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Hypertension intracrânienne
F. Proust, S. Derrey, O. Lavabre, H. Castel

L’hypertension intracrânienne (HIC) désigne le retentissement clinique d’une pression intracrânienne (PIC)
supérieure à 20 mmHg et constitue un socle commun à des pathologies neurologiques multiples. La sur-
venue d’une HIC est la conséquence biomécanique et hémodynamique d’un dépassement des processus
physiologiques de compensation à une élévation de la PIC. Un continuum pathogénique existe entre HIC
expansive (tumeur, traumatisme cérébral, hydrocéphalie, etc.), HIC lésionnel (thrombophlébite cérébrale,
tumeur géante de la queue-de-cheval, fistule durale, etc.) et HIC bénigne (endocrinopathies, médications,
apnée du sommeil, HIC idiopathique, etc.). Ce syndrome clinique, dont le noyau dur combine céphalées
et manifestations oculaires, expose à une décompensation clinique par hernie cérébrale au travers des
orifices séparant les compartiments de l’espace crâniorachidien. La démarche diagnostique, guidée par
le risque de décompensation clinique par hernie cérébrale à laquelle expose une HIC expansive, relève
de l’urgence pour la réalisation d’une neuro-imagerie par tomodensitométrie et imagerie en résonance
magnétique crânioencéphalique. Les causes lésionnelles et HIC bénignes sont diagnostiquées à l’aide
d’une neuro-imagerie conventionnelle explorant les axes vasculaires et la perfusion parenchymateuse,
mais aussi par l’étude du liquide cérébrospinal en l’absence de tout processus. La mesure de la PIC permet
d’obtenir une valeur moyenne et une courbe d’enregistrement continu. Ainsi, l’enregistrement de la PIC
dessine une onde de pression liée au compartiment vasculaire en relation directe avec l’activité du vais-
seau cérébral pour l’onde de pouls et les ondes lentes, et indirecte par les gros vaisseaux intrathoraciques
pour les ondes respiratoires. En outre, son analyse autorise le calcul de deux index que sont la réserve de
compensation pression-volume et la réactivité cérébrovasculaire. Le traitement de l’HIC par la chirurgie
préalablement à l’instauration d’un traitement médical cherche à préserver une pression de perfusion
cérébrale et une circulation hydrodynamique céphalo-oculaire normales.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Hypertension intracrânienne ; Pression intracrânienne ; Hernie cérébrale ;


Hypertension intracrânienne bénigne

Plan ■ Étiologies 10
Expansives 10
■ Introduction 1 Lésionnelles 11
Hypertension intracrânienne bénigne 11
■ Physiopathologie 2
■ Traitement 11
Pression intracrânienne normale 2
Mécanismes de compensation d’une hypertension Méthodes thérapeutiques 11
intracrânienne 2 Stratégies thérapeutiques 12
Pathogénie de l’hypertension intracrânienne 3
Conséquences de l’hypertension intracrânienne 4
■ Syndrome clinique d’hypertension intracrânienne 5
Manifestations neurologiques et oculaires 5  Introduction
Décompensation clinique de l’hypertension intracrânienne 5
Hypertension intracrânienne lésionnelle 6 Durant les deux dernières décennies, l’hypertension intracrâ-
Hypertension intracrânienne bénigne 6 nienne (HIC), définie par une pression intracrânienne (PIC)

supérieure à 20 mmHg, est devenue une entité neurologique médi-
Examens complémentaires 7
cochirurgicale [1, 2] . Dès la seconde moitié du XIXe siècle, la mesure
Neuro-imagerie 7
de la PIC par tréphine ou ponction lombaire (Quincke) per-
Étude du liquide cérébrospinal et mesure de pression
mettait d’établir un lien entre son élévation et l’existence d’un
intracrânienne 8
œdème papillaire. Durant le XXe siècle, le développement de
Monitoring de la pression intracrânienne 8
la neuro-imagerie rendait possible le diagnostic étiologique tout
■ Diagnostic différentiel 9 en donnant accès à une meilleure connaissance des processus

EMC - Neurologie 1
Volume 9 > n◦ 2 > avril 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(12)50920-6
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physiopathologiques des mécanismes de compensation mis en jeu


lors d’une élévation de la PIC [3–5] . Depuis la publication par Dandy
en 1937 [6] des critères d’HIC sans tumeur cérébrale évoluant
dP2 > dP1 Zone de décompensation
vers la cécité chez 10 % des patients, ce concept a considérable-
ment évolué vers l’HIC idiopathique grâce à la performance de dv
la neuro-imagerie moderne [2] . Aujourd’hui, la démarche diagnos-

Pression en mmHg
tique ne concerne plus exclusivement les neurochirurgiens, mais dP2
aussi nos collègues neurologues ou ophtalmologues confrontés à
un œdème papillaire menaçant. Le traitement multidisciplinaire
implique non seulement nos collègues neuroréanimateurs pour
prévenir toute décompensation d’une HIC expansive mais aussi
nos collègues neurologues pour prévenir la détérioration visuelle dv
Zone de compensation
d’une HIC idiopathique réfractaire à un traitement antiœdéma- dP1
teux [7] .
Cette mise au point cherche à établir un continuum entre
une HIC expansive et une HIC à tomodensitométrie (TDM)
crânioencéphalique normale en analysant les mécanismes phy- Volume (ml)
siopathologiques, leurs diagnostics et leurs traitements.
Figure 1. Courbe de Langfitt représentant la relation pression-volume.
 Physiopathologie Dans la portion horizontale de la courbe (zone de compensation), la forme
de l’onde de pression intracrânienne (PIC) est à petite amplitude. Dans la
portion verticale de la courbe (zone de décompensation), l’onde PIC est
Pression intracrânienne normale à grande amplitude en raison de la perte de compliance cérébrale. Toute
À l’intérieur d’un espace crâniorachidien rigide, la PIC résulte majoration de volume induit une augmentation de la PIC.
d’un équilibre de pression entre trois secteurs que sont le
parenchyme cérébral, le compartiment liquidien ou espace
ultrafiltrat plasmatique, occupe un volume qui dépend de sa pro-
ventriculo-sous-arachnoïdien (EVSA), et le compartiment vascu-
duction, de son volume de stockage ou compliance et enfin de ses
laire ou volume sanguin cérébral (VCS) [5, 8–11] . Cet espace clos,
capacités de résorption.
tapissé de dure-mère, est composé de la cavité crânienne divisée
Le secteur vasculaire occupe 10 % du volume endocrânien, soit
en compartiments supra- et infratentoriel de part et d’autre de la
140 ml [16] . Ce secteur, présent en intracérébral et péricérébral, est
tente cérébelleuse, qui communiquent via le foramen magnum
divisé en plusieurs compartiments : artériel composé des grosses
avec la cavité canalaire rachidienne. L’équation de Monroe-Kellie
artères de la base du cerveau et artérioles, capillaire où se situe
définit l’interaction entre les volumes de ces secteurs et la PIC ;
la barrière hématoencéphalique (BHE) et lieu d’échange avec le
elle établit une PIC constante au prix d’une stabilité des volumes
secteur liquidien extracellulaire, et veineux subdivisé en veines
(Vcerveau + VLCS + Vsanguin = Vespace crâniorachidien = constante) car l’espace
cérébrales et sinus duraux.
crâniorachidien constitue une enceinte non expansible après fer-
meture des fontanelles et fusion des sutures [10] . La stabilité de la
PIC est constante tout le long de l’espace crâniorachidien [12, 13] . Compliance cérébrale
Ainsi, toute variation de volume de l’un des secteurs est compen- La pente de la courbe V/P représente la compliance céré-
sée par une variation équivalente de volume des autres secteurs. brale qui illustre la capacité des mécanismes de compensation
Les valeurs normales de la PIC sont mesurées dans le liquide à une augmentation de la PIC [5, 17–21] . Sa mesure est faite par
cérébrospinal (LCS) [5] . Habituellement exprimées en mmHg le calcul de l’index pression-volume (IPV) qui est le volume en
(10 cmH2 O = 7,35 mmHg, 10 mmHg = 13,6 cmH2 O), elles varient millilitres nécessaire pour augmenter par dix la PIC. À partir de
selon l’âge : de 10 à 15 mmHg pour les adultes et enfants âgés 14 ans, l’IPV normal est supérieur à 25 ml. Avant cet âge, il chute
oscillant parfois jusqu’à 20 mmHg, de 3 à 7 mmHg pour les jeunes à 10 ml en raison du réservoir spinal plus petit. Cette comp-
enfants et de 1 à 6 mmHg en période néonatale [14, 15] . Dans un état liance est dépendante du temps et du volume. En effet, chez le
physiologique stable, la PIC est stable malgré les perturbations nourrisson, les sutures peuvent se distendre lors d’augmentation
transitoires que peuvent induire la toux, l’éternuement ou l’effort lente et progressive de la PIC. C’est l’absence d’extensibilité de
à glotte fermée grâce aux systèmes de compensation qu’offrent les la dure-mère qui empêche la compensation à une augmentation
différents secteurs. brutale de la PIC. Si la compliance cérébrale est importante à la
phase initiale de l’augmentation de la PIC, elle diminue dans la
Mécanismes de compensation seconde partie de la courbe, ce qui traduit un épuisement des
mécanismes de compensation [20, 21] . Cet index est utilisé essen-
d’une hypertension intracrânienne tiellement dans les problèmes diagnostiques de l’hydrocéphalie
La relation pression/volume est illustrée par la courbe de chronique de l’adulte.
Langfitt [10] . Cette courbe exponentielle a une pente initiale faible
pour s’infléchir vers le haut au-delà d’un certain volume (Fig. 1). Dynamique des fluides
Initialement, les mécanismes de compensation parviennent à Les mécanismes de compensation reposent sur un transfert de
maintenir une PIC constante puis l’infléchissement de la courbe
fluides. À l’intérieur de l’espace crâniorachidien existent plusieurs
signale leur dépassement et expose le patient à une décompen-
circuits des fluides (Fig. 2). Un circuit sanguin pur débute sur le
sation clinique de son HIC. Les mécanismes de compensation
versant artériel, franchit le réseau capillaire parenchymateux et
consistent en une réduction de volume des secteurs de l’espace
se termine dans le réseau veineux. La BHE constitue le point de
crâniorachidien afin de s’adapter à l’élévation de la PIC.
départ du circuit interstitiel-intracellulaire parenchymateux et de
l’EVSA [22] .
Secteurs de l’espace crâniorachidien Au sein du circuit interstitiel-intracellulaire parenchymateux,
Le secteur parenchyme cérébral de volume 1 400 ml occupe les échanges répondent aux lois de l’osmose. Lors d’altérations
80 % de l’espace crâniorachidien ; les fluides intracellulaires ou de la BHE, les mouvements de fluides obéissent à la pression
interstitiels constituent 10 % de ce secteur. hydrostatique, c’est-à-dire un libre passage des protéines et des
Le secteur EVSA de volume de 150 ml est réparti en un volume électrolytes qui annulent les gradients osmotiques et oncotiques.
ventriculaire de 30 ml, un volume cisternal de 40 ml et un volume Pour les échanges transmembranaires, les variations de volume
rachidien de 80 ml [11] . Chez l’enfant, la valeur relative de ce sont limitées par la présence d’osmoles actives dite neuroprotec-
volume serait réduite par comparaison avec l’adulte [14] . Le LCS, trices (électrolytes, acides aminés, polyols, triéthylamines) [23–25] .

