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Métastases hépatiques
C. Fenioux, C. Tournigand, A. Luciani, A. Laurent, E. Kempf

Les métastases hépatiques sont la principale cause de tumeurs malignes du foie. D’immenses progrès ont
été faits dans la prise en charge des métastases hépatiques pour ralentir la progression tumorale, et même
dans certains cas éradiquer le cancer métastatique. La détection précoce et la caractérisation des lésions
hépatiques sont les points clés d’une stratégie thérapeutique efficace. Ce chapitre précise, dans un premier
temps, la stratégie diagnostique devant une ou plusieurs lésions hépatiques. La deuxième partie de ce
chapitre synthétise les différentes stratégies thérapeutiques disponibles pour les métastases hépatiques,
en développant les techniques chirurgicales, les traitements locaux et les thérapeutiques systémiques
actuellement utilisés. La résection chirurgicale, en combinaison avec une chimiothérapie périopératoire,
a considérablement augmenté la survie des patients atteints de cancer solide ayant métastasé au foie.
De nouvelles techniques d’ablation locale se sont développées ces dernières années, permettant d’élargir
les indications de traitement local des métastases hépatiques. Finalement, ce chapitre s’attarde sur des
cas particuliers pouvant modifier la prise en charge des métastases hépatiques tels que la personne âgée,
greffée hépatique ou atteinte de cirrhose.
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Mots-clés : Métastases hépatiques ; Cancer ; Foie

Plan prévalence des cancers solides, dont le foie est un site métasta-
tique privilégié. Leur incidence a augmenté ces dernières années
■ Introduction 1 du fait du vieillissement de la population, et les progrès de prise en
charge ont permis une chronicisation des cancers métastatiques.
■ Causes et conduite à tenir devant une ou plusieurs lésions Les diagnostics différentiels des lésions hépatiques secondaires
hépatiques 1 sont toutefois nombreux, et doivent être systématiquement éli-
Causes 1 minés car les prises en charge et pronostics peuvent être très
Conduite à tenir diagnostique 3 différents. D’immenses progrès ont été faits ces dernières années
■ Causes et conduite à tenir devant une ou des métastases dans la prise en charge des métastases hépatiques, permettant à
hépatiques sans antécédent de cancer 3 des situations considérées il y a peu comme « palliatives » de béné-
Physiopathologie de la dissémination métastatique 3 ficier d’un contrôle tumoral chronique, voire être « guéries » avec
Incidence des métastases hépatiques par type de cancer 3 une éradication complète de la maladie métastatique.
Circonstances de découverte 4 Dans ce chapitre, nous allons d’abord développer la démarche
Bilan clinique, biologique et radiologique 4 diagnostique devant une ou plusieurs lésions hépatiques, puis
Preuve histologique et biologie moléculaire 5 nous focaliser sur les métastases hépatiques et les traitements
■ Traitement des métastases hépatiques 6 locaux pouvant être proposés selon les différents types de can-
Différentes méthodes utilisées 6 cers solides. La dernière partie abordera des situations cliniques
Stratégies thérapeutiques 8 particulières liées au terrain (patient âgé, greffe et cirrhose hépa-

tique).
Situations particulières 10
Oncogériatrie 10
Patient transplanté hépatique
Patient cirrhotique
11
11
 Causes et conduite à tenir
devant une ou plusieurs lésions
hépatiques
 Introduction Causes
Les métastases hépatiques sont des lésions cancéreuses dévelop- Il existe de nombreuses causes de lésions hépatiques solides,
pées au niveau du foie après essaimage d’une tumeur primitive bénignes ou malignes. Le déploiement des examens d’imagerie
extra-hépatique par voie hématogène ou lymphatique. On les et l’amélioration des techniques conduisent à détecter de plus en
qualifie de lésions « secondaires » par opposition aux tumeurs plus de lésions hépatiques focales de manière fortuite, pour les-
primitives du foie. quelles il est important d’évoquer une cause aussi bien maligne
Les métastases hépatiques sont un motif fréquent de consul- que bénigne. La présentation initiale est généralement celle
tation en médecine générale en raison de l’augmentation de la d’une lésion hépatique unique, mais des lésions multiples,

EMC - Traité de Médecine Akos 1


Volume 14 > n◦ 3 > juillet 2019
http://dx.doi.org/10.1016/S1634-6939(19)86418-9
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4-0404  Métastases hépatiques

bénignes comme malignes, peuvent être observées : héman- ont été décrits en IRM. En pratique, en raison du risque de dégéné-
giomes hépatiques, hyperplasie nodulaire focale (HNF), nodules rescence, tous les adénomes diagnostiqués chez l’homme doivent
de régénération cirrhotiques, de carcinome hépatocellulaire ou être réséqués. Chez la femme, les adénomes stéatosiques de moins
de métastases hépatiques [1] . Le diagnostic étiologique des lésions de 5 cm peuvent être surveillés par une IRM annuelle. Tous
hépatiques solides est vaste, et peut souvent être posé de manière les autres doivent être biopsiés pour une analyse pathologique
non invasive. experte complétée d’une analyse moléculaire afin d’affirmer le
diagnostic et préciser le sous-type guidant l’indication d’exérèse
Tumeurs hépatiques bénignes en fonction du risque de dégénérescence et du risque hémorra-
gique [3] .
Les tumeurs hépatiques bénignes sont fréquentes dans la popu-
lation générale (jusqu’à 10 % des individus) et ne nécessitent Hyperplasie nodulaire régénérative
généralement pas de prise en charge particulière. Néanmoins, Elle correspond à la transformation diffuse du parenchyme
certains types doivent être caractérisés avec soin par l’imagerie. hépatique normal en petits nodules de régénération. Liée à une
L’incidence des lésions hépatiques bénignes, même chez les veinopathie portale occlusive, elle est observée après exposition
patients avec une pathologie maligne connue, surpasse celle des toxique (azathioprine) ou associée à une condition thrombogène
métastases. Des études ont montré que 51 à 80 % des lésions de (syndromes myéloprolifératifs).
moins de 1,5 cm trouvées chez des patients atteints de cancer sont
bénignes [2] . Causes infectieuses
Kyste biliaire L’incidence annuelle des abcès hépatiques est estimée à
C’est une tumeur fréquente observée dans 5 % de la popu- 2,3/100 000 personnes. Les abcès hépatiques sont des collections
lation. Il est souvent bénin et multiple, composé d’une paroi purulentes au sein du parenchyme hépatique résultant d’une
unicellulaire, d’un contenu liquidien clair, et ne communique infection bactérienne, fungique ou parasitaire. L’infection peut
pas avec l’arbre biliaire. Le diagnostic est généralement fait à s’étendre au foie par les voies biliaires, les veines hépatiques ou
l’échographie (lésion liquidienne homogène anéchogène, à paroi portales, ou par l’extension d’une infection adjacente.
fine sans cloison, avec renforcement postérieur). Un kyste biliaire Abcès à pyogènes
peut être également identifié au scanner (densité hydrique, pas C’est une situation rare qui résulte d’une contamination héma-
de structures internes visualisées) mais c’est l’imagerie par réso- togène ou biliaire ascendante : il existe généralement une fièvre
nance magnétique (IRM) qui doit en assurer un diagnostic en cas élevée, des douleurs, une polynucléose neutrophile. L’imagerie est
d’image non caractéristique (le contenu liquidien est alors hypo- variable avec des lésions hypo-échogènes, hypodenses au scan-
intense en T1 et hyperintense en T2, sans prise de contraste). Les ner avec un rehaussement périphérique. La ponction confirme
kystes ne remplissant pas les critères « simples » (polylobés, septa la nature septique et oriente l’antibiothérapie. La surinfection de
internes, fenêtrés, calcifiés, parois irrégulières, kystes multiples) métastases nécrosées est possible.
doivent être évalués à l’IRM voire ponctionnés pour éliminer des
diagnostics différentiels. Des kystes biliaires multiples peuvent Abcès amibien
être retrouvés dans le cadre de la polykystose hépatorénale C’est généralement une lésion hépatique unique et volumi-
héréditaire. neuse dans un contexte infectieux bruyant, avec de la fièvre,
des douleurs hépatiques, une altération de l’état général. L’aspect
Hémangiome hépatique
échographique est celui d’une masse unique ou multiple liqui-
C’est une tumeur mésenchymateuse hépatique bénigne assez dienne, pouvant refouler les vaisseaux. Les éléments du diagnostic
fréquente retrouvée chez 3 % de la population, avec une pré- sont d’éventuels antécédents amibiens, mais surtout la sérologie
dominance féminine, entre 30 et 50 ans, et ne requiert aucun amibienne.
traitement. Il est constitué de capillaires et de cavités vascu-
laires anarchiques dilatées tapissées d’endothélium. Le diagnostic Kyste hydatique
est souvent fortuit, posé à l’échographie (hyperéchogène homo- C’est un abcès dû au parasite Echinococcus granulosus. Les
gène avec renforcement postérieur), au scanner (hypodense avec tumeurs sont de taille variable pouvant (rarement) mimer un
un remplissage périphérique en mottes discontinues aboutis- kyste biliaire simple, ou avoir un aspect plus typique de mem-
sant au rehaussement centripète complet des lésions) ou à l’IRM brane décollée de la coque, voire de kyste calcifié à l’imagerie. Le
(lésion hyperintense en T2 avec un rehaussement en mottes diagnostic repose sur des arguments d’exposition géographique,
périphériques se remplissant complètement sur les temps tar- l’aspect morphologique et surtout sur la sérologie.
difs). D’autres éléments d’imagerie fonctionnelle, notamment les Échinococcose alvéolaire
séquences de diffusion, peuvent aider à sa caractérisation for-
C’est due à une infection par Echinococcus multilocularis, obser-
melle en IRM. Certaines lésions de grande taille (> 4 cm) peuvent
vée principalement dans des zones d’endémie rurale (Vosges,
être symptomatiques. La biopsie est possible en cas de lésion
Ardennes, Jura, Alpes, Massif central). L’imagerie peut être pseu-
incomplètement caractérisée en IRM, notamment pour les formes
dotumorale. Le diagnostic repose sur l’anamnèse, la morphologie
atypiques d’angiomes fibreux.
et la sérologie.
Hyperplasie nodulaire focale
C’est une tumeur bénigne plus rare retrouvée chez 1 % de la Tumeurs malignes
population, à prédominance féminine, entre 30 et 40 ans. Elle cor-
Carcinome hépatocellulaire (CHC)
respond à une réponse hyperplasique du parenchyme hépatique à
une malformation artérielle exclusive sans vascularisation portale, Le CHC est la tumeur hépatique primitive la plus fréquente
avec le plus souvent une cicatrice fibreuse centrale. Le diagnos- (> 80 %). Son incidence est en forte augmentation avec près
tic se fait généralement sur l’imagerie (IRM ou échographie de de 9000 nouveaux cas par an en France, avec une prédo-
contraste) sur des critères sémiologiques stricts. Une biopsie est minance masculine. Il se développe principalement sur une
rarement nécessaire, généralement pour éliminer un adénome cirrhose préexistante (80 %), en France d’origine alcoolique (2/3
hépatocellulaire. des cas), virale (virus de l’hépatite C ou B) (1/6) ou sur cir-
rhose d’origine non virale (1/3) : hépatopathie stéatosique non
Adénome hépatocellulaire alcoolique (NASH), hémochromatose notamment. Un CHC peut
C’est une tumeur épithéliale bénigne rare (0,01 % de la également se développer sur foie non cirrhotique, notamment au
population) avec un potentiel de dégénérescence maligne et cours de la NASH et de l’hépatite B [4] .
de complications hémorragiques (risque de rupture). Il survient Le diagnostic de CHC doit être suspecté devant une décom-
généralement de novo sur foie sain, parfois lié à une stimula- pensation hépatique chez un patient porteur de cirrhose, une
tion hormonale, notamment chez les femmes sous contraception élévation de l’alpha-fœtoprotéine, ou une lésion hépatique focale
orale, ou métabolique (obésité). Le diagnostic est difficile et repose détectée de plus de 1 cm à l’imagerie échographique semes-
principalement sur l’IRM. Des profils sémiologiques évocateurs trielle qui doit être systématique chez ces patients. Le scanner et

