de rétablir l'apparence physique ont Histoire du patient : antécédents médicaux, l’accident et les soins.
clairement un bénéfice sur le bien-être psychique d'une personne victime de brûlures. chirurgicaux et psychiatriques (maladie Eviter le mode « interrogatoire
chronique, hospitalisation, traitement), » lorsque le soignant pose des
Néanmoins, le processus d’adaptation psychologique aux soins pénibles et aux séquelles situation sociale (célibataire, marié, parent, questions au patient ou à la famille,
de brûlures graves est très long, il peut prendre plusieurs années. réfugié, travailleur, sans emploi, etc.), privilégier des discussions ouvertes.
habitudes culturelles, deuils passés, etc.
Une prise en charge précoce effectuée par tous les soignants impliqués dans les soins,
permet de limiter les conséquences de la souffrance psychologique sur le rétablissement
physique et social du patient. Une approche adaptée des soignants peut pallier à
beaucoup de besoins psychologiques du patient. Ils peuvent ainsi détecter des cas qui
auront besoin de l’aide d’un professionnel de la santé mentale. S’il n’est pas possible de
référer à un professionnel, ce chapitre donne aux soignants de la structure quelques clés
pour les aider.
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte par tous les soignants impliqués dans les
soins afin de favoriser une relation soignant soigné de bonne qualité. Cette relation-
support doit être adaptée, efficace et identifier les cas compliqués :
• Adaptée à chaque phase de soins (aigue, réhabilitation, réintégration sociale)
• Efficace pour soulager la douleur (médicamenteuse et psychologique)
• Identifiant les situations psychologiques nécessitant un soutien spécialisé : tentative de
suicide, refus complet de soin, anorexie avec perte de poids, dépression sévère
15
1 Pour approfondir : Le moi-peau, Anzieu, Paris, Dunod, 1985
402 403
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
Interpré- Représentation du patient de sa condition Ecouter le patient et l’aider Estime de soi 3 diminuée : sentiment d'être •E
couter le patient exprimer ses
tation du de brûlé : victime de violence, mauvais à déculpabiliser en valorisant moins aimable, moins désirable. angoisses et l’aider à récupérer
patient sort, responsable de l'accident, au mauvais les réactions constructives son estime de soi en se regardant
endroit au mauvais moment, héros de différemment. L’encourager à
guerre, blessé en sauvant quelqu'un, etc. s’exprimer régulièrement.
Problématiques Rôle du soignant •A
ider le patient à reconnaitre
ses autres qualités (générosité,
Perte d’autonomie : bouger, marcher, •E
couter le patient exprimer ses intelligence, écoute, rôle dans
manger, se laver, s'habiller… craintes et frustrations. Expliquer la famille…) insister sur le fait
les soins qui visent au retour de que c’est la même personne
Chez l'enfant → Retentissement sur le l’autonomie. L’orienter vers le qu’avant, avec les mêmes valeurs,
développement psychomoteur : physiothérapeute. connaissances. Son apparence
et ses fonctions devront être
Difficile acquisition de la marche si brûlure • Identifier ce que l'enfant ne peut pas
Conséquences esthétiques
expliquées à l’entourage : utiliser
des jambes, faire et ressentir, trouver d’autres
pédagogie et humour par les
Difficile apprentissage du monde extérieur moyens pour l’apprentissage du
patients …
sans capacité de "touche à tout" si brûlures monde extérieur
des mains, • Identifier des parties du corps où un Stigmatisation •C
omprendre les stigmatisations
contact rassurant est possible pour La brûlure du visage, patient défiguré possibles dans la culture locale et
Difficultés à téter si brûlure du visage,
Conséquences fonctionnelles
l’enfant.
Difficile réconfort par les caresses des •A
tteinte à l'identité : ne plus se sentir aider le patient et sa famille à s’en
soi-même et ne plus être perçu comme la détacher
parents,
personne que l'on pense être. •A
ider le patient à se réapproprier
•V
isage difficile à lire : expressions faciales son nouveau visage en l'aidant
Perte du rôle social •R
éfléchir avec la famille sur des changées : sourire moins prononcé, yeux à retrouver dans le miroir ses
moyens alternatifs pour accéder qui plissent différemment, les sourcils qui expressions.
Capacités de travailler et étudier diminuées, à l’éducation ou pour travailler.
perte financière
ne bougent plus, etc. •A
ider le patient à développer
Orienter la famille vers un assistant
→ sentiment d'impuissance, de honte, → expériences sociales négatives : des stratégies pour assumer sa
social pour des soutiens pratiques
d'inutilité expressions mal comprises, réactions de différence : humour, explication
(aide financière, alimentaire, aide à
peur, etc. préparée à l'avance, etc.
domicile…)
Capacités à communiquer altérées → malaise en société •F
aire appel à d’autres patients
•M
ettre en valeur les capacités brûlés « guéris » pour échanger
conservées et les progrès possibles → comportement d'évitement, timidité,
Capacités à remplir son rôle social agressivité les expériences afin d’apprendre
sur les fonctions atteintes
fragilisées : à réagir aux réactions surprises,
être parent, être un conjoint, être un support •R
éfléchir avec le patient et la effrayées ou méprisantes qui
familial… famille sur des façons différentes peuvent se produire.
(créatives) de communiquer :
écriture / sms, dessin, signes /
langage des signes / gestuelle
•E
couter les attentes du patient et de
la famille et réfléchir aux différentes
manières de remplir ces rôles.
Sentiment lié à l’idée que le patient se fait de nouvelle image en confrontant son
la perception par les autres de sa différence. point de vue avec celui des autres
Ce n’est pas proportionnel à la localisation (autres patients, famille, amis…),
ou à l'étendue de la brûlure en utilisant un miroir pour aider
le patient à avoir une vision plus
réaliste de ses cicatrices, en l’aidant
à trouver des vêtements / une
coiffure / du maquillage adaptés,
et en expliquant les progrès en
cours des cicatrices, les traitements
adaptés tissus compressifs,
massages, silicone…)
2 Image corporelle : C’est la représentation que chacun se fait de son corps, construite à partir de son image
dans le miroir, des ressentis dans son corps et de ce qui est imaginé de ce que les autres perçoivent de son 3 Estime de soi : jugement ou évaluation que l’on fait de soi, valeur que l’on se donne. (Différent de la confiance 15
corps. en soi qui est un jugement de ses capacités)
404 405
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
2. E
TAT PSYCHOLOGIQUE DU PATIENT BRULE AUX DIFFERENTES PHASES DE
Soutien unique et spécifique au patient : •D
onner à l’entourage toutes
L’entourage du patient est primordial pour le les informations nécessaires,
SOINS
rassurer et diminuer l’angoisse qui a un effet les écouter et répondre à leurs
négatif sur la douleur et l’évolution générale. D’un point de vue psychologique, le soignant doit prendre en compte les caractéristiques
questions : Processus de soins
infirmiers, chirurgicaux, kiné, du vécu du patient à chaque phase afin de lui apporter un soutien adapté.
durée des soins, complications
possibles (infectieuses, douleur,
fonctionnelles) fonctionnement de la Tableau 2 : La psychologie du patient dans les différentes phases de soins
structure de soins, le personnel
•E
xpliquer l’importance pour le Phase Phase
patient de se sentir toujours soutenu Phase aigue de réhabilitation de réintégration Soins palliatifs
par sa famille. Soins d’urgence Soins hospitaliers sociale Fin de vie
•D
iscuter avec eux des moyens de et ambulatoires Fin des soins
compenser des déficits fonctionnels
ou de communication (lecture Adhésion aux soins. L’adhésion aux soins L’adhésion aux Le pronostic du
des expressions d’un visage Dépendance aux varie et peut osciller soins peut aller de : patient est sombre.
brulé)- Rappeler qu’il est inutile soignants pour entre coopération Les soins de
et implication, •D
ifficultés à
de réprimander un patient pour sa survie et le réanimation sont
l’indifférence, voire stopper une
l’encourager, au contraire. traitement de sa stoppés, des soins
au refus complet dépendance à la
•D
onner à l’entourage un rôle actif douleur. structure de soins de confort sont mis
des soins.
Condition du patient
dans les soins : Distraction (chant, en place, dans un
Le rythme du patient
jeu, discussion, musique, vidéos…), Prise de conscience •R
efus de revenir endroit calme où sa
dépend de celui des
lui tenir la main, lui raconter la vie à de son état, il réalise aux soins aux famille peut le visiter
soins.
la maison, participer à l’explication qu’il est en vie, rendez-vous de et préparer son
des soins Cas particulier : blessé suivi, (fuir des deuil.
le patient en soins mauvais souvenirs,
intensifs Sa vie a changé Le séjour en soins
reprendre le
L’entourage est également victime de •P
orter de l’attention à l’entourage : temporairement ou palliatifs peut
contrôle de sa
l'accident écouter, demander comment durablement varier de quelques
vie…)
•T émoin, se sent responsable de l’accident, s'organise la vie à la maison, heures à plusieurs
qualité du sommeil, soutien de la Le patient s’adapte semaines.
peur de perdre un proche, etc.
communauté ou rejet, etc. Ecouter à ses séquelles
•S équelles fonctionnelles du patient : perte fonctionnelles et
du niveau de vie habituel, du rang social, les expressions d’angoisse,
tristesse, colère, honte, culpabilité esthétiques, de
changement dans l'organisation de la statut social.
famille, etc. • rivilégier les rencontres avec
P
•S tigmatisation : mère, femme, fils, frère du d’autres familles de patients brûlés
le patient peut Le vécu du patient Le vécu du patient Le vécu du patient
afin d’échanger les expériences.
giques potentielles
parent protecteur inconditionnel) Les complications Les troubles la vie passée et et à sa famille.
•R eprésentation du patient : jeune qui • enforcer le rôle de parent (rôle
R psychiatriques psychiatriques acceptation de la
nouvelle situation, La douleur,
risque d’avoir des difficultés à se marier, éducatif, jeu, soins d’hygiène…) possibles sont un possibles sont :
rancune, colère, etc. l’angoisse de la
incapacité de travail, etc. état de stress aigu 4, état de stress aigu, mort, la peur sont
une agitation aigue état de stress Les troubles importants.
post-traumatique 5, psychiatriques
trouble anxieux, état possibles sont :
dépressif, troubles état de stress (cf. chapitre Soins
du comportement, post traumatique, palliatifs)
addiction, troubles trouble anxieux,
alimentaires état dépressif,
addiction…
4 Réaction de détresse et/ou état de dissociation péri traumatique (dans le mois qui suit l’accident) en réaction
à la violence de la situation : apparition d’images, de pensées de souvenirs traumatiques à répétition, cau-
chemars, conduite d’évitement, troubles du sommeil, agressivité, crises de colère, hyper vigilance, sursaut.
5 Multitude de troubles se produisant après avoir vécu une expérience psychique choquante et se répercutent 15
sur le fonctionnement quotidien dans différents domaines de la vie sociale, professionnelle et psychologique.
406 407
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
- +
Avec un patient conscient et capable de parler, lui
donner la parole, l’encourager à poser des questions,
donner son avis, exprimer son ressenti, ses émotions,
ses douleurs. Répondre à ses interrogations le mieux
possible.
CERCLE VICIEUX DE LA DOULEUR CERCLE VERTUEUX DES SOINS Lorsque le soignant ignore la réponse il peut simplement
dire qu’il ne sait pas, ou qu’il doit chercher la réponse
•P
EUR: accident, traumatisme, •↘
PEUR: Ecouter les peurs (ex : avoir encore plus mal, auprès de quelqu’un d’autre.
de la douleur lors des soins (anormal), être déformé, etc.) Manifestations possibles pendant les Traitement médicamenteux sur avis médical et paroles
peur de la mort moments d’éveil : agitation, anxiété,
Rassurer en expliquant les procédures de soins, calmes, douces, continuer à donner des explications
la prise en charge et le processus de guérison propos délirants et à montrer sn empathie.
•A
NXIETE: incompréhension,
sentiment abandon/solitude,
mauvaise relations famille/soignant, •↘
ANXIETE : Parler au patient en le regardant, en B - Réhabilitation
perte de respect/dignité, sésquelles se concentrant sur lui (prendre le temps, s'asseoir,
fonctionelles/psychologiques, peur répéter si besoin, etc.), avec une voix calme
Ressenti du patient Rôle du soignant
du devenir financier/famille, culpabilité Impliquer l'entourage dans les soins
Prise de conscience : le patient Trouver des moments privilégiés pour écouter et discuter
•D
OULEUR: non évaluée, non traitée Distraction, Relaxation réalise ce qu'il s'est passé avec le patient ou/et sa famille. Ne pas minimiser les
(Évènement et conséquences) circonstances de la brûlure.
•↘
DOULEUR: Evaluation, Traitements médicamenteux Récit l’évènement autant de fois que nécessaire
efficace = participation aux soins, faisabilité, meilleure
guérrison Culpabilité possible, s’il se sent Encourager le patient à exprimer ses émotions et
responsable de l’accident sentiments et l’écouter permettra au patient d’évoluer
vers une démarche qui intègre les évènements tout en
ayant une vision d’avenir constructive
Phase aigüe - Patient en réanimation Acceptation ou refus sa nouvelle Encourager le patient à s’exprimer et l’écouter, afin
condition qu’il puisse s’approprier sa propre histoire et intégrer
(de patient, ou des séquelles) l’accident et les soins dans sa continuité de vie.