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8
1

5
6
2 9
4 10 6 2

5 7
3 11
7
1

12
A B
Figure 2. Représentation de la barrière hématoencéphalique et du passage des fluides (A, B). 1. Neurone ; 2. péricyte ; 3. endothélium ; 4. sang ; 5. jonctions
serrées ; 6. lame basale ; 7. astrocyte ; 8. lumière vasculaire ; 9. cellule endothéliale ; 10. cellule musculaire ; 11. microglie ; 12. espace périvasculaire.

Le LCS, sécrété par le plexus choroïde dans les ventricules céré- outre, certaines topographies sont responsables d’un blocage de
braux à un débit de 0,35 ml/min, est stocké dans l’espace liquidien la circulation du LCS accélérant le processus de décompensation.
capable d’expansion puis résorbé via les villosités arachnoïdiennes
dans le sinus veineux dural. La résistance à la résorption du LCS Modification du parenchyme cérébral
comprend la résistance des canaux du LCS et celle du passage au
travers des villis. Ce paramètre reste indépendant de la PIC. La Le parenchyme cérébral est l’objet de modifications biomé-
pression durale intrasinusienne est la pression de sortie du LCS. Il caniques ou biochimiques en réaction à la constitution d’un
existe une interaction entre la sécrétion, le stockage et la résorp- quatrième secteur expansif ou l’installation d’un trouble de
tion du LCS. Un gradient de pression transvillositaire existe au circulation vasculaire. Ces modifications surviennent conco-
travers de ces éléments de résorption au contact des sinus crâniens mitamment ou secondairement selon le facteur causal. Les
et des veines périradiculaires. Ainsi, la PIC est proportionnelle aux altérations biomécaniques consistent en une compression sur les
trois facteurs que sont la sécrétion du LCS, la résistance à la résorp- structures de voisinage responsable d’une réduction des volumes
tion et la pression sinusienne durale. Ce gradient de pression reste liquidiens extra- et intracellulaires. Néanmoins, des altérations
constant malgré une HIC, y compris lorsqu’elle devient supérieure biochimiques se développent dans les parois vasculaires, la glie
à la pression veineuse périvillositaire. et les neurones, aboutissant à la formation d’un œdème cérébral.
Le transfert de fluide intéresse ces circuits à des vitesses diffé- La réponse que constitue l’œdème cérébral à de multiples
rentes. L’adaptation volumique la plus rapide est obtenue sur le agressions du parenchyme cérébral est secondaire à une altéra-
circuit sanguin. Son versant veineux par compression des veines tion des mécanismes de transport des membranes capillaires et
périphériques et de certains sinus (sigmoïde) réduit le volume glioneuronales [23, 26, 32, 33] . L’œdème selon le type d’agression est
de sang veineux [8, 23, 26, 27] . Sur le versant artériel, la vasomotricité initialement intra- ou extracellulaire, puis mixte. L’œdème cyto-
cérébrale régule le volume sanguin cérébral. Sur le circuit EVSA, la toxique ou cellulaire est la croissance de volume des cellules
réduction volumique est progressive, dépendante du gradient de gliales, des neurones, puis des cellules endothéliales. L’altération
pression transvillositaire. Enfin, les fluides intraparenchymateux de la membrane cellulaire aboutit à l’accumulation intracellulaire
se mobilisent lentement, et sont des mécanismes de compensa- de cations, d’H2 O par détérioration des mécanismes de trans-
tion actifs pour les augmentations lentes et progressives de la PIC. port actif de la membrane cellulaire. Dans un second temps,
En outre, chez l’enfant avant 18 mois, les sutures non fusionnées les fluides intracellulaires sont extériorisés dans l’espace intersti-
peuvent se disjoindre lors d’augmentation progressive de la PIC, tiel. L’œdème extracellulaire est le résultat d’une accumulation
mais l’absence d’extensibilité de la dure-mère ne permet aucune d’H2 O, d’électrolytes et de protéines dans l’espace extracellulaire.
adaptation aux augmentations brutales. Selon le mécanisme impliqué, ils sont classés en hydrostatique,
vasogénique et hydrocéphalique. L’œdème hydrostatique est dû
à un mécanisme d’ultrafiltration au travers de la BHE de sub-
stances de faible poids moléculaire (glucose et aminoacides) lié
Pathogénie de l’hypertension intracrânienne à une élévation de la pression cérébrale intravasculaire. L’œdème
vasogénique est secondaire à une altération de la BHE devenue
Dans l’espace rigide crâniorachidien, l’HIC résulte d’une aug-
perméable aux molécules plasmatiques. L’œdème hydrocépha-
mentation des volumes secondaire au développement surajouté
lique, composé de LCS qui franchit l’épendyme, est lié à une
d’un quatrième secteur expansif et/ou de modifications des trois
augmentation de la pression hydrostatique provenant du contenu
secteurs existants.
ventriculaire.

Développement d’un quatrième secteur Altération de la circulation du liquide


compressif cérébrospinal
Ce quatrième secteur se surajoute aux trois secteurs norma- L’accumulation de LCS, responsable d’HIC, est liée à des
lement présents dans l’espace crâniorachidien. Il est constitué processus biomécaniques et biochimiques. Les mécanismes bio-
de lésions expansives pathologiques que sont les processus mécaniques sont scindés en deux groupes : troubles de circulation
tumoraux, vasculaires, infectieux, qu’ils soient intra- ou extra- et troubles de résorption. La circulation du LCS est endommagée
parenchymateux. Sa vitesse de développement, son volume et sa par un blocage partiel ou complet des voies d’écoulement liqui-
topographie sont les facteurs essentiels de la tolérance clinique à diennes responsable d’une hydrocéphalie obstructive [8, 11, 34] . Le
l’élévation de la PIC [28–31] . Les deux premiers facteurs déterminent trouble de résorption du LCS peut être lié à plusieurs mécanismes :
la capacité des mécanismes de compensation, mais la topographie altération du système transvillositaire ; augmentation de la pres-
est un point essentiel de tolérance de l’HIC. En particulier, la loge sion veineuse sinusienne. Ce mécanisme serait impliqué dans
temporale et les régions polaires sont rapidement mal tolérées. En l’HIC bénigne sans que l’on connaisse le site exact de l’anomalie.

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Les modifications biochimiques du LCS participent à ce trouble des phénomènes musculaires en réponse aux variations de la ten-
de circulation. En outre, le mécanisme d’hypersécrétion du LCS sion de la paroi artérielle. Ce mécanisme est aisément altéré par
est exceptionnellement rencontré. de nombreux processus pathologiques. L’évaluation de cette fonc-
tion est cruciale avant l’instauration d’une neuroréanimation.
Augmentation du volume sanguin cérébral La régulation humorale fait intervenir le dioxyde de carbone
(CO2 ) qui a une puissante action vasodilatatrice sur les artères
Le volume sanguin cérébral peut augmenter aux dépens du
cérébrales [35, 36, 42–44] . L’hypercapnie produit une acidose tissulaire
compartiment artériel ou veineux. La poussée d’hypertension
et une augmentation marquée du DSC. Ainsi, l’inhalation d’un
artérielle systémique induite par la décharge de catécholamines
mélange d’air et de CO2 à 5 % provoque une augmentation du
lors de souffrance de la région diencéphalique augmente le
DSC de 50 %. L’ensemble des effets induits par l’augmentation
volume dans les gros vaisseaux de la base malgré les méca-
de la pression artérielle partielle en CO2 (PaCO2 ) sur les artères
nismes de régulation. Mais surtout l’altération des mécanismes
cérébrales sont liés aux variations de la concentration extracellu-
de résistance cérébrovasculaire dans les artérioles par dépas-
laire en protons qui dépend de la concentration en bicarbonates
sement de l’autorégulation constitue le point de départ d’un
et de la PCO2 tissulaire. Une augmentation en PaCO2 détermine
œdème vasogénique. L’altération du drainage veineux induit une
une acidose tissulaire et une vasodilatation. Ce processus souligne
réduction de la résorption du LCS et une stase veineuse [19, 35–38] .
l’importance du contrôle de la PaCO2 et de la ventilation en cas
L’hyperpression veineuse est actuellement le principal mécanisme
d’HIC.
de l’HIC bénigne.
Le couplage débit-métabolisme ou hyperémie fonction-
nelle [40, 45] . Le potassium, qui détermine le contrôle du tonus
Conséquences de l’hypertension vasculaire cérébral, est l’ion intracellulaire le plus abondant [42] . Il
intracrânienne assure, dans l’espace intercellulaire, un lien entre cellules endothé-
liales, neurones et astrocytes d’une part, et tonus du muscle lisse
L’HIC induit une combinaison de perturbations bioméca- d’autre part. Libéré dans l’espace extracellulaire, il entraîne une
niques, hémodynamiques. vasodilatation par activation des canaux potassiques des cellules
musculaires lisses. Il intervient dans l’adaptation rapide du DSC à
Conséquences biomécaniques l’activité métabolique cérébrale. L’autre agent est l’adénosine qui
s’accumule lorsque l’activité neuronale augmente et ainsi induit
Les propriétés viscoélastiques du parenchyme cérébral lui per-
une vasodilatation. Le lactate produit une acidose locale mais son
mettent des déformations par engagement au travers des orifices
rôle est mineur. L’activation de la phospho-lipase A2 astrocytaire
séparant les compartiments de l’espace crâniorachidien. Ces enga-
par l’ion calcium entraîne la production d’acide arachidonique.
gements ou hernies cérébrales sont déterminés par l’existence
Ce processus explique l’intérêt de la sédation et de l’hypothermie
d’un gradient de pression de part et d’autre des cloisons durales
lors d’HIC sévère.
rigides séparant les compartiments que sont les loges hémisphé-
Une régulation neurogénique intervient car les artères
riques, la fosse cérébrale postérieure et le canal rachidien [30] . Ainsi,
cérébrales sont innervées par des nerfs extracérébraux et intracé-
les hernies cérébrales dépendent de la cause de l’HIC et induisent
rébraux [17, 42, 45] . Le rôle principal du système orthosympathique
une souffrance par compression des structures de voisinage que
est de protéger la microcirculation de l’augmentation de la PPC.
ce soit le parenchyme, les nerfs crâniens, ou une distorsion des
vaisseaux. L’œdème papillaire serait la conséquence d’un trouble
de circulation du LCS dans l’espace sous-arachnoïdien entourant
les nerfs optiques, lié à une sectorisation de cet espace lors du
processus pathologique [39] .