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Métastases hépatiques  4-0404

l’IRM avec acquisition multiphasique sont les deux examens de La colonisation de nouveaux sites tissulaires par les cellules
référence. Les critères du diagnostic non invasif reposent sur la tumorales requière un potentiel de prolifération dans un tissu
présence d’un nodule de plus de 1 cm, avec une hypervasculari- étranger et une stimulation de l’angiogenèse et la formation d’une
sation au temps artériel (wash-in) et un lavage non périphérique niche prémétastatique pour la croissance des cellules tumorales.
(wash-out : hypodensité ou hypo-intensité par rapport au paren- Les organes cibles sont déterminés par le flux sanguin et les fac-
chyme hépatique non tumoral) à la phase portale ou à la phase teurs tissulaires locaux spécifiques (théorie du « seed and soil » de
tardive par rapport au parenchyme non tumoral [5] . L’utilisation Stephen Paget de 1889).
des critères de diagnostic non invasifs est valable en cas de cir- La plupart des tumeurs disséminent par voie hématogène,
rhose sous-jacente, et est soumise à une validation en réunion impliquant une série d’adaptations cellulaires : invasion et migra-
de concertation pluridisciplinaire. Dans les autres cas, la biopsie tion hors de la tumeur primitive, intravasation dans le vaisseau
hépatique (du foie tumoral et non tumoral) est indispensable au sanguin, survie dans la circulation, arrêt et extravasation dans un
diagnostic. organe à distance, prolifération et survie dans le nouvel environ-
nement tissulaire. Les cellules tumorales passent la membrane
Cholangiocarcinome
basale en modifiant la composition de la matrice extracellu-
C’est le second cancer primitif du foie après le CHC, en termes laire (production de métalloprotéinases chargées de dégrader le
d’incidence avec 2000 nouveaux cas par an en France. Il en collagène). L’intravasation dans les vaisseaux est facilitée par
existe plusieurs formes, incluant le cholangiocarcinome intra- l’irrégularité et les malformations des vaisseaux tumoraux. Les
hépatique, l’atteinte de la convergence biliaire supérieure (tumeur cellules tumorales se déplacent le long des fibres de collagène
de Klatskin) ou l’atteinte endoluminale. Le pronostic reste sombre produites par les cellules invasives du système immunitaire. Les
car le diagnostic est souvent fait à un stade avancé. Les principaux cellules circulantes tumorales se lient généralement aux pla-
facteurs de risque identifiés sont la cholangite sclérosante pri- quettes pour augmenter leurs chances de survie, et à des facteurs
mitive, les kystes du cholédoque, l’intoxication éthylo-tabagique de coagulation créant alors des emboles tumoraux au potentiel
chronique, la présence d’une cirrhose notamment virale C. Au métastatique élevé. Les cellules tumorales s’arrêtent dans les vais-
scanner et à l’IRM, on retrouve une prise de contraste de la lésion seaux soit de manière mécanique, soit au niveau d’une effraction
dès le temps artériel et persistante au temps veineux tardif, avec vasculaire attirant les complexes plaquettes-cellules tumorales.
souvent une dilatation des voies biliaires d’amont. Le diagnostic Les cellules tumorales peuvent adhérer à l’espace intravasculaire
différentiel peut être difficile, notamment avec une lésion hépa- et croître jusqu’à ce que la taille tumorale rompe physiquement
tique métastatique, et une preuve histologique est nécessaire pour le vaisseau. La production tumorale de VEGF (Vascular Endothe-
poser le diagnostic. La biopsie est indispensable en cas de tumeur lial Growth Factor) et d’autres facteurs angiogéniques augmente
non résécable ou d’indication de traitement néoadjuvant, mais la perméabilité vasculaire et permet l’extravasation des cellules
peut être évitée avant une chirurgie à visée curative en raison du tumorales hors des vaisseaux. La dernière étape de la formation
risque d’essaimage tumoral sur le trajet de ponction. de métastases implique le retour à la prolifération tumorale dans le
Métastases hépatiques nouvel environnement tissulaire et l’induction de l’angiogenèse
Ce sont les tumeurs hépatiques malignes les plus fréquentes. pour fournir l’oxygène et les nutriments nécessaires à la croissance
Environ 25 à 50 % des patients décédant d’un cancer ont une tumorale [7] .
atteinte hépatique [1] . Les métastases hépatiques sont 20 fois plus La dissémination par voie lymphatique est liée à la voie
fréquentes que le CHC. On les découvre le plus souvent dans le hématogène. La production tumorale de facteurs lymphangiogé-
bilan ou la surveillance d’une tumeur primitive, plus rarement niques favorise le développement de métastases lymphatiques.
de manière inaugurale. Un ictère (tardif et lié soit à la diffusion Les cellules lymphatiques endothéliales produisent des facteurs
massive, soit à la compression du hile du foie) et une altération chémoattractifs initialement dirigés vers le système immunitaire,
de l’état général peuvent être associés. mais pouvant attirer les cellules tumorales dans les ganglions lym-
La fréquence des métastases hépatiques au moment de la décou- phatiques.
verte d’un cancer est corrélée au type tumoral, à la localisation,
au degré de différenciation, et au stade T (taille de la tumeur) et N
(node : atteinte ganglionnaire) du primitif. Les causes, le diagnos- Incidence des métastases hépatiques
tic et le traitement des métastases hépatiques seront développés par type de cancer
dans la seconde partie de ce chapitre.
La majorité des métastases hépatiques proviennent de carci-
nomes (90 %), au sein desquels les adénocarcinomes sont le
Conduite à tenir diagnostique sous-type histologique le plus fréquent (75 %). Les primitifs
d’adénocarcinomes les plus fréquents chez les patients avec des
La Figure 1 synthétise la conduite diagnostique à tenir en vue métastases hépatiques sont : colorectal (35 %), pancréatique (8 %),
d’établir la cause d’une ou plusieurs lésions hépatiques. mammaire (6 %). Les autres sous-types de carcinomes retrouvés
sont les carcinomes neuroendocrines (13 %) et les carcinomes
squameux (2 %). Les tumeurs non carcinomateuses pourvoyeuses
 Causes et conduite à tenir de métastases hépatiques sont les mélanomes (3 %) et les sarcomes
(1 %). Les métastases hépatiques sans tumeur primitive identifiée
devant une ou des métastases représentent environ 15 % des cas, la majorité des types histolo-
hépatiques sans antécédent giques retrouvés étant des carcinomes (90 %), et principalement
des adénocarcinomes (70 %) [8] .
de cancer Il existe des différences en fonction de l’âge, du sexe, et des
facteurs de risque individuels : les femmes jeunes ayant plus
Physiopathologie de la dissémination fréquemment des métastases hépatiques de cancer du sein, les
métastatique hommes âgés et fumeurs des primitifs pulmonaires.
Les métastases hépatiques sont fréquentes dans la plupart des
Les mutations génétiques de la cellule tumorale, son microen- pathologies malignes gastro-intestinales en raison du drainage
vironnement et les cellules de l’hôte conditionnent la dissémina- portal du tractus gastro-intestinal (colorectal, pancréas, estomac).
tion métastatique. Les tumeurs primitives ont des cellules souches Les autres voies de dissémination au foie comprennent l’artère
capables de recréer une tumeur à partir d’une seule cellule. Il est hépatique (sein, poumon, mélanome) et les voies lymphatiques
estimé que seul 0,01 % des cellules tumorales entrant dans la circu- (estomac, pancréas, ovaire, utérus).
lation peuvent développer des métastases. Ces cellules tumorales Les pronostics les plus sombres (survie inférieure à 1 an) après
doivent acquérir un certain nombre de modifications moléculaires détection des métastases hépatiques sont liés principalement à
et cellulaires afin de pouvoir disséminer hors de la tumeur primi- des primitifs pancréatiques, hépatiques, gastriques ou œsopha-
tive et établir un nouveau site de croissance tumoral à distance [6] . giens.