Ressenti du patient Rôle du soignant
L’image renvoyée par le miroir : Rester aux côtés du patient pendant toute la procédure
Perte de repères temporo-spatiaux : Parler au patient même s’il est inconscient. Les premières fois que le patient se où le patient découvre sa nouvelle image.
ne sait plus où il est, quelle est la date Se présenter par son nom et sa fonction à chaque voit dans un miroir avec l’aide d’un
ou l'heure, ignore qui est autour de lui, Mettre en perspectives dans un contexte de guérison
visite ou début de soin pour qu'il reconnaisse les voix, parent ou d’un soignant, notamment
etc. ce que voit le patient dans le miroir (œdèmes qui vont
les noms et les visages. Lui rappeler la date et l'heure pour les brûlures du visage ou du cou,
dégonfler, cicatrices qui vont s'atténuer, rougeurs qui
régulièrement. sans les pansements.
vont s'estomper…).
Lui expliquer les procédures de soins et l'évolution de
Ecouter avec empathie le patient exprimer ses peurs et
son état et de la plaie à chaque soin.
ses déceptions sans le juger 15
408 409
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
Site de douleur exacerbée par le Traiter la douleur, avec des moyens médicamenteux Ressenti du patient Rôle du soignant
toucher (cf. chapitre gestion de la douleur) et non-
médicamenteux (détente, distraction, écoute, Etat régressif : comportement infantile, Aider l'entourage à tolérer ces états en expliquant la
explications….) recherche de réconfort auprès de difficulté du patient à s'ajuster à sa nouvelle situation.
l'entourage ou des soignants, recherche Le patient manifeste ainsi son besoin d’attention
Importance du toucher pour se réapproprier son corps
d'attention parfois par des mises en et d’être rassuré sur la tolérance de son entourage
et les zones brûlées (physiothérapie, crème hydratante,
danger, bas niveau de tolérance à la concernant son état. Aider l’entourage à trouver le temps
massages)
frustration, irritabilité, etc ; en plus chez et les mots pour le rassurer, lui parler avec réalisme et
Chez l’enfant, impact sur son L’enfant va se souvenir de cette période de sa vie et se les enfants, perte de certains acquis optimisme de son avenir et de ses futures capacités
développement psychique : image rend compte de ce qu’il lui arrive. L’écoute active, l’aide (propreté, manger seul, s'habiller seul,
corporelle déformée, faible estime de à la formulation de ce qu’il ressent (paroles, dessin, etc.)
soi, incapacité à réguler ses émotions, lego…) explications avec des mots adaptés à son âge
incapacité d'apprentissage par le l’aideront à mieux appréhender le présent et l’avenir Etat anxieux : nervosité, irritabilité, Proposer des exercices de relaxation, de méditation
toucher… proche. troubles du sommeil +/- cauchemars, avec aide du psychologue, ou en son absence, par de la
nouvelles peurs, inquiétude généralisée, musique calme, des massages de parties non brûlées….
Soins : ils représentent des rappels besoin de rituels pour se rassurer, etc.
Prise en charge médicamenteuse sur avis médical
incessants de l’accident, de la
douleur, des séquelles temporaires ou < ! > les benzodiazépines favorisent la mémorisation
permanentes et les cauchemars
Participation du patient : plus ou moins
active, opposition passive voire refus Tristesse importante : sentiment de Référer à un psychologue ou psychiatre (à défaut, au
complet les pansements cachent les désespoir par rapport à la situation médecin) en cas d’idées suicidaires, ou signes de risque
plaies : oubli momentané de la situation présente et au futur imaginé voire une d’automutilation
perte de l'envie de vivre avec discours
Les soins exposent les plaies ou autour de la mort +/- idée suicidaire
activent la douleur → rappel de
l'incident, de la douleur vécue, de
l'angoisse ressentie. Leur répétition C - Phase de réintégration sociale
quotidienne peut être vécue comme
violente
Ressenti du patient Rôle du soignant
Le patient manifeste son angoisse, peur Nommer un soignant référent permet de privilégier
ou panique en geignant, criant, pleurant, la construction d’un lien de confiance avec une Crise identitaire : le patient s'adapte à ses nouvelles capacités, sa nouvelle image, son nouveau
en refusant les soins, refusant qu’on personne identifiée. Cette relation peut rendre la statut social… sa nouvelle vie
retire son pansement…. routine rassurante, permet au patient de ne pas
répéter son histoire douloureuse et construit une Deuil de la vie d'avant (capacités Aider à la transition vécue par le patient en listant avec
connaissance mutuelle rassurante. physique, statut…) lui les aspects de sa vie d'avant qui ne changent pas et
ceux qui sont modifiés, afin de l’aider à s’appuyer sur ce
Les soignant ouvrent les pansements → Le soignant écoute le patient et ne le culpabilise pas qui reste stable pour faire évoluer le reste.
vécu comme violents et agressifs parce sur ses réactions de peur ou de rejet.
que exécutant des gestes douloureux Acceptation de sa nouvelle vie Aider le patient à se redéfinir dans la société, dans sa
(capacités diminuées, cicatrices, famille, sa communauté. Préparer avec le patient la
Par lassitude, le patient peut perdre de Rappeler au patient le chemin déjà parcouru et rester statut…) fin des soins (prévenir à l'avance de la date du dernier
vue la finalité et l'intérêt des soins et ne positif quant à l'évolution des plaies et de l’autonomie
soin, proposer aux patients de pouvoir dire au revoir à
plus y participer activement, voire les du patient.
l'équipe...)
refuser temporairement.
Redéfinir « la vie normale » en adaptant Redéfinir avec le patient ce qui est normal ou non dans
aux nouvelles conditions du patient son nouvel état physique.
Conseiller au patient de vivre au jour le jour au début
Aider le patient à se donner des objectifs de tâches
faciles au départ, pour éviter l'échec et son effet négatif
sur l'estime de soi
Vivre avec des séquelles : cicatrices, Aider le patient à développer des stratégies
amputation, handicap, douleur… fonctionnelles avec le support du physiothérapeute, avec
support médicamenteux si besoin
15
410 411
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
Honte ressentie possible vis à vis Aider le patient à trouver des vêtements, coiffure, A - Prise en charge psychologique
de son corps, de soi maquillage qui rendent au patient une image acceptable • Accueil du patient
de lui-même. Lui rappeler que le regard des autres
dépend d’abord du sien. -A
mbiance calme et relaxante ainsi le patient peut se détendre
Aider le patient à assumer sa différence face aux autres : - Lui demander comment il va ainsi le patient peut se sentir considéré et développer une
humour, explication préparée à l'avance, etc.
relation de confiance avec le soignant
→ faible estime de soi, image corporelle Aider le patient à retrouver l’estime de soi avec -L
’installer dans une position confortable pour le patient se sent à l’aise
altérée une acceptation de son changement d’apparence,
séance de thérapie avec d’autres patients brûlés, -E
xpliquer le soin qui va se dérouler avec les différentes étapes et répondre aux
témoignages questions pour que le patient peut comprendre, peut se rassurer
Stigmatisation possible par les autres : Reconnaitre et comprendre les stigmatisations possibles -D
éfinir avec le patient les stratégies de confort en parallèle de l’analgésie pour diminuer
mépris, moquerie, mise à l'écart à dans la culture locale afin d'aider le patient et sa famille la douleur : respiration abdominale, techniques de relaxation, distraction, hypnose…
cause des cicatrices, du handicap… → à y répondre et à s’en détacher Si possible demander l’aide d’un agent psycho-social pour que le patient se sente en
sentiment d'étrangeté
position de contrôle bénéficiant de soins individualisés. Ex : déterminer avec lui un
Organiser des groupes de paroles pour encourager le partage d’expérience et le soutien code quand le soin est douloureux (lever la main, geste d’amélioration, etc.)
entre patients
• Maintenir le contact avec le patient en discutant, le regardant dans les yeux, lui
souriant tout au long du soin → le patient sait que le soignant lui porte de l’attention et
réagira vite si il a mal
3. PSYCHOLOGIE DE LA DOULEUR
• Respecter le ressenti du patient (douleur, peur, angoisse, curiosité), s’arrêter et se
Une prise en charge insuffisante de la douleur et de l’anxiété pendant la phase aigüe des référer aux codes prévus ensemble pour mieux contrôler la douleur
soins peut entrainer des conséquences délétères sur l’état psychologique du patient à
court et long terme, augmentant le risque de développement d’un état de stress post Parler de la douleur avec des mots précis (transperçant, pincement, pesante,
traumatique notamment. démangeaison, brûlure, inquiétante…). Les enfants ont du mal à exprimer leur douleur
avec des mots, ils présenteront plutôt une certaine labilité émotionnelle (se replient sur
Deux types de douleur coexistent chez le patient brûlé : une douleur chronique, « de fond », eux, pleurent spontanément, s’agitent, crient… puis sourient et interagissent à nouveau)
et une douleur aigue, procédurale (liée aux soins). De plus, la mémoire de la douleur est
ou un comportement d’opposition ou de provocation pour que le patient se sent écouté
un souvenir corporel et émotionnel qui conditionne la façon dont le patient appréhende
et en confiance et il apprivoise/contrôle sa douleur.
les soins futurs.
Modèle multifactoriel de la douleur
L’intensité de la douleur et son mode d’expression par le patient sont liés à plusieurs
B - Plan de contrôle de la douleur
facteurs: Le plan de contrôle de la douleur est l’ensemble des techniques de mesure et de
traitement de la douleur. Ces techniques sont expliquées au patient et son entourage, afin
•
médicaux: condition physique du patient (diabète, trouble nerveux, hyperesthésie de déterminer avec eux des codes d’expression (lever la main, trouver un mot de code
cutanée…), type d’atteinte (osseuse, musculaire, nerveuse…) pour stopper le soin ou le ralentir, etc.) et d’appliquer des techniques adaptées.
• psychologiques : l’état de détresse émotionnelle (peur, angoisse), l’état psychiatrique Le contrôle de la douleur comporte deux volets : médicamenteux (cf chapitre Gestion de
(dépressif, délirant…) la douleur) et non médicamenteux.
• sociaux : représentation et expression culturelle de la douleur (cris, pleurs, silence, Différentes techniques non-médicamenteuses permettent au patient de réguler sa douleur
cacher la douleur…), les habitudes familiales (silence de peur d’être frappé, cris pour (distraction, respiration abdominale, hypnose, etc.). Certaines demandent une préparation
attirer l’attention…) en amont de la séance de soins, afin que le patient ou la famille puisse apporter les jeux,
• individuels : représentation personnelle de la douleur, liée à son histoire, sa mémoire de téléphone, écouteurs ou autre moyens prévus. Ces techniques consistent à détourner
la douleur, sa personnalité (mécanismes de défense et de survie) et sa compréhension l’attention du patient de la douleur, afin de réduire la peur, l’anxiété, et de permettre au
de la situation actuelle. patient de se relaxer.
412 413
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
ou sur un téléphone portable, la lecture d’un livre seul ou avec une tierce personne, la 4. P
RISE EN CHARGE DES SOIGNANTS TRAVAILLANT AUPRES DES PATIENTS
discussion sur un sujet qui intéresse le patient avec le soignant ou une personne tierce BRULES
(même au téléphone) … En unité hospitalière ou en ambulatoire, les soignants travaillent dans un environnement
particulièrement stressant qui peut avoir un impact négatif sur leur propre bien-être
• respiration abdominale
psychologique (fatigue psychique, dépression, syndrome d’épuisement / épuisement
Procédure : professionnel).
- Inspiration par le nez en gonflant le ventre et en évitant de soulever les épaules et le Le stress subit par les soignants peut être dû à de multiples facteurs : une mauvaise
torse, mettre un objet sur le ventre du patient allongé et lui demander de respirer en organisation ou surcharge du travail, un manque de moyens humain et matériel, une
gonflant son ventre pour qu’il voit l’objet (ou jouet) apparaitre. dynamique d’équipe dysfonctionnelle, la confrontation permanente à la souffrance et à la
-E
xpiration lente par la bouche en dégonflant le ventre et en se concentrant sur son mort, le manque de lieux de parole et de soutien pour les soignants….
souffle, l’objet sur le ventre doit doucement disparaitre de sa vue lorsqu’il est allongé De plus, dans une unité de patients brûlés, les soignants font face à des difficultés
- Répéter une dizaine de fois spécifiques.
• L’accident qui cause la brûlure est toujours violent et traumatisant
• Relaxation
• La douleur ressentie par les patients brûlés est une des plus importantes existantes
Détente musculaire et psychique • La durée des soins est longue
Procédure : • Les soins sont longs, complexes et pluridisciplinaires
- Fermer les yeux • Les séquelles esthétiques et fonctionnelles peuvent être très importantes
- Demander au patient de penser à un endroit calme et agréable, si besoin le décrire • La mortalité à partir d’une certaine surface brulée est élevée
à voix haute. Le soignant peut aussi aider le patient à imaginer un endroit agréable.