Conséquences hémodynamiques
“ Point fort
La perfusion est le processus physiologique permettant un Physiopathologie
apport continu de sang artériel, via le réseau capillaire, à un paren- • Les trois secteurs de l’espace crâniorachidien sont
chyme. Le paramètre de mesure de la perfusion est le débit sanguin
de l’organe (F pour flux, Q par analogie avec le courant élec-
le parenchyme cérébral, le compartiment liquidien ou
trique). Il est exprimé en quantité de sang/volume/temps écoulé espace ventriculo-sous-arachnoïdien et le compartiment
(ml/100 g/min). Les deux déterminants du débit sanguin dans un vasculaire ou volume sanguin cérébral.
organe sont la différence de pression (ou pression de perfusion) • L’équation de Monroe-Kellie définit l’interaction entre
entre les deux extrémités du réseau capillaire (Pa – Pv) et la résis- les volumes des secteurs occupant l’espace crâniorachi-
tance globale du réseau vasculaire. La loi de Poiseuille, établie dien.
pour un flux laminaire, unit ces trois paramètres (F = Pa – Pv/R). • Les valeurs normales de la PIC sont de 10 à 15 mmHg
Le parenchyme cérébral est un organe sans aucune capacité de pour les adultes et enfants âgés, oscillant parfois jusqu’à
métabolisme anaérobie. Donc, son fonctionnement est asservi à la 20 mmHg, de 3 à 7 mmHg pour les jeunes enfants et de 1
circulation cérébrale. Si l’on applique la loi de Poiseuille au paren-
à 6 mmHg en période néonatale.
chyme cérébral, le débit sanguin cérébral (DSC) est dépendant
• La courbe de relation pression-volume, exponentielle,
de la formule (DSC = Pa – Pv/R), R étant la résistance cérébrovas-
culaire. La pression de perfusion cérébrale (PPC) est estimée, en présente une pente initiale faible (phase clinique de
pratique quotidienne, par la différence entre pression artérielle compensation) pour s’infléchir vers le haut (phase clinique
moyenne (PAM) et PIC (PPC = PAM – PIC). Ainsi le DSC = PPC/R. de décompensation).
Le DSC normal est compris entre 45 et 55 ml/100 g/min [40] . • Les mécanismes de compensation reposent sur un trans-
Une augmentation de la PIC induit, en l’absence fert de fluides.
d’augmentation de la PAM, une baisse de la PPC. Afin de • Hernies cérébrales et œdème papillaire sont les consé-
maintenir constant le DSC, des mécanismes de régulation de la quences biomécaniques de l’HIC.
résistance cérébrovasculaire vont intervenir. • Une augmentation de la PIC induit, en l’absence
L’autorégulation cérébrale est définie comme une propriété
d’augmentation de la pression artérielle moyenne, une
intrinsèque de la circulation cérébrale à modifier le diamètre vas-
culaire en réponse à une modification de la PPC afin de préserver
baisse de la pression de perfusion cérébrale.
un DSC constant [40, 41] . Ce mécanisme existe pour une PAM de
• Les mécanismes de régulation de la résistance cérébro-
60 à 150 mmHg. L’autorégulation met en jeu les petites artères vasculaire font intervenir l’autorégulation cérébrale, une
et artérioles en amont des capillaires. Le mécanisme reste contro- régulation humorale, une régulation neurogénique et le
versé : une théorie métabolique met en jeu l’hypoxie tissulaire ou couplage débit-métabolisme.
des métabolites vasodilatateurs. La théorie myogène met en jeu

4 EMC - Neurologie
Hypertension intracrânienne  17-023-A-93

Le système parasympathique provoque une vasodilatation céré- Autres symptômes


brale. Les neurones intrinsèques aboutissent au pied des astrocytes
Les vertiges sont fréquents sans que cela témoigne d’une souf-
ce qui permet la libération de neuromédiateurs.
france de l’appareil vestibulocérébelleux. Ils sont constitués de
Malgré ces mécanismes de régulation, le DSC s’effondre
sensations vertigineuses et non de vertiges rotatoires vrais, res-
lors d’augmentation de la PIC responsable d’une occlusion
ponsables d’une sensation d’instabilité à la station debout et à
de la microcirculation et d’une distorsion des gros vaisseaux.
la marche. Les acouphènes à type de bourdonnement, rarement
L’aboutissement est la constitution de zones d’ischémie respon-
signalés par les patients, sont unilatéraux, pulsatiles, d’évolution
sable d’apoptose cellulaire.
paroxystique.
Les troubles cognitifs intéressent l’humeur, l’attention et la
 Syndrome clinique mémoire. L’apathie, le désintérêt ou au contraire l’irritabilité sont
classiques. De véritables états dépressifs ont été rapportés. Les
d’hypertension intracrânienne troubles de l’attention et de la mémoire ont rapidement un reten-
tissement sociofamilial. Chez l’enfant, le fléchissement scolaire
Le syndrome d’HIC se rencontre dans des pathologies neurolo- associé à une modification du caractère est une constante de la
giques extrêmement diverses et les circonstances diagnostiques présentation clinique.
vont de la banale céphalée au coma d’installation brutale. Les L’épilepsie généralisée est considérée comme symptomatique
manifestations neurologiques et oculaires constituent le socle de perturbations circulatoires ou liquidiennes de l’HIC sans que
commun à toutes les formes d’HIC compensées [8, 29, 46] . En effet, des causes soient incriminées. Des modifications vasomotrices du
plusieurs facteurs individualisent la présentation clinique de ce visage, accès de pâleur ou flush, ont été observées concomitam-
syndrome : l’âge de survenue, la possibilité de mise en œuvre ment à des perturbations hémodynamiques systémiques (accès
de mécanismes de compensation, une TDM crânioencéphalique tensionnel ou bradycardie). Des troubles endocriniens tels que
normale. l’aménorrhée, l’impuissance, l’obésité, sont rencontrés lors de
processus lésionnel de la région diencéphalique.
Chez l’enfant, l’HIC a une présentation clinique différente selon
Manifestations neurologiques et oculaires l’âge [48] . Chez le nourrisson, l’HIC induit une macrocrânie avec
cassure de la courbe de croissance du périmètre crânien, une fon-
Elles sont dominées par la céphalée progressive, mais les signes tanelle bombante en position assise peu dépressible, des veines
visuels sont un des déterminants majeurs du pronostic fonction- du scalp dilatées, une distension des sutures et des déviations
nel. du regard vers le bas donnant un aspect en coucher de soleil.
Chez l’enfant avec crâne à sutures fusionnées, le syndrome d’HIC
Céphalées est dominé par le fléchissement des performances scolaires lié à
La topographie est le plus souvent fronto-orbitaire ou occipi- l’altération des fonctions cognitives et une irritabilité liée à la
tale, sans que cela ait de valeur localisatrice, mais lors de lésion modification du caractère.
expansive la douleur est homolatérale à la lésion chez 80 % Chez le sujet âgé, le symptôme dominant est le désordre psy-
des patients. L’horaire est volontiers en fin de nuit ; la cépha- chique, la céphalée étant peu intense, non caractéristique ; quant
lée est majorée lors de changement de position et aggravée par aux signes visuels, ils sont le plus souvent absents. En réalité, le
toute manœuvre de Valsalva. Installée sur quelques semaines, syndrome d’HIC est souvent masqué par le syndrome focal.
initialement intermittente, elle a tendance à devenir continue.
Cette céphalée tenace devient progressivement pharmacorésis-
tante aux antalgiques usuels, imposant la prise d’antalgiques de Décompensation clinique de l’hypertension
classe III. Les céphalées peuvent cependant être mineures voire intracrânienne
inexistantes. Classiquement, des vomissements en jet, sans nau-
sées, soulagent le patient à l’acmé de la douleur. Les vomissements, Les processus de compensation étant dépassés, le syndrome
présents uniquement dans les HIC confirmées, prennent la forme d’HIC met en jeu le pronostic vital. Sous l’effet de gradient de
d’intolérance gastrique pour les tumeurs de fosse postérieure. pression, des déplacements cérébraux le plus souvent dans le
sens rostrocaudal au travers des orifices de l’enceinte crâniorachi-
Manifestations oculaires dienne déterminent les engagements encéphaliques ou hernies
cérébrales [29–31, 47] . Ils associent à des degrés divers des troubles de
Elles sont constituées par une altération de l’oculomotricité conscience, des déficits moteurs et des troubles neurovégétatifs.
combinée avec une souffrance des voies optiques. L’atteinte de
l’oculomotricité est une diplopie liée à la convergence du globe Hernie cingulaire
oculaire par souffrance du nerf abducens, sans que cela ait de
valeur localisatrice. L’atteinte de la IIIe paire crânienne, plus rare, Elle est caractérisée par un refoulement du gyrus cingulaire sous
peut se voir. L’altération de l’acuité visuelle est précédée par des le bord libre de la faux du cerveau et reste asymptomatique chez
éclipses visuelles. Ces dernières sont habituellement bilatérales, de l’immense majorité des patients.
quelques secondes, décrites par les patients comme des épisodes
de cécité bilatérale brutale et temporaire. Ces éclipses visuelles Hernie centrale transtentorielle
ne sont pas prédictives de l’effondrement permanent de l’acuité Elle est définie par un engagement du diencéphale à tra-
visuelle. L’œdème papillaire, après quelques jours d’HIC, plus vers le foramen ovale de Pacchioni sous la pression de lésions
volontiers chez l’enfant et le sujet jeune, est révélé par l’examen supratentorielles bihémisphériques. Cette hernie cérébrale déter-
ophtalmoscopique sous forme d’une saillie du disque dont les mine le syndrome central de détérioration rostrocaudal. Plum
bords flous et surélevés obligent les vaisseaux centraux à se couder et Posner [47] décrivent différents stades de souffrance du tronc
pour les franchir. Dans les formes sévères, un exsudat blanchâtre cérébral.
se forme [47] le long des vaisseaux péripapillaires, associé à des
hémorragies en flammèche d’origine veineuse. Cet œdème papil- Stade diencéphalique
laire est responsable de la détérioration visuelle, éventuellement Le trouble de vigilance, initialement sous forme d’une tor-
définitive, selon que l’évolution se fasse vers une atrophie optique peur ou d’une somnolence, se grève rapidement d’un coma. La
ou pas. Cette atrophie se caractérise par la transformation de la respiration, initialement eupnéique interrompue par des sou-
papille en un disque blanchâtre à bords flous. pirs et bâillements, prend progressivement un rythme périodique
Lors d’installation d’atrophie optique, le champ visuel se rétré- de type Cheyne-Stokes. Les pupilles en myosis sont réactives.
cit progressivement tandis que l’acuité visuelle est préservée L’examen des mouvements oculaires se caractérise par une errance
jusqu’à un stade tardif. Ainsi, tout épisode d’œdème papillaire des globes oculaires ou une fixité, mais une déviation réflexe
impose un suivi prolongé, régulier, par périmétrie automatique des globes oculaires vers le côté opposé lors de la manœuvre
statique avec étude des 24 ou 30 degrés centraux. de la tête de poupée. Sur le plan moteur, la réponse appropriée