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4-0404  Métastases hépatiques

Approche devant une lésion hépatique focale

Facteurs de risque de CHC, antécédents de cancer, élévation


des marqueurs tumoraux, AEG, perte de poids, tumeur
primitive perceptible (sein..) ou signes d’appel (rectorragie...)

Non
Oui
(incidentalome)

IRM / Scanner dynamique Solide Hémangiome Kyste

CHC ou Métastase Autre IRM / Scanner Asymptomatique Asymptomatique


cholangio- dynamique simple complexe
carcinome

Pas de Poursuite des


Cicatrice centrale
surveillance investigations

Oui Non Infection

HNF AHC/autre Abcès Kyste hydatide

Figure 1. Arbre décisionnel. Approche diagnostique devant une lésion hépatique focale (d’après l’American College of Gastroenterology). CHC : carcinome
hépatocellulaire ; HNF : hyperplasie nodulaire focale ; AEG : altération de l’état général ; AHC : adénome hépatocellulaire ; IRM : imagerie par résonance
magnétique.

Circonstances de découverte paux cancers afin de pouvoir effectuer un bilan d’extension adapté
sans retarder le début de prise en charge si un traitement curatif
Des métastases hépatiques peuvent être diagnostiquées au cours est envisagé.
du suivi d’une pathologie hépatique connue (cirrhose, hépatopa-
thie virale ou métabolique), d’une néoplasie connue (cancer du Surveillance d’un cancer connu
système digestif, du sein, du poumon, etc.) ou, plus rarement, de
Dans la majorité des cas, les métastases hépatiques sont diag-
découverte fortuite lors d’un bilan d’imagerie de routine.
nostiquées lors du bilan de surveillance d’un cancer connu
(métastases hépatiques métachrones). Il n’y a pas de stratégie
Métastases révélatrices standardisée pour la détection des métastases hépatiques. Les
Il est rare que la symptomatologie liée aux métastases hépa- recommandations classiques dépendent du type de cancer et du
tiques soit le signe révélateur de la maladie cancéreuse. Les points stade de la maladie, et sont basées sur la pratique de l’échographie
d’appels cliniques peuvent être une douleur de l’hypochondre hépatique ou du scanner, avec une périodicité variant de tous les
droit, une hépatomégalie à l’examen clinique, des signes géné- trois mois à tous les ans en fonction de l’impact thérapeutique
raux comme une asthénie persistante ou un amaigrissement, une attendu et de la probabilité du patient de développer une maladie
augmentation du volume abdominal liée à la présence d’ascite, métastatique au niveau hépatique.
un ictère, etc. Le plus souvent le diagnostic se fait sur la décou-
verte fortuite d’une altération du bilan hépatique sur un bilan
biologique (cytolyse ou cholestase hépatique, altération de la Bilan clinique, biologique et radiologique
coagulation), ou d’une image hépatique suspecte sur un bilan Clinique
d’imagerie (échographie hépatique, scanner abdominal).
La majorité des patients porteurs de lésions hépatiques sont
asymptomatiques, sur le plan clinique et biologique. Chez les
Bilan initial d’un cancer connu patients symptomatiques, on retrouve une pesanteur ou une dou-
Plus fréquemment, les métastases hépatiques sont découvertes leur franche en hypochondre droit ou en épigastre, un ictère,
lors du bilan initial de la maladie cancéreuse (métastases hépa- un prurit, une hépatomégalie ou une masse palpable en hypo-
tiques synchrones). La probabilité de développer des métastases chondre droit, une augmentation du volume abdominal avec
hépatiques dépend du type de cancer et de son stade histologique. de l’ascite, ainsi que les signes généraux liés au cancer comme
Par exemple, dans le bilan initial d’un cancer du sein localisé de l’asthénie, l’anorexie, l’amaigrissement, une fièvre avec des sueurs
petite taille, il est peu probable de trouver des métastases hépa- nocturnes ou des signes liés aux autres localisations de la tumeur.
tiques, et le bilan d’extension peut être réalisé en postopératoire Les signes d’hypertension portale sont plus rares, le plus souvent
une fois que l’analyse histologique de la tumeur primitive a per- secondaires à une thrombose portale chez les patients ayant des
mis d’évaluer le risque de dissémination. Au contraire, un cancer métastases hépatiques, ils comprennent : la circulation veineuse
du côlon localement avancé doit faire rechercher rapidement une collatérale, la splénomégalie, et exceptionnellement le déve-
extension métastatique afin d’élaborer la stratégie de prise en loppement de varices œsophagiennes. Les signes d’insuffisance
charge. Il est important de connaître l’histoire naturelle des princi- hépatocellulaire peuvent être retrouvés chez des patients