Certaines situations sont plus pénibles que d’autres pour des raisons propres au soignant,
- Sentir ses membres un à un se détendre en respirant lentement par le nez par exemple dans le cas d’identification au patient ou à la situation (situation personnelle
ou familiale similaire…) où la distance émotionnelle (empathie 6) est difficile à trouver.
• Hypnose Le soignant peut se sentir débordé par ses émotions et alors s’impliquer au-delà de ce
Elle permet de modifier l’expérience du patient au niveau des sensations douloureuses. qui lui est demandé ou bien éviter les patients et ses collègues en écourtant les soins
Elle demande une compétence spécifique de la part du soignant. et en s’isolant, ou s’absentant. Le soignant peut dès lors s’épuiser physiquement et
psychologiquement.
Durant la procédure, le thérapeute suggère au patient une sensation qui vient remplacer
sa douleur ou une idée sur laquelle le patient va se focaliser (diversion). L’hypnoanalgésie Les signes de syndrome d’épuisement professionnel (burn out) surviennent lorsque le
réduit ainsi la « conscience » de la douleur en diminuant l’attention qui lui est portée. soignant ne prend plus plaisir à travailler, n’est plus créatif ou n’a plus d’initiative, ressent
des douleurs sans raison médicale, est facilement débordé par ses émotions (tristesse,
impuissance, colère ...), développe des mécanismes de protection de type cynisme
• Contenance physique
(humour noir, moqueries, ironie…) perd sa capacité à être empathique, se détache
- Par le patient : il serre la main d’une tierce personne quand il a mal émotionnellement des patients ou des collègues, perd son enthousiasme et devient moins
- Par le soignant : le soignant immobilise le patient en le tenant pour éviter qu’il bouge efficace dans son travail.
et empêche le soin. Certains soignants peuvent surinvestir la technicité des soins (apprendre des nouvelles
Que ce soit en urgence ou prévu avec le patient dans le plan de contrôle de la douleur, méthodes, essayer de tout comprendre sur les mécanismes…) pour mettre à distance
toujours le prévenir et donner des explications avant et pendant cette procédure, qui doit la part émotionnelle liée au patient. Le recours à un psychologue/psychiatre extérieur est
durer le moins longtemps possible. souvent utile, pour des sessions de groupes et individuelles à la demande.
414 415
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
- + PRÉVENTION
CERCLE VICIEUX EPUISEMENT CERCLE VERTUEUX BIEN ETRE AU TRAVAIL 1. QUI EST EXPOSE ?
PROFESSIONNEL
• Empathie, savoir être, soutient psychologique A - Selon le lieu
•E
xposition à la souffrance / douleur/
pleurs/ traumatisme / mort patient/famille
• Les brûlures surviennent principalement à la maison et sur le lieu de travail (80-90%).
•F
atigue physique (mauvaise • organisation du travail = ↘ rapidité, efficcacité,
• Les enfants et les femmes subissent généralement des brûlures à la cuisine, imputables
ambiance, manque de personnel, ergonomie, rotation sur les postes pour éviter
à des récipients contenant des liquides chauds ou aux flammes, ou à des explosions
chaleur, durée des pst, habillage, etc.) la routine
de réchaud.
•M
anque de soutient psychologique et • groupes de paroles, réunion multidisciplinaire, • Les hommes sont plus susceptibles d’être brûlés sur leur lieu de travail (feu, liquides
fatigue émotionnelle staffs, débriefing des situations difficiles, temps bouillants, produits chimiques et électricité).
•M
anque de compréhension, de de repos
connaissances techniques et B - Selon le sexe
théoriques • formation, training, lectures, évaluation des
pratiques professionnels Les femmes sont légèrement plus nombreuses à mourir victimes de brûlures que les
•S
oins mal organisés, perte de temps
• développement d'activités hommes (60% vs 40%).
=> fatigue psychique et physique extraprofessionnelles Domestique > Accident du travail > Agression / Automutilation
=> désinvestissement, négligeance,
cynisme, détachement => efficience de la prise en charge: message clair Flamme > Liquide > Explosion > Electricité
et cohérent (plusieurs acteurs mais un seul
=> ↘ communication patient/famille/ discours) • Cuisine : des liquides bouillants, des solides chauds (brûlures de contact), des flammes
soignants
=> investissement professionnel, motivation, mettant feu aux vêtements ou à l’environnement, cuisine à même le sol
la qualité des soins (infection,
=> ↘
dénutrition, douleur)
satisfaction • Maison : chauffage ou l’éclairage vétuste, habitat sommaire
=> travail d'équipe multidisciplinaire = prise en • Travail : défaillance des règles de sécurité (produits chimiques, habits de protection,
charge holistique du patient car vision dans sa électricité)
globalité
• Société : violence auto-infligée ou agression d’un tiers (acide, immolation), stockage et
qualité des soins et guérrison (délai, qualité de
=> ↗
cicatrication/récupération fonctionnelle, etc.) commerce de produits pétrochimiques de faible qualité de raffinement
C - Selon l'âge
• les enfants sont particulièrement exposés aux brûlures (0-5 ans, pic lors acquisition de
Le recours à un psychologue/psychiatre extérieur est souvent utile, pour des sessions de
la marche).
groupes et individuelles à la demande.
• Les brûlures sont la cinquième cause de traumatismes non mortels chez l’enfant. L’une
des principales causes est le manque de surveillance par un adulte.
416 417
Chapitre 15 - Approche psychologique Approche psychologique - Chapitre 15
Les pansements
2. PREVENTION
Le pansement d’une brulure doit être fait régulièrement. Pour éviter les douleurs, un
Les brûlures sont évitables. Depuis 40 ans l’incidence de la brûlure a considérablement traitement vous sera délivré le temps de faire le pansement. En fonction de la gravité de la
diminué notamment grâce : brûlure il pourrait se faire par voie orale (médicamants) ou bien nécessiter une anesthésie
• prévention primaire : réduire la fréquence de l’accident : prévention active sur une générale. Si la brûlure est profonde, une greffe de peau sera envisagée. Pour les plaies qui
population cible (exemple : campagne de prévention dans les médias, à l’école, guérissent bien, ou pour les plus petites surfaces de peau, les pansements peuvent être
communauté locale) ou législation faits en salle par les infirmières.
• prévention secondaire : réduire la gravité de l’accident directement au grand public ou
Avant d’aller au bloc opératoire il ne faut pas manger 4h avant
professionnels de santé (exemple : conduite à tenir en cas de brûlure, premiers secours
et référence rapide vers une structure de santé) La douleur
• prévention tertiaire : réduire la morbidité et prévenir les complications (exemple :
Une brûlure fait très mal. On vous donnera des médicaments contre la douleur avant
renforcement des compétences des soignants sur les soins aux brûlés, favoriser l’accès
d’aller refaire le pansement au bloc opératoire et régulièrement dans la journée.
à un plateau technique/ chirurgie/excision-greffe, réhabilitation et suivi post-brûlure pour
prévenir les complications). Alimentation
Un patient brulé doit manger plus, car son corps travaille plus pour guérir.
3. MESSAGES CLES
Quand les patients brûlés ont des difficultés pour manger, un tube peut être placé dans
A - Vie quotidienne l’estomac en passant par le nez ou par la bouche.
• Entourer les feux et limiter la hauteur des flammes dans un environnement domestique.
Hygiène
• Promouvoir l’utilisation de réchauds plus sûrs et de combustibles moins dangereux
• Améliorer la conception des foyers chauds, en particulier leur stabilité et les moyens d’en Les patients brûlés sont très fragiles face aux infections. Pour éviter ces infections
empêcher l’accès aux enfants. certaines règles d‘hygiène sont à respecter :
• Ne pas remplir un appareil à pétrole lorsque la flamme est allumée Il est très important de se laver les mains très régulièrement (après chaque repas,
• Mettre en garde contre les vêtements larges qui peuvent prendre feu toilettes, activité quelconque).
• Appliquer des réglementations en matière de sécurité pour les appareils et matériels es zones qui ne sont pas couvertes de pansements doivent être propres et sèches
L
domestiques pour éviter les infections. Il faut aussi que les ongles soient coupés courts.
• Contrôler la température de l’eau lors des soins d’hygiène (eau du bain)
Les accompagnants et visiteurs doivent se laver les mains et porter une blouse de
• Éviter de fumer au lit et ne pas laisser briquet/allumettes à portée des enfants
protection avant d’entrer dans le service.
• Utiliser des bougies/flammes uniquement sous surveillance
e nombre d’accompagnants pouvant rentrer le service est limité pour limiter la
L
B - Société propagation des microbes.
• Promouvoir l’adoption et l’application de réglementations de sécurité industrielle es accompagnants ayant une grippe ou un rhume doivent éviter de venir dans le
L
• Promouvoir l’éducation à la sécurité incendie Enseigner les premiers gestes à réaliser service.
en cas de brûlure Il faut éviter de partager des objets entre patients.
418 419
Chapitre 15 - Approche psychologique
420 421
16
Chapitre 16 - Soins palliatifs et limitation des soins actifs Soins palliatifs et limitation des soins actifs - Chapitre 16
Les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe Cette décision doit également intégrer les souhaits du patient et le soutien familial de ce
interdisciplinaire, en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser dernier : en effet, une amputation nécessaire mais refusée par le malade après information
la souffrance physique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son des risques vitaux, peut faire changer la prise en charge vers une optique palliative.
entourage 1. Pour ces patients, la question n’est plus de l’ordre de la possibilité ou du
temps de survie, mais de qualité de vie résiduelle. Lorsque la réponse à la question 1 est OUI, les questions suivantes peuvent
Les soins palliatifs sont une approche pour améliorer la qualité de vie des patients (adultes déclencher une discussion de prise en charge palliative:
et enfants) et de leur famille, confrontés aux problèmes liés à des maladies potentiellement 1/ Le patient est atteint d’une maladie grave qui potentiellement ne peut être
mortelles. Ils préviennent et soulagent les souffrances grâce à la reconnaissance précoce, guérie avec les moyens dont nous disposons sur le terrain : OUI NON
l’évaluation correcte et le traitement de la douleur et des autres problèmes, qu’ils soient 2/ Il existe des facteurs pronostiques vital péjoratifs (âge, comorbidités, échec de
d’ordre physique, psychosocial ou spirituel 2. traitements) : OUI NON
Ces soins intègrent le décès comme une composante normale de l’évolution de la maladie, 3/ La maladie est rapidement évolutive : OUI NON
et ne hâtent ni ne repoussent sa survenue. 4/ Il existe des symptômes non soulagés malgré la mise en place de traitements
La limitation de soins est une démarche survenant souvent en amont des soins palliatifs, appropriés (douleur, infection, décompensation) : OUI NON
lorsque la gravité ou le terrain sous-jacent d’un patient rendent illusoire le succès de 5/ Le patient ou sa famille présente des difficultés ‘psychologiques, sociales,
certains soins curatifs ou traitements invasifs. Il ne s’agit pas d’une absence de soins religieuses) liées à l’intégration de la maladie et/ou de son pronostic :
mais d’une « limitation thérapeutique ». Ainsi, on peut être amené à récuser certains soins, OUI NON
tout en poursuivant le reste de la prise en charge : par exemple, on peut décider chez un 6/ Il y a des doutes ou des divergences au sein de l’équipe concernant la cohérence
patient sévèrement brûlé de ne pas traiter par des catécholamines l’éventuelle survenue du projet de soins : OUI NON
d’une hypotension réfractaire due à un sepsis, mais de continuer le reste de la prise en
charge au maximum des capacités (antibiotiques, oxygénothérapie, traitement chirurgical
d’un foyer infectieux. Figure 1 : Arbre décisionnel de la prise en charge des patients brûlés 3
Cette limitation de soins s’inscrit alors de façon plus globale dans une démarche palliative. SCB < 40 % 40 % < SCB < 60 % SCB > 80 %
Cette limitation de soins sera assimilée aux soins palliatifs dans le reste du chapitre.
Cette décision de soins palliatifs est un processus dynamique, évolutif, adaptatif, SOINS CURATIFS SOINS PALLIATIFS
individualisé, et reposant sur une prise en charge multidisciplinaire. REFLEXION ETHIQUE
•R
éanimation, perfusion •A nalgésie
Dans les pays à ressources sanitaires limitées, la mise en œuvre des soins palliatifs n’est •A
nalgésie A chaque étape de la prise en • Installation
•C
hirurgie charge. •P osition confortable
pas entravée par le manque de moyen car le matériel nécessaire à une telle prise en •P
ansements itératifs •A nxiolyse/sédation
charge de qualité est basique (morphine, soins corporels, ressources humaines, etc.). Décision médicale après
•P
hysiothérapie procédure collégiale pour une
•S outien psychologique
Toute équipe est capable de réaliser des soins palliatifs dans des conditions techniques •N
utrition limitation, ou un arrêt des
•C hirurgie de propreté :
et humaines acceptables sans répercussion sur la qualité des soins. •S
anté mentale thérapeutiques activées
Pansements
•P
rise en charge de
l’entourage
1. SOINS PALLIATIFS : POUR QUELS PATIENTS ? •C
hambre individuelle si
possible
Quel que soit l’âge du patient, une prise en charge palliative peuvent être envisagée en
cas de pathologie grave, mettant en jeu le pronostic vital. CONCERTATION
Multi et interdisciplinaire
Ces pathologies peuvent être :
• chroniques, évolutives, et atteindre un stade terminal (par exemple pathologie cancéreuse) SORTIE DÉCÈS
• ou aigues, évolutives, mais non curables sur nos terrains MSF (par exemple insuffisance
rénale aigue anurique résistante au traitement médical sans possibilité de dialyse) 2. SOINS PALLIATIFS : PAR QUI ?