EMC - Neurologie 5
17-023-A-93  Hypertension intracrânienne

initiale associée à quelques mouvements de grattage du nez ou de le déterminent : une augmentation de la pression veineuse sinu-
la région pubienne laisse place à une rigidité de décortication. sienne par anomalies du retour veineux lors de thrombose ou de
sténose veineuse ; une résorption du LCS réduite par une inflam-
Stade mésencéphalique mation chronique des méninges ou une obstruction des systèmes
La respiration de Cheyne-Stokes se transforme en une hyper- de résorption périradiculaires. Les caractéristiques cliniques de ce
ventilation soutenue. Les pupilles se dilatent en position cadre étiologique sont spécifiques à chacune d’entre elles : coa-
intermédiaire, non réactives. Les réflexes oculovestibulaires sont gulopathie, syndrome de la queue-de-cheval, syndrome méningé
difficiles à obtenir et les mouvements des globes oculaires sont chronique.
non conjugués. Les réponses motrices deviennent des hypertonies
de décérébration lors des stimuli nociceptifs.
Hypertension intracrânienne bénigne
Stade protubérantiel inférieur
L’hyperventilation diminue et une respiration eupnéique se L’HIC bénigne, définie par une pression intracrânienne élevée
réinstalle à un rythme de 20 à 40 par minute. Les pupilles restent (pression d’ouverture du LCS supérieure à 20 mmHg) en l’absence
en position intermédiaire non réactives. Les réflexes oculovesti- de lésions expansives, permet d’aborder le problème des HIC avec
bulaires ne sont plus obtenus et le patient devient flaccide. TDM crânioencéphalique normale [2, 49] .
Bien qu’elle n’expose pas le patient à une décompensa-
Stade bulbaire tion clinique classique d’un syndrome d’HIC (cf. supra), l’HIC
Ce stade terminal se caractérise par un ralentissement de la bénigne met en jeu le pronostic visuel chez 10 % à 30 % des
ventilation qui devient irrégulière, interrompue par de profonds patients [49] . En 1937, Dandy [6] fut le premier à retenir la pos-
soupirs ou des pauses. Le rythme cardiaque variable, les pupilles sibilité d’une HIC sans tumeur cérébrale, puis Coley en 1955
sont dilatées non réactives. Puis la respiration s’arrête. y associa le terme de « bénigne ». Cette entité regroupe les HIC
idiopathiques et les formes bénignes secondaires à une affection
Hernie temporale interne ou hernie de l’uncus systémique. L’incidence annuelle de la forme idiopathique est esti-
mée à 1,07/100 000 à forte prédominance féminine (sexe ratio
Sous la pression d’une lésion expansive du lobe temporal ou femme/homme de 4 à 16) survenant chez une population jeune
hémisphérique unilatérale, l’uncus et le gyrus hippocampique autour de 30 ans [50] .
sont refoulés vers la ligne médiane et le bord libre de la tente.
L’engagement au travers du foramen ovale de Pacchioni de la
face interne du lobe temporal induit une souffrance de la IIIe Particularités cliniques
paire crânienne homolatérale, un aplatissement du mésencéphale La présentation clinique est dominée par les manifestations
et une compression de l’artère cérébrale postérieure homolaté- neurologiques et oculaires de l’HIC puisque les céphalées sont pré-
rale. Contrairement à la hernie centrale, l’expression initiale de sentes chez 75 % à 99 % des patients et l’œdème papillaire chez la
la hernie de l’uncus est une souffrance non pas du diencéphale quasi-totalité des patients. La céphalée, intermittente ou perma-
mais de structures extracérébrales comme le nerf oculomoteur (III) nente, peut mimer une céphalée de tension banale ou avoir les
homolatéral. Le signe le plus précoce est une dilatation unilatérale caractéristiques de l’HIC avec recrudescence en fin de nuit ou lors
pupillaire, sous forme d’une anisocorie avec réactivité pupillaire des manœuvres de Valsalva. Les symptômes visuels fréquents sont
amoindrie. À ce stade, la conscience reste normale, la respiration les ombres, les points noirs intermittents ou l’obscurcissement
eupnéique, les réflexes oculovestibulaires normaux et les anoma- temporaire d’une partie du champ visuel. Moins fréquents sont
lies motrices absentes. la diplopie ou les éclairs visuels, l’acuité visuelle est respectée à
La souffrance mésencéphalique se caractérise par l’installation ce stade de l’affection. D’autres symptômes sont parfois rappor-
rapidement progressive de troubles de conscience allant de la stu- tés par les patients : les acouphènes à type de bourdonnement ou
peur au coma, l’altération du III homolatéral se confirme par la grésillement sont observés chez 60 % des patients, et il peut exis-
mydriase unilatérale non réactive, les réflexes oculovestibulaires ter des paresthésies des extrémités, des douleurs articulaires, une
deviennent moins réactifs, un déficit moteur controlatéral va de radiculopathie et une sensation de raideur de nuque.
l’hémiparésie jusqu’à la rigidité de décérébration controlatérale.
Cependant, un déficit moteur homolatéral peut être observé par Étiologie et pathogénie de l’hypertension
compression du pédoncule cérébral controlatéral contre le bord intracrânienne idiopathique
libre controlatéral de la tente. En l’absence de traitement, les dif-
férents stades de souffrance du tronc cérébral surviennent selon L’HIC idiopathique se distingue de la forme lésionnelle par les
la séquence décrite précédemment. critères modifiés de Dandy :
• un syndrome d’HIC isolé sans signe de focalisation ;
• une neuro-imagerie vasculaire et cérébrale normale éliminant
Hernie à travers le foramen magnum
un processus expansif, une hydrocéphalie, une thrombose vei-
Lors de processus expansif de la fosse postérieure, le dépla- neuse cérébrale ou une fistule durale ;
cement des amygdales cérébelleuses se fait à travers le foramen • un LCS de composition biochimique normale.
magnum. Responsable initialement d’une attitude guindée cervi- Ces critères guident la démarche diagnostique (cf. infra).
cale, cette hernie peut induire les crises toniques postérieures qui Plusieurs anomalies sont observées dans l’HIC idiopathique
sont des accès de contracture axiale avec attitude en opisthotonos. sans que l’on puisse établir de lien entre elles. L’augmentation des
fluides parenchymateux dans l’HIC idiopathique a été décrite [51] ,
Hernie transtentorielle vers le haut que ce soit dans l’espace intracellulaire ou interstitiel. Le point
essentiel sur lequel s’accordent les auteurs est la réduction de la
Au cours de processus expansif de la fosse postérieure, le mésen-
clairance du LCS probablement liée à un trouble de résorption sans
céphale et le cervelet peuvent faire hernie vers le haut à travers
que le mécanisme précis ne soit compris. La pression veineuse
l’incisure tentorielle et provoquent un blocage de la circulation du
durale augmentée pourrait être la cause de l’HIC idiopathique
LCS vers le bas, une distorsion de la partie postérieure du troisième
par l’augmentation du gradient de pression transvillositaire,
ventricule, une compression de la partie postérieure du mésencé-
mais aussi la conséquence. Des anomalies endocriniennes sont
phale et des structures voisines drainées par les veines cérébrales
décrites : diminution de l’hormone de croissance, etc.
centrales.
Ce diagnostic d’exclusion qu’est l’HIC idiopathique guide la
démarche diagnostique. La TDM crânioencéphalique, normale,
Hypertension intracrânienne lésionnelle montre parfois quelques anomalies non spécifiques comme une
selle turcique vide ou une diminution de taille des ventricules.
Face à un syndrome d’HIC, les examens complémentaires L’imagerie par résonance magnétique (IRM) crânioencéphalique,
révèlent parfois des lésions non expansives. Ces lésions ont en devenu l’examen clé, montre des modifications périorbitaires
commun un trouble de circulation du LCS. Plusieurs mécanismes comme l’aplatissement du pôle postérieur du globe oculaire, la