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présentant une dysfonction hépatique préalable, ou une mala- ou sur une maladie hépatique chronique sous-jacente, et de mieux
die métastatique hépatique disséminée. Ils comprennent : l’ictère, visualiser les lésions dans un contexte de stéatose. Elle est néces-
l’encéphalopathie hépatique, des troubles endocriniens avec un saire pour rechercher de plus petites lésions non vues au scanner
tableau d’hyperestrogénisme, et des signes cutanés et phanériens (moindre performance du scanner) et doit donc être réalisée dès
(angiomes stellaires, érythrose palmaire, hippocratisme digital, le début de la prise en charge – c’est-à-dire avant la mise en place
leuconychie). de tout traitement néo-adjuvant – mais également répétée avant
un geste d’exérèse hépatique. Les lésions métastatiques sont géné-
Biologie ralement en hyposignal T1 et hypersignal T2. Une méta-analyse
comparant les différentes modalités d’imagerie hépatique préopé-
L’évaluation initiale doit comporter un bilan hépatique
ratoire montre que l’IRM a une sensibilité supérieure au scanner et
complet. Les tests hépatiques peuvent être normaux ou montrer
au TEP-scanner atteignant 98 % par la combinaison des séquences
une cholestase généralement anictérique. Si un antécédent de can-
de diffusion et des produits de contraste hépato-spécifiques [9] .
cer est connu, il faut doser les marqueurs tumoraux associés si
ceux-ci étaient informatifs lors de la découverte de la tumeur ini- Tomographie par émission de positons au FDG couplée
tiale. Dans le cadre d’un cancer de primitif inconnu, les marqueurs au scanner (TEP-CT)
tumoraux permettant d’orienter le diagnostic sont : AFP (CHC La TEP-CT n’est indiquée que si son résultat peut modi-
et tumeur germinale), HCG (tumeur germinale), Ca125 (ovaire), fier la décision thérapeutique. Elle est principalement utilisée
PSA (prostate), ACE et Ca19.9 (tractus digestif), chromogranine A pour rechercher des métastases extra-hépatiques – notamment
(tumeur neuroendocrine). sous-diaphragmatiques – et fournit d’excellents renseignements
anatomiques sur la localisation des métastases fixant le FDG.
Imagerie Son usage dans la caractérisation des métastases hépatiques est
L’imagerie a un rôle essentiel pour déterminer la charge limité par sa disponibilité et par la difficulté de détection des
tumorale hépatique et les critères de résécabilité. L’atteinte hépa- petites métastases hépatiques du fait de l’hétérogénéité de la fixa-
tique métastatique peut prendre différentes formes (lésion focale, tion hépatique du FDG. D’apparition plus récente et encore peu
atteinte multinodulaire, voire invasion étendue). Dans le cadre implantée, la TEP-IRM ouvre de nouvelles perspectives dans le
d’une maladie non résécable, l’imagerie évalue de façon reproduc- diagnostic et l’extension des métastases hépatiques.
tible la réponse au traitement anti-tumoral. La prise de contraste La caractérisation par imagerie des métastases hépatiques per-
des lésions hépatiques et son évolution au cours des multiples met d’affirmer leur origine tumorale et d’évaluer leur résécabilité
phases de l’imagerie injectée reflètent la distribution des produits selon plusieurs critères (Fig. 2) :
de contraste du compartiment vasculaire vers le compartiment • unique (syndrome oligo-métastatique de meilleur pronostic) ou
interstitiel [1] . multiple ;
• synchrone (mauvais pronostic) ou métachrone ;
Échographie hépatique • hépatique isolée ou associée à des métastases extra-hépatiques
L’échographie hépatique, souvent réalisée dans un contexte (pronostic défavorable) ;
de perturbations du bilan hépatique, fait découvrir les lésions • taille et localisation au sein du parenchyme hépatique, accessi-
secondaires, et permet une première évaluation de(s) lésion(s), des bilité à une résection chirurgicale.
complications (dilatation des voies biliaires) et du parenchyme
sain. Elle montre une ou plusieurs lésions solides, le plus souvent
hypoéchogènes non liquidiennes, de différentes formes avec typi-
quement un halo hypoéchogène (compression du parenchyme
hépatique sain par la tumeur) entourant une masse hépatique,
“ Point fort
« en cocarde ». La caractérisation de la vascularisation de(s) la
tumeur(s) est permise par l’échographie de contraste [7] . En cas de Diagnostic et projet chirurgical
cancer connu, l’échographie ne doit pas être réalisée ; on doit lui • Le scanner avec injection de produit de contraste est la
préférer un scanner abdominopelvien ou une IRM hépatique en modalité d’imagerie de première intention pour assurer
première intention. le bilan d’extension d’un cancer avec extension secon-
Scanner hépatique daire hépatique, permettant la détection des métastases
Le scanner hépatique avec injection de produit de contraste
hépatiques, la planification de la chirurgie et la surveillance
(sans injection, temps artériel, temps portal) couplé à une postopératoire.
acquisition thoraco-abdominopelvienne est indispensable pour • L’IRM hépatique, du fait de sa meilleure sensibilité, doit
l’évaluation hépatique, et la recherche d’éventuelles lésions être réalisée dès le début de la prise en charge chez tous les
secondaires extra-hépatiques et du primitif. Il sert également de patients potentiellement éligibles à un traitement chirur-
bilan préopératoire et de surveillance postopératoire (sensibilité gical hépatique et elle doit être répétée immédiatement
de 93 % et spécificité de 100 %). Il permet d’évaluer le pourcen- avant le geste de résection hépatique.
tage d’envahissement hépatique. En général, le temps portal est • L’IRM hépatique doit être systématique dans certains cas
optimal pour visualiser les métastases hépatiques (aspect hypo- (notamment tumeurs neuroendocrines).
dense) qui ont habituellement une prise de contraste seulement • Les contre-indications à la résection des métastases
périphérique au temps artériel. Cependant, certaines tumeurs très
vascularisées (carcinome à cellules rénales, mélanome, tumeur
hépatiques ont évolué, la taille et le nombre de lésions sont
neuroendocrines) ont une prise de contraste intense au temps désormais moins importants que la possibilité d’obtenir
artériel, ce qui justifie la réalisation des trois phases, de même une résection R0.
que la caractérisation de possibles lésions bénignes de découverte • La résection chirurgicale peut être envisagée chez cer-
fortuite. tains patients porteurs de métastases extra-hépatiques
IRM hépatique résécables (avis de réunion de concertation pluridiscipli-
L’IRM hépatique avec injection de gadolinium permet non
naire [RCP], centres experts).
seulement de caractériser les lésions hépatiques de manière plus
spécifique que le scanner (injection de produit de contraste et
séquences de restriction de diffusion) mais présente également
une meilleure sensibilité. Elle doit être demandée dès le diag- Preuve histologique et biologie moléculaire
nostic et avant toute mise en œuvre de chimiothérapie chez les
patients potentiellement éligibles à un traitement chirurgical. Elle La confirmation histologique n’est pas systématique si le diag-
permet d’obtenir des informations sur les caractéristiques mor- nostic de lésions secondaires peut être affirmé à l’imagerie dans
phologiques de la tumeur et sur la présence de nodules satellites, le cadre d’un cancer connu et suivi, en progression radiologique

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4-0404  Métastases hépatiques

A B C

D E F
Figure 2. Patiente de 35 ans avec un cancer du sein HER2+, métastatique osseux, ganglionnaire et hépatique.
A. Tomodensitométrie (TDM) non injecté.
B. Tomodensitométrie (TDM) avec injection de produit de contraste iodé.
C. Imagerie par résonance magnétique (IRM) non injecté.
D. Imagerie par résonance magnétique (IRM) avec injection de gadolinium.
E, F. Tomographie par émission de positons (TEP) scanner au 18FDG.