La décision de prise en charge palliative est adaptée à chaque patient, selon son âge, La décision de soins palliatifs est toujours une décision pluri professionnelle. Elle engage
ses antécédents, l’évolution de la maladie, et rend compte du pronostic médical différent l’ensemble des intervenants impliqués dans la prise en charge du patient : médecins,
selon un ensemble de facteurs (cf. figure 1). chirurgiens, infirmiers, kinésithérapeutes, psychologues, etc. à niveau égal.
422 423
16
Chapitre 16 - Soins palliatifs et limitation des soins actifs Soins palliatifs et limitation des soins actifs - Chapitre 16
C’est une décision d’équipe, qui se prend de façon éclairée, après analyse de la situation Il est à noter que ces décisions de limitations de soins ou de prise en charge palliative sont
médicale (maladie, traitements possibles, réponses aux thérapeutiques débutées, options des processus dynamiques, et qui peuvent être modifiées selon l’évolution du patient.
sanitaires disponibles) et psychologique/sociale du patient. En effet, si le patient s’améliore finalement, une limitation de soins peut être annulée,
et des thérapeutiques qui semblaient trop invasives au préalable peuvent redevenir
La discussion éthique amenant potentiellement à une décision de soins palliatifs peut
envisageables.
être demandée par n’importe quel soignant impliqué. En effet, le médecin spécialiste peut
parfois avoir une vision technique et partielle de la prise en charge d’un malade, là où
4. SOINS PALLIATIFS : COMMENT SE PREND LA DÉCISION ?
l’infirmier verra le patient dans sa globalité et parfois dans son refus des soins. Dans
ces situations, une réunion d’équipe doit permettre de statuer sur le projet de soins, sa La décision de soins palliatifs se prend donc en équipe « élargie » , idéalement avec les
faisabilité, le bénéfice attendu, l’adhésion du patient et de sa famille à cette prise en soignants qui connaissent le mieux le patient (l’équipe infirmière qui s’en est le plus
charge. En l’absence d’un projet cohérent, l’équipe peut être amenée à discuter et à fixer occupée, le médecin de l’unité qui l’a vu au quotidien…), et avec le maximum de soignants
le niveau de soins raisonnables à proposer au malade. impliqués dans la prise en charge, sans omettre d’inclure dans la consultation la famille /
l’accompagnant .
Cette décision de soins palliatifs bénéficie aussi dans certains pays d’un cadre légal
propre à chacun, encadrant la mise en place de ces soins. L’histoire médico-chirurgicale actuelle du patient, ainsi que ses antécédents et son statut
social sont exposés, afin que toute l’équipe aient les mêmes informations. L’évolution de la
3. SOINS PALLIATIFS : QUAND ? maladie et la réponse aux traitements réalisés est également rappelée. Le projet de soins
théoriquement « idéal » est mentionné, ainsi que les raisons (médicales, chirurgicales,
Il n’y a pas de stade précis de la maladie pour mettre en route des soins palliatifs, chaque
psychologiques…) pour ne pas y adhérer. La position du malade, de sa famille par rapport
malade ayant une évolution propre. Néanmoins, on peut dégager deux périodes « clés ».
à l’évolution de la pathologie est indiquée. Enfin le projet palliatif est précisé : limitations
Soit au tout début de la prise en charge, quand la maladie ou le traumatisme apparait des soins (à détailler : par exemple, plus de chirurgie, plus de traitement d’une infection)
d’emblée trop grave pour pouvoir être traité. C’est le cas par exemple des brûlés ou arrêt des soins curatifs si le projet thérapeutique est complètement vain.
extrêmement sévères (SCB > 40%, grande profondeur, critères de gravité), des états de
Les intervenants peuvent alors s’exprimer sur leur accord ou non avec le projet de soins
choc très profonds chez des patients âgés aux comorbidités multiples se présentant aux
palliatifs, demander ou apporter des précisions sur la situation médicale et personnelle
urgences 4. Dans ces situations, la prise en charge médicale pourra s’orienter d’emblée
du patient. L’équipe, après ce temps d’échange, s’accorde alors sur un projet de soins
vers une optique palliative, et non plus curative. Certains traitements (chirurgie, amines
palliatifs cohérent. A partir de ce stade, le confort physique et psychique du patient et de
vasopressives, ponction veineuse) ne seront pas débutés, et seul le confort physique et
sa famille devient la priorité de la prise en charge.
moral du patient sera privilégié.
La décision est reportée clairement dans le dossier et communiquée lors des transmissions
L’autre moment plus propice à la discussion de soins palliatifs se situe plus tardivement
médicales, et le patient et sa famille sont avertis du projet de soins. Une feuille de « soins
dans l’histoire de la maladie : quand celle-ci arrive au stade des complications, et qu’une
palliatifs » peut par exemple être jointe au dossier, mentionnant clairement les soins à
issue simple et favorable devient improbable. Il est à ce moment crucial d’anticiper
poursuivre, et ceux qui ont été écartés car trop invasifs. 5
d’éventuelles situations urgentes ou le risque vital est engagé, afin de définir en amont
le niveau de soins à proposer au patient. En effet, les décisions prises en urgence ne
permettent pas une analyse éclairée, multidisciplinaire, médico-psychologique de la 5. SOINS PALLIATIFS : LES DIFFICULTÉS
situation du malade. Si ces situations ont pu être anticipées, le niveau de soins raisonnable Dans un contexte palliatif, il est important de communiquer avec la famille mais également
à proposer au patient peut alors être déterminé, et être communiqué à l’ensemble des au sein de l’équipe elle-même en expliquant l’impasse d’options curatives. Certaines
intervenants. Ainsi, le médecin de garde amené à prendre en charge en urgence un choc difficultés peuvent freiner l’application du protocole. Ce chapitre est complémentaire de
septique d’un malade pour lequel la mauvaise évolution générale a exclu des soins invasifs, celui sur l’approche psychosociale.
privilégiera un traitement médical approprié (antibiothérapie, remplissage vasculaire ou
autre) et une éventuelle sédation en cas d’inconfort ou de mauvaise tolérance, sans se A - Tradition et coutumes
lancer dans des soins invasifs (cathéter central, chirurgie).
Il faut faire preuve d’une sensibilité culturelle aux traditions et coutumes qui entourent le
L’anticipation de ces situations à risque vital permet le positionnement de l’équipe quant concept de mort et les décisions médicales dans le pays (chef de famille : conséquences
aux soins à prodiguer dans ces circonstances, et assure au patient des soins justes, socioéconomiques du décès, rites religieux, traitement du corps post mortem, us de vie).
raisonnables et éthiques. Selon le contexte il peut être utile d’intégrer un membre de la communauté ou un chef
religieux à l’équipe pour améliorer l’accompagnement. En revanche il reste en vigueur que
l’intimité de la famille et le secret médical doit être respecté.
4 Cf. annexe : Conduite à tenir en cas de prise en charge palliative en fin de chapitre 5 Cf. annexe : Conduite à tenir en cas de prise en charge palliative, à joindre au dossier médical du patient
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16
Chapitre 16 - Soins palliatifs et limitation des soins actifs Soins palliatifs et limitation des soins actifs - Chapitre 16
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Chapitre 16 - Soins palliatifs et limitation des soins actifs Soins palliatifs et limitation des soins actifs - Chapitre 16
Le patient sera installé dans la position la plus confortable pour lui pour respirer I - Plaies – pansements – bilans biologiques
(généralement ½ assis), des aérosols de bronchodilatateurs ou pour humidifier l’air inspiré Dans un contexte de prise en charge palliative, seuls des pansements de propreté
peuvent être faits. De l’oxygène peut également être administré s’il soulage la dyspnée. seront réalisés, sous couvert d’une analgésie appropriée (pansement de brûlure, de plaie
Néanmoins, l’indication doit être réfléchie : il peut artificiellement prolonger la situation, chirurgicale, de cathéter…).
tout en induisant un inconfort en asséchant les muqueuses. Le bénéfice individuel est
donc à évaluer. Les bilans biologiques (ponction veineuse, Hemocue, glycémie capillaire) seront également
suspendus.
La dyspnée entraine une angoisse majeure (sensation d’étouffement) qui majore à son
tour la dyspnée. Les benzodiazépines trouvent donc là une indication majeure. De même 7. CONCLUSION
les morphiniques peuvent être utilisées pour leur propriété de régulation de la fréquence
respiratoire. Parfois la gravité de la pathologie initiale ou son évolution défavorable, rend le projet de
soins curatifs impossible à mener. On rentre alors dans une prise en charge palliative dont
D - Les nausées – vomissements l’objectif est de préserver au maximum le confort et la dignité du patient grâce à des soins
« confortables ».
Liés à la pathologie initiale ou au traitement de la douleur (morphinique), ils doivent
être soulagés par des antiémétiques IV classiques (Metoclopramide, Ondansétron, Le patient, sa famille et l’ensemble des soignants sont impliqués dans cette prise en
Halopéridol). La pose d’une sonde nasogastrique est gênante, voire douloureuse, et charge palliative, tant à la phase de limitations des soins (jugés trop invasifs pour un
doit donc être réservée aux vomissements abondants non soulagés par le traitement patient trop fragile), qu’en fin de vie.
médicamenteux.
Les symptômes désagréables du patient seront traités, et les soins douloureux évités. La
E - La constipation douleur physique et morale du patient sera soulagée, même au prix d’effets secondaires
jugés habituellement dangereux (ex : troubles de la vigilance).
Elle doit être prévenue par une hydratation suffisante et/ou lactulose PO, et traitée
seulement si elle est douloureuse par le ballonnement abdominal qu’elle génère (lavements
par eau chaude, suppositoire de glycérine, laxatifs).
F - Faim
Dans le cadre d’une limitation de soins sur certaines thérapeutiques, la nutrition peut
continuer à être proposée par des compléments oraux ou entéraux à condition que le
patient puisse déglutir sans risque et la famille sensibilisée au geste d’aide à l’alimentation.
La sensation de faim tend à disparaitre. Une alimentation forcée sera la source d’inconforts
multiples pour le patient (vomissements, ballonnement). Seul le plaisir occasionné par une
alimentation « choisie » par le patient sera alors privilégié.
G - Soif
La sensation de soif peut être réduite par les soins de bouche (bicarbonate, antifungique).
Quant à l’état d’hydratation générale, le confort du malade sera privilégié avec des apports
oraux de qualité, sans objectif de quantité (les soins de bouche assurant la plus grande
part du confort lié à une sensation de soif éventuelle) 8.
H - Prurit
Il peut être lié au traitement morphinique et/ou à la brûlure. Il sera soulagé par des crèmes
hydratantes, et l’administration d’antihistaminique 9.