6 EMC - Neurologie
Hypertension intracrânienne  17-023-A-93

Figure 3. Arbre décisionnel. Démarche


Syndrome d'hypertension intracrânienne diagnostique de l’hypertension intracrânienne
(HIC). IRM : imagerie par résonance magné-
tique ; TDM : tomodensitométrie ; PIC : pression
intracrânienne.
Tomodensitométrie en urgence sans et avec injection

Anormale Normale

HIC Hydrocéphalie HIC HIC


expansive Bilan étiologique lésionnelle « bénigne »
de l'hydrocéphalie
après dérivation

Tumeur Accident Thrombophlébite Mesure


Abcès vasculaire
de la PIC
Traumatisme cérébral

IRM Angio-TDM Fonction du Bilan


multimodale Artériographie degré de l'urgence étiologique

Secondaire Idiopathique

sinuosité verticale des nerfs optiques, l’élargissement des espaces clinique auquel expose une HIC (Fig. 3), relève de l’urgence par
sous-arachnoïdiens périoptiques. En outre, ces imageries per- la réalisation d’une neuro-imagerie suivie d’une étude du LCS en
mettent d’éliminer les causes lésionnelles de l’HIC bénigne. l’absence de tout processus expansif et d’un monitoring de la PIC
pour confirmer les difficiles diagnostics d’HIC à scanner cérébral
normal.

“ Point fort
Neuro-imagerie
Clinique
Face à un syndrome d’HIC, la neuro-imagerie révèle les lésions
• La céphalée pharmacorebelle et matinale associée à des
expansives puis par des examens plus sophistiqués diagnostique
troubles oculaires constitue le socle commun aux diverses les causes de l’HIC avec scanner cérébral normal.
étiologies du syndrome d’HIC.
• Le syndrome d’HIC chez l’enfant est dominé par la
modification du caractère et le fléchissement scolaire. Tomodensitométrie crânioencéphalique
• La hernie cérébrale temporale interne se caractérise par La TDM crânioencéphalique, réalisée sans injection puis avec
un trouble de conscience, une mydriase homolatérale et injection, est l’examen de première intention permettant de scin-
une hémiparésie controlatérale. der les patients avec HIC en deux groupes, ceux avec anomalies
• L’HIC bénigne regroupe des formes idiopathiques et des sur la TDM et ceux avec TDM normale. Cet examen montre les
formes lésionnelles secondaires. lésions expansives, la taille du système ventriculaire et les signes
• La forme idiopathique se définit par l’absence de signe indirects de l’HIC.
de focalisation, une neuro-imagerie cérébale et vasculaire Les caractéristiques morphologiques des lésions expansives
normale, un LCS de composition biochimique et cellulaire orientent le diagnostic en faveur d’une tumeur intra- ou extra-
parenchymateuse, d’un accident vasculaire cérébral ischémique
normale.
ou hémorragique, ou d’un abcès cérébral. L’augmentation de
• Les étiologies de l’HIC sont scindées en causes expan-
volume du système ventriculaire se manifeste sous forme d’une
sives, lésionnelles et bénignes. dilatation des cornes temporales des ventricules latéraux, d’une
ballonisation des cornes frontales ou occipitales des ventricules
latéraux, d’une déformation ovale du troisième ventricule. Le type
d’hydrocéphalie est diagnostiqué : mono-, bi-, tri- ou tétraven-
triculaire selon le niveau d’obstruction dans les hydrocéphalies
communicantes. En outre, cet examen révèle l’œdème périlésion-
 Examens complémentaires nel associé à la lésion expansive.
Les signes indirects de l’HIC sont les modifications morpholo-
La présentation clinique de l’HIC est dominée par la céphalée giques de l’espace liquidien endocrânien que sont l’effacement
sans caractéristiques sémiologiques pour nous orienter. Aussi, les des sillons corticaux ou des citernes de la base du crâne, et l’effet
examens complémentaires permettent non seulement de confir- de masse sur le système ventriculaire. Par ailleurs, les hernies céré-
mer le diagnostic, mais aussi d’en déterminer la cause afin brales de décompensation de l’HIC sont visibles sous forme d’une
d’orienter au mieux nos propositions thérapeutiques [2, 8, 31] . La hernie temporale interne sur le bord libre de la tente, d’une hernie
démarche diagnostique, guidée par le risque de décompensation des amygdales cérébelleuses à travers le foramen magnum.

EMC - Neurologie 7
17-023-A-93  Hypertension intracrânienne

Imagerie en résonance magnétique nucléaire Monitoring de la pression intracrânienne


En l’absence d’une décompensation clinique menaçante de La mesure de la PIC est essentiellement utile pour surveiller
l’HIC, l’IRM crânioencéphalique, multimodale, apparaît indispen- des patients en HIC, par exemple au décours des traumatismes
sable pour établir un diagnostic de nature du processus expansif, crânioencéphaliques, ou pour confirmer une HIC bénigne [58, 59] .
mais aussi pour explorer l’HIC avec TDM normale. L’IRM montre Dans les HIC expansives, il est recommandé d’implanter le capteur
dans les trois plans de l’espace les différents types de hernies céré- à proximité de la lésion responsable de l’HIC.
brales. En outre, cet examen est utilisé en peropératoire pour le
guidage chirurgical en neuronavigation.
Les séquences T1 sans et après injection de gadolinium et les Méthodes invasives
séquences T2 précisent la nature intra- ou extraparenchymateuse La PIC, mesurée en mmHg ou cmH2 O, est obtenue par mise
de la lésion, parfois évoquent la nature d’une métastase de méla- en place de capteurs dans l’espace crâniorachidien [11] . En décu-
nome ou de tumeur à cellules claires du rein par quelques signes bitus latéral, la PIC mesurée en lombaire est considérée comme
spécifiques, et confirment les signes indirects de l’HIC (cf. supra). équivalente à celle mesurée en intraventriculaire.
La spectro-IRM, par l’étude de la répartition des pics de glutamate,
N-acétylaspartate et de la choline, oriente le diagnostic vers une Intracrâniennes
nature gliale de haut grade, de bas grade, une radionécrose ou Les techniques invasives actuelles sont l’utilisation de capteurs
un processus infectieux [23, 52] . Actuellement, les séquences de per- intracérébraux, implantés en intraventriculaires ou parenchy-
fusion vasculaire révèlent l’hyperplasie vasculaire du lymphome mateux. Le cathéter intraventriculaire, implanté dans la corne
cérébral. frontale du ventricule latéral en condition d’asepsie au bloc opé-
En outre, l’IRM explore l’arbre vasculaire sur son versant vei- ratoire, est raccordé à une colonne de liquide qui autorise le
neux et artériel. L’exploration des sinus veineux objective la monitoring de PIC et l’évacuation de LCS. C’est la technique la
thrombose ou sténose ; une fistule durale à drainage veineux cor- plus fiable de mesure de la PIC avec possibilité de participer au
tical, une malformation artérioveineuse peuvent être objectivées. traitement de l’HIC par soustraction du LCS et recalibrage de la
tête de pression sans changer le capteur. Les inconvénients de ce
type de capteur sont l’impossibilité d’implantation en raison de
Angioscanner et scanner de perfusion ventricules fentes, le risque infectieux estimé entre 7 % et 10 %,
et le risque mécanique d’obstruction de la dérivation par du sang
Ces examens complémentaires, réalisables en urgence, font
ou de la matière cérébrale.
partie de la TDM multimodale. L’angioscanner montre les malfor-
L’autre procédure, aujourd’hui utilisée, est l’utilisation de trans-
mations vasculaires qui pourraient être à l’origine d’un hématome
ducteurs à miroir déformable avec fibres optiques ou par système
intraparenchymateux [53] . Le scanner de perfusion permet la
piézoélectrique. Ces capteurs sont le plus souvent implantés dans
mesure de débit sanguin cérébral dans des régions corticales ou
le parenchyme cérébral, parfois en intraventriculaire couplé à
sous-corticales [54] .
un système de drainage ventriculaire. Le transducteur situé à
l’extrémité de la fibre optique réfléchit une lumière d’intensité liée
aux contraintes qui lui sont appliquées. Ces variations d’intensité
Imagerie non invasive de la pression lumineuse sont interprétées en changement de pression. Les avan-
intracrânienne tages de ce type de capteur sont : une implantation ubiquitaire,
L’IRM révèle les signes indirects de l’HIC idiopathique dans l’absence d’utilisation d’une colonne liquidienne, le risque infec-
la région périorbitaire sous forme d’un aplatissement de la par- tieux réduit, la possibilité de poursuivre le monitoring lors de
tie postérieure de la sclère orbitaire, d’une distension de l’espace déplacement du patient ; la valeur est indépendante de la position
liquidien périoptique, la sinuosité verticale du nerf optique, le de la boîte crânienne. L’inconvénient majeur de ce type de capteur
rehaussement du nerf optique prélaminaire et la hernie d’une est l’absence de courbe enregistrée, la dérive du zéro de référence
arachnoïdocèle intrasellaire donnant un aspect de selle turcique au bout de quelques jours sans recalibration possible en l’absence
vide [55] . En outre, l’IRM, par la mesure de l’élastance obtenue à d’un changement de cathéter, la fragilité de ce type de capteur,
partir du rapport entre les modifications de volume à chaque cycle l’impossibilité de drainer le LCS excepté lorsque les capteurs sont
cardiaque, permet d’extrapoler la valeur de la PIC [56] . En effet, la intégrés à un drain de dérivation ventriculaire externe.
PIC est dérivée de la relation linéaire qui existe entre pression et Rachidiennes
élastance. Cette méthode non continue de mesure de la PIC per-
Par ponction lombaire, une mesure instantanée de la PIC est
met d’étayer le diagnostic d’HIC dans certaines formes de lésion
obtenue en calculant la colonne d’eau remontant dans le cathé-
axonale diffuse, lors de dysfonctionnement de dérivation interne.
ter après stabilisation sur 3 minutes chez un patient en décubitus
L’IRM de diffusion par calcul du coefficient de diffusion apparent
latéral strict sans pression abdominale. Elle peut être reliée à
permet de distinguer les œdèmes post-traumatiques et isché-
un moniteur permettant un enregistrement continu d’au moins
miques [57] . La spectro-IRM, par analyse de la N-acétylaspartate en
30 minutes et pouvant être prolongé durant quelques heures.
raison de sa synthèse par les mitochondries, montre une réduction
L’intérêt est le faible risque de morbidité, le risque infectieux
tissulaire dans les zones à faible production d’adénosine triphos-
réduit, mais cette procédure ne permet qu’un enregistrement de
phate (ATP) avec déséquilibre ionique [52] .
durée limitée. Elle est indiquée lors d’exploration d’HIC bénigne
après élimination de tout processus expansif endocrânien.