ou biologique, ou s’il existe une indication chirurgicale d’emblée. chirurgicale ou techniques non invasives). Il dépend de la tumeur
Cependant, en cas de doute à l’imagerie, un diagnostic histo- primitive.
logique reste recommandé. Une nouvelle biopsie peut parfois
permettre de mettre en évidence de nouvelles caractéristiques bio-
logiques de la tumeur.
Différentes méthodes utilisées
La taille de la lésion hépatique est un paramètre important de Chirurgie
l’évaluation. Les lésions de moins de 1 cm sont généralement La résection chirurgicale est le traitement de choix pour les
bénignes dans la population générale, mais sont malignes chez patients avec des métastases hépatiques isolées. Pour le cancer
environ 10 % des patients atteints de cancer. Elles sont plus dif- colorectal (CCR), de nombreux essais montrent une augmenta-
ficiles à évaluer à l’imagerie et difficiles d’accès pour une biopsie tion de la survie des patients après métastasectomie hépatique
percutanée. Il est recommandé d’effectuer une IRM afin d’éliminer (survie globale à 5 ans aux alentours de 50 %) [10] .
un diagnostic de CHC, puis un suivi échographique à trois mois. L’intervention consiste en une exploration complète de la cavité
La biopsie comporte principalement un risque hémorragique et abdominale, puis visuelle et manuelle du foie, complétée par une
infectieux. échographie peropératoire systématique [11] . La chirurgie d’exérèse
Les analyses immuno-histochimiques et de biologie molécu- des métastases hépatiques doit enlever toutes les métastases iden-
laire permettent de préciser l’origine du cancer primitif et de tifiées sur le bilan préopératoire et l’échographie peropératoire.
donner accès à d’éventuels traitements ciblés en fonction des ano- Les zones intéressant les lésions qui auraient disparu sous chimio-
malies moléculaires telles que : thérapie doivent aussi être réséquées. L’exérèse se fait avec une
• adénocarcinome colorectal : mutations tumorales des gènes marge de sécurité d’au moins 1 mm, plusieurs études ayant mon-
RAS et BRAF (thérapie anti-EGFR [récepteur de l’Epidermal tré une absence de différence entre des marges de 1 mm et 1 cm
Growth Factor] et trichimiothérapie), et phénotype d’instabilité en termes de taux de rechute avec une résection « R1 », c’est-à-dire
microsatellitaire (MSI) (immunothérapie) ; avec un envahissement microscopique des marges de résection, si
• adénocarcinome mammaire : HER2 (traitements anti-HER2), une chimiothérapie adjuvante est réalisée [12] . La chirurgie hépa-
récepteurs hormonaux (récepteurs aux estrogènes, récepteurs tique peut être réalisée par cœlioscopie avec une hospitalisation
à la progestérone) ; courte de 24 h, voire parfois en ambulatoire [13] , ce qui permet une
• adénocarcinome gastrique : HER2 (anticorps anti-Her2) ; reprise plus rapide de la chimiothérapie [14] .
• mélanome : mutation BRAF V600E (inhibiteur de tyrosine La majorité des patients ne sont pas candidats à la chirurgie
kinase anti-BRAF et anti-MEK). du fait de la taille ou de la localisation tumorale, de la multifoca-
lité, ou d’une réserve hépatique insuffisante (concept de « futur
 Traitement des métastases foie restant » qui correspond à la portion de foie en postopéra-
toire, qui doit correspondre à 25 % du volume fonctionnel ou
hépatiques 5 % du poids du corps). Chez un patient ayant un foie sous-jacent
sain, un volume de 20 % de foie restant peut être suffisant, mais
Le traitement des métastases hépatiques repose sur une prise en en cas de dysfonction hépatique préalable, le volume hépatique
charge multimodale, alliant traitement systémique (chimiothéra- non résécable peut avoisiner 50 %. En outre, les dommages hépa-
pie et thérapies ciblées) et traitements locorégionaux (résection tiques liés à la chimiothérapie préopératoire font augmenter le

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Métastases hépatiques  4-0404

volume de foie restant nécessaire. Certains ajustements comme verre ou de résine) administrés sélectivement à la tumeur via
une métastasectomie en deux temps ou une embolisation portale l’artère hépatique. Après injection dans la branche de l’artère
préalable peuvent être utilisés pour stimuler la croissance du futur hépatique perfusant la zone tumorale, les microsphères se dirigent
foie restant avant résection. préférentiellement dans la néovascularisation péritumorale, déli-
Malgré les progrès de la chirurgie hépatique, la mortalité post- vrant de fortes doses de radiation dans un rayon entre 1 et
opératoire est évaluée entre 1 et 3 % des cas. Les complications 2 cm. Ce traitement est contre-indiqué en cas d’atteinte de
postopératoires les plus fréquentes sont : hémorragie, fuites la veine portale ou d’antécédents de radiothérapie hépatique,
biliaires, infection et insuffisance hépatique. et un scanner au TcMAA doit être réalisé avant le traite-
La survie après résection des métastases hépatiques est ment afin d’éliminer des shunts (risque de passage dans le
influencée par les facteurs de risque suivants : envahissement tractus gastro-intestinal ou pulmonaire). Les complications tar-
ganglionnaire initial, intervalle libre de maladie, nombre de dives comprennent la fibrose/atrophie hépatique, l’insuffisance
lésions tumorales, taille tumorale, niveau d’antigène carcino- hépatocellulaire, l’hypertension portale. Un essai randomisé a
embryonnaire (ACE) préopératoire. Le pronostic est largement montré la supériorité de la SIRT par rapport à la chimiothéra-
dépendant de la réponse à la chimiothérapie et de la résécabilité pie intra-artérielle par FUDR [19] . La SIRT est indiquée chez des
technique. On observe cependant des récidives tardives, jusqu’à patients ayant progressé après plusieurs lignes de chimiothérapie
dix ans après la résection chirurgicale. systémique et présentant des localisations métastatiques princi-
Les critères de résécabilité et d’opérabilité des métastases hépa- palement hépatiques, avec un taux de réponse de 31 %, une
tiques sont les suivants [15] : stabilisation dans 40,5 % des cas, et une survie médiane sans
• décision discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire progression hépatique de neuf mois [20] , supérieure à la poursuite
(RCP) comprenant au moins un chirurgien et un radiologue d’une chimiothérapie systémique de ne ligne.
expérimentés en pathologie hépatique ;
• bon état général du patient (PS < 2, pas de comorbidité sévère,
risque anesthésique contrôlé) ;
Techniques de destruction focalisée
• résection carcinologique complète anticipée (R0) de toutes les Les techniques de destruction focalisée sont divisées en deux
métastases (nombre, taille et localisation des lésions) ; catégories :
• état du parenchyme hépatique postopératoire fonctionnel (vas- • destruction thermique : radiofréquence (uni- ou bipolaire),
cularisation et drainage biliaire, volume résiduel de foie non micro-ondes ;
tumoral) ; • destruction non thermique : électroporation irréversible
• bonne réponse tumorale à la chimiothérapie néoadjuvante si (technique non validée dans le traitement des métastases hépa-
indiquée. tiques).
Elles peuvent être réalisées par voie percutanée ou au cours d’un
Traitements intra-artériels abord chirurgical. La technique de destruction focalisée la plus
utilisée en France est la radiofréquence.
Les différents types de traitements intra-artériels comprennent
Les indications classiques sont les suivantes :
la chimio-embolisation classique à l’oxaliplatine, ou à la floxuri-
• métastases de petite taille (< 3 cm), en nombre limité (< 5), à
dine (dérivé du 5-fluorouracil [5FU]) et les nouvelles techniques
distance des structures vasculaires et biliaires ;
avec irinotécan (DEBIRI), la radio-embolisation hépatique (micro-
• métastases hépatiques résécables :
sphères d’Yttrium : ThéraSphère ou SIR-sphère) et l’embolisation
◦ contre-indication chirurgicale,
trans-artérielle.
◦ métastases hépatiques de petite taille et en nombre limité
Chimiothérapie intra-artérielle hépatique (CIAH) dont la localisation nécessiterait une résection hépatique
Elle consiste à injecter directement un traitement anti-tumoral étendue,
dans les artères hépatiques afin d’en augmenter l’effet local tout en ◦ métastases hépatiques susceptibles de disparaître sous chi-
diminuant les effets systémiques. L’intérêt pour cette technique miothérapie : discuter la destruction focalisée versus mise en
a débuté dans les années 1970 avec des systèmes de cathéters place d’un coïl de repérage avant la chimiothérapie ;
par voie percutanée puis de pompes implantables. Dans le CCR, • métastases hépatiques non résécables :
la CIAH a montré une efficacité supérieure au 5FU intraveineux ◦ en combinaison avec la chirurgie, si l’ensemble de la mala-
seul [16] , et permet d’obtenir un taux de réponse élevé (90 %) et de die hépatique ne peut pas être réséquée en raison d’un futur
conversion à la chirurgie (40 %). Il n’y a pas d’essai randomisé la foie restant insuffisant et/ou d’un risque élevé d’insuffisance
comparant aux protocoles de chimiothérapie plus récents, et c’est hépatique postopératoire,
donc une option à discuter dans des centres experts. Le cathé- ◦ lors d’une chirurgie hépatique en deux temps, une technique
ter est placé en aval de l’artère gastroduodénale, et raccordé à de destruction focalisée peut être utilisée lors du premier
une pompe sous-cutanée. Les complications postopératoires pré- et/ou du deuxième temps hépatique,
coces peuvent survenir (lésions artérielles, thrombose de l’artère ◦ si les métastases hépatiques sont non résécables mais toutes
hépatique, défaut de perfusion hépatique, perfusion accidentelle accessibles à un traitement par destruction focalisée (< 10
de l’estomac ou du duodénum) ou tardives (ulcère gastroduodé- métastases).
nal, infection, thrombose du cathéter). Dans un centre expert, le Les contre-indications relatives ou absolues au traitement
taux de complication lié à cette procédure est inférieur à 5 %. Les focal doivent être appréciées en staff de radiologie intervention-
chimiothérapies utilisées comprennent de la fluorodeoxyuridine nel : elles peuvent inclure ainsi ascite, trouble de l’hémostase
(FUDR), de l’oxaliplatine ou de l’irinotécan. Il est aussi possible sévère non corrigeable, cirrhose, localisation sous-capsulaire,
de combiner la chimiothérapie intra-artérielle et systémique pour dilatation des voies biliaires intra-hépatiques, métastases au
optimiser le traitement : les résultats de l’association FUDR intra- contact d’une structure digestive ou biliaire de premier ordre,
hépatique et de FOLFOX ou FOLFIRI semblent prometteurs [17] . destruction multiple (> 3), présence d’une anastomose bilio-
Embolisation trans-artérielle digestive – qui nécessite une antiobithérapie prophylactique.
Les autorisations d’activité en radiologie interventionnelle font
L’embolisation trans-artérielle avec ou sans chimiothérapie
actuellement l’objet de discussion avec la Direction générale de
(transarterial chemoembolization, TACE) est utilisée pour le CHC et
l’offre de soins (DGOS) (année 2019). Une consultation de radio-
a été étudiée dans les métastases hépatiques de CCR. Les essais
logie interventionnelle doit systématiquement être organisée.
cliniques dans le CCR montrent que l’embolisation artérielle
Une imagerie de contrôle est réalisée 1 à 2 mois après le geste
hépatique et la TACE permettent d’obtenir une stabilisation de
de destruction focalisée. La cicatrice de destruction diminue habi-
la maladie hépatique dans 40 à 60 % des patients traités, mais les
tuellement de taille à partir du troisième mois.
résultats discordent concernant un éventuel bénéfice en survie [18] .
L’ablation par radiofréquence (RFA) est une option pour les
Radiothérapie interne sélective (SIRT) patients porteurs de métastases hépatiques potentiellement résé-
La SIRT effectue une irradiation locale en utilisant des isotopes cables de moins de 5 cm non candidats à la chirurgie. Les
radioactifs (lipiodol-131 ou Yttrium-90 sur des microsphères de meilleurs résultats de la RFA se voient chez des patients ayant une