428 429
16
Chapitre 16 - Soins palliatifs et limitation des soins actifs Soins palliatifs et limitation des soins actifs - Chapitre 16
Nom Prénom Sédation Si dyspnée aigüe, détresse respiratoire, douleur réfractaire, agitation, inconfort
pour anxiolyse majeur, absence de ressources thérapeutiques, phase terminale => soulager en
Sexe Age N° dossier diminuant la vigilance. Adapter la posologie : sédation par doses graduées pour
apporter le confort
Décision éthique collégiale prise le : (date) par MIDAZOLAM IV ou SC (cathéter 24G)
(Noms et signatures) Adulte : 0,03 à 0,1 mg/kg enfant > 1 an : 0,03 mg/kg
puis pour tous entretien PSE 0,03/kg/heure
Responsable médical PO ou SNG possible : 0,15 mg/kg puis 0,05mg/kg/heure sur pompe
1 Calcul du score Abbreviated Burn d’alimentation
Personnels présents Severity Index (ABSI) DIAZEPAM IV OU SC
IV : O,03 à 0,1 mg/kg (dose max 10mg) puis entretien 0,05 à 0,1 mg/kg/h en PSE
IR : 0,5 mg/kg à renouveler toutes les 6h au besoin
HISTOIRE DE LA BRULURE :
Date Soins de la Pansements de propretés au bloc ou en salle en fonction de l’analgésie, la
brûlure SCB et la possibilité d’un espace dédié. (tous 3-4 jour jr si propre : eau stérile
Nom Prénom bétadinée et Flammazine- pas de tulle gras)
Sexe Age Hydratation Poursuivre hydratation de base per os ou iv (=soin)
Soins de Soins de bouche x 2 par jour (compresse humide)
• SCB % confort
Escarres : les prévenir ou limiter leurs complications : installation, changement
• Profondeur estimée - 1 degré :
er
de position/4h, kinésithérapie douce et/ou respiratoire en l’absence de douleur
- 2e degré superficiel :
- 2e degré profond : Troubles Nausées vomissements : Metoclopramide (dose journalière à répartir en 3
digestifs prises) :
- 3e degré : Adulte : 15 à 30 mg/kg/jour
Enfant : 5-15 mg/jour
• Mécanisme :
Douleurs abdominales, occlusion :
• Lésions d’inhalation : oui/non Butylscopolamine : < 6 ans : 5mg / de 6 à 12 ans : 10 mg / > 12 ans : 20 mg
• Score de BAUX (âge + SCB) : Atropine : enfant 0,01mg/kg (max 0,4 mg/24h) adulte : 0,4 à 0,6 mg (à
renouveler/4h au besoin) lavements, lactulose, hydratation
• Score ABSI1 :
Troubles Toux encombrement : position ½ assise, humidifier l’air, ventilateur, aérosols ou
• Comorbidités : respiratoires nébulisation de Salbutamol ± corticoïdes inhalés ou IV
• Santé mentale, information de la famille par le médecin et le psychologue le : Dexamethasone (dose/24H à répartir) : enfant 0,4mg/kg adulte : 10mg
(date) Dyspnée : morphine + anxiolytique (cf analgésie/sédation ci-dessus)
430 431
16
ANNEXES
432 433
Annexes - Soins intensifs - Prescription médicale - Patient brûlé ADULTE Soins intensifs - Prescription médicale - Patient brûlé ADULTE - Annexes
Mymsf/toolbox medicale/brulures/soins intensifs/ Brûlés 2018 OCP Soins Intensifs Feuille prescription
médicale
434 435
Annexes - Soins intensifs - Surveillance infirmière - Patient brûlé ENFANT Soins intensifs - Surveillance infirmière - Patient brûlé ENFANT - Annexes
Mymsf/toolbox medicale/brulures/soins intensifs/ Brûlés 2018 OCP Soins intensifs Pancarte enfant
436 437
Annexes - Soins intensifs - Surveillance infirmière - Patient brûlé ADULTE Soins intensifs - Surveillance infirmière - Patient brûlé ADULTE - Annexes
438 439
Annexes - Soins intensifs - Surveillance infirmière - Patient brûlé ADULTE Nutrition - Annexes
FICHE TECHNIQUE
POIDS
2. SURVEILLANCE SPECIFIQUE
FREQUENCE OBJECTIFS /
PARAMETRE
SURVEILLANCE COMMENTAIRES
NEUROLOGIE TOUTES LES H
PUPILLES ; SCORE GLASGOW ; MEMBRES
NEUROVASCULAIRE MEMBRE
DOULEUR ; TEMPERATURE ; COULEUR ;
SENSIBILITE ; MOTRICITE ; TENSION TOUTES LES H
TISSULAIRE
3. ABLATION DISPOSITIF
OBJECTIFS /
DISPOSITIF HORAIRE ABLATION
COMMENTAIRES
VOIE VEINEUSES PERIPHERIQUE / VVC / PICC
SONDE URINAIRE
SONDE NASOGASTRIQUE
DRAIN
440 441
Annexes - Nutrition Nutrition - Annexes
Enfant > 1 an
D’UNE NUTRITION ENTERALE A DEBIT CONTINU
1500 kcal/41 g
1500 kcal/38 g
Teneur hyper protéinée (HP)
Frebini energy
Nutrini energy
> 1000 kcal/L (> 1 kcal/ml)
(or hyper énergétique)
Hypercalorique
500 ml
500 ml
Contrôler le volume de résidus gastriques (RG) / 6h
prot
prot
320
1. Positionner le patient en position ½ assise, sur son côté droit, pendant 15-20 min
2. Arrêter la pompe de nutrition (débit 0)
3. A
spirer doucement le volume de résidus gastriques à l’aide d’une seringue via le
Nutrison protein
1340 kcal/69 g
1250 kcal/62 g
1500 kcal/75 g
robinet 3 voies de la sonde gastrique : vidanger le contenu de la seringue dans
Adulte
Sondalis HP
Fresubin HP
un bassin réniforme (haricot) stérile et quantifier le volume obtenu
500 ml, 1L
500 ml, 1L
energy
plus
prot
prot
prot
< 200 ml (adulte) 200-400 ml (adulte) > 400 ml (adulte)
Isosource Junior
Enfant > 1 an
OU OU OU
1000 kcal/30 g
> 1000 kcal/L (> 1 kcal/ml)
Teneur normale protéinée
500 ml
prot
1500 kcal/56 g
1500 kcal/60 g
Adulte
Sondalis 1.5
500 ml, 1L
-R
estituer tout le volume - Restituer 50% du volume - Jeter l’intégralité des RG
de RG (si non bileux) de RG (si non bileux)
- Arrêter la pompe
plus
prot
prot
prot
- Relancer la pompe de
410
385
350
-R
elancer la pompe de - Examen médical (envisage
nutrition au même débit nutrition à 50% du débit
test avec prokynétique)
initial
- Contrôle de la position
Enfant > 1 an
Sondalis Junior
1000 kcal/30 g
1000 kcal/28 g
1000 kcal/28 g
- Maintenir le patient en
Frebini original
Teneur normale protéinée
(1-6 ans)
500 ml
500 ml
500 ml
si possible
(= 1 kcal/ml)
prot
prot
prot
170
215
250
après 6h
1000 kcal/38 g
1000 kcal/40 g
1000 kcal/38 g
Sondalis Iso
cliché radiographique
(standard)
Nutrison
Maintenir le contrôle
prot
prot
prot
250
265
Présentation
Présentation
/L (1000 ml)
/L (1000 ml)
/L (1000 ml)
(mOsmol/L)
(mOsmol/L)
(mOsmol/L)
Appellation
Appellation
Appellation
Produit
OR
Osmolalité
Osmolalité
Osmolalité
hydriques, électrolytiques
Nestlé
- Relancer la pompe de
et ± glucosés par voie IV
nutrition au même débit
442 443
Annexes - Nutrition Nutrition - Annexes
CAUSES /
COMPLICATION CONDUITE A TENIR
FACTEURS FAVORISANTS
CAUSES ET GESTION DES COMPLICATIONS
OCCLUSION •R inçage insuffisant de la sonde Prévention
SURVENANT AU COURS
DE LA SONDE • Incompatibilité entre les •R
inçage systématique de la sonde
D’UNE NUTRITION ENTERALE (NE) avant et après chaque usage
médicaments
(NE ou médicament)
•S
olution NE ou médicaments trop •A
dministrer au maximum
CAUSES / épais les traitements sous forme liquide
COMPLICATION CONDUITE A TENIR
FACTEURS FAVORISANTS •F
avoriser l’usage des pompes
DIARRHEE automatiques de NE
•P
athologie associée (malnutrition, •E
valuer traitement, pathologie(s)
(≥ 3 selles sepsis, malabsorption, iléus •V
érifier la position de la SNG Conduite à tenir
liquides/24h) paralytique chronique infection)
•D
épister et traiter une potentielle • tenter de déboucher la SNG avec
• liée à la NE (débit trop rapide, infection (penser au C. Difficile) de l’eau tiède en répétant les gestes
volume trop important, type de
•R
éduire le volume et le débit de (aspiration/injection)
solution NE)
la NE •S i échec : instiller 5-10 ml de Coca
• M alposition de la sonde SNG
.• F
avoriser le débit continu au bolus Cola dans le tube. Laisser reposer
(jéjunum)
•C hanger la solution de NE au profit 30 min puis essayer à nouveau
• L iée au traitement (prokynétique, de déboucher la sonde
d’une solution d’une osmolarité plus
antiacides, antibiotiques, sirop
hyper osmolaires, solutions orales/
basse •S i échec: changer la SNG
jus, catécholamines, etc.) Si la diarrhée s’aggrave •A rrêter immédiatement la NE
(≥ 6 selles liquides/jr ou signes et placer la sonde en déclive
• Infection : contamination
de déshydratation) ou persiste (à la poche)
bactérienne
au-delà de 24h : •V érifier leposition/ perméabilité
•A rrêter la NE et compenser par des de la sonde (Radio)
apports liquidiens IV •P osition demi assise > 30°
•C oproculture si possible •o xygénothérapie
REGURGITATION •P rescrire Augmentin® IV pendant
•P
athologie associée (sepsis, iléus, •E
valuer traitement, pathologie(s) 5 jours
OU occlusion intestinale, reflux gastro •A
rrêter transitoirement la NE, mettre
œsophagien RGO) •P rescrire bronchodilateurs en cas
VOMISSEMENTS la SN en déclive et compenser par de bronchospasmes
• V idange gastrique retardée des apports liquidiens IV
• P osition trop allongée (< 20°) • V érifier positon / perméabilité de PAS DE CORTICOIDES
• liée à la NE (débit trop rapide, la SNG
volume trop important) • P osition demi assise ≥ 30°
• M alposition de la sonde SNG • P rescrire antiémétiques si nausées
(œsophage) vomissements
• L iée au traitement (morphiniques, • P rescrire prokynétique si
antibiotiques, etc) vomissements persistants ou signes
évidents d’occlusion intestinale
• traiter un potential RGO
• s i les vomissements s’arrêtent :
reprendre la NE après 4-8h (at 50%
du débit et volume initial)
444 445
Annexes - Soins locaux et pansements Soins locaux et pansements - Annexes
Il est IMPERATIF que la zone de pansement soit vérifiée le matin par l’équipe infirmière
AVANT le début des pansements. Le matériel suivant doit être prêt ET fonctionnel :
1. Oxygène : extracteur à O2 branché sur l’électricité et tubulure/ lunettes a O2 a portée
de main
2. Respiration : ambu + filtre + masque adapté à l’âge + aspiration fonctionnelle
3. Naloxone : 1 ampoule + sérum physio + trocart et nécessaire pour pose d’une voie
veineuse
4. Constantes : saturomètre fonctionnel (allumer une fois et tester sur soit pour vérifier que
les piles sont chargées)
5. Chariot de matériel pour pansement prêt AVANT le soin
DATE
Constantes pour de
pansement l’infirmier(e)
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
* M
ymsf/toolbox medicale/brûlures/soins locaux et pansements/ Brûlés 2018 Dossier de soins Fiche surv
pansement au lit sous morphine PO
* M
ymsf/toolbox medicale/brûlures/soins locaux et pansements/ Brûlés 2018 Dossier de soins Fiche surv
pansement au lit sous morphine PO
446 447
Annexes - Organisation des soins et de l'espace Organisation des soins et de l'espace - Annexes
ORGANISATION DES SOINS ET GESTION DE L'ESPACE SPECIFICATIONS LIT BRÛLÉS DANS UNE UNITÉ
HOSPITALIÈRE EXISTANTE
Les documents présentés ci dessous guident dans l'organisation d'un service accueillant
des patients brûlés:
• au sein d'une structure d'hospitalisation existante
• au sein d'une unité dédiée aux patients brûlés
INCENDIE : Prévoir mesures contre incendies adaptées aux services et prendre en considération l'accessibilité
du bâtiment. Sortie de secours < 30 m distance du point le plus éloigné.
448 449
Annexes - Organisation des soins et de l'espace Organisation des soins et de l'espace - Annexes
*** ECLAIRAGE en W/m2 type de lampe LED, table de conversion lampe incandescente, lampe fluorescent,
ampoule à économie d'énergie, sur le chapitre d'informations générales.
450 451
Annexes - Organisation des soins et de l'espace Organisation des soins et de l'espace - Annexes
INCENDIE : Prévoir mesures contre incendies adaptées aux services et prendre en considération l'accessibilité *** ECLAIRAGE en W/m2 type de lampe LED, table de conversion lampe incandescente, lampe fluorescent,
du bâtiment. Sortie de secours < 30 m distance du point le plus éloigné. ampoule à économie d'énergie, sur le chapitre d'informations générales.
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Annexes - Organisation des soins et de l'espace Organisation des soins et de l'espace- Annexes
EXTERIEUR
EXTERIOR
Bloc-Op IN Pharmacie/ Stérilisation/buanderie / Vestiaire général
à proximité
Stérilisation zone à dechets General changing room
OT nearby OUT Pharmacy/ Sterilization/laundry/
Sterilization waste area
Reception
du propre Dépôt du sale
Clean material Dirty deposit
SAS SAS
SAS
reception
Salle d'hygiene/
Stockage propre
Utilityroom
Clean storage
Stockage d'équipement/
Equipment storage
Toilette staff à proximité/
Staff toilet in close proximity
PROPRE / CLEAN
Toilette patients / Patient toilet
Physiotérapie /
Physiotherapy Hospitalisation Soins Intensifs Isolement
Pansement / Hospitalization Intensive Care Isolation
Dressing
PATIENT
STAFF
MATERIEL/
MATERIAL
454 455
Annexes - Anesthésie Anesthésie - Annexes
Lors d’un acte chirurgical sur un patient brûlé en phase aiguë, les pertes sanguines sont 4. Calculer le volume potentiel de pertes sanguines selon la formule suivante:
souvent majeures et peuvent conduire potentiellement à un choc hémorragique.