Étude du liquide cérébrospinal et mesure Analyse de la pression intracrânienne


de pression intracrânienne L’analyse de la PIC doit prendre en compte la valeur moyenne
de la PIC mais aussi ses variations dynamiques. En effet,
Évidemment, son étude ne peut être réalisée qu’après éli- l’enregistrement donne accès à des informations plus riches
mination formelle de tout processus expansif intracrânien ou qu’une valeur numérique.
intracanalaire rachidien. En effet, la soustraction du LCS en
condition d’HIC peut précipiter un engagement des structures Valeur moyenne
parenchymateuses au travers d’un orifice par création d’un gra- La valeur de la PIC est une moyenne entre valeurs systolique et
dient de pression de part et d’autre. La pression d’ouverture du diastolique obtenues après une période de repos.
LCS est mesurée au-delà de 20 mmHg. La composition du LCS
est analysée : cytologie, biochimie, cellules anormales et mise en Forme de la courbe
culture sur différents milieux associée à une PCR. Cette étude du La PIC est l’objet de nombreuses variations physiologiques
LCS autorise, par la voie d’accès à l’espace dural crâniorachidien, ou d’adaptation dessinant des ondes (Fig. 4A). L’analyse de
une confirmation de l’HIC par mesure instantanée ou continue. l’onde de PIC est plus informative que la valeur moyenne [60] .

8 EMC - Neurologie
Hypertension intracrânienne  17-023-A-93

Figure 4. Courbes d’enregistrement de la pres-


sion intracrânienne montrant les différentes com-
posantes P1, P2 et P3.
P1 P2
20 30 A. Courbe normale.
P1
B. Lors d’hypertension intracrânienne, l’onde P2
devient supérieure à l’onde P1.
15 P2
P3
P3
10 20

10
A B

En effet, de manière permanente, la PIC varie selon des oscilla- inverse du volume sanguin cérébral et de la PIC. L’altération de
tions liées aux fonctions cardiovasculaires et ventilatoires. Ainsi, cette réactivité est caractérisée par une transmission passive de
l’enregistrement de la PIC dessine une onde de pression liée au la PAM à la PIC. L’index PRx est représenté par le coefficient
compartiment vasculaire en relation directe avec l’activité du vais- de corrélation entre 40 mesures consécutives de la PAM et de la
seau cérébral pour l’onde de pouls et les ondes lentes, et indirecte PIC. Un coefficient de corrélation positif signifie une altération de
par les gros vaisseaux intrathoraciques soumis aux variations de la réactivité vasculaire et indique une autorégulation détériorée.
pression de la ventilation pour les ondes respiratoires [11] . Pour chaque patient existe une pression de perfusion optimale
L’onde de pouls, identique à la fréquence cardiaque la plus selon l’index PRx vers laquelle doivent tendre les traitements
rapide (0,9 à 3 Hz), est composée de trois accidents : la première médicaux.
pointe dénommé P1 ou onde de percussion, la plus haute, repré-
sente la pulsation artérielle, suivie de l’onde de retour P2 , de Méthodes non invasives
niveau inférieur en condition physiologique et considérée comme
L’impédancemétrie tympanique consiste en un enregistrement
la valeur de la PIC, qui représente la compliance cérébrale, et enfin
des variations de tension de la membrane tympanique reflétant
de l’onde P3 , la plus basse, qui est la pulsation veineuse. En condi-
les variations de la PIC. La mesure du flux sous-cutané du scalp
tion pathologique, cette onde de pouls est déformée car P2 devient
par méthode Doppler est inversement corrélée à la PIC [11] .
supérieure à P1 et P3 car la compliance cérébrale diminue (Fig. 4B).
Le Doppler transcrânien enregistre au lit du patient un des index
L’onde respiratoire, liée à la fréquence du cycle respiratoire, a une
du flux sanguin cérébral qu’est la vitesse de déplacement des glo-
fréquence de huit à 20 cycles par minute.
bules rouges. Ces vitesses circulatoires ou vélocités sont mesurées
Les ondes lentes, d’interprétation difficile, représentent des
sur le segment horizontal de l’artère cérébrale moyenne [62] . Cet
variations de la PIC d’origine vasculaire [20] . Les ondes A en plateau
index est dépendant de la pression de perfusion cérébrale et de
sont des augmentations cycliques de la PIC jusqu’à des valeurs de
la résistance vasculaire du lit d’aval [36, 38, 63] . L’index de pulsatilité
50 mmHg durant 5 à 20 minutes. Ces ondes témoignent de la mise
(IP) est la variable la plus utilisée (IP = vélocité systolique – vélo-
en jeu de l’autorégulation responsable d’une vasodilatation céré-
cité diastolique/vélocité moyenne). Toute augmentation de la PIC
brale en réaction à une baisse de la perfusion cérébrale [61] . Les
induit une réduction de la vélocité diastolique sans modification
ondes B sont classées selon leur fréquence en infra B ou IB (infé-
de la vélocité systolique, l’IP est donc augmentée. Cependant, l’IP
rieure à 50 mHz, médiane à trois ondes par heure), B (8-50 mHz,
est modifiée par les variations de la pression artérielle et la PaCO2 .
médiane à une onde par minute) et ultra B ou UB (50-200 mHz,
L’intérêt de ces procédés non invasifs repose sur l’enregistrement
médiane à six ondes par minute) [20] . Ces ondes sont des variations
combiné avec d’autres paramètres de la PIC.
de la PIC sur plusieurs minutes d’une amplitude en moyenne de
20 mmHg. Les ondes B et IB illustrent une instabilité vasomotrice.
En pratique, la présence d’onde IB signifie un risque d’engagement
et d’importantes ondes B une HIC latente.

Réserve de compensation pression-volume


“ Point fort
La mesure de la PIC nous informe sur les capacités de réserve Démarche diagnostique
compensatrice volumétrique endocrâniennes [43, 59, 60] . Ce calcul • Neuro-imagerie en urgence par TDM et IRM crânioen-
est effectué par calcul d’un index de corrélation entre PAM et céphalique.
PIC moyenne (RAP). Proche de 0 (soit absence de corrélation), • TDM et IRM multimodales.
cet index signifie une bonne réserve de compensation volumé-
• Neuro-imagerie non invasive vasculaire et de perfusion.
trique ; son augmentation proche de +1 traduit une réserve basse
sur la courbe de relation pression-volume. Ainsi, toute augmen- • Étude du LCS après élimination de toute HIC expansive.
tation supplémentaire de volume se solde d’une croissance de • Valeur de la PIC et analyse de la courbe, lors de monito-
la PIC. À un degré supplémentaire, cet index devient inférieur ring nécessaire.
à 0 traduisant un dépassement de l’autorégulation cérébrale. La • Réserve de compensation pression-volume.
valeur dépassée témoigne d’un dépassement d’un niveau critique • Réactivité cérébrovasculaire.
de la PIC au-delà duquel les mécanismes d’adaptation cérébro-
vasculaires dépassés ne permettent pas d’éviter la constitution
d’ischémie cérébrale.

Réactivité cérébrovasculaire  Diagnostic différentiel


Ce second index est la variation de la réactivité cérébrovas-
culaire (PRx) par observation des modifications de la PIC à des Le syndrome d’hypotension intracrânienne est très proche de
changements lents et spontanés de la PAM [43, 59, 60] . En condition celui de l’HIC par sa céphalée posturale sans topographie par-
physiologique, toute variation de la PAM induit une variation ticulière, pharmacorebelle, majorée lors de toute manœuvre de

EMC - Neurologie 9
17-023-A-93  Hypertension intracrânienne

Valsalva. En outre, le patient présente des nausées ou vomis-


sements associés, une raideur de nuque, une diplopie par
trouble oculomoteur. Cependant, la circonstance d’installation
au décours d’une ponction lombaire ou d’une chirurgie d’exérèse,
l’absence d’œdème au fond d’œil et l’aspect de pachyméningite en
IRM avec prise de contraste au gadolinium permettent de redresser
le diagnostic. La PIC inférieure à 6 cmH2 O redresse le diagnostic
avec parfois la nécessité de pratiquer une manœuvre de Valsalva
pour récupérer du LCS [64] .
Chacune des composantes de l’HIC peut dérouter. La cépha-
lée est dans l’immense majorité des cas [65] primaire ; ainsi, seul un
interrogatoire attentif centré sur l’horaire en fin de nuit, les vomis-
sements associés à la réduction de leur intensité et leur caractère
inhabituel permettent de redresser le diagnostic. L’altération des
performances intellectuelles est souvent un motif de retard diag-
nostique surtout chez l’enfant, des étiologies comportementales
étant souvent incriminées à tort. L’œdème papillaire ne suffit pas
pour affirmer le diagnostic car des papillites inflammatoires ou
des pseudonéphrites hypermétropiques donnent un aspect iden-
tique au fond d’œil. Enfin, les vomissements chroniques peuvent
orienter à tort vers un désordre digestif.