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4-0404  Métastases hépatiques

métastase unique ou 2 à 3 lésions hépatiques de moins de 3 cm, stases de petite taille, il est possible de placer un coïl de repérage sur
localisées à distance des structures vasculaires majeures [21] . Ses la lésion avant la chimiothérapie. En cas de disparition en ima-
indications correspondent généralement aux patients potentiel- gerie d’une métastase hépatique après chimiothérapie (réponse
lement opérables, et les données manquent pour comparer la RFA histologique complète dans 20 % des cas), la résection hépatique
à la résection chirurgicale en termes de survie et de contrôle local doit être effectuée sur le site initial de la lésion disparue [24] .
à long terme. La RFA peut aussi être utilisée en peropératoire, si Les complications attendues du FOLFOX (LV5FU2-Oxaliplatine)
la résection chirurgicale est incomplète, mais son bénéfice n’a pas comprennent : des troubles de l’alimentation avec des nau-
été prouvé. La RFA chez les patients avec une maladie métasta- sées et/ou des vomissements et l’apparition d’une mucite, des
tique extra-hépatique traités par chimiothérapie systémique n’est troubles du transit (diarrhée, constipation), une fatigue intense,
pas recommandée. une pancytopénie avec un risque infectieux augmenté en période
La localisation de la tumeur dans le foie peut impacter le succès d’aplasie, une neuropathie périphérique sensitive, un risque de
de la radiofréquence : les lésions proches des vaisseaux sanguins syndrome main-pied, un risque augmenté de thrombose veineuse,
sont potentiellement moins bien traitées du fait de la déperdition une alopécie, une toxicité hépatique.
de chaleur dans le flux sanguin. La RFA percutanée doit aussi être En cas de métastases hépatiques synchrones résécables, se dis-
évitée pour les lésions localisées dans le dôme hépatique (proche cutent les stratégies dites « combinée », « séquentielle », ou
du diaphragme) ou sur la face inférieure du foie au contact du tube « séquentielle inversée », en fonction de l’ordre de résection du pri-
digestif. Les taux de survie à cinq ans après RFA dans le CCR varient mitif colique avec les lésions hépatiques. La stratégie séquentielle
entre 14 et 55 % et les taux de récidive locale entre 3,6 et 60 % [21] . débutant par une exérèse colique est indiquée en cas de tumeur
Des complications peuvent survenir (6 à 9 % de complications de colorectale compliquée (perforation, occlusion, hémorragie) ou
grade 3-4) : abcès hépatique, hématome sous-capsulaire, pneumo- de résection hépatique majeure (≥ 3 segments). Si les métastases
thorax, hémopéritoine, brûlure cutanée. hépatiques sont faciles d’accès avec une résection mineure, et que
L’ablation aux micro-ondes est une technique d’hyperthermie la tumeur primitive n’est pas compliquée, la stratégie combinée
par voie percutanée présentant de grandes similitudes avec avec résection en un temps du primitif et des métastases hépa-
l’ablation par radiofréquence. Elle permet d’inciser le foie en pré- tiques peut être discutée. Elle est réalisée après une chimiothérapie
venant le saignement par coagulation instantanée de la zone de périopératoire par FOLFOX [25] . La stratégie combinée n’est pas
section. Dans un essai japonais randomisé comparant la coa- recommandée en cas de tumeur du bas ou moyen rectum. La stra-
gulation aux micro-ondes échoguidée et la chirurgie, les deux tégie séquentielle inversée, avec chirurgie hépatique première et
approches étaient associées à des médianes de survie similaires [22] . résection digestive secondaire, peut aussi être discutée si la tumeur
primitive n’est pas symptomatique. Une chimiothérapie périopé-
ratoire avant la chirurgie hépatique et après la chirurgie digestive
Radiothérapie externe
est recommandée, la réalisation d’une chimiothérapie entre les
La radiothérapie externe dans le traitement des métastases deux opérations est à discuter au cas par cas. Un traitement adju-
hépatiques a été longtemps limitée par la mauvaise tolérance du vant par chimiothérapie postopératoire est recommandé, par 5FU
parenchyme hépatique sain, la dose maximum acceptable sur le ou FOLFOX pendant six mois, et doit débuter dans les 4 à 6
foie sain étant de 35 Grays (Gy) tandis que la dose requise pour semaines suivant l’intervention. Il n’y a pas d’intérêt démontré
détruire les métastases d’adénocarcinome est supérieure à 70 Gy. à ajouter une thérapie ciblée en adjuvant (Fig. 3).
L’évolution des techniques de radiothérapie stéréotaxique (stereo- Les patients porteurs de métastases hépatiques potentiellement
tactic body radiotherapy [SBRT]) a permis de mieux cibler les lésions résécables reçoivent un protocole de chimiothérapie avec un taux
tumorales en limitant l’irradiation des tissus sains, et de diminuer de réponse élevé dans l’objectif d’une résection secondaire : bi-
le risque de développer une maladie hépatique radio-induite à ou tri-chimiothérapie (FOLFOX, FOLFIRI, FOLFIRINOX) associée
moins de 5 % chez des patients n’ayant pas d’hépatopathie sous- à une biothérapie (anti-EGFR ou anti-angiogénique). La déter-
jacente. La toxicité est principalement digestive avec un risque mination du statut mutationnel RAS (KRAS et NRAS exons 2,
de gastrite ou de duodénite. Les premières données concernant la 3, 4) et BRAF est recommandée sur la tumeur primitive ou les
SBRT suggèrent que cette technique est peu toxique et associée à métastases. Les métastases devenues résécables doivent être opé-
un contrôle local prolongé (entre 55 et 91 % à 3 ans) [23] . Son rôle rées rapidement, la réponse maximale est obtenue entre 2 et 4
dans l’attirail thérapeutique reste à définir, notamment chez les mois, et la morbidité de l’hépatectomie est majorée après six
patients éligibles à la RFA. C’est une alternative aux autres traite- cycles de chimiothérapie [26] . Un traitement adjuvant par chi-
ments locaux en cas de proximité avec les vaisseaux ou la capsule miothérapie est recommandé pour atteindre une durée totale
hépatique, ou de taille supérieure à 3 cm. de chimiothérapie de six mois. Il n’y a pas actuellement de
bénéfice démontré à poursuivre en postopératoire la biothérapie
(anti-EGFR ou anti-angiogénique) utilisée en néo-adjuvant. Les
Stratégies thérapeutiques effets secondaires associés aux anti-EGFR comprennent : un risque
majoré de diarrhée, des troubles cutanés à type de folliculite. Les
Cas du cancer colorectal effets secondaires associés aux anti-angiogéniques comprennent :
Au cours de l’évolution de leur maladie, la moitié des patients l’hypertension artérielle, la protéinurie avec exceptionnellement
atteints de CCR développent des métastases hépatiques, et 25 % un syndrome néphrotique, le risque de saignement et de throm-
d’entre eux présentent déjà des métastases hépatiques dites « syn- bose, le retard à la cicatrisation.
chrones » au moment du diagnostic. Contrairement aux autres Les métastases hépatiques non résécables ou progressant après
cancers primitifs du tube digestif, le foie est souvent le seul site chimiothérapie néoadjuvante peuvent être prises en charge avec
de métastases des adénocarcinomes colorectaux. Les indications un traitement systémique et/ou une variété de traitements locaux
d’exérèse ont progressivement été étendues à des lésions de plus comme l’ablation par radiofréquence, l’ablation par micro-ondes,
grande taille, puis à certaines lésions bi-lobaires et actuellement, la chimiothérapie intra-artérielle hépatique, ou encore la radio-
même la présence de métastases extra-hépatiques, à condition embolisation. La chirurgie de la tumeur primitive colique ou
qu’elles puissent être réséquées en totalité, ne constitue plus une rectale n’est pas recommandée, sauf en présence de complications
contre-indication absolue aux métastasectomies hépatiques. Cer- (perforation, occlusion, hémorragie) (Fig. 4).
tains malades peuvent être candidats à une résection itérative en
cas de récidive après une première chirurgie hépatique, avec un
bénéfice en survie comparable à celui observé après une première
Tumeurs neuroendocrines
résection. Les avancées récentes des traitements périopératoires Les carcinomes neuroendocrines du tractus digestif et du pan-
par chimiothérapie et thérapies ciblées ont largement contribué créas métastasent au foie par la circulation veineuse portale. Les
au progrès du traitement des métastases hépatiques. traitements locaux des métastases hépatiques ont été beaucoup
En cas de métastases hépatiques métachrones résécables, il est étudiés pour les tumeurs neuroendocrines, car il s’agit de can-
recommandé de réaliser une chimiothérapie périopératoire par cers généralement indolents et symptomatiques, pour lesquels
FOLFOX (6 cures préopératoires et postopératoires). Pour les méta- peu de traitements systémiques sont disponibles. Les métastases