Les saignements sont majorés si la zone excisée est étendue, si le patient est septique ou Types de greffes
ESTIMATION DU % DE
en cas de troubles de l’hémostase sous-jacents. AGE
SAIGNEMENT ESTIMÉ (VST)
Il est impossible de quantifier avec précision les pertes sanguines au cours d’une telle Enfant ≤ 12 ans (A + B) x 3
chirurgie.
Enfant > 12 ans
Selon la méthode de calcul ci-dessous, si une transfusion sanguine est nécessaires, les (A + B) x 2
produits sanguins doivent être disponibles en salle d’opération avant le début de la Adulte
chirurgie et doivent être administrés en peropératoire pendant la procédure chirurgicale.
A = % SCB devant être excise/débridé
La poche de sang doit être vérifiée (test ultime au chevet du patient, date de péremption, B = % SCB devant être prélevé
etc..) et infusée au patient AVANT le début de l’excision. Le débit (gouttes/min) et le Greffe cutanée en filet : B = A x 0.5
volume de la transfusion sanguine dépendent de l’état hémodynamique du patient ainsi Greffe de peau pleine : B = A x 1
que le l’évolution des mesures itératives de l’hémoglobine (Hemocue®).
En effet, il est primordial de mesurer l’hémoglobine capillaire en salle d’opération, en salle
de réveil et durant la phase post opératoire immédiate (le jour même de la chirurgie) en EN PRATIQUE
soins intensifs ou en service d’hospitalisation.
Le saignement actif peut se poursuivre sous les bandages en post opératoire. Une Exemple n°1
transfusion sanguine supplémentaire peut être requise en service (soins intensifs/
hospitalisation) si le taux Hb ≤ 7 g/dl. Enfant de 2 ans, poids 12 kg, Hb 8 g/dl
Devant bénéficier d’une excision puis greffe cutanée en filet pour une SCB 10%
La commande anticipée de produits sanguins est basée sur l’estimation des potentielles
pertes sanguines selon la méthode suivante:
1. Déterminer le taux Hb (Hemocue ® ou NFS) la veille de la chirurgie VST = 70 ml/kg = 70 x 12 = 840 ml
Même si la numération par prise de sang est la mesure la plus fiable, la mesure l’Hb peut A (% SCB à exciser) = 10
être réalisée par hémoglobine capillaire (Hemocue ®) sur le site de prélèvement est sain
(non brûlée) et exempt d’œdème. B (% SCB à prélever pour greffe cutanée) = 0.5 x 10 = 5
2. Estimer le volume sanguin total du patient (VST) selon l’âge, le sexe et le poids :
Pertes sanguines estimées : (10 + 5) x 3 = 45% of TBV = 840 x 0.45 = 378 ml
AGE VOLUME SANGUINE TOTAL (ML/KG)
ENFANT Pertes estimées en Hb = 45% de la masse total de globules rouges = 8 x 0.45 = 3.6 g/dl
0-4 semaines 90
Durant la procédure chirurgicale, la chute de l’Hb est attendue à 4.4 g/dl (8 – 3.6 = 4.4)
1-12 mois 80
1-12 ans 75
Conclusion : NECESSITÉ d’une commande anticipée d’une poche de sang total ou
> 12 ans 70 culot globulaire (volume adulte: 350-400 ml).
ADULTE Femme 60
Homme 70
456 457
Annexes - Anesthésie Chirurgie - Annexes
Exemple n°2
Femme 30 ans : 60 kg, Hb 12 g/dl PRINCIPES ET PRECAUTIONS D’UTILISATION
DU DERME ARTIFICIEL (DA) A MSF
Devant bénéficier d’une excision greffe en filet pour une SCB 10%
Généralités
Le Derme artificiel (DA) peut être utilisé en chirurgie d’urgence ou en chirurgie de
VST = 60 ml/kg = 60 x 60 = 3600 ml
reconstruction. MSF va commencer à l’utiliser sur deux terrains uniquement : à Haïti,
A (%SCB à exciser) = 10 en priorité en chirurgie d’urgence pour les patients brûlés et en Jordanie en chirurgie de
reconstruction. La fiche technique de ce produit est disponible sur
B (%SCB à prélever pour greffe cutanée) = 0.5 x 10 = 5 MyMSF/medical toolbox/brulures/chirurgie
458 459
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
460 461
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Physiothérapie Dans le cas où le matériel est indisponible, des compresses peuvent être appliquées et le
La prise en charge du visage brûlé est conditionné par l’appareillage en fonction de la physiothérapeute posture les paupières en fermeture.
zone touchée (yeux, bouche, nez, joue…).
Conformateur narinaire
Des massages intra-buccaux sont réalisés précocement pour entretenir l’extensibilité de Une attelle de narine peut être confectionnée en découpant une sonde d’intubation de
la joue. Ils sont effectués avec un gant. Il ne faut pas utiliser de produit comme la vaseline, diamètre correspondant. Elle peut être suturée par le chirurgien.
émollient…
On peut aussi faire « une attelle postulante » : la sonde est placée au niveau du ballonnet
Des massages-tractions sont réalisés par série de 5 à 10 minutes. Du miel ou confiture dans la narine puis est gonflée progressivement.
(goût sucré agréable) peuvent être appliqués sur les doigts du physiothérapeute chez
l’enfant pour lui faire accepter le massage.
B - Appareillage
Loup palpébral
Cet appareil a pour vocation de positionner les paupières
en position fermée.
Matériel
• Aquaplast® (plastique thermoformable pouvant être appliqué directement sur la peau
épidermisée pour être moulé)
• Plastazote® (mousse dense qui sera collée sur l’Aquaplast® pour avoir un appui plus
confortable
• Compresses non tissées qui seront appliquées directement sur le patient
• Pommade type vitamine A pour la cornée.
Etapes
1- Chauffer l’Aquaplast® et l’appliquer sur le patient pour le mouler
2- Découper puis coller une couche de Plastazote® à l’intérieur du loup Etirement mécanique en extension des joues
3- Appliquer les compresses avec la pommade puis placer le loup sur le patient. L’étirement des joues est obtenu en insérant les ballonnets de sondes d’intubation
préalablement ajustés (découper la partie distale puis la couvrir de plastique
thermoformable ou de silicone – (cf. Conformateur buccal et jugal) entre la joue et le plan
dentaire. Ils sont ensuite gonflés pour obtenir l’étirement.
Patiente avec mise en place des sondes d’intubation gonflées. Système facile
à mettre en place, permettant de travailler l’extensibilité de la peau des joues.
462 463
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Matériel
• 3 seringues
• 2 sondes d’intubation de large diamètre
• Deux robinets à 3 voies 3 - Découper 2 petits rectangles de plastique. Chauffer le thermoformable puis l’entourer
• Plastique thermoformable. autour du piston de la seringue. Fixer la sonde d’intubation dessus. Le plastique est
tourné sur lui-même pour placer la sonde avec un angle de 20° vers l’extérieur (côté
ballonnet) pour s’adapter à la bouche. Recommencer l’opération avec l’autre extrémité
du piston et le deuxième morceau de thermoformable.
Deuxième montage : Relier les 2 robinets à une tubulure puis mettre une seringue remplie
d’eau sur l’un des robinets.
Etapes de montage
1 - Découper les 2 extrémités des sondes d’intubations. (Le conduit d’air est rompu du
côté du ballonnet, il ne peut plus être gonflé)
2 - Boucher avec du silicone ou du plastique thermoformable l’extrémité découpée pour
pouvoir gonfler le ballonnet.
464 465
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Matériel
• Vaseline
• Jersey
• Bandes plâtrées
• Bassine d’eau
• Compresses
• Tige en fer (diamètre 1 cm)
• Plâtre en poudre (plâtre dentaire)
• Matériel de découpe (ciseaux, visseuse deviseuse « Dremel®» et kit de découpe
• Velcro
• Plastique thermoformable à haute température.
Etapes
1- Appliquer la vaseline sur le visage du patient en évitant le contour des yeux, demander
au patient de les fermer
2- Placer un jersey à la base du cuir chevelu pour éviter que les cheveux soient pris dans
le plâtre
3- Plonger une bande de plâtre dans l’eau, essorer puis placer sur la partie inférieure du
Conformateur buccal vertical
visage (sous le nez)
Phase aiguë et secondaire :
4- Même procédé pour une deuxième bande qui sera placé sur la partie supérieure du
2 - 3 fois par jour : séance de 30 minutes
visage
NB : ne pas faire de plis et bien lisser ces bandes sur le visage car ce sont elles
Permet de positionner verticalement la bouche :
qui font l’empreinte
• En insérant plusieurs abaisse-langues attachés entre eux.
5- Recouvrir les premières bandes par plusieurs couches de bandes plâtrées (2 à 3
• Avec un montage pneumatique en fixant deux abaisse-langues par une de leurs
couches).
extrémités. On insère ensuite un ballonnet entre les deux abaisse-langues, le plus
proche possible de leurs parties attachées. l’autre extrémité est placée entre les incisives
du patient. Le thérapeute gonfle le ballonnet à l’aide d’une seringue afin d’augmenter
l’espace entre les abaisse-langues et donc entre les incisives.
C’est une technique délicate qui doit être réalisée par du personnel entrainé. Si elle est
mal réalisée, cette technique entraine des risques notamment au niveau du pourtour des
Confection du négatif avec les bandes plâtrées
yeux (risque de cécité par compression) et au niveau du pourtour de la bouche (éviter la
pression sur la gencive qui peut à terme déchausser les dents.)
6- Attendre que le plâtre soit dur pour le retirer du visage
Le patient recevant cette technique doit être dans la possibilité d’être suivi sur plusieurs
mois afin de réévaluer le conformateur de manière régulière pour assurer une utilisation 7- Fermer le plâtre avec de nouvelles bandes au niveau du nez et du cou
optimale et éviter tout effet délétère. 8- Appliquer de la vaseline à l’intérieur du négatif
466 467
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
9- Préparer du plâtre puis le faire couler dans le négatif, ajouter au centre du futur positif
une tige en fer
NB : attention à ne pas trop creuser le pourtour labial et le pourtour des yeux. (Risque
de cécité par compression et de déchausser les dents) Enfant avec brûlure au visage par flamme.
Confection d’un conformateur facial pour lutter
13 - Chauffer le plastique puis l’appliquer sur le positif contre les hypertrophies au niveau des joues et
14 - Découper le plastique au niveau des orifices, lisser les bords Si le masque n’offre pas une du menton.
pression suffisante, il existe deux L’appareillage est efficace, on observe le
blanchiment des hypertrophies.
options :
• Retravailler le positif en creusant les zones souhaitées puis
reposer le masque et le chauffer au pistolet à air chaud pour le remouler
• OU ajouter du silicone en pate sur la zone voulue.
468 469
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Etapes
1. Découper un rectangle de lycra, de hauteur (h) équivalente au visage et de largeur (l)
équivalente au tour de tête diminué de 30 %
2. Couper le lycra au niveau des orifices (yeux, narines, bouche, oreilles)
3. Faire des petits trous le long des cotés (hauteurs)
4. Découper deux fines bandes sur une autre pièce de lycra pour obtenir des lacets
5. Appliquer la cagoule et faire le laçage.
EXEMPLE : Jeune femme de 29 ans brûlée au 2e degré profond et 3e degré sur l’ensemble
du visage par liquide chaud.
470 471
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Réévaluation à 5 mois des attractions et des rétractions sur son visage : Après 15 mois de traitements chirurgicaux et de physiothérapie, la fermeture des yeux est
complète et l’ouverture buccale est satisfaisante.
Une dernière photo de cette patiente a été prise à 21 mois de sa brûlure. En dehors de
l’aspect esthétique de la photo, on note le résultat notamment de l’ouverture buccale
lui donnant la possibilité de sourire. (Noter la différence avec les photos de l’ouverture
buccale à 5 mois). Après les nombreux mois de traitement et de massage, la peau a pu
acquérir une mobilité conséquente lui redonnant des traits d’expressions malgré la gravité
de son accident.
Liens internet vers vidéos :
• Le conformateur facial
https://www.canal-u.tv/video/canal_u_medecine/realisation_d_un_
Bilan Traitement
472 473
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
BILAN DE LA MOBILITE
Mesure des mouvements du rachis cervical avec le mètre ruban (mesure centimétrique)
Repères en fonction du mouvement évalué :
Le jour (en dehors des exercices et des repas) garder position cou en flexion au lit.
La nuit : garder le coussin la nuit, allongé sur le dos.
Le jour (en dehors des exercices et des repas) : suivre le protocole de changement de
position. Quand le patient est assis ou debout : mettre le collier cervical.
NB : Il faut être très vigilant sur le fait que le patient n’adopte pas de position du cou en
inclinaison et / ou rotation. Si c’est le cas, le collier cervical est recommandé pendant les
périodes de positon en extension.