 Étiologies
Les étiologies du syndrome d’HIC sont organisées selon son
risque évolutif et guident la démarche diagnostique. Les lésions
expansives exposent à un risque de décompensation de l’HIC par Figure 5. Imagerie par résonance magnétique crânioencéphalique,
hernie cérébrale, raison pour laquelle la neuro-imagerie est réali- séquence T2 en coupe coronale montrant une tumeur supratentorielle
sée de première intention lors de suspicion de ce diagnostic. Les (tumeur primitive neuroectodermique) centrée sur la scissure latérale
deux autres groupes de causes mettent en jeu le pronostic visuel. gauche à double composante (charnue et kystique) responsable d’une
Les causes lésionnelles regroupent les patients avec scanner céré- hernie cérébrale cingulaire et temporale interne.
bral normal. L’HIC bénigne est scindée en facteurs de risque des
formes idiopathiques et formes secondaires.
important. L’HIP spontané induit souvent un syndrome d’HIC
Expansives contrôlé par un traitement médical, et le traitement chirurgical
n’apparaît pas supérieur en termes d’évolution clinique. Plus pré-
Tumeurs cisément, l’évacuation de ces hématomes a un intérêt en l’absence
Les tumeurs endocrâniennes représentent les causes classiques d’une comorbidité marquée lors de décompensation de l’HIC,
de l’HIC neurochirurgicale. Le syndrome d’HIC est combiné aux mais une HIC compensée n’est pas un argument d’indication opé-
signes focaux liés à la lésion. Le mode d’installation du syndrome ratoire précoce ou tardive malgré le bénéfice vis-à-vis des œdèmes
d’HIC informe sur la nature de la tumeur. Ainsi, les tumeurs cérébraux secondaires. À l’opposé, l’HIP secondaire à une malfor-
à croissance rapide comme les tumeurs gliales de haut grade mation vasculaire est responsable souvent d’un syndrome d’HIC
et les métastases cérébrales associées à un œdème périlésion- décompensé imposant un avis neurochirurgical en urgence pour
nel induisent souvent une HIC mal tolérée en raison du peu évacuer en urgence l’hématome et le traitement de la malforma-
de temps laissé aux mécanismes de compensation. À l’inverse, tion dans le même temps.
des lésions bénignes à croissance lente comme les méningiomes L’autre lésion expansive vasculaire est l’infarctus cérébral malin
exposent peu les patients à un risque de décompensation mal- ischémique secondaire à une thrombose d’un gros tronc arté-
gré des signes patents de hernie cérébrale à l’imagerie (Fig. 5). riel cérébral. Les études randomisées sur le sujet ont permis de
L’urgence du traitement, centré sur l’exérèse tumorale, est déter- préciser l’indication de la craniectomie décompressive malgré le
minée par l’existence de signes de décompensation clinique. traitement médical en urgence par thrombolyse réalisée en unité
neurovasculaire. Cette indication est multidisciplinaire en colla-
Traumatismes crânioencéphaliques boration avec les neurologues et s’adresse aux sujets jeunes sans
souffrance du tronc cérébral.
Les traumatismes crânioencéphaliques sont les principaux Une forme particulière est l’encéphalopathie hypertensive cau-
pourvoyeurs de syndrome d’HIC par les hématomes endocrâ- sant des désordres de l’autorégulation cérébrale. L’HIC est induite
niens, les contusions parenchymateuses et les œdèmes cérébraux. par un épisode aigu d’hypertension artérielle non contrôlé dans
La rapidité d’installation des hématomes rend caduque tout des circonstances particulières comme la prééclampsie, un phéo-
mécanisme d’adaptation et seule l’évacuation chirurgicale des chromocytome, une glomérulonéphrite. L’accès d’hypertension
hématomes est salvatrice, précédée d’un traitement médical artérielle dépasse les capacités de l’autorégulation cérébrale,
imposé par le temps de transport du patient. Les contusions conduisant à une vasodilatation vasculaire cérébrale diffuse et
cérébrales comme l’œdème cérébral déterminent secondairement une perméabilité des capillaires responsable d’une rupture de la
une HIC. Si le traitement médical en réanimation neurochi- BHE. Le volume parenchymateux augmente par la vasodilata-
rurgicale s’avère insuffisant, la procédure chirurgicale doit être tion diffuse, par l’œdème cérébral extracellulaire hydrostatique,
discutée, à type de résection ou de craniectomie de décompres- et oncotique lors de la rupture de la BHE.
sion. Quelles que soient les procédures thérapeutiques mises en
routes, le monitoring de la PIC prend toute son importance dans
cette étiologie malgré l’absence d’efficacité pronostique de ce Infectieuses
monitoring [66] .
Les deux processus expansifs de nature infectieuse, abcès céré-
bral et empyème sous-dural, sont des urgences chirurgicales.
Vasculaires L’abcès cérébral est une coque inflammatoire réactionnelle de
L’hématome intraparenchymateux (HIP) est un accident vas- l’hôte à une collection purulente centrale. Il est fréquemment
culaire cérébral fréquent responsable d’un coût socioéconomique responsable d’HIC, non par l’abcès lui-même, mais par l’œdème

10 EMC - Neurologie
Hypertension intracrânienne  17-023-A-93

périlésionnel étendu qui expose à des décompensations brutales. lors de prises médicamenteuses (traitement hormonal, anti-
La ponction lavage de l’abcès permet de réduire l’HIC, de diag- biotique, lithium ou cimétidine) et dans diverses pathologies
nostiquer l’environnement multibactérien souvent responsable (syndrome d’apnées du sommeil, insuffisance rénale chronique,
de ces collections, et surtout d’interrompre le développement de anémie par carence martiale).
l’œdème cérébral. L’empyème est également menaçant à travers
les conséquences de thrombose veineuse corticale et d’encéphalite
de voisinage. Là encore, le large volet crânien de décompression
associé à un lavage de l’espace est une urgence. Dans les deux cas,  Traitement
l’étape chirurgicale doit être combinée à l’instauration d’un trai-
tement antibiotique adapté aux prélèvements et d’un traitement Le traitement de l’HIC cible chacun des volumes paren-
médical de l’HIC. chymateux, liquidien et vasculaire constituant le volume
endocrânien [41] . La combinaison de ces procédures cherche à pré-
Dynamique du liquide cérébrospinal server une pression de perfusion cérébrale en abaissant la PIC.
De cette combinaison adaptée chez chaque patient provient le
Les anomalies de dynamique du LCS sont classées en succès.
deux types. Les désordres de circulation sont responsables
d’hydrocéphalie obstructive ou non communicante, et les
troubles de résorption d’hydrocéphalie communicante. La pre- Méthodes thérapeutiques
mière forme est secondaire à un blocage de la circulation du
LCS secondaire à des malformations (foramens de Monroe, de Mesures symptomatiques
Magendie et Luschka, ou aqueduc de Sylvius), à des processus
La position du patient privilégie le respect d’une PPC par un
expansifs obstruant le circuit du LCS, à des processus inflam-
décubitus dorsal initial puis, l’hémodynamique étant stabilisée,
matoires déterminant des sténoses des orifices. Le trouble de
une surélévation de la tête de 20◦ par rapport au plan horizon-
résorption du LCS est lié à des problèmes de maturation des
tal améliore le drainage veineux du contenu endocrânien [27, 31, 41] .
granulations de Pacchioni, à une hypertension péricérébrale col-
L’hydratation vise une volémie normale avec un bilan hydrique
labant les veines de drainage, à une inflammation obstructive de
nul afin d’éviter toute inflation hydrosodée. Une légère restriction
ce système réactionnel à un épisode méningé hémorragique ou
hydrique peut être proposée. Le maintien d’une normothermie
infectieux.
est essentiel afin d’éviter toute augmentation du métabolisme
qui induit une majoration du DSC. La nutrition est prescrite à
Lésionnelles 24 heures à raison de 1 500 cal/j par voie entérale.