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Métastases hépatiques  4-0404

A B
Figure 3. Patient de 58 ans avec un adénocarcinome Lieberkühnien bien différencié du côlon droit, muté K-RAS, métastase hépatique unique.
A. Tomodensitométrie (TDM) avec injection de produit de contraste iodé.
B. Imagerie par résonance magnétique (IRM) avec injection de gadolinium.

Figure 4. Patiente de 55 ans avec un adé-


nocarcinome du moyen rectum métastatique
hépatique, images de tomodensitométrie (TDM)
avec injection de produit de contraste iodé.

hépatiques de tumeur neuroendocrine ont tendance à être mul- réfractaires liés à la surproduction hormonale, car l’impact sur la
tifocales, prenant parfois un aspect de « miliaire », ce qui rend la survie est débattu. La cytoréduction tumorale chirurgicale est asso-
résection complète plus difficile, la durée sans récidive hépatique ciée à une amélioration durable des symptômes comparativement
plus courte et le taux de guérison quasiment inexistant. aux techniques non chirurgicales [27] . Étant donné le peu d’options
Le pronostic dépend essentiellement du degré de différentia- thérapeutiques en termes de chimiothérapie systémique, il
tion histologique, quantifié par l’activité mitotique et le Ki67 n’est pas indiqué de réaliser un traitement systémique (néo)
(index de prolifération immunohistochimique). Le pronostic des adjuvant.
carcinomes neuroendocrines peu différenciés est sombre, et ces Les traitements locaux de type chimiothérapie intra-artérielle
patients ne sont pas candidats à des stratégies chirurgicales agres- hépatique ou radio-embolisation ont également été étudiés dans
sives. la tumeur neuroendocrine, qui est une tumeur très vascularisée
L’approche chirurgicale est différente du CCR, car même si et dépendant de la circulation artérielle hépatique. Les études
l’objectif de résection complète est privilégié, une cytoréduc- montrent une régression des symptômes chez 30 à 75 % des
tion suboptimale ou « debulking » est largement réalisée afin patients après CIAH, et une réduction radiologique dans la majo-
d’améliorer les symptômes et de prolonger la survie. L’indication rité des cas [28] . Les symptômes peuvent être transitoirement
principale est palliative, chez des patients ayant des symptômes exacerbés après le traitement, ce qui justifie l’administration

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4-0404  Métastases hépatiques

A B C
Figure 5. Patient de 76 ans avec un carcinome neuroendocrine colique métastatique hépatique.
A. Tomodensitométrie (TDM) sans injection.
B. Échographie hépatique.
C. Tomographie par émission de positons (TEP)-imagerie par résonance magnétique (IRM) au 18FDG.

progression de la maladie (tumeurs neuroendocrines). Pour les

“ Point fort métastases hépatiques d’autres primitifs, la décision d’utiliser des


traitements hépatiques locaux est faite au cas par cas, et il est
difficile d’établir des recommandations générales. Les résultats en
survie sont moins bons que pour les primitifs colorectaux. Environ
Traitement des métastases hépatiques de cancer
10 à 15 % des patients porteurs d’un cancer du sein métastatique
colorectal présentent des lésions hépatiques. La chimiothérapie systémique
• Les améliorations des techniques chirurgicales et des est le traitement standard dans ce cadre, mais des études récentes
traitements périopératoires ont permis des résections ont montré un éventuel bénéfice en survie globale de la résec-
hépatiques plus sûres. tion des métastases hépatiques (médiane de 57 mois) chez des
• La résection chirurgicale, lorsqu’elle est réalisable, est patientes avec maladie oligométastatique.
le traitement de première intention des métastases hépa- Les mélanomes uvéaux métastasent préférentiellement au foie
tiques. (70 à 90 % des cas). La présentation miliaire contre-indique la
• La survie après résection des métastases hépatiques est chirurgie, mais des traitements par CIAH, chimio-embolisation
influencée par les facteurs de risques suivants : stadifica- artérielle ou radio-embolisation artérielle hépatique donnent de
bons résultats avec une stabilisation ou une régression tumorale
tion N+ initiale, durée de survie sans maladie, nombre de
dans la moitié des cas.
lésions, taille tumorale, nombre de métastases, taux d’ACE Les sarcomes intra-abdominaux et rétropéritonéaux peuvent
préopératoire. occasionnellement métastaser au foie. Les options thérapeutiques
• La chimiothérapie préopératoire permet d’identifier les systémiques efficaces étant peu nombreuses, il est possible de
patients les plus à même de tirer bénéfice d’une résection discuter des traitements locaux dans des cas très sélectionnés.
chirurgicale des métastases hépatiques. Les GIST (gastrointestinal stromal tumors) font exception par leur
• Certains médicaments anti-tumoraux peuvent être excellent taux de réponse aux inhibiteurs de tyrosine kinase
hépatotoxiques et peuvent affecter la régénération (imatinib, sunitinib), ce qui les rend éligibles à des stratégies chi-
hépatique après résection (5-fluorouracil, oxaliplatine, rurgicales de résection des métastases hépatiques plus agressives
bevacizumab). (Fig. 5).
• Chez environ 20 % des patients initialement non résé-
cables, la chimiothérapie préopératoire permet de rendre
opérables les métastases hépatiques.  Situations particulières
• L’embolisation de la veine porte et l’hépatectomie en Oncogériatrie
deux temps sont des stratégies thérapeutiques utilisées
pour élargir les indications opératoires des métastases Chez ces patients ayant été réséqués au niveau de métastases
hépatiques de CCR, les taux de survie à trois ans (57 %) et de
hépatiques initialement non résécables.
• Les métastases hépatiques non résécables peuvent
bénéficier de traitements systémiques et de nombreux
traitements locaux comme l’ablation par radiofréquence,
l’ablation par micro-ondes, la cryothérapie, la chimiothé-
“ Point fort
rapie intra-artérielle hépatique, ou la radio-embolisation
par Yttrium-90. Les stratégies thérapeutiques pour les métastases
hépatiques de cancers non colorectaux
• Le debulking chirurgical des métastases hépatiques de
péri-procédure d’octréotide et d’anti-histaminiques. Le taux de tumeurs neuroendocrines est largement accepté à but
réponse après radio-embolisation à l’Yttrium est d’environ 50 %. symptomatique et de prolongation de la survie, même s’il
est associé à des taux importants de récidive.
Autres primitifs • Les métastases hépatiques de cancers non colorectaux
Les traitements ciblés des métastases hépatiques ont été princi- et non neuroendocrines sont de plus en plus largement
palement développés dans les CCR ou neuroendocrines, en raison réséquées, même si le pronostic après résection est géné-
de leur tendance à métastaser uniquement au foie, de l’efficacité ralement moins bon que pour les cancers colorectaux.
de la chimiothérapie systémique (CCR), ou de l’indolence de la