La nuit : garder le collier cervical afin d’éviter les mauvaises postures en rotations et
inclinaisons.
Le jour (en dehors des exercices et des repas) : garder la position du cou avec une légère
extension. En position assise et lors des déplacements : mettre un collier cervical pour
positionner le cou.
NB : Dans le cas de brûlures mixtes antérieures et latérales : le patient porte le collier
cervical pour éviter les malpositions en inclinaison-rotation.
La nuit : garder la position en extension ou mettre le collier cervical si le patient n’arrive
pas à garder la position la nuit.
474 475
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
A - Physiotherapie et exercices Le collier cervical selon les besoins et les moyens peut être réalisé :
Mobiliser le cou en actif aidé en flexion - extension - rotations - inclinaisons. • en thermoformable
Exercices actifs à enseigner - Moulé sur le patient c’est un appareillage rigide sur mesure
- Attention à la pointe du menton et à l’appui sur la trachée
B - Appareillage
Collier cervical
• Garde le rachis cervical en extension • avec des bandes Velpeau®
• Evite les déviations en rotation ou inclinaison
- Collier souple
• Idéal pour maintenir une position neutre en évitant les rétractions notamment antérieures
- Superposer deux bandes Velpeau®, sur le cou, les maintenir en déroulant une
• En plastique, en mousse ou type Philadelphia.
troisième bande autour du cou
- Simple à réaliser si peu de moyens mais moins efficace
476 477
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Zone axillaire
AUTO-POSTURES
• Brûlure postérieure : en flexion du cou
ALLONGE sur le dos. Positionner un / plusieurs coussins en fonction de l’étirement
recherché en flexion cervicale.
• Brûlure antérieure : en extension du cou
ALLONGE sur le dos, tête en dehors de la table ou du lit, laisser la tête en extension,
supporter par un tabouret réglé à la hauteur souhaitée.
478 479
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Le jour (en dehors des exercices et des repas), alterner les positions d’abduction et
d’élévation
La nuit : garder la position en abduction.
Le jour : en dehors des exercices et des repas : garder la position en abduction. Exemple de montage alternatif en abduction
La nuit : garder la position en abduction. • Utiliser une gouttière en plastique (en thermoformable
ou autre)
• Percer 4 trous à chaque coin
BRÛLURE AXILLAIRE ET DU PILIER POSTERIEUR DE L’EPAULE
• Relier la gouttière par deux cordes à un pied à perfusion.
PHYSIOTHERAPIE ET EXERCICES
Mobiliser l’épaule en abduction, en élévation et en rotation.
Le jour (en dehors des exercices et des repas), alterner les positions d’abduction et de
flexion antérieure
La nuit : garder la position en abduction.
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
•A
ttelle plâtrée ou thermoformable : si pas d’attelle de Zimmer sur place. Des
attelles plâtrées successives sont utilisables en phase secondaire dans le cadre d’une
Faire « marcher » la main le long du mur pour travailler l’élévation de l’épaule récupération d’amplitude sur une bride axillaire.
Les mains derrière la tête, amener les coudes en arrière. Si le patient ne peut pas
mettre les mains derrière la tête : relâcher les mains et amener les épaules en
arrière et en bas en serrant les omoplates
•A
ttelle en 8. Pour les brûlures antérieures, un risque de rétraction en enroulement de
l’épaule peut apparaitre. Une attelle en 8 est réalisable pour aider la rétropulsion de
l’épaule :
Exercices globaux :
• Lever les bras sur les côtés en inspirant
• Lever les bras devant soi en inspirant
APPAREILLAGE
Attelle thoraco-brachiale
• Attelle de Zimmer
Réalisation rapide :
- Retirer les baleines latérales de l’attelle
- Plier l’attelle pour lui donner l’amplitude souhaitée pour positionner l’épaule
- Découper transversalement de chaque côté de l’attelle au niveau du creux axillaire :
L’attelle en 8 est réalisée avec deux morceaux de mousse positionnés sur les parties
antérieures de l’épaule.
Un tissu type écharpe ou foulard effectue la traction et est noué dans le dos.
Cette attelle permet aussi de plaquer la peau au niveau du creux axillaire effectuant une
pression dans la concavité comme une posture en 3 points. Cela permet de prévenir et de
lutter contre la bride axillaire.
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
•P
osture assis sur les talons • Goniométrie de la flexion et de l’extension du coude
Descendre le buste sur les genoux • Réalisation d’un gabarit : dessin de l’amplitude sur papier
Chercher avec les mains loin devant
PRISE EN CHARGE EN PHASE AIGUE
•E
xercice « marcher » sur le mur puis
tenir la position. BRÛLURE POSTERIEURE DU COUDE
Exemples :
* le patient est positionné en extension (légèrement incomplète afin d’éviter la rétraction capsulaire et les
péri-ostéo-arthropathies (POA) (cf. paragraphe suivant).
484 485
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Le jour (en dehors des exercices et des repas), garder la position coude tendu au lit. Exercices actifs à enseigner
Une attelle peut être mise en place pour maintenir la position. • Flexion - extension du coude en supination
La nuit : garder l’attelle d’extension. • Pronation - supination coude fléchi.
BRÛLURE CIRCULAIRE DU COUDE Le patient doit réaliser seul et tous les jours
3 à 5 séries de 5 mouvements de ces exercices.
Autonomiser le patient : pour les repas, boire, il doit essayer de faire un maximum de
tâches avec le bras atteint
Exercice avec enfant : jeux avec ballon de baudruche et petites raquettes.
ATTELLES
Attelles d’extension et de flexion du coude
• Attelle de Zimmer (prévues pour les immobilisations du genou en post traumatisme)
Les petites tailles s’adaptent bien aux coudes brûlés des adultes.
• Attelle plâtrée, thermoformable ou Kramer
Lors de la réalisation, bien faire attention :
- À ne pas placer le coude en hyperextension
- Au positionnement de l’avant-bras (supination ou prono-supination neutre).
Le jour (en dehors des exercices et des repas), suivre le protocole de changement de
position.
La nuit : Si le changement de position est impossible à mettre en place : préférer la
position en flexion de coude à 90° (position de fonction) précédée et succédée par des
positions d’extension avant le coucher et après le réveil.
486 487
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
AUTO-POSTURES
Brûlure postérieure = en flexion de coude FICHE TECHNIQUE PHYSIOTHERAPIE
• Poser l’avant-bras devant soi sur une table, paume de main vers le plafond BRÛLURE DE MAIN/POIGNET
• S’appuyer en se penchant vers l’avant avec les épaules. • Première commissure de la main (1)
• Espaces interdigitaux (2)
Brûlure antérieure = en extension de coude • Pli de flexion des MCP (3)
1
• Allongé sur le dos
Les doigts sont désignés en chiffres romains
• Placer les mains paumes vers le haut sous les ischions (sous les fesses) 2
(I pour le pouce, III pour le médius …)
OU
MCP : Métacarpo-phalangienne 2
• Assis, placer la main sous l’ischion paume vers le bas, doigts vers l’intérieur
IP : Inter-Phalangienne (du pouce)
• Amener le coude en extension en poussant sur la main IPP : Inter-Phalangienne Proximale 2
• S’aider en tirant le coude vers soi avec l’autre main. IPD : Inter-Phalangienne Distale
3
NB : les patients avec des brûlures circulaires doivent réaliser les deux types Face palmaire de la main
d’autopostures.
BILAN DE LA MOBILITE
Mesure de la mobilité totale des doigts
La flexion et l’extension des doigts longs (II, III, IV, V) sont mesurées avec un goniomètre
en degrés.
Pour chaque doigt, on mesure d’une part la flexion et d’autre part la perte d’extension
des 3 articulations MCP, IPP, IPD actives et passives.
488 489
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
TAM (Total Active Motion) = Somme (MCP+IPP+IPD) des flexions Actives – Somme des Le patient place ses doigts de l’autre main entre la MCP de l’index et l’IP du pouce.
pertes d’extension Actives. Si le patient place un doigt le résultat est de 1/4.
La mesure de la mobilité active totale, TAM, est réalisée sans aide, par le patient. Si le patient place deux doigts (2/4) etc…
TPM (Totale Passive motion) = Somme (MCP+IPP+IPD) des flexions Passives – Somme Si les deux mains sont sous pansements, alors le thérapeute utilisera ses doigts.
des pertes d’extension Passives Gabarit de l’ouverture du pouce
La mesure de la mobilité passive totale, TPM, est réalisée avec une aide (autre main du
Un tracé de l’ouverture de la première commissure est réalisé sur un papier laissant une
patient ou le thérapeute).
marque objective de l’évolution de l’abduction du pouce.
La mobilité totale (passives comme actives) des 3 articulations d’un doigt long est
de 260 ° chez une personne sans déficit de flexion ni d’extension : MCP 85° + IPP 110°
+ IPD 65° = 260°
Exemple de TAM pour l’index d’un patient :
Cotation des résultats TAM et TPA
MCP : 70° de flexion et une extension complète.
(American Society for Surgery of the hand)
IPP : 100° de flexion et une perte d’extension de
• 260° : Normal 10°.
• 220 à 259° : Excellent IPD : 50° de flexion et une perte d’extension de
• 180 à 220° : Bon 15°.
• < de 180° : Mauvais → Total : 220° de flexion et 25° de perte
d’extension
→ La TAM est de 220 – 25° = 195° Opposition du pouce
Cotation de Kapandji : le pouce est amené le plus loin
possible vers l’auriculaire (V) jusqu’au pli de flexion
de la 5e MCP.
Distance entre I et V
Ce test comporte 10 cotations :
490 491
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Flexion globale des doigts longs Une analyse plus précise et complémentaire peut être réalisée par un bilan goniométrique
Test rapide donnant une idée de l’amplitude globale en flexion et extension des différentes articulations des doigts.
de la flexion - extension des doigts longs (II, III, IV, V) Gabarit de la flexion - extension des doigts
Si les deux mains sont atteintes, la flexion - extension des doigts peut être observée en
réalisant un gabarit : la main est positionnée sur une feuille, on marque la distance entre la
paume et le bout des doigts en flexion et en extension sur la feuille de test.
Mobilité fonctionnelle
La main présente un intérêt fonctionnel considérable et permet tout type de prise, de force
ou de finesse.
Les principales prises ont été répertoriées par Sollerman :
L’évaluation est réalisée avec l’autre main du patient comme référence, si elle est
capable de réaliser l’extension complète de l’ensemble de ses doigts.
Les deux mains sont accolées paume contre paume au même niveau. La main affectée
réalise la flexion extension de l’ensemble des doigts. Un score est donné pour chaque
doigt
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Boite conçu pour le test, rassemblant les différents items nécessaire à l’évaluation du Le score total obtenu est noté sur 80.
patient.
Le test comporte en plus, une évaluation subjective de la fonctionnalité de la main du
patient. Cette information supplémentaire se présente comme l’EVA pour la douleur.
Le patient doit placer sur échelle de 10 son estimation de la fonctionnalité entre non-
fonctionnelle et parfaitement fonctionnelle.
ITEMS
1. Placer et tourner la clef de 90° 11. Couper de la pâte à modeler
dans un cadenas. /4 avec une fourchette et un /4
couteau.
2. Ramasser des pièces sur une 12. Mettre une contention type
surface plane et les placer dans /4 Tubigrip® sur l’autre main. /4
une bourse attachée au mur.
3. O
uvrir / fermer une fermeture 13. Ecrire avec un stylo. Le jour (en dehors des exercices et des repas) garder la position intrinsèque « plus »
éclair. /4 /4
modifiée en enroulement à l’aide d’une attelle. Des temps seront consacrés pour
4. Prendre des pièces dans une 14. Plier un papier et le mettre l’enroulement complet de la main avec un appareillage ou une posture en bande Biflex®
bourse. /4 dans une enveloppe. /4
La nuit : garder la position avec l’attelle.
5. Lever des cubes de bois au- 15. Placer un trombone sur une
dessus d’un obstacle de 5cm. /4 enveloppe. /4 BRÛLURE FACE PALMAIRE DE LA MAIN
7. Visser une vis avec un tournevis. 17. Tourner une poignée de porte
/4 de 30° /4
494 495
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Le jour (en dehors des exercices et des repas) garder la position intrinsèque
Prévoir des périodes en enroulement et en ouverture dans la journée (idéalement 2 x 1h
pour chaque position)
La nuit : garder la position en intrinsèque plus via l’attelle.
PHYSIOTHERAPIE ET EXERCICES
La main est la partie la plus fonctionnelle du corps. Elle doit être sollicitée le plus possible Réalisation
pour faire des exercices actifs. Des mobilisations et des postures spécifiques seront
réalisées tous les jours en fonction de la zone brûlée. Découper un rectangle de plastique thermoformable sur lequel la
main et l’avant-bras peuvent reposer.
Pour favoriser ce traitement, il faut impérativement travailler avec l’équipe soignante pour
Il doit être assez long pour que l’attelle puisse tenir.
que les patients aient des pansements fins autorisant les mouvements.
Le faire chauffer.