Les étiologies lésionnelles représentent les causes figurées non


expansives de l’HIC. Chez ces patients, la TDM sans injection est Sédation et curarisation
normale. Leur diagnostic étiologique est établi par une image- La sédation permet aux patients cérébrolésés de subir les gestes
rie sophistiquée comme l’IRM, voire une exploration vasculaire chirurgicaux et la réalisation des gestes invasifs nécessaires au
non invasive comme l’angioscanner et l’angio-IRM, ou invasive séjour en réanimation. En outre, l’effet favorable de ces thérapeu-
comme l’angiographie cérébrale. tiques sur la PIC et le métabolisme cérébral en font également un
La thrombophlébite veineuse cérébrale induit un syndrome volet à part entière de la prise en charge de ces patients. Dans le
d’HIC qui peut se décompenser à l’occasion d’une phase œdé- cadre d’une agression cérébrale, l’administration d’hypnotiques
mateuse ischémique ou hémorragique. Le mécanisme est un permet un ralentissement de l’activité cérébrale, une baisse de
trouble de résorption du LCS lié à une augmentation du gradient la consommation en oxygène du tissu cérébral et de la PIC.
de passage de l’espace sous-arachnoïdien vers l’espace sinusien L’association d’un morphinique et d’un hypnotique, midazolam
veineux. Le traitement est, associé au traitement médical de ou propofol, constitue le choix de première intention. La rapidité
l’HIC, l’instauration d’une anticoagulation à dose efficace. S’en du réveil obtenu à l’arrêt de la perfusion est en faveur du pro-
approchent les causes de sténose ou d’obstruction veineuse, pofol ; ce réveil permet une surveillance clinique neurologique.
qu’elle soit sinusienne intracrânienne comme peut en être res- L’utilisation du propofol en perfusion continue n’est pas recom-
ponsable un méningiome ou jugulaire par thrombose, tumeur du mandée au-delà de 48 heures [41] . Le monitorage de la PIC et l’accès
glomus jugulaire voire syndrome cave supérieur. La fistule durale rapide aux examens d’imagerie cérébrale réduisent la pertinence
à drainage veineux induit une HIC selon le même mécanisme par des réveils itératifs générateurs de poussée d’HIC. Le midazolam
un trouble du retour veineux [67] . En effet, la fistule par la commu- reste le produit le plus adapté à une sédation prolongée en réani-
nication entre les deux structures artérielle et veineuse crée une mation. L’association à un morphinique est nécessaire ; elle limite
hypertension dans le réseau veineux source d’une altération de la les stimuli nociceptifs et potentialise l’action des hypnotiques. La
pression de perfusion cérébrale. place du thiopental ne vient qu’en seconde ligne après l’échec
La tumeur géante de la queue-de-cheval induit un syndrome d’une sédation conventionnelle bien conduite et l’élimination
d’HIC par altération de la circulation du LCS selon deux méca- d’une étiologie chirurgicale. Il est également indiqué dans le cadre
nismes, la protéinorachie élevée et l’obstruction des circuits de l’état de mal épileptique pharmacorebelle. Son utilisation est
périradiculaires de résorption du LCS. supplantée par l’hypothermie contrôlée. Cette technique permet
Les méningites chroniques sont responsables d’un syndrome d’obtenir le même bénéfice métabolique et a montré son effet pro-
d’HIC, là encore par trouble de résorption du LCS. En effet, quelle tecteur cérébral dans les comas postanoxiques suivant un arrêt
que soit l’étiologie, bactérienne, virale, fungique, carcinomateuse cardiaque [68] . Elle nécessite la curarisation des patients.
ou inflammatoire, la présence chronique d’anomalies dans le LCS
explique l’obstruction progressive des granulations de Pacchioni.
Volume parenchymateux
Chirurgie
Hypertension intracrânienne bénigne L’exérèse chirurgicale des lésions expansives traumatiques ou
Les causes de l’HIC bénigne sont à scinder en idiopathique responsables de décompensation clinique doit être réalisée en
et secondaires. Dans l’HIC bénigne idiopathique, les seuls fac- extrême urgence de manière concomitante à l’instauration du trai-
teurs de risque démontrés sont le sexe féminin et l’obésité. Les tement médical. Lors de mauvais contrôle de la PIC, la lobectomie
autres facteurs associés à l’existence d’une HIC idiopathique sont de contusions doit être discutée en dehors des zones éloquentes.
une irrégularité menstruelle sans qu’un lien formel soit établi Dans tous les cas, la procédure chirurgicale fait appel à de larges
et la grossesse. Les HIC bénignes secondaires s’installent dans craniotomies pour prévenir les hernies cérébrales secondaires. À
un contexte d’endocrinopathie (maladie d’Addison, maladie de un degré supplémentaire, des techniques de craniectomie décom-
Cushing, hypothyroïdie, hyperparathyroïdisme), de déficit en pressive peuvent être proposées, soldées de succès indiscutables
vitamine A qui altère la structure des villosités arachnoïdiennes, chez le sujet jeune [31, 69, 70] .

EMC - Neurologie 11
17-023-A-93  Hypertension intracrânienne

Osmothérapie Stratégies thérapeutiques


Le mannitol est l’agent hyperosmotique à utiliser de première
intention [27, 71] . Le mannitol à 20 % est indiqué en préopératoire La mise en œuvre des traitements est différente selon le cadre
immédiat en raison de l’effet rebond auquel il expose. La poso- étiologique de l’HIC.
logie recommandée est de 0,25 à 1 g/kg par voie intraveineuse.
Lors d’utilisation de fortes doses, les pertes hydriques doivent être
compensées. Le mannitol à 10 % est utilisé pour franchir un accès Hypertensions intracrâniennes expansives
d’HIC à traiter médicalement. Il peut être prescrit durant plusieurs Dans ce cadre, la chirurgie est un préalable indispensable à
jours à raison de 60 à 100 ml toutes les 4 heures en bolus selon les la mise en route du traitement médical de l’HIC. Ce traitement
données du monitoring de la PIC. chirurgical comprend plusieurs types de procédures que sont
Le sérum salé hypertonique est proposé par certains comme une la lésionectomie, l’évacuation d’hématomes quelle que soit leur
alternative au mannitol. Le sérum salé hypertonique à la concen- situation, la lobectomie (frontale, temporale ou occipitale) voire
tration de 7,5 % à une posologie de 3 ml/kg sous forme de bolus la craniectomie décompressive. En outre, les altérations de circu-
permet d’obtenir des résultats au moins similaires à ceux du man- lation du LCS doivent être drainées par dérivation ventriculaire
nitol à 20 %. Cependant, la surveillance étroite de la natrémie et externe ou interne. Ces gestes de drainage peuvent être salva-
de l’osmolarité est indispensable. teurs (l’hydrocéphalie étant isolée) ou en complément d’une autre
La corticothérapie conserve un intérêt uniquement dans les procédure chirurgicale. Ce drainage complémentaire est souvent
processus expansifs liés aux tumeurs cérébrales responsables crucial pour éviter la décompensation d’une HIC difficilement
d’œdème cérébral. contrôlée.
Le traitement chirurgical peut être multiprocédural pour réduire
Volume liquidien les différents volumes composant l’espace endocrânien : évacua-
tion d’un processus expansif, drainage du système liquidien par
Inhibiteur de l’anhydrase carbonique dérivation et augmentation du volume endocrânien par une cra-
L’acétazolamide, inhibiteur de l’anhydrase carbonique, dimi- niectomie décompressive.
nue la sécrétion de LCS par les plexus choroïdes [2, 49] . Per os, à une
posologie de 1 comprimé par jour, il est indiqué dans les HIC idio-
pathiques. Il est parfois responsable de nausées, troubles du goût Hypertensions intracrâniennes lésionnelles
et d’instabilité.
Leur traitement est guidé par la cause. Leurs caractères divers
imposent des traitements aussi multiformes que l’anticoagulation
Drainage du liquide cérébrospinal pour les thrombophlébites cérébrales, le traitement endovascu-
L’implantation d’un cathéter dans le système ventriculaire laire ou microchirurgical d’une fistule, l’exérèse d’une tumeur
permet de réduire instantanément l’HIC qu’il y ait ou non obs- géante de la queue-de-cheval ou le traitement médical d’une
truction du système liquidien. Dans les HIC traumatiques, le méningite chronique, parfois aidée d’une dérivation interne en
drainage liquidien continu est un complément efficace au trai- présence d’un cloisonnement.
tement médical sous contrôle continu de la PIC par un capteur
intraparenchymateux controlatéral. De première intention, le
drainage ventriculaire externe est proposé dans la majorité des Hypertension intracrânienne bénigne
cas ; néanmoins, une dérivation interne peut parfois être retenue
lors d’hydrocéphalie non communicante malformative. La réduction de la surcharge pondérale est un point essen-
tiel de son traitement et l’efficacité sur l’œdème papillaire est
Fenestration des nerfs optiques classiquement rapportée [2] . La suppression des facteurs de risque
que sont les déficits en vitamine A et certaines médications est
La fenestration des nerfs optiques consiste en une ouverture
aisée à mettre en route après un interrogatoire soigneux. Il est
des gaines des nerfs optiques par des incisions longitudinales lors
plus difficile de proposer des techniques chirurgicales comme
de leur trajet entre l’espace endocrânien et l’espace orbitaire. Le
l’implantation de dérivation interne et la fenestration des nerfs
mécanisme d’action, incertain, serait d’éviter l’accumulation de
optiques, en raison du risque de morbidité inhérent à ces procé-
LCS au contact de la papille optique ou d’éviter un processus de
dures [72] .
clapet. L’efficacité de ce geste n’est pas certaine ; en outre, celui-ci
expose le patient à une détérioration de la fonction visuelle [72] .

Volume vasculaire
Contrôle de la pression artérielle
“ Point fort
Le maintien d’une pression artérielle constante est crucial car
Traitement
toute variation a des conséquences délétères, que l’autorégulation
• Surélévation de la tête de 20◦ par rapport au plan hori-
cérébrale soit préservée ou non. En cas d’autorégulation préservée,
tout accès d’hypotension est compensé par une vasodilatation zontal.
pour maintenir un DSC qui augmente la PIC et diminue la PPC. • La sédation diminue le métabolisme cérébral.
En l’absence d’autorégulation, cette même hypotension diminue • L’osmothérapie est une mesure d’urgence cruciale.
directement le DSC, exposant à une ischémie cérébrale. Le rem- • La chirurgie est un préalable aux mesures de réanima-
plissage des patients doit faire appel au sérum physiologique. tion neurochirurgicales.
Cette correction volémique peut être associée à une transfu- • Normothermie et maintien d’une PAM constante sont
sion sanguine si le taux d’hémoglobine chute en dessous de essentiels.
10 g/100 ml. • La fenestration des gaines des nerfs optiques est une
procédure à discuter après épuisement des méthodes
Contrôle de l’hématose médicales de traitement de l’HIC bénigne.
La PaCO2 a un impact direct sur le DSC ; aussi la recomman-
dation est de choisir une PaCO2 de niveau modéré, autour de
35 mmHg, afin d’éviter une vasoconstriction trop importante qui
pourrait induire une ischémie tissulaire. En cas d’HIC sous moni-
toring de PIC, l’hypocapnie modérée ne doit pas être inférieure à
25 mmHg [41] . Quoi qu’il en soit, lors d’agression cérébrale initiale, Cet article a fait l’objet d’une prépublication en ligne : l’année du copyright peut
la recommandation est de maintenir une hématose normale. donc être antérieure à celle de la mise à jour à laquelle il est intégré.

12 EMC - Neurologie
Hypertension intracrânienne  17-023-A-93

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F. Proust (Francois.Proust@chu-rouen.fr).
Département de neurochirurgie, Centre hospitalier universitaire de Rouen, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France.
INSERM U982, Différenciation et communication neuronale et neuroendocrine, Université de Rouen, France.
S. Derrey.
Département de neurochirurgie, Centre hospitalier universitaire de Rouen, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France.
O. Lavabre.
Département d’anesthésie-réanimation, Centre hospitalier universitaire de Rouen, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France.
H. Castel.
INSERM U982, Différenciation et communication neuronale et neuroendocrine, Université de Rouen, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Proust F, Derrey S, Lavabre O, Castel H. Hypertension intracrânienne. EMC Neurologie 2012;9(2):1-14
[Article 17-023-A-93].

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