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Métastases hépatiques  4-0404

mortalité périopératoire (4 %) sont similaires à ceux retrouvés survie des patients est fortement corrélée au grade de la cirrhose
chez des patients plus jeunes [29] . La stratégie thérapeutique des sous-jacente, avec un taux de mortalité à un an entre 20 et 57 %
métastases hépatiques chez les patients âgés est la même que tous cancers solides confondus [31] . La chirurgie reste le traitement
chez les patients plus jeunes, cependant le choix de la chimio- indiqué en cas de tumeur localisée, cependant le taux de morta-
thérapie périopératoire est plus difficile. Peu de patients âgés ont lité périopératoire augmente avec la gravité de la cirrhose : 10 %
été inclus dans les essais de chimiothérapie néoadjuvante, et la pour un stade Child-Pugh A, 30 % pour un stade B, et entre 76
diminution du volume de parenchyme hépatique sain chez les et 82 % pour un stade C. Le score de MELD est lui aussi étroite-
sujets âgés les expose à un risque accru d’effets secondaires hépa- ment lié à la mortalité postopératoire, avec un taux de mortalité
tiques des chimiothérapies, ainsi que des complications périopéra- supérieur à 50 % quand le score dépasse 20. Il est généralement
toires. admis que la chirurgie est bien tolérée chez les patients cirrho-
tiques ayant un stade Child-Pugh A, et peut être acceptable pour
les stades B après préparation préopératoire rigoureuse, mais est
Patient transplanté hépatique contre-indiquée dans les stades B si la résection hépatique est trop
La transplantation hépatique est le traitement préférentiel des importante ou dans les stades C.
maladies hépatiques terminales depuis 1980. Les patients gref- Les toxicités des traitements systémiques sont aggravées par
fés présentent un risque 2 à 3 fois supérieur à la population la dysfonction hépatique préalable, notamment l’hépatotoxicité
générale de développer un cancer solide par la suite, du fait des mais aussi l’hématotoxicité par séquestration splénique chez
circonstances ayant conduit au développement de l’insuffisance les patients ayant une hypertension portale (HTP). D’autres
hépatique (virus, facteurs environnementaux, comportementaux, complications peuvent être associées aux thérapies ciblées comme
etc.), et de la baisse de l’immunovigilance due aux traitements par exemple des hémorragies digestives en cas d’administration de
immunosuppresseurs. Les cancers solides les plus fréquents chez traitements anti-angiogéniques dans un contexte d’HTP. Le risque
le patient greffé sont les cancers cutanés, mais l’on retrouve aussi thrombotique est aussi majoré chez le patient cirrhotique. Cer-
une forte hausse des cancers liés à l’alcool et au tabac, ainsi tains auteurs recommandent de ne considérer la chimiothérapie
que des CCR notamment chez les patients atteints de maladie uniquement pour les patients ayant une cirrhose avec un score de
inflammatoire chronique de l’intestin ou de cholangite scléro- Child-Pugh inférieur ou égal à 7 sans ascite clinique.
sante primitive. Malgré une détection plus précoce dans cette
population, les patients transplantés hépatiques ont un pronostic
Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
défavorable, avec une médiane de survie globale inférieure à trois
d’intérêts en relation avec cet article.
ans toutes tumeurs solides confondues. La décision d’initier un
traitement systémique chez un patient greffé doit être prise dans
un centre expert, en collaboration étroite avec l’équipe chargée
du suivi post-transplantation [30] .  Références
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• Les tumeurs hépatiques bénignes sont les lésions hépa- alcoholic patients: results of a prospective, nationwide study. Cancer
tiques les plus fréquentes, même chez les patients ayant 2018;124:1964–72.
un cancer connu. [5] European Association For The Study Of The Liver, European Organi-
sation For Research And Treatment Of Cancer. EASL–EORTC clinical
• Le scanner avec injection de produit de contraste est
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la modalité d’imagerie la plus utilisée pour la surveillance Hepatol 2012;56:908–43.
des patients avec tumeur primitive à risque de lésions [6] Friedl P, Wolf K. Tumour-cell invasion and migration: diversity and
secondaires et la surveillance postopératoire, tandis que escape mechanisms. Nat Rev Cancer 2003;3:362–74.
la combinaison scanner et IRM du foie est indispensable [7] Abeloff’s Clinical Oncology. 5th ed. [Internet]. [cité 9 déc. 2018].
pour optimiser la détection des métastases hépatiques en Disponible sur : https://www.elsevier.com/books/abeloffs-clinical-
vue de la planification de la chirurgie. oncology/9781455728657.
• Les contre-indications à la résection des métastases [8] de Ridder J, de Wilt JH, Simmer F, Overbeek L, Lemmens V,
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hépatiques de cancer colique ont évolué, la taille et le
metastases: an explorative case-study of 23,154 patients. Oncotarget
nombre de lésions sont désormais moins importants que 2016;7:55368–76.
la possibilité d’obtenir une résection « R0 » sans envahisse- [9] van Kessel CS, Buckens CF, van den Bosch MA, van Leeuwen MS, van
ment des marges de résection, y compris chez des patients Hillegersberg R, Verkooijen HM. Preoperative imaging of colorectal
ayant des métastases extra-hépatiques résécables. liver metastases after neoadjuvant chemotherapy: a meta-analysis. Ann
• Les métastases hépatiques non résécables peuvent Surg Oncol 2012;19:2805–13.
bénéficier de traitements systémiques et de nombreux [10] de Haas RJ, Wicherts DA, Salloum C, Andreani P, Sotirov D, Adam
traitements locaux comme l’ablation par radiofréquence, R, et al. Long-term outcomes after hepatic resection for colorectal
metastases in young patients. Cancer 2009;116:647–58.
l’ablation par micro-ondes, la cryothérapie, la chimiothé-
[11] Sietses C, Meijerink MR, Meijer S, van den Tol MP. The impact
rapie intra-artérielle hépatique, ou la radio-embolisation. of intraoperative ultrasonography on the surgical treatment of
• Les dossiers de métastases hépatiques de cancers non patients with colorectal liver metastases. Surg Endosc 2010;24:
colorectaux peuvent être présentés en centre expert pour 1917–22.
discuter de l’indication d’une chirurgie d’exérèse ou de [12] de Haas RJ, Wicherts DA, Flores E, Azoulay D, Castaing D, Adam
traitements locaux. R. R1 resection by necessity for colorectal liver metastases: is it still a
contraindication to surgery? Ann Surg 2008;248:626–37.

EMC - Traité de Médecine Akos 11


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4-0404  Métastases hépatiques

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C. Fenioux (charlotte.fenioux@gmail.com).
Département d’oncologie médicale, CHU Henri-Mondor et Albert-Chenevier, AP–HP, 51, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France.
C. Tournigand.
Département d’oncologie médicale, CHU Henri-Mondor et Albert-Chenevier, AP–HP, 51, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France.
Université Paris-Est Créteil, Créteil, France.
A. Luciani.
Université Paris-Est Créteil, Créteil, France.
Département d’imagerie médicale, CHU Henri-Mondor et Albert-Chenevier, AP–HP, 94000 Créteil, France.
A. Laurent.
Université Paris-Est Créteil, Créteil, France.
Département de chirurgie digestive, CHU Henri-Mondor et Albert-Chenevier, AP–HP, 94000 Créteil, France.
E. Kempf.
Département d’oncologie médicale, CHU Henri-Mondor et Albert-Chenevier, AP–HP, 51, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Créteil, France.
Université Paris-Est Créteil, Créteil, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Fenioux C, Tournigand C, Luciani A, Laurent A, Kempf E. Métastases hépatiques. EMC - Traité de
Médecine Akos 2019;14(3):1-12 [Article 4-0404].

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