Plusieurs séries de 3 à 5 mouvements lents dans la journée Protéger la peau du patient avec du jersey.
Garder la position finale quelques secondes en fin de mouvement.
Il doit l’utiliser le plus tôt possible dans les activités de la vie quotidienne et s’entrainer à
saisir des objets, les positionner, les relâcher etc…
De plus le patient doit réaliser des exercices analytiques pour progresser dans l’amplitude
de ses mouvements et prévenir l’apparition de limitations :
• Fermer le poing
• Ouvrir la main
• Ecarter les doigts
• Lever et tendre le pouce vers l’avant et sur le coté
• S’entrainer au test de Kapandji en amenant son pouce le plus loin possible
• Fléchir ou tendre le poignet en fonction du côté touché.
Le patient doit faire ses exercices activement et peut s’aider de son autre main pour On étire les bords du plastique chaud pour les accrocher autour de l’avant-bras. Cela permet de
maintenir la partie proximale de l’attelle au contact de l’avant-bras. Ici l’attelle est attachée en 3
garder les positions. points jusqu’au poignet.
496 497
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
1 2 2.Utiliser une attelle de Krammer et un amas de coton ou tissus placé au bout de l’attelle
pour positionner la main.
Les surplus de plastique sont découpés, les angles arrondis, l’attelle est ajustée après Attelle d’ouverture de la première commissure
essayage.
Réalisée pour les brûlures de la 1re commissure, elle empêche
Attacher l’attelle avec un système de velcro® ou avec une bande Velpeau®. les rétractions en fermeture.
498 499
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Chez le patient avec des palmures en formation une attelle d’écartement des doigts
est réalisée. Il peut s’agir d’une attelle d’ouverture sur laquelle on a collé des rajouts de
thermoformables ou de silicone au niveau des espaces interdigitaux.
Attelle d’ouverture
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
1 - La main du patient est posée à plat sur le Tubigrip® (dans le sens de la largeur)
2 - Le contour de la main est dessiné à l’aide d’un marqueur
3 - Le patron réalisé, il est cousu puis découpé
4 - Les parties des bouts des doigts sur le gant sont découpées pour laisser la sensibilité
des pulpes au patient.
502 503
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Cas d’un enfant qui n’a pas pu suivre sa rééducation après sa sortie de l’hôpital,
revenu après 4 mois FICHE TECHNIQUE PHYSIOTHERAPIE
BRÛLURE DU PERINEE/HANCHES
BILAN DE LA MOBILITE
Goniométrie de la flexion, de l’extension et de l’abduction de hanche
Le jour (en dehors des exercices et de la marche) : garder la position en abduction au lit
avec le coussin - plot d’abduction.
La nuit : garder le plot d’abduction.
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
BRÛLURE DE LA REGION FESSIERE Un système avec deux attelles Zimmer attachées par un cordage sur les bords du lit peut
être mis en place pour obtenir l’écartement des membres inférieurs.
Attelle lombo - pelvienne
Chez l’enfant qui ne garde pas sa hanche en extension ou en abduction, une attelle
lombo-pelvienne est faite pour garder la position.
On utilise une attelle de Zimmer de genou que l’on plie pour placer sur la partie latérale
de la hanche et du tronc.
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
BILAN DE LA MOBILITE
• Goniométrie de la flexion et de l’extension du genou
• Mesure de la distance talon - fesse (ischion) sur le ventre en cm. (la hanche étant en
extension à 0°, ce qui donne une notion d’étirement cutané plus importante)
• Évaluation fonctionnelle : se lever, marcher, s’accroupir etc…
PRISE EN CHARGE EN PHASE AIGUE Le jour : En dehors des exercices et de la marche : Suivre le protocole de changement
de position.
BRÛLURE POSTERIEURE DU GENOU La nuit : Si le changement de position est impossible à mettre en place : préférer la
position en extension de genou avec attelle.
LA RETRACTION EN FLEXION
Passer à côté d’une rétraction en flexion à cause d’un mauvais positionnement du patient
donne de graves troubles fonctionnels à la station debout et à la marche :
ATTENTION : le genou est en fait positionné avec une très légère flexion (de 5°, on parle
de position déverrouillée) pour éviter la rétraction capsulaire.
Le jour : En dehors des exercices et de la marche : garder la position genou en
extension au lit.
La nuit : Mettre l’attelle d’extension pour éviter que le genou ne se positionne en flexion.
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
• Flexion - Extension de genou sans résistance et en tenant les positions en fin de Exercices supplémentaires
course. En fonction de la brûlure, on insiste sur l’un des deux mouvements : • Autonomisation marche en terrain varié (pente, gravier, sable, terre)
Sur le dos, le patient fait glisser le talon vers les fesses puis tend sa jambe avec contrôle • Monter descendre les escaliers
jusqu’à l’extension complète en ramenant les orteils vers soi.
• S’accroupir
L’exercice peut être réalisé en positon assise. • Squats (flexion sur les genoux en position debout) en se tenant à
• Mouvement de cheville (flexion - extension et rotations) et des orteils (flexion - une table ou une chaise dans un premier temps.
extension) : pour entretenir l’activité musculaire et aider au drainage de l’œdème. Si limitation en flexion :
Le patient doit réaliser seul et tous les jours 3 à 5 séries de 5 mouvements de ces
• Garder l’attelle la nuit et plusieurs heures la journée jusqu’à récupération de l’amplitude.
exercices.
• Une fois l’extension complète retrouvée garder l’attelle seulement la nuit.
1er lever avec bandes Biflex® - Autonomisation de la marche - Marche avec aide
technique et humaine si nécessaire. Puis encourager la marche autonome.
AUTO-POSTURES
APPAREILLAGE Brûlure postérieure = en extension de genou : fente
Attelle d’extension • Debout : fente avec jambe brûlée en arrière
• Attelle de ZIMMER : la plus utilisée, confortable et facile à mettre en place. • Poser les mains sur le mur ou une table
• Pousser sur la jambe arrière pour tendre le genou.
Brûlure antérieure = en flexion de genou
• s’asseoir sur les talons
OU
• S’agenouiller
• Descendre les fesses sur les talons progressivement.
Attelle de flexion
Il est possible d’utiliser une attelle articulée de genou.
Ou une attelle de Zimmer à laquelle on enlève les baleines latérales et que l’on plie à
l’angle de flexion souhaité pour le genou à traiter.
510 511
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Le jour (en dehors des exercices et de la marche) : garder la position en flexion plantaire
FICHE TECHNIQUE PHYSIOTHERAPIE avec l’attelle.
BRÛLURE DE CHEVILLE/PIED Aménager des périodes courtes en flexion dorsale pour éviter la rétraction articulaire en
flexion plantaire.
La nuit : Mettre l’attelle pour garder la position du pied
BILAN DE LA MOBILITE
• Goniométrie de la flexion dorsale et plantaire de la cheville BRÛLURE PLANTAIRE DE LA CHEVILLE ET DU PIED
• Evaluation de l’équin :
La position fonctionnelle de la cheville étant à 90° (patient en station debout), elle est
utilisée comme référence. L’équin désigne la limitation en flexion plantaire (pied vers le
bas lorsque le patient est couché sur le dos). Sans installation adéquate, la cheville du
patient avec la pesanteur est en flexion plantaire et l’amplitude en flexion dorsale peut
se limiter.
La mesure de l’équin : Le patient est allongé à plat sur le dos. Un gabarit (une cale,
un livre, une boite) est positionné en contact du pied. Si le patient a une réduction de
mobilité, les orteils touchent le gabarit mais pas le talon (1). La distance entre le talon et
le gabarit est notée en cm. Des photos peuvent compléter la mesure. (2) (cf. ci-dessous)
• Évaluation fonctionnelle : se lever, marcher, s’accroupir etc…
Le jour (en dehors des exercices et de la marche) : garder la position cheville à 90°
La nuit : Garder la position à 90° avec l’attelle
512 513
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
PHYSIOTHERAPIE ET EXERCICES
Mobiliser la cheville en flexion plantaire et dorsale ainsi que les orteils.
Exercices actifs à enseigner
Le patient doit réaliser seul et tous les jours 3 à 5 séries de 5 mouvements de ces exercices.
• Mouvements de flexion extension de la cheville en insistant sur : 1er lever avec bandes Biflex® - Autonomisation de la marche - Marche avec aide
La flexion plantaire pour les brûlures antérieures technique et humaine si nécessaire. Puis encourage la marche autonome.
La flexion dorsale pour les brûlures postérieures
APPAREILLAGE
Attelle en flexion plantaire
• Attelle en thermoformable ou en plâtre
Penser à faire remonter l’attelle assez haut pour qu’elle puisse tenir sur le pied.
514 515
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Une autre possibilité sans matériel adéquat est d’utiliser deux planches de bois reliées
par des lanières pour faire office de charnière.
AUTO-POSTURES
Brûlure plantaire de la cheville et du pied = EN FLEXION
DORSALE : FENTE
• Debout : fente avec jambe brûlée en arrière
• Poser les mains sur le mur ou une table
• Tendre le genou pour tirer la cheville en flexion dorsale.
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
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Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
La main est examinée à travers les différentes activités selon les cotations suivantes :
Nous utilisons le Sollerman Hand Function Test pour évaluer la fonction de la main. La tâche est réalisée sans difficulté en moins de 20 secondes avec la prise recommandée.
4
Publié en 1995, il fut originellement dédié aux services de chirurgie de la main (pour des La tâche est réalisée avec quelques difficultés ou elle est complétée en plus de 20 secondes
patients atteints d’arthrite rhumatoïde, d’atteintes nerveuses périphériques, d’amputations 3 et 40 ou avec la prise recommandée mais de manière altérée.
de doigts et de diminution d’amplitude de mouvements). [1] La tâche est réalisée avec de grandes difficultés ou elle est complétée entre 20 et 40 ou avec
2 la prise recommandée mais de manière altérée.
Par la suite il fut validé en neurologie centrale (Traumatisme cérébraux et hémiplégie), [2]
[3] la maladie de Dupuytren [4] et pour les mains brulées. [5] 1 La tâche est seulement partiellement réalisée en 60 secondes.
Sollerman décrit 8 prises majeures (voir ci-dessus) qu’il explore à travers ce test qui 0 La tâche ne peut être réalisée.
regroupe 20 items couvrant des activités de la vie courante :
ITEMS
1. P
lacer et tourner la clef de 90° dans 11. C
ouper de la pâte à modeler avec
un cadenas. /4 /4
une fourchette et un couteau.
2. Ramasser des pièces sur une surface 12. Mettre une contention type Tubigrip®
plane et les placer dans une bourse /4 sur l’autre main. /4
attachée au mur.
3. O
uvrir / fermer une fermeture éclair. /4 13. E
crire avec un stylo. /4
4. P
rendre des pièces dans une bourse. 14. P
lier un papier et le mettre dans une
/4 enveloppe. /4
6. L
ever un fer à repasser au-dessus 16. P
rendre le combiné du téléphone et
d’un obstacle de 5cm. /4 le placer à l’oreille. /4
7. V
isser une vis avec un tournevis. /4 17. T
ourner une poignée de porte de 30° /4
Pour chaque item, une ou plusieurs prises sont préconisées. 10. Boutonner des boutons. /4 20. V
erser de l’eau à partir d’une tasse. /4
Chaque item est évalué par un score de 0 à 4 en prenant en compte : TOTAL /80
• la prise utilisée (préhension)
• le temps d’exécution Estimation Subjective de la fonction de la main.
• la difficulté à la réalisation du geste. Faites une estimation sur la fonctionnalité de votre main aujourd’hui.
Placer une marque sur la ligne ci-dessous entre les deux extrémités, la distance avec
Le score total obtenu est noté sur 80. celles-ci sera corrélée à l’opinion que vous vous faites de la fonctionnalité de votre main.
Le test comporte en plus, une évaluation subjective de la fonctionnalité de la main du Fonction de la main concernant toute activité
patient. Cette information supplémentaire se présente comme l’EVA pour la douleur. Le
patient doit placer sur échelle de 10 cm son estimation de la fonctionnalité entre non-
fonctionnelle et parfaitement fonctionnelle.
520 521
Annexes - Physiothérapie Physiothérapie - Annexes
Références :
[1] Draviaraj KP, Chakrabarti I. Functional outcome after surgery for Dupuytren's contracture: a prospective
study. J Hand Surg 2004; 29A: 804-808. [2] Weng LY, Hsieh CL, Tung KY, . Excellent reliability of the Sollerman
hand function test for patients with burned hands. J Burn Care Res. 2010, 31: 904–10. [3] test in patients with
chronic stroke. Disabil Rehabil 2007; 29: 145–154. [4] Ahlander AC, Persson M, Emanuelson I. Fifteen-year
follow-up of upper limb function in children with moderate to severe traumatic brain injury. J Rehabil Med.
2013;45(8):815–9. doi:10.2340/16501977-1203. [5] Sollerman C, Ejeskar A. Sollerman hand function test. A
standardised method and its use in tetraplegic patients Scand J Plast Reconstr Surg Hand Surg 1995;29:167–76
522 523
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